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ADIEU VENDEURS, CHAUFFEURS, VOYAGISTES ET TRADERS... LE NUMÉRIQUE TUE PEU À PEU CERTAINES PROFESSIONS TOUT EN CRÉANT DE NOUVELLES COMPÉTENCES. DÉCRYPTAGE. PAR DINO AUCIELLO ET MARY VAKARIDIS DOSSIER LA TECHNO RÉVOLUTIONNE LES MÉTIERS Crâne créé en impression 3D. Les consommateurs peuvent désormais fabriquer eux-mêmes des objets du quotidien. PHOTO: DR

LA TECHNO - UNIGE · Or le marché de l’emploi semble bien être entré dans une nouvelle ère. D’après une étude parue en 2013, 47% des mé - tiers pourront être confiés

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Page 1: LA TECHNO - UNIGE · Or le marché de l’emploi semble bien être entré dans une nouvelle ère. D’après une étude parue en 2013, 47% des mé - tiers pourront être confiés

ADIEU VENDEURS, CHAUFFEURS, VOYAGISTES ET TRADERS... LE NUMÉRIQUE TUE PEU À PEU CERTAINES PROFESSIONS

TOUT EN CRÉANT DE NOUVELLES COMPÉTENCES. DÉCRYPTAGE.PAR DINO AUCIELLO ET MARY VAKARIDIS

DOSSIER

LA TECHNO

RÉVOLUTIONNE LES MÉTIERS

Crâne créé en impression 3D.Les consommateurs peuvent désormais fabriquer eux-mêmes des objets du quotidien.P

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Le bilan: de nouvelles pertes de postes dans les points de vente sont inévitables, tandis que les librairies et les maga-sins de disques vont continuer à fermer. Mais on assiste à une création d’emplois réjouissante chez les nouveaux acteurs: quelque 260 collaborateurs chez LeShop, 33 500 chez eBay et 117 300 chez Amazon. Parallèlement, les filières d’approvisionne-ment directes sont en plein développement.

PRODUCTION L’imprimante 3D pour tousProduire sur mesure ses propres objets du quotidien bouleverserait des pans entiers du commerce de détail. C’est néanmoins les promesses de l’impression 3D, une ré-volution qui, d’abord industrielle, permet aujourd’hui aux ménages de fabriquer des objets plus ou moins imposants en trois dimensions, dans différentes matières. Des tasses à café, mais aussi des maisons, sans l’intervention de maçons, sont ainsi créées.

Pour tous, vraiment? «L’impression 3D se démocratise peu à peu, mais ce n’est pas demain qu’elle sera chez tout un cha-cun. Nous sommes arrivés tôt sur le mar-ché suisse», témoigne Pierre-Alexandre Aeschlimann, ingénieur de formation et cofondateur de Cuboyo à Lausanne. Cette plateforme propose une série d’objets 3D à imprimer. Elle met en relation leurs desi-gners avec les internautes qui souhaitent les concrétiser via cette technologie. Une sorte d’App Store de l’impression 3D. «Chacun peut avoir une imprimante 3D chez soi aujourd’hui. Les coûts ont baissé, et pour quelques milliers de francs on peut avoir une bonne machine. Mais pour des objets complexes, la qualité n’est pas encore au rendez-vous, il faut des machines profes-sionnelles très onéreuses.»

C’est surtout l’aspect sur mesure du phé-nomène qui pourrait précipiter les modes de consommation. Si aujourd’hui les «pro-sommateurs», les consommateurs qui produisent, impriment encore des objets simples et petits – vaisselle, décoration, pièces de rechange de meubles et de ma-chines… – demain semble plus promet-teur. «L’impression 3D au sein des foyers – et donc l’extrême personnalisation de ces

objets – gagnera en ampleur avec le phéno-mène toujours croissant des achats online et de la livraison à domicile», poursuit-il. Cuboyo propose un service de produits imprimés sur mesure, Bespoke by Cuboyo, avec comme première offre des coques de smartphone uniques.

D’un point de vue industriel, l’impres-sion 3D est devenue un grand avantage au fil des décennies: un taux d’erreurs minimisé et un gain de temps incontestable.

«Les horlogers, par exemple, peuvent désormais obtenir un prototype en plas-tique en quelques jours, en passant par plu-sieurs variantes, ce qui accélère toute la chaîne de décision et de création», explique Lucien Hirschi, dont l’entreprise Zedax, à La Neuveville, fournit aux professionnels des prototypes créés en impression 3D.

Selon le cabinet Canalys, le marché de l’impression 3D devrait atteindre 16,2 mil-liards de dollars d’ici à 2018. Il est estimé à 3,8 milliards pour 2014.

TRANSPORTS La voiture autonome, un virage bien amorcéLa plupart des constructeurs automobiles, dont Toyota, Nissan ou encore Volvo en tête, testent la voiture à conduite autonome. Des véhicules sans chauffeur sillonneront dès 2015 les routes britanniques. Sans parler de Google, qui prépare le lancement commer-cial de sa voiture qui se conduit toute seule.

Une concurrence pour les chauffeurs routiers et les taxis, ces derniers déjà mis à

mal par de nouveaux acteurs comme Uber? «A terme certainement, répond Raphaël Gindrat, CEO de BestMile. Mais il faut diffé-rencier la Google Car, ainsi que ses dérivés, et le développement du transport en com-mun à petite échelle, sur des sites privés notamment.»

BestMile teste, dès ce mois de novembre et ce pendant six mois, une flotte de six navettes sans chauffeur sur un circuit de l’EPFL, dans le cadre d’un grand projet eu-ropéen. La jeune pousse développe un ser-vice de gestion du réseau qui comprend la communication entre les véhicules et les horaires. «Nous ne visons pas à faire concurrence aux taxis ou à remplacer les réseaux de transports publics. Il s’agit de compléter l’offre sur les parcours qui ne sont pas encore desservis et de développer les sites privés, comme les campus univer-sitaires ou d’entreprise, les hôtels ou encore les hôpitaux.»

D’après IHS Automotive, la voiture sans chauffeur représenterait 5% du marché d’ici à 2035, et la majorité des véhicules utilitaires vers 2050.

Frank Rinderknecht, lui, déclarait au dernier Salon de l’automobile à Genève que «ces voitures sans chauffeur seraient commercialisées avant 2020». Sa société zurichoise Rinspeed venait y présenter sa voiture autonome, le prototype XchangE, en partenariat avec Tesla. Un véhicule tout confort et connecté, bardé de capteurs et de systèmes de détection.

Dans les supermarchés (ici Coop), des systèmes permettent aux clients de scanner leurs achats. LES MACHINES ET LE NUMÉRIQUE conquièrent tous les secteurs économiques et éliminent peu à peu les intermédiaires dits «ré-pétitifs» ou sans réelle valeur

ajoutée. L’impression 3D, le crowdfunding ou encore les multiples services numé-riques créent de nouvelles vocations, révo-lutionnent ou enterrent tous les métiers qui n’ont pas su évoluer.

«Résultat: l’innovation technologique mène à une polarisation de l’emploi plus accentuée, résume Michele Pellizzari, pro-fesseur à la Geneva School of Economics and Management. Tandis que la produc-tivité des postes qualifiés augmente, les métiers qui ont moins de valeur ajoutée subissent d’importantes pertes.»

Après avoir aidé les humains, la machine serait-elle sur le point de les remplacer? Le marché du travail subirait dans un ave-nir proche de tels changements que des mesures importantes seraient indispen-sables pour que le robot ne se substitue pas à l’homme. C’est du moins la thèse de The Second Age, publiée cette année et coécrite par Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, respectivement directeur et chef de la re-cherche du MIT Center for Digital Business.

«Même si la tendance s’accélère, je ne crois pas à une automatisation générale des métiers moins qualifiés, comme le service en restauration ou l’assistance aux enfants ou aux personnes âgées, défend Michele Pellizzari. L’aspect humain est tout simple-ment nécessaire.»

Or le marché de l’emploi semble bien être entré dans une nouvelle ère. D’après

une étude parue en 2013, 47% des mé-tiers pourront être confiés à des ordinateurs et à des robots dans les vingt prochaines années. Les professions hautement quali-fiées, dont nombreuses étaient considérées comme inattaquables, dans des secteurs tels que l’enseignement, la finance ou la santé, sont aussi concernées.

La demande se fait de plus en plus exi-geante: le client-patient-consomma-teur se radicalise et veut un service ef-ficace, rapide, mais aussi personnalisé. Conséquence: moins de personnel dans les interactions commerciales de masse.

Adieu serveurs, caissiers, chauffeurs, mais aussi profs, banquiers, médecins gé-néralistes? En 10 chapitres, Bilan dresse un état des lieux et décrypte les domaines et les métiers les plus concernés.

GRANDE DISTRIBUTION La déshumanisationEn 1998, LeShop lançait l’un des premiers services d’e-commerce de Suisse en per-mettant à l’utilisateur de passer sa com-mande de supermarché sur le web et d’être livré à domicile. Acquis en 2004 par le lea-der helvétique Migros, ce pionnier conti-nue à croître en priorité grâce à sa décli-naison sur internet mobile, qui assure ac-tuellement un tiers des ventes. La formule, qui permet au consommateur de faire ses achats quotidiens sans se rendre au maga-sin, s’est étendue à l’ensemble du com-merce de détail dont les acteurs proposent maintenant des guichets où l’on récupère ses courses en passant en voiture ou dans les gares.

Fondé en 1995, eBay a posé les fonde-ments de la désintermédiation en sup-primant tout relais entre le vendeur ou le fabricant et l’acquéreur. La compagnie américaine a aussi permis à toute une po-pulation d’artisans et de bricoleurs de trou-ver un marché pour leur production confi-dentielle de tricots ou de jouets rénovés. Cette évolution passe par une automatisa-tion toujours plus large du réapprovision-nement, comme chez le géant mondial de la distribution de consommation Amazon.

En lançant des installations permet-tant au client de scanner et de facturer lui-même ses achats, Coop et Migros fran-chissent une nouvelle étape dans l’élimi-nation du facteur humain dans la transac-tion. Avec à la clé, pour l’utilisateur, une attente diminuée aux caisses. Il se dessine, à moyenne échéance, le passage à un sys-tème permettant de débiter automatique-ment son compte par l’intermédiaire du smartphone. L’acte d’achat s’en trouvera débarrassé des dernières frictions liées au paiement. Une simplification qui doit sti-muler les ventes, d’après les études, no-tamment en facilitant les achats impulsifs.

«Tout va s’accélérer. Le basculement sera important dans les années 2020, au moment où la génération digitale accédera aux commandes. Dans la grande distri-bution et le secteur du prêt-à-porter, par exemple, ces clients réclameront un ser-vice plus efficace et plus rapide, quitte à faire plutôt face à une machine, ce qui ne fera guère de différence pour eux», indique Alexandre Cherix, expert en stratégie pour la grande consommation chez PwC.

Cette déshumanisation des achats s’ac-compagne de l’émergence d’une agricul-ture de proximité liée à l’essor du bio et des préoccupations écologiques. Depuis quelques années se développent la pra-tique du «urban gardening» (cultiver des légumes dans son jardin ou sur son balcon) et la production d’articles bios à l’origine traçable. Le consommateur accepte ainsi de payer plus cher certaines denrées choi-sies. Il veut se rapprocher des producteurs, voire établir des contacts directs, alors qu’il préfère se passer des contacts forcés liés aux grandes surfaces.

EMPLOIS: UNE NOUVELLE ÈRE S’ANNONCE

DOSSIER ADIEU VENDEURS, CHAUFFEURS, VOYAGISTES ET TRADERS...

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LES MACHINES RENDENT LES SERVICES PLUS EFFICACES ET PLUS RAPIDES

DOSSIER ADIEU VENDEURS, CHAUFFEURS, VOYAGISTES ET TRADERS...

Moins d’accidents, un trafic plus fluide, une consommation de carburant réduite. Reste à savoir si les passagers seront prêts. Raphaël Gindrat: «Cela fera son chemin. On aura, dans un premier temps, toujours un moyen de garder le contrôle. De plus en plus de métros sans conducteur circulent et les avions sont massivement autonomes.» Au-delà de l’utilisateur, l’enjeu ne réside pas tant dans la technologie, mais dans la législation et le modèle des assurances, ajoute-t-il.

MOOCs Bienvenue dans l’université 2.0Les MOOCs, ces cours en ligne interactifs accessibles à tous ont bousculé le monde universitaire, jusqu’à provoquer des polé-miques. Ils ont surtout modifié le rôle du professeur.

«Les MOOCs rendent aujourd’hui vi-sible auprès du grand public l’impact pro-fond du digital sur l’enseignement. Ces bouleversements concernent avant tout la disponibilité de l’information», souligne Pablo Achard, coresponsable des MOOCs à l’Université de Genève qui compte pour l’année courante une dizaine de cours en ligne. «Avant, le professeur était celui qui détenait la connaissance et la transmettait. Aujourd’hui, il organise l’information pour permettre l’acquisition du savoir.»

Le boom des technologies permet à l’en-seignant de se recentrer sur son cœur de métier. A la tête du Centre pour l’éducation à l’ère digitale de l’EPFL, Pierre Dillenbourg confirme: «Désormais, les professeurs les plus audacieux imposent les cours théo-riques à la maison et privilégient les inter-actions et le case study en groupe. C’est la classe inversée.»

Le professeur s’assure une grande vi-sibilité en se mettant en scène dans ses cours vidéo. «Tandis que la pression se fait plus grande sur ses épaules, l’univer-sité devient plus transparente, constate Pierre Dillenbourg. Il s’agissait avant de quelques dizaines d’étudiants dans l’audi-toire. Désormais, il peut les compter par milliers.»

Au compteur de l’EPFL: une dizaine de cours déjà en ligne et dans le pipeline pour 650 000 inscrits.

MÉDIAS Des journalistes robotisésDéveloppé par la société américaine Narrative Science, le système Quill puise dans le big data pour rechercher et recou-per l’information, puis rédiger des articles, sans intervention humaine. Le service peut essentiellement transformer des chiffres en texte. Dans la ligne de mire, l’informa-tion financière. Le groupe Forbes en est d’ailleurs friand. Et impossible de deviner le robot derrière les mots…

Le cofondateur de Narrative Science, Kristian Hammond, expliquait au Nouvel Observateur l’été dernier que «90% des ar-ticles pourraient être produits par des algo-rithmes d’ici à quinze ans». Mais pour lui, ce n’est pas la fin du journalisme. «Nous libérons les journalistes des tâches les plus ennuyeuses pour qu’ils puissent se consa-crer à la partie noble du métier.»

De leur côté, les traducteurs et inter-prètes pourraient voir d’un mauvais œil l’arrivée de programmes ultrasophistiqués de reconnaissance vocale. Dans la lignée du système Siri d’Apple, Microsoft lancerait une version test en fin d’année de Skype Translator, un concept de traduction si-multanée en 100 langues. La voix est trans-formée en texte, puis traduite et «vocali-sée» à destination de l’interlocuteur dans la langue choisie.

VOYAGES Le touriste autogéréQue ce soit chez la compagnie nationale Swiss ou le low-cost EasyJet, la procédure est maintenant la même. Le client imprime lui-même son ticket, étiquette son bagage et le dépose au guichet. Le consommateur ne s’adresse plus guère à une agence, ni à un vendeur de billets de train ou d’avion. En quelques clics, il réserve un vol, un hô-tel et une voiture de location. Des com-parateurs de prix type ebookers.com lui assurent de trouver le billet le meilleur marché. Internet est aujourd’hui la pre-mière source d’information pour préparer un voyage.

Tandis que les agences traditionnelles ont cédé la moitié de leur part de mar-ché dans les pays industrialisés, d’après les estimations en circulation, de nou-veaux acteurs présents uniquement sur le P

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La fin des intermédiaires. L’avenir se dessine avec des voitures qui se passent de chauffeur (ci-dessus le prototype zurichois Rinspeed XchangE), des smartphones qui remplacent les cartes de crédit (Google Wallet, à gauche), et des albums de musique vendus sans recourir à une maison de disques (à l’instar de U2 qui a négocié avec Apple).

DES ALGORITHMES POUR CONSEILLER LES MASSESLa finesse des algorithmes de Google ou d’Amazon pourrait laisser penser que ces géants lisent directement dans nos pensées. Or ce ne sont que les progrès technologiques qui permettent à Netflix de vous orienter vers les films et les séries qui vont vous plaire et à Spotify de vous dénicher des titres musicaux choisis spécialement pour vous.Dans la grande consommation, le recours à l’informatique montre d’excellents résultats en regard des coûts. Le leader mondial du meuble, le suédois Ikea, a créé ainsi une assistante virtuelle baptisée Anna, dont l’avatar à cheveux courts personnalise avec grâce le contact pour le client.Mais si une majorité des activités de service et de conseil sont en passe d’être automatisées, certains acteurs du haut de gamme comme Apple mettent à disposition une multitude de collaborateurs choisis dans leurs magasins. Alexandre Cherix, expert en stratégie chez PwC, commente: «Les magasins Apple sont des lounges. Une parenthèse de bien-être, de luxe et de technologie où le client se lie à la marque. Le personnel de vente va devoir se focaliser encore plus sur la relation avec le consommateur. Les vendeurs vous approchent physiquement, c’est là l’un de leurs derniers avantages sur les algorithmes. Prenez une autre marque de luxe, Nespresso: on va en boutique pour l’expérience et appartenir à un club. Mais on achète en ligne.»

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net sont apparus. Professeur honoraire à HEC Lausanne, François Scherly indique qu’internet a dopé l’industrie du voyage: «Les réservations en ligne, l’obtention de billets et de séjours sur le web ont encou-ragé la hausse du taux de départ. Les ventes dans ce domaine ont connu un boom, avec l’avènement des transporteurs low-cost ou encore de moteurs de réservation plus at-trayants les uns que les autres.»

Basé à Zurich, Nezasa explore une nou-velle dynamique en offrant un service en ligne permettant d’organiser un voyage personnalisé en collaboration avec les pro-fessionnels du tourisme du lieu de destina-tion. Fondateur de la start-up américaine Vamo, Ari Steinberg identifiait sur Quora des tendances d’avenir génératrices d’af-faires. «Toujours plus avide d’expériences, le touriste veut visiter plusieurs pays au lieu de rester dans les mêmes frontières dans le cadre d’un tour préorganisé. Le consommateur aura toujours plus recours à des outils de planification interactifs lui permettant de concilier tous ses différents intérêts.»

François Scherly renchérit: «De nom-breux free-lances sont apparus sur le mar-ché. Au bénéfice d’une solide formation de base, ils se sont mis à leur compte et tra-vaillent à domicile. Ils conçoivent des offres à partir des ressources disponibles sur in-ternet, de leur expérience sur le terrain et leur connaissance des lieux.»

Le voyagiste d’aujourd’hui est un «mar-chand de bonheur qui organise par exemple un voyage au Japon au printemps sur le thème des cerisiers en fleur, selon François Scherly. L’agence conçoit du «cousu main» pour individuels ou petits groupes. Les par-ticipants sont invités à participer à l’élabo-ration de leur voyage, à fraterniser avant le départ et à se rencontrer par la suite pour partager leurs souvenirs.»

BANQUE Des logiciels menacent les cols blancsDes centaines de milliers de postes ont dis-paru lors de la phase d’automatisation des opérations et de la généralisation des dis-tributeurs dès les années 1980. Aujourd’hui, les opérations bancaires simples sont trai-

tées en ligne par le client, tandis que les robots menacent maintenant aussi les cols blancs, écrivait le Financial Times. Ces logi-ciels qui appliquent des stratégies et réa-gissent aux conditions de marché font le travail des traders sans jamais être submer-gés par les émotions.

La start-up américaine Kensho va plus loin avec son programme Warren (un hom-mage à Warren Buffett), qui fonctionne comme un Siri analyste. Fondée au prin-temps dernier par un ancien de Google et par un chercheur d’Harvard, la société a levé 10 millions de dollars auprès de Google Ventures, Accel Partners et d’autres poids lourds du capital-risque. Warren est d’ores et déjà capable de répondre à la question: «Combien valent les actions des compa-gnies d’énergie lorsque le pétrole s’échange à plus de 100 dollars le baril et que des troubles secouent le Moyen-Orient?»

La désintermédiation s’étend aussi au domaine du crédit et présente l’avan-tage d’économiser les frais prélevés par la banque. Le crowdfunding mobilise une communauté sur internet qui met à dis-position les fonds nécessaires à un pro-jet. Les principaux acteurs sont en Suisse C-Crowd, Investiere ou Wemakeit, et aux Etats-Unis Kickstarter et Indiegogo. D’autres adresses telles que Zopa, Lending Club ou Prosper misent sur les prêts de par-ticulier à particulier.

Des sites ciblés sur les besoins des en-treprises prennent de leur côté le relais de banques qui prêtent toujours plus diffi-cilement depuis la débâcle financière de 2007-2008. Ces plateformes comptent sur les apports des épargnants, assureurs et caisses de pension qui doivent se contenter de rendements dérisoires et qui cherchent des alternatives pour investir. Aux Etats-Unis, Can Capital et OnDeck fournissent des prêts aux petites entreprises sur cette base. Un modèle en train de s’étendre à l’Europe.

Les observateurs s’accordent pour dire qu’une vague de nouvelles solutions de paiement électronique est sur le point de déferler sur le marché. En Suisse, Swisscom a présenté cet été Tapit, disponible éga-lement chez ses concurrents Sunrise et

Orange dès la fin de l’année. Une fois sa carte de crédit enregistrée, le consomma-teur peut payer sans contact auprès de plus de 50 000 commerces dans le pays.

Avec le système Apple Pay, la compagnie fondée par Steve Jobs est prête à transfor-mer le smartphone en terminal de paie-ment mobile. Cette solution est déjà dis-ponible aux Etats-Unis et doit arriver en Europe l’année prochaine. Google est quant à lui présent sur le marché des transactions financières aux Etats-Unis depuis 2011 avec son service Wallet. Séparé d’eBay depuis cet automne, PayPal prépare des dévelop-pements dans le même sens, dans un do-maine en pleine effervescence.

Stade ultime de la désintermédiation dans la finance: le bitcoin. La monnaie cryptée supprime tout simplement le rôle de la banque dans les échanges. En effet, les utilisateurs connectés individuellement au réseau sécurisé ont la possibilité d’effectuer virements et autres transactions sans pas-ser par un intermédiaire.

Chez Lombard Odier, Olivier Collombin livre un point de vue optimiste: «Nous avons fondé en 2009 la plateforme e-mer-ging pour favoriser le réseautage entre les gérants indépendants. Cette initiative dé-bouche sur de bons résultats en termes d’augmentation des fonds sous gestion et de la fédération de nouveaux gérants. Sous pression en raison de la diminution des marges, le secteur bancaire se trouve à un tournant où il doit gagner en effica-cité et en productivité, ce qui est possible grâce aux nouveautés technologiques. La création d’un écosystème déployé grâce au web sera génératrice de nouveaux emplois, qui remplaceront ceux qui auront disparu.»

AVOCATS Un modèle d’affaires remis en causeLa nouvelle vague d’algorithmes puissants n’épargnerait pas avocats, fiscalistes ou au-diteurs. En effet, ces technologies, au-delà de la collecte d’informations, pourront faire des déductions, répondre à des questions et recommander des actions.

Le recrutement en personnel fait face à des réseaux sociaux professionnels

LES ROBOTS ET LES MACHINES INTÉGRENT LE MONDE DU TRAVAIL

Sources: McKinsey Global Institute, 2013. «The future of employment: How susceptible are jobs to computerisation?», de Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne (sept.2013). IFR Statistical Department

LES TECHNOLOGIES INFLUENCENT L’ÉCONOMIE GLOBALE

MÉTIERS LES PLUS MENACÉS PAR LES NOUVELLES TECHNOLOGIES VENTES DE ROBOTS INDUSTRIELS DANS LE MONDE

LES PLUS GRANDS MARCHÉS DES ROBOTS INDUSTRIELS

Croissance de la puissance informatique des robots phares d’IBM, de Deep Blue (champion d’échecs en 1997) à Watson (vainqueur du jeu «Jeopardy» en 2011).

Plus de 230 millions: le nombre estiméde professionnels qui seraient concernés

d’ici à 2025 par l’automatisationdes emplois qualifiés.

Le taux de croissance du nombre d’appareils connectés au cours

des cinq dernières années.

1000 milliards: le nombre d’objets qui pourraient être connectés à l’avenir dans tous les secteurs (industrie manufacturière,

santé, exploitation minière…).

Prix nettement inférieur de Baxter, le robot manufacturier low-cost de l’entreprise Rethink Robotics,

par rapport à une machine industrielle.

320 millions : le nombre estimé d’ouvriers qui pourraient être touchés d’ici à 2025

par la robotique de pointe

Prix nettement inférieur d’une imprimante 3D domestique

comparé à il y a quatre ans.

320 millions : le nombre estimé d’ouvriers qui pourraient être touchés

d’ici à 2025 par l’impression 3D.

Croissance des ventes de smartphones et tablettes depuis le lancement

de l’iPhone en 2007.

1 milliard: le nombre de travailleurs dits «intermédiaires» qui pourraient

être touchés d’ici à 2025 par le boom de l’internet mobile.

AUTOMATISATION DES EMPLOIS QUALIFIÉS

100x

L’INTERNET DES OBJETS

300%

LA ROBOTIQUE DE POINTE

-75%

IMPRESSION 3D

-90%

INTERNET MOBILE

6x

Sélection parmi plus de 700 professions (probabilité: 1 = certain) Un record en 2013

La Chine loin devant

Les moins concernés

Ergothérapeutes

Dentistes

Directeurs de RH

Ecclésiastiques

Professeurs et éducateurs

Ingénieurs en astronautique

Avocats

Mathématiciens

Experts financiers

Economistes

Agents immobiliers

Taxi et chauffeurs privés

Vendeurs en magasin

Inspecteurs des impôts

Comptables et auditeurs

Serveurs

Réceptionnistes

Cuisiniers

Responsables des prêts

Démarcheurs téléphoniques

0 0,2 0,30,1 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

0.0035

0.0044

0.0055

0.0081

0.0095

0.0170

0.035

0.047

0.330

0.430

0.860

0.890

0.920

0.930

0.940

0.940

0.960

0.960

0.980

0.990

2009 2010 2011 2012 2013Les plus concernés0 0,2 0,30,1 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

020

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

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il s’est fait connaître sur la toile avant de rejoindre une maison de disques. Sa per-cée est avant tout due aux fans qui ont posté et échangé les morceaux en masse sur le web.

«La technologie a réduit à quasiment zéro le coût marginal de certains produits, c’est-à-dire le coût pour produire une unité supplémentaire. Avec l’introduction de la musique en ligne, cette évolution a détruit l’industrie du disque et elle dévaste la télé-vision par l’intermédiaire de YouTube», observe l’essayiste américain Jeremy Rifkin dans Le Figaro.

«Une nouvelle étape a été franchie lorsque U2 a mis gratuitement son nouvel album Songs of Innocence à disposition sur iTunes chez Apple, à l’occasion du lance-ment de l’Apple Watch. Là, il ne s’agit pas de jeunes artistes qui accèdent à la noto-riété et à un contrat avec un label grâce à la toile, mais de l’un des groupes les plus célèbres du monde qui s’allie à un géant du web au lieu de compter sur sa maison de disques», décrypte Mathieu Chevrier, spécialiste des nouveaux médias chez La Première RTS.

Selon le New York Times, Apple aurait payé 100 millions de dollars pour disposer des droits exclusifs de l’album du 9 sep-tembre au 13 octobre. Bien que les protes-tations aient forcé le géant de Cupertino à retirer l’album de la bibliothèque des abon-nés iTunes, l’opération est un succès mar-keting grâce au nombre record de 26 mil-lions de téléchargements.

Autorisé par la technologie, le piratage généralisé constitue une nouvelle donne pour l’industrie du divertissement. Dans la production audiovisuelle, HBO a brisé un tabou en revendiquant comme un signe de succès d’avoir réalisé la série la plus piratée du moment, Games of Thrones. Disponibles illégalement sur le net au lendemain de la première diffusion, les épisodes ne rap-portent plus grand-chose à la chaîne, qui a changé de tactique. «La nouvelle saison de la série a été vendue à des chaînes anglo-saxonnes pour diffusion immédiate et la té-lévision suisse RTS a obtenu les droits pour le printemps prochain déjà», indique Mathieu Chevrier. Plus question d’attendre.

médicales, internet a certes désacralisé le statut du médecin. Mais le web apporte également des avantages essentiels dans un secteur sous la pression de la lutte contre l’augmentation des coûts de la santé, tandis que les besoins d’une population vieillis-sante augmentent. En sous-effectif chro-nique face à la demande, les milieux médi-caux comptent aujourd’hui sur la technolo-gie pour soutenir les prestations délivrées par les professionnels. Un système «win-win», gagnant-gagnant.

Un sondage mené dans l’Hexagone pour le Baromètre Cancer 2014 indique que pour 6 Français sur 10 (58%) internet est un ou-til pédagogique qui permet d’apporter les réponses aux questions que l’on n’oserait pas poser à son médecin. Ce sentiment est plus fortement partagé chez les jeunes de moins de 34 ans (72%) et chez ceux qui ont fait peu d’études (66%). Sans sur-prise, seuls les seniors considèrent toujours leur médecin comme la meilleure source d’information.

Médecin urgentiste au SAMU de Nancy, Loïc Libot a mis au point une application gratuite disponible sur le site auto-me-dic.fr qui conseille le patient dans sa pra-tique de l’automédication. Répondant de façon récurrente aux mêmes questions à la consultation, le médecin entrepreneur a mis au point un système d’algorithmes qui peut décharger les services d’urgence. Le collège de l’institution se porte garant du bon fonctionnement et de la pertinence des algorithmes.

«L’internet des objets devrait permettre de gros progrès dans le maintien à domicile des personnes âgées. Des applications au-torisent le suivi du diabète et de la pression à distance pour des patients familiarisés avec un smartphone ou des tablettes nu-mériques. Les tests montrent d’excellents résultats. Ces solutions seront courantes d’ici à quatre à cinq ans», explique Laurent Sciboz. Professeur et responsable de l’Insti-tut d’informatique de gestion de la HES-SO Valais à Sierre, il travaille entre autres sur les développements de l’e-santé avec une équipe de 80 personnes.

La cybersanté est aujourd’hui un secteur en plein essor (voir notre dossier paru dans

GRÉGOIRE EVÉQUOZ: «L’HUMAIN DOIT PRÉSENTER UN PROFIL TOUJOURS PLUS POINTU»

Selon le directeur de l’Office pour l’orientation et la formation du canton de Genève, la pénurie de personnel qualifié s’explique par l’essor de la technologie.

Diriez-vous qu’internet est destructeur d’emplois?Internet ne conduit pas toujours à la suppression des emplois, mais à leur transformation. Le rôle des caissières est en train de se transformer en poste de vendeuse. Internet comme les nouvelles technologies détruisent des emplois répétitifs et faiblement qualifiés. Mais sans internet il n’y aurait pas aujourd’hui les call centers qui ont permis de créer des milliers de postes. Pour supplanter la machine, l’intermédiaire humain doit présenter un nouveau profil, beaucoup plus pointu.

En automatisant la production industrielle à l’extrême, le progrès doit-il tuer les emplois du secteur secondaire?Le progrès technologique n’a pas tué les emplois de l’industrie mais les a énormément complexifiés. Le personnel est obligé de se qualifier toujours

davantage, ce qui explique paradoxale-ment la pénurie d’ingénieurs et d’autres professionnels qualifiés.

Quelles voies explorer afin de développer des compétences utiles sur le marché du travail?Il y en a trois. D’abord la communication, car, comme le travail individuel n’existe plus, la capacité de communiquer avec les autres devient centrale. Ensuite, la gestion des événements et des incertitudes, car c’est là que la valeur humaine ajoutée est la plus importante. Enfin, l’offre de prestations, soit une activité qui va de l’analyse des besoins à la réponse individuelle.

Comment la formation profes-sionnelle peut-elle s’adapter aux changements sur le marché de l’emploi?Actuellement, les programmes de formation changent tous les trois à cinq ans. La formation s’adapte bien quand elle est dispensée par les milieux professionnels eux-mêmes. A travers l’apprentissage, notre système dual garantit l’adéquation avec les besoins de l’économie. C’est ce qui explique aussi que nous connaissons l’un des taux les plus faibles au monde de chômage des jeunes.

DOSSIER ADIEU VENDEURS, CHAUFFEURS, VOYAGISTES ET TRADERS...

comme LinkedIn, à la fois outil et concur-rent, qui brassent des données pertinentes sur les utilisateurs. Plus loin encore, des algorithmes assistent les services de res-sources humaines dans la sélection des candidats et diminuent le besoin d’inter-médiaires entre les entreprises et les poten-tiels collaborateurs.

Selon le McKinsey Global Institute, les professions hautement qualifiées seraient réellement concernées par cette automa-tisation d’ici à 2025: «En droit et médecine, les machines pourraient mieux répondre que les humains, qui luttent pour être à jour dans leur domaine.»

Pour Michel Jaccard, associé d’id est avocats, ces bouleversements techno-logiques remettraient en cause le mo-dèle d’affaires traditionnel de beaucoup d’études d’avocats. «Le travail est géné-ralement facturé à l’heure, avec parfois beaucoup – sinon trop – d’avocats im-pliqués, rappelle le spécialiste des nou-velles technologies. Y sont inclus, à la même échelle ou presque, le vrai travail de connaissance et l’accomplissement de tâches plus administratives, comme la vé-rification de documents, la compilation d’informations dans le cadre d’un audit sans analyse propre, l’insertion de clauses standards dans des contrats…»

Ces tâches pourraient facilement être confiées aux machines intelligentes. Des cabinets innovants utilisent déjà des softwares qui génèrent des contrats prêts à être signés et autres documents officiels. Une façon de se concentrer sur des activités plus cérébrales.

«Avec cette optimisation, les avocats qui n’apportent pas de plus-value à leurs clients seraient peu à peu écartés, estime Michel Jaccard. Un avantage pour ceux qui restent, car ils pourront se concentrer sur leur conseil. Et le rémunérer à sa juste va-leur, liée à l’expérience de l’avocat et à la pertinence du conseil plutôt qu’au simple temps passé sur le dossier.»

SANTÉ La fin du médecin tout-puissantEn permettant à chacun d’accéder aux der-nières informations livrées par les revues

le numéro du 1er octobre). Des emplois sont ainsi créés dans les start-up qui élaborent de nouveaux dispositifs, de même que des postes médicosociaux en relation avec les nouvelles possibilités de soutenir les per-sonnes âgées.

Les informations sur le patrimoine gé-nétique ne sont plus réservées à l’usage du médecin qui les a recueillies. Le patient est libre aujourd’hui d’en faire ce qu’il veut et de les livrer à la communauté pour une gestion big data des données de santé, avec la possibilité de mettre, via Google, son gé-nome en ligne de manière anonyme pour 300 dollars.

Les start-up collectent de manière de plus en plus fiable et efficace des données jusqu’ici sous contrôle du médecin. La re-crudescence des communautés virtuelles de patients valorise ces nouvelles compé-tences, favorisant les échanges entre pairs et assurant une meilleure autogestion de la maladie chronique.

Lancée cet automne, l’Apple Watch per-met de contrôler l’évolution de sa glycémie, son rythme cardiaque, sa tension et son sommeil. Ces données pourront être en-suite transmises à certains organismes de santé, avec l’accord de l’utilisateur, permet-tant d’élaborer des statistiques. Jawbone, Samsung, Google ou Nike ont lancé des développements similaires.

CULTURE Des milieux créatifs libérésInternet rend les artistes indépendants des producteurs. Les créatifs peuvent mainte-nant accéder directement au public en pas-sant par le web. Exemple fameux: l’auteur du best-seller Fifty Shades of Grey, E. L. James, a d’abord publié sa prose sur son propre site puis sur la plateforme communautaire The Writers Coffee Shop. Au vu du succès de la romance sur le web, l’ouvrage est édité par Vintage Books en 2012, avec le succès que l’on sait.

On se rappelle l’onde planétaire géné-rée par le clip Gangnam Style du Coréen Psy: plus d’un milliard de vues sur YouTube, sans aucun investissement publicitaire. Quant au groupe de rock Arctic Monkeys, P

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