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truongthien
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Cette pièce est déposée à la SACD, et soumis à droits d’auteur avant tout projet merci de contacter l’auteur. Le droit d’auteur n’est pas une taxe, c’est le salaire de l’auteur. Si vous appreciez et utilisez ce texte, ne l’oubliez pas loi n° 92-597 du
1er
juillet 1992 relative au code de la propriété intellectuelle
Contact par mel ou téléphone [email protected] 06 99 68 97 66 ( de 8h à 22h30)
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La vie, c’est à se tuer !
Une cellule capitonnée et blanche, La scène s’ouvre par la musique « la foule » interprétée par
Edith Piaf, on voit un homme seul en pyjama blanc assis sur une chaise, dans l’espace il y a
une table,une douche est sur lui il est assis et tient ses mains entre ses jambes il a la tête
baissée, la tête se relève il observe le public et ne peut s’empêcher de laisser un sourire narquois
envahir son visage… il s’adresse au public
Dans une heure je vais mourir.
On a beau s’y attendre, ça fait un choc, je vous jure. C’est vrai qu’on se doute bien en naissant
qu’il y a des risques qu’un jour on y passe, mais bon, c’est comme la vaisselle et le ménage on
repousse toujours au lendemain. Moi c’est dans une heure. Autant dire que j’ai intérêt à avoir
fait le ménage dans ma vie pour être prêt pour ma mort.
C’est bête, j’ai passé pratiquement toute ma vie à regretter d’être né, et maintenant que je vais
mourir, je regrette déjà ma mort.
On est peu à voir le privilège de connaître l’heure de sa mort. Y a les suicidés et puis les mecs
comme moi, condamné ….
(Hurlant en direction de ses geôliers) C’est pas ma faute je suis innocent, c’est la société qui est
coupable.
C’est vrai c’est pas ma faute j’ai jamais trouvé ma place dans ce monde sans pitié, dans ce pays
de sauvage où les hommes ont peur quand tu leur parles. Si je suis là c’est leur faute aussi. Je ne
Cette pièce est déposée à la SACD, et soumis à droits d’auteur avant tout projet merci de contacter l’auteur. Le droit d’auteur n’est pas une taxe, c’est le salaire de l’auteur. Si vous appreciez et utilisez ce texte, ne l’oubliez pas loi n° 92-597 du
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peux pas comprendre ça ! Je me rappelle quand j’étais dehors, oh ça fait 10 piges… 10 piges que
j’ai pas vu le dehors… bref je me rappelle mon dernier hiver dehors, c’était juste avant le push
économique, je me rappelle, les gens, à la poste si t’avais le malheur de leur parler ce que ça
faisait…
- Bonjour monsieur.. hein ? Non partez pas je vous veux pas de mal je veux juste vous dire
bonjour.. ; arrêtez...quoi mais non madame, je ne cherche pas à faire du scandale je veux
juste parler, sourire, échanger avec un de mes frères…
Oui vous avez l’air surpris, mais à l’époque on pouvait aller librement à la Poste et partout
ailleurs, on avait pas encore de carte de circulation. C’était avant « La guide ».
Je n’ai pas eu de chance dans la vie, je n’ai jamais réussi à être en accord avec mon temps.
Question de timing peut être. J’ai toujours été considéré comme un marginal… remarquez c’est
sûrement pour ça que je suis là... de toute façon je crois bien que si j’étais dehors, avec les
nouvelles lois, je serais foutu directement ici ou bien dans leur sacré camp de rééducation.
Voilà c’est dit, il me reste plus que 57 minutes à vivre.
C’est bête, parce que là, j’ai plus rien à perdre. Les gars qui m’ont mis là ils n’ont pas pensé à ça :
Ils ont fait le contraire de ce qu’il cherchaient à faire : La société passe son temps à t’oppresser
et à jouer au gendarme avec toi : tu files droit à l’école parce que t’as peur d’avoir de mauvaises
notes, plus tard tu travailles comme un fou parce que t’as peur d’être viré, tu deviens un
honnête citoyen sinon tu peux perdre ta liberté.. Et même avec leurs nouvelles lois rétro
actives tu peux même perdre la vie et être condamné a mort pour avoir fait quelque chose qui
s’est passé avant la loi …
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Mais une fois que t’as perdu tout ça …qu’est-ce que t’as à perdre ? Rien, plus de pression plus
peur de rien ? Moi je dis que condamner un mec à mort c’est le condamner à vivre bon même
si c’est que 57 minutes ! Et vivre, vivre vraiment ça vaut tous les sacrifices, même si ce n’est que
57 minutes
Non mais c’est vrai de quoi je peux avoir peur ? De tomber malade ? De perdre ma situation ?
D’être en manque d’argent ? Non, bizarrement c’est le jour où elle m’a condamné à mourir que
la société m’a donné d’un seul coup mon bien le plus cher : la liberté. Et être libre c’est avant
tout croire qu’on l’est, la véritable liberté est à l’intérieur de soi. En ce qui me concerne ce sont
les chaînes et les barreaux qui m’ont libéré…
Me voilà donc là, enfermé avec les fous dans un de leur fameux centre de resocialisation. Ils
vont tellement bien me socialiser qu’ils ont décidé de m’occire, un peu comme une tache de
graisse qui ne part pas au lavage sur ton costume tout neuf. Ici on nettoie à sec et si on ne peut
pas ravoir les taches, on les fait disparaître. Non les prisons c’est démodé… c’était avant…
avant qu’elle prenne le pouvoir, avant l’avènement de « La Nouvelle Société ». Ici on est pas
prisonnier, on est interné, on fait partie d’un programme, un programme différent selon le
degré de dé- socialisation. On a pas de geôliers on a des médecins. Moi je fais partie du
programme Regenesis. le programme ultime, celui pour ceux qui ne peuvent pas s’intégrer à
« La Nouvelle Société », ceux dont la tache est la plus incrustée… (un temps)
(Hurlant vers ses Geôliers) je veux pas mourir je veux vivre, vivre !!!
( au public, moqueur) ça c’est pour leur mettre un peu la pression, y a pas de raison qu’il n’y ait
que moi qui vive mal mon exécution ! J’espère bien qui m’exécuteront la mort dans l’âme !
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(un temps)
J’espère que maman va venir…
(au public) Et vous, vous êtes là, vous me regardez comme un animal, vous avez chèrement
gagné le droit de vous asseoir dans cette salle bien assis face à cette grande vitre et à son singe à
l’intérieur… avant d’entrer on a dû vous prévenir, vous dire que j’allais dire des choses, des
choses… déviantes, mais que c’était important de voir la dégradation en face…de voir en face
ce que serait la société sans « Le Guide » . Eh bien me voilà devant vous prêt à mourir ... vous
êtes là pour voir mes regrets, mes états d’âmes aussi. La semaine dernière j’ai bien vu quand ils
ont « nettoyé » Richard, j’ai bien vu les gens sortir d’ici avec dans le regard la certitude du bien
pensant… La dernière heure d’un Regenesis voilà qui vaut le prix exorbitant que vous avez
payé. Je suppose que vous avez été vérifié avant, que rien dans votre parcours de vie n’est
dissonant, que les psychologues orienteurs, vous ont dés l’école déterminé comme apte à aller
vers le chemin de « La Guide « et à suivre ses pas… Alors vous avez le droit de venir voir
mourir un être humain… (se calmant) Tout ça, ça sert à rien ce n’est pas votre faute vous n’êtes
que le produit de votre éducation. Vous faites partie des famille élues..
(il allume une cigarette puis la regarde en souriant) La cigarette du condamné… ça a pas été
facile de s’en procurer…depuis que c’est interdit y a plus guère que dans les centres de
resocialisation qu’on trouve des cigarettes, et encore ! Vu votre âge, je parie que vous n’en
n’aviez jamais vu… ( long temps, il s’asseoit)
Vous vous demandez comment je suis arrivé là ? Ah une histoire assez banale, c’est à cause de
l’internet. Enfin plutôt à cause de ma femme, ma femme elle comprenait rien à l’internet.
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Ah oui je suis bête vous vous rappelez sûrement pas , c’est un réseau qui existait avant la
nouvelle société, tous les ordinateurs du monde pouvaient être reliés entre eux… c’est vrai que
ça parait si loin. Elles les a interdits avec les lois sur la presse quand elle a pris le pouvoir.
N’empêche elle l’aurait interdit avant je serais pas là… question de timing une fois encore…
C’était un samedi après midi….
(flash back, un court noir l’indiquera On pourra utiliser le fond blanc de la scène pour changer
totalement l’atmosphère grâce aux lumières)
Les femmes et l’internet
Mais non inquiètes pas mon petit sucre c’est super facile, (très rapide) alors tu ouvres Internet ,
tu vas sur le moteur de recherche, tu tapes recette dans la boite de dialogue et tu cliques la
page s’affiche, tu fais un clic droit sur le lien hypertexte et tu vas dans le menu déroulant et tu
cliques sur ouvrir dans une autre fenêtre …quoi je suis pas clair ?
C’est pourtant simple, tu ouvres la fenêtre et … non pas comme ça chérie pas celle du salon,
celle de l’ordinateur, écoutes un peu mon amour, je te demande juste d’écouter, lâche la souris,
là oui le truc là … d’accord accord j’arrête les termes techniques, je vais tenter de te parler
avec ton vocabulaire ; tu lâches le bidule là qui est raccordé au machin avec le truc, c’est plus
clair ? … oui c’est plus clair ? (dépité) C’est à se tuer !
Bon alors tu cliques…cliquer c’est appuyer avec ton doigt sur le machin … voila et maintenant
tu diriges le machin vers le joli dessin tout bleu où c’est écrit « E» la sur le bureau….qu’est-ce
que tu fais …mais non le bureau c’est sur l’ordinateur comment ça je suis de mauvaise foi ?
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c’est l’ordinateur qui est sur le bureau et pas l’inverse ? Mais non je te prends pas pour une
idiote… mais c’est une expression… (Désespéré) non laisse tomber ! Tu vas sur l’écran là où y a
le « E » bleu et tu cliques… quoi c’est trop dur ? Non mais tu te fous de moi là, c’est pas
possible !
Tu cliques là ! Même un idiot peut y arriver, tu ne vas pas me dire que c’est difficile de cliquer
sur une souris, c’est comme avec la télécommande quand tu fous ton stupide feuilleton à hurler
dans toute la maison… quoi tu ne sais pas ce que c’est une souris ? la souris c’est truc ovale
avec les deux boutons que tu tripotes depuis tout à l’heure. C’est pas vrai même un gamin qui
n’est pas encore débarrassé du placenta sait ça ! Non je hurle pas ( hurlant évidement) , De
toute façon si tu entends aussi bien que tu comprends, autant dire que je chuchote !...
Non je ne m’énerve pas, je t’explique !!! Forcement avec toi c’est mission impossible, j’ai
jamais vu une pareille nulle, t’es une handicapée numérique, même le programmateur de la
machine à laver tu sais pas t’en servir, Quoi je ne fais jamais le linge ? Mais je vois bien, je vois
tu mets toujours tout sur le même programme, 4 synthétique 40°C… tu vois que je regarde !
Hein quoi tu en utilises un autre… eh bien bel effort du m’as fait acheter une machine à laver
avec 89 programmes à 950 euro et toi tu en utilises deux je dis bravo … je dis vive la
technologie moderne appliquée aux femmes
Ho pis arrête de chialer tu m’énerves tu fais aucun effort, si tu veux la trouver ta fiche cuisine
va falloir que tu t’y mettes à l’Internet, parce que tu crois quand même pas que je vais tout te
faire … Déjà je mets à ton service toute ma pédagogie et ma patience, mais autant parler à une
huître, c’est tout de même pas ma faute si tes parents quand ils t’ont fait, ont oublié de meubler
le premier étage ! pis vas y , vas y chiales, chiales tu pisseras moins.. Parce ce que tu sais peut
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être pas te servir d’un ordinateur, mais ta vessie on peut dire qu’elle connaît le chemin des
toilettes, un vrai tatouage génétique c’est dommage qu’elle se mette en fonction que la nuit…
non, je dis juste que si tu passais pas tes nuits à pisser et à me réveiller tu serais peut être un
peu moins à l’ouest quand j’essaye de t’expliquer comment marche Internet, et que je serais un
peu plus reposé…. C’est quand même pas de ma faute si tu as une vessie noctambule… Et
arrête de tripoter la souris tu sais même pas ce que c’est, tu vas finir par me planter Loosedows,
j’ai tout mon boulot sur cette machine, je sais que ça te passes au dessus mais c’est important,
allez lâches ça , tu es dangereuse… lâche je te dis… mais qu’est-ce tu as fait là ? Qu’est-ce que
tu as boutiqué pourquoi j’ai un écran bleu, non lâche cette souris, laisse tout …mais c’est pas
possible tu es la version numérique du terrorisme mondial, un virus à toi toute seule, laisse,
donne moi ça, donne moi ça je te dis sinon tu vas voir où je vais te la mettre la souris…
(hurlant comme une bête sauvage) donne moi ça….
(court noir retour à l’ambiance précédente, il est de nouveau très calme assis à la table)
Je me dis que si j’avais pas acheté une souris sans fil j’aurais peut être pu la récupérer plus vite,
et peut être la sauver avant qu’elle s’étouffe complètement...
Quand les pompiers sont arrivés c’était trop tard, mais de toute façon valait mieux pas, ils ont
dit. Ils ont retiré sa tête de l’écran et ont tenté de la réanimer pendant 30 minutes mais le tube
avait sectionné une artère et elle avait perdu trop de sang … l’accident bête… où comment
une minute peut faire basculer toute ta vie…enfin surtout la sienne. Le truc con… un écran
tout neuf en plus…
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Donc comme je disais plus tôt c’est à cause de ma femme que je me retrouve ici, condamné à
mourir dans moins d’une heure… C’est bien simple, c’est ma femme par manque de savoir
vivre qui m’a tué, en quelque sorte. En mourant, elle a foutu ma vie en l’air.
C’est fragile une vie, cette expérience m’aura au moins appris ça : il y a deux choses de
vraiment fragiles sur cette terre la vie et les cervicales d’une femme.
Je ne suis pas un type violent, ce n’est pas parce que j’ai tué ma femme, que je suis un type
violent. Je n’ai jamais posé la main sur une femme…. A part une fois…
Bien sûr, je regrette mon geste, enfin …je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt, au fond je
l’aime ma femme, surtout depuis qu’elle est morte… Il parait que je suis un salaud, un
meurtrier… enfin quand je vois l’importance qu’a pris l’informatique aujourd’hui, je me dis que
je l’ai surtout délivré de ses angoisses… Elle aurait jamais pu survivre dans ce monde… j’aurais
pu dire ça au procès, si j’avais eu le droit à un procès. Avec la loi de sur la sécurité du 14 juillet,
les meurtriers ont plus le droit au procès…
Vous me direz ça sert à rien de ressasser le passé, ouais peut être, mais en même temps quand
on a pas d’avenir, il reste pas grand-chose d’autre… c’est pour ça que je suis devenu beaucoup
plus indulgent avec les vieux depuis que je suis en fin de vie... les souvenirs c’est ce tout qu’il
reste quand on a perdu l’avenir.
Je sais pas si c’est le temps ou la nostalgie qui les embellit, mais je ne sais pas si vous avez
remarqué que même les pires moments de votre vie, avec le temps quand on y repense avec
nostalgie, ils deviennent souvent drôles et on regrette presque de plus être en train de les vivre,
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alors qu’au moment où les vivaient on aurait tout donné pour ne pas y être … question de
timing une fois encore…
La vie c’est qu’une question de timing… une succession de ratage, la mienne en tout cas. C’est
que je trouve rassurant dans le fait de mourir c’est que j’aurais plus à vivre… De se dire que le
plus dur est fait, de se dire qu’au train où va la société, vaut mieux avoir fini son trajet… Parce
depuis qu’on a transformé sur le fronton de nos mairies « liberté égalité fraternité » en « santé
et sécurité, on peut dire que l’avenir est devenu un vieux souvenir…
La sécurité érigée en valeur fondatrice de la société ! Ce n’est pas une valeur la sécurité. Ils ont
commencé avec le principe de précaution, belle connerie, maintenant on a plus droit de
prendre de risque, tous les comportements à risques sont prohibés. Mais vivre c’est dangereux
et c’est pour cela que ça vaut le coup de vivre ... Parce qu’entre nous à quoi bon vivre une vie
planifiée où il n’arrive jamais rien d’imprévisible…Tout ce qui rend la vie intéressante est
risqué, l’alcool, fumer, le café… aimer… regardez ma femme !
J’imagine bien une vie où tous les jours tu répètes les mêmes gestes : Tu te couches a 21h,tu te
lèves à 5h30 pour faire ton heure de sport avant le boulot pour entretenir ton corps, tu manges
sans graisse, tu vas au boulot à pied, un boulot où tu t’énerves pas pour pas abîmer ton cœur et
tu fais ça le lundi, le mardi, le mercredi…et le jeudi …tu te suicides…
C’est là leur valeur ultime préserver son corps, préserver sa santé, les lieux de pouvoirs ce ne
sont plus les mairies, ce sont les hôpitaux , seuls les jeunes cooptés comme vous peuvent tenter
les études de médecine et accéder au sommet de la société. Fini la marianne comme seule
effigie, ils sont deux désormais : Un flic et un toubib… la matraque et le caducée…
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( temps)
Et on souhaite arrêter le temps pour vivre le plus longtemps possible, réduire tout risque pour
sa santé et vivre bicentenaire, il parait qu’avec leurs injections on fait 40 ans de moins… ah
souhaiter être plus jeune, combien l’ont vainement espéré, combien ont cherché le Styx pour
s’y baigner et devenir Gylgamesh ! Combien de poudre de perlinpinpin ou de portrait de
Dorian Gray pour arriver à la jeunesse éternelle ? Les chirurgiens semblent au bout de cette
quête de toujours : cette fontaine de jouvence pour les uns et corne d’abondance pour eux, ils
arrivent à nous faire gagner des années et à redevenir jeune… redevenir jeune… et il faut voir
le résultat, silicone botox, collagène stricto-cryogène, toutes les femmes de 60 ans se
ressemblent désormais dans un regard figé et plastifié, c’est le paradoxe de notre société c’est à
60 ans que les femmes ressemblent à leur rêves de petite fille : une poupée …tout en plastique !
Non vous me ferrez jamais souhaiter être plus jeune.
J’ai pas envie de rajeunir !
Rien que pour Madame Bouchu ! Ah Madame Bouchu , il y a bien longtemps de ça…
( flash back changement de lumière)
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Madame Bouchu
Madame Bouchu ma prof de math de 5eme b…je suis sûr que vous en avez eu une comme elle.
Habillée de pied en cap dans le catalogue Les 3 Belges, collection fleurs variées, couleurs
incertaines.
Notez que j’ai rien contre la Les 3 Belges mais entre nous ils ont innové une fois avec leur
ensemble « ruralité et modernité » en 1954 et depuis ils ont pas changé les modèles et les
imprimés.
Bref Madame Bouchu était accro à Les 3 Belges, je ne sais pas si c’était pour la remise fidélité
ou pour avoir en cadeau le super plaid à carreaux qui vous réchauffe pour l’hiver, n’empêche
qu’au collège, elle était devenue pour Les 3 Belges ce que Marianne fut jadis pour la république
….une sorte d’emblème !
Mais tout ça n’enlevait rien à ses qualités éducatives,
Madame Bouchu avait une technique pédagogique infaillible : elle puait !
Mais alors elle puait comme on ne peut pas imaginer. D’ailleurs on se battait tous pour aller
dans le groupe de 8 à 9 parce passé le repas du midi la salle était comme imprégnée. Ceux qui
avait madame Bouchu l’après midi on les reconnaissait facilement dans le car du retour…leur
vêtements sentaient…notez c’était pratique pour les fumeurs pour pas se faire prendre par les
parents, il suffisait de terminer la journée par une heure de math pour que les parents ne
détectent jamais la fumée !
Moi j’avais une théorie à l’époque je me disais que ses vêtements étaient moches parce que les
fleurs avaient fané à cause de l’odeur ! Faut dire on a eu le temps de les observer ses vêtements
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vu qu’elle avait en tout et pour tout deux tenues qu’elle mettait deux semaines d’affilé chacune
pour faire le mois.
Bref revenons à ses techniques pédagogiques je vous disais tout à l’heure que j’ai appris les
maths grâce à elle. Parce qu’elle avait une autre arme secrète complémentaire : elle expliquait !
Quand tu ne comprenais pas un truc, elle prenait le temps qui fallait pour que tu le
comprennes, elle s’approchait de toi et elle te parlait droit dans le nez et ça c’était horrible.
Et à côté de sa bouche, ses bras, ils sentaient le chèvrefeuille… chaque mot, chaque souffle était
comme un coup de poignard, et les aiguilles de la grande horloge de la salle de classe semblait
comme freinées par les flagrances animales de madame Bouchu : c’est bien simple, Madame
Bouchu a inventé l’arme chimique
Du coup on a rapidement compris le truc et on s’est tous mis à bosser comme des malades et
très rapidement on était devenu des cracs en math. Notre moyenne de classe c’était du jamais
vu dans toute l’histoire du collège !
Elle avait 100 pour cent de réussite !...Pas un qui n’avait en dessous de 15. Elle a eu le droit à
un article dans le journal, elle a été citée en exemple pendant des générations.
Elle fini même par avoir les palmes académiques grâce à nous…quand je pense que le préfet a
du l’embrasser !
Et moi des années plus tard je ne peux plus ouvrir une poubelle sans penser au théorème de
Pythagore, ni entrer dans une poissonnerie sans dire presque machinalement « Dans un
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triangle rectangle, le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres
côtés » .