LA VIGIE CITOYENNEGRAND-MOTTOISE

Association de défense de l’identitéenvironnementale, architecturale et

urbaine de La Grande-Motte

Le président de l’association

Le 04/03/2016

Le Concorde, N° 102/10334280 La Grande-Motte

Monsieur le Maire de La Grande-MotteMesdames et Messieurs les Adjoints

Mesdames et Messieurs les Conseillersmunicipaux

Monsieur le Maire,

Par les délibérations N° 13, 14 et 15 datées du 16/12/2015 de votre ConseilMunicipal et dans le cadre de la transformation du POS (plan d’occupation du sol) en PLU(plan local d’urbanisme), vous avez décidé de modifier profondément la zone portuaire et,notamment, d’implanter de nombreux bâtiments d’habitation sur des lieux quiappartiennent au domaine public maritime, lequel ne peut recevoir, par nature, « quedes ouvrages, bâtiments ou équipements ayant un rapport avec l’exploitation des portsou de nature à contribuer à l’animation et au développement de ceux-ci ».

Nous, propriétaires riverains du port ou amateurs éclairés de sonenvironnement, recevons votre décision comme une violente agression qui tend à mutilergravement notre cadre de vie et à réduire considérablement la valeur de notrepatrimoine. En conséquence, nous nous constituons en association désireuse de défendre nosintérêts matériels et moraux et bien décidée à contrecarrer l’adoption d’un PLU auxconséquences désastreuses pour nous.

En effet, depuis la création de notre station, nous avons tous acheté des biensimmobiliers en bordure du port avec la garantie de conserver « une vue imprenable »surl’ensemble portuaire et, selon l’orientation de nos appartements ou commerces, sur la baie deSète ou celle d’Aigues-Mortes, la vue s’étendant de la Pointe de l’Espiguette jusqu’au MontSaint-Clair et le Cap d’Agde, en passant, plus au Sud, sur les Pyrénées Orientales et le MontCanigou. Ce cadre privilégié fait intimement partie de notre art de vivre et de notreattachement à la cité. Il suffit de relire Jean BALLADUR pour ressentir l’inspiration profondede son œuvre architecturale et pour comprendre la place privilégiée des habitations etcommerces longeant les quais du port, ce qui nous a d’abord séduits.

En projetant de construire 500 logements sur la zone portuaire et notamment

sur les espaces JUSTIN et BAUMEL, en sus de 5400 mètres carrés de commerces etéquipements et de la création de 1472 places de stationnement, vous manifestez votre volontéde porter gravement atteinte à ce cadre de vie et à la trame générale de la cité. De façon plusgénérale, votre désir de combler le moindre espace libre par de nouveaux immeublesd’habitation nous paraît diamétralement contraire à l’esprit de Jean BALLADUR dont vouschantez pourtant volontiers les louanges tout en vous apprêtant, en réalité, à défigurer songrand œuvre. Sur les espaces JUSTIN et BAUMEL, notamment, les constructions envisagées

seront forcément, par leur densité sur des surfaces réduites, des bâtiments de grande hauteurqui briseront irrémédiablement le panorama dont peuvent jouir les riverains du port et lesclients des commerces situés sur les quais. Pensez-vous, par exemple, que les terrasses desrestaurants ou cafés du Quai d’honneur seront aussi attrayantes lorsqu’elles seront privées devue sur la mer ou perdues dans l’ombre des nouveaux bâtiments, au soleil couchant ?…Lepréjudice que vous nous portez ainsi sera brutal et se traduira par une perte considérable devaleur de nos patrimoines.

A cet égard, toutes les annonces des agences immobilières montrent unedifférence de prix, qui va aisément du simple au double, entre des biens situés au centre-ville,sans vue directe et proche sur la mer, et ceux ouverts directement sur le port et laMéditerranée, jouissant en permanence d’un spectacle vivant et très envié. En amputant cepanorama par des constructions nombreuses et imposantes, vous vous apprêtez à dévaloriserlourdement notre patrimoine immobilier dont les prix de vente se retrouveront sensiblementau même niveau que celui des immeubles sans attrait spécifique.

Nous pouvons partager votre souhait d’agrandir le port de plaisance, et ilnous semble que le creusement d’un large bassin sur l’espace BAUMEL vous offrait unebelle opportunité sur ce point tout en respectant la vocation naturelle du domainemaritime. Nous devons malheureusement constater que votre objectif premier consiste àoffrir à des promoteurs avides de profits les plus beaux emplacements, alors que d’autresespaces, plus éloignés du centre et peut-être moins aisés à rentabiliser, resteraient sous-utilisés.

Vous évoquez, quant à la conception du PLU, une page blanche à écrireensemble mais la réalité est assez différente : votre projet est complet et la concertationpromise n’est qu’un faux-semblant tendant à l’entériner. En définitive, en voulanttransformer à marche forcée notre agréable ville-jardin et son espace portuairelargement ouvert en ville moyenne saturée de béton, semblable aux plus tristesréalisations de certains pays voisins, vous voulez dénaturer les fondamentaux urbains,paysagers et architecturaux qui font l’identité et la qualité de vie actuelles de notre cité.

Nous ne pouvons l’accepter et agirons à court et long termes aux plansjuridiques et politiques pour vous empêcher de poursuivre sur cette voie et, le caséchéant, pour exiger la compensation financière des moins-values immobilières subies devotre fait et la prise en compte du pretium doloris lié à la mutilation de notre cadre devie.

Ne voyez pas là une quelconque manœuvre politicienne, très éloignée denos motivations en l’occurrence, mais la démarche déterminée de citoyens qui nepeuvent accepter un bouleversement unilatéral du cadre de vie promis par le concepteurde la ville, Jean BALLADUR, et garanti par les dispositions générales du POS, maintesfois réitérées.

En regrettant vivement de devoir nous opposer à un projet sans égards pour leshabitants actuels de la cité, nous vous assurons, monsieur le Maire, mesdames et messieurs lesadjoints et conseillers municipaux, de notre considération vigilante et de notre déterminationéclairée.

Le président de la Vigie Citoyenne Grand-Mottoise,Claude DELHOUME