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REVUE DE L’ORDRE DES URBANISTES DU QUÉBEC 11,25 $ Envoi de Poste-publication N° de convention : 400 33 006 HIVER 2015 La ville intelligente SHUTTERSTOCK | JESUS SANZ

La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

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Page 1: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

R E V U E D E L ’ O R D R E D E S U R B A N I S T E S D U Q U É B E C

11,25 $Envoi de Poste-publicationN° de convention : 400 33 006 HIVER 2015

La ville intelligente

SHUTTERSTOCK | JESUS SANZ

Page 2: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

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Page 3: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

dossier Les urbanistes, maîtres d’oeuvre du « territoire numérique »» Abécédaire de la ville intelligente 22

» Devenir intelligent, oui mais pourquoi ? 24ENTREVUE AVEC JEAN-FRANÇOIS BARSOUMPropos recueillis par Hugo Grondin, urbaniste

» L’apprentissage de la ville intelligente 27Sehl Mellouli

» COMMUNAUTÉS INTELLIGENTESLes municipalités québécoisesemboîtent le pas 29Vicky May Hamm

» Puiser dans l’intelligence collective 31ENTREVUE AVEC MONSIEUR HAROUT CHITILIANPropos recueillis par Marie-Josée Lessard, urbaniste

» Mobilité durable 33POUR UNE MEILLEURE EXPÉRIENCE DE TRANSPORTHugues Bessette

» Évolution de la stratégie numériquede l'OCPM 36Jimmy Paquet-Cormier etStefanie Wells, urbaniste-stagiaire

» Québec, plus qu’une ville techno! 38Gilles Dufour

» Penser l’avenir en temps réel 41ENTREVUE AVEC ANTHONY TOWNSENDPropos recueillis par François Goulet, urbaniste

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R E V U E D E L ’ O R D R E D E S U R B A N I S T E S D U Q U É B E C

11,25 $Envoi de Poste-publicationN° de convention : 400 33 006 HIVER 2015

La ville intelligente

sommaire

» Mot du président 4Donald Bonsant, urbaniste

» Actualités 5AGRILE DU FRÊNEUne réglementation type afin de guiderles municipalitésFrançois Goulet, urbaniste

Une maison dédiée au patrimoinemaritime du Saint-LaurentJean Robert Faucher

Le Massif de Charlevoix dévoile sa Vision 2020comme lieu de villégiature uniqueMathieu Langlois, urbaniste

Un encadrement municipal pour la productionde marihuanaMathieu Langlois, urbaniste

» Lecture 9LES ÉCOQUARTIERSVers des villes durables et à l’échelle humaineAndré Boisvert, urbaniste émérite

Les limites territoriales du Grand MontréalMarie-Josée Lessard, urbaniste

Innover pour promouvoir une villégiature durableSerge Vaugeois, urbaniste

OCCUPATION DU TERRITOIREL’explosion résidentielle menace-t-elle la planète?Jacques Trudel, urbaniste

» Opinion 12

RUE SAINTE-CATHERINEOser la piétonnisationSerge Vaugeois, urbaniste

» Pratique régionale 13

LES STATIONS DE SKI AU QUÉBECStations touristiques ou banlieues récréatives?Louis Mazerolle, urbaniste-stagiaire

» Pratique municipale 15PERFORMANCE PIÉTONNEVotre ville est-elle fière de son score?Catherine Boisclair, urbaniste, Sophie Paquin, urbaniste,Jeanne Robin et Christian Savard

» International 19CROISSANCE URBAINE EN SUISSEInterdire tout développement pourprotéger le paysage?Pierre Yves Delcourt

Représentation de la ville intelligenteoù les technologies de l’informationoccupent une place importante dansla vie des gens qui habitent les villes.

URBANITÉ | HIVER 2015 3

» Chronique juridique 43Le contrôle de l’acquisition de terres agricolespar des non-résidentsDE NOUVELLES MODIFICATIONS LÉGISLATIVESMe Jules Brière

» Regard sur le passé 45Trois-Rivières, une belle histoireBenoît Bégin, urbaniste émérite

» Nouvelles de l’Ordre 49Plan stratégique de l’Ordre des urbanistesdu Québec

Retour sur le congrès 2014

UN NOUVEAU COMITÉ DE L’OUQLe regroupement pour la relève en urbanismeLouis-Michel Fournier, urbaniste et François Fortin, urbaniste

» À l’agenda 54

Page 4: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

Cette planification stratégique devenue primordiale pourl’organisation, dont vous trouverez plus de détails à la page 49du présent numéro, a été élaborée dans le but de répondreà deux grands principes :

• guider les choix et les décisions des membres du CA de façonà respecter un plan de match préétabli qui fera en sortede conserver une vision saine et équilibrée de la gestionde l’Ordre;

• passer à une gouvernance moderne permettant au CA deprendre en considération les besoins et les préoccupationsde ses membres dans le cadre de la gestion quotidiennedes activités.

La mise en application de ces principes ne peut évidemment passe réaliser sans changer certaines façons de faire. Les urbanistesseront tenus au courant de toutes les prochaines étapes entou -rant cette démarche importante pour les membres du CA.

Les villes intelligentes

Dans un autre ordre d’idées, j’aimerais attirer votre attention surle présent numéro d’Urbanité qui est consacré à la ville intelli -gente ou « Smart City ». Les membres du comité éditorial se sontassurément surpassés pour vous offrir un contenu fort éloquentqui saura répondre à vos interrogations sur ce sujet relativementnouveau. À la lecture de ce numéro, vous serez à même deconstater les possibilités infinies que le concept de villeintelligente offre aux urbanistes, notamment en consultationpublique, en transport durable, en planification urbaine, et ce,dans la gestion quotidienne des activités d’une ville.

Cet idéal visant àcréer des villes oùle numérique estde plus en plus mis à profit est appelé à offrir des débouchésdans divers domaines, même en urbanisme, pourvu que lesurbanistes soient en mesure de suivre ce courant et de s’insérerdans les processus décisionnels des villes.

Les connaissances et la technologie doivent être vues commedes outils permettant aux villes d’innover et de progresser.Ainsi, l’urbaniste devrait jouer un rôle d’acteur de premier plandans les choix et les décisions ayant pour but de faire de nosvilles des villes intelligentes, soit des villes qui utilisent à bonescient les nouvelles technologies pour dialoguer avec lescitoyens, les sensibiliser et les informer, mais aussi pour assurerune saine gestion des dépenses énergétiques, optimiser lestransports, limiter l’étalement urbain et réduire les écarts sociauxen incluant, notamment, les besoins de tous les citoyens, sansexception, dans les décisions qui sont prises.

Dans plusieurs villes, les nouvelles technologies de l’informationont connu un essor considérable ces dernières années. Dans cesvilles, où l’on remarque aussi que les élus, le milieu des affaires,les institutions et les citoyens se concertent de plus en plus,que ce soit pour améliorer les milieux de vie ou permettre undéveloppement économique respectueux de l’environnement,les urbanistes se doivent de prendre la place qui leur revient.

Le président,Donald Bonsant, urbaniste

La planification stratégique,une priorité pour l’OUQ

mot du président

Les grandes lignes d’un document d’une grande importance pour l’Ordre des urbanistes duQuébec (OUQ) ont été présentées, en septembre dernier, lors de l’assemblée généraleannuelle qui s’est tenue à Baie-Saint-Paul dans le cadre du congrès annuel. Il s’agit desgrandes lignes de la planification stratégique dont veut se doter le conseild’administration (CA) afin d’établir les priorités de l’OUQ pour les prochaines années.

Réponses à vos questions sur les ordres professionnels

www.ordredeproteger.com.

4 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 5: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

Le comité exécutif de la Communauté métropolitaine de Montréal(CMM) a approuvé le 9 octobre 2014 dernier la trans mis sion auxmu ni cipalités de la région métropolitaine de Montréal d'unerégle mentation type afin de les guider dans le cadre de la luttecontre l'agrile du frêne sur le domaine privé. La réglementation type identifie des dispositions essentielles àmettre en place afin d'encadrer de façon optimale les efforts delutte contre l'agrile du frêne dans le domaine privé. L'enca dre mentréglementaire de la gestion des frênes privés pourra se faire selondeux approches, soit par un règlement sur les nuisances ou par unrèglement sur le zonage. Dans tous les cas, le nouveau règlementdevra s'harmoniser avec la régle mentation municipale déjà enplace. Il devra notamment octroyer au personnel de la muni -cipalité le pouvoir d'inspecter les frênes sur les propriétés privées.« Les éléments les plus importants d’une stratégie de lutte àl’agrile du frêne, ce sont les questions de l’abattage, du trai te mentet de la gestion des résidus de frêne », souligne Suzy Peate,

urba niste à la CMM. « C’est ce donttraite la régle men tation type. »

Selon ce qui est proposé, toutpropriétaire d'un frêne mort ou d'unfrêne atteint à 30 % devrait désor -mais le faire abattre. Un permis d'abattage serait cependantnéces saire. L'abattage ou l'éla gage serait par ailleurs interditentre le 15 mars et le 1er octobre, période au cours de laquellel'insecte adulte est actif. Les résidus de frêne dont le diamètreexcède 20 cm devraient être acheminés à un site de traitementautorisé ou à une entreprise de transformation du bois ou alors,conservés sur place pour être transformés. Les autres résidusdevraient être déchiquetés sur place. De plus, le transport desrésidus de frêne n'ayant pas été transformés à l'aide d'un procédéconforme sera interdit entre le 15 mars et le 1er octobre.

La proposition de réglementation type peut être consultéesur le site de la Stratégie métropolitaine de lutte contre l'agrile dufrêne, cmm.qc.ca/grands-dossiers/agrile-frene/

AGRILE DU FRÊNE

Une réglementation type afinde guider les municipalités

actualités

» FRANÇOIS GOULET, urbaniste

NATHALIE COU

ET | © CMM

URBANITÉ | HIVER 2015 5

Page 6: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

PIERRE LAH

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PIERRE LAH

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PIERRE LAH

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Ville de Québec

Une maison dédiée au patrimoinemaritime du Saint-Laurent

Les Amis de la Vallée du Saint-Laurent(AVSL), voués depuis un quart desiècle à la protection et à la mise envaleur du fleuve, ont annoncé le24 septembre 2014 à Baie-Saint-Paulleur projet « Maison du Saint-Laurent »,maison qui sera dédiée au patrimoinemaritime du Québec. Le président desAVSL, Gaston Déry, en fait l’annonce lorsdes confé rences d’ouverture du congrèsde l’Ordre des urbanistes du Québec.

Le projet Maison du Saint-Laurent estle résultat de plusieurs années deréflexions au sein des Amis de la valléedu Saint-Laurent et la suite logiquedes démarches de cet organisme dansles médias et auprès des institutionspubliques et privées qui travaillentau développement durable du Saint-Laurent. Cette Maison du Saint-Laurententend jouer le rôle de carrefour pour lesdifférents organismes intéressés par lefleuve sous toutes ses formes. Elle seveut un lieu de mémoire et d’exposition,une plateforme tant virtuelle que réellepour les échanges d’idées et de con nais -sances dans le but de mieux faireconnaître le patrimoine maritime auprèsdu grand public. Ce grand bassin qui va

des Grands Lacs jusqu’au Golfe repré -sente plus de 18 % des réserves mon -diales d’eau douce, 50 millions depersonnes y vivent dans 9 provinceset états et deux pays. Voilà pourquoila Maison du Saint-Laurent nous rap -pellera le rôle majeur qu’a toujours jouéce « Fleuve aux Grandes Eaux », commel’appelaient les Amérin diens, dans ledéveloppement écono mique et socialdu Nord-est américain.

Le concept de Maison du Saint-Laurentbénéficie aussi d’une expertise de plusde trente ans des dirigeants de laMaison de Loire de Saint-Mathurin-sur-Loire en Anjou avec qui Les Amisde la vallée du Saint-Laurent ont signéen mai 2014 une entente de partenariatet d’échanges. Les AVSL s’inspirerontdu savoir-faire français dans la gestiond’une maison de fleuve et dans l’admi -nistration du programme associé à lasauvegarde des paysages de la Loire

reconnus par l’UNESCO il y a quelquesannées. Voilà une avenue intéressantepour faire reconnaître certains denos plus beaux paysages maritimes auPatrimoine mondial de l’UNESCO.

Au congrès de l’Ordre des urbanistesdu Québec plusieurs municipalités ontdémontré un vif intérêt pour l’instau -ration d’une Maison du Saint-Laurentsur leurs territoires. La ville hôtessedu congrès, Baie-Saint-Paul, a mêmepréparé un projet de résolution en cesens. De leur côté, les Amis de la valléedu Saint-Laurent travaillent depuis plusde deux ans à la réalisation d’uneétude de faisabilité de leur projet, etdes pourparlers se poursuivent àdifférents niveaux politiques : Ville deQuébec, Ville de Lévis Communautémétro po litaine de Québec. Le projetchemine aussi auprès du gouver ne -ment québé cois dans la foulée de sanouvelle politique maritime du Québec.

Une Maison du Saint-Laurent veut offrir àl’un des plus grands fleuves du mon deune vitrine identitaire, durable et essen -tielle pour les générations futures.

Jean Robert Faucher, Directeur généralLes Amis de la vallée du Saint-Laurentwww.avsl.qc.ca

» JEAN ROBERT FAUCHER

actualités

6 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 7: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

actualités

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Pour assurer sa rentabilité et mettre en valeur son site unique,le Massif de Charlevoix a lancé en septembre 2014 lapremière phase d'un développement immobilier de 150 M$intitulé « Vision 2020 » à aménager à la base de la montagnede ski de Petite-Rivière-Saint-François.

Cette première phase vise à créer un « lieu de villégiaturepiéton » au pied des pistes de ski. Elle comporte un hôtelavec condominiums de 130 unités ainsi que 500 unitésd'héber ge ment. À terme, on vise à développer une ambianceconviviale entre autres par des boutiques, galeries d'arts,bars et restaurants.

Le Massif constitue la plus haute montagne de ski au Canadaà l'est des Rocheuses, et le projet immobilier compte sepositionner grâce à la beauté du site et des paysages renom -més de Charlevoix, à la proximité de la ville de Québec – où

l’on souhaite consolider le train touristique du Massif reliantla Capitale à La Malbaie – ainsi qu’au vaste bassin declientèle du nord-est de l'Amérique du Nord.

Lors du congrès 2014 de l'OUQ tenu en septembre à Baie-Saint-Paul, les participants ont eu droit à une présentation duprojet du Massif par Bernard Serge Gagné et MaximeLemieux, urbaniste, de la firme ABCP Architecture, le toutsuivi d'une visite terrain sur les lieux.

En parallèle, la municipalité de Petite-Rivière-Saint-Françoisdevra procéder à la construction de son usine de traitementdes eaux usées et au prolongement de son réseau d'infra -structures, un projet dont les estimations varient entre 10 et15 M$ et qui nécessite la révision du périmètre villageois.La promesse de subventions gouvernementales s'élève pourle moment à 10,3 M$.

Pour en savoir plus : www.lemassifvision2020.com

» MATHIEU LANGLOIS, urbaniste

Le Massif de Charlevoix dévoile sa Vision 2020comme lieu de villégiature unique

ABCP | GRAPH SYNERGIE

URBANITÉ | HIVER 2015 7

Page 8: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

actualités

En juin 2013, le gouvernement du Canada a adoptéle Règlement sur la marihuana à des fins médicales (ci-aprèsle Règlement), apportant de nombreux changements auxmodalités d’accès à la marihuana à des fins médicalesen vigueur depuis 2001. En plus d’instaurer des normesde protection, de livraison et d’emballage ainsi que desnormes de sécurité pour les producteurs, le Règlementprévoit aussi des dispositions particulières à l’égarddes installations de production de marihuana. Une fois toutesles conditions remplies, Santé Canada délivre une licenceau demandeur qui est, dès lors, autorisé à produire dela marihuana à des fins médicales.

Les producteurs autorisés sont également assujettis aux loiset règlements provinciaux ainsi qu’à la réglementationmunicipale en vigueur. En vertu de la Loi sur l’aménage-ment et l’urbanisme, les municipalités peuvent régir diffé-rentes caractéristiques des installations de production demarihuana à des fins médicales. Il peut s’agir de spécifierla ou les classe(s) de construction et d’usages autorisés,de prévoir le nombre maximal d’endroits pouvant accueil-lir cette activité, d’encadrer la superficie des bâtiments,leur architecture, l’aménagement des cours, etc.

Une municipalité pourra décider, après évaluation, si elleconsidère opportun de modifier sa réglementation

d’urbanisme afin de mieux encadrer cet usage. Elle ne peutinterdire, sauf exception, un usage sur l’ensemble de sonterritoire, et il lui serait également juridiquement risquéd’adopter des normes contraignantes dont les effets indi-rects empêcheraient la mise en application du Règlement.

Le ministère des Affaires municipales et de l’Occupationdu territoire (MAMOT) a publié le 25 juillet dernier un courtbulletin intitulé « Mesures de contrôle pouvant être exercéespar les municipalités envers les producteurs autorisés en vertudu Règlement sur la marihuana à des fins médicales ».Les mesures de contrôle dont il y est question concernentprincipalement l’urbanisme. Pour en savoir plus :www.mamrot.gouv.qc.ca/publications/bulletin-muni-express/2014/n-9-25-juillet-2014/

Également, le Journal of American Planning Associationa publié à l’été 2014 (volume 80, n°1) un article résumantles enjeux d’urbanisme liés aux établissements de produc-tion de marihuana à des fins médicales ainsi que lesmesures réglementaires adoptées dans plusieurs États.Référence et hyperlien :Jeremy Németh & Eric Ross (2014). « Planning for Marijuana:The Cannabis Conundrum », Journal of the AmericanPlanning Association, 80:1, 6-20, DOI: 10.1080/01944363.2014.935241.www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01944363.2014.935241#.VCYnGRZl0pc

Un encadrement municipalpour la production de marihuana» MATHIEU LANGLOIS, urbaniste

8 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 9: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

Le 26 août 2014, Vivre en Ville diffu saitdeux nouvelles publications en conti -nuité avec l’action menée par cetorganisme depuis 1993.

On a dit beaucoup de choses sur l’échecde la ville dépendante de l’automobile etsur les moyens d’y remédier. Déjà enmai 1977, la revue Critère, en colla bo -ration avec l’Office de planification et dedéveloppement du Québec (OPDQ) et leministère des Affaires municipales, orga -nisait le colloque au titre évocateur de« Vivre en ville ». Si le diagnostic qui enest issu s’apparente, à bien des égards, àcelui que l’on peut faire maintenant, ilimporte de souligner que nombre de nospréoccupations pré sentes étaient encoreen émergence : question envi ronne men -tale, utilisation judicieuse de l’énergie etdes res sour ces, transport en commun ettransport actif, récupération, recyclage etrequali fication à l’échelle humaine desmilieux anciens. De plus, ce n’est qu’unedécennie plus tard que la CommissionBruntland allait livrer le concept de déve -loppement durable. En fait, l’espoir desparticipants au colloque reposait large -ment sur l’adoption d’une loi-cadre surl’aménagement et l’urba nisme et sur lamise en place d’un palier de décision pourencadrer l’aména gement des métropoles.

Ces grandes législations font mainte nantpartie de nos acquis et elles ont mené àla mise en œuvre des instru ments essen -tiels que sont les schémas d’aména ge -ment et de développement des MRC etles plans métropolitains d’amé nagementet de développement (PMAD).

Les publications de l’organisme Vivre enVille, et les plus récentes ci-haut men -tionnées, dénotent la progression,depuis une vingtaine d’années auQuébec, d’une nouvelle approche quimet l’accent sur les moyens d’améliorerla qualité des milieux urbains qui necessaient de perdre leur lustre. Il s’agit

de régénérer le milieu urbain par laproduction d’écoquartiers à l’échellehumaine offrant un haut niveau dequalité spatiale.

Les expériences étrangères — notam mentcelles des pays du nord de l’Europe —constituent une importante source d’ins -piration. On peut y trouver tant d’exem plessusceptibles de stimuler notre ima gi naireet là-dessus, le volume 5 de la col lec tion« Inspirer le Québec » est un modèle.

Or, nous savons que l’urbanisme etl’aménagement du territoire se nourris -sent de plusieurs disciplines scienti fi -ques, ce qui leur confère un caractèreuniversel. En même temps, dans leurapplication concrète, ces pratiquess’inscrivent dans un contexte culturelparticulier et relèvent d’institutionsspécifiques. Il faut donc composer avecle « noyau éthicomythique qui constituele fonds culturel d’un peuple1 », selonl’expression du philosophe Paul Ricœur.Les initiateurs de l’urbanisme auQuébec, particulièrement depuis laRévolution tranquille, ont compris quel’introduction de nouveaux modèlesd’orga nisation de l’espace est un longprocessus. Les meilleures idées requiè -rent à la fois un effort de pédagogie etd’adaptation à une nouvelle réalitéculturelle. Voilà donc un beau défi.

Objectif Écoquartiers — version 1.0 —succède à la version bêta lancée en 2013.C’est un outil évolutif et bien structurévisant à tirer profit et à mettre en valeurles caractéristiques uniques des espaces àtransformer en écoquartier. À cet effet, ilsuggère la prise en compte de 33 prin -cipes et balises répartis en cinq paliersd’intervention : T. principes trans versaux(4), A. l’agglomération (5), Q. le quartier(7), R. la rue (8) et B. le bâtiment (7).

Dans une dynamique d’équipe, la démar -che est de nature à faire surgir denou velles idées, à les façonner, à lesopéra tionnaliser et à assurer leur succès

ainsi qu’à produire des exemples à suivrepour l’ensemble de l’agglomération.

Axés sur l’action, la collection « Inspirerle Québec » et le document ObjectifsÉcoquartiers doivent donc faire partiedes outils de travail de ceux et celles quisont déterminés à rendre la ville plusattirante.

Vivre en Ville (2014). Objectifs éco -quartiers : principes et balises pourguider les décideurs et les pro -moteurs. 64 p.

Vivre en Ville (2014). Donner vie auxécoquartiers : leçons des collec ti vitésviables du Baden-Württemberg enAllemagne. 133 p. (coll. Inspirer leQuébec; 5). [www.vivreenville.org]

lecture

» ANDRÉ BOISVERT, urbaniste émérite

DONNER VIE AUX ÉCOQUARTIERSLeçons des collectivités viables du Baden-Württemberg en AllemagneCo

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LES ÉCOQUARTIERS

Vers des villes durables et à l’échelle humaine

1 RICOEUR, Paul, « Civilisations universelles et cultures nationales » dans Histoire et vérité, Paris, Éditions du Seuil, 1964, pp. 274-288.

URBANITÉ | HIVER 2015 9

Page 10: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

lecture

Lors d’une conférence de presse, le9 octobre 2014, la MRC des Laurentides arendu public son Guide pour une villé gia -ture environnementale et durable. Fruitde trois années de réflexion, de consul ta -tions, d’analyses et d’enquêtes, il met enlumière les meilleures pratiques deconstruction et d’aménagements écolo -giques adaptées à un contexte marquépar la résidence de villégiature et uneéconomie touristique. Il vise à orienter ledéveloppement de la villégiature pourrépondre aux enjeux économiques,sociaux et environnementaux.

Ainsi, la MRC entend construire, dèsl’été 2015, une maison écologique témoindans le Parc écotouristique (ancien sitede la pisciculture de Saint-Faustin). Cettevitrine du projet d’habitation durable sevoudra un lieu de rencontre, d’échangeset d’apprentissage pour les acteurs de laconstruction écologique et les citoyens.

En plus de promouvoir les principes duGuide et d’encourager la construction debâtiments durables et la planification deprojets écologiques, tant sur des terrespubliques que privées, la MRC entendimplanter le concept de villégiaturedurable dans un projet sur les terres dudomaine de l’État dès l’automne 2015.

La MRC compte aussi mettre en place unepolitique d’approvisionnement local enmatière d’habitation durable. Elle prévoitcréer un programme de certificationattaché à un label distinctif d’habitationdurable. Celui-ci permettra d’attesterl’atteinte des principes véhiculés par leGuide, en plus de promouvoir une habi ta -tion pouvant répondre aux défis dedéveloppement durable dans un contextelaurentien. Outre les aspects environne -men taux et écoénergétiques, il prendraen compte les retombées locales auniveau des activités économiques, del’approvisionnement en ressources et del’accessibilité pour les familles à moyensrevenus et les jeunes ménages.

Enfin, les urbanistes responsables de laproduction du guide au sein de la MRCdes Laurentides, Richard Morin et KavenDavignon, feront état des objectifs et deséléments de contenu du Guide dans uneentrevue qui paraîtra dans le numérod’Urbanité du printemps 2015.

Sommaire du Guidewww.mrclaurentides.qc.ca/wp-content/uploads/Sommaire_Guide_Villegiature.pdf

Guide www.mrclaurentides.qc.ca/wp-content/uploads/Guide_Villegiature.pdf

MRC des Laurentides, Guide pourune villégiature environnementale etdurable, Saint-Faustin-Lac-Carré,2014, 228 pages.

» SERGE VAUGEOIS, urbaniste

Innover pour promouvoirune villégiature durable

10 URBANITÉ |

Le quatrième cahier de la collection desCahiers métro po litains se penche sur ledécoupage géographique de la régionmétropolitaine de recensement deMontréal (RMR) sur lequel s’appuientles limites de la Communauté métro po -litaine de Montréal (CMM).

Rappelons que près de 60 % de la po pu -lation mondiale habitera une régionmétropolitaine en 2015. Déjà, le Canadaet les États-Unis comptent 34 régionsmétropolitaines de plus de deux millionsd’habitants. On définit généralementune région métro po litaine comme unterritoire où existe une forte inter -relation entre le noyau urbain centralde la région et les loca lités adjacentesqui forment ensemble un vaste bassind’emploi relativement autonome.

Le présent cahier présente les métho -des utilisées pour délimiter les régionsmétropolitaines au Canada, aux États-Unis et dans l’Union européenne. AuCanada, les régions métropolitaines de

recensement (RMR) sont délimitées parStatistique Canada.

Toutefois, compte tenu des défis à releverau niveau des grandes régions métro po -litaines et de l’importance gran dis santede ces régions comme milieu de vie, lesvilles ont mis en place des organismesvoués à la gestion ou à la planifi cationmétropolitaine. Au Canada, on retrouvenotamment la Communauté métro po li -taine de Montréal, la Communauté mé tro -po li taine de Québec, Metro Vancouver, leCalgary Regional Partnership et leCapital Region Board d’Edmonton.

Ce découpage territorial des orga -nismes de planification métropolitainediffère parfois de celui défini parStatistiques Canada. L’étude aborde laquestion du degré d’adéquation entreces limites territoriales.

En utilisant le cas du Grand Montréal,l’étude tend à démon trer le degré d’inté -gration métropolitaine des muni cipalitésadjacentes à la RMR de Montréal. Dixmunicipalités sont exa minées à partir dedonnées sur les déplacements domicile-

travail issues de l’Enquête nationaleauprès des ménages 2011 de StatistiqueCanada. Plusieurs critères sont retenusdont celui de la densité du noyau central,du navettage de la population activeou encore de la contiguïté spatiale.À terme, ces analyses permettrontd’identifier les municipalités les plussusceptibles d’être intégrées à court ou àmoyen terme.

L’intérêt de l’ouvrage réside princi pa le -ment dans la méthode d’analysepouvant être utilisée pour suivre l’évo -lution des régions métropolitaines etpour mieux saisir les différences entreles limites territoriales statistiques etpolitico-administratives.

Cahiers métropolitains no. 4, « Étatdes lieux concernant les limitesterri toriales du Grand Montréal »,Com munauté métropolitaine deMontréal, juin 2014, 52 p. Ce cahierest disponible gratuitement sur lesite internet de la CMM à la section« Publications » de l’Observatoire duGrand Montréal

Les limites territoriales du Grand Montréal» MARIE-JOSÉE LESSARD, urbaniste

10 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 11: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

lecture

The Housing Bomb, tel est le titre provo -cateur d’un ouvrage paru récemmentaux États-Unis qui porte sur un phé -nomène émergent dont les consé quen -ces sur l’environnement humain sontencore mal cernées, soit la croissanceexponentielle de l’espace consacré àl’occupation résidentielle partout dansle monde. De façon sans doute sympto -ma tique, cette étude bien documentée,de portée internationale, a été produitepar des universitaires états-uniens etpubliée par la prestigieuse Johns HopkinsUniversity Press, dans le pays où lafameuse « American way of life » a puis -samment contribué à propager et à idéa -liser la surconsommation du logement.

Le titre fait volontairement référence àun ouvrage de Paul R. Ehrlich paru en1968 intitulé The Population Bomb,portant sur les dangers présumés de lasurpopulation mondiale que devaitentraîner le prolongement des ten -dances démographiques de l’époque.Parenté difficile à porter : ce précédentouvrage, souvent décrit comme étantnéomalthusien et catastrophiste, s’estattiré de nombreuses critiques et susciteencore aujourd’hui des débats1.

Pourtant, malgré son titre, le propos duprésent ouvrage n’est pas véritablementalarmiste. Dans ses premiers chapitres, ildécrit les principaux facteurs de lasurconsommation croissante du loge ment,alimentée à la fois par la crois sancedémographique et par la propen sion deplus en plus répandue à consommerdavantage d’espace pour se loger. Cesfacteurs mettent d’abord en cause deschangements sociétaux apparus enOccident au cours des dernières décen -nies, soit la diminution de la taille desménages, accompagnée de l’aug men -tation du taux de personnes vivant seules.Cette tendance de fond s’ajoute à lacroissance économique, qui l’a d’ailleurs

alimentée pour induire un accroissementde la consommation glo bale du loge -ment. Le développement technologique,qui améliore les capa cités productriceset l’efficacité des équipements, per -mettant l’élévation générale du niveaude confort attendu, contribue à cephénomène qui tend main tenant às’universaliser. Y a également contribuéle biais des politiques publiques favo ri -sant l’accès à la propriété, dontl’influence est manifeste sur les formesd’urbanisation par l’incitation impliciteà consacrer à l’habitation davantage deressources, tant publiques que privées.

Les exemples particuliers choisis ensuiteaux chapitres 3 et 4 pour illustrer lepropos, situés aux États-Unis et enChine, mettent un peu curieusementl’emphase sur certaines conséquencesenvironnementales bien particulières :la menace que fait peser l’urbanisationextensive, d’une part sur le parcnational Yellowstone, dans la TetonValley à la frontière de l’Idaho et duWyoming, d’autre part sur l’habitat despandas géants de la réserve naturelle deWolong, dans la province du Sichuan.Sans doute peut-on voir là une tentativede sensibiliser des lecteurs états-uniensqu’on présume peut-être plus attachés àde tels symboles qu’à des enjeuxplanétaires plus globaux?

Les chapitres suivants se placent dansune perspective nettement positive enprésentant une panoplie de moyensd’agir à différentes échelles, indivi -duelles autant que collectives, pour« désamorcer la bombe ». Que faired’abord chez soi, si ce n’est de pri vi -légier pour soi même une consom mationmodérée, en évitant surtout l’occupationd’espaces surdimen sionnés? À l’échellelocale, la plani fi cation urbaine doit bienévidemment favoriser les formes com -pactes de développement. Plus globa le -ment, c’est une culture généraliséed’économie des ressources – espace,

énergie, matériaux – qu’on devraits’efforcer de propager, en parfaite con -vergence d’ailleurs avec l’esprit dudéveloppement durable.

L’accent mis dans les derniers chapitressur l’éventail des solutions possibleséloigne l’ouvrage autant d’un certaincatastrophisme que d’une insouciancecommode à l’égard d’un phénomèneconcomitant à l’étalement urbain, dontles effets commencent à apparaître plusclairement et influencent incontes ta -blement les formes d’urbanisation dansla plupart des pays. Sujet fort pertinentpour les urbanistes, l’intérêt particulierdu propos étant de mettre en lumière lerôle propre de la dimension « consom -mation du bien logement », qu’on voyaitjusqu’à maintenant plutôt comme un bienessentiel dont il fallait assurer l’accès. Ceproblème demeure très réel pour delarges pans de nos sociétés, et encoredavantage dans bien des pays. Mais lasurconsommation, comme c’est d’ailleursle cas de façon encore plus manifestepour l’alimentation, tend en quelquesorte à un « excès contraire » dont ilfaudra dorénavant tenir compte : raisonde plus pour promouvoir un aména ge -ment résidentiel plus rationnel.

Peterson, M. Nils, Tarla Rai Peterson etJianguo Liu. The Housing Bomb. WhyOur Addiction to Houses Is Destroyingthe Environment and ThreateningOur Society. Johns Hopkins UniversityPress, octobre 2013, 224 pages.

» JACQUES TRUDEL, urbaniste

OCCUPATION DU TERRITOIRE

L’explosion résidentiellemenace-t-elle la planète?

1 Ehrlich, Paul R. The Population Bomb. Ballantine Books, 1968. Ces débats se poursuivent avec l’auteur qui défend toujours l’essentiel des propos du livre. On trouvera sur plusieurs sites Web les répliques ques’échangent les protagonistes. Voir notamment : Paul R Ehrlich & Anne H. Ehrlich. « The Population Bomb Revisited », Electronic Journal of Sustainable Development, (2009) I(3)

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opinion

RUE SAINTE-CATHERINE

Oser la piétonnisationMontréal est attrayante. De plus en plus d’ailleurs. Surtout son centre-ville qui a fait l’objet d’importants travaux : Quartierinternational, Place des Festivals, réaménagement de la rue Sainte-Catherine dans le secteur de la Place des arts qui fait déjà office,avec succès, de rue piétonne, etc. La présence accrue de condominiums et de nouveaux édifices rend le centre-ville plus vivant.Des commerces s’installent aussi pour desservir une clientèle en croissance. Dans ce contexte d’effervescence, la piétonnisationde la rue Sainte-Catherine possède un potentiel assez puissant pour propulser Montréal à un niveau supérieur sur l’échiquier desmétropoles d’Amérique du Nord, en ce qui concerne notamment la qualité de vie. Après Sainte-Catherine, plus importante artèrecommerciale du Canada, imaginons Sainte-Catherine, plus importante rue piétonne d’Amérique du Nord. Et ce, à condition d’oser.

Pourquoi piétonniser? Parce que celaaccroît la qualité de vie des résidentsd’une ville, stimule le commerce etattire les touristes. Parce que cela esten phase avec tous les principes dudéveloppement durable et permet deréduire la pollution, le bruit et l’utili -sation de l’automobile. Parce que celarendra la rue Sainte-Catherine uniqueen son genre et lui permettra ainsi decompétitionner avec tous les DIX30 dece monde, sur un terrain totalementdifférent. En effet, pour attirer unenouvelle clientèle et retenir celle quiest tentée de fuir vers des centres com -merciaux de banlieue, la rue Sainte-Catherine ne doit pas faire une placeplus belle à l’auto. Elle ne sera jamaisen mesure de disposer de stationne -ments comme ceux qui existent enbanlieue. La rue Sainte-Catherine doitplutôt offrir un produit totalementdifférent, en fait, une « expérience devie et de magasinage » exactement àl’inverse de celle offerte par les centrescommerciaux. Donc, une rue principa -lement piétonne, plus verte, avec desterrasses, des lieux de repos, de l’ani -mation, une offre commerciale cor -respondant plus aux goûts des con som -mateurs d’aujourd’hui, et surtout, un

rythme de déplacement aux antipodesde celui induit par l’utili sa tion del’automobile. Tout cela consti tue évi -demment une solution gagnante.

Quant à « l’homo quebecicus », certainscraignent que ça ne l’attire pas, parcequ’il est trop attaché à son auto,comme s’il était né avec un « appendiceautomobile » et qu’il ne pouvait s’endépartir. L’expérience de la rue Strogetà Copenhague montre plutôt le con -traire. Dans un ouvrage1 publié récem -ment, Jan Gehl mentionne que : « Dès1962, la Stroget a été convertie en alléepiétonnière. L’idée a d’abord suscité unfort scepticisme. Un espace ainsiaménagé pouvait-il susciter l’engoue -ment dans une ville si nordique? Aprèsun court laps de temps, il devient évi -dent que la nouvelle Stroget connaissaitun succès plus grand et plus rapide quequi conque ne l’avait imaginé. Lapremière année, le nombre de piétonss’y est accru de 35 %. La marche y étaitplus agréable et l’espace pouvaitaccueillir plus de gens ». Entendons-nous bien, l’expérience de Copenhagueet celles d’autres rues piétonnesd’Europe, peuvent servir d’exemples auprojet montréalais, mais ne peuventévidem ment pas être copiées intégra -lement. De plus, il faut aussi mentionner

que l’Europe est remplie de ruespiétonnes et qu’il s’en développe deplus en plus, autant dans les grandesque les petites villes. Il doit bien y avoirdes effets positifs!

Montréal doit donc développer sonpropre projet de piétonnisation de larue Sainte-Catherine, en fait, sonpropre modèle. Il doit notamment êtrebasé sur les caractéristiques des diverstronçons de la rue, sur les impératifsreliés au climat, sur les besoins dedéplacements des entreprises situéesau centre-ville, sur la présence dumétro, sur les goûts des consom -mateurs, les besoins en stationnementde la clientèle régionale et évidem -ment les résultats des consultationspubliques. Ainsi, la circulation auto -mobile et le stationnement pourraientêtre permis durant certaines périodesde la journée et durant la saison froideparticulièrement. Les camions delivraison pourraient aussi circuler, lematin, comme dans bien des villeseuro péennes. En fait, Montréal abesoin d’une réflexion globale et d’uneplanification détaillée. Il ne faut doncpas aller trop vite. Il faut marcherlentement, et surtout, marcher vers unerue principalement piétonne. Il s’agittout simplement d’oser.

» SERGE VAUGEOIS, urbaniste

1 Jan Gehl, Pour des villes à échelle humaine, Montréal, 2012, page 25

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pratique régionale

LES STATIONS DE SKI AU QUÉBEC

Stations touristiques ou banlieues récréatives?Des années 1930 jusque dans les années 1980, il s’est développé au Québec un grand nombre de stations de ski. Elles offrent aujourd'huiune variété d'activités et de sports d'hiver autour desquels la villégiature s’est développée et continue, dans certains cas, à croîtrerapidement. Alors que nos stations de sports d'hiver devraient témoigner d'adaptation au climat, au site et à notre culture, qu'en est-ilvraiment? Sur quels concepts, courants et modèles s’appuie le développement de ces lieux de villégiature?

À ces questions s’ajoutent actuellementles enjeux économiques associés ausecteur touristique. En 2011, un comité,présidé par Gilbert Rozon, a remis à laministre du Tourisme un rapport1 indi -quant, entre autres, un effort impor tant àapporter à l’offre touristique de ski alpinau Québec, qui est vieillissante, voiredésuète. De plus, plusieurs domainesskiables, notamment le Massif deCharlevoix, connaissent des difficultésfinancières. Cette situation est préoc -cupante, puisque le ski alpin est l’un desprincipaux produits d’appel pour letourisme en hiver au Québec. La fortecompétition entre les stations de sportsd’hiver pour attirer les touristes setraduit par une diversification desactivités hors ski, conférant ainsi auxdéveloppements immobiliers au pieddes pentes une importance stratégique.Ceux-ci devien nent mêmeincontournables pour les propriétairesde domaine skiable qui voient leurscoûts d’opérations en progressionconstante, que ce soit pour la fabricationde neige ou l’opération des remontéesmécaniques.

Les stations de sports d’hiver, notam mentdans les Alpes et les Rocheuses, pro po -sent généralement un cadre rusti que oùse croisent le sport, la nature et desactivités sociales offrant, le temps d’unséjour, une expérience en contraste avecla vie urbaine et le quotidien. C’est sur labase de ce concept d’éva sion qu’ont étéconçues de nombreuses sta tions étran -gères dont certaines ont été de véritablesexpé ri mentations urbai nes et architec tu -rales. Le constat, ici, est cependant toutautre : les stations qué bécoises reposentgénéralement sur la répétition demodèles issus de la banlieue.

» LOUIS MAZEROLLE, urbaniste-stagiaire

1 Comité de performance de l’industrie touristique, Faire des choix pour une industrie touristique performante, 2011, 59 pages.

L'absence de ligne directrice et la multiplicité des promoteurs créent un cadre bâti hétérogèneà la Petite-Rivière-Saint-François.

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Les stations québécoises adoptentgéné ralement la forme d’un regrou pe -ment de « chalets » (résidences de villé -gia ture), c’est-à-dire un lotissementoccupé par des bâtiments pavillon -naires. La taille du lotissement estgénéralement déterminée par la pré -sence ou non d’égouts. Les résidencesont tendance à être de plus en plusgrandes et leur nombre croissant trans -forme les territoires ruraux ou forestiersqui les accueillent en banlieues périur -baines. Ainsi, on assiste dans bien descas à la disparition progressive duvillage original ou de l’environnement

ment issues de villages de montagnepréexistants ou de développementurbain ex nihilo, se distinguent de laville et se démarquent les unes desautres, par des concepts urbains etarchitecturaux propres à chacun. AuQuébec, le village touristique de Mont-Tremblant est seul à se différencierainsi, avec un style bien défini.

Ce dernier, malgré les critiques suscitéesau point de vue architectural, peutnéanmoins être considéré comme uneréussite d’un point de vue urbain :compact, dense, voitures reléguées au

boisé au profit d’une reproduction d’unebanlieue pavillon naire standardiséedont la structure urbaine semble sou -vent incohérente avec le principe mêmede la villégiature, qui est de s’évader duquotidien le temps d’un séjour.

La forme du développement, tant lamorphologie urbaine que l’architecture,contribue à l’image et à l’expérience dulieu. À titre de référence, les stations desports d’hiver européennes, généra le -

second plan au profit des piétons,relation au site et au domaine skiable.D’ailleurs, en Amérique du Nord, lastation de Mont-Tremblant est souventcitée comme exemplaire dans cedomaine, au même titre que Whistler(Colombie-Britannique) et que certainesgrandes stations du Colorado. Celan’aurait pas été possible sans la fortemaîtrise foncière qui, depuis les débutsde la station en 1939, a permis decontrôler la construction immobilière.

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pratique régionale

Ailleurs dans la province, de touteévidence, il y a peu de coordinationentre la planification immobilière ettouristique. Plusieurs nouveaux lotisse -ments autour des stations de sportsd’hiver s’appuient sur une trame de ruequi ne tient pas particulièrement comptede la topographie, en plus de raser lecouvert forestier sur toute la largeur dulotissement. Par un manque de vision etde planification, les promoteurs, aumême titre que les municipalités qui seplient souvent facilement aux volontésdes développeurs, échouent ainsi à créerde véritables lieux de villégiature et àadapter leurs projets au site, au paysageet aux pratiques des occupants.

D’autre part, le tourisme et la villégiatureentretiennent des liens serrés avec lestransports. L’attrait d’un lieu étant enpartie lié à sa facilité d’accès, les lieux devillégiatures se sont généralementdéveloppés le long d’axes de transportset à proximité d’agglomérations urbai -nes. Avec leur croissance, les airesurbaines tendant à les rattraper, lestransformer et les reporter toujours plusloin. Le même phénomène, qui a faitdisparaître la villégiature des rives del’archipel de la région de Montréal, seproduit également autour de bon nombrede stations de sports d’hiver : Lac-Beauport, Stoneham, Mont-Sainte-Anne,Bromont, Mont-Saint-Sauveur, etc. Laproximité des centres urbains, atout pourattirer facilement la clientèle, s’avèreégalement un risque de banalisation etde standardisation d’un point de vueurbain et architectural. Cela est d’autantplus vrai considérant que la formeurbaine s’organise de nos jours autour dumême mode de transport, l’automobile.

Ces constats démontrent un manquede planification de la part des pro mo -teurs, publics comme privés, maiségalement de la part des collectivités etdes acteurs de l’industrie touristique.Ceux-ci devraient insister et s’outillerpour que les développements immo -biliers autour des stations soutiennentl’industrie touristique, assurent ledéveloppement et la pérennité deséquipements du domaine skiable ets’inscrivent dans une optique dedéveloppement durable.

Tout compte fait, l’aménagementtouris tique tient à la base sur unparadoxe : il s’appuie à la fois sur lamise en valeur de paysages et d’atoutsnaturels, ainsi que sur la protection deces mêmes qualités naturelles, sur dessites généralement rares et souventfragiles. La planification en amont estdonc cruciale afin de trouver unéquilibre respectant le lieu et sacapacité d’accueil. La croissance desstations de sports d’hiver, comme den’importe quel secteur de villégiature,devrait être planifiée et surtoutcontrôlée de façon à éviter la stan dar -disation et la banalisation de lieuxexceptionnels. Or, dans la province, laforme de ces déve lop pements immo -biliers se révèle pourtant bien souventindifférente des caractéristiques dusite, soit sous forme de lotissement etd’architecture standardisés.

Afin de tirer des leçons des erreurs dupassé et de mettre en valeur les milieuxtouristiques et de villégiature que sontles stations de sports d’hiver, certainséléments devraient être considérés etcertains outils mis en œuvre.

En premier lieu, une planificationrigoureuse et des outils de contrôle etde suivi devraient être pris en chargepar la collectivité locale ou par uneinstance publique supérieure, lorsqueles ressources ne sont pas disponibles,comme c’est généralement le cas là oùla villégiature s’implante. D’autre part,une large maîtrise foncière devrait êtreprévue afin de contrôler les opérationsimmobilières. Une planification enamont des équipements, des activitéset de l’hébergement pour une fréquen -tation sur sept jours tout au long del’année serait de mise, mais constitueun réel défi. Le respect du sited’accueil, tant concernant sa capacitéd’accueil et son paysage que le géniedu lieu, devrait toujours être à la basede la conception urbaine et architec -turale. L’intégration du domaine skiableà la station et la relation aux différentsmodes de transport permettraient dedéfinir les déplacements, et du mêmecoup, la forme urbaine de l’ensemble.Enfin, les stations devraient développerun modèle d’affaires durable et res -ponsable, afin de pérenniser et d’opti -miser les infrastructures tout enrespectant le milieu d’accueil. De cettefaçon, plutôt qu’être des ensemblesurbains relativement banals, les sta -tions pourraient être plus respec -tueuses de leur environnement, plusattractives, plus concurrentielles et àl’image de la population locale.

Louis Mazerolle, urbaniste-stagiaire, est détenteur d’un bacca -lauréat en urbanisme et d’une maîtrise en design urbain.Il travaille au sein de la firme MRA architecture + design.

Constructions préfabriquées typiques de banlieue à Bromont. Architecture distinctive et traitement soigné de l'espace public au Versant Soleil,à Mont-Tremblant

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pratique municipale

1 Le terme marchabilité est un calque du mot anglais « walkability », qui peut aussi être traduit par l'expression potentiel piétonnier. Pour sa part, l'expression performance piétonne réfère au termeanglais « walkscore ».

C’est en fonction de ses préférences etde ses contraintes que chacun choisitson mode de transport, mais aussi enfonction du milieu dans lequel il a à sedéplacer. Les urbanistes et autresdécideurs municipaux peuvent ainsi agirsur deux facteurs déterminants du choixmodal : d’abord, l’accessibilité des acti -vités, puis, les conditions de dépla ce -ment. Un diagnostic complet de la« performance piétonne » d’une ville oud’un quartier devrait considérer cinqprincipes incontournables qui témoi -gnent de la situation à l’échelle macrocomme à l’échelle micro (voir l’encadré).

Pour des destinations accessiblesà pied : trois incontournablesLe choix de se déplacer à pied ne serapossible que s’il y a des destinationsaccessibles à distance de marche –école, épicerie, centre de loisirs, biblio -

thèques, etc. À l’échelle de l’agglomé -ration et du quartier, assurer la proxi -mité entre les commerces, les services,les emplois et les résidences est doncessentiel pour envisager réalistement demarcher plutôt que d’utiliser la voiturepour ses déplacements. On observe peude déplacements à pied de plus d’unkilomètre. Dans le cas d’enfants allant à

l’école, cette dis tance est encore pluspetite. L’épicerie et l’école sont assu ré -ment des exem ples clés de services deproximité, mais on peut aussi penser auxéquipements de loisirs.

La viabilité économique des com merceset des services implique par ailleurs unedensité résidentielle suffisante. En effet,

PERFORMANCE PIÉTONNE

Votre ville est-elle fière de son score?

» CATHERINE BOISCLAIR, urbaniste

» SOPHIE PAQUIN, urbaniste

» JEANNE ROBIN» CHRISTIAN SAVARD

Améliorer la « marchabilité »1 sur son territoire est aujourd’hui un objectif partagé par de nombreuses municipalités, des plus grandesaux plus petites. Mode de transport universel, la marche est pourtant de moins en moins pratiquée. Sur quels facteurs agir en prioritépour rebâtir des villes à échelle humaine? Pour améliorer la performance piétonne, Vivre en Ville et la Direction de santé publique deMontréal proposent cinq principes incontournables qui soutiendront des actions complémentaires, depuis l’échelle de l’agglomérationjusqu’à celle de la rue.

Les cinq incontournablesdes villes amies des piétons

Trois incontournables à l’échelle de l’agglomération et du quartier,pour assurer l’accessibilité des activités :

• la proximité des commerces et services;• la compacité et la densité résidentielle;• la connexité du réseau de rues.

Deux incontournables à l’échelle de la rue, pour créer des conditionsde déplacement favorables :

• l’encadrement de la rue par les bâtiments;• des aménagements confortables et sécuritaires.

Une municipalité amie des piétons seraaussi une municipalité amie des aînés,

des familles et des enfants.

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Page 16: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

pratique municipale

soutenir des commerces de proximitéexige un certain bassin de clientèleprésent dans un rayon de 500 mètres àun kilomètre (Figure 1). Cette densité,lorsqu’elle est créée par un cadre bâticompact, à échelle humaine, plutôt quepar des tours, assure également lacréation d’un environnement de marchede qualité grâce à l’encadrement de larue par les bâtiments.

Finalement, à l’échelle du quartier, il estimpératif que le réseau de rues soit bienconnecté afin d’assurer une perméa -bilité de la trame urbaine pour lesdéplacements piétons. Des îlots defaible taille et une trame orthogonaleréduisent généralement les distances,par opposition à une trame curvili néairequi oblige souvent à faire des détours,allongeant les parcours et décourageantl’utilisation de la marche. L’accès àdistance de marche d’un arrêt du réseaustructurant de transport en commun estpar ailleurs primordial pour créer laproximité entre les loge ments et lesactivités à rayon nement métropolitainou régional, qui ne peuvent se retrouverdans chaque quartier.

Le Walkscore : illustrer et vulgariserLe Walkscore, un outil américainaccessible gratuitement en ligne(www.walkscore.com), permet d’illus -

trer plusieurs composantes du potentielpiétonnier à l’échelle d’une municipalitéou d’un quartier. Pour déterminer un« score de marchabilité », cet outil croisedifférentes informations, le nombre dedestinations à distance de marche étantle principal critère. Ce score sera illustrésur une carte par un gradient passant duvert au rouge dans les différents sec -teurs d’une ville, en fonction du nombrede destinations présentes. Il peut aussiêtre calculé pour une adresse précise.

Bien que cet outil permette, en un coupd’œil, de saisir si un quartier ou unsecteur de la ville dispose de desti -nations potentiellement intéressantespour les piétons, il comporte certaineslimites. Le Walkscore pourra par exempleconsidérer un centre d’achat et sesabords comme très « marchables » au vudu nombre et de la diversité dedestinations. Par contre, il ne prendrapas en compte les grands station ne -ments et la piètre qualité des aména -gements piétons qui caractérisent cessecteurs et qui nuisent à l’accessibilitéet à la sécurité des déplacementsactifs. Le Walkscore reste toutefois unoutil pertinent pour évaluer la possi -bilité d’accéder à distance de marcheaux principaux services du quotidien,et amener ainsi une analyse plusprécise de la situation.

Pour des conditions optimales dedéplacement : deux incontournablesÀ une échelle plus fine, l’encadrementde la rue par les bâtiments de mêmeque des aménagements sécuritaires etcon fortables des voies piétonnes sontdeux incontournables pour favoriser lamarche. En ce qui a trait à l’enca dre mentde la rue, des marges de recul réduites etla plantation de végétaux, par exemple,permettront aux piétons de se sentirdans un environnement convivial àéchelle humaine. Cet enca drementcontribue aussi à la réduction du champvisuel des automobilistes, et corollai re -ment, aux vitesses qu’ils prati quent surces rues. La qualité du cadre bâti et sonaspect esthétique jouent aussi sur laqualité de l’environnement piéton.

De même, les infrastructures routièreset piétonnes doivent être aménagéesde façon à assurer la fonctionnalité, leconfort et la sécurité des déplacementsactifs. Cela inclut leur entretien,notamment en hiver. Les milieux bâtisétant variés, il arrive que ces aména -gements conviviaux et sécuritairessoient partiellement présents ou mêmecarrément absents (ex. : marquage ausol de la traverse piétonne, largeur detrottoir, éclairage urbain). Afin d’éva -luer la présence et la qualité de l’envi -ronnement où circule le piéton, les

Figure 1 : Avec une densité de 50 logements à l’hectare, 2500 ménages peuvent avoir accès, en moins de 5 minutes de marche, à une épicerie, une école, unebibliothèque situées au centre du quartier. Pour une densité de seulement 15 logements à l’hectare, à peine 750 ménages profiteraient de cet accès.

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municipalités du Québec et leurscollaborateurs peuvent utiliser laméthode de l’audit potentiel piétonnieractif sécuritaire (PPAS), développé parla Direction de santé publique deMontréal.

Le PPAS2, un outil de diagnosticà l’échelle de la rueLe PPAS est un outil de diagnostic de lamarchabilité qui permet d’évaluer lafonctionnalité, le confort et la sécuritédes déplacements actifs afin d’amé -liorer l’aide à la décision pour desinterventions à court et à moyen termesur l’espace public. L’audit PPAS dresseun portrait et fournit des indicationsspécifiques aux intervenants sur leséléments de l’aménagement et de lavoirie qui sont moins favorables à lamarche. L’outil, qui a été validé scien -tifiquement sur plus de 526 tronçonsde rues et intersections dans desarrondissements contrastés et appliquépar la suite dans différents quartiers,permet d’observer 80 indicateurstouchant les aspects suivants :

• Les caractéristiques des voies de circu -la tion et des intersections;

• Les fonctions urbaines et les bâtiments;

• Les caractéristiques des voies piétonnes;

• Les voies cyclables et l’accès physi queau transport en commun;

• L’ambiance urbaine, le paysage et l’amé -nagement pour la sécurité urbaine.

En plus de procurer des données sur lesforces et les lacunes du cadre bâti danslequel s’effectuent les déplacementsactifs, l’audit de potentiel piétonnierpermet de mobiliser les parties pre -nantes sur des problèmes concrets etsur des sites précis. Jusqu’ici, l’auditPPAS a servi à soutenir un dialogueétoffé et réaliste sur la marchabilitélocale entre les intervenants munici -paux et communautaires dans certainsarrondissements de Montréal. De plus,il est utilisé comme outil complé men -taire d’analyse pour le réaménagementde couloirs urbains dans des voisinagesqui seront desservis par du transportcollectif à forte capacité. Comme ilfacilite l’identification d’éléments pou -

vant être l’objet d’interventions à courtet à moyen terme, l’audit de potentielpiétonnier renforce les démarches deplanification locale (ex. : PPU) ou lesinterventions ponctuelles (ex. : le longd’un corridor scolaire). Le PPAS s’inscritdans une approche d’amélioration desconnaissances pour soutenir la décision.

Des leviers municipaux pouraméliorer la marchabilitéUne fois le diagnostic de l'envi ron ne -ment urbain pour les piétons réalisé etles lacunes constatées, plusieurs actionssont à la portée des municipalités pouraméliorer leur performance piétonne àl'échelle de la rue :

• Les municipalités peuvent utiliserleur pouvoir d’action directe. Elleseffectuent annuellement la réfectionroutière de plusieurs rues, ce qui leurdonne la possibilité d’implanter lesbonnes pratiques de transport actifet d’apaisement de la circu la tion. Laplanification d’équipements collectifset l’entretien des infra structures loca -les sont l’occasion de réaliser desinterventions favorables à la marcha -bilité. Cela étant dit, des mesuresd’apaisement de la circu la tion peu -vent être mises en place sans qu’il yait de réfection prévue;

• La municipalité peut concrétiser savolonté d’améliorer le transport actifgrâce à ses choix budgétaires. Le plantriennal d’immobilisation pré voit l’allo -cation de ressources finan cières pourl’implantation de mesures sup portantla fonctionnalité et la sécurité desdéplacements actifs.

Cependant, ces mesures à l’échelle dela rue seront vaines si elles ne sontpas accompagnées de mesures àl’échelle macro qui rapprochent lesdestinations du quotidien des rési -dences, et vice-versa. C’est la condi tionnécessaire à la création d’une « villedes courtes distances », qui rendrapossible le choix de la marche commemode de trans port. Les actions struc tu -rantes à cette échelle peuvent prendredifférentes formes.

• Les instruments d’urbanisme sont unlevier important pour assurer l’accèsaux commerces et aux services, car ilspermettent de prévoir la répar tition

pratique municipale

L’audit de potentielpiétonnier actif sécuritaire(PPAS) est accompagnéd’une boite à outils etpermet d’évaluer 80indicateurs reliés à lafonctionnalité, au confortet à la sécurité desdéplacements piétonniers.

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2 www.dsp.santemontreal.qc.ca/dossiers_thematiques/environnement_urbain/thematiques/transport/documentation/ppas.html

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pratique municipale

des activités et les densités (zonage),la largeur des voies, la continuité desinfrastructures de déplacements actifs(voies cyclables, réseau de voies

piétonnes) et les marges de recul desbâtiments (lotissement), par exemple.Pour des environnements déjà cons -truits, les programmes particuliers

d’urba nisme (PPU) peuvent être unbon outil pour repenser un milieu peufavorable à la marche;

• Les municipalités peuvent se doterd’une politique de localisation desactivités commerciales et des bureauxafin de mettre un terme à l’éparpil le -ment des activités et de s’assurer queces dernières soient localisées àdistance de marche des habitations,notamment les commerces et lesservices de proximité. Ce type de poli -ti que vise aussi à ce que les activitésgénératrices de déplacements se loca -lisent aux endroits les mieux desservispar le transport en commun;

• La municipalité doit exercer un rôle deleader dans l’amélioration de lamarchabilité de son territoire. De plus,elle tient souvent un rôle d’agentrassembleur dans la concertation avecles autres organisations territoriales, lesautorités organisatrices de trans port,les institutions, les ministères, lesorganismes communautaires et sansbut lucratif, ce qui peut consti tuer unlevier à ne pas négliger.

Une utilisation accrue de la marchecomme mode de déplacement, et,corollairement, une réduction desdéplacements motorisés, permettrad’affronter une panoplie d’enjeux :santé publique, changements clima -tiques, mais aussi congestion routière,qualité de vie et sécurité dans lesquartiers, vieillissement actif, etc. Ainsi,une municipalité amie des piétons seraaussi une municipalité amie des aînés,des familles et des enfants. Bref, uneville plus humaine.

Cet article est inspiré de la conférencePerformance piétonne : votre ville est-ellefière de son score?, donnée par la Directionde santé publique de Montréal et Vivre enVille aux Assises annuelles de l’Union desmunicipalités du Québec le 24 mai 2014, àGatineau, devant plus de 100 élus.

Catherine Boisclair, urbaniste, est conseillère stratégique à ladirection générale de Vivre en Ville.

Sophie Paquin, urbaniste, Ph. D. est conseillère en urbanisme etsanté publique à la Direction de santé publique de Montréal. Elleest également professeure associée au département d'étudesurbaines et touristiques de l'Université du Québec à Montréal.

Jeanne Robin, M. ATDR, est directrice générale adjointe chez Vivreen Ville. Elle est également chargée de cours à l’École supérieured’aménagement du territoire et de développement régional del’Université Laval.

Christian Savard, M. ATDR, est directeur général de Vivre en Ville.

Il est utile d’obtenir des données surla présence et la localisation du

mobilier urbain et des voiescyclables, car ces équipements

contribuent à bonifierla marchabilité.

L’audit PPAS permet de documenterla présence et l’état des bateaux pavésaux traverses, ce qui améliore la qualité

de l’accessibilité universelle.

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« Une utilisation accrue de la marchecomme mode de déplacement,et, corollairement, une réduction

des déplacements motorisés, permettrad’affronter une panoplie d’enjeux :

santé publique, changements clima tiques,mais aussi congestion routière,qualité de vie et sécurité dans

les quartiers, vieillissement actif, etc. »

18 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 19: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

international

CROISSANCE URBAINE EN SUISSE

Interdire tout développementpour protéger le paysage?

La Suisse est favorable au développement économique, mais voit d’un mauvais œil le développement territorial. Récemment, une initiativequi visait à interdire toute nouvelle construction dans la région viticole de Lavaux près de Lausanne a été rejetée par le peuple.

Le 18 mai 2014, la population du Cantonde Vaud (750 000 habitants) est alléeaux urnes pour décider s’il fallait inter -dire toute nouvelle construction dansune région viticole d’une beauté excep -tionnelle reconnue par l’UNESCO.En 1977, la population s’était déjà pro -noncée pour une protection forte decette région à l’initiative d’un écologiste.Une démarche jusqu’au-boutiste?

Lavaux constitue un paysage de921 hectares, entre l’agglomération deLausanne et celle de Vevey-Montreux,composé d’un vignoble en terrasses etde villages anciens offrant un pano ramasaisissant sur le lac Léman et les Alpes.Les vignobles étant soumis à la pressionurbaine au cours des années 1970, les

vignes étaient arrachées pour faireprogressivement place à des résidences.

Pour lutter contre le mitage de ceterritoire viticole d’exception, les outilsde la démocratie directe ont été utilisés.Plusieurs personnalités créèrent, sousl’impulsion de Franz Weber1, l’asso cia -tion « Sauver Lavaux » le 4 février 1972.Neuf mois plus tard, l’associationdéposait une pétition nationale pour laprotection de Lavaux. Le 30 juillet 1973,elle déposait une initiative consti -tutionnelle cantonale pour protégerLavaux. Le 12 juin 1977, le peuplevaudois votait en faveur de cetteinitiative à 54,9 % des voix. Comme leprévoyait le texte amendé de la cons -titution (voir encadré), une loi spécialeconsacrée à la protection de Lavauxentra en vigueur le 9 mai 1979.

Constitution vaudoise Art. 52a2

1. La région de Lavaux, de la Lutrive àCorsier, est déclarée site protégé.

2. Toute atteinte à sa protection peutêtre attaquée sur le plan admi nis -tratif ou judiciaire par ceux qui sontlésés et par les associations deprotection de la nature et celles dela protection du patrimoine.

3. La loi d’application respecte stric te -ment le périmètre en vigueur,notamment par le maintien de l’aireviticole et du caractère traditionneldes villages et hameaux.

La Loi sur le plan de protection deLavaux (LLavaux) édicte des objectifsde protection. Elle est assortie d’unplan d’affectation des sols. Les plani fi -cations d’ordre inférieur doivent s’yconformer. Son plan rend la zoneviticole totalement inconstructible,nonobstant des petites dépendancesnon habitables en relation avec lesbâtiments existants et à l’activitévigneronne. Dans les villages anciens,est protégée notamment la volumétriegénérale de l’ensemble, y compris celledes rues, des places et des ruelles. Il enest de même de la volumétrie et ducaractère des bâtiments. Enfin, la Loilimite drastiquement les possibilitésd’extension urbaine, enfin presque. Eneffet, deux municipalités ont bénéficiéde zones d’extension significatives. Cequi, au cours des dernières années, afini par inquiéter de nouveau lesdéfenseurs de la nature et du paysage.

Ainsi, en 2010, Franz Weber est de nou -veau parti en guerre contre « le mitagede Lavaux ». Son initiative proposait desmodifications de la LLavaux : interdic -tion de toute nouvelle construction

» PIERRE YVES DELCOURT

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Lavaux

1 Franz Weber est un écologiste suisse reconnu pour son opiniâtreté dans ses combats en faveur de la nature et du paysage dès le milieu des années 1960 en Suisse. Sur la scène internationale, il s’estnotamment illustré aux côtés de Brigitte Bardot en 2005 pour interdire la chasse aux phoques sur la banquise canadienne.

URBANITÉ | HIVER 2015 19

Page 20: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

international

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Lavaux

dans les villages anciens, suppressionde toutes les surfaces non bâties, nonéquipées et ne faisant pas l’objet deprojet d’aménagement. De plus, l’ini -tiative proposait de transférer auministère cantonal la gestion del’occupation du sol dans le périmètreà la place des municipalités.

Cette nouvelle initiative a suscité un tolléauprès de tous les partis politiqueshormis Les Verts et l’UDC (parti ultra con -servateur), du monde munici pal, desmilieux économiques, de la constructionet de l’urbanisme. Le gouvernement vau -dois a proposé un contre-projet soutenupar le Parlement. Ce contre-projet visaità réduire de moitié la zone à bâtir librede constructions, mais n’interdisait pasde nouvelles constructions dans les villa -

ges anciens. De plus, il proposait deconfier au Parlement (et non au minis -tère) l’adoption des modifications duplan de protection de Lavaux, élaboréesen étroite collaboration avec lesmunicipalités concernées.

Après une campagne étayée denombreux articles de journaux et dedébats publics, le 18 mai dernier lepeuple a voté à près de 70 % en faveurdu contre-projet. Un tel désaveu deFranz Weber a surpris tout le monde.Même dans les communes les pluséloignées du Canton, le peuple apréféré le projet du gouvernement, jugéplus raisonnable.

Lors des dernières votations en Suisse,le peuple s’était prononcé pour desmesures conservatrices (frein à

l’immigration, frein à l’extensionurbaine, rejet de deux projets de tour).L’aménagement du territoire doit êtreen phase avec le développementéconomique et démographique. Toutest une question de mesure. Interdirepurement et simplement le dévelop -pement urbain aurait pu avoir desconséquences désastreuses : baissede l’activité économique, pénuriede logements, etc. Dans le cas deLavaux, le peuple a été sensible àces arguments.

Pierre Yves Delcourt est président de la Fédération suisse desurbanistes (FSU), section romande. Il est détenteur d’un bacca -lauréat en urbanisme de l'Institut d'urbanisme de l’Université deMontréal, d’un DESS de l'Institut d'urbanisme de Paris et d’unmaster en administration publique de l'Université de Lausanne.En 2010, il a fondé son bureau-conseil, IDEA-LINK SARL.

20 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 21: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

La ville intelligente ou Smart City est un concept relativementnouveau et développé dans de nombreuses villes et métro polesinternationales. Voulant mieux gérer la croissance urbaine etaméliorer la qualité de vie, les villes se donnent un cadre deréférence dans leur planification urbaine et utilisent la tech -nologie pour optimiser les services aux citoyens et l’introduisentdans de nombreuses sphères d’activité faisant appel à del’innovation et à de la créativité au sein de leur économie.

La ville intelligente pose la question du rôle de l’urbaniste àl’ère du numérique. En effet, c’est un champ de très vastesopportunités qui s’offre à la planification urbaine. C’est lapossibilité d’accéder à une quantité innombrable de données;d’utiliser et de développer de nouvelles appli cations; de mieuxgérer la ville et de la concevoir différem ment. Le territoirevirtuel est un espace d’idéation et de planification, quel’urbaniste a l’occasion d’occuper avec toutes ses compétenceset sa créativité. Certaines limites seront aussi mises en lumière,car nous voulons regarder la ville intelligente sous différentsangles, en donnant une tribune aux différentes visions, enexplorant différentes réalisations.

Le présent dossier démystifie d’abord le concept en ques -tionnant les experts, les élus et les chercheurs. Nousaborderons ensuite les « dérives du numérique » et les criti -ques qu’on peut en faire. Nous verrons par ailleurs commentdifférents domaines de l’urbanisme peuvent en bénéficier,que ce soit en termes de consultation publique, de planifi -cation urbaine, de développement économique ou detransport durable. Finalement, ce dossier est l’occasion denous pencher sur les démarches de villes intelligentes dansdifférentes municipalités du Québec ainsi que dans diffé -rentes villes à l’étranger. Maîtres d’œuvre du changementdepuis plus d’un demi-siècle, les urbanistes ont l’occasion dejouer leur rôle dans la ville intelligente.

Bonne lecture

» FRANÇOIS GOULET, urbaniste

» FÉLIX GRAVEL, urbaniste-stagiaire

» HUGO GRONDIN, urbaniste

» MARIE-JOSÉE LESSARD, urbaniste

Les urbanistes, maîtres d’œuvredu « territoire numérique »

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Page 22: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

APPRENTISSAGE EN LIGNEL’apprentissage en ligne consiste en unmode d’apprentissage fondé sur l’utili -sation des technologies de l’infor ma tionet de la communication. Il permetl’accès à des formations en ligne, inter -actives, afin de développer des compé -tences. Lynda.com, coursera.org et lesMOOC (« Massive Open Online Courses »)sont des exemples de site Web deformations et de cours offerts en ligne.

CARTOGRAPHIE COLLABORATIVELa cartographie collaborative reposesur l’idée qu’une pluralité de per -sonnes qui travaillent ensemble àamasser et à organiser de l’informationsur une carte est en mesure de produireune connaissance de qualité (intelli -gence collective). À titre d’exemple,cette information peut être la locali -sation des frênes ou d’arbres fruitierssur le domaine public, ou encore lalocalisation des espaces de station -nement pour vélos dans un quartierdonné. L’utilisation du Web 2.0 al’avantage de faciliter le géoréfé ren -cement, le partage d’information et lacollaboration de masse.

Les outils de cartographie collaborativesont multiples. Ils peuvent être à carac -tère commercial comme Google MapMaker, Google My Maps ou WikiMapiaou encore à caractère non commercial(libre et ouvert) comme Ushahidi ouOpenStreetMap.

COCRÉATIONLa cocréation désigne le fait de tra -vailler à plusieurs et en commun à lacréation d’un produit, d’un service oud’un projet, du début à la fin d’unprocessus. Une des conditions desuccès de cette approche est quel’organisation publique ou privées’ouvre aux clients en toute trans -parence, et ce, en même temps que lesusagers s’engagent. La cocréationfavorise l’innovation.

D’autres termes sont utilisés pourdécrire des démarches semblables detravail colla boratif, dont, entre autres,le codesign, la coconception et lacoproduction.

DONNÉES OUVERTESLes données ouvertes (« open data » enanglais) désignent des données numé -riques libres de droits provenant d’ungouvernement, d’une institution publi -que ou d’une entreprise privée. Ellessont accessibles à tous et peuvent doncêtre librement utilisées, réutilisées etredistribuées.

L’ouverture des données est aussi unmouvement sociopolitique essen tielle -ment porté par les administrationspubliques (gouvernement ouvert), demême qu’une philosophie d’accès et deréutilisation de l’information et de laconnaissance. L’ouverture des donnéess’inscrit dans une tendance quiconsidère les données publiques ouprivées comme des biens communs,dont la diffusion est d’intérêt public,car elle favorise la transparence etl’innovation et encourage la parti -cipation citoyenne.

FRACTURE NUMÉRIQUELa fracture numérique désigne lesinégalités face aux possibilités d’uti -liser les technologies de l’informationet de la communication et de contri -buer à l’information, à la connaissanceet aux réseaux qu’elles diffusent. Cesinégalités se déclinent essentiellementde trois façons : l’accès à Internet,

l’accès au matériel, tels un ordinateuret des logiciels, et l’accès à la compré -hension et à l’usage des technologies.

Elle peut être causée par des fac teursd’ordre géo gra phique, socio-écono -mique et gé né ra tionne (insuf fi sance desinfra structures, coût élevé de l’accès etdu matériel, manque de for mation,etc.). Toutefois, la fracture numériquerenvoie plus souvent à l’écart existantentre les plus jeunes générations, quiont grandi avec les technologies, et lesplus âgées, qui ont dû s’y adapter.

La réduction de la fracture numériquepasse, entre autres, par la littératienumérique.

INTELLIGENCE COLLECTIVEL’intelligence collective est la sommedes connaissances, des compétences etdes capacités intellectuelles d’indi -vidus, composant une communauté(physique ou virtuelle), qui résulte d’uneffort de collaboration. Le fait detravailler à plusieurs favorise l’émer -gence de facultés de création, d’éva -luation, de résolution de problèmes etd’apprentissage qui sont supérieures àcelles d’individus isolés.

L’avènement des technologies del’information et de la communication,et particulièrement d’Internet, a facilité

Abécédaire de la ville intelligente

dossier

Ce petit lexique reprend des extraits de définitions préparées par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), dans le cadrede l’événement Wikicité qui a eu lieu en février 2014, peut être consulté à l’adresse wikicitemtl.com/lexique

SHUTTERS

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22 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 23: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

dossier

l’intelligence collective, permettant demettre en réseaux de plus en plus degens et d’augmenter le nombre d’occa -sions de collaborer.

MÉDIAS SOCIAUXLes médias sociaux consistent endes plateformes Web qui permettentaux uti lisateurs de créer, de partageret de con sulter du contenu, de par -ticiper à des échanges et de joindredes communautés.

Les technologies associées aux médiassociaux sont, entre autres, les blogueset les sites de partage de photos (Flickr,Picasa, etc.), de vidéos (Youtube, Daily -motion, Vimeo, etc.) et de signets(Tumblr, Scoop.it, Pinterest, Stumble -Upon, etc.). Les médias sociaux englo -bent aussi les réseaux sociaux.

MODÉLISATIONTRIDIMENSIONNELLE (3D)La modélisation 3D consiste en unensemble de techniques qui visent àcréer, dans un logiciel adapté, à l’aidede points et de segments, un objet enperspective sur un ordinateur, unetablette numérique ou un téléphoneintelligent. La modélisation 3D est,entre autres, utilisée dans l’élaborationde jeux vidéo, de films d’animation, ouencore de plans ou de projets d’ingé -nierie, d’architecture ou d’urbanisme.Elle peut également être employéepour réaliser des environnements deréalité virtuelle.

NUMÉRIQUELe terme numérique ou technologienumérique correspond à l’en sembledes techniques qui permettent la pro -duction, le stockage et le trai te mentd’informations sous forme binaire,c’est-à-dire uniquement com poséesdes chiffres 0 et 1.

Il est utilisé par opposition au termeanalogique qui signifie toute donnéedont la représentation se fait sous laforme d’une grandeur physique conti -nue pouvant prendre une infinité devaleurs comme le son, la voix, lesimages, les couleurs, les phénomènesnaturels, etc. Pour que les donnéesanalogiques puissent être traitées parles technologies numériques, commeles ordinateurs, il est nécessaire de lestransformer en données numériques.De manière générale, les expressionstechnologies numériques et techno -logies de l’information et de la commu -nication sont employées de façoninterchangeable.

RÉALITÉ AUGMENTÉELa réalité augmentée désigne des tech -nologies qui rendent possible l’inser -tion en temps réel d’éléments virtuels àla réalité. Elle vise à enrichir la per cep -tion qu’a un utilisa teur de son environ -nement réel par des augmentationsvisuelles, sonores ou tactiles et égale -ment à enrichir les interactions qu’il aavec celui-ci. La réalité aug mentéecomplète le monde physique mais n’apas pour objectif de le remplacer. Lesdispositifs d’affichage des élémentsvirtuels peuvent notamment prendre laforme de lunettes, de casques de vision -nement, de téléphones intelli gents oude tablettes tactiles.

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATIONET DE LA COMMUNICATIONLes technologies de l’information etdes communications (TIC) corres pon -dent à l’ensemble des tech nologiesissues de la rencontre de l’informa -tique, du multimédia et des télécom -mu nications. Les TIC sont à l’origine ducaractère multimédia de produits, telsles téléphones intelli gents et les ordi na -teurs portables, et de services commel’Internet, la messa gerie instantanée etla télévision numérique.

VILLE INTELLIGENTEUne ville intelligente regroupe unensemble de solutions technologiquesqui visent à optimiser le fonction -nement de l’ensemble de ses divisionset à améliorer les services fournis auxcitoyens (transport, énergie, eau,télécommunication, information, etc.).

De façon générale, une ville intelli -gente se définit par des infrastructuresen réseau et des standards ouverts, uneintelligence communautaire qui amé -liore la planification et le dévelop pe -ment autant urbain que régional demême que les processus de gestion,des initiatives de durabilité environ ne -mentale et une gouvernance ouverte,participative et inclusive.

Les villes dites sensibles ou senséesinsistent davantage sur le facteurhumain, en plaçant les citoyens aucœur de la ville. Elles veillent à tirerparti des technologies pour optimiseret révolutionner les modes de vie.

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Page 24: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

dossier

Selon votre vision, qu’est-ce que le conceptde « ville intelligente »?Ici, il y aura trois concepts à saisir qui soutiennent la villeintelligente. Il y a d’abord la multiplication des systèmes dedétection (boucles sous l’asphalte, valves dans les aqueducs,caméras, radars, Bluetooth, téléphones intelligents qui ontdes senseurs). Ensuite, la connexion de ces senseurs dans unréseau : l’Internet des machines (« Internet of things »).Troisièmement, la capacité d’analyser toutes les donnéesgénérées par ces bidules nous permet de réagir et deplanifier – pour l’immédiat, mais aussi pour le long terme.Tout cela est le fondement de la ville intelligente ou futée («smart city »). Mais pour la ville, il y a une étape suivante – etimportante. Pourquoi la ville veut-elle devenir intelligente?Pour être plus verte, plus conviviale, plus sécuritaire, plusfluide, plus attractive pour les nouveaux arrivants? Commel’intelligence humaine, l’intelligence des villes est stérile sielle n’est pas mise au défi – il lui faut un but. Devenirintelligent oui, mais pourquoi? La pertinence de cette quêtede l’intelligence mérite d’être soulignée. Et les urbanistespeuvent apporter de l’eau au moulin de cette discussion.

Pourquoi l’urbaniste devrait s’intéresserau concept de « ville intelligente »?L’urbanisme est une science, un art qui a évolué avec le temps.

Lewis Mumford, penseur et urbaniste du 20e siècle, avait unregard critique sur l’utilisation de la technologie à son époque –l’approche du « toujours plus », d’augmentation constante de laproduction, était mise en opposition à l’équilibre naturel qui viseà créer des systèmes efficaces et durables. Dans le domaine dela planification des villes, il était un des rares qui critiquaientl’étalement urbain et croyait plutôt à l’idéal d’une ville avec descaractéristiques « médiévales », où les décisions se prendraientplus proche du citoyen.

Pour la ville moderne, cette opposition est toujours d’actua -lité. Le « toujours plus » (de ponts, de routes, d’accès, de sta -tion ne ment, etc.) se bute aux réalités environ ne men tales (gazà effet de serre), aux limites financières (budgets) et physi -ques (congestion).

Dans ce contexte, le rôle de l’urbaniste moderne est doncd’une importance capitale, car il a une influence dont laportée est très longue. La planification territoriale à laquellecontribue l’urbaniste comporte des décisions dans plusieursdomaines – gestion de l’eau, des transports, descommunications, etc. Les décisions prises dans ce domaineinfluencent le développement d’une ville sur un horizon trèslong; les actions des générations antérieures ont contribué àdessiner les villes d’aujourd’hui.

L’urbaniste moderne, cependant, possède un avantage parrapport à ses prédécesseurs, et c’est une nouvelle capacité demodélisation des impacts des décisions : avec l’apport desdonnées en temps réel produites par une ville intelligente,équipée de senseurs et de citoyens branchés, nous pouvonsrapidement vérifier des hypothèses et réagir rapidement —en jours ou en semaines, si ce n’est pas en temps réel!

Comme dans tous les autres domaines qui ont été impactéspar la technologie, le cycle de prise de décision desurbanistes s’accélère et doit tenir compte d’une quantité dedonnées appréciable. Une ville intelligente, donc, permet àl’urbaniste de prendre de meilleures décisions plusrapidement, et donc d’aller plus rapidement dans l’action etdans la mise en œuvre.

Mumford verrait peut-être ces nouvelles technologies d’unœil différent que celles qu’il critiquait à son époque, car laville intelligente vise l’efficacité et l’optimisation dans l’usagede ses ressources, ce qui soutient l’atteinte des objectifsde dévelop pement durable. La participation citoyenne dansles program mes de données ouvertes rapproche le citoyendes décisions locales, ce qui lui aurait plu aussi.

» Propos recueillis par HUGO GRONDIN, urbaniste

IBM Jean-François Barsoum

Devenir intelligent, oui mais pourquoi?ENTREVUE AVEC JEAN-FRANÇOIS BARSOUM

Jean-François Barsoum est consultant délégué principal, Villes Intelligentes chez IBM. Au cours des dernièresannées, il a travaillé avec des villes de toutes tailles pour les aider à se démarquer en innovant et en devenant« plus intelligentes ». Il a notamment travaillé avec la Ville de Québec en l’aidant à mieux comprendre les enjeuxde la fracture numérique sur son territoire.

« Devenir intelligent oui, mais pourquoi? La pertinence decette quête de l’intelligence mérite d’être soulignée. Et les urbanistes

peuvent apporter de l’eau au moulin de cette discussion. »

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Page 25: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

dossier

Selon vous, quelles sont les « villes intelligentes »phares en matière de planification territoriale?Singapour (senseable.mit.edu/livesingapore/visualizations.html) ades contraintes très importantes – en termes d’espace, d’eau,de climat. Sa culture de gestion gouvernementale ressemblepeu à nos démocraties complexes, mais se prête bien à uncertain genre de ville intelligente. Ce n’est pas la mêmeversion de la ville intelligente que nous verrions ici, auQuébec, mais ils font preuve d’une ingéniosité très adaptée àleur emplacement. Par exemple, ils ont prévu desinfrastructures pour l’optimisation de la circulation; ils vontjusqu’à l’étude du positionnement des taxis lors d’aversestropicales, pour assurer une meilleure répartition. Ils ontégalement amorcé un projet de recyclage de l’eau (NEWater)en tandem avec un nouveau centre d’appréciation de l’eauqui est intégré à l’usine.

Quelles sont les limites du numérique dansla perspective de la « ville intelligente »? Le premier piège : il ne faut pas oublier que la légitimité de laville intelligente dépend de la participation citoyenne, toutcomme elle dépend du gouvernement d’ailleurs. Sansinclusion, la légitimité des projets de ville intelligente perd duterrain, et peut même accentuer l’exclusion sociale. Toute villequi se veut intelligente doit faire un effort pour augmenterl’inclusion numérique, c’est un incontournable.

Le second piège : une Ville intelligente sans une vision claire(pourquoi devenir intelligente?) risque (1) de perdre beaucoupd’argent sur des expériences qui ne sont pas pertinentes ouintéressantes et (2), éventuellement, de faire perdre le goût des’améliorer de cette façon. Suit donc le danger d’être laisséepour compte dans la course mondiale aux cerveaux et auxentreprises de pointe.L’équilibre est donc délicat – la ville intelligente doit être assezinnovante pour chercher le meilleur de chacun de ses citoyenset assez inclusive pour récupérer les plus faibles maillons.

Qu’est-ce que la fracture numériqueet comment la contrer?Simplement dit, ce sont ceux qui n’ont pas les moyens ou ledésir de se brancher et d’utiliser Internet. Dans le cas deQuébec, une analyse démographique nous a permis decomprendre qu’elle est en grande partie, dans ce cas précis,composée de personnes qui sont plus âgées que la moyenne.

Pour contrer le problème de la fracture, ou la combler si vousvoulez, il faut nécessairement la comprendre. Qui sont lesexclus? Pourquoi ont-ils décroché? Les réponses à cesquestions sont importantes, mais il faut également êtreconscient du lien entre l’exclusion numérique et l’exclusionsociale — les deux types d’exclusions sont souvent trouvéeschez les mêmes populations, et l’exclusion sociale peut êtreune cause ou un précurseur de la fracture numérique.

Cela étant dit, il ne faut pas perdre de vue qu’une villeintelligente retiendra toujours ces deux objectifs : raccrocherles exclus numériques, mais ensuite pousser tous les citoyensà augmenter leur participation à la création du numérique, ducoup augmentant l’activité économique. La genèse de «startups » numériques a un impact social certain, comme lequartier St-Roch peut en témoigner.

Ces deux objectifs sont très complé mentaires, car ilssoulignent ensemble l’enjeu de la solidarité intergé -nérationnelle. D’ailleurs, il est tout à fait logique de penserque ce sont ces jeunes branchés entrepreneurs qui auront lesidées qui permettront de combler la fracture numérique.

Parlez-nous de l’approche de la Ville de Québec enmatière de fracture numérique.Le mandat d’analyse de la fracture nu mé rique à Québec nousa permis d’identifier plusieurs chantiers intéres sants.

Parmi les outils que nous avons pu identifier, un accélérateurgéomatique présente des possibilités emballantes. Le service

L’analyse des données durecensement et de sondages

indiquent clairement que la fracturenumérique est avant tout composéedes aînés, des « baby-boomers »,

et de personnes présentantun handicap fonctionnel

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Page 26: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

MONTRÉAL

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de la ville ayant déjà créé un système de visualisationgéomatique, nous avons pu y greffer des données pertinentesà la fracture numérique : données de santé publique,données du recensement, emplacement des accès Internetgratuits ZAP, bibliothèques publiques, etc. Réunies ensemble,ces données brossent un portrait étonnamment précis,permettant de cibler les quartiers à prioriser — où les exclusnumériques ont peu de ressources sur lesquelles ils peuventcompter. Nous aurons une vision hyperlocale de la fracture, etcette cartographie devient le « point de convergence » où lesdivers intervenants peuvent collaborer. C’est la table detravail commune.

Mis à part les outils, il faut souligner qu’un tel mandat est uneoccasion rêvée d’accorder plusieurs violons – nous avons pu

remarquer ensemble que plusieurs intervenants travaillaienten silo, ce qui diminuait leur efficacité, même quand leursobjectifs étaient complémentaires. Sans coordination,il y avait peu de possibilités de docu menter les meilleurespratiques… et les moins bonnes. Le secteur socio com mu -nautaire et les organisations non gouvernementales font untravail important, mais souvent de façon solitaire. Le mandat,en exposant cette faille et en créant les outils de collaboration(dont l’outil géomatique précité), permet de progresser rapi -dement vers une solution durable à la fracture numérique.

Pour en savoir plus :http://smartercitieschallenge.org/smarter-cities.htmlhttp://www.pub.gov.sg/water/newater/Pages/default.aspxhttp://senseable.mit.edu/livesingapore/visualizations.html

dossier

Neuf obstacles à l’inclusion numérique

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Page 27: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

dossier

1 Hafedh Chourabi, Taewoo Nam, Shawn Walker, J. Ramon Gil-Garcia, Mellouli., S., Karine Nahon, Theresa A. Pardo, Hans Jochen Scholl. (2012). « Understanding Smart Cities: An IntegrativeFramework ». 45th Hawaii International Conference on System Sciences.

L’apprentissage de la ville intelligente Le concept de ville intelligente est un concept très large qui couvre plusieurs domaines. Il ne peut être pris chaque domaine à part,mais doit être vu comme un projet pour une ville, dont la finalité est d’offrir aux citoyens un milieu de vie évolué, qui respectel’environnement et qui améliore la qualité de vie des citoyens.

Dans l’étude menée par Chourabi etcoll. (2012)1, le concept de villeintelligente ou « smart cities » peut êtreétudié, minimalement, selon huitdimensions. La dimension techno lo -gique, qui est la base même de villeintelligente, regarde comment lesnouvelles technologies sont déployéesafin d’offrir de nouveaux services auxcitoyens. Cependant, le développementd’une ville intelligente nécessite unevolonté politique qui doit donner unsignal fort à l’administration muni -cipale afin d’adopter ce concept. Or,l’administration doit être munie d’unestructure organisationnelle claire etbien établie afin d’exécuter cettevolonté politique.

Cette organisation n’est plus isolée deson monde. Avec l’apparition de lagouvernance ouverte, la décision estprise avec la participation de l’admi -nistration publique et des citoyens.Ainsi, la participation citoyenne devientun catalyseur du dévelop pe ment duconcept de ville en plaçant le citoyencomme partie prenante dans la prisede décision. À titre d’exemple, leconcept de budget participatif est entrain d’être adopté par plusieurs villesà travers le monde. Le citoyen décidedes dépenses à faire d’une partie dubudget d’une municipalité, d’une ville.

Néanmoins, le développement d’uneville intelligente va de pair avec sondéveloppement économique. Plus uneville est compétitive, plus elle estattrayante pour l’investissement et parconséquent plus la qualité de vie descitoyens est optimisée. Ce dévelop pe -ment économique, et par conséquentl’évolution de la ville intelligente, se faiten bâtissant sur les infrastructuresexistantes. Ces infrastructures fontréférence aux routes, au transport encommun, aux aqueducs, aux architec -

tures, etc. Ainsi, une ville intelligente estune continuité du développement d’uneville, sans couper avec l’existante.Néanmoins, ce développement ne doitpas se faire de n’importe quellemanière. Il doit prendre en consi dé -ration les éléments environnementauxet le développement durable de la ville.Ainsi, un modèle de développementd’une ville intelligente est construit surhuit dimensions (Figure 1).

Le développement d’une ville n’est pasuniquement relié à la technologie ou àl’économie, mais également à l’urba -nisme. Selon une étude des NationsUnies, plus de 70 % de la populationmondiale vivra dans les milieuxurbains en 2050. Ce taux démontre lesdéfis auxquels sont confrontées lesvilles, et plus précisément les urba -nistes, qui sont responsables de laplanification de l’agencement desactivités humaines sur les territoires envue de réaliser un développement etun aménagement durables des villes.

La technologie est de plus en plusprésente et adoptée par les citoyens.Elle est bien intégrée dans leurquotidien. Elle est également bienintégrée dans les objets comme lesnouvelles voitures, sans conducteur,qui sillonnent des villes. De plus, etselon une étude de IBM, il y aura plusque 30 milliards de capteurs dans lemonde d’ici 2030. Ceci dénote de laquantité d’information qui sera dispo -nible relativement à l’activité humaineet au mouvement des objets. Par consé -quent, les urbanistes sont con fron tés audéfi de bâtir les villes de demain tout engarantissant une activité structurée etréglementée des citoyens.

Trois axes d’intérêtpour les urbanistesPar rapport au modèle à huit dimen -sions présenté ci-haut, les urbanistessont interpellés tout particulièrementau niveau de la technologie, au niveaude la participation citoyenne et auniveau du développement durable.

» SEHL MELLOULI

Citoyens etcommunauté

Environnement Infrastructuresexistantes

ÉconomieGouvernance

Technologie

PolitiqueOrganisation

Projet de villeintelligente

Figure 1 : [Chourabi et coll., 2012].

URBANITÉ | HIVER 2015 27

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Au niveau de la technologie, les urba -nistes ne peuvent outre passer l’ana -lyse des quantités d’information collec -tées sur les mouvements des gens etobjets dans une ville; il sera nécessairede s’octroyer de nouveaux moyens etoutils afin d’exploiter ces données etde planifier les activités humaines auniveau des villes. À cet égard, des outilsd’analyse de données devien nent unepriorité des urbanistes, car ils peuventcréer une valeur ajoutée à partir desdonnées collectées. Cette valeur ajoutéese matérialise par la création de nou -velles connaissances dont les urba nistesont besoin lors de la planification desmouvements des personnes, maisauxquelles ils n’ont pas accès par lesoutils d’analyse de données disponiblesde nos jours. Cependant, cette plani fi -cation peut être supportée par des outilsde simu lation de déplacement despersonnes et des objets qui pourraientêtre développés.

Les citoyens sont les yeux et les oreillesde la ville. Ce sont eux qui créent la vieà l’intérieur de la ville; ils sont les plusconnaisseurs de la ville. Ainsi, laparticipation citoyenne joue un rôleimportant dans la conception etle développement urbain des villes.Un nouveau canal de communicationdevrait être mis en place afin d’assurerune participation citoyenne dans l’ima -gination et la conception de leur ville.C’est un nouveau mode de gou vernancequi peut être mis en place afin deconcilier les citoyens avec leur ville etde garantir le développement d’uneville en harmonie avec les attentes deses citoyens.

Finalement, le développement d’uneville ne peut se faire sans prendre enconsidération le développement dura -ble de la ville et la qualité de l’envi ron -nement dans lequel les citoyens vontvivre. Ainsi, les indicateurs environne -

mentaux, qui mesurent l’activitéhumaine, devraient être considérés lorsde la planification de l’agencement del’activité humaine.

Dans ce contexte de planification terri -toriale, plusieurs villes ont combinétechnologie, planification territoriale etdéveloppement durable. À cet égard,on peut tout d’abord mentionner leprojet en cours entre la Ville deQuébec, la Ville de Rennes, et l’Uni -versité Laval et qui est relatif à la miseau point d’un outil de simulation deplanification urbaine. Cet outil a pourobjectif d’aider les urbanistes dansleurs tâches et de visualiser leursrésultats, avant de les concrétiserréellement. Cet outil devient ainsi unoutil d’aide à la décision lors de laplanification urbaine.

Sehl Mellouli est professeur titulaire au département des systè -mes d’information organisationnels de la faculté des sciencesde l’administration de l’université Laval.

UNIV

ERSI

TÉ L

AVAL

Les membres de l’équipe de recherche lors d’une rencontreà Seattle. L’équipe était formée de représentants de

l'Université Laval, l'Université of Washington, de la StateUniversity of New York, et du Centro de Investigacion

y Docencia Economicas du Mexique.

28 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 29: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

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COMMUNAUTÉS INTELLIGENTES

Les municipalités québécoises emboîtent le pas

Le Livre blanc suggère que les mairesdeviennent les architectes de la ville etque la coordination de l’innovation, dudéveloppement durable et du dévelop -pement économique soit menée par lesgouvernements locaux. Au cœur de cerenouvellement de la gestion urbaine seretrouvent les citoyens dont le rôle estde plus en plus participatif. Dans lesmunicipalités de toutes tailles, la con tri -bution du citoyen à la gestion muni -cipale peut désormais être amé liorée etrenforcée par les technologies del’information et de la communication.

Mirage ou réalité? Le concept de ville oucommunauté intelligente est en pleineeffervescence. On y promet de répondreaux besoins des citoyens avec des outilsplus rapi des, plus efficaces et mieuxadaptés aux réalités d’aujourd’hui. Defait, les tech nologies offrent unpotentiel inouï pour améliorer lesservices municipaux et accélérer lacréation de richesse dans noscommunautés.

Où en sont les municipalitésquébécoises?Si l’on constate un besoin grandissantet pressant de changer les pratiquesmunicipales, les moyens pour mettre enœuvre le concept de communautésintelligentes le sont beaucoup moins. Le

monde municipal québécois est enphase d’appropriation des concepts deville ou de communauté intelligente etles maires ont choisi de se regrouperpour y réfléchir au sein d’un comité detravail de l’UMQ. Pour les membres ducomité, une communauté intelligente enest une lorsque sa démarche d’opti mi -sation de la gestion urbaine est faite demanière concertée avec la population,les acteurs socio-économiques et lesinstitutions. L’identification des besoinsest préalable et primordiale à toute miseen place de technologies. La concer -tation est généralement la bougied’allumage qui engendrera la recherched’une technologie appropriée.

Une démarche de communauté intelli -gente débute donc avec le citoyen quiest le pivot du virage vers un mana ge -ment municipal renouvelé. Autant dansle Livre blanc de l’UMQ que dans leconcept de communauté intelligente,le rapport avec la population prime.Le « citoyen intelligent » est celui quicontribue au développement de sa com -munauté en participant à la planifi ca -tion et à la gestion des activités munici -pales. Les technologies facilitent gran -dement le dialogue entre la populationet les administrations publiques quidevront revoir leurs pratiques pour pro -fiter de ces méthodes simplifiées decommunication et de gestion.

Transformer les pratiquesdu management municipal Les technologies offrent certes unpotentiel immense, mais comportentégalement des défis majeurs en gestionmunicipale. D’abord, l’utilisation destechnologies nécessite l’éclatement dutravail en vase clos vers un travail plustransversal et collaboratif. Cette appro -che de gestion contemporaine obligeles municipalités à revoir les structuresorganisationnelles et les cultures d’orga -ni sation. À ce jour, les munici palités qué -bécoises sont peu outillées pour fairecette révolution dans la gestion desaffaires urbaines.

Les gestionnaires municipaux font faceà des défis majeurs d’intégration destechnologies dans les activités interneset le travail en synergie avec les parte -naires du milieu et les citoyens. Les élusmunicipaux doivent maîtriser lesconcepts et enjeux des commu nautésintelligentes pour donner des orien ta -tions claires aux administrations.Les risques de dérives technologiquessont nombreux et potentiellement trèscoûteux. L’expertise et les compétencesen matière de gouvernance numérique

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) a dévoilé en novembre 2013 un Livre blanc pour permettre aux municipalités de « créerun environnement favorable à l’amélioration de la qualité de vie, l’émergence de richesse et l’établissement d’un équilibre socialpermettant à chaque individu de s’épanouir ». Dans cette proposition de changement, l’UMQ suggère plusieurs propositions pouraméliorer la gestion municipale des services aux citoyens.

» VICKI MAY HAMM

OLEKSIY MAR

K | SHU

TTERSTOC

K

Les municipalitéss’engagent à être plus :

TransparentesDurables

AccueillantesEntreprenantesInclusivesCréativesOuvertes

*Livre blanc de l’UMQ

URBANITÉ | HIVER 2015 29

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sont très présentes dans le secteurprivé, mais encore faibles dans lesecteur public municipal. Le renforce -ment de l’expertise des élus et adminis -trateurs municipaux est donc essentiel.

Par où commencer?Des outils pour orienter les villesL’UMQ souhaite ouvrir la voie du viragenumérique que devront prendre lesmunicipalités québécoises au cours desprochaines années. Comme association,elle souhaite fournir aux municipalités lesoutils pertinents à la réflexion et à laplanification d’un virage vers les com -munautés intelligentes. En effet, depuisjanvier 2014, un comité de travailrassemblant une douzaine de maires duQuébec a été mis sur pied pour étudier lesdifférents concepts sous-jacents auxcommunautés intelligentes, évaluer lesdifférents outils disponibles sur le marchépour développer des stratégies pour descommunautés intelligentes et élaborer dumatériel d’accompa gne ment adapté auxélus locaux. Cette démarche de l’UMQvise surtout le développement d’uneexpertise forte en gouvernance numé -rique au sein des gouvernements locaux.

L’UMQ travaille donc sur un outil numé -

rique qui aidera d’abord les munici -palités à démystifier les conceptsentourant le principe de communautéintelligente, à documenter les initiativeset pratiques québécoises et inter na -tionales en gouvernance numérique età accompagner les municipalités dansl’établissement d’un diagnostic local.Finalement, l’outil permettra d’identifierdes pistes de solution propres à chaquemunicipalité pour entreprendre levirage technologique. Le processus deconception de l’outil mettra les élus etadministrateurs municipaux à contri -bution afin d’obtenir un instrumentadapté aux besoins et aux réalités dumonde municipal. L’approche colla bo -rative et non commerciale de l’UMQreprésente un atout majeur sur lequelle monde municipal québécois peuts’appuyer pour partager des expérienceset des ressources entre municipalités etse prémunir contre les nombreuses com -plications que le secteur des techno logiespeut susciter pour des adminis trationspubliques.

À l’international, certaines autorités ontstructuré leur démarche pour orienterles différentes instances publiques vers levirage numérique. Au Canada, plusieurs

gestes ont été posés et ont contribué àstimuler l’intérêt des muni cipalités pourles communautés intelli gentes. Parexemple, au Québec, le gouvernementactuel a annoncé qu’une stratégie numé -rique culturelle est en préparation. Grâceà l’outil d’orientation développé parl’UMQ, le monde muni ci pal sera davan -tage en mesure de pro poser au gouver -nement des solutions pour arrimer lespolitiques gouvernementales au viragemunicipal vers des technologies del’information.

Une opportunité à saisir!En créant un tel outil, l’UMQ souhaiteoffrir à ses membres un instrument pouraccélérer la mise en œuvre des enga -gements du Livre blanc et ainsi créer descommunautés dites intelligentes. Unedémarche de communauté intelli gentesuppose que la municipalité agit à titre decatalyseur des différentes forces etressources en présence sur le territoire.En profitant des gains d’effi cacité que lestechnologies offrent, les municipalitéspourront notamment être plus ouvertes,créatives et entreprenantes.

Vicki May Hamm, mairesse de Magog et présidente du comitéde travail sur les communautés intelligentes de l’UMQ

Les communautés intelligentes : pour les municipalités de toutes tailles!

Certaines grandes villes du Québec sont fréquemment citées comme les plus proactives dans le dossier descommunautés intelligentes. Les villes de Québec et Montréal ont d’ailleurs pris part au concours internationaldu Intelligent Community Forum. Cependant, plusieurs municipalités québécoises plus petites s’intéressentau concept et souhaitent être innovantes et créatives dans leur gestion des services municipaux.

MAGOGLa municipalité a souhaité effectuer un virage important dans son approche de développement économiquelocal. Elle a donc créé Magog Technopole, une entité sans but lucratif dont la mission est de favoriser lacroissance du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) et des technologiesvertes dans la Ville de Magog. Cette instance collabore avec la Ville de Magog afin de définir une vision dela communauté intelligente magogoise pour ensuite la planifier et la mettre en œuvre.

SHAWINIGANAprès avoir vécu des années difficiles suite à de nombreuses fermetures d’usine, la municipalité deShawinigan a décidé de construire un pôle d’excellence permettant l’éclosion, la croissance et l’implantationde développeurs de jeux sociaux et mobiles dans les installations du Centre d’entrepreneuriat Shawinigan.Cette station numérique offre aux jeunes et aux entrepreneurs tous les services d’accompagnementnécessaires à la création et au développement d’entreprises en technologie.

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Puiser dans l’intelligence collectiveENTREVUE AVEC MONSIEUR HAROUT CHITILIAN

Qu’est-ce qui vous a amené à la Ville intelligente? Ma passion du service public! Ingénieur dans le domaine del’informatique, je trouvais intéressant de m’engager dans lavie publique et de participer à l’intégration des nouvellestechno lo gies dans le fonctionnement de la Ville. Le maireDenis Coderre et son équipe en ont fait une priorité du présentmandat municipal.

Quels ont été vos premiers gestes en ce sens?Le premier geste de notre administration a été de créer unBureau de la ville intelligente et numérique1 afin d’exercerun leadership et de soutenir les initiatives dans ce domaine etde le rattacher à la Direction générale. Il s’agit d’un messageclair qui appelle l’innovation à travers toute la ville et quicompte animer le débat public. Rapidement, nous avons déposéun document Fondateur qui annonce nos objectifs basés surquatre axes : collecter des données pour une transparence degestion et un gouvernement ouvert; communiquer les systèmesd’accès et de diffusion de l’information; coordonner les servicespublics numériques et; collaborer avec l’industrie et stimulerl’innovation et la créativité.

Nous sommes à élaborer la Stratégie de Montréal, Villeintelli gente et numérique. Je vois cela comme La Via AppiaAntica que les Romains ont construite avec une visiond’ensemble et innovante, pierre par pierre, et encoreprésente de nos jours. Le chemin devant nous est remplid’opportunités qu’il faudra saisir.

Le concept de Ville intelligente se développe à traversle monde. Donnez-nous quelques exemples qui vousinspirent, de villes ou de projets? Il n’y a pas de formule préfaite. Il y a des modèles qui sontinspirants, notamment ceux des villes de New York, de Lyon,de Barcelone ou encore d’Amsterdam. Je constate qu’il y a troistypes d’approches.

Des pays d’Asie tels la Corée, Taiwan et le Japon se considèrentmaintenant comme des communautés intelligentes du point devue de l’intégration des technologies dans toutes les sphèresdes services publics. Tout est numérisé et informatisé tant dansla livraison des services que dans la gestion et l’opération desservices publics.

Du côté de l’Europe, certainspays scandinaves, dont laSuède et notamment la ville deStockholm, ont été des précurseurs. Ils sont préoccupés par ladiminution de l’empreinte carbone de l’administration publique(ville verte) et sont intervenus dans le domaine des transportsentre autres par les péages intelligents.

D’autres villes européennes telles que Lyon voient la Villeintelligente comme un vecteur important de relanceéconomique. Lyon a investi dans des projets en se positionnantdans des secteurs industriels déterminants pour l’avenir etporteurs sur le marché international (les technologies vertes, larobotique, etc.). Une démarche qui appelle aussi unecollaboration plus étroite de la société civile, des universités etun souci d’y donner un visage humain en facilitant l’immersionnumérique des non-initiés.

Du côté américain, il s’agit d’un modèle hybride entre ledéveloppement technologique et l’utilisation de la « matièregrise ». On mise beaucoup sur le branding et le marketing. NewYork, par exemple, a engagé une ambassadrice sur les questionsnumériques. Elle devient le porte-étendard de la Villeintelligente et y apporte la jeunesse, la beauté et le dynamisme.

Trois défis sont à relever pour la mise place d’une Villeintelligente : l’infrastructure (le développement et ledéploiement), les applications (les nouvelles technologies),et l’appropriation (l’accessibilité par les citoyens, lescommunautés et l’organisation). Comment compte-t-onprocéder à Montréal?En définissant des chantiers stratégiques, un programme definancement et des partenariats pour la réalisation des projets.Il nous faut aussi investir dans la modernisation des actifstechnologiques et développer des systèmes et des applicationsbasés sur des technologies plus récentes. Par exemple, larefonte du portail web de la ville est absolument nécessairepour créer un espace citoyen permettant de faire une demandede permis, payer les comptes, s’inscrire à une activité de loisir,recevoir l’horaire de collecte des ordures, contester une contr a -vention, etc. C’est la numérisation de l’expérience citoyenne!Bien sûr, il ne faut pas perdre de vue l’aspect humain de ladémarche. Je parle notamment de l’importance d’obtenirl’adhésion de l’administration publique.

» Propos recueillis par MARIE-JOSÉE LESSARD, urbaniste

Harout Chitilian est conseiller municipal de Montréal depuis 2009 à l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Réélu en 2013, il est présentement vice-président du Comité exécutif de la Ville et assumela responsabilité des dossiers de la réforme administrative, de la Ville intelligente, des technologies del’information ainsi que des dossiers jeunesse. Il fut choisi parmi les jeunes politiciens municipaux lesplus prometteurs de sa génération par le magazine L’Actualité en 2011 et reçut le Prix de la relève 2014de l’UMQ remis à un jeune élu qui s’est illustré sur la scène municipale.

MOC

AHarout Chitilian

1 Le Bureau de ville intelligente et numérique gère les activités d’une unité administrative dont la mission consiste à élaborer et à déployer la stratégie « Montréal Ville intelligente et numérique 2014 »et à positionner Montréal sur le plan international comme une métropole intelligente et numérique. Ses responsabilités sont de définir les priorités d’action, d'établir des plans de travail, de mobiliseret de coordonner les différents acteurs, en partenariat avec le secteur privé, le secteur institutionnel et d’autres partenaires externes impliqués dans le projet.

URBANITÉ | HIVER 2015 31

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Il faut aussi assurer un leadership des instances supérieurespour donner une direction, octroyer les budgets, faire lesarbitrages nécessaires lorsqu'il y a visions contradictoires et enmême temps, puiser dans l’intelligence collective qui est uneressource renouvelable, une ressource abordable et uneressource qui donne des résultats. Je rêve d’une ville qui vapuiser dans l’intelligence collective de ses citoyens pour faireévoluer ses services et développer des solutions pour les annéesà venir.

Puiser dans l’intelligence collective,ce sont là des objectifs à long terme?Déjà, nos réalisations ont permis de positionner Montréal parmiles 21 métropoles intelligentes selon le prestigieux IntelligentCommunity Forum (ICF), entre autres dans le domaine culturel.Nous bâtissons sur les forces de Montréal : ville de savoir, villede créativité, d’un riche éventail d’établissements d’ensei gne -ment supérieur et d’entreprises visionnaires, et le dynamismede la Grappe des technologies de l’information et des commu -nications du Grand Montréal (TechnoMontréal) et des initiativestelles que le Carrefour — TIC, la maison Notman, qui sont deslieux d’échanges nécessaires pour établir des synergies.

L’activité de cocréation organisée récemment afin de déve lop -per des solutions technologiques pour optimiser le déneigementa permis de constater l’énergie que compte déployer la sociétécivile au développement de cette ville intelligente. Ce sera uneville intelligente par les citoyens et pour le citoyen. Les forcessont présentes et nous construisons sur ce momentum.

Revenons aux applications, donnez-moi des exemplesqui interpellent les urbanistes dans leur travail?Une ville intelligente doit ouvrir ses données à ses citoyensdans un souci de transparence et de saine communication. Nouscomptons procéder ainsi comme l’ont d’ailleurs fait d’autresvilles qui ont libéré des centaines et des centaines de donnéesmunicipales.

Par exemple, les données géospatiales libérées pourront êtreutilisées par les professionnels afin de promouvoir le cadre bâti,présenter des projets d’urbanisme, d’architecture, de construc -tion ou de conception, simuler des aménagements du territoireurbain ou servir lors de consultations publiques. Ils pourrontdévelopper une représentation 3D et modéliser l’insertion duprojet dans son environnement. Le citoyen pourra mieux visua -liser les formes, les textures, les mouvements de circulationgénérés par le projet, etc.

Dans un contexte où l’acceptabilité sociale est recherchée, lesurbanistes profiteront de ces modèles numériques et le citoyeny trouvera un bénéfice.

Dans le domaine des transports, on peut miser sur l’intégrationdes données et des systèmes même en l’absence de fusion desorganismes de transport. Il y a là une opportunité. Si on pouvaitpartager les informations existantes entre StationnementMontréal, la STM, l’AMT, Bixi, et la Ville, il y aurait des bénéficesen termes de gestion, mais surtout pour le citoyen, qui ygagnerait dans la qualité de son service de transport collectif.Pensons entre autres à des informations en temps réel, à ladisponibilité de service, à l’amélioration de l’intermodalité.

Comment réagissez-vous aux propos des sceptiques,qui affirment que la Ville intelligente n’est quedu marketing politique?C’est normal qu’il y ait des débats autour d’enjeux de notresociété. Le risque serait d’en faire un branding politique sansfondement ou encore de s’approprier la paternité d’un tel enjeude société. Moi je suis de ceux qui y croient. Je réalise qu’il y ades retombées directes et assez intéressantes pour une ville quede s’approprier les données technologiques comme ledémontrent les résultats dans les grandes métropoles.

Le danger de ce débat, comme on l’a remarqué aux États-Unis,c’est que ce sont les personnes qui l’animent qui deviennenteux-mêmes le projet. Pour moi, je crois davantage à desréalisations à court terme dans le domaine de la numérisationdes services publics et à l’amélioration des moyens de commu -nication. Il faut développer des automatismes pour chaqueacteur tant, public qu’institutionnel ou privé. Que tous s’appro -prient cette mission et contribuent à leur façon à faire avancerce projet de société en devenir.

Quelle est votre ambition pour Montréal?Avant tout un Montréal renouvelé, un Montréal efficient, unMontréal humain et qui fera transparaître son humanité àtravers tous les canaux de communication. Un Montréal qui sedistinguera par son dynamisme, un peu à la manière de ce quel’on a connu dans les années 60-70. Il faut rêver à l’avenir!

Consulter le site Web : ville.montreal.qc.ca/villeintelligente

Marie-Josée Lessard, urbaniste, travaille à la Ville de Montréal au Service de la mise en valeurdu territoire.

« Je rêve d’une ville qui va puiser dans l’intelligence collectivede ses citoyens pour faire évoluer ses services et développer

des solutions pour les années à venir. »

- Harout Chitilian

32 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 33: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

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Mobilité durablePOUR UNE MEILLEURE EXPÉRIENCE DE TRANSPORT

Les STI consistent en l’exploitation destechnologies appliquées au transport,ce qui permet une meilleure gestionsans pour autant modifier les infra -structures existantes. Ces systèmespeuvent également bonifier les nou -veaux projets d’aménagement. Les STIfavorisent l’intégration de tous lesmodes de transport, ce qui permet unmaximum de mobilité et un minimumd’effets négatifs sur l’environnement,et qui requiert des investissementsminimes comparativement aux coûtshabituels des projets d’infrastructures.

Transport Canada, comme le UnitedStates Department of Transportation,encourage d’ailleurs le déploiement deSTI. Ces deux institutions sont direc te -ment en phase avec le concept de villeintelligente, car elles encouragent laplanification de la mobilité concertée,mais surtout intégrée. Elles ont toutesdeux mis en place une architecture desSTI qui permet aux intervenants entransport de se coordonner. Cette archi -tecture permet aux divers acteursd’orienter leurs projets autour d’ob jectifscommuns. La Ville de Montréal estd’ailleurs une pionnière au pays dansl’adoption et l’application de l’archi -tecture canadienne des STI.

En 2011, la Ville de Montréal a mis enplace le Plan stratégique sur les systè -mes de transports intelligents. Ce plana pour objectifs de réaliser 11 projetsrépondant à des besoins concretsexprimés par l’ensemble des parte -naires en transport. Le ministère desTransports du Québec, les sociétés detransport collectif, les divers services

» HUGUES BESSETTE

YANN

ICK RO

Y

d’urgence, Les Ponts Jacques Cartier etChamplain incorporée et Le Port deMontréal font entre autres partie dece partenariat.

La Ville de Montréal déploie actuel -lement six projets principaux, dont sonCentre de gestion de la mobilité urbaine(CGMU)1, où transite l’ensemble del’information liée au transport. Ceprojet a d’ailleurs remporté le prix STI2014 de l’Association québécoise destransports (AQTr). Il est aujourd’huipossible de mieux gérer les feux de cir -culation par l’optimisation des pha sagesen fonction des débits réels. La mobilitéglobale se voit ainsi améliorée et letransport des marchandises optimisé.

Pour y arriver, le déploiement d’unréseau de télécommunication en fibreoptique reliant l’ensemble des équi pe -ments STI au CGMU était nécessaire.Ce réseau de fibres optiques, récipien -daire d’un Méritas de STI Canada en2014 pour un projet/programme de STI,catégorie pour une grande métropole oupour une agence provinciale ou fédé rale,couvre le territoire montréalais.

À travers les projets STI, il sera possibled’optimiser les mouvements aux inter -sections, en donnant la priorité auxvéhicules d’urgence, en favorisant ledéplacement des autobus et en desser -vant mieux les personnes à mobilitéréduite. L’avènement des STI permet

Les systèmes de transport intelligent (STI) représentent l’un des outils importants de la ville intelligente. En plus de contribuer àla mobilité des transports, ces systèmes participent de façon positive au développement durable et économique tout en étantun élément clé de la qualité de vie des citoyens. Que l'on pense à la fluidité d’une artère ou à la sécurité aux intersections,les concepteurs des aménagements urbains doivent également assurer la mobilité des personnes et des biens. Mais commentoptimiser l'ensemble du réseau de transport de façon à satisfaire les exigences de tous les usagers?

1 Le Centre de gestion de la mobilité urbaine (CGMU) de la Ville de Montréal a été mis en service le 8 septembre 2014. Ce Centre dispose de divers équipements: mur vidéo, systèmes de gestiondes caméras de surveillance du réseau artériel, etc. et permet une prise de décisions en temps réel permettant de faciliter la mobilité des citoyens. D'ici 2017, plus de 700 caméras d'observationroutière auront été installées pour une couverture globale du territoire.

URBANITÉ | HIVER 2015 33

Centre de gestion de la mobilité urbaine (CGMU) de Montréal

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Une ville intelligente et apprenante

DONNÉES OUVERTESOpen data

FLUX DE DONNÉES

VALEUR AJOUTÉEÀ LA BASE DE DONNÉES PAR QUELQUES UTILISATEURS AVANCÉS

FLUX DE DONNÉES

CONTRIBUTION CITOYENNECrowd sourcing

Le pouvoir citoyen au centre des services municipaux

BASE DE DONNÉES

DE LA VILLEDE MONTRÉAL

L’ENSEMBLE DES CITOYENS PEUVENT ENRICHIR LA BASE DE DONNÉES

Le pouvoir citoyen au centre des services municipaux

Une ville intelligente et apprLe pouvoir citoyen au centre des services municipaux

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Une ville intelligente et apprLe pouvoir citoyen au centre des services municipaux

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Open dataOUVERDONNÉES

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DONNÉES

Crowd sourcingCITOYENNECONTRIBUTION

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ALEUR AJOUTÉEVVALEUR AJOUTÉE

FLUX DE FLUX DE FLUX DE ENRICHIR LA BASE CITOYENS PEUVENT ’ENSEMBLE DES LL’ENSEMBLE DES

ENRICHIR LA BASE CITOYENS PEUVENT ’ENSEMBLE DES

ANCÉSVVANCÉSAAVTEURS UTILISAUTILISATEURS

QUELQUES DONNÉESDONNÉES DONNÉES DE DONNÉES

maintenant aux décideurs, aux planifi -cateurs et aux concepteurs de penserautrement la ville et ses mouvements.Des choix différents quant à la mobilitésont maintenant envisageables, ce quipermet de mieux servir l’ensemble desusagers, en temps réel.

Le concept ultime de ville intelligenteen transport est la gestion intégrée decorridor. Dans ce concept, qui peut êtreélargi à une zone d’intérêt plutôt qu’àun corridor, la gestion du transport estfaite de façon multimodale. Pour cela,les partenaires et les opérateurs, peuimporte le mode de transport repré -

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YANN

ICK RO

Y

senté, opèrent leur réseau de façonconjointe et concertée. Lors d’incidentsimprévus, comme une panne deservice ou un accident de la route, lesusagers peuvent être réacheminés versun autre mode de transport ou uneroute alternative. Pour ce faire, les STIde tous les partenaires doivent êtreintégrés. L’information des diversesinstances décisionnelles pourraensuite être comptabilisée pour faireun choix éclairé et basé sur desalgorithmes de prédiction prédéfinis.

Ce concept peut paraître abstrait etdifficile à atteindre, mais il demeure àportée de main. Actuellement, l‘en -semble des acteurs du transport de larégion métropolitaine modernisentleurs systèmes de façon à ce qu’ilssoient compatibles en temps réel. C’estle cas de la Société de transport deMontréal qui déploie actuellement unsystème d’aide à l’exploitation des busen temps réel. Nommé IBUS, ce projetd’une valeur de 100 M$ est unexcellent point de départ pour la miseen place de ce genre de systèmes2.Dans la région métropolitaine deMontréal, ce concept de corridor inté -

2 Pour plus d’information sur le fonctionnement de la gestion intégrée de corridor, il est possible de se référer à SANDAG ICM dans Internet. Ce site démontre le déploiement d’un tel système dans unaxe autoroutier de San Diego.

SOUR

CE : VILLE DE

MON

TRÉAL

34 URBANITÉ | HIVER 2015

Page 35: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

Les capteurs intelligentsPlusieurs solutions peuvent être développées et utilisées dans letransport collectif (métro, bus, etc.). Les capteurs permettent d’offrir unservice plus adapté aux besoins des clients entre autres dans lafréquence des autobus.

Des capteurs dans les vélos et les voitures en autopartage permettentune optimisation de la gestion de l’intermodalité avec le croisement desdonnées de circulation routière et celles des transports collectifs.

Les capteurs dans les essuie-glaces des taxis, au Japon, permettentd’adapter la gestion de la circulation à la météo.

La logistique intelligente(ou écomobilité intelligente)

Différentes applications peuvent êtredéveloppées pour dévier le trafic,diminuer les distances parcourues,rationaliser les points de trans bor -dement des marchandises, ou appor -ter de nouvelles solutions pour leslivraisons à domicile.

gré devra être bonifié par rapport auconcept déployé aux États-Unis afin detenir compte des transports collec tifs etactifs ainsi que d’une gestion en tempsréel du stationnement.

Malgré le déploiement de ces multiplestechnologies, une ville ne peut pas êtreidentifiée comme intelligente si lecitoyen n’est pas directement impliqué.C’est pourquoi la mise en place d’unepolitique de données ouvertes estessentielle. Elle permet d’inclure lecitoyen dans la recherche de solutionset la bonification des services, tout enfaisant la promotion de l’entre pre -neuriat. Il est ainsi facile d’imaginer lenombre d’applications mobiles dédiéesau transport qui pourraient être déplo -

yées grâce à l’inspiration citoyenne.Des applications au goût du jour, dontla qualité est hautement liée à celle desdonnées disponibles permettront debonifier de façon importante l’expé -rience de mobilité du citoyen.

Mais d’où proviennent ces données?Dans le contexte actuel, elles émanentprincipalement des systèmes déployéspar la Ville, mais la contributioncitoyenne, « crowdsourcing », est de plusen plus populaire. Elle permet defusionner les données municipales auxdonnées citoyennes, pour hausser laqualité et bonifier ces données ouver tes.Ceci forme un flux de données continu.

Afin de planifier les STI de façon opti -male et d’atteindre les objectifs de villeintelligente, les équipements technolo -giques doivent répondre à des besoinsréels. La technologie est au service del’expérience usager, non le contraire.

Le concept de ville intelligente per mettrad’augmenter de façon signi ficative laqualité de vie des Montréalais et parl’avancement et le déploiement techno -lo giques actuels, il est désormais possi -ble d’imaginer positivement ce quedeviendrait l’expérience des déplace -ments si tous les systèmes étaientcompatibles et multimodaux.

Hugues Bessette est ingénieur-chef d'équipe, à la Villede Montréal.

Il existe plusieurs projets innovants liant la technologie, le transportet l’environnement. Voici quelques exemples ici et ailleurs :

Le « stationnement intelligent » Le jalonnement dynamique et le téléjalonnement sont deux méthodes consistant à indiquer la direction, la distance et lenombre de places disponibles dans les stationnements au moyen de panneaux d’information et d’applications technologiques.Cette signalisation, continuellement mise à jour, permet aux conducteurs de faire des choix rapides et éclairés, réduisant ainside manière importante la circulation créée par la recherche d’un stationnement.

La tarification basée sur la demande permet d’augmenter la tarification pour décourager le stationnement et assurer un transfertmodal lorsque la demande en stationnement, la congestion ou la pollution sont trop élevées.

Le partage de stationnement permet d’avoir de meilleurs taux d’occupation et d’augmenter l’offre de stationnements sans avoirà en construire de nouveaux (par exemple : Zenpark est un opérateur de stationnement partagé en France).

La tarification environnementale permet une variation des prix du stationnement en fonction de l’émission de CO2 et desparticules fines du véhicule.

Le paiement du stationnement permet désormais de payer à distance et d’éviter la double tarification. Ainsi, Parking MeterShare est une application qui permet de partager les coûts du stationnement et ainsi d’éviter le double paiement lorsqu’unautomobiliste quitte avant la fin de la durée payée.

dossier

URBANITÉ | HIVER 2015 35Source : Félix Gravel, urbaniste-stagiaire, Responsable campagnes transport, GES et aménagement du territoire, Conseil régional de l’environnement de Montréal

Page 36: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

SITEWEB

DEPUIS2002

DEPUIS2008

QUESTIONNAIRESUR INTERNET

DEPUIS2008

MÉDIASSOCIAUX

DEPUIS2011

CARTOGRAPHIEMODÉLISATION 3D

GRIFFINTOWN AGRICULTURE URBAINEPLAN DE DÉVELOPPEMENTDE MONTRÉAL (PDM)

WIKICITÉ 101, UN OUTIL PÉDAGOGIQUE POUR TOUS!

POSITIONNEMENT DE L’OCPM POUR L’AVENIR

L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) est un organisme indépendant qui a pour mission, depuis 2002, de réaliser des mandats de consultation publique qui lui sont confiés par le conseil municipal et le comité exécutif de la Ville de Montréal ou encore par les conseils d’arrondissement. Ses mandats touchent à des projets de politiques publiques, d’aménagement du territoire et d’urbanisme.

Tirer profit des possibilités diverses qu’offrent les technologies de l’information et de la communication (TIC) et du même coup de leur effervescence

2014

2

1

3

5 000 fans

1 300 adeptes

113 vidéos22 000 visionnements

691 abonnés

90 présentations

463 photosPlan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal

Plan de développement de Montréal

Plan de protection et de mise en valeur du Vieux-Montréal

2785 RÉPONSES

1253 RÉPONSES

1201 RÉPONSES

30 000 visites annuelles

15 000 documents en ligne

« L’OCPM a décidé de profiter de la puissance des outils numériques au lieu de les subir. » Louise Roy, présidente 2006 à 2014

Depuisseptembre 2014

CHEMINEMENT DE L’OCPMÀ L’ÈRE DU NUMÉRIQUE

COLLABORATIONC’est en bâtissant un réseau diversifié et inclusif que l’OCPM pourra offrir de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de consultation qui seront mieux adaptés aux différents besoins des Montréalais.

OUTILS PÉDAGOGIQUES MULTIMÉDIAS

L’Office développera des alternatives Web et mobiles en plus des formats papiers. Ces dernières permettront un apprentissage dynamique et interactif.

Création du portail : www.montrealacultiver.comFiches des jardins à MontréalCartographie des initiatives d’agriculture urbaine à MontréalCréation d’une vidéo promotionnelleUtilisation de Facebook et Twitterpour animer la communauté

Cartographie de tous les projetsVisualisation des projets avec YouSayCity (informations sur les projets + modélisation 3D + photos)Création de tutoriels de navigationpour YouSayCityUtilisation de Facebook, LinkedIn et Twitter pour animer la communauté

Utilisation de Google Maps et de Google Earth pour visualiser les projets d’avenir pour Montréal

Utilisation d’OpenStreetMap dans la préparation des consultations

Utilisation de YouSayCitypour visualiser des projets et accéder aux informa- tions pertinentes

Dans l’intention de poursuivre la réflexion entamée lors de l’événement, l’OCPM a créé Wikicité 101, une plateforme Web, qui promeut l’innovation numérique dans le domaine de la participation citoyenne. Cette plateforme consiste en un outil permanent d’éducation et d’information du public qui permet, entre autres, de consulter :

À la suite de son 10e anniversaire, l’OCPM a décidé de réfléchir sur les nouveaux modes de consultation à l’ère

numérique, dans le but de les intégrer éventuellement à ses activités. Pour se familiariser avec les pratiques actuelles, en saisir les avantages et les limites, ainsi que d’ouvrir une discussion sur la question avec les milieux public et privé et la population, l’Office a décidé d’organiser l’événement Wikicité en février 2014.

Entre les présentations de panélistes et la visite de kiosques d’exposants dans l’Espace innovation où il était

possible de tester des technologies, Wikicité a été un lieu d’échanges, de partage d’expériences ainsi

que de rayonnement de ressources et de savoir-faire numériques locaux.

le contenu et les vidéos des présenta-tions des panélistes invitésla définition de concepts et de mots techniquesdes exemples d’outils et de pratiques d’ici et d’ailleursun compte-rendu des opportunités et des défis associés à l’utilisation du numérique en consultation publiqueles pistes d’action numériques que l’OCPM entend mettre en œuvre prochainement

Il y a quelques années, avec la mise en ligne de son site Web, puis son entrée sur les médias sociaux, l’OCPM a amorcé un virage technologique. Quatre principales raisons ont motivé cette décision :

Accroître la notoriété de l’Office et rejoindre un nouveau public qui participe rarement aux consultations traditionnelles, comme les jeunes et les communautés ethnoculturelles

Augmenter le rayonnement de l’OCPM et stimuler la participation des citoyens aux activités qu’il organise

4 Faciliter et renforcer la mission d’information du public de l’Office

Développement en continu

Modélisation 3D du secteur Visualisation 3D sur écran tactileBlog photographique sur les paysages de GriffintownCréation d’une vidéo promotionnelleUtilisation de Facebook, Twitter et FlickR pour animer la communautéWeb

ACCESSIBILITÉ ET CONVIVIALITÉ DU SITE WEB

L’Office veut proposer un site Web plus convivial, offrant une meilleure accessibilité à la documentation disponible, un design simplifié et compatible avec des programmes spécialisés pour les personnes ayant des troubles de vision.

Continuer à utiliser et développer des outils numériques conviviaux et gratuits qui permettent à la population de consulter les cartes et les maquettes 3D des différents projets.

ENVIRONNEMENT VIRTUEL

L’OCPM favorisera l’utilisation de formats ouverts et de logiciels libres pour diffuser de l’information associée aux différents dossiers de consultation. Priorités à OpenStreetMap etBetaville.

FORMATS OUVERTS ET LOGICIELS LIBRES

OCPM.QC.CA

101

dossier

36 URBANITÉ | HIVER 2015

» JIMMY PAQUET-CORMIER, design et co-rédaction

» STEFANIE WELLS, co-rédaction, urbaniste-stagiaire

Évolution de la stratégie numérique de l’OCPM

Page 37: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

SITEWEB

DEPUIS2002

DEPUIS2008

QUESTIONNAIRESUR INTERNET

DEPUIS2008

MÉDIASSOCIAUX

DEPUIS2011

CARTOGRAPHIEMODÉLISATION 3D

GRIFFINTOWN AGRICULTURE URBAINEPLAN DE DÉVELOPPEMENTDE MONTRÉAL (PDM)

WIKICITÉ 101, UN OUTIL PÉDAGOGIQUE POUR TOUS!

POSITIONNEMENT DE L’OCPM POUR L’AVENIR

L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) est un organisme indépendant qui a pour mission, depuis 2002, de réaliser des mandats de consultation publique qui lui sont confiés par le conseil municipal et le comité exécutif de la Ville de Montréal ou encore par les conseils d’arrondissement. Ses mandats touchent à des projets de politiques publiques, d’aménagement du territoire et d’urbanisme.

Tirer profit des possibilités diverses qu’offrent les technologies de l’information et de la communication (TIC) et du même coup de leur effervescence

2014

2

1

3

5 000 fans

1 300 adeptes

113 vidéos22 000 visionnements

691 abonnés

90 présentations

463 photosPlan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal

Plan de développement de Montréal

Plan de protection et de mise en valeur du Vieux-Montréal

2785 RÉPONSES

1253 RÉPONSES

1201 RÉPONSES

30 000 visites annuelles

15 000 documents en ligne

« L’OCPM a décidé de profiter de la puissance des outils numériques au lieu de les subir. » Louise Roy, présidente 2006 à 2014

Depuisseptembre 2014

CHEMINEMENT DE L’OCPMÀ L’ÈRE DU NUMÉRIQUE

COLLABORATIONC’est en bâtissant un réseau diversifié et inclusif que l’OCPM pourra offrir de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de consultation qui seront mieux adaptés aux différents besoins des Montréalais.

OUTILS PÉDAGOGIQUES MULTIMÉDIAS

L’Office développera des alternatives Web et mobiles en plus des formats papiers. Ces dernières permettront un apprentissage dynamique et interactif.

Création du portail : www.montrealacultiver.comFiches des jardins à MontréalCartographie des initiatives d’agriculture urbaine à MontréalCréation d’une vidéo promotionnelleUtilisation de Facebook et Twitterpour animer la communauté

Cartographie de tous les projetsVisualisation des projets avec YouSayCity (informations sur les projets + modélisation 3D + photos)Création de tutoriels de navigationpour YouSayCityUtilisation de Facebook, LinkedIn et Twitter pour animer la communauté

Utilisation de Google Maps et de Google Earth pour visualiser les projets d’avenir pour Montréal

Utilisation d’OpenStreetMap dans la préparation des consultations

Utilisation de YouSayCitypour visualiser des projets et accéder aux informa- tions pertinentes

Dans l’intention de poursuivre la réflexion entamée lors de l’événement, l’OCPM a créé Wikicité 101, une plateforme Web, qui promeut l’innovation numérique dans le domaine de la participation citoyenne. Cette plateforme consiste en un outil permanent d’éducation et d’information du public qui permet, entre autres, de consulter :

À la suite de son 10e anniversaire, l’OCPM a décidé de réfléchir sur les nouveaux modes de consultation à l’ère

numérique, dans le but de les intégrer éventuellement à ses activités. Pour se familiariser avec les pratiques actuelles, en saisir les avantages et les limites, ainsi que d’ouvrir une discussion sur la question avec les milieux public et privé et la population, l’Office a décidé d’organiser l’événement Wikicité en février 2014.

Entre les présentations de panélistes et la visite de kiosques d’exposants dans l’Espace innovation où il était

possible de tester des technologies, Wikicité a été un lieu d’échanges, de partage d’expériences ainsi

que de rayonnement de ressources et de savoir-faire numériques locaux.

le contenu et les vidéos des présenta-tions des panélistes invitésla définition de concepts et de mots techniquesdes exemples d’outils et de pratiques d’ici et d’ailleursun compte-rendu des opportunités et des défis associés à l’utilisation du numérique en consultation publiqueles pistes d’action numériques que l’OCPM entend mettre en œuvre prochainement

Il y a quelques années, avec la mise en ligne de son site Web, puis son entrée sur les médias sociaux, l’OCPM a amorcé un virage technologique. Quatre principales raisons ont motivé cette décision :

Accroître la notoriété de l’Office et rejoindre un nouveau public qui participe rarement aux consultations traditionnelles, comme les jeunes et les communautés ethnoculturelles

Augmenter le rayonnement de l’OCPM et stimuler la participation des citoyens aux activités qu’il organise

4 Faciliter et renforcer la mission d’information du public de l’Office

Développement en continu

Modélisation 3D du secteur Visualisation 3D sur écran tactileBlog photographique sur les paysages de GriffintownCréation d’une vidéo promotionnelleUtilisation de Facebook, Twitter et FlickR pour animer la communautéWeb

ACCESSIBILITÉ ET CONVIVIALITÉ DU SITE WEB

L’Office veut proposer un site Web plus convivial, offrant une meilleure accessibilité à la documentation disponible, un design simplifié et compatible avec des programmes spécialisés pour les personnes ayant des troubles de vision.

Continuer à utiliser et développer des outils numériques conviviaux et gratuits qui permettent à la population de consulter les cartes et les maquettes 3D des différents projets.

ENVIRONNEMENT VIRTUEL

L’OCPM favorisera l’utilisation de formats ouverts et de logiciels libres pour diffuser de l’information associée aux différents dossiers de consultation. Priorités à OpenStreetMap etBetaville.

FORMATS OUVERTS ET LOGICIELS LIBRES

OCPM.QC.CA

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URBANITÉ | HIVER 2015 37

Page 38: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

dossier

1 Selon l’Institut Technologies de l’information et Sociétés de l’Université Laval (ITIS) : « On dit qu’une ville est intelligente parce que certaines fonctions s’apparentent à l’intelligence humaine (…) ».

38 URBANITÉ | HIVER 2015

Aux yeux de la Ville de Québec, la villeintelligente1 fait partie de la solution pourrelever les défis du développement dura -ble, éco no mique, touristique et démogra -phi que : l’organisation doit investir dansla recherche de pratiques d’affaires inno -vantes afin de servir les citoyens le plusefficacement possible avec l’objectif de sepositionner comme référence parmi lesmeilleures organisations publiques.

En partie grâce à ses réalisations entransport durable, en environnement, enplanification urbaine, en partici pa tioncitoyenne ou en mise en valeur dupatrimoine, la ville intelligente évite undéveloppement chaotique, gère effica ce -ment ses ressources, valorise la consul -tation citoyenne et mise sur le déve lop -pement durable. C’est donc dire à quelpoint les urbanistes y sont de véritablesmaîtres d’œuvre.

Transport durableChaque matin en allant au travail, chaquesoir au retour, les automobilistes de lagrande région de Québec font face à lacongestion routière. Pour tenter d’yremédier, la Ville de Québec, en colla -boration avec la Ville de Lévis et leCAA-Québec, ont fait un premier pas enlançant l’application mobile Mon trajet.

En téléchargeant cette application et enl’activant lors de leurs déplacementsentre le 24 avril et le 15 mai 2014, lescitoyens-automobilistes ont contribué àune vaste collecte de données anonymessur les vitesses pratiquées sur le réseauroutier de la grande région de Québec.En traçant les déplacements des utili sa -teurs, Mon trajet a permis d’obte nir unportrait significatif de la conges tion surle réseau routier de la capitale. Sonanalyse fav ori sera la mise en place desolutions pour réduire la congestion auxheures de pointe.

L’initiative Mon trajet s’inscrit dans lePlan de mobilité durable de la Ville deQuébec qui vise à faire de la ville unerégion attrayante, prospère et durableoù l’aménagement du territoire et lestransports sont intégrés dans une mêmeplanification. Adopté en novembre 2011,le Plan de mobilité durable prévoit lamise en place de mesures pour infléchircertaines tendances contraires au déve -loppement durable comme la conges -tion routière.

Dans le même ordre d’idée, la Ville deQuébec déployait en 1995 un gestion -naire artériel. Un gestionnaire artériel estun système informatique intégré quipermet d’optimiser la gestion des feuxde circulation par l’utilisation des outilsgéomatiques et technologiques. Ce ges -tionnaire artériel de première géné ra tionétant arrivé à la fin de sa vie utile, la Villede Québec, en collaboration avec leRéseau de transport de la Capitale (RTC),

» GILLES DUFOUR

Québec, plus qu’une ville techno!Partout dans le monde, des administrations municipales mettent sur pied des initiatives en lien avec le concept de ville intelligente.La Ville de Québec ne fait pas exception et est pleinement consciente du lien étroit qui unit l’aménagement du territoire, le conceptde ville intelligente et l’avenir de la ville.

À travers ses récits inédits, DécouvrirQuébec donne un visage humain à

plus de 400 ans d’histoire et racontede façon moderne une centainede points d’intérêts patrimoniauxdu Vieux-Québec et du quartierSaint-Roch. L’application a reçu

le prix Mérite du français 2014 dansles technologies de l’information,

catégorie Solutions mobiles.

Page 39: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

2 Québec urbain est un blogue qui porte sur l’urbanisme à la Ville de Québec : www.quebecurbain.qc.ca/

dossier

URBANITÉ | HIVER 2015 39

« Être une ville intelligente de classe mondiale,c’est beaucoup plus qu’être une ville techno.

Ce prestigieux titre rend aussi compte du savoir,de la culture, de la diversité économique,du maillage entre les différents milieux,des services innovants et de la force et

de l’esprit d’une communauté à taille humaine.Car Québec peut compter sur cette richesseinestimable : une communauté innovanteet créative! La ville intelligente mondiale,

c’est une communauté qui sait oser, mais surtoutqui sait offrir une qualité de vie à ses citoyens. »

- M. Régis Labeaume, maire de Québec

travaille présentement sur une nouvellegénération de ce dernier. En plus dedémontrer une grande ouverture auxnouvelles tech no logies, le scénario choisirépondra à plusieurs objectifs du Plan demobilité durable, notamment une meil -leure coordination des feux de circulation,la mise en place d’un système d’infor -mation sur le transport et de passagesprioritaires pour certains types devéhicules, l’amélioration de la vitessecommerciale des autobus du RTC et de lagestion de la circulation aux périodes depointe et la réduction du temps de dépla -cement des automobilistes et de la pré -sence policière lors des grands chantierset des événements.

Le système intégré de transport intel li -gent de la Ville de Québec comporte plu -sieurs autres composantes déter mi nantestels le téléjalonnement, les panneaux àmessages variables, les pan neaux à dio -des électrolu mi nescentes pour les voiesréservées, le paiement mobile des bornessur rue et les caméras de circulation.

Consultations publiqueset planification urbainePar ailleurs, des communications effi -cientes et novatrices au sujet de l’orga -nisation de la ville et de son territoiresont primordiales.

Dans les dernières années, la Ville deQuébec a procédé à de nombreusesconsultations citoyennes à l’occasion dudéploiement de différents programmesparticuliers d’urbanisme (PPU). Lesconsultations publiques prennent laforme de séances d’information, tenues àdate et heure fixes dans des lieuxdéterminés. Le plus souvent, ces séancessont webdiffusées, afin d’en permettrel’accès au plus grand nombre possible.Aussi, afin d’enrichir la réflexion, il arriveque des questionnaires en ligne soientdéveloppés. Lors des consul ta tions publi -ques, la Ville utilise fréquem ment lamodélisation 3D. Cette der nière facilite lacompréhension des nouveaux projets,surtout pour des aménagements urbainset des édifices futurs et non construits etultimement, simplifie la prise de décision.

Nous développons des infrastructuresd’information et de télécommunicationpour améliorer la lecture de la mor pho -logie de la ville ainsi que l’organisationdes réseaux qui la composent et poursoutenir la prise de décision, par exempleconcernant l’aménagement des espacespublics et privés, l’orga ni sation du bâti, larépartition des équi pe ments municipaux,les réseaux routiers et cyclables, etc.

Par exemple, la carte interactive de laville de Québec permet d’accéder, entreautres, à une diversité de couches d’in -formation (réseau routier, piétonnier etcyclable, propriétés, bâtiments, lieuxpublics, etc.), à la localisation d’une vastegamme de points d’intérêt au moyen dedifférentes options de recherche, à la vueaérienne du terri toire, aux fiches despropriétés et aux grilles de spécificationsrelatives au zonage et à l’utilisationd’outils prati ques durant la consultation.Pour le développement de la carte inter -active, nous consultons réguliè re ment lacom munauté autour du blogue Québecurbain2, où nous pouvons compter sur denombreux collaborateurs passionnés!

La Ville de Québec lançait, en février 2012,son portail de données ouvertes. Depuis,plus de 50 jeux de données ont étélibérés, sur des sujets aussi variés que lesparcs, les chantiers routiers, les réseauxcyclables ou les arbres réper toriés. Larevalorisation de ces données par lacommunauté de déve loppeurs a conduit àdes applications qui facilitent la vie descitoyens et des touristes (trajet de pistecyclable, géolocalisation d’activités etd’installations, etc.).

Parallèlement, la Ville de Québec encou -rage le déploiement d’un impor tant

Page 40: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

dossier

partenariat associant à la fois des acteursprivés et universitaires dans le but derechercher, de développer et d’évaluerdes outils et systèmes innovants.

Mise en valeur du patrimoineLa Ville et ses partenaires développentégalement certaines applications afin demettre en valeur le patrimoine. L’appli -cation Découvrir Québec, par exemple,raconte de façon moderne une centainede points d’intérêts patri mo niaux duVieux-Québec et du quartier Saint-Roch,à l’aide notamment de reconstitutions 3Dde sites disparus, de panoramas en 360°de lieux peu connus ou inaccessibles etde géolocalisation.

L’application créée pour la visite ducimetière Saint-Matthew met en valeurles richesses historiques du cimetière.Le circuit guidé en douze stationspermet de visiter le parc-cimetière avecambiance sonore, documents d’archiveset photographies contemporaines.

Gilles Dufour est titulaire d’un baccalauréat en génie chimique del’Université Laval et d’une maîtrise en administration des affairesde l’Université de Sherbrooke. Il est directeur général adjoint auDéveloppement durable à la Ville de Québec depuis 2012.

Partout dans le monde, l’urba nisme est un secteur porteur de promesses,où les possi bilités d’innovation au service d’une qualité de vie excep -tionnelle sont vastes. Si, à trois reprises, Québec s’est inscrite au Top 21des villes intelligentes de l’Intelligent Community Forum (ICF) parmi 400candidatures, cela est sans conteste grâce à, notam ment, ses réalisationsen urbanisme. En fait, il s’agit d’un domaine d’affaires d’une importancesi stratégique qu’en juin 2014, la ville de Québec annonçait qu’elleadaptait sa structure interne pour mieux faire face aux défis actuels etfuturs en matière d’aménagement du territoire. À cet effet, la Villeannonçait la création du Service de la planification et de la coordi nationde l’aménagement du territoire ainsi que du Bureau du transport. Parcequ’une ville intelligente, c’est égale ment une organisation agile, capabled’innover à l’interne et d’adapter ses façons de faire pour toujours offrir demeilleurs services à ses citoyens.

3 La fracture numérique concerne les inégalités dans l'usage et l'accès aux technologies de l’information et des télécommunications comme les téléphones portables, l’ordinateur ou le réseau Internet.On parle parfois aussi de fossé numérique. En 2013, la Ville a bénéficié du programme de philanthropie de la firme IBM, alors que six experts se sont réunis à Québec pendant trois semaines pourl’aider à relever ce défi stratégique. Issues de leurs travaux, quinze recommandations prendront la forme d’un vaste projet d’inclusion sociale où la Ville agira à titre de facilitatrice, en associationavec les différents acteurs du milieu.

40 URBANITÉ | HIVER 2015

Composée de plusieurs couches d’information, la carte interactive de la Ville de Québec est un outil d’information à la fine pointe qui illustre les délimitations desarrondissements, les travaux routiers en cours, l’info-collecte et plus encore. Une version allégée est disponible pour les appareils mobiles.Application Découvrir Québec

réseau d’accès gratuit à Internet sans fil.Avec plus de 500 bornes d’accèsInternet gratuit, dont près de 100 bornesidenti fiées Ville de Québec dans les lieuxpublics municipaux, Québec peut êtreconsidérée comme l’une des villes lesplus WiFi au pays! Ce service couvre au-delà de 60 % du territoire. Administrépar ZAP Québec, un organisme sans butlucratif, il profite quotidiennement à desmilliers de personnes. En s’intégrant auxefforts qui sont faits pour réduire la

fracture numérique3 sur le territoire, cetteinitiative contribue à l’augmentationde la participation citoyenne en ligne.

Enfin, la Ville de Québec explore, encollaboration avec Rennes Métropole,la multiplicité des usages que permetla médiation urbaine 3D au servicedu développement des territoires. Sur lathématique de la ville intelligente etdans un contexte de forte demanded’usages 3D en urbanisme, RennesMétropole et Québec ont structuré un

Page 41: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

Penser l’avenir en temps réelENTREVUE AVEC ANTHONY TOWNSEND

JONA

THAN

BAR

KAT

Anthony Townsend

Considéré par le site Planetizen comme un des penseurs depointe de l’urbanisme, Anthony Townsend propose une lectureunique de l’interface ville-technologie, appuyée sur des étudesen physique et en planification urbaine. Entreses activités de chercheur pour l’Institute forthe Future de Californie, et celles de professeurà l’Univesité de New York, il a accordé uneentrevue à Urbanité.

Plusieurs personnes considèrent la villeintelligente comme un produit, unemarque de commerce promue parquelques grandes sociétés de hautetechnologie. Qu’en pensez-vous? Le problème avec le qualificatif « intelligente »est qu’il est utilisé pour décrire plusieurschoses bien différentes en pla nificationurbaine : politiques progressistes, nouvellesidées en design urbain, contrôles de lacroissance, etc. Toutefois, dans l’industrie destechnologies, ce qualificatif a été utilisé leplus souvent par les grandes sociétés qui, prenant lestechnologies qu’elles avaient déve loppées dans les années1990 et 2000 pour faciliter les activités des multi nationales,tentent de les ajuster aux besoins des gouver ne ments locaux.En ce sens, « villes intelli gentes » n’est en fait qu’uneappellation à visée commerciale, ou l’était à tout le moins àses débuts en 2008.

Mais, changement important; la désignation « ville intelli gente »est aujourd’hui utilisée de plus en plus souvent par desleaders locaux et les entreprises en démarrage pour expliquerce qu’ils font et ce qu’ils espè rent accomplir. L’approche demarketing corporatif « du haut vers le bas » a été abruptementremplacée, grâce à un réseau local d’entre preneurs, d’acti -vistes et de leaders municipaux qui ont redéfini et redéfi -nissent encore le terme et le mouve ment en général, parune approche ascendante marquée.

Quelles conséquences entrevoyez-voussur le fonctionnement des villes ainsi quesur la planification urbaine?Je suis fasciné par les effets qu’auront les outils de détectionet d’analyse de données sur la planification. Dans mon livre,je parle d’un changement de direction que j’appelle

« la réflexion à long terme en temps réel ». J’entends par làque traditionnellement, les urbanistes ont travaillé dans descontextes où il y avait très peu de données, comparativementaux planificateurs dans les secteurs industriels par exemple.Nous avons habituellement nos données de recensement,

nos sondages sur les transports et c’est tout.Maintenant, des sociétés comme AirSage àAtlanta vendent des données recueillies parréseaux mobiles aux plani ficateurs de trans -port. Pour observer nos villes, on passe d’uneperspective d’astronome — nos données nousmontrant les traces de ce qui s’est déjà passé— à une perspective de biologiste qui observeles cellules d’un orga nisme vivant, c’est-à-dire en temps réel. Cela changera de manièrefondamentale la façon de travailler desurbanistes; ils devront s’adapter conti nuel -lement, car leur compré hension des projetsactuels et des tendances sera en évolutionperpétuelle. Planifier sur un horizon de cinqans ne sera plus suffisant. Les plans devrontconstamment être révisés.

Outre les transports, y a-t-il d’autres aspectsde la planification qui seront affectés ?Le secteur le plus prometteur, qui n’a toutefois pas connu deprogression rapide, est celui du logiciel de planificationcollaborative. Bon nombre d’entreprises, comme MindMixer àKansas City, tentent de trouver une façon de motiver les gensà utiliser les appareils mobiles et le Web pour leurs processusde planification.

Dans votre livre et dans vos entrevues, vous semblezpenser que les urbanistes ont un rôle important à jouerdans cette « quête pour la prochaine utopie »...Absolument. Nous entrons dans une phase d’incertitudeprofonde concernant l’avenir des villes, l’avenir de l’urba -nisme et la façon dont les anciens concepts sont remodeléspar les récents. L’auteur et urbaniste Mel Webber a écrit unarticle important en 1973, l’année où je suis né, arguant queles problèmes de planification urbaine étaient de « mauvaisproblèmes » (wicked problems). Ils sont déjà bien difficiles àdéfinir, mais encore plus à résoudre, et les différentsintervenants sont rarement d’accord sur les solutions àadopter. Même si les urbanistes ont déjà développé un largeéventail d’outils et de procédés pour gérer les mauvaisproblèmes, les villes intelligentes les décupleront.

» Propos recueillis par FRANÇOIS GOULET, urbaniste

Oubliez l’image léchée de la ville du future qu’ont tenté de nous vendre les grandes firmes d’infor -matique et de télécommunication. L’urbaniste Anthony Townsend, auteur du livre Smart Cities(W.W. Norton & Co, 2013), estime que la ville intelligente est maintenant façonnée par des initiativesindividuelles, celles de cracks d’informatique bien sûr, mais aussi celles de simples citoyens, qui entemps réel, influencent les infrastructures commerciales, de transport ou de service.

URBANITÉ | HIVER 2015 41

dossier

Page 42: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

Au moment où les données de masse sur les villes nousforceront à adopter une approche de travail plus quantitativeet rigoureuse scientifiquement, la dimension humaine de plusen plus complexe et déstabilisante nous forcera à devenir demeilleurs communicateurs et conseillers, plus empathiques.

Avez-vous le sentiment que les urbanistes sontconscients de ce changement de paradigme ?Nous ne semblons pas plus conscients des changements immi -nents propulsés par la technologie que nos prédé ces seursl’étaient par l’arrivée de l’automobile cinquante ans plus tôt. Lesurbanistes doivent réellement se mettre au diapason etcommencer à envisager comment ces tendances feront évoluerles choses dans une dizaine ou une vingtaine d’années.

L’un des domaines qui me préoccupent, c’est le transport,parce qu’il est déjà trop tard, si j’ose dire. Les systèmes quin’ont pratiquement pas vu d’innovation sont remplacés en unclin d’œil. Le conflit d’Uber avec les autorités locales deréglementation dans le secteur du taxi n’est que la pointe del’iceberg. En septembre 2014, j’ai publié un texte dans lequelje projette quatre scénarios de ce que ces nouvelles techno -logies des transports pourraient créer comme schèmes dedéplacement des gens au niveau régional. Les implicationsde chaque scénario sont énormes, notamment pour lesmodèles d’utilisation du territoire et la façon de travailler desurbanistes et des institutions de planification.

Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est la pauvreté du débatjusqu’à maintenant. Prenons l’exemple des voitures auto ma -tisées. La majeure partie du débat s’est faite sur la voitureGoogle et sur des projections où il n’y aurait plus que cettevoiture sur le marché. Mais que fait-on des constructeursd’automobiles? Croyez-vous qu’ils vont rester là, et laisserGoogle ruiner leurs affaires? Bien sûr que non, et ils ontd’ailleurs déjà commencé à riposter. Dans ce monde futur, ily aura des douzaines de modèles différents de voituresautomatisées qui se comporteront différemment. Ce pourraitêtre le chaos le plus total, et non pas cette utopie sans failleque Google met de l’avant. Ou encore, pourquoi ne pasautomatiser les autobus d’abord? Jamais nous ne construi -rions une autre voie ferrée destinée aux trains de passagerssi nous pouvions retirer les mêmes avantages avec des autobusautomatisés sur voies rapides, et ce, pour le dixième du prix.Ou même, pourquoi ne pas imaginer un système de partagede bicyclettes automatisées? L’on pourrait réserver sa bicyclettede son domicile avec son téléphone. Nul besoin de stations;le système pourrait automatiquement se mettre à jour en tempsréel. En tant qu’experts sur le fonctionnement des villes, nousavons le devoir de faire une réflexion profonde sur tous cesscénarios, d’aider la population à comprendre les choix qu’ellea à faire, et finalement, de mettre au point un plan d’actionréfléchi afin de concrétiser sa vision.

Smart Cities: Big Data, Civic Hackers and the Quest for a New UtopiaAnthony TownsendW.W. Norton & Co, 400 pages

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dossier

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chronique juridique

1 Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, RLRQ, chapitre P-41.1, art. 29 et 30) (LPTAA).2 Voir art. 101 à 105 LPTAA3 Voir art. 1.1 LPTAA4 RLRQ, chapitre a-4.1.5 Jean-Philippe Meloche et Guy Debailleul, « Acquisition des terres agricoles par des non-agriculteurs au Québec : ampleur, causes et portée du phénomène », CIRANO, Montréal, février 2013,

pp. 44 et 45.6 Loi modifiant la Loi sur l’acquisition de terres agricoles par des non-résidents (PL 46) (2003, chapitre 34) en vigueur depuis le 30 octobre 2013. 7 François Gendron, Journal des débats de l’Assemblée nationale, mardi 8 octobre 2013, Vol. 43 no 78, Projet de loi 46, adoption du principe, p. 67.

Le contrôle de l’acquisition de terres agricolespar des non-résidentsDE NOUVELLES MODIFICATIONS LÉGISLATIVES

Dans la perspective de l’atteinte de cebut, le législateur a aussi mis au point,peu de temps après l’entrée en vigueurde la Loi sur la protection du territoire etdes activités agricoles, un régime decontrôle des acquisitions de terres agri -coles destiné à éviter l’accaparement deterres propices à la culture du sol ou àl’élevage des animaux par des non-résidents à des fins spéculatives et àréduire le risque de les rendre inac ces -sibles à la relève agricole en raison dela hausse du marché. Cet encadrementlégislatif additionnel de l’exercice dudroit d’aliénation est prévu par la Loisur l’acquisition des terres agricoles pardes non-résidents entrée en vigueurle 21 décembre 1979.4 Cette loi disposeque si l’acquéreur est une personnephysique ou morale ne résidant pas auQuébec, l’aliénation doit, de ce simple

fait, être autorisée par la Commission.Celle-ci, comme on le verra, est tenue dedonner l’autorisation dans certains cas et,dans d’autres, d’évaluer la demande enfonction de critères prévus par la Loi.Effectivement, il semble que depuisl’adoption de cette loi, les autorisationsaient été peu nombreuses. Selon uneétude récente réalisée à la demande duministre de l’Agriculture, la proportion depropriétaires de terres agricoles non-résidents au Québec est infime dans lesdossiers du MAPAQ : elle représente0,2 % des superficies enregistrées.5

Un projet de loi a toutefois été proposépar le ministre de l’Agriculture etadopté à l’automne 2013 pour rétrécirdavantage la voie d’accès des non-rési -dents à l’acquisition de terres propicesà la culture ou à l’élevage en zone agri -cole.6 En fait, les modifications légis la -tives apportées à la Loi de 1979, selon

les termes du ministre, l’ont été dansune perspective de prudence : « Il vautmieux prévenir que guérir ».7

Essentiellement, le régime prévoitmaintenant une définition relativementrestreinte de la résidence québécoise etdes critères décisionnels plutôt exi -geants pour fonder une autorisationd’aliénation d’une bonne terre agricoleà un non-résident. Voici les principalesexigences maintenant applicables.

Aliénations visées La règle de base demeure : nul ne peutvalidement acquérir une terre agricolesans l’autorisation de la Commission s’iln’est pas une personne qui réside auQuébec. Cette exigence s’applique àl’acquisition d’une terre agricole d’unesuperficie d’au moins quatre hectares(40 000 m2).

Dans les zones agricoles au Québec, le droit de propriété d’une terre ne confère pas à son titulaire la faculté d’en aliéner librementune partie en demeurant propriétaire contigu d’un résidu. Comme c’est le cas pour un lotissement ou une utilisation de la terre àdes fins autres que l’agriculture, l’autorisation de la Commission de protection du territoire agricole est requise pour une telle aliénation,à moins que la superficie aliénée ne soit de cent hectares ou plus et que la partie résiduelle ait au moins la même superficie.1

Cette exigence s’applique généralement sous peine de nullité de l’aliénation, dans toute zone agricole sauf aux terrains à l’égarddesquels un propriétaire bénéficie de droits acquis avant l’entrée en vigueur du régime le 9 novembre 1978.2 L’objectif de cesrestrictions aux droits des propriétaires vise à assurer la pérennité d’une base territoriale pour la pratique de l’agriculture et à favoriserla protection et le développement des activités et des entreprises agricoles.3

» Me JULES BRIÈRE

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chronique juridique

8 Voir par exemple Dufour c. CPTAQ 2013 Can LII 53685.

L’exigence d’autorisation vise touteacquisition faite directement ou parprête-nom par une personne physiqueou une personne morale.

Pour l’application de la Loi, une personnephysique réside au Québec si elle estcitoyenne canadienne ou résidente per -manente au sens de la Loi sur l’immi -gration et si elle a séjourné au Québecdurant au moins 1095 jours au cours des48 mois précédant immé dia tementl’acqui sition. Une personne morale(société par actions ou corpo ration sansbut lucratif) réside au Québec si plus de50 % de ses actions comportant le droitde vote sont la propriété de personnesqui résident au Québec et plus de lamoitié de ses administrateurs sont despersonnes physiques résidant au Québec.S’il s’agit d’une corporation sans butlucratif, plus de la moitié de ses membresdoivent résider au Québec; dans tous lescas, elle ne doit pas être contrôléedirectement ou indirectement par unepersonne qui ne réside pas au Québec.

Il faut noter aussi qu’une personne nerésidant pas au Québec est réputéeacquérir une terre agricole si elle acquiertdes actions d’une société dont le prin -cipal actif est une terre agricole si, de cefait, cette société devient une per son nemorale qui ne réside pas au Québec.

Les critères d’autorisation Lorsqu’elle est saisie d’une demanded’acquisition par un non-résident, laCommission détermine d’abord si la terreagricole est propice à la culture du solou à l’élevage des animaux en prenanten considération les conditions biophy si -ques du sol et du milieu. Si la superficieen cause est non propice à la culturedu sol ou à l’élevage des animaux, la

Com mis sion doit accorder l’autorisationd’acquisition.

S’il s’agit au contraire d’une terre pro -pice à la culture du sol ou à l’élevagedes animaux, la Commission examine lademande différemment selon quel’acquéreur est une personne physiqueayant l’intention de s’établir au Québecou un autre acquéreur non-résident.

La Commission accorde l’autorisation àune personne physique dont l’intentionest de s’établir au Québec à la conditionqu’elle y séjourne durant au moins1095 jours au cours des 48 mois suivantla date d’acquisition et qu’à l’expirationde ce délai elle soit citoyen canadien ourésident permanent. L’acquéreur pourraalors, sur preuve qu’il s’est conforméaux conditions, obtenir de la Com mis -sion une attestation qui confirmel’acquisition à toutes fins que de droit.

S’il s’agit d’un acquéreur autre qu’unepersonne physique ayant l’intention des’établir au Québec, la Commissionévalue la demande en considérant :

1. l’usage projeté, notamment l’inten -tion du requérant de cultiver le sol oud’élever des animaux sur la terre agri -cole faisant l’objet de sa demande;

2. l’incidence de l’acquisition sur le prixdes terres agricoles de la région;

3. les effets de l’acquisition ou del’usage projeté sur le dévelop pe -ment économique de la région;

4. la valorisation des produits agricoleset la mise en valeur de terres agri -coles sous-exploitées;

5. l’impact sur l’occupation du territoire.

À l’égard de ces autres acquéreurs, laloi fixe de plus un plafond d’autorisation

de 1000 hectares par année à la Com -mission. Au-delà de cette superficieglobale, elle est sans compétence pourautoriser l’acquisition d’une terre parquiconque d’autre qu’une personnephysique ayant l’intention de s’établirau Québec.

Une décision de la Commission en cesmatières peut être révisée et fairel’objet d’une contestation devant leTribunal administratif du Québec,comme dans les autres matières de sacompétence. Le recours ne peut êtrefondé que sur une erreur de droit ouune erreur de fait déterminante.8

SanctionsL’acquisition d’une terre agricole parune personne qui ne réside pas auQuébec sans l’autorisation de la Com -mission ou sans respecter les conditionsprévues par la Loi est nulle et toutintéressé, dont le Procureur général duQuébec, peut s’adresser à la Cour supé -rieure pour faire déclarer cette nullité.En l’absence d’un tel recours, laCommission peut ordonner à l’acheteurcontrevenant de se départir de la terreagricole dans un délai qu’elle déter -mine. Si l’acheteur ne se conforme pasà son ordonnance, elle peut s’adresser àla Cour supérieure pour obtenir l’auto ri -sation de vendre la terre en justice.

Le propriétaire d’une terre en zoneagricole qui reçoit une offre d’achatd’une personne qui ne réside pas auQuébec aura intérêt à connaître cesnormes restrictives afin d’éviter demauvaises surprises.

Me Jules Brière est avocat associé chez Lavery

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Trois-Rivières, une belle histoire

Trois-Rivières, ville historique, la deu xiè -me au Canada, occupe un site stratégiqueunique en Amérique du Nord, au con -fluent de deux rivières importantes, larivière Saint-Maurice et ses affluents quimènent à la baie d’Hudson, et le fleuveSaint-Laurent reliant l’océan Atlantiqueau bassin des Grands Lacs. Les voyageursqui ont compris cette géographie ontrejoint la baie d’Hudson, les Rocheuses, leMississippi, la Louisiane, le Colorado,l’Utah, à la recherche d’or, de fourrures,de territoires…

Les Américains ont rétorqué en explo ranten canot ce qui avait déjà été exploré, larive nord du Saint-Laurent. Ils recher -chent la fibre de papier, les réserveshydroélectriques, les voies de transport.Avec la rivière Saint-Maurice, ils décou -vrent un bassin fabuleux de 39 000 km2,de la fibre de papier, de l’épinette, unconvoyeur naturel des billots de 300 kmde long, un réservoir régulateur de débitd’eau réalisé par le gouvernement duQuébec, un superbe terrain surélevé àl’embouchure ouest muni d’un accès parune voie navigable vers leur marché,Chicago, un chemin de fer continental etune main-d’œuvre travailleuse etdisponible. Cette rivière en pleine forêtest aussi dotée de grandes chutes d’eau,au potentiel hydroélectrique nécessaireaux usines de papier et à l’électrificationde la ville et de sa région.

Possédant la technologie, le marché, lesmoyens et l’expérience, ils bâtiront, surla pointe du Platon adjacent à la rivière,un moulin, le plus gros du monde.Ce moulin, et d’autres de la région,contri bueront à l’urbanisation rapidede la ville, qui se démarquera, depuisl’ori gine par la con ti nuité de ses gestesurbanistiques, avant et après l’arrivéed’urbanistes professionnels.

La ville d’avant 1950Outre le quartier historique avec saplace d’Armes, son église St-Andrew,

son couvent des Ursulines et sa place duFlambeau, la Ville, à partir du début duXIXe siècle, a posé successivement desgestes urbanistiques avant-gardistes etvariés, par la création d’un Centrecivique regroupant les quatre pouvoirs– le civil, le religieux, le juridique et lepopulaire – dans un ensemble aucentre-ville, par la mise en valeur d’uneaménité à grand potentiel, la terrasseTurcotte, par le réaménagement duboulevard des Forges après son incen -die selon un plan d’ensemble et par lapréservation d’une partie de sa superbevégétation de pins blancs recouvrantles coteaux singuliers de Trois-Rivières.

L’action de la Ville ne se limite pas là.Elle crée, sur la rue commerçante desForges, le Marché public, une bellebâtisse à plusieurs niveaux et attenanteà une place ouverte, le marché pour lescultivateurs. Sur le quai, un marché aux

poissons couvert avec viviers et eaucourante. Non loin, sur le coteau duCarmel, la Ville a aménagé un immenseparc d’exposition, une place de fêtesforaines, un hippodrome, des estrades,une piste de course.

Au centre-ville, sur une place domi nantedu coteau du Platon, dernier coteau de lamer de Champlain, Postes Canada a érigéun immeuble presti gieux, centre régionalde ses activités, tandis que le CanadienPacifique reconstruisait sa gare avec unbel édifice, reconnu surtout par laqualité de sa salle des pas perdus.

Ailleurs dans la ville, les institutionsd’enseignement ainsi que les insti tu -tions religieuses manifestaient aussi unsouci sous-jacent d’apport à la beautéde la ville par les écoles, les églises etles nombreuses institutions religieusesdont Trois-Rivières était dotée.

L’organisation intelligente, la qualité de vie, l’esthétique sont les bases de l’urbanisme. Les réalisations remarquables de Trois-Rivièresrésultent d’un suivi avisé, partant du projet pionnier du Centre civique, articulées dans le temps et l’espace par des urbanistes et desélus qui ont su placer et maintenir le bien de la ville à un haut niveau de réalisation et d’esthétique. Ils ont su conserver la vitalité deson centre et le sens de la ville. Les moyens et le temps me manquent pour faire connaître les motifs, les noms, les dates, les méritesde tous ceux ayant contribué à l’écriture de cette histoire remarquable et méconnue de la ville de Trois-Rivières. Un beau sujet derecherche, qui serait source d’inspiration pour la pratique et l’enseignement.

» BENOÎT BÉGIN, urbaniste émérite

La terrasse Turcotte en 1944.

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1 Sensible à la tradition, le vocable « parc » est utilisé dans cet article.

Le Centre civique, un grand gesteurbanistique avant la professionSitué au cœur de la ville naissante, àl’intérieur du quadrilatère délimité parles rues de l’Évêché, Royale, des Forgeset Hart, on retrouve l’hôtel de ville, laPlace du parc Champlain, la cathédraleet l’évêché, en axe l’un l’autre et, un îlotplus loin, le Palais de justice, relié aucentre par une allée piétonne. Ces insti -tutions représentent les quatre pouvoirsqui animent la ville : le pouvoir civilavec l’hôtel de ville, le pouvoir popu -laire avec la Place du parc Champlain,le pouvoir religieux avec la cathédraleet l’évêché et le pouvoir judiciaire avecle Palais de justice.

Le Centre civique a aussi déterminé latrame de rues orthogonales, sensibles aucadastre original. Générateur de plusvalue dans les rues avoisinantes, il aentraîné un beau développement derésidences, de bureaux de profes sion nels,avec des échos sur la rue mar chandeponctuée de superbes édifices, notam -ment ceux des banques, des institutions.

Les parties architecturales, paysagées etsymboliques ne sont pas prédéter mi nées.Elles sont laissées à la conscience et latradition de chacun à l’égard du position -nement dans la ville. Coup de maître,jaloux des prérogatives respec tives de ses

composantes, surtout avec l’Église dansses localisations, le Centre civique est unexemple de concertation historique.

Une leçon du « sens de la ville ».

L’hôtel de villeL’hôtel de ville, au bout du spectre duCentre civique, est alors un édificeimposant de brique rouge à plusieursniveaux avec une fenestration en saillie,à toiture sombre à plusieurs versants,placé sur un îlot de verdure rehaussantson prestige et son lien avec le parc.Son style, imposant, difficile à définir,traduit bien son rôle de pôle admi nis -tratif et de guide du développementurbain d’une ville en pleine expansion.

Il est un symbole de fierté du pouvoirmunicipal et de son indépendance admi -nistrative. Il est honoré pour son rôle departenaire au sein du Centre civique et defacteur déterminant de la logique duréseau de rues à l’orthogonale.

L’hôtel de ville est le seul lieu des quatrepouvoirs où s’exerce la démocratieouverte par des élections entre élus etélecteurs. Sa salle du Conseil est l’agorades débats, qui varient d’intensité et depertinence selon les sujets. Par tempsfavorable, cette démocratie s’étenddans la partie du parc proche de l’hôtelde ville, où des petits groupes de même

sensibilité politique discutent de l’ordredu jour.

Le parc Champlain1

Situé entre la cathédrale et l’hôtel de ville,le parc, un îlot de près de 80 mètres sur190 mètres, sur terrain plat, garni de beauxarbres, constitue à sa façon un élé mentautonome, fondateur, symbo li que de lafierté réservée et de la per son nalité uniquede Trois-Rivières. Il y a peu d’exem plesau Québec où un parc joue un tel rôlede composante inattendue d’un centrecivique, d’animateur d’une vie socialedépassant les attentes. Une place verte.

C’est un pouvoir nouveau à ceux quil’en cadrent. Difficile à saisir, il estomni pré sent, sans représentant saufla voix publi que. Il n’a ni conseil, nidirigeant, il est sans parti pris. Sa survietient de l’ap pré ciation qu’on lui porteet des consé quences de son abandonou de sa négligence.

Il convie à une autre relation avec lemilieu. Non bâti, il ouvre des horizonsau sol. Il est accessible par les ruespéri phériques. Sa mosaïque de tachesfleu ries au sol invite l’œil à découvrir,sa canopée dressée par les grandsarbres suggère un toit accueillant auxoiseaux, à la rêverie, une protection. Il necon naît pas la discrimination. Il accueille

Le parc Champlain avec son kiosque, vers 1935

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les jeu nes, les vieux, les petits et grandsde ce monde. Il est sans hiérarchie,sans rituel.

Son plan est ouvert, simple, géomé trique,montre des sentiers pavés rayon nant versles rues périphériques, une belle pro me -nade en pourtour; ce qui en fait un lieu deprédilection pour les jeunes par cen tai -nes, inspirés par la musique rythméed’une fanfare locale, faisant la ronde ducarré, garçons à l’extérieur et filles àl’intérieur, tous ravis de se sentir si nom -breux, d’écouter de la musique enlevante,d’espérer une rencontre, un momentde bonheur, une place sur un banc,pour une glace, un soda, un rendez-vous.Les arrangements floraux chargés à lavicto rienne, les îlots de verdure nedérangent pas les émotions, ne réduisentpas l’espoir.

À la rencontre des sentiers, une placelarge dégage un kiosque vert nature, uncomptoir de glaces, de restaurationrapide, accueille sur le préau une desfanfares de la ville, le cœur vibrantd’une jeunesse nombreuse, avide derythme et de contacts. Tout près, unefontaine à plusieurs niveaux déploie deseaux en gerbes dans un bassin jamaisplein, mais rutilant de sous d’espoir. Leparc a aussi ses accents sacrés par sesgrands arbres formant des voûtes enogive. Mais il n’impose pas comme lacathédrale, son parvis intimidant, lahaie en vigie de l’évêché, l’écrin deverdure de l’hôtel de ville et la hauteurdistante du Palais de justice. Son accèsest sans passeport.

La cathédraleLa cathédrale, ode à la solennité et à lagravité de l’Église trifluvienne, de style

gothique avec ses arcs-boutants, cons -titue par sa flèche le point cul mi nant dela ville. Elle domine la hiéra r chie desédifices de référence comme l’hôtel deville, le bureau de poste, l’AcadémieDe-La-Salle, la gare du CanadienPacifique. Elle occupe, avec l’évêché,l’espace nord-est du Centre civique.

Généralement, le pouvoir religieux assu -me seul la décision sur la locali sation deséglises. Sans doute les qualités classiquesdu plan, sa centra lité, son prestige poten -tiel, la dominance éventuelle du lieu deculte, ont eu raison de l’auto no mismeséculaire du clergé en cette occasion.Il serait intéressant de con naître lesraisons qui ont gagné l’adhésion à unprojet si avant-gardiste.

L’intérieur de l’église subjugue par sahauteur étroite. Ses colonnes en ogives,ses vitraux colorés, son atmosphèrefeutrée, captive, son maître-autel domi -nant, gothique, malgré ses dorures,appellent au recueillement, à l’attente.Il est aussi un lieu de théâtre, appréciédes paroissiens, par le déploiementdes vêtements sacerdotaux, celui desfemmes, des rites religieux, des prêchesemportés, des accents d’orgue et duchœur de chant.

Ce lieu prisé pour la culture de la musi -que, des chants, du théâtre, du faste,traduit bien le penchant inné desQuébécois pour ces manifestations etleur goût pour les spectacles de foule.

Le Palais de justiceLe Palais de justice, quatrième pouvoir dela ville, est un édifice imposant par sa sta -ture et son rôle dans la société. Il impres -sionne par son style classique de pierresde taille gris pâle, sa sévérité et son opa -

cité délibérée. Il retient l’œil par sa beauté,mais repousse l’esprit par le senti mentd’un endroit à ne pas fré quenter. Il a peud’attraction sur l’envi ronnement, sauf lesbureaux d’avocats pour la proximité desinstitutions publiques.

Entouré d’arbres, sur un seuil gazonné,il est délibérément à quelque dix mètresde la rue pour bien désigner l’espace dela dernière réflexion. L’entrée, bienarticulée, envoie un message précurseurde la solennité de la fonction intérieure.

Il impressionne surtout par son rôleimportant dans le fonctionnement del’État de droit par la gravité des sujetstraités, par les rites solennels, les tenuesvestimentaires, le registre con tenu desvoix, le décorum et la hauteur hiérar -chique, selon les rôles, le langage codéépuré par la tradition séculaire, les effetsde toges… Les acteurs actifs de ce lieuconstituent une des élites de la ville.

Une institution de premier plan que laville a su intégrer à son patrimoine urbain,en complément de son Centre civique.

La terrasse TurcotteÀ quelques îlots du Centre civique,près d’une rue prestigieuse du vieuxTrois-Rivières avec vue sur le fleuve, surun surplomb de la pointe du Platon, laVille a réussi un coup de maître. Par laterrasse Turcotte, faisant preuve decréativité et d’urbanité, elle a trans -formé le paysage ingrat du talus en uneaménité phare, une promenade piéton -nière de quelque 150 mètres ensurplomb de 15 mètres sur le port à eauprofonde pour navires de haute mer. Unéquipement urbain des plus créatifs,facteur de plus value urbaine.

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Page 48: La ville intelligente - Ordre des urbanistes du Québec

regard sur le passé

Aménagée de lampadaires discrets àfaible densité, d’une rampe de grostuyaux peints verts, marque emblé ma -tique de la ville qu’elle protège, elleattire les promeneurs cherchant unediversité du parc Champlain, voulantse distraire avec les activités d’un portde mer, cherchant les conversationsavec le personnel de la timonerie desbateaux en mouillage, de chargementde papier de l’usine d’à côté. Il y avait,le soir, les amoureux, ceux qui espé -raient le devenir, les poètes en mald’une muse éphémère et les éprouvésde chaleur en attente de la briseconstante du lac Saint-Pierre.

Après 1950, une nouvelle èrede réalisations En 1958, l’auteur de ces lignes propose,pour le nouveau quartier Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, le plan innovateurd’aménagement d’une unité de voisi -nage de 5 000 habitants basé sur latradition séculaire et unique de laparoisse québécoise de la vallée duSaint-Laurent. S’inspirant de principesnouveaux d’organisation des zonesd’habitation, ce plan vise à assurer lasécurité des enfants ainsi que la miseen valeur du relief singulier de sonplateau sculpté central et de sa végé ta -tion typique de pins gris (diviriqués).

Le projet est destiné à la classe moyenneen première instance de propriété rési -dentielle. Il regroupe les équipementscollectifs – écoles, centre commu nau -taire, lieu de culte, com mer ces, terrainsde jeux, plaine de sports, réservevégétale – dans un ensemble délimitépar une voie circulaire arborée, à l’exté -rieur de laquelle se situent les fortesdensités d’habitations.

Le gros de la trame bâtie de maisonsunifamiliales priorise la sécurité desenfants, en plaçant le terrain de jeux àl’intérieur du quartier, à l’abri de la cir cu -lation automobile. Des rues en U per pen -diculaires à l’espace vert donnent accèsaux jeux par une emprise piétonne.Les enfants n’ont pas de rue à traverser.Par souci d’esthétique et pour éviter lesexcès de personnalisation constatésailleurs, avec le consentement desfuturs propriétaires, l’architecture desmaisons a été policée.

Le Plan Bégin de 1959Face à des besoins nouveaux et à l’ex -pan sion rapide du domaine bâti aprèsla Deuxième Guerre, dans la foulée du

Plan Bégin de 19592, Trois-Rivièresréagit par l’explosion de son centre-villeet le renforcement de son Centre civiqueen ajoutant au nouvel hôtel de ville uncentre commu nautaire, une bibliothèque,une salle de conférence, un musée desarts locaux, une place publique, une sallede concert et de théâtre et un station -nement souterrain.

En lien avec le Centre civique, la ruedes Forges, rue commerçante et animée,a été convertie en mail piétonnier, de larue Royale au quai sur le fleuve, lieude rendez-vous populaire. La terrasseTurcotte, rendez-vous des poètes, arécemment été prolongée de plusieursniveaux au-dessus de la voie ferréelongeant le talus. La pente du Platon,entre la terrasse Turcotte et le port, abénéficié d’un bel escalier, espérédepuis longtemps.

Récemment, cet éclatement s’est tra duit,dans les îlots périphériques, par l’addi -tion d’hôtels de congrès, d’un muséeprovincial des arts et traditions popu -laires, de centres régionaux d’admi nis -tration et d’un stationnement étagé, ainsi

que par l’élimination de bâtimentsvétustes, la correction d’emprises de rues,l’implantation d’immeubles administratifset résidentiels de qualité et la récu pé ra -tion, pour des usages plus compatibles,d’espaces désaffectés de la cour de triageen bordure du fleuve. La sauvegarde dupin blanc, avec le parc des Pins, a étépoursuivie par des réserves de pins gris,principalement en talus dans le nouveauconcept d’habitation du quartier Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.

Avec un Centre civique mieux pourvu, laville offre maintenant une force et unpoids suffisants pour contrer le désé qui -libre commercial et résidentiel, en gen -dré par le développement des banlieuesle long de l’historique route des Forges,aujourd’hui convertie en une artère desix voies de large. Les constructionsplus récentes qui bordent ce boulevardne sont malheureusement pas à lahau teur des remarquables réalisationsurbanistiques de la Ville, dont l’histoiredétaillée reste à faire pour en apprécierla juste valeur.

Benoît Bégin, urbaniste émérite, est né à Trois-Rivières en 1922. Aprèsdes études en sciences à l’Université Laval, il s’inscrit en 1945 à l’Uni ver -sité Cornell, aux États-Unis, où il obtiendra une maîtrise en architecturedu paysage ainsi qu’une maîtrise en Urban and Regional Planning.Sa thèse de maîtrise a pour titre A Master Plan for Trois-Rivières. En1951-52, il est boursier du Gouvernement hollandais, ce qui lui permetd’étudier la planification territoriale intégrée à l’université de Delft.

En 1952, il établit sa pratique comme architecte paysagiste et urbanisteconseil à Trois-Rivières. Au cours des années 1950, il a notamment à sonactif les plans directeurs d’urbanisme des villes de Lac-Mégantic, Nicolet,Cap-de-la-Madeleine, Victoriaville, Granby, Kénogami, Shawinigan-Sud.À Trois-Rivières, plus particulièrement, il réalise le plan directeur d’urba -nisme, accompagné du plan d’une unité de voisinage. Vers la fin de ladécennie, il accueille Georges Robert, avec lequel il s’associe, puisCharles Carlier, tous deux des urbanistes venus d’outremer.

Il quitte Trois-Rivières pour Montréal en 1961, afin de participer àla création de l’Institut d’urbanisme à l’Université de Montréal, dont il estle premier directeur et secrétaire. Professeur titulaire, il enseigne parla suite à l’Institut, puis à l'École d'architecture de paysage. Il participeaussi à la fondation de l'Association des architectes paysagistes duQuébec. Co-fondateur également de la Corporation des urbanistespro fessionnels du Québec, devenue l’Ordre des urbanistes du Québec,il en assume la présidence en 1969-70, puis de 1973 à 1978. Il estrécipiendaire de la Médaille du Grand Mérite de l’OUQ. Retraité à Joliette,il consacre une bonne partie de son temps à l'écriture.

2 Rapport d’accompagnement du plan directeur d’urbanisme, Trois-Rivières, 1959, 402 p.

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nouvelles de l’ordre

À l’assemblée générale annuelle du 26 septembre 2014, tenuedans le cadre du congrès de Baie-Saint-Paul, le conseil d’admi -nistration (C.A.) de l’Ordre a présenté aux membres un projetde plan stratégique qui permettra d’établir la direction verslaquelle l’organisation dirigera ses efforts au cours desprochaines années.

Ce projet de plan stratégique est issu des travaux d’un comitéad hoc du conseil d’administration formé de M. Donald Bonsant(président), de M. Mathieu Bélanger (vice-président) et de MmeMarie-Josée Casaubon (trésorière). Au cours de l’été 2014, cecomité s’est réuni à plusieurs reprises et, sur les bases des résul -tats d’un sondage mené auprès des membres, ainsi que desrésultats d’exercices de planification précédents (notammentd’un projet de plan stratégique réalisé en 2003), il a élaboré unprojet permettant d’effectuer une présentation aux membres etd’orienter les suites de la démarche.

Le sondageLes résultats du sondage de l’été 2014 ont été extrêmementutiles afin de dresser un portrait juste de la vision et des attentesdes membres. Ayant été complété par plus de 800 répondants,ce sondage représentatif a permis de souligner les faitssuivants :• une proportion importante de membres a une mauvaise con -naissance des processus de l’Ordre en ce qui a trait à la pro tec -tion du public (discipline, usurpation du titre, etc.);

• une majorité de membres souhaite augmenter les formationsen expertises sectorielles (gestion de projet, développementdurable, cadre juridique, etc.);

• une majorité (51 %) de membres est en accord avec l’établis -sement d’un plan de formation continue obligatoire;

• une majorité de membres souhaite l’amélioration des méca -nismes de parrainage;

• 66 % des membres souhaitent l’obtention d’actes réservésen urbanisme;

• une proportion importante de membres souhaite une plusgrande intervention publique de l’Ordre dans les dossiers liésà la pratique de l’urbanisme.

Il ne s’agit là que de quelques éléments. Les résultats duson dage feront l’objet d’une analyse encore plus fine en vued’éla borer et de colliger les moyens d’action préconisés parla planification.

Le projet de plan stratégique présenté à l’assemblée généraleannuelle 2014 se divise en cinq axes pour lesquels des orien ta -tions préliminaires furent déterminées :

Axe 1 : Protection du public• Viser une meilleure coordination des activités de protectiondu public;

• Faciliter la gestion par les membres de situations de conflitd’intérêts;

• Améliorer les processus d’attribution des mandats de servicesprofessionnels;

• Valoriser le titre;• Obtenir la reconnaissance d’actes réservés.

Axe 2 : Diffusion proactive et transparence• Mieux diffuser les actions liées à la protection du public;• Améliorer les communications entre le C.A., la permanence etles membres;

• Définir les enjeux de communication associés aux actionsde l’Ordre.

Axe 3 : Formation• Assurer la mise à jour des connaissances des membres enévaluant la mise en place d’un plan de formation continue;

• Améliorer la qualité de la formation scolaire des candidatsau processus de qualification;

• Réviser le processus d’admission des candidats.

Axe 4 : Intervention publique et rôle de l’urbaniste• Renforcer la participation de l’Ordre aux grands débats enmatière d’urbanisme;

• Favoriser une intervention publique de l’Ordre auprès dupublic et de ses partenaires;

• Améliorer la promotion de la profession auprès de clientèlesciblées.

Axe 5 : Développement organisationnel• Assurer la santé financière à long terme de l’Ordre;• Assurer un fonctionnement efficace des comités;• Protéger les données stratégiques de l’Ordre;• Améliorer l’intégration des nouveaux membres à l’organisation.

Suite à l’assemblée générale annuelle et la réceptivité desmembres à l’égard du projet, le conseil d’administration, appuyépar le président, a nommé deux de ses membres, MM. MathieuBélanger et Clément Demers, afin d’établir une version finale duplan stratégique, qui sera basée sur les orientations énoncéesau projet. Accompagné de membres intéressés, le comité ad hocdu plan stratégique devra déposer le résultat de ses travaux auconseil d’administration au printemps 2015.

Le conseil d’administration fera rapport aux membres dans unecorrespondance du président et le plan stratégique final seraprésenté à l’assemblée générale annuelle 2015.

Mathieu Bélanger est vice-président du conseil d’administration de l’Ordre des urbanistes du Québec

Plan stratégique del’Ordre des urbanistes du Québec

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» MATHIEU BÉLANGER, urbaniste

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nouvelles de l’ordre

Le congrès annuel de l’Ordre des urbanistes du Québec a eulieu du 24 au 26 septembre dernier à l’Hôtel La Ferme de Baie-Saint-Paul. Le congrès, dont le thème était « Aménager leQuébec des régions… au-delà des frontières » a rassembléquelques 150 participants venus des quatre coins de la province!Les conférenciers d’ici et d’ailleurs ont su rendre cette rencontredes plus enrichissantes, le tout dans un cadre enchanteur! Mercibeaucoup aux partici pants, qui ont contribué au succès del’événement, ainsi qu’aux membres du comité organisateur :Serge Filion, coprésident, Diane Lemire, coprésidente, PaulArsenault, Marc Bertrand, Catherine Boisclair, Jean Guyard,Guillaume Neveu et Nathalie Prud’homme.

L’aménagement durable au cœurdes préoccupations des urbanistesPour appuyer le thème, le comité organisateur a proposé àl’Ordre de dépasser les frontières naturelles des pratiquesusuelles des congrès. Souhaitant mettre au cœur despréoccupations des urbanistes l’aménagement durable, lecomité a ciblé le bassin hydrographique des Grands Lacs, dufleuve Saint-Laurent et de son golfe comme territoire deréférence. Dès lors, deux organismes ont été identifiés commecollaborateurs de l’événement : les Amis de la Vallée du Saint-Laurent et le Secrétariat international de l’eau.

Ce partenariat a permis de mettre en lumière l’interdépendancedes décisions des milliers d’intervenants des domainespolitique, administratif, social et privé qui influencentdirectement et indirectement cet écosystème regroupant unepopulation de 55 millions de personnes et plus de 80 % de lapopulation québécoise.

Après avoir eu l’occasion d’échanger avec des spécialistes lorsdes ateliers précongrès, les participants ont pu entendre desconférenciers qui ont su partager leurs connaissances etexprimer leur passion du territoire et de ses habitants. Lesgestes de préservation et de mise en valeur de la réservenaturelle privée de l'Île aux Pommes au large de la municipalitéde Saint-Éloi, entre l’Île Verte et l’Île aux Basques, etl’inscription de la Loire au patrimoine mondial de l’UNESCO ontsu inspirer la création d’une Maison du fleuve Saint-Laurentdont l’annonce a été faite lors du congrès. De plus, en appui auxréflexions des urbanistes quant à leur responsabilité deplanification du territoire québécois, une exposition itinérantesur le Bassin des Grands Lacs, du fleuve Saint-Laurent et de songolfe, reprenant l’essentiel de celle présentée à Chicago audébut de 2014, a été inaugurée grâce au soutien technique etfinancier de partenaires privés et publics.

Les membres ont aussi pu découvrir le dynamisme des orga -nismes et des intervenants de la région de Charlevoix enparticipant aux visites techniques organisées au centre de laville de Baie-Saint-Paul, dans ses environs et au Massif

de Charlevoix à Petite-Rivière-Saint-François. Ainsi, quelque110 personnes ont profité de la navette ferroviaire reliant l’hôtelLa Ferme au centre de ski du Massif de Charlevoix pourdécouvrir les enjeux urbanistiques, architecturaux, environ ne -mentaux, sociaux et économiques du projet qui influencerafortement les décisions de la municipalité en matière d’urba -nisme et transformera l’organisation du territoire municipal.Les gestionnaires et les concepteurs de ce projet, dont un urba -niste, en ont présenté les principaux éléments et ont accom -pagné les visiteurs dans la découverte des lieux.

Aux dires de plusieurs, l’accueil des Charlevoisiens, la beautédes lieux et la diversité des activités ont contribué à faire duCongrès 2014 un succès.

Retour sur le congrès annuel 2014

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» PAUL ARSENAULT, urbaniste

» GENEVIÈVE MASSON

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nouvelles de l’ordre

1 Plusieurs personnalités politiquesétaient présentes lors de la céré -monie d’ouverture : Mme le Préfet dela MRC de Charlevoix ClaudetteSimard, M. Jean Fortin, maire deBaie-Saint-Paul, Mme CarolineSimard, députée de la région etM. Jean D’Amour, ministre déléguéaux Transports et à l’Implan tationde la stratégie maritime.

2 M. Jean D’Amour, député de Rivière-du-Loup-Témiscouata, ministre délé -gué aux Transports et à l’Implantationde la stratégie maritime, ministreresponsable de la région du Bas-Saint-Laurent et ministre respon -sable de la région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine a prononcé undiscours lors la de cérémonied’ouverture.

3 La députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, Mme Caroline Simard, étaitheureuse de s’adresser aux congres -sistes de passage dans sa circons -cription.

SOIRÉE GALA EXCELLENCE

4 Le prix Mérite du Conseil interpro fes -sionnel du Québec (CIQ) a été remis àtitre posthume à la regrettée LouiseAudet. Son conjoint, M. Yvan Blanchet(à gauche), a reçu le prix en son nom.

5 M. Donald Bonsant, président del’Ordre et M. André Boisvert

6 M. Donald Bonsant, président del’Ordre et M. François Lapointe.MM. André Boisvert, FrançoisLapointe et Raphaël Fischler (absentlors de la cérémonie) ont eu l’honneurd’être élevés au rang d’urbanistesémérites.

7 M. Jean-Paul L’Allier a remis le prixqui porte son nom au maire deRimouski et président sortant del’Union des municipalités du Québec,M. Éric Forest. M. Donald Bonsant,président de l’Ordre, M. Éric Forest,maire de Rimouski et M. Jean-PaulL’Allier.

8 Comme chaque année, les étudiantss’étant le plus démarqués danschacun des programmes en urba -nisme reconnus par l’Ordre ont étéhonorés. De gauche à droite :M. Donald Bonsant, président del’Ordre, Anne-Sophie Frican, Andrée-Anne Coll, Roxanne Dubé, SamuelDubé et Gabriel Damant-Sirois.

9 Fier partenaire de l’événement,Desjardins a fait tirer un Ipadmini parmi les congressistes.Mme Patricia Vaillancourt (à droite) dela Fédération des caisses Desjardinsdu Québec a remis le prix à MmeAnne Barrette de la Ville de Rimouski(à gauche).

CRÉDITS POUR TOUTES LES PHOTOS :LOUIS LALIBERTÉ

URBANITÉ | HIVER 2015 51

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nouvelles de l’ordre

La relève en urbanisme fait preuve d’ungrand dynamisme et on observe l’arrivéed’une génération de jeunes gens motivéssur le marché du travail. Au sein de l’OUQ,les 20-40 ans représentent 41 % desmembres de l’organisation. Dans un con -texte où l’interdisciplinarité est grandis -sante, les défis sont toutefois nombreux etcelui qui semble le plus fondamental estle transfert de connaissances au seinmême des professionnels de l’urbanismed’une part, et d’autre part, entre les diffé -rents professionnels de l’aménagement.

Le regroupement se veut justement ungénérateur d’occasions d’échanges etd’initiatives qui seront autant d’oppor -tunités de faire évoluer pour le mieux lespratiques du domaine. Les plus expé ri -mentés sont encouragés à s’impliquerpour léguer leur bagage et pour s’inspirerdu renouveau. La participation des pra -ticiens des domaines connexes est aussisouhaitée pour favoriser le décloison -nement des professions.

Cette initiative de regroupement a émanédu dernier congrès de l’OUQ, où dejeunes professionnels ont fait le constatqu’il y avait un enjeu d’intégration de larelève exacerbé par un manque d’acti -vités adaptées à leurs besoins. Depuis,plusieurs rencontres ont eu lieu impli -quant une douzaine de participants. Unnoyau formé de six urbanistes eturbaniste-stagiaires a entrepris de con -tacter l’OUQ pour obtenir son soutien.L’initiative a été très bien accueillie, carelle démontrait beaucoup d’ouverture etde flexibilité, si bien que l’OUQ a acceptéde former un comité pour la relève.

Un évènement informel rassemblant unesoixantaine de professionnels a déjà ététenu pour prendre le pouls sur lapertinence d’un regroupement pour larelève en urbanisme. L’accueil a été trèschaleureux. Un sondage tenu lors de cetteactivité et dans les jours suivants aindiqué que les répondants étaient soiten accord ou totalement en accord avecune telle initiative.

L’évènement de lancement officiel duRRU a eu lieu le 4 novembre dernier et arassemblé quelque 100 professionnels.Intitulée « Cabaret d’idées sur le thème durecouvrement de l’autoroute Ville-Marie », la soirée avait au programme unecourte conférence de M. Clément Demers,l’animation de discussions par cinq pané -listes multidisciplinaires et une ambiancedécontractée favorisant les échanges.

Cabaret d’idées sur le thèmedu recouvrement de l’autorouteVille-MarieCette thématique visait à rassembler desprofessionnels de différents milieux, àtraiter d'un enjeu actuel et à soulignerl'aspect multidisciplinaire de notre pro -fession. La formule de type cabaretd'idées se voulait décontractée, tout enrépondant aux besoins de professionnelsde la relève de se réunir autour d'un évé -nement accessible, favorisant l'appren tis -sage et l'échange de connaissances.

Le déroulement de la soiréeDémontrant l'intérêt et l'appui de l'OUQ, leprésident de l'ordre, M. Donald Bonsant, aouvert la soirée en présentant le con -férencier principal, M. Clément Demers,architecte, urbaniste émérite et directeurgénéral du Quartier international deMontréal (QIM). Ensuite, cinq panélistesissus de divers milieux ont pris le relaisautour de tables rondes afin de discuteret d'échanger sur les enjeux multiplesque génère un tel projet urbain. Voici lerésumé de la présentation de M. Demerset des discussions qui ont suivi.

Le recouvrement de l'autoroute :l'expérience du QIMEn janvier 1997, M. Clément Demers s’estvu confier la responsabilité d’assurer,avec Renée Daoust et Réal Lestage, lemontage du projet du Quartier inter -national de Montréal. La présentation deM. Demers a mis en lumière les différentsenjeux et les différentes opportunitésapportés par le recouvrement d'environ825 mètres d'autoroute en deux phases(comparativement à 150 mètres dans leprojet actuel). Un tel projet nécessitait la

participation de tous les paliers gouver -ne mentaux, ainsi que l'apport de nom -breuses disciplines professionnelles. Ilmisait sur la réalisation de cinq objectifs :le développement durable, international,immobilier et touristique ainsi que lavitrine internationale du savoir-faire. Lastratégie visait, entre autres, à retisser lelien entre le centre des affaires existant etle Vieux-Montréal, à encourager l'utili -sation du transport en commun, àexprimer la vocation internationale deMontréal et à susciter de nouveauxinvestissements. M. Demers a élaboré surle concept d'aménagement urbain, quiconsistait à recréer le milieu urbain,contrairement à l'approche des espacesverts de la ville de Boston, sur lescontraintes de conception des bâtimentsimposées par l'empreinte de l'autoroute

» FRANÇOIS FORTIN, urbaniste

» LOUIS-MICHEL FOURNIER, urbaniste

UN NOUVEAU COMITÉ DE L’OUQ

Le regroupement pour la relève en urbanismeLe nouveau comité nommé Regroupement pour la relève en urbanisme (RRU) est l’initiative de jeunes professionnels de l’urbanismequi vise l’amélioration de la pratique en urbanisme en passant par la relève. Pour ce faire, le regroupement désire rassembler etmobiliser les professionnels de toutes générations pour favoriser l’intégration de la relève, le transfert de connaissances et lavalorisation des bonnes pratiques.

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Les membres du Regroupementpour la relève en urbanisme (RRU)

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et sur les divers aspects techniques,légaux et économiques. À terme, le projeta généré des retombées sociales, urbai -nes et économiques supérieures auxattentes. Toutefois, selon M. Demers, laréalisation d'un tel projet pourraitdifficilement s'avérer aussi efficace en2014, considérant l'évolution et la com -plexité de nos modes de gouvernance.

Les faits saillants des discussions

Le volet de la santé :la présence du CHUMMme Marie-Ève Hébert, conseillère endéveloppement communautaire CHUM

La présence du Centre hospitalier del'Université de Montréal (CHUM) offre unpotentiel important pour la revitalisationdu secteur en question. Source depollution et de nuisances, une foisrecouverte, l'autoroute permettrait d'offrirun espace vert et de repos pour lespatients, employés, visiteurs, citoyens,etc. L'achalandage prévu au terme duprojet est de 15 000 personnes par jour.Ainsi, améliorer les interfaces, lesparcours et la connectivité permettrait lacréation d'un milieu urbain de qualité etsécuritaire au bénéfice d'une grandeproportion des employés du milieuhospitalier, composé notamment defemmes qui doivent se déplacer à touteheure dans un milieu actuellementdéstructuré. Le CHUM et le quartierde la santé ont un pouvoir d'attraction

sur des entreprises de ce domaine, d'oùl'importance de la synergie pour créerune valeur ajoutée, un milieu habité etnon seulement un secteur de transit.

Le tourismeM. Mario Lafrance, directeur général de laSDC du Vieux-Montréal

La vitalité d’un secteur historique et tou -ristique passe par la mixité de sesfonctions. Plus particulièrement par laprésence d’une population résidente. Laprésence de citoyens assure l’authen -ticité et la vitalité du milieu. C’estune préoccupation majeure de la SDCdu Vieux-Montréal. Contrairement aumodèle de Boston, le recouvrement del’autoroute doit offrir un milieu mixte etattirer de nouveaux résidents. La tramedevrait alors être retissée par un mélanged’espaces verts et construits.

Le volet société : cohabitationet appropriation universelleM. Jérémie Watters, chargé de projet endéveloppement urbain, Rayside Labossière

L'inclusion et la cohabitation entre lesdivers types d’usagers, la nécessité deconcevoir un espace égalitaire et inclusifdans une optique de droit à la ville pourtous, représentent un enjeu important duprojet de recouvrement. La réponseréside dans la polyvalence et la souplessedes futurs aménagements. La créationd'un espace multifonctionnel doit répon -dre à un maximum de besoins, comme le

rayonnement à l'échelle régionale (vitrineau Vieux-Montréal et au CHUM, lieu detransit, etc.), et aux utilités locales (ser -vice proximité aux travailleurs et rési -dents du secteur). L’organisation devisites de chantiers, l’implantation surl’un des toits d’un édifice bordant le sited’un observatoire, la création d’uneapplication décrivant et indiquant lestravaux en cours ou l'insertion d'œuvreséphémères constituent des mesures quifavoriseraient l'acceptabilité sociale.

Le volet transport : cohabitationde tous les modes de transportM. François Séguin, directeur de projet,groupe BC2

Malgré les nombreux avantages pour lesmodes de transport actifs, le projet aurades impacts importants sur les dépla ce -ments automobiles du secteur. L’empla ce -ment du nouveau site hospitalier a étédécidé notamment du fait de sa proximitéà la bretelle d’autoroute. Le projet entraî -nera le recouvrement de l’une des plusimportantes sorties de l’autoroute Ville-Marie, bretelle donnant accès au centre-ville de Montréal et au boulevard Saint-Laurent. Comment assurer la mêmeconnectivité qu’aujourd’hui entre le sitedu centre hospitalier et le réseau routiersupérieur de la métropole?

Le volet design urbain :mise en lumière de l'esprit du lieuM. Étienne Pelletier, lauréat du 1er prix duconcours d’idées SHUKO pour l'aména -gement des abords de la station de métroChamp-de-Mars.

La proposition gagnante portait sur lacréation d’un « espace filtre » qui per -mettrait de révéler, en son et en lumière,les différentes strates qui composent lelieu : l’autoroute, le métro, les espaces detransit, le rez-de-chaussée des bâti -ments. Elle consistait en un exercice deréflexion ayant pour but de créer, à partirdes contraintes du lieu, un environ -nement urbain animé, innovant etsurprenant. Cette installation ludique,idéalement intégrée au sein d'un réamé -nagement multifonctionnel permettraitaux usagers de s’approprier le lieu.

Le RRU planifie actuellement son pro -gramme d’activités pour la prochaineannée. Toute personne intéressée peutdevenir membre du regroupement,aucune limite d’âge n’est fixée, il suffit des’identifier à la relève. Pour vous inscrirecomme membre du RRU, nous vousinvitons à envoyer un courriel à l’adressesuivante : [email protected].

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Ambiance de la soirée

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Urbanité estsur Facebook!

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La revue UrbanitéTirage : 2 500 exemplaires

DISTRIBUTIONMembres de l’OUQ – 1011 • Abonnés et autres – 1489

MISSIONPROMOUVOIR l’urbanisme et les urbanistes;INFORMER les lecteurs sur les divers sujets relatifsà l’aménagement du territoire et à l’urbanisme;FORMER sur une base continue les professionnelsde l’aménagement du territoire.

COMITÉ ÉDITORIALSerge Vaugeois, présidentPaul Arsenault – Sergio Avellan – André-Anne Cadieux –Amélie Castaing-Rigaud – Frédéric Dufault – François Goulet –Félix Gravel – Mathieu Langlois – Jacques Trudel

COLLABORATIONMarie-Soleil Brosseau – Charlotte Horny – Marie-Josée Lessard –Hugo Grondin – Jimmy Paquet-Cormier

CONCEPTION GRAPHIQUELucie Laverdure – L’Infographe enr.

RÉVISION ET CORRECTIONGeneviève Bournival

PUBLICITÉCPS Média inc.Serena Hillaert, conseillère [email protected] | 450 227-8414, poste 311www.cpsmedia.com

IMPRIMERIEImprimerie F.L. ChicoineAbonnements, information et suggestionswww.ouq.qc.ca | 514 849-1177, poste [email protected]

AUTEURSVous êtes invités à soumettre vos articles ou textes inéditsau comité éditorial. Le comité éditorial se réserve le droitde publier ou de refuser un article. Information : [email protected]

Dépôt légalBibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du CanadaTous les textes publiés dans Urbanité ne reflètent pas forcémentla position ou l’opinion de l’Ordre et n’engagent que l’auteur.

Le genre utilisé dans cette publi ca tion englobe le féminin etle mas cu lin dans le seul but d’en alléger la présentation.

ORDRE DES URBANISTES DU QUÉBEC

Administrateurs : Donald Bonsant, présidentMathieu Bélanger, vice-présidentMarie-Josée Casaubon, trésorièreClément Demers, administrateurFrédéric Desjardins, administrateurGuillaume Neveu, administrateurFlorent Gagné, administrateur nomméDaniel Pinard, administrateur nommé

Permanence : Claude Beaulac, directeur général Odette Michaud, adjointe à la direction etsecrétaire de l'Ordre Nathalie Corso, coordonnatrice, admission et qualitéGeneviève Masson, directrice des communicationsAndréanne Godon, chargée des communicationsGeneviève Ballard, secrétaire-réceptionniste

Adresse : 85, rue Saint-Paul Ouest4e étage, bureau 410, Montréal, QC, H2Y 3V4514 849-1177 • www.ouq.qc.ca

à l’agenda

KORN

» JANVIER201522 janvier

Colloque Urbanisme durable et villes de demainOrganisateur : Conseil du Bâtiment durable du CanadaLieu : MontréalInformation : http://batimentdurable.ca/

26 janvier

Formation – Architecture et sensibilisation aux systèmes detransport intelligentsOrganisateur : AQTrLieu : QuébecInformation : [email protected]

» FÉVRIER201512 février

Journée de formation – LEED v4Organisateur : Conseil du Bâtiment durable du CanadaLieu : QuébecInformation : http://batimentdurable.ca/

17 février

Formation – Îlots de chaleur et développementsà faibles impactsExpériences municipales, leçons apprises de projets urbainsOrganisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : Maison du développement durable, MontréalInformation : [email protected]

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CONGRÈS ANNUEL 2014

Crédit : Frédéric Back - Atelier Frédéric Back

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