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Universit Franois Rabelais - Tours
UFR Arts et Sciences Humaines
Dpartement des Sciences de lEducation et de la Formation
Anne Universitaire 2011-2012
LA VOIE DE LAPPRENTISSAGE DANS LA FORMATION EN SOINS INFIRMIERS :
UNE NOUVELLE APPROCHE MOTIVATIONNELLE
LE DISPOSITIF MIS EN PLACE SOUS LE REGARD DE LETUDIANT
Prsent par
MONPROFIT Francis
Sous la direction de
Laurence CORNU, Professeur des Universits
Fabienne KWOCZ, Professionnelle de Sant, charge de cours
En vue de lobtention du Master 1 : Science de lEducation
REMERCIEMENTS :
Ce travail de recherche naurait pu aboutir sans laide, laccompagnement de :
Mes deux directrices de mmoire Mmes Laurence Cornu et Fabienne Kwocz,
pour leur disponibilit, coute et conseils.
Mon pouse qui a su faire preuve de patience mon gard
Mes collgues de promotion qui mont apport leur rflexion, questionnement
Christiane et Marie Jo qui mont t dune aide prcieuse
Je souhaite ici tous vous remercier.
SOMMAIRE
INTRODUCTION.1
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE
I : Du trajet au projet ..4
II : Contextualisation politico-socio-conomique ...10
III : L'apprentissage au cours du temps .12
DEUXIEME PARTIE : APPROCHE CONCEPTUELLE
I : Apprentissage .27
II : Motivation .42
DE LA QUESTION DE RECHERCHE L'HYPOTHESE..56
TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
I : Mthodologie de l'enqute .....58
II : Analyse qualitative. ..62
CONCLUSION ....105
ANNEXES 107
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .213
TABLE DES MATIERES ..215
1
INTRODUCTION
Ce travail trouve sa source de motivation travers deux raisons nous conduisant
effectuer un master 1 professionnel des Sciences de lEducation, mention Ingnierie
de la formation .
La premire raison concerne la rforme en soins infirmiers, qui doit rpondre au
processus de Bologne de 1999 et inscrire la formation dans le systme Licence, Master,
Doctorat. A ce jour, les tudiants terminant leur formation, obtiennent le grade licence.
A lavenir, cela devrait se traduire par une licence. Aussi tout formateur se doit de
possder un niveau dtude suprieur, et de fait, il nous est apparu important de
sinscrire au plus tt dans ce schma.
La seconde raison prend naissance dans la mise en place, au sein de linstitut de
formation o nous exerons, du dispositif dapprentissage pour les 3mes annes en
soins infirmiers.
Nous avons souhait nous intresser de plus prs cette nouvelle formule en postulant
pour le poste de formateur rfrent des tudiants inscrits en apprentissage.
Dans la formation en gnrale, les tudiants alternent priodes thoriques et
priodes pratiques. Lors de leurs stages, ils sont accompagns par les professionnels de
terrains (matre de stage, tuteur, professionnel de proximit) et reoivent la visite dun
formateur, rfrent du stage. Durant la priode thorique, ils sont suivis par un
formateur rfrent.
Les tudiants apprentis, dans lalternance ont la mme formation. Dans la partie
thorique, ce dispositif nengendre que peu de diffrence par rapport la formation
initiale. La particularit de la formation par apprentissage concerne principalement
laccompagnement en stage dont les tudiants font lobjet.
Dune part, ils effectuent tous leurs stages de troisime anne dans
ltablissement, qui les a recruts, et dont le matre de stage est en
gnral le directeur des soins.
Dautre part, ils sont accompagns en stage comme lors des suivis
pdagogiques par le mme formateur, rfrent dapprentissage.
2
Pour pouvoir assumer ce rle daccompagnement au plus prs des attentes et des
motivations de chacun, nous nous sommes poss plusieurs questions. Quest-ce que la
formation par apprentissage en soins infirmiers? Comment celle-ci est-elle mise en
place ? Quelles en sont les particularits ? Quest-ce qui motive tablissements de sant
et tudiants sinscrire dans ce dispositif ? Quels peuvent en tre les avantages et les
limites pour les tudiants ?
Pour chercher rpondre ces questionnements, nous avons :
dans une premire partie effectue une dmarche rflexive sur notre trajectoire
de vie, nous amenant nous interroger sur lintrt port ce travail de
recherche. Nous avons galement retrac le contexte politico-socio-conomique
pouvant influencer la formation en soins infirmiers. Nous avons ensuite retrac
un historique de lapprentissage, pour mieux en comprendre lvolution.
Une seconde partie est consacre lapproche conceptuelle. Lapprentissage et
la motivation sont les deux concepts qui ont retenus notre attention.
La dcouverte, lenrichissement de ces diffrentes approches, nous ont conduit
revisiter notre question de dpart et lui apporter une nouvelle direction. Celle-ci axe
sur le contrat dapprentissage dans le systme dalternance, sest finalement oriente
vers une question de recherche plus cible sur lintrt porte par ltudiant : En quoi
lengagement de ltudiant en soins infirmiers, dans la formalisation dun contrat
dapprentissage, favorise t-il son projet professionnel ?
Cette problmatique nous conduit lhypothse que la motivation premire de
ltudiant postuler pour le contrat dapprentissage reposerait sur un besoin financier,
lui permettant daller au terme de son projet professionnel.
Afin de vrifier cette hypothse, notre troisime partie sera consacre
lentretien men auprs de deux tudiants de 3me anne inscrits dans ce dispositif
dapprentissage. Ce travail de terrain a confirm cette motivation financire, mais nous
a aussi clairs sur la dcouverte dautres motivations intrinsques et/ou extrinsques
ltudiant.
Le travail prsent sera pour nous loccasion de mieux comprendre ce qui incite
les tudiants postuler pour cet apprentissage, et, pouvoir ainsi, encore mieux les
accompagner, dans la finalisation de leur projet professionnel.
3
Tout individu porte en lui non seulement limage de ce quil est dans linstant,
mais aussi une srie dimages de lui-mme tel quil dsire tre dans le futur. Ce
personnage futur va lui fournir un but 1
1 Crozier, M. 1993, motivation, projet personnel, apprentissage , Paris, ESF Editeur, p.143
4
PREMIERE PARTIE
I : DU TRAJET AU PROJET
Jai exerc pendant quatorze ans dans le domaine de la mtallurgie. Cet univers
professionnel sest avr, au fil du temps insatisfaisant sur le plan personnel.
Sur le plan professionnel, la situation politico-conomique ne favorisait pas la prennit
de lentreprise, ni la projection davenir moyen ou long terme : Jenvisageais donc une
rorientation professionnelle.
Mon parcours de vie ma fait ctoyer diffrentes reprises, le monde de la sant
et, en particulier, celui des soins infirmiers.
Le contact rgulier avec des professionnels mdicaux, paramdicaux et leur
rapport aux soins relationnels et techniques ont favoris, motiv, mon dsir dorienter
mon second exercice professionnel comme soignant.
Aprs un passage oblig par une remise niveau avec validation dun Examen
Spcial dEntre lUniversit (ESEU), jeffectuais ma reconversion professionnelle.
Etudiant Infirmier trente trois ans (promotion 1993-1996), soumis un
financement partiel durant cette formation, jai d, pour subvenir aux besoins de ma vie
prive, effectuer des remplacements durant les congs scolaires et les week-ends. Ce
temps fut particulirement formateur pour me permettre dacqurir de lexprience
comme aide soignant et me permettre dapprhender tout la fois le travail de
collaboration Infirmier/Aide Soignant, et de reprer les rles et missions de lInfirmier.
A travers cet apprentissage du mtier grce et de nombreux stages, jai
galement pu apprcier la qualit de lencadrement, laccompagnement des
professionnels en Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) comme sur le terrain.
Jai pu ainsi enrichir mes connaissances, dvelopper des acquisitions techniques et
relationnelles cette priode la notion de comptence ntait pas encore clairement
dcline).
Entrer en formation un certain ge, demande souvent dexpliquer le chemin
professionnel parcouru, mais surtout, de mettre en vidence les motivations profondes
qui font que ltudiant dj expriment, a la capacit de se remettre en question,
accepte dapprendre rapprendre, et peut se comporter tout la fois comme tudiant,
avec le recul dun professionnel.
5
Durant 7 ans en service de soins, jai exerc en ranimation mdico-chirurgicale,
associ au Service Aide Mdicale dUrgence (SAMU) et Service Mobile dUrgence et
de Ranimation (SMUR). Jai contribu lencadrement, laccompagnement des
tudiants pour les guider dans leur appropriation de connaissances et reprages de
comptences professionnelles.
La loi N 78-615 du 31 mai 1978, dans son article L 473 du code de la sant
publique, stipule que est considr comme exerant la profession dinfirmires et
infirmiers toutes personne qui, en fonction des diplmes qui l'y habilitent, donne
habituellement des soins infirmiers sur prescription au conseil mdical, ou bien en
application du rle propre qui lui est dvolu. En outre, linfirmire infirmiers participe
diffrentes actions, notamment en matire de prvention, dducation de la sant et de
formation ou dencadrement 2.
Tout professionnel Infirmier se doit donc dtre en capacit deffectuer ce rle
dencadrement, quil soit pour les tudiants, comme pour les nouveaux collgues.
Il sagit l mon avis dun point important, les formateurs tant en attente, juste titre,
de cet accompagnement tudiant par les professionnels.
La rforme des soins infirmiers de 2009 en est dailleurs lun des enjeux
majeurs. De toute vidence, pour pouvoir accompagner les tudiants acqurir des
comptences, les professionnels sur le terrain, doivent faire preuve de pdagogie de
formation ou dencadrement. Lalternance intgrative, comme tmoin entre thorie et
pratique, apparat comme le cur de la formation en soins infirmiers.
Je me suis aussi inscrit comme vacataire en IFSI pour transmettre mes savoirs
(savoir-faire, savoir-tre, savoir-agir), afin dvoquer aux tudiants la notion de
collaboration, dinterdisciplinarit, le travail quotidien dun infirmier, auprs des
patients et de leur famille et susciter lenvie de venir effectuer un stage en ranimation,
pour dmystifier certaines reprsentations.
Cette dmarche tait pour moi loccasion de tester mes aptitudes pdagogiques,
de reprer mes capacits captiver un auditoire, tenir compte du public vis et de ses
attentes, me mettre en situation de danger, et valider que ce que je transmettais en tant
que professionnel de terrain je pouvais aussi lexercer en tant que professionnel
formateur.
2 legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte... loi N 78-615 du 31 mai 1978, art L 473 Journal
Officiel Rpublique Franaise du 1 juin 1978 page 2235, consultation en ligne du 20/12/2011.
6
Cette exprience de terrain, accompagne du souci dencadrement, mais aussi lintrt
de minscrire dans lorganisationnel du service, ma naturellement conduit la
formation de cadre de sant.
Cadre de sant de nuit durant deux ans et demi, un de mes axes de recrutement
des professionnels tait de reprer leurs comptences tre autonomes, responsables,
leurs motivations pour le travail de nuit tant le second axe. Cette activit de cadre de
nuit gnrait chez moi, une certaine frustration ne pouvoir concrtement accompagner,
former des tudiants et des nouveaux professionnels.
En quittant lcole de cadre, mais au demeurant bien avant cela, au regard de
mon parcours professionnel, de mes aspirations me rendre disponible pour les
tudiants, il tait pour moi lgitime de morienter vers la pdagogie.
Cadre formateur depuis janvier 2009, jai souhait intgrer un IFSI ce moment
prcis o la rforme allait se mettre en place. Ce qui me semblait important tait de
pouvoir apporter ma contribution dans la mise en place de ce nouveau dispositif de
formation, dans cette priode de mise en route empreinte de nouveaut mais aussi de
profonds changements quil faut l aussi accompagner.
Aprs quelques mois de dcryptage, de ttonnement autour de la construction
des Unit dEnseignement (UE )3 des Unit dIntgration (UI)
4 des liens formaliser
avec les diffrents rfrentiels, dactivit5, de comptence
6, de formation
7 mais aussi
avec lutilisation du portfolio8, lessentiel restait faire.
Jai dj, au dcours de ma propre formation en soins infirmiers, repr quune
rforme, demandait de limplication, de linformation et de la concertation entre les
diffrents professionnels de sant, quils soient de terrain ou formateur.
La rforme de 2009 est sans doute lune des rformes en soins infirmiers les plus
importantes, bousculant les repres des professionnels de terrain quant lencadrement
fournir pour ces nouveaux tudiants, dans la mesure o :
Dune part, il sagit de pointer les lments de comptences, actes, activits et
techniques de soins acqurir par les tudiants, ce qui implique au pralable que
3 www.sante.gouv.fr Infirmiers LMD. Arrt du 31 juillet 2009 relatif au diplme dtat infirmier,
p33 34, consultation en ligne du 25/02/2012 4 Ibid. p35
5 Ibid. Annexe I, le rfrentiel dactivit
6 Ibid. Annexe II, le rfrentiel de comptences
7 Ibid. Annexe III, le rfrentiel de formation
8 www.infirmiers.com/pdf/6annexe6portfolio.pdf. Consultation en ligne du 01/03/2012
http://www.google.fr/url?url=http://www.sante.gouv.fr/infirmiers,584.html&rct=j&sa=X&ei=nRvFT9SQDsPN8QPtoMyzBA&ved=0CGYQ6QUoADAB&q=reforme+etudes+soins+infirmiers&usg=AFQjCNEN2Yh67fI4tNB0K3elnNFdMwmaXQhttp://www.google.fr/url?url=http://www.sante.gouv.fr/lmd.html&rct=j&sa=X&ei=nRvFT9SQDsPN8QPtoMyzBA&ved=0CGcQ6QUoATAB&q=reforme+etudes+soins+infirmiers&usg=AFQjCNESSrg8-Js8WbCAa63J8iv-QOSScghttp://www.infirmiers.com/pdf/6annexe6portfolio.pdf
7
les professionnels aient effectu ltat des lieux de leurs propres comptences au
travers de situations prvalentes ou emblmatiques.
Dautre part, de transposer avec le plus dobjectivit et dexhaustivit possible,
ces diffrents lments sur le document officiel servant de support validation
du stage.
Enfin, le dernier lment, celui qui fait le lien avec les deux prcdents, est le
fait que le formateur nintervienne plus comme co-valuateur, co-valideur au
regard dune mise en situation professionnelle qui nexiste plus. La
responsabilit dencadrement appartient pleinement aux professionnels de
proximit, tuteur et matre de stage, ce qui pour eux est un grand changement
dans laccompagnement des tudiants sur une dure de stage bien plus longue.
La premire anne de transition formalise, avec les doutes et les rsistances
naturelles dues une insuffisance dinformation et de formation, la possibilit de mettre
en place un accompagnement spcifique des tudiants par le biais de contrat
dapprentissage initi lIFSI de la Croix Rouge Franaise de Tours, a veill en moi
une certaine curiosit, mais aussi un flash back sur ma propre formation.
Pris par lorganisation de cette rforme, sa dclinaison au quotidien auprs des
tudiants comme coordinateur, la collaboration avec les terrains de stage pour travailler
cette nouvelle position du soignant dans laccompagnement au regard de lalternance,
mais aussi le travail de concertation avec la rgion et les IFSI de lIndre et Loire pour
une meilleure coordination et mise en application du programme, je nai pas eu
lopportunit de suivre de prs cette nouvelle forme daccompagnement personnalis
et den dgager rellement les bnfices, les atouts, et peut-tre mme les limites.
A ce jour, je partage mon temps professionnel entre la formation initiale et celui
de la formation continue comme responsable au sein de lIFSI. Dici la fin de lanne
2012, jaurai certainement la responsabilit temps plein, de ce dispositif
daccompagnement par contrat dapprentissage dans cette formation par alternance.
Ce parallle avec mon parcours professionnel et ma nouvelle prise de fonction,
mont amen me poser de multiples questions sur lapprentissage.
Comment cet apprentissage a t-il t mis en place ? Qui en est linitiative ?
Pourquoi cet apprentissage prend-il effet partir de la rforme de 2009 ? Dautres
8
centres de formation mettent-ils en place ce dispositif ? Dautres formations
paramdicales sont-elles dj inscrites dans ce processus ? Comment les tablissements
de sant ont-ils t impliqus ? Comment les tudiants ont-ils t slectionns ? Quel a
t le mode de slection des tudiants pour cet apprentissage ? Quelles peuvent tre les
motivations des tablissements de sant et des tudiants sinscrire dans ce dispositif ?
Quest-ce que lapprentissage peut apporter de plus aux tablissements et aux
tudiants ? Lacquisition de comptences est-elle favorise par la formation
contractualise par apprentissage ? Quelle est la relation privilgie tablie entre
ltablissement de sant, ltudiant, linstitut de formation ?
Toutes ces questions doivent pouvoir trouver une rponse partir de ma
question de dpart :
En quoi le contrat dapprentissage en soins infirmiers, dans le systme
dalternance est-il profitable ltudiant ?
Pour pouvoir traiter de ce nouveau dispositif de formation par le biais de
lapprentissage, il me fallait faire un tat des lieux de ce quil signifiait dj pour moi et
quels taient les autres concepts, notions, qui y taient lis. Pour parvenir cette fin, je
me suis appuy sur un fondamental utilis auprs des tudiants en soins infirmiers, qui
sans tre exhaustif, permet cependant une reprsentation schmatique et concrte. Jai
donc construit une carte conceptuelle9 de ma perception de cet apprentissage, pour
dvelopper lacquisition de ses comptences.
Quest-ce quune carte conceptuelle ?
Cest une technique dapprentissage, qui consiste poser la reprsentation
graphique de lorganisation des connaissances dune personne sur un sujet donn 10
.
Elle met en interaction diffrentes notions ou concepts, relis entre eux par une flche
donnant le sens de la relation entre les lments ou concepts, et dont le support est un
verbe, un nom, un mot de liaison.
Cet outil est utilis et prconis depuis la mise en place de la rforme Infirmire
afin de favoriser chez ltudiant ses capacits cognitives. Cette carte conceptuelle
permet ltudiant de mmoriser et de prendre des notes diffremment que dordinaire
(soit de faon linaire), en faisant appel aux quatre R11
de la mmoire qui sont :
9 Annexe I, p 108
10 Info-CEFEC-N18-MAI 2009, p13
11 www.infirmiers.com/.../la-carte-conceptuelle-un-outil-de-developpement-de-la-metacognition.html
consult le 20/02/2012
http://www.infirmiers.com/.../la-carte-conceptuelle-un-outil-de-developpement-de-la-metacognition.html
9
Reprer, Relier, Ranger et Retrouver . Il pourra ainsi confronter ses reprsentations
avec celles de ses collgues et enrichir son champ de perception.
A partir de ma reprsentation, jai pris conscience quil me fallait faire des
choix, que je ne pouvais dvelopper tous les concepts mis en vidence, que jallais
centrer ma rflexion sur ltudiant, car si lon considre quil doit tre acteur de sa
formation, il en est alors, le point central.
10
II : CONTEXTUALISATION POLITICO-SOCIO-ECONOMIQUE
Les mtiers de la sant ont toujours ncessit une volution, au regard dun
contexte politico-socio-conomique, en perptuel mouvement.
Depuis quelques annes la contrainte conomique est de plus en plus forte.
Lvolution des technologies mdicales, les exigences et les droits du patient, le
vieillissement de la population et les soins spcifiques apporter ncessitent une
conciliation entre cots et qualit de prise en charge, do depuis quelques annes la
tarification lactivit dans les tablissements de sant.
Sur le plan politique, ladhsion au processus de Bologne12
labor le 19 Juin
1999 et sign par 27 pays Europens dont la France, visait la mise en place dun espace
europen de lenseignement suprieur pour 2010, autour de trois cycles : Licence,
Master, Doctorat (LMD), devant favoriser la mobilit des tudiants au sein de lunion
europenne par lacquisition dEuropean Crdits Transfert System (ECTS).
Au cur de ce dispositif, les professions de la sant, dans un contexte de baisse
significative de leffectif de mdecins, la volont dune meilleure collaboration entre les
divers acteurs de sant et lvolution des besoins et de loffre, ont d sadapter
lvolution de la construction des diplmes en France. La profession la plus concerne
et quantitativement la plus importante, celle dinfirmire, a fait lobjet de la mise en
place de cette rforme en 2009. Les autres professions de sant, dans la mme
mouvance de ces nouveaux besoins en sant, devraient dans un futur proche bnficier
de cette exprience.
Il me semble important ici de faire rfrence la modification des tudes Aides
Soignantes, qui dune formation dcernant un Certificat dAptitude aux Fonctions
dAide Soignante (CAFAS), ou un Diplme Professionnel dAide Soignante (DPAS),
dlivre, depuis 2007 un Diplme dEtat dAide Soignant 13
. Ce nouveau diplme
sacquiert lissue dune formation dlivrant des comptences, ou, par le biais de la
validation des acquis de lexprience. Il est tout fait possible de considrer que cette
12
http://www.mcesr.public.lu/enssup/dossiers/bologne/processus_bologne.pdf . Consultation en ligne du 22/12/2011 13
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte...arrt du 22 octobre 2005. Consultation en ligne du
28/12/2011
http://www.mcesr.public.lu/enssup/dossiers/bologne/processus_bologne.pdfhttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte...arrt
11
modification de la formation dAide Soignante a t un tremplin pour la formation
Infirmier.
Compte contenu de ce contexte politico-socio-conomique, comme le stipule
Marie Ange Coudray, la construction du nouveau diplme doit permettre de mieux
prparer lexercice du mtier et de dvelopper chez ltudiant des savoirs, des savoir-
faire et une pratique rflexive qui lui permettent dagir dans des situations
professionnelles nouvelles 14
.
14
Coudray, M-A, Gay, C, 2009, le dfi des comptences : comprendre et mettre en uvre la rforme des
tudes infirmires. Ed Elsevier-Masson, p.39
12
III : LAPPRENTISSAGE AU COURS DU TEMPS
3.1 : historique de lapprentissage
Il nous semble indispensable avant mme dentrer dans le vif du sujet de ce
mmoire, qui voque pour une partie lapprentissage den retracer son volution
travers le temps.
Ds la Prhistoire, la notion dapprentissage est prsente. LHomo sapiens,
cette poque produit dj des outils, des armes, des habitats, des vtements, afin de
pouvoir survivre et se dvelopper. Il transmettait ce savoir, ntait-ce pas dj une forme
primitive dapprentissage ?
Le Moyen ge :
Les artisans affranchis au IXme
sicle se regroupent pour former des
corporations trs hirarchises en apprentis, compagnon, matre.
Lapprentissage devient obligatoire au XIIIme
sicle, sa dure varie de six onze ans
selon le degr de qualification exig du futur compagnon. Cet apprentissage revt un
caractre trs puissant pour le matre dapprentissage. En effet durant cette priode, tous
les pouvoirs paternels sont confis ce matre dapprentissage, qui en contrepartie doit
nourrir, loger et habiller lapprenti. Il lui enseigne aussi au fil du temps les secrets de
son futur mtier. Aprs cette premire priode dapprentissage, sanctionn par des
preuves, lapprenti prte serment dobserver les statuts de la corporation, reoit son
pcule et devient compagnon. A ce stade, lapprenti compagnon pour tre reconnu par
ses pairs en qualit de matre, devra accomplir une priode de cinq ans en qualit de
novice et achever le mtier. Il est ici intressant de faire un parallle avec Patricia
Benner, qui dcrit dans son livre cinq stades correspondant au dveloppement de
comptences, qui sont : novice, dbutant, comptent, performant, expert 15
.
En deux sicles tout se prcipite, la formalisation et la mise en place de
lapprentissage prend corps.
15
Benner, P. 1995. De novice expert : Excellence en soins infirmier . Paris, Edition Masson, 253P.
13
Le 13 mars 1791 est vot la loi le Chapelier16
, qui met fin aux corporations et
apporte un changement dans lapprentissage d au bouleversement politico-conomique
suite la rvolution franaise. Cette priode de rvolution industrielle entrane la
dcadence de lapprentissage o les conditions de travail sont terribles (horaires, sant,
salaires). Les textes de loi mis en application sur ces conditions de travail ne sont pas
respects.
En 1851, la loi rglemente lapprentissage, mais les prises de positions sont
assez contradictoires, puisque le contrat rendu obligatoire peut cependant tre
simplement oral.
En 1881, conscutivement linsuffisance dencadrement sont crs sous
limpulsion de Jules FERRY des coles manuelles dapprentissage . Elles
marquent le dbut de scolarisation des apprentissages professionnels. Deux courants
sopposent en matire de formation professionnelle :
Le premier courant reprsentant le milieu patronal sous la tutelle du
ministre du commerce souhaite exclusivement prparer au mtier.
Le second courant sous la tutelle du ministre de linstruction publique
est partisan de lcole publique avec lide dun enseignement
technique thorique.
La premire moiti du XXme
sicle voit une rhabilitation de lapprentissage
grce une succession de textes de loi. Paralllement, lvolution et le dveloppement
des industries chimiques, lectroniques et lautomatisation rclament de la main-
duvre.
En 1919, la loi Astier17
du 25 Juillet pose le fondement juridique des cours
professionnels obligatoires gratuits, organiss par les municipalits, raison de 150
heures de cours denseignement thorique et gnral par an. Ils sadressent aux
adolescents dau moins 18 ans, avec ou sans contrat dapprentissage, proposent un
enseignement gnral et professionnel et permettent de prparer le CAP en trois ans
crs en 1905. La confusion entre enseignement technique et apprentissage demeure.
16
www.lexinter.net/lois/loi_du_14_juin_1791_(loi_le_chapelier).htm consultation en ligne du
25/02/2012 17
www.senat.fr ... Rapports Rapports lgislatifs. Consultation en ligne du 25/02/2012
http://www.lexinter.net/lois/loi_du_14_juin_1791_(loi_le_chapelier).htmhttp://www.google.fr/url?url=http://www.senat.fr/rapsen.html&rct=j&sa=X&ei=vRTKT6m4OIWE8gOwqbT4Dw&ved=0CF0Q6QUoADAA&q=loi+astier+1919&usg=AFQjCNE5PSxWWTNM_Hr1TqqNeElwKil6OQhttp://www.google.fr/url?url=http://www.senat.fr/leg/index.html&rct=j&sa=X&ei=vRTKT6m4OIWE8gOwqbT4Dw&ved=0CF4Q6QUoATAA&q=loi+astier+1919&usg=AFQjCNGaqxV_uGPJmbMZ7S7Wzdy9QmxtpA
14
Le 16 juillet 1925 sont crs les chambres de mtiers chargs entre autre de
lorganisation du contrle de la formation des apprentis.
En 1928 la loi sur lapprentissage impose un contrat crit, la frquentation
obligatoire des cours professionnels, une formation mthodique et complte assure
par le patron qui doit se comporter en bon pre de famille. Le terme formation est
introduit dans le vocabulaire lgislatif de lapprentissage.
En 1949, les centres dapprentissage sont intgrs lenseignement
technique pour devenir ensuite des collges denseignement technique, puis des lyces
professionnels. Ils font passer la formation aux mtiers par lcole. Lapprentissage
artisanal se dvalue. Peu peu sinstalle une fracture idologique, qui considre la
formation en entreprise comme visant lutilitarisme court terme.
Le 9 juillet 1970 est sign un accord interprofessionnel qui va inspirer les
importantes lois du 16 juillet 1971 dites loi Delors18
: loi dorientation sur
lenseignement technologique, loi relative la participation des employeurs au
financement des formations technologiques, loi sur lorganisation de la formation
continue, loi relative lapprentissage. Il sagit de la premire rforme importante dans
ce domaine pour tenter denrayer la baisse dramatique des effectifs.
La loi N 71-575 du 16 juillet 197119
, dite loi Guichard met en vidence une
vritable rforme du systme, avec un texte fondateur de lapprentissage moderne.
Lapprentissage est institutionnalis et scolaris dans les CFA. Le contrat
dapprentissage devient alors un contrat de travail. Cette loi va institutionnaliser
lapprentissage car elle transforme son rapport avec lentreprise et avec lenseignement
technique.
lapprentissage devient une filire dducation et de dbouch sur un
diplme. se former par lapprentissage, cest choisir une voie de
formation pour acqurir une qualification professionnelle sanctionne
par un diplme professionnel ou par certains titres finalit
professionnelle 20
.
18
www.vie-publique.fr/.../formation-professionnelle.../chronologie/ Consultation en ligne du
11/02/2012 19
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte...La loi N 71-575 du 16 juillet 1971 Consultation en ligne du 11/02/2012 20
www.education.gouv.fr Consultation en ligne du 11/02/2012
http://www.vie-publique.fr/.../formation-professionnelle.../chronologie/http://www.education.gouv.fr/
15
lapprenti est un jeune travailleur en formation, li par contrat
lentreprise et frquentant obligatoirement un CFA.
lapprentissage devient une filire de formation.
Il sagit donc dun contrat tripartite entre lapprenti, lentreprise et le centre de
formation. Lapprentissage et lalternance plus largement sont indispensables pour
adapter lenseignement thorique aux mtiers de demain.
A partir de la fin des annes 80, certaines lois et accords vont tre mis en place
pour favoriser lapprentissage
Le 7 janvier 1983 est vote la loi n83-8 sur la rgionalisation21
. Cest une
immense rvolution dans une France centralisatrice et Jacobine. Cette loi donne
comptence aux Rgions en matire dapprentissage. Ces dernires sintressent
rapidement cette filire de formation et vont lui apporter des moyens financiers
supplmentaires.
La loi N 87-572 du 23 juillet 198722
de Philippe Sguin ouvre lapprentissage
tous les diplmes et titres homologus de la voie professionnelle et technologique, et
consacre ainsi lapprentissage comme un systme de formation part entire. Il
sagit l, dune loi phare et fondatrice de lapprentissage moderne qui va changer le
regard port sur ce systme de formation.
Cette loi confirme lapprentissage comme voie de formation professionnelle base sur
une situation dalternance.
Elle ouvre le systme tous les niveaux de formation jusquaux formations
universitaires et au titre dingnieur.
Elle supprime lagrment pralable pour devenir matre dapprentissage.
Elle recule de 18 25 ans lge maximum de signature dun contrat
dapprentissage.
.
21
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte. Loi du 07 juillet 1983. Consultation en ligne du
11/02/2012 22
Ibid. Loi du 23 juillet 1987, consultation en ligne du 11/02/2012
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte
16
Le 10 novembre 1989 une convention internationale sur lenseignement
technique et professionnel est adopte : Les tats contractants conviennent que la
prsente convention sapplique toutes les formes et de tous les niveaux de
lenseignement technique et professionnel, quil soit dispens par les tablissements
denseignement dune part et des entreprises en rapport avec le monde du travail
dautre part.
Dautres accords europens mettent en vidence le dveloppement de
lapprentissage ouvert distance dans la communaut europenne en juin 1992. Une
rsolution du conseil europen du 23 novembre 2003 stipule : faire de lcole un lieu
dapprentissage ouvert pour prvenir et combattre le dcrochage scolaire et le malaise
des jeunes dfavoriss par leur inclusion sociale.
Dans ces annes 1980, lapprentissage en France ptira de cette image de
formation de Faible qualification. Pour pallier cette image, le gouvernement franais
entre 2000 et 2005 mettra en place des campagnes de dveloppement de lapprentissage.
La loi N 92-675 du 17 juillet 1992 complte celle de 1987 en autorisant les
tablissements publics former des apprentis et elle affirme que lapprentissage
concoure aux objectifs ducatifs de la nation 23
.
Cette loi vise amliorer la situation de lapprenti, accorde lagrment lentreprise au
lieu du matre dapprentissage, accrot le rle des partenaires sociaux, notamment dans
les branches professionnelles et ouvre lapprentissage aux services publics.
Lapprentissage va concerner essentiellement des formations manuelles et techniques
lies lartisanat et lindustrie.
Le 18 janvier 2005 en France, parat la loi de programmation de la cohsion
sociale24
. Cette loi a pour objectif de relancer lapprentissage dont les effectifs stagnent
autour de 360 000 apprentis depuis 2000.
En conclusion :
A travers les ges, la notion dapprentissage ne laisse pas indiffrent. Selon le
contexte politico-socio-conomique, de toute vidence, il apparat ncessaire de faire
23
Ibid. Loi du 17 juillet 1992, consultation en ligne du 11/02/2012 24
Ibid. Loi du 18 janvier 2005, consultation en ligne du 11/02/2012
17
voluer ce dispositif de formation, qui aujourdhui a toute sa place dans le monde du
travail. Les diffrents gouvernements Franais de ces trente dernires annes ont tous
cherch valoriser cette voie professionnalisante. Les accords Europens militent eux
aussi dans ce sens. Entre les tudiants nayant pas de diplme, ceux hyper diplms,
mais dans les deux cas sans exprience professionnelle, la formation par alternance et
de surcroit par apprentissage, semble tre un gage davenir pour entrer sur le
march de lemploi.
3.2 : le contrat dapprentissage
De quel type de contrat dapprentissage parlons-nous pour les soins infirmiers ?
Au fil de nos lectures, nous avons constat, quil ny a pas un type de contrat pour
aborder lapprentissage mais deux. En effet, selon le dispositif de formation, nous
parlerons de contrat dapprentissage ou de contrat de professionnalisation25
.
le contrat de professionnalisation sinscrit dans le cadre de la
formation professionnelle continue, il sadresse :
- aux jeunes gs de 16 25 ans rvolus, qui peuvent ainsi complter leur
formation initiale ;
- aux demandeurs demploi gs de 26 ans et plus, inscrits sur la liste des
demandeurs demploi gre par Ple emploi ; il est toutefois admis que les
personnes sortant dun contrat aid puissent tre recrutes en contrat de
professionnalisation sans se rinscrire sur cette liste ;
- aux bnficiaires du revenu de solidarit active (RSA), de lallocation de
solidarit spcifique (ASS) ou de lallocation aux adultes handicaps (AAH) ou
aux personnes ayant bnfici dun contrat unique dinsertion (CUI). Son
objectif : permettre ses bnficiaires dacqurir une qualification et favoriser
leur insertion ou leur rinsertion professionnelle ;
le contrat dapprentissage sinscrit quant lui dans le cadre de la
formation initiale..
25
http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr/informations-pratiques,89/fiches-pratiques,91/formation-
professionnelle,118/les-contrats-de-formation-en,1077.html . Consultation en ligne du 23/12/2011
http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr/informations-pratiques,89/fiches-pratiques,91/formation-professionnelle,118/les-contrats-de-formation-en,1077.htmlhttp://www.travail-emploi-sante.gouv.fr/informations-pratiques,89/fiches-pratiques,91/formation-professionnelle,118/les-contrats-de-formation-en,1077.html
18
- Il sadresse aux jeunes de 16 25 ans (des drogations cette limite dge sont
possibles dans certaines situations).
- Son objectif : lacquisition dun diplme de lenseignement professionnel ou
technologique ou dun titre rpertori.
- Tout au long de sa formation professionnelle, lapprenti est salari et bnficie
davantages particuliers lis son statut : congs pays, scurit sociale, carte
dtudiant en apprentissage. Dans lentreprise, lapprenti est suivi par un matre
dapprentissage qui lui transmet ses connaissances et son savoir-faire.
Dans le travail qui nous intresse, il sagit de ce second contrat. Les enjeux des
diffrents acteurs, impliqus dans ce partenariat vont tre dvelopps plus en dtail pour
mieux les comprendre.
3.2.1 : partenariat et engagement
Selon le droit du travail : Le contrat dapprentissage est un contrat de travail
type particulier dans lequel un employeur sengage, outre le versement des salaires,
assurer une formation professionnelle mthodique et complte sanctionne par un
diplme. Cette formation est dispense en partie dans lentreprise et pour partie dans
un centre de formation dapprentis (CFA) .26
Dans les deux premiers mois, le contrat peut tre rsili par lune ou lautre des
parties sans indemnit. Pass ce dlai, la rsiliation ne peut tre prononce que par le
conseil des prudhommes, en cas de faute grave ou dinaptitude de lapprenti exercer
le mtier auquel il voulait se prparer 27
.
Lapprentissage en gnral est une formation initiale en alternance qui concerne
les jeunes de 16 25 ans. Dans la Proposition 6.3 du livre blanc, il est envisag
d Introduire la possibilit de conclure un contrat d'apprentissage au del de l'ge
maximum de 25 ans 28
.
Cette formation facilite lentre dans le monde du travail en permettant la fois
dacqurir des comptences thoriques en Centre de Formation dApprentis (CFA),
26
Lobry, C. 19961997. Droit du travail et de scurit sociale, p106. 27
Ibid. p106. 28
www.pme.gouv.fr/grands-dossiers/livreblanc.pdf, P51, consultation en ligne du 20/04/2012
http://www.pme.gouv.fr/grands-dossiers/livreblanc.pdf
19
(dans le cadre qui nous intresse, il sagit dun IFSI) et des comptences pratiques en
entreprise.
Le jeune qui sinscrit dans cette alternative occupera une place part entire
dans lentreprise. Son temps de travail sera cependant amnag pour lui permettre de
suivre les apports thoriques. Dans ce contexte dapprentissage contractualis,
lapprenti est toujours accompagn par un matre dapprentissage.
Le prsident de la rpublique dans un discours sur lemploi des jeunes, tenu le
24 avril 2009 sur le campus de Volia environnement, expose en substance les mesures
prendre pour favoriser lapprentissage. dabord lalternance. Les contrats
dapprentissage et de professionnalisation sont lun des meilleurs moyens pour
sinsrer dans la vie active, puisque le taux daccs lemploi et de 70 % 29
.
Lors de ce discours, M Sarkozy a fix comme objectif le recrutement de 320 000
apprentis entre juin 2009 et juin 2010. cest pour lui un objectif ambitieux car les
entres en apprentissage ont chut de 25 % depuis le dbut de lanne 2009.
Dans le livre blanc L'apprentissage est un mode de formation qui met
l'entreprise au cur du dispositif. Un des buts de lalternance est de garantir aux jeunes
la meilleure apprhension des ralits d'un mtier associe des savoirs plus
acadmiques et de poursuivre, Il apparat donc fondamental de veiller ce que le
dispositif de lapprentissage respecte la ralit et les contraintes de lentreprise. Mais il
est tout aussi important quun souci de qualit prside la formation du jeune en
entreprise de manire garantir lefficacit du dispositif 30
.
Bon nombre de secteurs professionnels sont concerns par cet apprentissage.
Depuis quelques annes, quelques Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI)
permettent aussi aux Etudiants infirmiers de prtendre sinscrire dans ce contrat
dapprentissage par alternance. Les contrats d'apprentissage peuvent tre proposs sur la
2me et la 3me anne de formation, dans la mesure o ltudiant valid ses 60 ECTS
de premire anne, lui permettant de travailler comme Aide Soignant durant les
priodes hors stage.
29
www.elysee.fr : Les dossiers Emploi/Travail Emploi des jeunes, discours prsident de la Rpublique, campus
Volia, 17 juin 2003. Consultation en ligne du 15/05/012
30
Libre blanc, Op, cit, p19.
http://www.google.fr/url?url=http://www.elysee.fr/president/les-dossiers/les-dossiers.5.html&rct=j&sa=X&ei=vjCUT8OVM4yp8APJxsHVDw&sqi=2&ved=0CE8Q6QUoADAC&q=discours+president+republique+veolia+apprentissage&usg=AFQjCNHhNEP2lIJfIWtLTZYeH3PZ0IRHAQhttp://www.google.fr/url?url=http://www.elysee.fr/president/les-dossiers/emploi/travail/emploi-et-travail.7597.html&rct=j&sa=X&ei=vjCUT8OVM4yp8APJxsHVDw&sqi=2&ved=0CFAQ6QUoATAC&q=discours+president+republique+veolia+apprentissage&usg=AFQjCNHTPbUuuVrkMXLDyokA1qLz8Bzbkwhttp://www.google.fr/url?url=http://www.elysee.fr/president/les-dossiers/emploi/travail/emploi-des-jeunes/emploi-des-jeunes/emploi-des-jeunes.6119.html&rct=j&sa=X&ei=vjCUT8OVM4yp8APJxsHVDw&sqi=2&ved=0CFEQ6QUoAjAC&q=discours+president+republique+veolia+apprentissage&usg=AFQjCNHDEeljCnsPABpTLzprIlZT2xE5gg
20
Pour le moment, la ngociation entre les diffrents protagonistes porte
essentiellement sur laccompagnement en apprentissage pour la dernire anne de
formation seulement. De toute vidence, le cot financier de cette formation, et le retour
sur investissement de la part des tudiants, compte tenu de leur parcours de formation
quil faut donc amnager, ne favorise pas pour les tablissements de sant, ce jour, la
mise en place ce dispositif sur deux ans.
Quel est lintrt dun contrat dapprentissage en soins infirmiers ? Il est
ncessaire aujourdhui de dvelopper lapprentissage des mtiers de la sant afin de
donner aux tablissements hospitaliers la possibilit de former, dintgrer et de fidliser
leurs futurs infirmiers, dans un contexte de difficults de recrutement. De surcrot, ce
systme donne aux jeunes la possibilit de sengager dans une formation diplmante et
gratuite dbouchant sur un mtier davenir 31
.
3.2.2 : Le dispositif
Cette formation est organise dans le cadre administratif du CFA et assure par
les Instituts de Formation de Soins Infirmiers (I.F.S.I.) qui ont sign une convention
avec le CFA32
.
La formation pratique, place sous la responsabilit de l'I.F.S.I., est organise en
partie:
dans l'tablissement signataire du contrat d'apprentissage,
dans d'autres tablissements du secteur sanitaire et social.
Cette seconde option est tributaire de loffre de stage de ltablissement recevant
ltudiant.
3.2.3 : nature juridique
C'est un contrat de travail qui rpond aux mmes rgles qu'un contrat dure
dtermine. Il comporte une priode d'essai de deux mois. Au terme de celle-ci, il est
impossible, pour chacune des parties, d'interrompre le contrat d'apprentissage.
31
La revus de linfirmire N 171 Mai 2011 p43-44 32
http://www.cfa-sante.fr/index.php?page=contrat: DE infirmier, le contrat dapprentissage : Consultation
en ligne du 23/12/2011
http://www.cfa-sante.fr/index.php?page=contrat
21
L'employeur s'engage par contrat, outre le versement d'un salaire, assurer l'apprenti
une formation professionnelle et gnrale, dispense pour partie en entreprise et pour
partie au CFA.
3.2.4 : la forme
Le contrat fait l'objet d'un crit sign par l'employeur, l'apprenti et le directeur du
CFA qui le transmet la Direction Dpartementale du travail de lemploi et de la
Formation Professionnelle (DDTEFP), pour enregistrement. Le contrat d'apprentissage
doit tre sign au plus tt 3 mois avant le dbut officiel de la date d'entre en formation
et au plus tard 3 mois aprs.
3.2.5 : Le CFA
Dans sa forme gnrale, selon larticle L116.1 du code du travail, le CFA dispense
aux jeunes travailleurs sous contrat dapprentissage une formation gnrale.
Le CFA selon larticle L 115.1 & L 116.1.1 peut passer convention avec des
tablissements denseignement publics privs sous contrat, ou dautres types pour leur
faire assurer tout ou partie les enseignements 33
.
Il est lorganisme de rfrence, dpositaire du contrat dapprentissage tablit par
ltablissement hospitalier et sign par lapprenti. Il sengage :
- prsenter lapprentissage auprs des tudiants des IFSI partenaires ;
- promouvoir lapprentissage auprs des tablissements de sant et identifier leurs
besoins ;
- mettre en lien les candidats et les employeurs ;
- centraliser les dmarches administratives ;
- effectuer un suivi qualitatif de chaque apprenti ;
- assurer des journes de formation pour les matres dapprentissage afin de les
aider russir laccueil et lintgration des apprentis, participer efficacement la
professionnalisation, intgrer et fidliser les futurs professionnels.
3.2.6 : LIFSI
33
www.legifrance.gouv.fr/UnArticleDeCode.do?code=CTRAVAIL article L 115.1 & 116.11 Consultation en ligne du 23/03/2012
http://www.legifrance.gouv.fr/UnArticleDeCode.do?code=CTRAVAIL
22
Il est reprsent par son directeur qui propose un formateur rfrent.
Le formateur rfrent de ltudiant, en collaboration avec le matre de stage,
sengage :
- organiser le parcours de stage de lapprenti, en tenant compte des diffrents types
de stage rpertoris dans ltablissement hospitalier (soins de courte dure, soins en
psychiatrie et sant mentale, soins de longue dure et soins de suite et de radaptation,
soin sur les lieux de vie) ds lors que celui-ci prsente une offre de soins adapte la
mise en uvre et la validation des lments des comptences requises dans le
rfrentiel de formation.
-raliser un suivi personnalis de ltudiant dans laccompagnement de son dispositif
dapprentissage
-effectuer un suivi du dossier dvaluation et dattribution des ECTS par le formateur
rfrent apprentissage
-effectuer des rgulations collectives du groupe Apprentis
3.2.7 : ltablissement de sant
Il peut tre public ou priv. En effet, tout tablissement de sant dsirant recruter
court terme un nouveau professionnel infirmier peut passer une convention pour
accompagner un tudiant dans ce dispositif de formation.
Lun des lments incontournable lapprentissage est le matre
dapprentissage. Larticle L 117.4 stipule que : dans le cadre du contrat
dapprentissage, la personne directement responsable de la formation de lapprenti et
assumant la fonction de tuteur est nomme matre dapprentissage 34
.
Il apparat dabord ncessaire de reconnatre la fonction formatrice de l'entreprise et
le rle du matre d'apprentissage 35
, discours issu du livre blanc qui est suivi de
largumentaire En contre partie, il pourrait se voir imposer l'obligation de suivre une
courte formation pdagogique et relationnelle (proposition 9.2). Un bon professionnel
peut ne pas tre, de faon inne, un bon formateur et il peut tre utile de lui montrer
comment une situation de travail peut devenir le vecteur dun transfert de comptence
et de savoir-faire 36
.
34
Ibid. article L 117.4, consultation en ligne du 23/03/2012 35
Libre blanc, op.cit, p19. 36
Ibid. p 19.
23
Il ressort de lentretien effectu auprs dun directeur dIFSI, qui a initi
lapprentissage, dans une rgion de France G3 (32-36) que : les tablissements privs
et publics ont des besoins importants dinfirmiers. Bien videmment il faut savoir quil
ny a pas pnurie mais ici que les tablissements privs ne sont pas prioriss au niveau
de lembauche .. en effet les hpitaux de ville nont pas de problmes de recrutement,
de par leur attractivit, mais les cliniques prives, les hpitaux locaux ont des soucis de
recrutement 37
.
Les intrts pour ltablissement de sant sont multiples :
il a un intrt recruter des tudiants en soins infirmiers de deuxime
anne parce quils ont le statut daide soignant, et de fait, peuvent
travailler durant les priodes de vacances scolaires condition de respecter
les 5 semaines de congs annuels.
les stages de formation se ralisent au maximum dans ltablissement
employeur, sous couvert de respecter les 4 domaines de stages prvus,
reprsentatifs de familles de situations 38
.
il peroit une aide financire par les organismes collecteurs de la taxe
d'apprentissage (OCTA), le Conseil Rgional et a des allgements de
charges patronales par rapport aux salaires.
ltudiant a une connaissance de ltablissement, de lorganisation, des
services, et est dont plus rapidement oprationnel.
Il sagit donc l, pour ltablissement de chercher fidliser ltudiant pour
lui permettre ensuite dtre au sortir de la formation oprationnel .
Il a y cependant toujours une contre partie. Celle ci est contributive du risque
que ltudiant ne donne pas suite son embauche en fin de formation car, comme le
prcise le directeur dIFSI interview en effet il ny a pas dobligation lgale
dengagement, on ne peut pas forcer ltudiant rester. Cest seulement un engagement
moral, la nature du contrat ne joue en rien 39
.
3.2.8 : ltudiant ou apprenti
37
Annexe II, ligne 35-38 38
Recueil des principaux textes relatifs la formation prparant au diplme dEtat et lexercice de la
profession, Edition SEDI, Juin 2010, p 80 39
Annexe II, op.cit, ligne 66-67
24
Dans la formation par apprentissage, ltudiant, appel trs souvent apprenant est
au centre du dispositif, car cest lui qui doit apprendre. Il devra donc combiner et
apporter au quotidien (grce aux apports thoriques et la mise en uvre sur le terrain),
la preuve de : savoirs, savoirs faire, savoir tre, savoir agir mais aussi du faire savoir.
En quoi ltudiant apprenti trouve t-il une raison sinscrire dans
lapprentissage ?
Ltudiant apprenti est en quelque sorte un tudiant privilgi, comme nous lexplique
de nouveau le directeur dIFSI : Premirement cest une aide financire durant la
troisime anne, faut pas rver ils sont tous en difficult. Deuximement ils sont sur
dun emploi si ltablissement leur convient ce qui est un atout, videmment cest un
contrat moral, des tablissements disent OK on vous paye, mais restez chez nous. Les
patrons partent du principe que les professionnels ont des valeurs et ils comptent sur
ces valeurs 40
.
Il donne enfin un autre point de vue sur ce dispositif : Il a un accompagnement bien
plus important que les autres tudiants, centr sur lencadrement puisquil a des tuteurs
ddis lun de terrain et lautre de lIFSI, ce qui au final doit tre un plus pour le
diplme 41
.
En rfrence au contexte politico-socio-conomique, et comme cit
prcdemment par le directeur dIFSI, les tablissements privs et publics locaux
cherchent anticiper le recrutement. Pour lapprenti cest loccasion de faire ses
preuves, de se familiariser avec le monde de lentreprise, davoir des repres stables au
sein de lentreprise quil connat. Cest aussi pouvoir dmontrer ses aptitudes, capacits
professionnelles en devenir ds lors que le suivi est plus personnalis.
Dans un contexte o bon nombre dtudiants sont en situation de prcarit, et
doivent souvent effectuer des petits boulots pour vivre, de toute vidence, une
rentre dargent rgulire non ngligeable en dernire anne de formation permet
lapprenti de garantir sa fin de formation et sa prsentation au diplme dtat.
L'apprenti peroit un salaire correspondant un pourcentage du SMIC dtermin en
fonction de son ge et de sa progression dans le cycle de formation. le tableau ci-
40
Ibid. ligne 97-101 41
Ibid. ligne 105-106
25
dessous42
rfrence la rmunration brute minimale mensuelle, en fonction des ges et
des annes de formation de lapprenant.
Sur la base d'un temps plein : 151,67 heures
- de 18 ans 18-20 ans 21 ans et plus
1re
anne 349,59 573,33 741,14
2me
anne 517,40 685,20 853,01
3me
anne 741,14 908,94 1090,73
Dans la formation en apprentissage des soins infirmiers, lapprenti de troisime
anne est rmunr sur la base de la seconde Anne, puisquil nobtient son diplme
dAide-Soignant, qua son passage en seconde Anne.
Dautres avantages financiers peuvent avoir un rle dans le choix de ltudiant :
- le remboursement des frais de dplacement que ce soit en stage comme
en cours.
- une carte nationale dapprenti qui lui est attribue favorisant des tarifs
prfrentiels (cette carte, annuelle, valable sur l'ensemble du territoire,
doit tre dlivre l'apprenti par le CFA qui assure sa formation).
Conforme un modle type, elle permet l'apprenti de faire valoir la
spcificit de son statut auprs des tiers, notamment en vue de bnficier,
le cas chant, de rductions tarifaires (cinma, sports, restaurants
universitaires). Elle est issue de la proposition 8.1 du livre blanc
Crer une carte d'apprenti ouvrant des droits et avantages comparables
ceux dont bnficient les tudiants 43
3.2.9 : les engagements
Ils sont tablis de deux sortes :
1/ Conclu entre ltablissement employeur et ltudiant.
42
http://www.travail-emploi-sant.gouv.fr vosdroits.service-public.fr/F10032.xhtml. Consultation en
ligne du 23/03/2012 43
Livre blanc, op.cit, p59.
http://www.travail-emploi-sant.gouv.fr/
26
Ltudiant est salari de lentreprise qui lui verse un salaire en change dun
temps de travail. Cet engagement ne peut avoir de valeur juridique sans la prsence dun
CFA seul habilit coordonner lapprentissage.
Les deux premiers mois de travail sont considrs comme une priode d'essai
pendant laquelle le contrat peut tre rompu par l'apprenti ou l'employeur. Aprs cette
priode probatoire, la rupture du contrat ncessite l'accord des deux parties ou doit tre
motive par une faute grave (faute professionnelle ou absences de l'apprenti, non respect
de la lgislation du travail par l'employeur).
Le contrat comporte obligatoirement une formation qui est donne la fois en
entreprise et dans un centre de formation d'apprentis. Lapprenti est tenu dtre prsent
tous les cours mme ceux dispenss en Cours Magistraux.
L'apprenti est plac sous la responsabilit d'un matre d'apprentissage choisi en
fonction de ses connaissances professionnelles et qui a reu une formation au tutorat. Le
matre d'apprentissage accompagne l'apprenti tout au long de sa formation pour lui
transmettre ses connaissances et savoir-faire. Il est en relation avec le centre de
formation d'apprentis.
2/ conclu entre ltudiant et lIFSI :
LIFSI sengage nommer un formateur rfrent.
Il accompagnera ltudiant dans son processus dapprentissage, en effectuant
toute visite de stage, quelque que soit le lieu de celui-ci.
Il sera et aura un lien privilgi entre ltudiant et le terrain de stage.
Il aura aussi la responsabilit de tous les suivis pdagogiques de ltudiant,
quils soient individuels ou collectifs.
Il accompagnera galement ltudiant apprenti dans son travail de recherche
sanctionnant lun des lments de comptence validant le diplme dtat
Infirmier.
La contextualisation les diffrents lments intervenants dans la dmarche de
formation par contrat dapprentissage, permet de dvelopper le concept en lui-
mme.
27
DEUXIEME PARTIE
I : APPRENTISSAGE
Quelles sont les dfinitions se rapportant ce concept ?
1.1 : DEFINITIONS
1.1.1 : apprendre
Olivier Reboul nous rappelle que le mot apprendre en Franais signifie la
fois sinstruire et instruire . Il nous interpelle sur le fait quil ny a peut-tre
pas dopposition absolue entre celui qui instruit et celui qui sinstruit . Il peut
parfois sagir dun mme homme 44
.
Il dcline galement trois sens du verbe apprendre : apprendre que, qui fait
de lacte apprendre un acte dinformation, de renseignements apprendre ,
cest--dire dacqurir un savoir-faire, un apprentissage apprendre, signifie
une activit dont le rsultat est le fait de comprendre quelque chose 45
.
Une autre dfinition du verbe apprendre nous est donne dans le dictionnaire de
pdagogie apprendre peut signifier : enseigner, apprendre quelque chose
quelquun, linformer ou bien : se renseigner, apprendre une information
nouvelle, acqurir une connaissance ou bien encore : sefforcer de savoir-
faire, deffectuer une tache 46
.
Dans cette mme dfinition il est dit que lemploi du verbe apprendre est
plus large et plus complet que celui d apprentissage . Quapprendre
sarticule sur la logique des savoirs, les capacits cognitives et lorganisation
des activits lcole .
Selon le dictionnaire Larousse encyclopdique, apprendre (vient du latin
apprehendere qui signifie saisir, prendre), cest acqurir par ltude, par la
pratique, par lexprience, une connaissance, un savoir-faire, quelque chose
44
Reboul, O. 1980. Education et formation, quest ce quapprendre ? PUF Edition, p.9 45
Ibid. p.9 46
La Borderie, R. Morandi, F. 2006, Dictionnaire de pdagogie, ducation en poche, 120 Notions cls,
320 Entres. Edition Nathan, p.74
28
dutile . Ce peut tre aussi enseigner quelquun quelque chose, lui faire
acqurir une connaissance, un savoir-faire, une exprience 47
.
Dans le mme registre, Jean-Pierre Gat, (Enseignant-Chercheur, matre de
confrences Sciences de l'ducation) dans lABC de la VAE donne cette
dfinition : Apprendre (du latin apprehendere, prendre, saisir) signifie :
acqurir une conduite nouvelle ou sapproprier un savoir nouveau. Il dsigne
essentiellement un processus de changement qui suppose la mobilisation dactes
mentaux et la mdiation dun tiers 48
Grce ces dfinitions dapprendre, nous pouvons retenir quil existe des notions
essentielles de : savoir, savoir-faire, mais aussi de capacits cognitives.
1.1.2 : apprentissage
Le dictionnaire Larousse encyclopdique nous dit quil sagit : dun ensemble
des processus de mmorisation mis en uvre par lanimal ou lhomme pour
laborer ou modifier des schmes comportementaux spcifiques sous linfluence
de son environnement et de son exprience , mais aussi dune : formation
professionnelle des jeunes en vue dapprendre un mtier ; temps pendant lequel
on est apprenti 49
.
Le dictionnaire de pdagogie quant lui donne cette dfinition :
Lapprentissage est une des caractristiques de laction et de la pense
humaine : la facult de sadapter et de modifier son comportement pour
acqurir des conduites et des connaissances nouvelles permettant dagir dans le
monde et sur ces propres reprsentation . Il nous dit galement dans un autre
sens que ce terme dsigne : lapprentissage dun mtier, et une priode de
transition, dessai . il rajoute que le terme dapprentissage pris dans le sens
de processus dacquisition est lobjet de diffrentes thories cognitives,
psychologiques et sociales 50
.
47
www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprendre/4746. Consultation en ligne du 05/03/2012 48
Gat, J-P. 2009, in Jean-Pierre Boutinet , L'ABC de la VAE, ERES Edition,, p.79 49
Ibid. www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprentissage/4748. Consultation en ligne le 05/03/2012 50
Dictionnaire de pdagogie, 2006, op.cit. p 78
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprendre/4746http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprentissage/4748
29
Les dfinitions de ces deux dictionnaires sont complmentaires et dmontrent
que lapprentissage est un processus dacquisition de nouvelles connaissances prenant
en compte lenvironnement dans lequel il lieu et le comportement de lapprenti.
Olivier Reboul, pour dfinir lapprentissage prend appui sur la thorie
dapprentissage mise en vidence par Pavlov et le Bhaviorisme.
Pour dfinir lapprentissage, il sappuie sur la dfinition de Landsheere (1979)
processus deffet plus ou moins durable dans lequel des comportements
nouveaux sont acquis des comportements dj prsents sont modifis en
interaction avec le milieu o lenvironnement 51
. Cependant pour lui un
lment essentiel semble manquant qui permet de distinguer lappris et acquis.
Il dfinit donc lapprentissage comme lacquisition dun savoir-faire, cest--
dire dune conduite utile au sujet ou dautres que lui, et quil peut reproduire
volont si la situation sy prte . Il rajoute que cette dfinition vaut aussi
bien pour le savoir-faire du chien qui a appris rapporter que pour celui de
lescrimeur ou du joueur dchecs 52
. Nous reviendrons ultrieurement sur cette
dernire rflexion dans lapprentissage animal ou humain
Le lgislateur, dpasse ce niveau de lecture en dclinant lapprentissage comme
une formation en alternance permettant une qualification professionnelle.
lapprentissage est dfini au titre de larticle L.115-1. du code du travail
comme : une forme dducation alterne. Il a pour but de donner des jeunes
travailleurs ayant satisfait lobligation scolaire une formation gnrale,
thorique et pratique, en vue de lobtention dune qualification professionnelle
sanctionne par un diplme de lenseignement professionnel ou technologique
du second degr ou du suprieur ou un ou plusieurs titres homologus 53
.
A travers ces dfinitions, nous mettons donc en vidence que lapprentissage
permet au regard de la pense et des actions qui en dcoulent, de modifier le
comportement humain, favorisant lacquisition de nouveaux savoir-faire, en vue dune
qualification professionnelle.
51
Reboul, O, 1980, op.cit. p40 52
Ibid. p 41 53
www.legifrance.gouv.fr, consultation en ligne du 05/03/2012
http://www.legifrance.fr/
30
1.1.3 : Apprenti ou apprenant:
Pour le Larousse encyclopdique, lapprenti (vient du latin populaire
apprendicitius et du latin classique apprendere), il est : celui, celle qui
apprend un mtier, une technique sur la direction dun contrematre, un
instructeur . Cest aussi : celui, celle qui sinitie une activit et qui na pas
encore acquis lexprience ncessaire 54
.
Le dictionnaire voque lapprenti en initiation. Jean Pierre Gat parle lui dun
apprenant engag.
Il est de plus en plus courant, aujourdhui, de dsigner par le terme
dapprenant tout sujet engag dans une situation dapprentissage, que celle-ci
vise lacquisition dun savoir, dun savoir-faire ou encore dun savoir tre et ce,
quel que soit lge de celui qui apprend 55
.
Catherine Mathey-Pierre, positionne quant a elle lapprenant comme principal acteur.
Dans le dictionnaire encyclopdique de lducation et de la formation,
lapprenant est le centre et le principal acteur de ce processus (alternance)
dintgration des savoirs 56
.
Lapprenti est bien au centre du dispositif, son engagement doit lui permettre
dacqurir les diffrents savoirs en vue de sa professionnalisation.
1.2 : Thories de lApprentissage : Diffrents courants de pense
Lapprentissage, tant ancestral, il parait donc vident que les courants de
penses qui y sont lis remontent eux aussi lantiquit. Toutes les tapes de cette
volution sont schmatises par Pauline Minier57
(Directrice du programme dtude
du troisime cycle en ducation (doctorat) et Directrice du consortium rgional de
recherche en ducation (CRRE). Nous nous intresserons aux thories de ces dernires
dcennies.
54
www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprenti_apprentie/4747, consultation en ligne du 20/03/2012 55
Gat, J-P. 2009, op.cit, p35. 56
Champy, P. Etv, C. (dir de rdaction) 1994, Dictionnaire encyclopdique de lducation et de la
formation, Edition Nathan, p 63. 57
Annexe III
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprenti_apprentie/4747
31
Comme le schma le montre, un grand nombre de thories se sont surtout
dveloppes depuis la fin du IXXme
sicle. Celles dveloppes depuis le dbut du
XXme
sicle, et principalement le Bhaviorisme, le Constructivisme, le Cognitivisme
et le Socioconstructivisme font rfrence ltre humain partir dexpriences sur
lanimal. Le lien avec lapprentissage moderne suscite, un intrt mais ncessite un
reprage dans son volution.
1.2.1 : Le structuralisme
Pour mieux comprendre lintrt port lapprentissage par la physiologie et la
psychologie, partie du XXme
sicle, Stphane Boucheron explique quavant cette
priode longtemps lapprentissage na pas fait question. Il appartenait au domaine du
bien connu. Ctait surtout le temps de lacquisition dun mtier et la notion commune
dapprentissage semblait une connaissance suffisante pour un phnomne familier,
comme si la rptition suffisait en rendre raison 58
.
Serge Nicolas et Ludovic Ferrand, rappellent que deux pays ont t lorigine
du dveloppement des plus grands courants thoriques de la psychologie scientifique
contemporaine . Il sagit de lAllemagne et des Etats-Unis, et cest lAllemagne qui a
jou un rle essentiel dans ltablissement de lautonomie de la psychologie 59
.
Pour bien comprendre le contexte intellectuel dans lequel la psychologie
scientifique a pu se dvelopper, Serge Nicolas et Ludovic Ferrand nous renvoient au
courant structuraliste de Wundt et de Titchener. Wundt propose la constitution
officielle dune nouvelle science quil nomme la psychologie exprimentale .
Titchener, quant lui, sintresse la structure du contenu mental et laisse dans
lombre ltude du fonctionnement de la pense 60
. Les auteurs mettent en vidence les
diffrences entre ces deux psychologues les diffrences (.) se situent essentiellement
au niveau de la mthode de la thorie et de la philosophie de la psychologie 61
.
Nous allons ci-dessous schmatiser par un tableau ce qui les oppose selon
Nicolas et Ferrand.
58
Boucheron, S. 1992, thorie de lapprentissage : de lapproche formelle aux enjeux cognitifs, Paris,
ditions dHerms, p.11 59
Nicolas, S. Ferrand, L. 2009, les Grands courants de la psychologie moderne et contemporaine :
histoire documentaire des systmes et coles de psychologie, collection portefeuille, dition de Boeck
universit, Bruxelles, p.7 60
Ibid. p.9 61
Ibid. p 11
32
Wundt Titchener
Mthodologie Met laccent sur
lexprimentation dans la
psychologie individuelle des
processus de conscience
Les lments psychiques sont de
deus ordres :
-les sensations lies lobjet
- les sentiments lis au sujet
Utilise la mthode dintrospection
exprimentale analytique.
Mise en vidence des sensations
lmentaires :
- qualit
- intensit
- clart
- dure
Thorie Psychologie explicative
Psychologie descriptive
philosophie Pour quune psychologie soit
complte elle doit inclure :
-La psychologie exprimentale
de lindividu pour ltude directe
de phnomnes mentaux
externes.
-la socio psychologie du groupe
pour ltude indirecte de
phnomnes mentaux internes.
Ignorance de la socio-psychologie
de groupe
Un autre courant qui succde celui du structuralisme est celui du fonctionnalisme.
1.2.2 : Le fonctionnalisme
Les auteurs, prcdemment cits, prcisent : celui considr comme lacteur
principal de cette psychologie scientifique est William James, qui dveloppe lide
dune psychologie considre comme la science de la vie mentale . Pour lui, la
conscience est plutt considre comme un flot continu, une proprit de lesprit en
interaction continuelle avec son environnement 62
.
62
Ibid. p.35
33
Ils posent aussi le fait que la thse principale du fonctionnalisme amricain est
que lactivit est la condition sine qua non de ladaptation de lespce. Les processus
mentaux doivent tre considrs comme fournissant la cl de lapprentissage 63
.
1.2.3 : Le Bhaviorisme
Le courant Bhavioriste est aussi appel comportementaliste. Cest
principalement Ivan Pavlov et ses travaux pratiques sur lanimal, que le
Bhaviorisme doit sa renomme.
Lexemple du conditionnement de la salivation du chien au son dune clochette
reprsentant de la nourriture64
en est lillustration.
Dans un premier temps
Le Stimulus Inconditionnel SI ======= Rponse Inconditionnelle R I
Nourriture salivation
Dans un second temps
Le Stimulus Neutre SN : la cloche ======= SN + SI = RI
Dans un troisime temps
Le Stimulus Conditionnel SC ========== Rponse Conditionnelle RC
La cloche la salivation
Pour Paul Fraise & Jean Piaget la notion de base dont part Pavlov est celle de rflexe
quil dfinit de la faon suivante : toute activit de lorganisme est une rponse rgie
par des lois, laction dun agent dtermin du monde extrieur 65
.
Gilbert Longhi expose le courant Bhaviorisme comme limitant lobjet de la
pdagogie aux comportements observables, enregistrables et mesurables 66
.
Dans le courant Bhavioriste, la relation de cause effet Stimulus-Rponse est
omni prsente.
Plusieurs expriences sont ainsi menes :
Thorndike (Edward), cre une situation d'apprentissage avec des botes-
problmes, dispositif dans lequel est enferm un animal et dont il ne peut sortir qu'en
63
Ibid. p.37 64
Annexe IV 65
Fraise, P-Piaget, J. trait de psychologie exprimentale, 1964, p 5. 66
Longhi, G. dictionnaire de lducation, 2009, P 107
34
faisant une manipulation dtermine, qu'il doit dcouvrir en ttonnant. Il sagit dun
apprentissage par essai-erreur. Cet apprentissage se nomme aussi la loi de
Thorndike . Les auteurs Nicolas et Ferrand nous en donnent lexplication suivante :
lapprentissage consiste dans llaboration dune nouvelle liaison sensori-motrice de
type stimulus-rponse (S-R), lorsque se constitue une connexion nouvelle de type S-R, et
que cette connexion a pour effet le succs de la satisfaction, la force de la connexion est
accrue 67
.
En dautres termes, pour Thorndike, La connexion entre le stimulus et la rponse est
soit renforce, soit affaiblie en fonction de ses consquences.
Tout acte qui, dans une situation donne, produit de la satisfaction a plus de
chances de se reproduire si une situation analogue survient nouveau.
Inversement, tout acte ayant produit de la non satisfaction dans une situation
dtermine aura tendance disparatre si cette situation se reprsente
ultrieurement.
Un autre type dexprience du conditionnement a t formalis par Skinner
(Burrhus, Frdric). Pour lui, travers ce qui sera nomm la Boite Skinner
lvidence est mise sur un nouveau type de comportement, comme nous le prcisent de
nouveau Nicolas et Ferrand dans ce nouveau type de conditionnement, et
contrairement celui de Pavlov, le sujet est actif. Une rponse R motrice qui apparat
de temps en temps lorsque le sujet est face un stimulus S va tre slectionn au moyen
dun agent renforateur qui survient ds que la R choisie est donne pour ce S 68
.
Ci-dessous un tableau schmatisant cette exprience.
Stimulus Stimulus
Ajout Retrait
Augmentation de la
frquence du comportement
Renforcement Positif Renforcement Ngatif
Diminution de la Frquence
du comportement
Punition Positive Punition Ngative
67
Nicolas, S. Ferrand, L. 2009, op.cit, P 57. 68
Ibid. P. 59
35
John Broadus Watson, par ses travaux sur une enfant de 18 mois, a t considr
comme le pre du Bhaviorisme. Il effectue sur cet enfant un conditionnement par la
peur.
Comme lcrivent toujours ces deux mmes auteurs Watson fut le reprsentant
dun Bhaviorisme radical exposant un point de vue selon lequel le milieu a une plus
grande importance que lhrdit ou la constitution de lindividu pour la dtermination
du comportement 69
. Ils reprennent une de ses publications suite son exprience avec
cet enfant, donnez moi une douzaine denfants bien-portants, bien conforms et mon
propre milieu spcifique pour les lever et je garantis de prendre chacun au hasard et
den faire nimporte quel type de spcialiste existant () sans tenir compte de ses
talents, penchants, tendances, capacits, de sa vocation ni de la race de ses
anctres 70
.
Le Bhaviorisme pour nos deux auteurs, bien que portant essentiellement sur
des expriences animales, ont largement t par la suite appliqu aux Hommes. Selon
eux : les principes Bhavioristes ont permis une approche plus humaine de
lducation des enfants, de nouvelles thrapies pour les troubles du comportement et
des ides de modles de communaut utopiques 71
.
1.2.4 : Le Constructivisme
Jennifer Kerzil dans lABC de la VAE stipule que : le constructivisme est une
thorie de lapprentissage fonde sur lide que la connaissance est labore par
lapprenant sur la base dune activit mentale. Cette thorie repose sur lhypothse
selon laquelle, en rflchissant sur nos expriences, nous construisons et
dconstruisons notre propre vision du monde dans lequel nous vivons 72
.
Le constructivisme vu par Gilbert Longhi, cite les quatre grandes figures de ce
courant psychologique que sont Bachelard, Bruner, Piaget et Vygotsky. Pour lui le
constructivisme est : lenseignement qui doit comprendre le processus psychique de
lapprentissage (cognition). Pour proposer de nouvelles connaissances, il utilise le
substrat intellectuel dont dispose dj llve qui devient acteur de son instruction 73
.
69
Ibid. P. 58. 70
Ibid. P. 58 71
Ibid. P. 60. 72
LABC de la VAE, 2009, op.cit, p112. 73
Longhi, G. dictionnaire de lducation, 2009, op.cit, p 107.
36
De toute vidence, celui qui a le plus marqu lhistoire du courant
constructivisme est sans conteste Jean Piaget. Psychologue et pdagogue, ses travaux
portent essentiellement sur le dveloppement biologique de ltre humain et plus
prcisment sur la construction du dveloppement intellectuel de lenfant.
Grce ses exprimentations, il distingue quatre priodes regroupes en deux
grands stades subdiviss en sous stades, dont nous vous proposons ci-aprs un tableau.
2ans 4 ans 5 ans 7-8 ans 9-10 ans 12ans
Stade pr opratoire stade oprations concrtes
Dans le livre lEsprit Piagtien, Jacqueline Bideaud rappelle que ce qui a
passionnment intress Piaget, cest la fameuse question pistmologique de
laccroissement infini des connaissances dans lhistoire des sciences 74
. Pour rpondre
cela Piaget y mettait trois conditions :
- tudier le dveloppement historique des connaissance.
- procder une analyse de lintelligence qui permette de mieux connatre
les instruments logico-mathmatiques dont elle dispose.
- tudier le dveloppement de ces instruments l ou on peut le faire dans
un raccourci saisissant, cest dire chez lenfant.
74
Houd, O. Meljac, C. 2000, (sous la direction de) lesprit Piagtien, hommage international Jean
Piaget, 2000, p 9.
Dbut de la
reprsentation
Intuitions
primaires
Reprsentations
articules
Oprations
concrtes
simples
Oprations
concrtes
complexes
Jeux
symboliques
Pr concepts
Transduction
Configurations
statiques
Egocentrisme
Ralisme
Intuitions
Articules
Dbut de
rgulation
Oprations
logico-
arithmtiques
Classification
Sriation
Nombres
Oprations
spatiotemporelles
complexes
Poids-Volume
Mesure
37
Dans sa revue qubcoise, Domenico Masciotra, (consultant international en
ducation et formation) nous renvoie la thorie Piagtienne, dite thorie de
lquilibration. Il revient au pralable sur le constructivisme, prcisant quil
sagit : dune posture pistmologique qui prtend quune personne dveloppe son
intelligence et construit ses connaissances en action et en situation et par la rflexion
sur laction et ses rsultats . Il prcise que le constructivisme est une thorie du
connatre (actif) plus quune thorie de la connaissance (passif), parce que laction est
le moteur du dveloppement cognitif 75
.
Selon lauteur deux grands principes rsument le constructivisme :
le premier principe consiste considrer que tout apprentissage se ralise
partir de ses connaissances antrieures .
le second que tout apprentissage repose sur la transformation de ses
connaissances antrieures .
A partir de ces principes, apprendre, cest assimiler et saccommoder. Toujours daprs
lauteur la premire tape dassimilation permet de transformer les connaissances
nouvelles par rapport ses connaissances anciennes .
Assimiler cest aussi apprendre, et pour apprendre il faut pralablement
transformer la nouveaut et lexprimer dans ses propres termes . Il y a donc ici une
notion non ngligeable dappropriation personnelle.
Saccommoder, cest diffrencier ses connaissances antrieures et les
rorganiser. De plus une personne donne du sens une situation en lassimilant ses
structures cognitives . Il y a ici la notion de connaissances transformer, transfrer.
Lauteur explique finalement que tout apprentissage rsulte dun processus
dquilibration entre lassimilation et laccommodation .
John Flavell, reprenant le modle dassimilation-accommodation, de Piaget,
stipule que ce modle nous permet de concevoir le dveloppement cognitif comme un
processus graduel dacquisition structurale et de changement dans lequel toute
75
www.mels.gouv.qc.ca/sections/viepedagogique/.../143/vp143. Masciotra, D. Vie pratique N 143, p 48
52. Consultation en ligne le 20/03/2012.
38
structure mentale nouvelle nat de celle qui la prcde au moyen de lopration
continue dassimilation et dadaptation 76
.
Il prcise par ailleurs que le processus dquilibration comporte trois tapes
majeures celles-ci sont donc :
- lquilibre cognitif un niveau dveloppemental donn,
- le dsquilibre cognitif produit par la prise de conscience de phnomnes
nigmatiques, contradictoires, dissonants ou encore inassimilables, que
lon navait pas remarqus jusqualors.
- Lquilibration ou r quilibration cognitive un niveau
dveloppemental suprieur, comme rsultats dune re conceptualisation
du problme de manire donner un sens aux phnomnes jusque-l
inassimilables.
Le constructivisme, en sintressant comprendre le dveloppement cognitif de
lenfant diffrents ges de son volution, a contribu donner naissance une
pdagogie visant le dveloppement de lautonomie. Cest aussi la premire fois ou il est
fait rfrence la notion de motivations. Cette motivation est aborde par Joseph
Nuttin, ici voqu par Paul Fraisse et Jean Piaget, qui met laccent sur une thorie
plus large de la conduite humaine , et de prciser que cest assurment la notion de
motivation, fonde sur celle de besoin, qui est au centre de cette doctrine de la conduite
humaine 77
.
1.2.5 : Le Cognitivisme
Cette thorie est principalement issue des rflexions et travaux de la fin du
constructivisme. Ces travaux sappuient sur ceux prcdemment dcrits par Piaget mais
dont Leg Vygotsky et Jrome Seymour Bruner donnent une nouvelle orientation.
Contrairement au Bhaviorisme, Serge Nicolas et Ludovic Ferrand soulignent
que la psychologie cognitiviste sintresse au problme des reprsentations mentales,
de leur format et de leur organisation . Ils crivent encore que les cognitivistes vont
sintresser aux oprations mentales/cognitives, aux processus psychologiques
intercals entre le stimulus et la rponse, entre lenvironnement et le comportement 78
.
76
Ibid. p 214-215. 77
Fraisse, P ; Piaget, J. 1974, op.cit, p 119. 78
Nicolas, S. Ferrand, L. 2009, op.cit,, p.165-166
39
Reprenant les notions de Stimulus-Rponse du Bhaviorisme, ils formulent la
perception du cognitivisme comme suit le terme entre a remplac le terme stimulus,
le terme sortie a remplac le mot rponse , tout cela ou, dans le cadre du traitement
de linformation, ltre humain (comme lordinateur) reoit une entre sensorielle
(imput), traite cette entre, la stocke en mmoire, et produit une sortie (output) 79
.
Nos deux psychologues prcdemment voqus, dans louvrage consacr
Piaget, nous clairent sur Vygotsky, qui dveloppe une approche historico-culturelle.
Dans cet ouvrage, Jrome Bruner cite que le gnie de Piaget tait danalyser le rle
fondamental des oprations de type logique dans lactivit mentale humaine, tandis que
celui de Vygotsky tait de montrer comment le pouvoir de lindividu repose sur sa
capacit de sapproprier la culture et lhistoire en tant quoutils intellectuels 80
.
Laxe central de la thorie de Vygotsky, est la zone proximale de
dveloppement . Bruner rsume cette approche en expliquant que cette zone
proximale de dveloppement est constitue par la distance qui spare ce quun individu
peut faire de lui-mme, sans laide de personne, et ce quil parvient faire grce aux
indications et aux aides que peut lui apporter un autre individu inform 81
.
Toujours selon Bruner, Vygotsky introduit dans la pdagogie les relations
intersubjectives .
Pour tre efficace, la pdagogie doit attirer lattention de llve, en faisant ressortir
pour lui les caractristiques dcisives dun problme, en sriant les tapes de
comprhension en favorisant la ngociation, bref, en dcortiquant pour lui la tche pas
pas 82
.
Bruner, quant lui, dveloppe une approche interactionniste. Selon sa thorie,
lacte dapprendre comporte trois processus dcrits par Lusignan et Goupil en 199383
.
- lacquisition dune nouvelle information
- la transformation de cette information
- lvaluation
Bruner, cit par ces mmes auteurs, considre quapprendre est un processus interactif
dans lequel les gens apprennent les uns des autres . Il conoit plus le rle de
79
Ibid. p166. 80
Houd, O ; Meljac, C, 2000, op.cit, p238. 81
Ibid. p. 245. 82
Ibid. p246. 83
www.mmoireonline.com. Consultation internet du 12/03/2012
http://www.mmoireonline.com/
40
lenseignant travers la mise en uvre dun processus dtayage ; ce