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Université François Rabelais - Tours UFR Arts et Sciences Humaines Département des Sciences de l’Education et de la Formation Année Universitaire 2011-2012 LA VOIE DE L’APPRENTISSAGE DANS LA FORMATION EN SOINS INFIRMIERS : UNE NOUVELLE APPROCHE MOTIVATIONNELLE LE DISPOSITIF MIS EN PLACE SOUS LE REGARD DE L’ETUDIANT Présenté par MONPROFIT Francis Sous la direction de Laurence CORNU, Professeur des Universités Fabienne KWOCZ, Professionnelle de Santé, chargée de cours En vue de l’obtention du Master 1 : Science de l’Education

LA VOIE DE L’APPRENTISSAGE DANS LA … · un historique de l‘apprentissage, pour mieux en comprendre l‘évolution. ... Cette problématique nous conduit à l‘hypothèse que

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  • Universit Franois Rabelais - Tours

    UFR Arts et Sciences Humaines

    Dpartement des Sciences de lEducation et de la Formation

    Anne Universitaire 2011-2012

    LA VOIE DE LAPPRENTISSAGE DANS LA FORMATION EN SOINS INFIRMIERS :

    UNE NOUVELLE APPROCHE MOTIVATIONNELLE

    LE DISPOSITIF MIS EN PLACE SOUS LE REGARD DE LETUDIANT

    Prsent par

    MONPROFIT Francis

    Sous la direction de

    Laurence CORNU, Professeur des Universits

    Fabienne KWOCZ, Professionnelle de Sant, charge de cours

    En vue de lobtention du Master 1 : Science de lEducation

  • REMERCIEMENTS :

    Ce travail de recherche naurait pu aboutir sans laide, laccompagnement de :

    Mes deux directrices de mmoire Mmes Laurence Cornu et Fabienne Kwocz,

    pour leur disponibilit, coute et conseils.

    Mon pouse qui a su faire preuve de patience mon gard

    Mes collgues de promotion qui mont apport leur rflexion, questionnement

    Christiane et Marie Jo qui mont t dune aide prcieuse

    Je souhaite ici tous vous remercier.

  • SOMMAIRE

    INTRODUCTION.1

    PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE

    I : Du trajet au projet ..4

    II : Contextualisation politico-socio-conomique ...10

    III : L'apprentissage au cours du temps .12

    DEUXIEME PARTIE : APPROCHE CONCEPTUELLE

    I : Apprentissage .27

    II : Motivation .42

    DE LA QUESTION DE RECHERCHE L'HYPOTHESE..56

    TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

    I : Mthodologie de l'enqute .....58

    II : Analyse qualitative. ..62

    CONCLUSION ....105

    ANNEXES 107

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .213

    TABLE DES MATIERES ..215

  • 1

    INTRODUCTION

    Ce travail trouve sa source de motivation travers deux raisons nous conduisant

    effectuer un master 1 professionnel des Sciences de lEducation, mention Ingnierie

    de la formation .

    La premire raison concerne la rforme en soins infirmiers, qui doit rpondre au

    processus de Bologne de 1999 et inscrire la formation dans le systme Licence, Master,

    Doctorat. A ce jour, les tudiants terminant leur formation, obtiennent le grade licence.

    A lavenir, cela devrait se traduire par une licence. Aussi tout formateur se doit de

    possder un niveau dtude suprieur, et de fait, il nous est apparu important de

    sinscrire au plus tt dans ce schma.

    La seconde raison prend naissance dans la mise en place, au sein de linstitut de

    formation o nous exerons, du dispositif dapprentissage pour les 3mes annes en

    soins infirmiers.

    Nous avons souhait nous intresser de plus prs cette nouvelle formule en postulant

    pour le poste de formateur rfrent des tudiants inscrits en apprentissage.

    Dans la formation en gnrale, les tudiants alternent priodes thoriques et

    priodes pratiques. Lors de leurs stages, ils sont accompagns par les professionnels de

    terrains (matre de stage, tuteur, professionnel de proximit) et reoivent la visite dun

    formateur, rfrent du stage. Durant la priode thorique, ils sont suivis par un

    formateur rfrent.

    Les tudiants apprentis, dans lalternance ont la mme formation. Dans la partie

    thorique, ce dispositif nengendre que peu de diffrence par rapport la formation

    initiale. La particularit de la formation par apprentissage concerne principalement

    laccompagnement en stage dont les tudiants font lobjet.

    Dune part, ils effectuent tous leurs stages de troisime anne dans

    ltablissement, qui les a recruts, et dont le matre de stage est en

    gnral le directeur des soins.

    Dautre part, ils sont accompagns en stage comme lors des suivis

    pdagogiques par le mme formateur, rfrent dapprentissage.

  • 2

    Pour pouvoir assumer ce rle daccompagnement au plus prs des attentes et des

    motivations de chacun, nous nous sommes poss plusieurs questions. Quest-ce que la

    formation par apprentissage en soins infirmiers? Comment celle-ci est-elle mise en

    place ? Quelles en sont les particularits ? Quest-ce qui motive tablissements de sant

    et tudiants sinscrire dans ce dispositif ? Quels peuvent en tre les avantages et les

    limites pour les tudiants ?

    Pour chercher rpondre ces questionnements, nous avons :

    dans une premire partie effectue une dmarche rflexive sur notre trajectoire

    de vie, nous amenant nous interroger sur lintrt port ce travail de

    recherche. Nous avons galement retrac le contexte politico-socio-conomique

    pouvant influencer la formation en soins infirmiers. Nous avons ensuite retrac

    un historique de lapprentissage, pour mieux en comprendre lvolution.

    Une seconde partie est consacre lapproche conceptuelle. Lapprentissage et

    la motivation sont les deux concepts qui ont retenus notre attention.

    La dcouverte, lenrichissement de ces diffrentes approches, nous ont conduit

    revisiter notre question de dpart et lui apporter une nouvelle direction. Celle-ci axe

    sur le contrat dapprentissage dans le systme dalternance, sest finalement oriente

    vers une question de recherche plus cible sur lintrt porte par ltudiant : En quoi

    lengagement de ltudiant en soins infirmiers, dans la formalisation dun contrat

    dapprentissage, favorise t-il son projet professionnel ?

    Cette problmatique nous conduit lhypothse que la motivation premire de

    ltudiant postuler pour le contrat dapprentissage reposerait sur un besoin financier,

    lui permettant daller au terme de son projet professionnel.

    Afin de vrifier cette hypothse, notre troisime partie sera consacre

    lentretien men auprs de deux tudiants de 3me anne inscrits dans ce dispositif

    dapprentissage. Ce travail de terrain a confirm cette motivation financire, mais nous

    a aussi clairs sur la dcouverte dautres motivations intrinsques et/ou extrinsques

    ltudiant.

    Le travail prsent sera pour nous loccasion de mieux comprendre ce qui incite

    les tudiants postuler pour cet apprentissage, et, pouvoir ainsi, encore mieux les

    accompagner, dans la finalisation de leur projet professionnel.

  • 3

    Tout individu porte en lui non seulement limage de ce quil est dans linstant,

    mais aussi une srie dimages de lui-mme tel quil dsire tre dans le futur. Ce

    personnage futur va lui fournir un but 1

    1 Crozier, M. 1993, motivation, projet personnel, apprentissage , Paris, ESF Editeur, p.143

  • 4

    PREMIERE PARTIE

    I : DU TRAJET AU PROJET

    Jai exerc pendant quatorze ans dans le domaine de la mtallurgie. Cet univers

    professionnel sest avr, au fil du temps insatisfaisant sur le plan personnel.

    Sur le plan professionnel, la situation politico-conomique ne favorisait pas la prennit

    de lentreprise, ni la projection davenir moyen ou long terme : Jenvisageais donc une

    rorientation professionnelle.

    Mon parcours de vie ma fait ctoyer diffrentes reprises, le monde de la sant

    et, en particulier, celui des soins infirmiers.

    Le contact rgulier avec des professionnels mdicaux, paramdicaux et leur

    rapport aux soins relationnels et techniques ont favoris, motiv, mon dsir dorienter

    mon second exercice professionnel comme soignant.

    Aprs un passage oblig par une remise niveau avec validation dun Examen

    Spcial dEntre lUniversit (ESEU), jeffectuais ma reconversion professionnelle.

    Etudiant Infirmier trente trois ans (promotion 1993-1996), soumis un

    financement partiel durant cette formation, jai d, pour subvenir aux besoins de ma vie

    prive, effectuer des remplacements durant les congs scolaires et les week-ends. Ce

    temps fut particulirement formateur pour me permettre dacqurir de lexprience

    comme aide soignant et me permettre dapprhender tout la fois le travail de

    collaboration Infirmier/Aide Soignant, et de reprer les rles et missions de lInfirmier.

    A travers cet apprentissage du mtier grce et de nombreux stages, jai

    galement pu apprcier la qualit de lencadrement, laccompagnement des

    professionnels en Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) comme sur le terrain.

    Jai pu ainsi enrichir mes connaissances, dvelopper des acquisitions techniques et

    relationnelles cette priode la notion de comptence ntait pas encore clairement

    dcline).

    Entrer en formation un certain ge, demande souvent dexpliquer le chemin

    professionnel parcouru, mais surtout, de mettre en vidence les motivations profondes

    qui font que ltudiant dj expriment, a la capacit de se remettre en question,

    accepte dapprendre rapprendre, et peut se comporter tout la fois comme tudiant,

    avec le recul dun professionnel.

  • 5

    Durant 7 ans en service de soins, jai exerc en ranimation mdico-chirurgicale,

    associ au Service Aide Mdicale dUrgence (SAMU) et Service Mobile dUrgence et

    de Ranimation (SMUR). Jai contribu lencadrement, laccompagnement des

    tudiants pour les guider dans leur appropriation de connaissances et reprages de

    comptences professionnelles.

    La loi N 78-615 du 31 mai 1978, dans son article L 473 du code de la sant

    publique, stipule que est considr comme exerant la profession dinfirmires et

    infirmiers toutes personne qui, en fonction des diplmes qui l'y habilitent, donne

    habituellement des soins infirmiers sur prescription au conseil mdical, ou bien en

    application du rle propre qui lui est dvolu. En outre, linfirmire infirmiers participe

    diffrentes actions, notamment en matire de prvention, dducation de la sant et de

    formation ou dencadrement 2.

    Tout professionnel Infirmier se doit donc dtre en capacit deffectuer ce rle

    dencadrement, quil soit pour les tudiants, comme pour les nouveaux collgues.

    Il sagit l mon avis dun point important, les formateurs tant en attente, juste titre,

    de cet accompagnement tudiant par les professionnels.

    La rforme des soins infirmiers de 2009 en est dailleurs lun des enjeux

    majeurs. De toute vidence, pour pouvoir accompagner les tudiants acqurir des

    comptences, les professionnels sur le terrain, doivent faire preuve de pdagogie de

    formation ou dencadrement. Lalternance intgrative, comme tmoin entre thorie et

    pratique, apparat comme le cur de la formation en soins infirmiers.

    Je me suis aussi inscrit comme vacataire en IFSI pour transmettre mes savoirs

    (savoir-faire, savoir-tre, savoir-agir), afin dvoquer aux tudiants la notion de

    collaboration, dinterdisciplinarit, le travail quotidien dun infirmier, auprs des

    patients et de leur famille et susciter lenvie de venir effectuer un stage en ranimation,

    pour dmystifier certaines reprsentations.

    Cette dmarche tait pour moi loccasion de tester mes aptitudes pdagogiques,

    de reprer mes capacits captiver un auditoire, tenir compte du public vis et de ses

    attentes, me mettre en situation de danger, et valider que ce que je transmettais en tant

    que professionnel de terrain je pouvais aussi lexercer en tant que professionnel

    formateur.

    2 legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte... loi N 78-615 du 31 mai 1978, art L 473 Journal

    Officiel Rpublique Franaise du 1 juin 1978 page 2235, consultation en ligne du 20/12/2011.

  • 6

    Cette exprience de terrain, accompagne du souci dencadrement, mais aussi lintrt

    de minscrire dans lorganisationnel du service, ma naturellement conduit la

    formation de cadre de sant.

    Cadre de sant de nuit durant deux ans et demi, un de mes axes de recrutement

    des professionnels tait de reprer leurs comptences tre autonomes, responsables,

    leurs motivations pour le travail de nuit tant le second axe. Cette activit de cadre de

    nuit gnrait chez moi, une certaine frustration ne pouvoir concrtement accompagner,

    former des tudiants et des nouveaux professionnels.

    En quittant lcole de cadre, mais au demeurant bien avant cela, au regard de

    mon parcours professionnel, de mes aspirations me rendre disponible pour les

    tudiants, il tait pour moi lgitime de morienter vers la pdagogie.

    Cadre formateur depuis janvier 2009, jai souhait intgrer un IFSI ce moment

    prcis o la rforme allait se mettre en place. Ce qui me semblait important tait de

    pouvoir apporter ma contribution dans la mise en place de ce nouveau dispositif de

    formation, dans cette priode de mise en route empreinte de nouveaut mais aussi de

    profonds changements quil faut l aussi accompagner.

    Aprs quelques mois de dcryptage, de ttonnement autour de la construction

    des Unit dEnseignement (UE )3 des Unit dIntgration (UI)

    4 des liens formaliser

    avec les diffrents rfrentiels, dactivit5, de comptence

    6, de formation

    7 mais aussi

    avec lutilisation du portfolio8, lessentiel restait faire.

    Jai dj, au dcours de ma propre formation en soins infirmiers, repr quune

    rforme, demandait de limplication, de linformation et de la concertation entre les

    diffrents professionnels de sant, quils soient de terrain ou formateur.

    La rforme de 2009 est sans doute lune des rformes en soins infirmiers les plus

    importantes, bousculant les repres des professionnels de terrain quant lencadrement

    fournir pour ces nouveaux tudiants, dans la mesure o :

    Dune part, il sagit de pointer les lments de comptences, actes, activits et

    techniques de soins acqurir par les tudiants, ce qui implique au pralable que

    3 www.sante.gouv.fr Infirmiers LMD. Arrt du 31 juillet 2009 relatif au diplme dtat infirmier,

    p33 34, consultation en ligne du 25/02/2012 4 Ibid. p35

    5 Ibid. Annexe I, le rfrentiel dactivit

    6 Ibid. Annexe II, le rfrentiel de comptences

    7 Ibid. Annexe III, le rfrentiel de formation

    8 www.infirmiers.com/pdf/6annexe6portfolio.pdf. Consultation en ligne du 01/03/2012

    http://www.google.fr/url?url=http://www.sante.gouv.fr/infirmiers,584.html&rct=j&sa=X&ei=nRvFT9SQDsPN8QPtoMyzBA&ved=0CGYQ6QUoADAB&q=reforme+etudes+soins+infirmiers&usg=AFQjCNEN2Yh67fI4tNB0K3elnNFdMwmaXQhttp://www.google.fr/url?url=http://www.sante.gouv.fr/lmd.html&rct=j&sa=X&ei=nRvFT9SQDsPN8QPtoMyzBA&ved=0CGcQ6QUoATAB&q=reforme+etudes+soins+infirmiers&usg=AFQjCNESSrg8-Js8WbCAa63J8iv-QOSScghttp://www.infirmiers.com/pdf/6annexe6portfolio.pdf

  • 7

    les professionnels aient effectu ltat des lieux de leurs propres comptences au

    travers de situations prvalentes ou emblmatiques.

    Dautre part, de transposer avec le plus dobjectivit et dexhaustivit possible,

    ces diffrents lments sur le document officiel servant de support validation

    du stage.

    Enfin, le dernier lment, celui qui fait le lien avec les deux prcdents, est le

    fait que le formateur nintervienne plus comme co-valuateur, co-valideur au

    regard dune mise en situation professionnelle qui nexiste plus. La

    responsabilit dencadrement appartient pleinement aux professionnels de

    proximit, tuteur et matre de stage, ce qui pour eux est un grand changement

    dans laccompagnement des tudiants sur une dure de stage bien plus longue.

    La premire anne de transition formalise, avec les doutes et les rsistances

    naturelles dues une insuffisance dinformation et de formation, la possibilit de mettre

    en place un accompagnement spcifique des tudiants par le biais de contrat

    dapprentissage initi lIFSI de la Croix Rouge Franaise de Tours, a veill en moi

    une certaine curiosit, mais aussi un flash back sur ma propre formation.

    Pris par lorganisation de cette rforme, sa dclinaison au quotidien auprs des

    tudiants comme coordinateur, la collaboration avec les terrains de stage pour travailler

    cette nouvelle position du soignant dans laccompagnement au regard de lalternance,

    mais aussi le travail de concertation avec la rgion et les IFSI de lIndre et Loire pour

    une meilleure coordination et mise en application du programme, je nai pas eu

    lopportunit de suivre de prs cette nouvelle forme daccompagnement personnalis

    et den dgager rellement les bnfices, les atouts, et peut-tre mme les limites.

    A ce jour, je partage mon temps professionnel entre la formation initiale et celui

    de la formation continue comme responsable au sein de lIFSI. Dici la fin de lanne

    2012, jaurai certainement la responsabilit temps plein, de ce dispositif

    daccompagnement par contrat dapprentissage dans cette formation par alternance.

    Ce parallle avec mon parcours professionnel et ma nouvelle prise de fonction,

    mont amen me poser de multiples questions sur lapprentissage.

    Comment cet apprentissage a t-il t mis en place ? Qui en est linitiative ?

    Pourquoi cet apprentissage prend-il effet partir de la rforme de 2009 ? Dautres

  • 8

    centres de formation mettent-ils en place ce dispositif ? Dautres formations

    paramdicales sont-elles dj inscrites dans ce processus ? Comment les tablissements

    de sant ont-ils t impliqus ? Comment les tudiants ont-ils t slectionns ? Quel a

    t le mode de slection des tudiants pour cet apprentissage ? Quelles peuvent tre les

    motivations des tablissements de sant et des tudiants sinscrire dans ce dispositif ?

    Quest-ce que lapprentissage peut apporter de plus aux tablissements et aux

    tudiants ? Lacquisition de comptences est-elle favorise par la formation

    contractualise par apprentissage ? Quelle est la relation privilgie tablie entre

    ltablissement de sant, ltudiant, linstitut de formation ?

    Toutes ces questions doivent pouvoir trouver une rponse partir de ma

    question de dpart :

    En quoi le contrat dapprentissage en soins infirmiers, dans le systme

    dalternance est-il profitable ltudiant ?

    Pour pouvoir traiter de ce nouveau dispositif de formation par le biais de

    lapprentissage, il me fallait faire un tat des lieux de ce quil signifiait dj pour moi et

    quels taient les autres concepts, notions, qui y taient lis. Pour parvenir cette fin, je

    me suis appuy sur un fondamental utilis auprs des tudiants en soins infirmiers, qui

    sans tre exhaustif, permet cependant une reprsentation schmatique et concrte. Jai

    donc construit une carte conceptuelle9 de ma perception de cet apprentissage, pour

    dvelopper lacquisition de ses comptences.

    Quest-ce quune carte conceptuelle ?

    Cest une technique dapprentissage, qui consiste poser la reprsentation

    graphique de lorganisation des connaissances dune personne sur un sujet donn 10

    .

    Elle met en interaction diffrentes notions ou concepts, relis entre eux par une flche

    donnant le sens de la relation entre les lments ou concepts, et dont le support est un

    verbe, un nom, un mot de liaison.

    Cet outil est utilis et prconis depuis la mise en place de la rforme Infirmire

    afin de favoriser chez ltudiant ses capacits cognitives. Cette carte conceptuelle

    permet ltudiant de mmoriser et de prendre des notes diffremment que dordinaire

    (soit de faon linaire), en faisant appel aux quatre R11

    de la mmoire qui sont :

    9 Annexe I, p 108

    10 Info-CEFEC-N18-MAI 2009, p13

    11 www.infirmiers.com/.../la-carte-conceptuelle-un-outil-de-developpement-de-la-metacognition.html

    consult le 20/02/2012

    http://www.infirmiers.com/.../la-carte-conceptuelle-un-outil-de-developpement-de-la-metacognition.html

  • 9

    Reprer, Relier, Ranger et Retrouver . Il pourra ainsi confronter ses reprsentations

    avec celles de ses collgues et enrichir son champ de perception.

    A partir de ma reprsentation, jai pris conscience quil me fallait faire des

    choix, que je ne pouvais dvelopper tous les concepts mis en vidence, que jallais

    centrer ma rflexion sur ltudiant, car si lon considre quil doit tre acteur de sa

    formation, il en est alors, le point central.

  • 10

    II : CONTEXTUALISATION POLITICO-SOCIO-ECONOMIQUE

    Les mtiers de la sant ont toujours ncessit une volution, au regard dun

    contexte politico-socio-conomique, en perptuel mouvement.

    Depuis quelques annes la contrainte conomique est de plus en plus forte.

    Lvolution des technologies mdicales, les exigences et les droits du patient, le

    vieillissement de la population et les soins spcifiques apporter ncessitent une

    conciliation entre cots et qualit de prise en charge, do depuis quelques annes la

    tarification lactivit dans les tablissements de sant.

    Sur le plan politique, ladhsion au processus de Bologne12

    labor le 19 Juin

    1999 et sign par 27 pays Europens dont la France, visait la mise en place dun espace

    europen de lenseignement suprieur pour 2010, autour de trois cycles : Licence,

    Master, Doctorat (LMD), devant favoriser la mobilit des tudiants au sein de lunion

    europenne par lacquisition dEuropean Crdits Transfert System (ECTS).

    Au cur de ce dispositif, les professions de la sant, dans un contexte de baisse

    significative de leffectif de mdecins, la volont dune meilleure collaboration entre les

    divers acteurs de sant et lvolution des besoins et de loffre, ont d sadapter

    lvolution de la construction des diplmes en France. La profession la plus concerne

    et quantitativement la plus importante, celle dinfirmire, a fait lobjet de la mise en

    place de cette rforme en 2009. Les autres professions de sant, dans la mme

    mouvance de ces nouveaux besoins en sant, devraient dans un futur proche bnficier

    de cette exprience.

    Il me semble important ici de faire rfrence la modification des tudes Aides

    Soignantes, qui dune formation dcernant un Certificat dAptitude aux Fonctions

    dAide Soignante (CAFAS), ou un Diplme Professionnel dAide Soignante (DPAS),

    dlivre, depuis 2007 un Diplme dEtat dAide Soignant 13

    . Ce nouveau diplme

    sacquiert lissue dune formation dlivrant des comptences, ou, par le biais de la

    validation des acquis de lexprience. Il est tout fait possible de considrer que cette

    12

    http://www.mcesr.public.lu/enssup/dossiers/bologne/processus_bologne.pdf . Consultation en ligne du 22/12/2011 13

    www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte...arrt du 22 octobre 2005. Consultation en ligne du

    28/12/2011

    http://www.mcesr.public.lu/enssup/dossiers/bologne/processus_bologne.pdfhttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte...arrt

  • 11

    modification de la formation dAide Soignante a t un tremplin pour la formation

    Infirmier.

    Compte contenu de ce contexte politico-socio-conomique, comme le stipule

    Marie Ange Coudray, la construction du nouveau diplme doit permettre de mieux

    prparer lexercice du mtier et de dvelopper chez ltudiant des savoirs, des savoir-

    faire et une pratique rflexive qui lui permettent dagir dans des situations

    professionnelles nouvelles 14

    .

    14

    Coudray, M-A, Gay, C, 2009, le dfi des comptences : comprendre et mettre en uvre la rforme des

    tudes infirmires. Ed Elsevier-Masson, p.39

  • 12

    III : LAPPRENTISSAGE AU COURS DU TEMPS

    3.1 : historique de lapprentissage

    Il nous semble indispensable avant mme dentrer dans le vif du sujet de ce

    mmoire, qui voque pour une partie lapprentissage den retracer son volution

    travers le temps.

    Ds la Prhistoire, la notion dapprentissage est prsente. LHomo sapiens,

    cette poque produit dj des outils, des armes, des habitats, des vtements, afin de

    pouvoir survivre et se dvelopper. Il transmettait ce savoir, ntait-ce pas dj une forme

    primitive dapprentissage ?

    Le Moyen ge :

    Les artisans affranchis au IXme

    sicle se regroupent pour former des

    corporations trs hirarchises en apprentis, compagnon, matre.

    Lapprentissage devient obligatoire au XIIIme

    sicle, sa dure varie de six onze ans

    selon le degr de qualification exig du futur compagnon. Cet apprentissage revt un

    caractre trs puissant pour le matre dapprentissage. En effet durant cette priode, tous

    les pouvoirs paternels sont confis ce matre dapprentissage, qui en contrepartie doit

    nourrir, loger et habiller lapprenti. Il lui enseigne aussi au fil du temps les secrets de

    son futur mtier. Aprs cette premire priode dapprentissage, sanctionn par des

    preuves, lapprenti prte serment dobserver les statuts de la corporation, reoit son

    pcule et devient compagnon. A ce stade, lapprenti compagnon pour tre reconnu par

    ses pairs en qualit de matre, devra accomplir une priode de cinq ans en qualit de

    novice et achever le mtier. Il est ici intressant de faire un parallle avec Patricia

    Benner, qui dcrit dans son livre cinq stades correspondant au dveloppement de

    comptences, qui sont : novice, dbutant, comptent, performant, expert 15

    .

    En deux sicles tout se prcipite, la formalisation et la mise en place de

    lapprentissage prend corps.

    15

    Benner, P. 1995. De novice expert : Excellence en soins infirmier . Paris, Edition Masson, 253P.

  • 13

    Le 13 mars 1791 est vot la loi le Chapelier16

    , qui met fin aux corporations et

    apporte un changement dans lapprentissage d au bouleversement politico-conomique

    suite la rvolution franaise. Cette priode de rvolution industrielle entrane la

    dcadence de lapprentissage o les conditions de travail sont terribles (horaires, sant,

    salaires). Les textes de loi mis en application sur ces conditions de travail ne sont pas

    respects.

    En 1851, la loi rglemente lapprentissage, mais les prises de positions sont

    assez contradictoires, puisque le contrat rendu obligatoire peut cependant tre

    simplement oral.

    En 1881, conscutivement linsuffisance dencadrement sont crs sous

    limpulsion de Jules FERRY des coles manuelles dapprentissage . Elles

    marquent le dbut de scolarisation des apprentissages professionnels. Deux courants

    sopposent en matire de formation professionnelle :

    Le premier courant reprsentant le milieu patronal sous la tutelle du

    ministre du commerce souhaite exclusivement prparer au mtier.

    Le second courant sous la tutelle du ministre de linstruction publique

    est partisan de lcole publique avec lide dun enseignement

    technique thorique.

    La premire moiti du XXme

    sicle voit une rhabilitation de lapprentissage

    grce une succession de textes de loi. Paralllement, lvolution et le dveloppement

    des industries chimiques, lectroniques et lautomatisation rclament de la main-

    duvre.

    En 1919, la loi Astier17

    du 25 Juillet pose le fondement juridique des cours

    professionnels obligatoires gratuits, organiss par les municipalits, raison de 150

    heures de cours denseignement thorique et gnral par an. Ils sadressent aux

    adolescents dau moins 18 ans, avec ou sans contrat dapprentissage, proposent un

    enseignement gnral et professionnel et permettent de prparer le CAP en trois ans

    crs en 1905. La confusion entre enseignement technique et apprentissage demeure.

    16

    www.lexinter.net/lois/loi_du_14_juin_1791_(loi_le_chapelier).htm consultation en ligne du

    25/02/2012 17

    www.senat.fr ... Rapports Rapports lgislatifs. Consultation en ligne du 25/02/2012

    http://www.lexinter.net/lois/loi_du_14_juin_1791_(loi_le_chapelier).htmhttp://www.google.fr/url?url=http://www.senat.fr/rapsen.html&rct=j&sa=X&ei=vRTKT6m4OIWE8gOwqbT4Dw&ved=0CF0Q6QUoADAA&q=loi+astier+1919&usg=AFQjCNE5PSxWWTNM_Hr1TqqNeElwKil6OQhttp://www.google.fr/url?url=http://www.senat.fr/leg/index.html&rct=j&sa=X&ei=vRTKT6m4OIWE8gOwqbT4Dw&ved=0CF4Q6QUoATAA&q=loi+astier+1919&usg=AFQjCNGaqxV_uGPJmbMZ7S7Wzdy9QmxtpA

  • 14

    Le 16 juillet 1925 sont crs les chambres de mtiers chargs entre autre de

    lorganisation du contrle de la formation des apprentis.

    En 1928 la loi sur lapprentissage impose un contrat crit, la frquentation

    obligatoire des cours professionnels, une formation mthodique et complte assure

    par le patron qui doit se comporter en bon pre de famille. Le terme formation est

    introduit dans le vocabulaire lgislatif de lapprentissage.

    En 1949, les centres dapprentissage sont intgrs lenseignement

    technique pour devenir ensuite des collges denseignement technique, puis des lyces

    professionnels. Ils font passer la formation aux mtiers par lcole. Lapprentissage

    artisanal se dvalue. Peu peu sinstalle une fracture idologique, qui considre la

    formation en entreprise comme visant lutilitarisme court terme.

    Le 9 juillet 1970 est sign un accord interprofessionnel qui va inspirer les

    importantes lois du 16 juillet 1971 dites loi Delors18

    : loi dorientation sur

    lenseignement technologique, loi relative la participation des employeurs au

    financement des formations technologiques, loi sur lorganisation de la formation

    continue, loi relative lapprentissage. Il sagit de la premire rforme importante dans

    ce domaine pour tenter denrayer la baisse dramatique des effectifs.

    La loi N 71-575 du 16 juillet 197119

    , dite loi Guichard met en vidence une

    vritable rforme du systme, avec un texte fondateur de lapprentissage moderne.

    Lapprentissage est institutionnalis et scolaris dans les CFA. Le contrat

    dapprentissage devient alors un contrat de travail. Cette loi va institutionnaliser

    lapprentissage car elle transforme son rapport avec lentreprise et avec lenseignement

    technique.

    lapprentissage devient une filire dducation et de dbouch sur un

    diplme. se former par lapprentissage, cest choisir une voie de

    formation pour acqurir une qualification professionnelle sanctionne

    par un diplme professionnel ou par certains titres finalit

    professionnelle 20

    .

    18

    www.vie-publique.fr/.../formation-professionnelle.../chronologie/ Consultation en ligne du

    11/02/2012 19

    www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte...La loi N 71-575 du 16 juillet 1971 Consultation en ligne du 11/02/2012 20

    www.education.gouv.fr Consultation en ligne du 11/02/2012

    http://www.vie-publique.fr/.../formation-professionnelle.../chronologie/http://www.education.gouv.fr/

  • 15

    lapprenti est un jeune travailleur en formation, li par contrat

    lentreprise et frquentant obligatoirement un CFA.

    lapprentissage devient une filire de formation.

    Il sagit donc dun contrat tripartite entre lapprenti, lentreprise et le centre de

    formation. Lapprentissage et lalternance plus largement sont indispensables pour

    adapter lenseignement thorique aux mtiers de demain.

    A partir de la fin des annes 80, certaines lois et accords vont tre mis en place

    pour favoriser lapprentissage

    Le 7 janvier 1983 est vote la loi n83-8 sur la rgionalisation21

    . Cest une

    immense rvolution dans une France centralisatrice et Jacobine. Cette loi donne

    comptence aux Rgions en matire dapprentissage. Ces dernires sintressent

    rapidement cette filire de formation et vont lui apporter des moyens financiers

    supplmentaires.

    La loi N 87-572 du 23 juillet 198722

    de Philippe Sguin ouvre lapprentissage

    tous les diplmes et titres homologus de la voie professionnelle et technologique, et

    consacre ainsi lapprentissage comme un systme de formation part entire. Il

    sagit l, dune loi phare et fondatrice de lapprentissage moderne qui va changer le

    regard port sur ce systme de formation.

    Cette loi confirme lapprentissage comme voie de formation professionnelle base sur

    une situation dalternance.

    Elle ouvre le systme tous les niveaux de formation jusquaux formations

    universitaires et au titre dingnieur.

    Elle supprime lagrment pralable pour devenir matre dapprentissage.

    Elle recule de 18 25 ans lge maximum de signature dun contrat

    dapprentissage.

    .

    21

    www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte. Loi du 07 juillet 1983. Consultation en ligne du

    11/02/2012 22

    Ibid. Loi du 23 juillet 1987, consultation en ligne du 11/02/2012

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte

  • 16

    Le 10 novembre 1989 une convention internationale sur lenseignement

    technique et professionnel est adopte : Les tats contractants conviennent que la

    prsente convention sapplique toutes les formes et de tous les niveaux de

    lenseignement technique et professionnel, quil soit dispens par les tablissements

    denseignement dune part et des entreprises en rapport avec le monde du travail

    dautre part.

    Dautres accords europens mettent en vidence le dveloppement de

    lapprentissage ouvert distance dans la communaut europenne en juin 1992. Une

    rsolution du conseil europen du 23 novembre 2003 stipule : faire de lcole un lieu

    dapprentissage ouvert pour prvenir et combattre le dcrochage scolaire et le malaise

    des jeunes dfavoriss par leur inclusion sociale.

    Dans ces annes 1980, lapprentissage en France ptira de cette image de

    formation de Faible qualification. Pour pallier cette image, le gouvernement franais

    entre 2000 et 2005 mettra en place des campagnes de dveloppement de lapprentissage.

    La loi N 92-675 du 17 juillet 1992 complte celle de 1987 en autorisant les

    tablissements publics former des apprentis et elle affirme que lapprentissage

    concoure aux objectifs ducatifs de la nation 23

    .

    Cette loi vise amliorer la situation de lapprenti, accorde lagrment lentreprise au

    lieu du matre dapprentissage, accrot le rle des partenaires sociaux, notamment dans

    les branches professionnelles et ouvre lapprentissage aux services publics.

    Lapprentissage va concerner essentiellement des formations manuelles et techniques

    lies lartisanat et lindustrie.

    Le 18 janvier 2005 en France, parat la loi de programmation de la cohsion

    sociale24

    . Cette loi a pour objectif de relancer lapprentissage dont les effectifs stagnent

    autour de 360 000 apprentis depuis 2000.

    En conclusion :

    A travers les ges, la notion dapprentissage ne laisse pas indiffrent. Selon le

    contexte politico-socio-conomique, de toute vidence, il apparat ncessaire de faire

    23

    Ibid. Loi du 17 juillet 1992, consultation en ligne du 11/02/2012 24

    Ibid. Loi du 18 janvier 2005, consultation en ligne du 11/02/2012

  • 17

    voluer ce dispositif de formation, qui aujourdhui a toute sa place dans le monde du

    travail. Les diffrents gouvernements Franais de ces trente dernires annes ont tous

    cherch valoriser cette voie professionnalisante. Les accords Europens militent eux

    aussi dans ce sens. Entre les tudiants nayant pas de diplme, ceux hyper diplms,

    mais dans les deux cas sans exprience professionnelle, la formation par alternance et

    de surcroit par apprentissage, semble tre un gage davenir pour entrer sur le

    march de lemploi.

    3.2 : le contrat dapprentissage

    De quel type de contrat dapprentissage parlons-nous pour les soins infirmiers ?

    Au fil de nos lectures, nous avons constat, quil ny a pas un type de contrat pour

    aborder lapprentissage mais deux. En effet, selon le dispositif de formation, nous

    parlerons de contrat dapprentissage ou de contrat de professionnalisation25

    .

    le contrat de professionnalisation sinscrit dans le cadre de la

    formation professionnelle continue, il sadresse :

    - aux jeunes gs de 16 25 ans rvolus, qui peuvent ainsi complter leur

    formation initiale ;

    - aux demandeurs demploi gs de 26 ans et plus, inscrits sur la liste des

    demandeurs demploi gre par Ple emploi ; il est toutefois admis que les

    personnes sortant dun contrat aid puissent tre recrutes en contrat de

    professionnalisation sans se rinscrire sur cette liste ;

    - aux bnficiaires du revenu de solidarit active (RSA), de lallocation de

    solidarit spcifique (ASS) ou de lallocation aux adultes handicaps (AAH) ou

    aux personnes ayant bnfici dun contrat unique dinsertion (CUI). Son

    objectif : permettre ses bnficiaires dacqurir une qualification et favoriser

    leur insertion ou leur rinsertion professionnelle ;

    le contrat dapprentissage sinscrit quant lui dans le cadre de la

    formation initiale..

    25

    http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr/informations-pratiques,89/fiches-pratiques,91/formation-

    professionnelle,118/les-contrats-de-formation-en,1077.html . Consultation en ligne du 23/12/2011

    http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr/informations-pratiques,89/fiches-pratiques,91/formation-professionnelle,118/les-contrats-de-formation-en,1077.htmlhttp://www.travail-emploi-sante.gouv.fr/informations-pratiques,89/fiches-pratiques,91/formation-professionnelle,118/les-contrats-de-formation-en,1077.html

  • 18

    - Il sadresse aux jeunes de 16 25 ans (des drogations cette limite dge sont

    possibles dans certaines situations).

    - Son objectif : lacquisition dun diplme de lenseignement professionnel ou

    technologique ou dun titre rpertori.

    - Tout au long de sa formation professionnelle, lapprenti est salari et bnficie

    davantages particuliers lis son statut : congs pays, scurit sociale, carte

    dtudiant en apprentissage. Dans lentreprise, lapprenti est suivi par un matre

    dapprentissage qui lui transmet ses connaissances et son savoir-faire.

    Dans le travail qui nous intresse, il sagit de ce second contrat. Les enjeux des

    diffrents acteurs, impliqus dans ce partenariat vont tre dvelopps plus en dtail pour

    mieux les comprendre.

    3.2.1 : partenariat et engagement

    Selon le droit du travail : Le contrat dapprentissage est un contrat de travail

    type particulier dans lequel un employeur sengage, outre le versement des salaires,

    assurer une formation professionnelle mthodique et complte sanctionne par un

    diplme. Cette formation est dispense en partie dans lentreprise et pour partie dans

    un centre de formation dapprentis (CFA) .26

    Dans les deux premiers mois, le contrat peut tre rsili par lune ou lautre des

    parties sans indemnit. Pass ce dlai, la rsiliation ne peut tre prononce que par le

    conseil des prudhommes, en cas de faute grave ou dinaptitude de lapprenti exercer

    le mtier auquel il voulait se prparer 27

    .

    Lapprentissage en gnral est une formation initiale en alternance qui concerne

    les jeunes de 16 25 ans. Dans la Proposition 6.3 du livre blanc, il est envisag

    d Introduire la possibilit de conclure un contrat d'apprentissage au del de l'ge

    maximum de 25 ans 28

    .

    Cette formation facilite lentre dans le monde du travail en permettant la fois

    dacqurir des comptences thoriques en Centre de Formation dApprentis (CFA),

    26

    Lobry, C. 19961997. Droit du travail et de scurit sociale, p106. 27

    Ibid. p106. 28

    www.pme.gouv.fr/grands-dossiers/livreblanc.pdf, P51, consultation en ligne du 20/04/2012

    http://www.pme.gouv.fr/grands-dossiers/livreblanc.pdf

  • 19

    (dans le cadre qui nous intresse, il sagit dun IFSI) et des comptences pratiques en

    entreprise.

    Le jeune qui sinscrit dans cette alternative occupera une place part entire

    dans lentreprise. Son temps de travail sera cependant amnag pour lui permettre de

    suivre les apports thoriques. Dans ce contexte dapprentissage contractualis,

    lapprenti est toujours accompagn par un matre dapprentissage.

    Le prsident de la rpublique dans un discours sur lemploi des jeunes, tenu le

    24 avril 2009 sur le campus de Volia environnement, expose en substance les mesures

    prendre pour favoriser lapprentissage. dabord lalternance. Les contrats

    dapprentissage et de professionnalisation sont lun des meilleurs moyens pour

    sinsrer dans la vie active, puisque le taux daccs lemploi et de 70 % 29

    .

    Lors de ce discours, M Sarkozy a fix comme objectif le recrutement de 320 000

    apprentis entre juin 2009 et juin 2010. cest pour lui un objectif ambitieux car les

    entres en apprentissage ont chut de 25 % depuis le dbut de lanne 2009.

    Dans le livre blanc L'apprentissage est un mode de formation qui met

    l'entreprise au cur du dispositif. Un des buts de lalternance est de garantir aux jeunes

    la meilleure apprhension des ralits d'un mtier associe des savoirs plus

    acadmiques et de poursuivre, Il apparat donc fondamental de veiller ce que le

    dispositif de lapprentissage respecte la ralit et les contraintes de lentreprise. Mais il

    est tout aussi important quun souci de qualit prside la formation du jeune en

    entreprise de manire garantir lefficacit du dispositif 30

    .

    Bon nombre de secteurs professionnels sont concerns par cet apprentissage.

    Depuis quelques annes, quelques Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI)

    permettent aussi aux Etudiants infirmiers de prtendre sinscrire dans ce contrat

    dapprentissage par alternance. Les contrats d'apprentissage peuvent tre proposs sur la

    2me et la 3me anne de formation, dans la mesure o ltudiant valid ses 60 ECTS

    de premire anne, lui permettant de travailler comme Aide Soignant durant les

    priodes hors stage.

    29

    www.elysee.fr : Les dossiers Emploi/Travail Emploi des jeunes, discours prsident de la Rpublique, campus

    Volia, 17 juin 2003. Consultation en ligne du 15/05/012

    30

    Libre blanc, Op, cit, p19.

    http://www.google.fr/url?url=http://www.elysee.fr/president/les-dossiers/les-dossiers.5.html&rct=j&sa=X&ei=vjCUT8OVM4yp8APJxsHVDw&sqi=2&ved=0CE8Q6QUoADAC&q=discours+president+republique+veolia+apprentissage&usg=AFQjCNHhNEP2lIJfIWtLTZYeH3PZ0IRHAQhttp://www.google.fr/url?url=http://www.elysee.fr/president/les-dossiers/emploi/travail/emploi-et-travail.7597.html&rct=j&sa=X&ei=vjCUT8OVM4yp8APJxsHVDw&sqi=2&ved=0CFAQ6QUoATAC&q=discours+president+republique+veolia+apprentissage&usg=AFQjCNHTPbUuuVrkMXLDyokA1qLz8Bzbkwhttp://www.google.fr/url?url=http://www.elysee.fr/president/les-dossiers/emploi/travail/emploi-des-jeunes/emploi-des-jeunes/emploi-des-jeunes.6119.html&rct=j&sa=X&ei=vjCUT8OVM4yp8APJxsHVDw&sqi=2&ved=0CFEQ6QUoAjAC&q=discours+president+republique+veolia+apprentissage&usg=AFQjCNHDEeljCnsPABpTLzprIlZT2xE5gg

  • 20

    Pour le moment, la ngociation entre les diffrents protagonistes porte

    essentiellement sur laccompagnement en apprentissage pour la dernire anne de

    formation seulement. De toute vidence, le cot financier de cette formation, et le retour

    sur investissement de la part des tudiants, compte tenu de leur parcours de formation

    quil faut donc amnager, ne favorise pas pour les tablissements de sant, ce jour, la

    mise en place ce dispositif sur deux ans.

    Quel est lintrt dun contrat dapprentissage en soins infirmiers ? Il est

    ncessaire aujourdhui de dvelopper lapprentissage des mtiers de la sant afin de

    donner aux tablissements hospitaliers la possibilit de former, dintgrer et de fidliser

    leurs futurs infirmiers, dans un contexte de difficults de recrutement. De surcrot, ce

    systme donne aux jeunes la possibilit de sengager dans une formation diplmante et

    gratuite dbouchant sur un mtier davenir 31

    .

    3.2.2 : Le dispositif

    Cette formation est organise dans le cadre administratif du CFA et assure par

    les Instituts de Formation de Soins Infirmiers (I.F.S.I.) qui ont sign une convention

    avec le CFA32

    .

    La formation pratique, place sous la responsabilit de l'I.F.S.I., est organise en

    partie:

    dans l'tablissement signataire du contrat d'apprentissage,

    dans d'autres tablissements du secteur sanitaire et social.

    Cette seconde option est tributaire de loffre de stage de ltablissement recevant

    ltudiant.

    3.2.3 : nature juridique

    C'est un contrat de travail qui rpond aux mmes rgles qu'un contrat dure

    dtermine. Il comporte une priode d'essai de deux mois. Au terme de celle-ci, il est

    impossible, pour chacune des parties, d'interrompre le contrat d'apprentissage.

    31

    La revus de linfirmire N 171 Mai 2011 p43-44 32

    http://www.cfa-sante.fr/index.php?page=contrat: DE infirmier, le contrat dapprentissage : Consultation

    en ligne du 23/12/2011

    http://www.cfa-sante.fr/index.php?page=contrat

  • 21

    L'employeur s'engage par contrat, outre le versement d'un salaire, assurer l'apprenti

    une formation professionnelle et gnrale, dispense pour partie en entreprise et pour

    partie au CFA.

    3.2.4 : la forme

    Le contrat fait l'objet d'un crit sign par l'employeur, l'apprenti et le directeur du

    CFA qui le transmet la Direction Dpartementale du travail de lemploi et de la

    Formation Professionnelle (DDTEFP), pour enregistrement. Le contrat d'apprentissage

    doit tre sign au plus tt 3 mois avant le dbut officiel de la date d'entre en formation

    et au plus tard 3 mois aprs.

    3.2.5 : Le CFA

    Dans sa forme gnrale, selon larticle L116.1 du code du travail, le CFA dispense

    aux jeunes travailleurs sous contrat dapprentissage une formation gnrale.

    Le CFA selon larticle L 115.1 & L 116.1.1 peut passer convention avec des

    tablissements denseignement publics privs sous contrat, ou dautres types pour leur

    faire assurer tout ou partie les enseignements 33

    .

    Il est lorganisme de rfrence, dpositaire du contrat dapprentissage tablit par

    ltablissement hospitalier et sign par lapprenti. Il sengage :

    - prsenter lapprentissage auprs des tudiants des IFSI partenaires ;

    - promouvoir lapprentissage auprs des tablissements de sant et identifier leurs

    besoins ;

    - mettre en lien les candidats et les employeurs ;

    - centraliser les dmarches administratives ;

    - effectuer un suivi qualitatif de chaque apprenti ;

    - assurer des journes de formation pour les matres dapprentissage afin de les

    aider russir laccueil et lintgration des apprentis, participer efficacement la

    professionnalisation, intgrer et fidliser les futurs professionnels.

    3.2.6 : LIFSI

    33

    www.legifrance.gouv.fr/UnArticleDeCode.do?code=CTRAVAIL article L 115.1 & 116.11 Consultation en ligne du 23/03/2012

    http://www.legifrance.gouv.fr/UnArticleDeCode.do?code=CTRAVAIL

  • 22

    Il est reprsent par son directeur qui propose un formateur rfrent.

    Le formateur rfrent de ltudiant, en collaboration avec le matre de stage,

    sengage :

    - organiser le parcours de stage de lapprenti, en tenant compte des diffrents types

    de stage rpertoris dans ltablissement hospitalier (soins de courte dure, soins en

    psychiatrie et sant mentale, soins de longue dure et soins de suite et de radaptation,

    soin sur les lieux de vie) ds lors que celui-ci prsente une offre de soins adapte la

    mise en uvre et la validation des lments des comptences requises dans le

    rfrentiel de formation.

    -raliser un suivi personnalis de ltudiant dans laccompagnement de son dispositif

    dapprentissage

    -effectuer un suivi du dossier dvaluation et dattribution des ECTS par le formateur

    rfrent apprentissage

    -effectuer des rgulations collectives du groupe Apprentis

    3.2.7 : ltablissement de sant

    Il peut tre public ou priv. En effet, tout tablissement de sant dsirant recruter

    court terme un nouveau professionnel infirmier peut passer une convention pour

    accompagner un tudiant dans ce dispositif de formation.

    Lun des lments incontournable lapprentissage est le matre

    dapprentissage. Larticle L 117.4 stipule que : dans le cadre du contrat

    dapprentissage, la personne directement responsable de la formation de lapprenti et

    assumant la fonction de tuteur est nomme matre dapprentissage 34

    .

    Il apparat dabord ncessaire de reconnatre la fonction formatrice de l'entreprise et

    le rle du matre d'apprentissage 35

    , discours issu du livre blanc qui est suivi de

    largumentaire En contre partie, il pourrait se voir imposer l'obligation de suivre une

    courte formation pdagogique et relationnelle (proposition 9.2). Un bon professionnel

    peut ne pas tre, de faon inne, un bon formateur et il peut tre utile de lui montrer

    comment une situation de travail peut devenir le vecteur dun transfert de comptence

    et de savoir-faire 36

    .

    34

    Ibid. article L 117.4, consultation en ligne du 23/03/2012 35

    Libre blanc, op.cit, p19. 36

    Ibid. p 19.

  • 23

    Il ressort de lentretien effectu auprs dun directeur dIFSI, qui a initi

    lapprentissage, dans une rgion de France G3 (32-36) que : les tablissements privs

    et publics ont des besoins importants dinfirmiers. Bien videmment il faut savoir quil

    ny a pas pnurie mais ici que les tablissements privs ne sont pas prioriss au niveau

    de lembauche .. en effet les hpitaux de ville nont pas de problmes de recrutement,

    de par leur attractivit, mais les cliniques prives, les hpitaux locaux ont des soucis de

    recrutement 37

    .

    Les intrts pour ltablissement de sant sont multiples :

    il a un intrt recruter des tudiants en soins infirmiers de deuxime

    anne parce quils ont le statut daide soignant, et de fait, peuvent

    travailler durant les priodes de vacances scolaires condition de respecter

    les 5 semaines de congs annuels.

    les stages de formation se ralisent au maximum dans ltablissement

    employeur, sous couvert de respecter les 4 domaines de stages prvus,

    reprsentatifs de familles de situations 38

    .

    il peroit une aide financire par les organismes collecteurs de la taxe

    d'apprentissage (OCTA), le Conseil Rgional et a des allgements de

    charges patronales par rapport aux salaires.

    ltudiant a une connaissance de ltablissement, de lorganisation, des

    services, et est dont plus rapidement oprationnel.

    Il sagit donc l, pour ltablissement de chercher fidliser ltudiant pour

    lui permettre ensuite dtre au sortir de la formation oprationnel .

    Il a y cependant toujours une contre partie. Celle ci est contributive du risque

    que ltudiant ne donne pas suite son embauche en fin de formation car, comme le

    prcise le directeur dIFSI interview en effet il ny a pas dobligation lgale

    dengagement, on ne peut pas forcer ltudiant rester. Cest seulement un engagement

    moral, la nature du contrat ne joue en rien 39

    .

    3.2.8 : ltudiant ou apprenti

    37

    Annexe II, ligne 35-38 38

    Recueil des principaux textes relatifs la formation prparant au diplme dEtat et lexercice de la

    profession, Edition SEDI, Juin 2010, p 80 39

    Annexe II, op.cit, ligne 66-67

  • 24

    Dans la formation par apprentissage, ltudiant, appel trs souvent apprenant est

    au centre du dispositif, car cest lui qui doit apprendre. Il devra donc combiner et

    apporter au quotidien (grce aux apports thoriques et la mise en uvre sur le terrain),

    la preuve de : savoirs, savoirs faire, savoir tre, savoir agir mais aussi du faire savoir.

    En quoi ltudiant apprenti trouve t-il une raison sinscrire dans

    lapprentissage ?

    Ltudiant apprenti est en quelque sorte un tudiant privilgi, comme nous lexplique

    de nouveau le directeur dIFSI : Premirement cest une aide financire durant la

    troisime anne, faut pas rver ils sont tous en difficult. Deuximement ils sont sur

    dun emploi si ltablissement leur convient ce qui est un atout, videmment cest un

    contrat moral, des tablissements disent OK on vous paye, mais restez chez nous. Les

    patrons partent du principe que les professionnels ont des valeurs et ils comptent sur

    ces valeurs 40

    .

    Il donne enfin un autre point de vue sur ce dispositif : Il a un accompagnement bien

    plus important que les autres tudiants, centr sur lencadrement puisquil a des tuteurs

    ddis lun de terrain et lautre de lIFSI, ce qui au final doit tre un plus pour le

    diplme 41

    .

    En rfrence au contexte politico-socio-conomique, et comme cit

    prcdemment par le directeur dIFSI, les tablissements privs et publics locaux

    cherchent anticiper le recrutement. Pour lapprenti cest loccasion de faire ses

    preuves, de se familiariser avec le monde de lentreprise, davoir des repres stables au

    sein de lentreprise quil connat. Cest aussi pouvoir dmontrer ses aptitudes, capacits

    professionnelles en devenir ds lors que le suivi est plus personnalis.

    Dans un contexte o bon nombre dtudiants sont en situation de prcarit, et

    doivent souvent effectuer des petits boulots pour vivre, de toute vidence, une

    rentre dargent rgulire non ngligeable en dernire anne de formation permet

    lapprenti de garantir sa fin de formation et sa prsentation au diplme dtat.

    L'apprenti peroit un salaire correspondant un pourcentage du SMIC dtermin en

    fonction de son ge et de sa progression dans le cycle de formation. le tableau ci-

    40

    Ibid. ligne 97-101 41

    Ibid. ligne 105-106

  • 25

    dessous42

    rfrence la rmunration brute minimale mensuelle, en fonction des ges et

    des annes de formation de lapprenant.

    Sur la base d'un temps plein : 151,67 heures

    - de 18 ans 18-20 ans 21 ans et plus

    1re

    anne 349,59 573,33 741,14

    2me

    anne 517,40 685,20 853,01

    3me

    anne 741,14 908,94 1090,73

    Dans la formation en apprentissage des soins infirmiers, lapprenti de troisime

    anne est rmunr sur la base de la seconde Anne, puisquil nobtient son diplme

    dAide-Soignant, qua son passage en seconde Anne.

    Dautres avantages financiers peuvent avoir un rle dans le choix de ltudiant :

    - le remboursement des frais de dplacement que ce soit en stage comme

    en cours.

    - une carte nationale dapprenti qui lui est attribue favorisant des tarifs

    prfrentiels (cette carte, annuelle, valable sur l'ensemble du territoire,

    doit tre dlivre l'apprenti par le CFA qui assure sa formation).

    Conforme un modle type, elle permet l'apprenti de faire valoir la

    spcificit de son statut auprs des tiers, notamment en vue de bnficier,

    le cas chant, de rductions tarifaires (cinma, sports, restaurants

    universitaires). Elle est issue de la proposition 8.1 du livre blanc

    Crer une carte d'apprenti ouvrant des droits et avantages comparables

    ceux dont bnficient les tudiants 43

    3.2.9 : les engagements

    Ils sont tablis de deux sortes :

    1/ Conclu entre ltablissement employeur et ltudiant.

    42

    http://www.travail-emploi-sant.gouv.fr vosdroits.service-public.fr/F10032.xhtml. Consultation en

    ligne du 23/03/2012 43

    Livre blanc, op.cit, p59.

    http://www.travail-emploi-sant.gouv.fr/

  • 26

    Ltudiant est salari de lentreprise qui lui verse un salaire en change dun

    temps de travail. Cet engagement ne peut avoir de valeur juridique sans la prsence dun

    CFA seul habilit coordonner lapprentissage.

    Les deux premiers mois de travail sont considrs comme une priode d'essai

    pendant laquelle le contrat peut tre rompu par l'apprenti ou l'employeur. Aprs cette

    priode probatoire, la rupture du contrat ncessite l'accord des deux parties ou doit tre

    motive par une faute grave (faute professionnelle ou absences de l'apprenti, non respect

    de la lgislation du travail par l'employeur).

    Le contrat comporte obligatoirement une formation qui est donne la fois en

    entreprise et dans un centre de formation d'apprentis. Lapprenti est tenu dtre prsent

    tous les cours mme ceux dispenss en Cours Magistraux.

    L'apprenti est plac sous la responsabilit d'un matre d'apprentissage choisi en

    fonction de ses connaissances professionnelles et qui a reu une formation au tutorat. Le

    matre d'apprentissage accompagne l'apprenti tout au long de sa formation pour lui

    transmettre ses connaissances et savoir-faire. Il est en relation avec le centre de

    formation d'apprentis.

    2/ conclu entre ltudiant et lIFSI :

    LIFSI sengage nommer un formateur rfrent.

    Il accompagnera ltudiant dans son processus dapprentissage, en effectuant

    toute visite de stage, quelque que soit le lieu de celui-ci.

    Il sera et aura un lien privilgi entre ltudiant et le terrain de stage.

    Il aura aussi la responsabilit de tous les suivis pdagogiques de ltudiant,

    quils soient individuels ou collectifs.

    Il accompagnera galement ltudiant apprenti dans son travail de recherche

    sanctionnant lun des lments de comptence validant le diplme dtat

    Infirmier.

    La contextualisation les diffrents lments intervenants dans la dmarche de

    formation par contrat dapprentissage, permet de dvelopper le concept en lui-

    mme.

  • 27

    DEUXIEME PARTIE

    I : APPRENTISSAGE

    Quelles sont les dfinitions se rapportant ce concept ?

    1.1 : DEFINITIONS

    1.1.1 : apprendre

    Olivier Reboul nous rappelle que le mot apprendre en Franais signifie la

    fois sinstruire et instruire . Il nous interpelle sur le fait quil ny a peut-tre

    pas dopposition absolue entre celui qui instruit et celui qui sinstruit . Il peut

    parfois sagir dun mme homme 44

    .

    Il dcline galement trois sens du verbe apprendre : apprendre que, qui fait

    de lacte apprendre un acte dinformation, de renseignements apprendre ,

    cest--dire dacqurir un savoir-faire, un apprentissage apprendre, signifie

    une activit dont le rsultat est le fait de comprendre quelque chose 45

    .

    Une autre dfinition du verbe apprendre nous est donne dans le dictionnaire de

    pdagogie apprendre peut signifier : enseigner, apprendre quelque chose

    quelquun, linformer ou bien : se renseigner, apprendre une information

    nouvelle, acqurir une connaissance ou bien encore : sefforcer de savoir-

    faire, deffectuer une tache 46

    .

    Dans cette mme dfinition il est dit que lemploi du verbe apprendre est

    plus large et plus complet que celui d apprentissage . Quapprendre

    sarticule sur la logique des savoirs, les capacits cognitives et lorganisation

    des activits lcole .

    Selon le dictionnaire Larousse encyclopdique, apprendre (vient du latin

    apprehendere qui signifie saisir, prendre), cest acqurir par ltude, par la

    pratique, par lexprience, une connaissance, un savoir-faire, quelque chose

    44

    Reboul, O. 1980. Education et formation, quest ce quapprendre ? PUF Edition, p.9 45

    Ibid. p.9 46

    La Borderie, R. Morandi, F. 2006, Dictionnaire de pdagogie, ducation en poche, 120 Notions cls,

    320 Entres. Edition Nathan, p.74

  • 28

    dutile . Ce peut tre aussi enseigner quelquun quelque chose, lui faire

    acqurir une connaissance, un savoir-faire, une exprience 47

    .

    Dans le mme registre, Jean-Pierre Gat, (Enseignant-Chercheur, matre de

    confrences Sciences de l'ducation) dans lABC de la VAE donne cette

    dfinition : Apprendre (du latin apprehendere, prendre, saisir) signifie :

    acqurir une conduite nouvelle ou sapproprier un savoir nouveau. Il dsigne

    essentiellement un processus de changement qui suppose la mobilisation dactes

    mentaux et la mdiation dun tiers 48

    Grce ces dfinitions dapprendre, nous pouvons retenir quil existe des notions

    essentielles de : savoir, savoir-faire, mais aussi de capacits cognitives.

    1.1.2 : apprentissage

    Le dictionnaire Larousse encyclopdique nous dit quil sagit : dun ensemble

    des processus de mmorisation mis en uvre par lanimal ou lhomme pour

    laborer ou modifier des schmes comportementaux spcifiques sous linfluence

    de son environnement et de son exprience , mais aussi dune : formation

    professionnelle des jeunes en vue dapprendre un mtier ; temps pendant lequel

    on est apprenti 49

    .

    Le dictionnaire de pdagogie quant lui donne cette dfinition :

    Lapprentissage est une des caractristiques de laction et de la pense

    humaine : la facult de sadapter et de modifier son comportement pour

    acqurir des conduites et des connaissances nouvelles permettant dagir dans le

    monde et sur ces propres reprsentation . Il nous dit galement dans un autre

    sens que ce terme dsigne : lapprentissage dun mtier, et une priode de

    transition, dessai . il rajoute que le terme dapprentissage pris dans le sens

    de processus dacquisition est lobjet de diffrentes thories cognitives,

    psychologiques et sociales 50

    .

    47

    www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprendre/4746. Consultation en ligne du 05/03/2012 48

    Gat, J-P. 2009, in Jean-Pierre Boutinet , L'ABC de la VAE, ERES Edition,, p.79 49

    Ibid. www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprentissage/4748. Consultation en ligne le 05/03/2012 50

    Dictionnaire de pdagogie, 2006, op.cit. p 78

    http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprendre/4746http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprentissage/4748

  • 29

    Les dfinitions de ces deux dictionnaires sont complmentaires et dmontrent

    que lapprentissage est un processus dacquisition de nouvelles connaissances prenant

    en compte lenvironnement dans lequel il lieu et le comportement de lapprenti.

    Olivier Reboul, pour dfinir lapprentissage prend appui sur la thorie

    dapprentissage mise en vidence par Pavlov et le Bhaviorisme.

    Pour dfinir lapprentissage, il sappuie sur la dfinition de Landsheere (1979)

    processus deffet plus ou moins durable dans lequel des comportements

    nouveaux sont acquis des comportements dj prsents sont modifis en

    interaction avec le milieu o lenvironnement 51

    . Cependant pour lui un

    lment essentiel semble manquant qui permet de distinguer lappris et acquis.

    Il dfinit donc lapprentissage comme lacquisition dun savoir-faire, cest--

    dire dune conduite utile au sujet ou dautres que lui, et quil peut reproduire

    volont si la situation sy prte . Il rajoute que cette dfinition vaut aussi

    bien pour le savoir-faire du chien qui a appris rapporter que pour celui de

    lescrimeur ou du joueur dchecs 52

    . Nous reviendrons ultrieurement sur cette

    dernire rflexion dans lapprentissage animal ou humain

    Le lgislateur, dpasse ce niveau de lecture en dclinant lapprentissage comme

    une formation en alternance permettant une qualification professionnelle.

    lapprentissage est dfini au titre de larticle L.115-1. du code du travail

    comme : une forme dducation alterne. Il a pour but de donner des jeunes

    travailleurs ayant satisfait lobligation scolaire une formation gnrale,

    thorique et pratique, en vue de lobtention dune qualification professionnelle

    sanctionne par un diplme de lenseignement professionnel ou technologique

    du second degr ou du suprieur ou un ou plusieurs titres homologus 53

    .

    A travers ces dfinitions, nous mettons donc en vidence que lapprentissage

    permet au regard de la pense et des actions qui en dcoulent, de modifier le

    comportement humain, favorisant lacquisition de nouveaux savoir-faire, en vue dune

    qualification professionnelle.

    51

    Reboul, O, 1980, op.cit. p40 52

    Ibid. p 41 53

    www.legifrance.gouv.fr, consultation en ligne du 05/03/2012

    http://www.legifrance.fr/

  • 30

    1.1.3 : Apprenti ou apprenant:

    Pour le Larousse encyclopdique, lapprenti (vient du latin populaire

    apprendicitius et du latin classique apprendere), il est : celui, celle qui

    apprend un mtier, une technique sur la direction dun contrematre, un

    instructeur . Cest aussi : celui, celle qui sinitie une activit et qui na pas

    encore acquis lexprience ncessaire 54

    .

    Le dictionnaire voque lapprenti en initiation. Jean Pierre Gat parle lui dun

    apprenant engag.

    Il est de plus en plus courant, aujourdhui, de dsigner par le terme

    dapprenant tout sujet engag dans une situation dapprentissage, que celle-ci

    vise lacquisition dun savoir, dun savoir-faire ou encore dun savoir tre et ce,

    quel que soit lge de celui qui apprend 55

    .

    Catherine Mathey-Pierre, positionne quant a elle lapprenant comme principal acteur.

    Dans le dictionnaire encyclopdique de lducation et de la formation,

    lapprenant est le centre et le principal acteur de ce processus (alternance)

    dintgration des savoirs 56

    .

    Lapprenti est bien au centre du dispositif, son engagement doit lui permettre

    dacqurir les diffrents savoirs en vue de sa professionnalisation.

    1.2 : Thories de lApprentissage : Diffrents courants de pense

    Lapprentissage, tant ancestral, il parait donc vident que les courants de

    penses qui y sont lis remontent eux aussi lantiquit. Toutes les tapes de cette

    volution sont schmatises par Pauline Minier57

    (Directrice du programme dtude

    du troisime cycle en ducation (doctorat) et Directrice du consortium rgional de

    recherche en ducation (CRRE). Nous nous intresserons aux thories de ces dernires

    dcennies.

    54

    www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprenti_apprentie/4747, consultation en ligne du 20/03/2012 55

    Gat, J-P. 2009, op.cit, p35. 56

    Champy, P. Etv, C. (dir de rdaction) 1994, Dictionnaire encyclopdique de lducation et de la

    formation, Edition Nathan, p 63. 57

    Annexe III

    http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/apprenti_apprentie/4747

  • 31

    Comme le schma le montre, un grand nombre de thories se sont surtout

    dveloppes depuis la fin du IXXme

    sicle. Celles dveloppes depuis le dbut du

    XXme

    sicle, et principalement le Bhaviorisme, le Constructivisme, le Cognitivisme

    et le Socioconstructivisme font rfrence ltre humain partir dexpriences sur

    lanimal. Le lien avec lapprentissage moderne suscite, un intrt mais ncessite un

    reprage dans son volution.

    1.2.1 : Le structuralisme

    Pour mieux comprendre lintrt port lapprentissage par la physiologie et la

    psychologie, partie du XXme

    sicle, Stphane Boucheron explique quavant cette

    priode longtemps lapprentissage na pas fait question. Il appartenait au domaine du

    bien connu. Ctait surtout le temps de lacquisition dun mtier et la notion commune

    dapprentissage semblait une connaissance suffisante pour un phnomne familier,

    comme si la rptition suffisait en rendre raison 58

    .

    Serge Nicolas et Ludovic Ferrand, rappellent que deux pays ont t lorigine

    du dveloppement des plus grands courants thoriques de la psychologie scientifique

    contemporaine . Il sagit de lAllemagne et des Etats-Unis, et cest lAllemagne qui a

    jou un rle essentiel dans ltablissement de lautonomie de la psychologie 59

    .

    Pour bien comprendre le contexte intellectuel dans lequel la psychologie

    scientifique a pu se dvelopper, Serge Nicolas et Ludovic Ferrand nous renvoient au

    courant structuraliste de Wundt et de Titchener. Wundt propose la constitution

    officielle dune nouvelle science quil nomme la psychologie exprimentale .

    Titchener, quant lui, sintresse la structure du contenu mental et laisse dans

    lombre ltude du fonctionnement de la pense 60

    . Les auteurs mettent en vidence les

    diffrences entre ces deux psychologues les diffrences (.) se situent essentiellement

    au niveau de la mthode de la thorie et de la philosophie de la psychologie 61

    .

    Nous allons ci-dessous schmatiser par un tableau ce qui les oppose selon

    Nicolas et Ferrand.

    58

    Boucheron, S. 1992, thorie de lapprentissage : de lapproche formelle aux enjeux cognitifs, Paris,

    ditions dHerms, p.11 59

    Nicolas, S. Ferrand, L. 2009, les Grands courants de la psychologie moderne et contemporaine :

    histoire documentaire des systmes et coles de psychologie, collection portefeuille, dition de Boeck

    universit, Bruxelles, p.7 60

    Ibid. p.9 61

    Ibid. p 11

  • 32

    Wundt Titchener

    Mthodologie Met laccent sur

    lexprimentation dans la

    psychologie individuelle des

    processus de conscience

    Les lments psychiques sont de

    deus ordres :

    -les sensations lies lobjet

    - les sentiments lis au sujet

    Utilise la mthode dintrospection

    exprimentale analytique.

    Mise en vidence des sensations

    lmentaires :

    - qualit

    - intensit

    - clart

    - dure

    Thorie Psychologie explicative

    Psychologie descriptive

    philosophie Pour quune psychologie soit

    complte elle doit inclure :

    -La psychologie exprimentale

    de lindividu pour ltude directe

    de phnomnes mentaux

    externes.

    -la socio psychologie du groupe

    pour ltude indirecte de

    phnomnes mentaux internes.

    Ignorance de la socio-psychologie

    de groupe

    Un autre courant qui succde celui du structuralisme est celui du fonctionnalisme.

    1.2.2 : Le fonctionnalisme

    Les auteurs, prcdemment cits, prcisent : celui considr comme lacteur

    principal de cette psychologie scientifique est William James, qui dveloppe lide

    dune psychologie considre comme la science de la vie mentale . Pour lui, la

    conscience est plutt considre comme un flot continu, une proprit de lesprit en

    interaction continuelle avec son environnement 62

    .

    62

    Ibid. p.35

  • 33

    Ils posent aussi le fait que la thse principale du fonctionnalisme amricain est

    que lactivit est la condition sine qua non de ladaptation de lespce. Les processus

    mentaux doivent tre considrs comme fournissant la cl de lapprentissage 63

    .

    1.2.3 : Le Bhaviorisme

    Le courant Bhavioriste est aussi appel comportementaliste. Cest

    principalement Ivan Pavlov et ses travaux pratiques sur lanimal, que le

    Bhaviorisme doit sa renomme.

    Lexemple du conditionnement de la salivation du chien au son dune clochette

    reprsentant de la nourriture64

    en est lillustration.

    Dans un premier temps

    Le Stimulus Inconditionnel SI ======= Rponse Inconditionnelle R I

    Nourriture salivation

    Dans un second temps

    Le Stimulus Neutre SN : la cloche ======= SN + SI = RI

    Dans un troisime temps

    Le Stimulus Conditionnel SC ========== Rponse Conditionnelle RC

    La cloche la salivation

    Pour Paul Fraise & Jean Piaget la notion de base dont part Pavlov est celle de rflexe

    quil dfinit de la faon suivante : toute activit de lorganisme est une rponse rgie

    par des lois, laction dun agent dtermin du monde extrieur 65

    .

    Gilbert Longhi expose le courant Bhaviorisme comme limitant lobjet de la

    pdagogie aux comportements observables, enregistrables et mesurables 66

    .

    Dans le courant Bhavioriste, la relation de cause effet Stimulus-Rponse est

    omni prsente.

    Plusieurs expriences sont ainsi menes :

    Thorndike (Edward), cre une situation d'apprentissage avec des botes-

    problmes, dispositif dans lequel est enferm un animal et dont il ne peut sortir qu'en

    63

    Ibid. p.37 64

    Annexe IV 65

    Fraise, P-Piaget, J. trait de psychologie exprimentale, 1964, p 5. 66

    Longhi, G. dictionnaire de lducation, 2009, P 107

  • 34

    faisant une manipulation dtermine, qu'il doit dcouvrir en ttonnant. Il sagit dun

    apprentissage par essai-erreur. Cet apprentissage se nomme aussi la loi de

    Thorndike . Les auteurs Nicolas et Ferrand nous en donnent lexplication suivante :

    lapprentissage consiste dans llaboration dune nouvelle liaison sensori-motrice de

    type stimulus-rponse (S-R), lorsque se constitue une connexion nouvelle de type S-R, et

    que cette connexion a pour effet le succs de la satisfaction, la force de la connexion est

    accrue 67

    .

    En dautres termes, pour Thorndike, La connexion entre le stimulus et la rponse est

    soit renforce, soit affaiblie en fonction de ses consquences.

    Tout acte qui, dans une situation donne, produit de la satisfaction a plus de

    chances de se reproduire si une situation analogue survient nouveau.

    Inversement, tout acte ayant produit de la non satisfaction dans une situation

    dtermine aura tendance disparatre si cette situation se reprsente

    ultrieurement.

    Un autre type dexprience du conditionnement a t formalis par Skinner

    (Burrhus, Frdric). Pour lui, travers ce qui sera nomm la Boite Skinner

    lvidence est mise sur un nouveau type de comportement, comme nous le prcisent de

    nouveau Nicolas et Ferrand dans ce nouveau type de conditionnement, et

    contrairement celui de Pavlov, le sujet est actif. Une rponse R motrice qui apparat

    de temps en temps lorsque le sujet est face un stimulus S va tre slectionn au moyen

    dun agent renforateur qui survient ds que la R choisie est donne pour ce S 68

    .

    Ci-dessous un tableau schmatisant cette exprience.

    Stimulus Stimulus

    Ajout Retrait

    Augmentation de la

    frquence du comportement

    Renforcement Positif Renforcement Ngatif

    Diminution de la Frquence

    du comportement

    Punition Positive Punition Ngative

    67

    Nicolas, S. Ferrand, L. 2009, op.cit, P 57. 68

    Ibid. P. 59

  • 35

    John Broadus Watson, par ses travaux sur une enfant de 18 mois, a t considr

    comme le pre du Bhaviorisme. Il effectue sur cet enfant un conditionnement par la

    peur.

    Comme lcrivent toujours ces deux mmes auteurs Watson fut le reprsentant

    dun Bhaviorisme radical exposant un point de vue selon lequel le milieu a une plus

    grande importance que lhrdit ou la constitution de lindividu pour la dtermination

    du comportement 69

    . Ils reprennent une de ses publications suite son exprience avec

    cet enfant, donnez moi une douzaine denfants bien-portants, bien conforms et mon

    propre milieu spcifique pour les lever et je garantis de prendre chacun au hasard et

    den faire nimporte quel type de spcialiste existant () sans tenir compte de ses

    talents, penchants, tendances, capacits, de sa vocation ni de la race de ses

    anctres 70

    .

    Le Bhaviorisme pour nos deux auteurs, bien que portant essentiellement sur

    des expriences animales, ont largement t par la suite appliqu aux Hommes. Selon

    eux : les principes Bhavioristes ont permis une approche plus humaine de

    lducation des enfants, de nouvelles thrapies pour les troubles du comportement et

    des ides de modles de communaut utopiques 71

    .

    1.2.4 : Le Constructivisme

    Jennifer Kerzil dans lABC de la VAE stipule que : le constructivisme est une

    thorie de lapprentissage fonde sur lide que la connaissance est labore par

    lapprenant sur la base dune activit mentale. Cette thorie repose sur lhypothse

    selon laquelle, en rflchissant sur nos expriences, nous construisons et

    dconstruisons notre propre vision du monde dans lequel nous vivons 72

    .

    Le constructivisme vu par Gilbert Longhi, cite les quatre grandes figures de ce

    courant psychologique que sont Bachelard, Bruner, Piaget et Vygotsky. Pour lui le

    constructivisme est : lenseignement qui doit comprendre le processus psychique de

    lapprentissage (cognition). Pour proposer de nouvelles connaissances, il utilise le

    substrat intellectuel dont dispose dj llve qui devient acteur de son instruction 73

    .

    69

    Ibid. P. 58. 70

    Ibid. P. 58 71

    Ibid. P. 60. 72

    LABC de la VAE, 2009, op.cit, p112. 73

    Longhi, G. dictionnaire de lducation, 2009, op.cit, p 107.

  • 36

    De toute vidence, celui qui a le plus marqu lhistoire du courant

    constructivisme est sans conteste Jean Piaget. Psychologue et pdagogue, ses travaux

    portent essentiellement sur le dveloppement biologique de ltre humain et plus

    prcisment sur la construction du dveloppement intellectuel de lenfant.

    Grce ses exprimentations, il distingue quatre priodes regroupes en deux

    grands stades subdiviss en sous stades, dont nous vous proposons ci-aprs un tableau.

    2ans 4 ans 5 ans 7-8 ans 9-10 ans 12ans

    Stade pr opratoire stade oprations concrtes

    Dans le livre lEsprit Piagtien, Jacqueline Bideaud rappelle que ce qui a

    passionnment intress Piaget, cest la fameuse question pistmologique de

    laccroissement infini des connaissances dans lhistoire des sciences 74

    . Pour rpondre

    cela Piaget y mettait trois conditions :

    - tudier le dveloppement historique des connaissance.

    - procder une analyse de lintelligence qui permette de mieux connatre

    les instruments logico-mathmatiques dont elle dispose.

    - tudier le dveloppement de ces instruments l ou on peut le faire dans

    un raccourci saisissant, cest dire chez lenfant.

    74

    Houd, O. Meljac, C. 2000, (sous la direction de) lesprit Piagtien, hommage international Jean

    Piaget, 2000, p 9.

    Dbut de la

    reprsentation

    Intuitions

    primaires

    Reprsentations

    articules

    Oprations

    concrtes

    simples

    Oprations

    concrtes

    complexes

    Jeux

    symboliques

    Pr concepts

    Transduction

    Configurations

    statiques

    Egocentrisme

    Ralisme

    Intuitions

    Articules

    Dbut de

    rgulation

    Oprations

    logico-

    arithmtiques

    Classification

    Sriation

    Nombres

    Oprations

    spatiotemporelles

    complexes

    Poids-Volume

    Mesure

  • 37

    Dans sa revue qubcoise, Domenico Masciotra, (consultant international en

    ducation et formation) nous renvoie la thorie Piagtienne, dite thorie de

    lquilibration. Il revient au pralable sur le constructivisme, prcisant quil

    sagit : dune posture pistmologique qui prtend quune personne dveloppe son

    intelligence et construit ses connaissances en action et en situation et par la rflexion

    sur laction et ses rsultats . Il prcise que le constructivisme est une thorie du

    connatre (actif) plus quune thorie de la connaissance (passif), parce que laction est

    le moteur du dveloppement cognitif 75

    .

    Selon lauteur deux grands principes rsument le constructivisme :

    le premier principe consiste considrer que tout apprentissage se ralise

    partir de ses connaissances antrieures .

    le second que tout apprentissage repose sur la transformation de ses

    connaissances antrieures .

    A partir de ces principes, apprendre, cest assimiler et saccommoder. Toujours daprs

    lauteur la premire tape dassimilation permet de transformer les connaissances

    nouvelles par rapport ses connaissances anciennes .

    Assimiler cest aussi apprendre, et pour apprendre il faut pralablement

    transformer la nouveaut et lexprimer dans ses propres termes . Il y a donc ici une

    notion non ngligeable dappropriation personnelle.

    Saccommoder, cest diffrencier ses connaissances antrieures et les

    rorganiser. De plus une personne donne du sens une situation en lassimilant ses

    structures cognitives . Il y a ici la notion de connaissances transformer, transfrer.

    Lauteur explique finalement que tout apprentissage rsulte dun processus

    dquilibration entre lassimilation et laccommodation .

    John Flavell, reprenant le modle dassimilation-accommodation, de Piaget,

    stipule que ce modle nous permet de concevoir le dveloppement cognitif comme un

    processus graduel dacquisition structurale et de changement dans lequel toute

    75

    www.mels.gouv.qc.ca/sections/viepedagogique/.../143/vp143. Masciotra, D. Vie pratique N 143, p 48

    52. Consultation en ligne le 20/03/2012.

  • 38

    structure mentale nouvelle nat de celle qui la prcde au moyen de lopration

    continue dassimilation et dadaptation 76

    .

    Il prcise par ailleurs que le processus dquilibration comporte trois tapes

    majeures celles-ci sont donc :

    - lquilibre cognitif un niveau dveloppemental donn,

    - le dsquilibre cognitif produit par la prise de conscience de phnomnes

    nigmatiques, contradictoires, dissonants ou encore inassimilables, que

    lon navait pas remarqus jusqualors.

    - Lquilibration ou r quilibration cognitive un niveau

    dveloppemental suprieur, comme rsultats dune re conceptualisation

    du problme de manire donner un sens aux phnomnes jusque-l

    inassimilables.

    Le constructivisme, en sintressant comprendre le dveloppement cognitif de

    lenfant diffrents ges de son volution, a contribu donner naissance une

    pdagogie visant le dveloppement de lautonomie. Cest aussi la premire fois ou il est

    fait rfrence la notion de motivations. Cette motivation est aborde par Joseph

    Nuttin, ici voqu par Paul Fraisse et Jean Piaget, qui met laccent sur une thorie

    plus large de la conduite humaine , et de prciser que cest assurment la notion de

    motivation, fonde sur celle de besoin, qui est au centre de cette doctrine de la conduite

    humaine 77

    .

    1.2.5 : Le Cognitivisme

    Cette thorie est principalement issue des rflexions et travaux de la fin du

    constructivisme. Ces travaux sappuient sur ceux prcdemment dcrits par Piaget mais

    dont Leg Vygotsky et Jrome Seymour Bruner donnent une nouvelle orientation.

    Contrairement au Bhaviorisme, Serge Nicolas et Ludovic Ferrand soulignent

    que la psychologie cognitiviste sintresse au problme des reprsentations mentales,

    de leur format et de leur organisation . Ils crivent encore que les cognitivistes vont

    sintresser aux oprations mentales/cognitives, aux processus psychologiques

    intercals entre le stimulus et la rponse, entre lenvironnement et le comportement 78

    .

    76

    Ibid. p 214-215. 77

    Fraisse, P ; Piaget, J. 1974, op.cit, p 119. 78

    Nicolas, S. Ferrand, L. 2009, op.cit,, p.165-166

  • 39

    Reprenant les notions de Stimulus-Rponse du Bhaviorisme, ils formulent la

    perception du cognitivisme comme suit le terme entre a remplac le terme stimulus,

    le terme sortie a remplac le mot rponse , tout cela ou, dans le cadre du traitement

    de linformation, ltre humain (comme lordinateur) reoit une entre sensorielle

    (imput), traite cette entre, la stocke en mmoire, et produit une sortie (output) 79

    .

    Nos deux psychologues prcdemment voqus, dans louvrage consacr

    Piaget, nous clairent sur Vygotsky, qui dveloppe une approche historico-culturelle.

    Dans cet ouvrage, Jrome Bruner cite que le gnie de Piaget tait danalyser le rle

    fondamental des oprations de type logique dans lactivit mentale humaine, tandis que

    celui de Vygotsky tait de montrer comment le pouvoir de lindividu repose sur sa

    capacit de sapproprier la culture et lhistoire en tant quoutils intellectuels 80

    .

    Laxe central de la thorie de Vygotsky, est la zone proximale de

    dveloppement . Bruner rsume cette approche en expliquant que cette zone

    proximale de dveloppement est constitue par la distance qui spare ce quun individu

    peut faire de lui-mme, sans laide de personne, et ce quil parvient faire grce aux

    indications et aux aides que peut lui apporter un autre individu inform 81

    .

    Toujours selon Bruner, Vygotsky introduit dans la pdagogie les relations

    intersubjectives .

    Pour tre efficace, la pdagogie doit attirer lattention de llve, en faisant ressortir

    pour lui les caractristiques dcisives dun problme, en sriant les tapes de

    comprhension en favorisant la ngociation, bref, en dcortiquant pour lui la tche pas

    pas 82

    .

    Bruner, quant lui, dveloppe une approche interactionniste. Selon sa thorie,

    lacte dapprendre comporte trois processus dcrits par Lusignan et Goupil en 199383

    .

    - lacquisition dune nouvelle information

    - la transformation de cette information

    - lvaluation

    Bruner, cit par ces mmes auteurs, considre quapprendre est un processus interactif

    dans lequel les gens apprennent les uns des autres . Il conoit plus le rle de

    79

    Ibid. p166. 80

    Houd, O ; Meljac, C, 2000, op.cit, p238. 81

    Ibid. p. 245. 82

    Ibid. p246. 83

    www.mmoireonline.com. Consultation internet du 12/03/2012

    http://www.mmoireonline.com/

  • 40

    lenseignant travers la mise en uvre dun processus dtayage ; ce