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C 0 M B A T s
r
La Croix-Bleue an travail
1877~1952 .
V I C T 0 I R E s
r
NOTRE JUBILÉ
La Croix-Bleue fête
son soixante-quinzième anniversaire
1877-1952
Grand Dieu, nous te bénissons,
Nous célébrons tes louanges!
Reconnaissance pour la vocation du fondateur
LOUIS-LUCIEN ROCHAT
Reconnaissance pour le relèvement de plus de 25 000 buveurs, hommes et femmes qui, en même
temps que la guérison, ont trouvé ou retrouvé Dieu.
Reconnaissance pour les perspectives de travail et de service et, conséquemment, de joie, que nous
réserve l'avenir!
Notre devise:
Notre but:
Sauver, avec le secours de Dieu, les buveurs de l'esclavage et de leur passion afin,
qu'à leur tour, ils fassent connaître Celui qui les a guéris.
La Croix-Bleue a installé ses postes de secours et d'entraide à travers le pays. Elle
en compte en Suisse 547. Elle appelle sans se lasser les buveurs: Venez, entrez, dit
elle, je suis là pour vous, pas de traitement spécial et onéreux, je demande:
VOTRE FOI
« Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille . . » Actes 16/ 31
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Quand Dieu appelle ...
Le 7 janvier 1849, Louis-Lucien Rochac naît à Genève. De santé délicate, il donne des soucis à ses parents. Cela ne l'empêchera pas d'encrer au collège, de passer ensuite plusieurs mois en Suisse alémanique, de faire des études complètes de théologie.
Séjour en Angleterre: premier contacc avec la lutte antialcoolique. Essai concluant d'abstinence pratique sur lu.i-mêroe. Un buveur relevé lui cause une grande émotion: «Il faut couper coure à la boisson, lui déclare-c-il.»
Louis-Lucien Rochat
Choisi par Dieu pour commencer dans son pays le bon combat, il exprime le sentiment de son incapacité. «Ma grâce ce suffie, lui est-il répondu.»
Cossonay. Le suffragant Rochat voie en face les misères de sa patrie que l'alcoolisme ravage. Il prêche, il avertit, il console, il montre, en dépit des sarcasmes, le chemin du renoncement et de l'abstinence. Ses collègues euxmêmes s'étonnent de tant de conviction! Exalté? Non pas. Réaliste, au contraire , il voit telle qu'elle est la société humaine.
Genève. Avec son ami Fermaud, le 21 septembre 1877, il convoque en la Salle de la Rive-Droite, une première réunion. Le pionnier ouvre la voie, mais il entend être suivi. Il faut que se lèvent des hommes et des femmes soucieux de l'avenir du pays.
Vingt-six personnes signent un engagement d'abstinence totale au cours de cette
DA1'J CETTE ~1.AUO:-. LE 21 ÂO ÙT 1871 ,
Louis LucIEN ROCHAT PASTEt;R SL'rIRAGÀ' T t>E CETTE r.>.R015if
RÉPONDANT À li\PPEL DE om,; CO~SACRA 5,\ VIE AU R,ELÈ\'EMENT DES
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BL \'fl ;RS. ·Il flT LE fO:'\i>ATELll DE U CR.OIX·Bl[ll: ·
Plaqu e commémorative sur la maison de Cossonay
soirée mémorable: Ce sont les pères ec les mères de la Croix-Bleue!
Impr essionné ec fortement encouragé, le fondateur saie maintenant que le Dieu vivan c est à l'œuvre avec lui. Dès le 16 novem
bre 1877, suffragant à Commugny, il doit interrompr e son travail, mais non son ministère. Sa vocation terrestre de serviteur de Jésus-Christ ne sera arrêtée que par la mort ...
Genève, berceau de la Croix-Bleue
L'arbre grandit! «La Société Suisse de Tempérance» est fondée. Rochat, par
la bonté de Dieu, put compter, dans la suite, sur le zèle et la foi d'un collaborateur éminent:
ARNOLD BOVET
Né le 19 janvier 1843, pasteur de l'Eglise Libre de Berne, il fut un des plus ardents apôtres de la Croix-Bleue dans les pays de langue allemande.
On a dit de lui: «Là où d'autres auraient renoncé à agir, il ne cessait de supporter, d'aimer, de croire et d'espérer!»
Louis-Lucien Rochat, entre temps, épouse le 28 avril 1881, Mlle Selma Weiss. le jeune couple élit domicile dans la vieille
maison familiale à Meyrin, face à la ligne paisible de ce Jura d'où la famille Rochat est originaire.
,
Arnold Bovet
Voué désormais entièrement à l'œuvre qu'il a fondée, Rochat rayonnera à travers tout le pays et
souvent à l'étranger . Le 10 décembre 1917, il est rappelé par Dieu.
Le 21 septembre 1877
ils se liguèrent au nom de J ésus-Christ
pour les délivrer
Lausaooe
et les fruits abondent!
Vaud . A Lausanne, le pasteur anglais W. Cornforth est à la tête d'un
modeste groupement abstinent. Sa devise: Prier et agir. Deux ans s'é
coulent avant qu'un premier buveur demande à être enrôlé. Cependant de valeureux combattants se succèdent à la brèche: Emile Cuénod, An
tony Rochat, Emile Bonnard, Dr. Müller, Henri Daulte et beaucoup
d'autres. Aujourd'hui l'œuvre continue: 102 sections, 3257 membres.
Neuchâtel. Deux Unionistes : Fritz Jeanneret et Auguste ]aquet
mènent campagne, aidés par deux collaboratrices ferventes, Clara Bovet
et Sophie Roulet. Aujourd'hui, une loi cantonale, concernant le traite
ment des victimes de l'alcool, assigne une place importante aux sociétés
spécialisées dans la lutte antialcoolique: 35 sections et 1857 membres .
Jura bernois. De Bienne: Jacottet, Gross, Morel, Bovet, Aurèle
Robert. De Tramelan: Monbaron, Gagnebin. De Porrentruy: Yzmg.
Noms de pionniers, noms vénérés! Des pasteurs sont à l'œuvre, l'Eglise n'est pas indifférente: 21 sec
tions, 1318 membres.
En suisse alémanique . Neuchâtel
En septembre 1879, Arnold Bovet convoque une séance de propa-gande à Berne. Sept hommes signent un engagement. En avri l 1880 la
section de Berne est fondée et le drapeau de la Croix-Bleue flotte dans la
capitale . Le rassemblement d'Herzogenbuchsee, en 1883, réunit cin
quante délégués. Bâle, grâce au zèle de Nabholz, dès 1887, compte un
faisceau de quinze sections. Zurich ne reste pas en arrière, avec Eidcn
benz. De même, Saint-Gall, avec Carl Pestalozzi. Schaffhouse, Davos,
Aarau, Glaris, sous la magnifique impulsion d'hommes, tels que Frau1:;n
f elder, Langmesser, Rohr donnent naissance à de nouvelles sections.
Le processus est presque partout le même: au début, un homme
Berne « plein d'Esprit saint et de puissance»: en l' occurence, Arnold B0vet1 p·,.üs,
quelques signataires (parfois un seul). Ensuite un rassemblement est con
voqué. Il fait impression sur la population. Le mal est dénoncé aYec
force; grâce à la foi, la bataille est engagée et le courage des combattants
remporte la victoire! En 1951, la Suisse alémanique compte 3 72 sections, avec un total
de 11 121 membres .
Zurich
Comme dans toute œuvre spiri
tuelle, le nombre importe moins que la
qualité de ses membres. Celle-ci ne peut être acquise, dans
les cadres de la Croix-Bleue, que par le
moyen de la communion avec son seul
Bâle
chef: Jésus-Christ. - N'est-ce pas la méthode spirituelle dont elle use
qui constitue l'originalité fondamentale de notre société? - Bonn e
volonté ou volonté humaine ne suffisent plus quand il s'agit de changer
le cœur d'un homme. La puissance divine en est seule capable.
En avant toujours ...
L'arbre planté par L.-L. Rochat étend aujourd'hui ses ramures au loin. Voici quelles sont les sociétés nationales de la Croix-Bleue: Allemagne, Belgique, Danemark, France , Hongrie, Italie, Norv ège, Pays-Bas, Ronga -Thonga, Suisse, Tchécoslovaquie, Union Française.
France. Après les temps héroïques où les Barbier, Dieterlen, Litcy
Peugeot, Ludwig, Bianquis, Matter donnèrent toutes leurs forces, un
relâchement se produisit, en suite de guerres et de crises politiques . Un Français sur quatre, a-t-on pu écrire récemment, «vit du com-
Type français
merce de l'alcool». Mais des vaillants sont à l'œuvre sur tout le territoire de la République. Allemagne. En 1900 on compte 43 000 mem
bres actifs. Aujourd'hui, 6000 poursuivent le combat. On relève les i:uines. Les asiles pour buveurs sont rebâtis . Norvège. En 1820 déjà, l'évangéliste Hauge prêche la croisade contre l'alcoolisme . La CroixRleue est fondée en 1906. Aujourd'hui, 15 000 membres et 300 sections sont au travail. En
195 1, une forte déléga-Ancien buveur de Nuremberg tion de la jeunesse nor-
dique de la Croix-Bleue visite la Suisse. Afrique du Sud. La Croix-Bleue RongaThonga est le flambeau des stations missionnaires. Les pasteurs indigènes sont abstinents. Pour lutter contre les habitudes ancestrales, ils ont une rude bataille à livrer. D'un côté, le front noir où, comme les anciens, les indigènes manient l'alambic, et le front blanc formé de tous les trafiquants du
liquide empoisonné! La victoire appartient aux plus opini- La maison de la Croix-Bleue à Oslo
âtres. Madagascar: Il existe dans la grande île plusieurs sec-
tions de chauffeurs abstinents . La Croix-Bleue y compte 23 675 membres dont 4187 buveurs relevés. On pourrait parler encore de la Côte d'Ivoire, du Dahomey, du Togo, du Gabon, du Lessouto, du Zambèze, du Cameroun, de la Nouvelle Caledonie où la lutte continue, incessante. N'entendons-nous
pas l'appel à l'action héroïque, lancé avec vigueur par tous nos
frères de couleur? Mais, n'est-ce pas à nous, les blancs, à monter avant eux à l'attaque?
Oui, à nous «les civilisés» à
qui incombe une œuvre de réparation en regard de tout l'alcool exporté d'Europe et d'ailleurs ! Quel défi pour nous lorsque nous voyons des chrétiens africains prendre parti pour l'abstinence!
Pasteur malgache, membre de la Croix-Bleue Jeune membre de la Croix-Bleue du Sud de l'Afrique
Au cabaret
f'
Du cabaret à la prière. Le café, dout l'image figure ici, rap
pelle les buveurs qui le fréquentaient ec dont L.-L. Rochat s'est occupé avec tant d'amour. Les cœurs les plus durs ne fondent-ils pas aux chauds rayons d'un cœur aimant? Et lorsqu'ils comprennent que cette affection n'est que le pâle reflet de l'amour divin, ils sont touchés plus encore.
« Venez à moi, les travaillés et les chargés, disait le Christ.»
Au nom de Celui qui fit retentir cet appel, le Croix-Bleue est descendue dans la profonde misère des buveurs. Elle leur
a montré qu'il reste toujours une espérance pour celui qui joint les mains en pensant au Sauveur. Un esclave de la boisson pourrait-il se relever sans cette force que procure la prière? Celle
des autres et la sienne propre? Les travailleurs de la Croix-Blene savent quelle imprudence et quelle inconséquence ce serait que d'aller à la recherche d'un buveur sans être spirituellement armés! S'ils veulent obtenir une victoire sur le démon, c'est au Seigneur qu'il doivent demander son assistance. Même s'ils ne sont point reçus, il ne se découragent pas, ils reviennent à la charge, parce qu'ils con
tinuent de prier, d'intercéder. Un membre de la Croix-Bleue se rend un jour chez un malheureux dont la vie, à cause de l'alcool,
était un vrai chemin de perdition . Il fut bouté dehors et faillit tomber dans l'escalier ... Il fallut bien des mois pour terrasser le démon. Ce buveur qui était forgeron, lorsqu'il était ivre s'amusait, le dimanche, à battre le fer dans la rue pour faire rire les passants. La police dut s'en mêler (on sait quel' in
tervention de la force en pareil cas ne fait qu'exaspérer le buveur). Mais cet homme, cerné par un véritable réseau de prière, fut finalement vaincu.
L'arme de relèvement, par excellence, dans la Croix-Bleue et ailleurs:
c'est la prière. Sans la prière, Louis-Lucien Ro
chat n'eût pas trouvé la force pour répondre à l'appel de Dieu, comme pour consacrer entièrement sa vie à la
Croix -Bleue. Sans la prière, ses collaborateurs
et continuateurs n'eussent jamais remporté les victoires grâce auxquelles la Croix-Bleue s'impose aujourd'hui à
l'attention de nos contemporains. Grâce à la prière, nous pouvons
espérer encore de nouvelles et de nom
breuses délivrances. Mains jointes
sants. On trouve naturel que les jeunes, en particulier, saisissent toutes les occasions de boire en compagnie . . . Sans
doute, il y a des sportifs disciplinés, modérés ou même abstinents . Mais ces derniers sont une exception. Ivresse et lascivité ne sont-elles pas d'indispensables éléments de cette vie attrayante que recherchent tant de jeunes?
Faut-il s'étonner qu'en sortant de soirées bien arrosées, du dancing parfois, le volant ne soit pas toujours tenu d'une main ferme? Combien «d'homicides par
Et maintenant? S'il est indéniable que l'antialcoo
lisme a progressé, est-ce à dire qu'il a gagné la partie et que nos drapeaux de la Croix-Bleue doivent désormais figurer dans des vitrines de musées? Nous ne le pensons pas.
Jus de fruits et jus de raisins sont demandés par une clientèle très nombrei;se. Mais nous n'ignorons pas que bien des maîtresses de maison savent répondre au goût du jour en se servant du bar d'appartement. Généreusement, vins fins, li
queurs variées et coktails sont servis à des hôtes charmés! D'où le danger d'une alcoolisation familiale. Ajourez à ce péril domestique celui des dancings où l'alcool, cet infaillible excitateur des sens, coule abondamment.
L'alcoolisme a toujours sévi dans
toutes les classes de la société! Aujourd'hui, les boissons alcooliques sont accréditées même dans les milieux bien-pen-
négligence» sont dûs à l'absorption d'une dose, même
faible, d'alcool! En 1951, il y eut, en Suisse, 3173 retraits du permis de conduire, soit le 5 8 % pour cause d'ébriété au volant .
A la prison, des détenus avouent qu'avant de faire leur coup - cambrioler une villa, jeter un pavé dans
une vitrine de bijoutier - ils ont eu soin de prendre «quelques cognacs», pour se donner du courage.
Les buveurs peuven t être guéris . ..
«En Suisse, sur un chiffre de population de 4 600 000 habitants, on compte un total d'environ 50 000 alcooliques notoires.» A côté de tous ceux dont la capacité de travail est diminuée, il y a les alcooliques retirés de la circulation parce que mis en traiti>ment ou sous surveillance. Les effectifs des alcooliques correspondent à trois divisions sur pied de guerre!» Pierre Grellet,
rédacteur.
La Maison d':! Pontareuse
Soit pour Genève: 2100; Lausanne: 1300; Bienne: 600; Chaux-de-Fonds: 400; Neuchâtel: 300, pour ne parler que de quelques centres urbains de Suisse romande. Mais, tous ces buveurs peuvent
être guéris! En soixante et quinze années, c'est par milliers que la Croix-Bleue a enregistré des relèvements.
Dans une seule année, elle a reçu en Suisse plus de 1400 engagements. Malgré tout, nous devons nous dire que ce chiffre est minime si nous pensons à tous ceux qui devraient être pris! Les maisons de cure et les «Semaines pour buveurs» nous prouvent que cure d'âme et traitement physique sont insépara
bles. L'une et l'autre relèvent du même souci fraternel: sauver le buveur! La maison de Pontareuse (Neuchâtel) abrite une cinquantaine de pensionnaires. Sous une pater
nelle autorité, ces hommes travaillent pour la plupart aux champs. A côté de ce sain labeur, les entre
tiens dirigés par le directeur sont à la base de la ré~ducation morale et spirituelle des hommes qui lui sont confiés. Voici les paroles par lesquelles fut accueilli, à Pontareuse, le héros de «La grande soif»:
«Comme vous pourrez le constater, notre établissement n'a rien d'une prison. A quelques exceptions près, nous ne recevons que des hommes qui nous viennent librement, parce qu'ils souhaitent trou ver la force de vivre dans la sobriété. P.as de murs, pas de haies, pas de fossés. A quoi bon, la grande muraille infranchissable, c'est la conscience de chacun. Je veux espérer que la vôtre parlera haut .»
Le directeur de cette nécessaire maison de réeducation conclut ainsi l'un de ses rapports annuels:
«La Maison de cure idéale de demain est celle où la science médicale et la psychologie du cœur et de l'âme auront leur vraie place, là où sera banni tout amateurisme fâcheux et où une vraie équipe bien décidée et entièrement consacrée travaillera de tout son cœur en donnant le meilleur d'elle-même à la grande cause de l'antialcoolisme. La valeur rééducative de nos maisons ne se discute pas, elle se prouve. Dans la thérapeutique moderne pour la lutte contre l'alcoolisme, notre Maison ne se dérobera pas à sa tâche, bien au contraire; en acceptant le bain de Jouvence nécessaire, elle demeurera fidèle à sa mission en faisant sienne la phrase classique d'un Ambroise Paré: «Je le pansai, Dieu le guérit.»
Béthesda, à Lausanne, est le refuge des femmes adonnées à la boisson. «J'ai terminé mon séjour ici dans la paix et je suis sortie guérie», écrit l'une d'elles. Paix et guérison, que
peut -on souhaiter de plus? Il est encourageant de constater que les cantons prennent
toujours mieux conscience de la nécessité et de la valeur d'un séjour dans une maison de cure. Elles accordent, à cet effet,
des subsides importants. Cependant, les mesures administratives, ou même une
cure de désintoxication, se révélent, le plus souvent, impuissantes là où n'a pas été prise une décision personnelle, d'ordre
moral et spirituel.
Loisirs dans une maison de cure
Fête des Musiques de la Croix-Bleue à Lausanne
mettent en vente . De puissants intérêts financiers sont en jeu! La jeunesse est menacée et les aînés - au civil comme au militaire - sont loin de montrer toujours un exemple de sobriété et de bonne tenue. Pour mener victorieusement le combat dans de telles conditions, le coude à
coude des vastes rassemblements n'est-il pas nécessaire? D'aucuns trouvent peut-être naif de déployer des drapeaux ou de former des cortèges. Nos fanfares jouent des marches ou des cantiques, nos drapeaux proclament la guérison et la paix par l'abstinence, mais les populations de
T 011,jours prêt!
'
Drapeaux et Fanfares!
D rapeaux et fanfares jouent un rôle important dans la Croix-Bleue. Non que ses membres cherchent à attirer l'attention du public par de vaines parades. Mais ils aiment à se grouper afin de s'encourager les uns les autres et se préparer ensemble à de nouveaux
combats. Au lendemain de ces rassemblements ré
gionaux ou nationaux, ils savent quelle grande tâche les attend cous. Dans le pays, les débits d'alcool se multiplient . Epiceries, Tearooms n'entendent pas décevoir la clientèle par la variété et la qualité des boissons qu ïls
Cœurs heureux - Fêtes joyeuses
nos campagnes et de nos cités urbaines ne doivent-elles pas être informées de notre but et de notre activité?
Ne saisie-on pas que l'action de la Croix-Bleue est à la fois, extérieure ec intérieure? Extérieure, en ce sens qu'elle ne doit point se cacher pour agir, qu'elle ne doit pas craindre de montrer qu'elle existe pour le salut des buveurs, ec
que ces derniers seront toujours bien accueillis dans ses postes de secours.
L'action intérieure est celle que Jésus-Christ exerce dans une âme conscience de sa misère et implorant la délivrance. Ainsi les anciens buveurs se sentent-ils souvent une responsabilité à l'égard de ceux que l'alcool tient encore dans ses filets. L'homme libéré devient témoin de la grâce de Dieu , s' éfforçanc de démontrer, en toute humilité, qu'il existe un Libérateur divin.
Ne sommes-nous
pas jeunes? Oeuvre d'avenir, la Croix-Bleue s'efforce d'atti
rer les jeunes, mais elle esc reconnaissante à ]'Espoir
pour son action efficace.
Sans se rattacher officiellement à elle, t'Espoir qui a son organisation propre, travaille dans le même but,
mais avec une vision plus spécialisée de l'effort qu'il poursuit: combattre les dangers de l'alcoolisme - et surtout les prévenir - parmi les enfants . C'est, entre autres, à t'Espoir que l'on doit d'avoir démontré que si l'abus de l'alcool est nocif pour les adultes, son seul usage est reconnu dangereux pour les enfants. De l'avis des médecins et hygiénistes, il serait nécessaire d'aller plus loin: jusqu'à faire comprendre aux parents que la consommation des boissons alcooliques
est nuisible avant l'âge de 20 ans. Depuis 1893 - date de la fondation - des milliers d'Espériens, en Suisse, en France, en Belgique et jusqu'en Afrique, arborent fièrement l'ancre d'or, épinglée sur leur poitrine. Vive l'Espoir!
Une fois l'an, se retrouvent au Camp bleu , à Vawnarcus, les jeunes abstinents de Suisse romande. Travaux, heures de recueillement, délassement alternent, dans un cadre de beauté et de jeunesse, avec les entretiens privés, d'où sort souvent un renouveau dans la volonté de mieux servir.
Les jeunes ne peuvent concevoir la vie sans le sport, ec c'est pour eux un singulier stimulant de savoir que les grands as du cyclisme, du football et de l'alpinisme ont banni tout alcool de leur alimentation. D'avance, ils savent que ceux qui, parmi eux, feraient fi de cette salutaire discipline, ne parviendraient jamais au titre de champ ion!
Les cas de rechutes ne manquent pas, hélas, dans l'œuvre de la Croix-Bleue; pour qu'ils ne se laissent pas décourager, il faut aux militants une bonne dose de courage et de foi.
Mais lorsqu'ils voient des jeunes se décider joyeusement à combattre le bon combat, après avoir été convaincus de la nécessité de la lutt e au sein de la jeunesse de leur pays, ils expriment à Dieu leur profonde reconnaissance.
A droite: La bonne soif En bas à gauche: Sur la colline
La Bible au centre! Chacun son tour!
Et le monde, n'est-il pas à nous?
Pour aider aux enfants de buveurs, les Petites Fa
milles et les Colonies de Vacances ont été créées. Grouper sous le même toit les enfants moralement en danger et, dans une atmosphère familia le, appliquer les règles de la pédagogie chrétienne , tel est le but. De bons résultats furent obtenus par le moyen de ces deux institutions, confiées à des directrices au cceur maternel. Quelle recon
naissance garderont ces petits à celles qui surent donner un foyer chaud à leur enfance!
A la belle saison, les Maisons de vacances se remplissent d'un peuple joyeux. L'importance de la vie en communauté n'est plus aujourd'hui à démontrer. Mieux que les adultes aux habitudes prises, les jeunes se laissent
facilement former aux exigences d'une telle existence en commun, dans l'esprit même de l'Evangile.
Certaines de ces maisons sont ouvertes, non seulement à la jeunesse, mais aussi aux familles . Si la joie des vacances est unique, n'est-elle pas souvent ternie dans
f'
Petite Famille
bien des milieux par l'abus de l'alcool, en vertu de ::e préjugé selon lequel : «Pour bien s'amuser il faut bien boire!» N'est-ce pas le contraire qui est vrai, car un milieu abstinent conserve à la joie - celle des vacances et toutes les autres - sa pureté et son ardeur.
La valeur d'une civilisation se mesure - a-t-on souvent remarqué - au degré de respect voué à la femme et à l'enfant. Lorsque dans un pays -
certaines contrées de notre pays suisse, en particulier - l'homme compte sur la femme pour les gros travaux ou permet que l'on verse à boire de l'eau-de-vie à ses enfants , il est évident que l'harmonie (et sa condition première : la santé) ne peuvent règner dans un tel milieu . Peu à peu, cependant, nous voyons triompher les principes d'hygiène et de morale qui garant issent le bonheur du foyer.
Les maisons de vacances de la Croix-Bleue - grandement favorisées aujourd'hui par le régime nouveau des vacances payées des travailleurs manuels - sont une manifestation réjouissante de progrès social, moral et spirituel. - Joyeuses, des familles accourent au cceur de l'été. On les voit, sac au dos, gravir la pente qui conduit au chalet . Sur le seuil, des amis leur font signe, puis, les accueillent. Une heure plus tard, rafraîchis, reposés, les voici tous réunis autour de la longue table , devant la soupière fumante.
Mais, même au temps des vacances, on emporte avec soi ses habitudes, d'où peuvent surgir quelques difficultés. Cependant , il est possible de construire une vie heureuse sur la
base du seul fondement solide: ce roc de la parole de Dieu, dont parle l'Evangile.
Maisons de vacances
Alcool, Etat et Peuple suisse. 1885 Le Conseil National reconnaît la nécessité de la lutte contre l'alcoolisme, telle que l'a entre.
prise la Croix.Bleue.
1892 Louis-Lucien Rochat est appelé à sièger dans une Commission fédérale où doit être examinée la question de la répartition de la dîme de l'alcool. Nous devons à notre fondateur qu'une loi ait été votée, selon laquelle le lOo/o des bénéfices réalisés par les cantons sur la vente de l'eau.de.vie devront être utilisés pour la lutte antialcoolique.
1905 Les membres de la Croix-Bleue suisse appuyent, tant qu'ils le peuvent, le mouvement qui se manifeste en faveur de la prohibition de !'absinthe.
1908 Le 5 juillet, le peuple suisse et les cantons acceptent que la fabrication et la consommation de la «sirène verte» soient prohibées sur le territoire de la Confédération.
1932 La nouvelle loi sur la réglementation de l'alcool est adoptée. Ses buts: a) Diminuer la consommation d'eau-de-vie. b) Utiliser rationnellement les matières premières. c) Augmenter les recettes de la Régie fédérale de l'alcool afin de financer l'assurance vieillesse
et survivants.
1952 Le peuple suisse repousse le projet de financement des armements, entre autres par l'imposition des boissons alcooliques.
On rappelle à ce propos que certains pays nous ont devancés et demandent des pour cent considérables sur la vente des boissons alcooliques en vue de financer l'armement: Etats-Unis le 23%. Grande Bretagne le 43%. La Suède le 700/o.
Voici ce qui a été dépensé pour les boissons alcooliques en ces dernières années dans notre pays qui arrive au troisième rang (après la France et l'Italie) pour la consommation par habitant, en alcool pur:
1939/44 1945/46 1947/49
Vin 360 000 000 528 000 000 509 000 000 Bière 156 000 000 112 000 000 182 000 000 Cidre fermenté 53 000 000 72 000 000 72 000 000 Eeau-de-vie 59 000 000 108 000 000 97 000 000
628 000 000 820 000 000 860 000 000
De tels chiffres ne donnent-ils pas à réfléchir?
....
-1
~
Une montagne de pommes à cidre
La lutte positive
contre l'alcoolisme.
On a dit avec raison que la Suisse était devenue «la patrie du cidre doux» . Cette nouvelle conserve sous forme liquide est riche de toute la valeur nutritive du fruit. Un litre de cidre doux contient la valeur d'un kilo et demi de fruit . Il fournit au corps 600 calories, presque autant que le lait qui en a 670.
La Croix-Bleue, pour que ce progrès se réalise, a fait œuvre de pion nier dans ce domaine. Elle a compris que la lutte en faveur du buveur
isolé doit se doubler d'un réforme plus générale, d'ordre social: la réforme de l'auberge . Ainsi a-t-elle contribué à la création des cafés dits de «tempérance» . De nos jours, ces modestes établissements, qui eurent le grand mérite de mettre en honneur la consommation des boissons tels que café, lait, chocolat, cidre, sont devenus de confortables restaurants. Dans les cafés ordinaires, personne n'a plus honte de commander «Un jus de pomme!»
Tanks pour cidre doux et jus de raisin
La première guerre mondiale faisait rage. Pour doter de salles de lectures nos troupes à la frontière, des Maisons furent dressées, centres accueillants dans lesquels on ne servait que des boissons sans alcool. Après avoir si bien travaillé, il fallait poursuivre l'œuvre commencée. Aussi, en 1919, les Unions chrétiennes de Jeunes gens et les Sociétés de Croix-Bleue s'unirent-elles pour fonder le Département :social romand (le populaire D. S. R.). Depuis ce temps, cette utile institution a considérablement amplifié son action. Des milliers d'ouvriers, d'employés, de soldats, d'officiers et de patrons lui vouent une sincère gratitude.
Jugez plutôt de son effort actuel: 24 Maisons du Soldat permanentes; 17 Réfectoires d'entreprise (Administrations privées); 10 Réfectoires d'entreprise (Administrations publiques);
20 Restaurants et Foyers pour tous. De plus, lors des cours de répéti
tions, le D. S. R., fidèle à sa devise «Servir ceux qui servent», installe des foyers
mobiles et dresse en montagne sa tentefoyer. La Croix-Bleue salue avec joie la réussite de cette effort social.
Nous voyons se développer en Suisse alémanique des activités samblab les à
celle du D. S. R.: le Volksdienst, la Société Zurichoise des Restaurants sans
alcool, les Foyers pour tous, les Hôtelsrestaurants de la Croix-Bleue.
Restaurant neuchâtelois géré par le D. S. R.
Un mot de l'Eglise. De nombreux ecclésiastiques, en tous pays, militent en faveur de l'antialcoolisme, en particulier
dans les rangs de la Croix-Bleue. Ils n'oublient pas que L.-L. Rochat et son frère Antony, étaient pas
teurs et que l'Eglise, au cours des années, fut le refuge de nombreux buveurs relevés.
Ces derniers temps plusieurs synodes ont porté à leur ordre du jour le problème de la lutte contre
l'alcoolisme . L'Eg lise n'a-t-elle pas à attaquer, elle aussi, sur ce franc-là?
Le Synode de l'Eglise Réformée de Neuchâtel, notamment, a voté la résolution suivante :
.,
Eglise de Romainmôtier
« Le Synode, considérant la menace
que l'alcoolisme fait peser sur la vie spiri
tuelle du peuple et les efforts accom
plis par la Croix-Bleue depuis plus de
soixante-dix ans, pour lutter contre ce
fléau:
reconnaît que l'abstinence, moyen
thérapeutique de relever les buveurs et
engagement de ceux qui acceptent de lut
ter fraternellement avec eux, est une ma
nière de répondre à une vocation évan
gélique;
invite les autorités paroissiales à por
ter aide à tous ceux que l'alcool tient à
l'écart de la vie spirituelle, en collaboration avec les sections de Croix-Bleue .»
De son côté, le Synode de l'Eglise
Nationale du Cancon de Vaud, «demande
aux paroisses de prendre activement part
à la lutte», et ajoute: «Les efforts de
l'Eglise dans ce domaine se feront en accord avec la Croix-Blette vattdoise. »
Une importante tâche est, de ce fait,
proposée aux chrétien s de nos Eglises,
donc la collaboration pratique ne man
quera pas de porter des fruits utiles pour
le pays et le Royaume de Dieu.
Nous comprenons fort bien que, dans les milieux viticoles, en particulier, il soie malaisé de travailler
dans les rangs de la Croix-Bleue. Le vigneron, travailleur courageux, ne pardonne pas facilement
à ceux qui ne poussent pas à la consommation de ce vin qu'il se donne tant de peine à produire, au
milieu des plus du res intempéries, parfois. Aussi bien le chrétien, qui est aussi bon citoyen et memb re
<l'Eglise, usera-t-il de cacc s'il se sent appelé à travailler dans une section de Croix-Bleue.
Deux membres de l'Eglise discutent: - Q ue penses-eu de la Croix-Bleue? - Moi je n'en suis pas.
- Moi non plus d'ailleurs! Mais ne crois-eu pas, cout de même, à l'utilité de cette société? - C'e st en
tendu, dans certains cas, de3 cas d'ivrognerie prononcée ... - Je t'avoue que je me trouve quelquefois
un peu lâche. Il me semble que, comme chrétiens, nous devrions les aider, ces tempérants, plus que nous
ne le faisons . - Je te comprends . Mais renoncer à mon verre, vois-eu, ce serait un peu trop
me demander!
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Angoisse au foyer (Kiithe Kollwicz)
Un chemin qui descend ... Les membres de sa famille, sa femme sur
tout, lui prédisaient que «cela finirait mal». Mais Louis ne voulait rien entendre. Pourtant, un jour, il se laissa convaincre, mais il ne tint pas longtemps son engagement. Déjà son florissant commerce de combustibles avait fait faillite. Cela n'empêchait pas cet homme de se rendre chaque jour au café pour boire «l'apéro.» Assistant à sa ruine, le cafetier et les amis se contentaient de l'entourer d'une hypocrite amitié.
Le malheur voulut que, «pour s'en sortir», Louis, qui se sentait encore de l'intelligence et des forces, acceptât une place de commis-voyageur en liqueurs! Ce devait être le commencement de la fin. En effet, rentré ivre au dernier train, chaque soir, à peine grognait -il un «bon
soir» à sa femme qui ne pouvait dormir avant qu'il fût rentré. Ainsi pendant des mois ... Cet homme, grand et fort, de quarante ans, parut en avoir bientôt soixante. Il se voûtait, ses traits s'épaississaient. Vaincu, il ne pouvait plus vaincre ... Un matin, frappé d'une attaque, il ne se releva plus.
Toute la population de sa petite ville tint cependant à suivre son convoi funèbre, car tous aimaient ce Louis qui, dans !'Alcool, avait trouvé plus fort que lui!
. . . . un autre qui monte.
Fernand logeait rarement chez lui, mais plutôt dans les bois, sur les bancs ou au «violon»! Grand buveur de bière, comme l'avait été son père, il ne put résister, quand il eut l'âge d'homme, aux rasades brunes qu'il s'offrait chaque soir en sortant du travail. La grossièreté, la brutalité avaient fait de lui un être que tout le monde craignait. Sa femme, la première, comme on le pense. La raison s'en allait tous les jours davantage de cette vie vouée aux plus effroyables excès.
Mais Dieu eut pitié de lui. Les persévérantes visites de son pasteur touchèrent son cœur. Il se souvint qu'il y avait un Dieu qui, un jour, lui demanderait compte de sa vie. Il reprit le chemin du temple. Le démon fut finalement vaincu, et, depuis des années, il reste fidèle à
son engagement. Sa meilleure joie, le soir sous la
lampe, c'est de lire des sermons de Moody ou des pages de prédilection de Gaston Frommel.
Famille heureuse
Croix-Bleue, terre de miracles.
D'un sec1·étaire d'administration communale:
Entré très jeune dans les rangs de la Croix-Bleue, je m'étais rapidement rendu compte des ravages de l'alcoolisme. J'ai compris la nécessité d'aider, dans la mesure de mes forces, au salut des buveurs.
D'un jeune de 17 ans:
Pensez-vous que ce soit sur le conseil de mes parents que je sois devenu membre de la Croix-Bleue?
Non. J'ai mes raisons personnelles. Aujourd 'hui, je ne risque pas de me mettre à boire, bien que ces boissons de toutes couleurs soient tentantes . Mais, on sait les conséquences!
La formule
qui a fait
ses preuves!
fr======ii + 1.s!~~!.é ~i!~~. ~~ ~~c~~:!)~~ed&
au1ourd'hui et pendant ........ . . ....... ..... ............. . .. ...
de toute boisson enivrante, sauf usage religieux ou
ordonnance médicale.
Eri cas de ruptur e de ma promesse, je m'engage à
renvoyer ma carte.
Date ......... ........ ...... , jusqu'au .......... ................... 19 ... ..
Signature: .. . .. .. .. ... .. . .. .. .. ... .. .. .. .. . .. . . .... .... .. .. ....... ..
D'un ouvrier:
Et toi,
qu'attends-tu
pour t'engager?
Possédé par l'alcool, je l'aimais plus que ma femme! Cette épouse que le soir même de mon mariage je délaissais pour aller boire! Poussé par un camarade, en 1932, j'ai signé un engagement, et,
petit à petit, Dieu a refait ma vie et mon intérieur.
D'une femme:
Je suis pleine de reconnaissance pour la Croix-Bleue qui m'a fait connaître Jésus-Christ.
D'un mécanicien:
J'ai pris mon engagement pour douze heures et Dieu a permis que ce soit le début de ma délivrance.
Membre de la Croix-Bleue depuis 1928,
ma vie a été transformée 1
A DIEU SEUL LA GLOIRE