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LA VRAIE NATURE DE L'ANIMAL par Claude-Anne Parmegiani L e statut de l'animal dans la société contemporaine s'est peu à peu modifié sous l'emprise des mouvements de défense de l'environnement qui ont alerté les sensibili- tés en faveur de la bête - sauvage ou familiè- re - domestique ou de compagnie. Dans cer- tains cas, cette évolution a provoqué un déplacement de la signification de l'anthro- pomorphisme zoomorphe. Or le détourne- ment de sa vocation initiale nous amène à considérer autrement l'image de la bête dans l'album pour enfants où la figure animale occupe, on le sait, une place importante. L'animal a -t-il été créé à l'image de l'homme ? Dans un livre célèbre de science-fiction, Clifford D. Simak raconte comment les chiens, seuls êtres intelligents vivant sur terre s'interrogent pour savoir : « si cette créature appelée l'Homme a jamais existé. » Mais, alors même que son existence antérieu- re s'avérerait confirmée, une question demeure : l'homme a-t-il été le maître ou l'esclave du chien ? En d'autres termes : le chien était-il le compagnon de l'homme ou au contraire l'homme était-il le compagnon du chien ? « D'autres encore croient que l'Homme et le Chien ont pu se développer côte à côte, que leur évolution a pu entrer dans le cadre du progrès d'une civilisation commune mais que à une époque maintenant éloignée, leurs Emile, ill. Ungerer, Ecole des Loisirs chemins ont pu se séparer. » (Demain les chiens, 1952) Sept ans seulement séparent la publication des Animaux de la ferme d'Orwell (1945), de celle de Demain les chiens. Dans le livre d'Orwell, l'utilisation de l'animal domestique en tant que support symbolique de la satire sociale, conduit à une substitution temporai- re qui garde l'homme comme modèle unique. En revanche, dans Demain les Chiens, un remplacement définitif s'opère qui prend l'animal pour sujet principal, et relègue l'humain dans l'oubli de la nuit des temps. Entre les deux titres s'est produit un recul de la pensée anthropocentrique qui a longtemps placé l'homme au coeur de l'univers. Cette référence exclusive désormais contestée, les divers ordres qui composent le monde peu- vent alors prétendre à des droits égaux. 147 AUTOMNE 1992/81

LA VRAIE NATURE DE L'ANIMAL - BnF

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LA VRAIE NATURE DEL'ANIMAL

par Claude-Anne Parmegiani

L e statut de l'animal dans la sociétécontemporaine s'est peu à peu modifié

sous l'emprise des mouvements de défense del'environnement qui ont alerté les sensibili-tés en faveur de la bête - sauvage ou familiè-re - domestique ou de compagnie. Dans cer-tains cas, cette évolution a provoqué undéplacement de la signification de l'anthro-pomorphisme zoomorphe. Or le détourne-ment de sa vocation initiale nous amène àconsidérer autrement l'image de la bête dansl'album pour enfants où la figure animaleoccupe, on le sait, une place importante.

L'animal a -t-il été créé à l'imagede l'homme ?Dans un livre célèbre de science-fiction,Clifford D. Simak raconte comment leschiens, seuls êtres intelligents vivant surterre s'interrogent pour savoir : « si cettecréature appelée l'Homme a jamais existé. »Mais, alors même que son existence antérieu-re s'avérerait confirmée, une questiondemeure : l'homme a-t-il été le maître oul'esclave du chien ? En d'autres termes : lechien était-il le compagnon de l'homme ouau contraire l'homme était-il le compagnondu chien ?« D'autres encore croient que l'Homme et leChien ont pu se développer côte à côte, queleur évolution a pu entrer dans le cadre duprogrès d'une civilisation commune maisque à une époque maintenant éloignée, leurs

Emile, ill. Ungerer, Ecole des Loisirs

chemins ont pu se séparer. » (Demain leschiens, 1952)Sept ans seulement séparent la publicationdes Animaux de la ferme d'Orwell (1945), decelle de Demain les chiens. Dans le livred'Orwell, l'utilisation de l'animal domestiqueen tant que support symbolique de la satiresociale, conduit à une substitution temporai-re qui garde l'homme comme modèle unique.En revanche, dans Demain les Chiens, unremplacement définitif s'opère qui prendl'animal pour sujet principal, et relèguel'humain dans l'oubli de la nuit des temps.Entre les deux titres s'est produit un recul dela pensée anthropocentrique qui a longtempsplacé l'homme au cœur de l'univers. Cetteréférence exclusive désormais contestée, lesdivers ordres qui composent le monde peu-vent alors prétendre à des droits égaux.

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Certes, la réflexion écologique lorsqu'elleencourage la reconnaissance des particula-rismes et défend le respect des différencesfavorise l'émergence des revendicationsidentitaires. Et ce Contrat naturel queMichel Serres appelle de ses vœux « où notrerapport aux choses laisserait maîtrise et pos-session pour l'écoute admirative, la récipro-cité, la contemplation et le respect, où laconnaissance ne supposerait plus la proprié-té, ni l'action la maîtrise, ni celles-ci leursrésultats ou conditions stercoraires » , tendà abolir une hiérarchie qui distingue l'ani-mal en fonction des rapports et des servicesrendus à la seule humanité.C'est dans cette perspective que la bête,devenue « sujet de droit » et non plus simplesupport passif de l'appropriation, mêmesymbolique, peut prétendre à une nouvellealliance. Dans un paysage bétonné où lacampagne a été bannie loin des villes, la bêteapparaît comme un représentant légitime dela nature ; et, l'homme, à travers elle, estinvité à établir un rapport d'échange avecles forces naturelles. Désormais, la visionque l'on a des espèces animales cesse d'êtrerégie par les stéréotypes attachés à descaractères expressifs, morphologiques, utili-taires ou moraux qui, pendant des siècles,ont suscité des représentations connotativesdans l'imaginaire collectif.A partir des années soixante-dix, la nomen-clature des animaux de compagnie ne se limi-te plus à la vulgaire cohorte des toutous etdes matous ; le « pet » compte désormaisparmi ses membres les plus illustres : l'igua-ne, le ménate, le fennec, le puma, la tortue,etc.. Les excès d'une telle mode ont provo-qué l'hilarité caustique d'un Tomi Ungererqui en a profité pour introduire dans le bes-tiaire enfantin des espèces réputées « igno-bles » : le kangourou : Adélaïde (1978), leboa Crictor (1958), la pieuvre Emile (1956),

le vautour Orlando (1966). Mais bientôt lesécologistes dénoncent les effets perversd'une situation qui, sous prétexte de familia-rité, inflige à l'animal, soustrait à sonmilieu, des conditions de vie préjudiciables àsa nature. Difficile, en effet, d'entretenir àdomicile un désert de sable, une banquise ouune jungle et de trouver les proies vivantesindispensables à la survie d'une faune rareet fragile. Dorénavant le spectacle desbêbêtes insolites sera réservé à la satire télé-visuelle de la vie politique.

Repeints en vert-dollar, les médias associentla survie de l'homme à celle des animaux. Ilsinvitent à grand renfort d'émissions et depublications, de posters et de parcs d'attrac-tions à voler au secours des espèces en voiede disparition. Les enfants sont d'ailleurs lacible favorite d'un message qui se veut écolo-gique. Et les livres qui leur sont destinés ren-chérissent : « Que pouvons-nous faire pourcontribuer à sauver les animaux menacés ?Pourquoi ne pas organiser quelque choseavec votre classe, les gens de votre quar-tier ? La nature en danger a besoin de voustous » (Sauvons les animaux de WendyLewis, 1990).

Certes, l'image de la bête a toujours été unealternative ambiguë à la représentation de lafigure humaine ; selon les époques, les cul-tures et les intentions, elle possède une signi-fication différente. Volontiers vilipendée parla culture judéo-chrétienne, la figure anima-le a du attendre le début du XXe pours'imposer comme substitut symbolique ducorps réel de l'enfant. Car, si l'anthropo-morphisme zoomorphe existait déjà dans descontes et dans des fables dont beaucoup sontà l'origine de la littérature enfantine, ledevenir animal se confondait alors, dans cesgenres littéraires, avec le devenir humain.Ainsi, le prétendu caractère d'une espèce a-

(1) Michel Serres, Le Contrat naturel, Editions François Bourin, 1990, p.67.

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t-il longtemps servi à dénoncer le comporte-ment humain : la saleté du cochon, la rusedu renard, la gourmandise du chien, l'entê-tement de l'âne, etc.. sont des pièces à ver-ser au procès des vices de l'homme. Mais, àl'orée du XXe siècle, les personnages ani-maux, privés de leur dimension politique, oude leur cadre merveilleux, trouvent refugedans le continent encore inexploré del'enfance où ils deviennent les porte-parolesd'un discours pédagogique ".

Le Tailleur de Gloucester,ill. B. Potter, Gallimard

Beatrix Potter, la première, observe com-bien les petits des animaux sauvages du jar-din, et de la campagne avoisinante : lape-reau, hérisson, écureuil, chaton, canetonetc. présentent de traits communs avec lepetit de l'homme. Ressemblances morpholo-giques certes, manifestes à travers la ron-deur, la souplesse, la plasticité des membreset du corps ; mais aussi et surtout, similitudestatutaire où le petit homme et le petit ani-mal, placés dans une situation semblable denourrissage, partagent un commun état dedépendance.Rabier emprunte à la fable un modèle com-portemental et social. Gédéon, canard debasse-cour devient un exemple de l'attitudeethnocentrique. Disney confère à la bête uneréalité sociologique telle que Mickey, Donald

et l'Oncle Picsou sont les symboles d'uneAmérique attachée à la valeur suprême del'argent. Enfin, Jean de Brunhoff évacuanttout caractère naturaliste, crée un personna-ge d'éléphant intrinsèquement enfantin. Ilparachève un processus d'identification oùle héros animal devient le guide chargé deconduire l'enfant lecteur vers l'épanouisse-ment d'une vie adulte. Désormais, l'utilisa-tion de l'anthropomorphisme zoomorphe necessera de s'enrichir, de se complexifier, dese diversifier.

L'animal dénaturéCependant, même au prix de la négation dela nature animale, l'anthropomorphisme atoujours rencontré des adversairesfarouches. Parmi ses détracteurs histo-riques, on note certains pays comme laSuède, certains éditeurs comme PaulFaucher ou dans une moindre mesureBayard qui, pour des raisons différentes,ont répugné à l'emploi de la figure animalecomme substitut de la figure enfantine. Lesuns refusent l'animisme sous-jacent du pro-cédé. Evoquant une régression, ils vontjusqu'à penser que la nature grossière de labête compromet gravement la qualité du sen-timent de l'enfance, nuisant à sa pureté, àson innocence. Les autres trouvent gro-tesques ces animaux déguisés •* et jugent untel enfantillage indigne de l'objectif éducatifpoursuivi par le Uvre pour enfants.Judi et Ron Barrett se sont amusés à dénon-cer, sur un mode humoristique, la bouffon-nerie de certains de ces accoutrements. DansII ne faut pas habiller les animaux (1970), ilsmontrent les obstacles morphologiques quis'opposent au port des vêtements.Depuis l'idée a fait son bonhomme de che-min. Et si les résistances à l'emploi de la

(2) Evelyne Douailler, « Dans les cités animales » in : Enfantes et Cultures, n°l, mars 1979.(3) L'anthropomorphisme n'est pas toujours lié au le port du vêtement ; Rabier, notamment, n'ajamais habillé les animaux.

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figure de l'animal déguisé persistent au nomd'un certain sens moral, le sentiment écolo-gique a introduit une autre restriction ; leport du vêtement dénature la bête.Récemment, Alain Broutin et FrédéricStehr, zélateurs habituels d'un anthropo-morphisme traditionnel dans une série inti-tulée Calinours, se moquent de la bête dégui-sée. Dans Gentiloup (1991), l'animals'éviterait bien des désagréments s'il préfé-rait aux défroques humaines sa fourrurenaturelle, mieux adaptée à son environne-ment. C'est la leçon donnée par Maman àGentiloup quand, en enfilant une culottetrouvée dans la forêt, il croit pouvoir deve-nir un « vrai petit garçon ». « Allez hop !Adieu culotte ! laisse-la puisqu'elle t'embê-te... Tu as déjà ta fourrure, elle est douce ettoujours prête. C'est comme ça dans lanature. » 4

La démonstration se fait plus ironique etplus distante chez certains francs tireurs del'illustration enfantine qui, tout en utilisantla figure animale sur un mode symboliques'applique à en souligner l'artifice. Qui TomiUngerer raille-t-il quand il démonte le méca-nisme de l'anthropomorphisme en en faisantle sujet de l'histoire de la Grosse bête deMonsieur Racine (1971) ?

Au lendemain de la Seconde Guerre mondia-le des protestations contre la dénaturationde l'animal s'élèvent aux USA. Elles coïnci-dent, historiquement, avec la grave crise deconscience qui succède à l'explosion de labombe atomique d'Hiroshima.Frank Tashlin, le scénariste de Laurel etHardy, de Bob Hope, et surtout de JerryLewis montre combien l'anthropocentrismepeut altérer l'instinct naturel des bêtes, àtravers deux petits chefs-d'œuvre gra-phiques et humoristiques destinés à tous lespublics et à tous les âges. Dans Mais je suis

un ours .', paru aux USA en 1946, deshumains remettent en cause l'identité anima-le d'un plantigrade. Que s'est-il passé ?Durant son sommeil, des hommes ont coupéla forêt où un ours hibernait pour yconstruire une usine. A son réveil, les tra-vailleurs le prennent pour un ouvrier malrasé et refusent de croire qu'il est un ours :pour preuve, ses congénères du cirque et duzoo ne le reconnaissent pas comme unmembre de leur communauté. Après avoircrié haut et fort « mais je suis un ours ! »l'animal sorti de son environnement naturelse demande qui il est. Heureusement l'usineferme ses portes ; et l'hiver venant, l'ours,guidé par un instinct de survie retrouve seulle chemin de sa grotte. Le titre américain :The Bear that wasn't (L'ours qui n'étaitplus) souligne le lien existant entre la perted'identité et le défaut d'existence.L'Opossum qui avait l'air triste (1950) repo-se sur une permutation de signes graphiques.Dans le cadre conventionnel d'un schématis-me expressif, une bouche souriante estreprésentée par un demi-cercle ascendant,alors qu'une bouche triste est représentéepar un demi-cercle descendant. Or, un jour,des promeneurs aperçoivent un opossumpendu dans un arbre qui sourit la tête enbas ; ils se méprennent sur l'expression de sabouche et concluent à sa tristesse. Ils tententalors de contraindre par tous les moyensl'animal à se conformer aux règles en usageparmi les humains. Lorsqu'enfin ils croientavoir réussi, une moue de tristesse remplacele sourire permanent de l'opossum.Il serait vain, bien sûr, de réduire ces fablesà une lecture écologique. Néanmoins ni larichesse du message, ni la pluralité du dis-cours ne doivent faire oublier la nouveautédu phénomène. En effet, Tashlin témoigned'une sensibilité inconnue jusqu'ici qui dis-tingue le devenir animal du devenir humain.

(4) C'est moi qui souligne.

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Mais je suis un ours .', ill. F. Tashlin, Ecole des loisirs

Dans les années soixante-dix, le scénario deTashlin est remis au goût du jour par JôrgSteiner, et Jôrg Miiller - illustrateur suissequi milite déjà pour la défense de l'environ-nement dans deux titres : La Ronde annuel-le des marteaux piqueurs ou la mutationd'un paysage (1973) et La Pelle mécaniqueou la mutation d'une ville (1976). Bien quela trame de l'histoire soit apparemment lamême, le message de Un Ours, je suis pour-tant un ours ! (1976) est différent. Carl'ours, convaincu d'être un ouvrier, revêt unbleu de travail et son retour à la nature luiest dicté par l'homme. Ainsi lorsque, ren-voyé de l'usine à cause de son état de somno-lence, il cherche refuge dans un motel, leportier lui oppose un refus en ar-guant :« Nous ne louons pas de chambre àdes ouvriers et encore moins à des ours ».« Ai-je bien entendu ? Vous avez dit :ours ? », dit l'ours. »... et il « pivote sur sestalons et referme la porte derrière lui. A paslourds, il se dirige vers sa forêt ». Or donc,ce n'est pas le réveil de son instinct naturel

qui guide les pas de l'ours suisse mais sonidentification par l'homme. Et, bien que lesauteurs cherchent à dénoncer l'attitudeanthropocentriste, la démonstration demeu-re ambiguë. Car, si l'homme est dénoncécomme un usurpateur qui s'attribue le droitdivin de reconnaître le vrai du faux, ilsemble conserver le pouvoir d'assigner uneidentité au monde qui l'entoure, par le seulfait de sa parole.Un an plus tard, les deux complices repren-nent l'idée du retour à la nature à l'aided'un exemple pris à nouveau dans le mondeanimal. L'Ile aux Lapins (1976) évoqueouvertement la dégradation que la compa-gnie humaine inflige à l'animal sauvage. Onnotera au passage la référence au thème duLoup et du Chien de La Fontaine qui, inflé-chi par un souci écologique, prend une touteautre signification. Deux garennes s'enfuientd'une « fabrique » de production de lapinspour regagner leur milieu naturel. Le plusvieux retournera vers son destin de lapin-en-boîte-de-conserve parce qu'il a « désappris

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à courir et à sauter », et « oublié trop dechoses » ; alors que le petit brun tentera dese réadapter. La représentation figurée duvieux lapin, poussif, lourd, au poil foncés'oppose à celle alerte, claire du jeune lapin.Dans l'Ile aux lapins, l'altération de l'ins-tinct animal est due autant, sinon plus, à lavieillesse, au poids des habitudes, au désirde sécurité qu'à la promiscuité avecl'homme. Pour remplir l'objectif éducatifinhérent au livre pour enfants, et terminersur un message d'espoir, les auteurs opèrentun déplacement entre la vision naturaliste etla vision anthropomorphe. La conclusioncontredit les constatations des spécialistes del'éthologie qui observent, lors des tentativesde réinsertion d'animaux sauvages dans leurmilieu d'origine, une dégénérescence del'instinct provoquée par les méfaits irréver-sibles de la compagnie humaine, et ceci quelque soit l'âge ou l'espèce.

Chassez le naturel, il revient augalop

Le thème récurrent de la vraie nature de labête dans le livre d'images pour enfants appa-raît véritablement à la fin des années soixan-te-dix. L'affirmation naturaliste, présentéedans le cadre d'une histoire, poursuit un buttantôt apologétique, tantôt revendicatif. Et,sous la poussée de cette exigence d'authentici-té, les frontières entre les genres s'estompent.D'autant que nombre de prescripteurs(notamment parmi les bibliothécaires) crai-gnent d'entraver le processus de création enl'enfermant dans une définition limitative.Des documentaires ou/et des livres d'imagesqui ont pour objectif premier d'informer lejeune lecteur sur les particularités de la natu-re animale, présentent alors un double objec-tif pédagogique et scientifique.

Certains véhiculent des informations natura-listes à travers une image de l'animalanthropomorphisé. Olga Lecaye dans LaFamille Ours et Madame la taupe et La

Famille Ours et la petite musique de nuit(1986), donne des précisions sur le compor-tement des taupes et des chauves-souris.Ainsi Ourson, après les avoir pris pour desmonstres, entre en conversation avec ces« ombres volantes » qui lui expliquent :« Nous volons avec nos bras, nous voyonsavec nos oreilles... la nuit nous mangeons,le jour nous dormons suspendus... par lespieds ». Et à l'ourson anthropomorphisé quidéplore que les chauve-souris dormentdehors, l'animal oppose un point de vue zoo-logique : « Oh ! les pauvres, ils dormentdans des lits ».

Dans une série sur la vie des animauxd'Afrique, Toshi Yoshida mêle le registrenaturaliste et anthropomorphe en juxtapo-sant deux textes dont les fonctions quoiquedifférentes se veulent complémentaires.Parmi les onze ouvrages parus au Japonentre 1982 et 1988 et traduits en françaisdeux livres De la part de Papa et Où estpassée Maman ? affichent dans leur intitulémême le parti pris de la série d'humaniser lecomportement animal. Un premier niveau detexte se présente sous la forme d'un récitessentiellement narratif, dramatisé parl'expression de sentiments humains et affec-tifs qui suscite un processus d'identificationde la part du jeune lecteur : « La mère deslionceaux regarde son fils avec fierté » (Prèsde la termitière), « Maman Rhinocéros crutque Bébé Eléphant embêtait son petit » (LaQuerelle), ou encore « Les quatre bébésgnous qui ont perdu leur mère marchent latête basse » (Où est passée Maman ?).Le glissement anthropomorphe limité à l'his-toire n'est pas nouveau puisqu'il est inspiré-de la tradition du Roman des bêtes collectioncréée par Paul Faucher (Père Castor). Enrevanche, la distorsion du second type detexte est d'une toute autre nature. En effet,un court paragraphe, situé en début et en finde l'album étaye l'histoire au moyen d'unbref énoncé documentaire de nature écolo-

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La Querelle, ill. T. Yoshida, Ecole des Loisirs

gique « Quand un animal réussit une grosseprise, il est souvent incapable de la mangeren entier. D'autres animaux viennent alorsmanger les restes ou voler la proie. Ceciaussi contribue à l'équilibre des espècesdans la nature puisque rien n'est perdu etque de nombreux animaux partagent lanourriture » (De la part de papa) ou encore« une dépendance réciproque lie diversesespèces, bien des circonstances le mon-trent. » (La Première chasse). Or, cettedémarche scientifique est fréquemment biai-sée par des réflexions d'ordre idéologiquedont l'insertion pose d'autant plus de pro-blèmes qu'elle apparaît aux yeux du lecteurnaïf et enfantin, comme le prolongement dela conscience anthropomorphe éveillée parla narration : « La craintive et gentille petitelionne de cette histoire est morte. Elle a suc-combé à la dure existence des lions qui estsoumise aux lois de la Nature. Sa chair delionne a nourri l'estomac des hyènes et aussi

celui des vautours ; et peut-être à présentvole-t-elle de Vautre côté du ciel, heureuseet délivrée... La petite lionne est morte.Mais si elle n'était pas morte, c'est un bébéou peut-être toute une famille d'autruchesqui seraient morts à sa place » (L'Arc-en-ciel). L'amalgame entre le point de vue infor-matif et moral compromet donc la qualitéscientifique du texte introductif. Il s'avèreainsi que la sensibilité contemporaine pourl'écologie est utilisée ici afin d'introduire unevision de la vie doctrinale. Et, dans LePassage du fleuve sous l'énoncé L'emprisedu destin, on trouve la déclaration suivante :« Les voies de la Nature sont mystérieuses,qu'elle soit humaine ou animale, toute viereste toujours à la merci de la chance ».

Pour beaucoup d'auteurs et illustrateursoriginaires de Grande-Bretagne, la bêtereprésente une valeur absolue. Elle sert deréférence, de messager entre la nature et

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l'homme. Elle facilite la compréhension etassure la pérénité du lien avec les forcesnaturelles. L'existence d'une famille derenards sauvages dans une petite villemoderne devient l'assurance pour un lieuurbanisé de son appartenance à un ordreuniversel : Trois petits renards (WilliamMayne, Sarah Fox-Davies,1991).La reconnaissance de la nature animale estl'aboutissement d'un travail d'informationet de sensibilisation mené par les mouve-ments écologiques. Dans cette perspective,certains titres véhiculent le même messagesous la forme d'une petite histoire animaliè-re se déroulant dans la campagne. Ils rap-pellent qu'en tout état de cause, l'hommedoit respecter la vraie nature de la bête, ycompris de la bête domestique qui, désor-mais, ne peut plus être le jouet de son inté-rêt. L'agneau égaré doit être restitué à lagarde de sa mère et le chien de bergerretourner à ses moutons : Kim Lewis :UAgneau d'Emma (1990), Fbss (1991).D'autres ouvrages, ayant pour auteurs desvétérinaires, ou des peintres naturalistes,idéalisent la vie campagnarde à travers desrécits dont la conclusion est résolument opti-miste : « Les chats de ferme, ont une vieagréable. Ils ne sont pas choyés et dorlotésmais ils semblent mener une vie libre etsaine. » Moïse le chaton (James Herriot, 01.Peter Barett, 1974). Ici encore on remarquecombien la vision écologique sous-tend undiscours teinté d'une nostalgie attendrie : LePetit chat de Noël (J. Herriot, ill. R. Brown,198). Le mythe du paradis perdu qui inspirele retour à la terre des années soixante-dix aeu partie liée pendant longtemps avec le sen-timent de la pureté enfantine, en particulieren Angleterre. La vie à la campagne est à cepoint idéalisée qu'elle devient un modèle desagesse et le livre pour enfants de moralisersur ce thème. Ainsi, dans un élan de généro-sité égalitaire, la noblesse animale trouve unécho chez l'être humain ou même lui est

offert en exemple. Dans Le Retour deFleurette de James Herriot, ill. Ruth Brown,un vieux fermier « qui était un homme bonmême s'il avait toujours l'air mélancolique »ne peut se résoudre à vendre sa vache deve-nue improductive. Dans cette histoire dont lepropos réaliste se veut dénué de tout anthro-pomorphisme, le sentimentalisme attaché àl'idée de pureté originelle de la Natureconduit à attribuer des sentiments humains àl'animal : « ...il y avait quelque chosed'émouvant dans la bonté de ses yeux et lapaisible expression de sa tête ». Devant unesi noble créature le fermier déclare : « J'aibeaucoup de peine à la voir partir c 'est unevieille amie pour moi ».

D'autres livres enfin invitent l'enfant àdécouvrir le monde à travers les yeux del'animal : Ruth Brown, Premières vacances(1987), Coccinelle, mon amie (1988). Dans cecontexte, la bête sert de révélateur. Plusproche de la nature, elle présente, instincti-vement les dangers que l'homme fait encou-rir à l'environnement : Ruth Brown, J'aidescendu dans mon jardin (1990). L'avertis-sement donné par la bête ayant éveillé chezl'homme une sensibilité écologique, la situa-tion s'inverse et l'humain vole au secoursdes espèces menacées. L'écologie sert alorsde prétexte à un discours didactique etmoralisateur qui véhicule un message chargéde bons sentiments. Dans Sauvons les ani-maux de Wendy Lewis, l'action d'une classed'enfants chargés de collecter des fonds pourune association de défense des animaux envoie de disparition est saluée en ces termes :« Merci à tous de la part des animauxmenacés. Si chacun d'eux peut continuer àvivre libre dans son milieu naturel, le monden'en sera que plus riche et plus beau poureux comme pour nous. ».

Enfin, l'exigence d'authenticité documentai-re apparaît de façon impromptue dans deslivres où l'emploi de l'anthropomorphisme

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obéit à des règles traditionnelles. Des obser-vations réalistes concernant l'alimentationou les mœurs animales, mieux connues desenfants actuellement, grâce aux émissions detélévision et aux journaux spécialisés, vien-nent ainsi parasiter le processus d'humani-sation et la rupture de l'ordre symboliqueaboutit à une désinformation. En revanchedans Le Canard fermier de Martin Waddellet Helen Oxenbury, aimable parodie enfanti-ne des Animaux de la Ferme, l'emploi dulangage propre à chaque animal accusel'ancrage anthropomorphe. Il amplifie lalégitimité du message en en soulignant lecaractère naturel : « Alors ils tinrent conseilau clair de lune et dressèrent des plans pourle lendemain. « Meuh » dit la vache« Bê ! » dirent les moutons. « Cot-Cot ! »dirent les poules. Tel fut leur plan »

Demain les animauxSous la poussée de la sensibilité écologiquel'animal affirme donc son identité. Son exi-gence rejoint celle des autres minorités tellesque la femme ou l'enfant qui n'ont pas atten-du l'époque actuelle pour se manifester. Aunom de leurs différences respectives,l'enfant et la bête attendent du monde et dela société une attention particulière quiaujourd'hui fait l'objet d'un thème, expriméle plus souvent à l'aide du relais anthropo-morphe.

Cependant la conscience identitaire conduità des conclusions différentes selon qu'elleapparaît entre différentes espèces animales :Trois enfants uniques, Friedrich KarlWaecher (1973 ) ou entre l'homme et la bêteBonjour Petite Baleine, au revoir PetiteBaleine de Achim Brôger, Gisela Kalow (pre-mière publication sous forme de titres sépa-rés,1973 et 1985). Dans les deux cas,l'impossibilité de renier sa nature, en sacri-fiant ses caractères spécifiques, est haute-ment proclamée, mais elle a des résultats dif-

férents. Dans le premier titre, publié audébut des années soixante-dix, l'espoir uto-pique d'une co-existence demeure encorepossible entre le poisson, l'oiseau et lecochon qui s'évertuent à trouver des jeuxconciliables avec leurs milieux réciproques.Dans le second, publié dans les annéesquatre-vingt, la cohabitation entre lepêcheur et la baleine s'avère impossible ; sonabsurdité parait si manifeste qu'elle présen-te même le caractère d'une perversion.L'homme ayant pris conscience des exigencesde la nature renonce à réduire le gigantesquecétacé à la taille d'un poisson rouge, et serésigne à lui rendre visite en haute mer.L'impossibilité plus ou moins cruelle de chan-ger d'état est reprise sur un mode humoris-tique par Philippe Corentin dans Le Chienqui voulait être chat (1989). Et, les mentalitésévoluant, Grégoire Solotareff peut sanscrainte, dans Loulou, défendre l'existenced'une amitié contre nature entre un loup etun lapin. Car, l'acceptation de ces diffé-rences ne conduit pas obligatoirement à uneincompatibilité, certains trouvant de l'agré-ment à fréquenter qui ne lui ressemble pas.La reconnaissance de l'Autre devient alorsune valeur hautement pédagogique, plusconforme à l'éthique du livre pour enfants.Ce climat de compréhension réciproque etd'estime mutuelle couronne une quête de soiqui est depuis longtemps au cœur, parexemple, de l'œuvre d'un Léo Lionni.L'anthropomorphisme est aujourd'hui sou-mis à deux courants contradictoires. D'unepart, le rapprochement entre enfant et ani-mal est légitimé par le partage, au sein de lasociété, d'une situation présentant despoints communs. D'autre part ce même rap-prochement devient problématique dès l'ins-tant où la nature de la bête paraissant irré-ductible, il devient malaisé de vouloir choisirl'animal pour représenter l'homme. Dans denombreuses histoires, l'anthropomorphismetantôt se déplace d'un personnage à l'autre

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tantôt s'entremêle à l'expression de la natureparticulière de la bête ; son instabilitébrouille alors les niveaux de sens. Et devantl'incapacité où se trouve la représentationsymbolique à se fixer, l'on voit dorénavantse profiler des animaux mutants.Dans Au pays des campanules (JoyceDunbar et Susan Varley,1991), le lapin enpeluche, oublié au milieu de la forêt, demeu-re un jouet inanimé malgré les adjurationsde ses congénères qui, tout en menant unevie sauvage gambadent en complet veston !Dans Le Chien qui disait non de GrégoireSolotareff et Nadja (1990) l'enfant qui a lestraits approximatifs d'un canard et un corpshumain, déclare « avoir besoin d'un chien »parce que : « les animaux font du bien auxenfants. Ils leur apprennent à être gentils. »Mais, un beau jour ce chien - appelé Caca-répond Non à son maître et refuse de rentrerà la maison. : « Benjamin sursauta. Il n'enrevenait pas. Son chien parlait ! Croyantavoir rêvé, il répéta sa phrase... ». Lesadultes refusent de croire Benjamin qui estpuni. Déconsidéré par ses parents, commelui-même déconsidère son chien, l'enfant setrouve sur un pied d'égalité avec l'animal.Or, cette réciprocité-là passant par l'emboî-tement des différents niveaux d'anthropo-

Le Chien qui disait non,ill. Nadja, Ecole des loisirs

morphisme et par la remise en cause de l'unpar l'autre, s'avère distincte de l'assimila-tion symbolique qui, traditionnellement netient pas compte de la qualité ou de la naturespécifique du relais d'identification.Dans Mon frère le chien (Grégoire Solo-tareff, 1991) chaque personnage, sous pré-texte d'enfance, possède à un degré diversune part d'humanité et une part d'animalité.En outre, les jeux de rôle entre un enfant-souriceau, un chien qui parle et des « ani-maux bizarres » engendrés par les moutonsde poussière ne cessent de fluctuer ; etl'attribution anthropomorphe est sujette àun jeu permanent de yoyo. Dans le texte, elleest mise en doute par les propos du chien quijoue le valet de comédie, s'interposant entreles menaces du monde extérieur et son« maître » dont il se déclare le serviteur zélé.Dans l'illustration, cette communion estinégalement glorifiée. Le chien n'est jamaishabillé ; tantôt il est à quatre pattes et saposition rappelle sa nature canine ; tantôt ilest dressé, et domine avec noblesse l'enfantdont il partage la couronne et le paquet debonbons comme le montre la dernière page.Où se situent donc exactement l'égalité fon-dée sur la conscience des différences et lepartage d'une situation marginale qui justi-fient la fraternité affichée dans le titre ?

Comment alors ne pas conclure en pasti-chant Orwell , Car si tous les animaux sontnaturels, certains le sont plus que d'autres ;et parmi tous les animaux humanisés pré-sents dans l'album pour enfants, certains lesont moins que d'autres ! De ce mouvementde balancier entre écologie et anthropomor-phisme est née une représentation ambiguëqui a singulièrement enrichi le relais symbo-lique, en en diversifiant les supports et parvoie de conséquence les significations. M

(5) « tous les animaux sont égaux mais certains le sont plus que d'autres ». Georges Orwell, La Fermedes Animaux, Champ libre, 1981

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Bibliographie des livres cités dans leur première édition en langue française

Bar re t t (Judi et Ron) : II ne faut pas habiller les animaux, Ecole des Loisirs, 1971.

Brout in (Alain), ill. Stehr (Frédéric) : Gentihup, Ecole des loisirs, 1991.

Brown (Ruth) : Premières vacances, Gal l imard, 1987.

Brown (Ruth) : Coccinelle, mon amie, Gall imard,1988.

Brown (Ruth) : J'ai descendu dans mon jardin, Gal l imard, 1990.

Brbger (Achim), Kalow (Gisela) : Bonjour Petite Baleine, Cas te rman , 1976 (Funambule) .

Briiger (Achim), Kalow (Gisela) : Au revoir Petite Baleine, Cas te rman, 1985 (Funambule) .

Corent in (Philippe) : Le Chien qui voulait être chat, Ecole des loisirs, 1989.

D u n b a r (Joyce), Varley (Susan) : Aupays des campanules, Gal l imard, 1991.

Herr io t James , Bare t t (Peter) : Moïse le chaton, Albin Michel jeunesse, 1984.

Her r io t (James), Brown (Ruth) : Le Petit chat Noël, Albin Michel jeunesse, 1987.

Herr io t (James) , Brown (Ruth) : Le Retour de Fleurette, Albin Michel jeunesse, 1989.

Lecaye (Olga) : La Famille ours et madame la Taupe, Ecole des loisirs, 1986.

Lecaye (Olga) : La Famille ours et la petite musique de nuit, Ecole des loisirs, 1986.

Lewin (Kim) : L'Agneau d'Emma ; Floss, Ouest -France, 1991.

Lewis (Wendy) : Sauvons les animaux, F lammar ion-Père Castor, 1991.

Mayne (William), Fox-Davies (Sarah) : Trois petits renards, Milan, 1989.

Millier (Jôrg) : La Ronde annuelle des marteaux piqueurs ou la mutation d'un paysage, Ecole des loi-

s irs , 1973.

Millier (Jôrg) : La Pelle mécanique ou la mutation d'une ville, Ecole des loisirs, 1976.

Orwell (George) : La Ferme des animaux, Champ l ibre, 1981.

Simak (Clifford D.) : Demain les chiens, Club français du l ivre, 1953.

Solotareff (Grégoire), Nadja : Le Chien qui disait non, Ecole des loisirs, 1990 (Renardeau) .

Solotareff (G.) : Loulou, Ecole des loisirs, 1989.

Solotareff (G.) : Mon frère, le chien, Ecole des loisirs, 1991.

Steiner (Jërg) , Millier (Jôrg) : Un Ours, je suis pourtant un ours, Duculot , 1976.

Steiner (Jôrg), Miiller (Jôrg) : L'Ile aux lapins, Duculot, 1978.

Tashlin (Frank) : Mats j e suis un ours, Ecole des loisirs, 1975.

Tashlin (Frank) : L'Oppossum qui avait l'air triste, Ecole des loisirs, 1976.

Ungerer (Tomi) : La Grosse bête de Monsieur Racine, Ecole des loisirs, 1972

Ungerer (Tomi) : Adélaïde ; Crictor ; Emile ; Orlando, Ecole des loisirs, 1978.

Waddell (Mart in) , Oxenbury (Helen) ill : Le Canard fermier, Gal l imard, 1992

Waechter (Karl Fr iedr ich) : Trois enfants uniques, Ecole des loisirs, 1976

Yoshida (Toshi) : La Première chasse, Ecole des loisirs, 1985.

Yoshida (Toshi) : La Querelle, Ecole des loisirs, 1985.

Yoshida (Toshi) : De la part de papa, Ecole des loisirs, 1986.

Yoshida (Toshi) : Où est passée Maman ? Ecole des loisirs, 1986 .

Yoshida (Toshi) : Le Passage du fleuve, Ecole des loisirs, 1987.

Yoshida (Toshi) : L'Arc-en-ciel, Ecole des loisirs, 1987.

Yoshida (Toshi) : Prés de la termitière, Ecole des loisirs, 1987.

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