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Les sciences de l’archéologie La xylologie Inrap 7, rue de Madrid 75008 Paris tél. 01 40 08 80 00 www.inrap.fr Suivi scientifique Véronique Guitton, xylologue, Inrap Rédaction des textes Cécile Sanchez Conception graphique Mathilde Dupré, Inrap © Inrap, avril 2015 vaisseau écorce liber cambium écorce liber cambium rayon rayon rayon ligneux avec canal résinifère ponctuations barreaux scalariformes fibre fibre canal résinifère ponctuations ornementations des parois trachéide moelle écorce cambium liber duramen aubier © Mathilde Dupré, Inrap d'après Mägdefrau, 1951 © Mathilde Dupré, Inrap d'après Mägdefrau, 1951 unisérié HAUTEUR/LARGEUR DES RAYONS HAUTEUR DES RAYONS bi-sérié multi-sérié FIBRES VAISSEAUX libriformes septées perforations uniques perforations scalariformes épaississements spiralés TRACHÉIDES épaississements spiralés trachéides homogène hétérogène HOMOGÉNÉITÉ ABSENCE/PRÉSENCE DU CANAL RÉSINIFÈRE brusque progressif PASSAGE DU BOIS INITIAL AU BOIS FINAL en fenêtre picéoïde cupressoïde taxoïde à large fenêtre PONCTUATIONS DES CHAMPS DE CROISEMENT RAYONS / TRACHÉIDES 3-4-5-sérié ORNEMENTATIONS DES PAROIS lisses dentelées en crémaillère opposées aréolées alternées horizontales, scalariformes PONCTUATIONS POROSITÉ zone poreuse pores diffus zone semi-poreuse coupe transversale coupe tangentielle coupe radiale LA STRUCTURE MICROSCOPIQUE DU BOIS DE FEUILLU LA STRUCTURE MACROSCOPIQUE DU BOIS LES CLÉS DE DÉTERMINATION D'UN FEUILLU LA STRUCTURE MICROSCOPIQUE DU BOIS DE CONIFÈRE LES CLÉS DE DÉTERMINATION D'UN CONIFÈRE bois initial ou de printemps bois nal ou d'été feuillage ramure houppier tronc fût système racinaire ramilles maîtresses rameaux branches Avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise l’essentiel des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics : soit plus de 2 000 chantiers par an, en France métropolitaine et dans les DOM. Ses missions s’étendent à l’exploitation scientifique des résultats et à la diffusion de la connaissance archéologique auprès du public. Les sciences de l’archéologie Avec le développement de l’archéologie préventive, les archéologues ont entrepris de reconstituer à grande échelle l’environnement des sites étudiés et son évolution dans le temps. Sur le terrain comme en laboratoire, ce travail d’équipe met à contribution des disciplines scientifiques de plus en plus spécialisées : anthracologie, anthropologie, archéozoologie, carpologie, céramologie, géomorphologie, palynologie, sédimentologie, topographie, tracéologie, xylologie… Chacune de ces sciences apporte des données et des hypothèses qui contribuent à reconstituer la vie quotidienne des sociétés qui se sont succédé sur un site, leurs techniques, le paysage et le climat qui formaient leur environnement.

La xylologie - inrap.fr · gymnospermes et les feuillus ou angiospermes. ... Les prélèvements sur bois gorgés ... le bois pourrit et disparaît au cours du temps

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Les sciences de l’archéologie

La xylologie

Inrap 7, rue de Madrid75008 Paris tél. 01 40 08 80 00

www.inrap.fr

Suivi scientifique Véronique Guitton, xylologue, InrapRédaction des textesCécile SanchezConception graphiqueMathilde Dupré, Inrap

© Inrap, avril 2015

vaisseau

écorceliber

cambium

écorceliber

cambium

rayon

rayon

rayon ligneuxavec canal résinifère

ponctuations

barreaux scalariformes

fibre

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canal résinifère

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ornementations des parois

trachéide

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© Mathilde Dupré, Inrap d'après Mägdefrau, 1951© Mathilde Dupré, Inrap d'après Mägdefrau, 1951

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fût

système racinaire

ramilles

maîtresses

rameaux

branches

Avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise l’essentiel des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics : soit plus de 2 000 chantiers par an, en France métropolitaine et dans les DOM. Ses missions s’étendent à l’exploitation scientifique des résultats et à la diffusion de la connaissance archéologique auprès du public.

Les sciences de l’archéologieAvec le développement de l’archéologie préventive, les archéologues ont entrepris de reconstituer à grande échelle l’environnement des sites étudiés et son évolution dans le temps. Sur le terrain comme en laboratoire, ce travail d’équipe met à contribution des disciplines scientifiques de plus en plus spécialisées : anthracologie, anthropologie, archéozoologie, carpologie, céramologie, géomorphologie, palynologie, sédimentologie, topographie, tracéologie, xylologie… Chacune de ces sciences apporte des données et des hypothèses qui contribuent à reconstituer la vie quotidienne des sociétés qui se sont succédé sur un site, leurs techniques, le paysage et le climat qui formaient leur environnement.

La xylologieDu grec xylos (bois) et logos (discours), la xylologie étudie les propriétés physiques et chimiques du bois et identifi e les essences utilisées pour chaque vestige. Pin, chêne, arbre fruitier ? Leur identifi cation permet de reconstituer l’environnement ligneux (forêt, bois...) du site archéologique et son évolution suite aux modifi cations climatiques ou aux interventions de l’Homme. Elle permet également de connaître les arbres dont disposaient les artisans et les choix qu’ils effectuaient pour la réalisation de leurs ouvrages, car la xylologie s’intéresse aussi aux techniques de fabrication des objets et des constructions en bois. Elle cherche à connaître les procédés de mise en œuvre en observant les traces d’outils et les modes de débitage connus.

L’identification du boisLes arbres sont classés en deux grands groupes : les conifères ou gymnospermes et les feuillus ou angiospermes. Chacun présente une structure ligneuse caractéristique : au sein de chaque groupe, les diverses essences possèdent une organisation cellulaire propre qui permet leur reconnaissance. L’identifi cation s’effectue à l’aide de clés de détermination en examinant au microscope des échantillons prélevés selon trois plans précisément défi nis : transversal, tangentiel et radial. Les prélèvements sur bois gorgés d’eau se font précautionneusement à la lame de rasoir et sont placés entre lame et lamelle dans une goutte d’eau. Pour les autres bois, les observations sont effectuées sur des cassures fraîches.

La reconstitution du paysageÀ partir des bois naturels retrouvés dans une couche archéologique, le xylologue dresse un diagramme des essences présentes sur le site. L’association des espèces est révélatrice d’un milieu. Le hêtre apprécie la forêt dense, le chêne pédonculé préfère la lisière. Frêne, noisetier et merisier évoquent un versant boisé, aulne et saule aiment les bords de rivière. Le calibre des bois coupés indique l’exploitation de taillis (rejets de souches) ou de futaies (grand arbres). Le xylologue s’attache à reconstituer l’évolution du paysage : les changements climatiques se combinent avec l’intervention de l’Homme, une forêt tempérée évolue vers des essences résistantes au froid ou à la sécheresse, les bois font place aux champs cultivés ou regagnent du terrain…

L’artisanat et la vie quotidienneNombre d’objets en bois sont retrouvés entre autres dans des dépotoirs ou des puits comblés. Il peut s’agir d’ustensiles cassés ou jetés, mais aussi de déchets de fabrication tout aussi intéressants, attestant que le bois était travaillé sur place. Chaque objet peut porter les traces des outils employés (hache, herminette, scie, gouge, tour à bois…) ou celles d’usures révélatrices de la fonction de l’objet. Les bois découverts sur un site permettent d’établir un inventaire des techniques et des styles pour un contexte, une période et un lieu donné (typologie). Comprendre leur fonction et leur usage renseigne sur la nature du site et la vie quotidienne de la société étudiée, notamment aux époques où une grande part des objets usuels est en bois, comme à l’époque gauloise.

Bois d’œuvre, industries et grands aménagementsSouvent, il ne subsiste des bois de construction que les trous des poteaux. Mais en milieu humide, le bois se conserve mieux. Le xylologue participe alors à l’identifi cation et à la préservation de vestiges, son rôle est primordial pour la compréhension des activités menées sur un site. Ainsi, la fouille de l’ancien port à vin médiéval de Bordeaux a mis au jour un impressionnant pressoir en chêne. Autres exemples : des quais en bois révélant l’ancien tracé d’une rivière, des cuvelages de puits, l’utilisation de caissons en bois remplis de pierres pour construire une digue, l’utilisation d’une serrure en bois de grande taille pour clore un espace…

Le bois archéologiqueLe plus souvent, le bois pourrit et disparaît au cours du temps. Toutefois, en Europe occidentale, il peut se conserver lorsqu’il est à l’abri de l’air et de la lumière, dans des sites couverts en permanence par les eaux : tourbières, chenaux, lacs, puits, fossés… Gorgée d’eau, la structure cellulaire du bois se modifi e. Il perd ses propriétés mécaniques, en particulier sa rigidité naturelle, mais garde son aspect extérieur. On le trouve aussi en grand nombre sous forme de charbon de bois dans les foyers ou les vestiges d’incendie. Une atmosphère très sèche lui est également favorable, comme en témoignent les objets trouvés dans les sépultures égyptiennes. Le bois peut aussi se minéraliser au contact d’un métal (clou, pommeau d’épée…).

Traces de sciage sur une cale de bateauXIXe siècle (Saint-Malo, Ille-et-Vilaine)© Véronique Guitton, Inrap

Dégagement des vanneries de cuves de tannageXIVe-XVe siècles, (Troyes, Aube)© Denis Gliksman, Inrap

1 – Plan transversal de l’aulne (x 10), 2 – Plan tangentiel de l’épicéa (x 20), 3 – Plan radial de l’aulne (x 10)© Véronique Guitton, Inrap

Puits gaulois en planches de chêneIIe-Ier siècle avant notre ère (Blagnac, Haute-Garonne)© Laurent Grimbert, Inrap

Plat en érableXe-XIe siècle (Pinheuil, Gironde)© Frédéric Messager, Inrap

Identification d’espèces et hypothèses de reconstitution du paysage© Véronique Guitton, Mathilde Dupré, Inrap

Forêt ripicole oumarécageuse

Bois clair, lisière, haie

Forêt collinéenne, deversant ou de ravin

Fruticée, fourrée,friche

Chêne cad.Merisier

PrunellierPomoïdée

Rosier / ÉglantierTroène commun

SureauChèvrefeuille

Lierre communFrêneSauleAulne

Bouleau ?Noisetier

Tilleul

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1 • Prépondérance des milieux ouverts et buissonnants :hypothèse de l’implantaion d’un bois clair ou d’une haie à proximité, voire d’un accru ou d’une lisière.

2 • Présence de taxons caractéristiques de milieux humides : implantation probable en bordure de fossé où l’eau court.

3 • Probable présence d’une forêt collinéenne, de versant ou de ravin à proximité du site.

Serrure antique en chêne(Chelles, Seine-et-Marne)© Loïc de Cargouët, Inrap

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