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Bakary TRAORE. L’Afrique dans les opérations de maintien de la paix : évolution d’une participation de plus en plus importante. Rev hist archéol afr (GODO GODO) 2012;22:117-129. Page | 1 TRAORE Bakary Assistant Département d’Histoire Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan- Côte d’Ivoire. L’Afrique dans les opérations de maintien de la paix : Évolution d’une participation de plus en plus importante. Résumé Discrète après le retrait de l’Opération des Nations Unies au Congo en 1964, la contribution africaine au maintien de la paix a connu un second souffle lors de la redynamisation des opérations de maintien de la paix dans les années 90. Cette reprise des contributions africaines a été freinée par les tragédies rwandaise et somalienne qui entraînent un fléchissement des activités onusiennes de maintien de la paix. A la faveur de la reprise des déploiements onusiens de grande envergure, les contributions africaines sont devenues très importantes. Mots clés : Nations Unies - Maintien de la paix Opérations de paix Contributeurs - Guerre froide Déploiement Casques bleus. Summary Discreet after the end of the United Nations Operation in the Congo in 1964, african contribution to peacekeeping knew a second breath during the revitalization of peace operations in the 90s. The increase of african contributions was slowed down by the Rwandan and Somalian tragedies that cause a decline of UN peacekeeping’s activities. Thanks to the resumption of UN large scale deployment, the african contributions became very important. Keywords: United Nations - Peacekeeping Peace operations - Contributors - Cold war - Deployment - Peacekeepers. * * *

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Bakary TRAORE. L’Afrique dans les opérations de maintien de la paix : évolution d’une participation de plus en plus importante.

Rev hist archéol afr (GODO GODO) 2012;22:117-129. P a g e | 1

TRAORE Bakary

Assistant Département d’Histoire

Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan- Côte d’Ivoire.

L’Afrique dans les opérations de maintien de la paix :

Évolution d’une participation de plus en plus importante.

Résumé

Discrète après le retrait de l’Opération des Nations Unies au Congo en 1964, la contribution africaine au maintien de la paix a connu un second souffle lors de la redynamisation des opérations de maintien de la paix dans les années 90. Cette reprise des contributions africaines a été freinée par les tragédies rwandaise et somalienne qui entraînent un fléchissement des activités onusiennes de maintien de la paix. A la faveur de la reprise des déploiements onusiens de grande envergure, les contributions africaines sont devenues très importantes.

Mots clés : Nations Unies - Maintien de la paix – Opérations de paix – Contributeurs - Guerre froide – Déploiement – Casques bleus.

Summary

Discreet after the end of the United Nations Operation in the Congo in 1964, african contribution to peacekeeping knew a second breath during the revitalization of peace operations in the 90s. The increase of african contributions was slowed down by the Rwandan and Somalian tragedies that cause a decline of UN peacekeeping’s activities. Thanks to the resumption of UN large scale deployment, the african contributions became very important.

Keywords: United Nations - Peacekeeping – Peace operations - Contributors - Cold war - Deployment - Peacekeepers.

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Introduction

L’Afrique est devenue le principal théâtre de déploiement des opérations de maintien de la paix de l’ONU, eu égard à la situation conflictuelle qu’elle connaît depuis bientôt plusieurs décennies. Au 31 décembre 2011, sur les 99 0001 casques bleus déployés à travers le monde, près de 72% représentant 71000 soldats étaient affectés dans des opérations en cours sur le continent. Mais depuis quelques années, les pays africains ont essayé de compenser les besoins en maintien de la paix par une contribution régulière et importante aux effectifs militaires de l’ONU. Les pays africains fournissent à ce jour près de 38% des casques bleus faisant du continent le deuxième contributeur humain de l’ONU.

Presqu’absente des opérations de maintien de la paix depuis l’aventure congolaise des années 60, comment le continent africain a-t-il pu devenir le deuxième pilier humain du maintien de la paix après l’Asie ?

La présente étude se propose donc de retracer les grandes étapes de l’évolution de la contribution des pays africains en termes de personnels militaires aux activités onusiennes de maintien de la paix. La méthode adoptée pour y parvenir s’appuie sur l’analyse des données statistiques du Département des Opérations de Maintien de la Paix de l’ONU.

Ainsi, trois centres d’intérêt ont pu être dégagés pour décrire cette participation africaine au maintien de la paix onusien : le premier rend compte des contributions africaines à l’ONUC mais qui ont été de plus en plus discrètes par la suite ; le second retrace la participation des pays africains au lendemain de la guerre froide qui a été freinée par les tragédies rwandaises et somaliennes et le troisième relève les importantes contributions africaines à la faveur des déploiements onusiens de grande envergure.

I- une participation limitée au temps de la guerre froide (1960-1989)

Sur les 65 pays qui ont contribué régulièrement aux opérations de maintien de la paix au temps de la guerre froide, figurent une dizaine d’Etats africains dont la participation se résume à l’ONUC pour la plupart d’entre eux.

1- L’ONUC, le ballon d’essai ?

L’Opération des Nations unies au Congo s’est déroulée de 1960, date de l’accession du Congo à l’indépendance à 1964 après la fin des différentes rébellions. Cette opération est dans l’histoire des Nations Unies, très importante à cause de ses responsabilités2 et apparaît comme l’une des premières missions

1 Les chiffres utilisés dans cette étude proviennent des données statistiques disponibles sur le site internet du

Département des Opérations de Maintien de la Paix, http://www.un.org/fr/peacekeeping/resources/index.shtml. 2L’ONUC était passée successivement d’une force d’interposition, maintenant le statut quo militaire, à une

phase d’intervention contre les sécessionnistes. L’application du Chapitre VII lui avait donc permis de sauver le Congo nouvellement indépendant, de garder son unité et son intégrité.

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militaires autorisées par l’ONU avec un effectif maximum de 19 828 militaires au 31 juillet 1961 assistés par du personnel civil international et local. Parmi la trentaine de pays qui y ont participé, figurent dix Etats africains dont l’Ethiopie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, la Tunisie, le Nigeria, la Sierra Leone, le Soudan, la Fédération du Mali et le Maroc.

Nouvellement indépendant, le Congo est confronté à la sécession de sa province katangaise et pour y faire face, les nouvelles autorités de Léopoldville se résolvent à demander aux Nations Unies, l’"assistance technique de caractère militaire" nécessaire3. Tenant compte de l’urgence de la situation, le Conseil de sécurité à la suite de la saisine du Secrétaire général et de ses recommandations quant à la future force militaire de l’ONU, autorisait par sa résolution 143, la création et le déploiement de l’Opération des Nations Unies au Congo.

Selon les recommandations au Conseil de sécurité sur la composition de cette force, le Secrétaire général de l’ONU indiquait qu’il se proposait d’assurer prioritairement le concours d’Etats africains. S’y ajouteraient des unités appropriées venant d’autres régions de manière à donner à la force un caractère véritablement international. A son appel, cinq pays africains – l’Ethiopie, le Ghana, la Guinée, le Maroc, la Tunisie - acceptaient de constituer le noyau de l’Opération des Nations Unies au Congo.

Au lendemain du vote de la résolution 143 autorisant la création de l’ONUC4, la première phase du déploiement de l’ONUC constituée de ces bataillons africains était achevée. Ainsi, à la fin juillet 1960, ces militaires africains étaient en place dans les principales localités congolaises (Léopoldville, Stanley ville, Matadi, Thysville et Coquilhatville).

Plus tard, d’autres contingents africains vont rejoindre l’ONUC : ils viennent du Libéria (juillet 60), de la Fédération du Mali (août 60), Nigéria (novembre 60), de la Sierra Léone (janvier 62). A partir de février 1963, un bataillon de l’armée nationale congolaise est incorporé au sein de la mission onusienne au Congo.

En outre, trois personnalités africaines ont eu à diriger certaines missions de maintien de la paix à cette époque : il s’agit du Général de corps d’armée, Kebbede Guebre de nationalité éthiopienne qui fut à la tête de l’ONUC d’avril 1962 à juillet 1963 ; le nigérian Aguiyi Ironsi, Général de division, lui succède à partir de

3C’est par un télégramme daté du 12 juillet et adressé au Secrétaire général, que le Président et le Premier

Ministre de la République du Congo sollicitaient l'envoi urgent par l'Organisation des Nations Unies, d'une aide militaire. Ils indiquaient que la requête du Gouvernement congolais était justifiée par l'envoi non requis au Congo de troupes belges en violation du Traite d'amitié entre la Belgique et la République du Congo du 29 juin 1960. Selon ce traité, les troupes belges ne pouvaient intervenir que sur demande expresse du Gouvernement congolais. Ils considéraient donc l'action belge comme un acte d'agression contre le Congo et accusaient d'autre part le Gouvernement belge d'avoir minutieusement préparé la sécession du Katanga dans le but de garder la mainmise sur le Congo. (Voir S/4382, document 1, Document officiel, 15è année, Suppl. de juil.- sept. 1960, p. 11, portant sur la demande d'assistance militaire adressée au Secrétaire général par le Président et le Premier Ministre de la République du Congo). 4 La résolution 143 a été adoptée le 13 juillet 1960 par 8 voix (y compris celle des USA et de l’URSS) contre 0 et 3

abstentions.

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janvier à juin 1964 et du Général de corps d’armée, Emmanuel A. Erskine de nationalité ghanéenne qui a été successivement commandant en chef de la FINUL d’avril 1978 à février 1981 et de l’ONUST de février 1981 à mai 1986.

Avec des fortunes diverses5, ces contingents africains ont rempli avec brio les tâches qui leur avaient été confiées dans le cadre des modifications de mandat l’ONUC. Cependant, les pays africains ont été moins nombreux à s’engager à nouveau dans les opérations de maintien de la paix.

2- Une participation discrète au lendemain de l’aventure congolaise (1964-1989)

Au lendemain de l’aventure congolaise, rares sont les pays africains qui ont répondu à l’appel onusien pour ses missions suivantes6. Parmi ceux qui étaient déjà présents au Congo dans le cadre de l’ONUC, figurent en priorité le Ghana, le Sénégal, le Nigéria et l’Ethiopie.

Après l’ONUC, le Ghana est l’un des rares pays africains à avoir maintenu depuis 1979 de manière permanente un contingent dans la Force Intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL). Il était déjà présent dans la Mission d’Observation des Nations unies au Yémen (UNYOM) de juillet 1963 à septembre 1964 et a envoyé entre janvier 1974 et septembre 1979 un bataillon dans la deuxième Force d’Urgence des Nations Unies déployée autour du canal de Suez (FUNU II). Des observateurs militaires ghanéens ont également participé à la Mission des Bons Offices des Nations Unies en Afghanistan et au Pakistan de 1988 à 1990 et au Groupe d’observateurs militaires des Nations unies pour l’Iran et l’Irak de 1988 à 19917.

Le Sénégal reste l’un des rares pays francophones a participé de manière régulière aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Présent à partir d’août 1960 au sein de l’ONUC avec 600 hommes dans le cadre de la fédération du Mali, il a déployé de 1973 à 1976 au sein de la FUNU II près de 4 contingents de 400 hommes et 12 contingents de 600 hommes dans la FINUL de 1978 à 19848.

Soutenant l’ONUC à partir de novembre 1960 avec un bataillon, le Nigeria est l’autre pays de l’Afrique de l’Ouest à contribuer régulièrement aux opérations

5 Le 24 novembre 1960, des soldats de l’armée nationale congolaise ont attaqué l’ambassade ghanéenne à Léopoldville où

un casque bleu tunisien perdit la vie. En avril 1961, ce sont 44 autres de nationalité ghanéenne qui furent massacrés. (Voir ONU, Les casques bleus : les opérations de maintien de la paix, New York, NU, 1996, p.178, p.180. 6 La participation africaine au maintien de la paix à cette époque a été plombée par les préoccupations sécuritaires. En

effet, depuis le début années 60 et bien avant, le continent africain doit faire face à une série de situations conflictuelles difficilement maîtrisable. Dans ces conditions, le devoir des armées africaines a été d’abord d’assurer la sécurité de leurs territoires nationaux ainsi que la protection de la vie des populations. Préoccupés donc par l’insécurité à l’intérieur et aux frontières, les jeunes Etats africains ne pouvaient pour l’instant s’engager dans des opérations de maintien de la paix. Cependant, l’échec de la mise en place d’une armée panafricaine a pu limiter la participation des pays africains au maintien de la paix. 7Les capacités africaines d’entrainement aux opérations de maintien de la paix, Rapport préparé pour le

Secrétaire-Général de l’OUA par une équipe menée par The Institute for Security Studies et financé par le Gouvernement Canadien, http://www.iss.co.za/pubs/other/africacapab/FContents.html. 8Mission permanente de la République du Sénégal auprès des Nations Unies, Le Sénégal et les Opérations de

Maintien de la paix, http://www.un.int/wcm/content/site/senegal/lang/fr/pid....

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de maintien de la paix. Il a envoyé entre 1962 et 1966, des observateurs militaires respectivement en Nouvelle Guinée dans le cadre de la Force de sécurité des Nations unies en Nouvelle Guinée (FSNU) et à la frontière Indo-pakistanaise dans le cadre de l’UNIPOM. En 1978, le Nigéria fut sollicité pour participer à la FINUL où il envoya un bataillon et des officiers d’Etat major9.

En dehors de ces trois pays d’Afrique de l’ouest, l’Ethiopie a connu avant 1989, une participation très discrète au maintien de la paix après l’aventure congolaise. Il s’est seulement signalé à la frontière Indo-pakistanaise dans le cadre de l’UNIPOM avec quelques observateurs militaires.

Tout comme le Ghana, le Nigéria et le Sénégal, le Kenya et la Zambie ont également envoyé en août 1988, quelques observateurs dans le cadre du Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies pour l’Iran et l’Irak (GOMNUII) déployé à la frontière entre les deux Etats. Le Groupe d’Assistance des Nations Unies pour la Période de Transition (GANUPT) déployé en Namibie d’avril 1989 à mars 1990 a vu également une forte participation de pays africains : le Congo, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, le Nigéria, le Soudan, le Togo, et la Tunisie ont soutenu cette mission onusienne avec des policiers civils, des contrôleurs d’élections, des observateurs militaires et des troupes d’infanterie.

Tel est le tableau de la participation africaine au maintien de la paix dans le cadre de l’ONU avant la fin de la guerre froide. Il faut attendre donc le début des années 90 pour apprécier l’importance des contributions africaines au sein des missions onusiennes.

II- L’intermède des années 90 : un engagement freiné par les tragédies rwandaises et somaliennes (1990-1999).

La participation des pays africains au maintien de la paix s’est accrue au fil des années du fait du besoin en personnel militaire exprimé par l’ONU face au nombre croissant de ses missions.

1- Les débuts timides de la première moitié des années 90

La fin de la guerre froide a permis au CSNU d’être plus actif dans le domaine du maintien de la paix et cela va se traduire par une augmentation rapide des missions de paix. L’unité retrouvée lui a permis de dépasser les interprétations trop restrictives de la Charte et de faire évoluer les différentes conceptions sur les notions de souveraineté étatique et d’intervention.

L’apparition de nouvelles menaces comme la généralisation des conflits intraétatiques avec pour corollaire la disparition de l’Etat central l’a conduit à se saisir des questions de sécurité interne aux Etats en vue de limiter les souffrances des populations. La référence régulière au droit d’ingérence humanitaire et l’invocation du chapitre VII de la Charte des Nations unies ont permis la création

9Les capacités africaines d’entrainement aux opérations de maintien de la paix…,

http://www.iss.co.za/pubs/other/africacapab/FContents.html

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de nouvelles opérations de maintien de la paix face aux différentes tragédies humaines enregistrées ici et là.

La fin de la guerre froide a donc donné un nouveau souffle à l’ONU et cela s’est manifesté par l’augmentation du nombre de nouvelles missions de maintien de la paix qui ont été créées. Ainsi, l’ONU a autorisé la création de 20 nouvelles opérations entre 1989 et 1994, faisant passer le nombre de Casques bleus de 11 000 à 70 000. Le nombre de pays contributeurs à la même période est passé de 46 à 77 tandis que les 10 000 casques bleus d’origine africaine enregistrés en 1994 provenaient de 20 pays africains. En 1990, ils n’étaient que seulement 7 pays africains à avoir engagé des soldats dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU pour un effectif total de 918 casques bleus. Ces soldats provenaient du Ghana (892), l’Algérie (7), le Congo (6), la Zambie (6), le Sénégal (4), le Nigeria (2) et le Kenya (1). Ils étaient respectivement engagés dans les missions suivantes : UNIFIL (Ghana), UNAVEM 1 (Algérie, Congo) et UNIMOG (Ghana, Kenya, Nigeria et Sénégal). Il s’agissait de missions d’observations militaires de petites tailles pour les deux dernières comptant respectivement 7O et 400 casques bleus avec pour rôle principal de superviser la cessation des hostilités et le retrait des forces étrangères dans l'attente d'un règlement global du conflit. La première parait plus imposante par rapport aux deux dernières avec un effectif de 5835 soldats en 1990 avec à peu près les mêmes fonctions.

A partir de 1990, la contribution africaine a sensiblement augmenté et le millier de soldats africains déployés depuis, a été multiplié par 6 en 1992 et ce, de façon exponentielle jusqu’en 1994. Les soldats africains représentaient donc 13,54% des casques bleus en 1994 alors que cette proportion n’était de 4,05% en 1990.

Le Ghana continue de tenir la tête du peloton avec des contributions de plus en plus importantes suivi de près par l’Egypte dont la contribution est passée de 24 soldats en 1990 à 1746 en 1994, auquel on peut ajouter le Nigeria dont la participation au maintien de la paix parait peu régulière à la même période. Le Maroc, le Kenya, la Zambie, le Zimbabwe et le Botswana s’intéressent de plus en plus au maintien de la paix avec des contributions plus ou moins importantes. Le Sénégal qui était déjà présent dans les OMP avant 1990, a des contributions très faibles en deçà des expériences acquises lors de ses déploiements précédents.

Comme on peut le constater, les grands contributeurs de l’ère des déploiements onusiens de grande envergure sont encore à la traîne à l’exception notable du Ghana et de l’Egypte. De même, la contribution africaine reste encore faible (entre 4 et 13%) alors qu’entre 1989 et 1994, sur les vingt nouvelles opérations de maintien de la paix créées par l’ONU, plus de la moitié ont été déployées en Afrique. Parmi ces missions, l’ONUSOM II menée en Somalie à partir de mars 1993 était très imposante avec un effectif maximum de 28 000 casques bleus soit près du tiers du personnel onusien extérieur consacré au maintien de la paix sur les années 1993 et 1994. Or sur ces deux années, la contribution africaine peinait à atteindre les 10 000 casques bleus. Les principaux

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contributeurs étaient l’Egypte (2260), le Maroc (1432), le Botswana (1097) et le Kenya (1066) sur la quinzaine de pays africains en 1993 tandis qu’en 1994, la majorité des soldats provenaient du Ghana (1780), de l’Egypte (1746), de la Zambie (1307) et Kenya (1099). Ces pays ont fourni la moitié du contingent africain de 1993 et de 1994.

Ces premières expériences au maintien de la paix ont été freinées par les tragédies enregistrées en Bosnie, en Somalie et au Rwanda dans lesquelles un certain nombre de soldats de la paix ont perdu la vie. Ces évènements ont précipité la diminution des contingents alloués à ces missions et plus tard leur retrait.

2- La diminution des activités de maintien de la paix entraîne un fléchissement des contributions africaines (1995-1999)

Déployées dans des contextes particulièrement hostiles en raison de la fluctuation sécuritaire, la FORPRONU (Bosnie, 1991-1995), l’ONUSOM (Somalie, 1992-1995) et la MINUAR (Rwanda, 1993-1996) ont vu leurs mandats dévoyés entre l’interposition, le rétablissement et l’imposition de la paix. Ces modifications de mandats ont régulièrement plongé les Casques bleus dans des environnements encore conflictuels. Perdant leur neutralité, ces missions sont devenues parties prenantes aux conflits transformant les soldats de la paix en belligérants au même titre que les milices ou les mouvements armés.

Pour faire face à la réalité du terrain, certains pays contributeurs à ces opérations ont dû relever le niveau de l’équipement de leurs contingents en les dotant d’armes puissantes comme les mortiers et les missiles antichars. Il s’agissait pour ces pays de fournir à leurs hommes un maximum d’instruments permettant d’accomplir leur mission et surtout d’éviter des pertes10.

Malgré leur puissance de feu, ces soldats n’ont souvent rien pu faire face à la témérité des forces hostiles. Les affrontements avec les mouvements armés entraînaient toujours des pertes de leurs côtés comme en témoigne la mort de vingt-quatre casques bleus pakistanais le 05 juin 1993 à Mogadiscio et plus tard de dix autres casques belges au Rwanda en avril 1994.

La disparition de ces soldats de la paix a été traumatisante pour les pays contributeurs qui optèrent pour le retrait de leurs contingents handicapant ainsi l’ONU dans sa mission de maintien de la paix. Ce qui devait limiter la création de nouvelles opérations de paix. C’est ainsi qu’en 1995, l’ONU quitte la Somalie et le Rwanda et cède ses responsabilités militaires en Bosnie à l’OTAN.

L’année 1995 voit donc un relâchement voire une diminution des activités onusiennes de maintien de la paix puisqu’au même moment l’ONU, sollicitée pour intervenir au Burundi, au Kivu et en Sierra Léone, semble marquer le pas. De

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Jocelyn Coulon et Michel Liégeois, Qu’est-il advenu du maintien de la paix ?, L’avenir d’une tradition, Étude préparée pour l’Institut Canadien de la Défense et des Affaires Etrangères www.cdfai.org

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1995 à 1998, seulement douze missions avaient été lancées dans sept pays11 alors qu’entre 1989 à 1994, le Conseil avait autorisé 20 nouvelles missions dans une quinzaine de pays.

Le retrait de la Somalie et de la Bosnie combiné à la réduction du contingent de la MINUAR a fait chuter de moitié le nombre de casques bleus déployé par l’ONU passant de 69 356 en 1994 à 31 031 soldats en 1995. En 1998, ils n’étaient plus que 14 347 soit une réduction de près de 80%. Les contributions africaines ont suivi également le mouvement : l’effectif des casques bleus africains au sein des opérations de maintien de la paix est passé de 10 195 en 1994 à 3 555 un an plus tard, pour atteindre 2 398 en au 30 novembre 1998 ; soit une réduction de 75%.

A l’exception du Ghana en 1995 du fait de sa contribution constante au sein de la FINUL, aucun autre pays africain n’a pu déployer jusqu’en fin 1998, un millier de soldats au sein des opérations de la paix de l’ONU. En tête des contributions africaines de 1995 à 1998, le Ghana est régulièrement talonné par le Zimbabwe et par la Côte d’Ivoire12.

Cependant, la déprime onusienne coïncide avec une intervention de plus en plus accrue des acteurs non onusiens dans le maintien de la paix. Quelques 40 000 militaires, policiers et civils sont alors déployés par l’OTAN, l’OSCE et la CEDEAO entre 1995 et 199813. C’est ainsi que le fléchissement des contributions africaines au sein des missions onusiennes est compensé par leur engagement dans les opérations de paix lancées par les organisations régionales africaines. Ici, c’est le Nigeria qui tient la tête du peloton avec le gros des effectifs engagés au sein de l’ECOMOG déployé au Libéria et plus tard en Sierra Leone. En RCA, une coalition d’Etats francophones déploie en janvier 1997 dans le cadre de la MISAB, 600 soldats de la paix en vue d’aider le pays à sortir d’une crise politique et militaire. L’Afrique du sud et le Botswana en font autant au Lesotho en 1998 dans le cadre de l’opération Boleas menée au nom de la SADC.

Les difficultés rencontrées par ces opérations africaines et l’aggravation de la situation humanitaire dans la région des grands lacs sans oublier la volonté onusienne de refonte du maintien de la paix vont militer pour une reprise des missions de paix de grande envergure.

III- Une contribution sans cesse croissante depuis la reprise des déploiements onusiens de grande envergure (2000-2012).

Le repli onusien de la période 1995-1998 correspond à une période de réévaluation des actions que l’ONU a eu à mener en ex-Yougoslavie (FORPRONU),

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Il s’agit de l’Angola (UNAVEM III et MONUA), de la Bosnie-Herzégovine (MINUBH), de la Croatie (ONURC, ATNUSO et UNPSG), de l’ex-République yougoslave de Macédoine (UNPREDEP), du Guatemala (MINUGUA), d’Haïti (MANUH, MITNUH et MIPONUH), de la République Centrafricaine (MINURCA). 12

L’importance de la contribution ivoirienne à cette époque s’explique par le petit contingent qu’elle avait maintenu au sein de la MINURCA dès qu’elle a pris la relève de la Mission Interafricaine de Surveillance des Accords de Bangui (MISAB). 13

Qu’est-il advenu du maintien de la paix ?, L’avenir d’une tradition…déjà cité.

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au Rwanda(MINUAR) et en Somalie (ONUSOM II). Face aux critiques soulevées par rapport à la conduite de ces trois opérations, le Conseil de sécurité à entrepris un processus de réflexion14 pour éviter que ne se renouvellent de tels échecs. A la même période, le rôle essentiel des opérations de maintien de la paix de l'ONU n'a pas tardé à être énergiquement réaffirmé. De plus en plus sollicité, le Conseil de sécurité a autorisé de nouvelles opérations de maintien de la paix à partir 1999.

Ainsi, l’ONU s’est vu confier des tâches complexes comme l'administration des territoires du Kosovo dans l'ex-Yougoslavie (MINUK) et du Timor oriental - aujourd'hui Timor-Leste - (ATNUTO). Elle doit mener d’importantes missions en Sierra Leone(MINUSIL), en République démocratique du Congo (MONUC et MONUSCO) et plus tard en Erythrée/Ethiopie(MINUEE). Au cours des dix années suivantes, le Conseil de sécurité a également mis en place d'imposantes opérations de maintien de la paix dans plusieurs pays d'Afrique notamment au Libéria (MINUL), au Burundi (ONUB), en Côte d'Ivoire (ONUCI), au Soudan (MINUS, MINUAD, FISNUA, UNMISS), en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT). Les Casques bleus sont également retournés en Haïti (MINUSTAH) et au Timor-Leste (MINUT) pour des actions de consolidation de la paix.

La création de ces différentes opérations a vu un accroissement rapide des effectifs onusiens travaillant dans le maintien de la paix. La mise en place des missions comme la MINUK, l’ATNUTO, la MONUC et la MONUSIL ont fait doubler en une année, le nombre de casques bleus déployés par l’ONU passant de 18 410 en 1999 à 37 773 en 2000. Dix années plus tard, cet effectif a été multiplié par trois puisqu’au 31 décembre 2010, plus de 99 000 militaires, observateurs militaires et policiers travaillant pour le compte de l’ONU étaient déployés à travers le monde dans différentes missions de paix. Le nombre de soldats africains a lui, été multiplié par quatre passant de 9019 en 2000 à 37 684 au 31 décembre 2011. Une quinzaine de pays africains se sont intéressés au maintien de la paix faisant passer le nombre de pays contributeurs africains de 20 en 1998 à 36 en décembre 2010.

Au titre des contributions individuelles, le Ghana s’est fait ravir la première africaine place entre 2000 et 2003 par le Nigéria puis par l’Ethiopie pendant les années 2004-2005. Le Nigéria revient en tête en 2008 après avoir occupé la deuxième place derrière le Ghana entre 2006 et 2007. En 2011, il la cède à l’Ethiopie en raison de l’important engagement de ce dernier dans la FISNUA et

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Le Secrétaire général a ordonné l'ouverture d'une enquête indépendante [S/1999/1257] sur l'action de l'ONU pendant le génocide de 1994 au Rwanda et, à la demande de l'Assemblée générale, il a procédé à une évaluation d'ensemble [A/54/549] concernant les événements survenus en 1993-1995 à Srebrenica, dans l'ex-Yougoslavie. Les circonstances qui avaient conduit l'ONU à se retirer de Somalie ont elles aussi fait l'objet d'une analyse approfondie [S/1995/231]. En mars 2000, le Secrétaire général a nommé un Groupe d'étude sur les opérations de maintien de la paix afin de recenser les défaillances du système existant et de formuler des recommandations spécifiques et réalistes concernant les améliorations à apporter au système. Le résultat des travaux de ce groupe est connu sous le nom de « Rapport Brahimi », baptisé du nom de son Président, Lakhdar Brahimi.

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dans la MINUAD où sa contribution est respectivement de 98% et de 10% au 31 décembre 2011. L’Ethiopie a donc accru sa participation aux opérations de maintien de la paix depuis 2003 même si ses effectifs ont connu une légère baisse deux années plus tard en raison certainement du redéploiement de son armée à la frontière avec l’Erythrée et ses incursions régulières en territoire somalien. Il faut noter que depuis l’opération UNIPOM à la frontière indo-pakistanaise, l’Ethiopie n’avait plus envoyé de soldats au sein des missions onusiennes. Sur trois années successives c'est-à-dire de 2006 à 2008, Addis-Abeba a occupé la quatrième place des contributeurs africains avant de leur ravir la première marche en 2011.

Le Ghana abandonne progressivement les 2e et 3e places africaines au profit du Sénégal, de l’Egypte et du Rwanda mais est l’un des rares pays africains à maintenir depuis 1978, au moins un contingent au sein de la FINUL. En participant régulièrement aux opérations de maintien de la paix, le Sénégal reste le seul pays francophone à être parmi les principaux contributeurs africains en occupant des places honorables (3e en 2006 et en 2007 ; 5e en 2009 et en 2010) dans le classement.

Accueillant depuis 1956 des opérations de maintien de la paix sur son sol, l’Egypte était déjà présente au Congo avec un bataillon de parachutistes au sein de l’ONUC. Depuis l’ONUSOM, sa participation au maintien de la paix s’est faite sous la forme d’envoi d’observateurs militaires au Mozambique (ONUMOZ), au Rwanda (MINUAR), en Angola (UNAVEM III), au Sahara Occidental (MINURSO), au Liberia (MONUL), en Géorgie (UNOMIG) et en Slovénie de l’Est (UNTAES). Quintuplant sa contribution en casques bleus à partir de 2005, l’Egypte a été le deuxième plus gros contributeur africain en 2009 et en 2010 après le Nigéria avant d’être relégué à la 3e place en 2011 avec 4083 soldats.

Le Rwanda depuis 2005, participe régulièrement au maintien de la paix avec des contributions très importantes (3635 soldats en 2008 ; 3671 en 2009 et 3810 en 2010). Ses soldats ont été engagés au sein de la MINURCAT (Tchad/RCA), la MINUSTAH (Haïti), la MINUAD (Darfour) et la MINUL (Liberia). En 2008, le Rwanda a éclipsé le Ghana de la troisième place en se situant tous juste derrière le Nigéria. En 2011, il a fourni 15% des effectifs de la MINUAD (dont 16% des casques bleus étaient nigérians).

Trois autres pays africains essaient de jouer un rôle important dans le maintien en augmentant régulièrement leur contribution au sein des missions onusiennes. Il s’agit du Maroc, du Kenya et de l’Afrique du sud.

Depuis 1988, le Kenya participe aux opérations de maintien de la paix autorisées par l’ONU et sa contribution est passée de quelques dizaines d’observateurs militaires à plusieurs centaines de soldats. Ce qui lui a permis de se hisser au 3e rang des pays africains fournisseurs de troupes onusiennes entre 1999 et 2004. Depuis 2005 où ses effectifs ont atteint le record de 2230 soldats déployés, la contribution du Kenya connaît une diminution croissante, lui faisant

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perdre des places dans le classement. Celle-ci n’était de 834 soldats en 2011 dont le gros des troupes (85%) était déployé dans la MINUSS.

Le Maroc participe depuis 1991 aux opérations de maintien de la paix avec l’envoi d’observateurs militaires dans le cadre de l’UNAVEM et a fournit en 1993, près de 1400 soldats à la mission d’observation de l’ONU en Somalie. Le retrait de cette mission en 1995 a fait chuter la contribution marocaine aux opérations de paix. Il faudra attendre l’ère des grands déploiements onusiens pour que le Maroc participe régulièrement aux efforts internationaux pour la paix. Ainsi, la contribution marocaine est en constante augmentation depuis 2000 même si celle-ci a connu une forte baisse en 2005 (seulement 170 soldats déployés) pour reprendre une année plus tard le hissant au 5e rang des contributeurs africains entre 2006 et 2007. Entre 2008 et 2011, il se place au 8e rang cédant du terrain à l’Afrique du sud.

La participation sud africaine est particulièrement récente aux opérations de maintien de la paix car celle-ci a commencé en 2001 par l’envoi d’officiers de liaison militaires en soutien au processus de paix conduit entre l'Éthiopie et l'Érythrée dans le cadre de la MINUEE15. La SANDF (Forces Armées Nationales Sud Africaines) a pris part à plusieurs opérations de maintien de paix comme la MONUC et l’ONUB. L’importance de sa contribution lui a permis de se hisser au 4e rang africain pendant les années 2004 et 2005 avant de décrocher plus tard à des positions moins honorables (6e en 2008 et 2009 ; 7e en 2010 et 2011). Aujourd’hui, l’essentiel de ses 2000 casques bleus se trouve déployé au sein de la MONUSCO et de la MINUAD.

Au-delà des contributions individuelles, il faut noter que les opérations de maintien de la paix sur le continent sont de plus en plus assurées par des casques bleus africains : 49% des effectifs onusiens en Afrique sont d’origine africaine représentant 95% des 37000 africains engagés dans les missions. On note de ce fait, une préférence pour les opérations se déroulant sur le continent. A ce sujet, on observe que la totalité des soldats sud africains sont engagés au Darfour et en RDC et 99% des soldats égyptiens sont également déployés en terre africaine. Il en est de même pour l’Ethiopie qui pourvoit à hauteur de 99%, les trois missions onusiennes du Soudan (MINUAD, FISNUA, MINUSS). Tout compte fait, au 30 juin 2012, les africains fournissaient près de 83% des casques bleus déployés au Soudan, environ la moitié de l’ONUCI, près du tiers de la MINUL et plus du quart de la MONUSCO.

Conclusion

L’opération des Nations unies au Congo qui s’est déroulé entre 1960 et 1964 est le point de départ de la contribution africaine à l’effort de paix onusien. Une dizaine de pays nouvellement indépendants et fournissant le quart des effectifs

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Sandrine PERROT, L’Afrique du sud et les opérations de maintien de la paix, http://www.operationspaix.net/3-fiche-d-information-de-l-etat-afrique-du-sud.html.

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ont pris part à cette mission onusienne en terre africaine. Cet important engagement militaire africain observé au cours de cette opération n’a pas connu de continuité en raison des défis sécuritaires et économiques que la plupart des pays africains devait relever au lendemain des indépendances.

Très discrets au lendemain de l’ONUC, c’est au cours des années 90, qu’un plus grand nombre de pays africains s’engagent véritablement dans le maintien de la paix. Cette période correspond à l’éclatement d’un plus grand nombre de conflits africains et donc, une augmentation de la demande en maintien de la paix mais paradoxalement, à une diminution de l’offre de la part de l’ONU.

Les expériences acquises lors de la prise en charge d’un certain nombre conflits africains leur ont servi de levier pour jouer un rôle de plus en plus important dans le maintien de la paix et d’améliorer leur contribution militaire aux opérations onusiennes. Un grand nombre de ces opérations dites multidimensionnelles déployées en Afrique et nécessitant de gros effectifs ont été précédées sur le terrain par des missions typiquement africaines qui y ont été intégrées. Ainsi, le début timide de la participation des Etats africains au maintien de la paix observé dans la première moitié des années 90 a laissé la place à une contribution sans cesse croissante.

Cet important engagement militaire au peut être lié au retrait des puissances occidentales du maintien de la paix au lendemain des revers subis par l’ONU en Somalie, au Rwanda et en ex-Yougoslavie. En responsabilisant davantage les africains dans un domaine traditionnellement réservé à l’ONU par l’intermédiaire des programmes de renforcement des capacités, on assiste à une africanisation voire une régionalisation du maintien de la paix. Mais à l’ombre de cette nouvelle donne, se cacherait la volonté de certains Etats africains de rechercher un leadership régional, d’occuper leurs armées nationales et sans doute profiter des retombées financières que le maintien de la paix peut leur procurer.

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Références bibliographiques

Sources

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S/1995/231, Rapport du secrétaire général sur la situation en Somalie, présenté en application du paragraphe 13 de la résolution 954 (1994) du Conseil de sécurité, 28 mars 1995.

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