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Accueil Au sujet de ce blog… Jeunesse(s) : sur-place ou déplacement ? Spécial copinage… J’ai été contacté par Raphaël Wintrebert, un sociologue qui a créé un blog consacré à une thématique nous intéressant puisque s’appelant « Observatoire Jeunes et Travail », soit en termes de lien internet http://www.ob-jet.fr , « ob » pour « observatoire » et « jet » pour « Jeunes Et Travail » (j’ai trouvé tout seul !). Invitation à y aller fureter. Son dernier article « Confiance dans l’avenir et progrès : la rupture du contrat moral » correspond d’ailleurs pour partie à ma contribution « Jeunes et entreprises : entre(et)prendre ensemble » du 21 janvier. Une réaction sur un commentaire de « Sara » (sans « h » ?) à cet article et la réponse de Raphaël… Sara(h)… « C’était justement ça le message que j’avais retenu le plus de votre étude sur les jeunes : l’absence d’un « projet », individuel mais surtout collectif… L’engagement politique ne le donne plus, l’appartenance à une nation non plus, la religion n’en parlons même pas, l’Europe ne passionne plus… Même l’hédonisme individualiste des années 80 supposait un but ve lequel tendre, un objectif à atteindre, un demain qui serait meilleur que le présent. La génération actuelle est donc la première à faire du sur place » Réponse de Raphaël… « Je ne sais pas si c’est du sur place mais il est certain qu’il y a un très fort sentiment de résignation. Ceux qui ont la chance d’être « bien nés » ont tendance à poursuivre leur chemin personnel, recherchant effectivement l’hédonisme, mobilisant leurs ressources et leurs réseaux propres, sans guère se soucier de participer à un projet collectif (national, communautaire, religieux…). Et ceux qui sont moins bien nés font comme ils peuvent sans attendre grand chose de la collectivité. Ce n’est pas complètement nouveau (disons depuis la fin des années 1980) mais cela s’aggrave et sonne le glas des mobilisations politiques du passé (d’autres formes de protestations plus ponctuelles, plus radicales ou violentes parfois, apparaissent mais ne sont pas intégrées à un projet)… » Résignés, les jeunes ? Pas si sûr. Un mot sur le projet collectif « des jeunes »… C’est un peu à chaud et, sans aucun doute, cela exigerait bien plus. Mais on y reviendra. Un paradoxe du projet est que, d’un côté, il est adapté à l’incertitude (lorsque l’avenir est tracé, le programme suffit) alors que, d’un autre côté, lorsque le présent est trop menaçant, la notion de projet s’écroule, se dissout ou s’évapore, au choix : pour se projeter, il faut en effet être assuré du présent –déjà pouvoir répondre aux besoins primaires – afin de, un peu comme un sprinter sur ses starting blocks, s’appuyer sur un actif constitué pour s’élancer. Les racines et les rameaux, etc. Or l’actif ne se constitue pas puisque, comme indiqué dans ma contribution du 21, les expérimentations ne se sédimentent pas en expérience. Quant à être assuré du présent, le moins que l’on puisse dire est que le compte n’y est pas et que, subséquemment, « les jeunes » (toujours avec cette Philippe Labbe Weblog Vivre en intelligence avec le système et en révolte contre ses conséquences. BLOG STATS o 104,618 hits ARTICLES LES PLUS CONSULTÉS o Si vis pacem, para tripalium (1). La circulaire. o Joyeux Noël ! o Esquisse de définition de l’accompagnement social ou, plutôt, socioprofessionnel o Last but not least o Au sujet de ce blog… o Entreprises : s'entendre sur le sens o Jeunes et entreprises : entre(et)prendre ensemble o Livret de compétences o Un million de chômeurs en fin de droits en 2010. En plus. o Le temps des crises ARCHIVES o janvier 2010 o décembre 2009 o novembre 2009 o octobre 2009 o septembre 2009 o août 2009 o juillet 2009 o juin 2009 o mai 2009 o avril 2009 o mars 2009 o février 2009 o janvier 2009 o décembre 2008 o novembre 2008 o octobre 2008 o septembre 2008 o août 2008 o juillet 2008 o juin 2008 o mai 2008 o avril 2008 o février 2008 o janvier 2008 o décembre 2007 o avril 2007

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Accueil Au sujet de ce blog…

Jeunesse(s) : sur-place ou déplacement ?Spécial copinage…

J’ai été contacté par Raphaël Wintrebert, un sociologue qui a créé unblog consacré à une thématique nous intéressant puisque s’appelant« Observatoire Jeunes et Travail », soit en termes de lien internethttp://www.ob-jet.fr , « ob » pour « observatoire » et « jet » pour « JeunesEt Travail » (j’ai trouvé tout seul !). Invitation à y aller fureter.

Son dernier article « Confiance dans l’avenir et progrès : la rupture ducontrat moral » correspond d’ailleurs pour partie à ma contribution« Jeunes et entreprises : entre(et)prendre ensemble » du 21 janvier.

Une réaction sur un commentaire de « Sara » (sans « h » ?) à cet articleet la réponse de Raphaël…

Sara(h)…

« C’était justement ça le message que j’avais retenu le plus de votreétude sur les jeunes : l’absence d’un « projet », individuel mais surtoutcollectif… L’engagement politique ne le donne plus, l’appartenance à unenation non plus, la religion n’en parlons même pas, l’Europe ne passionneplus… Même l’hédonisme individualiste des années 80 supposait un but verslequel tendre, un objectif à atteindre, un demain qui serait meilleur quele présent. La génération actuelle est donc la première à faire du sur place ? »

Réponse de Raphaël…

« Je ne sais pas si c’est du sur place mais il est certain qu’il y a un trèsfort sentiment de résignation. Ceux qui ont la chance d’être « bien nés »ont tendance à poursuivre leur chemin personnel, recherchanteffectivement l’hédonisme, mobilisant leurs ressources et leurs réseauxpropres, sans guère se soucier de participer à un projet collectif(national, communautaire, religieux…). Et ceux qui sont moins bien nésfont comme ils peuvent sans attendre grand chose de la collectivité. Cen’est pas complètement nouveau (disons depuis la fin des années 1980)mais cela s’aggrave et sonne le glas des mobilisations politiques du passé(d’autres formes de protestations plus ponctuelles, plus radicales ouviolentes parfois, apparaissent mais ne sont pas intégrées à un projet)… »

Résignés, les jeunes ? Pas si sûr.

Un mot sur le projet collectif « des jeunes »… C’est un peu à chaud et,sans aucun doute, cela exigerait bien plus. Mais on y reviendra.

Un paradoxe du projet est que, d’un côté, il est adapté à l’incertitude(lorsque l’avenir est tracé, le programme suffit) alors que, d’un autrecôté, lorsque le présent est trop menaçant, la notion de projet s’écroule,se dissout ou s’évapore, au choix : pour se projeter, il faut en effet êtreassuré du présent –déjà pouvoir répondre aux besoins primaires – afinde, un peu comme un sprinter sur ses starting blocks, s’appuyer sur unactif constitué pour s’élancer. Les racines et les rameaux, etc. Or l’actifne se constitue pas puisque, comme indiqué dans ma contribution du 21,les expérimentations ne se sédimentent pas en expérience. Quant à êtreassuré du présent, le moins que l’on puisse dire est que le compte n’yest pas et que, subséquemment, « les jeunes » (toujours avec cette

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est pas et que, subséquemment, « les jeunes » (toujours avec cetteréserve sur le risque de l’agrégation abusive) vivent (dans) le présent,pour ne pas dire sont soumis à l’urgentéisme. Avec, en plus, cetteaccélération du temps (« culte de la nanoseconde ») qui ne peut quesecréter de l’anomie (maladie sociale) puisque les apprentissages,c’est-à-dire l’acculturation, ne sont raisonnablement pas possibles. Dece fait, l’engagement – qui correspond à une posture, qui est uncomportement ancré, et qui se réalise sur du, au moins, moyen terme –est souvent difficile, sinon impossible. La sociabilité s’approche d’unzapping affinitaire. Cela fait d’ailleurs longtemps que les responsablesde clubs sportifs ont constaté l’abandon d’une « carrière » de plusieursannées de leurs adhérents… devenus pour la plupart simples usagers etconsommateurs. Quant au sociétal (et politique), il s’exprime par à-coups, répondant sans doute plus au registre de l’émotion qu’à celui deconvictions basées sur l’analyse.

Cette expression se retrouve dans des grandes manifestationscollectives festives (ceci étant, la vision du bonheur partagé par desjeunes lors d’un concert est bien plus jouissive que le spectacle désolantdes supporters lors d’un match de foot… rappelant la « psychologie demasse du fascisme » – 1). Cette communion tribale répond aux besoinsd’appartenance et d’identification collectives (à l’inverse del’anonymisation signifiée par l’appellation « génération Y »). Elle exprimeun engagement à la fois fort (physique, sensoriel, psychique) tout enétant contingenté (et, donc, maîtrisé) dans le temps, comme celui de lasituation identique ou en tout cas proche d’une manifestation (entendueclassiquement, « Bastille – Nation »). Sauf que, dans ce second cas, cequi unit c’est la revendication et le projet de changement, et que lamanifestation est l’expression ponctuelle et massive d’un engagementque l’on retrouve, en pointillé ou soutenu, plus permanent et sérié àl’échelle du groupe professionnel (syndicalisme) ou militant. On a vu queces modalités sont, sauf exceptions, en perte sérieuse pour ne pas direvertigineuse de vitesse, singulièrement parmi les jeunes… pour desraisons d’ailleurs qui ne tiennent pas qu’à eux (gérontocratie, emboliedans circulation des élites avec une pyramide de Pareto dont le sommetest occupé par les baby-boomers vieillissants : il est vrai que la soupeest aussi bonne en haut du cocotier que le brouet est insipide à sabase…).

A cette aussi brève que vigoureuse communion jeune, sorte d’orgasmecollectif et générationnel « psychoaffectivophysique », correspondégalement une fonction cathartique : on expulse ensemble la culpabilitéde ne pas être « l’animal social », donc solidaire, dont parlait Aristote.C’est aujourd’hui Haïti. Ce sera demain le Téléthon. Au rythme où laplanète avance, nul doute que les chaos fourniront suffisammentd’occasions. C’est une respiration humaine saccadée : on expulse laculpabilité et l’on aspire goulûment l’air du collectif solidaire, comme unplongeur en fin d’apnée qui jaillit de l’eau, pour replonger dans letourbillon affinitaire et la préoccupation individualiste.

Il est donc plus que probable que les jeunes étant naturellement etmécaniquement appelés à remplacer leurs aînés, on va observer unemodification importante du rapport au sociétal et au politique, même si,devenant adultes, les jeunes les mieux dotés tenteront de maintenir àleur profit un système où ils trouveront une place de choix.

o mai 2004

NUAGE DE CATÉGORIES

1 Actualité: pertinence &

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« … d’autres formes de protestations plus ponctuelles, plus radicales ouviolentes parfois, apparaissent… », écrit Raphaël. Eh oui, pour laponctualité et la violence ! Plus de réserve sur la radicalité si celle-ci estentendue comme « allant à la racine » car, pour cela, le sensoriel nesuffit pas : il faut la réflexion et la réflexivité… qui exigent du temps.

Peut-on dès lors parler de « très fort sentiment de résignation » ? Il y a,incontestablement, un pragmatisme dans lequel s’inscrit cette nécessitédont on fait vertu et qui, par exemple, permet de secondariser le travailpour moins souffrir de sa rareté. C’est, on doit le reconnaître, auminimum intelligent. Il y a également, vis-à-vis de « la chose politique »,une mise à distance, sans doute une défiance quant aux possibilités dela faire évoluer… et pour cause puisque l’édifice, pourtant branlant,paraît sinon bien arrimé du moins solidement barricadé – réminiscencede 68 ? – par la génération non pas « Y » mais « X », c’est-à-dire lesbaby-boomers grisonnants. Plutôt que résignation et aussi plutôt queconfrontation, la jeunesse opte peut-être pour une autre stratégie, celledu déplacement. La théorie des jeux nous apprend que, pour changer, onpeut redistribuer les cartes, changer les règles du jeu, changer lesjoueurs ou arrêter la partie. A défaut de redistribuer les cartes qui sontdans les mains de joueurs insiders difficiles à changer, la jeunesse n’est-elle pas en train de changer les règles du jeu, ceci progressivement etde son côté, attendant finalement assez patiemment que la « générationX » soit marquée par l’obsolescence ? Ce qui, inévitablement, seproduira… d’autant plus que cette dernière, affectée du jeunisme (2), estcontrainte non seulement de suivre mais, désappointée, d’abonder.

Passé le constat, somme toute assez partagé, reste la question de latransmission intergénérationnelle car, si le zapping affinitaire et lamobilisation cathartique ne suffiront assurément pas pour changer delogiciel de la société, pas plus que l’agrégation des multiplescommunions ponctuelles ne constituera un projet politique, commentprocéder ? Il me semble qu’une réhabilitation de l’éducation populaireest à l’ordre du jour. Avec les notions d’engagement et d’éducationpopulaire, il y a un nœud à défaire puis quelque chose à tresser. On enreparlera.

P.S. Le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) : des chefs d’entrepriseconvaincus, de l’humanisme, une conscience… Rien que du bon. Desemployeurs avec lesquels – enfin ! – on peut travailler. Reste que, l’autresoir, j’ai appris qu’on recensait trois milles et quelques jeunes dirigeants.Trois milles, pour toute la France ! On n’en est pas sorti…

(1) Wilhelm Reich, 1972, Payot.

(2) Jean-Pierre Boutinet, L’immaturité de la vie adulte, 1998, PUF, « Lesociologue ».

Cette entrée a été publiée le Lundi 25 janvier 2010 à 4:19 et est en lien avec 1. Vouspouvez suivre toutes les réponses à cet article à l'aide du flux RSS 2.0. Vous pouvez

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