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COLLECTIF CITOYEN POUR L'AGRO-ECOLOGIE Rapport d'activités Premières Rencontres Internationales des Résistances aux Organismes Génétiquement Modifiés (RIR OGM) 22, 23 et 24 Avril à Ouagadougou, Burkina Faso [email protected] www.ccae-burkina.org

Premières Rencontres Internationales des Résistances … · Joël Labbé, Marie Monique Robin, Dr Vandana Shiva, Pr Jeanne Zoundjihékpon, René Louail, José Bové, Pr Jean Didier

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COLLECTIF CITOYEN POUR L'AGRO-ECOLOGIE

Rapport d'activités

Premières Rencontres Internationales des Résistances

aux Organismes Génétiquement Modifiés

(RIR OGM)

22, 23 et 24 Avril à Ouagadougou, Burkina Faso

[email protected] www.ccae-burkina.org

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Du 22 au 24 avril 2016 se déroulaient à Ouagadougou les premières Rencontres Internationales des Résistances aux Organismes Génétiquement Modifiés (RIR OGM). Ces rencontres avaient pour objectif premier d'impulser une dynamique forte et concrète de convergence des luttes, en rendant effective la convergence africaine tout en incluant celle-ci par des liens forts et durables dans une dynamique de résistance à l'échelle internationale. Des délégations des différentes régions du Burkina Faso étaient présentes (paysans cotonniers, éleveurs, organisations paysannes, scientifiques et organisations de la société civiles), accompagnées de délégations du Bénin, du Togo, du Mali, de Guinée Conakry, de Côte d'Ivoire, d'Algérie, de France, et, notamment, de Bretagne et d'Argentine. Pendant ces trois jours, plusieurs activités ont pu être menés : conférences, projections documentaires et débats à l'endroit du grand public, témoignages physiques et à distance, travail en commissions et en ateliers des participants, restitutions en sessions plénières en vue de la production et l'adoption des textes fondateurs du Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire (FASA) et des déclarations communes, et enfin une soirée festive et militante. Le présent document rend compte des activités menées, si certaines sont plus détaillées que d'autres, il faut noter que les résultats des activités internes (commissions, ateliers) sont rendus public par la production des déclarations communes pour le FASA et pour la convergence internationales des résistances aux OGM. * Important : le corps d'un rapport d'activité offre au lecteur un descriptif des activités menées et non leurs contenus. Pour une compréhension plus complète du contenu des activités, notamment celle adressées au grand public, il est fortement recommandé de se référer aux annexes du présent rapport. Pour plus d’informations ou questions, écrire au CCAE : [email protected]

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Remerciements :

Le comité d'organisation et tout le CCAE tiennent à remercier tous les participants, la presse et les autorités présentes, et spécialement les délégations qui ont fait le déplacement de toute l'Afrique et du monde entier pour cette première sur le sol africain. Des remerciements chaleureux également à tous les collectifs, les scientifiques et députés qui, depuis le monde entier, ont envoyé des messages de soutien au Burkina Faso et d'adhésion à la convergence des luttes.

Nous tenons également à remercier les contributeurs financiers qui ont permis le déroulement de ces rencontres, à savoir ARFA, APIL, Autre Terre, le Baobab, la Brasserie Coreff Breizh, le Collectif des Faucheurs Volontaires d'OGM, COPAGEN, le CNABio, Elites Voyages, FAHAMU, Grain, Helvetas, Ineadec-Cid, Ingalan, la Maison Meunière, Napam Beogo, OXFAM, Terre Verte, Terre à Vie et Zoramb Naagtaaba. Nous tenons à remercier tous les soutiens multiformes que nous avons reçus dans notre combat pour l'agroécologie et contre les OGM au Burkina Faso, depuis la marche du 23 mai 2015 contre Monsanto à Ouagadougou jusqu’à ce jour.

De plus, nous remercions les parrains (liste non exhaustive) de l'événement : Manu Chao, Joël Labbé, Marie Monique Robin, Dr Vandana Shiva, Pr Jeanne Zoundjihékpon, René Louail, José Bové, Pr Jean Didier Zongo, Christian Jacquiau, Alpha Blondi, Eugène Riguidel, Sofia Gatica, Olivier De Schutter, Arnaud Apoteker, Marc Dufumier…

La coordination des RIR OGM tient à remercier toutes celles et ceux dont le travail sans relâche de ces derniers mois et l'engagement sans faille ont permis l'organisation d'un tel événement sur le sol Burkinabè.

Et enfin, des remerciements particuliers à tout le personnel de Napam Beogo qui a, par sa disponibilité, son sérieux et son engagement, rendu ces rencontres non seulement possible mais surtout des plus agréables.

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Sommaire

VENDREDI 22 AVRIL Page 5

Cérémonie d'ouverture et conférence publique à l'Institut Français

Mise en place des commissions

Projection du film sur le soja OGM en Argentine et échange avec Sofia Gatica SAMEDI 23 AVRIL Page 10

Projection des messages de soutiens et de témoignages internationaux

Présentation du Tribunal International Monsanto par Arnaud Apoteker

Travaux en ateliers et restitution en session plénière

Projection d'un film documentaire sur le coton Bt au Burkina Faso DIMANCHE 24 AVRIL Page 17

Témoignage et échanges avec les cotonniers de l’Ouest du Burkina Faso

Travaux en ateliers et restitution en plénière

Restitution des travaux des commissions, lecture et amendements des déclarations communes

Soirée de clôture des RIR OGM AVANT ET APRES LES RIR Page 24 ANNEXES Page 27 Annexe 1 : Rapport détaillé de la cérémonie d'ouverture du vendredi 22 avril Page 27 Annexe 2 : Rapport détaillé des contributions à distance présentées le 23 avril Page 35 Annexe 3 : Compte rendu du témoignage de Sofia Gatica à Dandé et Bama Page 37 Annexe 4 : Les 5 motions des RIR OGM Page 40 Annexe 5 : La déclaration finale des RIR OGM Page 45 Annexe 6 : Le Front Africain pour la Souveraineté alimentaire (FASA) Page 49

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Vendredi 22 Avril

8h à 12h - Cérémonie d'ouverture des RIR OGM et communications à

l'Institut Français de Ouagadougou (public)

Vendredi 22 avril plus de 250 participants étaient présents à l'ouverture officielle des

Rencontres Internationales des Résistances aux OGM, parmi lesquels les délégations

étrangères, des paysans venus de tout le Burkina Faso, de nombreux représentants

d'organisations paysannes, des organisations de la société civile, mais aussi étudiants,

journalistes et scientifiques engagés. Un rapport détaillé de la cérémonie d'ouverture

est joint en annexe 1.

La cérémonie d'ouverture donne lieu à une présentation globale des mouvements de

résistances et des effets néfastes des OGM dans le monde. Aux mots introductifs de Maître

Guy Hervé KAM, porte-parole du Balai Citoyen et de Ali Tapsoba, coordinateur des RIR OGM,

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succèdent deux témoignages de cultivateurs Burkinabé directement victimes du coton Bt.

Ces interventions sont suivies par la diffusion de messages vidéo de soutien et de

témoignages de José Bové (député européen) et de Vandana Shiva (scientifique et figure du

mouvement de résistance aux OGM en Inde). Enfin, ce premier temps est conclu par des

présentations de l’état des lieux des OGM et des résistances en Europe et en Amérique du

Sud, assurées respectivement par Arnaud Apoteker (ancien responsable de la campagne

anti-OGM de Greenpeace) et Sofia Gatica (militante argentine lauréate du prix Goldman

Environnement).

Cette ouverture des rencontres a offert à l’audience un large panel d'engagements, de

témoignages et d'analyses mettant en cause les effets concrets et multiples des OGM à

travers le monde. Avec des appels répétés à une convergence internationale des résistances

face à la puissance des multinationales agrochimiques, le ton est donné.

Suite à cette riche entrée en matière, trois communications approfondies sont adressées aux

participants :

- Christian LEGAY (coordinateur du Collectif Citoyen pour l'Agro-Ecologie) présente un Etat

des lieux des OGM au Burkina Faso. Cette présentation est complétée par deux

nouveaux témoignages de cotonculteurs burkinabé de l’Ouest du Burkina.

- Arnaud APOTEKER adresse ensuite au public une communication sur les réglementations

et les résistances en Europe, appuyé par le témoignage d'un Faucheur Volontaire d'OGM.

- Sofia GATICA, relate les effets sanitaires catastrophiques de l'utilisation d’herbicide à

base de glyphosate, molécule composante du fameux Roundup, pulvérisé sur le soja

OGM Roundup Ready, en Argentine.

L'ouverture des débats donnent lieu à des interventions militantes, des questions, des

contributions scientifiques et des témoignages.

Ces différents éléments amènent les participants à souligner la nécessité de faire barrage

aux OGM et à réfléchir aux stratégies de lutte. Le besoin de sensibilisation des zones rurales,

et, notamment, des producteurs directement concernés, est mainte fois souligné. Plus

généralement, il faut amener l'ensemble des populations à connaître et à défendre leur droit

à une alimentation saine et de qualité. Il est préconisé de multiplier les formes de

sensibilisation (diffusion documentaire, débats, panels, journées de sensibilisation,

médias…). Pour une résistance concrète, il est aussi nécessaire de préserver les semences

paysannes endogènes et créer des banques de semences. Dans ce sens, il est souligné que

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les « petites » et « grandes ONG » doivent être solidaires et mener des actions fortes. Le

CCAE est interpellé pour connaître les impacts des actions menées, et notamment la marche

du 23 mai 2015 contre les OGM et l'exigence d’un moratoire adressé au gouvernement. Le

coordinateur estime que cette grande mobilisation populaire n'est pas étrangère au recul

des sociétés cotonnières. En effet, alors que les pertes étaient visibles depuis plusieurs

années, c'est seulement après que les OGM aient fait une grande irruption dans le débat

public (suite à la marche, émissions TV, etc.), qu'elles ont eu le courage d’adresser un

mémorandum à Monsanto. Il est souligné enfin que Monsanto, et ses sbires ne viennent

jamais débattre avec leurs contradicteurs, faire reculer les OGM n'est pas une question de

négociation mais de lutte.

La cérémonie d'ouverture a réussi, par la diversité des intervenants (paysans, scientifiques,

organisations de la société civile, militants actifs, d'Afrique, d'Europe et d'Amérique du Sud)

et des arguments présentés (menaces sanitaires, écologiques, économiques, politiques,

constats paysans, études scientifiques, analyses politiques, appels militants), à présenter un

large panel des effets et des résistances aux OGM dans le monde. Les interventions des

participants et du présidium expriment la ferme volonté d’œuvrer à une convergence des

luttes nationales, continentales et internationale. Cet engagement se concrétise par la suite

à Napam Beogo, sous forme d'ateliers, de partages d’expériences et de sessions plénières,

qui aboutiront à l'issu de ces 3 jours à l'adoption concrète des bases du Front Africain pour la

Souveraineté Alimentaire et à un renforcement effectif de la convergence internationale des

résistances aux OGM.

16h à 18h30 - Mise en place des commissions FASA et déclaration

commune à l'espace Mains du Monde de Napam Beogo (délégués nationaux

et internationaux)

Lors de l'assemblée plénière du vendredi, les participants nationaux et internationaux

ont mis en place deux commissions. La première commission est chargée de travailler

sur les motions et un texte de base du Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire

(FASA) et la deuxième est mandatée pour produire une proposition de texte de clôture

et de déclaration commune des RIR OGM.

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Ces deux commissions travailleront sur la base des communications et des rapports

d'ateliers des RIR OGM.

- La première commission (FASA) est composée de Mme Rosalie Ouoba (Resacifroat,

Burkina Faso), Akakpo Josué (RVT, Togo), Mme Djénéba Dembélé (CAD, Mali), de Ali

Tapsoba (Terre à Vie et CCAE, Burkina Faso), Meriem Louanchi (ENSA, Algérie).

- La deuxième commission est composée d'Hervé Le Gal (Ingalan et CCAE, Bretagne),

d'Ousmane Tiendrébéogo (Syntap et CCAE, Burkina Faso), de Thierno Moussa Diallo

(Guinée Conakry), de Mathieu le Breton (Collectif des Faucheurs Volontaires d'OGM,

France) et de Jean Paul Sikeli (Copagen, Côte d’Ivoire).

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20h30 - Projection du film « Argentine et le Soja de la faim » et échanges

avec Sofia Gatica (public)

Le film « Argentine et le Soja de la faim » de Marie-Monique Robin (marraine des RIR OGM)

a été projeté dans la soirée suivi d’échanges entre les participants et Sofia Gatica figure

activiste argentine. Le film documentaire met en évidence les manœuvres de Monsanto en

Argentine. Les témoignages des paysans, des habitants, des agronomes et des médecins font

état des ravages sur la santé mais aussi de la déforestation et de la destruction des sols liée à

une monoculture à grande échelle en Argentine avec le soja OGM. Les témoignages sur les

problèmes causés par le glyphosate, dont l'utilisation est liée au soja OGM et qui contamine

massivement les populations, fait écho au témoignage de Sofia Gatica (des dizaines de

cancer dans son village, malformation à la naissance, développement de tumeurs, 80 % des

enfants naissent avec des produits chimiques dans le sang…).

Les participants sont particulièrement touchés par son témoignage poignant et les échanges

sont riches. A la suite des nombreux cas de déformations prénatales et de cancer, les mères

de famille de son village se sont réunies pour défendre la santé de leurs familles contre les

intérêts financiers de la firme Monsanto.

Lorsqu'en 2013, la présidente argentine de l'époque Cristina Kirchner annonce que

Monsanto a l'autorisation de construire une usine de conditionnement de maïs dans la

région de Cordoba, ils entrent en résistance. Ils bloquent les routes et empêchent les convois

de Monsanto de passer en s'allongeant sur la route. Malgré la répression très violente de la

police (fractures, traumatisme crânien de Sofia, tirs de flash Ball et autres blessures graves),

la résistance se poursuit. Elle exhorte le peuple à ne pas avoir peur, à ne pas se laisser

diviser ;

« Unis, nous pouvons faire tomber Monsanto !

La santé du peuple ne se négocie pas » !

La détermination de Sofia et de la résistance qu'elle représente est encore une fois saluée

avec émotion par les participants.

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Samedi 23 Avril

9h à 11h - Diffusions et présentations des soutiens et témoignages

internationaux

La deuxième journée des RIR OGM a débuté par la diffusion des contributions à

distance, soutiens et témoignages pour les RIR OGM. Ces contributions sont détaillées

dans l'annexe 2.

Dans l’ordre chronologique, ont été présentées ou diffusés :

Une vidéo du collectif Stop OGM Pacifique de Kanaky qui témoigne de la solidarité

des Kanaks avec la résistance burkinabè contre Monsanto et présente les stratégies

de la firme pour imposer les OGM en Océanie (prétexte humanitaire à la suite de

cyclone, bio-piraterie…) ;

Une contribution écrite du Nigéria qui expose la situation (Monsanto veut faire

entrer le maïs Roundup Ready et le coton Bt), salue l'initiative des RIR OGM et

appelle aux soutiens de la cause nigériane des organisations en lutte ;

Un message de soutien en images de Nouvelle-Zélande envoyé par GE Free NZ ;

Un message d’Australie en image avec la présentation de la situation OGM

australienne et un message de soutien aux RIR OGM de Ouagadougou envoyé par

GM-Free Australia Alliance ;

Une présentation et un témoignage de la situation bretonne, une des principales

portes d'entrée des importations massives de tourteau de soja OGM en Europe pour

nourrir le bétail, en provenance d’Amérique du Sud. Sur la lutte anti OGM, un lien

entre la Bretagne et le Burkina s’est créé depuis 2013 et s’intensifie depuis un an ;

Une présentation, une vidéo et des témoignages du Collectif des Faucheurs

Volontaires d'OGM de France qui par des actions non-violentes de désobéissance

civile veille à préserver les territoires de l’incursion des OGM.

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11h à 13h - Présentation du Tribunal International Monsanto par Arnaud

Apoteker et échanges

Arnaud Apoteker a présenté aux participants la mise en place de l’initiative du

Tribunal International Monsanto (TIM) dont il assure la coordination.

Il s'agit d'un tribunal populaire et non institutionnel, dont le but est de mettre en lumière les

transgressions aux lois internationales de la firme agrochimiques Monsanto et de produire

des dossiers juridiques solides sur lesquels pourront s'appuyer les organisations paysannes

et de la société civile qui attaqueront la firme en justice. Le Tribunal sera formé de juges à la

retraite de renommé international, examinera et constituera les dossiers les plus à mêmes

d'aboutir à des sanctions judiciaires réelles, s'appuyant sur des éléments de preuves

concrètes.

En parallèle, une Assemblée des Peuples réunira des représentants de tous les peuples

menacés, victimes et résistants à la firme, qui apporteront leurs témoignages et leurs

expériences de lutte. Les éléments à charge qui ressortiront de cette assemblée seront joints

au dossier établi par le tribunal. Arnaud Apoteker souligne ici l'importance du témoignage

burkinabé et plus généralement africain, et appelle les organisations burkinabé à rassembler

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les différents éléments du dossier coton Bt et de les transmettre au Tribunal. Il renouvelle

son désir d'établir des liens forts et durables entre la résistance africaine et les mouvements

internationaux de convergence des luttes et souhaite la participation au tribunal de délégués

africains. Il se réjouit en ce sens de la tenue du premier événement de convergence

internationale des luttes sur le sol africain (les RIR OGM) et de l’initiative du Front Africain

pour la Souveraineté Alimentaire (FASA). Il évoque la possibilité que la seconde édition des

RIR se tienne à la Haye en octobre prochain à l'occasion du Tribunal International.

15h30 à 18h30 - Travaux en atelier et restitution en session plénière

(délégués nationaux et internationaux)

Après la pause déjeunée, les participants sont invités à travailler en atelier. Le but de

cette méthodologie est de permettre l'expression de chacun afin de produire une

analyse commune et d'identifier les perspectives et stratégies de résistances

adaptées. Pendant plus de deux heures, les participants analysent, partagent et

réfléchissent ensemble avant de restituer leurs travaux en session plénière.

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Atelier 1 : « Luttes, réussites et échecs. Partage d’expériences et perspectives ». Animé par

Zinaba Rasmane (Balai Citoyen / CCAE, Burkina Faso).

Cet atelier permet un partage d’expériences des luttes burkinabé, béninoise et française. Au

Burkina Faso, la lutte a été menée par les organisations paysannes et les organisations de la

société civile rassemblée en collectif, elle a fait reculer le coton Bt, jusqu'à l'annonce de son

abandon provisoire par le gouvernement en avril 2016. Au Bénin, l'engagement de l’ONG

JINUNKUN-COPAGEN et de l'université d'Abomey-Calavi a débouché à l'adoption de deux

moratoires sur les OGM et d'une coalition de veille. En France, les actions du Collectif des

Faucheurs Volontaires d'OGM préservent le territoire des essais OGM et alerte l'opinion

publique.

Néanmoins, des difficultés persistent. Malgré la mobilisation des organisations de la société

civiles, Monsanto annonce diffuser le niébé Bt prochainement en Afrique de l'Ouest. Les

faitières paysannes sont mal organisées pour la lutte contre les OGM. De plus, le projet de

Monsanto de répandre le Roundup à base de glyphosate partout en Afrique est méconnue

des populations. Les produits dérivés issus de plantes OGM ne sont pas étiquetés. Certaines

organisations paysannes et de la Société Civile ne contribuent pas à la résistance. Les

organisations paysannes sont tributaires de financement extérieur pour la lutte. Enfin, de

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nombreux paysans sont démunis face à la puissance de Monsanto et des sociétés

partenaires de la firme.

Face à ces menaces et difficultés, les participants ont identifié des perspectives de luttes :

- la diffusion et la promotion de l'agroécologie à travers le renforcement des capacités

des Organisations Paysannes ;

- Le regroupement des acteurs pour le développement de l'agroécologie ;

- La revendication commune pour exiger des moratoires sur une période de 10 ans en

Afrique de l'Ouest et sur tout le continent Africain.

Atelier 2 : « Forces et faiblesses des multinationales OGM & forces et faiblesses des

résistances aux OGM ». Animé par Hervé Le Gal (Ingalan / CCAE, Bretagne).

La principale force des multinationales OGM est la concentration de moyens financiers

gigantesques. Elles ont un pouvoir coercitif et de corruption sur les décideurs politiques, les

médias, les scientifiques et les leaders paysans. De plus, au-delà de la corruption visible et

directe, elles évoluent dans un contexte international très favorable, avec notamment les

institutions internationales et les dogmes scientifiques dominants. Ce sont des entreprises

organisées, elles ont l'habitude d'être contestée et ont développé de réelles stratégies pour

imposer et répandre leurs semences transgéniques et intrants chimiques. Néanmoins, aussi

puissantes soient-elles, ces firmes ont également de nombreuses faiblesses. Leur principale

faiblesse est leur rejet par l'opinion publique. Suite aux nombreux échecs des OGM, des

alertes lancés par les scientifiques, les organisations paysannes et des sociétés civiles, les

collectifs en lutte, elles sont rejetées par de nombreux peuples et ont globalement très

mauvaise réputation (par exemple, le Glyphosate est actuellement décrié partout dans le

monde). Leur principale faiblesse est donc l'illégitimité totale de leurs activités, qui, mise en

lumière, provoque un fort rejet de l'opinion et des résistances partout dans le monde. Il faut

ajouter à cela leur sentiment d'invincibilité, ces firmes commettent des erreurs précisément

là où elles se sentent toute puissante (exemple avec le coton Bt au Burkina). Enfin, il faut

souligner qu'elles n'ont pas de base sociale, hormis ceux qu'elles corrompent.

De l'autre côté, les résistances peuvent s'appuyer sur le nombre, l'éveil des consciences,

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l'engagement et la conviction des citoyens. Partout où les firmes agrochimiques se sont

installées, elles ont dû faire face à des résistances. Une dynamique de convergence des

luttes est impulsée qui rendra la résistance plus forte et résiliente. Un atout très important

réside dans la multiplicité des arguments au rejet des OGM, arguments sanitaires,

économiques, éthiques, écologiques et politiques. Ainsi, tout le tissu social est touché et est

ou peut être potentiellement mobilisé dans la résistance : producteurs ruraux,

consommateurs urbains, défenseurs de la planète et de la biodiversité, autorités religieuses

et coutumières, étudiants, etc.

Malgré sa légitimité et son importance, la résistance connaît des difficultés importantes ;

peu de moyens financiers, peu écouté par les pouvoirs publics complices, pressions sur les

leaders, organisations insuffisantes, ignorance de pan entier de la population, et surtout

l’absence de stratégie commune bien définie.

Les participants ont réfléchit alors aux perspectives de résistances et de stratégies. Plusieurs

idées clés ressortent :

- Le nombre de victimes des OGM doit devenir le nombre de résistants aux OGM ;

- Il faut sensibiliser les masses, et notamment en Afrique, avec une communication

adaptée et organisée, et former des sensibilisateurs ;

- Il faut proposer aux populations sensibilisées des solutions d'actions concrètes et

immédiates, mais aussi faire la lumière sur les complicités locales ;

- La lutte contre Monsanto passe par une lutte avec les pouvoirs politiques complices ;

- Il faut utiliser toutes les opportunités de renforcer la résistance aux OGM, notamment

auprès des autorités religieuses et coutumières.

Il faut aussi cultiver l'état d'esprit de résistance et de solidarité et passer d'un statut de

victime, défensif, à celui de résistant en lutte, offensif et ne pas se plier aux règles qui

défendent la « légalité » des OGM. Il est également souligné qu'il est nécessaire de

promouvoir l'alternative agro-écologique avec force. Il faut également boycotter les produits

liés de près ou de loin aux OGM et aux firmes agro-chimiques. Enfin, il est souligné qu'il est

nécessaire d’œuvrer à une synergie d'actions de tous les acteurs anti OGM.

Il a été proposé que la convergence des luttes se focalise sur un point de résistance, une

cible spécifique, afin que le même message se répande et se multiplie à l'international. La

cible proposée est le glyphosate ou plus précisément les produits à base de glyphosate.

Pierre angulaire dans l’activité de Monsanto, la molécule du glyphosate est en première

ligne médiatique depuis son classement « cancérogène probable » par l’OMS.

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20h - Projection d'un film documentaire sur le coton Bt au Burkina Faso et

échanges (public)

Un film documentaire d’environ une trentaine de minutes a été projeté. Réalisé par la

COPAGEN en lien avec INADES-Formation, le film fait un état des lieux de la culture du coton

Bt et présente les effets négatifs des OGM sur la situation réelle des paysans avec de

nombreux témoignages.

Le film est le corollaire d'une étude menée par INADES-Formation et la COPAGEN qui a

touchée plus de 200 producteurs ayant cultivés le coton BT au Burkina Faso. Les résultats

sont présentés aux participants, suivis d’échanges.

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Dimanche 24 Avril

8h à 10h30 - Paysans cotonniers de l’Ouest du Burkina Faso : témoignages

et échanges (public)

Cette rencontre, animé par Ousmane Tiendrebeogo (SYNTAP/LVC/CCAE, Burkina Faso) a

permis des échanges entre les délégations, les organisations de la société civile, les milieux

associatifs étudiants et scolaires et les paysans de l’Ouest burkinabè. Elle a permis à tous de

comprendre plus en détail le processus d'imposition du coton Bt aux paysans (manipulations

et fausses promesses de Monsanto relayées par les sociétés cotonnières et les chercheurs

burkinabè), les répercussions constatées par ceux-ci (baisse de la longueur de la fibre,

rendements insuffisants, utilisation importante de pesticides face à la résistances des

insectes, endettements des paysans...), ainsi que les éleveurs dont l'activité est connectée à

la production du coton (mortalité élevé du bétail et de la volaille qui consomment les feuilles

et tiges de coton, absence d'études scientifiques…). Ces échanges ont permis aux

participants d'avoir une vue d'ensemble des effets concrets vécus par les paysans, confirmés

par la présence d'une vingtaine de paysans directement victimes du Bt.

10h30 à 13h - Travaux en ateliers et restitution en session plénière

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Atelier 1 : « RIR OGM de Ouagadougou, quelles suites » ? Animé par Mathieu le Breton

(Collectif des Faucheurs Volontaires d'OGM, France)

Les résultats de cet atelier sont résumés dans le tableau suivant :

A court terme A moyen terme

Nécessité de multiplier les RIR à petite

échelle à travers les organisations

présentes (délocalisation dans les zones

paysannes) par l’information et la

sensibilisation ;

Profiter de la Journée Nationale du Paysan

(JNP) pour informer et faire un plaidoyer

contre les OGM ;

Produire et multiplier les supports de

sensibilisation ;

Dresser un bilan complet des RIR et diffuser

les rapports de la rencontres ;

Les organisations devraient rendre compte

aux paysans qui les composent des

informations et des résultats produits

pendant les RIR OGM (par des séances de

restitution dans les différentes langues

locales et l’organisation d’échanges)

Mettre à profit la documentation existence

pour les sensibilisations.

Publication de documents scientifiques

établissant la culpabilité de Monsanto et les

traduire en langue locales ;

Implication des chefs traditionnels dans les

actions de lutte ;

Utiliser des canaux comme théâtre, fora, les

radios communautaires pour sensibiliser les

populations ;

Engager la responsabilité de chaque structure

à travers des actions/activités concrètes

(forum, mobilisation etc.) ;

L’établissement d’un chronogramme de lutte

en identifiant le rôle de chaque acteur ;

Établir une base de donnée claire pour des

échanges et une synergie d’action d’ici les

prochaines RIR OGM ;

Exiger des autorités des explications liées aux

désastres vécus par le monde paysan, sur

l’environnement et la santé ;

Communication adaptée au monde paysan

avec les informations concrètes sur

l'agroécologie ;

L’identification des symboles (cibles) lors des

manifestations ;

Intégrer les principes de revendications légaux

ou illégaux ;

Créer et multiplier des cadres de concertation

avec le monde paysan ;

Établir des alliances avec les acteurs locaux de

gouvernance ;

Profiter du Tribunal International Monsanto

(TIM) d'octobre 2016 pour renforcer la

convergence des luttes.

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Atelier 2 : « La convergence internationale des résistances aux OGM »

Les participants sont partis des résultats des travaux de l'atelier de samedi « Forces et

faiblesses des multinationales OGM et forces et faiblesses des résistances », pour réfléchir

ensemble aux perspectives et stratégies de convergences internationales des résistances. De

ces échanges ressortent les points suivants :

Mettre en réseau, faire un travail collectif au niveau national, sous régional et

international ;

Tenir des assemblées générales périodiques ;

Œuvrer à la synergie d’actions ;

Rechercher des cibles communes ;

Palier à l’absence de stratégie ;

Mettre en place une structure permanente ;

Organiser des RIR OGM en Octobre à la Haye dont Ingalan et le CCAE pourraient

compter parmi les co-organisateurs ;

Organiser une rencontre en juillet ou en août pour préparer la rencontre d’octobre ;

Organiser des soirées de gala pour collecter des fonds ;

Inciter les grandes ONG/Associations à aider les petites ONG/Associations ;

Financer des personnes mandatées ;

Impliquer les scientifiques dans la lutte contre les OGM et former des relais

scientifiques ;

Sensibiliser fortement dans les universités pour former des clubs étudiants anti

OGM ;

Rechercher des bourses pour les étudiants activistes qui veulent se former en génie

génétique ;

Mettre l’accent sur l'alternative agro-écologique ;

Amener nos gouvernements à écouter le peuple ;

Détecter les organisations qui luttent réellement contre les OGM.

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15h à 18h30 - Restitution des travaux des commissions. Adoption des

textes finaux et déclarations communes.

Restitution des travaux de la Commission FASA

Lecture et amendement du Projet du Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire

Ce document d’environ cinq (5) pages, élaboré par la commission spécialisée mise en place

dès le premier jour a été porté à la connaissance des participants. Après lecture du dit

document, les participants ont à leur tour contribué par des amendements. Le document a

alors été finalisé et se trouve en annexe 6.

Restitution de la Commission déclaration commune des RIR OGM

Lecture et amendement des motions

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Au total, cinq (5) motions ont été lues par la commission et amendées par la suite par

l’ensemble des participants pour adoption. Ce sont :

1. Motion de remerciements, adressée aux organisateurs, aux participants, aux

organisations paysannes venus de nombreux pays d'Afrique et du monde, et au

personnel de la Résidence Napam Beogo pour leur accueil chaleureux et leur

disponibilité tout au long des rencontres ;

2. Motion de soutien à la société civile ivoirienne, dans la résistance à l'avant-projet de

loi adopté en Conseil des Ministres, du mercredi 23 mars 2016 fixant les conditions

d'entrée et de gestion des OGM en Côte d’Ivoire ;

3. Motion pour un moratoire africain, exhorte les gouvernements africains à ne pas

céder aux pressions incessantes exercées par les multinationales de l'agrochimie et

des intrants agricoles issus de la pétrochimie (engrais, pesticides, hybrides, OGM);

aussi appelle l’Union Africaine à jouer un rôle fédérateur notamment en regroupant

les pays africains autour d’une législation concertée en s’inspirant des lois modèles

africaines sur l’accès aux ressources génétiques et sur la biosécurité, et de façon

générale demande à tous les pays africains d’adopter un moratoire de 10 ans sur

l’introduction des OGM destinés à l’agriculture;

4. Motion pour la convergence des luttes internationales ; appelle les résistantes et

résistants de tous pays à une convergence d’actions contre les herbicides à base de

glyphosate et d’en faire une cible commune et prioritaire ; elle exige que des études

soient réalisées pour que soient connues les conséquences des herbicides à base de

glyphosate sur les humains, la biodiversité et l’environnement ;

5. Motion de soutien au Tribunal International Monsanto de la Haye, qui apporte son

plein soutien au Tribunal International contre Monsanto et étudie les possibilités

d’organiser des Rencontres Internationales des Résistances aux OGM à La Haye à

cette occasion.

Pour le détail des 5 motions, voir en annexe 4.

22

6. Lecture de la déclaration commune

Cette Déclaration est lue à l’endroit de tous les participants et des organes de presses

présents. Elle rappelle l'annonce du gouvernement de la réduction graduelle jusqu’à l'arrêt

total du coton Bt au Burkina Faso, pays cible de Monsanto pour imposer les semences OGM

au marché africain. Elle rappelle la nécessité d'une résistante accrue au moment où

Monsanto continue de préparer l'imposition du maïs, du niébé et du sorgho OGM au Burkina

Faso et plus généralement à l'Afrique. Elle rappelle que les RIR OGM ont permis aux

participants et au public de connaître en profondeur les conséquences des OGM en Afrique,

en Europe, en Amérique du Sud, et en Océanie, mais aussi des résistances à l’œuvre dans le

monde entier. Les conclusions de tous ces témoignages sont claires ; les OGM sont un outil

de soumission des paysans aux firmes agrochimiques, ils sont imposés aux citoyens sans

leurs consentements, ils représentent une menace sanitaire pour l'ensemble des

populations, leurs impacts sur l'écosystème est extrêmement préoccupant parce

qu’incontrôlable, enfin ils mutilent les principes fondamentaux de l'éthique humaine en

brevetant et en faisant du vivant une propriété lucrative. Face à ces constats, l'assemblée

des RIR OGM déclare s'engager dans le renforcement des résistances locales par des

synergie d'actions entre paysans, organisations paysannes, organisations de la société civile,

scientifiques, étudiants, autorités religieuses et coutumières, afin que les peuples se lèvent

pour leurs droits inaliénables à la souveraineté alimentaire et s'engage au renforcement de

la convergence des luttes internationales, par la poursuite des liens établis pendant les RIR

OGM, par l'adoption d'un Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire, par l'appel à la

participation aux marches mondiales contre Monsanto du 21 mai 2016 et par l'appel à la

mobilisation des peuples lors du Tribunal International Monsanto de la Haye du 14 au 16

octobre 2016.

Pour plus d’information sur la déclaration finale des RIR OGM, voir en annexe 5.

23

20h - Soirée de clôture des RIR OGM (public)

Un film sur les OGM est projeté, puis le coordinateur des RIR OGM a clôturé les premières

Rencontres Internationales des Résistances aux OGM.

La soirée s’est terminée par des réjouissances festives et militantes avec les prestations de

deux artistes burkinabè militants dont le Slameur VALIAN qui déclame des textes puissants

et révolutionnaires et Jacob Salem qui dénonce les OGM en revisitant des classiques de la

musique africaine.

24

Activités complémentaires

Au-delà du programme officiel de ces 3 jours de rencontres, de nombreuses activités

ont pu être menées. Ces activités ont été importantes, non seulement pour la

communication et la sensibilisation des citoyens burkinabé, mais aussi pour le

renforcement des liens entre les participants.

Avant les RIR OGM

Mardi 12 avril 2016 : le CCAE a tenu une conférence de presse qui avait notamment

pour objectif d'annoncer les RIR OGM. Cette conférence de presse a permis de faire

le point sur la situation du coton Bt au Burkina Faso, les conséquences, les

responsabilités et les perspectives de lutte pour faire échec aux plans de Monsanto.

Elle a été assurée par le coordinateur du CCAE Christian LEGAY, le porte-parole du

CCAE et coordinateur des RIR OGM Ali TAPSOBA, le professeur et scientifique Jean-

Didier ZONGO, le directeur du SYNTAP et porte-parole du CCAE Ousmane

TIENDREBEOGO et Ibrahim OUEDRAOGO de la COPAGEN. Cette conférence de

Presse a été couverte très largement par les médias nationaux, puisque plus de 30

médias étaient présent.

Mardi 19 avril : Arnaud APOTEKER a été interrogé en direct par la chaîne de

télévision Impact TV. Il a ainsi mis en garde le peuple sur les conséquences

sanitaires, économiques et environnementales catastrophiques des OGM et souligné

l'enjeu éthique lié à la brevetabilité du vivant.

Mercredi 20 avril : Arnaud APOTEKER et Ali TAPSOBA sont intervenus sur le plateau

de la chaîne de télévision Burkina Info, où ils ont clarifié la situation des OGM au

Burkina Faso, en Afrique et dans le monde pour les téléspectateurs.

Mercredi 20 avril : lors de l'assemblée du collectif 2h pour nous, 2h pour l'Afrique,

animé par Serge BAYALA, Arnaud APOTEKER et la commission scientifique des RIR

OGM (représenté par Ali TAPSOBA, Mohammed OUEDRAOGO et Rasmane ZINABA)

ont pu intervenir devant près d'une centaine d'étudiants sur les dangers des OGM et

la nécessité d'une résistance citoyenne. Les interventions ont été suivies de longs

échanges et de nombreux étudiants ont formulé le souhait de prendre part aux RIR

OGM.

25

Pendant les RIR OGM

Certaines activités, informelles ou transversales ont permis de renforcer fortement les liens

entre les participants venus de toute l'Afrique et du monde.

Les participants ont pu notamment appréciés deux expositions photographiques, une sur les

actions de la résistance argentine, présentée par Sofia GATICA et l'autre sur les actions du

Collectif des faucheurs volontaires.

26

Samedi, alors qu'un temps de repos est prévu après les activités matinales, des participants

se regroupent autour des paysans burkinabé pour échanger. Ces échanges spontanés

symbolisent l'ambiance conviviale de ces rencontres, définitivement tournées vers

l'échange, le partage d'expériences, la compréhension et le renforcement des liens de

résistances.

Après les RIR OGM

Du 23 au 25 avril, le CCAE, le RESACIFROAT et le SYNTAP ont organisé une tournée dans la

région Ouest du Burkina avec Sofia GATICA, grande militante argentine qui a organisé la

résistance des mères de famille de sa ville en Argentine. Ces femmes se sont levées face à la

multiplication des tumeurs et déformations apparues dans leurs villages causés par le

Glyphosate, molécule utilisée pour produire son désherbant Roundup par Monsanto avec le

Soja OGM. Cette sensibilisation est très importante car Monsanto prévoit d'imposer

l'utilisation du Glyphosate en Afrique à court terme. Sofia GATICA est intervenue auprès de

deux villages de la région de Bobo Dioulasso et à Houndé, où elle a pu longuement

sensibiliser les nombreuses femmes présentes sur les danger du glyphosate. Elle était

accompagnée de Najet MALALI du Collectif des Faucheurs Volontaires d'OGM. Ces

interventions ont été suivi de longs échanges et a eu un impact fort auprès des populations.

Pour plus d'informations, voir le rapport en annexe 3.

27

Annexe 1 : Rapport détaillé de la cérémonie d'ouverture des RIR OGM à l'Institut Français

de Ouagadougou

Vendredi 22 avril plus de 250 participants étaient présents à l'ouverture officielle des

Rencontres Internationales des Résistances, parmi lesquels les délégations étrangères, des

paysans venus de tout le Faso, de nombreux représentants d'organisations paysannes, des

organisations de la société civile, mais aussi étudiants, journalistes et scientifiques engagés.

« Une convergence des luttes internationales pour résister aux fléaux sanitaires,

économiques et environnementaux des OGM à travers le monde »

La cérémonie d’ouverture officielle des Rencontres Internationales des Résistances aux OGM

a débuté par une intervention de Maître Guy Hervé KAM, porte-parole du Balai Citoyen qui

vient souligner l'importance de la souveraineté alimentaire et appelle à une conscientisation

et une mobilisation du peuple pour son destin alimentaire, duquel les OGM doivent être

bannis. Le discours du coordinateur des rencontres M. Ali TAPSOBA lui fait écho. Après avoir

remercié les participants et les partenaires des rencontres, il fustige l'imposition des OGM

dont a été victime le Burkina Faso à la suite des trafics du régime de Blaise Compaoré. Il

rappelle que l'ensemble de la communauté humaine est menacée par les cultures

transgéniques, et, en première ligne, les paysans. Il souligne alors l'objectif des rencontres :

œuvrer à une convergence des luttes africaines et internationales pour faire face aux

menaces sanitaires, écologiques, économiques et politiques liées à l'utilisation des OGM.

Enfin, il rappelle que seule l'agroécologie est capable de nourrir sainement et durablement

les peuples et annonce le programme ambitieux de ces rencontres internationales.

Après ces discours engagés, des cultivateurs et éleveurs burkinabé viennent témoigner.

Utilisateurs direct du coton Bt, ils soulignent les difficultés économiques engendrés par

l'utilisation de ces semences, les promesses non tenues de Monsanto (rendement faible) et

l'empoisonnement du bétail nourrit aux plantes GM. Ces témoignages donnent un corps

concret aux alertes plus générales des organisations de la société civile.

Puis est diffusé un message de soutien de José BOVE (député au parlement européen au sein

du groupe Les Verts), qui salue la lutte du peuple burkinabé et affirme que la lutte du

28

Burkina Faso est la lutte de toute l'Afrique.

Arnaud APOTEKER (responsable de la campagne anti OGM de Green Peace pendant plus de

10 ans) présente un état des lieux des OGM en Europe. Il souligne que les cultures OGM ont

été interdite du fait d'un rejet fort de l'opinion publique, mais que les OGM sont fortement

présents dans l'alimentation, souvent à l'insu des citoyens, du fait des importations massives

(comme le soja OGM d’Argentine qui se retrouvent majoritairement dans l'alimentation du

bétail européen).

La cérémonie se poursuit par la diffusion d'un message de soutien de Vandana SHIVA

(scientifique Indienne, figure internationale de la résistance aux OGM et notamment au

coton Bt). Elle détaille les conséquences catastrophiques du coton Bt en Inde (endettement

et suicide des paysans), fustige la privatisation et le brevetage du vivant et témoigne sa

solidarité à la résistance burkinabé aux OGM.

Pour clôturer ces premières interventions, Sophia GATICA (militante argentine lauréate du

prix Goldman Environnement), explique que si quelques pays d'Amérique du Sud résistent

encore à l'implantation des firmes agro-chimiques, la majorité est inféodée à la politique

agricole impérialiste des États-Unis avec des conséquences sanitaires et agricoles

catastrophiques. Après un témoignage poignant (sa fille est décédée suite à la

contamination de toute sa région par le glyphosate utilisé avec le soja OGM), elle appelle les

peuples à s'unir avec force contre les firmes qui s'enrichissent sur leur santé.

Cette ouverture des rencontres a offert à l’audience un large panel d'engagements, de

témoignages et d'analyses mettant en cause les effets concrets et multiples des OGM à

travers le monde. Avec des appels répétés à une convergence internationale des résistances

face à la puissance des firmes agrochimiques, le ton est donné.

Suite à cette riche entrée en matière, trois communications approfondies sont adressées aux

participants ; un état des lieux des OGM au Burkina Faso, la réglementation et les résistances

en Europe, les effets du Glyphosate en Argentine. Elles sont suivies de nombreux échanges

et interventions des participants et du présidium.

29

« État des lieux des OGM au Burkina Faso » par Christian LEGAY, coordinateur du

Collectif Citoyen pour l'Agro-Ecologie.

Après un rappel historique du processus d'imposition des OGM au Burkina Faso

(2003 : imposition suite à des trafics (Libéria, Sierra Léone…) de Blaise Compaoré dans la

sous-région, 2006 : régularisation réglementaire, 2008 : diffusion en plein champs), Christian

LEGAY souligne qu'entre 2008 et 2016, les sociétés cotonnières ont perdu 48 milliards de

Francs CFA (soit plus de 73 millions €) à cause de la mauvaise qualité et de la baisse de la

longueur de la fibre. Cet échec économique explique le recul des sociétés cotonnières qui

ont annoncé l'arrêt de la production Bt jusqu'à ce que Monsanto propose une semence

améliorée. Les manipulations de Monsanto sont aujourd'hui mises en évidence (promesses

non tenues, essais non-aboutis avant la diffusion en plein champs, appauvrissement des

paysans) et la presse internationale relaie l'échec flagrant du coton Bt au Burkina Faso.

Néanmoins, comme l'a annoncé l'INERA le 19 avril, la firme travaille déjà à proposer un

nouveau coton Bt et fait des essais sur le sorgho, le niébé et le maïs. Au nom du CCAE,

Christian LEGAY demande l'éclaircissement des différentes responsabilités et notamment du

passage en plein champ du Bt, et souligne la nécessité d'adopter un moratoire de 10 ans,

réclamé par le CCAE et la société civile, afin de se protéger d'autres catastrophes annoncées

et évalués les impacts sur le terrain du coton Bt.

Cette présentation est appuyée par deux témoignages de producteurs ayant cultivé le coton

Bt.

Le premier vient du département de Bondokuy, il est cotonnier depuis plus de 35 ans. Selon

lui, le Bt a été introduit sans l'accord des producteurs sous prétexte qu'il allégerait la charge

de travail de ceux-ci. Ensuite, il leur a été dit qu'ils devaient mettre en place des zones

refuges, cela revenait au final à une double charge de travail pour les producteurs. Enfin, le

prix de la semence est intenable pour le producteur, 26 000 FCFA pour emblaver un hectare

avec les semences Bt contre 806 FCFA pour le coton conventionnel. Pour les convaincre

d'adopter le coton Bt, Monsanto organisait des activités de sensibilisations et y distribuait de

l'argent et annonçait des hausses de rendement de plus de 30%.

Le second producteur vient du village de Boni. Il partage des constats mettant en cause les

promesses de Monsanto. Premièrement, du fait que la semence n'est pas de bonne qualité,

il est obligé de faire des re-semis et utilise donc plus de 12 Kg de semence à l'hectare, ce qui

provoque un endettement important. De plus, après avoir traité deux fois ses champs, la

présence de chenilles l'oblige à acheter et pulvériser des insecticides (3 à 4 fois au lieu de 2

30

annoncé) alors que le non recours à ces produits est au cœur de la propagande de la firme.

Enfin, il souligne que dans sa région, sur les 14 producteurs-chercheurs qui cultivaient le

coton Bt, 60 % étaient endettés à la fin de la production, notamment du fait du poids du

coton très largement insuffisant.

Ainsi, alors que Monsanto s'est énormément enrichie (prix des semences), les producteurs

se sont endettés sans jamais voir les avantages promis par la firme.

« Réglementation des OGM en Europe et résistances » par Arnaud APOTEKER (ex-

conseiller du groupe Les Verts au parlement européen notamment)

Arnaud APOTEKER commence par rappeler que d'une manière générale les européens (75%

à 80%) refusent les OGM. Mais la réglementation des OGM échappe en partie à leur pouvoir

décisionnaire. En effet, des trois (3) grandes institutions qui composent l’union Européenne,

une seule est garante des aspirations citoyennes, le parlement. La Commission Européenne,

qui met en œuvre les décisions politiques, n'est pas élue, et ses membres sont pro-OGM.

Enfin, le Conseil Européen, constitué des chefs d’État des États membres a une position

ambiguë.

Lorsqu'une entreprise souhaite mettre sur le marché des produits dérivés d'OGM, elle doit

évaluer en amont les risques environnementaux et sanitaires et soumettre le dossier à

l’Agence Européenne de Contrôle de la Sécurité Alimentaire. De façon générale, cette

agence donne un avis favorable aux évaluations faites par les entreprises (qui souhaitent

introduire des produits dérivés d'OGM) et les transmets à la Commission Européenne qui fait

une proposition à l’Union Européenne. Le vote d’adoption se fait au Conseil des Ministres. Si

la majorité est favorable, l’OGM est autorisé. Or, et c'est toujours le cas, s'il n'y a pas de

majorité, c'est la Commission Européenne (pro-OGM) qui décide ou non d’autoriser les

OGM. Néanmoins, si celle-ci autorise les OGM, elle fait face à une forte mobilisation des

citoyens, les dossiers restent donc parfois bloqués pendant plus de 10 ans. Ainsi, malgré un

rejet clair et massif des citoyens européens, ceux-ci doivent rester sans cesse vigilant pour se

prémunir des décisions de la Commission européenne non-élue et pro-OGM.

Un autre enjeu important est le problème d'étiquetage ; les organisations de la société civile

luttent pour que les citoyens puissent faire le choix de consommer ou non des OGM. Car si

les OGM sont cultivés ailleurs, ils rentrent en Europe et sont utilisés par exemple pour

l'alimentation des animaux, eux-mêmes consommés ensuite par les populations.

A travers l'exemple de l'importation du Soja Argentin, l'interconnexion des menacent liés

aux OGM est démontrée ; production de soja OGM en monoculture en Amérique Latine

31

(contamination des sols et des eaux, développement massif de cancers et de déformations

prénatales, endettement des petits producteurs) et consommation en Europe (diffusion

massive de produits dérivés d'OGM cancérigène et dépendance alimentaire). Cette

interconnexion des menaces et des effets néfastes appellent donc logiquement à une

solidarité et une convergence des luttes internationales.

Les premières luttes en Europe contre les OGM remontent aux premières

commercialisations OGM en 1996. Les premières actions visaient à empêcher les bateaux de

débarquer le soja OGM, principalement en France ; il était alors nécessaire de faire des

alliances entre paysans, citoyens, personnels portuaire et les réseaux de la grande

distribution, pour lutter contre une menace dont les enjeux étaient encore peu connue mais

rapidement médiatisée suite au scandale alimentaire de la « Vache Folle ».

A partir de 2003, le développement des actions du Collectif des Faucheurs Volontaires

d'OGM a permis d'empêcher les cultures OGM sur la plus grande partie des superficies

cultivés par des actions de désobéissance civiles fortes.

Aujourd'hui, l'enjeu principal de la lutte en Europe est d'empêcher l’importation des OGM et

de promouvoir l’autonomie alimentaire.

Arnaud APOTEKER termine son intervention en soulignant que la résistance africaine

renforce la résistance européenne et réciproquement. La convergence des luttes est

nécessaire face à une menace qui pèse sur l'humanité toute entière et dont les effets

catastrophiques se font ressentir sur tous les continents. Pour répondre à cette menace, un

Tribunal International Monsanto se tiendra à la Haye du 14 au 16 octobre 2016 en présence

de scientifiques, d'organisations paysannes et de la société civile du monde entier.

Mathieu LEBRETON, membre du Collectif des Faucheurs Volontaires d'OGM, partage

l’expérience de lutte des faucheurs. Face aux problèmes sanitaires et à la contamination

irréversible que peuvent provoquer les essais OGM en plein champ et face à l'impossibilité

de recours démocratique, des paysans et citoyens se sont réunis pour mener des actions de

désobéissance civile contre les OGM en France, mais, aussi, dans les pays voisins. Ces actions

prennent la forme de fauchage en plein champ, d'occupation d'instituts de recherche ou

d'industries agrochimiques, de blocage des importations des OGM. Grâce à leurs actions (qui

leur valent de nombreux procès), la majorité des essais en plein champs n'ont pu aboutir en

France.

32

« La catastrophe du Glyphosate en Argentine »

En Argentine, 99 % du soja, cultivé en monoculture, est OGM, Roundup Ready et

occupe 60 % des surfaces cultivées. L'herbicide Roundup de Monsanto est composé

principalement de Glyphosate. La contamination chimique des populations par le

Glyphosate a eu des conséquences catastrophiques. A Ituzaingo, une ville de la région de

Cordoba où vit Sofia GATICA, les cultures transgéniques sont très près des habitations ; 80%

des enfants ont des produits chimiques dans le sang et naissent avec des malformations,

33% ont des tumeurs. Sofia a perdu sa fille, décédée à la suite des contaminations

chimiques. Face à cette catastrophe sanitaire, Sofia et d'autres mères sont entrées en lutte

contre Monsanto. Suite à l'annonce de la présidente Kirchner d'installer Monsanto à

Cordoba, les populations sont entrées en résistance et bloquent depuis 3 ans les lieux

stratégiques pour empêcher à la firme de s'installer. Les populations résistent malgré des

répressions policières très violentes (traumatismes crâniens, membres fracturés, etc..).

Sophia appelle à une résistance totale contre les firmes agrochimiques. Elle martèle qu'on ne

peut négocier la santé du peuple, qu'elle ne négociera jamais la santé du peuple argentin.

Elle appelle les peuples du monde à s'unir pour faire reculer les OGM.

Échanges et contributions des participants et du présidium

L'ouverture des débats donnent lieu à des interventions militantes, des questions, des

contributions scientifiques et des témoignages.

Hervé Le Gal souligne que Monsanto souhaite introduire et répandre le Roundup (qui

contient le glyphosate dont les dégâts ont été présentés par Sofia) au Burkina Faso. Il est

donc plus que jamais urgent d'organiser la résistance. Des participants soulignent alors

l'importance de mettre en avant le cas argentin pour informer les populations. C'est dans ce

sens que Sofia a été invitée par le CCAE. Elle a, en plus des RIR, fait plusieurs interventions à

l'Ouest du pays auprès des femmes.

De nombreuses questions se posent sur les données statistiques disponibles quant à

l'utilisation des OGM et des pesticides ; Quelle est la superficie de culture en OGM au

Burkina? Quelle est la quantité de pesticides déversée sur les champs OGM ? Combien de

producteurs ont été affectés ? Et, pourquoi la FAO conseille les OGM pour lutter contre la

famine ?

33

Quelques éléments de réponses ont pu être apporté à ses questions;

En 2011-2012, près des ¾ des surfaces de coton sont cultivés OGM, face à la mauvaise

qualité de la fibre, la surface est réduite de 50 % en 2015 jusqu'à un arrêt total pour 2017. La

quantité de pesticide déversée est environ 2/3 de la quantité utilisée en conventionnel alors

que Monsanto promettait une réduction à 1/3. Le nombre de producteurs affectés devra

faire l'objet d'une étude pour exiger des réparations auprès de la firme. La FAO (l'agence de

l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation) est ambivalente, en son sein, certains défendent

l'agroécologie, d'autres soutiennent les OGM.

Arnaud APOTEKER souligne que toutes les études scientifiques sérieuses montrent

aujourd'hui que l'agroécologie peut nourrir la planète, mais surtout que c'est la seule voie

pour la nourrir sainement et durablement. Les cas d'institutions soutenant les OGM sont très

fréquent, que ce soit à la FAO, à la FDA aux Etats-Unis ou à la Commission Européenne, elles

sont tout simplement influencée par les lobbys de l'industrie agrochimiques qui a d'énormes

moyens de pression et qui fournissent leurs propres évaluations sur les risques sanitaires et

écologiques. Or, il est très difficile pour un scientifique indépendant de mener une contre

étude sur les OGM ; premièrement ça coûte très cher, deuxièmement, si l'étude va à

l'encontre des intérêts des firmes, celles-ci feront tout pour en discréditer la pertinence et

l'auteur (chercheurs et professeurs licenciés, campagne de propagande dans les grands

médias…). La seule étude disponible aujourd'hui, qui démontre le développement de tumeur

dû aux OGM est celle du professeur Gilles-Éric SERALINI (parrain des RIR OGM). Ainsi,

l'indépendance de la recherche sur les OGM est un enjeu fondamental des revendications

anti OGM partout dans le monde. Et comme le souligne le professeur Jean-Didier Zongo, la

recherche n'a pas été indépendante au Burkina Faso. Elle a permis l'introduction des OGM

en plein champ alors que le processus de croisement n'était pas terminé. Il avait alerté à

l'époque sur les dangers des OGM alors que l'INERA travaillait de concert avec Monsanto qui

la finançait. Au Bénin, grâce au combat de quelques organisations telles que JINUNKUN,

deux moratoires ont été adopté pour prévenir des risques liés aux OGM.

Ces différents éléments amènent les participants à souligner la nécessité de faire

barrage aux OGM et à réfléchir aux stratégies de luttes. Le besoin de sensibilisation des

zones rurales, et notamment des producteurs directement concernés, est mainte fois

souligné. Plus généralement, il faut amener l'ensemble des populations à connaître et

défendre leur droit alimentaire. Il est préconisé de multiplier les formes de sensibilisation

(diffusion documentaire, débats, panels, journées de sensibilisation, médias…). De plus, les

acteurs doivent travailler en réseau pour faire front aux OGM. Il faut également exiger un

34

étiquetage sur les produits issus d'OGM qui permettra au consommateur de choisir en

conscience. Pour une résistance concrète, il est aussi nécessaire de préserver les semences

paysannes endogènes et créer des banques de semences. Dans ce sens, il est souligné que

les « petites » et « grandes ONG/associations » doivent être solidaires. Le CCAE est interpellé

pour connaître les impacts des actions menées, et notamment la marche du 23 mai 2015

contre les OGM et l'exigence de moratoire adressé au gouvernement. Le coordinateur

estime que cette grande mobilisation populaire n'est pas étrangère au recul des sociétés

cotonnières. En effet, alors que les pertes étaient visibles depuis plusieurs années, c'est

seulement après que les OGM aient fait une grande irruption dans le débat public (suite à la

marche, émissions TV, etc.), qu'elles ont eu le courage d’adresser un mémorandum à

Monsanto. Il est souligné enfin que Monsanto, et ses sbires ne viennent jamais débattre

avec leurs contradicteurs, faire reculer les OGM n'est pas une question de négociation mais

de lutte.

La cérémonie d'ouverture a réussi, par la diversité des intervenants (paysans, scientifiques,

organisations de la société civile, militants actifs, d'Afrique, d'Europe et d'Amérique du Sud)

et des arguments présentés (menaces sanitaires, écologiques, économiques, politiques,

constats paysans, études scientifiques, analyses politiques, appels militants), à présenter un

large panel des effets et des résistances aux OGM dans le monde. Les interventions des

participants et du présidium expriment la ferme volonté d’œuvrer à une convergence des

luttes nationales, continentales et internationale. Cet engagement se concrétise par la suite

à Napam Beogo, sous forme d'ateliers, de partages d’expériences et de sessions plénières,

qui déboucheront à l'issu de ces 3 jours à l'adoption concrète des bases du Front Africain

pour la Souveraineté Alimentaire et à un renforcement effectif de la convergence

internationales des résistances aux OGM.

35

Annexe 2 : Rapport détaillé des contributions à distance présentées le samedi 23 avril

Les présentations commencent par une vidéo du collectif Stop OGM Pacifique de Kanaky,

où une dizaine de personnes témoignent. Ils assurent au peuple burkinabé toute leur

solidarité dans la lutte. En Océanie, les firmes agrochimiques ont profité des violents

cyclones qui ont causé des dommages importants pour les agriculteurs, pour introduire des

semences OGM sous couvert « d'aide alimentaire et d'agriculture intelligente ». Le collectif

lutte contre l'importation de produits OGM sur leur île. Avec l'appui de Vandana SHIVA, ils

luttent également contre le développement de la Banane transgénique, destinée aux

marchés semenciers africains. C'est un cas de bio-piraterie, la firme utilise la variété

traditionnelle océanienne pour s'enrichir sur le dos des producteurs africains. Encore une

fois, il est démontré que les problèmes engendrés par la production et la distribution des

semences OGM affectent des peuples du monde entier, qui doivent être solidaires et lutter

ensemble. Une vidéo de soutient produite pendant les RIR, recueillant le témoignage de

nombreux délégués, sera envoyé au collectif.

La contribution écrite du Nigéria est ensuite lue, faisant état d'une situation alarmante ;

Monsanto essaie d'imposer au pays le maïs OGM Roundup Ready (donc l'épandage massif

de glyphosate) et le Coton Bt, alors que l’échec de celui-ci est démontré par l'exemple

burkinabé. Une opposition soutenue par plus de 100 organisations nigérianes lutte contre

l'introduction des OGM. Ils soutiennent la dynamique de convergence des luttes africaines

impulsée par les RIR OGM et lancent un appel à soutien pour faire barrage à Monsanto dans

leur pays.

Une présentation (images et textes) de la lutte en Nouvelle Zélande est ensuite traduite

par Arnaud APOTEKER pour les participants.

Une présentation de la situation en Bretagne est assurée par Hervé Le Gal, sur la forte

dépendance de l’économie bretonne au tourteau de soja OGM. Des 3 ports de commerce

bretons sont débarquée 1/5 du soja transgénique importée par l'Union Européenne (soit 4

millions de tonnes/an). C'est donc entre autre par ces ports que démarre l’hypocrisie de la

réglementation française et de nombreux pays européens prétendument sans OGM. Pas de

production OGM sur le territoire, grâce à l'engagement des citoyens, mais importation

massive d'OGM pour les besoins d’un modèle agricole industriel et pour assurer aux marchés

viandes, lait et œufs en quantités gargantuesques, les excédents étant ensuite exportés vers

l’Afrique avec les conséquences que l’on connait pour les agriculture locales. Les ports

36

bretons sont un lieu stratégique de résistance aux OGM. Arrêtez l’importation du tourteau

de soja, l’économie des ports de commerce bretons s’écroule ainsi que l’élevage intensif très

développé et déjà dans une crise profonde structurelle, consommant énormément de

tourteau de soja OGM. Face à ce tabou breton, les faucheurs et faucheuses ont réalisés

plusieurs actions sur le port de Lorient, en neutralisant d’important tonnage de tourteau

OGM en les rendant impropre à la consommation. Bizarrement, aucun procès (objectif des

actions) ne se profile à l’horizon…

Il rappelle qu'il existe un lien très fort entre la résistance bretonne et la résistance burkinabé,

les marches du 23 mai 2015 contre Monsanto de Rennes et Ouagadougou étaient jumelées.

Présentation des actions des faucheurs volontaires d'OGM (France), puis la diffusion d'une

vidéo tournée pendant une action d'occupation d'usine Monsanto dans le sud de la France

et des témoignages des faucheurs. Le collectif rassemble des paysans et des citoyens qui

face aux menaces liés aux OGM, et l'impasse démocratique face aux essais en plein champ,

ont décidé d'entrer en désobéissance civile, en menant des actions non légales mais non-

violentes et légitimes, car œuvrant pour la préservation du bien commun, de l’écosystème

et de la santé des citoyens. Les faucheurs sont souvent poursuivis en justice et doivent faire

preuve d'une grande persévérance et d'une solidarité à toute épreuve pour veiller à

préserver le sol français des OGM. Ils ont également mené des actions en Espagne,

Angleterre, Belgique, etc. Le collectif est également engagé dans la convergence

internationale des luttes et a organisé des Rencontres Internationales des Mouvements

contre les OGM en 2013. Les 3 faucheurs présents ont souligné leur souhait d'établir des

liens forts avec l'Afrique et, notamment, le Burkina Faso.

37

Annexe 3 : Compte rendu du témoignage de Sofia Gatica à Dandé et Bama – Ouest du Burkina Faso

Le 26 avril 2016, l’équipe du RESACRIFROAT a accompagné une mission venue de Ouaga

composée de 4 personnes pour le témoignage de Mme Sofia sur les OGM.

Arrivées à Dandé à 9h25 l’équipe fut accueillie par les femmes de

l’union qui étaient plus d’une cinquantaine dont huit hommes.

Après les salutations et les présentations mutuelles, la chargée de

programme donna les motifs de la visite en disant que dans le cadre

de la campagne Nous Sommes la Solution, il a été question d’engrais chimique, de pesticides

et aussi des OGM. Aujourd’hui, le RESACIFROAT est ravie parce que Mme Sofia GATICA

venue d’Argentine à Ouagadougou pour une rencontre internationale sur les OGM a tenu à

se rendre à Dandé pour leur livrer son témoignage sur les OGM. Aussi, il faudrait qu’elles

soient bien attentives afin de pouvoir poser les questions ou aussi faire leur témoignage. Elle

ne parle qu’espagnole mais il y a un interprète en mooré et un autre en dioula et Corinne de

la FENOP faisait la traduction en français.

L’intéressée a pris la parole. Je m’appelle Sofia et je viens d’Argentine. Monsanto est installé

dans mon pays depuis 15 à 16 ans et a acheté toutes les terres arables avec la complicité de

notre gouvernement pour cultiver le soja transgénique avec bien sûr les engrais chimiques et

autres pesticides. Ce qui a entrainé une contamination de la grande partie de nos terres

(80%).

L’Etat a préféré donné de l’argent aux paysans pour qu’ils ne travaillent pas et laisser

Monsanto s’installer. Or le but ce dernier c’est de posséder le plus de semences possibles

dans le monde et supprimer les semences traditionnelles pour posséder l’alimentation sur le

plan mondial.

Depuis l’entente de notre gouvernement avec Monsanto, il s’est installé en Argentine et par

la suite beaucoup de maladies se sont développées (différents cancers, leucémie, maux

d’estomac, etc.)

Elle présenta une carte de son village entouré de cultures de soja transgénique avec toutes

les maladies que cela a causé aux habitants.

Elle poursuivit qu’en Argentine ils n’ont pas besoin de soja, ils ont tout ce qu’il faut pour

manger (maïs, céréales, légumes, etc.).

Voilà 3 ans que nous luttons pour empêcher la construction d’une usine de Monsanto qui

veut y produire des semences transgéniques et envahir le monde. Nous n’avons pas d’armes

mais nous luttons avec notre corps. La police vient frapper et tirer sur nous alors nous nous

couchons au travers des routes pour les empêcher de passer. Nous ne devons pas avoir peur

38

car c’est pour le futur de nos enfants. Nous devons être libres et ne pas être les esclaves

d’une multinationale qui vient s’accaparer de nos terres et prendre nos enfants.

Aussi, nous pensons que si nous laissons les OGM entrer en Afrique, il y aura encore plus de

pauvreté. (Elle présenta les photos de leurs luttes).

Si Monsanto vient ici c’est pour développer des monocultures avec des machines, et n’aura

pas besoin des paysans pour travailler, ils seront sans terre et sans argent. Il faut donc que

nous soyons courageux pour défendre nos terres et nos semences. »

Après ce furent les échanges : questions, réponses et témoignages

Avec la culture du coton BT les sols sont appauvris. Que faut-il faire pour les

enrichir ? Avec les OGM, la terre devient dure et pauvre répondit Sofia et il faudra

des années pour les enrichir car la terre meurt. Cela fait 20 ans que mon pays vit avec

ça, c’est pourquoi je vous demande d’arrêter de cultiver les OGM. C’est très

important de préserver la biodiversité pour conserver vos sols.

Ici beaucoup de personnes ont souffert des os et des yeux. Ce sont les produits

chimiques (engrais et autres pesticides) ajouta Sofia.

Les semences de coton BT ont été offertes gratis, mais un vieux venu de Houndé

nous a dit de ne pas laisser entrer le coton Bt ici. Après une réunion, une partie des

cotonculteurs a décidé d’arrêter et l’autre a continué. Sofia salua ceux qui ont arrêté

mais a dit de sensibiliser les autres qui continuent de le cultiver car c’est pour leur

malheur à tous.

Nous avons cultivé le coton Bt parce qu’on ignorait les conséquences, mais on a

décidé d’arrêter. Sofia renchérit : ceux qui cultivent les OGM vont voir leurs terres

s’endurcir et devenir infertile, ils sont complice de Monsanto. En Argentine, nous

l’avons traîné en justice pour publicité mensongère à cause d’un produit qu’il

prétendait biodégradable.

Au niveau de l’union des producteurs de coton à Dandé, nous sommes divisés.

C’est la méthode de Monsanto répondit Sofia, quand il arrive, il divise pour mieux

régner. Entre eux, ils vont se diviser, même se battre mais les conséquences sont

identiques pour eux tous.

Elle donna l’exemple de l’eucalyptus qu’on ne plante plus en Europe parce qu’il

pompe l’eau mais ici on continue de le planter.

Sofia conclut en les encourageant à lutter contre les OGM et à privilégier l’agro écologie.

39

Fin de la rencontre aux environs de 11h10 et après avoir jeté un coup d’œil sur le champ

école et pris quelques photos, la délégation a pris la route pour Bama où elle arriva aux

environs de midi.

Les étuveuses environ une cinquantaine (dont 1 homme) étaient déjà

installées dans une salle où elles suivaient une formation puis 4 autres

hommes (des cotonculteurs) se sont joints au groupe.

La chargée de programme présenta les excuses de la délégation pour le retard accusé à

cause des discussions qui étaient très intéressantes à Dandé et ne finissaient pas. Elles

comprendront après l’entretien avec Sofia qui prit la parole se présenta et raconta son

histoire comme à Bama. « Mosanto est venu en Argentine, a signé une convention avec leur

gouvernement et s’est installé pour leur malheur. Son village est entouré de champs de soja

transgénique depuis 15 à 16 ans ce qui a entrainé beaucoup de maladies dans son village

(présentation de la carte de son village avec toutes les maladies que cela a occasionnées

ainsi que les photos de leur mouvement) et bien sûr de morts.

La traduction se faisait directement en mooré et les questions qui suivirent aussi.

Les échanges là aussi ont été très fructueux.

La rencontre se termina aux environs de 13h45.

Geneviève SANGARE, Chargée de Programmes de RESACIFROAT

40

Annexe 4 : Les 5 motions des RIR OGM

Motion de remerciements

Les participants aux Rencontres Internationales des Résistances, réunis du 22 au 24 avril 2016,

à la Résidence Napam Beogo, Ouagadougou, Burkina Faso :

Au regard de tout ce que nous avons entendu durant ces trois jours,

Au regard des nombreux échanges d'expériences diversifiées,

Nous pouvons dire que les rencontres internationales des résistances contre les OGM ont été un

franc succès.

Nous tenons, pour la circonstance, à remercier les initiateurs, les organisateurs, et les

participants pour leur contribution active aux débats, échanges et recommandations ;

Nos remerciements s’adressent également au représentant du Ministre de l’agriculture, au

représentant du Conseil économique et social, à tous les partenaires financiers, ainsi qu’aux

autorités coutumières et religieuses.

Nos sincères remerciements vont également aux représentants des organisations paysannes

venus de nombreux pays d'Afrique et du monde. Nous n'oublions pas les ONG et les OSC qui

n'ont pas pu effectuer le déplacement sur Ouagadougou pour des raisons diverses et qui nous

ont envoyé des témoignages chaleureux.

Enfin, un grand merci à tout le personnel de la Résidence Napam Beogo pour leur accueil

chaleureux et leur disponibilité tout au long de la rencontre.

Nous estimons que la multiplicité des RIR à travers le monde empêchera les générations futures

de pleurer…

Ouagadougou, le 24 avril 2016

Les résistantes et les résistants

41

Motion de soutien à la société civile ivoirienne

Les participants aux Rencontres Internationales des Résistances, réunis du 22 au 24 avril 2016,

à la Résidence Napam Beogo, Ouagadougou, Burkina Faso :

Choqués d'apprendre une éventuelle introduction des organismes génétiquement modifiés en

Côte d’Ivoire en dépit des échecs avérés du coton BT (coton OGM) au Burkina Faso et d'autres

semences OGM dans bon nombre de pays,

Déplorent l'avant projet de loi adopté en Conseil des Ministres, du mercredi 23 mars 2016 fixant

les conditions d'entrée et de gestion des OGM en Côte d’Ivoire,

Demandent plus de vigilances aux élus du peuple de l’Assemblée Nationale Ivoirienne, pour

bloquer ce projet de loi et pour faire barrage face aux pressions sans cesse renouvelées, exercées

par les multinationales sur le gouvernement ivoirien en particulier mais aussi sur tous les

gouvernements africains quant à l'introduction des OGM ;

Soutiennent fermement toutes les organisations de la société civile ivoirienne qui seront

impliquées dans la résistance au projet de loi.

Ouagadougou, le 24 avril 2016

Les résistantes et les résistants

42

Motion pour un moratoire africain

Les participants aux Rencontres Internationales des Résistances, réunis du 22 au 24 avril 2016,

à la Résidence Napam Beogo, Ouagadougou, Burkina Faso :

Se félicitent de la qualité des débats et des échanges autour des résistances aux OGM, ayant eu

lieu durant les trois jours et de la mise en place des premières bases du Front Africain pour la

Souveraineté Alimentaire,

Exhortent les gouvernements africains a ne pas céder aux pressions incessantes exercées par les

multinationales de l'agrochimie et des intrants agricoles - engrais, pesticides, hybrides, OGM -

contribuant à une forme de néocolonialisme en hypothéquant les ressources et richesses

africaines des générations futures,

Appellent l’Union Africaine à jouer un rôle fédérateur notamment en regroupant les pays

africains autour d’une législation concertée en s’inspirant des loi modèles africaines sur l’accès

aux ressources génétiques et sur la biosécurité,

Demandent à tous les pays africains

d’adopter un moratoire de 10 ans sur l’introduction des OGM destinés à l’agriculture,

de mettre en place une politique rigoureuse d’étiquetage sur toutes les importations des produits alimentaires et de traçabilité sur les produits issus de l’aide alimentaire,

de mettre en place des politiques de préservation des systèmes agraires africains, de protection et de conservation des ressources naturelles,

d'encourager l'innovation africaine dans le développement durable des systèmes agraires africains gage du développement durable et de la souveraineté alimentaire.

De favoriser une recherche scientifique intimement tournée vers les préoccupations des systèmes agraires africains et non pas une recherche adaptative importée et de garantir la transparence de la recherche.

Ouagadougou, le 24 avril 2016

Les résistantes et les résistants

43

Motion pour la convergence des luttes internationales

Les participants aux Rencontres Internationales des Résistances, réunis du 22 au 24 avril 2016,

à la Résidence Napam Beogo, Ouagadougou, Burkina Faso :

Conscients des conséquences désastreuses de l’utilisation d’herbicide à base de glyphosate en

Amérique du Sud en particulier et dans le monde, conséquences humaines (cancers,

malformations, morts nés, …) et sur l’environnement,

Conscient des projets des multinationales de l’agrochimie telles que Monsanto d’introduire ces

herbicides, entre autre après l’ajout d’un gène de résistance au glyphosate au cotonnier BT

cultivé au Burkina Faso,

Conscient que les herbicides à base de glyphosate constituent une pierre angulaire dans le

stratégie de Monsanto, la majorité des OGM étant conçus pour résister à cette molécule,

Appellent les résistantes et résistants de tous pays à une convergence d’actions contre cet

herbicide et d’en faire une cible commune et prioritaire,

Exigent que des études soient réalisées pour que soient connues les conséquences des

herbicides à base de glyphosate sur les humains.

Ouagadougou, le 24 avril 2016

Les résistantes et les résistants

44

Motion de soutien au Tribunal International Monsanto de la Haye

Les participants aux Rencontres Internationales des Résistances, réunis du 22 au 24 avril 2016,

à la Résidence Napam Beogo, Ouagadougou, Burkina Faso :

Considérant la démarche du Tribunal International Monsanto qui se déroule du 14 au 16 octobre

2016 à La Haye en Hollande est complémentaire à la convergence des luttes,

Apportons notre plein soutien au Tribunal International Monsanto et étudions les possibilités

d’organiser des Rencontres Internationales des Résistances aux OGM à La Haye ou dans les

environs, avant ou après le déroulement de cet événement.

Ouagadougou, le 24 avril 2016

Les résistantes et les résistants

45

Annexe 5 : La déclaration finale des RIR OGM du 22 au 24 avril 2016 à Ouagadougou

Aujourd'hui, 24 avril 2016, se terminent à Ouagadougou les premières Rencontres Internationales

des Résistances aux OGM (RIR OGM), organisées à l'invitation du Collectif Citoyen pour l'Agro-

Ecologie (CCAE) du Burkina Faso. Pendant trois jours, du 22 au 24 avril 2016, ces rencontres se sont

déroulées sous forme d'ateliers, de conférences publiques, de sessions plénières, de travail en

commission, de projections cinématographiques, d'échanges et se sont conclues par des prestations

artistiques militantes.

Les résistantes et résistants aux OGM, les défenseurs de l'agro-écologie, ont dressé le bilan de la

situation OGM dans le monde, ont partagé leurs expériences de lutte, ont développé des stratégies

de résistances et établit des convergences avec des luttes de tous les continents contre Monsanto et

les OGM.

Venus d'Afrique de l'Ouest et du Nord, d'Europe et d'Amérique du Sud, paysans, paysannes,

scientifiques, citoyens libres, militants, organisations paysannes et de la société civile ont travaillé à

la convergence effective des luttes africaines et internationales contre les OGM.

Les RIR OGM est le premier événement du genre se déroulant sur le sol africain. Il intervient dans un

des pays africain où la résistance à toute forme d’impérialisme est cultivée et diffuse depuis

longtemps, suite à l'exemple du président Thomas Sankara, qui proclamait déjà au milieu des années

80 « Produisons ce que nous consommons et consommons ce que nous produisons », pour une

Afrique libre et digne.

Les RIR OGM sont aussi une réaction à un contexte brûlant avec la mise en lumière de l'échec du

coton Bt de Monsanto au Burkina Faso, le recul des sociétés cotonnières et l'annonce du

gouvernement de « réduire graduellement les superficies du coton BT ».

Cette annonce du conseil des ministres du 13 avril 2016 montre l'ampleur de l'échec de Monsanto.

Elle représente aussi un espoir pour les organisations paysannes et de la Société Civile en lutte depuis

maintenant plus de 15 ans contre les semences transgéniques. Ces organisations ne cessent de

dénoncer la brevetabilité du vivant, l'organisation de la dépendance des paysans aux firmes agro-

chimiques, les risques sanitaires et environnementaux que font encourir les OGM à l'ensemble des

populations et du territoire burkinabé. Aujourd'hui, si l'échec de Monsanto a été mis en lumière, la

lutte contre les OGM est loin d'être terminée. En effet, l'INERA a confirmé le 19 avril, en partenariat

avec Monsanto, que le sorgho, le maïs et le niébé sont en station de recherche pour produire des

semences OGM de ces cultures, ainsi qu'un nouveau coton Bt.

La résistance, renforcée par l'échec du coton Bt, doit maintenant utiliser toutes ses forces pour lutter

contre les arrangements politiques et l'impérialisme des multinationales, afin de chasser

définitivement Monsanto des terres Burkinabè et promouvoir l'agroécologie comme modèle

agricole.

La stratégie de Monsanto est d'utiliser le Burkina Faso comme porte d'entrée des OGM en Afrique de

l'Ouest. A travers le Burkina, toute l'Afrique est attaquée. Les résistances au Burkina Faso et dans les

pays de la sous-région ont permis de ralentir ses plans. Nous sommes convaincus, qu'ensemble, et

46

seulement ensemble, nous pourrons faire barrage aux firmes agro-chimiques. Il y a urgence. La

situation OGM du continent africain est réellement préoccupante, et face à l'échec burkinabé,

Monsanto accélère la mise en œuvre de ses plans.

Les situations nigériane et ivoirienne sont particulièrement préoccupantes. La firme fait pression

pour l'entrée de ces semences transgéniques et, notamment, du coton Bt alors même que son échec

au Burkina Faso est relayé par les médias à l'échelle internationale. Ces deux situations doivent faire

l'objet de toute la solidarité des résistants africains. A cet effet, l'assemblée des RIR OGM a tenu, à

travers une motion de soutien, à exprimer tout sa solidarité et son appui à la résistance ivoirienne, et

a interpellé les parlementaires ivoiriens, les exhortant à rejeter la destruction de leur paysannerie et

la mise sous tutelle de leur destin agricole au profit de Monsanto. Les participants aux RIR OGM ont

également exprimé leur volonté d'être signataire de la pétition contre les OGM au Nigeria. Si, à ce

jour, officiellement, 3 pays d’Afrique, le Burkina Faso, le Soudan et l’Afrique du Sud, pratiquent des

cultures OGM, des tests sont en cours dans 7 pays et 16 autres n’ont pas de cadre réglementaire sur

le sujet. Une convergence des résistances africaines est donc plus que jamais urgente et nécessaire.

A l'échelle internationale, les RIR OGM ont été l'occasion d'un état des lieux des effets des OGM

constatés, vécus et analysés sur tous les continents, ainsi que du partage d’expériences de lutte et

des appels militants des résistants du monde entier. L'imposition des OGM, polarisent partout des

résistances, de plus en plus fortes et nombreuses. Force est de constater que la complicité des

autorités politiques, des marchés financiers et autres puissance multinationales, doublées des

injonctions néolibérales et donc pro-OGM des institutions sous-régionales, continentales et

internationales, continuent de protéger et de soutenir Monsanto et autres firmes de la transgénèse

et de l'agrochimie, au mépris de la souveraineté et des droits fondamentaux des peuples.

Face au pouvoir de ceux qui exploitent et pillent, corrupteurs et corrompus, la résistance s'organise

et s'intensifie ici et ailleurs. Elle prend forme et se synchronise partout. Les RIR OGM ont encore

démontré la nécessité de développer des liens entre tous les résistants, pour que le combat mené

contre les firmes et leurs alliés objectifs soit mené par une coalition mondiale, capable de résister.

Dans cette convergence des luttes réside l'avenir de nos victoires réelles sur les firmes agrochimiques

et leurs sbires.

Ainsi, l'assemblée des RIR OGM de Ouagadougou a exprimé son adhésion totale à la dynamique de

convergence internationale et, notamment, aux prochaines grandes manifestations contre

Monsanto : les marches mondiales contre Monsanto du 21 mai 2016 et le Tribunal International

Monsanto du 14 au 16 octobre 2016. Le 21 mai sera l'occasion pour les résistants du monde entier

d'exprimer avec force leur rejet des OGM et de la politique assassine du leader des semences OGM.

Ces marches permettent chaque année aux peuples du monde entier de faire pression sur les

pouvoirs publics et de faire entendre leur désir libre et salvateur d'un monde sans OGM. Le Burkina

Faso, hôte des RIR OGM, a pris l'engagement de marquer de son empreinte cette convergence des

luttes en organisant une mobilisation sans précédent dans la zone cotonnière de Houndé et en

organisant une grande sensibilisation, accompagnée d'une forte interpellation de l'INERA, du

47

ministère de l'Agriculture, du premier ministre et du président de l'Assemblée Nationale, à

Ouagadougou, capitale politique. L'assemblée des RIR OGM témoigne de toute sa solidarité avec les

organisations et les peuples qui marcheront en ce 21 mai, et notamment sur le continent africain, au

Ghana, au Kenya, en Namibie, en Mauritanie et en Afrique du Sud.

L'assemblée des RIR OGM a également pris l'engagement solennel de mettre tout en œuvre pour un

soutien actif au Tribunal International Monsanto d'octobre 2016 à la Haye (Pays-Bas) et exprimé le

souhait de tenir de nouvelles Rencontres Internationales des Résistances à cette occasion.

Conscients de la nécessité de sensibiliser les populations et les producteurs à un modèle agricole

alternatif contre les biotechnologies, un message d’espoir devant les catastrophes vécues et

annoncées des OGM sous toutes leurs formes, à travers le monde et notamment en Afrique,

l'assemblée des RIR OGM déclare que l'agroécologie est le seul modèle agricole capable de nourrir

durablement et sainement les populations, et s'engage à faire sa promotion partout où il le sera

possible.

Face à la volonté de Monsanto de dominer l'ensemble de l'alimentation africaine, de soumettre les

paysans africains, de compromettre l'indépendance, la santé et les écosystème du continent, les RIR

OGM ont permis de poser les bases du Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire (FASA). Ce

front a vocation à rassembler toutes les organisations et citoyens africains en résistance active contre

l'imposition des OGM et en mouvement pour la promotion de l'agroécologie, étant conscient qu'une

critique radicale doit s'accompagner d'une proposition alternative concrète. Ce front portera en

priorité la revendication commune de l'adoption d'un moratoire de 10 ans dans tous les états

africains. Cette revendication sera portée dans chaque pays à qui de droit, et auprès des institutions

sous régionales avec l'appui de toutes les organisations africaines en luttes.

Les organisateurs remercient en ce sens les délégués de tout le Burkina Faso, du Bénin, du Togo, de

Côte d'Ivoire, de la Guinée Conakry, du Niger, du Mali, d'Algérie, de France, de Bretagne et

d'Argentine, accompagnés des messages de soutiens et témoignages venus de France, d'Inde, de

Kanaky, d'Australie, de Nouvelle Zélande, du Nigeria, d'Afrique du Sud et du Ghana, les paysans,

organisations paysannes, scientifiques, parlementaire, citoyens libres, journalistes indépendants,

militants et résistants engagés, organisations de la société civile et collectifs en luttes des cinq

continents qui par leur grande implication aux RIR OGM, ont renforcé concrètement la convergence

des luttes.

Par la mise en commun des témoignages, des expériences et des analyses, il a été fait la

démonstration que les OGM sont un outil de soumission des paysans aux firmes agrochimiques,

qu'ils sont imposés aux citoyens sans leur consentement, qu'ils représentent une menace sanitaire

pour l'ensemble des populations, leurs impacts sur l'écosystème est extrêmement préoccupant parce

qu’incontrôlable et irréversible, enfin qu'ils mutilent les principes fondamentaux de l'éthique

humaine en brevetant et en faisant du vivant une propriété lucrative.

Convaincus que la convergence des luttes est nécessaire et urgente, pour bannir les OGM de

l'alimentation et de la production agricole humaine, pour bannir les produits associés à ces

48

cultures comme le Roundup à base de Glyphosate, qui attente à la vie des populations et de

l'écosystème ;

Convaincus que l'opposition frontale aux OGM doit s'accompagner d'une promotion forte de

l'agroécologie, comme alternative viable et durable ;

Convaincus que les marches mondiales contre Monsanto et le Tribunal International

Monsanto renforceront l'élan de convergences des luttes locales, régionales et

internationales ;

Convaincus que la communauté humaine dans son ensemble est menacée, que de ce fait,

paysans, scientifiques, citoyens libres, organisations paysannes et de la société civile doivent

unir leurs forces pour faire reculer les firmes agrochimiques et œuvrer pour leur

souveraineté alimentaire ;

Convaincus que l'agroécologie et l'agriculture paysanne sont les solutions d'avenir pour

nourrir l'ensemble de la planète, de manière viable et durable, dans le respect des peuples et

de l'environnement ;

Les paysans, paysannes, résistantes et résistants aux OGM, les délégués, scientifiques, militants et

citoyens libres réunis à Ouagadougou expriment une fois de plus leur solidarité avec toutes les

résistances aux OGM à travers le monde et renouvellent leur désir profond de les voir converger

concrètement et durablement ;

Renouvellent leurs engagements à construire un monde libérée de la brevetabilité et de la

privatisation du vivant, à défendre la préservation et la diffusion des semences paysannes,

reproduites et conservées depuis des millénaires ;

Expriment leur adhésion et leur soutien inconditionnel au Tribunal International Monsanto qui

permettra de mettre en lumière les violations de la firme ;

Expriment leurs solidarités aux marches mondiales contre Monsanto qui seront les lieux privilégiés

de l'expression populaire fertile face aux promesses stériles des assassins du vivant.

Pour une convergence des luttes ici et ailleurs œuvrant à la construction d'un monde sans OGM,

Pour une planète libérée des OGM et contre toute forme de brevetabilité du vivant,

Pour l'édification d'une souveraineté alimentaire concrète suivant les principes de l'agroécologie,

Pour l'indépendance, la santé et la dignité des peuples.

Fait à Ouagadougou, Burkina Faso, le 24 avril 2016. Les résistants et résistantes OGM des RIR OGM

du 22 au 24 avril 2016.

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Annexe 6 : Le Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire (FASA)

Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire

(FASA)

I- Clarification conceptuelle :

a) Front :

Un front c’est une coalition, un bloc, une union ou un regroupement d’associations pour un but donné.

b) Souveraineté alimentaire :

Selon Via Campesina, c’est le droit d’une population, d’une région ou d’un pays à définir sa politique agricole et alimentaire. Ainsi, la souveraineté alimentaire inclut :

- La priorité est donnée à la production agricole locale pour nourrir la population, l’accès des paysan(ne)s à la terre, à l’eau, aux semences et au crédit ; d’où la nécessité de faire des réformes agraires, de lutter contre les OGM pour le libre accès aux semences et à l’eau, et les garder comme un bien commun public ;

- Le droit des paysan(ne)s à produire des aliments et le droit des consommateurs à pouvoir décider ce qu’ils veulent consommer et par qui et comment l’aliment est produit ;

- Un protectionnisme rigoureux de nos productions locales par l’augmentation très sensible des taxes douanières sur les produits alimentaires importés ;

- La nécessaire participation des populations aux choix des politiques agricoles. La reconnaissance des droits des paysannes et transformatrices, qui jouent un rôle majeur dans la production agricole et l’alimentation ;

- Méfiance vis-à-vis des aides alimentaires stratégiques.

II- Etat des lieux :

1- Abondance des Ressources Naturelles mais inégalement réparties. 2- Opportunités de développement agricole : insuffisance d’exploitation des terres arables. Ex: Afrique sub-saharienne 700 millions ha supplémentaires cultivables(FAO). Faiblesses :

- Vulnérabilité au climat (agriculture pluviale) ; - Insuffisance d’expertises scientifique et juridique ;

50

- Une diminution de plus en plus accrue du nombre de fermiers et d’ouvriers agricoles due à l’exode rural.

3- Promotion exagérée des semences hybrides et OGM au détriment des semences paysannes locales traditionnelles. 4- Augmentation de l’utilisation des intrants et de la mécanisation non adaptée par la promotion de l’agriculture chimique (engrais et pesticides) :

- Agriculture industrielle ; - Accaparement des terres très préjudiciable aux populations locales exclues de fait des

décisions et de leurs droits fonciers non protégés ; - Dégradation des sols.

5- Insuffisance de garantie pour la conservation de l’environnement, la diversité biologique, la santé humaine et animale, les systèmes agraires et agro écologiques, et les systèmes sociaux et culturels les régissant. 6- Faiblesse et isolement de la recherche scientifique agricole :

- Financement de programmes de recherche nationaux inexistant ou faible ; - Programmes de recherche internationaux essentiellement tournés vers les besoins des

partenaires financiers extérieurs, loin des préoccupations locales d’où des portes d’entrée à la bio piraterie ;

- Très peu d’investissement de nos Etats pour recherche sur les ressources génétiques locales et leur amélioration ;

- Absence criarde d’intégration des résultats des recherches de nos universités dans le système de développement socio-économique.

7- Les orientations politiques et économiques : - Très peu de projets de développement et de promotion de l’agriculture paysanne et

familiale notamment en zones fragiles ; - Très peu de développement des infrastructures attractives dans les zones rurales.

8- Problématique du foncier agricole : gestion non transparente, accaparement des terres et exode rural. 9- Brevet/droit de propriété intellectuelle sur les semences : semences inaccessibles pour leur coût et l’interdiction de multiplication.

10- Climat d’investissement : insuffisance /absence en faveur de l’agriculture locale (recherche, irrigation, approvisionnement en énergie, infrastructures, vulgarisation...).

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11- Dépendance de plus en plus accrue à l’égard des importations : récentes crises alimentaires, énergétiques et financière, flambée des prix et restrictions aux exportations revues des pays producteurs. 12-Changement climatique. 13- Maladies, conflits. 14- Réformes institutionnelles : processus décentralisés, institutions pour renforcer le fonctionnement des marchés (réglementation, gestion du risque, information, cadre pour les organisations d’agriculteurs et les coopératives…).

III- Objectifs :

a) Objectif général : De manière générale, ce Front est mis en place du fait de la nécessité de mutualiser les forces, les luttes et les actions menées depuis la fin des années 90 autour des questions de souveraineté alimentaire. Il a pour objectif de formuler des recommandations et de mener des actions qui permettent une contribution collective et faire barrière à tous les facteurs handicapant la souveraineté alimentaire en Afrique (OGM, semences hybrides importées, accaparement des terres…).

b) Objectifs spécifiques :

- Mettre en place une stratégie africaine de souveraineté alimentaire et de développement agricole endogène ;

- Améliorer les coopérations entre toutes les régions de l’Afrique dans tous les domaines que sont : la recherche, le développement, la production et la commercialisation ;

- Installer une veille permanente africaine sur tout ce qui touche à la souveraineté alimentaire pour la formulation des plaidoyers et des propositions à l’échelle locale, nationale, régionale et continentale ;

- Mener des actions de lutte communes concernant les OGM, l’accaparement des terres, les pesticides, en général, et du glyphosate, en particulier ;

- Mener des actions de lutte convergentes ayant des cibles communes contre les Accords de Partenariat Economiques (APE) imposés par l’Europe à l’Afrique sans aucune concertation ni participation citoyenne de part et d’autre.

V- La législation : La coordination provisoire est chargée de faire des recherches en ce qui concerne les lois sur les semences (hybrides et OGM), les ressources génétiques, la sécurité alimentaire, le foncier, etc. en vue d’une concertation et d’analyses critiques en vue de leur amélioration.

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VI- La structuration :

- Coordination du FASA au Burkina Faso ; - Coordinations locales du front dans chaque pays africain ; - Coordination sous régionale ; - Coordination régionale.

Dans un premier temps, assurer une coordination collégiale avec les associations présentes aux RIR 2016 en tant que coordonnateurs nationaux, sous régionaux et régionaux et que la coordination africaine revienne pour l’instant au Burkina Faso en tant qu’organisateur des premières RIR. Ensuite, une des premières missions de cette coordination africaine sera de mettre en place les bases et les mécanismes des structures d’une coordination africaine plus formelle. Enfin, le CCAE devra prendre contact avec les responsables de l’AFSA en vue d’échanges et de partenariat avec le FASA.

VII- Le fonctionnement : La coordination africaine provisoire se charge du fonctionnement pour la mise en place d’une charte, des conditions d’adhésion et de participation au front qui seront discutées. Le front pourra profiter des sites des associations membres dans chaque pays pour la vulgarisation de ses actions.

VIII- les partenaires :

a) Les partenaires sociaux :

- Les associations et les réseaux, - Les collectivités locales, - Les groupements professionnels agricoles, - Les syndicats agricoles, - Les PME et PMI agricoles, - Les universités et les centres de recherche au niveau national.

b) Les partenaires financiers :

- Les organismes internationaux (FAO, UNICEF, …), - Tous les bailleurs qui répondent à la philosophie et aux objectifs du FASA, - Les Etats africains, etc.

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IX- Les stratégies de lutte :

a) A court terme : - Pour asseoir les bases du FASA et démontrer l’implication de tous les participants des

RIR au FASA, il serait opportun d’organiser en même temps que le déroulement du Tribunal International Monsanto (TIM) qui se déroulera à la Haye en octobre 2016, des actions et des luttes contre les OGM dans chacun des pays.

- Rendre visible le FASA dans chacune des organisations partie prenante par l’information :

page sur les sites des organisations et associations, rencontres d’information, et papiers de presse.

- Identifier et appuyer toutes les luttes contre les accaparements de terre, contre les

OGM, contre la privatisation de l’eau et du vivant, etc. - Identifier et appuyer toutes les initiatives allant dans le sens de la souveraineté

alimentaire : les initiatives agricoles agro-écologiques, biologiques, agriculture de conservation, agroforesterie, etc.

- Agir pour favoriser la convergence des luttes pour la souveraineté alimentaire en

Afrique.

b) Moyen terme : - Tout faire pour devenir crédible et passer au stade de plaidoyers envers les autorités

nationales, régionales et continentales. - Devenir un contre-pouvoir et une force de proposition envers les décideurs et les

législateurs pour renforcer les législations et les réglementations dans les pays concernant le contrôle des OGM, la protection des ressources génétiques et naturelles.

- Interpeler la communauté scientifique pour aller dans le sens du développement durable en Afrique et de promouvoir des projets de recherche sur l’agro écologie, la protection des ressources naturelles et une utilisation rationnelle et durable des ressources génétiques.