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L’INDUSTRIE MANUFACTURIERE AUX ETATS-UNIS Par C. Bonneau, T. Scriva-Marty et J. Anne-Braun Dernière mise à jour : mars 2018 Le poids du secteur industriel dans le Produit Intérieur Brut américain, et encore plus en ce qui concerne l’emploi, a baissé au cours des 15 dernières années. Si des signes d’amélioration ont pu être perçus après la crise de 2008-2009, ceux-ci sont limités et à associer à titre principal à l’amélioration du cycle conjoncturel aux Etats-Unis et à des facteurs exogènes plutôt qu’aux dynamiques propres au secteur industriel. LES CHIFFRES CLES Taux de croissance du secteur manufacturier en 2016 0,2 %/an Contribution du secteur manufacturier au PIB américain en 2016 11,7 % (2175 Mds USD) Salaire horaire moyen dans le secteur manufacturier en décembre 2017 21,14 USD Evolution du salaire hebdomadaire moyen entre T1 2016 et T1 2017 6,2 % Taux d’utilisation de l’appareil productif en décembre 2017 76,4 % Sources : US Census Bureau, Bureau of Labor Statistics, Réserve fédérale 1. L’industrie manufacturière 1 américaine représente 11,7% du PIB américain avec 2 175 Mds USD en 2016. Cela représente une part dans le PIB proche de celle observée en France (11,5%). La valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a progressé de 27 % entre 1999 et 2015, contre 37 % pour le PIB total. 2. Le secteur industriel a été fortement marqué par la crise, la part de l’industrie dans le PIB américain étant passée de 16 % en 1999 à 12 % en 2009. Depuis, cette part demeure stable, même si l’année 2016 a été marquée par un nouveau tassement avec une part qui est passée de 12 % à 11 %. 1 On entend par industrie manufacturière les industries de transformation de toutes formes de biens, ce qui exclut les industries extractives et la construction. Les dossiers – Etats-Unis French Treasury in the U.S. Le Service Economique Régional de l’Ambassade de France aux Etats-Unis L’essentiel de l’économie américaine

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Page 1: L’essentiel de l’économie américaine...L’INDUSTRIE MANUFACTURIERE AUX ETATS-UNIS Par C. Bonneau, T. Scriva-Marty et J. Anne-Braun Dernière mise à jour : mars 2018 Le poids

L’INDUSTRIE MANUFACTURIERE AUX ETATS-UNIS Par C. Bonneau, T. Scriva-Marty et J. Anne-Braun Dernière mise à jour : mars 2018

Le poids du secteur industriel dans le Produit Intérieur Brut américain, et encore plus en ce qui concerne l’emploi, a baissé au cours des 15 dernières années. Si des signes d’amélioration ont pu être perçus après la crise de 2008-2009, ceux-ci sont limités et à associer à titre principal à l’amélioration du cycle conjoncturel aux Etats-Unis et à des facteurs exogènes plutôt qu’aux dynamiques propres au secteur industriel.

LES CHIFFRES CLES Taux de croissance du secteur manufacturier en 2016

0,2 %/an

Contribution du secteur manufacturier au PIB américain en 2016

11,7 % (2175 Mds USD)

Salaire horaire moyen dans le secteur manufacturier en décembre 2017

21,14 USD

Evolution du salaire hebdomadaire moyen entre T1 2016 et T1 2017

6,2 %

Taux d’utilisation de l’appareil productif en décembre 2017

76,4 %

Sources : US Census Bureau, Bureau of Labor Statistics, Réserve fédérale

1. L’industrie manufacturière1 américaine représente 11,7% du PIB américain avec 2 175 Mds USD en 2016. Cela représente une part dans le PIB proche de celle observée en France (11,5%). La valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a progressé de 27 % entre 1999 et 2015, contre 37 % pour le PIB total. 2. Le secteur industriel a été fortement marqué par la crise, la part de l’industrie dans le PIB américain étant passée de 16 % en 1999 à 12 % en 2009. Depuis, cette part demeure stable, même si l’année 2016 a été marquée par un nouveau tassement avec une part qui est passée de 12 % à 11 %.

1 On entend par industrie manufacturière les industries de transformation de toutes formes de biens, ce qui exclut les industries extractives et la construction.

Les dossiers – Etats-Unis

French Treasury in the U.S. Le Service Economique Régional de l’Ambassade de France aux Etats-Unis

L’essentiel de l’économie américaine

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Le secteur manufacturier aux Etats-Unis Mars 2018

3. L’emploi manufacturier aux Etats-Unis représente 12,5 millions de salariés en 2017, soit 9% de l’emploi total (contre 14,5% en 2000). Il a fortement baissé de 2000 à 2017 avec une perte du tiers (29 %) de ses effectifs (5,4 millions d’emplois), alors que l’emploi (tous secteurs confondus) a augmenté de 10 %. La crise a joué un rôle d’accélérateur des destructions d’emplois avec 2 millions d’emplois perdus sur la période 2007-2010.

Les filières TIC et automobile se distinguent par leur dynamisme

4. Le dynamisme le plus fort est observé sur le segment de l’informatique et des produits électroniques (1,5% du PIB), dont la croissance a été proche de 4% par an en valeur depuis 2000. Ces produits technologiques représentent dorénavant 15% du secteur manufacturier contre moins de 6% en 2000. Entre 2000 et 2015, la valeur ajoutée de l’industrie informatique et technologique a été multipliée par 3 alors que le reste de l’industrie manufacturière progressait de 7%.

5. Le secteur automobile (0,9% du PIB) s’est redressé depuis la crise de 2008. Entre 2006 et 2009, 300 000 emplois avaient été détruit, soit 30% des emplois de la filière automobile, et la valeur ajoutée du secteur avait chuté de 64% sur cette même période. Grâce à l’effet conjugué de l’action du gouvernement fédéral et du retour de la demande, l’emploi et la production ont depuis retrouvé leur niveau d’avant-crise, même si certains effets de la crise continuent de se faire sentir : baisse du salaire réel en 15 ans. Depuis leur sauvetage en 2009 par l’administration Obama, pour un montant total de 900 Mds USD, les grands constructeurs américains ont chacun renoué avec le profit. La filière automobile emploie, selon le Bureau of Labor Statistics, 944 900 salariés, dont 61% par les fournisseurs et équipementiers.

6. D’autres secteurs sont en stagnation, voire en recul, comme la métallurgie, dont la valeur ajoutée a baissé de près de 8% en 5 ans. L’emploi dans la sidérurgie est passé de 135 000 à 83 000 salariés en 15 ans. On peut citer également le secteur des machines industrielles, qui stagne depuis 5 ans à moins de 1% de croissance annuelle, ou encore la pétrochimie, affectée depuis 2012 par la baisse du cours du pétrole.

La géographie industrielle

7. L’emploi industriel aux Etats-Unis est concentré sur certains Etats. Les cinq Etats où la prégnance de l’emploi industriel (en mars 2017) est la plus forte sont l’Indiana (16,8%), le Wisconsin (16,1%), le Michigan (13,8%), l’Iowa (13,3%) et l’Alabama (13,3%), alors qu’au contraire d’autres Etats (District de Columbia, Hawaï, Nevada, Wyoming, Nouveau Mexique) ont une part de l’emploi marginal dans le secteur manufacturier.

La part de l’emploi manufacturier dans

l’emploi local en 2017

Sources : Bureau of Economic Analysis tel que repris par la National Association of Manufacturers, mars 2017

8. Le secteur manufacturier s’est partiellement relocalisé du Nord-Est vers le Sud des Etats-Unis. La Rust Belt, zone du Nord-Est des Etats-Unis (du Wisconsin à la Pennsylvanie) marquée par une concentration historique de ses activités dans le secteur manufacturier, a été affectée par un fort déclin de la production industrielle et de l’emploi manufacturier dès les années 50. La part du secteur manufacturier dans la valeur ajoutée de la région est passée de 45% en 1969 à moins de 20% après la crise de 2009. Les industries phares de la Rust Belt se sont progressivement détournées de la région, à commencer par l’automobile, ce qui a partiellement bénéficié aux Etats du Sud-Est (de l’Alabama à la Caroline du Sud). Le Sud a misé sur une politique de restriction des droits syndicaux (right-to-work) afin d’attirer des entreprises manufacturières américaines et étrangères, et est aujourd’hui le premier foyer d’emploi dans les industries avancées, même si une grande partie de cette région reste en phase de transition d’une économie agricole vers une économie industrielle.

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Le secteur manufacturier aux Etats-Unis Mars 2018

LE REBOND INDUSTRIEL OBSERVE DEPUIS 2008 EST A ASSOCIER AUX FACTEURS CONJONCTURELS ET EXOGENES

9. Le repli tendanciel de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée a des causes structurelles profondes mais qui restent débattues. Certains économistes comme Paul Krugman mettent en avant le progrès technique, qui a permis l’automatisation de certaines activités manufacturière aux Etats-Unis. Pour d’’autres économistes, comme Martin Baily (Brookings), c’est principalement la concurrence de l’offre industrielle issue d’autres territoires qui a eu pour conséquence le redéploiement de l’emploi industriel à l’échelle mondiale avec la fermeture de sites de production sur le territoire américain et la délocalisation de sites à l’étranger. Ces redéploiements ont notamment bénéficié aux pays pour lesquels les règles d’échanges commerciaux avec les Etats-Unis se sont assouplies, comme le Mexique depuis les accords Alena ou encore la Chine depuis les années 2000. Depuis les années 2000, plus de 4 000 entreprises industrielles ont fermé. 10. Depuis le creux de la crise, la production industrielle américaine a rebondi de 20 % et dépasse aujourd’hui son niveau d’avant crise (ce qui n’est pas le cas de l’industrie dans la zone euro). Depuis 2010, l’emploi dans le secteur manufacturier est en hausse, progressant de plus d’un million d’unités (soit 1,3% d’augmentation par an en moyenne contre 1,8% pour l’emploi total) 11. Ces résultats sont dus en partie à une amélioration de la compétitivité de l’industrie américaine. La productivité (valeur

ajoutée par heures travaillées) du secteur manufacturier américain a augmenté en moyenne de 4% par an depuis 2000 (contre moins de 3% en France) malgré une croissance plus faible depuis 2007 (+2% par an). 12. L’industrie américaine a bénéficié des nouvelles technologies (advanced manufacturing). La diffusion de ces technologies (big data, objets connectés, cloud computing) dans la chaîne de production traditionnelle et l’émergence de nouveaux outils de production ont contribué à la réduction du coût de production et à une plus grande flexibilité des unités. Parmi ces outils, on peut citer l’impression 3D, qui bénéficie d’une forte implication de l’Etat fédéral (Department of Defense) et de grands groupes comme General Electric. Une étude d’A.T.Kearney prédit la création de 3 à 5 millions d’emplois qualifiés aux Etats-Unis dans les dix prochaines années grâce à l’intégration de l’impression 3D dans l’industrie. 13. La bonne performance de l’industrie américaine par rapport à celle de la zone euro s’explique aussi par des facteurs macroéconomiques et exogènes. En premier lieu, le taux de change effectif du dollar s’est sensiblement déprécié entre 2002 et 2014. Ensuite, la forte baisse des prix de l’énergie aux Etats-Unis due au développement des gaz et pétrole de schistes a contribué au redressement de la compétitivité de l’industrie américaine. Enfin, le rattrapage salarial progressif de pays à bas coûts comme la Chine a pu renforcer à la marge l’attractivité des Etats-Unis pour les activités à moyenne et haute valeur ajoutée, un flux qui reste faible en comparaison des relocalisations depuis la Chine vers le Sud-Est asiatique (Peterson Institute, 2015).

Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique Régional des Etats-Unis. Clause de non-responsabilité Le Service Économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Ce document a été élaboré sous la responsabilité de la direction générale du Trésor et ne reflète pas nécessairement la position du ministère de l’Économie et des Finances.

Editeur : Service Economique Régional des Etats-Unis Ambassade de France aux Etats-Unis

4101 Reservoir Road, Washington, DC 20007 1700 Broadway, 30th fl, New York, NY 10019 88 Kearny Street, Suite 600, San Francisco, CA 94108 777, Poat Oak Blvd, Suite 600, Houston, TX 77056

www.frenchtreasuryintheus.org Directeur de la publication : Renaud Lassus Revu par : Jonas Anne-Braun, Thibault Guyon