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SIÈGE SOCIAL" MONTRÉAL, NOVEMBRE 1950 L’AGRICULTURE DANS L’ÉCONOMIE DU CANADA L E travail de la ferme touche chacun de nous, non seulement parce qu’il nous fournit notre nourriture quotidienne mais parcequ’ilest à la base d’une infinité d’industries, de commerces et de métiers au Canada. L’agriculture est la plus importante et la plus com- plète de nosindustries. Elle emploie et fait vivre un ~ uartde notre population. Le bien-être économique e toute la nation est affecté parles changements dans le revenu de la ferme et dans son pouvoir d’achat. Lescitadins ontdesopinions assez curieuses surla vie à la campagne. Ils voient un fermier demeurant dans sa propre maison, sans loyer à p.ayer, produisant une grande partie de sa propre nourriture. Il estlibre de travailler ~uand et comme il lui plaît. Il n’a jamais a craindre d’etre sans emploi. Tout cela estvrai, mais l’impression estbien dif- férente si noussuivons un fermier, mêmeprospère, tout au long des heures. Le succès dans la cttlture est le résultat d’un clair jugement, d’une habile adminis- tration et de beaucoup de dur travail. L’homme dans la fermeest la forcequi soude la terre et l’équipement en uneunité p.roductive. Il ~ré- pare larotation de ses cultures, vealle à lafertilite de son sol,équilibre son programme" d’élevage avec la nourriture disponible, contrôle lesdépenses, emploie la main-d’oeuvre et la machinerie avec efficacité, et trouve ses marchés. C’est là uneaffaire complexe. Leschangements sur- venus dans l’agriculture durant une seule génération sontétonnants. Le fermier d’aujourd’hui doit être capable d’employer et de maintenir une machinerie puissante, d’engager et de surveiller la main.d’oeuvre, d’obtenir et d’administrer d’importantes sommes d’argent, de contrôler lesdépenses, de balancer sage- menttoutes les phases des affaires de sa ferme, et d’userde sa propre énergie physique comme l’ont fait ses pères. Le Marché du Fermier De mêmequ’elle està la base de toute autre pros- périté, l’agriculture dépend aussi de toute autre indus- trie pour son état de bien-être. Alors seulement que l’emploi està un haut niveau, que la production est abondante et qu’il existe autour d’elle un important pouvoir d’achat, la culture peut être avantageusement poursuivie. En raison des limitations du marché local, lesfer- miers Canadiens’ comptent sur le commerce d’expor- tation. Toute tentative de garder leurs revenus a un niveau élevéexige des exportations constantes de 20 à 400-/0 de leur production. Lesfermiers sont in- téressés grandement, non seulement dans le fonc- tionnement normal de l’économie Canadienne, mais aussi dans celuid’un monde économique étendu, et parconséquent dansla paixmonAiale. Cela présente l’un desproblèmes lesplus complexes. Il est facile de dire "plus on achète d’autres pays, plus ils peuvent acheter de nous". Mais ce que nousleur rendons dépend des aubaines que nous offt.ons. Nos prixdoivent êtreau mêmeniveau que ceuxdemandés dansle monde entier, et nous sommes ainsi obligés de garder lesnôtres aussi bas que possible, si nous voulons réaliser un revenu netsatisfaisant. Il y a plusieurs pays, s’ils en avaient le pouvoir d’achat, où le blé ç~anadien et notre viande, et nos fruits, pourraient êtreconsommés avecavantage. En faire de réels marchés estle butde diverses sections de l’Organisation des Nations Unies, ainsique du programme en quatrepointsdu Président Truman, puis des dons et des prêts accordés si généreusement parle Canada. Les Fermes du Canada L’agriculture n’était pasconsidérée comme la prin- cipale activité économique du Canada jusqu’il y a relativement peu de temps. Lesopportun!tés profitables et attirantes du Canada étaient de différentes autres natures, généralement commerciales. Mais lorsque le dernier recensement futétabli il indiqua que39 ~our cent desmanufactures et desusines Canadiennes etaient engagees dans l’uti- lisation ou la transformation desproduits de la ferme.

L’AGRICULTURE DANS L’ÉCONOMIE DU CANADA

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SIÈGE SOCIAL" MONTRÉAL, NOVEMBRE 1950

L’AGRICULTURE DANS L’ÉCONOMIE DU CANADA

LE travail de la ferme touche chacun de nous, nonseulement parce qu’il nous fournit notre nourriture

quotidienne mais parce qu’il est à la base d’uneinfinité d’industries, de commerces et de métiers auCanada.

L’agriculture est la plus importante et la plus com-plète de nos industries. Elle emploie et fait vivre un

~uart de notre population. Le bien-être économiquee toute la nation est affecté par les changements dans

le revenu de la ferme et dans son pouvoir d’achat.

Les citadins ont des opinions assez curieuses sur lavie à la campagne. Ils voient un fermier demeurantdans sa propre maison, sans loyer à p.ayer, produisantune grande partie de sa propre nourriture. Il est librede travailler ~uand et comme il lui plaît. Il n’a jamaisa craindre d’etre sans emploi.

Tout cela est vrai, mais l’impression est bien dif-férente si nous suivons un fermier, même prospère,tout au long des heures. Le succès dans la cttlture estle résultat d’un clair jugement, d’une habile adminis-tration et de beaucoup de dur travail.

L’homme dans la ferme est la force qui soude laterre et l’équipement en une unité p.roductive. Il ~ré-pare la rotation de ses cultures, vealle à la fertilite deson sol, équilibre son programme" d’élevage avec lanourriture disponible, contrôle les dépenses, emploiela main-d’oeuvre et la machinerie avec efficacité, ettrouve ses marchés.

C’est là une affaire complexe. Les changements sur-venus dans l’agriculture durant une seule générationsont étonnants. Le fermier d’aujourd’hui doit êtrecapable d’employer et de maintenir une machineriepuissante, d’engager et de surveiller la main.d’oeuvre,d’obtenir et d’administrer d’importantes sommesd’argent, de contrôler les dépenses, de balancer sage-ment toutes les phases des affaires de sa ferme, etd’user de sa propre énergie physique comme l’ontfait ses pères.

Le Marché du Fermier

De même qu’elle est à la base de toute autre pros-périté, l’agriculture dépend aussi de toute autre indus-

trie pour son état de bien-être. Alors seulement quel’emploi est à un haut niveau, que la production estabondante et qu’il existe autour d’elle un importantpouvoir d’achat, la culture peut être avantageusementpoursuivie.

En raison des limitations du marché local, les fer-miers Canadiens’ comptent sur le commerce d’expor-tation. Toute tentative de garder leurs revenus a unniveau élevé exige des exportations constantes de20 à 400-/0 de leur production. Les fermiers sont in-téressés grandement, non seulement dans le fonc-tionnement normal de l’économie Canadienne, maisaussi dans celui d’un monde économique étendu, etpar conséquent dans la paix monAiale.

Cela présente l’un des problèmes les plus complexes.Il est facile de dire "plus on achète d’autres pays, plusils peuvent acheter de nous". Mais ce que nous leurrendons dépend des aubaines que nous offt.ons. Nosprix doivent être au même niveau que ceux demandésdans le monde entier, et nous sommes ainsi obligésde garder les nôtres aussi bas que possible, si nousvoulons réaliser un revenu net satisfaisant.

Il y a plusieurs pays, s’ils en avaient le pouvoird’achat, où le blé ç~anadien et notre viande, et nosfruits, pourraient être consommés avec avantage. Enfaire de réels marchés est le but de diverses sectionsde l’Organisation des Nations Unies, ainsi que duprogramme en quatre points du Président Truman,puis des dons et des prêts accordés si généreusementpar le Canada.

Les Fermes du Canada

L’agriculture n’était pas considérée comme la prin-cipale activité économique du Canada jusqu’il y arelativement peu de temps.

Les opportun!tés profitables et attirantes du Canadaétaient de différentes autres natures, généralementcommerciales. Mais lorsque le dernier recensementfut établi il indiqua que 39 ~our cent desmanufactureset des usines Canadiennes etaient engagees dans l’uti-lisation ou la transformation des produits de la ferme.

En retour, les fermes du Canada représentent unmarché potentiel immense pour les produits indus-triels. Les estimes, bases sur le recensement, montrentque pratiquement la moitié du marché canadien pourles produits des manufactures urbaines est assurée parles fermiers.

Où ~ont situées ces fermes, et à qui appartiennent-elles? Le tableau suivant, compilé au moment du recen-sement, nous en raconte l’histoire:

Pourcentage par province des fermes et des biens fonciersexploités au Canada par leurs propriétaires ou par des loca-taires:

La question financière à la ferme

Les bons cuitivateurs ont peu de diflicultés, aujour-d’hui, avec leurs finances. Une trésorerie convenable,en ce qui a trait à l’existence des crédits à longs ou àcour:s termes, peut avoir un effet important dans lesuccès ou l’insuccès, mais les sources de crédit sontnombreuses. Les banques à charte canadiennes four-nissent une partie importante du crédit à courts ~ermesemployé par les cultivateurs. Leur gérant de succursalelocale connait la situation personnelle et financièredes fermiers locaux, et les avances sont facilementconsenties.

En parlant de crédit, il est bon dïnsistir sur lavaleur d’une réelle évaluation par le fermier de sesbesoins, de ses capacités de remboursement, et de lasource la plus économique de crédit pour répondre àsa situation. Un credit trop facile doit être évite s’ilentraîne des risques excessifs, et le fermier devraitconsulter son banquier, ou quelqu’un d’autre égale-ment familier avec les conditions variees de l’agri-culture tout autant qu’avec la situation locale, avant deprendre des décisions.

Mais les crédits doivent être utilisés judicieusement.Des crédits pour fins productives sont justifiés lors-qu’après un calcul minutieux et conservateur lesrevenus en perspective s’élèvent ~ plus que le coûtde revient.

Il faut mentionner à ce sujet que le recensement de1946 indique 81 pour cent en moins de dettes garan-ties par des liens dans les provinces des prairies quedix ans auparavant, et le nombre de fermes rapportantdes dettes couvertes par des hypothèques et despromesses de vente est tombe de 120,318 à 66,846.

Cela, ~.ar conséquent, reflète une ~ériode de revenusplus facales à la ferme. La prospérite et le bien-être desfermiers ne dépend pas du fait que l’agriculture reçoitune proportion quelconque du revenu national, maisbien d’un gain régulier et raisonnable de la classeouvrière.

Il est impossible de mentionner un chiffre qui repré-sentera le revenu net d’un fermier, car il varie avecchaque région et chaque ferme, et d’année en année.Les estimés, cependant, sont intéressants.

L’argent comptant provenant de la vente des pro-duits de la ferme constitue la plus importante sourceet représente,les revenus bruts de tous les produitsvendus~ évalues aux prix reçus par les cultivateurs. Ilsont atteint un chiffre sans précédent, en 1948, quidiminua quelque peu en 1949 ~ $2,457 millions. Etvoici d’intéressants détalls, tirés des Statistiques Som-maires de la Banque du Canada, sur la composition dece revenu total.

Mécanisation

Le développement de la machinerie en vue dëpar-gner la main d’oeuvre a été une grande caractéristiquede l’agriculture Canadienne. Quiconque jette un regardaujourd’hui sur la moyenne des fermes Canadiennesest émerveillé en pensant que ce n’est qu’en 1837 q[ueJohn Deere a fabriqué sa première charrue en acieravec une vieille lame de scie.

Comme nous approchons de la moitié du 20èmesiècle, une inspection des changements technologiquesdans la vie de la ferme semble indiquer que ses habi-tants en ont bénéfcié. Les effets n’ont pas tous été bons,mais le niveau de vie des fermiers s’est amélioré dansla plupart des endroits où les plus grands change-ments ont été effectués.

En 1901 la valeur totale de la machinerie dans lesfermes canadiennes était de $108,665,502, unemoyenne par ferme de $213 et par acre de $1.71. Envingt ans, le total avaitaugmenté jusqu à $665,180,416,la valeur par ferme s était accrue à $935 et la valeurpar acre etait de $4.72. Dans les dix ans précédant1948, les fermiers canadiens ont dépensé plus de$740 millions de dollars en machinerie et équipe-ment; dans la seule année I948, ils ont dépensé $237.par ferme en moyenne.

La transformation dans l’agriculture du Canada,due à ces changements successifs dans le travailmanuel remplacé par celui du cheval, puis par lamachinerie, signifie beaucoup plus quune simpleeconomie de main d Oeuvre. Elle a transtormé la fermecanadienne et fait d’un endroit où des produits diversne visaient qu’à l’usage familial, une entreprise à pro-duction spécialisée pour le marché.

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Le problème du fermier semble être celui de re-chercher une sage moyenne entre trop et pas suffisam-ment d’équipement, tout en conservant en mémoireles revenus en perspective. Le choix de chaque outilentraîne un calcul attentif.

L’usage efficace de la machinerie est de la plusgrande importance pour réduire le prix de revtent,et par conséquent augmenter le profit. C’est tout autantgaspiller d’employer de la machinerie inutile que dene pas avoir la machinerie suffisante. C’est du gaspil-lage également lorsque la machinerie n’est pas con-venablement protégée des intempéries.

Fermes Familiales

La culture au Canada est, pour la plupart, de la cul-ture de famille. Tout le monde dans la ferme contribueau programme de travail général et toutes les activitéséconomiques et sociales sont partagées en commun.

Cet idéal de produire pour répondre aux besoinsd’une famille ordinaire, de bâtir une souche familialeet de la perpétuer par une succession prospère et pro-ductive, est l’un des plus grands facteurs susceptiblesd’ajouter de la dignité dans la vie de famille. Nulleméthode artificielle n’est nécessaire .pour grouper etunir les membres d’une famille fermiere. Dans nulleautre sphère de la vie ne trouvons-nous les deux sexesaussi indispensables pour le bien-être de chacun qu’ilsle sont à la campagne.

Les fermiers sont en tant que classe, plus indépen-dants que toute autre classe importante. La grandemajorité d’entre eux sont leurs propres employeurs,à la tête d’entreprises indépendantes.

Grande ou petite Ferme?

Quelle dimension de la ferme est requise pour per-mettre l’usage effectif de la main d’oeuvre familiale etpour procurer un minimum convenable de train de vie?Il n’y a que des guides généraux.

Le nombre d’acres en culture n’est pas la preuvefinale d une production efficace. Plus de capital peutêtre investi et plus de main-d’oeuvre employee sur dixacres cultivés intensivement que sur mille actes ex-tensivement cultivés, avec les mêmes bons revenus.L’évidence semble montrer que les fermes exploitéespar une famille, qui sont assez grandes pour utiliserun équipement épargnant de la main-d’oeuvre etd’autres techniques améliorées, peuvent ordinaire-ment rivaliser effectivement, en autant qu’il s’agit deprocurer un bon train de vie, avec les terres de plusgrandes dimensions.

Aucun articie publié par cette Banque, qui a toujourseu à coeur l’usage sage des ressources naturelles duCanada, ne serait complet sans la mention de conser-vation. Tous les revenus provenant des opérations dela ferme sont obtenus par le moyen des recoltes et dubétail, et le sol est la source fondamentale de leur pro-duction. Le rapport de revenu depend largement dela terre employee pour les fins pour lesquelles elle estle plus appropriée.

Une terre rude et rocailleuse peut user le coeur etépuiser le compte de banque de l’homme qui essaiede la cultiver pour récolter, mais peut produire de

bons revenus lorsqu’elie est employée comme pâ.turageou comme boise. Une autre terre peut proautre cesplants sans vigueur ou des plants man¢~uant de qualitésnutritives, I~arce que ses éléments minéraux ont étéepmses par des recoltes repetees, ou par des erosaons...,Cette terre peut être ramenee ~ une bonne producttvateen suivant un plan de fertilisation à long terme, unsage assolement et une culture rationnelle. Les fer-miers ont compris qu’une augmentation de revenuspeut être obtenue par l’usage de fertilisants. Les ventesîte matières fertil[santes et de mélanges en usage auCanada ont augmenté de 170,000 tonnes, en 1927,à 742,000 tonnes en 1949.

Pour un travail plus ]acile

De quelque façon ~u’il soit accompli, le travail dela ferme est un travad dur. Le fermier se doit a lui-même de le rendre aussi facile et aussi efficace quepossible.

L’aménagement général de la ferme peut être faitde manière à epargner du terrain et du travail, et enmême temps à augmenter la marge très désirable entrele coût de revient et le r,~venu brut.

Avant de s’engager profondément dans l’achat de lamachinerie destinée à diminuer la main-d oeuvre, lefermier devrait calculer attentivement son prix et leséconomies qu’il espère en obtenir. Lorsque l’achatest fait, la dépréciation, les réparations et l’assurancedeviennent des charges annuelles.

L’une des plus importantes causes de gaspillaged’énergie est le manque de bâtisses convenables et lemauvais aménagement de celles qui existent.

Des revues et des volumes agricoles procurent

~elusieurs suggestions pour le bon rendement de larme. Aucun homme ne peut prendre une formule

toute faite et l~ap, pliquer à sa propre ferme, mais lessuggestions generales peuvent être adaptées et ajus-tées de façon à répondre ~ certaines circonstancesparticulières.

Toute personne intéressée dans la littéramre traitantdes travaux_de la ferme devrait écrire ~ son ministèreprovincial d’agriculture ou aux autorités fédérales.

Les applications de la Science

La science est ~ portée de la main, également, pouraider le fermier. Tous les gens de la ferme, et sonéconomie générale, bénéficieront des découvertes dessavants et des développements technologiques qui endécoulent.

L’occupation du fermier se rapporte ~ la manipula-tion de la nature, et la nature ne souffre pas de change-ment radical de ses manières habituelles; elle ne peutpas être dupée ou trompée. Dans les temps anciens,les fermiers se laissaient guider par la superstition;aujourd’hui, aux questions que pose.la culture il estrépondu par deshommes qui ont resolu ces problèmesaprès des recherches dans les Ecoles d’agriculture etdans les stations d’experimentation. Il existe 29 fermeset stations expérimentales, 64 sous-stations, et 9 suc-cursales de laboratoires. Les collèges d’agriculture

ont des agences par lesquellesAdes renseignements surtout genre de ferme peuvent etre obtenus. Il y a desspécialistes en agriculture, des agronomes de comtéet de district spécialement entraînés dans Fagriculturespéciale de la localité dans laquelle ils servent.

L’administration d’une ferme nécessite la réunionde principes et de faits de plusieurs sources. Elle exigeune connaissance des sciences économiques fonda-mentales, de diverses sciences naturelles, et de sciencesappliquées telles que l’agronomie et l’élevage. Il fautque le fermier ajuste son travail de la ferme avec lesconditions changeantes du sol et du climat; il fautqu’il ait en mémoire les besoins du marché, ses dé-penses et le développement de sa ferme pour répondreaux besoins de l’année suivante.

Il n’existe pas de plans préparés d’avance pour cegenre d’administration efficace. Une réflexion sérieusebasée sur une information solide, et un programmetenant compte des ressourcesde la ferme et des possi-bilités franchement envisagees, -- voilà l’essentield’une bonne administration.

Comment l’appliquer est l’affaire personnelle dechaque fermier.

Une bonne comptabilité peut aider

L’une des meilleures aides à l’administration est unebonne comptabilité. Une tenue de livres incomp.lètedans les affaires urbaines est supposée être la raasonde plus de faillites que toute autre deficience en affaireset on peut sûrement attribuer une proportion égale defaillites agricoles et de succès médiocres à la mêmecause.

Il n’y a pas de système simple applicable à toutesles fermes, parce que chaque cultivateur a ses propresidées de travail, d’aide et d’ambition. Le système de laplus importante utilité est celui qui renseigne le mieuxchaque fermier sur sa propre affaire, sans lui demandertrop de son temps. Une telle comptabilité lui mon-trera non seulement le résultat total de son année deculture, mais la part attribuable, dans les profits oudans les pertes, à chaque entreprise.

Il y a des formules spéciales pour aider les fermiersdans la préparation d’un budget de ferme, disponiblesgratuitement à la Division Economique du Ministèrede l’agriculture, à Ottawa. Un "Livre de Comptabilitédu Fermier", fournissant une méthode simple etpratique de tenir les comptes de la ferme, est publiépour distribution gratuite par la Banque Royale duCanada. Il peut être obtenu sur demande à une suc-cursale locale, ou au Siège Social. Un autre de "Pro-duction du Lait" est offert par la Banque aux posses-seurs de troupeaux laitiers. Des dépliants sur les lotsde bois et leur conservation peuvent être obtenuségalement sans frais.

La Manière de vivre à la Ferme

La façon de vie de chacun peut être ce qu’il désirequ’elle soit; le problème ensmte est d’y parvenir. Pourla plupart des gens il semble que le fermier a plus dechance d atteindre le niveau de vie qui lui plaft que laplupart des citadins. Un grand nombre de choses

après lesquelles l’homme des villes soupire sont desplus faciles pour le fermier, non pas passagères et’superficielles, mais réelles dans la vie de chaque jour.

La Nature, avec laquelle la famille agricole est en siétroit contact, est simplement sincère. Il existe, de cefait, beaucoup moins d’aspects artificiels dans la com-munauté rurale. Les relations amicales y naissent d’ungoût personnel et nul sentiment ne peut être simulé.Le fermier a coutume de dire ce qu’il pense et pense cequ’il dit.

Mais la ferme ne peut retenir la jeunesse si la vie dela communauté n’y est pas attrayante, la vie socialenullement agréable, et si les revenus n’y sont pas com-parables à peu près à ce qu’ils pourraient être dans lesvilles, pour jeunes filles et jeunes hommes. Il fautégalement qu’il s’y trouve des occasions de distrac-tions intellectuelles et artistiques, qu’il y existe desfacilités d’instruction, d’éducation et que la santé ysoit protégée et surveillée.

Beaucoup a été fait depuis un quart de siècle, parl’introduction de la livraison du courrier rural, dutéléphone, des automobiles et de la radio, pour em-

~eêcher l’isolement trop grand des habitants de larme. L’Eglise, comme toujours, a ete le centre d’une

honnête vie sociale, de l’entr’aide mutuelle, et l’écoleest devenue, dans des milliers de localités, le foyerdes améliorations et des projets d’avenir.

Cultiver est une manière de vivre, tout comme unautre genre de commerce. Beaucoup de maisons deferme, quoique n ayant peut-être que bien peu d’attraitphysique, sont les centres où les jeunes, et les plusâgés aussi jouissent de ce qu’il y a de, plus precleuxdans la vie de famille. Il existe un caractere de noblessechez l’homme en contact étroit avec la nature.

Il y a des difficultés. Depuis les pionnier», la culturea toujours exigé une somme exceptionnelle d’effortsindustrieux, d’économie et de vitalité. Les gens setrompent qui pensent que parce qu’ils ont lu déjàqu’une poule pondait 300 oeufs et qu’une vache pro-duisait 10,000 pintes de lait par annee, la culture estun ouvrage facile. La vie dans la ferme est, en réalité,un long point d’interrogation entre une récolte et lasuivante. Il y a toujours de nouvelles inquiétudes. Lefermier doit faire ses projets pour l’année qui vientavant que la récolte de l’année courante soit mois-sonnée, et pour celle d’après, et pour une autre encore.Il doit accomplir aujourd’hui un travail fatigant sansl’espoir d’un résultat tangible d’ici des annees à venir.

L’agriculture n’est pas statique, mais vive. Le fermierest un homme versatile et plein de ressources, capablede décider ce qu’il aura à faire plus tard, tout en subis-sant la pression de ses devoirs présents. Son travailest plus varié, il connaît plus d’initiative et de directionpersonnelles que celui d’un artisan ou d’un contre-maître de la ville. Et tout, à la campagne, est accom-pagné d’une très ancienne et constante simplicité de but.

Il y a autant de dignité à labourer un champ qu’àécrire un poème; le fermier, plus que tout autre surterre, prend comme associés la terre, le vent, lesnuages et les rayons de soleil.

IMPRIMÉ AU CANADApar La Banque Royale du Canado