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L’identité culturelle en mouvance… et en danse Les 24 et 25 avril prochains, le stu- dio de l’Agora de la danse sera l’hôte de Territoires en mouvance, un évé- nement qui réunira des artistes et des théoriciens d’ici et d’ailleurs en vue de réfléchir aux multiples enjeux de l’identité culturelle. Placées sous le haut patronage de l’UNESCO et diri- gées par Andrée Martin, professeure au Département de danse, ces ren- contres internationales se veulent aussi une occasion unique, pour le grand public, de s’ouvrir à différentes formes d’expression, de sensibilités et de transmission des idées, à l’heure du métissage culturel et de la mon- dialisation. «L’identité culturelle se construit et se modifie à partir d’une multitude d’expériences. Tel un prisme, ses dif- férentes facettes peuvent être abor- dées sous plusieurs angles», souligne Mme Martin. Certes, on peut le faire par des exposés théoriques pointus mais… ce n’est pas là l’objectif de ces rencontres pluridisciplinaires. «L’idée, c’est plutôt de permettre à des créa- teurs et des penseurs d’échanger sur la question en utilisant une variété de canaux de communication. L’événe- ment repose sur cette conviction que l’on apprend tout autant sur l’identi- té culturelle à travers la performance d’un danseur, la lecture d’une nou- velle, la contemplation d’un tableau ou le regard d’un cinéaste que par une présentation académique clas- sique.» Ouverture à l’Autre La programmation de Territoires en mouvance s’avère ainsi des plus éclec- tiques, à la fois par la diversité des points de vue et le fait que toutes les interventions auront une dimension de démonstration : exposition vir- tuelle, extraits de documentaires, per- formance en direct, etc. Ainsi, au nombre des conférenciers invités fi- gure Joël Desrosiers, psychiatre, poète et essayiste d’origine haïtienne, qui traitera des identités postcoloniales et dont l’exposé sera suivi d’un docu- mentaire sur la vie et l’œuvre de Frantz Fanon. S’il est vrai qu’une image vaut mille mots, on sera choyé côté choc des cultures, brassage des genres et ouverture à l’autre avec la présenta- tion de Because I sing. Ce documen- taire anglais relate l’expérience d’un metteur en scène flamand qui a réuni, au sein d’un même spectacle, des chorales atypiques regroupant no- tamment des gays et…. des juifs has- sidim! Les participants auront égale- ment droit à une intéressante conférence-performance de Paul- André Fortier : «Paul a désormais dé- passé la cinquantaine. Dans notre société, il n’est plus considéré ni comme un danseur ni comme un chorégraphe mais comme un homme qui danse. Au lieu d’être là planté à le dire, il va le montrer, avec tout son ta- lent». L’identité culturelle se construit et se transforme tout autant par les voyages intérieurs que par les mou- vements migratoires des populations. Aussi, parmi les conférenciers invités, retrouve-t-on l’écrivaine Spôjmaï Zariab qui présentera l’une de ses nouvelles et discutera de son statut de femme afghane exilée. S’ajouteront, entre autres, la projection d’Âme noire, un court métrage d’animation sur l’histoire du peuple noir améri- cain, ainsi qu’une improvisation de danse sur La légende de la neige, un conte pour enfants signé par un écri- vain québécois d’origine mexicaine. Enfin, un débat public sur le thème «Identité culturelle, altérité et mon- dialisation» réunira divers interve- nants, dont l’historien québécois Gérard Bouchard et l’universitaire Ludo Abicht, professeur de littératu- re et de philosophie en Belgique. Vooruit danse en avant! Les rencontres pluridisciplinaires prendront place au sein d’un événe- ment plus large intitulé Vooruit danse en avant qui se tiendra à Montréal, du 24 avril au 10 mai. Organisé conjoin- tement par L’Agora de la danse et le Centre d’Arts Vooruit de Gand, en Belgique, cette importante manifes- tation culturelle, auquel s’est associé le Département de danse de l’UQAM, présentera une série de spectacles de danse et d’expositions qui tous tou- cheront aux questions de l’identité. La programmation sera des plus diversi- fiées dans ses sources, ses formes et ses contenus : du kathak indien au surréalisme belge, de la streetdance anglo-américaine aux nouvelles formes du théâtre-danse continental. Une invitation à plonger dans un monde d’une étonnante hybridité. Mais qu’est-ce en fait que le Vooruit? «Il s’agit d’un des grands centres d’arts de Belgique, l’un de ceux qui ont fait la part la plus belle à la danse contemporaine en Europe», explique Louise Duchesne, directrice des communications à L’Agora de la danse. «Il était inévitable qu’une com- plicité s’installe entre nous, d’où ce rêve un peu fou de déménager le Vooruit au Québec le temps d’une quinzaine.» C’est ainsi que des com- pagnies flamandes comme Dame de Pic asbi, Hush Hush Hush et Les Ballets C. de la B, seront accueillies respectivement par l’Agora de la danse, l’Usine C et à la salle Pierre- Mercure du Centre Pierre-Péladeau. On pourra aussi découvrir l’architec- ture particulière du Vooruit (voir photo), ainsi que les artistes de la scène qui s’y produisent, grâce à de superbes photographies qui seront exposées dans ces mêmes lieux de dif- fusion. Un rendez-vous à ne pas man- quer! Andrée Martin, professeure au Département de danse. Céline Séguin Le Kunstenscentrum Vooruit de Gand, en Belgique, est un centre international professionnel d’arts consacré aux tendances innovatrices dans les mondes du théâtre, de la danse et de la musique. Il offre aux artistes divers services, dont des stu- dios de répétition, des salles de spectacle et des collaborateurs. Construit en 1913, l’édifice a été l’objet d’une importan- te restauration qui lui a valu d’être proclamé Monument flamand de l’année en 2000. www.agoradanse.com SUR INTERNET Photo : Nathalie St-Pierre L’UQAM / le 7 avril 2003

L’identité culturelle en mouvance… et en dansePic asbi, Hush Hush Hushet Les Ballets C. de la B, seront accueillies respectivement par l’Agora de la danse, l’Usine C et à

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Page 1: L’identité culturelle en mouvance… et en dansePic asbi, Hush Hush Hushet Les Ballets C. de la B, seront accueillies respectivement par l’Agora de la danse, l’Usine C et à

L’identité culturelle en mouvance… et en danseLes 24 et 25 avril prochains, le stu-dio de l’Agora de la danse sera l’hôtede Territoires en mouvance, un évé-nement qui réunira des artistes etdes théoriciens d’ici et d’ailleurs envue de réfléchir aux multiples enjeuxde l’identité culturelle. Placées sous lehaut patronage de l’UNESCO et diri-gées par Andrée Martin, professeureau Département de danse, ces ren-contres internationales se veulentaussi une occasion unique, pour legrand public, de s’ouvrir à différentesformes d’expression, de sensibilités etde transmission des idées, à l’heuredu métissage culturel et de la mon-dialisation.

«L’identité culturelle se construit etse modifie à partir d’une multituded’expériences. Tel un prisme, ses dif-férentes facettes peuvent être abor-dées sous plusieurs angles», souligneMme Martin. Certes, on peut le fairepar des exposés théoriques pointusmais… ce n’est pas là l’objectif de cesrencontres pluridisciplinaires. «L’idée,c’est plutôt de permettre à des créa-teurs et des penseurs d’échanger surla question en utilisant une variété decanaux de communication. L’événe-ment repose sur cette conviction quel’on apprend tout autant sur l’identi-té culturelle à travers la performanced’un danseur, la lecture d’une nou-

velle, la contemplation d’un tableauou le regard d’un cinéaste que parune présentation académique clas-sique.»

Ouverture à l’AutreLa programmation de Territoires en

mouvance s’avère ainsi des plus éclec-tiques, à la fois par la diversité des

points de vue et le fait que toutes lesinterventions auront une dimensionde démonstration : exposition vir-tuelle, extraits de documentaires, per-formance en direct, etc. Ainsi, aunombre des conférenciers invités fi-gure Joël Desrosiers, psychiatre, poèteet essayiste d’origine haïtienne, quitraitera des identités postcoloniales et

dont l’exposé sera suivi d’un docu-mentaire sur la vie et l’œuvre deFrantz Fanon.

S’il est vrai qu’une image vautmille mots, on sera choyé côté chocdes cultures, brassage des genres etouverture à l’autre avec la présenta-tion de Because I sing. Ce documen-taire anglais relate l’expérience d’unmetteur en scène flamand qui a réuni,au sein d’un même spectacle, deschorales atypiques regroupant no-tamment des gays et…. des juifs has-sidim! Les participants auront égale-ment droit à une intéressanteconférence-performance de Paul-André Fortier : «Paul a désormais dé-passé la cinquantaine. Dans notresociété, il n’est plus considéré nicomme un danseur ni comme unchorégraphe mais comme un hommequi danse. Au lieu d’être là planté à ledire, il va le montrer, avec tout son ta-lent».

L’identité culturelle se construitet se transforme tout autant par lesvoyages intérieurs que par les mou-vements migratoires des populations.Aussi, parmi les conférenciers invités,retrouve-t-on l’écrivaine SpôjmaïZariab qui présentera l’une de sesnouvelles et discutera de son statut defemme afghane exilée. S’ajouteront,entre autres, la projection d’Âme

noire, un court métrage d’animationsur l’histoire du peuple noir améri-cain, ainsi qu’une improvisation dedanse sur La légende de la neige, unconte pour enfants signé par un écri-vain québécois d’origine mexicaine.Enfin, un débat public sur le thème«Identité culturelle, altérité et mon-dialisation» réunira divers interve-nants, dont l’historien québécoisGérard Bouchard et l’universitaireLudo Abicht, professeur de littératu-re et de philosophie en Belgique.

Vooruit danse en avant!Les rencontres pluridisciplinaires

prendront place au sein d’un événe-ment plus large intitulé Vooruit danse

en avant qui se tiendra à Montréal, du24 avril au 10 mai. Organisé conjoin-tement par L’Agora de la danse et leCentre d’Arts Vooruit de Gand, enBelgique, cette importante manifes-tation culturelle, auquel s’est associéle Département de danse de l’UQAM,présentera une série de spectacles dedanse et d’expositions qui tous tou-cheront aux questions de l’identité. Laprogrammation sera des plus diversi-fiées dans ses sources, ses formes etses contenus : du kathak indien ausurréalisme belge, de la streetdance

anglo-américaine aux nouvellesformes du théâtre-danse continental.Une invitation à plonger dans unmonde d’une étonnante hybridité.

Mais qu’est-ce en fait que leVooruit? «Il s’agit d’un des grandscentres d’arts de Belgique, l’un deceux qui ont fait la part la plus belleà la danse contemporaine en Europe»,explique Louise Duchesne, directricedes communications à L’Agora de ladanse. «Il était inévitable qu’une com-plicité s’installe entre nous, d’où cerêve un peu fou de déménager leVooruit au Québec le temps d’unequinzaine.» C’est ainsi que des com-pagnies flamandes comme Dame de

Pic asbi, Hush Hush Hush et Les

Ballets C. de la B, seront accueilliesrespectivement par l’Agora de ladanse, l’Usine C et à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau.On pourra aussi découvrir l’architec-ture particulière du Vooruit (voirphoto), ainsi que les artistes de lascène qui s’y produisent, grâce à desuperbes photographies qui serontexposées dans ces mêmes lieux de dif-fusion. Un rendez-vous à ne pas man-quer! •

Andrée Martin, professeure au Département de danse.

Céline Séguin

Le Kunstenscentrum Vooruit de Gand, en Belgique, est un centre international professionnel d’arts consacré aux tendancesinnovatrices dans les mondes du théâtre, de la danse et de la musique. Il offre aux artistes divers services, dont des stu-dios de répétition, des salles de spectacle et des collaborateurs. Construit en 1913, l’édifice a été l’objet d’une importan-te restauration qui lui a valu d’être proclamé Monument flamand de l’année en 2000.

www.agoradanse.comSUR INTERNET

Photo : Nathalie St-Pierre

L’UQAM / le 7 avril 2003