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Article 10 Zo Randriamaro 1 Préambule C ette série d’articles intitulée L’impact de la crise sur les droits des femmes, publiée par l’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID), expose les pers- pectives sous-régionales sur les impacts de la crise économique actuelle sur les droits des femmes. Ces analyses ont été développées par des spécialistes et des activistes des droits des femmes afin de promouvoir des débats sur les décisions prises en réaction à cette crise. La série présente également des étude en profondeur (une analyse interrégionale, une étude portant sur le nouveau scénario mondial, et une études des réponses à la crise depuis une perspective féministe). Cette série d’analyses constitue une ébauche qui a pour but de contribuer à l’identification des défis, des réactions potentielles et de faire des propositions depuis la perspective des droits des femmes. Ces articles se basent sur différentes réalités et impacts que la crise a dans di- verses régions du monde. Les analyses ont également pour but de contribuer à promouvoir des réactions face à la crise qui prennent en compte l’égalité des genres et les droits des fem- mes et de promouvoir une transformation intégrale du système international afin qu’il soit plus inclusif et démocratique. Différentes régions soulèvent des préoccupations semblables, ce qui reflète des défis communs en ce qui concerne les droits des femmes de par le monde. La crise actuelle est une crise systémique, composée de plusieurs crises enchevêtrées: la récession économique mondiale, la crise du changement climatique, la crise des prix des ali- ments, et la crise énergétique. Toutes ces composantes contribuent à augmenter la pauvreté 1 Groupe de travail des femmes sur le financement du développement L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est

L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est...des femmes afin de promouvoir des débats sur les décisions prises en réaction à cette crise. La série

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Page 1: L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est...des femmes afin de promouvoir des débats sur les décisions prises en réaction à cette crise. La série

Article 10

Zo Randriamaro 1

Préambule

Cette série d’articles intitulée L’impact de la crise sur les droits des femmes, publiée par l’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID), expose les pers-

pectives sous-régionales sur les impacts de la crise économique actuelle sur les droits des femmes. Ces analyses ont été développées par des spécialistes et des activistes des droits des femmes afin de promouvoir des débats sur les décisions prises en réaction à cette crise. La série présente également des étude en profondeur (une analyse interrégionale, une étude portant sur le nouveau scénario mondial, et une études des réponses à la crise depuis une perspective féministe).

Cette série d’analyses constitue une ébauche qui a pour but de contribuer à l’identification des défis, des réactions potentielles et de faire des propositions depuis la perspective des droits des femmes. Ces articles se basent sur différentes réalités et impacts que la crise a dans di-verses régions du monde. Les analyses ont également pour but de contribuer à promouvoir des réactions face à la crise qui prennent en compte l’égalité des genres et les droits des fem-mes et de promouvoir une transformation intégrale du système international afin qu’il soit plus inclusif et démocratique. Différentes régions soulèvent des préoccupations semblables, ce qui reflète des défis communs en ce qui concerne les droits des femmes de par le monde.

La crise actuelle est une crise systémique, composée de plusieurs crises enchevêtrées: la récession économique mondiale, la crise du changement climatique, la crise des prix des ali-ments, et la crise énergétique. Toutes ces composantes contribuent à augmenter la pauvreté

1 Groupe de travail des femmes sur le financement du développement

L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales

L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est

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L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales

et l’inégalité dans différentes parties du monde, sans oublier les impacts du VIH. D’autre part, les traditionnelles relations de pouvoir entre acteurs internationaux sont en plein changement, les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), ou « pays à revenu intermédiaire » assument la grande partie du pouvoir (le Brésil et la Chine sont devenus des créanciers des États-Unis, des investisseurs importants du Fonds Monétaire International et tous les deux détiennent l’une des plus importantes sources de réserve du monde). La situation actuelle, qui est le résultat d’un système capitaliste de libre marché agressif développé durant la dernière décennie, demande une remise en question des modèles de développement dominants ainsi que des solutions considérées alternatives.

La crise n’est pas nouvelle pour la plupart des pays en développement, ceux-ci ont dû faire face à des crises dans les années 70, 80, 90 et au début des années 2000. Par contre, la crise actuelle a atteint des proportions mondiales lorsqu’elle a affecté les économies hégémoniques et leur rôle à l’échelle mondiale. Elle a également mis en évidence l’interconnexion entre les diverses réalités auxquelles font face les pays au sein de la mondialisation.

La crise systémique impose un défi de taille aux gouvernements, aux donateurs et à tous les acteurs et actrices du développement ainsi qu’aux activistes et aux décideurs qui doivent réinventer le système à long terme et réduire les impacts négatifs à cours et à moyen terme. C’est pourquoi, comme plusieurs le préconisent, la crise représente également une opportu-nité historique de faire preuve d’audace et de créativité pour ainsi tenter de réparer les torts qu’à causé le système néolibéral. Puisque la crise est maintenant le moteur qui influence de nombreux choix liés au développement (de la dimension locale à la globale), et qu’elle va dé-terminer les approches sur le développement durant les années à venir, le rôle des femmes et l’égalité des genres en tant qu’objectifs centraux ne doivent plus être négligés. Non seulement parce que les femmes sont parmi les plus lourdement touchées par les impacts de cette crise, mais également parce qu’elles constituent des acteurs clé du développement dans la plupart des communautés de la planète, par leur légitimité et parce qu’elles occupent une position vitale qui leur permet de proposer des approches efficaces dans le but d’atténuer les impacts de la crise, pour promouvoir le respect des droits humains, la soutenabilité environnementale et les engagements pour le développement au niveau mondial.

Pour la préparation à la Conférence de haut niveau de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement (New York, du 24 au 26 juin 2009), le Women’s Working Group on Financing for Development (WWG) a fait part des inquiétudes au sujet des impacts de la crise sur les droits des femmes2, et a été très actif et engagé dans la promotion du rôle central de l’ONU en tant qu’ institution légitime pour délibérer sur la crise depuis une approche multilatérale réellement inclusive.3

2 Voir l’énoncé: The G20 committed to save the global economy at the cost of women, 17 novembre 2008, 11e forum inter-national de AWID à http://www.awid.org/eng/Enjeux-et-Analyses/Library/LE-G20-DECIDE-A-SAUVER-L-ECONOMIE-MONDI-ALE-AUX-DEPENS-DES-FEMMES/(language)/eng-GB3 Women’s Working Group on Financing for Development, énoncé provenant de la deuxième consultation des femmes tenue par WWG on FfD à New York du 24 au 26 avril 2009 à http://www.awid.org/eng/About-AWID/AWID-News/A-call-for-structural-sustain-able-gender-equitable-and-rights-based-responses-to-the-global-financial-and-economic-crisis

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L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est

Les solutions proposées par les mêmes acteurs qui ont causé la débâcle financière et écono-mique sont inacceptables. Elles doivent être le résultat de processus où les gouvernements et la société civile puissent s’engager dans des dialogues enrichissants qui rendent la prise de décision plus adéquate aux besoins des personnes et plus respectueuse vis-à-vis des droits humains. La société civile et les gouvernements de tous les pays, dont ceux en déve-loppement, devraient être les acteurs centraux de ce processus de discussion sur la politique mondiale. Les espaces multilatéraux au sein de l’ONU sont les plus égalitaires et inclusifs du système international; ce sont aussi les seuls espaces de prise de décision qui assurent la participation des pays en développement et des acteurs provenant de la société civile.

Elles doivent s’appuyer sur des analyses qui permettent de déterminer l’influence des tendan-ces sur les communautés et leur impact sur les femmes, ainsi que les différents territoires et groupes sociaux. Les réussites du développement social des deux dernières décennies, aussi limitées soient-elles sont actuellement en péril si l’essentiel des solutions face à la crise est uniquement porté sur la croissance de l’économie et un retour aux anciennes pratiques telles qu’on les connaît. C’est pourquoi les engagements face à la crise envers les droits des fem-mes et l’égalité des genres pris par les gouvernements et autres acteurs comme la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), la plate-forme d’action de Pékin en 1995 et les Objéctifs du Millénaire pour le Développement doivent être remis en question.

C’est dans cet esprit que les auteurs des articles de cette série ont accepté le défi d’étudier les réponses aux questions suivantes:

• Considérant la diversité des situations dans lesquelles vivent les femmes, quels sont leurs principaux défis dans votre sous-région dans le contexte de la crise actuelle? • Pouvez-vous identifier des actions concrètes ou initiatives (réactions à la crise) qui ont déjà connu des répercussions négatives et/ou positives sur la vie des femmes?• Est-ce que les groupes de femmes de votre région font face à une discrimination crois-sante en lien direct ou indirect avec la crise financière? • Si les mesures de stimulation n’incluent pas la perspective des droits humains et de l’éga-lité, existe-t-il des alternatives permettant de réformer ces mesures afin de les inclure?• Si les gouvernements ou organismes régionaux n’ont toujours pas mis en place des mesures de stimulation ou des interventions concrètes face à la crise : quel sera selon vous l’impact de la non-confrontation de la crise à moyen terme au niveau national et régional?• Quels sont les potentiels impacts prévus pour les femmes de votre région dans le contexte d’une récession mondiale? Quelles sont les plus grandes faiblesses de la région en rapport avec la crise économique?• La Commission Stiglitz de l’ONU4 et le G-20 essaient d’identifier les initiatives internatio-nales qui ont pour but de réduire l’impact de la crise sur le développement. Croyez-vous que ces initiatives mondiales prennent en considération les défis auxquels les femmes sont confrontées? • Quelles sont les façons d’aider les femmes de votre région face à la crise?

4 Voir l’énoncé de Women’s Working Group on Financing for Development Statements sur la Comission Stiglitz à http://www.awid.org/eng/Issues-and-Analysis/Library/Women-s-Working-Group-on-FFD-Contributions-to-the-Stiglitz-Commission/(lan-guage)/eng-GB et les recommandations Stiglitz à http://www.un-ngls.org/spip.php?page=cfr

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L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales

L’analyse des réponses à la crise requiert une nouvelle compréhension du rôle de l’État et de comment ce nouveau rôle affecte les femmes, en particulier par le biais de l’actuelle crise de l’économie de soins, (en relation avec le rôle clé de reproduction que jouent les femmes sou-tenant ainsi le système économique actuel à leur propre péril), mais également par rapport au risque qu’encourt le travail décent. Lorsque le rôle de l’État était réduit, une quantité de fonctions sociales, comme la santé, les soins aux enfants et l’éducation, étaient assurées par les femmes, habituellement ceci venait s’ajouter à leur travail rémunéré. Par conséquent, les femmes ont assumé les conséquences de la réduction de l’État, de façon disproportionnée, en particulier parce qu’elles assurent l’accomplissement de droits économiques et sociaux (tels que l’hébergement, la santé et l’éducation).5

Si une nouvelle ère post néolibérale est en train d’émerger, le nouveau système international devrait se construire sur la base des expériences communautaires, nationales, régionales et mondiales des différents acteurs du développement et à partir des demandes des droits des femmes. Cette lutte de longue haleine devrait faire l’objet d’une réinterprétation et être vaste-ment communiquée afin de promouvoir des réponses alternatives à la crise.

Aujourd’hui, nous demandons des réactions holistiques à la crise systémique. Dans ce sens, nos propres efforts (parmi les mouvements et organisations de femmes) pour créer des dis-cours alternatifs et avoir une influence sur le système international, devront se baser sur diffé-rents types de connaissances (informelles et formelles). Notre discours alternatif doit égale-ment se baser sur une approche holistique/transversale, en assurant un espace d’expression pour les groupes les plus exclus et en promouvant une transformation profonde du système en crise.6

L’association pour les droits de la femme et le développement (AWID)

5 HIGHLIGHTS FROM THE STRATEGY MEETING: To follow-up efforts on Aid Effectiveness, gender equality and the impact of the crisis on women, 6 et 7 août 2009, New York, édité par Cecilia Alemany (AWID). 6 HIGHLIGHTS FROM THE STRATEGY MEETING: To follow-up efforts on Aid Effectiveness, gender equality and the impact of the crisis on women, 6 et 7 août 2009, New York, édité par Cecilia Alemany (AWID).

Copyright ©L’association pour les droits de la femme et le développement (AWID), Octobre, 2009Auteur: Zo Randriamaro

Coordination: Cecilia AlemanyÉdition: Christine Blais

Traduction: Victoria WhitelawÉdition: Elodie Martinez

Production: Michele Knab Conception et disposition: Miriam Amaro (sicdos.org.mx)

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L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est

1. Introduction

En dépit de l’idée largement répandue que l’Afrique est immunisée contre les effets de la crise économique et financière mondiale en raison de ses marchés financiers sous déve-loppés et de sa «mondialisation incomplète», il existe désormais de nombreuses preuves concernant l’impact des crises, importants et variés, sur les pays africains et sur les hom-mes et les femmes qui les habitent.

Ce document donne un aperçu des différentes conséquences sur l’égalité des genres provo-quées par la crise économique et financière mondiale dans le contexte de pays ayant des structures économiques et des niveaux de développement différents - à savoir les pays d’Afrique australe, centrale et de l’est qui dé-pendent de l’exportation de marchandises tels que: les pays exportateurs de minéraux et de pétrole, les importateurs de pétrole, les importateurs d’aliments, et les pays en conflit et en post-conflit.

2. Les points de vue des sans-voix

L’analyse des impacts de la crise économi-que et financière devrait commencer par la reconnaissance de la crise chronique face à laquelle se trouvent la plupart des pays afri-cains depuis la fin des années 1970, et qui se manifeste par la persistance des niveaux élevés de pauvreté à travers le continent.

Ainsi, la réponse des hommes et des femmes ordinaires ayant été interrogés par les médias sur ce qu’ils pensent de la crise économique et financière a été largement “quelle crise?”. Une telle réaction de la part de personnes vi-vant dans la pauvreté depuis des décennies n’est pas une surprise et souligne le fait que, avant cette crise, il y avait une crise sous-jacente enracinée dans les contradictions du paradigme actuel du développement mon-dial, qui a contribué à élargir de manière re-marquable l’inégalité entre les revenus: 1%

de la population mondiale la plus riche reçoit autant que 57% de celle-ci constituant les plus pauvres.

Cette crise latente est également liée à l’héri-tage postcolonial qui restreint la majeure par-tie des économies d’Afrique australe, centrale et de l’est à produire quelques marchandises primaires, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la volatilité des prix des mar-chandises sur le marché international. De plus, leur vulnérabilité aux effets de la crise économique mondiale est renforcée par leur endettement et leur dépendance vis-à-vis de l’Aide, combinée aux effets néfastes des cri-ses politiques et des conflits civils dans plu-sieurs pays (Zimbabwe, Kenya, République démocratique du Congo, Madagascar, etc.)

Il existe par ailleurs une discrimination de genre historique qui explique la préexistence d’une crise concernant l’économie des soins, principalement réalisés par des femmes. Cet-te crise, qui a été largement négligée, se re-flète dans les indicateurs de développement humain et de pauvreté de la région Africaine, où les femmes constituent la grande majorité parmi les couches les plus pauvres de la po-pulation. Elles sont également surreprésen-tées parmi les groupes les plus vulnérables aux conséquences négatives de la crise en raison de leur manque d’accès au capital hu-main, social, naturel et financier, ainsi que leur manque de représentation et de participation dans la gouvernance financière et économi-que. Ces groupes vulnérables sont constitués par des ménages et des individus vivant en situation de pauvreté qui ne possèdent pas de terres et par les petits agriculteurs et tra-vailleurs du secteur informel - en particulier des segments de survie de l’économie informelle.

L’absence de données de ces tendances ven-tilées par sexe rend également difficile l’iden-tification des effets résultant directement de la crise financière et économique, de ceux qui sont dus à des tendances et à des facteurs préexistants.

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L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales

3. Le contexte et les voies de transmis-sion des crises financière et économique

Le contexte de la crise économique et financière7

Les impacts négatifs de la crise économique et financière sur les pays africains sont de plus en plus évidents et se traduisent par la prévision d’un taux de croissance économi-que de 2,8% en 2009, soit moins de la moitié des 5,7% estimés pour 2008 (Organisation de Coopération et de Développement Economi-ques-OCDE, 2009). Ces impacts doivent être examinés à la lumière des conséquences né-fastes des crises climatique, énergétique et alimentaire ainsi que la pénurie des systèmes de protection sociale dans la plupart des pays africains. Il est également extrêmement important d’identifier et d’analyser les inter-connexions entre ces crises mondiales, ainsi que l’importante variabilité existante entre les pays, au sein même de ceux-ci, au sein des communautés exportatrices de pétrole, des importatrices de pétrole, des importatrices d’aliments, et les pays en conflit et en post-conflit.

Les pays exportateurs de pétrole

La marchandise la plus touchée par la vo-latilité des prix est le pétrole brut, celui-ci a accusé des baisses de prix de plus de 50% entre février 2008 et février 2009 (Union Afri-caine-UA et Commission Economique de l’ONU pour l’Afrique-CEA, 2009). Alors que les effets négatifs de la hausse des prix des denrées alimentaires sur les termes de l’échange des pays exportateurs de pétrole ont été compensés par la hausse des prix à l’exportation du carburant, les défis pour ces pays proviennent d’une hausse des taux de change étrangers, qui ont conduit à une ap-préciation réelle du taux de change dans 70 % de ces pays (UA et CEA, 2008), ce qui rend leurs exportations moins compétitives. L’aug-mentation des revenus du pétrole et l’ap-préciation des devises ont favorisé une plus

grande demande intérieure, qui a provoqué l’augmentation des prix, y compris ceux des biens de consommation de base. Ainsi, alors que la hausse des prix des aliments a moins contribué à l’inflation que dans d’autres pays, les personnes pauvres ont également souf-fert de l’inflation, tout comme dans d’autres pays. Les impacts négatifs de l’inflation sur les revenus des femmes et des hommes pau-vres et sur leur bien-être se sont aggravés car les revenus pétroliers n’ont pas été réinvestis dans le secteur public, dont l’infrastructure publique et la création d’emplois (UA et CEA, 2008).

Les pays importateurs de pétrole

Récemment, la persistance des prix élevés du pétrole a considérablement augmenté les dépenses des pays importateurs de pétrole, d’autant plus que la relative baisse des prix du pétrole ne s’est pas répercutée totalement sur les marchés intérieurs. La hausse des prix des denrées alimentaires a augmenté davan-tage leurs dépenses, d’où la nécessité pour ces pays - en particulier ceux ayant un ac-cès limité aux marchés financiers - de réduire de manière substantielle et douloureuse la consommation, l’investissement et les dépen-ses non liées à l’importation de pétrole.

Comme l’ont démontré des expériences an-térieures, les réductions dans les dépenses publiques sont susceptibles d’affecter les services sociaux essentiels qui sont les plus demandés par les pauvres, surtout les fem-mes. Au niveau de la communauté et des ménages, l’impact de la crise alimentaire sur la pauvreté dans les pays importateurs de denrées alimentaires et de pétrole s’est ag-gravé par les effets de l’augmentation des prix du carburant. Ces effets sont générale-

7 Cette section s’inspire en grande partie sur la version provisoire d’une étude commandée par l’équipe « genre » du PNUD sur le thème « Égalité des sexes et alimentation mondiale, le carburant et les crises financières: une perspec-tive de l’Afrique ». L’auteur est seul responsable des opinions exprimées dans ce document.

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L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est

ment moindres que ceux des prix des den-rées alimentaires, puisque la proportion de la consommation d’énergie des ménages est beaucoup plus faible, environ 10 % (Banque mondiale-BM 2008; Fond Monétaire Interna-tional-FMI, 2008). Cependant, puisque l’es-sentiel du pétrole est consommé indirecte-ment par les ménages pauvres à travers une large gamme d’autres biens et services uti-lisant des produits pétroliers, notamment les transports, leurs revenus réels sont touchés par l’effet indirect de l’augmentation du prix du pétrole sur ces produits et services.

Les pays importateurs de denrées alimentaires

Face à la crise alimentaire, le souci majeur est que «presque tous les pays ayant la capacité d’importation la plus faible (mesurée sur la va-leur des importations de denrées alimentaires par rapport aux réserves de change) sont en Afrique” (Banque mondiale 2008). Les réser-ves de change diminuent rapidement dans des pays comme la Tanzanie et le Rwanda, ce qui limite lourdement leur capacité à ré-pondre à la hausse des prix des denrées ali-mentaires et du carburant. En outre, l’Organi-sation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture-FAO prévoit que les pays à faible revenu et en déficit de denrées alimen-taires – dont plusieurs pays africains - vont voir leurs factures d’importations augmenter de plus de 40% en 2008-2009 (Groupe de la Banque africaine de développement-BAD, 2008). Cette tendance va accroître la pression sur leurs budgets et peut les mener à adopter des politiques macroéconomiques telles que le resserrement des politiques monétaires et budgétaires et la surévaluation des taux de change.

Afin d’adapter les dépenses budgétaires sup-plémentaires engendrées par la nécessité de répondre à la hausse des prix des denrées alimentaires, des pays comme l’Erythrée ou le Djibouti risquent de devoir réduire leurs dé-penses publiques et mettre en œuvre des ré-

formes fiscales, le plus souvent en augmentant leurs impôts. De telles mesures risquent d’af-fecter les femmes de façon disproportionnée, en réduisant leur accès aux services publics essentiels, tout en augmentant leur travail non rémunéré pour compenser les services que les gouvernements ne fournissent plus. Si les politiques fiscales qui seront adoptées en ré-ponse à la crise favorisent l’impôt régressif (comme la TVA et les impôts indirects), alors les revenus réels des femmes pauvres subi-ront eux aussi des impacts négatifs.

Les pays en conflit et en post-conflit.

Les pays en conflit et en post-conflit, ainsi que ceux situés dans les zones agro-écolo-giques qui sont particulièrement touchés par le changement climatique, sont caractérisés par des moyens d’existence très fragiles et courent un risque très élevé face à la hausse des prix des denrées alimentaires. Dans de tels contextes, la crise alimentaire combinée à des problèmes de longue date occasion-nés par les conflits et le changement climati-que, peuvent augmenter la vulnérabilité des populations et aggraver la pauvreté, surtout parmi les femmes et les enfants. Les émeutes causées par la faim laissent sous-entendre qu’en l’absence de réponses appropriées, des conflits pourraient se prolonger ou se réactiver, en empirant la situation désespérée des femmes et des enfants qui sont invaria-blement les plus touchés par les conflits.

En Somalie, environ 1,3 millions d’enfants “sont déjà touchés par une crise alimentaire causée par la sécheresse et la prolongation du conflit. À conséquence de la hausse des prix des denrées alimentaires, beaucoup sont désormais contraints de sauter des repas ou se tournent vers des céréales moins chères et de moindre qualité. On estime que le nom-bre de femmes et hommes, filles et garçons, ayant besoin d’aide humanitaire en Somalie pourrait atteindre les 3,5 millions de personne (soit la moitié de la population totale du pays) d’ici la fin de l’année 2008” (Banque mondiale

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L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales

2008). Parmi ce groupe à haut risque se trou-vent aussi les pays avec un taux élevé de VIH/SIDA d’Afrique de l’est et australe. La crise alimentaire aggrave considérablement la vul-nérabilité des femmes séropositives ainsi que celle des 12 millions d’orphelins du sida, elle alourdit aussi le fardeau des soins retombant sur les femmes.

Les voies de transmission de la crise

Les impacts de la crise économique et finan-cière mondiale ont atteint différemment les hommes et les femmes et de manière très hé-térogène de pays en pays. Le commerce, les flux de capitaux - y compris l’aide publique au développement - et les envois de fonds ont été les voies principales de transmission de ces impacts, à cause de leurs effets sur les prix, sur les exportations, l’emploi, les revenus, le crédit, les taxes et les transferts de fonds.

En Afrique australe, de l’est et centrale, ainsi que dans d’autres sous-régions, l’énergie et les crises alimentaires ont fait augmenter l’in-flation générale. En particulier, il a été souligné qu’en Afrique, l’inflation des prix des denrées alimentaires a contribué à environ 40% de l’inflation totale (FMI 2008). La récente chute du prix du pétrole et de certaines denrées alimentaires n’a toutefois pas entièrement ré-percuté sur les marchés intérieurs, où les prix restent largement supérieurs à leur niveau de 2007. De plus, puisque plusieurs pays de la région sont des importateurs nets d’aliments, ce qui représente une des majeures compo-santes de l’indice des prix à la consommation, la dépréciation des monnaies dans la région a fait augmenter les prix intérieurs des biens de consommation et à réduit l’accès des grou-pes vulnérables à la nourriture.

Les secteurs les plus touchés par la crise économique mondiale sont l’agriculture, l’ex-ploitation minière, le tourisme, le textile et la manufacture. Selon de récentes estimations, des milliers d’emplois ont été détruits dans le secteur agricole (Confédération Syndicale

Internationale – CSI, 2009). Au Botswana, la production de diamants a chuté de 50% et 5 000 emplois ont été perdus en raison de la diminution de sa valeur sur le marché inter-national. L’industrie du cuivre et du cobalt en Zambie, source importante d’emplois pour ce pays comptant 11 millions de personnes, a été gravement affectée par la baisse du prix du cuivre, qui est passée de 8 000 USD par tonne métrique à environ 3 100 USD en moins de six mois. Plus de 3 000 emplois ont été détruits dans l’industrie du cuivre - y compris ceux de nombreuses femmes - tandis que certains projets dans le pays ont été suspendus. Les potentielles conséquences de l’effet boule de neige du ralentissement du Copperbelt sur l’économie zambienne tout entière pourraient être dévastatrices, car l’industrie minière en Zambie nourrit de nombreuses autres indus-tries. En outre, une chute de 65,8% du prix du charbon a entraîné une chute considérable des réserves (CSI 2009).

Les effets négatifs de la crise sur le secteur fi-nancier ont réduit l’accès au crédit. Les institu-tions financières africaines ainsi que les pays sont confrontés à des difficultés en raison du retrait des banques commerciales, l’annula-tion de leurs lignes de crédit étrangères, et le coût élevé de la collecte de fonds sur les marchés de capitaux internationaux (Banque Africaine de Développement - BAD, 2009). La vulnérabilité du système bancaire - ce qui est fortement tributaire de la participation étran-gère dans des pays comme le Botswana, le Cap-Vert, la République centrafricaine, le Tchad, la Guinée équatoriale, le Lesotho et la Zambie (ITUC 2009) - est davantage ag-gravée par le nombre croissant de non-rem-boursement de prêts par les emprunteurs, y compris les entreprises nationales.

Plus important encore du point de vue des droits des femmes, le gel du crédit mondial accentue la question de l’accès des pauvres au crédit et au financement. En particulier, parce que le microcrédit est la principale source de financement que les femmes afri-

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L’impact de la crise financière sur les femmes en Afrique de l’Est

caines pauvres ont, l’impact de la crise sur leur accès au microcrédit et aux autres sour-ces de financement est la base de préoccu-pation majeure.

Les marchés des changes des pays africains ont subi des pressions énormes depuis le dé-but de la crise. Par exemple, le kwacha zam-bien a perdu 13% de sa valeur par rapport au dollar américain au premier trimestre 2009. Des dépréciations monétaires importantes ont également été observées en Ouganda (22%), en République démocratique du Congo (23%), en Afrique du Sud (27%), en Zambie (43%), aux Comores (45%) et aux Seychelles (84%) (UA et CEA, 2009). Etant donné le niveau élevé de la dette extérieure dans beaucoup de ces pays, la dépréciation de leurs monnaies face au dollar a augmen-té le poids du service de la dette, ainsi que le coût de leurs importations. En particulier, l’augmentation des coûts des produits inter-médiaires importés ont négativement affecté la production, le rendement et l’emploi.

Les conséquences de la récession économi-que mondiale sur les marchés des matières premières étaient déjà observables depuis 2008 à travers la diminution de la demande extérieure pour les matières premières agri-coles et minérales ainsi que par les baisses de prix de la plupart de ces produits depuis 2008. D’une part, cela constitue une tendance positive pour les importateurs de ces produits. D’autre part, la chute des prix des matières premières portent préjudice aux exportations de la région, qui ont été le principal moteur de la croissance depuis 2005. Tel que rap-porté par les médias8, l’impact négatif sur les termes de l’échange des pays exportateurs ainsi que sur leurs producteurs et travailleurs a déjà affecté les économies dépendantes de l’activité d’extraction de minéraux tels que le Botswana, l’Afrique du Sud, la Zambie, la République démocratique du Congo et le Zimbabwe, qui ont enregistré des baisses si-gnificatives dans leurs recettes d’exportation, touchant gravement les recettes des gouver-

nements ainsi que l’emploi.

En général, les gouvernements ont été affec-tés par la diminution des flux commerciaux qui ont conduit à une grande pénurie de revenus en devise étrangère et des recettes provenant des taxes commerciales, avec des impacts négatifs sur la balance des paiements, sur la situation budgétaire et sur les dépenses et par conséquent, sur leur capacité à répondre aux crises. Ces effets négatifs sont aggravés par un protectionnisme accru et la contraction des marchés des exportations dans différen-tes sous-régions en raison de la baisse de la demande des consommateurs résultant de la récession économique mondiale.

4. Les impacts et les défis différenciéssur les femmes9

En général, les effets des multiples crises sur les hommes et les femmes au sein de grou-pes sociaux différents dépendent de la pla-ce qu’ils occupent dans l’économie et dans la société de leurs pays respectifs. Bien que ces impacts se trouvent encore en pleine évo-lution et qu’ils doivent être analysés dans leur entièreté, il est tout de même très important de reconnaître les différences de genre dans les réponses à la crise.

Les différents groupes sociaux utilisent cha-cun des stratégies variées pour face à celle-ci et elles ont des incidences déterminantes pour leur subsistance et leur bien-être: «Pour les classes moyennes, cela signifie une sup-pression des soins médicaux. Pour ceux qui ont 2 UDS par jour, cela signifie de supprimer la viande et de ne plus amener les enfants à l’école. Pour ceux qui ont 1USD par jour, cela

8 http://panafricannews.blogspot.com/2009/01/global-finan-cial-crisis-africa-bears.html9 Cette section s’inspire en grande partie sur la version provisoire d’une étude commandée par l’équipe « genre » du PNUD sur le thème « Égalité des sexes et alimentation mondiale, le carburant et les crises financières: une perspec-tive de l’Afrique ». L’auteur est seul responsable des opinions exprimées dans ce document.

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signifie la suppression de la viande et des légumes et de ne manger que des céréales. Et pour ceux qui ont 0,50 USD par jour, cela signifie le désastre total ... Les plus pauvres sont en train de vendre leurs animaux, leurs outils, le toit de tôle au-dessus de leur tête- faisant que la reprise économique, si elle ar-rive, soit bien plus difficile “(Programme ali-mentaire Mondial des Nations Unies - PAM, citée dans The Economist).

Les impacts sur l’emploi et sur le travail non-rémunéré des femmes

Les impacts de cette crise sur l’emploi dé-pendent de la place qu’occupent les hommes et les femmes dans les secteurs et sous-sec-teurs affectés. Dans les secteurs exporta-teurs, l’industrie minière par exemple, les per-tes d’emplois ont surtout touché les hommes (en RDC, 300 000 travailleurs ont été licenciés dans ce secteur), tandis que dans les sous-secteurs liés au textile et à l’agriculture à hau-te valeur ajoutée où les femmes prédominent, elles ont été les plus touchées. En particulier, l’emploi des femmes dans les zones fran-ches d’exportation (ZFE) sont très sensibles aux fluctuations des marchés d’exportation et de la récession économique. Les zones franches d’exportation ont été les principaux pourvoyeurs d’emplois pour les femmes pau-vres dans de nombreux pays africains (Zim-babwe, Madagascar, Kenya, Lesotho, Swazi-land, Zambie, etc.) et sont caractérisées par leur haut niveau d’instabilité de l’emploi.

Toutefois, ces tendances doivent être remises en contexte afin de prendre en compte le taux actuel de chômage plus élevé chez les fem-mes, et le schéma général selon lequel les femmes sont les premières à être licenciées en période de récession. De plus, en raison de leurs tâches de reproduction, les femmes sont touchées par les pertes d’emploi des hommes lors de la conséquente réduction des revenus des ménages. Comme en témoi-gne la littérature sur les effets de genre de la réforme économique en Afrique (Taylor, 2000;

Tsikata et Kerr, 2000), les femmes servent de filet de sécurité en temps de crise, et elles doivent augmenter à la fois leur travail rému-néré et le non-rémunéré pour répondre aux besoins de leurs familles, indépendamment de savoir si les hommes perdent ou pas leur emploi. Il est intéressant de noter que pendant le sixième Forum africain du Développement à Addis-Abeba, le Président de l’Éthiopie a déclaré que « les défis auxquels l’Afrique est confrontée ont une incidence sur les femmes et les hommes de façon différente», et que « la crise financière actuelle par exemple, me-nace le bien-être des femmes africaines en particulier, parce qu’elle peut contrecarrer la capacité de nombreux pays africains à pro-mouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». Il a, en outre, souligné que « les femmes sont déjà en désavantage en ter-mes d’opportunité d’emploi. L’effet combiné de ces problèmes réduira encore plus leurs chances de trouver des emplois décents ou un emploi tout court »10.

Les impacts sectoriels : le secteur informel et le cas du tourisme en Afrique orientale

Depuis que la récession économique dans les pays développés implique qu’il y ait moins d’emplois dans les chaînes de production mondiales - en particulier dans le secteur ma-nufacturier des pays en développement - la crise a inévitablement un impact négatif sur l’emploi à travers le continent. Par exemple, en Afrique du Sud, 36 500 emplois ont été dé-truits dans l’industrie automobile (CSI, 2009). Le secteur informel sera le dernier recours des travailleurs licenciés et des demandeurs d’emploi, c’est pour cela qu’il sera hautement important de surveiller le développement de ce secteur. En particulier, comme les femmes pauvres sont concentrées dans le secteur informel, l’arrivée d’un nombre croissant de nouveaux travailleurs en concurrence pour ces emplois pourraient les déplacer de leurs segments du marché du travail informel.

10 http://allafrica.com/stories/200811200993.html

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les femmes sont prédominantes. Le retrait de certains investisseurs internationaux s’est déjà fait sentir dans les bourses en Ouganda, en Tanzanie, au Kenya, en Egypte et en Afri-que du Sud (Banque mondiale, 2008).

Les stratégies de migration et de transferts de fonds constituent un élément crucial pour la gestion des risques des personnes vivant dans la pauvreté dans de nombreux pays africains12, et présentent de fortes inégalités de genre. Des pays comme le Lesotho ou les Seychelles sont très vulnérables aux réduc-tions des transferts de fonds des travailleurs parce que ces entrées représentent plus de 10% de leur produit intérieur brut (PIB) (UA et CEA, 2009). Des faits concrets viennent confirmer les prévisions selon lesquelles les transferts de fonds vers l’Afrique se verront réduits de moitié en 2009 et 2010 (FMI 2009), les licenciements dans les secteurs touchés par la récession pourraient toucher en priorité les immigrés.

Les transferts de fonds constituent une sour-ce importante de revenus pour beaucoup de ménages - en particulier ceux dirigés par des femmes – c’est pour ce motif que la réduction des flux des transferts de fonds a des effets néfastes sur leurs moyens de subsistance. Selon un retraité, qui recevait de l’argent tous les quinze jours de son fils résidant au Etats-Unis, ceux-ci se font maintenant mensuel-lement, “c’est comme notre âme. Sans eux, nous ne pourrions pas survivre». (Reuters, 10 octobre 2008). Toutefois, même si le ni-veau des transferts de fonds reste stable, la hausse de l’inflation implique que leur valeur réelle ait diminué. Cela signifie une réduction du revenu face à la hausse de l’inflation pour les ménages concernés, ce qui pénalise par-ticulièrement les femmes dans leur rôle de gestionnaires des ménages.

Les crises ont des conséquences graves sur le secteur du tourisme qui possède un fort po-tentiel de développement dans plusieurs pays africains. En Octobre 2008, par exemple, les opérateurs du tourisme en Tanzanie ont subit jusqu’à 60% d’annulations des réservations provenant des Etats-Unis et d’Europe, leurs principaux clients. En conséquence, les recet-tes du tourisme ont chuté de 20% (CSI, 2009). En Afrique de l’Est dans son ensemble, on es-time qu’une réduction de 50% du nombre de touristes en provenance des Etats-Unis, du Canada et d’Europe entraînerait un manque à gagner des recettes du tourisme de 500 milliards de shillings. La contraction due à la crise économique a également conduit à des licenciements qui ont touché les emplois des femmes dans le secteur du tourisme, car elles sont généralement les premières à être licen-ciées dans de telles circonstances.

Les impacts sur les flux du capital privé

L’évolution de la pauvreté est affectée par le ralentissement ou l’inversion des flux de capi-taux privés11, qui avaient augmenté au cours des cinq dernières années. Des pays comme le Kenya et l’Afrique du Sud ont utilisé ces en-trées de capitaux pour des investissements, notamment dans les infrastructures. Il y a aussi des possibles effets à long terme sur le développement de l’agriculture et donc, sur la sécurité alimentaire, car le ralentissement économique pourrait retarder ou empêcher l’investissement dans l’agriculture, qui est un élément clé de la solution à la crise alimen-taire à long terme. Tout cela aura un impact énorme car l’agriculture est le soutien de près de 90% des femmes et des hommes pauvres d’Afrique (Banque mondiale, 2007).

Comme les femmes constituent la grande majorité de la population rurale active, cela a des conséquences vitales pour elles. La di-minution des flux d’investissements étrangers contribuerait également à réduire davantage les financements à long terme, en particulier pour les petites et moyennes entreprises où

11 Les investissements étrangers directs, les investissements de portefeuille, les prêts et les envois de fonds.12 En 2008, les transferts de fonds à partir des pays dével-oppés vers l’Afrique s’élevaient à presque 2% du PIB (Ratha et al, 2008).

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Les impacts sur le financement du développement

L’aide publique au développement (APD) constitue une source importante de finance-ment pour les budgets de nombreux pays africains, en particulier pour la protection so-ciale et le secteur agricole où les femmes et les hommes pauvres sont les plus concernés. En Afrique australe, de l’est et centrale, l’APD a représenté plus de 10 % du revenu national brut de 13 pays dans la période comprise en-tre 2000 et 2007 (UA et CEA, 2009). Mais dé-sormais les pays développés doivent investir dans leurs propres plans de redressement et de relance économique ; notamment dans la recapitalisation de leur secteur bancaire. Que les engagements antérieurs en vue d’aug-menter l’APD soient maintenus ou pas reste une question en suspens, bien qu’essentielle à la mise en œuvre de programmes relatifs à l’aide alimentaire, à l’égalité entre les sexes et les droits des femmes, dont la plupart comp-tent sur le financement des bailleurs de fonds (AWID 2006). Cela pourrait également affecter l’engagement de l’APD vis-à-vis du VIH / Sida –les Etats-Unis ont promis 40 milliards de dol-lars pour les cinq années à venir (Washing-ton Post) - qui sont vitaux pour des millions d’Africains, surtout les femmes qui sont les plus touchées à la fois par l’infection du VIH et par le fardeau des soins. Des préoccupa-tions similaires existent quant à la promesse du Japon de doubler l’aide bilatérale à l’Afri-que d’ici 2012 afin d’améliorer l’infrastructure, stimuler la production agricole et promouvoir davantage les investissements privés dans la région.

5. Les réponses aux crises

Il existe d’importantes variations entre les ré-ponses données par les différents gouverne-ments et institutions. Le type de réponse dé-pend aussi bien de la marge budgétaire dont ils disposent que de leur degré de vulnéra-bilité face à la crise. Ainsi, ce sont principa-

lement les pays exportateurs de pétrole qui «ont le plus de marge budgétaire pour mener des politiques contre-cycliques, car elles ont accumulé d’énormes réserves de change au cours des récentes hausses de prix du pé-trole” (UA et CEA, 2009). Les diverses mesu-res qui ont été adoptées comprennent des ré-ductions de taux d’intérêt, la recapitalisation des institutions financières, l’augmentation de la liquidité pour les banques et les entrepri-ses, des programmes de relance budgétaire (Gabon, Namibie, Sao Tomé-et-Principe, Afri-que du Sud), des changements de politique commerciale, et des réformes réglementaires (UA et CEA, 2009). Certains pays comme le Rwanda, le Kenya et la République démocra-tique du Congo ont également mis en place des équipes spéciales ou des comités pour surveiller la crise financière et conseiller le gouvernement sur la manière de réagir.

Alors que les effets des mesures adoptées en réponses à la crise ne sont pas encore claire-ment observables sur les différents groupes sociaux, la potentielle discrimination envers les femmes, bien que non évidente, découle de la négligence lors de la considération des différences entre hommes et femmes. Bien que toutes ces réponses soient destinées à satisfaire les besoins immédiats et à atténuer les effets les plus graves de la crise sur les femmes et les hommes, il ne faut pas s’atten-dre à ce qu’elles aient un impact significatif sur la structure et les questions sous-jacentes à long terme de la crise. En particulier, il exis-te peu de preuves de la mesure dans laquelle ces réponses ont pris en compte les inégali-tés de genre et les besoins spécifiques des femmes. Il est donc extrêmement important d’évaluer l’impact des réponses dans les pays, ainsi que les réponses des gouverne-ments, selon s’ils sont importateurs de pétro-le, importateurs nets de denrées alimentaires, etc.).

Les programmes de relance budgétaire sou-lèvent la question de l’utilité des dépenses pour l’égalité des sexes, car il n’est pas clair

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que ces paquets soient plus efficaces que des mesures spécifiques directement ciblées vers les groupes concernés (tels que les transferts d’argent en espèces). Un accent particulier est mis sur le développement des infrastructures - en particulier l’énergie et les transports - dans la plupart des plans de re-lance fiscale, ce qui peut potentiellement mar-ginaliser les femmes parce que ces secteurs sont dominés par les hommes. En revanche, les mesures fiscales de la Namibie impliquent des augmentations de salaire de 24% dans le secteur public, qui peuvent éventuellement bénéficier les femmes car elles sont fortement représentées dans le secteur public. Le plan de relance de l’Afrique du Sud comprend “ un programme d’investissement public de 69,4 millions de dollars à trois ans; une ex-pansion des offres d’emploi dans le secteur public, l’augmentation des dépenses sociales et l’aide au secteur privé» (UA et CEA, 2009). Toutes ces mesures ont un potentiel impact positif sur la vie des femmes et sur leur bien-être.

En général, ces réponses ont été gravement entravées par un espace politique restreint et des recettes publiques limitées dans la plu-part des pays. Les réponses ont également eu tendance à se concentrer sur les filets de sécurité, par opposition à une politique glo-bale de protection sociale en faveur des grou-pes touchés. La principale préoccupation est la rigueur budgétaire adoptée en réponse à la crise par plusieurs pays, car elle est suscep-tible d’affecter les dépenses publiques dans les secteurs sociaux qui sont les plus impor-tants pour les femmes. Par exemple, «le Gou-vernement du Kenya envisage de réduire les dépenses à hauteur de 25 milliards de shil-lings. (...) Au Botswana, des restrictions ont été imposées (par le gouvernement) sur les bud-gets alloués aux déplacements, les achats de véhicules et la création de nouveaux emplois. En Angola, le gouvernement prévoit de révi-ser son budget à la baisse pour tenir compte de la diminution des recettes pétrolières pré-vue “(UA et CEA, 2009). De même, les réfor-

mes fiscales introduites à conséquence de la crise et visant à stimuler la mobilisation des ressources nationales pourraient également avoir des impacts négatifs sur les femmes, si les politiques budgétaires se concentrent sur des formes régressives de fiscalité.

Les mesures de politique commerciale adop-tées par certains pays afin de stimuler la crois-sance économique grâce au commerce ont été une composante importante des plans de relance en réponse à la crise dans plusieurs pays. Par exemple, le Cameroun a réduit ou supprimé les taxes d’importation sur les équi-pements, les outils et les biens requis pour la recherche et l’exploration pétrolière. Bien que cela soit certainement bénéfique pour les compagnies pétrolières, l’impact de ces me-sures sur la balance globale des paiements et des recettes des administrations publiques n’est pas clair. A Madagascar, la dévaluation de la monnaie locale réalisée par la banque centrale afin de restaurer la compétitivité des exportations a affecté de manière négative les ménages pauvres des villes et les entreprises nationales suite à l’augmentation du prix des biens de consommation importés et des dé-penses pour la production.

La prise en charge de la protection sociale se réduit à une protection à court terme des niveaux basiques de consommation des per-sonnes qui sont déjà affectés par les chocs liés à la crise. Les ressources allouées à la protection sociale dépendent, dans de nom-breux cas, du financement de donateurs. Dans l’ensemble, les diverses approches ont envisagé les filets sociaux de sécurité et les autres stratégies de protection sociale de manière neutre à l’égard des hommes et des femmes, confondant ainsi les genres et la pauvreté (Jackson, 1996; Randriamaro 2002). Ceci est susceptible de causer des discrimi-nations envers les femmes dans nombreux de ces programmes, tels que les travaux publics où sont ignorées les contraintes spécifiques des femmes liées à leurs rôles multiples.

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6. Vers des réponses aux multiplescrises sensibles au genre

Pour s’assurer d’obtenir des réponses aux multiples crises qui soient sensibles au genre, il faut commencer par reconnaître que le gen-re est un facteur déterminant de pauvreté et de vulnérabilité. Les impacts cumulatifs des crises climatique, alimentaire, énergétique, fi-nancière et économique augmentent le risque de renverser les tendances positives de déve-loppement humain et d’égalité entre hommes et femmes dans l’Afrique de l’est, australe et centrale, et réduisent les choix et les possi-bilités qui s’offrent à ceux-ci. En particulier, ces impacts augmentent la pression sur le travail non rémunéré de reproduction sociale des femmes dans l’économie de soins, car il devient le principal filet de sécurité pour un nombre croissant de personnes privées de leurs droits tout en servant de tampon pour les familles et les communautés contre les chocs des crises face à l’Etat, qui réduit la fourniture des services en raison de l’insuffi-sance de ressources.

Au niveau régional et national, il devient ur-gent de traiter les répercussions de la crise et de l’inflation globale sur les femmes pau-vres, sur les revenus réels des hommes et sur leur bien-être. Cela requiert des actions im-médiates et à court terme (comme les filets de sécurité et les subventions) qui prennent en compte les multiples rôles des femmes en tant que productrices, consommatrices et gestionnaires de la sécurité alimentaire des ménages. Les actions doivent également te-nir compte des différences de genre dans les stratégies d’ajustement, en incluant des me-sures politiques pour répondre aux besoins des travailleurs licenciés - en particulier dans le secteur informel et les zones franches d’ex-portation - en termes de protection sociale, de formation et de création d’emplois. La crise de reproduction sociale devrait être abordée à travers des mécanismes de soutien adéquats fournis par les services d’approvisionnement publics.

Il est également grand temps de reconnaître que ces multiples crises ne sont pas unique-ment entrelacées, mais que leurs causes sont ancrées dans le modèle néolibéral de pro-duction et de consommation. Comme telles, ces crises peuvent être vues comme des ma-nifestations paroxystiques de la crise du mo-dèle néolibéral de longue durée. À cet égard, les pays africains dépendant des biens de consommation devraient utiliser l’actuelle crise des prix des marchandises comme une occasion de s’éloigner du modèle néolibé-ral des exportations. Donner une réponse à la crise offre une occasion d’effectuer des transformations profondes, encourage la re-prise économique et accroît la demande en se concentrant sur les marchés intérieurs, en particulier les segments liés aux aliments et aux biens de consommation, où les petits producteurs et les petites et moyennes entre-prises de femmes sont concentrées.

Une telle transformation au niveau national et régional ne peut se faire sans que les modi-fications nécessaires soient faites au niveau mondial. Elle ne devrait pas viser non plus à la réparation du modèle de développement et de l’architecture financière qui ont échoué, tel que proposé par le G20. En revanche, les ré-ponses efficaces au niveau mondiale exigent des stimuli et un financement qui permettent aux pays africains de traiter la sécurité alimen-taire, énergétique, le changement climatique, la relance économique et l’égalité des sexes, non pas comme des défis distincts, mais comme des éléments clés d’un programme soutenable de développement, cohérent et sensible à l’égalité des genres. Au minimum, cela exige les actions suivantes:

• S’attaquer au manque de régulation de la fi-nance mondiale, y compris à travers une gou-vernance financière nouvelle, avec une repré-sentation satisfaisante de pays africains et d’agences de l’ONU, et le pouvoir d’influencer le processus décisionnel des organes de ré-gulation nationaux, en particulier dans les pays développés où la crise financière est née.

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• Compte tenu des effets très négatifs de la forte baisse des prix des marchandises sur les pays africains, établir des mécanismes de financement compensatoire et des mé-canismes de décaissement rapide avec des conditionnalités minimales pour réduire les importants coûts d’ajustement pour les pays africains, dont la plupart sont frappés par des chocs exogènes liés à leurs termes de l’échange.

• Reconnaître et traiter les critiques failles du marché international des denrées alimen-taires, notamment les questions de monopole et de responsabilité sociale, et des règles commerciales de l’OMC, les accords com-merciaux régionaux et bilatéraux. • Traiter les doubles standards dans les ré-ponses aux crises, et assurer une réponse coordonnée au niveau mondial de la politique macroéconomique qui se concentre sur des politiques monétaire, budgétaire et de crédit contre-cycliques et expansionnistes, non seu-lement pour les pays développés, mais aussi pour les pays africains.

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L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales

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AWID (2006) Where is the Money for Women’s Rights? First Fundher Report. http://www.awid.org/eng/Issues-and-Analysis/Library/2006-First-Fundher-report

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ARTICLES SOUS-RÉGIONAUX

L’impact de la crise sur les droits des femmes: les perspectives sous-régionales

Article 1 Amérique latine

Les impacts de la crise économique sur

l’égalité des genres.

Par Alma Espino et Norma Sanchís

Article 2 Caraïbes

L’impact de la crise économique sur

les femmes dans les Caraïbes.

Par Rhoda Reddock et Juliana S. Foster

Article 3 Asie

L’impact de la crise économique sur

les femmes dans l’Asie en

développement.

Par Jayati Ghosh

Article 4 Îles du Pacifique

L’impact de la crise économique

mondiale sur les femmes des Îles

du Pacifique: un aperçu.

Par Karanina Sumeo

Article 5 Asie Centrale

L’impact de la crise économique sur

les femmes en Asie Centrale.

Par Nurgul Djanaeva

Article 6 Afrique de l’Ouest

La crise financière mondiale et les femmes

en Afrique de l’Ouest: Le développement

des impacts et les politiques de réponse

Par Dzodzi Tsikata

Article 7 Europe de l’Ouest

L’impact de la crise financière sur

les femmes en Europe de l’Ouest.

Par Wendy Harcourt

Article 8 Europe Centrale et de l’Est

L’impact de la crise financière sur

les femmes d’ Europe Centrale et de l’ Est

Par Ewa Charkiewicz

Article 9 États-Unis d’Amérique

L’impact de la crise économique sur

les femmes aux États-Unis

Par Rania Antonopoulos et Taun Toay

Article 10 Afrique de l’Est

L’impact de la crise financière sur

les femmes en Afrique de l’Est.

Par Zo Randriamaro