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L’INCLUSION POUR TOUS : Comment instaurer la cohésion sociale au Canada Aperçus de conversations structurées

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L’INCLUSION POUR TOUS : Comment instaurer la cohésion sociale

au Canada

Aperçus de conversations structurées

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L’INCLUSION POUR TOUS : Comment instaurer la cohésion sociale

au Canada

Aperçus de conversations structurées

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Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1

La cohésion sociale au Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5

Facteurs et changements sociaux justifiant la recherche stratégique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1. Participation, citoyenneté et gouvernance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2. Répartition des revenus, équité, inclusion et accès. . . . . . . . . . . . . . 13

3. Immigration, intégration et respect de la diversité . . . . . . . . . . . . . . 16

4. Renforcement des capacités des collectivités autochtones . . . . . . . 18

5. Paix et sécurité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

6. Technologie de l’information, nouvelle économie, mondialisation et intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Enjeux liés à la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Annexe : Liste des participants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Table des matières

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Introduction

Objectifs

La notion de cohésion sociale est souvent évoquée, mais elle fait rarementl’objet de conversations structurées entre spécialistes de différents secteurs.Le présent rapport décrit les résultats issus de conversations de ce type. Les

premiers efforts qui ont mené au rapport ont commencé en 1997, lorsque lesresponsables du Réseau de la cohésion sociale (RCS), créé dans le cadre del’Initiative sur la recherche stratégique (IRS), ont demandé à des spécialistesfédéraux de la recherche stratégique de discuter de la cohésion sociale. Depuis,les ministères de la Justice du Canada et du Patrimoine canadien gèrent conjoin-tement ce réseau.

Durant l’hiver 2001-2002, les responsables de l’IRS ont demandé àMorris Rosenberg, sous-ministre de la Justice du Canada et sous-procureurgénéral du Canada, d’assumer le rôle de superviseur en chef. On a demandé àHélène Gosselin, sous-ministre adjointe, Affaires internationales et intergou-vernementales, Patrimoine canadien, d’assumer le rôle de sous-ministre adjointeresponsable. M. Rosenberg et Madame Gosselin ont accepté de renouveler larecherche stratégique dans le domaine de la cohésion sociale. Pour relever cedéfi, ils ont décidé de faire le point et d’apporter de nouvelles idées au processusd’établissement des orientations de la recherche stratégique dans ce domaine. Ilsont ainsi mis en œuvre un processus consultatif basé sur l’approche Delphi del’apprentissage et de la collecte d’information. Les autres objectifs clés consis-taient à établir des liens plus étroits entre la recherche et le processus d’élabora-tion de politiques, à étendre le réseau horizontal et à renforcer les capacités et lesconnaissances des intervenants.

Le processus mis en œuvre comprenait une série de consultations destinées àclarifier ce que l’on entend au Canada par cohésion sociale, le climat social et lesenjeux qui soulèvent des questions liées à la recherche stratégique, et certainesorientations de la future recherche stratégique. Si les consultations permettaientaux divers intervenants de s’entendre sur les éléments de la cohésion sociale etles enjeux connexes, cela ouvrirait la voie à l’amélioration des liens entre, d’unepart, la recherche et, d’autre part, les politiques et les pratiques de premièreligne. En définissant les éléments concrets mesurables de la cohésion sociale, les spécialistes de la recherche stratégique pourront mesurer ou évaluer leschangements touchant le climat de cohésion sociale au Canada, ce qui permettraensuite de disposer d’éléments plus clairs à l’appui de l’élaboration des politiques.

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Les consultations visaient également à renforcer le caractère horizontal du projetet à y faire participer de nouveaux partenaires issus du gouvernement, desuniversités et des organisations communautaires. En déterminant de quellefaçon les organismes communautaires et de première ligne établissent un climatde cohésion sociale, les décideurs comprendront mieux comment promouvoirces travaux et comment les lier aux initiatives gouvernementales afin derenforcer les capacités existantes.

Les organisations comme la Banque mondiale, ainsi que de nombreux pays et leConseil de l’Europe, utilisent le concept de cohésion sociale pour élaborer despolitiques liées à l’emploi, aux sans-abri et à d’autres enjeux. Par contre (et cen’est pas surprenant), la cohésion sociale n’est pas définie de la même façonselon les pays et les organisations. C’est pourquoi l’IRS visait à définir uneapproche typiquement canadienne susceptible de convenir à tous.

Pourquoi la cohésion sociale suscite-t-elle tant d’intérêt àl’heure actuelle?

Les progrès rapides qu’ont connus les sciences et la technologie au cours desdernières décennies ont été accompagnés de changements sociaux assez radi-caux : nouveaux problèmes liés à la santé, mobilité accrue de la population etmodification de la structure de l’économie mondiale. La mondialisation a faitapparaître un nouveau type de nations « nanties » et de nations « défavorisées »,parallèlement aux disparités traditionnelles qui, elles, se sont maintenues.L’extrême mobilité des populations et leur grande diversité créent des richesseset des ouvertures. Toutefois, elles peuvent générer des pressions sociales, étantdonné qu’il est difficile de garantir l’inclusion de membres de la société à la foisnouveaux et mobiles. Étant donné qu’au sein d’une même société, les gens ontdes aspirations, des points de vue et une culture de plus en plus divers, lesanalystes se demandent s’il ne sera pas plus difficile à l’avenir de mettre enœuvre des projets sociaux collectifs. Il sera peut-être nécessaire de moderniserles modèles de gouvernance et les politiques sociales afin de permettre à tous defaire entendre leur voix. Nous devrons continuer à trouver des moyens derapprocher les personnes aux opinions divergentes et d’intégrer l’ensemble descitoyens. Nombreux sont les analystes qui ont imputé à ces changements (quiprennent diverses formes) le récent regain d’intérêt pour la cohésion sociale.

Qui a participé aux discussions?

Environ 130 experts et chefs de file reconnus ont participé au processus consul-tatif. Ils ont fait bénéficier les autres participants aux discussions de leur longueexpérience au sein des quatre groupes suivants :

• hauts responsables des politiques au gouvernement fédéral;

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• chercheurs principaux au gouvernementfédéral et directeurs de la recherche;

• spécialistes et chercheurs de première ligneet d’organismes communautaires;

• chercheurs des organisations non gouverne-mentales (ONG) spécialisées et d’univesités.

Les nombreux participants représentant des organisa-tions-cadres ont participé à des ateliers et à des discus-sions en plénière avec les théoriciens et les spécialistesde la recherche inductive qui étudient, par exemple, lafaçon de faire valoir les droits lorsqu’on fait la promo-tion de l’inclusion des personnes handicapées ou desprojets de développement économique du Cap-Breton.

Comment les séances ont-elles étéorganisées?

Le processus consultatif, inspiré du modèle Delphi derecherche qualitative, comprenait une discussion struc-turée menée dans le cadre de cinq séances intersecto-rielles, entre mai 2001 et février 2002. Au terme dechaque séance, on a envoyé des rapports aux partici-pants de sorte que ceux-ci puissent faire des commen-taires ou ajouter des éléments à ce qui s’était dit. Cedocument a été utilisé lors de la séance suivante. Ils’agissait d’un processus itératif et interactif.

On a demandé à chaque participant de préciser savision :

• des principaux déterminants de la cohésionsociale,

• des principaux enjeux ou problèmes, • des activités de recherche ou de

collaboration nécessaires.

Le présent rapport résume les conseils qui ont étédonnés dans le cadre de ces discussions et reçus parécrit des participants. Il ne reflète pas les points de vuedu gouvernement du Canada ou des ministères participants.

Lors de son discours devantles organisations commu-nautaires et les universitaires,le sous-ministre MorrisRosenberg a déclaré :

Les décideurs d’expériencesavent très bien commentfaire avancer les choses ausein du gouvernement, tandisque les travailleurs depremière ligne, généralementissus d’organisations sans butlucratif, ont de nombreusescompétences pratiques etconnaissent les répercussionsdes différentes approches surles populations et les collec-tivités visées. Leur expérienceest vitale.

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Chaque séance a présenté des avantages uniques :

• Une journée de réflexion avec les membres du Réseau de la cohésionsociale a permis de très bien résumer les principales composantes dela cohésion sociale au Canada, de définir les facteurs sociaux qu’ilconvient de surveiller et de recommander des activités de recherche.

• Les principaux décideurs ont ensuite pu répondre en établissant unecourte liste des enjeux clés qui leur paraissaient évidents.

• Trois séances subséquentes organisées avec des employés depremière ligne, les représentants d’organisations du secteur bénévoleet d’ONG de premier plan, des spécialistes universitaires et des jeunesont confirmé qu’ils étaient nombreux à s’entendre sur les principalescomposantes de la cohésion sociale et sur les préoccupations socialesconnexes. Le dialogue nourri qui a marqué ces séances a permisd’obtenir le point de vue des ONG.

Processus de dialogue et distillation

Le Réseau de la cohésion sociale, qui représente une vingtaine de ministères, atout d’abord produit une liste de près de 50 facteurs liés à la cohésion sociale,puis les membres du Réseau ont voté pour déterminer les dix plus importants.Les facteurs en question étaient divisés en quatre domaines :

• nature des liens et de la participation, ainsi que les problèmes liés àl’engagement social, au bénévolat, à l’individualisme, à la fortemobilité, à l’évolution de la famille et des milieux de travail, et auxcontraintes de temps;

• collectivités risquant d’être exclues, en particulier celles qui ont unbesoin accru de services d’intégration, compte tenu du grand nombred’immigrants; et besoins des collectivités autochtones, des victimesde crimes et d’autres groupes vulnérables;

• accroissement des disparités économiques, persistance de la pauvretéet modification des mécanismes d’aide sociale;

• mondialisation, technologie de l’information, cybercommunautés,ententes internationales, accords commerciaux et éventuels changements subséquents touchant les liens, les identités multiples,la dégradation de l’environnement, l’épuisement des ressources, l’exclusion et les tensions marquant les relations entre régions.

D’autres discussions avec les principaux responsables des politiques fédérales,puis avec trois groupes multisectoriels composés de spécialistes et dechercheurs, ont permis de peaufiner cette liste. Il convient de noter qu’il existed’importantes similitudes entre ces données initiales et la synthèse finale issuede toutes les discussions engagées. Cela indique que les représentants des diverssecteurs s’entendent parfaitement sur les enjeux de la cohésion sociale.

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Définition de la cohésion sociale

Les consultations ont permis de définir une visionde la cohésion sociale au Canada basée sur laparticipation et l’inclusion de l’ensemble de la

population. La société canadienne est une société à lafois équitable, démocratique et unie — au sein delaquelle la diversité est perçue comme une force, et unréseau d’institutions accessible assure une bonnequalité de vie à tous les citoyens.

La cohésion sociale est possible dans un pays marquépar l’équité économique et sociale, la paix, la sécurité,l’inclusion et l’accessibilité des services. La diversité etles différences sont propices à la cohésion sociale,parce qu’elles contribuent à une vie politique etsociale riche.

Les participants à la consultation ont défini les quatreéléments clés interactifs nécessaires à l’instaurationde la cohésion sociale.

Les éléments de la cohésion sociale

Participation

La participation systématique à la vie communautaireet sociale est essentielle à la cohésion sociale. Il fautpour cela que la population puisse participer à la vieéconomique, politique et culturelle, et qu’il y ait, auniveau de la communauté, des membres qui,ensemble, participent activement. Cette participationdoit être le résultat d’un libre choix. Il est bénéfiquepour la société et les membres qui la composent

La cohésion sociale auCanada

* En général les commentaires issus des consultations ne sont pas attribués à des personnes précises. Ils ont souventété inscrits sur des tableaux à feuilles mobiles ou été exprimés par une personne, puis appuyés par d’autres. Danscertains cas, ils ont été modifiés par souci de correction de la syntaxe. Ces commentaires donnent une idée desinterventions qui ont été le plus appréciées. Nous avons parfois indiqué qu’un commentaire provenait d’un groupeou d’une personne en particulier.

Il faut s’intéresser à la fois àl’ensemble du pays et à sescollectivités.

Il est impossible de définiravec précision ce qu’est unCanadien; c’est d’ailleursune bonne chose, car celanous laisse plus de libertépour nous affirmer.*

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qu’un plus grand nombre de citoyens participent àl’élaboration et à la mise en œuvre de projets collectifset communautaires.

Liens

La participation et l’engagement peuvent dépendre duclimat de confiance, des liens établis, des réseaux existants et des relations avec les autres (élémentscomposant le capital social). Néanmoins, il arrive aussique ces éléments soient créés et renforcés par la participation à des activités diverses.

Liens et institutions

Les institutions et les politiques comme la politique surles langues officielles, le multiculturalisme et la Chartecanadienne des droits et libertés aplanissent lesdifférences et aident les gens à se comprendre et à serespecter. L’infrastructure des transports et des communications facilite la participation des citoyens àla vie sociale.

Répartition des revenus, équité, inclusion et accès

Il s’agit là d’éléments clés d’une perception canadiennede la cohésion sociale. Comme l’a dit le premierministre, au cœur de la « réalité canadienne » se trouveune nouvelle économie en pleine croissance quiprocure des avantages à tous les Canadiens et ne laissepersonne sur la touche.

Ces quatre éléments sont des composantes mesurablesde la cohésion sociale à propos desquelles on peut fairedes recherches et dont on peut faire la promotion. Onpeut s’en inspirer pour évaluer les activités derecherche, les politiques et les programmes nécessaires.

On a établi que plusieurs facteurs et changementssociaux (décrits individuellement dans la prochainesection) étaient importants pour le maintien de la cohésion sociale.

Nous devons:

• comprendre l’objectif quenous visons et les liensconcrets qui nous unissent;

• saisir le sens de l’équité, dela justice et de l’accessibilitédes services révélé par cesliens ou ces activités;

• déterminer si nos institu-tions sociales nous aident àbien comprendre cesfacteurs sociaux etfavorisent le type de cohé-sion sociale dont nousavons besoin.

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Facteurs et changementssociaux justifiant larecherche stratégique

Résumé

Les participants aux consultations ont établi qu’il fallait tenir compte deplusieurs facteurs sociaux pour bien comprendre les problèmes que va poser lacohésion sociale au Canada à l’avenir. Il s’agit de domaines qui évoluent rapide-ment, à propos desquels il faut faire des recherches et qu’il faut mieuxcomprendre, parce qu’ils risquent de soulever des questions stratégiques à unmoment donné. La plupart de ces facteurs peuvent être répartis en sixcatégories :

• participation, citoyenneté et gouvernance; • répartition des revenus, équité, inclusion et accès;• immigration, intégration et respect de toutes les formes de diversité;• renforcement des capacités des collectivités autochtones; • paix et sécurité;• technologie de l’information, nouvelle économie, mondialisation et

intégration.

Ces thèmes globaux peuvent être considérés comme des « cadres » ou desmodules thématiques qui incluent bien d’autres éléments de l’évolution sociale.Par exemple, l’importance des institutions clés comme la santé ou l’éducationpour l’inclusion et la participation a été évoquée à maintes reprises. Certains sedisent préoccupés par le manque de participation et d’inclusion de la popula-tion dans les grandes villes et dans d’autres collectivités, compte tenu de l’accroissement des disparités, de l’extrême mobilité de la population, de larestructuration et de la réduction des services offerts. Se pourrait-il que les habitants des collectivités éloignées n’aient pas suffisamment accès aux servicesou aux ouvertures créées par l’économie? Certaines collectivités ou certainsgroupes au profil démographique particulier (par exemple, les sans-abri, lespersonnes handicapées ou les résidants des régions éloignées) ont-ils tendance àêtre exclus du développement social?

Une grande majorité des participants étaient d’accord pour dire que la cohésionsociale résulte d’un effort à la fois local et national, et souhaitent vraiment mieuxcomprendre l’interaction entre ces deux paliers. Ils ont déterminé que les collec-tivités constituaient la pierre angulaire de la cohésion sociale, puisque c’est làque l’on établit les connexions et les liens. Parallèlement, les participants ontreconnu que l’évolution sociale, mondiale et technologique modifiait le profil

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des collectivités et des liens qui s’y tissent. Les relationstransfrontalières sont désormais courantes et, à diversdegrés, les Canadiens s’identifient au continentnord-américain, à leur pays ou à leur pays d’origine, ouencore à la planète dans son ensemble. Par ailleurs, lespressions qu’impose la mondialisation en matièred’échanges commerciaux, de concurrence et de sécu-rité peuvent influer sur la qualité de vie des Canadiens.Certains participants ont dit craindre que les pressionséconomiques et commerciales n’influent sur les politiques nationales ou ne menacent la durabilité de certaines des institutions et de certains desprogrammes qui ont toujours créé des liens entre lesCanadiens.

1. Participation, citoyenneté et gouvernance

La consultation a mis en évidence le fait qu’aux yeuxdes Canadiens, la participation constitue un élémentcrucial de la cohésion sociale. Pour qu’un citoyen ait unsentiment d’appartenance et d’attachement à lasociété, il faut qu’il ait à la fois la capacité et le désir departiciper à diverses activités et d’intégrer un réseau derelations. En tant que pays comptant de multiplescultures, langues et régions, le Canada a développé despratiques basées sur l’adaptation et le respect mutuelqui permettent à différents groupes de conserver leuridentité sans être marginalisés en raison de leurdifférence. La participation à la vie politique etéconomique est importante, au même titre que lebénévolat, l’aide, le fait de dispenser des soins ou dejouer simplement le rôle de « gardien » pour desvoisins. Au cours des discussions, les participants ontréitéré les valeurs habituellement associées à la participation à la vie sociale au Canada – inclusion,équité, justice et acceptation. Selon certains, le modèlecanadien de cohésion sociale se caractérise par uneparticipation inclusive et active à l’établissement d’objectifs collectifs et communautaires, puis à la réalisation de ces objectifs.

Les sous-ministres adjointset les hauts fonctionnairesaccordent une grandeimportance à la participa-tion, comme en témoignentles citations suivantes,extraites de leurs conversa-tions animées :

Il faut que les gens aient lacapacité de participer à la viesociale de leur collectivité;pour ce faire, il faut des institutions — mais celles-cidoivent parfois s’adapter auchangement. Le nouveau déficonsiste à faciliter la participation de tous à unesociété de plus en plus diver-sifiée. Au delà des institutionsofficielles, nous devonscomprendre les nouveauxmodes de participationconstructive. Qui participe?Qui est particulièrement apteà faire participer d’autrespersonnes? Qu’est-ce quiencourage la participation?

Nous avons besoin de déterminer comment lescitoyens de la base seregroupent; la recherchestratégique devrait mettrel’accent sur les activitéssociales et sur le sens civique,ainsi que sur la nature descollectivités et de la partici-pation communautaire. Lesquestions clés sont les suivantes : « Observe-t-onune certaine cohésion au seindes collectivités? » et« Existe-t-il des mécanismesde médiation au sein descollectivités? »

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Comment les liens, les collectivités et la participationévoluent-ils?

Les personnes consultées pensent que la recherchestratégique devrait porter sur la nature actuelle de laparticipation, et non s’appuyer sur une façon dépasséede définir les relations entre les gens et leur participa-tion à la vie politique et sociale. La nature de la partici-pation et des relations sociales à l’échelle nationalepourrait changer avec l’évolution des technologies descommunications, du travail et d’autres aspects de lasociété. Par exemple, les contacts peu fréquentsrisquent de devenir monnaie courante dans notreculture axée sur la vitesse et le numérique. Les relationsà long terme ou les rencontres de personne à personnerisquent de se raréfier.

Selon les participants, c’est au sein de sa famille, dansle cadre de ses relations personnelles et avec ses voisinsque chacun apprend à coexister, à faire des compromis,à faire confiance aux gens et à partager. L’enfance estconsidérée comme une étape cruciale de la vie pour cequi est de l’inclusion, du développement personnel etde la constitution du capital social. Si ces étapes nesont pas franchies durant l’enfance, les occasions de lesfranchir peuvent ne plus jamais se présenter. C’estpourquoi, selon les participants, nous devons veiller àce que tous les Canadiens aient l’occasion de participerdès leur enfance au développement social, dans lecontexte des transformations que subissent la familleet les collectivités.

Les institutions, éléments d’une infrastructure vitale

Lors de chaque séance, les participants ont insisté surl’importance des institutions, des politiques et despratiques qui caractérisent depuis longtemps la« réalité canadienne », en particulier sur le plan dessoins de santé, de l’éducation, des transports, descommunications, du logement, de la protection desdroits et libertés et du filet de sécurité sociale. Ces institutions sont le résultat d’une volonté de servir desattentes et des intérêts communs et du partage desresponsabilités. Un grand nombre de participants ontdit craindre que l’accès universel et équitable à cesinstitutions ne soit menacé. Ils pensent qu’un accès

Comment pouvons-nousdévelopper le sens de lajustice et de l’équité – quisont deux valeurs précieusesaux yeux de tous?

La cohésion sociale est liée àde nombreux aspects de lavie en collectivité. Un desexemples propres au Canadaest la compréhension descollectivités autochtonesdans une société multicul-turelle; la recherche devraitporter sur les enjeuxtypiquement canadiens.

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limité aux soins de santé communautaires, garants dubien-être, est une source d’anxiété et d’isolementconsidérable pour les populations vulnérables et pourles aidants naturels. Par ailleurs, il se peut que lesgroupes dépendant tout particulièrement de ces serv-ices aient le sentiment qu’on ne leur accorde pas beau-coup de considération. Par exemple, les Canadiens âgéspourraient avoir le sentiment que les restrictionsimposées au secteur des soins de santé témoignentd’un manque de préoccupation des autorités en ce quiconcerne leur qualité de vie.

Les jeunes participants ont fait part de leur inquiétudeà propos des difficultés d’accès à une éducation abordable et ont indiqué qu’un grand nombre dejeunes considéraient les restrictions imposées dans cesecteur comme un manque de respect à leur égard. Enoutre, selon eux, la limitation de l’accès à l’enseigne-ment supérieur constitue un frein potentiel à l’inclu-sion, puisque l’éducation est l’un des moyens impor-tants d’offrir les mêmes chances à tous et de multiplierles débouchés pour ceux qui ne viennent pas d’unmilieu favorisé.

Les jeunes consultés sont favorables à l’éducationcivique, à l’apprentissage de la citoyenneté et à lapromotion de la connaissance de la Charte canadiennedes droits et libertés et de la Loi canadienne sur lesdroits de la personne, ainsi que de programmes encourageant la participation à la vie civique et auxtravaux communautaires. Selon eux, tous les jeunes, ycompris ceux qui sont à l’extérieur du courant domi-nant ou de la société traditionnelle, devraient pouvoirjouer un rôle dans l’évolution de la société.

En tant que résidants d’une nation aussi étendue quediversifiée, nous avons en commun des institutions,des valeurs et des activités, et nous entretenons desliens avec des gens qui vivent parfois très loin ou ontvécu des expériences très différentes. Les participantsont insisté sur l’importance des activités de liaison quireconnaissent le rôle des personnes et des collectivités,par exemple les Autochtones et les groupes ethniques,les francophones vivant hors Québec et les jeunesmarginalisés. Ils ont recommandé que les responsablesde la recherche déterminent des modèles acceptables

Les résidants d’un villagepeuvent vivre dans un espritde cohésion tout en étantquand même isolés.

Nous devons penser auconcept de citoyenneté et à cequ’il signifie sur le plan de lagouvernance, du pouvoir etde l’éthique; nous devonségalement comprendre quelssont nos droits et nos responsabilités sociales.

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ou des pratiques exemplaires qui reconnaissent etrespectent les différences tout en facilitant le travailcollectif. Lors de la quatrième consultation avec lesreprésentants des collectivités francophones, les parti-cipants ont évoqué les problèmes liés à la fragmenta-tion régionale, à la mise à l’écart et aux limites de lareprésentation politique. Ils ont insisté sur la nécessitéd’intégrer et de promouvoir les collectivités linguis-tiques minoritaires. Ils jugent que la langue et la cultureconstituent des aspects essentiels de la cohésionsociale pour les Canadiens.

Gouvernance

Les participants représentant le gouvernement et lesONG ont tous affirmé que la majeure partie desmesures gouvernementales ont une incidence sur lacohésion sociale et sur ses composantes. Les politiquesou les programmes qui ne sont pas axés sur la cohésionsociale peuvent avoir des répercussions négatives nonintentionnelles sur certaines composantes de la cohé-sion sociale, en raison de leur structure ou de leurmode de mise en œuvre. Les participants considèrentqu’il est primordial d’offrir des services au public et demettre en œuvre les programmes dans un soucid’équité et d’humanité. Selon les cadres supérieurs, ilfaut que les programmes et les services offerts soientcrédibles. Lors des séances suivantes, les représentantsde la société civile ont indiqué que, selon eux, ilfaudrait chercher avant tout à mettre en place de sainesméthodes de gouvernance axées sur l’inclusion et laparticipation. Un participant travaillant auprès despopulations défavorisées a observé que, lorsque lespolitiques accordent trop peu d’importance auxpersonnes marginalisées et les considèrent comme dessources de problèmes, ou lorsqu’elles limitent lescapacités d’un certain nombre d’organisationscommunautaires, elles vont à l’encontre de la volontéde cohésion sociale. La cohésion sociale est assuréelorsque les interventions, les politiques et lesprogrammes gouvernementaux démontrent auxCanadiens qu’ils sont tous considérés comme despersonnes importantes.

Les représentants du gouvernement et de la sociétécivile, quel que soit leur âge, se sont dits préoccupés

Les hauts fonctionnairesfédéraux ont discuté de laconfiance dans legouvernement quetémoigne la population etdes préoccupations decertains à propos du« désengagement » dupeuple. Voici ce qu’ils ontobservé :

Le gouvernement ne devraitpas définir ce que doiventêtre les valeurs de sescitoyens — en intervenantde la sorte, il risque des’éloigner de la population.Vous avez soulevé [lors de lapremière séance] la questionde la confiance dans legouvernement. La confianceest un indicateur qui posecertains problèmes. J’ai peurque nous ne nouscontentions de ce que nousconnaissons; parce que noussommes au gouvernement,nous avons peut-êtretendance à percevoir lesproblèmes avec le point devue du gouvernement.Quelle perception lescitoyens ont-ils de cesmêmes problèmes?

Compte tenu de ce que noussavons à propos du regainde cynisme au sein de lapopulation, nous pouvonsagir dès aujourd’hui — sansnécessairement faire beau-coup de recherches. Nouspouvons nous efforcerd’établir des liens avec lesgens et de les encourager àparticiper à la vie publique.Les membres du gouverne-ment doivent respecter lesengagements qu’ils prennent.

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par la « rupture de contact » entre les citoyens et lesgouvernements. Les jeunes se disent pleins de cynismeet se sentent étrangers aux systèmes judiciaire, éducatifet parlementaire; les jeunes membres des minoritésvisibles n’ont pas confiance dans les policiers. La confi-ance dans le gouvernement est souvent considéréecomme un indice de la cohésion sociale mais, seloncertains participants, il n’est peut-être pas mauvais quecertains Canadiens au niveau de scolarité élevé hési-tent à faire confiance aux autorités et aux expertslorsque ceux-ci doivent prendre des décisions à leurplace. On pourrait trouver une solution positive à ceproblème en cherchant des moyens plus intelligents defaire participer les citoyens aux processus décisionnelsdu gouvernement. Il faudra peut-être instaurer desapproches de la gestion publique davantage axées surla collaboration et l’inclusion, afin de faciliter la forma-tion de partenariats avec le secteur privé et les organ-ismes sans but lucratif. Certains participants pensentqu’il faut mieux expliquer au public ce qui fonctionneen pratique, grâce à des projets pilotes et à des étudesportant sur les activités en cours. Ils se sont dits favor-ables aux efforts visant à déterminer les pratiquesexemplaires en matière de gouvernance des Premièresnations et de renforcement des capacités des dirigeantsdes collectivités autochtones.

Une optique de cohésion sociale

Un grand nombre de participants pensent que l’onpeut appliquer le principe de la cohésion sociale àtoutes les politiques gouvernementales, afin de garantirqu’elles n’entament pas le capital social, et ne nuisenten rien aux collectivités et à l’esprit de solidarité etd’équité. Depuis nos politiques existantes, notre poli-tique ou le multiculturalisme et celle sur les languesofficielles n’étant que deux exemples, il serait possiblede promouvoir l’inclusion et la participation en visantla cohésion sociale. Parfois, pour garantir l’équité etl’inclusion, il n’est pas nécessaire de mettre en œuvrede nouveaux programmes; il faut plutôt prendre desmesures efficaces et rapides à propos des lois envigueur ou des droits des citoyens. Dans d’autres cas, ilfaudra élaborer de nouveaux modèles et de nouvellespolitiques.

On pourrait procéder àl’élaboration et à l’analysede tous les programmes et detoutes les politiques dansune optique de cohésionsociale.

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Par ailleurs, si l’on accorde la priorité à l’inclusion/lacohésion sociale, on risque de voir certaines activitéssociales sous un autre jour (par exemple, certainesformes de contestation politique). Les jeunes ayantparticipé aux séances de discussion pensent que ladémocratie a tout à gagner de l’existence de courantsdissidents. Selon eux, il faudrait reconnaître que lescritiques des politiques en place constituent une formede participation et de préoccupation pour le pays. C’estl’inertie, et non la critique, qu’ils jugent la plusdangereuse.

En accordant la priorité à la cohésion sociale, lesdécideurs pourraient en outre chercher le meilleurmoyen de promouvoir la compassion, le souci desautres et la responsabilisation, ainsi que les liens entrecollectivités. Selon les participants, en cherchant dequelle façon on établit un climat de cohésion sociale,on pourrait faire en sorte que les politiques etprogrammes aillent dans le sens de cette cohésionsociale au lieu de la menacer.

2. Répartition des revenus, équité,inclusion et accès

Aux yeux des participants, la longue tradition canadienne de redistribution des revenus, deprogrammes sociaux et de soins de santé, et son passérelativement honorable en ce qui concerne le traitement des disparités sociales ou fondées sur lesexe, sont deux éléments essentiels à la cohésionsociale. Toutefois, ils s’inquiètent d’une polarisationaccrue des richesses et des revenus, et de la multiplication des quartiers défavorisés dans lesgrandes villes canadiennes.

Les institutions et les programmes de médiationpermettent à tous d’accéder aux services publics etcomblent les écarts entre les différents groupes. LaCharte canadienne des droits et libertés, la politique surle multiculturalisme et l’emploi des deux langues officielles sont considérés comme des facteurs importants pour la protection de l’équité et de l’accessibilité des services. Les politiques quipréconisent la paix et la sécurité font également partie

En raison de l’augmentationdes frais de scolarité, lesjeunes ont moins facilementaccès à l’enseignementsupérieur; l’éducation devientun privilège réservé aux plusnantis. Les résidants desquartiers pauvres ont davan-tage besoin de services desanté, mais ils y ont plusdifficilement accès.

Nous amplifions le problèmelorsque nous approuvons despolitiques commercialesinternationales qui risquentde nuire à nos institutions.L’américanisation de nosprocédés et de nos valeurspeut se traduire par l’adop-tion de pratiques susceptiblesde limiter la cohésion; c’est lecas de l’établissement deprofils teinté de préjugésraciaux.

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de l’infrastructure qui facilite la participation à la viecommunautaire et à la vie sociale à l’échelle nationale.Aux yeux des Canadiens, l’inclusion nécessite l’accès entoute sécurité aux ressources et aux possibilités qu’of-frent les collectivités. La violence est l’un des piresennemis de l’inclusion.

Pauvreté et disparité

Ce qui préoccupe le plus les participants aux discus-sions, c’est la persistance de la pauvreté dans la sociétécanadienne contemporaine. Les experts consultésreconnaissent que certains groupes demeurent plusexposés à la pauvreté et à l’exclusion. Ils considèrentque les enfants, les jeunes de la rue, les personnesâgées et les personnes handicapées, ainsi que les immi-grants, sont les premiers touchés par le chômage, lapauvreté et l’exclusion. Le terme « exclusion sociale »permet d’attirer l’attention sur la dimension sociale dela pauvreté. Les personnes frappées par la pauvreté nepeuvent pas participer pleinement à la vie communau-taire. De plus, les besoins économiques vont souventaccompagner et amplifier d’autres formes de marginalisation. D’autres citoyens connaissent unemarginalisation sociale qui n’est pas liée à leur situa-tion économique. Par exemple, la victimisation et lessévices causés aux enfants représentent des casextrêmes d’exclusion du système de sécurité et deprotection sociales. Il faut donc trouver la réponse à cesproblèmes dans l’établissement de liens entre lebien-être économique et l’inclusion sociale. Enfin, onpeut aussi faire la différence entre l’optique de lapauvreté et l’optique de l’inclusion, en reconnaissantque c’est l’ensemble de la société qui souffre lorsquecertains des groupes la composant ne peuvent paspartager pleinement une volonté nationale d’équité,d’accessibilité et de participation.

Les participants ont observé que, d’une part, les disparités économiques entre les groupes à revenuconfortable et les groupes vulnérables s’amplifient etque, d’autre part, un plus grand nombre de Canadiensde classe moyenne sont exposés à l’insécuritééconomique. On observe une augmentation des licenciements ou du nombre d’emplois nongarantis rémunérés sans avantages sociaux. Par

La cohésion sociale passepar l’action collective; elledépend de la façon dont lesgens interagissent, duniveau d’équité qui carac-térise la société, et du faitque cette société est ou n’estpas raisonnable et inclu-sive. Étant donné que notresociété se diversifie et sefragmente progressivement,comment gérons-nous cetteévolution?

Les groupes qui ont étémarginalisés devraient êtreresponsabilisés, participer àla mise en place des institu-tions et occuper des postes àresponsabilité.

Les outils utilisés par lepassé (institutions et filet desécurité sociale) pourraientne plus être disponibles àl’avenir.

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ailleurs, les familles et les enfants sont victimes de l’in-sécurité économique qui fait souvent suite auxdivorces, aux séparations et à d’autres changementsfamiliaux. Les risques que présentent pour les enfantset les jeunes l’exclusion économique ou l’exclusion dunoyau familial peuvent être atténués par la familleélargie ou le soutien de la collectivité. Les consultationsont mis en évidence le fait que les enfants et les jeunesont besoin de l’aide de la collectivité.

Les changements marquant la société et les politiquesgouvernementales se combinent aux changementséconomiques pour déterminer l’évolution des dispar-ités et de la pauvreté. Par exemple, le marché du travailactuel exige un niveau de plus en plus élevé de scolari-sation et de compétences. Or, l’écart de revenu entreles familles se creuse, de sorte que certains enfants ontfacilement accès très jeunes à la technologie et auxpossibilités d’apprentissage, tandis que d’autres sonttrès limités à cet égard. Parallèlement, étant donné queles familles et les ouvertures de marché évoluent, lesoutien qu’accordent les pouvoirs publics à l’éducationrisque de ne pas demeurer suffisant pour combler lesbesoins de plus en plus nombreux.

Les multiples formes de l’exclusion

L’extrême mobilité de la population fait augmenter lesprobabilités d’insécurité économique, et la possibilitéque les réseaux informels de soutien provenant d’amis,de voisins ou de membres de la famille élargie soienteux aussi affaiblis. Dans les collectivités qui comptentpeu de résidants installés depuis longtemps, lesréseaux de soutien sont moins présents. Les compres-sions budgétaires imposées aux programmes sociaux etla mauvaise santé économique des régions peuventcauser une dislocation du paysage social. Les travauxentrepris dans le cadre du Partenariat rural canadienont soulevé des questions à propos des déficits sociauxque l’on a observés dans les régions rurales du Canada,lesquels sont liés à la pauvreté, à l’analphabétisme et àdes taux de mortalité infantile plus élevés. Par ailleurs,les personnes exposées à la violence et à la victimisa-tion peuvent souffrir d’exclusion sociale. Mais le plusgrave problème tient au fait qu’un grand nombre deCanadiens souffrent de multiples formes d’exclusion.

Compte tenu de l’évolutiondémographique de notrepays, les « minorités » sontappelées à devenir majori-taires... La diversité ne poseaucun problème, tandis quele contraire est vrai en ce quiconcerne le lien entre diver-sité ou appartenance à uneminorité et pauvreté etexclusion. Chaque membrede notre société pluralistedevrait pouvoir participer àla vie sociale.

Nous ne voulons pas d’unesociété monochrome.

Pourquoi imposer auximmigrants un doctorat s’ilsne peuvent pas faire valoir cediplôme par la suite?

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Par exemple, les personnes pauvres et handicapéesrisquent davantage d’être victimisées et d’avoir du malà accéder aux services. Les pauvres ont moins facile-ment accès aux soins de santé communautaires, alorsque ce sont eux qui en ont peut-être le plus besoin. Lesjeunes et les représentants d’organisations communau-taires ont fait observer que les collectivités plus pauvresont parfois de la difficulté à accéder à des ressourcescomme les espaces communautaires, l’argent, le loge-ment et un environnement sain. Les enfants pauvresont parfois plus de mal à se payer des études, d’autantque les frais de scolarité tendent à augmenter. Lesspécialistes fédéraux de la recherche, les jeunes et lestravailleurs de première ligne ont observé que lesnouvelles données fournies par l’Enquête longitudinalenationale sur les enfants et les jeunes démontrent queles étudiants sont mieux préparés à l’école et plus aptesà s’entendre avec leurs camarades lorsqu’ils viventdans une collectivité qui possède des ressourcescomme des parcs, des bibliothèques et desprogrammes préscolaires.

Les participants ont analysé ces problèmes dans l’optique de la cohésion sociale et ont insisté sur lesrépercussions de l’exclusion économique sur l’exclu-sion sociale — sur la participation et les liens, et sur lesentiment d’appartenance à une société. La directricegénérale d’une banque alimentaire a indiqué que sesclients étaient peu enclins à participer activement à lavie sociale et à être des citoyens engagés, parce qu’ilspensent que les perspectives qui s’offrent à eux ne leurpermettront pas d’influer sur les processus décision-nels. Le défi consiste à traiter le problème de la marginalisation de manière à promouvoir l’efficacité, laparticipation et le capital social.

3. Immigration, intégration et respectde la diversité

Lors de chaque séance, les participants ont insisté surle fait que la diversité et l’immigration constituaientdes éléments positifs de la cohésion sociale au Canadaet de l’identité canadienne. Cependant, ils ont égale-ment précisé qu’il ne fallait pas considérer comme unacquis l’inclusion, l’accès et la participation pour les

Voici ce qu’ont dit les hautsfonctionnaires :

Pour garantir la cohésionsociale, il faut notammentaméliorer le statutsocio-économique desAutochtones.

Je me suis rendu dans deuxcollectivités du Nord quicomptent une forte popula-tion autochtone et sontéloignées de 80 kilomètres.L’une d’elles n’offrait aucuneactivité sportive et ne comp-tait aucun dirigeantcommunautaire, et lesparents ne semblaient yfaire aucune activité avecleurs enfants. L’autre étaitune collectivité dynamiqueet en santé, où les parentss’occupaient de leursenfants et où de nombreusesactivités étaient organisées.Comment stimuler le lead-ership en l’absence dedirigeants, lorsque ceux-ciont été écartés? Par oùdevrait commencer la créa-tion d’une collectivité?

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néo-Canadiens, compte tenu des liens que l’on aétablis entre, d’une part, les minorités visibles et lesimmigrants reçus et, d’autre part, l’exclusionéconomique et sociale. Il faut répondre par des poli-tiques fermes afin de garantir le succès du processusd’intégration. Cela permettra à la société canadienned’être enrichie par l’immigration, et à ses membresd’accepter la diversité avec enthousiasme.

Selon les participants, le statut social des néo-Canadiens, des immigrants et des membres desminorités visibles et d’autres collectivités défavoriséesest un des éléments importants qui devrait faire l’objetde recherches stratégiques. Voici les thèmes particuliersqui ont été soulevés : surreprésentation desnéo-Canadiens et des minorités visibles parmi lesgroupes exclus de la vie économique; rôle clé de l’édu-cation et de la formation; et reconnaissance des titresde compétences et des diplômes des autres pays. Lesparticipants pensent qu’une des forces du Canada tientau fait qu’il n’a pas « isolé » les minorités visibles ou lespauvres, mais certains craignent que la situation nechange. D’autres se disent préoccupés à propos duracisme, de la tendance aux stéréotypes et des diffi-cultés d’accès aux services. Certains jeunes Canadienspensent que l’inégalité et la discrimination font partieintégrante de notre société. Ils assimilent à unphénomène de discrimination systématique lespréjugés raciaux des policiers et le fait qu’un nombredisproportionné de jeunes noirs et d’Autochtonessoient poursuivis pour diverses infractions. Ilscritiquent en outre les médias qui, selon eux, associentles cultures et les modes de vie différents à une certaineinsécurité. Ils ont observé que le mot « tolérance » étaitencore utilisé, mais pensent qu’il signifie davantage« supporter la présence des gens » que « les faireparticiper à la vie sociale et les respecter ».

Faire la promotion des liens et des possibilités

Les participants considèrent que la diversité culturelleet sociale du Canada est un des éléments qui fait laforce de la société canadienne. Un grand nombre deCanadiens ont des origines géographiques, une cultureet des centres d’intérêt différents. Les personnesconsultées pensent qu’il faut respecter l’identité

Voici ce qu’ont dit les hautsfonctionnaires :

Nous devons déterminer lesfaçons les plus positives d’in-tervenir et établir de quellemanière nous pourronstravailler efficacement avec lescollectivités et les autrespaliers de gouvernement.

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culturelle, religieuse, ethnique, linguistique, démo-graphique et idéologique de chacun. Il faut que ledomaine public soit divisé en divers espaces quiaccueillent des gens de tous horizons et encouragent lacoopération. Les jeunes accordent la priorité aux initia-tives qui multiplient les occasions qu’ont les Canadiensde travailler ensemble, d’apprendre à se connaître et dereconnaître le talent et l’expérience de tous, au lieu dechercher à assimiler tout le monde à un même idéal.Pour établir des liens, il faut veiller à ce que chaquequartier et chaque organisation accueille tout lemonde. La promotion de nos deux langues officiellesdemeure un élément connecteur important.

4. Renforcement des capacités descollectivités autochtones

Les participants ont reconnu qu’il serait particulière-ment pertinent de faire de la recherche axée sur lacohésion sociale à propos du statut des Autochtones duCanada. Les spécialistes gouvernementaux de larecherche ont fait observer que la populationautochtone est globalement beaucoup plus jeune quecelle du reste du Canada — tendance qui pose desproblèmes, mais crée également la possibilité derenforcer la cohésion sociale et l’inclusion desmembres de ce groupe démographique. Le pour-centage élevé de jeunes Autochtones de moins de15 ans, en plus du fait qu’ils ont souvent un niveau descolarité peu élevé, laisse à penser que le statutsocio-économique de certains pourra se détériorer envieillissant et qu’ils auront de la difficulté à accéder aumarché du travail.

Les participants se sont dits inquiets à propos de laparticipation des Autochtones à la vie sociale et de leursentiment d’appartenance. Les résidants des centresurbains sont particulièrement exposés aux problèmes.Les personnes ayant participé aux programmes liés auPartenariat rural canadien ont cependant noté que,dans les régions rurales du pays, les déficits sociauxsont particulièrement marqués au sein des collectivitésautochtones. La Société canadienne d’hypothèques etde logement et le Secrétariat national pour lessans-abri (entre autres) ont mené des études qui

Il n’est pas nécessaire de s’inquiéter à propos des gensqui portent des armes à feu.

Il est tout à fait légitime demanquer de confiancelorsqu’on appartient à ungroupe qui fait l’objet dediscrimination.

La cohésion sociale passe parla justice sociale — c’est ce quereprésentait Trudeau.

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révèlent la situation dramatique de nombreuxAutochtones par rapport à divers indicateurssocio-économiques. Le nombre très élevéd’Autochtones condamnés pour des infractions criminelles est révélateur, et le dernier discours duTrône faisait d’ailleurs du règlement de ce problème unobjectif national. Les études essaient de déterminerpourquoi certaines collectivités autochtones sontconfrontées à un niveau de violence critique, tandisque d’autres sont relativement sûres.

Les participants pensent que les Autochtonessouhaitent vivement renforcer leurs capacités ets’épanouir pleinement, mais croient que les possibilités de participation que leur offrent l’économieet la société canadiennes sont limitées. Un participantautochtone a fait observer que les Autochtones ontparfois le sentiment qu’on leur ferme les portes, qu’onne les écoute pas et qu’on les laisse de côté.

Les Autochtones ont déclaré qu’ils ne voulaient pas queleurs problèmes soient masqués par la question dumulticulturalisme; ils ne veulent pas non plus êtreconsidérés comme une minorité ethnique. En outre, ilsn’accepteraient pas qu’on assimile la cohésion sociale àune recherche d’homogénéité. Il est important que tousles Canadiens soient réceptifs à des approches nontraditionnelles et, en particulier, qu’ils reconnaissent la contribution majeure qu’ont apportée et quecontinuent d’apporter à la société canadienne laculture et les peuples autochtones. Les problèmes desAutochtones canadiens sont uniques, mais ils ne sontpas les mêmes dans toutes les collectivités du pays. Unparticipant autochtone a indiqué qu’il ne fallait passupposer que les collectivités autochtones constitu-aient un modèle de cohésion sociale, ou qu’ellespartageaient toutes la même vision. Au contraire, ellessont très diverses; il faut essayer de mieux comprendrela dynamique des différentes collectivités autochtones.Les participants pensent que la défense des droits et lesstructures juridiques peuvent faciliter la promotion del’efficacité des interventions collectives. Ils recomman-dent le renforcement des capacités et la promotion duleadership grâce à une recherche active.

Il faut mobiliser lesressources, mais adopter uneapproche différente en élar-gissant les réseaux existantsqui facilitent la collaborationet les partenariats, laréciprocité et le principe del’association. Il faut entre-prendre des recherches trans-disciplinaires et intersecto-rielles, axées sur l’établisse-ment de liens. Il faut recruterdes personnes compétentes etétablir des réseaux.

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De nombreuses recherches ont déjà été entreprisesdans ce domaine et, selon les personnes consultées, ilfaudrait maintenant mettre l’accent sur des projetspilotes auxquels participeraient les collectivités, au lieud’attendre les résultats de nouvelles études pourprendre des mesures. Même si l’on ne sait pas encorevraiment ce qui fonctionne, les participants pensentque la mise en œuvre prochaine de projets pilotes et d’autres initiatives permettrait de tirer des enseignements de la pratique.

5. Paix et sécurité

Les Canadiens consultés sont très attachés à la sécurité,à la paix, au civisme et aux droits qui sont les garantsde leur qualité de vie. Les spécialistes gouvernemen-taux de la recherche classent la paix, l’établissement dela paix, les collectivités sûres et la Charte canadiennedes droits et libertés au rang des principaux détermi-nants de la cohésion sociale; selon eux, ces élémentsnous permettent de nous distinguer des Américains etcontribuent à la réputation que nous avons dans lemonde.

Selon les jeunes participants en particulier les immi-grants et les visiteurs disent souvent que la paix, lasécurité et le civisme comptent parmi les principauxatouts du Canada. Ils pensent également que nousnous distinguons depuis longtemps des Américains enraison du niveau de sécurité personnelle plus élevéqu’on observe au Canada. En particulier, ils fontobserver que peu de Canadiens possèdent des armes àfeu et que le nombre d’agressions à main armée estplus bas dans notre pays. Les jeunes que nous avonsrencontrés se sont également dits fiers de leur histoire,marquée par l’intégration et l’acceptation de la diver-sité. On ne nous demande pas de nous intégrer à un« creuset de cultures » (melting pot), mais on nousencourage à célébrer nos différences, convaincus quenos droits et les institutions basées sur ces droits protè-gent cette liberté. Les jeunes ont par ailleursmentionné l’importance qu’ils accordent à la justice età l’absence de discrimination.

Il faut éliminer les obstacles.Lorsque la population n’estpas d’accord à propos d’unequestion donnée, il fautl’écouter, et pas la réprimerà l’aide de brigadesanti-émeutes.

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Comment pouvons-nous gérer la peur et l’insécuritédans l’optique de la cohésion sociale?

Lorsqu’on examine les problèmes dans une optique decohésion sociale, on constate évidemment que lesvictimes de crimes et de violence, ainsi que les victimesde discrimination, n’ont pas la possibilité de participerpleinement à la vie sociale. Nous ne devons pas considérer notre paix, notre sécurité ou tout autre denos points forts comme acquis. Certains groupes, parexemple les jeunes noirs de Toronto, ne se sentent pastoujours en sécurité lorsqu’ils sont en présence de lapolice ou des forces de sécurité. Ils font partie desgroupes sociaux qui ne se contentent pas des droits etprotections qu’on leur accorde. D’autres, comme lesfemmes qui doivent recourir aux injonctions restric-tives, considèrent parfois que la police est garante deleur sécurité. Tout le monde n’est pas vulnérable de lamême façon et ne se sent pas en sécurité dans lesmêmes circonstances.

Les études existantes relatives à la victimisation et à lapeur de la victimisation ont révélé que la peur n’est pasune réponse logique au risque. Il s’agit en fait d’unphénomène culturel complexe. Pour atténuer lescraintes des gens et les effets négatifs de celles-ci, nousdevons bien comprendre à quel point différentsgroupes composant la société se sentent vulnérables, etbien saisir la façon dont ces groupes réagissent à nosmécanismes de sécurité et à notre système de justice.

L’attaque terroriste du 11 septembre 2001 a eu un effetconsidérable sur la vision qu’ont les Canadiens de lapaix et de la sécurité. Des situations qui nous parais-saient banales auparavant semblaient tout à coupréclamer notre attention : liberté de nous déplacerselon notre bon vouloir et de nous rendre dans deslieux publics sans craindre pour notre sécurité. La sécu-rité physique et émotionnelle et la confiance sontdevenues des composantes plus manifestes de la cohé-sion sociale. Les Canadiens d’origine arabe ou deconfession musulmane, ainsi que ceux que l’on croitArabes ou musulmans, ont ressenti les effets de la peurdu public. Ils ont donc besoin qu’on leur montre lesliens qui les unissent aux autres Canadiens, et qu’onleur prouve qu’ils sont acceptés et intégrés. Il faut

Je suis ravi d’apprendre partant de gens que legouvernement fédéralappuie les collectivités, et necherche pas à les remplacerou à les surcharger detravail. Le gouvernementfédéral a un rôle moteurévident à jouer en matièrede cohésion sociale.

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déterminer les liens qui permettront le plus facilementde régler les problèmes de racisme et de mettre unterme aux divisions exacerbées par l’angoisse et lapeur. Pour les membres des minorités visibles, et en faitpour tous les Canadiens, l’établissement de liens et laparticipation à la vie sociale revêtent plus d’importancedepuis le 11 septembre.

Il y aura inévitablement des débats à propos de l’inter-dépendance entre la cohésion sociale, la sécurité, laliberté et la justice. Les commentaires recueillis lors deces consultations peuvent donner une bonne idée desrépercussions du terrorisme et de la peur sur la partici-pation, des liens à établir, et du besoin d’équité etd’accès aux services. Si nous ne parvenons pas à réglerces problèmes rapidement et de façon appropriée, et sile climat de guerre et de peur persiste ou réapparaît, ilpourrait être difficile de maintenir le niveau d’immigra-tion dont le pays a besoin.

Un autre effet plutôt invisible des attaques terroristes aété le redéploiement des forces de police et des servicesde sécurité. Il faudra peut-être étudier l’impact de cetteréaction. Par ailleurs, à la suite des attentats, nousavons modifié notre comportement à l’égard des États-Unis et nos relations avec eux. Il faut également exam-iner les changements subtils qui ont marqué la façondont les Canadiens comprennent et vivent la sécurité.Il faut enfin analyser les liens entre ces changementssociaux et ceux qui touchent l’immigration, la mondial-isation et l’intégration nord-américaine.

6. Technologie de l’information,nouvelle économie, mondialisation et intégration

Les participants aux consultations ont beaucoup parléde l’importance des transformations économiquespour la vie sociale. Ils ont observé que plusieursimpacts sociaux sont imputables à la mondialisationcroissante de l’économie et à la multiplication des liensau sein de l’Amérique du Nord, ainsi qu’à l’évolutiondes structures industrielles, des investissements et desmarchés mondiaux. Au Canada, le résultat fût,observèrent-ils, une évolution de la structure du travail

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et de l’aide sociale, et des répercussions sur les poli-tiques sociales et culturelles et sur les institutions politiques.

Certains font observer que les impacts diffèrent d’unerégion et d’un centre urbain à l’autre. Certaines régionsont bénéficié de cette évolution, tandis que d’autresont connu des pertes d’emplois ou un ralentissementdu développement économique et l’effritementconnexe de la population en âge de travailler.

Certaines villes, mais aussi d’autres administrations,subissent de plus en plus de pressions de la part decitoyens qui leur demandent de réduire les taxes, outout au moins de ne pas les augmenter, ce qui lesoblige à réduire les budgets alloués aux programmessociaux et aux espaces communautaires, élémentscomposant pourtant le mortier de la cohésion sociale.De là, les régions rurales subissent l’effet du dépeuple-ment, ce qui influe négativement sur la qualité de viedans ces régions.

Les participants ont mis en évidence la nécessitéconstante de communiquer et de se déplacer dans uneéconomie et une société basées sur le savoir. L’extrêmemobilité de la population au sein des villes, et àl’échelle des provinces, du pays et de la planète faitpartie intégrante de la mondialisation et de l’ouverturedes frontières. Les gens passent d’un emploi, d’uneécole et même d’une famille, à un autre plus fréquem-ment que par le passé. Les pressions économiques et lebesoin de mobilité imposés aux familles devraient êtreanalysés dans le contexte d’une population vieillissanteet d’un besoin accru de soutien social de la part desménages et du secteur non-officiel.

Internet

Les participants jugent que les nouvelles technologiesde l’information et des communications et, en particulier, l’incidence marquée d’Internet, ont de trèsnombreux effets sur les relations sociales et surl’équité. Ils offrent de nouveaux moyens de participeret d’établir des liens avec les autres. Les nouvellesétudes nous poussent à nous demander si les gens nepréfèrent pas la « cybercommunication » aux contacts

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en personne avec leurs voisins ou les membres de leurfamille, ou si les contacts virtuels créent une intensifi-cation des relations sociales déjà établies. Certains sedisent préoccupés par la division entre ceux qui ontaccès aux « médias numériques » et ceux qui n’y ontpas accès. Les participants se sont également demandéqui pouvait faire entendre sa voix dans la nouvelle èredu numérique. Sur Internet, la sécurité publique, legouvernement en direct, le commerce électronique, lacyberpolitique et les réseaux dépendent tous de laconfiance et de la coopération entre des gens qui ne seconnaissent pas. La réalité virtuelle qui est le propred’Internet crée en outre des problèmes stratégiques : ilfaut par exemple déterminer de quelle façon on peutgérer les contenus douteux destinés aux enfants ou lescontacts inappropriés établis avec eux, ainsi qued’autres préjudices et cybercrimes.

Préoccupations à propos des changements touchantl’économie mondiale

Les participants ont dit craindre que la concurrenceinternationale et l’intégration des marchés n’imposentdes pressions aux institutions nationales, infrana-tionales et municipales. Ils observent l’influence crois-sante des organismes et des accords internationaux,par exemple du G8, du Fonds monétaire international,de l’Organisation mondiale du commerce et del’Accord de libre-échange nord-américain, mais aussides multinationales et de la criminalité transnationale.Certains craignent qu’en accordant la première place àl’économie, on n’adopte des politiques qui nuirontinvolontairement à nos collectivités ou à l’espritd’équité. En outre, les organisations non gouvernemen-tales et la société civile risquent de devoir répondre auxbesoins sociaux sans disposer de l’infrastructure et desressources nécessaires. Les participants représentant lasociété civile ont exhorté les gouvernements à mettrel’accent sur la productivité économique et l’inclusionsociale. Les jeunes participants ont demandé augouvernement d’axer ses efforts d’instauration de lacohésion sociale sur la réduction de la pauvreté, lessans-abri et la lutte contre la faim, en investissant dansdes logements abordables et en veillant à ce que lesbesoins de base soient satisfaits.

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Les jeunes ont notamment fait observer que leurs pairsaffichaient un certain cynisme à propos des effets de lamondialisation sur la société et sur l’environnement.Selon eux, les jeunes Canadiens redoutent vraimentque les pratiques et les accords commerciaux interna-tionaux menacent la santé de l’environnement et lecaractère inclusif et le bien-être des collectivités.

Les jeunes, les travailleurs de première ligne et lespersonnes marginalisées sont convaincus qu’en vertudu principe de la participation, les autorités devraientprêter une oreille attentive aux protestations descitoyens. Les gens devraient avoir le droit d’organiserleurs forces, et il faudrait autoriser l’activisme et lacritique. La recherche stratégique dans ce domainedevrait porter sur les nouvelles formes de participationpolitique non traditionnelle et les nouveaux types decollectivités, incluant les collectivités virtuelles et lescommunautés d’intérêts. Les participants ont demandéau gouvernement fédéral de travailler avec d’autrespaliers de gouvernement, ainsi qu’avec les organisa-tions communautaires et sans but lucratif, en vue demieux comprendre les nouveaux mécanismes de cohésion sociale et comment en faire la promotion.

En raison des nouvelles activités scientifiques et tech-nologiques, par exemple la production d’alimentstransgéniques et de traitements génétiques, les partici-pants craignent que certaines de leurs préoccupationsne soient pas prises en compte. Grâce à de tels change-ments sociaux, on pourrait développer l’intégration descitoyens et promouvoir la participation. Cependant, ilspeuvent aussi générer des problèmes si les attentes etles inquiétudes qu’exprime le public sont traitées à lalégère.

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Enjeux liés à la recherche

Les participants ont mis à profit leur expérience de la recherche et del’analyse stratégiques en traduisant les résultats de la recherche en poli-tiques et en améliorant la collaboration avec les professionnels de première

ligne, les organismes communautaires et les experts.

Points forts de la recherche

Les consultations ont mis en lumière les points forts de la recherche, notammentle fait qu’on dispose d’une quantité de plus en plus élevée de données grâce auxenquêtes nationales très efficaces et à la mise en œuvre de nombreux projetscommunautaires. En outre, les activités de coordination, ainsi que les travauxhorizontaux et intersectoriels, se multiplient. Cela améliore l’efficacité duprocessus, tout en réduisant le volume de recherches effectuées « en vase clos ».

Des activités de recherche stratégique sont en cours à Statistique Canada, dansles ministères fédéraux chargés des politiques sociales, les universités et lescentres d’excellence, dans le cadre de projets de recherche horizontale commeMetropolis, et au sein du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).Les liens sociaux pourraient être renforcés par les activités permanentes derecherche communautaire entreprises par des organisations comme les conseilsde planification sociale, les organismes communautaires et les fondations sansbut lucratif. Les autres activités de recherche importantes sont celles qui sontentreprises dans le cadre de programmes et par des organisations de premièreligne comme la police ou les services de santé communautaires, les foyers d’accueil pour sans-abri ou pour femmes battues et les banques alimentaires.

On connaît très bien plusieurs des questions mises en lumière, par exemple lesdisparités économiques et les raisons pour lesquelles certaines personnes deviennent pauvres ou arrivent à s’en sortir. Des recherches sont entreprises àl’échelle communautaire et nationale à propos de la situation des collectivitésautochtones, des besoins d’intégration des immigrants, et des besoins enmatière de services de santé publique. Dans l’esprit des recommandationsformulées lors de ces consultations, certaines études permettent aux analystesde comprendre les liens entre différents facteurs comme le fait d’être membred’une minorité visible et d’être sans emploi, ou les facteurs propices à lavictimisation avec violence. Il pourrait être utile d’identifier et de faire lasynthèse des principaux résultats de ces études.

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En outre, on a récemment défini les liens entre lesmécanismes de soutien communautaire, les capacitéset les objectifs sociaux, comme le développement desjeunes enfants et la capacité de résistance des famillespauvres. Des études longitudinales de bonne qualitéont permis aux chercheurs de déterminer plus précisé-ment les causes de la marginalisation. Parallèlement,les études et les évaluations portant sur les projetspilotes et communautaires permettent de déterminerles éléments propices à la cohésion communautaire, auleadership et au renforcement des capacités.

Comment améliorer l’efficacité de larecherche stratégique horizontale

Les participants ont souligné la nécessité de renforcerles capacités de recherche du gouvernement et dusecteur communautaire, de déterminer comment lesrésultats de la recherche peuvent servir en fait de créa-tion ou modification de politiques, d’unir plus efficace-ment les résultats obtenus dans les différents secteurs,et de mettre en œuvre des projets pilotes et des étudesrécapitulatives en vue de tirer des conclusions et desenseignements.

Établir des liens entre la recherche, les politiques et lamise en œuvre

Les hauts fonctionnaires ont insisté sur la nécessité demieux expliquer aux décideurs les répercussions quedevrait avoir la recherche sur les politiques. Pour cefaire, il faudrait établir des termes spécifiquesapprouvés par tous les intervenants, et définir de façonuniforme les concepts clés, puis établir des liens entreces concepts et les indicateurs, ce qui garantira parailleurs que les résultats mesurés refléteront la réalité etseront donc utilisables. Dans ce domaine, « nousdisposons de nombreuses données, mais d’un nombreinsuffisant d’analyses ».

Remédier au problème de la limitation des ressourceset des compétences

Les hauts fonctionnaires et les spécialistes gouverne-mentaux de la recherche ont insisté sur la nécessité dedévelopper la capacité des ministères chargés d’établir

Il est essentiel de renforcer lesliens entre la recherche etl’élaboration des politiques...Souvent, à cause du manquede temps, [les décideurs]ignorent l’existence decertaines études ou n’en tiennent pas compte. Il fautdemander à des intermédi-aires de surveiller l’évolutionde la recherche et de créer desproduits utilisables [par lesdécideurs].

Nous disposons denombreuses données, maisd’un nombre insuffisantd’analyses.

Le Conseil du Trésor alloueles fonds de façon« verticale » sans stimuler lacollaboration ou attribuer lesressources nécessaires.

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des politiques à le faire en s’appuyant sur la recherche.Selon eux, il faut avant tout analyser avec soin lesdonnées existantes. Trop souvent, les politiques sontbasées sur des corrélations établies entre diversfacteurs, qui n’indiquent pas le sens des relationscause-effet. Les études longitudinales sont particulière-ment importantes pour la détermination des causes etdes effets de diverses situations interconnectées. Ilsaffirment que les analyses ne sont pas asseznombreuses en raison des compressions budgétairesimposées à la recherche au sein du gouvernementfédéral, ainsi que du manque d’expertise statistique etanalytique et d’expérience parmi les diplômés d’uni-versités.

Ils considèrent comme une faiblesse les limitesimposées aux ressources des secteurs communautaireet non gouvernemental. Les experts de la société civilefont observer qu’il y a peu d’instituts de recherche auCanada et que les fonds publics alloués à ces établisse-ments varient constamment d’un budget à l’autre, cequi rend difficile la mise en œuvre de projets.

S’associer aux organisations communautaires et depremière ligne

Les participants ont exhorté le gouvernement fédéral àtravailler avec d’autres paliers de gouvernement et avecdes organisations communautaires et sans but lucratif,en vue de mieux comprendre les mécanismes de lacohésion sociale et la façon de promouvoir celle-ci. Ilfaudrait mettre l’accent sur le renforcement des capacités, la détermination des pratiques exemplaireset la diffusion des résultats. Les membres de la sociétécivile qui ont été consultés souhaitent participer àl’établissement des priorités. Ils ont demandé augouvernement de jouer le rôle de facilitateur, d’apporter son soutien et de servir d’intermédiairepour la communication des connaissances. Par ailleurs,les hauts fonctionnaires fédéraux ont dit craindrel’adoption d’une approche descendante, et ont déclaréque le gouvernement devrait appuyer les initiativescommunautaires et citoyennes.

Le gouvernement a déjà misen œuvre tellement d’étudesque vous devriez vous eninspirer et en synthétiser lesrésultats.

La recherche, l’élaborationdes politiques et leur mise enœuvre s’inscrivent dans lecadre d’un processus impor-tant. Il ne suffit pas de poserles bonnes questions lors dela recherche et d’adopter lesbonnes politiques. En effet,nous négligeons tropsouvent la mise en œuvre;nous devons penser auxliens entre l’élaboration et lamise en œuvre. Celle-ci estune étape importante. Ilfaut lancer des initiativespilotes et faire participer lescollectivités à la recherchede solutions.

Voici ce qu’ont dit les hautsfonctionnaires :

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Comment partager les connaissances et établir desliens entre la recherche et l’action

Les experts des secteurs non gouvernementaux ontdemandé aux gouvernements de faciliter le renforce-ment des capacités des collectivités. Il faudrait doncformer davantage de partenariats plus efficaces avecles organisations de base. Ces mêmes experts considèrent que le partage et la diffusion du savoirpermettent de réduire le gaspillage, en veillant à ce queles organismes ajoutent aux connaissances acquises aulieu de « réinventer la roue ». Parmi les approchesvalables, ils ont mentionné la cocréation, la fournitured’espaces réservés aux discussions et l’affectation de personnel aux différents secteurs. Ilspensent qu’il faut en priorité utiliser les connaissancesexistantes et agir maintenant pour aider ceux qui enont besoin.

Les participants se sont dits très favorables à larecherche active qui facilite le renforcement des capacités des collectivités et des organisations. Ilsrecommandent la mise en œuvre de processus inclusifset participatifs, par exemple la recherche-action participative. De la sorte, les chercheurs pourraient à lafois apprendre des organisations de première ligne etles aider (par exemple, les organismes d’accueil, quisouhaitent participer davantage à la recherche, mais ne disposent pas des ressources pour le faire). Nousdevons adopter des pratiques qui font naître chez tous les citoyens un sentiment d’appartenance, ainsique celui d’être utile et d’avoir les capacités nécessaires.

Selon les jeunes, la représentation est un facteur clé del’inclusion. Ils recommandent une approche holistiqueaxée sur la consultation, destinée à responsabiliser lespersonnes marginalisées en les faisant participer à lavie sociale et en familiarisant les clients avec les princi-paux enjeux. Ils pensent que les activités de rechercheet les politiques gouvernementales devraient être adaptées aux besoins et aux priorités des citoyens, etque ce sont les personnes les plus touchées par lesproblèmes qui devraient établir les priorités etparticiper à la recherche de solutions.

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Conclusion

Les experts et les professionnels consultés à propos de la cohésion socialesont presque tous d’accord sur ses composantes et les préoccupationsqu’elle soulève. Selon eux, une société caractérisée par la cohésion sociale

est une société inclusive dont tous les membres sont liés les uns aux autres, ce quifacilite la participation. Ils pensent en outre qu’une telle société a besoind’espaces publics, d’institutions et de programmes permettant d’établir desrapprochements au-delà des distances et des différences. Une fois que l’on adéfini les éléments concrets et mesurables de la cohésion sociale, ainsi que lesenjeux connexes liés aux politiques sociales, on dispose d’un modèle qui permetd’établir les tendances marquant les différents volets de la société et d’évaluerdans quelle mesure nous parvenons à créer la société inclusive que nous cher-chons à instaurer au Canada.

Les participants ont défini plusieurs facteurs sociaux essentiels à la compréhen-sion des problèmes qui se poseront à l’avenir au Canada en matière de cohésionsociale. Ces facteurs, qui évoluent rapidement, justifient des activités derecherche stratégique et des mesures concrètes :

• participation, citoyenneté et gouvernance; • répartition des revenus, équité, inclusion et accès;• immigration, intégration et respect de toutes les formes de diversité;• renforcement des capacités des collectivités autochtones; • paix et sécurité;• technologie de l’information, nouvelle économie, mondialisation et

intégration.

Ont participé à ce processus consultatif des partenaires du gouvernement, desuniversitaires et des représentants d’organisations communautaires. Le cadreproposé dans le présent document suggère le renforcement des liens entre larecherche stratégique et les pratiques de première ligne dans ce domaine. Endéterminant de quelle façon les organismes communautaires et de première ligneétablissent la cohésion sociale, les décideurs pourront mieux comprendrecomment lier ces initiatives aux initiatives gouvernementales afin d’améliorer lescapacités des intervenants. Ces consultations vont servir de point de départ etpermettre à tous les ministères de se réunir afin de répondre ensemble à leursbesoins en matière de recherche stratégique; de plus, les personnes consultéesont donné des conseils sur les approches possibles de la recherche stratégique, etqui approcher en vue d’une collaboration entre les trois secteurs.

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Annexe

Participants consultés sur la cohésion socialeAmanda Aizlewood

Agente de recherche, Recherche et analyse stratégiques

Patrimoine canadien

Bob ArnoldDépartement de sociologie

Université Queen’s

Marcia ArmstrongProjet de recherche sur les politiques

Greg Baeker

Arts and Cultural PlanningToronto (Ontario)

Jen Balthuis

SketchToronto (Ontario)

Sushma Barewal

Agente principaleProjet de recherche sur les politiques

Paul-André Baril

Coordonnateur, Secteur de la santé, Fédération des communautés francophones et

acadienne (FCFA)

Toronto (Ontario)

Dan Beavon

Directeur intérimaire

Direction de recherches et de l’analyseAffaires indiennes et du Nord Canada

Caroline Beauvais

Agente de recherche, Réseau familleRéseaux canadiens de recherche

en politiques publiques

Johanne BélisleDirectrice générale, Planification stratégique et

coordination des politiques

Patrimoine canadien

Guillaume Bissonnette

Directeur général, Direction des

relations fédérales-provinciales et de la politique sociale

Ministère des Finances Canada

Sophie Bonneau Étudiante

Université de Calgary

Tamara CandidoAnalyste principale en politique

Planification stratégique et

coordination des politiquesGendarmerie royale du Canada

Lucie Bourque

Chef, recherche rurale, Secrétariat ruralAgriculture et Agroalimentaire Canada

Meyer Burstein

Chef de direction, projet MétropolisCitoyenneté et Immigration Canada

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Mallar Chakravarty

Génie biomédical, étudiantUniversité McGill

Cheryl Christensen

Détaillante et activiste

Valerie Clements

Directrice générale,

Stratégie et coordinationDéveloppement des ressources

humaines Canada

Peter ClutterbuckCodirecteur, Community Social Planning

Council of Toronto (CSPC)

Carmen Connolly Directrice

Institut canadien d’information sur la santé

Joan CoulterDirectrice adjointe, Centre canadien de la

statistique juridique

Statistique Canada

Sue Cox

Directrice exécutive, Daily Bread Food Bank

Toronto (Ontario)

Margaret Cumming

Conseillère principale en politiques,

Division des politiques horizontalesSanté Canada

Ann Dale

Département des sciences,de la technologie et de l’environnement

Royal Roads

Université VictoriaVictoria (Colombie-Britannique)

Albert Daoust

Gestionnaire, Analyse des politiques et desprogrammes, Secrétariat aux coopératives

Agriculture et agroalimentaire Canada

Jeff Dayton-Johnson

Département d’économie Université Dalhousie

Halifax (Nouvelle-Écosse)

Jeannie Dempster Analyste des politiques, sécurité du revenu,

politique sociale

Ministère des Finances Canada

Nathalie Des Rosiers

Présidente, Commission du droit du Canada

Claude DenisFaculté Saint-Jean

Université d’Alberta

Edmonton (Alberta)

Madeleine Dion Stout

École des études canadiennes

Université Carleton

Cameron Doyle

Spécialiste en communications techniques

Brian Emmett Vice-président,

Agence canadienne

de développement internationalHull (Québec)

Nils Englelstad

Études politiques / Relations internationales,Vision internationale

Université de Toronto

Marc FondaAgent de programmes, Programmes

stratégiques et initiatives conjointes

Conseil de recherches en scienceshumaines du Canada

Myriam Fortin

Chef, Analyse de la planificationDirection de la recherche et de l’analyse

Agriculture et agroalimentaire Canada

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Sid Frankel

Président, Social Planning Council of WinnipegWinnipeg (Manitoba)

Gregory Frankson

CITO GrassrootsCentre de recherche et d’innovation d’Ottawa

Catherine Frazee

Conseillère en droits de la personne pour laCanadian Abilities Foundation et le Conseil des

Canadiens avec déficiences; présidente du

Groupe de travail sur l’éthique et les valeurs del’Association canadienne pour l’intégration

communautaire

Christa FreilerCoordonnatrice, Children’s Agenda Program

Laidlaw Institute

Mathew Geiger-MillerDirecteur des plaidoiries

Réseau national des jeunes pris en charge

Gregory GillespieConseiller en politiques, Politique stratégique

Citoyenneté et Immigration Canada

Sandra Ginnish Directrice générale des traités,

de la recherche, des relations internationales

et de l’égalité entre sexes Affaires indiennes et du Nord Canada

Hull (Québec)

Hélène Gosselin Sous-ministre adjoint

Patrimoine canadien

Hull (Québec)

Michelle Gosselin

Directrice générale, Section de l’intégration

et de la coordination des politiques Ministère de la Justice du Canada

Andrew Graham

CARE CanadaOttawa (Ontario)

Janet Hagey

Directrice, Statistiques sociales, du logement et des familles

Statistique Canada

Nora Hammell Analyste principale de la recherche

Condition féminine Canada

Sherri HanleyFédération canadienne des

municipalités

Ottawa (Ontario)

Al Hatton

Secrétariat de l’Initiative

du secteur bénévole Ottawa (Ontario)

Denise Helly

Institut national de recherche scientifique Urbanisation, Culture et Société

Université de Montréal

Margaret HillConseillère principale, Liens nord-américains

Recherche sur les politiques

Valerie Howe Agente principale de recherche

Division de la recherche et

de la statistiqueMinistère de la Justice du Canada

Leigh Howell

Directeur, Division de la recherche Société canadienne d’hypothèques et

de logement

Florence Ievers Coordonnatrice

Condition féminine Canada

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Martha Jackman

Faculté de droitUniversité d’Ottawa

Dr. Roman Jakubow

Directeur, Analyse stratégiqueDéfense nationale

Maysa Jalbout

Conseillère, ÉducationAgence canadienne de développement inter-

national

Sharon JeannotteGestionnaire

Recherche comparative intarnationale

Recherche et analyse stratégiquesPatrimoine canadien

Liss Jeffrey

EcommonsToronto (Ontario)

Eric Jenkins

Analyste principal des politiques Division de l’analyse quantitative et

de la recherche

Santé Canada

Jane Jenson

Directrice, Réseau de la famille

RCRPP Ottawa (Ontario)

Joy F. Kane

Sous-ministre adjointe principaleSecteur des politiques

Ministère de la Justice du Canada

Karim KarimDépartement de journalisme

Université de Carleton

Marie-France KingsleyAgente principale de recherche

Politiques stratégiques

Solliciteur général du Canada

Audrey Kobayashi

Département de grégraphie Université Queen’s

Andrew Kovacs

Canada25Cabinet de John Godfrey, Député

Chambre des communes

Carole Lacombe Sous-ministre adjointe associée

AIdentité canadienne

Patrimoine canadien

Mylène Lambert

Agente de recherche

Division de la recherche et de la statistique Ministère de la Justice du Canada

Chantal Langevin

Adjointe, Recherche et analyseCommunications Canada

Peter S. Li

Département de sociologie Université de Saskatchewan

Saskatoon (Saskatchewan)

Stan LipinskiDirecteur associé

Division de la recherche et de la statistique

Ministère de la Justice du Canada

Brian McFarlane

Santropol Roulant

(Programme Meals on Wheels)

Greg Macleod

Directeur-Tompkins Institute

University College of Cape BretonSydney (Nouvelle-Écosse)

Daniel Matte

Agent des projets spéciauxMinistère de la Justice du Canada

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Patricia McDowell

Directrice générale Direction de la planification stratégique et

coordination

Ressources naturelles Canada

Matthew Mendelsohn

Département des études politiques

Université Queen’s

Beverlee Moore

Gestionnaire principale de la recherche

Direction de la recherche et de l’analyseAffaires indiennes et du Nord Canada

Joan Netten

Présidente, Canadian Parents for FrenchOttawa (Ontario)

Linda Niksic

Analyste des politiquesSecrétariat national pour les sans-abri

Développement des ressources humaines

Canada

Pierre Noreau

Faculté de droit

Centre de recherche en droit publicUniversité de Montréal

Doug Norris

Directeur général, Direction de la statistiquedémographique et du recensement

Statistique Canada

Sean Norton Agent de recherche, Directeur

Recherche et évaluation des ressources

humainesDéfense nationale

Michael O’Connel

Sketch (Programme pour les enfants de la rue) Toronto (Ontario)

Kathy O’Hara

Secrétaire adjointe du CabinetPolitique du développement social

Bureau du Conseil privé

Gilles PaquetCentre sur la gouvernance

Université d’Ottawa

Leslie A. PalSchool of Public Policy and Administration

Université Carleton

Ravi PendakurGestionnaire intérimaire

Recherche et analyse stratégiques

Patrimoine canadien

George Perlin

Centre for the Study of Democracy

Département des études politiques Université Queen’s

Katherine Pestieau

Conseillère principale de projetProjet Métropolis

Citoyenneté et Immigration Canada

Ann Ratcliffe Directrice générale, Politique stratégique,

planification et recherche

Citoyenneté et Immigration Canada

Zenaida Ravanera

Département de sociologie

Centre de sciences sociales Université de Western Ontario

London (Ontario)

Paul ReedSpécialiste supérieur des sciences sociales

Secteur des études analytiques

et comptes nationauxStatistique Canada

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Jeff Reitz

Centre pour les relations industrielles Université de Toronto

Nikisha Reyes Grange

Taking It Global, Social Entrepreneurs

Paul Roberts

Conseil canadien de développement social

Ottawa (Ontario)

Eric Robitaille

Analyste principal en politiques

Politiques stratégiques et rechercheBureau du Conseil privé

Morris Rosenberg

Sous-ministre et sous-procureur généralMinistère de la Justice du Canada

Penelope Rowe

Directrice généraleCommunity Services Council,

Newfoundland and Labrador

St. John’s (Terre-Neuve)

Brian Ray

Conseiller principal, Projet Métropolis

Citoyenneté et Immigration Canada

Roberta Russell

Directrice

Division de la recherche et de la statistique

Ministère de la Justice du Canada

Jean-Guy Saint-Martin Sous-ministre adjoint

Politiques, Planification et informations

Développement économique Canadapour les Régions du Québec

Hull (Québec)

Daniel SaléeDirecteur, École des affaires publiques et

communautaires

Université Concordia Montréal (Québec)

Gary D. Sawchuk

Économiste principal, Initiatives stratégiquesAnalyse micro-économique

Industrie Canada

Susan Scotti Sous-ministre adjointe, Initiative nationale

pour les sans-abri

Développement des ressourceshumaines Canada

Mario Seccareccia

Département de science économiqueUniversité d’Ottawa

Leslie Seidle

Directeur général Politiques stratégiques et recherche

Bureau du Conseil privé

Mike Sheridan Statisticien adjoint en chef

Statistique sociale des institutions et du travail

Statistique Canada

Hélène Shirreff

Agente principale de recherche stratégique

Services stratégiques pour les entreprises Parcs Canada

Ian Shugart

Sous-ministre adjointSanté Canada

David Shulman

Cooronnateur Democracy Education Network

Toronto (Ontario)

Lucila Spigelblatt Services d’immigration catholique

Ottawa (Ontario)

Vasanthi Srnivassan Directrice exécutive

Politiques et conception des programmes

Santé Canada

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Dick Stanley

Directeur, Recherche et analyse stratégiquesPatrimoine canadien

Frank Stark

Trinity CollegeToronto (Ontario)

Kelly Stone

Directrice Politiques et coordination du portefeuille

Solliciteur général du Canada

Deborah SwordInstitut d’études pédagogiques de l’Ontario

Université de Toronto

Sue SzaboProjet de recherche sur les politiques

Suzanne Tining

Directrice exécutive adjointe Planification, recherche et coordination

régionale

Communications Canada

Paul Turmel

Service parajudiciare, Native Court Services

Québec (Québec)

Solange Van Kemenade

Recherches des politiques

Division de l’analyse quantitative et de la recherche

Santé Canada

John Verdon

Analyste stratégiqueDirecteur, Coordination stratégique des

ressources humaines (DCSRH)

Défense nationale

Jean-Pierre Voyer

Directeur exécutif adjoint

Projet de recherche sur les politiquesOttawa (Ontario)

Daniel Weinstock

Faculté des arts et des sciences - PhilosophieUniversité de Montréal

Maureen Williams

Agente principale de rechercheRecherche internationale comparée

Patrimoine canadien

Allen Zeesman Directeur général intérimaire

Direction générale de la recherche appliquée

Développement des ressourceshumaines Canada

Ivan Zinger

Directeur intérimaire Politique stratégique

Solliciteur général Canada