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7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
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v-J
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LA
DISSOLFTION
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8/513
DU
MftME
AlTEC
Lectures
sur
la
philosophie
des
sciences,
l
ni. in-tr.
I'iiri
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9/513
LA
IIISSOLl
'\m
OPPOSI
A
i;i::VOLLTI(l\
LES
SCIENCES
IMIVSIOIJES
ET
MOU.MJ
ANDRE
LALANDE
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ANCIENNE LIMRAIKN:
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loti liroits
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11/513
A MON
MAITRK
M.
VICTOK HliuCllAKL)
PHOFESSEIK
A
I.A
FAClI.Tt
DES
I.ETTKE8
OE
l.'t'.MVEKSlTF. DE
PAIlIS
CE TltAVAIL
EST
UE8PECTl'Et'SEME:
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
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PHKFACE
Jo
manquerais
aux
conclusions
et
surtout
1 l'sjuit
de
cet
ouvrage,
consacr
aux progrs de l'unit logique
sur
la
dinerenciation et la
lutte,
si
je
n'exprimais
pas
ici,
avant toute autre chose, mon
estime
et
ma
sympathie
pour les piiilosophes dont
je
comhats les
(opinions
:
je
m'iionore
de
connatre
personnellement
ipiclipies-uns
d'entre
eux
;
et
parmi
ceux
dint
je
n'ai que
lu les
ouvrages,
je
dois
nommer
en particulier
M.
Ilerhert
Spencer
p)ur
dire coml)ien
j'admire
et je
respecte
son
o'uvre
monu-
mentale, malgr toutes
les
ohjections qu'elle
me
parait
soulever.
Par
l,
jacquitte d'ahord une dette
;
car
ce
sont
leurs
ides
mmes
qui
m
Ont
servi,
pour
une
grande
part,
former
des
conceptions
contraires
aux
leurs
;
et
toute
rhisli>ire
de
la
philosophie
montre qu'une
thorie
ne
d-
pend
pas moins
de celles
qu'elle rfute que de celles
(pi
elle
eoiilimie.
Aussi
ne s'agit-il
point
dans
ce
titnail
de
dtruire
la
doctrine
de lvolution, si
ce
n'est
dans
ce
(|u'elle
a
de
prmatur
ou
d'exclusif,
mais au
contraire
de
la
complter
et de
l'largir, en
la
rap|)rochant
des
faits
(pielle
parat avoir
artiiiciellement simplifis.
Mais
j'ai
de plus un
second motif,
et
peut-tre
plus
srieux
encore,
de
pr>enir
toute
apparence
d
animosit,
mme
purement
intellectuelle:
c'est
que,
si je vois
bien
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14/513
VIII
PIltFACK.
[)ir
oii
les
pliilosoplif's
s'opposonl ciilrf
eux.
quand
je
me
confine
dans
le nionde
|>liils
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LA
DISSOLUTION
AVANT-PROPOS
1.
llien u'cst plus
iinportunt,
duns
une
science,
que
la
mthode. Non
seulement
elle sert
de
fil
conducteur
pour
la
dcouverte
des
faits et
des
lois,
mais
encore
elle
les
implique
d'avance
dans
une
certaine
mesure;
car il
y
a
dans
la
syst-
matisation
(les donnes
de
l'exprience
une
part
considrable
de convention et d'arbitraire, qui
ne
s'liminerait que
si
les
sciences
pouvaient tre absolument
acheves, et
si
elles
Vtaient
elVectivenient.
Jus({uel,
et dans
l'ignorance
o
nous
sommes
de
leur
tat
limite,
notre
savoir
d'meure
en
grande
partie
une langue
bien
ou
mal
laite, o l'algorithme
et
la terminologie
tiennent la premire
place.
Les
mmes
tats
de
conscience,
sensations ou
sentiments,
peuvent
en
eflet tre
ordonns
par
des
concepts
et
des
suppositions dilFrentes
;
et
([uand
on
a d'abord
adopt
des
ides
directrices
errnes
ou
incompltes,
il
faut
d'ordinaire
un
temps
trs
long
pour
que
la mthode
exprimentale en
rvle
l'insutiisance.
On
sait
(jnelle rsistance
ont faite,
dans
les
questions
les
plus
simples
de
la
physique,
le
systme
de
Ptolme,
l'mission
de Newton,
le
phlogistique
de Stahl.
Le
danger est
beaucoup
plus grand
dans
les
sciences mo-
Lai.ande.
La
Dissolution.
\
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'.'
L\
DlSSOLl TION.
raies
:
les
faits
y
sont
tt.'llornent
nombreux
et
t(;|lenicnt
com-
plexes, qu'tudis
dans
le
dtail
ils semblent
c prter
toutes
les
constructions,
l'histoire
universelle
de
Bossuet
comme
celle
de
llerder,
la libert
comme
au
dtermi-
nisme,
il la
morale
de
Kant
comme
celle
de l'volution.
S'il
fallait
attendre
la
lin
de la
science jiour
juger
du
plan
([u'on
y
a d'avance
adopt,
le
verdict
serait
indfiniment
ren-
voy,
Kt
cependant,
les consquence
immdiates
et
pra-
ti([ucs
sont
d'une
telle
importance
(pr'lles
ne
comportent
pas
de
dlai.
Tous
nos
el'orts
doivent
donc
aller
critiquer
ds
l'abord
nos
mthodes
consciencieusement, pour
ne
pas
nous
engager la
lgre
sur des
chemins
perdus,
dont
a
la
fin
l'exprience nous
rvlerait sans
doute
les
carts,
mai
aprs
bien
des
forces
gaspilles,
aprs
de grandes erreur,
et
peut-tre
mme de grandes
fautes,
si nous en
ommes
venus
l'application.
Cette
prvoyance
nous parait tre une des
fonctions
le
plus
essentielles de
la
philosophie.
Seule, elle
possde
le
moyens
de l'accomplir;
car,
dfaut
d'une russite
ind-
finie,
qui serait la meilleure caution d'une
mthode, mai
que
nous
ne pouvons
attendre,
trois considrations
seule-
ment
peuvent
nous
clairer:
la
premire
est celle de la
nature
psychologique de l'homme,
la
connaissance
des
lois de
l'es-
prit
qui
doivent se retrouver
ncessairement
dans
tous ses
produits intellectuels,
comme les
vergeures
d'une
machine
papier
se
retrouvent dans
les
filigranes
de
la
feuille
;
la
seconde est la
critique
des ides
de
vrit, de beaut,
de
justice
qui
dirigent dans
leur
marche tous
les
efforts
cons-
cients
de l'humanit
;
la troisime
est
la
science des
sciences,
c'est--dire la
conception
gnrale
du
monde qui
rsulte
du
rapprochement
des
faits
et
des
lois
dj
connus
d'une
faon fragmentaire, mais sre,
et
qui
prvient
ainsi,
suivant la
mthode prconise
par
Auguste
Comte,
les
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AVANT-IMIOPOS.
3
dangers
menaants du
morcellement
scientifique.
Et ces
trois
oidres
de
considrations
sont
toute
la
philosophie.
Or,
il
y
a,
dans
la
mthode
des
sciences
physiques
et
morales,
deux
tendances
actuellement en
conflit,
qui sus-
citent
des coles
antagonistes,
et
souvent se combattent
l'intrieur
d'un
mme
esprit. L'une
est
le
naturalisme, cher-
chant
avant
tout
l'unit
dans les
lois du
monde, admettant que
la
vie morale est le
prolongement
de la vie physique, et
l'organisme
social,
une
rptition
sur
une
plus
vaste
chelle
de l'organisme
physiologique.
C'est
l'ide
dominante
de
l'cole
clbre
qui
ramne
tous
les faits
la
loi d'volution,
et
dont la
mthode
consiste
transporter
dans
l'tude
de
l'art,
de la
morale et de la socit, les dcouvertes et les
hypothses
de
la
biologie.
Ce monisme a
eu
son centre
en
France
au
xviii sicle; en
Angleterre,
au xix ; il semble
en
ce moment avoir
jet
une
racine
profonde
aux Ktats-Unis.
La
doctrine
adverse appuie ses
mthodes
sur
l'opiulon
contiaire
;
elle
croit (ju'Il
y
a,
dans
les
phnomnes
et
les
lois du
monde,
deux actions
opposes,
dont
l'une
prdo-
mine
dans la
vie
instinctive
et
matrielle, l'autre dans le
dveloppement
intellectuel et
moral.
Elle oppose
les
prin-
cipes
de la
raison
aux
sensations,
et
le
droit
aux
luttes
natu-
relles.
Elle
n'admet
entre
l'animal
et
la
socit
qu'une ana-
logie
tcmporairt'
et
limite,
dlinie
par
la mesure
o cette
dernire
volue sous des
influences
encore inconscientes
et
automati(jues.
Elle
prpare
des
formules
qui
laissent
place
la
marche inverse,
et
considre
toute transformation
non
comme
une droite, mais comme
une
trajectoire,
courbe
par
deux tendances
antagonistes:
la
loi de
la
nature
et celle de
la
volont
rflchie.
Cette
opposition
parait
avoir
t
l'ide
dominante
de
la philosophie
de
Platon,
du
bouddhisme
et
du christianisme,
par
(jui
elle
demeure
encore active
en face
de ride
contraire.
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l.\
DIS.SOI.L
TION,
iNoiis
voulons
cssivor
(rt-xiimiiM-r, et,
s'il
sr
pfiit
,
Irdrlnr-
inlner,
par
des coiisidrutioiis
cxpriiiientulcs
cl
lugi(|ueK,
quelle
est
la
plus
scientifique
de
ces
deux mthodes;
et,
de
ces
deux ides
directrices,
la(|uclle est vraie.
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19/513
CHAPITRE
PREMIER
DEFINITIONS
2.
Nous entendons
par
dissolution,
dans
les
choses
qui
se
Iransforment,
toute
srie
de
changements
de
sens
contraire
ceux
qui
constituent
l'volutiou.
Si.
par
exemple,
la
for-
mation
et
la
centralisation
d'un
tre
compos
sont,
comme
on
s'accorde
jr,
lu'.ralement
le
dire,
des
phnomnes
volutifs,
la
dcentralisation de
cet
organisme et
la
reprise de
libert
des
lments
qui le
composent
seront
justement
appeles
dissolution.
Ces
deux
termes,
cl
leur
usage
antithti
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20/513
l.\
l)l>.>nLl I
lt>\
exprimciiiil
plus fi
dM
ornent
la
nature
de
l'opration,
et en
rendrait
mieux les
caractres
secondaire'.
Et,
d'autre
part,
le
mot
dissolution
trompe
peut-tre
pliiH
encore
l'imagination.
Puisqu'il
s'oppose
I'
involution
,
il
devrait
reprsenter
surtout
l'abandon
de
l'tre
qui
se
cotnmu-
nique
aux
autres, qui
rayonne
autour
de lui,
qui se
dpense
au
dehors
;
en
face
des
ides
d'accroissement vital et
de
nutri-
tion
goste,
il
devrait
veiller
celle
de gnration,
d'al-
truisme
et
de
fcondit.
Il
n'en
est
rien.
Le
mot
appelle
uu
contiaire
l'esprit
des
images
dplaisantes
et
sous-entend
une
sorte de
dsapprobation.
Il
s'appli(|ue
bien
u
Tindixidu
(|ue les
forces
extrieures
dcomposent et
dispersent,
non
pas
celui
qui
se
donne
de lui-mme, qui
combat
ou
sup-
prime
en
lui,
volontairement,
ses
tendances
la
cMilralisa-
tion.
Dissolution,
dans
les
nueurs,
est
synonyme
de
corrup-
tion et
d'immoralit.
Pour un
pays,
pour une institution,
c'est la
dcadence
;
pour
un
tre vivant,
c'est la
pourriture
finale.
Partout le
mot porte avec lui l'ide
de la
dgradation,
de la
dchance et
de la
mort.
De
lii
vient peut-tre
aussi
que
les
volutionnistes, tout en
reconnaissant son
rle en
principe,
en font
si
peu de cas
dans l'application.
Tandis
que
l'volution
leur parait tre la
loi
fondamentale
de
l'uni-
vers,
dans
l'ordre purement matriel
comme
dans l'ordre
physiologique,
dans la pense comme dans le
devoir, ils
n'attribuent son contraire
que
la
valeur d'un temps
d'arrt,
d'un
recul
accidentel, aussitt
rpar
d'ailleurs
par
la
grande
ncessit
du progrs.
La
dissolution
ne
prsente,
dit-on,
aucun des
aspects
si intressants
et
si varis
de
1. Les
Premiers principes, Irad.
Gazelles, 257-258. Paris,
F.
Alcan.
Le
mot
involulion est au
contraire
employ
par certains
volutionnistes alle-
mands,
notamment
Goette
et
Weismann
comme sjnonymc de dissolution. 11
en
est
de
mme
de
sa
transcription
grecque
vToo~r|, entropie, mot
cmplovc
par
Glausius
dans
le
sens
de
dissolution
mcanique.
Vojcz
plus
bas,
ji^
26.
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21/513
DRFIMTIONS.
7
l'volution'
.
On
peut en
dire
quelques
mots,
il
serait
inutile d'en
suivre le
dtail.
En fait,
ils
ne
la font
intervenir
ni
dans
l'explication
des
phnomnes
physiques,
ni
dans
la
transformation
des
tres
vivants,
ni
dans
la
production
de
la
raison,
ni
dans
celle de la
moralit.
Le
dualisme scientilique
qu'ils
semblaient
professer
d'abord s'vanouit donc
dans
l'unit par
la
suppression
d'un
do ses
termes
;
pour
cette
philosophie,
toute la
suite des transformations de l'univers
progresse
en
un
sens
toujours
le
mme,
fix
par la loi
d'vo-
lution.
Peut-tre
chemin
faisant, trouverons-nous
la
raison
de
ces
anomalies
;
mais nous
sommes
d'abord obligs de
les
constater et
de
les
subir. Nous
devons seulement
nous
pr-
munir
contre
les
associations d'ides
injustes
que les
termes
peuvent
porter
avec
eux, et
nous eflorcer
de les claircir
assez
pour qu'ils ne
prtent pas
ii la confusion.
M.
Comment
faut-il
donc
dfinir
l'volution
et
son
c
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
22/513
8
l\
hISSOLl TION.
moralistes, physiologistes,
nu-taphysiciens
;
et cliarun
lui
donne un sens
partieulier,
suivant
ses
opinions et son
sujet.
On le
fait
ainsi tour
tour,
et
selon les
cas,
synonyme
de
dveloppement,
de
progrs,
de
centralisation
;
quehpiefois
mme
de changement,
sans
plus.
.M.
F(uille,
dans
un
article
sur
la
philosophie
cartsienne,
l'identifie expressment
avec
un
mouvement
lent
et
progressif.
M.
Brunetire,
fai-
sant
un
cours
sur
1'
volution des
genres littraires'
,
explique
qu'il
entctul
par
ce
mot
un
ensemble
de
transfor-
mations
graduelles,
en
quelque
sens
qu'ellrs
se
produisent,
et trouve
que le
grand
avantage
de cette ide est de nous
dbarrasser
de celle
de
progrs,
c'est-ii-dirc de la
marche
gnrale
du
monde en
une direction
donne.
I*our
M.
Arsne
Darmesteter
l'volution est un quilibre plus ou
moins
stable
entre
la
force
conservatrice
et
la
force rvolutionnaire'; ou
encore la
transformation
insensible
et sans fin
que
produi-
sent
la
concurrence
vitale
et
la sle
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23/513
DFINITIONS.
9
la
formation
d'un
organe
nouveau'
.
Nous
voil
loin
du
sens
primitif.
M.
Milne-Edwards,
au contraire, la
dfinissait
une
difFrenciation, c'est--dire
un
passage
de l'homogne
l'htrogne*;
c'est aussi
l'une
des formules
contenues
dans
les Premiers principes,
et mme
la
principale. Mais
l
n'est pas
encore le sens le
plus
frquent de
ce terme.
Ce
que
reprsente le
mot
Evolution dans le langage
ordinaire,
c'est
avant
tout
le
dveloppement intrieur et
spontan
de
l'tre
par
une
force
propre
qui
l'anime,
Yarclueus
f'aber
du
vieux
van llelinont,
le
principe directeur des corps organiss
;
en
un
mot,
la vie.
Le
succs
de la
formule volutionniste
vient
en grande partie
de
cette
source.
La
vie,
jusque
dans ses
dernires
manifestations,
est le prctbime
Ir
plus
dconcer-
tant (jue
prsente
la
nature;
celui
qui
connatrait
le
secret
de la
gnration et
du
dveloppement
aurait
touch
le
fond
(le
la
science et de la
philosophie.
Mais
il
se
trouve
qu'il
n'y
a
pas
de
mystre tout ensemble
j)Ius (lagrant et
plus difficile
pntrer. Les
meilleurs
esprits
s'y
sont essavs,
et s
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24/513
10
l.\
DISSOLI
TION.
de leurs doctrines.
M.
IlerlKMt
S|)encfr se fuit gloire
d'avoir
obi, ds
ses
premiers
essnis,
un
dsir (|u il
ne
recon-
naissait
pas
nettement,
mais(|ui
oprait
sourdement
en
lui
,
le dsir
de
trouver
une
'\n\crprial\on
purement
p/ii/niffue
n
de
tous
les
phnomnes
de l'univers.
Otte
tend;uire,
dont
il
n'est
pas
le seul
anim,
a
fait la
puissance
de
sa
(ormuie.
Le mot Vie
est un
tmoin
gnant
;
il
a
vu passer
et prir trop
de
systmes;
il
entrane
avec
lui trop d'associations
d'ides
psychologiques,
dplaisantes
pour
le
mcanisme
;
il
rappelle
le
vitalisme et
le
principe
vital. Evolution,
au
contraire,
implique
par
le
mme
jeu
d'associations
quelques penses
physiques,
un
mouvement
de
matire, des
phnomnes
de
condensation
ou de
rayonnement,
une
danse
d'atomes
qui
pourrait
bien
engendrer
de
la
vie et
de
la pense. Fn
mme
temps, pour
quelques esprits moins
exclusifs, mais
aussi
proccups
de
tout
interprter scientifiquement
n,
ce
mol
joue
le
rle
d'un
moyen
terme,
un compromis entre l'esprit
et
la
matire,
(juelfjue chose
comme
la clbre
substance
plastique de
Cudworth
(jui devait servir d'intermdiaire
entre
le
corps et
l'me en
participant la nature
de
tous
les
deux.
On
sait
d'ailleurs que
l'ide
de
l'volution
est
apparente
au
transformisme
darwinien
;
par
une analogie
peu
logique
sans doute, mais
si naturelle
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
25/513
DKFIMIION.S.
Il
savants et
surtout de
demi-savants en
viennent
considrer
comme
un
grand progrs
d'appeler la
vie
volution, sans
s'apercevoir
([u
au
dogr*'
de
vague
et de
gnralit
o
ils
sont
obligs
de
le
pousser
pour
s'en
servir
alors,
ce mot n'est
plus
qu'un synonyme
obscur
de
celui qu'il
remplace et
qu'il
voudrait
expliquer.
i.
I.a
seconde diflicult
vient de
plus
haut. Cet
abus
du
terme
dans
le
langage
courant
et la
confusion
(jui en
rsulte
ne seraient en
ef'et
qu'un
lger
embarras,
si du
moins les
philosophes
qui l'y
ont
introduit s'en
taient
servi
dans un
sens
constant
et
prcis; mais
en
nous
rfrant
au livre
des
Premiers Principes,
crit
spcialement
pour
dfinir
et
for-
nuder
la
loi
d'volution
,
nous
rencontrons
des obstacles
d'un autre
ordre, et
des
obscurits
singulirement
plus
ma-
laises
claircir.
((
L'volution,
sous sa
forme
la
plus
simple et
la
plus
gnrale,
est-il
dit
dans cet ouvrage,
est l'intgration de
lu
matire et la
dissipation
concomitante
du mouvement; tandis
que
la
dissolution,
c'est
l'absorption
du
mouvement
et
lu
dsintgration concomitante de la mutire
Le
mot
vo-
lution
a
d'autres
significations,
dont
(juelques-unes
sont in-
compatibles
et
mme en
opposition directe avec le sens que
nous
lui
donnons ici
Je
ne
puis
que
donner une
dfini-
tion
rigoureuse
du
sens
que
je
lui attribue'.
Pour
simple
que
paraisse
cette
dfinition
purement
mca-
ni(jue
et
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
26/513
12
I.A
l)ISSOI.LTK)\.
ont Ix'sdiii (rcluircisscment,
et uno
:i(Iirniiition
(jui
rclame
sa
preuve. Qu'est-ce que
l'intgralion
de
la
matire?
Qu'est-
ce que
la
dissipation
du mouvement?
Y
a-t-il
enfin
un rap-
port
nc'ccssaii'e
entre
ces
doux
termes,
qui les
rende
inspa-
lables
l'un
de
l'autre
?
Tout
d'abord, en
eflet,
nous
pouvons comprendre
le moi
intgration
en
deux
sens
difterents
et
tellement
distincts
que,
suivant notre
choix,
le
mme
phnomne
pourrait
tre
dsign,
soit
sous
le
nom
d'volution, soit sous
celui de
dis-
solution.
Considrons en
effet une
lampe qui hrle,
une
cartouche
qui
fait
explosion. Est-ce intgration
ou
dsint-
gration?
On peut
dire, et l'on dira d'abord
qu'il
y
a
dsin-
tgration.
Entre
les
parties de la
poudre, entre
les
mol-
cules
d
huile de la
lampe
se
produisent apri's
la
combustion
des
mouvements plus
nombreux, plus divers et plus tendus.
Ce
sont
mme
ces
forces vives
qui dispersent aprs l'explo-
sion toute la matire de
la
cartouche,
et
celle
du
rocher
oii
l'on
avait
fait un
trou
de
mine. L'agrgat matriel
considr
a donc pass
d'un
tat
concentr
un tat
diffus.
Il
occupe
un
volume
beaucoup
plus
considrable
qu'il
ne faisait
au
moment d'avant. Le
mouvement
intrieur entre ses
parties,
presque nul dans
l'tat
initial,
insensible
en tout
cas, s'est
accru
dmesurment. Or,
tous
ces
caractres
sont
la dfini-
tion mme
du
phnomne
de
dsintgration
selon
M.
Spen-
cer, telle qu'il
la
donne en termes
exprs
et telle
qu'il
l'explique
par
des exemples
:
Le
passage
d'un
tat
diffus,
imperceptible,
un tat concentr,
perceptible,
est
une int-
gration
de
matire
et
une
dissipation
concomitante de
mou-
vement; et
le passage
d'un
tat
concentr,
perceptible,
un
tat
diffus,
imperceptible,
est une
absorption
de
mouvement
et
une
dsintgration
concomitante
de matire', n
Nous
1.
Les
premiers
principes,
253.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
27/513
DFINITIONS
13
trouvons
iiirmc
dans
notre exemple un phnomne
caract'-
ristique,
bien
que
secondaire
: c'est que la
dsintgration
est dtermine
par
un mouvement
additionnel venu
du dehors,
le feu
d'une allumette
ou d'une capsule;
or
l'introduction
d'un
nouveau
mouvement externe
est
toujours,
dans
les
agr-
gats
peu
stables,
la
cause
de
la dissolution*.
II
semble
donc
incontestable
que la
dflagration
de
la
poudre
est une
dsintgration
;
et dans
le
langage
courant,
il semble
diUi-
cile
d'en
considrer
autrement
les
eflets.
Mais
passons
l'autre
face de la mdaille.
Si
les
substances
explosives
dtonnent,
et si
les
substances
combustibles
brlent,
c'est
qu'elles
donnent
naissance, par
cet acte,
des composs
chimiques
plus
stables que les
pr-
cdents,
et qui
contiennent
en
eux, au point
de
vue de
la
combinaison
chimique,
une moins grande
quantit d'nergie
potentielle.
Piir
quel
secret
mcanisme,
ou
par quels
prin-
cipes diffrents
du
mcanisme
tait
constitue
cette
nergie
latente,
emmagasine
dans un
grain de poudre?
Nous
la
nommons
afiinit
chimique;
c'est dire
que nous
en ignorons
encore
la nature.
Du
moins
savons-nous
quelle
en
est la
valeur en
fonction
des
forces
vives
qu'elle peut
dgager
et
du
tiavail
qu'elle
peut
produire.
Sicile
n'est pas
mouvement,
elle
peut le devenir
;
et par
consquent
nous
avons
le
droit
de
la
considrer
comme
l'quivalent
d'un
mouvement
interne.
Si
elle
se dissipe,
nous
sommes
fonds
dire
que cet
agrgat
perd du
mouvement,
et
par
cons(|uent
s'intgre,
d'aprs
les
dfinitions
prcdentes.
Or, il est
impossible
de
nier
que
la
combustion
et
l'explosion
ne
soient
des
sources
de
travail
moteur:
il sullit
de
considrer
une
machine
vapeur
ou
une
machine
gaz
;
et si
l'on
objecte
que
ce
travail
pour-
rait
tre
tout entier
recueilli
par
les
masses
mmes
qui
sont
1. f.es
firi'iniers
ftriHiU[ies,
465.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
28/513
14
I,\
DISSOI
l
TION
ic
si'gedu
phcnomi'm'
clumi(jue,
de.
t'lli-
sorlr jiio
Vrtwv^f'ie
totale
du
syst'nio
dcmeurt
la
minr,
on
aurait satm
doutr
raison
thoriquement;
mais
alors,
relativement
au systme
tout
entier,
il n'y
aurait
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
29/513
DFINITIONS.
15
corps s'inlgrent ou se dsintgrent, 11
remarque
que tous
grandissent
ou dprissent,
accumulent
de la
matire
ou
l'usent
;
que
les
cellules,
dans
l'ovaire,
ne
deviennent
des
ufs
qu'en s'accrolssant aux dpens
des
matriaux
adjacents^
;
et
pour prendre un exemple dans ces agrgats
suprieurs
o
les philosophes
volutionnistes aiment ii
retrouver
les
lois
des agrgats
infrieurs,
que les tribus
faibles
sont
asservies par
les
fortes, et que leurs chefs
res-
pectifs
se
subordonnent
au
chef con(|urant*.
Sans
doute,
si
nous
considrons
l'accroissement
matriel
d'un
tre,
d'un
jeune animal
par
exemple, nous
saisissons
l'association
d'ides
qui
sert de transition
entre
ces
diff-
rents
sens, et
qui
conduit l'auteur
dsigner
aussi
ce ph-
nomne
par le mot
inti'i>ralion. Klle vient
de ce
cjue
si nous
considrons,
non
pas
isolment,
un agneau
qui
broute, mais
le
systme
total
fjirm
par
la
bte
et
par l'herbe
qu'elle
mange,
le
tout occupait
avant son repas
un volume plus
grand
qu'aprs
cette
opration.
Mais raccrolssement
de
uatire
d'un
agrgat
ne peut en
aucune
faon
tre considr
comme
une
intgration
par rapport
cet agrgat, ni dans
le
premier,
ni
dans
le
second
des
sens
que
nous
avons
dfinis
plus
haut:
car,
au point
de vue du
volume,
une
aug-
mentation
de
substance
doit
produire
une
augmentation
de
celui-ci,
si
toutes
choses
restent gales
d'ailleurs;
et
au
point (le
vue
de
l'nergie
interne
du
systme, elle
ne
peut
tre
que rendue
plus
grande
par
l'arrive
de masses nou-
velles
qui
apporteront
pour
le moins
avec elles
la
force
vive
provenant
de leurs
vitesses
et
de
leurs
masses: c'est ainsi
qu'on
A
pu
supposer
que
la
chaleur
solaire
tait
entretenue
par
une
chute
d'astrodes.
D'ailleurs,
M.
Spencer lui-mme
1. Les
Premiers
principes,
280.
2.
Jhict.,
284.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
30/513
16
I.V
DISSOLLTION.
le conccclc en d'uuti'es pussuges, iiotiiiiiiiieMl
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
31/513
DFINITIONS
i:
ncessaire
tabli entre
l'intgration
de
la
matire
et
la dissi-
pation
du
niouvemeut se trouve tre
une
pure
tautologie
dans le
cas particulier
o l'intgration est dfinie
par
cette
dissipation
mme;
et
que
ce
rapport n'existe qu'acciden-
tellement, ou mme
se
trouve
renvers
dans
les cas o
le
premier
phnomne
est
dfini
indpendamment
du
second,
soit
par
l'accumulation de
la
matire,
soit
par
la
diminution
du volume.
Kn edVt, la dissipation
du mouvement
tlont
il
est iei
question'
est
son
passage
d'un corps
un
autre.
Un
mobile
qui
s'arrte
en
communi({uant sou
mouvement un
second
mobile
a
dissip
ce mouvement; celui-ci
se
meut
mainte-
nant, et
par
conscpient
l'a
absorb. On voit
immdiatement,
et
c'est
un
des prinf
ij)es fondamentaux
de
la physique
que
ce passage
du
mouvement
sensible
d'une
masse
une
autre
n'est
qu'un
cas particidier
du
passage
entre
ces
corps
de
({uelque
chose
de plus gnral.
Un systme
de
corps,
en
ert'et,
peut fournir
du mouvement
au
dehors sans en
possder
lui-mme:
ainsi le ptids attir
par
la
terre
qui met en
mouvement
une horloge, le ressort
tendu
qui
hince un
pro-
jectile.
Ils
possdaient donc
en eux
quelque chose
qui est
1
quivalent
du mouvement;
c'est
ce
qu'on nomme
nergie.
Clelte
puissance, mathmatiquement
mesurable
malgr
la
singulire
multiplicit des formes
qu'elle
peut revtir,
est
aussi
invariable
en
grandeur
que la
masse
des
corps,
et
c'est
ce
([ui donne
une
assiette
solide aux formules
de la
physique
mathmatique.
Le mouvement
se
cre (aux dpens de
ractions
chimiques,
par
exemple;; il se
dtruit de la
mme
faon.
Mais il
n'en
est
pas
de
mme de
l'nergie:
un
systme
1. Il
MO
tant
pas
coiifoiiilre
ctUf
ili>>ij)atioii reiatu'e
du
mouvement,
c'est-
-dire
son
lrans|)
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
32/513
18
LA
DISSOLUTION.
qui n'a fourni
aucun
travail
exli-rieur
consorvo
la
niruH*
nergie;
un
systme
qui
a
fourni
du
travail
en a
perdu
julr
autant
que
K's
systmes
voisins
en
ont
absorb; rciproque-
ment,
s'il
a
reu
de
l'nergie,
c'est
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
33/513
DFINITIONS.
It
sipe-l-il de l'nergie?
Il
en
absorberait au contraire
en
quantit
notable si les
objets taient
assez
lastiques
et
assez
fortement
comprims.
Supposons
un
gaz
dans
le
tube
de
Mariotte, et
enfonons
le tube
jusqu'
ce
que le
volume
do
ce
gaz ait diminu
de moiti;
il s'est intgr,
d'aprs la
dli-
nition
gomtrique
de
ce
mot, et
pourtant
son
nergie
interne
a
augment
de
tout
le
travail
ncessaire
la
com-
pression.
De
mme, l'eau
s'intgre
en
passant de
0
4,
puis(|u'elle
se
contracte;
et
pourtant
cha(|ue
litre,
dans
ces
conditions,
absorbe une
quantit d'nergie
peu
prs
quivalente
1,700
kilogrammtres.
Quand elle
se
congle,
vWe
en
dgage
au contraire,
et
pourtant
elle
s'intgre si peu
qu'elle
brise
par
sa dilatation
les
enveloppes
les
plus rsis-
tantes.
I/intgration
est
donc
indpendante de
la variation
d'nergie.
7.
Rn
rsum,
Vintgration
del
matire est
un concept
vague,
susceptible
au moins
de trois sens
diflerents,
et
pris
alternativement
par
les
volutionnistes
dans ces
trois
sens,
suivant
leur
cotnmodit.
La
dissipation
du mouvement
ei>\
un
terme
impropre
;
car
d'aprs
l'exprience,
que
nous
n'avons
pas
le
droit
de dpasser,
le
mouvement
n'est qu'une
forme
particulire de
l'nergie,
disparaissant
sans
cesse
au profit
des
autres
formes,
et sans
cesse restitue
par
elles.
Knfin,
il
n'y
pas de
liaison
ncessaire
entre
ces
deux
termes,
ii moins
de
les
dfinir
exclusivement
etanalytiquement
l'un
par
l'autre.
La
soi-disant
dfinition
purement
mcanique
de
l'volu-
tion
comprhensivo
au plus
haut degr
comme
doit
l'tre
un
nonc
qui
s'applique
toutes
les existences
sensibles en
g-
nral,
comprhensive
encore
en ce sens
que tous les change-
ments
accomplis
s'y
ramnent
',
est
donc
en
ralit
une
l.
Premiers
Principes.
25
i.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
34/513
2( LA
DISSOLUTION
forinulc
large,
mais
c^uivoquc,
et par
cons
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
35/513
DFINITIONS.
-21
prouver en
elles-mmes.
Mme
dans
l'art, la fermet de
la
pense
ajoute
un pri.v
inestimable
la
perfection
de la
forme
ou
la
dlicatesse
du
sentiment
:
les
vers
les
mieux
frapps
ont la
nettet d'une
formule.
A
plus
forte
raison
en
est-il
de
mme
dans
la
philosophie.
Si
artistique
qu'on
veuille la
faire, elle
est
science
en
ce
quelle
repose sur
l'ide
du
vrai
;
un
sceptique
absolu
pourrait
seul
le
nier.
L'obscur
n'est
pas
toujours
un
obstacle
la
dcouverte
de la
vrit
;
il
ne
provient
parfois
que
de
distinctitms
trs
subtiles
et
d'une
analyse
trs pntrante,
qui
nous
entraine
des
abstractions
impossibles
ii imaginer
clairement
;
aussi
dconcerte-t-il
le
lecteur
comme
un long
thorme d'algbre;
mais,
comme
lui, il
s'claire par
un
travail
plus
soutenu,
et
finit
par
resplendir
de
toute la
prcision
cache qu'il
recle.
Le
vague,
au
contraire,
sduit
d'abord
par
une
clart
extrieure
;
cr
par
l'imagination
et
par
l'association
des
ides, il meut
et
satisfait
facilement ces
formes
de la pense
;
mais
il se
drobe
devant
l'entendement
comme un nuage de
montagne
(|ui
d'en
bas
parait
prestpie solide et qui
n'est
plus
qu'un
brouil-
lard
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
36/513
22
l'A
DISSOLI TION.
Miis
accordons
encore
la
nu;ta|)hysiquc
(|uel({uc
indi
tcrniination,
en
raison du
caractre
propre
de rch spcula-
tions,
([ni
tendent
plus
satisfaire
nidre nature
morale
et
sensible
qn'ii
dvelopper
notre
science. Accordons mme
pour
un
moment
(jue
le
psycholo^Mie
puisse
refuser de
s'as-
teindre
des
formules
et se
contenter du
clair-obscur,
puis-
que de
trs
bons
esprits
soutiennent
que dans le monde
mental
tout
est
qualitatif,
et
que jusqu'
l'apparente
intensit
des
tats
de
l'esprit se
rsout
en un jeu de nuances.
Il reste
que
nous
ne
sommes
ici ni
dans
l'un
ni
dans
l'autre cas.
La
philosophie
ii la([uclle
nous
avons
afTaire
se donne pour
essentiellement
scientifique
et
c'est
justement
par lit
qu'elle
nous
touche.
Elle
cherche
une interprtation
des
choses
purement
physique
;
elle
dclare
toute
mtaphysique
inconnaissable;
elle
dbute
par
l'analyse de
concepts
exclu-
sivement
mathmatiques
et
mcaniques,
le
temps,
l'espace,
la
conservation
de la
matire et
de
la
force
;
elle veut
enfin
formuler les
ides
dernires de
la
science
,
considre
comme
une et
indivisible, tendant
vers
un axiome
uni-
versel
qu'il
s'agit
de
dcouvrir.
Est-ce
le
moment de
r-
clamer
le
droit
aux
ides
flottantes et
aux
gnralisations
approximatives?
Certes,
en pareille
matire,
la
pcnteest natu-
relle et
l'abus est
tentant. Une
ide
prcise
suscite
mille
difficults;
Newton
lui-mme
a
hsit
dix
ans
publier
sa
formule de la
gravitation.
Au contraire,
le
concept
dont
les
angles
sont mal arrts n'a
pas
h craindre
les obstacles :
le
mot
passe,
et
l'ide se dforme
autant
qu'il
le faut
pour
le
suivre. Et
comme
l'expression
porte
avec
elle
une appa-
rence
de
science
et
de
mthode,
elle
devient
aisment
popu-
laire,
et d'autant
plus qu'elle
est moins
dfinie
:
c'.zp'Zv.t
y'xp
O'Jy.a'TiTcovTTsAAwv,
Aristotel'adit
excellemment.
Aussi
ce firenre
d'tudes
est-il
justement
celui
o le
philosophe
a
besoin
d'apporter
le
plus de
rigueur
et de
prcision.
Il
n'a le
droit
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
37/513
DFINITIONS.
23
de
se
placer
au
milieu
des
savants,
et
de travailler sur
leurs
conclusions
partielles,
que
s'il
raisonne
au
moins
aussi sv-
rement
qu'eux.
8.
Mais la
dfinition
quantitative
que
nous
venons
d'examiner et
d'carter
n'est
qu'une
gnralisation
post-
rieure de
l'ide
d'volution, ajoute
par
M.
Spencer
en
vue
d'arriver
par
le
mcanisme
au
plus
haut
degr d'unit
pos-
sible
dans l'expression
des lois du
monde.
Il
est
une
autre
manire de
dfinir
ce concept.
Elle
provient
du
point
de
vue
(^ualitatify
et
pendant
longtemps son
auteur
lui-mme
a
pens
qu'on ne
pouvait la dduire d'aucune
autre
:
L'vo-
lution
est le
passage de l'homogne
l'htrogne par la
dillrcnciation, la
sgrgation
et la
multiplication
des
edets.
\i\x\\%
Essai
sur le Progrs
^
elle
est seule
invoque.
Dans
le cours des ouvrages qui
font
suite
aux
Premiers
Principes^
elle
est
employe
presque sans exception. Il n'y
a rien
ii cela que
de
trs natuiel.
(^omme toute philosophie,
le
systme
de
l'j'volution tend essentiellement
expliquer
les faits psychologiques et
moraux. Or, comment les
ramener
des formules
mcaniques? C'est
peine
si
le
monde
phvsi(|ue
s'y
laisse
rduire,
et ce
n'est
pas
encore
sans
un dchet
considrable de
sa
ralit
sensible.
A
plus
forte
raison
aucune
loi d'algbre
ne
saurait-elle
s'appliquer
des
faits
de conscience, sinon
peut-tre par
mtaphore
;
et
(juant
parler
de
leurs
concomitants
physiologitjues, cejie
peut tre
(piune
duperie, au degr
d'ignorance
o nous
sommes
de
la physiologie
crbrale.
C'est bien d'ailleurs
par
la
psychologie
[u'on
prtend les atteindre
;
en
ceci
du
moins,
l'cole
anglaise vite
le
paradoxe d'Auguste Comte
sur
l'objectivit
des
sciences
morales.
Mais
pour se
lancer
dans
ce
domaine
de
la qualit,
des formules de
mme ordre
sont
ncessaires
:
on
n'coute
pas avec les
yeux,
on
ne
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
38/513
21
I.A
DISSOLUTION.
regarde
pas avec
les
oieilles.
De
l
l'ide
(|iialitntivc de
la
diirrenciation,
ou
passaf^e
de
riiornogne
rinHrogne,
ide
antl-inathmalifpie s'il
en
fl jamais,
puisque
le
propre
du
calcul
est
de
s'enfermer
dans
le
mme,
et
d'cflacer
l'autre,
de
supposer
des units
identiques,
indfiniment
permutaldes,
ou un
espace
gomtrique
dont
toutes
le
parties gales
sont
rigoureusement
quivalentes.
Rt
cette
dfinition
pri-
mitive de
rvolution
est
si
essentielle,
si
relle,
que
malgr
la
formule
physique
qui
lui
est
surajoute,
elle
demeure
le
nerf
du
systme dans
la
psychologie,
la
morale
et
la
socio-
logie
;
et
c'est
elle
enfin
qui est
toujours
invoque
par
le
naturalistes
ou
les
critiques
(jui
se
sont
proccups
de
donner un
sens
ferme
h
leurs
formules
d'volution
biolo-
gique,
artistique
ou
littraire.
Aussi
cette
dfinition n'a
pas t
remplace
par
la
prc-
dente
dans
l'organisation
dfinitive
du
systme,
comme
on
pourrait le
croire par
les
formules
cites
plus haut. Fille
continue
coexister
avec
elle, et
toutes
deux
sont jointes
ensemble
dans
un nonc
dsign
par
cette
appellation
singulire: la
loi
d'volution (law
of volution) :
L'rt'ofu-
tion
est
une
intgration
de
matire
accompagne d'une dissi-
pation
de
mouvement,
pendant
laquelle
la
matire
passe
d'une
homognit
indfinie,
incohrente,
une
htrognit
dfinie,
cohrente,
et
pendant laquelle le mouvement
retenu
subit
une transformation
analogue^.
Cette
loi
n'est
pas
une
loi
;
car
elle n'affirme
aucune
relation
constante
entre
des
phnomnes donns,
aucune
manire
d'tre
rgulire
dans
un
certain
nombre
de
faits
ou
1.
Premiers
Principes, 355. En italique dans
le
texte,
fin
fin
cha-
pitre
XVII.
a
Evolution
is an
intgration
of
malter
and
concomitant
dissipation
of
motion,
during
which tlie malter
passes from
an
indefinite
incohrent
homogcneity
to
a definite cohrent heterogcneity,
and
during
\hich
Ihe
rctained
motion
undcrgocs
a
parallcl
transformation.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
39/513
DFINITIONS.
25
d'inclivicliis
dtermins.
Elle
ne
constitue mme pas
une
proposition,
un
jugement
logique,
puisque le
sujet
n'y
a
d'autre
sens
que
celui
qui
est
connot
par
le prdicat.
Elle
consiste
simplement
en
une
srie
de
termes
juxtaposs. Les
lois
sont
des
rapports
ncessaires,
ou
tout
au
moins inva-
riables,
entre
concepts
distincts:
tous
les
corps
s'attirent en
raison
directe de
leurs
masses;
le
soleil
se lve h
l'est;
la
lumire
se
propage
en
ligne
droite;
et
ainsi
de
suite.
Ici,
rien
de
seml)lal)le
:
aucune
ide
n'est
catgoriquement
allir-
me
d'une
autre, ni
totalement,
ni
partiellement.
Est-ce
donc une
simple
dfinition
?
Pas
davantage, et
cola
pour
deux
raisons
: la
premire
est que
tous
les
phno-
mnes
indiqus
dans
cette
loi
n'tant
pas ncessaires
pour
qu'il
y
ait
volution,
suivant
l'opinion
de
M.
Spencer,
elle
ne
conviendrait
pas
uni
definito
et
loti.
Le
passage de l'ho-
mogne
l'htrogne
n'est
en
efTet,
ix
son point de
vue,
qu'un
rsultat
accidentel
:
cette
transformation constitue
seulenunl
la
redistribution
secondaire
qui accompagne
la
redistribution
primaire
dans
l'volution
dite
compose,
ou
plutt
qui
constitue
la
partie
la
plus
remarquable
de cette
redistribution*
;
et
il
existe une
volution
simple o
ces
phnomnes
ne
se
produisent
pas
et (jui
n'est par
cons-
(luent rien
de
plus
qu'une
intgration
de
matire et
une
dissipation
de
mouvement*.
Encore aurait-il
convenu
d'ajouter
(jue ces
deux
lments
peuvent
eux-mmes
se
dis-
socier,
comme
il
a
t
prouv
plus
haut. L'nonc de
la
loi
d'volution
n'est
donc
pas
simplement la
dfinition
de ce
terme.
Secondement,
cette
formule est
cense
rpondre
la
question
pose
dans
un
chapitre qui
s'intitule
:
Problme
dernier
et
qui
demande la
philosophie
de
trouver
un
1. Premiers
Principes,
302,
note.
2.
Ibtd.,
2y5.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
40/513
2Vt
LA
DISSOLUTION
lment
commun
entre toutes
lcstranrurmutionH
des
chuKCK,
rsumant les
lois
les
plus
gnrales
des sciences
comme
celles-ci
rsument
les
lois
infrieures,
et ces
dernire, le
faits individuels.
Le
repos
al>8(lu
et
la
permanence
absolue
n'existent pas...
Quel
principe
d^numi^ue,
vrai de
la
meta-
morphose
considre
dans sa
totalit et dans
ses
dtaiU,
exprime
ces
relations
toujours
changeantes'?
Knfin,
l'nonc
de la
formule
en
question est immdiatement suivi
de
rflexions et
de
commentaires
qui
prouvent
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
41/513
DFINITIONS.
27
ce
n'est
dcouvrir une
vrit d'histoire naturelle
que
d'ap-
peler
locomotion la
marche d'un
animal.
Ce
processus
est-il
rare ou
frquent, temporaire
ou
ternel, constant
ou
inter-
mittent,
gnral
ou
spcial
un
rgne ? La loi
d'volution
veut-elle dire qu'il
y
a, de
par
le
monde,
(inelques
change-
ments
qui
consistent
en
une dissipation d'nergie
et
une spcialisation
de
parties? Cela est
trop
vident,
et
ne
vaudrait
gure la
peine
d'tre remarqu. Signifle-t-elle
aussi
que
cet ordre
de
changements
est
trs
gnral,
trs
impor-
tant
ou mme
universel?
Ou
peut-tre
faut-il
entendre
(jue
cette
classe
de
transformations
est seule
bonne,
morale, con-
forme
au
progrs? 11 n'est
pas
une de ces
interprtations
qui
n'ait
t donne
par
le
matre
ou
par
les
disciples.
Essayons encore de
dissiper
ce
dernier
brouillard,
et
de
savoir
au
moins
laquelle
de
ces
ides est
rme
de l'volu-
tionnisme.
Le texte
cit
plus
haut implique
dj
que la lot
d'volution
est
vraie
de tous
l's
ordres
de phnomnes, et par cons-
quent
que
la dissolution est
ngligeable
dans l'univers.
Nous
savons
aussi
que
M.
Spencer
ne
lui
reconnat
aucun des
aspects
varis
et intressants de l'volution.
C'est celle-ci
qui explique
et
rsume
le
dveloppement
du
monde;
ce
qui
produit
le
systme
solaire, la terre,
les
continents,
l'animal,
la raison,
l'art, la
morale,
c'est l'volution
ou
du
moins
l'excs
(le
l'volution
sur
la
dissolution, puisque
le mouve-
ment
total
est un
rsultat
diffrentiel'
.
11
serait donc
vrai
que
dans
tout
agrgat
physique
ou
psychique,
organique
ou
superoiganicjue,
la
marche
volutive
prdomine, et
que
sa
prdominance
constitue
le
progrs. Cette gnralisation
est
d'autant
plus
lgitime
que
M.
Spencer affirme que
le
1.
Voir
dans
les Premiers
Principes
tout le chapitre
sxin,
consacre
la
Di^isululiou.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
42/513
'JH
LA
DISSOIXTION.
phnomne
tic
l'voliilion se
dduit
de
la pcrsiHtunce
dr
lu
force,
et que, celle-ci
tant
donne,
la
redistribution de
la
matire
et
du
mouvement
s'opre
ncessaircmr>nt
de
manire;
produire les
caractres
universels
de
l'volution*.
II ajoute que
dans tous
les
ordres de
phnomnes
concrets,
la
transformation
se
fait
suivant
cette
loi, expression
qu'il
ne
faut
pas
prendre
sans
doute
au
pied de la
lettre,
puis-
qu'il
parl( ({uehpiefois
de
la
dissolution
et
cju'il en a
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
43/513
DFINITIONS.
29
di'sjx'raliis. Si
nous
voulons
trouver
un
sens
la
loi d'vo-
lution,
c'est
par
consquent
dans
le
second
terme
qu'il faut
le
chercher.
Aussi
bien
savons-nous
dj
qu'il
est
le
plus
ancien et
que la
formule
physique
est un
effort
postrieur
pour
atteindre
un
vrai
monisme.
11
y
a
donc
toutes
chances
d'y trouver
une
pense
plus
relle.
Dit-on
quelque
chose
en dfinissant
l'volution
le
passage
de
l'homogne
ii
l'htrogne
?
Cette
fois,
oui.
Si
nous
considrons
quelques
individus
identiques
par
certains
caractres,
(juelquc
matire
uniforme
par
certaines
proprits
rpandues
dans toute
sa
masse,
nous
nous
apercevons
parfois
que
cette unit
se
dtruit
len-
tement
sous
l'inlluence de
causes
externes
ou
internes,
et
qu'ainsi
le
semblalde
devient
divers
:
les
genres
engendrent
peut-tre
des
espces,
les
espces
engendrent
certainement
des
varits.
Des
esprits
analogues se
diffrencient
par des
carrires
diverses.
Des
civilisations
se
divisent
par leur
ex-
tension.
Et
rciproquement, le
phnomne
inverse
se
produit. Des
esprits
d'origine
diverse
s'assimilent
l'un
l'autre
par
une
discipline et
une
culture
communes.
Des
varits
botaniques
reviennent
h
leur
type
spcifique
par
des semis. Des
ingalits
de
temprature
et
de
pression
dis-
paraissent en
se
rpartissant
galement
dans la
masse
des
corps. Tant par
l'examen
des
transformations
directes
que
par
celui des
transformations
inverses, il est
clair
que
nous
tenons maintenant
un
vrai
concept.
La
formule
a
donc un
sens.
Mais
si
le
passage
de
l'homogne
l'htrogne
est
nces-
saire
l'volution,
il
n'est
pas
suUisant pour
la
constituer.
11
laiit aussi
le
passage de
l'incohrence
la
cohrence,
de
l'in-
dfini
au dfini : un
volume croissant,
la
cohsion,
la
diffren-
ciation
et
la
nettet
dfinie des formes
sont
donns
dans
les
Principes
de
sociologue
pour
les
caractristiques
de
l'volu-
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
44/513
.{0
LA
DISSOLUTION.
iioiiMI
faut
la
centralisation,
la
subordination
dos
parties, leur
organisation par
dos
difTrenriationB
secondaireu,
en
un
mol
cette unit architecturale
et
synergitjue rjui
constitue
Vin-
divdt.
Nous touchons
enfin
h*
centre
de
l'ide.
Le mot que
nous
venons
d'employer
ne
se
trouve
pas
dan la
loi
des
Premiers
principes
;
mais il
y
a
de
synonyme
et
qui ne sont
plus
obscurs que parce
qu'ils
veulent
tre gnraux
jusqu'
l'universalit. Il
est
justifi par
toute
la suite
des
a-uvres
qui
se rclament de
cette
loi, par
l'usage courant
qu'en ont
fait
MM.
Maudsley,
Romanes,
IIiTckel,
Weismann
pour
opposer
Tindividuation
et
la
croissance i
la
dissolution,
la vieillesse
et
la mort. La
producti
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
45/513
DFINITIONS.
31
sens
qu'on
parle
aussi de
l'intgrallon
longitudinale
qui
se
produit
chez
les
Annels
',
de
l'intgration
des
phno-
mnes
psychiques
par
laquelle
on
atteint
l'unit
de
l'es-
prit*.
Loin de serrer
de
prs
la
physique, il faut
donc
s'en
carter
pour
comprendre
l'volution.
Elle
concerne
les
formes, non les
grandeurs
;
le
divers,
et non le sem-
blable.
Rlle
s'efforce
d'expliquer
la
multiplicit des appa-
rences,
qui sont toutes
choses de
sentiment
et de qualit.
En
ngligeant
ainsi
la
lettre
contradictoire
des formules,
l'esprit
de
la
loi se
manifeste
clairement.
Dans
le
monde,
dit-elle, toutes
choses
croissent dans
l'ensemble
en
dis-
semblance
et
en
individualit. Cette marche
vers
l'htro-
gne se rpte
tous
les
degrs
de l'tre
visible, dans le
minral, la
plante,
l'animal,
l'homme
qui
pense, dans
la
vie
de la
nation
comme
dans lii
conduite d* ses membres
;
et
cette
diffrenciation gnrale
est une
heureuse
ncessit
qui constitue le
progrs.
Di/fi'rencialion
n'a
pas
de contraire,
dans
la
langue
des
volutionnistes, tant
la marche inverse
leur
parait
insigni-
fiante
et
ngligeable, l.a question est
de
savoir
si
Vindiff-
rencidtion, l'assimilation et
la
dissolution qui en
rsulte
n'auraient
pas
autant
d'importance
thori({ue
et
de
valeur
morale
(jue
le
passage tant
tudi
de l'homogne
l'ht-
rogne, la production et
le
renforcement
de
la
diversit.
\.
H.
Spencer.
Principes
de
biologie.
II,
4*
f>arlie,
j^
206-207.
2.
H.
Spencer. Principes
de
psychologie.
SmiIIiim-
.'r-iuralf
ili
x
IiiU'-
gration
des
corrcs|)ondances.
Paris,
K.
Alcan.
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
46/513
CHAPITRE
II
DISSOLUTION MKC\M^LE-
11.
Les
deux
notions
fondnnientnles
que
nou
appli-
quons
il
lit
connaissance
du monde
matriel
sont
la
niasge
et
Vner^ie;
c'est
elles
que
se
rapprlent presque toutes
les
lois
ou
les
recherches
de
la
[)hysique.
Si nous les considrons
isolement,
l'usage
de
chacune
de
ces deux notions est rgl par un principe propre: celui
de
la
permanence
de
la masse et
celui
de la
permanence
de
l'nergie.
Si
nous
les
considrons
dans
leur
relati
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
47/513
DISSOLUTION
MCAMQUR
33
mais clout
qu'une
quantit
d'tre
donne
ne
ft
constante.
Ils
ont eu
queUjuofois des
hsitations
relativement
la
constance
de
la
quantit
d'action
dans
le
monde
physique,
parce
qu'ils
ne se la
reprsentaient
que
d'une manire
vague
;
de
l
le clinainen
des
picuriens et la
croyance en-
core frquente it la
possibilit
du
mouvement
perptuel;
mais l'immense
majorit
des
hommes qui
rflchissaient sur
la physique
a
toujours
pens
que
l'axiome
E
niliilo
nihil
tait
aussi
vrai
de
l'action
que
de
la
matire
;
et
plus
ils
ont approfondi cette conception
par
l'tude des
lois
et
des
principes
de la
mcanicjue,
plus ils
se
sont convaincus
que
la permanence
de l'nergie tait
rclame
par la
raison
comme
celle de
la
substance. Il
est
vrai qu'ils
n'ont pas su
donner une
formule exacte de
l'une
et de l'autre de ces
deux
grandeurs
:
ainsi
Descartes
identifiait
la
matire
avec
le
volume,
et son
action avec
sa
(|uantit
de mouvement;
Leibniz,
plus
correctement,
donnait
la
masse
pour mesure
la quantit
d'tre;
mais
il
en reprsentait l'action par une
double formule comprenant
la
force vive et
la
quantit de
progrs, c' (pii
n
-tait pas
sullisant.
Du
moins
ne doutaient-
ils
ni
l'un
ni
l'autre
de
l'existence
de
ces
deux
constantes.
l;j.
Cette
certitude
vient de ce que
l'un
et l'autre sont
ncessaires pour rendr' l'univers
intelligible.
Kt
comme
toute tentative pour constituer
la
science
serait vaine si
cette
condition
n'tait
pas
remplie, quiconque n'est pas sceptique
sur
rexistence
de
la
science,
c'est-i-dire
sur
la
possibilit
d'atteindre
une vrit
fixe
dans
l'ordre phnomnal,
doit
aussi
ncessairement tre
conduit
ce
postulat.
Vax
effet, le
changement
est
indubitable
dans
le
monde
tel
([ue
nous le
percevons.
Si
nous
considrons
ce
change-
ment
dans l'espace, il
ne
peut
tre
dfini
que
par
rapport
(juelque
chose
qui
ne
varie pas. Si
la
quantit
d'tre
qui
L.ii.ANDE.
La
Dissolution.
3
7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.
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:hi(pie
que
nous
sommes
amens
nous
en faire :
car,
si nous consid-
rons
dlfTrentes quantits de
force, mesures
le unes par
rapport
aux
autres,
et
agissant
sur un agrgat
dont
on
ne
retranche et
auquel
on
n'ajoute
rien pour
les sens, les
ac-
clrations prises
par
cet
agrgat
ont
avec les
forces
res-
pectives
qui les
engendrent un
rapport constant et
inva-
riable
m,
caractristique
par
consquent de la
(juantit
de
matire,
et
qu'on appelle sa masse. Tel
est l'nonc du
prin-
cipe de
substance
dans
son
usage immanent;
et l'on peut
remarquer que
le
mot mme de
substance
a
toujours
repr-
sent
pour
les
philosophes,
par
une sorte
de
confusion
pleine
de
sens,
le principe mme
de
la
permanence
:
en
sorte que la
formule Toute
qualit
appartient
une sub-
stance
veut
dire
surtout, en physique, (jue toute
substance
est intemporelle.
Si
nous considrons,
en
second
lieu,
le
changement
dans
le temps,
l'action
([ui
s'y
manifeste
ne peut tre
intelli-
gible
que
si la
quantit en est
galement
constante.
Car,
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DISSOLUTION
MKCANIQLE
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s'il
y
apparaissait
une
action
ndiivelle qui
ne
prexistt
pas,
ou s'il
disparaissait une
partie
de
l'action mesure
au
temps
prcdent,
cette
apparition
ou
cette
disparition
rendraient
impossible toute
conclusion
d'un
moment
du
temps
un
autre,
et ainsi tout
raisonnement
serait
dtruit. C'est
ce
qu'exprime d'une
faon plus
concrte
et plus vague
le
prin-
cipe
tic causalit
:
juand
je
dis
(|ue
tout
phnomne
phy-
si(juc a
une
cause physique,
en laissant
de ct
l'ordre
moral
o
ce
principe
a
un
tout
autre
sens,
je
veux
dire
sim-
plement
que
toute l'action qui
le constitue se
trouvait
aupa-
ravant
sous
telle
autre
forme,
en
tel
autre
endroit.
Le
coup
de
foudre
est
cause du tonnerre
parce
que
c'est
ii lui
qu'est
empiunt
le
mouvement qui
parvient
nos oreilles en
vi-
brations sonores. Or,
pour
reconnatre
que cette
action
prexistait,
(juand
elle
est
susceptible
de
revtir
pour
nos
sens
les
formes
les
plus varies, et mme
quchpiefois de
leur devenir
imperceptible,
la
seule
ressource est
de
la
lesurer, en ngligeant
provisoirement
ces formes
qualita-
tives
(|ui
la
diversifient,
et
de
montrer
que
la c|uantit ({ui
la
repi'sente
n'a
ni
augment,
ni diminu dans la
transfor-
mation.
Pour
pouvoir
comprendre
l'eflet,
et
conclure
l'eflet
de la
cause,
il faut qu'il
soit en un
certain
sens
la
cause
elle-mme,
qu'on
puisse
le
considrer par
quelque
biais
comme
une
partie aliquote
de celle-ci: il
est
ncessaire que
la nature n'agisse
pas
par
une
efficace
divine, oii
l'antc-
dciil
produit
le
cons(juent
par
une
cration ex
nihilo,
une
action
de
prsence
qui
n'puise
en
rien
sa
force
causante.
Ilicn
dans
ce
cas ne
pourrait
s'expli
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M)
I.A
DISSOLUTION.
Autant
il
est
facile
dr
donner la
(oiniulc
de
la
miurho, au-
tant
il
est didicilc de donner
rcdlede l'nergie,
parce
qu'elle
est
un
viai I*role.
Mais
on
jxnf,
sous
chacune
de
e
formes,
la
mesurer
l'aide
d'une unit
approprie,
el
ta-
blir
onsuilo,
par
l'exprience,
des
quivalences entre
les
di-
verses
units
adoptes,
l/exeniple
le
plus
ancien
'st
l'qui-
valence du travail
mcanique
et de la
chaleur, qui en sont
les
deux
formes
les
plus rpandues,
et
l'on
peut dire,
en
un
certain
sens, les
formes extrmes.
La o-
sant
ramenes
une
commune mesure.
14.
Toute
explication,
soit qu'on
parle
de
matire,
soit qu'on
parle d'action, consiste donc :
1**
montrer
que
la
quantit
qu'on
en
considre
prexistait
identiquement;
'2
faire connatre
en quel
lieu et
sous quelle forme
avait lieu
cette prexistence*.
La rpartition
de
l'nergie
par rapport
la
masse,
et
de
la masse par rapport l'nergie, est
par con-
squent le
problme quantitatif
fondamental
de
la physique.
Nous
trouvons
dans
ce fait une
confirmation
rigoureuse
de
ce que
nous
avons
dj remarqu
sur
l'insuffisance
du
con-
cept d'intgration.
Pour
le
porter
la
hauteur
de ce
pro-
blme,
et placer ainsi
l'volution
h
la
source des
lois
physiques,
1 .
On voit
qu
il
y
a
lieu
de
se
demander
aussi pourquoi elle
passe de telle
forme
telle autre.
C
est l'objet
du
troisime principe, que nous
examinons
plus
bas,
et
qu'on
peut
rapprocher
pour
cette raison
du
principe
de
finaliti'-,
ou de
raison suffisante
;
de
mme que
nous
venons
de rapprocher
les
deux
premiers
des
principes de
substance
et de
cause.
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UJSSOLLTIUN
MKCAMQLE.
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on
proposait
d