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7/25/2019 LALANDE, André. La dissolution opposée à l'évolution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899. http://slidepdf.com/reader/full/lalande-andre-la-dissolution-opposee-a-levolution-dans-les-sciences 1/513

LALANDE, André. La dissolution opposée à l'évolution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899

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    v-J

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    ir-^

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    LA

    DISSOLFTION

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    8/513

    DU

    MftME

    AlTEC

    Lectures

    sur

    la

    philosophie

    des

    sciences,

    l

    ni. in-tr.

    I'iiri

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    LA

    IIISSOLl

    '\m

    OPPOSI

    A

    i;i::VOLLTI(l\

    LES

    SCIENCES

    IMIVSIOIJES

    ET

    MOU.MJ

    ANDRE

    LALANDE

    HBO

    re

    Si

    L'

    >

    AGhtGt

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    11

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    OI>a

    1

    1

    ,

    ItUCTCia

    i-

    tCITX*

    PARIS

    ANCIENNE LIMRAIKN:

    (.EHMER BAILLIRE

    A: C'

    FKLIX

    ALCAN, KDITEUU

    |IJ^,

    BOLLE\AKU S A I

    X

    T

    -

    G E

    R

    M

    A 1 N

    .

    H'N

    loti liroits

    rt's.ervfs

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    A MON

    MAITRK

    M.

    VICTOK HliuCllAKL)

    PHOFESSEIK

    A

    I.A

    FAClI.Tt

    DES

    I.ETTKE8

    OE

    l.'t'.MVEKSlTF. DE

    PAIlIS

    CE TltAVAIL

    EST

    UE8PECTl'Et'SEME:

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    PHKFACE

    Jo

    manquerais

    aux

    conclusions

    et

    surtout

    1 l'sjuit

    de

    cet

    ouvrage,

    consacr

    aux progrs de l'unit logique

    sur

    la

    dinerenciation et la

    lutte,

    si

    je

    n'exprimais

    pas

    ici,

    avant toute autre chose, mon

    estime

    et

    ma

    sympathie

    pour les piiilosophes dont

    je

    comhats les

    (opinions

    :

    je

    m'iionore

    de

    connatre

    personnellement

    ipiclipies-uns

    d'entre

    eux

    ;

    et

    parmi

    ceux

    dint

    je

    n'ai que

    lu les

    ouvrages,

    je

    dois

    nommer

    en particulier

    M.

    Ilerhert

    Spencer

    p)ur

    dire coml)ien

    j'admire

    et je

    respecte

    son

    o'uvre

    monu-

    mentale, malgr toutes

    les

    ohjections qu'elle

    me

    parait

    soulever.

    Par

    l,

    jacquitte d'ahord une dette

    ;

    car

    ce

    sont

    leurs

    ides

    mmes

    qui

    m

    Ont

    servi,

    pour

    une

    grande

    part,

    former

    des

    conceptions

    contraires

    aux

    leurs

    ;

    et

    toute

    rhisli>ire

    de

    la

    philosophie

    montre qu'une

    thorie

    ne

    d-

    pend

    pas moins

    de celles

    qu'elle rfute que de celles

    (pi

    elle

    eoiilimie.

    Aussi

    ne s'agit-il

    point

    dans

    ce

    titnail

    de

    dtruire

    la

    doctrine

    de lvolution, si

    ce

    n'est

    dans

    ce

    (|u'elle

    a

    de

    prmatur

    ou

    d'exclusif,

    mais au

    contraire

    de

    la

    complter

    et de

    l'largir, en

    la

    rap|)rochant

    des

    faits

    (pielle

    parat avoir

    artiiiciellement simplifis.

    Mais

    j'ai

    de plus un

    second motif,

    et

    peut-tre

    plus

    srieux

    encore,

    de

    pr>enir

    toute

    apparence

    d

    animosit,

    mme

    purement

    intellectuelle:

    c'est

    que,

    si je vois

    bien

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    14/513

    VIII

    PIltFACK.

    [)ir

    oii

    les

    pliilosoplif's

    s'opposonl ciilrf

    eux.

    quand

    je

    me

    confine

    dans

    le nionde

    |>liils

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    LA

    DISSOLUTION

    AVANT-PROPOS

    1.

    llien u'cst plus

    iinportunt,

    duns

    une

    science,

    que

    la

    mthode. Non

    seulement

    elle sert

    de

    fil

    conducteur

    pour

    la

    dcouverte

    des

    faits et

    des

    lois,

    mais

    encore

    elle

    les

    implique

    d'avance

    dans

    une

    certaine

    mesure;

    car il

    y

    a

    dans

    la

    syst-

    matisation

    (les donnes

    de

    l'exprience

    une

    part

    considrable

    de convention et d'arbitraire, qui

    ne

    s'liminerait que

    si

    les

    sciences

    pouvaient tre absolument

    acheves, et

    si

    elles

    Vtaient

    elVectivenient.

    Jus({uel,

    et dans

    l'ignorance

    o

    nous

    sommes

    de

    leur

    tat

    limite,

    notre

    savoir

    d'meure

    en

    grande

    partie

    une langue

    bien

    ou

    mal

    laite, o l'algorithme

    et

    la terminologie

    tiennent la premire

    place.

    Les

    mmes

    tats

    de

    conscience,

    sensations ou

    sentiments,

    peuvent

    en

    eflet tre

    ordonns

    par

    des

    concepts

    et

    des

    suppositions dilFrentes

    ;

    et

    ([uand

    on

    a d'abord

    adopt

    des

    ides

    directrices

    errnes

    ou

    incompltes,

    il

    faut

    d'ordinaire

    un

    temps

    trs

    long

    pour

    que

    la mthode

    exprimentale en

    rvle

    l'insutiisance.

    On

    sait

    (jnelle rsistance

    ont faite,

    dans

    les

    questions

    les

    plus

    simples

    de

    la

    physique,

    le

    systme

    de

    Ptolme,

    l'mission

    de Newton,

    le

    phlogistique

    de Stahl.

    Le

    danger est

    beaucoup

    plus grand

    dans

    les

    sciences mo-

    Lai.ande.

    La

    Dissolution.

    \

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    '.'

    L\

    DlSSOLl TION.

    raies

    :

    les

    faits

    y

    sont

    tt.'llornent

    nombreux

    et

    t(;|lenicnt

    com-

    plexes, qu'tudis

    dans

    le

    dtail

    ils semblent

    c prter

    toutes

    les

    constructions,

    l'histoire

    universelle

    de

    Bossuet

    comme

    celle

    de

    llerder,

    la libert

    comme

    au

    dtermi-

    nisme,

    il la

    morale

    de

    Kant

    comme

    celle

    de l'volution.

    S'il

    fallait

    attendre

    la

    lin

    de la

    science jiour

    juger

    du

    plan

    ([u'on

    y

    a d'avance

    adopt,

    le

    verdict

    serait

    indfiniment

    ren-

    voy,

    Kt

    cependant,

    les consquence

    immdiates

    et

    pra-

    ti([ucs

    sont

    d'une

    telle

    importance

    (pr'lles

    ne

    comportent

    pas

    de

    dlai.

    Tous

    nos

    el'orts

    doivent

    donc

    aller

    critiquer

    ds

    l'abord

    nos

    mthodes

    consciencieusement, pour

    ne

    pas

    nous

    engager la

    lgre

    sur des

    chemins

    perdus,

    dont

    a

    la

    fin

    l'exprience nous

    rvlerait sans

    doute

    les

    carts,

    mai

    aprs

    bien

    des

    forces

    gaspilles,

    aprs

    de grandes erreur,

    et

    peut-tre

    mme de grandes

    fautes,

    si nous en

    ommes

    venus

    l'application.

    Cette

    prvoyance

    nous parait tre une des

    fonctions

    le

    plus

    essentielles de

    la

    philosophie.

    Seule, elle

    possde

    le

    moyens

    de l'accomplir;

    car,

    dfaut

    d'une russite

    ind-

    finie,

    qui serait la meilleure caution d'une

    mthode, mai

    que

    nous

    ne pouvons

    attendre,

    trois considrations

    seule-

    ment

    peuvent

    nous

    clairer:

    la

    premire

    est celle de la

    nature

    psychologique de l'homme,

    la

    connaissance

    des

    lois de

    l'es-

    prit

    qui

    doivent se retrouver

    ncessairement

    dans

    tous ses

    produits intellectuels,

    comme les

    vergeures

    d'une

    machine

    papier

    se

    retrouvent dans

    les

    filigranes

    de

    la

    feuille

    ;

    la

    seconde est la

    critique

    des ides

    de

    vrit, de beaut,

    de

    justice

    qui

    dirigent dans

    leur

    marche tous

    les

    efforts

    cons-

    cients

    de l'humanit

    ;

    la troisime

    est

    la

    science des

    sciences,

    c'est--dire la

    conception

    gnrale

    du

    monde qui

    rsulte

    du

    rapprochement

    des

    faits

    et

    des

    lois

    dj

    connus

    d'une

    faon fragmentaire, mais sre,

    et

    qui

    prvient

    ainsi,

    suivant la

    mthode prconise

    par

    Auguste

    Comte,

    les

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    17/513

    AVANT-IMIOPOS.

    3

    dangers

    menaants du

    morcellement

    scientifique.

    Et ces

    trois

    oidres

    de

    considrations

    sont

    toute

    la

    philosophie.

    Or,

    il

    y

    a,

    dans

    la

    mthode

    des

    sciences

    physiques

    et

    morales,

    deux

    tendances

    actuellement en

    conflit,

    qui sus-

    citent

    des coles

    antagonistes,

    et

    souvent se combattent

    l'intrieur

    d'un

    mme

    esprit. L'une

    est

    le

    naturalisme, cher-

    chant

    avant

    tout

    l'unit

    dans les

    lois du

    monde, admettant que

    la

    vie morale est le

    prolongement

    de la vie physique, et

    l'organisme

    social,

    une

    rptition

    sur

    une

    plus

    vaste

    chelle

    de l'organisme

    physiologique.

    C'est

    l'ide

    dominante

    de

    l'cole

    clbre

    qui

    ramne

    tous

    les faits

    la

    loi d'volution,

    et

    dont la

    mthode

    consiste

    transporter

    dans

    l'tude

    de

    l'art,

    de la

    morale et de la socit, les dcouvertes et les

    hypothses

    de

    la

    biologie.

    Ce monisme a

    eu

    son centre

    en

    France

    au

    xviii sicle; en

    Angleterre,

    au xix ; il semble

    en

    ce moment avoir

    jet

    une

    racine

    profonde

    aux Ktats-Unis.

    La

    doctrine

    adverse appuie ses

    mthodes

    sur

    l'opiulon

    contiaire

    ;

    elle

    croit (ju'Il

    y

    a,

    dans

    les

    phnomnes

    et

    les

    lois du

    monde,

    deux actions

    opposes,

    dont

    l'une

    prdo-

    mine

    dans la

    vie

    instinctive

    et

    matrielle, l'autre dans le

    dveloppement

    intellectuel et

    moral.

    Elle oppose

    les

    prin-

    cipes

    de la

    raison

    aux

    sensations,

    et

    le

    droit

    aux

    luttes

    natu-

    relles.

    Elle

    n'admet

    entre

    l'animal

    et

    la

    socit

    qu'une ana-

    logie

    tcmporairt'

    et

    limite,

    dlinie

    par

    la mesure

    o cette

    dernire

    volue sous des

    influences

    encore inconscientes

    et

    automati(jues.

    Elle

    prpare

    des

    formules

    qui

    laissent

    place

    la

    marche inverse,

    et

    considre

    toute transformation

    non

    comme

    une droite, mais comme

    une

    trajectoire,

    courbe

    par

    deux tendances

    antagonistes:

    la

    loi de

    la

    nature

    et celle de

    la

    volont

    rflchie.

    Cette

    opposition

    parait

    avoir

    t

    l'ide

    dominante

    de

    la philosophie

    de

    Platon,

    du

    bouddhisme

    et

    du christianisme,

    par

    (jui

    elle

    demeure

    encore active

    en face

    de ride

    contraire.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    18/513

    l.\

    DIS.SOI.L

    TION,

    iNoiis

    voulons

    cssivor

    (rt-xiimiiM-r, et,

    s'il

    sr

    pfiit

    ,

    Irdrlnr-

    inlner,

    par

    des coiisidrutioiis

    cxpriiiientulcs

    cl

    lugi(|ueK,

    quelle

    est

    la

    plus

    scientifique

    de

    ces

    deux mthodes;

    et,

    de

    ces

    deux ides

    directrices,

    la(|uclle est vraie.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    19/513

    CHAPITRE

    PREMIER

    DEFINITIONS

    2.

    Nous entendons

    par

    dissolution,

    dans

    les

    choses

    qui

    se

    Iransforment,

    toute

    srie

    de

    changements

    de

    sens

    contraire

    ceux

    qui

    constituent

    l'volutiou.

    Si.

    par

    exemple,

    la

    for-

    mation

    et

    la

    centralisation

    d'un

    tre

    compos

    sont,

    comme

    on

    s'accorde

    jr,

    lu'.ralement

    le

    dire,

    des

    phnomnes

    volutifs,

    la

    dcentralisation de

    cet

    organisme et

    la

    reprise de

    libert

    des

    lments

    qui le

    composent

    seront

    justement

    appeles

    dissolution.

    Ces

    deux

    termes,

    cl

    leur

    usage

    antithti

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    20/513

    l.\

    l)l>.>nLl I

    lt>\

    exprimciiiil

    plus fi

    dM

    ornent

    la

    nature

    de

    l'opration,

    et en

    rendrait

    mieux les

    caractres

    secondaire'.

    Et,

    d'autre

    part,

    le

    mot

    dissolution

    trompe

    peut-tre

    pliiH

    encore

    l'imagination.

    Puisqu'il

    s'oppose

    I'

    involution

    ,

    il

    devrait

    reprsenter

    surtout

    l'abandon

    de

    l'tre

    qui

    se

    cotnmu-

    nique

    aux

    autres, qui

    rayonne

    autour

    de lui,

    qui se

    dpense

    au

    dehors

    ;

    en

    face

    des

    ides

    d'accroissement vital et

    de

    nutri-

    tion

    goste,

    il

    devrait

    veiller

    celle

    de gnration,

    d'al-

    truisme

    et

    de

    fcondit.

    Il

    n'en

    est

    rien.

    Le

    mot

    appelle

    uu

    contiaire

    l'esprit

    des

    images

    dplaisantes

    et

    sous-entend

    une

    sorte de

    dsapprobation.

    Il

    s'appli(|ue

    bien

    u

    Tindixidu

    (|ue les

    forces

    extrieures

    dcomposent et

    dispersent,

    non

    pas

    celui

    qui

    se

    donne

    de lui-mme, qui

    combat

    ou

    sup-

    prime

    en

    lui,

    volontairement,

    ses

    tendances

    la

    cMilralisa-

    tion.

    Dissolution,

    dans

    les

    nueurs,

    est

    synonyme

    de

    corrup-

    tion et

    d'immoralit.

    Pour un

    pays,

    pour une institution,

    c'est la

    dcadence

    ;

    pour

    un

    tre vivant,

    c'est la

    pourriture

    finale.

    Partout le

    mot porte avec lui l'ide

    de la

    dgradation,

    de la

    dchance et

    de la

    mort.

    De

    lii

    vient peut-tre

    aussi

    que

    les

    volutionnistes, tout en

    reconnaissant son

    rle en

    principe,

    en font

    si

    peu de cas

    dans l'application.

    Tandis

    que

    l'volution

    leur parait tre la

    loi

    fondamentale

    de

    l'uni-

    vers,

    dans

    l'ordre purement matriel

    comme

    dans l'ordre

    physiologique,

    dans la pense comme dans le

    devoir, ils

    n'attribuent son contraire

    que

    la

    valeur d'un temps

    d'arrt,

    d'un

    recul

    accidentel, aussitt

    rpar

    d'ailleurs

    par

    la

    grande

    ncessit

    du progrs.

    La

    dissolution

    ne

    prsente,

    dit-on,

    aucun des

    aspects

    si intressants

    et

    si varis

    de

    1. Les

    Premiers principes, Irad.

    Gazelles, 257-258. Paris,

    F.

    Alcan.

    Le

    mot

    involulion est au

    contraire

    employ

    par certains

    volutionnistes alle-

    mands,

    notamment

    Goette

    et

    Weismann

    comme sjnonymc de dissolution. 11

    en

    est

    de

    mme

    de

    sa

    transcription

    grecque

    vToo~r|, entropie, mot

    cmplovc

    par

    Glausius

    dans

    le

    sens

    de

    dissolution

    mcanique.

    Vojcz

    plus

    bas,

    ji^

    26.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    21/513

    DRFIMTIONS.

    7

    l'volution'

    .

    On

    peut en

    dire

    quelques

    mots,

    il

    serait

    inutile d'en

    suivre le

    dtail.

    En fait,

    ils

    ne

    la font

    intervenir

    ni

    dans

    l'explication

    des

    phnomnes

    physiques,

    ni

    dans

    la

    transformation

    des

    tres

    vivants,

    ni

    dans

    la

    production

    de

    la

    raison,

    ni

    dans

    celle de la

    moralit.

    Le

    dualisme scientilique

    qu'ils

    semblaient

    professer

    d'abord s'vanouit donc

    dans

    l'unit par

    la

    suppression

    d'un

    do ses

    termes

    ;

    pour

    cette

    philosophie,

    toute la

    suite des transformations de l'univers

    progresse

    en

    un

    sens

    toujours

    le

    mme,

    fix

    par la loi

    d'vo-

    lution.

    Peut-tre

    chemin

    faisant, trouverons-nous

    la

    raison

    de

    ces

    anomalies

    ;

    mais nous

    sommes

    d'abord obligs de

    les

    constater et

    de

    les

    subir. Nous

    devons seulement

    nous

    pr-

    munir

    contre

    les

    associations d'ides

    injustes

    que les

    termes

    peuvent

    porter

    avec

    eux, et

    nous eflorcer

    de les claircir

    assez

    pour qu'ils ne

    prtent pas

    ii la confusion.

    M.

    Comment

    faut-il

    donc

    dfinir

    l'volution

    et

    son

    c

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    22/513

    8

    l\

    hISSOLl TION.

    moralistes, physiologistes,

    nu-taphysiciens

    ;

    et cliarun

    lui

    donne un sens

    partieulier,

    suivant

    ses

    opinions et son

    sujet.

    On le

    fait

    ainsi tour

    tour,

    et

    selon les

    cas,

    synonyme

    de

    dveloppement,

    de

    progrs,

    de

    centralisation

    ;

    quehpiefois

    mme

    de changement,

    sans

    plus.

    .M.

    F(uille,

    dans

    un

    article

    sur

    la

    philosophie

    cartsienne,

    l'identifie expressment

    avec

    un

    mouvement

    lent

    et

    progressif.

    M.

    Brunetire,

    fai-

    sant

    un

    cours

    sur

    1'

    volution des

    genres littraires'

    ,

    explique

    qu'il

    entctul

    par

    ce

    mot

    un

    ensemble

    de

    transfor-

    mations

    graduelles,

    en

    quelque

    sens

    qu'ellrs

    se

    produisent,

    et trouve

    que le

    grand

    avantage

    de cette ide est de nous

    dbarrasser

    de celle

    de

    progrs,

    c'est-ii-dirc de la

    marche

    gnrale

    du

    monde en

    une direction

    donne.

    I*our

    M.

    Arsne

    Darmesteter

    l'volution est un quilibre plus ou

    moins

    stable

    entre

    la

    force

    conservatrice

    et

    la

    force rvolutionnaire'; ou

    encore la

    transformation

    insensible

    et sans fin

    que

    produi-

    sent

    la

    concurrence

    vitale

    et

    la sle

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    23/513

    DFINITIONS.

    9

    la

    formation

    d'un

    organe

    nouveau'

    .

    Nous

    voil

    loin

    du

    sens

    primitif.

    M.

    Milne-Edwards,

    au contraire, la

    dfinissait

    une

    difFrenciation, c'est--dire

    un

    passage

    de l'homogne

    l'htrogne*;

    c'est aussi

    l'une

    des formules

    contenues

    dans

    les Premiers principes,

    et mme

    la

    principale. Mais

    l

    n'est pas

    encore le sens le

    plus

    frquent de

    ce terme.

    Ce

    que

    reprsente le

    mot

    Evolution dans le langage

    ordinaire,

    c'est

    avant

    tout

    le

    dveloppement intrieur et

    spontan

    de

    l'tre

    par

    une

    force

    propre

    qui

    l'anime,

    Yarclueus

    f'aber

    du

    vieux

    van llelinont,

    le

    principe directeur des corps organiss

    ;

    en

    un

    mot,

    la vie.

    Le

    succs

    de la

    formule volutionniste

    vient

    en grande partie

    de

    cette

    source.

    La

    vie,

    jusque

    dans ses

    dernires

    manifestations,

    est le prctbime

    Ir

    plus

    dconcer-

    tant (jue

    prsente

    la

    nature;

    celui

    qui

    connatrait

    le

    secret

    de la

    gnration et

    du

    dveloppement

    aurait

    touch

    le

    fond

    (le

    la

    science et de la

    philosophie.

    Mais

    il

    se

    trouve

    qu'il

    n'y

    a

    pas

    de

    mystre tout ensemble

    j)Ius (lagrant et

    plus difficile

    pntrer. Les

    meilleurs

    esprits

    s'y

    sont essavs,

    et s

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    24/513

    10

    l.\

    DISSOLI

    TION.

    de leurs doctrines.

    M.

    IlerlKMt

    S|)encfr se fuit gloire

    d'avoir

    obi, ds

    ses

    premiers

    essnis,

    un

    dsir (|u il

    ne

    recon-

    naissait

    pas

    nettement,

    mais(|ui

    oprait

    sourdement

    en

    lui

    ,

    le dsir

    de

    trouver

    une

    '\n\crprial\on

    purement

    p/ii/niffue

    n

    de

    tous

    les

    phnomnes

    de l'univers.

    Otte

    tend;uire,

    dont

    il

    n'est

    pas

    le seul

    anim,

    a

    fait la

    puissance

    de

    sa

    (ormuie.

    Le mot Vie

    est un

    tmoin

    gnant

    ;

    il

    a

    vu passer

    et prir trop

    de

    systmes;

    il

    entrane

    avec

    lui trop d'associations

    d'ides

    psychologiques,

    dplaisantes

    pour

    le

    mcanisme

    ;

    il

    rappelle

    le

    vitalisme et

    le

    principe

    vital. Evolution,

    au

    contraire,

    implique

    par

    le

    mme

    jeu

    d'associations

    quelques penses

    physiques,

    un

    mouvement

    de

    matire, des

    phnomnes

    de

    condensation

    ou de

    rayonnement,

    une

    danse

    d'atomes

    qui

    pourrait

    bien

    engendrer

    de

    la

    vie et

    de

    la pense. Fn

    mme

    temps, pour

    quelques esprits moins

    exclusifs, mais

    aussi

    proccups

    de

    tout

    interprter scientifiquement

    n,

    ce

    mol

    joue

    le

    rle

    d'un

    moyen

    terme,

    un compromis entre l'esprit

    et

    la

    matire,

    (juelfjue chose

    comme

    la clbre

    substance

    plastique de

    Cudworth

    (jui devait servir d'intermdiaire

    entre

    le

    corps et

    l'me en

    participant la nature

    de

    tous

    les

    deux.

    On

    sait

    d'ailleurs que

    l'ide

    de

    l'volution

    est

    apparente

    au

    transformisme

    darwinien

    ;

    par

    une analogie

    peu

    logique

    sans doute, mais

    si naturelle

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    25/513

    DKFIMIION.S.

    Il

    savants et

    surtout de

    demi-savants en

    viennent

    considrer

    comme

    un

    grand progrs

    d'appeler la

    vie

    volution, sans

    s'apercevoir

    ([u

    au

    dogr*'

    de

    vague

    et de

    gnralit

    o

    ils

    sont

    obligs

    de

    le

    pousser

    pour

    s'en

    servir

    alors,

    ce mot n'est

    plus

    qu'un synonyme

    obscur

    de

    celui qu'il

    remplace et

    qu'il

    voudrait

    expliquer.

    i.

    I.a

    seconde diflicult

    vient de

    plus

    haut. Cet

    abus

    du

    terme

    dans

    le

    langage

    courant

    et la

    confusion

    (jui en

    rsulte

    ne seraient en

    ef'et

    qu'un

    lger

    embarras,

    si du

    moins les

    philosophes

    qui l'y

    ont

    introduit s'en

    taient

    servi

    dans un

    sens

    constant

    et

    prcis; mais

    en

    nous

    rfrant

    au livre

    des

    Premiers Principes,

    crit

    spcialement

    pour

    dfinir

    et

    for-

    nuder

    la

    loi

    d'volution

    ,

    nous

    rencontrons

    des obstacles

    d'un autre

    ordre, et

    des

    obscurits

    singulirement

    plus

    ma-

    laises

    claircir.

    ((

    L'volution,

    sous sa

    forme

    la

    plus

    simple et

    la

    plus

    gnrale,

    est-il

    dit

    dans cet ouvrage,

    est l'intgration de

    lu

    matire et la

    dissipation

    concomitante

    du mouvement; tandis

    que

    la

    dissolution,

    c'est

    l'absorption

    du

    mouvement

    et

    lu

    dsintgration concomitante de la mutire

    Le

    mot

    vo-

    lution

    a

    d'autres

    significations,

    dont

    (juelques-unes

    sont in-

    compatibles

    et

    mme en

    opposition directe avec le sens que

    nous

    lui

    donnons ici

    Je

    ne

    puis

    que

    donner une

    dfini-

    tion

    rigoureuse

    du

    sens

    que

    je

    lui attribue'.

    Pour

    simple

    que

    paraisse

    cette

    dfinition

    purement

    mca-

    ni(jue

    et

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    26/513

    12

    I.A

    l)ISSOI.LTK)\.

    ont Ix'sdiii (rcluircisscment,

    et uno

    :i(Iirniiition

    (jui

    rclame

    sa

    preuve. Qu'est-ce que

    l'intgralion

    de

    la

    matire?

    Qu'est-

    ce que

    la

    dissipation

    du mouvement?

    Y

    a-t-il

    enfin

    un rap-

    port

    nc'ccssaii'e

    entre

    ces

    doux

    termes,

    qui les

    rende

    inspa-

    lables

    l'un

    de

    l'autre

    ?

    Tout

    d'abord, en

    eflet,

    nous

    pouvons comprendre

    le moi

    intgration

    en

    deux

    sens

    difterents

    et

    tellement

    distincts

    que,

    suivant notre

    choix,

    le

    mme

    phnomne

    pourrait

    tre

    dsign,

    soit

    sous

    le

    nom

    d'volution, soit sous

    celui de

    dis-

    solution.

    Considrons en

    effet une

    lampe qui hrle,

    une

    cartouche

    qui

    fait

    explosion. Est-ce intgration

    ou

    dsint-

    gration?

    On peut

    dire, et l'on dira d'abord

    qu'il

    y

    a

    dsin-

    tgration.

    Entre

    les

    parties de la

    poudre, entre

    les

    mol-

    cules

    d

    huile de la

    lampe

    se

    produisent apri's

    la

    combustion

    des

    mouvements plus

    nombreux, plus divers et plus tendus.

    Ce

    sont

    mme

    ces

    forces vives

    qui dispersent aprs l'explo-

    sion toute la matire de

    la

    cartouche,

    et

    celle

    du

    rocher

    oii

    l'on

    avait

    fait un

    trou

    de

    mine. L'agrgat matriel

    considr

    a donc pass

    d'un

    tat

    concentr

    un tat

    diffus.

    Il

    occupe

    un

    volume

    beaucoup

    plus

    considrable

    qu'il

    ne faisait

    au

    moment d'avant. Le

    mouvement

    intrieur entre ses

    parties,

    presque nul dans

    l'tat

    initial,

    insensible

    en tout

    cas, s'est

    accru

    dmesurment. Or,

    tous

    ces

    caractres

    sont

    la dfini-

    tion mme

    du

    phnomne

    de

    dsintgration

    selon

    M.

    Spen-

    cer, telle qu'il

    la

    donne en termes

    exprs

    et telle

    qu'il

    l'explique

    par

    des exemples

    :

    Le

    passage

    d'un

    tat

    diffus,

    imperceptible,

    un tat concentr,

    perceptible,

    est

    une int-

    gration

    de

    matire

    et

    une

    dissipation

    concomitante de

    mou-

    vement; et

    le passage

    d'un

    tat

    concentr,

    perceptible,

    un

    tat

    diffus,

    imperceptible,

    est une

    absorption

    de

    mouvement

    et

    une

    dsintgration

    concomitante

    de matire', n

    Nous

    1.

    Les

    premiers

    principes,

    253.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    27/513

    DFINITIONS

    13

    trouvons

    iiirmc

    dans

    notre exemple un phnomne

    caract'-

    ristique,

    bien

    que

    secondaire

    : c'est que la

    dsintgration

    est dtermine

    par

    un mouvement

    additionnel venu

    du dehors,

    le feu

    d'une allumette

    ou d'une capsule;

    or

    l'introduction

    d'un

    nouveau

    mouvement externe

    est

    toujours,

    dans

    les

    agr-

    gats

    peu

    stables,

    la

    cause

    de

    la dissolution*.

    II

    semble

    donc

    incontestable

    que la

    dflagration

    de

    la

    poudre

    est une

    dsintgration

    ;

    et dans

    le

    langage

    courant,

    il semble

    diUi-

    cile

    d'en

    considrer

    autrement

    les

    eflets.

    Mais

    passons

    l'autre

    face de la mdaille.

    Si

    les

    substances

    explosives

    dtonnent,

    et si

    les

    substances

    combustibles

    brlent,

    c'est

    qu'elles

    donnent

    naissance, par

    cet acte,

    des composs

    chimiques

    plus

    stables que les

    pr-

    cdents,

    et qui

    contiennent

    en

    eux, au point

    de

    vue de

    la

    combinaison

    chimique,

    une moins grande

    quantit d'nergie

    potentielle.

    Piir

    quel

    secret

    mcanisme,

    ou

    par quels

    prin-

    cipes diffrents

    du

    mcanisme

    tait

    constitue

    cette

    nergie

    latente,

    emmagasine

    dans un

    grain de poudre?

    Nous

    la

    nommons

    afiinit

    chimique;

    c'est dire

    que nous

    en ignorons

    encore

    la nature.

    Du

    moins

    savons-nous

    quelle

    en

    est la

    valeur en

    fonction

    des

    forces

    vives

    qu'elle peut

    dgager

    et

    du

    tiavail

    qu'elle

    peut

    produire.

    Sicile

    n'est pas

    mouvement,

    elle

    peut le devenir

    ;

    et par

    consquent

    nous

    avons

    le

    droit

    de

    la

    considrer

    comme

    l'quivalent

    d'un

    mouvement

    interne.

    Si

    elle

    se dissipe,

    nous

    sommes

    fonds

    dire

    que cet

    agrgat

    perd du

    mouvement,

    et

    par

    cons(|uent

    s'intgre,

    d'aprs

    les

    dfinitions

    prcdentes.

    Or, il est

    impossible

    de

    nier

    que

    la

    combustion

    et

    l'explosion

    ne

    soient

    des

    sources

    de

    travail

    moteur:

    il sullit

    de

    considrer

    une

    machine

    vapeur

    ou

    une

    machine

    gaz

    ;

    et si

    l'on

    objecte

    que

    ce

    travail

    pour-

    rait

    tre

    tout entier

    recueilli

    par

    les

    masses

    mmes

    qui

    sont

    1. f.es

    firi'iniers

    ftriHiU[ies,

    465.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    28/513

    14

    I,\

    DISSOI

    l

    TION

    ic

    si'gedu

    phcnomi'm'

    clumi(jue,

    de.

    t'lli-

    sorlr jiio

    Vrtwv^f'ie

    totale

    du

    syst'nio

    dcmeurt

    la

    minr,

    on

    aurait satm

    doutr

    raison

    thoriquement;

    mais

    alors,

    relativement

    au systme

    tout

    entier,

    il n'y

    aurait

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    29/513

    DFINITIONS.

    15

    corps s'inlgrent ou se dsintgrent, 11

    remarque

    que tous

    grandissent

    ou dprissent,

    accumulent

    de la

    matire

    ou

    l'usent

    ;

    que

    les

    cellules,

    dans

    l'ovaire,

    ne

    deviennent

    des

    ufs

    qu'en s'accrolssant aux dpens

    des

    matriaux

    adjacents^

    ;

    et

    pour prendre un exemple dans ces agrgats

    suprieurs

    o

    les philosophes

    volutionnistes aiment ii

    retrouver

    les

    lois

    des agrgats

    infrieurs,

    que les tribus

    faibles

    sont

    asservies par

    les

    fortes, et que leurs chefs

    res-

    pectifs

    se

    subordonnent

    au

    chef con(|urant*.

    Sans

    doute,

    si

    nous

    considrons

    l'accroissement

    matriel

    d'un

    tre,

    d'un

    jeune animal

    par

    exemple, nous

    saisissons

    l'association

    d'ides

    qui

    sert de transition

    entre

    ces

    diff-

    rents

    sens, et

    qui

    conduit l'auteur

    dsigner

    aussi

    ce ph-

    nomne

    par le mot

    inti'i>ralion. Klle vient

    de ce

    cjue

    si nous

    considrons,

    non

    pas

    isolment,

    un agneau

    qui

    broute, mais

    le

    systme

    total

    fjirm

    par

    la

    bte

    et

    par l'herbe

    qu'elle

    mange,

    le

    tout occupait

    avant son repas

    un volume plus

    grand

    qu'aprs

    cette

    opration.

    Mais raccrolssement

    de

    uatire

    d'un

    agrgat

    ne peut en

    aucune

    faon

    tre considr

    comme

    une

    intgration

    par rapport

    cet agrgat, ni dans

    le

    premier,

    ni

    dans

    le

    second

    des

    sens

    que

    nous

    avons

    dfinis

    plus

    haut:

    car,

    au point

    de vue du

    volume,

    une

    aug-

    mentation

    de

    substance

    doit

    produire

    une

    augmentation

    de

    celui-ci,

    si

    toutes

    choses

    restent gales

    d'ailleurs;

    et

    au

    point (le

    vue

    de

    l'nergie

    interne

    du

    systme, elle

    ne

    peut

    tre

    que rendue

    plus

    grande

    par

    l'arrive

    de masses nou-

    velles

    qui

    apporteront

    pour

    le moins

    avec elles

    la

    force

    vive

    provenant

    de leurs

    vitesses

    et

    de

    leurs

    masses: c'est ainsi

    qu'on

    A

    pu

    supposer

    que

    la

    chaleur

    solaire

    tait

    entretenue

    par

    une

    chute

    d'astrodes.

    D'ailleurs,

    M.

    Spencer lui-mme

    1. Les

    Premiers

    principes,

    280.

    2.

    Jhict.,

    284.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    30/513

    16

    I.V

    DISSOLLTION.

    le conccclc en d'uuti'es pussuges, iiotiiiiiiiieMl

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    31/513

    DFINITIONS

    i:

    ncessaire

    tabli entre

    l'intgration

    de

    la

    matire

    et

    la dissi-

    pation

    du

    niouvemeut se trouve tre

    une

    pure

    tautologie

    dans le

    cas particulier

    o l'intgration est dfinie

    par

    cette

    dissipation

    mme;

    et

    que

    ce

    rapport n'existe qu'acciden-

    tellement, ou mme

    se

    trouve

    renvers

    dans

    les cas o

    le

    premier

    phnomne

    est

    dfini

    indpendamment

    du

    second,

    soit

    par

    l'accumulation de

    la

    matire,

    soit

    par

    la

    diminution

    du volume.

    Kn edVt, la dissipation

    du mouvement

    tlont

    il

    est iei

    question'

    est

    son

    passage

    d'un corps

    un

    autre.

    Un

    mobile

    qui

    s'arrte

    en

    communi({uant sou

    mouvement un

    second

    mobile

    a

    dissip

    ce mouvement; celui-ci

    se

    meut

    mainte-

    nant, et

    par

    conscpient

    l'a

    absorb. On voit

    immdiatement,

    et

    c'est

    un

    des prinf

    ij)es fondamentaux

    de

    la physique

    que

    ce passage

    du

    mouvement

    sensible

    d'une

    masse

    une

    autre

    n'est

    qu'un

    cas particidier

    du

    passage

    entre

    ces

    corps

    de

    ({uelque

    chose

    de plus gnral.

    Un systme

    de

    corps,

    en

    ert'et,

    peut fournir

    du mouvement

    au

    dehors sans en

    possder

    lui-mme:

    ainsi le ptids attir

    par

    la

    terre

    qui met en

    mouvement

    une horloge, le ressort

    tendu

    qui

    hince un

    pro-

    jectile.

    Ils

    possdaient donc

    en eux

    quelque chose

    qui est

    1

    quivalent

    du mouvement;

    c'est

    ce

    qu'on nomme

    nergie.

    Clelte

    puissance, mathmatiquement

    mesurable

    malgr

    la

    singulire

    multiplicit des formes

    qu'elle

    peut revtir,

    est

    aussi

    invariable

    en

    grandeur

    que la

    masse

    des

    corps,

    et

    c'est

    ce

    ([ui donne

    une

    assiette

    solide aux formules

    de la

    physique

    mathmatique.

    Le mouvement

    se

    cre (aux dpens de

    ractions

    chimiques,

    par

    exemple;; il se

    dtruit de la

    mme

    faon.

    Mais il

    n'en

    est

    pas

    de

    mme de

    l'nergie:

    un

    systme

    1. Il

    MO

    tant

    pas

    coiifoiiilre

    ctUf

    ili>>ij)atioii reiatu'e

    du

    mouvement,

    c'est-

    -dire

    son

    lrans|)

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    32/513

    18

    LA

    DISSOLUTION.

    qui n'a fourni

    aucun

    travail

    exli-rieur

    consorvo

    la

    niruH*

    nergie;

    un

    systme

    qui

    a

    fourni

    du

    travail

    en a

    perdu

    julr

    autant

    que

    K's

    systmes

    voisins

    en

    ont

    absorb; rciproque-

    ment,

    s'il

    a

    reu

    de

    l'nergie,

    c'est

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    33/513

    DFINITIONS.

    It

    sipe-l-il de l'nergie?

    Il

    en

    absorberait au contraire

    en

    quantit

    notable si les

    objets taient

    assez

    lastiques

    et

    assez

    fortement

    comprims.

    Supposons

    un

    gaz

    dans

    le

    tube

    de

    Mariotte, et

    enfonons

    le tube

    jusqu'

    ce

    que le

    volume

    do

    ce

    gaz ait diminu

    de moiti;

    il s'est intgr,

    d'aprs la

    dli-

    nition

    gomtrique

    de

    ce

    mot, et

    pourtant

    son

    nergie

    interne

    a

    augment

    de

    tout

    le

    travail

    ncessaire

    la

    com-

    pression.

    De

    mme, l'eau

    s'intgre

    en

    passant de

    0

    4,

    puis(|u'elle

    se

    contracte;

    et

    pourtant

    cha(|ue

    litre,

    dans

    ces

    conditions,

    absorbe une

    quantit d'nergie

    peu

    prs

    quivalente

    1,700

    kilogrammtres.

    Quand elle

    se

    congle,

    vWe

    en

    dgage

    au contraire,

    et

    pourtant

    elle

    s'intgre si peu

    qu'elle

    brise

    par

    sa dilatation

    les

    enveloppes

    les

    plus rsis-

    tantes.

    I/intgration

    est

    donc

    indpendante de

    la variation

    d'nergie.

    7.

    Rn

    rsum,

    Vintgration

    del

    matire est

    un concept

    vague,

    susceptible

    au moins

    de trois sens

    diflerents,

    et

    pris

    alternativement

    par

    les

    volutionnistes

    dans ces

    trois

    sens,

    suivant

    leur

    cotnmodit.

    La

    dissipation

    du mouvement

    ei>\

    un

    terme

    impropre

    ;

    car

    d'aprs

    l'exprience,

    que

    nous

    n'avons

    pas

    le

    droit

    de dpasser,

    le

    mouvement

    n'est qu'une

    forme

    particulire de

    l'nergie,

    disparaissant

    sans

    cesse

    au profit

    des

    autres

    formes,

    et sans

    cesse restitue

    par

    elles.

    Knfin,

    il

    n'y

    pas de

    liaison

    ncessaire

    entre

    ces

    deux

    termes,

    ii moins

    de

    les

    dfinir

    exclusivement

    etanalytiquement

    l'un

    par

    l'autre.

    La

    soi-disant

    dfinition

    purement

    mcanique

    de

    l'volu-

    tion

    comprhensivo

    au plus

    haut degr

    comme

    doit

    l'tre

    un

    nonc

    qui

    s'applique

    toutes

    les existences

    sensibles en

    g-

    nral,

    comprhensive

    encore

    en ce sens

    que tous les change-

    ments

    accomplis

    s'y

    ramnent

    ',

    est

    donc

    en

    ralit

    une

    l.

    Premiers

    Principes.

    25

    i.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    34/513

    2( LA

    DISSOLUTION

    forinulc

    large,

    mais

    c^uivoquc,

    et par

    cons

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    35/513

    DFINITIONS.

    -21

    prouver en

    elles-mmes.

    Mme

    dans

    l'art, la fermet de

    la

    pense

    ajoute

    un pri.v

    inestimable

    la

    perfection

    de la

    forme

    ou

    la

    dlicatesse

    du

    sentiment

    :

    les

    vers

    les

    mieux

    frapps

    ont la

    nettet d'une

    formule.

    A

    plus

    forte

    raison

    en

    est-il

    de

    mme

    dans

    la

    philosophie.

    Si

    artistique

    qu'on

    veuille la

    faire, elle

    est

    science

    en

    ce

    quelle

    repose sur

    l'ide

    du

    vrai

    ;

    un

    sceptique

    absolu

    pourrait

    seul

    le

    nier.

    L'obscur

    n'est

    pas

    toujours

    un

    obstacle

    la

    dcouverte

    de la

    vrit

    ;

    il

    ne

    provient

    parfois

    que

    de

    distinctitms

    trs

    subtiles

    et

    d'une

    analyse

    trs pntrante,

    qui

    nous

    entraine

    des

    abstractions

    impossibles

    ii imaginer

    clairement

    ;

    aussi

    dconcerte-t-il

    le

    lecteur

    comme

    un long

    thorme d'algbre;

    mais,

    comme

    lui, il

    s'claire par

    un

    travail

    plus

    soutenu,

    et

    finit

    par

    resplendir

    de

    toute la

    prcision

    cache qu'il

    recle.

    Le

    vague,

    au

    contraire,

    sduit

    d'abord

    par

    une

    clart

    extrieure

    ;

    cr

    par

    l'imagination

    et

    par

    l'association

    des

    ides, il meut

    et

    satisfait

    facilement ces

    formes

    de la pense

    ;

    mais

    il se

    drobe

    devant

    l'entendement

    comme un nuage de

    montagne

    (|ui

    d'en

    bas

    parait

    prestpie solide et qui

    n'est

    plus

    qu'un

    brouil-

    lard

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    36/513

    22

    l'A

    DISSOLI TION.

    Miis

    accordons

    encore

    la

    nu;ta|)hysiquc

    (|uel({uc

    indi

    tcrniination,

    en

    raison du

    caractre

    propre

    de rch spcula-

    tions,

    ([ni

    tendent

    plus

    satisfaire

    nidre nature

    morale

    et

    sensible

    qn'ii

    dvelopper

    notre

    science. Accordons mme

    pour

    un

    moment

    (jue

    le

    psycholo^Mie

    puisse

    refuser de

    s'as-

    teindre

    des

    formules

    et se

    contenter du

    clair-obscur,

    puis-

    que de

    trs

    bons

    esprits

    soutiennent

    que dans le monde

    mental

    tout

    est

    qualitatif,

    et

    que jusqu'

    l'apparente

    intensit

    des

    tats

    de

    l'esprit se

    rsout

    en un jeu de nuances.

    Il reste

    que

    nous

    ne

    sommes

    ici ni

    dans

    l'un

    ni

    dans

    l'autre cas.

    La

    philosophie

    ii la([uclle

    nous

    avons

    afTaire

    se donne pour

    essentiellement

    scientifique

    et

    c'est

    justement

    par lit

    qu'elle

    nous

    touche.

    Elle

    cherche

    une interprtation

    des

    choses

    purement

    physique

    ;

    elle

    dclare

    toute

    mtaphysique

    inconnaissable;

    elle

    dbute

    par

    l'analyse de

    concepts

    exclu-

    sivement

    mathmatiques

    et

    mcaniques,

    le

    temps,

    l'espace,

    la

    conservation

    de la

    matire et

    de

    la

    force

    ;

    elle veut

    enfin

    formuler les

    ides

    dernires de

    la

    science

    ,

    considre

    comme

    une et

    indivisible, tendant

    vers

    un axiome

    uni-

    versel

    qu'il

    s'agit

    de

    dcouvrir.

    Est-ce

    le

    moment de

    r-

    clamer

    le

    droit

    aux

    ides

    flottantes et

    aux

    gnralisations

    approximatives?

    Certes,

    en pareille

    matire,

    la

    pcnteest natu-

    relle et

    l'abus est

    tentant. Une

    ide

    prcise

    suscite

    mille

    difficults;

    Newton

    lui-mme

    a

    hsit

    dix

    ans

    publier

    sa

    formule de la

    gravitation.

    Au contraire,

    le

    concept

    dont

    les

    angles

    sont mal arrts n'a

    pas

    h craindre

    les obstacles :

    le

    mot

    passe,

    et

    l'ide se dforme

    autant

    qu'il

    le faut

    pour

    le

    suivre. Et

    comme

    l'expression

    porte

    avec

    elle

    une appa-

    rence

    de

    science

    et

    de

    mthode,

    elle

    devient

    aisment

    popu-

    laire,

    et d'autant

    plus qu'elle

    est moins

    dfinie

    :

    c'.zp'Zv.t

    y'xp

    O'Jy.a'TiTcovTTsAAwv,

    Aristotel'adit

    excellemment.

    Aussi

    ce firenre

    d'tudes

    est-il

    justement

    celui

    o le

    philosophe

    a

    besoin

    d'apporter

    le

    plus de

    rigueur

    et de

    prcision.

    Il

    n'a le

    droit

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    37/513

    DFINITIONS.

    23

    de

    se

    placer

    au

    milieu

    des

    savants,

    et

    de travailler sur

    leurs

    conclusions

    partielles,

    que

    s'il

    raisonne

    au

    moins

    aussi sv-

    rement

    qu'eux.

    8.

    Mais la

    dfinition

    quantitative

    que

    nous

    venons

    d'examiner et

    d'carter

    n'est

    qu'une

    gnralisation

    post-

    rieure de

    l'ide

    d'volution, ajoute

    par

    M.

    Spencer

    en

    vue

    d'arriver

    par

    le

    mcanisme

    au

    plus

    haut

    degr d'unit

    pos-

    sible

    dans l'expression

    des lois du

    monde.

    Il

    est

    une

    autre

    manire de

    dfinir

    ce concept.

    Elle

    provient

    du

    point

    de

    vue

    (^ualitatify

    et

    pendant

    longtemps son

    auteur

    lui-mme

    a

    pens

    qu'on ne

    pouvait la dduire d'aucune

    autre

    :

    L'vo-

    lution

    est le

    passage de l'homogne

    l'htrogne par la

    dillrcnciation, la

    sgrgation

    et la

    multiplication

    des

    edets.

    \i\x\\%

    Essai

    sur le Progrs

    ^

    elle

    est seule

    invoque.

    Dans

    le cours des ouvrages qui

    font

    suite

    aux

    Premiers

    Principes^

    elle

    est

    employe

    presque sans exception. Il n'y

    a rien

    ii cela que

    de

    trs natuiel.

    (^omme toute philosophie,

    le

    systme

    de

    l'j'volution tend essentiellement

    expliquer

    les faits psychologiques et

    moraux. Or, comment les

    ramener

    des formules

    mcaniques? C'est

    peine

    si

    le

    monde

    phvsi(|ue

    s'y

    laisse

    rduire,

    et ce

    n'est

    pas

    encore

    sans

    un dchet

    considrable de

    sa

    ralit

    sensible.

    A

    plus

    forte

    raison

    aucune

    loi d'algbre

    ne

    saurait-elle

    s'appliquer

    des

    faits

    de conscience, sinon

    peut-tre par

    mtaphore

    ;

    et

    (juant

    parler

    de

    leurs

    concomitants

    physiologitjues, cejie

    peut tre

    (piune

    duperie, au degr

    d'ignorance

    o nous

    sommes

    de

    la physiologie

    crbrale.

    C'est bien d'ailleurs

    par

    la

    psychologie

    [u'on

    prtend les atteindre

    ;

    en

    ceci

    du

    moins,

    l'cole

    anglaise vite

    le

    paradoxe d'Auguste Comte

    sur

    l'objectivit

    des

    sciences

    morales.

    Mais

    pour se

    lancer

    dans

    ce

    domaine

    de

    la qualit,

    des formules de

    mme ordre

    sont

    ncessaires

    :

    on

    n'coute

    pas avec les

    yeux,

    on

    ne

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    38/513

    21

    I.A

    DISSOLUTION.

    regarde

    pas avec

    les

    oieilles.

    De

    l

    l'ide

    (|iialitntivc de

    la

    diirrenciation,

    ou

    passaf^e

    de

    riiornogne

    rinHrogne,

    ide

    antl-inathmalifpie s'il

    en

    fl jamais,

    puisque

    le

    propre

    du

    calcul

    est

    de

    s'enfermer

    dans

    le

    mme,

    et

    d'cflacer

    l'autre,

    de

    supposer

    des units

    identiques,

    indfiniment

    permutaldes,

    ou un

    espace

    gomtrique

    dont

    toutes

    le

    parties gales

    sont

    rigoureusement

    quivalentes.

    Rt

    cette

    dfinition

    pri-

    mitive de

    rvolution

    est

    si

    essentielle,

    si

    relle,

    que

    malgr

    la

    formule

    physique

    qui

    lui

    est

    surajoute,

    elle

    demeure

    le

    nerf

    du

    systme dans

    la

    psychologie,

    la

    morale

    et

    la

    socio-

    logie

    ;

    et

    c'est

    elle

    enfin

    qui est

    toujours

    invoque

    par

    le

    naturalistes

    ou

    les

    critiques

    (jui

    se

    sont

    proccups

    de

    donner un

    sens

    ferme

    h

    leurs

    formules

    d'volution

    biolo-

    gique,

    artistique

    ou

    littraire.

    Aussi

    cette

    dfinition n'a

    pas t

    remplace

    par

    la

    prc-

    dente

    dans

    l'organisation

    dfinitive

    du

    systme,

    comme

    on

    pourrait le

    croire par

    les

    formules

    cites

    plus haut. Fille

    continue

    coexister

    avec

    elle, et

    toutes

    deux

    sont jointes

    ensemble

    dans

    un nonc

    dsign

    par

    cette

    appellation

    singulire: la

    loi

    d'volution (law

    of volution) :

    L'rt'ofu-

    tion

    est

    une

    intgration

    de

    matire

    accompagne d'une dissi-

    pation

    de

    mouvement,

    pendant

    laquelle

    la

    matire

    passe

    d'une

    homognit

    indfinie,

    incohrente,

    une

    htrognit

    dfinie,

    cohrente,

    et

    pendant laquelle le mouvement

    retenu

    subit

    une transformation

    analogue^.

    Cette

    loi

    n'est

    pas

    une

    loi

    ;

    car

    elle n'affirme

    aucune

    relation

    constante

    entre

    des

    phnomnes donns,

    aucune

    manire

    d'tre

    rgulire

    dans

    un

    certain

    nombre

    de

    faits

    ou

    1.

    Premiers

    Principes, 355. En italique dans

    le

    texte,

    fin

    fin

    cha-

    pitre

    XVII.

    a

    Evolution

    is an

    intgration

    of

    malter

    and

    concomitant

    dissipation

    of

    motion,

    during

    which tlie malter

    passes from

    an

    indefinite

    incohrent

    homogcneity

    to

    a definite cohrent heterogcneity,

    and

    during

    \hich

    Ihe

    rctained

    motion

    undcrgocs

    a

    parallcl

    transformation.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    39/513

    DFINITIONS.

    25

    d'inclivicliis

    dtermins.

    Elle

    ne

    constitue mme pas

    une

    proposition,

    un

    jugement

    logique,

    puisque le

    sujet

    n'y

    a

    d'autre

    sens

    que

    celui

    qui

    est

    connot

    par

    le prdicat.

    Elle

    consiste

    simplement

    en

    une

    srie

    de

    termes

    juxtaposs. Les

    lois

    sont

    des

    rapports

    ncessaires,

    ou

    tout

    au

    moins inva-

    riables,

    entre

    concepts

    distincts:

    tous

    les

    corps

    s'attirent en

    raison

    directe de

    leurs

    masses;

    le

    soleil

    se lve h

    l'est;

    la

    lumire

    se

    propage

    en

    ligne

    droite;

    et

    ainsi

    de

    suite.

    Ici,

    rien

    de

    seml)lal)le

    :

    aucune

    ide

    n'est

    catgoriquement

    allir-

    me

    d'une

    autre, ni

    totalement,

    ni

    partiellement.

    Est-ce

    donc une

    simple

    dfinition

    ?

    Pas

    davantage, et

    cola

    pour

    deux

    raisons

    : la

    premire

    est que

    tous

    les

    phno-

    mnes

    indiqus

    dans

    cette

    loi

    n'tant

    pas ncessaires

    pour

    qu'il

    y

    ait

    volution,

    suivant

    l'opinion

    de

    M.

    Spencer,

    elle

    ne

    conviendrait

    pas

    uni

    definito

    et

    loti.

    Le

    passage de l'ho-

    mogne

    l'htrogne

    n'est

    en

    efTet,

    ix

    son point de

    vue,

    qu'un

    rsultat

    accidentel

    :

    cette

    transformation constitue

    seulenunl

    la

    redistribution

    secondaire

    qui accompagne

    la

    redistribution

    primaire

    dans

    l'volution

    dite

    compose,

    ou

    plutt

    qui

    constitue

    la

    partie

    la

    plus

    remarquable

    de cette

    redistribution*

    ;

    et

    il

    existe une

    volution

    simple o

    ces

    phnomnes

    ne

    se

    produisent

    pas

    et (jui

    n'est par

    cons-

    (luent rien

    de

    plus

    qu'une

    intgration

    de

    matire et

    une

    dissipation

    de

    mouvement*.

    Encore aurait-il

    convenu

    d'ajouter

    (jue ces

    deux

    lments

    peuvent

    eux-mmes

    se

    dis-

    socier,

    comme

    il

    a

    t

    prouv

    plus

    haut. L'nonc de

    la

    loi

    d'volution

    n'est

    donc

    pas

    simplement la

    dfinition

    de ce

    terme.

    Secondement,

    cette

    formule est

    cense

    rpondre

    la

    question

    pose

    dans

    un

    chapitre qui

    s'intitule

    :

    Problme

    dernier

    et

    qui

    demande la

    philosophie

    de

    trouver

    un

    1. Premiers

    Principes,

    302,

    note.

    2.

    Ibtd.,

    2y5.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    40/513

    2Vt

    LA

    DISSOLUTION

    lment

    commun

    entre toutes

    lcstranrurmutionH

    des

    chuKCK,

    rsumant les

    lois

    les

    plus

    gnrales

    des sciences

    comme

    celles-ci

    rsument

    les

    lois

    infrieures,

    et ces

    dernire, le

    faits individuels.

    Le

    repos

    al>8(lu

    et

    la

    permanence

    absolue

    n'existent pas...

    Quel

    principe

    d^numi^ue,

    vrai de

    la

    meta-

    morphose

    considre

    dans sa

    totalit et dans

    ses

    dtaiU,

    exprime

    ces

    relations

    toujours

    changeantes'?

    Knfin,

    l'nonc

    de la

    formule

    en

    question est immdiatement suivi

    de

    rflexions et

    de

    commentaires

    qui

    prouvent

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    41/513

    DFINITIONS.

    27

    ce

    n'est

    dcouvrir une

    vrit d'histoire naturelle

    que

    d'ap-

    peler

    locomotion la

    marche d'un

    animal.

    Ce

    processus

    est-il

    rare ou

    frquent, temporaire

    ou

    ternel, constant

    ou

    inter-

    mittent,

    gnral

    ou

    spcial

    un

    rgne ? La loi

    d'volution

    veut-elle dire qu'il

    y

    a, de

    par

    le

    monde,

    (inelques

    change-

    ments

    qui

    consistent

    en

    une dissipation d'nergie

    et

    une spcialisation

    de

    parties? Cela est

    trop

    vident,

    et

    ne

    vaudrait

    gure la

    peine

    d'tre remarqu. Signifle-t-elle

    aussi

    que

    cet ordre

    de

    changements

    est

    trs

    gnral,

    trs

    impor-

    tant

    ou mme

    universel?

    Ou

    peut-tre

    faut-il

    entendre

    (jue

    cette

    classe

    de

    transformations

    est seule

    bonne,

    morale, con-

    forme

    au

    progrs? 11 n'est

    pas

    une de ces

    interprtations

    qui

    n'ait

    t donne

    par

    le

    matre

    ou

    par

    les

    disciples.

    Essayons encore de

    dissiper

    ce

    dernier

    brouillard,

    et

    de

    savoir

    au

    moins

    laquelle

    de

    ces

    ides est

    rme

    de l'volu-

    tionnisme.

    Le texte

    cit

    plus

    haut implique

    dj

    que la lot

    d'volution

    est

    vraie

    de tous

    l's

    ordres

    de phnomnes, et par cons-

    quent

    que

    la dissolution est

    ngligeable

    dans l'univers.

    Nous

    savons

    aussi

    que

    M.

    Spencer

    ne

    lui

    reconnat

    aucun des

    aspects

    varis

    et intressants de l'volution.

    C'est celle-ci

    qui explique

    et

    rsume

    le

    dveloppement

    du

    monde;

    ce

    qui

    produit

    le

    systme

    solaire, la terre,

    les

    continents,

    l'animal,

    la raison,

    l'art, la

    morale,

    c'est l'volution

    ou

    du

    moins

    l'excs

    (le

    l'volution

    sur

    la

    dissolution, puisque

    le mouve-

    ment

    total

    est un

    rsultat

    diffrentiel'

    .

    11

    serait donc

    vrai

    que

    dans

    tout

    agrgat

    physique

    ou

    psychique,

    organique

    ou

    superoiganicjue,

    la

    marche

    volutive

    prdomine, et

    que

    sa

    prdominance

    constitue

    le

    progrs. Cette gnralisation

    est

    d'autant

    plus

    lgitime

    que

    M.

    Spencer affirme que

    le

    1.

    Voir

    dans

    les Premiers

    Principes

    tout le chapitre

    sxin,

    consacre

    la

    Di^isululiou.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    42/513

    'JH

    LA

    DISSOIXTION.

    phnomne

    tic

    l'voliilion se

    dduit

    de

    la pcrsiHtunce

    dr

    lu

    force,

    et que, celle-ci

    tant

    donne,

    la

    redistribution de

    la

    matire

    et

    du

    mouvement

    s'opre

    ncessaircmr>nt

    de

    manire;

    produire les

    caractres

    universels

    de

    l'volution*.

    II ajoute que

    dans tous

    les

    ordres de

    phnomnes

    concrets,

    la

    transformation

    se

    fait

    suivant

    cette

    loi, expression

    qu'il

    ne

    faut

    pas

    prendre

    sans

    doute

    au

    pied de la

    lettre,

    puis-

    qu'il

    parl( ({uehpiefois

    de

    la

    dissolution

    et

    cju'il en a

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    43/513

    DFINITIONS.

    29

    di'sjx'raliis. Si

    nous

    voulons

    trouver

    un

    sens

    la

    loi d'vo-

    lution,

    c'est

    par

    consquent

    dans

    le

    second

    terme

    qu'il faut

    le

    chercher.

    Aussi

    bien

    savons-nous

    dj

    qu'il

    est

    le

    plus

    ancien et

    que la

    formule

    physique

    est un

    effort

    postrieur

    pour

    atteindre

    un

    vrai

    monisme.

    11

    y

    a

    donc

    toutes

    chances

    d'y trouver

    une

    pense

    plus

    relle.

    Dit-on

    quelque

    chose

    en dfinissant

    l'volution

    le

    passage

    de

    l'homogne

    ii

    l'htrogne

    ?

    Cette

    fois,

    oui.

    Si

    nous

    considrons

    quelques

    individus

    identiques

    par

    certains

    caractres,

    (juelquc

    matire

    uniforme

    par

    certaines

    proprits

    rpandues

    dans toute

    sa

    masse,

    nous

    nous

    apercevons

    parfois

    que

    cette unit

    se

    dtruit

    len-

    tement

    sous

    l'inlluence de

    causes

    externes

    ou

    internes,

    et

    qu'ainsi

    le

    semblalde

    devient

    divers

    :

    les

    genres

    engendrent

    peut-tre

    des

    espces,

    les

    espces

    engendrent

    certainement

    des

    varits.

    Des

    esprits

    analogues se

    diffrencient

    par des

    carrires

    diverses.

    Des

    civilisations

    se

    divisent

    par leur

    ex-

    tension.

    Et

    rciproquement, le

    phnomne

    inverse

    se

    produit. Des

    esprits

    d'origine

    diverse

    s'assimilent

    l'un

    l'autre

    par

    une

    discipline et

    une

    culture

    communes.

    Des

    varits

    botaniques

    reviennent

    h

    leur

    type

    spcifique

    par

    des semis. Des

    ingalits

    de

    temprature

    et

    de

    pression

    dis-

    paraissent en

    se

    rpartissant

    galement

    dans la

    masse

    des

    corps. Tant par

    l'examen

    des

    transformations

    directes

    que

    par

    celui des

    transformations

    inverses, il est

    clair

    que

    nous

    tenons maintenant

    un

    vrai

    concept.

    La

    formule

    a

    donc un

    sens.

    Mais

    si

    le

    passage

    de

    l'homogne

    l'htrogne

    est

    nces-

    saire

    l'volution,

    il

    n'est

    pas

    suUisant pour

    la

    constituer.

    11

    laiit aussi

    le

    passage de

    l'incohrence

    la

    cohrence,

    de

    l'in-

    dfini

    au dfini : un

    volume croissant,

    la

    cohsion,

    la

    diffren-

    ciation

    et

    la

    nettet

    dfinie des formes

    sont

    donns

    dans

    les

    Principes

    de

    sociologue

    pour

    les

    caractristiques

    de

    l'volu-

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    44/513

    .{0

    LA

    DISSOLUTION.

    iioiiMI

    faut

    la

    centralisation,

    la

    subordination

    dos

    parties, leur

    organisation par

    dos

    difTrenriationB

    secondaireu,

    en

    un

    mol

    cette unit architecturale

    et

    synergitjue rjui

    constitue

    Vin-

    divdt.

    Nous touchons

    enfin

    h*

    centre

    de

    l'ide.

    Le mot que

    nous

    venons

    d'employer

    ne

    se

    trouve

    pas

    dan la

    loi

    des

    Premiers

    principes

    ;

    mais il

    y

    a

    de

    synonyme

    et

    qui ne sont

    plus

    obscurs que parce

    qu'ils

    veulent

    tre gnraux

    jusqu'

    l'universalit. Il

    est

    justifi par

    toute

    la suite

    des

    a-uvres

    qui

    se rclament de

    cette

    loi, par

    l'usage courant

    qu'en ont

    fait

    MM.

    Maudsley,

    Romanes,

    IIiTckel,

    Weismann

    pour

    opposer

    Tindividuation

    et

    la

    croissance i

    la

    dissolution,

    la vieillesse

    et

    la mort. La

    producti

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    45/513

    DFINITIONS.

    31

    sens

    qu'on

    parle

    aussi de

    l'intgrallon

    longitudinale

    qui

    se

    produit

    chez

    les

    Annels

    ',

    de

    l'intgration

    des

    phno-

    mnes

    psychiques

    par

    laquelle

    on

    atteint

    l'unit

    de

    l'es-

    prit*.

    Loin de serrer

    de

    prs

    la

    physique, il faut

    donc

    s'en

    carter

    pour

    comprendre

    l'volution.

    Elle

    concerne

    les

    formes, non les

    grandeurs

    ;

    le

    divers,

    et non le sem-

    blable.

    Rlle

    s'efforce

    d'expliquer

    la

    multiplicit des appa-

    rences,

    qui sont toutes

    choses de

    sentiment

    et de qualit.

    En

    ngligeant

    ainsi

    la

    lettre

    contradictoire

    des formules,

    l'esprit

    de

    la

    loi se

    manifeste

    clairement.

    Dans

    le

    monde,

    dit-elle, toutes

    choses

    croissent dans

    l'ensemble

    en

    dis-

    semblance

    et

    en

    individualit. Cette marche

    vers

    l'htro-

    gne se rpte

    tous

    les

    degrs

    de l'tre

    visible, dans le

    minral, la

    plante,

    l'animal,

    l'homme

    qui

    pense, dans

    la

    vie

    de la

    nation

    comme

    dans lii

    conduite d* ses membres

    ;

    et

    cette

    diffrenciation gnrale

    est une

    heureuse

    ncessit

    qui constitue le

    progrs.

    Di/fi'rencialion

    n'a

    pas

    de contraire,

    dans

    la

    langue

    des

    volutionnistes, tant

    la marche inverse

    leur

    parait

    insigni-

    fiante

    et

    ngligeable, l.a question est

    de

    savoir

    si

    Vindiff-

    rencidtion, l'assimilation et

    la

    dissolution qui en

    rsulte

    n'auraient

    pas

    autant

    d'importance

    thori({ue

    et

    de

    valeur

    morale

    (jue

    le

    passage tant

    tudi

    de l'homogne

    l'ht-

    rogne, la production et

    le

    renforcement

    de

    la

    diversit.

    \.

    H.

    Spencer.

    Principes

    de

    biologie.

    II,

    4*

    f>arlie,

    j^

    206-207.

    2.

    H.

    Spencer. Principes

    de

    psychologie.

    SmiIIiim-

    .'r-iuralf

    ili

    x

    IiiU'-

    gration

    des

    corrcs|)ondances.

    Paris,

    K.

    Alcan.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    46/513

    CHAPITRE

    II

    DISSOLUTION MKC\M^LE-

    11.

    Les

    deux

    notions

    fondnnientnles

    que

    nou

    appli-

    quons

    il

    lit

    connaissance

    du monde

    matriel

    sont

    la

    niasge

    et

    Vner^ie;

    c'est

    elles

    que

    se

    rapprlent presque toutes

    les

    lois

    ou

    les

    recherches

    de

    la

    [)hysique.

    Si nous les considrons

    isolement,

    l'usage

    de

    chacune

    de

    ces deux notions est rgl par un principe propre: celui

    de

    la

    permanence

    de

    la masse et

    celui

    de la

    permanence

    de

    l'nergie.

    Si

    nous

    les

    considrons

    dans

    leur

    relati

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    47/513

    DISSOLUTION

    MCAMQUR

    33

    mais clout

    qu'une

    quantit

    d'tre

    donne

    ne

    ft

    constante.

    Ils

    ont eu

    queUjuofois des

    hsitations

    relativement

    la

    constance

    de

    la

    quantit

    d'action

    dans

    le

    monde

    physique,

    parce

    qu'ils

    ne se la

    reprsentaient

    que

    d'une manire

    vague

    ;

    de

    l

    le clinainen

    des

    picuriens et la

    croyance en-

    core frquente it la

    possibilit

    du

    mouvement

    perptuel;

    mais l'immense

    majorit

    des

    hommes qui

    rflchissaient sur

    la physique

    a

    toujours

    pens

    que

    l'axiome

    E

    niliilo

    nihil

    tait

    aussi

    vrai

    de

    l'action

    que

    de

    la

    matire

    ;

    et

    plus

    ils

    ont approfondi cette conception

    par

    l'tude des

    lois

    et

    des

    principes

    de la

    mcanicjue,

    plus ils

    se

    sont convaincus

    que

    la permanence

    de l'nergie tait

    rclame

    par la

    raison

    comme

    celle de

    la

    substance. Il

    est

    vrai qu'ils

    n'ont pas su

    donner une

    formule exacte de

    l'une

    et de l'autre de ces

    deux

    grandeurs

    :

    ainsi

    Descartes

    identifiait

    la

    matire

    avec

    le

    volume,

    et son

    action avec

    sa

    (|uantit

    de mouvement;

    Leibniz,

    plus

    correctement,

    donnait

    la

    masse

    pour mesure

    la quantit

    d'tre;

    mais

    il

    en reprsentait l'action par une

    double formule comprenant

    la

    force vive et

    la

    quantit de

    progrs, c' (pii

    n

    -tait pas

    sullisant.

    Du

    moins

    ne doutaient-

    ils

    ni

    l'un

    ni

    l'autre

    de

    l'existence

    de

    ces

    deux

    constantes.

    l;j.

    Cette

    certitude

    vient de ce que

    l'un

    et l'autre sont

    ncessaires pour rendr' l'univers

    intelligible.

    Kt

    comme

    toute tentative pour constituer

    la

    science

    serait vaine si

    cette

    condition

    n'tait

    pas

    remplie, quiconque n'est pas sceptique

    sur

    rexistence

    de

    la

    science,

    c'est-i-dire

    sur

    la

    possibilit

    d'atteindre

    une vrit

    fixe

    dans

    l'ordre phnomnal,

    doit

    aussi

    ncessairement tre

    conduit

    ce

    postulat.

    Vax

    effet, le

    changement

    est

    indubitable

    dans

    le

    monde

    tel

    ([ue

    nous le

    percevons.

    Si

    nous

    considrons

    ce

    change-

    ment

    dans l'espace, il

    ne

    peut

    tre

    dfini

    que

    par

    rapport

    (juelque

    chose

    qui

    ne

    varie pas. Si

    la

    quantit

    d'tre

    qui

    L.ii.ANDE.

    La

    Dissolution.

    3

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    48/513

    :hi(pie

    que

    nous

    sommes

    amens

    nous

    en faire :

    car,

    si nous consid-

    rons

    dlfTrentes quantits de

    force, mesures

    le unes par

    rapport

    aux

    autres,

    et

    agissant

    sur un agrgat

    dont

    on

    ne

    retranche et

    auquel

    on

    n'ajoute

    rien pour

    les sens, les

    ac-

    clrations prises

    par

    cet

    agrgat

    ont

    avec les

    forces

    res-

    pectives

    qui les

    engendrent un

    rapport constant et

    inva-

    riable

    m,

    caractristique

    par

    consquent de la

    (juantit

    de

    matire,

    et

    qu'on appelle sa masse. Tel

    est l'nonc du

    prin-

    cipe de

    substance

    dans

    son

    usage immanent;

    et l'on peut

    remarquer que

    le

    mot mme de

    substance

    a

    toujours

    repr-

    sent

    pour

    les

    philosophes,

    par

    une sorte

    de

    confusion

    pleine

    de

    sens,

    le principe mme

    de

    la

    permanence

    :

    en

    sorte que la

    formule Toute

    qualit

    appartient

    une sub-

    stance

    veut

    dire

    surtout, en physique, (jue toute

    substance

    est intemporelle.

    Si

    nous considrons,

    en

    second

    lieu,

    le

    changement

    dans

    le temps,

    l'action

    ([ui

    s'y

    manifeste

    ne peut tre

    intelli-

    gible

    que

    si la

    quantit en est

    galement

    constante.

    Car,

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    49/513

    DISSOLUTION

    MKCANIQLE

    35

    s'il

    y

    apparaissait

    une

    action

    ndiivelle qui

    ne

    prexistt

    pas,

    ou s'il

    disparaissait une

    partie

    de

    l'action mesure

    au

    temps

    prcdent,

    cette

    apparition

    ou

    cette

    disparition

    rendraient

    impossible toute

    conclusion

    d'un

    moment

    du

    temps

    un

    autre,

    et ainsi tout

    raisonnement

    serait

    dtruit. C'est

    ce

    qu'exprime d'une

    faon plus

    concrte

    et plus vague

    le

    prin-

    cipe

    tic causalit

    :

    juand

    je

    dis

    (|ue

    tout

    phnomne

    phy-

    si(juc a

    une

    cause physique,

    en laissant

    de ct

    l'ordre

    moral

    o

    ce

    principe

    a

    un

    tout

    autre

    sens,

    je

    veux

    dire

    sim-

    plement

    que

    toute l'action qui

    le constitue se

    trouvait

    aupa-

    ravant

    sous

    telle

    autre

    forme,

    en

    tel

    autre

    endroit.

    Le

    coup

    de

    foudre

    est

    cause du tonnerre

    parce

    que

    c'est

    ii lui

    qu'est

    empiunt

    le

    mouvement qui

    parvient

    nos oreilles en

    vi-

    brations sonores. Or,

    pour

    reconnatre

    que cette

    action

    prexistait,

    (juand

    elle

    est

    susceptible

    de

    revtir

    pour

    nos

    sens

    les

    formes

    les

    plus varies, et mme

    quchpiefois de

    leur devenir

    imperceptible,

    la

    seule

    ressource est

    de

    la

    lesurer, en ngligeant

    provisoirement

    ces formes

    qualita-

    tives

    (|ui

    la

    diversifient,

    et

    de

    montrer

    que

    la c|uantit ({ui

    la

    repi'sente

    n'a

    ni

    augment,

    ni diminu dans la

    transfor-

    mation.

    Pour

    pouvoir

    comprendre

    l'eflet,

    et

    conclure

    l'eflet

    de la

    cause,

    il faut qu'il

    soit en un

    certain

    sens

    la

    cause

    elle-mme,

    qu'on

    puisse

    le

    considrer par

    quelque

    biais

    comme

    une

    partie aliquote

    de celle-ci: il

    est

    ncessaire que

    la nature n'agisse

    pas

    par

    une

    efficace

    divine, oii

    l'antc-

    dciil

    produit

    le

    cons(juent

    par

    une

    cration ex

    nihilo,

    une

    action

    de

    prsence

    qui

    n'puise

    en

    rien

    sa

    force

    causante.

    Ilicn

    dans

    ce

    cas ne

    pourrait

    s'expli

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    50/513

    M)

    I.A

    DISSOLUTION.

    Autant

    il

    est

    facile

    dr

    donner la

    (oiniulc

    de

    la

    miurho, au-

    tant

    il

    est didicilc de donner

    rcdlede l'nergie,

    parce

    qu'elle

    est

    un

    viai I*role.

    Mais

    on

    jxnf,

    sous

    chacune

    de

    e

    formes,

    la

    mesurer

    l'aide

    d'une unit

    approprie,

    el

    ta-

    blir

    onsuilo,

    par

    l'exprience,

    des

    quivalences entre

    les

    di-

    verses

    units

    adoptes,

    l/exeniple

    le

    plus

    ancien

    'st

    l'qui-

    valence du travail

    mcanique

    et de la

    chaleur, qui en sont

    les

    deux

    formes

    les

    plus rpandues,

    et

    l'on

    peut dire,

    en

    un

    certain

    sens, les

    formes extrmes.

    La o-

    sant

    ramenes

    une

    commune mesure.

    14.

    Toute

    explication,

    soit qu'on

    parle

    de

    matire,

    soit qu'on

    parle d'action, consiste donc :

    1**

    montrer

    que

    la

    quantit

    qu'on

    en

    considre

    prexistait

    identiquement;

    '2

    faire connatre

    en quel

    lieu et

    sous quelle forme

    avait lieu

    cette prexistence*.

    La rpartition

    de

    l'nergie

    par rapport

    la

    masse,

    et

    de

    la masse par rapport l'nergie, est

    par con-

    squent le

    problme quantitatif

    fondamental

    de

    la physique.

    Nous

    trouvons

    dans

    ce fait une

    confirmation

    rigoureuse

    de

    ce que

    nous

    avons

    dj remarqu

    sur

    l'insuffisance

    du

    con-

    cept d'intgration.

    Pour

    le

    porter

    la

    hauteur

    de ce

    pro-

    blme,

    et placer ainsi

    l'volution

    h

    la

    source des

    lois

    physiques,

    1 .

    On voit

    qu

    il

    y

    a

    lieu

    de

    se

    demander

    aussi pourquoi elle

    passe de telle

    forme

    telle autre.

    C

    est l'objet

    du

    troisime principe, que nous

    examinons

    plus

    bas,

    et

    qu'on

    peut

    rapprocher

    pour

    cette raison

    du

    principe

    de

    finaliti'-,

    ou de

    raison suffisante

    ;

    de

    mme que

    nous

    venons

    de rapprocher

    les

    deux

    premiers

    des

    principes de

    substance

    et de

    cause.

  • 7/25/2019 LALANDE, Andr. La dissolution oppose l'volution dans les sciences physiques et morales. Paris: Alcan, 1899.

    51/513

    UJSSOLLTIUN

    MKCAMQLE.

    37

    on

    proposait

    d