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IL ÉTAIT UNE FOIS un archer de grand talent qui pouvait, d’une flèche, atteindre sa cible puis la fendre sur toute sa longueur avec une autre. Il allait de village en village faire la démonstration de son habileté. Et tous venaient l’applaudir car nul n’avait jamais rien vu de pareil. Un jour, il arriva dans un bourg, se saisit de son arc et décocha une flèche qu’il mit en plein dans le mille. La foule l’acclama : « Bravo, bravo ! » Mais lorsque les vivats cessèrent, une voix se fit entendre du fond de l’assistance : « Bah ! Ce n’est qu’une question d’entraînement. » L’archer l’entendit et en fut quelque peu décontenancé, mais il continua son numéro. Il se saisit d’une seconde flèche, la décocha et fendit celle qu’il venait de tirer. La foule l’applaudit de plus belle : « Bravo, bravo, bravo ! » Et la voix se fit entendre à nouveau : « Bah ! Ce n’est qu’une question d’entraînement. » l’ARCHER et le MARCHAND d’HUILE par Prem Rawat

Larcher et le marchand dhuile

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par Prem Rawat L’archer l’entendit et en fut quelque peu décontenancé, mais il continua son numéro. Il se saisit d’une seconde flèche, la décocha et fendit celle qu’il venait de tirer. La foule l’applaudit de plus belle : « Bravo, bravo, bravo ! » Et la voix se fit entendre à nouveau : « Bah ! Ce n’est qu’une question d’entraînement. »

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IL ÉTAIT UNE FOIS un archer de grand talent qui pouvait, d’une flèche, atteindre sa cible puis la fendre sur toute sa longueur avec une autre. Il allait de village en village faire la démonstration de son habileté. Et tous venaient l’applaudir car nul n’avait jamais rien vu de pareil.

Un jour, il arriva dans un bourg, se saisit de son arc et décocha une flèche qu’il mit en plein dans le mille. La foule l’acclama : « Bravo, bravo ! » Mais lorsque les vivats cessèrent, une voix se fit entendre du fond de l’assistance : « Bah ! Ce n’est qu’une question d’entraînement. »

L’archer l’entendit et en fut quelque peu décontenancé, mais il continua son numéro. Il se saisit d’une seconde flèche, la décocha et fendit celle qu’il venait de tirer. La foule l’applaudit de plus belle : « Bravo, bravo, bravo ! » Et la voix se fit entendre à nouveau : « Bah ! Ce n’est qu’une question d’entraînement. »

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par Prem Rawat

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À la fin de son spectacle, l’archer était vraiment courroucé. Alors qu’il était venu exhiber son immense talent, quelqu’un se permettait de répéter tout haut : « Ce n’est qu’une question d’entraînement. » Il traversa la foule en sa direction. L’homme en question portait une perche en bambou sur laquelle une jarre d’huile était accrochée à chaque extrémité : c’était un marchand d’huile.

Le maître-archer lui lança alors : « De quel droit osez-vous prétendre que ce n’est qu’une question d’entraînement ? Quel métier exercez-vous ? Vous vendez de l’huile ? Voyez qui se trouve devant vous. Les gens viennent de très loin pour me voir exceller dans mon art ! »

Le marchand d’huile le toisa et lui répondit : « Vraiment !Ce n’est qu’une question d’entraînement. Laissez-moi vous montrer quelque chose ! »

Il s’empara d’une bouteille et déposa sur son goulot une pièce de monnaie percée en son centre. Puis il remplit la bouteille d’huile à travers le trou minuscule sans qu’une seule goutte ne tombe à côté. Il se tourna alors vers l’archer : « À votre tour maintenant. » L’archer ne s’y essaya même pas. Il avait compris que c’était bien une question d’entraînement.

LA PAIX EST SIMPLE

J’aimerais vous poser une question : « Vous-même, à quoi vous entraînez-vous ? » Réfléchissez-y. À quelle pratique vous exercez-vous ? Car on devient bon dans une pratique, pour peu qu’on s’y entraîne.

Nous oublions parfois que la paix est un sujet d’une grande simplicité. Vous voulez connaître la vérité ? La vérité vraie ? Alors la voici : ce que vous recherchez se trouve en vous.

Vous voudriez peut-être que je vous explique ce que j’entends par « ce que vous recherchez se trouve en vous », mais cela m’est impossible car ce n’est pas moi qui y ai placé cette chose.

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Elle s’y est toujours trouvée. Et nous – nous tous – avons toujours ressenti le désir de la connaître. Mais nous sommes trop occupés à tenter de mesurer l’incommensurable, à définir l’indéfinissable, et nous en arrivons à des solutions qui s’avèrent totalement déroutantes.

Certains disent : « Celui qui désire la paix véritable, doit renoncer à tout. » Mais comment faire pour renoncer à tout ? Facile à dire : « Renoncez à tout ! » Mais renoncer à quoi ?

Une histoire raconte que Bouddha avait renoncé « à tout ». Sujata vint le voir un jour et lui demanda : « Que cherches-tu à accomplir ? » Bouddha répondit : « J’essaie de me libérer de toute possession. Je ne veux rien posséder. » Sujata pointa un doigt en sa direction : « Ça aussi, tu vas l’abandonner ? Tu possèdes toujours ton corps ! Tu n’as donc pas renoncé à tout. » L’histoire conclut que Bouddha en tira une leçon.

Selon un dicton, « personne ne souhaite la paix autant qu’un soldat ». Il est bien le dernier à vouloir partir faire la guerre. Il ne combat que par devoir, et sa femme et lui seraient les plus heureux du monde si, au moment de se dire au revoir, un ordre arrivait soudain : « On ne se bat plus, la paix est signée. Restez chez vous. »

On essaie de trouver des solutions pour parvenir à la paix, même si on ignore ce qui déclenche les guerres. On trouvera bien sûr une bonne raison pour les justifier. Il y aura toujours un

Et vous, à quoi vous exercez-vous, jour après jour ?

Est-ce à la bonté ? Si c’est le cas, c’est un domaine

dans lequel vous fi nirez par exceller.

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historien pour expliquer pourquoi chacune a commencé. Mais aucune des raisons avancées ne mentionnera que c’est parce que quelque chose au fond de l’être humain n’est pas satisfait. Savez-vous ce qu’est la satisfaction ? C’est d’éprouver tous les jours la gratitude d’être en vie ! D’être en vie.

LE FLOT DU FLEUVE RACONTE UNE HISTOIRE D’AMOUR

Quand la vie n’a plus vraiment de sens, la guerre et les massacres deviennent des solutions faciles, et l’être humain s’autorise à supprimer son prochain sans que cela lui pose de problème. « Ton argent m’importe plus que ta vie. » Et pan ! Pourquoi cela ? Parce qu’il ressent que sa propre vie ne vaut rien. Et, face à un autre, il pensera : « Toi non plus, tu ne vaux pas grand-chose. » Réfléchissons un instant. Nous avons reçu le plus merveilleux des cadeaux, le don de la vie, et on pourrait se demander : « Mais qui me l’a offert ? » Pourquoi s’en soucier ? Si on ne l’a pas accepté, à quoi bon connaître celui qui nous l’a donné ? La première chose à faire est de l’accepter.

Chaque matin, au réveil, se dit-on : « Merci pour ce souffle qui m’anime, merci pour cette journée qui m’est offerte » ou alors : « Oh là là ! J’ai tout ceci et tout cela à faire ! » ?

À quoi vous exercez-vous jour après jour ? Est-ce à la bonté ? Si c’est le cas, c’est un domaine dans lequel vous finirez par exceller. Ou bien est-ce à la frustration ? À quelle vitesse se déclenche-t-elle chez vous ? Exercez-vous à la pratique de la paix qui se trouve au fond de votre cœur, vous y excellerez. Et vous comprendrez alors ce que j’essaie de dire.

Tout le monde veut des solutions : « Indiquez-nous un moyen pratique de connaître la paix. » J’aimerais beaucoup pouvoir le faire. Mais je me trouve face à un dilemme : ce que vous recherchez se trouve déjà en vous.

C’est exactement comme si vos lunettes étaient sur votre nez et que vous m’interrogiez : « As-tu vu mes lunettes ? » Je répondrais : « Oui, elles sont sur ton nez. » « Mais non, me rétorquerez-vous, je les ai cherchées partout et je ne les vois pas. » « Peut-être bien, mais elles sont sur le bout de ton nez. »

À nos yeux, tout ressemble à un puzzle. Ayez une approche sincère et vous découvrirez une simplicité. Vous êtes-vous jamais arrêté au bord d’un fleuve pour le voir couler ? Pour l’observer, tout simplement ? Savez-vous pourquoi son eau court ? C’est une histoire d’amour. Elle retourne vers la mer d’où elle provient. Elle courra, nuit et jour, jusqu’à ce qu’elle rejoigne l’océan. C’est à ce moment-là que sa course s’achèvera.

J’ai eu l’occasion de regarder un film documentaire sur une grenouille africaine qui, en période de sécheresse, s’enterre profondément dans le sol et parvient à y rester en vie pendant des mois. Des scientifiques exprimaient leur étonnement : « Mais

Savez-vous pourquoi

cette eau coule ? C’est une histoire d’amour. L’eau du fl euve retourne

vers l’océan d’où elle provient.

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comment fait-elle ? » Pour ma part, ce qui m’a frappé ce ne sont pas toutes les dispositions qu’elle prend pour survivre. Ce ne sont que des mécanismes palliatifs qui lui permettent de rester en vie jusqu’aux prochaines pluies. En revanche, ce que je trouve réellement fascinant, c’est que cette grenouille parie sur sa vie qu’il pleuvra à nouveau. Comment sait-elle que la pluie va revenir ? Est-elle météorologue ? Pas du tout. C’est au travers de millions d’années d’évolution qu’elle a compris que la pluie reviendrait.

VOTRE MAISON

La plupart des choses auxquelles nous croyons et dans lesquelles nous plaçons notre confiance finiront par disparaître un jour. Les scientifiques prédisent même la disparition de la terre. « Aïe, aïe, aïe ! Plus de terre ? Vous voulez dire que tout va disparaître ? Et la statue qu’on m’a dressée ? Et le nom que je porte ? Et ma réputation ? » Eh bien oui, tout cela va disparaître.

Nous sommes les clients d’un hôtel. N’en faisons pas notre maison. Savez-vous ce qu’est une maison ? En quittant son travail, on se dit la plupart du temps : « Je rentre à la maison. » En chemin, on passe peut-être devant des milliers de maisons, mais on ne s’y arrête pas. Il ne s’agit pas d’entrer dans n’importe quelle maison. On poursuivra sa route jusqu’à ce qu’on arrive chez soi.

Avons-nous trouvé notre maison ? Non pas celle du dehors, mais celle qui est en nous ? Quand nous y parviendrons, nous commencerons à comprendre ce qu’est réellement la paix.

On entend beaucoup de discours sur la paix, mais ceux qui en parlent semblent n’en avoir qu’une idée approximative.

On entend même des chansons qui disent « la paix, la paix, la paix ! » Pourtant, de nouvelles guerres éclatent encore et toujours. Quand cela cessera-t-il ? Nous nous faisons la guerre depuis très longtemps. Mais que voulons-nous vraiment ? La prospérité. Quelle a toujours été la formule ? D’abord la paix, ensuite la prospérité. Aucun adage ne dit l’inverse, « la prospérité d’abord et la paix après ». La paix doit venir en premier, et la prospérité suivra.

Soyez à l’écoute de la simplicité de votre existence. La paix est apparentée à l’indéfinissable, à la simplicité et à la puissance du souffle qui va et qui vient en soi.

Que comprend-on de son souffle ? C’est en s’exerçant à pratiquer la simplicité que l’on comprendra que le suprêmement simple réside en soi.

Trouvez la beauté en vous, car c’est bien là que se trouve la paix. Creusez jusqu’à ce que vous trouviez ce trésor, car il est en vous. Cherchez jusqu’à ce que vous l’ayez découvert. Ne renoncez jamais. Creusez, creusez encore jusqu’à ce que vous trouviez ce que vous avez toujours cherché.

Ce texte, traduit de l’anglais, est extrait d’une série de conférences de Prem Rawat,

appelé aussi Maharaji. Prem Rawat consacre sa vie à délivrer un message simple et

profond qui rappelle que la paix réside en chacun.

© The Prem Rawat Foundation www.tprf.org

The Prem Rawat Foundation

P.O. Box 24 -1498

Los Angeles, CA 90024

USA

Words of Peace Global (Paroles de Paix autour du monde)

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Rawat, lire des articles, télécharger

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musiques et bien davantage.

Illustrations de Bill Cotching

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À quoi vous exercez-vous jour après jour ?

Est-ce à la bonté ? Ou bien est-ce à la frustration ?

Exercez-vous à la pratique de la paix qui réside dans votre cœur

et vous fi nirez par y exceller.

wopg.org