L’ARCHITECTE & LA VILLE INFORMELLE Marne-la-Valléemes.marnelavallee.archi.fr/mes/072011350.pdf · LE CAS DES FAVELAS A RIO DE JANEIRO Amélie Noury Paul Landaeur ... Le pac, accélérateur

L’ARCHITECTE & LA VILLE INFORMELLELE CAS DES FAVELAS A RIO DE JANEIRO

Amélie Noury

Paul LandaeurEAVT - Master Habitat et Energies

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Photos du chantier de la construction d’une maison.projet réalisé personnel-lement avec l’association Plan Techos.

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INTRODUCTION

I. L’ARCHITECTE ET LES POLITIQUES D’URBANISATION a) Projet « Favela-Bairro » b) Le pac, accélérateur de croissance c) La favela aujourd’hui, son devenir d) Un urbanisme pour la ville informelle e) Intégration urbaine des favelas à Rio, étude de trois projets de Jorge Jauregui

II. L’ARCHITECTE ENCADREUR DE CONFLIT a) Construire à partir du conflit b) La réhabilitation de la Rocinha

III. L’ARCHITECTE FACILITATEUR DU PROCESSUS PARTICIPATIF a) La participation des favelados dans la réhabilition des favelas b) L’auto-construction

IV. L’ARCHITECTE PRODUCTEUR DE FORME VERNACULAIRE a)L’architecture vernaculaire « contemporaine » b) Deux interventions d’architectes

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXE : LE TOURISME DE LA PAUVRETE

SOMMAIRE

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INTRODUCTION

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De nouvelles questions se posent aujourd’hui en matière d’habitat « populaire ». Au Sud et dans les pays émergents, les villes grandissent et se divisent, plus vite qu’ailleurs. « Le problème du mal logement » ne cesse de grandir et de prendre une place très importante dans le monde politique, entre autre. L’ampleur du problème des favelas est démontrée et leur généralisation à la surface du globe est totale. Le problème des bidonvilles et de l’exclusion sociale n’est pas nouveau. Selon Paola Berenstein-Jacques l’approche actuelle des architectes consiste à aller du réel à l’abstrait, du formel au conceptuel et de « comprendre le processus singulier du traitement de l’espace-temps des favelas par les favelados, façon de travailler l’espace qui diffère largement de la logique traditionnelle des spécialiste de l’architecture, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. » Les favelas réinterrogent la pratique des architectes. Différents acteurs cherchent à intervenir, à répondre au problème des habitats insalubres et à insérer ces villes informelles dans la ville formelle. Parmi ces acteurs il y a l’architecte. Quel rôle peut-il jouer, que peut-il apporter, dans le contexte particulier des favelas? A quel moment les architectes vont-ils devenir acteurs dans la favela ?

Deux moyens d’interventions existent aujourd’hui dans les projets d’architectes intervenant dans les favelas tout d’abord d’impliquer les habitants au projet à la fois sur le plan de la détection des besoins et dans la participation dans les projets et la volonté des architectes à intégrer socialement et durablement les favelas.

Nous verrons comment cette stratégie est mise en oeuvre, et comment l’architecte organise le dialogue, et la coopération à long terme avec les habitants des favelas.Cette problématique s’inscrit dans la crise énergétique et

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écologique actuelle, renforcée dans les pays émergents, car les équilibres de la ville sont de plus en plus en danger. C’est la démarche des architectes dans ce contexte qui m’intéresse, avec les enjeux de ces projets et leur évolution, les débats et polémiques qui l’entourent, et la motivation des acteurs qui y participent…L’objectif est de comprendre cette démarche, ainsi que le rôle effectif de l’architecte dans le processus d’amélioration des conditions de vie des habitants des favelas, pour vérifier la pertinence ou non de ses actions.

Le contexte principal de cette étude est la ville de Rio de Janeiro au Brésil.

Ce sujet s’inscrit dans une évolution du regard porté sur les favelas: du relogement à l’extérieur des villes (conjuntos habitacional) à l’intégration progressive des favelas à la ville.Le premier objectif de ce travail est de comprendre cette évolution. Comment L’intégration des favelas à la ville formelle s’est faite progressivement et comment cette intégration, est liée aux facteurs politiques, économiques, sociaux et intellectuels…Dans un deuxième temps, l’objectif est de comprendre quel peut être le rôle de l’architecte dans cette situation. Et ce au travers de la réalité du travail sur les favelas pour comprendre, vérifier, infirmer ou démentir ce rôle.

J’ai identifié quatre thèmes dans lesquels l’architecte peut intervenir et jouer un rôle dans la favela. Tout d’abord le rôle qu’entretient l’architecte avec les politiques d’urbanisation., la position de l’architecte comme encadreur de conflit , l’architecte comme facilitateur du processus participatif et enfin l’architecte comme producteur de forme vernaculaire. Chaque thème est étayé par des interventions d’architectes dans les favelas

INTRODUCTION

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I. L’ARCHITECTE ET LES POLITIQUES D’URBANISATION a) Projet « Favela-Bairro » b) Le pac, accélérateur de croissance c) La favela aujourd’hui, son devenir d) Un urbanisme pour la ville informelle e) Intégration urbaine des favelas à Rio, étude de trois projets de Jorge Jauregui

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13 I. L’ARCHITECTE ET LES POLITIQUES D’URBANISATION

a) Projet « favelas-bairro »

Dans les années 1980, le discours sur les favelas change. On ne cherche plus à déplacer les favelas à l’extérieur de la ville mais à y introduire un processus d’urbanisation. Pour cela il est nécessaire de mettre en place un programme qui appréhende de façon globale le problème des favelas dans la ville, et non plusieurs petits projets ponctuels, comme cela commençait à se développer.Le programme «Favela-Bairro» représente l’un des plus vaste projet de réhabilitation jusqu’à aujourd’hui. Impulsé par la Constitution de 1988 qui reconnaît officiellement l’existence des favelas dans la ville. Cette nouvelle politique donne lieu en 1992 à un nouveau plan directeur qui se doit de réguler et d’intégrer les favelas dans le tissu urbain. . Sans cette implication politique les changements ne pouvaient qu’être locaux.

Le programme « Favela-Bairro » devait concerner 149 favelas, soit environ 350 000 personnes. Il se déroule entre 1994 et 2004 et est lancé sous l’administration Cesar Maia.L’objectif de ce programme est d’améliorer le contexte urbain et

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social dans les favelas concernées.Les moyens mis en œuvre ont été d’augmenter les infrastructures de base, en développant les services urbains et sociaux, en intégrant les équipements et les structures misent en place par les habitants ou les associations qui existaient déjà.La volonté d’intégrer les favelas à la ville n’est pas seulement physique, elle consiste également à atténuer la séparation sociale entre le reste de la ville et la favela et ainsi donner à ses habitants de nouvelles possibilités d’emplois, et donc d’intégration par exemple.En 2004, on dénombre 82 communautés (de 500 à 2500 foyers) qui ont bénéficié d’infrastructures et d’équipements (en eau, assainissement, éducation, santé, loisirs, sports, etc.), ainsi que 4 grandes favelas (de plus de 2500 foyers), mais ces chiffres restent en dessous des objectifs fixés. Les ressources financières proviennent principalement de la BID (Banque Interaméricaine de développement), qui a supporté plus des deux tiers du programme tandis que d’autres financeurs tel que la Municipalité de Rio, les Fonds Fédéraux brésiliens, l’Union européenne et les Communautés se sont joint à celle-ci pour en financer le reste. Le coût total du projet est d’environ 480 millions de dollars. Ce programme s’est déroulé en 5 phases : Organisation des coopérations entre publics et privés (décembre 1993 - juillet 1994); diagnostic (août - décembre 1994); analyse des propositions (février - juin 1995); plan stratégique (juillet - septembre 1995) et enfin implantation des actions.

Ce projet était appuyé par le slogan « Chaque citoyen a le droit de vivre dans une rue, dans une maison avec un numéro. »

I. L’ARCHITECTE ET LES POLITIQUES D’URBANISATION

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Carte des interventions dans le cadre du projet Favela-Bairro


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A droite:Favela de Campinho, photo avant/ après le projet.

A gauche:Favela de Vidigal,photo avant et après le projet.


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Au sein de ce programme plusieurs projets s’exécutent en parallèle, selon un processus précis :« (a) sélectionner les localités et contacter les organisations communautaires ; (b) désigner un programme-cadre pour les zones concernées ; (c) discuter les propositions avec la communauté organisée et ajuster les projets choisis ; (d) préparer les schémas finaux des projets d’investissement ; (e) faire une analyse technique et la faire approuver par l’exécutif ; (f ) implanter le projet par des compagnies de construction avec des incitations pour l’emploi des travailleurs de la communauté ; (g) opérationnaliser et faire la maintenance par la ville ou les services d’état ; (h) faire le suivi et l’évaluation » 1

Le programme «Favela Bairro» est représentatif des politiques urbaines de ces dernières années. Malgré l’amélioration évidente des favelas engendrée par une telle politique, ce projet à soulevé de nombreuses critiques notamment sur la qualité des travaux, leur pérennité et la faible participation des favelados. Selon Rafael Soares Gonçalves2, «La participation populaire, comme elle s’est déroulée, était plutôt une façon de légitimer les interventions publiques qu’une véritable démocratisation de la politique urbaine.»De plus la question de la régularisation foncière n’a pas été clairement résolue « Toute politique de régularisation doit absolument se baser sur le fait que c’est le cadastre immobilier qui confère la domanialité définitive du bien au Brésil, en produisant ainsi des effets erga omnes3. » Le cadastre au Brésil est un système semi-privé, complexe et perméable à la corruption,. La dynamique et le nombre des logements informels, les prix élevés d’enregistrement au cadastre et la gigantesque bureaucratie rendent extrêmement difficiles les procédures d’enregistrement définitif des logements situés dans les favelas. En fait, le cadastre représente de moins en moins la réalité de la ville.

1. Source: Fiche n°28 du site de La Fondation du Devenir, http://www.fdd.org

2 .RAFAEL SOARES GONCALVES, Les favelas de Rio de Janeiro, Histoire et droit, XIXe et XXe siècles, L’Harmattan, 2010

3 «Le recouvrement des impôts fonciers dépend de l’enregistrement des immeubles auprès de la municipalité, et ne dépend pas directement de l’enregistrement au cadastre immobilier.»


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18I. L’ARCHITECTE ET LES POLITIQUES D’URBANISATION

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b) Le PAC, accélérateur de croissance

Le Plan d’Accélération de la Croissance (PAC) est lancé par le président Luiz Inácio Lula da Silva en 2007 avec un budget de 262 milliards d’euros jusqu’en 2010, a pour objectif d’améliorer la qualité des infrastructures. Les ressources financières proviennent principalement de l’État, des entreprises Petrobras et Electrobras ainsi que des entreprises privées.

Initialement conçu comme un projet à échelle nationale, il se concentre finalement à Rio de Janeiro en particulier sur les favelas de Rocinha, Complexo Manguinhos et Complexo Alemao. Le programme vise à concilier croissance économique et développement social. Les travaux sous le PAC semblent de plus grande ampleur par rapport au programme «Favela Bairro» notamment pour les transports en commun et le logement. Il prévoit la construction d’environ 5.000 habitations, une dizaine d’ écoles publiques, des postes de santé, des nouveaux transports en commun tel qu’un téléphérique, un ascenseur se déplaçant sur un plan incliné et une passerelle piétonne conçue par l’architecte Oscar Niemeyer.

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Master plan favela de Manguinhos- Jorge Jauregui

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Le programme privilégie la participation des habitants de la favela pour la réalisation des travaux l’emploi des habitants de la favela, et ainsi associe la population au projet. Environ 16 000 personnes se sont portées candidates soit quatre candidats pour un poste de travail. Etude de cas de deux projets du PACL’architecte Jorge Jauregui, principal concepteur des complexes Manguinhos et Alemao, détermine un objectif principal : « Les projets du PAC pour la structuration socio spatiale de la ville divisée fragmentée, entre morro (favelas) et asfalto (ville formelle) ont pour objectif principal la matérialisation d’espaces de connexions, de passage et de contact, entre deux réalités aujourd’hui en grande partie déconnectées. Cette matérialisation implique de penser, d’élaborer de manière adéquate, et de rendre concrets des lieux de coexistence des différences, des lieux de rencontre et d’échange à l’échelle de l’ensemble de la ville, et ce dans le but de rendre un caractère véritablement collectif à la vie des citoyen.»1

Avant de commencer les travaux, des enquêtes ont été réalisées auprès des habitants. Jorge Jauregui s’est beaucoup attaché à ce travail préliminaire car ces journées de concertation mettent en évidence les sites à traiter en priorité. Elles permettent aussi de se rendre compte de l’utilisation de l’espace publics par la population et en font ressortir les lacunes du territoire : transports, accès…

Manguinhos La structure de développement du complexe Manguinhos à l’échelle urbaine est un vrai défi urbain pour l’intégrer dans la villeSur 1400 hectares, il rassemble onze communautés informelles (favelas) et il représente une population de 45 000 habitants. Le site n’est pas le plus facile. En effet situé entre la zone portuaire au nord de la ville et l’insertion de l’autoroute, il est

1. Site internet de Jorge Jauregui, Les Favelas, la ville et le PAC urbain, http://www.jauregui.arq.br/miscela¬neas_favelas.html#francais

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Master plan favela Do Alemao - Jorge Jauregui.

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divisé en deux par une ligne ferroviaireL’enjeu est de relier ces deux parties en surélevant une promenade au dessus de cet axe directeur et de lui annexé d’autres programmes forts avec’une école, une bibliothèque, un centre culturel, un «centre de réinsertion», un gymnase, plusieurs terrains de sport,un hopital, un espace aquatique, et quelques habitations pour reloger les personnes qui furent délogés par les travaux. Toute la dynamique du projet s’est donc crée à partir de cette contrainte territoriale. La construction de 12 km d’égouts, 5 km de rues et12 km de drains pour l’assainissement a permit l’amélioration des réseau du complexe.Le travail est mené par une équipe pluridisciplinaire (urbanisme, architecture, ingénierie civile, ingénierie environnementale, voiries et transports, sociologie, législation, communication, culture et sécurité) qui travaillent sur place. Ils sont installés dans un grand préfabriqué. Ce lieu privilégié à pour but de communiquer sur le projet et de permettre à tous ces acteurs d’etre au cœur du quartier avec les habitants ..

90% des ouvriers qui travaillent sur le chantier vivent dans la favela de Manguinhos. Jorge Jauregui respecte ainsi les objectifs du PAC comme pouvant relancer l’emploi dans les favelas.

AlemãoLe Complexo do Alemão située dans la Zone Nord de Rio concerne 95 000 habitants.La création d’un téléphérique qui dessert les différents quartiers du morro, ayant une capacité de transport de 30 000 personnes par jours est l’élément le plus important du programme. D’autre projet viennent également se développer : la construction de 3 000 habitations et réhabilitations de 5 000 autres, des interventions pour l’éducation, la culture et le social tout comme le projet de Manguinhos.1

1 A la conquête de la citoyenneté - Les chantiers prévus par le PAC démarrent dans trois favelas de Rio de Janeiro par Maurício Thuswohl, Autres Brésil, 2008 (http://www.autresbresils.net/IMG/pdf/pacrio.pdf )

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Jorge Jauregui à propos des deux chantiers: «Avec ce programme, les communautés composant le Complexo do Alemao et Manguinhos ne disposeront pas seulement de nouvelles et meilleures conditions de vie, ainsi que de services publics plus complets (transports, éducation, accompagnement professionnel, santé, culture, accessibilité, environnement, logements, circulation interne et connexions avec l’extérieur. Elles jouiront également de meilleures conditions de sécurité dans les différentes constructions des communautés, des quartiers limitrophes, ainsi que dans l’ensemble de la ville, contribuant ainsi à désenclaver ces lieux aujourd’hui stigmatisés. [...]Comme toujours, il ne s’agit pas là d’un problème quantitatif (la quantité de mètres carrés construits), mais bien qualitatif : il ne suffit pas d’avoir des « unités habitationnelles », des écoles, des crèches, des universités, des hôpitaux, des structures d’insertion etc. Il faut en revanche que chacune de ces infrastructures reflète le plus possible notre capacité à désirer, à construire, dans la mesure où notre environnement offre des repères stimulants pour le développement d’une vie sociale intense, et où l’évolution de chacun peut trouver un « milieu » efficient. Et cette question ne peut simplement être traitée à travers le prisme du « coût » économique, comme le prouve le fait que la construction précipitée à bon marché d’immeubles laids, de quartiers laids, et de villes laide, réponde généralement à peine aux « besoins » recensés. Il s’agit plutôt de se préoccuper des résultats globaux, du type d’environnement qui résultera des décisions prises et des actions mises en place.»1

1 Site internet de Jorge Jauregui, Les Favelas, la ville et le PAC urbain, http://www.jauregui.arq.br/miscela¬neas_favelas.html#francais

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Favela du Complexe Alemao

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Favela Manguinhos.photo de chantier

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Favela Manguinhos.Surélévation du chemin de fer et création d’une promenade piéton

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c) La favela aujourd’hui, son devenir

Aujourd’hui plusieurs autres programmes voient le jour dans la continuité du programme «Favela Bairro» et du PAC. Ces programmes n’ont pas tous la même échelle, ni les mêmes acteurs. Le PAC 2 est lancé en mars 2010, ces objectifs sont sensiblement les mêmes avec comme priorités les transports et l’habitat. Il semble cependant orienté plus sensiblement sur la politique sociale. Ce nouveau plan d’investissements a pour budget 660 milliards d’euros sur six ans. Il est suivi du programme complémentaire «Minha casa, minha vida» (ma maison, ma vie) lancé en mars 2009, par le président Lula. Ce plan de relance prévoit 34 milliards de réals de subventions (12 milliards d’euros) pour la construction d’un million de «logements populaires», version locale de nos HLM.Ce n’est néanmoins pas le gouvernement qui supervise le projet. La tâche est confiée aux municipalités qui se doivent de répondre aux objectifs du programme et communiquer des bilans des actions réalisées. La municipalité elle-même délègue la gestion des projets à des ONG qui désignent les architectes,


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Nouveau quartier réalisé dans le cadre du programme «minha casa, minha vida»

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promoteurs, constructeurs qui seront chargés de la construction des nouveaux logements. La compagnie d’hydrocarbures Petrobras, la Banque du Brésil et la Caisse fédérale (entreprises publiques) participent financièrement à ce projet en collaboration avec des entreprises du secteur privé qui bénéficient ainsi de réductions d’impôts.Ce programme s’attache à la construction de nouveaux logements pour répondre aux demandes d’accès à la propriété. Le président Lula envisageait de réduire ainsi le déficit de logements estimé aujourd’hui à près de 8 millions d’unités. Il vise à la construction d’ un million de maisons dans tous le Brésil. Début 2010, 650 000 habitations étaient construites.Le gouvernement s’engage à subventionner les foyers voulant accéder au programme. Les subventions seront adaptées aux salaires des familles et la taille du logement en découlera, du 2 au 4 pièces. Cependant les familles n’ayant pas un salaire fixe ou ne pouvant pas le prouver, ne peuvent pas bénéficier du programme. D’autres conditions rentrent en jeu, notamment l’obligation de scolariser les enfants du foyer, de payer des taxes, l’impôt foncier urbain, de ne pas revendre le bien et de déclarer ses revenus. Les futurs habitants se doivent aussi de participer à la construction de leur logement, ce qui permet de diminuer le coup de la main d’oeuvre sur le projet. Ces contraintes rendent parfois impossible l’accessibilité de certaines familles au projet.La réussite de ce projet se base sur une construction peu coûteuse, qui entraîne pour beaucoup de cas la réalisation d’espaces trop petits, sans qualité et privé de toute recherche architecturale… Les nouveaux quartiers réalisés dans le cadre de ce programme sont souvent situés à la périphérie des villes, isolés du reste de la ville et forment un ensemble d’habitats identiques qui rappellent des projets antérieurs où les habitants des favelas étaient expulsés en dehors des villes dans des conjuntos habitacionais (chap B.2). La production de masse de logements économiques permet aux promoteurs une plus grande rentabilité.


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Master plan du projet de Jorge Jauregui sélec-tionné lors du concours «Carioca Morar»

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Quelques projets se démarquent et cherchent à réaliser des logements économiques mais de qualité, ils sont malheureusement beaucoup plus rares.Le programme «Minha casa, minha vida» permet aussi la régularisation de logements existants et ainsi permet aux habitants d’obtenir le titre de propriété de leur bien. Le programme permet de simplifier les démarches auparavant très complexes et très longues et ainsi éviter de passer par la justice. Les délais passent de 20 à 5 ans. Cependant les contraintes pour accéder à cette régularisation freinent les demandes. De plus les terrains ne doivent pas se situer sur une zone à risque ou protégée, ce qui est le cas pour la majorité des favelas à Rio Les habitants doivent vivre dans l’habitation depuis plus de 5 ans et ne doivent pas payer de loyer. Une fois propriétaire, le foyer devra payer, comme pour la construction d’une nouvelle maison, l’impôt foncier urbain et beaucoup de familles ne peuvent pas se le permettre. Comme pour le PAC, un deuxième programme «Minha casa, minha vida 2» est aujourd’hui lancé. Il reste en continuité avec le premier avec néanmoins quelques changements tel que la taille des logements passant de 35 m• à 40 m• en moyenne pour les maisons et les appartements, ainsi que sur la qualité des logements (menuiseries, matériaux...) Face au problème de la régularisation foncière, l’État a mis en place des ZEIS, Zones d’Intérêt Social Spécial, zones qui recevront un traitement urbanistique. Elles permettraient aux habitants des favelas de construire, reconstruire ou améliorer leur habitat légalement et leur font valoir le «droit à la ville», et écartent ainsi tous risques d’ expulsion.Mais n’est-ce-pas une autre manière de stigmatiser ces quartiers et de reporter le problème? Le fait de les délimiter en «zones» renforce une fois de plus les barrières avec le reste de la ville.1

Le dernier programme en date est le projet Carioca Morar2. Il se présente sous forme de concours destiné aux architectes. C’est une initiative de la Mairie de Rio, avec un budget de 3.5 milliard


1 DPH. Zona Especial de Interesse Social (ZEIS), 2004 (http://base.d-p-h.info/pt/fiches/dph/fiche-dph-6618.html)

2 On pourrait citer aussi d’autres programmes tel que, Bairrinho, un programme pour moderniser, réha¬biliter les petites favelas, Morar Legal, un programme qui s’attache principalement à la question de la régularisation foncière, Novas Alternativas qui s’appuie sur la réhabilitation des constructions existantes pour redonner vie au quartier.

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Perspective du projet de Jorge Jauregui sélec-tionné lors du concours «Carioca Morar»

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de dollars. C’est l’Ordre des Architectes de Rio (IAB-RJ) qui est chargé de l’organisation du concours. Ses objectifs sont dans la lignée des programmes précédemment évoqués: restructurer les favelas de Rio de Janeiro et les intégrer à la ville formelle, mais aussi établir des règles d’urbanisme (gabarit, alignement...) tout comme dans la ville formelle.Le concours est lancé en novembre 2010, les objectifs devront être atteint en 2020. Soit 10 ans pour donner un nouveau visage à la ville.Ce programme s’entrecoupe avec le programme «Minha casa, minha vida», en effet les familles vivant sur des sites trop dangereux seront relogées dans le cadre de ce dernier projet. Ainsi d’ici 2012, environ 120 favelas seront démolies dans la ville de Rio de Janeiro. L’objectif final est qu’une fois ces quartiers urbanisé, ils soient cartographiés et intégrés à la ville. Les services municipaux seront chargés de l’entretien de ces quartiers comme tous quartiers de la ville.Il est intéressant que ce programme se présente sous forme de concours architectural, il montre ainsi qu’un intérêt pour la qualité des logements rentre en jeu, ce qui semblait manquer dans les programmes précédents.Jorge Jauregui et son équipe font partie des 40 architectes sélectionnés qui interviendront dans le cadre de ce programme.

Les Jeux Olympiques de 2016 et la Coupe du Monde en 2014 semblent être les moteurs de ce projet. Aujourd’hui les travaux se mettent en place, il est trop tôt pour tirer des conclusions sur ce programme mais on espère qu’il saura prendre en compte les erreurs du passé.« C’est bien d’avoir les J.O., mais il ne faudrait pas que cela ne se termine comme les Jeux Panaméricain de 2007, s’inquiète Rossino de Castro Diniz, président de la Fédération des favelas de Rio. Parce qu’en 2007, les habitants des communautés les plus pauvres n’ont rien vu de tous les investissements consentis,


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Master plan du site des eux olympique de 2016.Projet de l’agence britanique AECOM

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ni des promesses qui leur ont été faites. Seuls les équipements sportifs de la Barra da Tijuca ont été réalisés. »1

Comme Rossino de Castro Diniz, beaucoup d’autres s’inquiètent des conséquences de ces événements sur la ville.«L’urbaniste brésilienne Raquel Rolnik, rapporteuse des Nations Unies pour le Droit à un Logement Digne, a déjà manifesté son mécontentement à ce sujet dans les derniers mois. [...]En fait, ces grands événements sportifs ont accéléré un processus préexistant de retrait de favelas placées dans des endroits de grande valeur immobilière, avec l’excuse qu’ « il est nécessaire de laisser les villes jolies pour les visiteurs, comme si elles étaient une vitrine », a dit l’activiste Maria das Graças, de l’UMM.La Favela Metro Mangueira, voisine au stade de Maracaná, à Rio de Janeiro, est en train d’être démolie peu à peu depuis l’année dernière. Dans le lieu qu’occupent aujourd’hui les maisons il y aura des parkings gigantesques et des centres commerciaux au moment de la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques. Il y a eu des démolitions effectuées quand les habitants des foyers étaient au travail, a assuré le journal.»2

La réalité des favelas est aujourd’hui très hétérogène, certaines sont consolidées, d’autres non. Il est important de savoir que les programmes ne touchent pas l’ensemble des favelas de la ville mais parfois seulement qu’une minorité. Il me semble intéressant de citer Paola Berenstein Jacques, architecte-urbaniste, Docteur en histoire de l’art, qui s’interroge quant au devenir des politiques urbaines: «Malgré le grand nombre de travaux menés sur les favelas, leur dimension culturelle, qui inclut l’aspect architectonique, a été jusqu’à présent largement négligée par les chercheurs. Aujourd’hui, avec la systématisation de leur urbanisation, surgit un nouveau problème, dans la mesure où nous, architectes et urbanistes, n’avons pas été formés pour travailler sur les favelas et où, le plus souvent, nous méconnaissons l’architecture de


1 Jeux Olympiques 2016, Bingo pour Rio ; Posted by visionbresil under divers

2 BRÉSIL : EXPULSIONS DANS DES FAVELAS À CAUSE DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL ET DES J.O. Published on Mon, 2011-08-29 07:34; Source: Inesc (http://www.socialwatch.org/fr/node/13587)

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ces communautés. Nous nous retrouvons sur le terrain face à un univers spatio-temporel complètement différent de celui auquel nous étions habitués. En outre, les caractéristiques culturelles propres aux favelas rendent leur espace très difficile à appréhender formellement. La question n’est déjà plus de savoir s’il faut les démolir ou les urbaniser, mais comment les urbaniser. Tel est aujourd’hui notre grand défi quant au devenir des favelas cariocas.»1

Rafael Soares Gonçalves, juriste, historien et urbaniste, insiste lui sur la régularisation foncière des favelas, point soulevé précédemment qui semble délaissé des programmes.«Enfin, la réactualisation récente de l’idée de relogement montre à quel point, dans les différentes sphères de la société, les favelas restent exclues de la ville, alors même qu’elles abritent actuellement plus d’un million de personnes, soit environ 20% de la population de Rio. Dans certains quartiers, les favelados sont plus nombreux que les autres habitants. Dès lors, considérant ce rapport, ce ne sont plus les favelas qui devraient s’intégrer à la ville, mais la ville qui doit s’intégrer à l’espace urbain que la favela définit. Cette remarque, qui s’apparente à une provocation, invite non seulement à réfléchir sur des nouveaux moyens d’accès au logement pour les populations les plus démunies, mais aussi à de nouvelles modalités de penser la favela comme partie intégrante de la ville. Pour que la politique actuelle de réhabilitation des favelas ne redevienne point une simple concession populiste des pouvoirs publics, il est nécessaire d’insister sur l´importance de la régularisation foncière, démarche indispensable pour rompre la logique de marginalité à l’égard de favelas et de leurs résidents.»2

Rafael Soares Gonçalves retourne ici le problème. Comme nous l’avons vus dans les programmes précédents depuis «Favela Bairro», l’objectif principal de ces projets est l’intégration de la ville informelle à la ville formelle. L’auteur propose en fait l’inverse, c’est à la ville de s’adapter à ces quartiers. En effet la favela est une forme d’urbanité. N’est elle pas le prototype de la


1 PAOLA BERENSTEIN JACQUES ET LILIAN FESSLER VAZ, Notes historiques sur les favelas de Rio; Passant n°44, avril 2003 - mai 2003

2 SOARES GONÇALVES, R., Le droit, la pratique du droit et la politique de réhabilitation des favelas à Rio de Janeiro. In Docker, Emmanuel (éd.), 2006

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ville compacte et sans voiture dont rêvent les riches occidentaux ? Que pouvons nous apprendre des ces quartiers édifiés sans règle urbaine, sans architecte et qui ont pourtant un sens, un fonctionnement qui lui est propre où commerces, associations se développent? La favela n’est pas que négative, aujourd’hui différents acteurs cherchent à véhiculer une image positive de celle-ci. Il est intégré dans les débats que les réhabilitations urbaines doivent mettre en valeur ses modes de vie, la solidarité et la convivialité collective de ces populations. La favela s’oppose à la ville, à son individualisme, ses qualités urbaines et sociales doivent être mise en avant.En tant que territoire de la pauvreté, la favela en vient à symboliser le territoire des problèmes sociaux. Présenter sans cesse un territoire sous forme de caricature, sans prendre en compte sa complexité et son hétérogénéité, revient à laisser persister une image préconçue, néfaste aux changements possibles. Il est apportant d’ailleurs de noter que le terme de favela est de moins en moins utilisé. Le terme de communidade, communauté en portugais, le remplace peu à peu, moins stigmatisant.


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d) Un urbanisme pour la ville informelle

La politique publique d’intégration dans le contexte actuel doit s’inscrire dans le cadre des politiques urbaines. Elles doivent inclure le combat contre l’exclusion, l’amélioration de la qualité de vie de la population, comme des composantes fondamentales. Cette approche exige de considérer la structure urbaine comme un tout, et le problème des connexions entre les parties « formelles » et « informelles », comme une question centrale. C’est cet enjeu crucial que les politiques publiques d’accès à «l´ urbanité» pour les plus démunis doivent prendre en compte

Dans les villes Latino Américaines, le pourcentage de la « ville informelle », dans certains cas, est supérieur à celui de la ville formelle. A Rio plus de 40% de la ville est informelle.

La participation des citoyens à la question urbaine est une autre composante importante qui doit être prise en compte par les politiques publiques . Mais pour être effective, il est indispensable de permettre l’intégration des populations dans

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des programmes qui générent du travail et des ressources Afin que les habitants soient réellement acteurs de ces projets. Les politiques d’urbanisation et de construction de logements, constituent l’une des mesures les plus directes et efficaces pour y arriver.

Ainsi, il ne s’agit pas seulement de construire un certain nombre de logements pour résoudre le déficit d’habitations, mais de le faire à partir d’une conception de la ville, du lieu, où le multiple et le divers permettent et valorisent l’existence de l’espaces pour l’individu. Il doit être possible de se sentir partie intégrante de la ville, d’un quartier, de pouvoir trouver son espace son intimité,pour être capable de se déconnecter ou se connecter, en fonction de ses propres désirs.

Le processus de « l’urbanisation informelle » dans le contexte dans lequel on l’aborde, a finit par constituer l’élément dominant des constructions de villes dans les pays Latino Américains. Pour pouvoir changer ce processus, il faut mettre en place des nouveaux concepts avec de nouvelles méthodologies, et de nouvelles forme d’articulation entre les parties prenantes publiques, privées et communautaires

Jorge Jauregui identifie six caractéristiques principales pour « faire de la ville » dans l’informalité.Tout d’abord la dimension sociale et politique. Penser l’urbain à travers la logique de la ville informelle implique de pouvoir réaliser une approximation capable d’aborder le réel, le quotidien et le construit selon des tactiques et des stratégies flexibles dans le temps. La combinaison de stratégies à long terme devrait normalement

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être la manière d’optimiser la relation entre les besoins et les possibilités pour les affronter. La construction d’une structure de base pour vivre ou d’une cantine populaire, par exemple, peuvent êtres faits en deux jours, et, dans d’autres cas, la transition du refuge au logement finit, peut prendre des décennies. Ceci oblige à repenser la compréhension de l’urbanité dans le sens traditionnel du terme, pointant sur une urbanité définie par l’accumulation et la densité de processus socio spatiaux, intégrants quelques règles minimales d’orientation et ordonnancement. Le processus participatif des habitants est une autre caractéristique, une intense interaction entre les actions humaines et les conditions spatiales est constatée dans la production de la ville informelle, de la façon de se procurer les services et infrastructure, jusqu’à l’utilisation de la « rue » comme extension de l’espace privé. Les stratégies pour configurer des espaces habitables comprennent une grande participation de la population concernée et une complexe interaction entre les aspects physiques et sociaux. Les espaces non hiérarchisés sont également mis en avant, en effet l’espace résiduel des processus d’occupation informelle est toujours en reconfiguration : subdivision des sols, usages, infrastructure, et relation public-privé. Il présente un grand niveau d’adaptabilité. Les formes spécifiques d’occupation de parcelles et approvisionnement de services et d’infrastructure substituent les traditionnelles hiérarchies spatiales qui agissent dans la ville formelle. Les deux dernières caractéristiques identifiées par Jauregui sont la reconfiguration des centralités à partir de l’introduction de nouveaux attracteurs de vie urbaine et la gestion du provisoire en mettant en place une trame verte progressive.

L’objectif des projets de structuration urbaine est de démocratiser pour tous le droit à l’urbanité. Il apparaît nécessaire de promouvoir la connexion de la structure urbaine sans déloger l’habitant pour ne pas rompre les liens sociaux

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existants. À partir de là, toute articulation physique, culturelle et écologique de la favela sera dans le but de diluer l’opposition formel-informel.


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e) Intégration urbaine des favelas à Rio – 3 projets de l’agence Jauregui

Le travail d’urbanisation sur des terrains aussi difficiles, implique avant tout de penser l’urbanisme et l’architecture dans leur fonction de service social, comme capable d’apporter une meilleure qualité de vie aux classes les plus défavorisées.

La création d’espaces publics a été au coeur de la démarche des architectes. Dans ces trois projets l’équipe de Jorge Mario Jauregui a choisi de renforcer les prémices d’un pôle attractif existant afin d’y implanter tous les services d’un quartier classique avec des centres communautaires comprenant des aires de loisirs, des agences de l’emploi, des garderies d’enfants, des services sociaux et même parfois des locaux destinés aux femmes pour y faire de la cuisine ou d’y laver le linge. Il a fallu créer des infrastructures, un minimum de voies d’accès pour les voitures ainsi que des chemins piétons. Quant aux constructions «privées «, on les a pour la plupart laissées intactes, sauf lorsqu’elles étaient insalubres, bâties sur des terrains instables ou encore situées sur le tracé des voies d’accès. Les habitants


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de ces dernières ont été relogés dans de nouvelles maisons construites au sein même de la favela, de façon à ce qu’ils ne se sentent pas déracinés.

L’objectif consiste à introduire un peu d’urbanité susceptible d’influer de manière positive sur le tissu physique et social, explique Jorge Mario Jáuregui. Il s’agit aussi de rechercher les éléments d’identification, de différenciation et d’y adjoindre des constructions très éloignées d’une architecture standardisée. En ce sens, la créativité et l’élaboration esthétique vont de pair, car l’esthétique est la discipline qui donne un sens aux choses sans se référer au seul aspect formel. Mais, avant toute intervention, il est nécessaire de bien poser le problème et, pour cela, la participation de l’ensemble des habitants, consultés en assemblée publique, est fondamentale».

Accolées à la mer ou accrochées sur une colline, chacune des favelas présente des problèmes spécifiques qui demande des solutions appropriées. Une des solutions pour une meilleure intégration de la ville informelle à la ville formelle consiste selon Jorge Jauregui à nommer et numéroter un maximum de voies d’accès et de chemins piétons. Ces axes de circulations misent en valeur, représentent une connexion réelle entre les deux villes. La restructuration des rues permet également de créer ou renouveler l’ensemble des réseaux du quartier ( égout, eau, électricité…)

« Donner le droit à la ville aux plus défavorisés est une importante fonction sociale de l’urbanisme et de l’architecture, poursuit Jauregui. L’offre de nouvelles conditions urbaines est, pour les habitants, synonyme de leur appartenance à la ville formelle. Dès lors, une favela peut s’intégrer à un processus d’évolution identique à celui de tout autre quartier».1

1 Site internet de Jorge Jauregui, Les Favelas, la ville et le PAC urbain, http://www.jauregui.arq.br/miscela¬neas_favelas.html#francais


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Ces trois interventions font partie du programme « favela-bairro». Par le biais de construction d’espace communautaire, tel qu’un terrain de foot, une cantine ou un centre culturel ces trois projets permettent au habitant de la favelas de s’approprié d’avantage leur quartier, de s’y investir et surtout de créer du lien social.Ces trois exemples de projet réalisés par l’équipe de Jorge Jauregui, ils forment une partie du projet d’intégration urbaine et sociale de favela Fubà située au nord de Rio et à la limite du quartier de Tijuca. Le parti urbanistique réside dans la création d’un grand espace public intégrateur, où se structurent et se mêle différentes ambiances : grande place, aire de jeux, espace pour personnes âgées, terrain de football avec tribune, crèche, point de collecte des ordures ménagère, siège du local d’orientation urbanistique et sociale, unités de relogement... Accessibles par la création de voies de circulation, ces aménagements forment un « noyau» qui renforce et redéfinit le coeur de la favela.


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Villa Olimpica

Favela Macacos

Plan d’intervention de la favela Campinho


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Edificio de usos comunitarios de FubàCe bâtiment, situé à côté du terrain de football, sert de centre communautaire, équivalent des associations de quartier en France, il regroupe la salle de réunion du conseil de quartier, un bureau de poste, des toilettes, des vestiaires, un bar et plusieurs grandes terrasses multi-usage. Ces terrasses deviennent des lieux de jeux, de danse, de fêtes en fonction de ses occupants. Elles sont très flexibles dans leur usage et permettent de répondre à une large demande des habitants.


Plan général des usages communautaires de Fubà

Photo de la terrasse à usage multiple.

Coupe sur le batiment ommunautaire.

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Villa olimpica de CampinhoLe projet de village olympique Campinho, situé au bas de la colline du même nom, agit comme une communauté de voisinage. Le jeu est, avec les festivités, l’un des principaux éléments d’intégration économiques et culturelles dans une favela. Ce bâtiment ouvert permet de développer des activités éducatives liées au sport, mais aussi son utilisation pour les fêtes et les rassemblements de voisinage.


Vue des terrains de sport de la Favela Campinho

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Espacio de convivencia en MacacosCette zone résidentielle permet de réaliser un espace extérieur à usage collectif. Le programme est divisé en deux blocs d’appartements de 66 unités chacune, implanté obliquement il génère une place au centre qui a pour ambition d’être un lieu convivial regroupant les occupants des logements et les habitants des maisons voisines. La principale voie piétonne, les escaliers de la Rua Olimpia, a été traitée comme une promenade aménagée de points de rencontre facilitant la convivialité.

Si les politiques d’urbanisation sont incontestablement l’élément déclencheur de la transformation de la ville en intégrant les favelas, le risque est grand que les intérêts économiques ou de facilité de réalisation ne viennent apporter des solutions court terme. C’est là que le rôle de l’architecte est grand pour influencer sur une vision de la ville plus sociale et humaniste afin d’inscrire ces projets dans le long terme. C’est de ce paradoxe permanent que l’architecte peut ou pas amplifier une politique d’urbanisation ou de la réduire à des intérêts politiques .


Vue sur la place centrale, entre les deux bocs de logements.

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Aire de jeux.

Plans et coupes des logements.

Plan masse des logements.

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II. L’ARCHITECTE ENCADREUR DE CONFLIT a) Construire à partir du conflit b) La réhabilitation de la Rocinha

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55 II. L’ARCHITECTE ENCADREUR DE CONFLIT

a) Construire à partir du conflit

Le paysage urbain des favelas a ses propres « code génétique ». Il est nécessaire de comprendre son équilibre territorial, sa complexité sémantique, sa position topographique, économique, culturelle et sociale . Il faut également comprendre et assumer que la ville-favela n’est pas seulement un problème social et économique mais surtout un problème de définition formel.

Les architectes de manière générale interviennent ponctuellement et de manière significative pour définir un lieu en mettant en place différents systèmes: logique urbaine, logique du site, logique socio-culturel, moyens de transports, services présents, économie, la logique de construction. L'architecte-urbaniste, doit rendre des décisions claires sur le site avec une attention particulière à la dynamique des liens sociaux et du quartier existant, pour permettre à l'espace de devenir propice au développement des nouvelles habitudes de convivialité et d'interaction.L'intervention architecturale et urbaine dans la favela implique

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de travailler avec le support des activités et du réseau relationnel existant, tout en essayant de renforcer leur identité et de les embellir. La mise en place dans un premier temps d’équipements, de lieu administratif, de service collectif et tous les autres « monuments » qui jouent un rôle symbolique dans la structure urbaine permettent d’introduire le pouvoir public au sein de la favela et représentent tacitement l’état. Ces interventions architecturales représentent les nouveaux points de repère de la favela et de manière qualitative, ils sont le signe de l’arrivée de la ville formelle dans la favela.Les zones urbaines informelles sont une somme de lieux et de croisements de flux dans un contexte d’interventions fragmentaires et contradictoires. Les différentes sphères du pouvoir public se superposent sans coordination, incapables de produire de nouvelles subjectivités.

Pour l’équipe de Jorge Jauregui, une des manières de traduire les problèmes d’un site passe par la réalisation de cartes qui articule la lecture des signes de la vie quotidienne de la favelas avec le véritable danger des risques et conflits potentiels .. Ces cartes qui compilent des informations stratégiques sont capables de décrire les potentialités de chaque site . La carte obtenue permet de représenter et de synthétiser les informations objectives et subjectives et donne ainsi les axes de transformation prioritaires pour résoudre les conflits des lieux à résoudre

Ainsi, au lieu d’un urbanisme de Master plan et de normativité, l’architecte doit agir dans la ville informelle, avec le sentiment que les opportunités, sont des alternatives guidées par une lecture des conditions locales et par l’écoute des demandes. Il est nécessaire d’identifier quels sont les points d’inflexions des pièces a connecter.

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Perspective du projet de la favela Rocinha.Jorge JAuregui

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b) Réhabilitation de la Rocinha par Jorge Jauregui

Du point de vue de l’équipe de Jorge Jauregui, le projet de la Rocinha résulte de la relation entre les aspects physiques (urbain, infrastructure et d’environnement), social (économique, culturelle et existentielle), écologiques (en considérant les trois type écologies: mental, social et environnemental), sécuritaire des citoyens et sa localisation par rapport aux quartiers de la Gávea Leblon et Sao Conrado, qui établit une situation très particulière d’inclusion-exclusion.Les conditions de «l’accessibilité» au quartier sont bonnes néanmoins le système routier existant est totalement inadéquat, inefficace et restrictif. Par conséquent, la première intervention sur la favela consiste à reconfigurer les infrastructures et développer le système de transport public.

Le quartier possède déjà un fort potentiel économique de par ces nombreux commerces locaux, mais les espaces aux alentours non hiérarchisés et laisse transparaître un effet de désordre et d’insécurité. L’idée est donc de renforcer ces pôles en aménageant des espaces publics aux alentours, et de leur

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Schema de lecture pour la Rocinha

Schema conceptuel de la Rocinha, traduction du schema de lecture du site.

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redonner une position de centralité affin d’y favoriser leur développement, d’élargir la clientèle aux quartiers environnants et développer de nouveaux commerces et donc de créer de nouveaux emplois.

Le manque d’écoles secondaires et de centres de formation est encore une autre des lacunes frappantes qui entravent le développement de site. De même pour les équipements culturels ou associatifs pour lesquels une réelle demande existe.

La favela comporte aussi des lacunes dans le domaine de la santé, à la fois dans un équipement de soin mais aussi en matière d’hygiène. Les systèmes d’égouts sont inadéquats, la distribution de l’eau est insuffisante et les systèmes de drainage sont obstrués.

Ainsi on peut dire que La notion de territoires productifs et le droit à l’urbanité implique une restructuration socio spatiale, basée sur une hiérarchie de pôles, et planification urbaine C’est ce rôle que l ‘architecte doit prendre pour être un arbitre des conflits que pose ce type de restructuration...Aujourd’hui, le combat se pose plus globalement sur la maitrise de la ville informelle, que sur la problématique de l’intégration des bidonvilles.

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Plan masse du «pôle» éducation, créé par Jorge Jauregui.

Perspective du pôle éducation. L’école se trouve sur la droite et le centre de profesionnalise dans le fond de l’image.

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Plan masse du des zones du projet.1 - crèche2 - pôle sportif3 - pergola4 - pôle de service5 - cooperative de recyclage6 - logements

Coupe sur le pôle de service.

vue sur le pôle de service

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Plan masse du 2ème pôle sportif

perspective sur les logements n°6

Avant/après des nouvelles voies créées.

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Photo des logements (n°6) à l’achevement des travaux. Favela Rocinha.

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III. L’ARCHITECTE FACILITATEUR DU PROCESSUS PARTICIPATIF a) La participation des favelados dans la réhabilition des favelas b) L’auto-construction

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71 III. L’ARCHITECTE FACILITATEUR DU PROCESSUS PARTICIPATIF

« La arquitectura tiene que concerbirse con la gente, y ser materializada, en la medida de lo possible, por la gente. El termino « para le gente » es evidente. Esto no significa que el arquitecto no tenga ningun papel en el proceso : puede aportar ideas, tecnicas, estéticas nuevas, que tendran que ser validadas con la gente, por la gente, para la gente unicamente. Por cierto, los arquitectos tambien son gente… pertenecen a la gente. »1

Les favelas de Rio ont une culture et une esthétique spécifiques qui font désormais partie du patrimoine culturel de Rio et n’importe quelle intervention dans cet espace doit tenir compte de ce fait. Les architectes et urbanistes responsables de ces projets pourraient simplement continuer l’œuvre déjà commencée par les habitants, en essayant d’améliorer ce qui a été réalisé

« La forme de participation la plus pauvre est celle où l’usager intervient comme client d’un architecte. La forme la plus complète, celle où les usagers construisent eux-mêmes les édifices qui leur sont destinés » 2

1.Yona Friedman, arquitectura con la gente, por la gente, para la gente, p15

( L’architecture doit être conçu avec les gents, et être matérialisé dans la mesure du possible par les gents. Le terme « pour les gens » est évident. Cela ne signifie pas que l’architecte n’a pas de rôle dans le processus : il peut apporter des idées, des techniques, des esthétiques nouvelles, qui devront être validé avec les gents, par les gents et pour les gents uniquement. Par ailleurs les architectes sont également des gents… ils appartiennent aux gents.)

2. Christopher Alexander, Une expérience d’urbanisme démocratique, p46

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72III. L’ARCHITECTE FACILITATEUR DU PROCESSUS PARTICIPATIF

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a) La participation des favelados dans la réhabilitation des favelas.

Le concept de «facilitateur», «communicateur» me semble détenir des atouts importants qui permettent àL’architecte de répondre aux mieux à l’intégration de la favela à la ville formelle et aux conditions d’habitation des favelados. Julien Ineichen dans le cadre de ses recherches sur la commnauté « Chico Mendes » à Récife au Brésil, dresse un cadre théorique des stratégies d’action qui vise à guider l’architecte facilitateur dans son rapport avec les habitants des favelas, en s’appuyant sur l’ouvrage « recherche-action au service de l’auto-développement » de Guiseppe Rullanti. Guiseppe Rullanti cerne trois dimensions qui définissent les finalités et les fonctions de la notion de « recherche-action » initié par l’allemand Kurt Lewin au Etats unis pendant la seconde guerre mondiale : la recherche, l’action, et la formation.

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La dimension de la rechercheTrois fonctions caractérisent cette dimension:1. La fonction d’investigationCette fonction définit la manière dont on examine le réel. Dans un processus de recherche classique, le chercheur énonce une problématique concrète à l’aide d’une description. L’ensemble des variables décrites vont ensuite être mises en rapport pour donner une explication de ce qui se passe sur le terrain. Dans un processus de recherche-action, la loi ou la théorie générale à laquelle l’explication se réfère n’est pas considérée comme valide. En effet, le chercheur, à l’aide d’un processus de compréhension, préfère appréhender la situation particulière de son étude. Il s’attachera ainsi à considérer le vécu, les valeurs ou encore les intentions de l’objet de la recherche. Finalement, le processus de contrôle qui clôt la recherche ne vérifie pas ses hypothèses à l’aide d’expérimentations, mais directement sur le réel.

2. La fonction critique sur le plan épistémologiqueLa recherche-action vient critiquer les postulats et les conceptions épistémologiques de la science positiviste. Elle met en crise les processus classiques de l’investigation et tente de trouver de nouvelles méthodologies de recherche pour répondre à la problématique du lien entre recherche et action et entre chercheurs et acteurs.

3. La fonction de communicationDans un processus de recherche-action, la communication est un élément crucial. Dans la procédure de recherche, il s’agit de discuter, confronter et clarifier les résultats, tandis que dans l’action il faut décider, comprendre une situation, se sensibiliser à différentes hypothèses de changement, etc. Toutefois, ces savoir-faire sont sensiblement différents selon l’investigation envisagée. On distingue deux approches, l’enquête feed-back et l’évaluation formative. Dans la première, le chercheur est

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le seul capteur d’information, seules ses conclusions sont discutées et communiquées aux personnes concernées. Dans la seconde approche l’évaluation formative amène les acteurs de la recherche (en l’occurrence les habitants des favelas) à communiquer au chercheur des informations notamment sur leur valeurs, leurs problèmes, leur milieu, leurs réactions face au processus et aux résultats de la recherche. Cette démarche met l’accent sur la participation et l’implication des acteurs et intègre une dimension formatrice très importante à mes yeux.

La recherche-action est donc l’occasion, pour de nombreux acteurs, d’acquérir des outils de communication nécessaires à tout changement. Par exemple, à travers sa participation, chaque acteur va être amené à négocier autant avec le chercheur qu’avec les autres protagonistes.Ainsi, dans l’idéal démocratique de la recherche-action, ce partage du savoir illustre bien le partage du pouvoir qui est visé. Mais cette démarche permet avant tout une diffusion active des avancées de la recherche et rend les acteurs capables de prendre part aux décisions. La fonction de communication est en définitive une sorte d’huile dans les rouages permettant d’articuler la recherche et l’action dans un mouvement dynamique.

La dimension de l’actionLe recherche-action vise à développer une stratégie opérationnelle afin d’amener à un changement social. Elle peut viser une transformation radicale des structures et des fonctions sociales ou favoriser un processus de transformation, tout en s’adaptant à ces structures. La première forme se nomme la recherche-action transformatrice, elle assure une fonction critique portant sur le politique et le socioculturel. Elle vise à une transformation radicale de la vie sociale à travers des projets critiques revendicateurs ou marginaux. La seconde forme, la recherche-action adaptatrice, vise aussi

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le changement, mais sans remettre en question le cadre institutionnel et politique, elle tente d’améliorer les processus existants.

La dimension de la formationEtant donné que le recherche-action s’appuie sur les acteurs de la recherche pour produire le changement social désiré, ces derniers doivent être formés pour pouvoir l’entreprendre. Ainsi, la formation, associée à une finalité de changement social, permet aux acteurs d’apprendre à apprendre par la recherche et de résoudre ainsi les problématiques qui les concernent: «Les réponses nouvelles doivent être inventées dans le systèmes et non pas être importées de l’extérieur, comme dans le modèle innovation-diffusion, lequels’appuie sur des relations de dépendances au pouvoir.» (Thirion, 1980, dans Rullanti, 2006). Le chercheur en recherche-action a donc un rôle de formateur auprès des acteurs impliqués dans la recherche-action. Ou, plus exactement, il les emmène dans un processus où ils vont apprendre en faisant et où le processus d’apprentissage formation sera réciproque.

Le processus participatif est intimement lié à la démarche. A tel point que le sociologue William Foote Whyte, spécialiste de l’ethnologie urbaine, a initié un mouvement qui s’appelle recherche-action participative (RAP). Dans une postface, lors d’une réédition de son livre sur la RAP, il note: «Avec certains de mes collègues, je suis de plus en plus convaincu que, pour combler la distance entre les chercheurs professionnels et les membres du groupe étudié, une des solutions majeures est la RAP. La RAP est une méthodologie dans laquelle les chercheurs invitent certains membres du groupe à participer avec eux à toutes les phases du processus de recherche, de son élaboration initiale à l’application pratique de ses résultats, en passant par la collecte et l’analyse des données» (Whyte, 1996,) La RAP a, selon

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lui, deux grands avantages: «Dans les relations de terrain, elle nous permet d’aller au-delà de la réciprocité interpersonnelle en liant les informateurs principaux et les chercheurs professionnels. Quand les membres de la communauté ou de l’organisation étudiée s’intéressent aux retombées escomptées de la recherche en terme d’action, ils sont moins soucieux d’obtenir personnellement quelque chose de leur relation avec le chercheur. Cette pratique contribue également à libérer le chercheur de l’incertitude et de l’angoisse de savoir s’il a fait personnellement assez pour ses informateurs en échange de leurs services. La RAP nous permet aussi de répondre à l’une des préoccupations de l’épistémologie critique: elle laisse ouverte la possibilité qu’au moins une partie du groupe étudié puisse faire entendre sa voix aux côtés de celle des observateurs extérieurs.

Cette démarche qui mise avant tout sur un processus original du projet d’architecture, prend le parti pris que la forme sera le résultat d’une action sociale. Ce retrait de l’architecte en temps que créateur de l’environnement construit ne signifie pas un désengagement de sa part vis-à-vis de la forme urbaine, mais affirme la conviction que, pour donner sens au lieu, c’est une participation de l’ensemble des acteurs urbains qui est nécessaire. C’est de cette pratique collective, aiguillée par l’architecte facilitateur que peuvent germer, au sein de ces magmas urbains, les formes d’une ville humanisée. Produire ainsi un espace construit où l’urbanisation ne sera plus l’image de la dictature d’une minorité, mais le lieu d’un espace de liberté partagée.

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b) L’auto-construction

Aujourd’hui, le recours à l’auto-construction apparaît comme une solution viable pour résorber le problème des favelas. Elle consiste à utiliser les habitants comme main-d’œuvre pour construire leur propre logement ou améliorer celui qu’ils utilisent. Il est vrai que l’habitat spontané est typiquement ce qu’on pourrait appeler de l’auto-construction mais cette dernière se doit d’être encadrée. Il ne s’agit pas de laisser les favelados construire avec des bouts de tôle rouillée mais d’utiliser leur potentiel en tant que constructeur pour réduire les coûts de productions des cellules de logement. Il ne faut donner aux entreprises que ce que les habitants ne peuvent faire eux-mêmes. Cette idée n’est pas récente : au début des années 70, des utopistes, comme Ivan Illich, proposaient une politique différente, qui « s’attacherait d’abord à définir ce qu’il est impossible d’obtenir par soi-même quand on construit une maison. En conséquence, elle assurerait l’accès à un minimum d’espace, d’eau, d’éléments préfabriqués, d’outils conviviaux allant de la perceuse au monte charge, et probablement aussi l’accès à un minimum de crédit [...]. Les gens pourraient se

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construire des abris plus durables, plus confortables et plus salubres, en même temps qu’ils apprendraient l’emploi de nouveaux matériaux et de nouveaux systèmes »

Il existe deux formes d’auto-construction :- la réhabilitation et la construction in situ- l’auto-construction sur des trames d’accueilDans le premier cas, elle passe obligatoirement par la légalisation des habitants. C’est un type d’intervention intéressante car elle permet aux bidonvillois d’être reconnus, de conserver leur tissu social, de préserver l’authenticité du bidonville et de ne pas être trop éloignés de la ville. Par contre il est difficile de créer des réseaux, de placer des équipements et d’assainir le terrain.La deuxième solution est de ce côté-là plus facile et moins coûteuse car on commence par réaliser la viabilisation de l’ensemble du terrain avant de lancer le projet d’auto-construction assistée. Le problème est de trouver des emplacements qui puissent s’intégrer au tissu urbain et qui ne soient pas rejetés trop loin des activités. Dans les deux cas, on arrive à un prix deux fois inférieur à celui qu’aurait coûté un logement social équivalent : l’auto-construction est donc financièrement très attractive.

D’autre part, l’auto-construction assistée permet d’occuper l’importante population désoeuvrée des bidonvilles et de la former au travail de construction. Elle a donc un rôle social extrêmement positif car elle valorise les personnes. Et même si c’est une main-d’œuvre peu qualifiée, elle est par contre très motivée. Les habitants peuvent s’approprier le projet et par conséquent avoir un niveau d’investissement important. De plus, pendant la phase de construction, qui peut être relativement longue, les habitants qui travaillent ensemble vont se souder et apprendre à s’organiser, surtout si les personnes qui encadrent le projet leur laissent une part de responsabilité

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relativement importante. Ils seront donc capables, à l’avenir, de se regrouper pour entamer de nouvelles réalisations.

Il faut cependant faire attention à ce que l’auto-construction ne tombe pas dans les mêmes travers que les logements sociaux ; c’est-à-dire la standardisation des maisons et une organisation spatiale inadaptée aux modes de vie. C’est pourquoi la présence de l’architecte est nécessaire pour que les projets soient les plus proches possibles de ses usagers.

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IV. L’ARCHITECTE PRODUCTEUR DE FORME VERNACULAIRE a)L’architecture vernaculaire « contemporaine » b) Deux interventions d’architectes

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a) L’architecture vernaculaire « contemporaine »

Initié par Bernard Rudofsky dans l’exposition « Architecture with out architecte » au MoMa de New york en 1964, Ivan Illich publiait au début des années 1980 divers textes de critique radicales de la modernité et attirait l’attention sur les valeurs « vernaculaire ». Dix ans plus tard , Pierre Frey dans son ouvrage « Learning from vernaculaire » dit de la « nouvelle architecture vernaculaire qu’il n’y a de place ni pour la rêverie ni pour l’expérimentation utopique. Seule une démarche pragmatique, empirique et très attentive à la nature des besoins matériels et symboliques possède une chance. Elle consiste à les confronter aux moyens disponibles en intelligence conceptuelle, en force de travail, en matériaux et en capitaux. Aux entournures du marché global, à sa marge et dans les pays où son règne dévastateur est réglementé, restreint, il existe un vaste domaine pour le développement d’une nouvelle architecture vernaculaire ». 1

Ce contexte s’inscrit parfaitement dans la définition du terme « vernaculaire » de Illich. Pierre Frey dépasse l’idée qu’est vernaculaire ce qui est réservé à autoconsommation 1.Pierre Frey, Learning

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domestique. Selon lui, est vernaculaire l’ensemble des démarches qui visent à optimiser les ressources et les matériaux disponibles en abondance y compris la force de travail. Est vernaculaire tout ce qui échappe au control des flux mondiaux du capital.Dans ce sens, les favelas sont le bastion idéal au développement de l’architecture vernaculaire. L’importance de la participation des favelados comme main d’œuvre, la mise en commun des projets dès leur conception, l’écoute des demandes et la création de nouveaux emplois dans le quartier sont des caractéristiques propices au développement de forme vernaculaire contemporaine.

L’association de « vernaculaire » à « contemporain » marque la reconnaissance du processus de réhabilitation des favelas fondées sur les ressources locales. La construction de nouvelles institutions ou de nouveaux logements par les architectes et les urbanistes produisent de nouvelles formes vernaculaires dans la favela. En aucun ces nouvelles formes ne peuvent être misent en oeuvre ou conçu sans la participation des deux protagonistes. Le favelado ne peut construire son habitat ou rénover son quartier sans la technicité de l’architecte, qui quant à lui ne pourra pas exclure du projet les demandes des occupants.Les architectes doivent orienter leur travail dans deux directions. Ils doivent réintégrer dans l’urbain ces formes jusque là perçues comme insaisissables, et destinées à être éradiquées au nom d’un assainissement de la ville et réintégrer ces formes dans la culture architecturale.

Ainsi l’architecture vernaculaire peut être considéré comme une stratégie d’action fondée sur le respect des pratiques, des valeurs et des potentialités de chacun des favelados, répondant aux défis de notre époque et permet d’apporter une solution appropriées aux exigences du lieu.


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b) Deux interventions d’architectes.

Cette dernière partie portera sur l’analyse et la comparaison de deux projets d’intervention d’architectes dans les favelas. Le travail de l’architecte Jorge Jauregui avec son projet «Unidades expansibles» à la Cidade de Deus (Rio de Janeiro, Brésil) et le travail de Fréderic Druot, architecte français avec son projet «Etude pour la transformation de la favela de Rocinha» (Rio de Janeiro, Brésil).

Ces projets peuvent être perçus comme une réponse (ou non) à la situation actuelle à Rio de Janeiro mais aussi ailleurs dans le monde pour ainsi étendre la problématique qui peut être similaire dans des situations différentes.L’étude porte sur des projets d’habitations, car il me semble que c’est les projets les plus complexes à réaliser dans ce contexte. Les architectes se doivent de projeter des espaces de qualité, à faible coût qui correspondent aux modes d’habiter des populations tout en s’intégrant à la commande publique de l’État. Et c’est là toute la difficulté, c’est l’État qui décide de démolir tel ou tel habitat car il se situe sur une zone dangereuse

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ou sur le futur tracé d’une nouvelle route et propose donc de reloger les habitants. Il établit alors une commande précise de maisons ou appartements, aux surfaces et au budget définit. C’est ici que l’architecte intervient, il se doit de répondre à cette commande qui ne correspond souvent pas aux réalités des besoins des populations délogées. Son projet doit alors prendre en compte tous ces éléments, à la fois l’écoute des habitants et la demande du gouvernement.

Unidades expansibles (logements expansibles), Jardim do Amanha, Cidade de Deus, Rio de Janeiro.

Actuellement 65 000 personnes résident sans la favela Cité de Dieu.Née dans les années 60, à la suite d’une expulsion d’une favela proche d’un quartier riche, les favelados viennent investir le morro démunit d’équipement au dessus du lac et du quartier riche de Tijuca au Sud Ouest (quartier des JO 2016).Le projet, financé par la banque publique Caixa Economica Federal, a un programme ambitieux. De nouveaux pôles attractifs pour la vie associative sont créés, la construction d’un complexe sportif, d’une école de musique et des commerces apportent un minimum équipement et institution pour faire exister ce morro comme un véritable quartier. De plus, entre les zones marécageuses de la favela et les terrains nécessaire au bon déroulement du projet ont généré la relocalisation de 600 familles.

Le programme de ces nouveaux logements a été imposé par le gouvernement, il prévoyait une surface de 42 m2, soit un séjour et deux chambres. Ne correspondant pas aux demandes des favelados qui pour des raisons numérique ( en moyenne une famille dans les favelas est composée de 7 membres) espéraient des habitations plus grandes, l’équipe de Jorge Jauregui décide alors de travailler sur la flexibilité des maisons afin de permettre

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à chaque usager d’en modifier l’apparence en fonction de ses besoins. Ainsi une famille plus nombreuse pourra changer la terrasse en chambre, ou construire jusqu’à trois étages supplémentaires. Cet aspect du projet permet aux habitants d’avoir une liberté d’action sur leur habitat sans compromettre la qualité de l’espace public.La configuration des logements de départ est réaliser sur un rdc et un étage, l’espace de vie s’organise en relation avec une cour arrière qui pourrait être transformée en patio si l’habitat était amené à évoluer. Les pièces de vie et les pièces d’eau sont situées au rez-de-chaussée et les deux chambres à l’étage.

Étude pour la transformation de la favela de Rocinha. Fréderic Druot À la différence du travail de Jorge Jauregui, le travail de Fréderic Druot pour la Rocinha est une application théorique son étude « Flat Craper », ce projet n’a pas été réalisé.

«Flat Craper est le nom générique donné à un ensemble d’études de définitions, portant sur la transformation radicale de situations urbaines spécifiques.L’objet est d’apporter dans des conditions de haute qualité environnementale et de très faible consommation d’énergie, des réponses architecturales permettant l’organisation de morceaux de géographies généreuses, propices à la qualité de la vie. [...] L’hyperstructure FLAT propose un développement structurel horizontal plutôt que vertical: larges anneaux de 500m de diamètre, positionnés au dessus des sols, organisant des strates de planchers desservant des espaces uniquement traversant. Double éclairement naturel permettant de contrôler et d’optimiser les apports passifs de lumière naturelle et de rayonnements solaires. Pas de zones sombres intérieures

Annalyse FLAT CRAPER, Frederic Druot

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Jorge Jauregui - Unidades ExpensiblesFavela Cité des Dieux.

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Jorge Jauregui - Unidades ExpensiblesFavela Cité des Dieux.

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Frédéric DruotEtude pour la transformation de la Rocinha.Avant / après

Frédéric DruotEtude pour la transformation de la Rocinha.coupe sur l’anneau.


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Frédéric DruotEtude pour la transformation de la Rocinha.Plan du projet, combinaison de logement neuf et existant


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Frédéric DruotEtude pour la transformation de la Rocinha.EXTENSION DE L’EXISTANT PAR UNE NOUVELLE STRUCTURE

Jorge Jauregui - Unidades ExpensiblesFavela Cité des Dieux.EXTENSION DU BATI PAR LES HABITANT.


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comme dans l’épaisseur d’une tour, pas d’ombres portées fixes comme dans l’implantation d’un bâtiment au sol.A partir d’un modèle théorique en anneau, le dispositif se déforme, s’adapte à l’environnement, au climat, aux conditions économiques et sociales dans lesquelles il s’inscrit comme prolongement. Le site peut être naturel ou construit, urbain ou désertique.»

La démarche de Fréderic Druot s’amorce par une analyse approfondie du site, le diagnostique des batiments existants lui permet de définir ses objectifs.. Les constructions sont conservées si elles sont en bonne état et recyclées si ce n’est pas le cas. A l’existant vient ensuite s’accrocher une nouvelle structure qui vient unifier les bâtiments entre eux par de larges terrasses ou extensions du bâti. Cette structure permet d’augmenter la surface habitable des constructions. C’est une manière de densifier la favela, sans la congestionner et ainsi atténuer le «grignotage» sur les forêts de la ville.

Ces projets présentent des similitudes. Le projet de Jorge Jauregui est pensé pour laisser la liberté à l’habitant de faire évoluer son logement dans le temps. L’architecture n’est pas figée et permet d’encadrer une future évolution du bati. Le projet de Frédéric Druot est différent, il s’agit aussi d’extension, mais à partir d’un logement existant, et non d’une construction neuve. Dans les deux cas, la relation avec l’habitant, la possible évolution dans le temps du logement, la part d’auto-construction, de participation et de flexibilité sur l’habitat sont tous des valeurs défendu dans les deux projets, dans un sens il participe à la démocratisation de l’architecture.Les habitants sont responsables et acteurs de leur logement.


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Face à ce territoire en marge, il est complexe de trouver les moyens d’intervenir sans stigmatiser, d’agir en respectant un équilibre instable, de partager, de mettre en place des systèmes donnant une place à chacun. La favela fascine et effraie, elle s’est développée, elle est aujourd’hui fortement ancrée dans le paysage carioca. Il s’agit maintenant de s’appuyer sur l’intérêt qu’elle suscite pour mieux comprendre son fonctionnement informel et mobiliser ainsi un ensemble de personnes capables de permettre son intégration et son développement. La situation s’est améliorée au cours de ces dernières années mais la favela ne reste-t-elle pas la favela ? Est-ce un réel bouleversement social ? Ou des opérations ponctuelles ? Quelle est la limite de la démarche de ces architectes ? Comme nous l’avons vu, beaucoup de programmes, réflexions et débats cherchent à trouver des solutions quant à l’intégration de la favela à la ville. Mais ces territoires sont complexes, nombreux et immenses. L’action semble parfois faible par rapport à l’ampleur du problème.

La favela, espace entre le droit et le non droit est une réelle forme d’urbanité que nous architectes commencent à accepter

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et à comprendre. Il ne s’agit plus de vouloir la changer mais bien de lui apporter les structures dont elles manques en respectant son identité sociale, culturelle et formelle. Ainsi la démocratisation de l’auto-construction et de la participation est importante, les architectes se doivent de travailler en prise directe avec les populations de ces quartiers, le travail ne peut-être fait autrement. Les grands chamboulements rapides peuvent être dangereux,.l’intervention la plus adaptée semble être d’intervenir par étapes, de procéder à des interventions plus proches de la «couture urbaine».

La favela apparaît aussi comme un exemple, autant dans son fonctionnement social et dans son organisation spatiale par rapport à nos grandes villes où l’individualisme prône.La agence MRDV s’est d’ailleurs inspirée de ces territoires dans un de ses projets, en Chine dans la ville de Liuzhou. Les bidonvilles en sont l’inspiration. Du chaos, de l’absence d’ordre et du vernaculaire naît une haute créativité des habitants. L’espace de ces territoires formées sans architecte, ni urbanistes nous interpelle en tant qu’architecte.

Le sujet de mon mémoire, nous ramène à ce qui me semble être essentiel c’est à dire une humanisation de la vie et de l’habitat pour tous par l’écoute, l’échange et le partage.

Le rôle de l’architecte me semble être avant tout celui d’un médiateur qui connecte les différents acteurs du projet. Il absorbe les difficultés et les complexités de mise en oeuvre des programmes décidés tout prenant la réalité social, culturelle et physique de ces quartiers.Et n’est ce pas dans la contrainte que l’être humain développe le plus de créativité? La favela doit continuer d’évoluer, sans s’affranchir de son histoire et l’architecte peut accompagner cette évolution, la canaliser, la consolider pour qu’elle puisse appartenir à la ville.

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OUVRAGECOLLECTIF ACTES SUD, Habiter écologique - Quelles architectures pour une ville durable ?, Actes Sud, 2009POALA BERENSTEIN JACQUES, Esthétique des favelas, L’HarmattanPOALA BERENSTEIN-JACQUES, Les favelas de Rio, un enjeu culturel, L’Harmattan, 2001JEAN-CHARLES DEPAULE, Les mots de la stigmatiqation urbaine. Edition de la maison des sciences et de l’homme, Edition UNESCO, 2006DIDIER DRUMOND, Architectes des favelas, Edition Dunod, 1981HASSAN FATHY, Construire avec le peuple, Actes Sud, 5ème édition, 1999PIERRE FREY, Pour une nouvelle architecture vernaculaire, Learning from vernaculaire. Edition Actes Sud, 2010YONA FRIEDMAN, Arquitecura con la gente, por la gente, para la gente. Edition Actar, 2010YONA FRIEDMAN, L’architecture de survie, Une philosophie de la pauvreté, Paris, Éditions de l’éclatCAMILL GOIRAND, La politique des favelas, Éditions Karthala, 2000RAFAEL SOARES GONCALVES, Les favelas de Rio de Janeiro, Histoire et droit, XIXe et XXe siècles, L’HarmattanJORGE MARIO JAUREGUI ARCHITECTS, The favela bairro project, Harvard Graduate School of Design, September 30, 2006JEAN-PAUL LOUBES, Traité d’architecure sauvage. Edition du Sextant, 2010.BERNARD RUDOFSKY, Architecture sans architectes : brève introduction à l’architecture spontanée, Paris, Chêne, éd. or., Paris, 1977CELINE SACHS, Sao Paulo, Politiques publiques et habitat populaire, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 1990

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VIDEOGARY HUSTWIT: Urbanized, a documentary film. Etats Unis, Royaume Unis. 2011. 82min

INTERNETFREDERIC DRUOT, URL http://www.druot.net/JORGE MARIO JAUREGUI, URL : http://www.jauregui.arq.br>>>>>>>>>>>CONFERENCESJORGE JAUREGUI, Intégrer les favelas dans la ville : Rio de Janeiro - Equité socio-spatiale, thérapeutique politique et articulation ville-urbanité-espace collectif, Conférence suivie d’un débat ouvert par Isabel Simões Raposo et Béatrice Hibou, le 25 novembre 2010, CERI, PARIS

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Documents

L’ARCHITECTE & LA VILLE INFORMELLE Marne-la-Valléemes.marnelavallee.archi.fr/mes/072011350.pdf · LE CAS DES FAVELAS A RIO DE JANEIRO Amélie Noury Paul Landaeur ... Le pac, accélérateur