L'art du dessin

5/27/2018 L'art du dessin

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Doumert, Andr. A. Doumert. L'Art du dessin et ses applications pratiques. (1886).

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"4 ^


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L'ART DU DESSIN

i;r

SKS AIMU.ICATIONS PUAl'IOUlCS


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l'OJTlKKS.TYrOiiKAlMIIKOIIMN.


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Gravure sur buis. Ito.se.


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rt-v . a X ~"ij-

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L'ART DU DESSIN

Ki' st:s

APPLICATIONS Pli ATIQHLS.

I

L'AHT DU DESSIN*.

Avant do commencer ces en'retiens familiers surl'Art du Dessin et ses applications pratiques, il no sera

pont-tre pas inutile do dire aux lecteurs do co petitvolume ce qu'ils y trouveront.

Nombre dopersonnes, parents et jeunes gens, persis-tent encore h ranger, dans les programmes d'enseigne-ment, lo dessin parmi les brandies dites d'agrmont.Aussi voit-on

beaucoup d'lcvjs, d'ailleurs

intelligentset laborieux, ngliger cotte tude, sous prtexlo qu'ilsn'ont pas de temp3 perdre, ou la dlaisser aussittaprs l'insuccs des premiers essais, en donnant pourraison qu'on nat dessinateur ou artiste,et qu'il no faut

pas forger les vocations.Co raisonnement, srieux en apparence, n'est au

fond que spcieux.Sans doute tout le monde- v peut aspiror a rivaliser


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h J, AIIT l>U DKSMS*.

(in renie et do gloire avec les Vinci et lns Haphal ;mais pour runir manier avecentente ni habilet lo

crayon, le fu-ain ou le pinceau, pas n'est besoin, quenon* sanbion, de gravir ce hauts sommets de l'art ofirent quelques privilgies dous, de facults exeep-fionnellcs. Pour un l'ii, un Inhume uun Vernetdont les o'iivre-i pjrtenf. la marque indniable dutalent suprieur et excitent l'admiration gnrale,combien n'y a-l-il point d'amateurs qui dessinent oupeignent trs correctement, .suis avoir t secondsdans leurs dbuts pur d'autres aides (|iio la volontet la persvrance 'f

Il en ei, au vrai, du dessin comme de la plupartdes autre, connaissances qui ne s'acquirent tout d'a-bord pie par lo courage. Y)\\ toutes ehoos, disait

Chariot, il faut savoir et vouloir aborder la ditlienU,

sauter le foss sans le r-onder, oser en un mot et oser faire mal mmo ;auhvmcnt on n'arrive pas ; car sou-vent (pii veut trop liien faire, ne fait rien le liicn. >


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t^ ^--.pr.

LUT DU DESSIN. 9

Dessmern'ot,du reste,pas uniquement unooprationmatrielle. Au sens largo du mot, c'est traduiro, au

moyen d'un langage plus expressif et plus improssifquola languo parle ou crite, les objets que l'on tudie et

comprend, en les reprsentant dans la varit de leursformes, leur relief et leurs etlets par rapporta l'en-semble.

Associant constamment remploi do l'analyse et de

la synthse la vue rflchie de la nature et do laralit, le dessin forme le jugement aussi bien quo les

belles-lottivs et les mathmatiques. Au lieu d tre

simplement un ,il constitue, par ses pro-cds mthodiques, par le but qu'il fait atteindre, unoseienco vraiment utile.

Avons-nous besoin d'ajouter que, tout on donnantcarrire l'imagination, cette optique do l'me, il

rprime- ce qu'elle pourrait avoir do dsordonndans ses lans et la rappelle sans cesso l'im-muable loi du beau, qui est, selon la magnifique dfini-tion de Platon, la splendeur tin vrai? L'artiste, des-sinateur ou peintre, ne travaille pas au hasard ;et quoi-qu'il prenne souvent conseil de 1-vfantaisie, collo-cino saurait, sous peino do compromottro le succs deson oeuvre mmo, le pousser aux carts qui violent

toutes les rgles.Tout dessin OI tableau est uno symphonie o la

ligne, la couleur, les ombres, les mplats concourent l'effet gnral do la composition. Mais, do mmo quel'oreille, si elle n'est pas familiarise avec l'instru-mentation, no peut apprcier les mrites rels d'unorchestre ou d'uno partition, do mmo la vue qui n'est

pas assiste par la connaissance des premiora principes

1*


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10 L'AKT DU DESSIN.

du dessin, do la perspective linaire et arienne, do la

chromatique, ne peut discerner la vraie valeur d'unartiste ou de ses ouvrages.

S'abstenir, do parti pris, d'tudier lo dessin, dont

l'alphabet et la grammaire sont indispensables l'in-

telligcncodes oeuvres d'art, c'est par consquent renon-cer d'avance et de gaiet de coeur aux plus pures

jouissance.3 do la vio et au vritable bonheur quirsido dans la conception du vrai et du beau ; c'est

s'aveugler volontairement, comme ferait un hommos'obstinant a passer son existence dans une cave tn-

breuse, quand rien no l'empcho do monter uno unoles marches do l'escalier menant h la lumire du grand

jour.Hion des gens se figurent que l'art n'est point do

leurdomaino et que, renferm dans les muses, dansles galeries, dans les ateliers, il a un sanctuaire dontl'accs est interdit a la foulo profane : L'art, disent-

ils, n'existe quo pour les riches, les dsoeuvrs, les

critiques .iiien n'ost plus orron. L'art nous entoure partout.

Il entre dans les moindres dtailsdo la viequotidienne.Lo sauvage qui faonne uno massue de bois, ou d'une

noix do coco fait un vaso boire, dcoquillages uncollier, dplumes uno coiffure, est un artiste, rudo etincullo assurment, mais un artiste quand mme. Ds

qu'un objet, instrument, outil, vtement, reoit, enoutro do sa destination exclusivement utile, une orne-

mentation, si grossire soit-elh, ilporto la marque dol'art. Koites l'inventaire do votre chambre, richo oumodeste rjodouto quo vos regards puissent s'arrter

n'importo o, sans rencontrer quelque tmoignage du


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L'ART nu DESSIN. 11

travail artistique. Ici, c'est un panneau de porto dontles stries imitent tant bien que mal les bigarrures du

jaspe ; l, c'est aux murs un papier do tenture, auxfentres un rideau do mousseline, do cretonne ou do

broderie; sur lo parquet un tapis donnant avec plus oumoins de russite l'illusion des tissus do l'Orient ;ailleurs, c'est une chaise, une l.ible, un bureau, une

tagre, une pendule, une

lamp.\ un vide-poches, unverre, un plat, uneassiette, imo lave, centehosos quel'on a sous les yeux ou sous !a m lin a chaque instant, et

qui tontes ont reu quelque enjolivement, quelque em-

bellissement, quclquo dcoration rclamant le con-cours de l'art.

1/art a donc son temple partout, dans la demeuredes humilies comme dans cello des opulents. Son in-

Huonce, petite ou

grande, s'exerce sur chacun

do nous,soit que, par ignorance ou ncessit, nous nous bor-nions possder ses plus grossires bauches, soit quenos gots esthtiques ou nos moyens de fortune nousmettent mme d'acqurir ses plus splendides ehefs-d'uuivre.

Qu'il le veuille ou non, qu'il en ait ou non cons-cience, dsormais un homme vivant dans la socit,

quelque position qu'il y occupa,

quelque classo

qu'il yappartienne, ne peut pas plus l'ester absolument tran-

ger l'art qu'il ne peut s'affranchir de fout rapportdirect ou indirect avec l'industrie mcanique. Lo painqu'il mange, l'eau qu'il boit, l'habit qu'il porte, lo lit,o il se couche, le. sige o il s'assied, la labi o il

dne, le livre qu'il feuillette, chaque objet qu'il cm*

ploieou qu'il touche et qui lui est indispensable, attestela

coopration du travail de la machine.


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12 L'ART DU DESSIN.

11cneildcmmo pouiTart. Amoinsde socondamnc-r la barbarie la plus complte, do se rfugier dans lasolitude lapius mystrieuse, de ne se vtir que de feuilles,de ne se nourrir que d'herbes, de ne coucher rjuc sur la

dure, de ne vouloir, en aucune occasion, pour aucunmotil', avoir do relations avec aucun tre humain, ilnous .semble bien dillieilc le ne pas .se trouver d'uneou d'autre faon en prsence d'une production artis-

tique quelconque. Dt-on d'ailleurs pousser la mi-santhropie assez ab>utdoment loin pour se sparerainsi de toute la civilisation et pour rpudier tous ses

avantages, la nature, matresse des arts, en proclame-rait elle-mme- l'existence par ces superbes paysagesque de sa main puissante elle a tracs sur tous les

points du "jobe.L'art n'est pas seulement universel et immanent

danslaviosoeialo; il es'.encore uiicdes conditionsesson-tielles de lafraudeur et de la dure do la socit'mme.Plus son culte est respect-, plu - le niveau social s'lve.

l/a(ree, vaincue par Home, continue de dominer sonfuouehe vainqueur par sa .supriorit artistique. Le.-iclede l'riels l'emporte en clat sur celui d'Aueiisto.letiuus et Phidias drossent si haut le Parlln'non et lastatut; de Jupiter d'Olyinpieque lesAthniens, accoutu-

ms contempler ces chofs-d'ii'imv


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L'KT DU DESSIN. 13

d'habitants,ses divinit tutlaires qui s'appellent lgionno la sauvent point do la dcadence. Tant il est vrai

qu'un peuplesans culturo artistique est fatalement con-damn la ruine.

Si lo culte de l'art empche la dgradation moraloet la dchance politique les nations, il produit unoinfluence encore plus immdiatement bienfaisante surla moralit de l'homme individuel. Nul no conteste quoles sentiments s'purent par l'amour du beau, quel'esprit est. sollicite par des ides suprieures, lorsqu'ils'habitue rechercher en toutl'ordre et l'harmonie quisont le critrium mme de l'art. Or, le sens esthtiquoa besoin d'ducation comme les facults intellectuelles,et rien n'est plus propre atteindre co rsultat quol'tude progressive du dessin et la connaissance prati-que de ses diverses applications.

Nous n'ignorons pas quo beaucoup do jeunes genspartagent notre avis ; ils reconnaissent la ncessit dofaire concourir au dveloppement de l'intelligence et

ilel'imagination, l'lvation do lapenseet l'ennoblis-sement du cunir, les divers moyens graphiques do tra-duire la nature ;


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, ;.. .r . -

li I/ART DU DESSIN.

Trop souvent on appelle manque d'aptitude ce quin'est que manque de constance. Or, en dessin, commeen toute tude, il faut beaucoup plus faire appel la

persvrance qu'aux dispositions. Si celles-ci existent,le travail les mettra bientt en relief et en bnficiera.Si elles font dfaut, il y supplera dans nna mesure

parfois trs large. Une assiduit qui ne se dment

point, malgr les mcomptes, et une dcision bien prise

et bien soutenue produisent gnralement des rsultatsaussi bons et quelquefois meilleurs que les dons denature, plus souvent striles qu'on ne le croit.

Il no faut, du reste, contrairement l'opinion doceux qui se dsappointent trop vite, pas de talent inn

pour parvenir dessiner convenablement, c'est--dire reprsenter avec exactitude un objet donn, figure,animal, arbre, fleur, construction, etc. Toute intelli-

gence ordinaire, servie par la dtermination et lamthode, est capable de triompher des obstacles qu'of-fro cette tude. Cela ne veut pas dire que, devenu

bon dessinateur, on soit en mesure d'tre artiste et

d'galer unjour les matres.1/arlisto est un pote, dans la vritable acception

du mol: en d'autres termes, un crateur, dou de cesouille qui anime une


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L'ATT DU DESVSIN. 15

Sans avoir cetto flamme du gnie, le dessinateurpeut acqurir, par le travail conduit de degr en degr,une perfection souvent estime trs haut. Mais cetto

perfection ne vient qu'avec le tomp.?. Vouloir l'obtenirds les premiers commencements est une do ces ambi-tions naves qui procdent do l'impatienco ou de la

vanit, et dont un lve srieux so corrigo en comp-tant le peu de pas qu'il fait chaque jour, mmo lors-

qu'il redouble de zle, dans lo chemin beaucoup plusaride des lettres ou dos sciences positives.

Pour tudier lo dessin et pour qu'il resto do cettotude quelque choso do rellement profitable, il

importo de savoir so hter lentement : les progrs soconstatent d'eux-mmes en mesurant lo trajet dj

parcouru et en rcapitulant les victoires remportessuccessivement. Quelle que soit la distance qui reste

oncoro franchir, on a de la sorto la certitudo qu'onsorapproche du but. Touto autro mthode n'est qu'unpitinement sur place qui aboutit la lassitude et au

dgot.L'application poursuivie avec cetto sage attente

du succs raliso dans d'autres branches de l'ducationdo vritables prodiges :pourquoi n'en .serait-il pas dommo dans l'art du dessin ? Songez donc h tous les

exercices que doit faiiv un musicien avant d'tre ma-tre de son instrument ! Lorsqu'on entend parler loviolon sous l'archet d'un virtuose, qui donc oublie quocetto suavit du son tir des cordes n'a t obtenue

qu'au prix de longues mines d'un travail incessant ?

Qui donc ignore que le pianiste n'acquiert un doigtfacile etsr, sans compter los autres qualits d'excu-

tion, qu'aprs avoir fait pendant longtemps des gam-


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16 L'ART DU DESSIN.

mes et tics arpges? Or, il faut bien moins d'effortspour devenir dessinateur qu'on n'en doit mettre enoeuvre pour tro ce que l'on appelle d'une forco pas-sable sur le violon ou sur le piano.

Est-il besoin d'insister sur les avantages que donnela connaissance du dessin h ceux qui suivent une car-rire librale ou scientifique? Que de circonstances etd'occasions dans la vio o il est utile et agrable do

se servir de co langage graphique, qui est, suivantViollet-le-Duc, la meilleure des descriptions! Horacedclare- avec raison que les choses qui entrent par lesonilles prennent un chemin bien plus long et arriventmoins srement l'Ame ou au cerveau que celles qui

pntrent dans l'esprit par les yeux, tmoins plusfidles. Combien n'est-il point d'ides, en effet-, qu'au-cune dfinition, malgr toute la prcision do ses ter-

mes, no parvient faire saisir, et qu'un simple trait docrayon ou do plume rend intelligibles aux moins

clairvoyants ? Combien n'est-il point de conceptionsqu'aucun discours crit et parl, quelles que .-oientl'habilet de composition, la lucidit do stylo oud'locution do l'auteur ou do l'orateur, ne russissentmotlro en vidence, et que l'accompagnement d'uno

'ligure- fait comprendre avec uno facilit merveilleuse ?

Aussi lesapplications du dessin sont-elles si multi-ples que toutes les professions l'appellent leur aide.

Indispensable l'industrie, dans laplupart do ses bran-ches d'activit, il a un rlo prpondrant dans loscrations des arts dcoratifs, pour lesquels l'esprit fran-

ais est si particulirement dou, et qui prennent de

jour en jour une placo et uno importance plus consi-drables dans nos gots et nos besoins.


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L'ART DU DESSIN. 17

Le petit volume que nous publions aujourd'hui asurtout pour objet de faire connatre notro jeune lec-teur quelques-unes de ces applications, en l'initiant des procds et des dtails Jo connaissances techni-

ques qui lui sont restes trs probablement trangresjusqu'ici, parce qu'il ne les trouve pas dans lo bagageordiiKiiro de l'ducation gnrale.

N'ayant pour but que de faire un ouvrage do vulga-

risation, nous n'avons pas craint d'entrer dans desexplications pratiques, tendant toutes mottro avecclart les lments do ces diverses connaissances la

porte des esprits les moins prpars, tout en les pr-sentant sous une forme intressante veillant l'atten-tion.

Disons toutefois que nous avons voulu tre beaucoupmoins un matre rutlit et dogmatique qu'nu guido

sans prtention, promettant ceux qui veulent losui-vre dans le champ o il entre, des surprises agrables,et, dfaut do moissons abondantes , des glanesutiles.

D'au!res ont constat avant nous que notro jeunessefranaise, si familire avec les questions littraires et

scientifiques, depuis les grandes rformes dol'enseigne-ment, est encore bien muette sur tout co qui touche

l'art, et (pie, lorsqu'elle veut acqurir ces notions sirpandues l'tranger, en Angleterre, en Allemagno,aux Ktats-L'nis, elle se trouve empche dans l'accom-

plissement de cette rsolution par le manque do livres

didactiques, simples et faciles, exempts d'ennui et descheresse.

Quelques esprits louables ont t, vrai dire, tentsen ces derniers temps de combler cette lacune qui

il .or pendant quelques jours, trois ou quatre, parexemple, dans co liquide, et ayez soin d'agiter lo m-

lange au moins toutes les vingt-quafro heures. Lesmorceaux dissous, l'encre est faite. Ellono sera bonne

que si elle est la fois paisse et fluide, do manire hcouler facilement dans la plume.

A dfaut d'encre do Chine on bton,

vous pourrez


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28 L'ART DU DESSIN'.

employer colloqu'on vend en flacons et qui est connuedans lo commerce sous le nom iVaiere l>ourt/coise;elleest d'un beau noir, trs propre- nu lavis, et rpond toutes losexigences d'un dessin achev*.

L'encre ordinairo, si l'on n'en a pas l'autre sa

disposition, peut servir galement, la condition do

prendre quelques prcautions. Presque toutes les encrasordinaires so

dcomposent ;les

teintes, quoique d'un

noir vigoureux lorsqu'on les place, vont s'efl'aennt

graduellement et finissent par tourner au roux. Il n'ya guro qu'une seulo encre ordinairo qui n'ait pas cetinconvnient : c'est cello do la petite vertu. Uno, autroditlicult aprvoir avec rencreordinnire, c'est l'cmpu-tomentdans l'excution, quand on croise- et rapproche-les lignes pour former des hachures ou des ombres.Trs souvent, lo commenant, au lieu d'obtenir un

beau dessin, ne fait que-des taches. Il losvitera en netravaillant pas toujours sur lo mmo point et en laissantscher les lignes pour y revonir ensuite, c'est--dire enno formant pas ses teintes avec un trop grand nombredo lignes humides.

La plume peut tro do trois sortes : lo calamo ou

roseau, la puino d'oie, la plume de fer. Do ces outilsle roseau est h; meilleur. Uienchoisi, il se taille facile-

ment etglisse sur lopapior en produisant des tiaitsgraset fermes, qui n'ont, contrairement ceux de la plume,ni maigreurs anguleuse? et chtives, ni diflrences do

rgularit. Lobout, qui s'adoucit vite, donnoaux con-tours do la tigure un moelleux que l'on no pourraitobtonir avecaucun autro outil. Lo roseau du Midi, c'est--dire dos environs do Cannes et do Nice, runit toutesles qualits de linessc, d'lgance et do fermet. Unie


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1,'ART1>UDKS.SIN. 21

taille comme uno plume ordinaire. Dgagez avec soinl'intritMir et rospectoz le dessus qui tonne la partiodure et rsistante. Faites avec un bon canif un liecourt. Surtout pie votre canif soit excellent, coupant

bien et permettant de tailler selon les ncessits del'excution. Kappelcz-vous qu'il n'y arien qui puisse,

pour cette opration, remplacer le canif, et dansl'achat de cet outil indispensable, no lsinez pas sur le

prix.Si vous ne pouvez vous procurer en temps utilo un

roseau, prenez la plume d'oie, qui ne le vaut point, mais

qui remporte de beaucoup sur la plume mtallique. La

plume- d'oo serait parfaito si elle n'avait deux dfauts

qui l'ont fait, dans l'criture ordinaire, remplacer parla plumo do fer ; mene vivement, ello clabousse et so

fatignoau bout do peu do temps : aussi faut-il choisir

les plus grosses plumes d'oie, c'est--dire celles dontla partio corno oftVe lo plus do rsistance. Pour lestraits fins, employez laplume do corneille ou do mouette:les Anglais, et principalement Stothard, s'en serventhabituellement pourfaire cesgracieux croquisd'enfanlsquo nous no parvenons pas encore galer.

La plumo do fer no doit pas tro systmatiquementproscrito ; mais elle n'est bonne que si elle a lo bec

solide, fort, un peu rond, ot il n'y a quo les plumesmctalliquos trs grosses qui prsentent cot avantage

Lo choix du papier dpend do l'emploi do la plume ;celle de fer veut un papier presque lisse, pto serre-et fort: un bristol satin, par exemple. Lo roseau et la

plumo d'oie s'accommodent mieux d'un papier dont lo

grain est moyen et rgulier. Lo plus frquemment em-

ploy parmi ces papiers spciaux pour lo dessin la


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mf?%\

30 L'ART DUDESSIN.

plumo est !opapiar Harding. Celui qui est lgrementteinte est lo moillour. LAtointo bleute est prfra-

ble au gris-jaune ; ello donno uno excution plusagrable

Avant de procder l'excution, collez votro papierdes quatre cts sur uno planchette ou uncarton, en

ayant soin domettre dessous trois ou quatre feuillesd'un autro papier galement lisso, domaniero a former

un coussin.Pour coller lo papior, voici comment on opero :

avec uno pongo on humecte sans frotter les deuxsurfaces du papier, puis on roplio les quatre bords surlalargeur d'un centimtre et demi ;on gomme ces bordssur lo ct qui doit adhrer la planchette Onlnissonsuito reposer lo papior uno ou deux minutes pourfacilitor l'expansion des fibres. Cotto expansion du


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I/ART DU DESSIN. 31

avec do la mi no le plomb, et efacez-la onsuitosans ru-

desse, domanire a laisser paratro vaguomont los traits

principaux et los contours. Si votro papier est blanc,passez-le la tointo sur l'esquisse. Pour cela versez

quelques gouttes d'encro do Ohino dans un godet, ajou-tez-y beaucoup d'eau pour faire uno tointo trs lgre,et passez rapidement et hardiment sur la feuillo do

papier un pinceau imbib do co mlange

La tointo

passe et bionscho, prenez la plume et commencez lodossin.

Passer la tointo est une opration quirclamo quolquoexprience et surtout coquo l'on appollo do la main i>,

pour viter les lourdeurs et arriver remplir la con-dition indispensable, qui est do lier la teinto avec lodessin.

Les teintes qui doivent donner do l'eflot au dossin

noso passent que lorsquo celui-ci est compltementtermin.

Lo dessin s'exeuto gnralement avec des plumesdo grosseurs diffrentes. C'est lo seul moyort do varierles effets. Lo dossinateur aura donc a porto do lamain le roseau, la plume d'oie ou la plume de for agros

bec, la plume d'oie ou la plume de for fine. S'il connatbien les rgles do son art, il tirora de ces divers outils

un parti inapprciable. Voici, d'aprs M.Cassagno, l'em-ploi successif qu'il convient d'en fairo :

Pour les ciels et les lointains, on peut se servir dola plume fine, dont lo travail so liera harmonieusementaux tons envelopps et indcis des fonds. Arriv auxseconds plans, il faut employer la plume do fer ou laplume d'oie assez grosso de bec, pour lo dessin desformes d'ensemble, des dtails, etc. ;mais l encore la


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$$?%'"

32 /ART DIT DKSSIN.

pluino bec findoit figurer le ton local et les ombres

qui sont encore affaiblies par l'air. L'emploi tle la

plume finedonne bien la liaison entre les plans loi-

gns et leplan loplus rapproch, tout en laissant cedernier la fermet qui lui appartient. A mesure quolesobjets s'approchent vers le premier plan, ils se dis-

tinguent avec plus de nettet et so dessinent plus for-tement ;c'est le moment d'avoir recours au roseau,taill dans laproportion ncessaire selon la nature dosobjets traduire. S'il so rencontre sur lopremier plandes objetspoliset lisses, tols qu'un courant d'eau, pourexprimer la limpidit de cette eau et le polidn sa sur-

face, il faut revenir la plume fine, dont le travailtraduira les contrastes do la nature en modelant ces

objets avec la finesso et la transparence qui leur sont

propres(1).

Lodessin la plumo so complte par lo crayon etso rolvo parlelavisou laspia. Lecaractre ducrayonest ladouceur, celui do laplume lafermet. Lemlange

judicieux do l'un et do l'autro facilite, dit encore l'au-tour quo nous venons do citer, l'enveloppe des objetsot donne plus do vrit et do lisibilit au dessin. Lo

crayon no doit toutefois intervenir quo pour donner

plus do saillio certaines ombres, et au ton local do

quelques objets du premier plan.Il faut dossinor avec dlicatesse, en conduisant les

clairs et les demi-teintesetlesombres peupeu, c'est--dire en revenant souvent avec laplume sur l'ouvrage.Les teintes, qu'il faut toujours passer par-dessus le dos-

Ci)Guidepratiquepourles difltrentsgenresdedessin,parAr-mandCassague(Paris,Ch. Fouraut, 1886).

wm


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L'ART DU DESSIN. 33

siu, ont pour

otfet d'harmoniser la tonalit du snjot.Pour donner au noir dol'encro, relativement froid, uno

tointo plus chaude, les anciens matresont presquo tou-

jours envelopp par quelques teintes do spia natu-relle leurs dessins faits a la plumo ou l'encro doChine.

La spia, matiro colorante fournie par une sorto do

mollusquo do mor appel seiche, est d'un emploi faciloet permet d'obtonir en quelques coups de pinceau des

teintes trs colores. Kilo ostprfrable, commo lavis, al'encro do Chino, quiso dlayo plus difficilement et nodonno qu'une teinto asso/. faiblo, si l'on n'insisto pas.L'lvo devra nanmoins s'oxercer aux deux mthodes.Un bon lavis ne s'acquiert pas du premior coup d'essai.Pour arriver la coloration exigo par la tonalit du

dessin, il faut s'habituer a no pas multiplier lc3 retou-ches. On y parvient d'abord on prparant son oncro

convenablement, et surtout en n'omployant pas tropd'eau pour la dlayer, on no faisant pas plus d'encro

qu'il n'en faut pour passor a la teinto l'espaco donn,ot on dposant la couleur sur le papier avec l'aisance,la rgularit, la lgret qui sont les garanties nces-saires du succs.

Ces conseils bien couts, bien suivis, avec do la

patience on pont esprer la russite. Jo vois mon jeune

lve, confiant dans les promesses do songuide, se met-tra rsolument l'oeuvre ; mesure qu'il poursuit sa

tche, un sourira illumino les traits do son visago ;sonoeuvra sort du papier, s'accuse, prend tournure, il estsatisfait du travail dj accompli, ot coinmonce com-

prendra qu'il peut arriver jusqu'au bout. Soudain il

pousse un cri, jotte sa plumo, et d'uno main fivreuse

2*


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34 I/ART DU DESSIN.

menace d'arracher sonpapier. Que lui est-il arriv pourmotiver ce transport dedsespoir 'iUn accident sansdoute? Un accident, eneffet, et certains gards fort

grave Uno goutte d'encre tombo inopinment sur lodossin a fait tache, uncreusement trop brusque dedeux

lignes aoccasionn un pi'tt.Consolez-vous: le malhourestgrandassurment,mais

iln'est pas irrparable


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^Dessin !;iplume.Lu maisoncarre de Niiy.


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MM-


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L'ART DU DESSIN. 37 |

blanc, vtt Mont ou gris, vous aurez ajout au blancdegouache un lger ton, dnature a retrouver In teinte

primitive.Pour donnera vos tudes une direction ot on retirer

un fruit rel, no nglige/, point do comparo;* votroJairo avec celui des matres ; copiez-les dans co qu'ilsont d'excellent, non servilement, mais en exerantvotre jugement en mmo temps que votre oeil, tantt

en rduisant lo modle, tantt en l'agrandissant.Interroge/, aussi lanaturo : sivousparvonez hentondroson langage, elle rpondra presque, toujours vos

questions, et, en vous clairant do salumire qu'il fautsavoir saisir, elle mottra tin a vos perplexits. Lanature est un livre ferm des sept sceaux dont parlola Jliblo pour ceux qui la regardent sans voir,ou,n'ayant

pas appris observer, sont avougles malgr la sant

de leurs yeux. Kilo est au contraire laplus snro et laplus nncro des conseillres pour ceux qui, placsdevant elle, prtent attentivement l'oreille ses voixmystrieuses et finissent par comprendre co qu'ellesveulent dire.

Uno fois maitro do votro plumo et capablo de laconduire votro gr, vous frouvorez cxorcor votre

talent, mme ds sosdbuts, do petits ouvrages qui

contribueront la dcoration gnralodo votro appar-tement ou vous donneront lo moyen do faire quelquocadeau agrablo un parent ou un ami. Non seule-ment vous pourrez dessiner sur lopapior, mais .sur latoile ou lo bois.

On fait, sans grande ditlicult, lorsqu'on est un peuexpriment dans le dessin a la plumo, de jolis dessousde lampes ou de petites serviettes tli qui ont un


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" %V r>?i"'0'C"\-^fv^,,'.#i

38 L'RT DU DESSIN*.

cachet trs original. La dpense est insignifiante, cartout leprix du travail est dan3 la main d'oeuvre. Voicilesecret :

Prenez du calicot bien blanc, bien lisse, glac l'endroit et un peu rugueux l'envers. De la sati-nette blanche pourra remplir lo mme rle. La seule

prcaution prendre, c'est qu'il n'y ait dans le tissu ni

plis, ni taches. Dcoupez-lo en ronds do la dimension

d'une soucoupe ordinaire Sur la surface lisse des-sinez la plume, avec de l'encro marquer, quelquosujet gai ou gracieux. JOntourez-lc d'un bord fleu-

ronn, do manire- former une espce de cadre. Notro

gravure reprsentant la moisson vous servira de guide.Dlaye/, un peu votre encre marquer surtout pourle traits lins. Votre travail achev, exposez-le quel-ques minutes au feu, ou repassez-le sur l'envers. Pour

viter les erreurs, faites d'abord votro dessin lgre-ment au crayon.Vous pouvez aussi dessiner d'abord votio sujet sur

le papier, et puis ropasser sur tous les traits avec del'encre communicativ


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3l>L ART DU DESSIN.

soin pour enlever tout dpt do souilluro ot surtout domatire graisseuse. Etendez ensuite, sur lu surfaco ovous dessinerez, une mince couche do collo bien

propre, do manire ne pas avoir do grumeaux.

Prenez alors un roseau et dessinez avec de l'encro doChine ou du noir do fumo liquide. A dfaut do

roseau, servez-vous d'un petit pinceau fin qui feraoffice do plume. N'effacez jamais aprs avoir mis lacouche- do colle, et pour cela faites d'abord, comme jol'ai dj dit, votre esquisse au crayon ou au fusain ;renouvelez l'encollage, laissez scher et vernissez. J'onrles ombres et les grands contours, employez la plume

Dessin il la plume. -- Ln Moksim.


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40 L'ART DU DESSIN.

d'oie ou do corbeau. Dans les parties sombres, ou lestoits de maison, ou les troncs d'arbre, ou les cours

d'eau, ou lesciwvcux, ou les pupilles des yeux, servez-vous d'encre additionne d'un peu de gomme. 1/eft'ctsera plus saisissant.

Autant que possible, ne retouchez pas vos clairs etvos frottis. Ces dessins sur bois doivent tre excutesavec assurance. Ils rclament une dlicatesse extrme,

en mme temps fju'uno dcision sur laquelle il n'y apas h revenir. Hien russis, ils feraient de jolis pan-neaux do jardinire*, des dessin do buvards ou dV!~

bums ; runis, ils servent faire des tuis cigu'.f -,des porte-cartes, mille petits objets d'agrment.

Si vous avez l'esprit inventif, les sujets de dessin nevous manqueront point. Si vous habitez la campagne,la nature vous en ollira en abondance. Une petite

fleur, une simple fougre font quelquefois autantd'effet (ju'nno grande composition. Un dessin la

plume sur bois gris est ravissant lorsqu'il no pchopoint par l'excution. Le gris forme un fond trs heu-reux ;mais dans ce cas il faut se servir pour losclairsde blancde ('hino. Une branche do gui, do houx, res-sort admirablement sur ces fonds teints.

Si vous prfrez les paysages aux fleurs, suivez

votre got et votre inspiration, niais donnez la pr-frence aux clairs de lune et aux vues d'hiver. Lostons de la nature sont plus uniformes pendant la nuit

qu'au grand jour, et les arbres sont dpouills do leur

feuillage aprs l'automne. La plume traduit mieux ces

aspects que ceux o i! faut faire clater touto larichesse do la vgtation, avec ses alternances ou sesdiminutions progressives de lumire et d'ombro.


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LART DU DESSIN. 41

Si vous tes plutt animalier que paysagiste, code/, votre penchant ou vos dispositions ; faites des ttesde chien, de chat, de cheval, plutt quo d'chouer dans

cequi vous est moins familier.Au lieu de bois, vous pourrez, encore faire usage do

ce f.apier glatineux qui imite l'ivoire et quo l'ima-

gerie a mis en vogue depuis quelque temps. L aussivous trouverez, des ressources pour exercer votre

talent naissant.Mais, quoi que vous entrepreniez, cherchez moins le

minutieux dans la perfection matrielle, que la justesseet l'intelligence dans la reprsentation des objets etdans le groupement des effets. Commencez par mettrevotre sujet en place, c'est--dire par dterminer l'en-droit exact qu'il doit occuper sur votre papier, tissuou bois. Cela fait par quelques coups do crayon

rapides, raisonnez votre modle, car en dessin lo pointprincipal n'est pas de rendre ce qu'on voit, mais dele faire comprendre aprs lavoir compris soi-mme.

h


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h

*AJf*->-


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T^^J *

III

I/KNLt'AIINlIU',

Une dos applications les plus cliuritmntcs du dossincombin avec la peinture est le travail de l'en lumi-nure, c'est--diro do la dcoration dos lettres initialesou lettrines, et en gnral l'ornementation des manu-

scrits.

Cet art, qui a produit des chefs-d'oeuvre qu'onnoso lasso point d'admirer et qui constituent les plus


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M L AKT DU DESSIN'.

beaux trsors do nos bibliothques, (lato de la plushaute antiquit : mais c'est surtout au moyen Ago qu'ila t cultiv, et la Franco peut revendiquer sous co

rapport l'honneur d'avoir t des premires s'y illus-

trer. Cependant l'art de l'enluminure-s'est dveloppparalllement chez les dillercnts peuples do l'IOuropeet en subissant l'influence du got national et local,comme il est arriv toutes les autros branches artis-

tiques.Los travaux des enlumineurs porlont gnralement

Miniature atiL'laisc,


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L'ART DU DESSIN. 45

le nom do miniatures, et appartiennent h diversescoles franaise . italienne, espagnole, flamande,

anglo-saxonne, allemande, byzantine, qui ont cha-cune leur caractre distinct. L'histoire do l'enlumi-

nure, envisage au point do vue du procd,comprenddeux grandes phases : 1 la phase hiratique, 2 la

phase naturaliste. Dans 1 > premire, l'enlumineurchoisit les sujets dans les Livres saints et il a ce

que l'on appelle un auion, c'est--diro une rgle fixopour rendre chacun lses ligures sacres ; dans la

seconde, il emprun'c ses sujets la vie ordinaire et selivre tout entier sa fantaisie. Nous ne pouvonsentrer ici dans le dtail dvs progrs accomplis par lesenlumineurs. Il faudrait y consacrer un livre entier,qui a du reste t fait avec supriorit par M. Kecoyde la Marche.

Aussi nous bornerons-nous plutt indiquer lamanire do procder dans l'enluminure, en donnant notre jeune amateur quelques notions pratiques quilui permettront do s'essayer son tour dans cotravail.

Tous ces procds sont, du reste, exposs avecune extrme lucidit dans un opusculo (pli a pourtitro .Dearte

ilhtmlixind, et

qui se trouve en manu-

scrit la bibliothquo de Naples. Nous no pouvonsmieux faire que d'en reproduire ici l'analyso soin-maire.

Pour enluminer il faut huit couleurs : lo noir, lo

blanc, lo rouge, lojaune lo bleu, lo violet, lo vert, lorose. Ces couleurs so trouvent chez les marchands etse prparent par l'artiste. Elles so broient sur la


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46 LART DU DESSIN'.

pierre do porphyro avee de l'eau ordinaire. Le vertde bronze seul so broie avec du vinaigre, du suc d'irisou d'autres substances.

Los principales difficults de rcnluminurc consistentdans rap|)lica(ion do l'or, dans la pose des couchessuccessives et des ombres, dans la pointure des chairsdu vi*age ou dos mains, et dans les moyens em-

ploys pour faire reluire les couleurs, lorsque lotravail do pointure est termin.

Il va le soi que l'enluminure ne so fait que survlin ou sur parchemin.

l'onr app'i pier l'or, on prcn.l du pltre cuit et bienprpar: on le mle avec une substance appele


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L'ART DU DESSIN. 47

fois jusqu' ce quo l'assise tienne bien. On dcoupoalors autant d'or qu'il en faut et on l'appuio sur le

parchemin do manire l'y fairo adhrer. Au boutd'un instant, quand il est sec, on le brunit comme fontles peintres. Le procd est le mme pour l'applicationde l'argent.

Pour incarner, c'ost-a-diro pour rendro les chairs,on couvre d'abord tout le morceau d'une couche do

vert tendu de beaucoup de blanc, do faon tV ne paslaisser apparatre la verdeur. Ensuite on reprend lesdtaits du visage avec une palette combine, en om-

brant partout o il faut. Tn coloration est donno auxendroits ncessaires avec du rouge ml d'un peu do

blanc, et finalement toutes les nuances do la carnationsont fondues et ailouciss au moyen d'une coucho doblanc ro-. Oe travail rclame une extrme dlicatessede touches.

Pour faire reluire les couleurs aprs leur applica-tion, on se sert d'un enduit compos de gomme arabi-

que et de blanc bien battu, qu'on hiisse schor dans levase de tune o l'on a fait le mlange. Lorsqu'on veut


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18 l/ART DU DESSIN.

remployer, on le dlaie avec do l'eau do fontaine; on yajoute une pointe do miel, et avec un pinceau on

recouvre tout l'ouvrage. Une fois sec, cet enduit qui-vaut un vernissage.


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*4.


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IV

I,A GltAVUltK Sl'lt HOIS KT SI'K MKTAL

Au sens tymologique,^'m 1veut lire ou

ciiro j niais l'expression dognmo'e ne s'appliquognralement qu'aux ligures excutes sur lo bois,lecuivroou l'acier. Ces trois modes do travail ont

pour objet do fairo dos dessins qui, multiplis parl'impression, prennent le nom d'estampes.

Peu do graveurs

font des oeuvres originales.

Ils sobornent presquo tous reproduiro les compositionsdes grands matres, en les imitant avec des moyensimparfaits d'aprs des copies dessines, qui no sontelles-mmes qu'une traduction plus ou moins correcte.Ces conditions d'excution insuflisantes et ingratesobligent lo graveur interprter lo modlo ; a

suppler par lo talent personnel aux dfauts desressources matrielles

qu'il emploie, et

par consquent inventer, a crer. Lo graveur est donc un artiste. Ilmet en lumire, il vulgariso des ouvrages d'art djexistants ; mais ila son stylo propre, qui est la mar-

que de son talent.

Contemporaine de l'imprimerie, dont ello devint

presquo aussitt l'utilo auxiliaire, la gravuro datodo l'invention do (iutenberg au xv*-'sicle. On lui donno


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52 I/AISTDU Dr.ssiN.

jtour point do dpart les caries jouer, dessinesd'al>ord la main, puis imprimes avec des fers dcou-

ps jour et vers 1 lOi authentiquement graves.J)o mmo que l'imprimerie employa d'abord des

caractres mobiles en bois avant de les faire en intal,do mme les graveurs excutrent d'abord des jylo-ymphie*.

La .rylof/rajdtie (do ji/lon, bois, et hein}crire,

tracer) est l'art de dcouper dans uno planche do boisle dessin trace sa surface, de manire mettre, parl'instrument du graveur, couteau ou pointe, chaquetrait du dessin en relief. La superficie du bois gravs'enduit d'encre, et, au moyen d'une pression, lo dessinlaisse son empreintosur le papier.

Les deux plus anciennes estampes de ce genro sontau Muso do Bruxelles et la Bibliothque naiionalo do

Paris. La promicro porto lo millsime do liltf et re-prsente la Vicnje entoure de quatre Saints : elle a t*dcouverto vers 1Mparlo baron do Heitl'onbcrg. La

seconde, plus grossire, est de 1-123 et figuro Saint

Christophe portant VEnfant JLSUS. Les premiers livres

xylo-graphiques taient entirement dcoups dans lo

bois, toxto et gravures. La Jiiblc de*pauvres etY His-toire de la Vicrye appartiennent, ces monuments do

l'art xylographique. Ils sont antrieurs 1 LOI et parconsquent aux /jettres d'indulgence, le premier livreconnu qui ait t a cotte date imprim typographique-mont, c'est--dire on caractres mobiles.

lia gravuro sur bois procde do la xylographie,mais s'en distingue par les procds d'excution. Danslo dessin xylographique, lo trait est purement linaire;les images, ombres de quelques hachures' parallles,

il;;


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T/ART I>UHKSSIK. 58

no viennent que plus tard, et co n'est qu'a lu fin du

quinzime sicle qu'on trouve pour la pivmiro fois,dans une planche do la Chronique, do Nuromborg(l 102),

dos tailles croisses. Toutes les conditions do l'art du

graveur no sont remplies quo dans lo Songe de Poli-

phile (Ifypnrotomachu's), publi Veniso par AldoManuceen 1490.

Co n'est donc qu'aux premires

anndos du xvi

Gradue do 1423.Saint Christophe portant PKnfant Jsus.


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h\ L'AHT DC DKSSJN,

sicle, que la gravure sur bois commence mriter cenom; mais ello atteint presque- aussitt son plus haut

degr do perfection, gn'ieo au grand matre do Nurem-

berg, Albert Durer, qui fut le vritable- crateur docet art, auquel i l fit rendre (ont co qu'il peut donneron imaginant la plupart des ressources du mtier.

11est remarquer que les premires estampes surbois ne sont pas l'ouvro d'un artiste unique, mais

qu'elles sont dues au moins deux collaborateurs, lodessinateur et le graveur, et vraisemblablement un

troisime-, l'auteur de la composition originale. Ainsil'on croit gnralement que Durer, aprs avoir dessinsur bois les sujets, dcoupait les contours les plusdlicats, tels quo les ttes et les extrmits, et laissaitensuite aux tailleurs ai bois le soin do creuser co qu'ilavait indiqu. 1/artisto se chargeait de tonte la partioartistique, et principalement du dessin des tailles, en-tre-tailles, contre-tailles, tailles croises; lo tailleur s'oc-

cupait do la partie en quelque sorto matrielle do l'-

vidago et du dcoupage-.La gravure sur bois porto aussi le nom de gravure

taille d'pargne. Mlle consiste conserver en sailiioles traits du dessin, cl a creuser toutes les partiesqui doivent rester blanches, c'est--diro qu'on creuse

les entre-tailles au lieu do creuser les tailles mmes. Ongravait autrefois sur des blocs de poirier et sur bois

dcjily c'est--dire dans lo sens longitudinal fle la fibre.

Aujourd'hui on n'emploie plus que lo buis,et Ton tra-vaillo sur bois debout, c'est--diro coup dans l'autresens.

Ces deux procds offrent, dans l'application, do no-tables diffrences. Sur lo poirier do fil. la gravure se


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Lafuite en Kgyptc. Uravurc sur bois d'Albert Durer,


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J%%?T'-? 'v**?^ v (''A'-f^.V"* :; , " : .xs-ffyHi*


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I.'AKT nu DKSSIK. 57

faisait au moyen do pointes tranchantes, ayant lesunes la forme, do lancettes, d'autres eello d'un canifdont lo.graveur se servait pour cerner les doux ctsdu trait, en lui conservant l'paisseur indique par lotrac mmo sur lo bois; puis il faisait sauter, en la pi-quant avec uno pointo approprio cet oiVot, la partiocerno en petit copeau, afin quo lo trait ainsi dgage

restt en relief, sauf creuser plus profondment ot \enlever, avec uno espce de ciseau vidappol gougo,

les parties do bois concaves assez loignes des reliefs

pour tre exposes marquer sur lo papier, si ellesn'taient pas suffisamment vides. Il fallait dployeruno crando dextrit, surtout dans les tailles croises

pour cerner et dcouper, c'est--diro pour la coupe etla recoupe. Dans cocas, il fallait cerner les parties hleurs quatre faces sans entamer la croisuro dos tailles

appele la croise, puis enlever les clats d'uno oxtrmo

tnuit, circonscrits par la pointe, avec nettet et la

profondeur requise. Ces travaux minutieux exigeaientun temps considrable : aussi s'extasie-t-on bon droitdevant les livres gravures do bois sur fil, qui con-

Tailluilu bois.


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/i-S I.'AHT PU DRSSIN.

tiennent parfois jusqu'il quatro cents compositions.Aujourd'hui le travail do la gravuro sur bois so

trouvo facilit" par l'emploi du l>uis debout, et des

/r/iopjM-huriHf qui permettent d'obtenir une excution

plus prompte et plus prcise. Ivn gravant sur buis etbois debout, on fait huit ou neuf fois plus de besognedans le mmo temps quo fcurpoirier et bois de fil; maislo

graveur sur bois a de nos

jours plus do dillicults

vaincre que le tailleur du x\T sicle. Le dessinateur socontente en ellet d'indiquer maintenant au lavis on

l'estompo l'ensemble do la composition. C'est au gra-lour n faire {'encelo/ipuife des tailles, c'est--dire

arranger, a combiner ses failles, de manire rendrola couleur du dessin et en exprimer la pense ; enoutre, les modifications apportes au tirage par les per-fectionnements do l'ontillago et les changements intro-duits dans la palo et la fabrication du papier, l'obligentjoindre aux effets propres la gravure sur bois ceuxd'un art non moins compliqu, l'eau-forte.

Lo dessinateur trace son dessin, dans les conditionssommaires quo nous venons d'indiquer, sur la surfacedu bois parfaitement polio etblanchio avec de h cruse.Plus le trait est net et franchement accus, plus la

gravure est facile ; dans les masses le dessinateur in-

dique l'cAet, laissant le soin du rendu au graveur, quivarie sa faille suivant le besoin.

Except ce cas et celui des tailles faites en traversdes hachures et appeles pour cette raison tailles blan-

eftes,lograveur so barno creuser et enlever avecson choppe lo blanc laiss par lo dessin. Si ce blancest troit, il a peine besoin de creuser; au contraire,

plus le champ est grand, plus il doit creuser profond-


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(!i*;\'.'.it-sur b.)isiiuljnii l.jftj 6/1CT;ct.arvi ai mise doLille.


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VV Si :*>J^t'< *-V..r^?^T ,;

/'if.-m

r&y-^\j.-.^


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L'AUT nr PKSS1K. 1)1

ment, afin que l'encre do l'imprimeur nopuisse pas yatteindre.

Enlever avec l'choppe les grandes parties blanches

s'appelle champlcver. Dans l'ancienne gravure sur

bois, on baissait certains travaux l'aido du grattoirpour atTuiblir leur ellet l'impression. Aujourd'huiles imprimeurs remplacent co travail par des hausses

places sous les parties du bois auxquelles on veut

donner plus de vigueur. Quand il y a lieu d'enloverune portion de la gravure gte par accident, on y

perco un trou dans lequel on enfonce de force unecheville de bois et dont on enlvo avec prcaution la

surpaisscur jusqu' ce qu'elle soit do niveau avec lasurface do la partie dj grave. Lorsqu'il y a nces-sit do terminer en un jour uno gravuro do grande-dimension, on divise lo bois en plusieurs fragments

qu'on distribue entre- diffrents artistes, et quandchacun a achev sa part de travail, on runit solidementles morceaux et on les raccorde

La gravuro sur bois a son histoire comme cello dotoutes les autres branches do l'art. Ne on ne sait exac-tement o, mais vraisemblablement en Allemagno ouen Flandre, elle atteignit, comme nous l'avons indi-

qu, son apoge au xvi sicle et prcda partout la

gravure on creux, sauf en Italie, o les deux genres serencontrrent au mme moment. Mais, quello que futsa perfection, elle dchut bientt et disparut ou tombadans la veproduction des images. Ds la findu xvi'' sicleet pendant tout le xvii

0 et tout le xvnic, on ne trouve

plus d'estampes sur bois dignes de ce nom. Vers 1S00,Moreau le Jeune essaya do les remettre en honneur enFrance ;et Bewick on Angleterre marcha avec succs


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Vr2 h AiiT IM: IH-:SSJN.

dans la mmo voie. Leurs dessins gravs sur Loiscurent, M vrai dire, uno vogue trs grande ]>anni lesamateurs ; mais ils no comptrent qu'un tout petitnombre do continuateurs. Ce ne lut qu'en LSlf) quoTliompson nous rapporta d'Angleterre la gravure sut

Lois applique la production des vignettes , quprirent aussitt faveur. l'eu d'annes aprs, la cra!ion

du MtKfusin p!(tonni/ttt! donna un nouvel essor au\artistes, (rueu au succs de cette publication, lsera\eurs se perfectionnrent, triompbreut des dillicults(Utils n'avaient pu vaincre jusqu'alors, et purent lutteravec la gravure en creux et la taille-douce en taisantrendre au bois des elL.'ts de douceur que. le mtal no

pouvait donner.I l v a e n ellet entre la gravure sur bois et la irra-

.iq'.'iiiKiiles|nvmii.'T("">(r.ivur'ssur h>is du Mayatluj'itlorc/'jitf.


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I.'AHT 1>1!DKSSIN. i)'.\

vure en faille-douce uno diffrence essentielle, nous

pourrions di.e uno antithse do procd et d'ex-cution. Lo graveur en taille-douce a pour luit de faire

paratre en noir les tailles. La plancho incite so

couvro d'encre, ensuite enleve de manire no laisserrecevoir par le papier fournis uno certaine pression

quo l'empreinte des lignes creuses. Avec leliois c'estle couirairo qui a lieu. Les lignes qui doivent fournir

l'empreinte en noir )r


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fil I/AUT nu ur.ssiy.

finesse dpondra de cette doublo incision. D'un autro

ct, les parties blanches se taillent presque .ans peinedans !o bois, o elles rsultant do l'vidage, tandis quosur lsmtal les clairs constituent la vritable science.

Or, comme les deux genres doivent arriver nu mmo

rsultat, qui est la traduction du modle ou do la

nature, on comprend que les secrets do l'un no peuventlro trangers l'autre.

Auosi croyons-nous indispensable de dire quelquesmots do la gravuro au lui/in, de l'eau-forlo et de la

gravure sur acier.l>e tous les genres de gravure, cello qui so fait au

burin seul, sans lo secours des mordants chimiques, estla plus complique, mais aussi la plus estime. On

l'appelle taille-douce, et elle est trs rare aujourd'hui.Aussi le graveur au burin, c'ost-iVdiro celui qui opresur locuivre, commence-t-il gnralement par graver l'eau-l'orte, pour n'employer le burin qu'en terminant

son ouvre. Les planches dont on so sert ordinairementsont en cuivre rouge phuuf, c'est--dire battu au mar-teau pour en resserrer les pores, et ensuite dress ou

poli l'aide du grs, de la pierro ponce, du charbon oulubrunissoir.

Le graveur commence par dcalquer son dessin sur

la plancho dans un sens inverse, et do manire qu'l'impression l'estampe se reproduise dans son sonsvritable. Knsuito il trace lo dessin avec une pointe,qui peut tre au besoin une aiguille tricoter finement

aiguise. La pointe marque sur le cui.ro un trait lgerel dli, qui so perd plus tard dans lo travail du burin.

Lo burin est un petit barreau do bon acier tremp,dont la section prsente un carr ou un losange plus ou


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I.'AKT I>U DKSSIN'. G.*>

moins allong. On Wyl'tc ou l'aiguise sur uno pierre l'huile do maniro lui donner un ne; ou bec, c'est-a-diro un bitruu, ou bord taill obliquement. Il pr-sente ainsi uno pointoet un angle coupant ; on lo montedans un inancho on bois ayant la torino d'un cham-

pignon, dont on enlevo la partie qui empchoruit dol'inclinor suilisamment,

On tient le manche dans la paume de la main, en

allongeant l'index sur la lame, de tell*' sorte qu'aucundoigt ne fasse obstacle entre l'instruinentot la planche.Pour no pas tre gns dans leurs mouvements, les gra-veurs posent la planche sur un coussinet do cuir et latournent dans tous les sens, selon la direction qu'ils veu-lent donner aux tailles.

Si l'on fait de faux traits, on les ellaco avec le leu-

nissoir, s'ils sont lgers ;et avec leyrnltoir en creusant,

s'ils sont profonds. Le burin, en coupant lo cuivre,laissodo chaque et de la taille un petit robord saillant

quo Ton appello reburbe. On l'enlve avec le tranchantd'un instrument nomm t'barboir.

("ost donc avec le burin seulement et en variant letravail que le graveur vient bout do rendre lo carac-tre extrieur des objets, leur aspect lisse ou rugueux,matou luisant, etc'ot en cela qu'il doit faire preuve

d'un gnie inventif, car la planche ne lui rond rien doplus quo ce qu'il lui a donn. Do l pour lui la nces-sit d'tre un excellent dessinateur. Tout doit cire crit,trac l'avance, arrt dfinitivement. FApour assu-ror l'excution du dessin, les ressources do la mise onoeuvre sont en quelque sorte primitives : des tailles ouhachures et despoints, c'est tout ce qui lui sert h expri-mer non seulement les contours, mais les tointes, les


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(iO L'AUT DU DKSSIK.

demi-teintes, les ombres, les clairs, les reliefs, cettediversit si multiple d'aspect qu'offrent les objets dansla nature.

On conoit toutdesuifo que ce but ne peut tre at-teint avec un seul rang de tailles ni avec des points plusou moins gros, plus ou moins rapprochs. Les pre-mires tailles,'gnralement serres et nourries, doiventtre traverses par d'autres appeles contrc-taillcs et

plus dlies, plus cartes. Quelquefois, an lieu docroiser les hachures, on met entre les tailles des pointsallongs ; viennent alors IOJ troisimes tailles qui sontdestines complter l'effet ou teindre, sacri-fier certaines parties. Elles sont la gravure ce que les

glacis sont la peinture.( 'haque graveur se sert des moyens qu'il juge les

mieux appropris aux effets qu'il veut produire ;mais

la loi impose au graveur, c'est de ne rien accor-der au hasard : il faut (pie chacun de ses traits ait son

intention, qu'il soit parfaitement motiv, et que lesflexions du son burin, en accusant les dpressions etle relief des objets, soient toujours dans le mouvementle plus naturel.

JiOsgravures au burin taient, l'origine, compl-tement dpourvues d'effet et pchaient par la maigreur

du travail. Il est ais de s'en rendre compte par l'exa-men des e-tanipes qui forment la remarquable collec-tion do la Hihliothque nationale. Des graveurs moder-nes ont essay de remdier cette espce d'maciationdos ligures en employant plus frquemment la faille

large ;mais l'abus qu'ils en ont fait les a conduits versun cueil contraire.

Quelque habile qu'il puisse tre, le graveur n obtient


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LART DU DESSIN. 07

pas les mmes effets que le peintre. La raison en estsimple. Le peintre peut, l'aide do la dgradation du

clair obscur, indpendamment de la touche, faire sentirle tournant des corps : le graveur doit s'appliquer avanttout indiquer les objets dans leur perspective vraio,et pour cela il a besoin d'une grande prcision dansla direction des tailles. Aussi lui arrivc-t-il souventde s'y prendre contre-sens , dit Cocliin, 1o clbre

Itcpnxluctiim d'une c.iu-fotto. Une portedu cliiUeuule l'an.


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08 I/ART DU PKSS1N'.

graveur, autorit considrable dans la matire, etqu'on no pont sedispenser de prendre pour guide ds

qu'on veut approfondir la connaissance do cet art.Lo grand vice do la gravure considre comme ma-

nire de peindre, c'est la scheresse, qui rsulto do lancessit impose a l'artiste de laisser des blancs entreses travaux. Aussi a-t-il recours, commo nous l'avons

dj dif, reau-forte, toutes les fois qu'il ne s'attache

point garder fidlement les traditions du grand art.Il y a deux espces do gravure l'eau-fortc .* colle

dos peintres et celle des graveurs. La premire est \\ndessin excut librement par l'artiste avec In pointe, aulieu de rtro avec lecrayon. La seconde n'est qu'unebauche plus ou moins avance, destine a tre ensuitetermine avec le burin. Pour graver l'eau-forte, oucouvre d'abord la planche d'une coucho unie et mince

d'un vernis spcial ; on la noircit ensuite h la fume demanire pouvoir distinguer les traits que fera la

pointe ;on trace sur cet enduit, avec des pointes d'acier,le trait et, les ombres des objets qno l'on veut repr-senter. ( o travail termin, il no resta plus qu' ver-ser sur la planche un acide qui attaque le cuivro dansles pallies dcouvertes par los pointes et le creuse plusou moins profondment, selon qu'on prolonge plus ou

moins l'opration. Letemps consacr faire mordre uneplanche est plus ou moins long. Cette opration exigeparfois plusieurs jours, lorsqu'on veut obtenir des tons

gradus et des cll'cts varis. Les paysages principale-ment sont trs longs faire mordre.

Ce qui distingue la gravuro au burin de l'eau-forte,c'est que la premire donne des preuves qui sontexactement !a reproduction du travail de l'artiste: la


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L'ART DU DESSIN. 00

surface do la planche, essuye avec lo plus grand soin,transmet au papier l'encre dpose dans les tailles. Au

contraire, dans l'eau-forte l'imprimeur pout obtenir dos

colorations artificielles, en ossuyant plus ou moins et

par places les parties non mordues, et en retroussantau moyen d'un chitlbn l'encre qui roniplit les sillons.C'est co qu'on appelle, en termes du mtier, engraisserle travail. Or, ce procd est interdit au graveur en

taille-douce.La gravuro l'eau-forte s'excute sur cuivre ou suracier. Dans ce dernier genre-, qui est d'invention

anglaise, lo mtal et lo mordant seuls ditl'ercnt. Lemordant sur cuivre est do l'acide nitrique; lo mordantsur acier est un compos de diverses combinaisons ol'acide nitrique n'entre- qu'en partie restreinte. La

gravure- sur acier prsente l'avantage- do donner un

nombr'o d'preuves plus considrable que lagravuro surcuivre. De celle-ci on no tire pour les travaux dlicats

(juo 2,000 preuves tout au plus, tandis qu'uno planchosur acier peut fournir jusqu' -10,000 preuves. Tou-

tefois, on est parvenu, au moyen de la galvanoplastie, recouvrir les planches de cuivre graves l'eau-fortod'une trs lgro couche d'acier qui permet d'obtenirun tirage beaucoup plus lev. Les retouches au burins'excutent de la mme manire

quo pour la

gravurosur acier ; seulement l'acier oflro une plus grandersistance aux outils.

Nous avons vu que les graveurs pouvaient se servir

avantageusement do points tracs au burin ou la

pointe sche pour tablir une transition insensibleentre les tailles. Coprocd, auquel on donne lo nomdo pointill*) dato du xvit sicle. Il est a la gravure co


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70 I.'AKT IIU ItHSSIK.

que la miniature est la peinture. Les graveursanglais se sont distingus dans co genro, qui produitdes ouvrages fins et moelleux, niais mous, froids,ternes, monotones d'aspect, sans fraclieur et sans clat.La gravure en imitation du crayon emploie lo mmo

moyen que le pointill. Kilo a tinvento au xvin' si-clo par legraveur Franois et perfectionne parDemar-scau. 101lo consiste a imiter les hachures du crayon

avec une pointo divise en parties ingales et avecdos roulettes prsentant leur circonfr^ nco des

asprits ingales. On a fait aussi autrefois un poin-till imitant lo lavis.

L'imitation de lavis l'aide do la gravure est gn-ralement connue sous le nom iVar/itn-tinte. C'est uneeau-forto dont les procds sont trs varis et qui n

pour objet do produire mcaniquement un fond gron.

Aprs avoir trac lo trait, pn couvre de vernis les partiesdu cuivre qui doivent rester blanches, puis on lavo surla planche avec un pinceau et de l'eau-forte,comme onfait sur lo papier avec la spia. Selon quo l'acide est

plus ou moins fort, on a une teinte gale et d'un grainmat, plus ou moins fonc. Pour obtenir plus do vi-

gueur, aprs avoir nettoy la planche, on la .saupoudreavec do la rsino finement pulvrise, quo l'on y fixe

en la chaulVant. On recouvro de vernis au pinceaules parties qu'on veut rserver, et on verso dessusl'acide qui attaque les interstices entro les grains dersino : on obtient ut dpt granuleux encoro plusrgulier en tendant sur la planche, au lieu do la

saupoudrer, uno solution de rsine dans l'alcool con-centr. Au Heu do rsine, on peut so sorvir aussi d'as-

phalte, dojtoix do 15ourgogno,do colophane; enfin, pour


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I/AUT 1>U HKSSIN*. 71

obtenir un grain il'uno grande finesse, qui donne unton de lavis lger, on emploie un mordant spcialconnu sous le nom de mordant au soufre et qui sovend tout prpar dans lo commerce.

Il existo una autre manire do graver cultive par-ticulirement en Angleterre, et laquelle on donne lenom de )iii';;o-fnito ou de manire noire. Kilo a tinvente en 1*>11 par Louis Siegen, lieutenant nu

service du prince palatin ltuprccht. Le travail du gra-veur est ici l'inverso do celui qu'il excute dans lesautres gravures o il a pour but d'tablir les ombres.Dans la manire noire, son travail so rduit a produireles clairs en abattant et usant avec des grattoirs ou

dos brunissoirs legrain d'un euivro prpar do faon donner l'impression une teinte noir velout parfaite-ment unie. Onproduitco grain velout de la planche en

promenant, ou plutt en berant sur ello horizonta-lement, vcrtcaleinentet diagonalonient un outil d'acier

appel berceau, termin par un biseau circulaire armde petites dents. Cette triplo opration doit se rpterune vingtaine de fois. On a aujourd'hui une machine

pour faire ce travail.Les estampes au }ne:;o-tinto ressemblent un peu aux

dessins au lavis: aussi ce genro dogravure s'appliquc-

t-il avec avantage aux etl'ets denuit; il colore fortement,mais il manque do fermet, il est lourd. La manirenoire se rapproche do l'estompe ; la gravure au burindonne plutt l'ide d'un dessin la plumo.

Il no faut pas confondrole me::o-lln(o avec la gra-vure on camaeu, qui tiro son nom du mot came, pierrefine grave m relief et prsentant plusieurs couches

superposes et des teintes dill'rcntcs. Invcnto en


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72 L*AIIT DU DESSIN.

Allemagne, cette manire donna , ds l'origine, desrsultats tellement remarquables quo les preuvesobtenues par ce procd furent parfois vendues commedessins originaux des matres. Les premiers camaeuxsont dus Albert Durer et aux Flamands. Us sont

presque tous deux teintes seulement ; le dessin est

imprim en noir sur fond bistro, orang, ou verdatre.Trs perfectionn quant l'excution, ce systme a

'

permis do nos jours des imprimeurs anglais et franaisde faire des impressions imitant l'aquarelle et la pein-ture (i l'huile. Les plus beaux camaeux nous sontvenus d'Italie, et les artistes les plus remarquables ence genre furent Ugo du Carpi, Andra Andreani, Bol-drini X;ui;tti.

a Li gravure, dit M. Cocbin, diffre du dessin en ce

quo dans celui-ci on commence par prparer desombres

douces, pour frapper ousuito les touches

par-dessus, au lieu que dans lugravure on met les couchesd'abord, aprs quoi on les accompagne d'ombres, parcequ'on no rentre point les tailles sur le vernis, qui un pasassez do rsistance pour assurer la pointe et fairo qu'ellone sorte pas dj do traits faits. Lograveur, etpiinci-

palement lo graveur au burin, nosaurait, quoi qu'il en

soit, se passer do In ronnuissanco du dessin, qui est son

orthographe. Aussi n'avons-nous insist surco

sujet quepour vous pntrer une fois de plus do l'importance dol'art auquel on doit, endbutant, donner tous ses soins.Bien dossinor est aussi indispensable l'artiste graveurqu'au peintre. Non seulement le dessin est utile et indis-

pensable l'un et l'autre.; mais, suivant lo mot trs

juste d'un matre, c'est souvent lo dessin qui sauve tout.On en aura une preuvo manifesto en comparant une


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L ART PU DESSIN*. 73

gravure anglaise avec no gravuro franaise. Loi gra-veurs anglais ont un burin brillant j ils entendent bienl'cAet pittoresque ;mais ilssont moins bons dessinateurs

que les graveurs franais, et par suite leurs oeuvres,

quelque grands que soient leurs mrites, sont inf-rieures a colles do nos matres.

Jo no veux pas terminer cet entrotien sans toucher

rapidement l'histoiro des graveurs. Vous la trouvorez

longuement et magnifiquement expose dans dos ou-

ABTDU DKSPIS. 4

Portrait de iMorinn, reproduction d'une gravuro nuburin,


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74 I/ART nu DESSIN.

vrages qui font autorit. Mais je crois utile d'en diro ici

quelques mots. Je vous ai dj parl des origines dola gravure sur bois. Celles de la gravure sur mtal.ont lgendaires. Graver en creux sur mtaux taitun art connu des anciens, et sous ce rapport on peutaflirmer que tous les peuples et mmo les premiershommes ont grav. Ce Tubalcan dont parle la lible et

qui, suivant quelques .avants, est pout-tro le mme quele Vulcain des Grecs, tait non seulement un forgeron,

mais un graveur. Cependant, si l'on n'emploie le mot(jravur qu'au son3 plus spcialement adopt de nos

jours, c'est--dire pour dsigner la roproduction dosdessins par lo creux ou le relief, il no faut, pour la

gravuro sur mtal, pas remonter plus haut que lomilieu du xv" sicle. Les Allemands en revendiquent la

priorit pour leur compatriote Schoon, surnomm lebeau Martin, qui mourut on ILS(5 et tait orfvre. S33

ouvrage, parmi lesquels on cite surtout un Saint An-toine tourment!par lesdmons, sont d'une finesse admi-rable;. On croit toutefois que lo vrifablo inventeur dola gravure en creux fut lo nielleur florentin Maso

Finiguerra, et quo l'invention elle-mme fut duo auhasard.

La nielle consiste graver des dessins en creux surl'or et l'argent et faire entrer dans les tailles un allingo

mtallique noirtre appel en latin nif/ellum et en fran-ais nielle. On fixo la niollo en mettant l'alliage en

fusion. On la polit ensuite avec la pieo d'orfvrerie,et ello tranche sur le fond dor ou argent en dessins

d'un fini et d'une dlicatesse souvent remarquables.]0n M52,Finiguerra voulant, dit-on,juger do l'effet

d'une patne appele on orfvrerie nno paix, avant do


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L'ART DU DESStN. 75

la nieller,

en pritunoemprointo

en argile, puisa l'aidodo celle-ci une preuvo en soufre, dans les creux

duquel il coula du noir. Cotto pratiquo tait communeaux nielleurs ; mais Finiguorra dposa par hasard (etc'est on cela que consiste son invention, si elle est

authentique) le moulo on soufre sur un lingo blanc,d'autres disent sur un papier, qui conserva l'ompreinto.

Nielled'argent..

Etonn do cotte rvlation inattendue, lo graveurreproduisit son exprience dfinitivement avec plus do

soin, ot lo rsultat on serait lVpreuvo do la paix con-serve au cabinet do Paris.

Cettolgondepourraitn'troqu'apocrypho. Kilo sorap-proche on effet beaucoup docelloquo les Hollandais ont

imagine pour attribuer l'invention de l'imprmerio 11Laurent CWor de Haarlom: ayant dcoup, dit-on, lonotndosa iianciio sur unarbre, avec un couteau, ot voulantconserver cotto inscription, il enleva soigneusementl'corce ot l'enveloppa dans un morceau do papier ; enrentrant chez lui, il fut fort surpris de trouver sur l'en-

veloppe l'ompreinto du dcoupage. Del, aflirme-t-on,


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70 I/AHT DU DESSIN.

la dcouverte de l'imprimerie il n'y eut qu'un pas.Quoi qu'il en soit, l'art de la gravure en creux tait

trouv au milieu du xve sicle, et Finiguerraen fut undes matre3 le3 plus habiles avec ses contemporainsi'ollajuolo et Mantegna ; mais la grande poque de la

gravure no date que du triumvirat artistique de MarcAntonio Itaimondi, Albert Durer et Lucas de Leydo.

Albert Durer, n en 1471 et mort on 1528, fut un

artiste d'un immense talent et Tune des plus prodi-gieuses figures gniales des iemps modernes. Orfvre,graveur, peintre, architecte, mathmaticien, commeLonard do Vinci, il oxcelladanschacuno des brancheso il s'exera. Son influence sur l'art en gnral etsur l'art allemand en particulier fut immense.

Disciple, pour la gravure, do Wohlgemuht, il clipsatoussesdovanciers, et parmi ses successeurs ilenest peu

qui l'aient gal. Tels taient.son renom et sa suprioritque ltaplml ornait son cabinet des estampes qu'illui envoyait. Los gravures de Durer sont surtout re-

marquables pour la finosso et h; nettet du burin, maiselles ont les dfauts caractristiques do son pays et doson poque : la sehorosso et la raideur. On a do lui104 pices, parmi lesquelles il faut citer en premireligne le Saint Hubert lachasse, \QCheval dela Mort, la

Mlancolie et le Saint Jrme.Marc Antonio Itaimondi est plutt un imitateur doDurer qu'un crateur. 11 grava les oeuvres do llaphal,SOUBla direction do ce matre. Son burin est sec, maisson dessin est habile.

Lucas do Leydo surpassa Durer dans la composition.Ainsi furent fondes les trois grandes coles de l'Al-

lemagne, do l'Italie, des Pays-Bas.


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L'ART DU DESSIN. 77

Duror oui pour continuateurs dans son pays Lucas

Cranacli, son contemporain, qui grava plus particuli-rement sur bois ;puis los graveurs on petit, comme Alt-

dorfer, connus sous le nom dopetits matres, puis llol-bein, dont tout le mondo connat la Danse de la Mort,qui fut tire, croit-on, 100,000 exemplaires ; puisHans Sebakl Behem, los do Bry pre et fils, Sclioen,Siogen, Unger, Muller.

L'colo hollandaiso joint aux qualits do sentimentdo sa rivalo allomando la sincrit, Tnorgio ot los re-cherches do coloris. Aprs Lucas do Leydo, qui a faitune vingtaine do gravures sur bois et dontl'oeuvro estconsidrablecommo gravuro surcuivro, viennent GolUet Goltzius, ce dornior remarquable par ses taillos nour-ries. Hubons, le matro do la peinluro, donno la gra-vuro flamande et hollandaise une puissante impulsionon rassemblant autour do lui et on dirigeant los plus ha-

biles graveurs ; AVostermann, Bolswert ot Pondus re-

produisent ses oeuvres avec uno grando habilet* Auxvii 0 sicloapparatltombrandl, lo matro del gravurol'eau-forte, dont les oeuvres se rechorchentotso paientoncoro aujourd'hui au poids do l'or. Wischor allio ad-mirablement lo burin et la pointo. Bdelinck, un des

plusgrands noms do l'art do la gravuro, no se sort quo du

burin, et produit des chefs-d'oeuvre merveilleux, commolo Christ aux Anges, la Madeleine, lo Combat des quatrecavaliers, ot surtout la Sainte Famille.

Fm Italie, l'colo de Marc Antoino dovint clbra*Sos lves les plus habiles furent Augustin do Venise,Murcdo Itavonnect Jules Bonasono, Aprs eux vin-rent les Ghizi, les Hollandais Bloomaortot Cort, tablisl'un ot l'autre Rome ; Aug. Currache, Yillamno


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78 L'ABT DU DKSS1N.

Capollan, Bartolo/zi et Volpato, son lvo, qui fonda, la fin du dix-huitime sicle, la grande cole romainedo gravure. iVousno pouvons oublier le gondrodo Vol-

pato, Kaphal Morghcn, dont le burin suavo et har-monieux produisit 251 pices. Signalons encore, prin-cipalement dans la gravure i'eau-forte, le Parmesan,

loTintoret, lesC'arrachc, Salvator Jtosa et les l'iranosi,

dont la collection comprend 1,733 planches do trs

grandformat.Au xviic sicle, la gravure, dlaisse en Hollande,

presque abandonne en Allemagne, acquiert uno

supriorit lors ligne en Franco, o elle no s'tait

dveloppe quo lentement. Lo premier do nos matres

graveurs fut Callot,donti'aMivro contient 1,000 pices :il s'exera .surtout aux petits sujets, o nul no le

.surpassa sous le

rapport do

l'esprit et le la fermet

du trait. Qui no connat ses Foires, ses J/iVm de la

ytterre, ses Gueux, scs\tSiipjdia's'f Callot eut pour lves

Jiosso, Hurot, Isral Sylvostto, Sbastien Lcclere. AuXVIIesicle, nous trouvons aussi les l'oillyet les Audrtin,

Dorigny, dont on estimo surtout la Traiit/ujuratioiiot la Descente de Croie. Trois graveurs franais sorendent clbres dans lo portrait :Nanteuil, Massonet Drovet. Aprs eux lo got s'altre, et au xviii

0 si-

cle iln'y a plus quo Moreau lojeune, Cochin et Lobas,qui rappellent chez nous les grandes traditions.

Kn Angleterre la gravure ne prit d'essor qu'asseztard, ot encoro lui fallut-il l'impulsion do nos matres,comme Dorigny. Les Anglais ont toutefois pratiqu,nous l'avons dj dit, avec un grand succs la manirenoire et lo pointill. Dans cogoure excellent Jlogarthlocaricaturiste, Vivars lopaysagiste. Les autres matres


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L'ART DU DESSIN*. 71)

do la gravure anglaises sont Strange, ityland, Woollett, qui l'on doit la Mort ituyi-al Wolfc et lo Combat \icla Hoijuc.

La gravuro somblo depuis peu d'annes reprendrofaveur. J)es matres et des critiques d'un grand talent,on Franco et en Angleterre, so sont attachs a fairerenatre cet art que le procd avait, sinon emp-

ch dans son dveloppement, au moins rduit l'obli-gation du rivaliser avec tous les moyens mcaniques.Des publications spciales do grand prix ont t dites

par des hommes courageux, qui n'ont pas pargn lessacrifices pour lutter contre l'invasion des applicationsdo la photographie et de la photogravure. Des exposi-tions sesont organises et so multiplient chaque jour.La croisade do l'art contre l'industrie gagne d'anne euanne des

proslytos plus nombreux et plus fervents.Tout fait esprer que l'art do la gravuro entre dans unonouvelle priodod'clat.ttuive/.dono te mouvementaveointrt ;les indications quo nous venons do vous donner

vous;/ porteront pout-tro ot elles voussorvirontdo pro-mireinitiation.iSiolIesontco rsultat, nous n'a tirons pus regretter do vous avoir engag continuer la lecturedo notre petit volume.

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V

L1-;DKSSIX ET LA PKINTUHIA LIIU1LK.

Assurment la gravure- sur bois eu sur mtal oll'ro,vous venez de l'apprendre, des diflicults do nature etlYavor un commenant qui no possde que de

bons principes

do dessin. Pourtant il n'est pas impossi-ble, mme dans ces modestes conditions de dbut, d'y

russir. J'en ai vu faire l'exprience par de jeunesamateurs peu experts au maniement du burin, de l'eau-forte et de l'choppe. Au bout d'un mois de pra-tique, leurs ('preuves pouvaient fort convenablement

prendre place dans un carton ou dans un album.Les mmes rsultats s'obtiennent, mme plus faci-

lement, dans ia peinture l'huile. Lo tout est de savoir

borner son ambition et do ne pris prtendre s'levertrop haut du premier coup d'aile.

Interrogez un artiste qui n'c.st point jaloux de sontalent au point de vouloir fermer la porte du templele l'art au profane lorsqu'il s'adresse lui et veut avoir\u\ avis.simplement et consciencieusement donn. De-mandez-lui s'il vous est possible, quand vous saurez des-

siner, d'arriver peindre eu peu de temps, .-ans faire,comme on dit, do la peinture une carrire. Presque


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8i L'ART DU DESSIN.

toujours il vous rpondra, comme nous lo faisons ici,d'une manire affirmative. Seulement il ajoutera :bornez-vous a faire du paysage.

La raison en est simple En pointure, comme en

dessin, les inojens matriels, couleur, brosses, pin-ceaux, palettes, toile, chevalets, doivent tre, aussibien quo lo crayon, lo fusain, la plume, l'encre et lo

papier, des serviteurs do la pense et de la rflexion.Dans l'un comme dans l'autre cas, il faut exercerd'abord trois choses : la vue, la main, la raison, etcelle-ci plus constamment eucoro que les autres. Or,qui sait dessiner lo paysage arrive assez aisment le peindre ds qu'ilconnaiteomment ontriture la couleurot comment on fait manoeuvrer les divers instruments

employs pour la distribuer. C'est ce quo l'on nomme

l'tude du mtier, et, avec de la mthode, on en vientplus facilement bout qu'on ne le pense gnralement.Si donc vous voulez peindre l'huile sans avoir

appris lo dessin, donnez d'abord a cot alphabet et acetto orthographe, comme nous les avons dj nom-

ms, un temps suffisant pour acqurir le tour denain. Prenez, par oxemple, vingt, trento modles

gradus de paysages, ot appliquez-vous ales reproduireau

crayon et de

prfrence au

fusain, qui est lo roi

des crayons, et occupe, depuis quo des artistes do

grand talent en font un usage almirable, la placoprpondrante parmi les moyens do traduction.

ic Lo fusain, dit M. Cassagne, so prte mieux

qu'aucun autro instrument la manipulation largoet facile par la varit do sa coloration, tanttdoueo et vaporeuse, tantt puissante et nergique.Avec

lui, pas de

mesquins dtails ril

reprsente la


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L'P.T DU DESSIN. Si

nature dans son ensemble, il montro los chosos commeelles sont dans la nature, c'est--dire se tenant, somlant et no formant qu'un tout. La volont du matre

qui tient entre ses mains co faible morceau do charbon,peut lui ordonuer d'exprimer la force, la douceur,toutes les motions enfin qui l'agitent. Esclave docile,il

oxprimo tout ce

que veut

l'artiste, et subit

toujoursl'influence do son temprament. Ces tudes prliminaires acheves sous la direction

d'un bon guide (et vous n'en pouvez avoir do meilleurs

quo MM. Allong, Karl Robert ou Cassagno), accou-tumez-vous pendant quelques sances a obsorvor la

porspectivo des objets, c'est--diro reproduiro sur lo

papier par lo dessin les diffrents

Documents

L'art du dessin