Illustration à travers le contexte de Casablanca

L’assainissement liquide et pluvial : d’une conception sectorielle à une approche systémique

par

Claude de Miras

Directeur de recherche émérite

I.R.D.

CHAIRE PARISTECH-SUEZ « Eau pour tous »

L’ASSAINISSEMENT ET SES ENJEUX.

Paris 18/11/2016

Casablanca

Carte officielle du Maroc (y compris les Provinces du Sud)

Maroc Surface : 446.550 km2Population : 33.655.786 ( 2016 est.)

Population urbaine : 60.2% (2015)avec 2.26% annuel (2010-15 est.)

Casablanca capitale économique 3,6 millions d’habitants

Accès amélioré à l’eau potable : urbain: 98.7% populationrural: 65.3% populationAccès amélioré à l’assainissementurbain: 84.1% populationrural: 65.5% population

PIB par tête 2015 : PPP 8.200 USD

Source : Projet de renforcement des capacités sur l’utilisation sans danger des eaux usées en agriculture. Rapport National Maroc Déc. 2011

Production d'eau usées

(millions de m3)

Taux de

raccordement Taux d'épuration

1960 48

2005 600 70% 6%

2010 700 15% (est)

2020 800 80% 25% (est)

2030 900 (*) 90%

(*) dont un tiers serait épuré et réutilisé

Assainissement liquide : Rappel Politique Publique : le Plan National d’Assa inissement

Programme National d’Assainissement Liquideet Epuration des Eaux Usées (PNA).

Lancement : 2005

Coûts : 50 milliards DH jusqu’en 2020

Ressources : 30% Etat + 70% Opérateurs (y compris concessions)

Le contexte du service en assainissement liquide et pluvial à Casablanca

L’exemple casablancais montrera que, si le secteurde l’assainissement est techniquement spécifique,sa problématique est largement systémique.

Par son empreinte foncière, financière,environnementale, et par son encastrementterritorial, il est un marqueur particulièrementpertinent pour comprendre les conditions defabrication institutionnelle, économique et socio-spatiale des villes et de leurs réseaux structurants.

Casablanca est une ville de contrastes socio-économiques :des couches urbaines aisées cohabitent avec des poches de pauvreté.

Grand Casablanca :

Taux annuel moyen de croissance. Surface urbanisée = 2,79%.Population urbaine = 1,5%

Croissance de la surface totale urbanisée =environ 2 fois deux fois rapide que le croîtdémographique de la population urbaine.

Tache urbaine étalée et peu dense à sa périphérie= conséquences importantes sur la longueur desréseaux et leur coût d’investissement etd’exploitation.

� +88%

� +69%

� -1%

Evolution et répartition différentielles des besoins en EPA à l’horizon 2030 dans la périmètre du Grand Casablanca

Océan Atlantique

Sources : Rapport annuel de la gestion déléguée. Annexe 14 2011. p. 9

Volume de rétention = près de 1 million de m3. Superficie = près de 30 hectares

Sources : Rapport annuel de la gestion déléguée. Annexe 14 2011. p. 11 & 13

INVESTISSEMENTS

14/11/2016

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Assainissement : Investissements et financements 2009-2011Casablanca LYDEC

LA STRATEGIE DES SCHEMAS DIRECTEURS

Dont l’assainissement

1° Structurer et renforcer le réseau dans les zones déjà urbanisées:Résoudre des problèmes de débordement

2° Lutter contre la pollution des côtes et des milieux récepteurs

CritèresContractuels

RéseauDimensionnement pour une pluie de période de retour décennale

Bassins d’OrageDimensionnement pour une pluie de retour vingtennale

Exemples de projet en cours de réalisation:

Système Antipollution Est, STEP de Médiouna

3° Étendre le réseau des nouvelles zones urbaines avec la nécessité de maîtriserles débits d’eaux pluviales à 1 l/ha/s pour les zones d’extension.

2030

Nouvelles infrastructures nécessaires à l’horizon 2030

En quelques chiffres…

397 km de réseau d’infrastructures structurants

69 Bassins d’orage soit 5,2 Millions m3

73 Stations de pompage

4 STEP soit 590 000 Eqh

1 Station de prétraitement, 1 émissaire

213 ha à acquérir14/11/2016 17

14/11/2016 18

STEP de Médiouna (40 000 EqHab)

Assainissement de Dar Bouazza EU + EP

In site

Diamètre variant de DN300 à DN1400 + Stations de pompages

Transfert Dar Bouazza : Diamètre variant de DN300 à DN800 + stations de pompage

Assainissement de la Zone d’extension 1900 ha:Galerie LM (2° tranche)

Projet Anti-Pollution du Collecteur Est :

Casa-port 6,5 km de DN 2 300

Mohammedia- 5,9 km de DN 1600 et 1800

CentralAcquisition des terrain

Renforcement du Collecteur Al Qods : Diamètre variant entre DN 2000/3000

Pompage des EU de la zone d’extension de Lahraouiyne

Stations de pompage EU SP2 SP3

Assainissement

PROPOSITION DE BUDGET PREVISIONNEL D’INVESTISSEMENTS (PAI) 2012

SYSTEME ANTI POLLUTION EST (SAP)

(1) Source : l’Economiste du 1er mars 2013

Objectifs: Protéger la population et les plages du secteur Est de Casablanca de la pollution liquide due aux rejets d’eaux usées brutes (secteur Ouest El Hank déjà traité).Description: Interception de 9 rejets directs en mer d’eaux usées (2,5 millions habitants) avec un prétraitement et un déversement au large de la mer à travers un émissaire marin de 2 Km. Investissement: 1,453 MDH HT

SUPER COLLECTEUR OUEST (SCO)

Présentation du Projet

Situation Hay Hassani

Description

- Aménagement de l’oued Bouskoura en amont de la RP8

(Route d’El Jadida)

- Dérivation de l’oued Bouskoura depuis la RP8 jusqu’à l’océan

Objectifs

- Protéger la zone urbaine de Casablanca contre les crues de

l’oued Bouskoura (100 m3/s – Débit centennal)

- Fournir un exutoire au à une partie du réseau d’eaux pluviales

projeté pour la desserte des zones d’extension Ouest de Hay

Hassani (44 m3/s – Débit décennal)

Consistance

• En amont de la RP8, aménagement du lit de l’oued: réalisation

d’un canal en béton de 2 740 ml et de divers ouvrages

particuliers

• Au niveau de la RP8, ouvrage d’entrée dans le SCO:

- Canal de décantation

- Dispositif de rétention des flottants

- Ouvrage de chute vers le SCO

• En aval de la RP8, réalisation du SCO:

- 5 260 ml de galerie DN5000

- 930 ml réalisés en tranchée avec un dalot de 5 m x 5 m puis

4 dalots parallèles de 2,25 m de hauteur et 3,4 m de largeur

- Rejet en mer entre Morroco Mall et Sidi Abderhamane

Investissement Global

(1)855 millions de dirhams (y compris TVA)

Particularités du projet

• Vitesses d’écoulement élevées (jusqu’à 8 m/s)

• Tronçon de 5,26 km, à réaliser en galerie (a priori à l’aide d’un tunnelier) sous des zones bâties

• Tronçon aval de très grande dimension (dalots d’une largeur totale de près de 14 m), à réaliser

en tranchée au niveau de la zone d’accès au Morroco Mall

SCOTronçon à réaliser en tranchée

SCOTronçon à réaliser en galerie

Oued BouskouraCanal béton

(1) Source : l’Economiste du 1er mars 2013

Structure du financement du Super Collecteur Ouest

Millions de DH %

Ministère de l'Intérieur 150 17,54

Conseil de la Région du Grand Casablanca/Fonds de Travaux 150 17,54

Communauté Urbaine de Casablanca/Fonds de Travaux 150 17,54

Etat 120 14,04

Fonds spécial de lutte contre les catastrophes naturelles 120 14,04

Office Chérifien des Phosphates 80 9,36

Ministère de l'Energie 75 8,77

Agence de bassin hydraulique 10 1,17

TOTAL 855 100,00

14/11/2016 22

REPONDRE AUX ENJEUX URBANISTIQUES

Projets urbains éclatés sur le périmètre urbain du Grand Casablanca

> 5000 Ha de projets ayant faits une demande raccordement (depuis 2 ans) dont plus de 800 ha en dehors du périmètre du SDAU

REPONDRE AUX ENJEUX URBANISTIQUES

2323

DIFFICULTES

Plus la ville s’étend, plus le mitage urbain prend une part importante, plus les infrastructures deviennent coûteuses

Augmentation des coûts

Augmentation des délais

Blocage possible du projet

� multiplication des solutions provisoires

� Manque de visibilité sur la montée en charge des

projets: difficulté d’anticipation

� Blocage des aménagements dus à des problèmes

exogènes: ouverture de voie, foncier

14/11/2016 24

CONTRAINTES URBANISTIQUES

2424

Exemple: Cas de Hay Hassani

� Mitage urbain

� Non regroupement des aménageurs

� Manque de visibilité sur la montée en charge

des projets

� Absence d’ouverture des voies

� Difficulté récurrente d’acquisition du foncier

(implantation réservoir de sécurisation de

l’alimentation de la zone).

LES ADAPTATIONS POSSIBLES PROPOSÉES PAR L’OPÉRATEUR

2525

� Duplication des solutions provisoires

� Manque de visibilité sur la montée en charge des

projets: difficulté d’anticipation

� Blocage des aménagements dus à des problèmes

exogènes: ouverture de voie, foncier

Mutualisation dans le cadre d’un groupement

Communication pour plusd’anticipation

Concertation pour uneplanification efficace et séquencée

Travail en collaboration étroite entre l’AUC, la FNPI et la LYDECA

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Historiquement, et partout, le secteur de l’assainissement s’inscrit dansun processus progressif d’accès aux services territoriaux.

D’abord essentiellement ingénierie technique strictement liée au fluide(topographie, déversoir, évacuation), ce service est entré aujourd’huidans une problématique systémique, les données techniques étantlargement maitrisées.

En revanche, dans les contextes émergents, la qualité de lagouvernance multi-acteurs et la capacité à mobiliser des ressourcesfinancières longues sont devenues aujourd’hui des contraintesstratégiques en interaction forte : les métadonnées politiques,institutionnelles, sociétales deviennent essentielles à la compréhensiondes contraintes qui pèsent sur l’offre de services et la déterminent.

Des variables transverses obligent à dépasser le cloisonnement en« métier » et l’optique technique qu’il privilégie. Si elle reste nécessaire,elle n’est plus du tout suffisante.

La distribution d’eau potable, l’assainissement liquide et l’évacuationdu pluvial sont imbriquées, encastrées et déterminées par le maillagedes contraintes suivantes :

� Niveau de volonté politique et de portage institutionneldéterminant.� Mode de financement des services territoriaux en relation avec lemodèle économique des équipements urbains structurants.� Niveau de maitrise foncière.� Programmation urbanistique de moyen terme à la fois ajustablemais opposable au tiers, fondement des Schémas Directeurs.� Participation des populations visées. Redevabilité.� Qualité de la gouvernance multi-acteurs par maitrise dessynergies = impact sur les coûts de transaction et négociation.