SERGE C O M E A U

L ' A S S E M B L É E C H R É T I E N N E D O M I N I C A L E Lieu de catéchèse et de liturgie

Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l 'Université Laval

dans le cadre du programme de doctorat en théologie pratique pour l 'obtention du grade de docteur en théologie pratique (D. Th. P.)

FACULTÉ DE THÉOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2008

Serge Comeau, 2008

Résumé

Depuis 1993, le programme de catéchèse pour les enfants du diocèse de Bathurst au

Nouveau-Brunswick est assumé entièrement par les communautés chrétiennes. Ce passage

de l 'école à la paroisse a permis aux communautés de prendre leur place dans la mission

catéchétique. Ce passage a suscité beaucoup d'espoirs quant à la participation des enfants à

la vie liturgique. Or, bien que la majorité des enfants soient inscrits au programme de

catéchèse, l'intérêt des familles pour la catéchèse n'est pas suivi d 'une participation à la vie

liturgique de la communauté. Ce constat nous invite à chercher des moyens et des lieux

pour articuler la liturgie au programme de catéchèse des enfants à l 'intérieur du programme

de catéchèse du diocèse de Bathurst. À partir de la théorisation ancrée, cette thèse présente

l 'assemblée chrétienne dominicale comme lieu de catéchèse et de liturgie. Dans l 'histoire

de l 'Église primitive (du qâhâl à Vecclésia) jusque dans l 'histoire de l 'Église acadienne

(des «messes blanches » aux messes dominicales dans chaque paroisse), le rassemblement

dominical a toujours constitué un élément structurant de l 'identité chrétienne. La discussion

présente un projet diocésain de catéchèse qui s'appuie sur l 'assemblée chrétienne

dominicale. En retrouvant ses valeurs catéchétique, éthique et liturgique, l 'assemblée

chrétienne dominicale peut être un lieu de formation chrétienne intégrale.

Abstract

Since 1993, the catechesis ' program for children in the Roman Catholic Diocèse of

Bathurst, New-Brunswick, is under the responsibility of Christian communities. This move

from school to parish brought new tasks and goals for catechesis in the local Church: the

communities are discovering their rôle in Christian initiation, as well as the difficulties to

involve young families in the liturgical life of the parish. Even though the majority of

children are enrolled in the catechesis program, few are attending Sunday Eucharistie

célébration with the broader Christian community. This reality raised the research question

of the présent thesis: how to articulate catechesis and liturgy in Christian initiation for

children in the diocèse of Bathurst? This research, using grounded theory approach,

présents the Sunday Christian Assembly as a médium for catechesis and liturgy in Christian

initiation with children. Looking the Christian Assembly in the history of universal

Catholic Church (from qâhâl to ecclésia), as well as in the history of religion in Acadia

(from "White mass" to "Sunday mass"), Sunday célébration has always been a keynote in

Christian identity. Discussion of the thesis présents a new diocesan project of catechesis

based on Sunday Christian Assembly. An Assembly, based on an intégration of catechesis,

ethic and liturgy, represent a place of formation for an intégral Christian éducation for

children.

Avant-Propos

Je voudrais remercier ceux et celles qui m'ont permis de réaliser cette recherche. Il y a

d 'abord l 'Église de Bathurst dans la province civile du Nouveau-Brunswick au Canada.

Depuis les débuts de mon cheminement vers l 'obtention du doctorat en théologie pratique,

l 'évêque du diocèse, Monseigneur Valéry Vienneau, m'a donné les conditions nécessaires

pour que j e puisse mener à terme ce projet de thèse. Qu'i l soit remercié pour ce geste de

confiance à mon égard.

Je voudrais aussi remercier tous ceux et celles qui œuvrent en catéchèse dans l 'unité

pastorale Saint-Jean-Eudes de Caraquet et qui m'ont aidé pour la recherche : les

coordonnatrices de la catéchèse paroissiales, les catéchètes, les parents et les enfants. Il y a

aussi les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame qui oeuvrent à Caraquet depuis

1874. Cette année, elles quittent le milieu après avoir été une présence engageante dans la

Péninsule Acadienne. Avec elles, j ' a i appris la beauté et la joie de la catéchèse. En leur

dédiant cette recherche, je veux leur exprimer ma gratitude.

Il y a aussi l 'Église de Québec, qui veille à ma formation pastorale et académique depuis le

début de mon cheminement presbytéral, que je tiens à remercier. Mon directeur de thèse,

Monsieur Gilles Routhier, est à la fois prêtre du diocèse de Québec et professeur titulaire à

l 'Université Laval. En lui exprimant ma gratitude, c'est le diocèse de Québec et

l 'Université Laval que je reconnais comme des intervenants importants dans ma formation.

Je suis fier et heureux de déposer cette thèse en cette année 2008 qui est une année de

commémorations et de célébrations pour la francophonie et l 'Église canadienne. En plus

des célébrations entourant le 400 e anniversaire de fondation de la ville de Québec, berceau

de l'évangélisation en Amérique du Nord, l 'Église en Amérique souligne des événements

jubilaires entourant la vie et l 'œuvre du bienheureux François-de-Laval : le 350 e

anniversaire de son ordination épiscopale (8 décembre 1658 à Saint-Germain-des-Prés), de

même que le 300 e anniversaire de son décès (6 mai 1708 à Québec). Voilà autant de raisons

de se réjouir d 'un passé glorieux qui est garant d 'un avenir prometteur.

« Les disciples persévéraient dans renseignement des apôtres et la solidarité, dans la fraction du pain et les prières. Ils

avaient la faveur de tout le peuple. » (Ac 2, 42.47)

« J'aimais découvrir, chaque samedi matin, les visages barbouillés de sommeil des

enfants auxquels j'enseignais le catéchisme. Deux ans de suite, je leur ai raconté des

histoires des Évangiles. Je leur faisais ensuite recopier une parole du Christ dans

un cahier, et c'était aussi beau que d'inviter une petite assemblée de rouges-gorges à

écrire une phrase parlant du soleil. » 1

1 Christian Bobin, Ressusciter (France : Gallimard, 2001), 124.

Table des matières

R É S U M É I

A B S T R A C T I I

A V A N T - P R O P O S II I

T A B L E D E S M A T I È R E S V

L I S T E D E S A B R É V I A T I O N S X I I I

I N T R O D U C T I O N : L A C A T É C H È S E D A N S L A M I S S I O N D E L ' É G L I S E 1

La catéchèse au diocèse de Bathurst 2

Première évaluation de la catéchèse dans le diocèse de Bathurst 4

Situation du chercheur de la présente recherche 7

Une pratique catéchétique qui interroge 8

Une recherche qui part de la praxis pour y retourner 9

Inscription de la présente recherche dans le domaine de la théologie pratique 10

L'interdisciplinarité en théologie pratique 14

Les étapes du parcours 18

P R E M I È R E P A R T I E 2 2

L A C A T É C H È S E E T L A L I T U R G I E E N Q U Ê T E D E R É C O N C I L I A T I O N 2 2

L'acte fondateur du Célébrer 24

L'acte fondateur du Proclamer 26

C H A P I T R E 1 : L E S L I E N S E N T R E L I T U R G I E E T C A T É C H È S E : H I S T O I R E D ' É L O I G N E M E N T S E T T E N T A T I V E S D ' A R T I C U L A T I O N S 3 1

1. Liturgie et catéchèse au temps des apôtres et des Pères de l'Église 32 L I A différentes fonctions, différents ministères! 34 1.2 Le catéchuménat antique, modèle d'articulation entre catéchèse et liturgie 35 1.3 Les « Grandes Catéchèses » des Pères de l 'Église 37

2. En période de chrétienté, la vie sociale articule catéchèse et liturgie 39 2.1 A l 'époque carolingienne 40 2.2 Au Moyen Âge 41

3. Réforme protestante et Contre-réforme catholique 44 3.1 Autour du concile de Trente 45 3.2 L'élan réformateur de l 'école française de spiritualité 49 3.3 Au siècle des Lumières 53

C H A P I T R E 2 : L A L I T U R G I E E T L A C A T É C H È S E A U X X E S I È C L E : H I S T O I R E D E D E U X M O U V E M E N T S Q U I S ' I N T E R P E L L E N T 5 9

1. L a catéchèse à la r eche rche d ' u n supp lément d ' â m e 63 1.1 Une catéchèse qui s'inspire de la liturgie 64 1.2 Le mouvement catéchétique au Canada-français 65

2. Un mouvement nécessaire pour la liturgie 67 2.1 La diffusion du mouvement liturgique au Canada-français 69

3. Liturgie et catéchèse au Concile Vatican II 70 3.1 Sacrosanctum Concilium 71 3.2 La catéchèse au Concile 73 3.3 Thèmes communs à la liturgie et à la catéchèse au Concile 75

4. Évaluation de l'articulation catéchèse-liturgie au lendemain du Concile dans le programme Viens vers le Père 79

4.1 La professionnalisation de la catéchèse 80 4.2 Le programme d'initiation chrétienne Viens vers le Père de 1969, un exemple-type de la distanciation entre catéchèse et liturgie 82 4.3 Au cours des années 1980 96

C H A P I T R E 3 : L E S R A P P O R T S E N T R E C A T É C H È S E E T L I T U R G I E D A N S L ' A C A D I E D U N O U V E A U - B R U N S W I C K 9 9

1. De la fondation de Port-Royal à la déportation (1604-1755) 101 1.1 Catéchèse et liturgie dans l 'évangélisation des Amérindiens 102 1.2 Au moment de la déportation 103

2. Pendant la pérégrination et au moment du retour 104 2.1 La catéchèse sacrifiée à cause du manque de prêtres 105 2.1 Les « messes blanches » en Acadie 107

3. La renaissance acadienne et Vacadianisation des structures ecclésiastiques 108 3.1 La lutte pour un épiscopat acadien 109 3.2 « L'affaire Louis-Mailloux » 110 3.3 La catéchèse pendant les heures « non-structurées » 113 3.4 Autres médiums pour l 'éducation chrétienne 114

4. Le renouveau catéchétique en Acadie 115

5. Passage de l'école à la paroisse 117 5.1 La préparation aux sacrements d'initiation en paroisse 117 5.2 La catéchèse dans son intégralité à la paroisse 118 5.3 Les premières difficultés 120

6. Programme actuel de catéchèse au diocèse de Bathurst 122 6.1 Les moyens privilégiés 122 6.2 Le contenu de la catéchèse familiale et paroissiale 124

7. Chances et défis du programme actuel 125 7.1 Une catéchèse pour un temps de chrétienté 126 7.2 La liturgie absente du programme de catéchèse 127

C H A P I T R E 4 : L E S F O N D E M E N T S D ' U N E A R T I C U L A T I O N 1 3 0

1. L'enracinement biblique 131

2. Le lien ontologique entre catéchèse et liturgie 135

3. La catéchèse et la liturgie visent la rencontre avec Dieu 138

4. La liturgie et la catéchèse éduquent la foi 140

5. Liturgie et catéchèse aident au développement intégral de la foi chrétienne 142

6. Pour une maturité de la foi 144

7. La liturgie dévoile le mystère de l'Église 146

8. La catéchèse biblique tend vers la liturgie 147

D E U X I È M E P A R T I E 1 5 1

M É T H O D E D E R E C H E R C H E E T A N A L Y S E D E S D O N N É E S 1 5 1

La nécessité d'un troisième terme pour résoudre l' impasse 151

La méthode de recherche à la lumière du Voir-Juger-Agir 153

C H A P I T R E 5 : L A T H É O R I S A T I O N A N C R É E P O U R F A I R E S U R G I R L ' E X P É R I E N C E E T R E P É R E R L E S L I E U X D ' A R T I C U L A T I O N 1 5 5

1. Présentation de la méthode 156 1.1 Fondements philosophiques, théoriques et épistémologiques 157 1.2 Objectifs poursuivis par la méthode de théorisation ancrée 158

2. Pertinence de la théorisation ancrée pour la présente recherche 159

3. Les étapes de la recherche en théorisation ancrée 161 3.1 Collecte des données 161 3.2 Échantillonnage 162 3.3 Analyse des données 163 3.4 Codification ouverte 164 3.5 Codification axiale 164 3.6 Codification sélective 164 3.7 Écriture de la théorie 166 3.8 Considérations éthiques 167

4. Opérationnalisation de la recherche 167 4.1 Recrutement des participants 168 4.2 Caractéristiques des participants 169 4.3 Cueillette des données 171 4.4 Observations sur le terrain 172 4.5 Théorisation 176

C H A P I T R E 6 : R É S U L T A T S D E L ' A N A L Y S E D E S D O N N É E S 1 7 7

1. Programme satisfaisant, mais qui pourrait être amélioré 177 1.1 Flexibilité et adaptabilité du programme 179 1.2 Programme satisfaisant pour les parents 180 1.3 Difficultés du programme pour les enfants 181 1.4 Satisfaction des catéchètes 183 1.5 Temps et lieu de la catéchèse 184

2. L'articulation nécessaire entre catéchèse et liturgie 186 2.1 Manque de liens entre catéchèse et liturgie 186 2.2 Solidarités entre les acteurs 187 2.3 Liens souhaités entre catéchèse et liturgie 188

3. Liens souhaités entre les intervenants 189 3.1 Implication des parents 190 3.2 Autres intervenants 191

4. La liturgie comme lieu de formation et de vie chrétienne 193 4.1 Participation active 193 4.2 Éléments pour une liturgie qui catéchise 194 4.3 Logistique catéchétique à revoir pour intégrer la liturgie 195 4.4 Rôle de l 'Esprit-Saint 196

5. Valorisation d'un cadre spatial et temporel en lien avec la communauté 197 5.1 Cadre temporel et spatial à revoir 197 5.2 La communauté à privilégier 199

6. Théorisation suggérée par les résultats 200 6.1 L'assemblée chrétienne dominicale, concept intégrateur 201 6.2 Une métaphore : un rassemblement familial 205

T R O I S I È M E P A R T I E 2 0 7

L ' A S S E M B L É E , L I E U D E F O R M A T I O N À L A V I E C H R É T I E N N E 2 0 7

La corrélation comme courant théorique privilégié 208

Le modèle corrélationnel de Dumas : faire ressortir l'intensité de l'expérience humaine 209

Le modèle corrélationnel de Browning : un exemple d'interdisciplinarité 210

Le modèle corrélationnel de Donzé : de l'expérience aux expériences historiques 212

La corrélation de l'assemblée avec les sciences humaines 213

C H A P I T R E 7 : L ' A S S E M B L É E C H R É T I E N N E D O M I N I C A L E D A N S L ' H I S T O I R E D E L ' É G L I S E D E S O R I G I N E S À N O S J O U R S 2 1 5

1. L'assemblée dans l'histoire ancienne: du qâhâl Yahweh à Yecclésia 216 1.1 Le qâhâl Yahweh de l 'Ancien Testament 216 1.2 Uecclésia à l 'âge apostolique 218 1.3 Uecclésia à l 'époque patristique 224 1.4 Théologie de Yecclésia à l 'époque patristique 228

2. Uecclésia au Moyen Âge 234

3. Uecclésia suite au Concile de Trente 237

4. Uecclésia au X X e siècle 239 4.1 Aux origines de la redécouverte de l 'assemblée : le mouvement liturgique 239 4.2 Théologie de Yecclésia selon Martimort 241 4.3 Théologie de l 'assemblée dans Sacrosanctum Concilium 247 4.4 Le dimanche à l 'ère de l'industrialisation 251

5. L'assemblée chrétienne comme médiation symbolique 253 5.1 L'assemblée chrétienne à la lumière du symbolisme 255 5.2 La symbolique : le symbole comme condensation 255 5.3 Le symbolique : le symbole comme signe de reconnaissance 256 5.4 Le langage, « symbole, opérateur d'alliance par excellence » 257 5.5 L'ordre symbolique 259 5.6 L'assemblée, symbole comme condensation (la symbolique) 259 5.7 L'assemblée, symbole, comme signe de reconnaissance (le symbolique) 260

6. Dans le sillage du Concile Vatican II : le rituel du baptême et le missel 261 6.1 Baptême 262 6.2 Eucharistie 264

C H A P I T R E 8 : L ' A S S E M B L É E , L I E U D E C A T É C H È S E 2 6 6

1. L'assemblée pour vivre l'Église 267 1.1 De la présence à la personne du Christ 268 1.2 L'assemblée, lieu de médiations 269 1.3 L'assemblée, lieu de relations interpersonnelles 271 1.4 L'assemblée pour vivre la charité ecclésiale 273

2. La foi et la catéchèse vues à travers le langage des attitudes 274 2.1 La foi comme attitude fondamentale à développer en catéchèse 275 2.2 Les dimensions d 'une attitude appliquées à l 'assemblée chrétienne 279 2.3 Des conditions pour la transmission réussie des attitudes chrétiennes 283

3. Méthodes pédagogiques pour la formation de l'identité chrétienne 294 3.1 Modèles classiques privilégiant l 'accès à l 'expérience pour la formation de l 'identité chrétienne 294 3.2 L'expérience de l 'assemblée pour concilier les modèles classiques pédagogiques concernant l 'identité 296

4. Le choix de l'initiation comme méthode pédagogique 298 4.1 L'initiation dans le contexte actuel 299 4.2 Anthropologie et pédagogie de l'initiation 301 4.3 La méthode initiatique introduit une catéchèse permanente 303 4.4 La pédogogie initiatique intègre catéchèse et liturgie 304

5. À la lumière d'un texte fondateur : Actes 2, 42-47 306 5.1 Les quatre persévérances de la communauté chrétienne 307 5.2 L'évangélisation par les attitudes de l 'assemblée 309

C H A P I T R E 9 : P R O J E T D I O C É S A I N D E C A T É C H È S E 3 1 2

1. Qu'est-ce qu'un projet diocésain de catéchèse? 313 1.1 Le projet de catéchèse dans la Mission du diocèse de Bathurst 315 1.2 Les destinataires du projet diocésain de catéchèse 319 1.3 Le sujet du projet : l 'Église 323

2. L'assemblée au service de l'initiation chrétienne des enfants 328 2.1 La diversité des profils familiaux 329 2.2 La liberté rendue possible 333 2.3 Une catéchèse de temps forts à l 'année 335 2.4 Une catéchèse du dimanche 340 2.5 Les Écritures, fondement de l 'assemblée chrétienne dominicale 346

3. Une assemblée liturgique 349 3.1 Une assemblée convoquée 350 3.2 Une assemblée liturgique dominicale 357 3.3 Exigences concrètes dans la mise en œuvre de l'action liturgique 361 3.4 Rites d'ouverture de la célébration 367 3.5 Le compagnonnage, illustration du modèle initiatique qui s'inspire de la liturgie 372

4. La collaboration entre les intervenants 373 4.1 L'implication des parents et des catéchètes 373 4.2 Un projet unificateur pour l 'équipe d'animation pastorale 378

C O N C L U S I O N : « É L A R G I S L ' E S P A C E D E T A T E N T E » ( I S 5 4 , 2 ) 3 8 2

L'élargissement du savoir : le nouveau contexte appelle un nouveau départ 384

L'élargissement du savoir-faire : l'assemblée chrétienne dominicale au cœur du projet diocésain de catéchèse 389

L'élargissement du savoir-être : l'assemblée chrétienne dominicale, un « grand arrangement » 393

B I B L I O G R A P H I E S É L E C T I V E 3 9 7

Théologie pratique et méthodes empiriques 397

Catéchèse et mouvement catéchétique 399

Liturgie et mouvement liturgique 403

Rapports catéchèse-liturgie 405

Assemblée chrétienne dominicale 407

Histoire chrétienne et sources chrétiennes et magistérielles 408

A N N E X E A : F O R M U L A I R E D E C O N S E N T E M E N T É C L A I R É 4 1 1

A N N E X E B : Q U E S T I O N S O U V E R T E S U T I L I S É E S L O R S D E S E N T R E V U E S 4 1 3

A N N E X E C : VERBATIM E T C O D I F I C A T I O N S D E S E N T R E V U E S 4 1 4

Verbatim de la première question 414

Codifications ouvertes de la première question 418

Codifications axiales de la première question 428

Xll

Verbatim de la deuxième question 433

Codifications ouvertes de la 2 e question 435

Codifications axiales de la 2 e question 440

Verbatim de la troisième question 445

Codifications ouvertes de la 3 e question 448

Codifications axiales de la 3 e question 454

Verbatim de la quatrième question 459

Codifications ouvertes de la 4 e question 461

Codifications axiales de la 4 e question 467

Verbatim de la cinquième question 474

Codifications ouvertes de la 5 e question 478

Codifications axiales de la 5 e question 488

Codifications axiales combinées des 5 questions 499

Codifications sélectives : Elaboration de 5 catégories conceptuelles à partir des concepts identifiés 524

A N N E X E D : C A R A C T É R I S T I Q U E S D E S P A R T I C I P A N T S À L A R E C H E R C H E À P A R T I R D U VERBATIM 5 2 7

Xlll

Liste des abréviations

AG Concile Vatican II, Ad Gentes, Décret conciliaire sur l 'activité missionnaire de l 'Église (7 décembre 1965).

CD Concile Vatican II, Chrisîus Dominas, Décret conciliaire sur la charge pastorale des évêques (28 octobre 1965).

CÉC Catéchisme de VÉglise catholique (1992).

DCE Benoît XVI, Deus Caritas Est, Encyclique sur l 'amour chrétien (25 décembre 2005).

DCG Sacré congrégation pour le clergé, Directoire catéchétique général (1971 ).

DD Jean-Paul II, Dies Domini, Lettre apostolique sur la sanctification du dimanche (31 mai 1988).

DGC Congrégation pour le clergé, Directoire général pour la catéchèse (1997).

EN Paul VI, Evangelii Nuntiandi, Exhortation apostolique sur l 'évangélisation dans le monde moderne (1975).

GE Paul VI, Gravissimum Educationis, Déclaration sur l 'éducation catholique (28 octobre 1965).

GS Concile Vatican II, Gaudium et Spes, Constitution pastorale sur l 'Église dans le monde de ce temps (7 décembre 1965).

LG Concile Vatican II, Lumen Gentium, Constitution dogmatique sur l 'Église (21 novembre 1964).

MD Pie XII, Mediator Dei, Constitution apostolique sur le Médiateur de Dieu (1947).

NMI Jean-Paul II, Novo Millenio Ineunte, Lettre apostolique au début du nouveau millénaire (6 janvier 2001 ).

PGMR « Présentation Générale du Missel Romain selon l 'édition typique de 1975. » Missel romain (1975).

OE Concile Vatican II, Orientalium Ecclesiarium, Décret conciliaire sur les Églises Orientales Catholiques (21 novembre 1964).

PO Concile Vatican II, Presbyterorum Ordinis, Décret conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres (7 décembre 1965).

RM Jean Paul II, Redempîoris Missio, Encyclique sur la Mission du Rédempteur (7 décembre 1990).

SC Concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium, Constitution sur la sainte liturgie (4 décembre 1963).

Catéchèse de cheminement, catéchèse décloisonnée, catéchèse de toute la communauté,

catéchèse initiatique et catéchèse missionnaire sont autant d'appellations données aux

différentes formes que prend la catéchèse en Occident ces dernières années. 2 Cette diversité

d'appellations témoigne à la fois de la vitalité et de la recherche de cette composante de la

vie de l 'Église à notre époque. Cette recherche et cette vitalité se sont accrues au X X e siècle

avec le mouvement catéchétique et les orientations promues par le Concile Vatican II.

Même si le Concile n 'a pas présenté un document concernant spécifiquement la catéchèse

(comme cela avait été prévu lors de la phase préparatoire), ce thème de la catéchèse revient

à plusieurs reprises dans les documents conciliaires pour présenter la tâche et les acteurs de

la catéchèse. Ainsi, le document sur la charge pastorale des évêques a confirmé ceux-ci

comme les premiers responsables de la catéchèse à tous les âges de la vie {CD, n° 14). De

plus, lors du Concile, la catéchèse a été présentée comme une tâche primordiale des

évêques et de toute l 'Église appelée à être missionnaire (CT, n° 63 ; AG, n o s 5, 6).

L'invitation du Christ d'aller proclamer l 'Évangile à toute la création (Me 16, 15) a été

relancée avec force et éclat par Jean-Paul II au début des années 1980, notamment en

préparation au Grand Jubilé de l 'an 2000. Lorsque Jean-Paul II a fait de la nouvelle

évangélisation le leitmotiv de sa pastorale, il a interpellé non seulement les pasteurs et les

catéchètes, mais tous les membres de l 'Église. La passion des premiers témoins du Christ à

transmettre l 'Évangile doit être celle de tous les membres de l 'Église aujourd'hui. Cette

passion « ne manquera pas de susciter dans l'Église un nouvel esprit missionnaire, qui ne

saurait être réservé à un groupe de "spécialistes" mais qui devra engager la responsabilité

de tous les membres du peuple de Dieu » {NMI, n° 40).

2 Les titres de plusieurs articles et livres en bibliographie font écho à certaines de ces appellations. Qu'il suffise de mentionner ici ceux de Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée (Bruxelles : Lumen Vitae, 2004) et « La catéchèse de la proposition, » Catéchèse n° 173 (2003); le livre de Bill Hubesch, La catéchèse de toute la communauté (Ottawa : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae; Paris : Bayard, 2005) et celui de Louis-Marie Chauvet et Joël Molinario, « Pour une catéchèse initiatique, » Catéchèse n° 173 (2003).

Introduction : La catéchèse dans la mission de l'Eglise

3 Le diocèse catholique de Bathurst est situé au nord-est de la province canadienne du Nouveau-Brunswick. Érigé canoniquement le 8 mai 1860 (diocèse de Chatham jusqu'en 1938 alors que le siège épiscopal est transféré à Bathurst), il compte aujourd'hui près de 110 000 catholiques (soit 92 % de la population totale vivant sur le territoire). Desservant une population majoritairement francophone, le diocèse est aujourd'hui divisé en 14 unités pastorales (3 de langue anglaise et 11 de langue française).

A travers l 'ardente recherche en cours pour trouver les moyens, les lieux et les destinataires

les plus aptes à assurer le succès de la catéchèse, nous pouvons dire que l 'audace et la

passion des premiers chrétiens pour l 'annonce de l 'Évangile se manifestent encore

aujourd'hui. Le diocèse de Bathurst n 'est pas en reste dans cette recherche des formes les

plus appropriées pour la catéchèse aujourd'hui. 3 Avec ses forces et ses limites, cette Église

locale cherche à être fidèle à la mission qu'el le reçoit du Christ : « Allez, de toutes les

nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur

apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (Mt 28, 19-20)

La catéchèse au diocèse de Bathurst

Depuis quelques années, plusieurs Églises locales se sont engagées à fond dans le chantier

catéchétique. Certaines l 'ont fait plus tôt que d'autres, forcées par la conjoncture sociale.

Ainsi, au Nouveau-Brunswick, le retrait de l 'enseignement religieux et de la catéchèse de

toutes les écoles de la province au début des années 1990 a nécessité une révision en

profondeur de la catéchèse faite aux enfants dans les diocèses de Moncton, Edmundston et

Bathurst (de même que dans les paroisses francophones du diocèse de Saint-Jean,

notamment à Ste-Anne-des-Pays-Bas à Frédéricton). Au diocèse de Bathurst, la nouvelle

approche catéchétique a privilégié une catéchèse prise en charge par les communautés

chrétiennes et animée essentiellement par les parents. Elle a pris le nom de catéchèse

familiale et paroissiale. Le diocèse d 'Edmundston a calqué son programme sur celui de

Bathurst, alors qu 'au diocèse de Moncton, l 'accent a davantage été mis sur le groupe de

catéchèse. Après quinze ans de fonctionnement, le moment nous semble venu de faire

ressortir les points forts et les lacunes du programme de catéchèse familiale et paroissiale

du diocèse de Bathurst à partir de l 'expérience des dernières années.

Parler de catéchèse au diocèse de Bathurst, c'est nécessairement parler d 'un enseignement

destiné principalement aux enfants d 'âge scolaire. Bien que le Directoire Général pour la

Catéchèse précise que « la catéchèse est destinée à toute la communauté chrétienne comme

telle et, en elle, à chaque personne» (DGC, n° 168), l 'association entre la catéchèse et

l 'enfance persiste, tant dans les mentalités que dans l 'organisation diocésaine. La structure

diocésaine actuelle permet difficilement d'élargir la conception de la catéchèse comme

devant s'adresser à tous les âges de la vie puisque, pour les adultes, on parle

essentiellement « d'éducation de la foi ».

Pendant de nombreuses années, le Service d'Éducation de la Foi (SEF) du diocèse était

responsable de « l 'éducation de la foi des adultes » (qui n'était pas nécessairement en lien

avec celle des enfants) et de la catéchèse des enfants. Avec les années, ce Service

d'Éducation de la Foi a été restreint à l 'éducation de la foi des enfants : aujourd'hui, ceux

qui font partie de ce comité diocésain (de même que ceux et celles qui travaillent dans le

domaine catéchétique) voient uniquement à l 'évaluation et à la mise en place des

programmes de catéchèse pour les enfants. Depuis la mise en place des unités pastorales au

tournant de l 'an 2000, la préoccupation de l 'éducation de la foi des adultes en général a été

mise en veilleuse pour miser davantage sur l 'éducation de la foi de ceux et celles qui font

partie des équipes d'animation pastorale ou qui ont une fonction précise dans la vie

ecclésiale. Du côté des adultes, nous pouvons donc dire que les efforts sont davantage mis

sur la formation de ceux et celles qui sont appelés à jouer un rôle précis dans l 'organisation

du diocèse ou des paroisses.

Cela montre bien l 'ambiguïté à parler de catéchèse pour les adultes pour plusieurs raisons, à

peine esquissées ici. Pour préciser, disons que la première difficulté à parler de catéchèse

pour les adultes vient du fait que la catéchèse demeure intimement liée à l 'enfance : même

sortie de son cadre scolaire, la catéchèse continue d'être vue surtout dans son pôle de

transmission des données de base de la foi chrétienne aux enfants. Deuxièmement, en ce

qui concerne les adultes, les efforts dans le domaine catéchétique ont surtout une visée

utilitaire : l 'éducation de la foi vise à les outiller afin qu' i ls puissent occuper des postes de

responsabilités dans leurs paroisses. Troisièmement, l 'histoire de la catéchèse dans le

diocèse en fait une activité destinée à l 'enfance uniquement.

Première évaluation de la catéchèse dans le diocèse de Bathurst

C'est une évaluation sommaire du programme actuel de catéchèse qui est à l 'origine de la

présente recherche en théologie pratique. Notre évaluation a été faite au sein de quatre

paroisses spécifiques du diocèse : Saint-Pierre-aux-Liens de Caraquet, Saint-Paul de Bas-

Caraquet, Saint-Simon de Saint-Simon et Saint-Joachim de Bertrand. D 'une population

totale de dix mille catholiques, ces paroisses sont parmi les plus anciennes de l 'Acadie. La

paroisse Saint-Pierre-aux-Liens fut fondée aux lendemains de la déportation alors que les

quatre familles fondatrices accostèrent à Sainte-Anne-du-Bocage en 1757. Les trois autres

paroisses (toutes trois issues de la paroisse-mère Saint-Pierre-aux-Liens de Caraquet) furent

fondées au tournant du X X e siècle par les Pères Eudistes (Congrégation de Jésus-Marie) qui

enseignaient au Collège de Caraquet fondé par Monseigneur Théophile Allard.

Ces paroisses ont connu une expansion démographique constante jusqu ' à ces dernières

années. Récemment, le plafonnement de la population (voire sa diminution) a transformé le

paysage social puisqu'il a contribué à la fermeture ou à la transformation de plusieurs

commerces et institutions au sein de ces communautés : bureaux de poste, écoles, hôpital,

etc. Ces communautés sont en recherche d'un nouvel élan, tant au plan social qu 'aux plans

économique et démographique. La vie de l 'Église et le fonctionnement des paroisses n 'est

pas en reste des préoccupations quotidiennes des gens. Plusieurs conjonctures ont d'ailleurs

nécessité des réaménagements pastoraux dans cette région, comme dans tout le diocèse

d'ailleurs, depuis 1999. Les raisons de ces réaménagements sont multiples : l 'âge moyen

des prêtres ne cesse d'augmenter, les ressources humaines et financières des paroisses sont

parfois insuffisantes pour assurer l 'ensemble des services pastoraux, la diminution de la

pratique religieuse en regard avec l 'eucharistie dominicale est marquée, etc.

Comme la plupart des paroisses du diocèse de Bathurst, ces quatre-ci sont regroupées en

unité pastorale. Elles forment l 'unité pastorale Saint-Jean-Eudes de Caraquet. Les défis de

l 'unité pastorale sont nombreux, et ce, dans bien des domaines. Parmi ces défis, il y celui

de la catéchèse des enfants. Les conseils paroissiaux s'y sont engagés à fond depuis

quelques années. Trois personnes se sont vu confiées la coordination de la catéchèse,

soutenues par les conseils paroissiaux. Ces coordonnatrices de catéchèse (une religieuse de

la Congrégation de Notre-Dame et deux mères de famille) consacrent une majeure partie de

leur temps à cette part de la mission. Ce sont elles qui voient au recrutement et à la

formation des catéchètes, à la préparation des horaires et des locaux, à la convocation des

enfants, à la préparation aux sacrements et à la préparation des célébrations eucharistiques

animées par les enfants. Les conseils de gestion voient à la rémunération de ces personnes,

tout en s'assurant que les ressources matérielles et financières soient disponibles et

appropriées. Les conseils de pastorale aident à la préparation et à la réalisation d'activités

extraordinaires (ex. : messe de lancement de l 'année catéchétique, camp des confirmés, fête

de reconnaissance pour les catéchètes, etc.).

D'emblée, nous pouvons constater des éléments positifs et des limites au programme de

catéchèse familiale et paroissiale, notamment en ce qui a trait à la participation des enfants,

des parents et de la communauté chrétienne. Nous pouvons dire qu'i l y a un intérêt marqué

pour la catéchèse au sein de ces communautés. Ceci est manifeste par le nombre de

personnes impliquées dans le projet catéchétique: en chiffre absolu, on parle de 550 enfants

inscrits à la catéchèse au sein des paroisses de l 'unité pastorale et d'au-delà d 'une

soixantaine de catéchètes bénévoles. Le souci de la part des parents et de toute la

communauté de donner aux enfants une formation religieuse est évident. Le nombre élevé

de catéchètes engagés pour l 'animation des nombreux groupes de catéchèse témoigne aussi

de l'intérêt de plusieurs membres des communautés chrétiennes au programme de

catéchèse. Cet intérêt n 'est pas limité à cette unité pastorale. Dans la Péninsule Acadienne,

près de 99% des enfants sont inscrits au programme de catéchèse familiale et paroissiale. 4

Malgré cet intérêt pour la catéchèse, qui se manifeste notamment par la participation d 'un

grand nombre de baptisés, la catéchèse familiale et paroissiale a aussi sa part d 'ombres.

4 La Péninsule Acadienne est une des trois régions pastorales du diocèse de Bathurst (les deux autres étant Restigouche et Bathurst-Chaleur). Cette région est majoritairement francophone (deux seules paroisses sont bilingues) et représente la concentration la plus élevée de catholiques à l'intérieur du diocèse. Cette zone pastorale est divisée en trois vicariats (Caraquet, Shippagan-les-Iles et Tracadie-Sheila) et 7 unités pastorales. La région de la Péninsule Acadienne peut compter sur un responsable diocésain qui aide à l'organisation de la catéchèse dans les paroisses. Depuis quelques années, l'éducation de la foi des adultes ne fait plus partie du curriculum des tâches de cette personne : au plan organisationnel, on a séparé l'éducation de la foi des adultes de la catéchèse des enfants.

Mentionnons d'abord le nombre restreint de rencontres avec le groupe de catéchèse : ce

nombre varie de trois à quinze rencontres par année selon les différents niveaux. Lorsque

l 'on compare cette fréquence à celle en milieu scolaire (trois cours de 40 minutes par

semaine au début des années 1980), l'écart est grand et surprenant, voire inquiétant.

Plusieurs déplorent ce nombre minimal de rencontres qui réduit à quelques heures au cours

d 'une année les temps de catéchèse. Une autre inquiétude qui ressort de ce programme de

catéchèse vient du fait que l'intérêt et la participation des jeunes familles au programme de

catéchèse familiale et paroissiale ne sont pas toujours accompagnés et suivis d 'une pratique

liturgique régulière. C'est même une infime partie des enfants inscrits à la catéchèse qui

participe à la vie liturgique de la communauté, notamment à la messe dominicale.

L'absence généralisée des enfants inscrits à la catéchèse et de leurs parents à la liturgie

dominicale nous semble révélatrice de quelques pierres d 'achoppement du programme de

catéchèse. Ce sont d'ailleurs ces difficultés que nous voudrions essayer d'identifier et de

comprendre dans le cadre de ce travail de recherche. Nous voudrions évoquer ici quelques-

unes de ces difficultés. Ces difficultés font aisément comprendre la nécessité et l 'urgence

de ce travail qui veut évaluer le programme actuel de catéchèse familiale et paroissiale sous

le regard de la dimension liturgique de la vie chrétienne.

Pour les enfants d'abord, la plus grande difficulté du programme actuel réside dans

l'identification quasi exclusive de la vie chrétienne à la catéchèse; la liturgie ne semble plus

nécessaire pour développer l'identité chrétienne. Pour les catéchètes, il y a l ' incapacité de

prendre appui sur les symboles de la liturgie en catéchèse puisque ceux-ci ne sont pas

connus des enfants. Pour l 'assemblée chrétienne dans son ensemble, l 'absence des enfants

et des jeunes familles au rassemblement liturgique dominical permet difficilement aux

paroissiens de se sentir concernés par la catéchèse familiale et paroissiale et d 'y prendre

une part active puisqu'ils ne rencontrent pratiquement jamais les enfants; un corollaire de

cette situation est la difficulté pour les enfants de rencontrer des témoins de la foi ailleurs

qu 'au sein de leur famille ou de leur groupe de catéchèse. Enfin, nous pouvons mentionner

le malaise de plusieurs (pasteurs, membres des conseils paroissiaux, responsables de la

pastorale catéchétique et liturgique, etc.) de constater que la catéchèse et la liturgie sont

perçues comme deux composantes de la vie chrétienne indépendantes l 'une de l 'autre.

Situation du chercheur de la présente recherche

Cette première évaluation du programme de catéchèse est faite par le chercheur. Curé des

quatre paroisses de cette unité pastorale entre 1999 et 2006, il s'est engagé dans le

programme de catéchèse familiale et paroissiale en voulant accompagner les catéchètes, les

parents et les enfants dans ce projet. Cet engagement s'est fait en collaboration étroite avec

les coordonnatrices de catéchèse, mais aussi avec les différents conseils paroissiaux afin de

sensibiliser les membres de ces conseils à l ' importance de l'initiation chrétienne des

enfants par la catéchèse dans le contexte actuel. L'importance accordée à la catéchèse des

enfants s'est concrétisée par l 'adoption de la catéchèse comme la priorité des conseils

paroissiaux de ces communautés chrétiennes.

Dans la foulée de cette priorité, le curé, avec le concours de plusieurs, s'est impliqué dans

l 'organisation de divers projets qui voulaient mettre en valeur le rôle de la communauté

chrétienne dans le projet de catéchèse. Ainsi, en plus du soutien diocésain pour la formation

des catéchètes, des temps de ressourcement ont été proposés par l 'équipe pastorale pour les

catéchètes et l 'ensemble des adultes des paroisses. Cela a permis la mise en place d 'une

journée de formation et de réflexion autour d 'un thème choisi. Cette journée annuelle de

formation rassemblait une centaine de gens soucieux de l 'éducation de la foi. Ainsi,

plusieurs intervenants en pastorale catéchétique et en sacramentelle ont reçu une formation

qui a facilité leur engagement dans diverses initiatives afin de faire participer davantage les

enfants à la vie liturgique de la communauté.

De plus, le projet de la Maison de la Culture Chrétienne qui avait pignon sur rue au 213

boulevard Saint-Pierre Ouest à Caraquet voulait aussi contribuer à l 'éducation de la foi via

les nombreux artistes acadiens (dans le cadre de spectacles et de conférences mettant en

valeur les fondements chrétiens de la culture acadienne, de même que dans le cadre

d'expositions d' icônes ou d 'œuvres d'art). Ce projet s'inscrivait dans l 'optique d 'une

proposition de la foi pour ceux et celles qui sont sur le seuil. Des milliers de personnes ont

participé à ce projet qui a permis de mettre en valeur de nouvelles possibilités pour la

catéchèse de toute la communauté.

Une pratique catéchétique qui interroge

L'absence des enfants (et des jeunes familles) du rassemblement dominical est au

fondement d 'une question qui a motivé la recherche depuis ses débuts : comment articuler

la catéchèse et la liturgie dans le programme de catéchèse familiale et paroissiale du

diocèse de Bathurst? Cette question n'est pas isolée de plusieurs autres qui découlent

d'ailleurs de celle-ci. Ainsi, nous nous demandons ce qui a contribué au cloisonnement de

ces deux composantes de la vie chrétienne. Aussi, nous cherchons à comprendre pourquoi

l 'authenticité de la vie chrétienne qui est apprise lors des sessions catéchèse repose

davantage sur l 'apprentissage que sur la célébration. Nous questionnons enfin sur le rôle

même de la liturgie dans la vie chrétienne et dans un parcours catéchétique.

La présente recherche est motivée par la nécessité d 'évaluer un programme catéchétique

dans un milieu où peu de recherches sur le sujet ont été menées. La particularité de la

situation ecclésiale en Acadie commande une recherche spécifique à cause de l 'histoire et

de la réalité, qui lui sont propres. En effet, la situation de l 'Église acadienne du Nouveau-

Brunswick ne peut pas être confondue avec la réalité des catholiques anglophones des

provinces Maritimes : la culture diffère à ce point que les Acadiens ont souvent cherché des

méthodes différentes (même dans le domaine catéchétique) de celles en vogue dans la

culture anglo-saxonne pour affirmer leur spécificité. La situation des Acadiens diffère aussi

de celle des catholiques du Québec : si la langue les unit, l 'histoire et la culture révèlent des

différences qui se répercutent dans presque toutes les sphères de la vie, même religieuse. 5

Pour dire la spécificité de l 'Église acadienne qui appelle une réflexion qui lui soit propre,

nous pourrions aussi évoquer les différences entre l 'Église de l 'Acadie et celle de l 'Ontario

francophone ou encore de celle des communautés culturelles de différentes ethnies.

5 Dans une analyse des relations entre dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec, Baillargeon a montré l'ampleur de la tâche et les risques associés à des conclusions pour l'ensemble du Canada. Afin d'éviter des généralisations, il a circonscrit son analyse « sur la situation du Québec, particulièrement dans les diocèses plus populeux du sud de la province ». La présente recherche qui se concentre essentiellement sur le diocèse de Bathurst a usé de cette prudence à circonscrire le territoire analysé. Voir Gaétan Baillargeon, « Dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec, » La Maison-Dieu 229, (2002-1) : 81.

La réalité ecclésiale acadienne n'est pas seulement différente de celle que l 'on observe dans

d'autres cultures : elle est aussi différente aujourd'hui de ce qu'elle était au début de la

colonie. En Acadie, l 'Église a subi plusieurs « grands dérangements » au cours de son

histoire, et elle continue d'en vivre. Le caractère contextuel d 'aujourd'hui appelle une

nouvelle présence ecclésiale en Acadie. C'est ce qui motive et qui justifie la pertinence de

la présente recherche. Ainsi situées, la réflexion et l 'analyse menées dans le cadre de cette

recherche nous apparaissent originales, et ce, avec une capacité de renouveler les pratiques

de la pastorale catéchétique au diocèse de Bathurst.

Une recherche qui part de la praxis pour y retourner

Dans le domaine de la théologie pratique, la réflexion repose sur la praxis qui est au cœur

de cette discipline. L'action est le point de départ et d'arrivée de la théologie pratique. « En

théologie pastorale, analyse et discernement constituent les éléments indispensables d 'une

réflexion qui devra déboucher sur un agir et un engagement. » 6 Puisque les actions sont très

dépendantes du contexte, le discours en théologie pratique doit cerner avec acuité le milieu

dans lequel sont insérées les pratiques. Comme nous l 'avons vu, des conclusions justes

pour un milieu spatial et temporel précis ne conviennent pas nécessairement à une autre

époque ou à une autre culture.

À partir d 'une méthode scientifique éprouvée, nous voudrions voir comment articuler

catéchèse et liturgie pour les enfants inscrits au programme de catéchèse du diocèse de

Bathurst. A la lumière de l 'analyse des données qui alimentera la réflexion théologique, ce

travail proposera des éléments susceptibles de prendre place dans un projet diocésain de

catéchèse. Ce projet diocésain de catéchèse est une invitation faite à chaque Église par le

Directoire Général pour la Catéchèse. Il consiste en « l'offre catéchétique globale d 'une

Église particulière qui intègre, d 'une manière articulée, cohérente et coordonnée, les divers

processus de catéchèse proposée par le diocèse aux destinataires des différents âges»

(DGC, n° 274).

6 Henri Derroitte, « Introduction, » dans Théologie, Mission et catéchèse, sous la direction de Henri Derroitte (Ottawa : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2002), 6.

Inscription de la présente recherche dans le domaine de la théologie pratique

Le présent travail voudrait donc analyser le programme actuel de catéchèse familiale et

paroissiale du diocèse de Bathurst pour pouvoir ensuite faire des propositions qui mèneront

à l 'élaboration d'un projet diocésain de catéchèse. Ce but poursuivi est en lien avec la

théologie pratique qui cherche à trouver des façons d 'annoncer le règne de Dieu adaptées à

la réalité sociale, culturelle, économique et religieuse de notre monde. Dans sa définition de

la théologie pastorale, Rahner parle en premier lieu de « l'édification de l 'Église par elle-

même en tant qu 'œuvre de salut de Dieu à l 'égard du monde » en ajoutant que

celle-ci (la théologie pratique) ne s 'occupe par uniquement du ministère pastoral des

prêtres, mais également de toute activité salutaire de l 'Église, et non seulement en

tant que science théorique des essences, qui énonce ce qui découle de

l 'ecclésiologie et de la morale partout et toujours pour tel ou tel acte, mais

également en tant que science pratique, existentielle, qui réfléchit sur ce qui est à

faire ici et maintenant et qui ne peut être reconnu comme devoir que par une analyse

théologique (mais aussi sociologique) de la situation du moment présent. 7

Une autre caractéristique de la théologie pratique se trouve dans sa nature confessionnelle.

La réflexion doit être enracinée dans une Église qu'elle cherche à servir, et ce, en donnant

au théologien la liberté nécessaire pour pousser les débats jusqu 'aux limites. Tenant compte

de cette caractéristique de la discipline, nous situons le présent travail dans la tradition de

l 'Église catholique en Acadie. Cette inscription de la recherche dans une Église particulière

nous permet de nous avancer à l 'intérieur de celle-ci pour l 'aider à renouveler ses propres

pratiques. Ainsi enracinée au service de l 'Église de Bathurst, cette réflexion de théologie

pratique trouve sa consistance et sa raison d'être.

Il nous apparaît opportun de situer encore davantage la présente recherche dans le domaine

de la théologie pratique. Pour proposer de nouvelles pratiques catéchétiques, il y a un

travail de précision et de discernement à faire avec des moyens caractéristiques à cette

7 Karl Rahner et H. Vorgrimler, Petit dictionnaire de théologie catholique (Paris : Seuil, 1970), 341.

g

discipline. Bien que le développement de la théologie pratique comme science soit

relativement récent dans l 'histoire de la théologie, nous pouvons néanmoins questionner les

récits bibliques pour connaître les pratiques de l 'époque apostolique et voir la signification

donnée par les « témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la Parole » (Le 1, 2).

Si la théologie pratique n'existait pas comme domaine d'étude au début du christianisme, il

en était tout autrement dans la réalité : les témoignages de l 'époque apostolique nous

apprennent qu 'à cette époque, la praxis primait sur la réflexion théologique. À travers les

témoignages des Pères de l 'Église, nous sommes en mesure de voir l 'évolution de la

pastorale à travers la compréhension qu' i ls en ont et les structures organisationnelles qu' i ls

déploient. Les écrits de ces pasteurs-théologiens montrent le développement de la théologie

pastorale qui ne distinguait pas entre le dire et le faire : « la théologie et la pastorale sont

considérées sur le même pied à cette époque ». 9

Quelques siècles plus tard (au Moyen Age), la scolastique qui s'installe dans les universités

met au second plan la pastorale. Cette séparation de la théologie et de la pastorale est

l 'aboutissement de maints débats à savoir si la théologie pastorale est spéculative (thèse de

Thomas d 'Aquin) ou pratique (thèse des franciscains Duns Scott et Guillaume d 'Ockam).

La conclusion de ces débats qui continueront d'alimenter les discussions dans les

universités donne raison à ceux qui disent que la théologie pastorale doit s'élaborer à partir

de la pratique. Peu à peu, la théologie pastorale est mise de côté à l 'université pour accorder

davantage d'intérêt à la théologie fondamentale et systématique. Il faudra attendre la

Réforme protestante et la Contre-Réforme catholique pour assister à un nouvel essor de la

pastorale. Les Réformateurs vont élaborer une théologie pastorale dans leur cursus de

formation. 1 0 Pour répondre aux Réformateurs, le concile de Trente (1545-1563) va mettre

en valeur le rôle de la pastorale dans la vie de l 'Église, notamment en insistant sur la

8 « Ce discernement est d'abord un travail proprement théologique. Il s'agit en fait de relire les Évangiles (quel est le contenu, l'effet, la pédagogie et le style de l'annonce faite par Jésus lui-même?), la tradition théologique (comment à travers les lieux et les époques le chemin de l'Évangile dans la culture a-t-il permis, là et alors, la découverte du sens de la foi chrétienne?), dans un dialogue avec les sciences humaines. » Dans Henri Derroitte, « Introduction, » dans Théologie, Mission et catéchèse, 6. 9 Marcel Viau, Introduction aux études pastorales (Montréal : Éditions Paulines, 1987), 14. 1 0 Pour Luther, il n'y a pas de doutes : la vraie théologie est pratique. Hyperius, également de la Réforme, prépare des volumes pour former des gens appelés à exercer une fonction de direction dans l'Église. Et Voetius donne les fondements de la théologie pratique qui seront entérinés par le Synode de Dortrecht.

1 1 La théologie pastorale ressemblait alors à un code de droit canon avec une nomenclature de choses à faire ou à ne pas faire dans l'exercice de la pastorale. On est loin de la réflexion à partir des pratiques pastorales, comme on le comprendra ultérieurement dans l'histoire. 1 2 Bernard Kaempf, « Histoire de la théologie pratique, » dans Introduction à la théologie pratique, sous la direction de Bernard Kaempf (Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 1997), 21.

formation pastorale des pasteurs et en donnant aux évêques un nouveau rô le . 1 1 C'est à cette

époque que l 'expression « théologie pastorale » (utilisée pour la première fois par Pierre

Canisius) commence à être utilisée dans le milieu ecclésial.

Avec le siècle des Lumières, ce n 'est plus seulement la pastorale qui est mise au second

rang, mais aussi la théologie fondamentale : le rationalisme se tourne vers les sciences.

Pour satisfaire aux exigences des disciplines scientifiques, la théologie doit se redéfinir.

Alors, la théologie pratique viendra au secours de la théologie fondamentale à cause de son

caractère pragmatique. À cette époque, les sciences pastorales visent la transmission des

attitudes et des moyens (dont la cure d 'âmes conçue comme direction spirituelle) pour aider

les pasteurs dans leur travail. C'est une période de pragmatisme à outrance. A cette même

époque, il y a aussi un désir d'interdisciplinarité qui prend de l 'ampleur avec un des plus

illustres représentants de la théologie pratique, Schleiermacher. Ce dernier revendique le

droit de la théologie d'avoir pignon sur rue dans les universités pour une réflexion

systématique du christianisme et de l'agir pastoral.

Schleiermacher distingue trois disciplines théologiques : la théologie philosophique, la

théologie historique et la théologie pratique. La théologie philosophique vise une réflexion

critique sur l 'essence du christianisme et sur la religion en général. La théologie historique

veut élaborer l 'histoire chrétienne depuis ses origines. Enfin, la théologie pratique,

couronne des études de théologie, vise à opérationnaliser les objectifs précisés par les

théologies philosophique et historique. « Ce faisant, la théologie pratique est comprise

comme une science positive, dans la mesure où elle contribue à résoudre des tâches

pratiques, comme le font également le droit et la médecine. » 1 2 La théologie pratique vise à

élaborer des règles pour la praxis dans deux domaines précis : le gouvernement de l 'Église

(qui consiste dans les activités orientées vers le bien-être de la communauté ecclésiale en

général) et la direction de l 'Église où s'accordent les tâches pastorales davantage orientées

vers les individus comme le soutien, l 'accompagnement, l 'enseignement et la prédication. 1 3

L'intérêt pour la théologie pratique ira grandissant tout au long du X X e siècle, bien que ses

principaux protagonistes ne s'entendent pas toujours sur certains éléments de la discipline,

à savoir le champ premier d'intérêt, la méthodologie à utiliser et les liens à cultiver avec les

sciences sociales. Suite à la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), la théologie pratique

fait appel aux sciences sociales qui émergent et qui s ' imposent dans le discours

universitaire. Aux yeux de certains, ceci se fait au détriment de la recherche théologique

proprement dite (qui s'éloigne de la Tradition et des données de l 'Écriture) et il y a là un

effondrement doctrinal selon eux. En insistant sur la Parole de Dieu comme baromètre pour

mesurer l'efficacité de la pastorale, Karl Barth va être un des artisans du renouveau en

maintenant la spécificité des pratiques pastorales à la lumière des Écritures. Son apport

contribuera au développement de la méthode qualifiée de « critique corrélationnelle ».

Aujourd'hui encore, il arrive que la pratique soit mise au second rang par rapport à la

théologie ou encore que des conclusions pratiques soient tirées d 'une réflexion théorique.

Cette dichotomie subsiste dans certains milieux, bien que la démarcation ne soit pas aussi

marquée qu'el le l'était. De plus en plus, on cherche à « réfléchir » la théorie à partir de la

pratique. Suite au Concile Vatican II qui a été un exercice de lecture des signes des temps

(les pratiques du monde actuel), la théologie pratique a pris une place importante dans le

monde catholique où on a voulu revoir la théologie à partir d 'un angle pastoral . 1 4 Ainsi, la

théologie pratique, loin d'être un appendice à la théologie, est coextensive à toute théologie,

et offre le service réflexif des pratiques. Sa finalité n 'équivaut pas à un ensemble de recettes

1 3 Dans le monde catholique, c'est l'école de Tubingen qui a donné un essor à la théologie pratique en mettant au premier plan l'œuvre de Dieu dans l'histoire du salut. Lorsqu'on analyse le développement de la théologie pratique à partir des aires linguistique, on voit d'ailleurs que le développement de la théologie pratique s'est d'abord fait sur un terrain germanophone. En français, c'est avec Vinet (1797-1847) que la théologie pratique est devenue l'objet d'une réflexion systématique. Le souci de Vinet a été de ne rien résoudre indépendamment du pasteur et de ses ouailles considérées comme des individualités. La « théorie » réfléchit sur ce qui se joue à l'intérieur même du ministre ou de ceux auxquels son ministère s'adresse. 1 4 On a pourtant longtemps hésité avant de parler de « théologie pratique » dans le monde catholique, préférant parler de « théologie pastorale ». Pourtant, ce dernier terme ne tient compte que des activités intra-ecclésiales, alors que le terme de «théologie pratique », plus englobant, tient compte du contexte socio-politique pour la création d'un discours pertinent pour l'Église qui ne vit pas en vase clos. Ceci n'est pas étranger à notre propre analyse qui nous conduit à analyser les pratiques liées au dimanche au sein des jeunes familles. Ces pratiques dominicales n'ont pas toujours un caractère religieux au sens strict du terme.

ou de techniques pour la réussite d'activités pastorales. La théologie pratique trouve sa

finalité ultime dans le salut opéré par Dieu en Jésus-Christ avec la collaboration de

l 'homme. Une réflexion scientifique ordonnée au salut de l 'homme et capable d'orienter le

ministère pastoral apparaît comme la finalité salvifique de la théologie pratique.

Liégé déploie cette fonction salvifique de la théologie pratique en parlant de l 'intention de

la pastorale qui « est de façonner, par mission du Christ, un peuple prophétique, sacerdotal

et royal, participant de la gloire du Christ Prophète, Prêtre et Se igneur» . 1 5 Les deux

dimensions inhérentes au mystère du salut sont alors préservées, à savoir l 'action de Dieu et

l 'action de l 'Église. On évite alors le double écueil du surnaturalisme et du naturalisme

lorsqu'on aborde la finalité de la théologie pratique à partir du mystère du salut compris

comme une action de Dieu qui demande la collaboration de l 'homme. La finalité de la

théologie elle-même est ainsi respectée selon l 'adage fides quaerens intellectum. Appliqué

à cette recherche, l 'adage de saint Anselme montre que dans le cadre de cette thèse, la foi

cherche à comprendre les pratiques catéchétiques comme des « signe des temps » à

observer et à analyser. L'analyse devrait permettre de renouveler le contenu et les méthodes

de la catéchèse pour être davantage au service des familles.

L'interdisciplinarité en théologie pratique

Un des traits de la théologie pratique depuis le milieu des années 1950 est sans contredit le

recours aux sciences sociales. Ces sciences permettent d'affiner l 'observation et l 'analyse

des pratiques pour en suggérer de nouvelles. L'interdisciplinarité permet cette collaboration

nécessaire entre sciences sociales et théologie. Dingemans fut un de ceux qui ont plaidé en

faveur d 'un recours grandissant aux sciences sociales. 1 6 Il déplore que pendant trop

longtemps, la théologie pratique ait souffert d 'une recherche académique limitée en ne

cherchant pas davantage de collaborations avec les autres sciences.

1 5 Pierre-André Liégé, « Pour une théologie pastorale catéchétique, » Revue des sciences philosophiques et théologiques 39, n° 1 (1955) : 7. 1 6 Gijsbert Dingemans, « Practical Theology in the Academy : A Contemporary Overview, » Journal of Religion 76, n° 1 (1996).

Cette interdisciplinarité permet une nouvelle forme de théologie pratique (en lien étroit

avec les sciences sociales). Alors qu 'en Europe on voyait la théologie pratique comme une

application des principes de théologie fondamentale, et qu 'en Amérique la théologie

pratique pouvait se limiter à l 'apprentissage de techniques visant à acquérir un art pastoral,

le recours aux sciences sociales permet d'apprécier la complémentarité de ces sciences et

de la théologie. Le théologien peut alors aller chercher des connaissances dans les sciences

sociales afin de les appliquer à sa réflexion. Le recours à la psychologie, à la sociologie,

aux statistiques et aux autres sciences sociales n 'est pas un luxe dont on peut se passer en

théologie pratique aujourd'hui.

Le présent travail permettra le croisement avec d'autres disciplines que la théologie afin de

mener la réflexion dans ce contexte d'interdisciplinarité. Il y aura d'abord la pédagogie qui

a permis l 'essor du mouvement catéchétique et qui continue d'être au coeur de la réflexion

catéchétique quant aux moyens à privilégier. A la pédagogie, il faut ajouter la psychologie

sociale (spécialiste des attitudes) depuis que la catéchèse n 'est plus vue uniquement comme

un lieu de transmission de connaissances, mais aussi de transmission d'attitudes (DGC, n o s

84-86). Le recours à l 'histoire nous sera nécessaire (dans la première partie) pour faire état

de rapports entre catéchèse et liturgie, alors que la linguistique et le symbolisme nous

seront d 'un précieux apport pour la discussion menant aux propositions (troisième partie).

Les méthodes d'enquête et d'analyse qui traversent la recherche du début à la fin sont

également fondées sur l 'empirisme des sciences humaines et sociales.

Ce sont ces méthodes d'enquête et d'analyse qui vont nous permettre de saisir la pratique

ecclésiale que nous voulons étudier. Puisque les signes des temps sont des réalités

historiques qui varient selon les époques et les cultures, l 'Église doit constamment chercher

à les « scruter et les interpréter à la lumière de l 'Évangile, de telle sorte qu'elle puisse

répondre, d 'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des

hommes . . . » (GS, n° 4). C'est à partir de ces signes des temps que la théologie se

renouvelle et propose un discours pour aujourd'hui. Le discours est l 'émanation de la

tradition de foi contenue dans l 'expérience chrétienne et humaine. Afin de bien saisir les

signes des temps, nous ne pouvons pas mettre de côté les moyens développés par les

sciences humaines et sociales. Une fois que les signes sont identifiés et analysés, la

1 7 Clodovis Boff, Théorie et Pratique (Paris : Cerf, 1990), 33. 1 8 Cette critique de Marx à l'égard de la théologie doit être prise en considération par la théologie pratique selon nous. Cela nous permettra de proposer un discours qui soit davantage en lien avec les aspirations et les besoins humains. Voir Clodovis Boff, Théorie et Pratique, 42-43. 1 9 Clodovis Boff, Théorie et Pratique, 36. 2 0 Jacques Audinet, Écrits de théologie pratique (Paris : Cerf, 1995), 103. 2 1 Claude Geffré, Croire et Interpréter : Le tournant herméneutique de la théologie (Paris: Cerf, 2001), 20.

communauté chrétienne a le devoir de les interpréter. Au sein de cette communauté, les

théologiens sont aux premières lignes de cette interprétation à cause de leur connaissance

de la Tradition et à cause de Y habitas développé pour corréler, selon une méthodologie

éprouvée, la praxis ecclésiale et la Tradition.

«Pour une théologie qui vise la praxis, les sciences du social jouent un rôle de médiation

théorique nécessaire, nous l 'appelons médiation socio-analytique. » 1 7 Cette médiation

permet un discours qui « ne dissout pas les problèmes concrets en leur donnant une réponse

abs t ra i t e» . 1 8 D'ailleurs, la théologie pratique ne cherche pas à s'éloigner du terrain. Au

contraire! Plus elle est proche du terrain, plus elle a la capacité de renouveler un discours et

de donner un sens à la pratique. Cela ne veut pas dire qu'elle fait abstraction de la tradition

de foi qui a précédé. Au spiritualisme que Marx reprochait à la religion, la théologie

pratique ne substitue pas un matérialisme à outrance. À partir de l 'analyse de la pratique et

à l 'intérieur même de l 'analyse, il y a une tradition de foi à mettre au jour: « la théologie

essaie de dévoiler la "vérité" de Dieu (révélation) dans et sur l 'histoire de la société » . 1 9

Mais « la théologie ne se saisit pas de la pratique sans intention seconde. C'est en vue

d 'une réflexion théologique » . 2 0 Cette réflexion théologique, nous voudrions la mener en

faisant appel à la Tradition. En cherchant « le point de rencontre (de l 'expérience de notre

pratique) avec l 'expérience chrétienne fondamentale, il s'agit de restituer avec toutes les

ressources de l 'exégèse, c'est-à-dire la critique historique, la critique textuelle et la critique

littéraire, le contenu de cette expérience chrétienne de la première communauté

chrétienne ». 2 1 Pour faire ainsi, nous questionnerons principalement les Actes de Apôtres

pour voir comment la première génération chrétienne s'est acquittée de sa mission, mais

nous regarderons aussi comment catéchèse et liturgie ont été vécu au sein de ces premières

communautés. Ceci nous permettra de relever les traits essentiels de l'articulation

catéchèse-liturgie (en mettant de côté les « variables parasites » dues au milieu socio­

culturel et aux personnalités) et de voir l ' importance de ces traits aujourd 'hui . 2 2

Notre travail se situe dans la foulée de ce que Audinet appelle l'articulation entre la 23

Tradition de la foi et la culture."" C'est à l 'intérieur de la pratique (autant celle de nos

contemporains que celle des générations de chrétiens qui nous ont précédés) que nous

avons accès à la Tradition de la foi. Celle-ci est contenue dans les rapports qui existent

.entre les chrétiens et la culture. Il faut donc mettre au jour ces relations et les analyser pour

que puisse jaillir un sens pour aujourd'hui. Le discours théologique devient alors

l 'expression révélée et articulée de ce qui est déjà présent dans la pratique, mais dissimulée

par un réseau complexe de relations.

Ainsi abordé, le travail du théologien peut être comparé à celui du chimiste dans son

laboratoire qui cherche à trouver le taux d'acidité de ses solutions. Le papier tournesol le lui

révèle par un changement de couleur. Le travail du théologien consiste alors à insérer la

pratique dans la culture (comme le papier tournesol est immergé dans la solution) pour en

faire ressortir des couleurs, peut-être insoupçonnées jusqu 'à ce moment.

2 2 Geffré parle de l'importance de « discerner les éléments fondamentaux de l'expérience chrétienne et de les dissocier des langages dans lesquels cette expérience s'est traduite. » Claude Geffré, Croire et Interpréter : Le tournant herméneutique de la théologie, 17. 2 3 Audinet présente trois méthodes de travail et d'analyse en théologie pratique. Il parle d'abord de donner sens aux situations à partir de l'analyse rigoureuse d'une situation. Puisant au riche patrimoine de sagesse des générations passées de chrétiens, cette théologie cherche à éclairer la culture actuelle en juxtaposant la théologie et la pratique. À cause de cette juxtaposition qui ne permet pas toujours à la pratique d'être traversée de part en part par la théologie, Audinet présente une deuxième méthode qui vise à dialoguer avec les praticiens. Dans cette méthode, une collaboration ouverte et honnête doit s'instaurer entre les théologiens et les spécialistes des disciplines en lien avec la pratique analysée. Ici, le rapport à la pratique se veut davantage critique et objectif. Or, l'interdisciplinarité dans cette méthode amène son lot de questions : comment se situe le théologien au milieu des autres praticiens puisque lui-même ne se définit pas d'abord comme praticien ? la bonne volonté suffit-elle pour rendre compte des rapports entre diverses disciplines ? n'y a-t-il pas danger que la théologie soit perçue uniquement comme « pourvoyeuse de sens et de normes » dans un tel discours, ce qu'elle voulait éviter ? Afin de pallier à ces revers, Audinet propose une troisième méthode qui vise à articuler tradition de la foi et culture. Dans cette méthode, le sens à donner à une situation ne vient pas d'un ailleurs et n'est pas externe à la pratique : le sens est dans le jeu des rapports entre les chrétiens (porteurs de la tradition de la foi) et le milieu socio-culturel dans lequel ils vivent. Ici, on évite d'opposer la pratique à la théologie puisque la tradition de la foi est liée intimement à la culture et elle ne peut se comprendre sans elle : bien qu'elle n'émane pas automatiquement de la culture, la foi y est liée et elle la dépasse. Audinet reconnaît que cette méthode représente un idéal pour la théologie pratique et que c'est souvent plus dans l'ordre de l'intention qu'elle existe que dans la réalité. Cette méthode représente tout de même un objectif à atteindre : « Le théologien se situe comme l'homme d'une telle opération, homme de l'analyse et de l'interprétation, reprenant à son compte ce qu'il a reçu de la tradition pour le faire exister et l'articuler dans les cultures contemporaines. » Dans Jacques Audinet, Écrits de théologie pratique, 111.

2 4 Nous reviendrons sur cette difficulté pour la théologie pratique d'être reconnue à l'intérieur de l'Église. Qu'il suffise de mentionner ici que le cardinal Ratzinger a accusé cette nouvelle science d'être en partie responsable de la crise catéchétique qui traverse l'Occident lors d'une conférence livrée à des catéchètes en la cathédrale Notre-Dame-de-Paris dans les années 1980. Voir Cardinal Joseph Ratzinger, «La primauté de la foi baptismale, » dans Olivier Teilhard de Chardin, La joie de la catéchèse (Paris : Parole et Silence, 2006), 105-132.

La théologie pratique a des enjeux spécifiques à ce moment-ci de son développement dans

l 'histoire. Ce sont des défis que cette étude voudrait essayer de relever afin d'aider cette

jeune discipline à trouver sa juste place dans le monde universitaire et ecclésial. Un des

principaux enjeux actuels de la théologie pratique est la reconnaissance de ce domaine

d'étude. Si la théologie pratique est maintenant reconnue à l 'université comme un domaine

du savoir, cette reconnaissance est parfois partielle au sein de l 'Égl ise . 2 4 Ainsi, si notre

analyse et les propositions qui suivront permettent à une Église particulière de revoir son

propre projet diocésain de catéchèse afin de l 'enrichir d 'éléments nouveaux que cette étude

aura permis de dégager, nous croyons que nous aurons atteint l'objectif d'être au service de

la croissance de l 'Église. Ceci ne pourra pas être sans incidence sur l 'évaluation de cette

Église à l 'égard de la théologie pratique.

Les étapes du parcours

La situation problématique du programme actuel de catéchèse que nous avons identifiée -

l 'absence d 'un vécu liturgique - nous a conduit à poser une question de recherche :

comment articuler catéchèse et liturgie dans l'initiation chrétienne des enfants aujourd'hui?

Nous avons vu que pour répondre à notre question, l 'apport des sciences historiques,

sociales et humaines nous sera nécessaire. Mais avant d 'examiner la situation présente, il

convient que, dans la première partie de cette thèse, nous saisissions davantage les enjeux

de l'articulation entre la catéchèse et la liturgie depuis les origines de l 'Église jusqu 'à

l 'époque contemporaine. Ceci ne pourra se faire sans une étude de la catéchèse et de la

liturgie dans la vie de l 'Église aujourd'hui. Il faudra situer les pratiques liturgiques et

catéchétiques à l 'intérieur des actes fondateurs de la théologie pratique.

Dans un premier temps, nous ferons un survol historique des liens entre liturgie et

catéchèse au cours de l'histoire, depuis les origines jusqu 'à aujourd'hui. Ce premier

chapitre est nécessaire pour relever les principaux moments de rupture et les lieux

d'articulation. Le deuxième chapitre sera consacré au X X e siècle. L'intérêt accordé à cette

période s'explique par le foisonnement de la réflexion au sein des mouvements liturgique et

catéchétique qui a abouti à plusieurs recommandations dans les documents du Concile

Vatican II et les textes magistériels qui ont suivi. Afin d'illustrer l 'articulation catéchèse-

liturgie pendant les années post-conciliaires au Canada-français, nous analyserons le

programme de catéchèse Viens vers le Père en regard avec ce thème de la liturgie. Le

troisième chapitre permettra d'enraciner davantage la recherche dans son terrain : l 'Église

acadienne du Nouveau-Brunswick. À travers l 'histoire des rapports entre catéchèse et

liturgie en Acadie, nous serons en mesure d'apprécier les luttes et les victoires du peuple

acadien pour affirmer son autonomie, à partir même de la catéchèse et de la liturgie. Enfin,

nous terminerons la première partie en présentant les fondements d 'une articulation entre

catéchèse et liturgie à partir de la littérature scientifique sur le sujet (chapitre quatre).

La deuxième partie de la thèse sera consacrée à la présentation de la méthode de recherche

empirique, la théorisation ancrée (chapitre cinq) et des résultats obtenus (chapitre six).

C'est à partir de cette méthode que nous avons pu circonscrire la pratique et en faire un

sujet de théologie pratique. En présentant les différentes étapes de la méthode d'enquête sur

le terrain dans le cinquième chapitre, nous chercherons simultanément à montrer comment

ces étapes ont été appliquées dans le cadre de la présente recherche. Cette présentation

permettra aussi de justifier pourquoi cette méthode nous semble la plus appropriée pour

répondre à notre question de départ. Les résultats obtenus grâce à cette méthode sont

présentés à l 'aide de cinq catégories conceptuelles qui font l 'objet du sixième chapitre.

Chacune de ces catégories a été identifiée à l 'aide de concepts qui sont ressortis de

l 'analyse. Puisque la finalité de la méthode consiste en une théorisation des résultats, nous

terminerons cette partie en présentant l 'assemblée chrétienne dominicale comme le concept

qui permet d'intégrer la totalité des résultats de l 'analyse. La table sera alors mise pour une

discussion de ce concept d 'assemblée chrétienne dominicale.

C'est précisément dans la troisième partie de la thèse que nous aurons recours à

l 'interdisciplinarité pour l 'analyse de nos résultats en lien avec notre concept intégrateur

d 'assemblée chrétienne dominicale. Notre premier rendez-vous sera avec les sciences

historiques. Nous tracerons d 'abord l 'évolution de la compréhension et du vécu de

l 'assemblée chrétienne dominicale depuis le qâhâl Yahvew de l 'Ancien Testament jusqu 'à

la compréhension que nous avons aujourd'hui de Yecclésia. Cette conception de Yecclésia

est sous-jacente à la théologie du Concile Vatican II (chapitre sept).

Le huitième chapitre permettra le croisement avec plusieurs autres disciplines. Nous

lorgnerons en premier du côté de l 'anthropologie à cause des fondements qu'elle apporte à

la méthode de l'initiation qui est valorisée en pédagogie aujourd'hui. Ensuite, nous irons

voir comment les sciences sociales et humaines, notamment la psychologie sociale, nous

permettent de dire que l 'assemblée chrétienne dominicale est un lieu de catéchèse à cause

de la transmission des attitudes qu'elle permet. Tout ceci se fera avec la théologie de

l 'assemblée chrétienne en filigrane. La théologie de l 'assemblée sera présentée à partir des

écrits des Pères de l 'Église et des théologiens qui ont suivi, de même qu 'à partir de

l 'exégèse des passages du Nouveau Testament qui se rapportent à l 'assemblée, notamment

le fameux passage de Ac 2, 42-47.

A la lumière de ces réflexions, nous présenterons un projet diocésain de catéchèse pour le

diocèse de Bathurst (chapitre neuf). Loin de vouloir apporter une solution instantanée au

problème de l'articulation entre la catéchèse et la liturgie, nous voudrions surtout faire

ressortir quelques enjeux qui ressortent de notre analyse et qui devraient être pris en

considération lors de l 'élaboration d 'un projet diocésain de catéchèse. Parmi ces enjeux, on

trouve au premier plan la mise en valeur de l 'assemblée chrétienne qui doit traduire en

actes ses diverses caractéristiques : catéchétique, diversifiée, liturgique, convoquée,

soucieuse de charité et dominicale!

Cette mise en valeur de l 'assemblée permet d'élargir les destinataires de la catéchèse à tous

les membres de cette assemblée, avec une attention privilégiée aux enfants. Afin de

respecter les différents cheminements de foi dans le contexte actuel, il nous semble

opportun de proposer une diversité de parcours pour l'initiation chrétienne des enfants.

Nous présenterons les parcours privilégiés. Nous verrons aussi les défis qui se posent aux

assemblées chrétiennes dominicales en attente de célébrations eucharistiques (ADACES).

Enfin, nous terminerons en parlant des différents acteurs du projet (évêque, prêtres, diacres,

catéchètes, parents, etc.) et des liens nécessaires entre tous les membres d 'une équipe

pastorale pour réussir un tel projet diocésain de catéchèse.

La conclusion de la thèse voudrait contribuer à élargir notre conception de l 'assemblée

chrétienne dominicale (souvent étroite parce qu'essentiellement liturgique). Le nouveau

contexte social et ecclésial appelle un nouveau projet diocésain de catéchèse. En inscrivant

au cœur de celui-ci une réalité d'Église qui concerne tous ses membres (l 'assemblée

chrétienne), nous osons croire que la catéchèse ne pourra plus être identifiée uniquement à

l 'enfance. Elle sera susceptible d'intéresser toute personne qui a le souci de susciter chez

l 'autre ou de vivre en ses profondeurs cette rencontre transformante avec « Celui qui fait

passer des ténèbres à son admirable lumière » (I Pi 2, 9). Il ne faut pas attendre des

propositions détaillées quant à l 'organisation concrète du projet diocésain de catéchèse. Par

fidélité aux témoins interrogés, une part du travail est volontairement laissée en avant.

Première partie

La catéchèse et la liturgie en quête de réconciliation

Au cours de la brève histoire de la théologie pratique, plusieurs théoriciens ont proposé

différentes typologies des pratiques chrétiennes qui permettent de répertorier et classer les 25

pratiques." Chacun de ces sous-domaines de la théologie pratique possède alors ses

théories, ses méthodes et ses techniques (ex. : la catéchétique pour la catéchèse ou la

sacramentaire pour la liturgie). Dans le livre des Actes des Apôtres (Ac 2, 42), Luc a

identifié quatre pratiques du premier noyau de chrétiens à partir de leur vie quotidienne :

« Ils se montraient assidus aux instructions des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle,

à la fraction du pain et aux prières ». Plusieurs se sont inspirés de ce modèle pour élaborer

des typologies des pratiques. Les dernières classifications peuvent contenir jusqu 'à six

catégories. 2 6 Ces catégories sont essentiellement liées à la vie de l 'Église et à ses activités

internes. Or, les pratiques dont il est question en théologie sont beaucoup plus larges,

comme le souligne Viau dans le Précis de théologie pratique :

En théologie pratique, le processus qui consiste à faire de la théologie sur les

pratiques ne restreint pas la théologie à faire un discours exclusivement sur ce qui

porte le nom officiel de chrétien. De très nombreuses pratiques qui touchent les

2 5 Un inventaire de ces typologies se retrouve dans l'article de Marcel Viau, « Les actes fondateurs de la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau (Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2003), 242-249. 2 6 Dans l'Église naissante, on trouvait aussi la typologie du marturia (l'annonce de la Parole et le témoignage des chrétiens), du leiturgia (la prière liturgique et la vie sacramentelle), du koinonia (le service de l'unité de la communauté) et du diakonia (le service des pauvres et l'exercice de la justice au sein de la communauté et du monde). Au XIX e siècle, Schleiermacher identifie deux grands domaines à la théologie pastorale : le gouvernement de l'Église et le service de l'Église dans lequel on retrouve la liturgie, les soins pastoraux et les activités sociales. Chez les catholiques, c'est la typologie tripartite (fonctions prophétique, sacerdotale et royale) qui va synthétiser et condenser les pratiques pour de nombreuses années... jusqu'à l'inflation des catégories au XX e siècle. Viau présente la typologie de Fowler qui dénombre cinq sous-espèces de pratiques chrétiennes d'intervention (l'administration; la proclamation et la célébration; l'évangélisation; le soin et la cure d'âme; la mission et le témoignage prophétique; la formation et la transformation) et celle de Hiltner qui contient aussi six catégories (culte et prédication; éducation chrétienne; soins pastoraux; évangélisation et mission; service à la société; administration de l'Église). Voir Marcel Viau, «Les actes fondateurs de la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, 242-249.

~7 Marcel Viau, « Les actes fondateurs de la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, 237. 2 8 Marcel Viau, « Les actes fondateurs de la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, 246-249. 2 9 Cette compartimentation entre les domaines correspond à celle présentée par Marcel Viau dans « Les actes fondateurs de la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, 248.

humains intéressent aussi le théologien, pour autant qu'i l soit possible d'en dégager

une signification pour la foi chrét ienne. 2 7

Afin d'inscrire la présente recherche dans un domaine particulier de la théologie pratique,

nous aurons recours à la typologie présentée par Viau dans le Précis de théologie

pratique.1* Dans son répertoire des pratiques chrétiennes d'intervention, Viau fait le choix

de privilégier quatre actes fondateurs de la théologie pratique : Proclamer, Célébrer, Édifier

et Soutenir. La dimension de la proclamation regroupe les dimensions de l 'évangélisation et

de la catéchèse et tout ce qui est nécessaire pour réaliser cette Mission de l 'Église :

homélies, moyens de communication, mass-médias, etc. La dimension de la célébration

quant à elle fait référence à la vie liturgique et sacramentelle de l 'Église. Cette dimension

regroupe les différentes formes de prière contenues dans les rituels et dans la vie cultuelle

de l 'Église. Quant à la dimension édificatrice de l 'Église, elle comprend l 'ensemble des

pratiques individuelles (comme le counselling pastoral) et collectives (comme la formation

des laïcs) pour faire vivre l 'Église. Enfin, la dimension du soutien se manifeste dans le

service apporté à des personnes ou à des groupes pour les aider à œuvrer sainement au sein

de l 'Église et du monde . 2 9

À l'intérieur de cette typologie des quatre actes fondateurs de la théologie pratique, notre

recherche sur l'articulation entre la catéchèse et la liturgie ne peut être classée

unilatéralement sous un acte uniquement. Si nous faisions le choix d 'un seul acte pour

rendre compte de la recherche, nous négligerions une part importante de données.

Privilégier la dimension de la proclamation sur celle de la célébration, ce serait faire fi de la

liturgie qui est au cœur de la question de recherche! Et en amont, privilégier la dimension

de la célébration sur celle de la proclamation, ce serait négliger l 'apport de la catéchétique

qui nous sera d 'un réel secours pour trouver cette articulation souhaitée entre catéchèse et

liturgie. Les actes du « Célébrer » et du « Proclamer » sont nécessaires pour rendre compte

de l 'ensemble de la présente recherche.

L'acte fondateur du Célébrer

En cherchant à trouver un (ou des) lieu(x) d'articulation entre la catéchèse et la liturgie, la

présente recherche s'inscrit donc à la fois dans l'action célébrante de l 'Eglise et dans son

action enseignante. Un exercice de clarification et de précision s ' impose au départ afin de

tracer les contours de ces actions. Commençons par l 'action célébrante de l 'Église en

définissant ce que nous entendons par « liturgie » dans le cadre de notre recherche. Après

les Journées de Vanves en 1946, Bouyer a voulu préciser ce qu'est la liturgie à partir des

découvertes que le mouvement liturgique avait réalisées depuis près de 50 ans de travail

réflexif. Bouyer commença par la négative pour dire que la liturgie n 'est pas un moyen

d'apostolat auprès des non-chrétiens. Au lieu de voir la liturgie comme un moyen, il

présente celle-ci comme un but de l'apostolat. Elle est une source pour les chrétiens eux-

mêmes et la réalisation actuelle de la vie intérieure de l 'Église. C'est pourquoi la liturgie

doit se prolonger et se compléter par des réalités communautaires nouvelles, les unes dans

l 'Église, les autres sur le seui l . 3 0

Dans l 'encyclique Mediator Dei, Pie XII a lui aussi proposé sa définition de la liturgie. Il a

d 'abord écarté le fait que la liturgie ait une fonction simplement extérieure et sensible ou

encore qu'el le pourrait se limiter aux lois et aux préceptes de la hiérarchie. S'éloignant

d 'une définition strictement juridique, il dira tout de même que la liturgie doit être dirigée

par une personne qui en a reçu la fonction et qu'el le doit être conforme aux livres

liturgiques approuvés par le Saint-Siège. Cette encyclique doctrinale de Pie XII présente la

liturgie essentiellement comme la continuation de la fonction sacerdotale du Christ :

la sainte liturgie est donc le culte public que notre Rédempteur rend au Père comme

chef de l 'Église; c'est aussi le culte rendu par la société des fidèles à son Chef, et

par lui, au Père éternel; c 'est en un mot le culte intégral du Corps mystique de

Jésus-Christ, c'est-à-dire du chef et de ses membres (MD, n° 40).

Louis Bouyer, « Après les journées de Vanves. Quelques mises au point sur le sens et le rôle de la liturgie,» Études de Pastorale liturgique (Paris : Cerf, 1944), 379-389.

3 1 Les éléments que nous reprenons ici sont tirés du chapitre «Notions préliminaires, » dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, sous la direction de Aimé-Georges Martimort (Paris-Tournai-Rome-New York : Desclée et cie éditeurs, 1961), 3-14. 3 2 Michel Scouarnec, « La vie humaine à célébrer, » dans CNPL, Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier (Paris : Bayard, 2000), 25-28.

Au Concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium présente la liturgie comme la résultante de

deux mouvements : l 'œuvre de la rédemption des hommes et la parfaite glorification de

Dieu (SC, n° 5). Ce double mouvement à l 'œuvre montre que toute action liturgique fait

monter vers Dieu la prière du peuple et fait descendre les grâces divines. Ce mouvement est

synthétisé par ce répons « au moment d'offrir le sacrifice de toute l 'Église » au cours de la

célébration eucharistique: « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Cette union du

ciel et de la terre à travers l 'action liturgique sera aussi reprise dans la constitution

dogmatique sur l 'Église lors du Concile Vatican II (LG, n° 50).

Sacrosanctum Concilium reprend les éléments essentiels que les auteurs du mouvement

liturgique ont cherché à inclure dans la définition de la liturgie depuis le début du X X e

siècle. 3 1 Pour les auteurs du mouvement liturgique, l 'élément visible de la liturgie doit

manifester que celle-ci est signe d 'une réalité surnaturelle. La liturgie doit être comprise à

la lumière de l 'histoire du salut : elle accomplit ce qui était déjà annoncé dans l 'Ancien

Testament et est un avant-goût de la liturgie céleste. Enfin, Sacrosanctum Concilium

montre bien que c 'est tout le peuple chrétien qui prend part à la liturgie en vertu du

baptême de chacun de ses membres : le peuple de Dieu est présenté comme sujet et acteur

de l'action liturgique.

A la lumière de ces fondamentaux de la liturgie, des liturgistes contemporains ont mis

l 'emphase sur l 'une ou l 'autre de ces facettes de la liturgie pour en déployer le sens. Ainsi,

la récente encyclopédie pratique de la liturgie Exultet présente la liturgie comme la

célébration de l 'Alliance mainte fois renouvelée au cours de l 'his toire . 3 2 Pour Scouarnec,

cette alliance n 'est pas un événement du passé, mais un mémorial qui s'accomplit à chaque

fois que la liturgie est célébrée. C'est le sens du mémorial dans la tradition juive qu' i l

importe de souligner selon lui depuis que les racines juives de la liturgie ont été mises en

valeur par le mouvement liturgique.

L'acte fondateur du Proclamer

Comme nous l 'avons vu, il y a plus que l 'acte de la célébration qui est sous-jacent à cette

recherche. La question de la célébration liturgique est ici saisie dans le contexte plus large

de l 'enseignement catéchétique pour les enfants. Cette recherche s'inscrit donc aussi dans

l 'acte fondateur de la proclamation, selon la compartimentation adoptée et présentée par

Viau . 3 3 Lorsque l 'on réfère à la typologie tripartite des pratiques au sein de l 'Église

naissante, cet acte fondateur de la proclamation relève de la dimension de la martyria

(versus la leiturgia et la koinonia), alors que dans une typologie s'appuyant sur les

fonctions messianiques du Christ, l 'acte de proclamation relève de la fonction prophétique

(versus les fonctions sacerdotale et royale). Comme nous avons situé la liturgie dans l 'acte

de la célébration, il convient de situer la catéchèse dans l 'acte de la proclamation.

Marcel Viau, « Les actes fondateurs de la théologie pratique, » dans Précis de théologie pratique, 242-249.

Ces réflexions n'apportent pas de définitions précises de la liturgie de l 'Église : elles font

simplement ressortir les contours et quelques enjeux de la dimension célébrante de l 'Église.

Malgré la diversité des notions apportées par les auteurs cités, nous privilégions quelques

éléments lorsque nous abordons la liturgie comme un acte fondateur de la théologie

pratique dans le cadre de cette recherche. D'abord, la liturgie de l 'Église n 'a pas un

caractère improvisé : elle est convoquée et dirigée par un ministre qui en a reçu le mandat

(Pie XII). La liturgie est la réalisation de la vie intérieure de l 'Église en ce qu'elle vise la

glorification de Dieu et la sanctification des hommes (Bouyer). De Martimort et du

mouvement liturgique, nous pouvons retenir que la liturgie est actualisation de la Parole de

Dieu annoncée par les prophètes et annonciatrice du Royaume. C'est d'ailleurs cette

conception de la liturgie que déploie Scouarnec en la présentant comme le mémorial des

œuvres de Dieu qui s'accomplit à chaque fois qu 'une liturgie est célébrée. Nous prenons

appui sur ces éléments pour adopter la définition suivante de la liturgie dans le cadre de ce

travail : la liturgie est l 'actualisation de la Parole de Dieu (gestes libérateurs du Christ et

annonce du Royaume) par l 'Église peuple de Dieu.

Les éléments de l 'évangélisation sont multiples. Paul VI définissait d'ailleurs

l 'évangélisation « en termes d 'annonce du Christ à ceux qui l 'ignorent, de prédication, de

catéchèse, de baptême et d'autres sacrements à conférer» (EN, n° 17). On voit bien que

toutes ces actions de l 'Église ne sont pas à mettre sur le même niveau. La première annonce

à des gens qui ignorent tout du Christ et de son message ne se fait pas de la même manière

et avec les mêmes moyens que se fera la catéchèse à des enfants qui se préparent à

communier pour la première fois. Malgré les spécificités de chacune de ces activités, le

pape Paul VI insiste pour ne pas les dissocier de l 'œuvre d'évangélisation. Une définition

partielle et fragmentaire de l 'évangélisation viendrait appauvrir et même mutiler la

dynamique qu'elle contient (EN, n° 17).

C'est précisément dans ce processus d'évangélisation que se situe la catéchèse. Elle est une

partie intégrante de ce processus dynamique. Si, dans un passé qui n 'est pas lointain, on

pouvait nommer et distinguer les différents moments de l 'évangélisation selon un ordre

précis d'apparition dans le temps (première annonce, catéchèse, sacrements de l'initiation),

il est de plus en plus difficile de faire ainsi aujourd'hui. La pratique pastorale montre que

les étapes de l 'évangélisation ne sont pas toujours faciles à différencier et que

conséquemment, les frontières entre ces étapes ne sont pas faciles à identifier, tout comme

elles ne sont pas étanches : on passe aisément d 'une étape à une autre (DGC, n° 61).

L'exhortation Catechesi Tradendae relève certaines des difficultés actuelles en rapport avec

cet empiétement des étapes relatives à l 'évangélisation (n° 19). Ainsi, lorsqu'on s'adresse à

des enfants d 'âge scolaire qui ont été baptisés peu de temps après la naissance, certains

n 'ont pas entendu parler de Dieu lorsqu'ils se présentent à la catéchèse alors qu' i ls ont

atteint l 'âge scolaire. La catéchèse doit alors tenir compte que la première annonce n 'a pas

eu lieu. C'est souvent une pré-catéchèse qui est nécessaire dans des cas comme ceux-là.

Ces situations ne sont pas des cas d'exception, mais plutôt le lot de la majorité des enfants

inscrits à la catéchèse. Nous pouvons aussi dire que la catéchèse se trouve déjà sollicitée

lors de la première annonce et elle a des liens étroits avec les sacrements de l'initiation. Et

même lors de la catéchèse avec des baptisés, il arrive souvent que ce soit une première

annonce qui est sollicitée pour susciter la conversion. Malgré cet empiétement des étapes de

l 'évangélisation, cela ne doit pas faire perdre de vue la spécificité de chaque étape. C'est

ainsi que le Directoire Général pour la Catéchèse appelle à redécouvrir la valeur de la

première annonce, fondement de l 'enseignement catéchétique :

Le fait que la catéchèse accomplisse, en un premier temps, cette tâche missionnaire,

ne dispense pas l 'Eglise particulière de promouvoir une intervention professionnelle

de première annonce comme accomplissement plus direct du mandat missionnaire

de Jésus. Le renouveau catéchistique doit se fonder sur cette évangélisation

missionnaire préalable (DGC, n° 62).

Aujourd'hui, la mission de la catéchèse est située à l 'intérieur de l 'acte de proclamation

dans son ensemble, c'est-à-dire autant dans la première annonce de l 'Évangile que dans la

préparation à la réception des sacrements de l'initiation chrétienne ou encore de la vie

chrétienne en général. Des passages du Directoire Général pour la Catéchèse expriment

clairement cette interrelation entre les composantes de l 'évangélisation. Pour illustrer le lien

entre la première annonce et le moment plus spécifique d 'une catéchèse organisée, le

Directoire dit que « la catéchèse d'initiation est ainsi le maillon reliant l 'activité

missionnaire, qui appelle à la foi, à l 'activité pastorale qui régénère la communauté

chrétienne » (DGC, n° 64). Et pour manifester le lien entre le moment de la catéchèse et la

croissance vers la maturité de la foi, le texte poursuit en affirmant cette fois que

le maillon qui relie la catéchèse au baptême est la profession de foi; celle-ci est, à la

fois, l 'élément intérieur de ce sacrement et l'objectif de la catéchèse. La finalité de

l 'activité catéchétique est précisément de favoriser une profession de foi vivante,

explicite et agissante (DGC, n° 66).

Tout comme pour l 'évangélisation, les éléments et les objectifs de la catéchèse sont aussi

multiples. Jean Paul II dira que la catéchèse « poursuit le double objectif de faire mûrir la

foi initiale et d 'éduquer le vrai disciple du Christ par le moyen d 'une connaissance plus

approfondie et plus systématique de la personne et du message de notre Seigneur Jésus-

Christ » (CT, n° 61). Mais il y a plus : la catéchèse est appelée à se faire en lien étroit avec

la communauté chrétienne et viser à une intégration au sein de cette communauté. La

catéchèse « développe et porte à maturité la conversion initiale en éduquant le converti à la

foi en l 'incorporant dans la communauté chrétienne » (DGC, n° 61). Pour en arriver à cette

éducation et à cette insertion du catéchisé à l 'intérieur de la communauté chrétienne, nous

pouvons dire que la catéchèse consiste essentiellement en :

l 'ensemble des efforts entrepris dans l 'Église pour faire des disciples, pour aider les

hommes à croire que Jésus est le Fils de Dieu, afin que, par la foi, ils aient la vie en

son nom, pour les éduquer et les instruire dans cette vie et construire ainsi le Corps

du Christ ( C 7 , n ° 1).

Plusieurs tâches sont ici énumérées pour la catéchèse : faire des disciples, aider à croire,

éduquer, instruire et construire le Corps du Christ. À chacun de ces objectifs correspondent

des moyens et une pédagogie propres : ainsi, il peut y avoir une éducation des disciples qui

se fasse par le témoignage de vie, alors que la construction du Corps du Christ sera rendue

visible et possible par la célébration des sacrements. Chaque objectif appelle des moyens

appropriés. Un peu plus loin dans cette même exhortation, Jean-Paul II précise certaines

tâches de la catéchèse en mettant l 'accent surtout sur l 'enseignement (qui est d'ailleurs un

trait marquant de Catechesi Tradendaé) :

Globalement, on peut retenir ici que la catéchèse est une éducation de la foi des

enfants, des jeunes et des adultes, qui comprend spécialement un enseignement de

la doctrine chrétienne donnée en général de façon organique et systématique, en vue

de les initier à la plénitude de la vie chrétienne (CT, n° 18).

Que retenir de ce foisonnement de définitions de la catéchèse? De l 'enseignement de Paul

VI, notamment dans son exhortation apostolique sur l 'évangélisation dans le monde

moderne Evangelii Nuntiandi, nous retenons que la catéchèse doit nécessairement s'inscrire

dans le contexte élargi de l 'évangélisation. Le contexte social qui est le nôtre, où des

enfants baptisés juste après la naissance arrivent à la catéchèse sans avoir vraiment entendu

parler de Jésus, montre que la catéchèse doit commencer bien souvent par une première

annonce.

La catéchèse doit aussi s'inscrire dans la préparation des sacrements de l'initiation

chrétienne à venir. Ceci est une particularité de la catéchèse actuelle au diocèse de Bathurst

qui doit se soucier de l'initiation aux sacrements de l 'eucharistie et de la confirmation.

" Emilio Alberich et collab., Les fondamentaux de la catéchèse (Montréal : Novalis ; Bruxelles : Lumen Vitae, 2006), 91.

C'est à condition de trouver la signification de la catéchèse à l 'intérieur de toutes les

dimensions de la martyria (profession de foi, activités pastorales, transformation du monde

et célébration de la foi) que nous pouvons voir les relations possibles et nécessaires avec la

dimension célébrante de l 'Égl ise . 3 4

L'acte de la célébration n 'est donc pas un élément quelconque qui viendrait s'ajouter aux

autres activités de la catéchèse : il en fait partie puisque le témoignage de la foi qui fonde

l'acte catéchétique se nourrit de la liturgie et y trouve son sens. De plus, puisque le but

ultime des efforts catéchétiques entrepris dans l 'Église est de «faire des disciples (...) et

construire ainsi le Corps du Christ » (CT, n° 1), il appert que toute célébration liturgique, en

tant qu 'œuvre de l 'Église qui est Corps du Christ, « est l 'action sacrée par excellence dont

nulle autre action de l 'Église ne peut atteindre l'efficacité au même titre et au même degré »

(SC, n° 7). Enfin, en choisissant d 'aborder la liturgie comme actualisation de la Parole de

Dieu, les liens entre l 'annonce de cette Parole et son accomplissement lors de la liturgie

deviennent manifestes. C'est à cause de ces liens intrinsèques entre catéchèse et liturgie que

les chrétiens ont toujours cherché à faire de ces deux activités de l 'Église les deux côtés

d 'une seule pièce. Le premier chapitre veut justement montrer cette quête d'articulation

entre catéchèse et liturgie au cours des âges.

Chapitre 1 : Les liens entre liturgie et catéchèse : histoire d'éloignements et tentatives d'articulations

La catéchèse se présente différemment d 'une région du monde à une autre. Elle évolue

aussi dans le temps en fonction de la théologie et du contexte culturel ambiant. La force des

liens que la catéchèse a entretenus avec la liturgie a varié au cours de l 'histoire. Tantôt

lâches, tantôt forts, ces liens ont néanmoins permis à la liturgie et à la catéchèse de se

définir et de s'enrichir au contact de l 'autre. L'histoire des liens entre catéchèse et liturgie

depuis les origines nous permet de voir l 'évolution de ces deux composantes de la vie

chrétienne. Cette histoire d'éloignements et d'articulations a comme objectif de situer notre

propre problématique et ne prétend certes pas épuiser les données historiques du sujet.

Un détour par l 'histoire nous permet de voir qu ' à l 'origine, il y avait alliance entre la

catéchèse et la liturgie. Ces composantes de la vie chrétienne n'étaient pas vues comme

deux activités distinctes prenant place dans des temps et des lieux particuliers. Lors des

assemblées chrétiennes, ce qui se vivait était à la fois catéchétique et liturgique. Il n 'y avait

pas ces distinctions, venues plus tard dans l 'histoire, entre les activités ecclésiales. Lorsque

les distinctions entre catéchèse et liturgie sont survenues, il y a eu des institutions qui ont

surgi et qui ont permis une articulation saine et féconde entre liturgie et catéchèse.

La première section de ce chapitre présentera le catéchuménat qui a permis l'articulation

catéchèse-liturgie à l 'époque apostolique. Suite aux grandes persécutions chrétiennes et à

l 'adoption du christianisme comme religion de l 'Empire, la société tout entière entre dans

une ère de chrétienté. Pendant cette époque, nous verrons que c'est l 'ensemble de la vie

sociale qui assurait la cohésion entre les différentes composantes de la vie chrétienne. Ce

qui se vivait à l 'église paroissiale était intimement lié à ce qui se vivait au quotidien. La

troisième partie de ce chapitre nous permettra de voir les enjeux de la catéchèse à l 'époque

des Temps modernes. Le Concile de Trente va insister sur la production de catéchismes et

sur la paroisse. Ces institutions vont marquer la vie de l 'Église pendant plusieurs siècles.

Pour conclure ce chapitre, nous ferons un bilan de l 'héritage du siècle des Lumières sur les

liens entre catéchèse et liturgie au moment d'entrer dans le X X e siècle.

1. Liturgie et catéchèse au temps des apôtres et des Pères de l'Église

Au lendemain de la Pentecôte, les apôtres deviennent les hérauts de la Bonne Nouvelle.

Poussés par l 'Esprit et forts de leur expérience, les apôtres annoncent Jésus Christ et

invitent leurs auditeurs à répondre à cette Parole en se faisant baptiser pour le pardon des

péchés et pour recevoir le don de l 'Esprit-Saint (Ac 2, 14-38). L 'annonce de la Parole faite

par les apôtres suscite une réponse de la part de leurs auditeurs qui est symbolisée dans

l 'acte rituel de l ' immersion. « Le baptême qui scelle cette option pour le Christ le manifeste

symboliquement dans le déroulement même de sa célébration. » 3 5 Annonce de la Parole par

les apôtres et réception du baptême par les auditeurs s'appellent mutuellement. Il n 'y a pas

de distinctions ou de séparations entre célébration rituelle et annonce de la Parole.

Il n 'y a pas que le baptême qui symbolise la réception de la Parole et l 'option pour le

Christ. L'eucharistie aussi est une célébration rituelle qui reprend l 'enseignement des

apôtres et le mystère central de la foi naissante qu' i ls annoncent : c'est le mémorial du

mystère pascal qui est célébré. L 'annonce de la Parole conjuguée à la préparation et à la

célébration de ces deux sacrements de l'initiation chrétienne (baptême et eucharistie) à

l 'intérieur de l 'assemblée illustre bien l 'alliance entre catéchèse et liturgie dans l 'Église des

origines. 3 6 Au cours de la même assemblée, la Parole de Dieu est annoncée et elle est reçue

par les fidèles qui y répondent par la prière et l 'eucharistie (I Co 14, 26). Cela peut aller

jusqu 'à nous faire résumer la situation de la manière suivante : ce que la célébration

proclame, l 'annonce de la Parole en fait mémoire.

Lorsque les Actes des Apôtres parlent de la vie de la première communauté chrétienne (Ac

2, 42), les divers éléments de l'activité ecclésiale (notamment la fraction du pain et

3 5 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi (Paris : Desclée, 1983), 9. 3 6 Si l'on parle du baptême et de l'eucharistie sans évoquer la confirmation comme sacrements de l'initiation chrétienne, c'est que la confirmation n'est pas un sacrement en soi à cette époque. Ce n'est qu'avec l'extension de l'Église quelques siècles plus tard et pour des raisons d'ordre pratique que la dernière onction d'huile après l'immersion se détachera du baptême pour constituer le sacrement de la confirmation conféré par l'évêque.

l 'enseignement des apôtres) sont présentés comme faisant partie d 'un seul rassemblement.

De même, lorsque les Actes parlent de l 'évangélisation faite par les apôtres, il y aussi ce

lien indissociable entre prédication et célébration. Ainsi, après le discours de Pierre qui fait

suite à l 'événement de la Pentecôte, « ceux qui accueillirent sa parole furent baptisés et, ce

jour-là, trois mille personnes environ se joignirent aux disciples » (Ac 2, 41). Un peu plus

loin dans le même livre des Actes, pour parler de l 'expansion de l 'Église, Luc parle de

l 'annonce de la Parole qui, à elle seule, fait des chrétiens : « La parole de Dieu progressait

sans cesse : le nombre des disciples augmentait considérablement » (Ac 6, 7). On voit bien

qu 'on ne pouvait pas imaginer l 'annonce de la Parole sans son accomplissement dans la

célébration liturgique. Il en va de même pour l 'assemblée à Troas : les chrétiens se

rassemblent pour écouter un commentaire des Écritures (ici le discours vient de la bouche

de Pierre et il se prolonge tard dans la nuit) et pour rompre le pain (Ac 20, 7-12).

Ces témoignages nous invitent à cesser de voir ces deux activités (annonce et célébration)

comme étant consécutives l 'une par rapport à l 'autre dans le temps à l 'époque de l 'Église

naissante. Il s'agit en fait de deux éléments de la vie de la communauté qui se vivaient

simultanément au cours de l 'assemblée. Lorsque nous compartimentons les différentes

activités ecclésiales, nous le faisons avec des classifications qui sont venues plus

tardivement dans l 'histoire. Les premiers chrétiens ignoraient nos classifications actuelles.

À l 'époque apostolique, la catéchèse et la liturgie allaient donc de pair. Ce sont les besoins

de la communauté au cours de son expansion qui ont amené la clarification et la définition

des différentes activités ecclésiales. Ainsi, lorsque les apôtres ont dû partager leur mission

avec d'autres membres de l 'Église, ils ont précisé quelles tâches seraient désormais

dévolues à ces nouveaux ministres. À travers l'institution des différents ministères au début

de l 'Église, nous voyons la distinction qui s 'opère progressivement entre catéchèse et

liturgie. Ainsi, pour le ministère de la prédication et de l 'enseignement, les Actes nous

disent que les apôtres «s'adjoignaient dans la tâche d'enseigner beaucoup d'autres

disciples » (Ac 15, 35). Ces disciples allaient de ville en ville annonçant la Bonne Nouvelle

(Ac 8, 4). Les écrits des pères apostoliques nous renseignent sur ces ministres de la Parole

institués dans l 'Église naissante. Ils nous renseignent aussi sur d'autres ministères qui

confirment la spécificité grandissante des différentes composantes de la vie de l 'Église.

1.1 A différentes fonctions, différents ministères!

Les premiers ministres de la Parole sont les apôtres. Parmi eux il y a les Douze, mais aussi

ceux qui sont envoyés en mission comme Barnabe et Paul aussi appelés apôtres (Ac 14,

14), ainsi qu 'Andronicus et Junias qualifiés d'illustres apôtres par Paul (Rm 16, 7). A côté

des apôtres, il y a les prophètes qui sont aussi ministres de la Parole. Plusieurs prophètes de

l 'Église naissante sont d'ailleurs nommés dans le livre des Actes (13, 1). Saint Paul parle

du rôle des prophètes dans l 'assemblée qui est «d ' ins t ruire et de réconforter» (I Co 14,

31). La Didachè mentionne aussi leur existence dans la prédication missionnaire (XII, 3).

Enfin, parmi les ministres de la Parole, les Actes des Apôtres (13, 1) et la Didachè (XI,

2) parlent des docteurs. La différence entre le prophète et le docteur vient du fait que ce

dernier parle d 'après une science acquise par les moyens ordinaires alors que le prophète

parle sous l'action de l 'Esprit-Saint . 3 7

Tous ces ministres de la Parole dans l 'Église naissante ont un discours original par rapport

au discours des prophètes de l 'Ancien Testament. Non seulement le message des ministres

de la Parole dans l 'Église diffère de celui des prophètes de l 'Ancien Testament, mais il

diffère aussi du message de Jésus. Le contenu de leur prédication est un message vivant :

« Jésus le Nazaréen, Dieu l 'a ressuscité, le délivrant des affres de la mort » (Ac 2, 22-24).

Un déplacement se fait dans la proclamation de l 'Évangile. Alors que Jésus annonçait le

règne de Dieu, les ministres de la Parole quant à eux annoncent Jésus-Christ (Didachè, XI,

2). C'est lui, le Christ, qui est pour eux l'incarnation du Royaume. Désormais, c'est une

parole devenue chair qui est au cœur de l 'Évangile.

Dans son histoire des origines chrétiennes, Mourret mentionne le rôle important accordé aux prophètes, notamment dans la Didachè qui en fait mention quinze fois (tandis que les apôtres et les docteurs ne sont mentionnés que trois fois; les épiscopes et les diacres, une seule fois). Certains ont été tentés de voir dans cette insistance un rôle plus élargi que celui de la Parole pour les prophètes, faisant d'eux parfois les dirigeants d'une communauté. Malgré cette insistance sur le ministère prophétique dans la Didachè, « le rôle des prophètes paraît avoir été toujours restreint à la prédication et à l'édification des fidèles. » Fernand Mourret, Histoire générale de VÉglise. Tome 1, Les origines chrétiennes (Paris : Librairie Bloud et Gay, 1928), 89.

Les ministres présentés ci-haut étaient les premiers ministres de la Parole. Pour le baptême

et pour la fraction du pain, on verra à désigner des ministres différents (de ceux de la

Parole) qui présideront ces assemblées. La Didachè le dit clairement aux fidèles après les

avoir exhortés à se réunir le dimanche pour la fraction du pain et l 'action de grâce :

«Choisissez-vous donc des episcopoi » (XV, 1). Ce ministère de Yepiscopè au sein de

l 'assemblée montre qu'i l s'agit d 'une fonction spécifique et différente des autres : « ils sont

d'abord les ministres du sacrifice eucharistique » . 3 8 La fonction des episcopoi est

englobante puisqu'ils « exercent eux aussi le ministère de prophète et de docteur » (La

Didachè XV, 1). Sous les episcopoi, il y a les anciens ou encore les presbyteroi qui

partagent leur ministère et qui doivent rester unis à eux «comme les cordes à la cithare »

selon l 'expression d'Ignace d'Antioche (Ép IV, 2). C'est d'ailleurs le témoignage d'Ignace

qui montre que dès la fin du premier siècle, le nom d'ancien est davantage lié au ministère

du prêtre qu 'au conseil presbytéral (presbyterion) qui gouverne l 'Église avec V episcopoi}9

Cette hiérarchie en mouvement montre qu 'au premier siècle, on a commencé à distinguer

entre catéchèse et liturgie en instaurant des ministères particuliers en fonction des

charismes des fidèles et des besoins de l 'Église.

1.2 Le catéchuménat antique, modèle d'articulation entre catéchèse et liturgie

Avec la génération post-apostolique, on commence à distinguer de plus en plus catéchèse et

liturgie. Or, distinction ne signifie pas séparation : ces deux activités ecclésiales continuent

à se faire ensemble, lors de la même assemblée. L'institution du catéchuménat qui surgit à

cette époque dans l 'Église primitive permet de conserver des liens forts entre catéchèse et

liturgie. À cause de son importance dans cette tranche de l 'histoire et en regard avec notre

sujet de recherche, il importe de relever quelques traits de cette institution antique.

3 8 Fernand Mourret, Histoire générale de l'Église. Tome 1, Les origines chrétiennes, 90. 3 9 « Quand, après la mort des Douze, chaque Église particulière aura été placée sous la direction d'un chef unique; quand l'institution du conseil presbytéral aura disparu, et que le mot d'évêque aura pris sa signification, le mot d'Ancien ne désignera plus que le simple prêtre. » Fernand Mourret, Histoire générale de l'Église. Tome 1, Les origines chrétiennes, 91.

4 0 Germain dit qu'au début du 3 e siècle (200-215), à cause des persécutions, « la communauté a des raisons de se défendre contre ceux qui pourraient s'introduire simplement pour repérer les chrétiens, les dénoncer peut-être aux autorités. » Dans Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 17. 4 1 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 17. 4 2 Joël Molinario, « Catéchèse et liturgie ou liturgie et catéchèse : Quelques points d'ancrage dans l'histoire, » Lumen Vitae LIX, n° 3 (2004): 249.

Le catéchuménat naît à l 'époque des persécutions chrétiennes, dans un contexte de

prudence quant à l 'admission de nouveaux chrétiens au sein de la communauté chrétienne.

Persécutés, les chrétiens cherchent à se défendre contre ceux qui pourraient les mettre à

mort. Il n 'est pas facile d'être admis dans la communauté des croyants parce que les

chrétiens craignent des espions qui pourraient s'infiltrer parmi eux pour chercher à les faire

mouri r . 4 0 C'est donc avec cette prudence des commencements que le christianisme se

propage dans le monde romain et hellénique. « Ainsi, il faut être introduit (dans la

communauté) par quelqu'un qui peut témoigner, qui a donc déjà réalisé auprès de celui

qu'i l amène une première annonce par sa vie et sa parole. » 4 1 Les mœurs et la vie de ceux

qui étaient présentés à la communauté étaient alors examinées par l 'assemblée chrétienne.

Ce n 'est qu ' à la suite de cette enquête que le nouveau venu était reçu comme catéchumène.

Il entrait dans le temps du catéchuménat qui durait trois ans et menait au baptême.

Le temps du catéchuménat ne se déroule pas en dehors ou en marge de l 'assemblée

chrétienne : il est intimement lié à la vie de celle-ci. Après avoir choisi les catéchumènes,

la communauté doit préparer ces derniers à intégrer pleinement l 'assemblée chrétienne par

le baptême. La préparation se fait par la remise des symboles de la foi (Pater et Credo), la

prière, les rites et l 'enseignement. Cet enseignement est lié à la liturgie puisqu'il vise « à

opérer une anamnèse biblique liée au rituel et à la prière chrétienne. Ce qui est catéchétique

ici, c 'est l 'appel à l 'Écriture pour donner sens à la liturgie. Ceci autant de façon

préparatoire avec les illuminés, que de manière mystagogique avec les néophytes » . 4 2 C 'est

alors qu 'on commence à parler plus spécifiquement de catéchèse.

Au deuxième siècle, le mot « catéchèse » paraît définitivement spécialisé pour

désigner l 'enseignement que demandent à l 'Église ceux qui veulent devenir

chrétien, un enseignement élémentaire, mais complet, préparatoire au baptême;

Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 23. Michèle Clavier, « La liturgie au service du catéchuménat,» Catéchèse 161 (2000) : 72.

complet parce qu' i l vise à transmettre la substance de la foi, et aussi parce qu' i l

s 'adresse à la totalité de la personne qui s'engage dans la fo i . 4 3

L'enseignement est complet parce qu'i l s 'adresse à la totalité de la personne. Ce n'est pas

uniquement à l 'intelligence que s'adresse la démarche catéchuménale, mais à la globalité

de l 'expérience du catéchumène. Cela se manifeste par des rites (exorcismes, scrutins,

remise des symboles) qui rythment l 'ensemble de la démarche. Cette conviction qu 'on

devient chrétien en étant introduit dans une communauté par des rites se trouve au cœur de

l'institution catéchuménale dès le début de son histoire. Clavier résume bien la situation

dans son article traitant de « la liturgie au service du catéchuménat » :

Depuis ses origines et son âge d 'or à l 'époque patristique, le catéchuménat,

forcément inscrit dans la durée, ne s'est jamais réduit à l 'acquisition d 'un savoir

doctrinal; il a toujours supposé des rites particuliers marquant son déroulement et

une conversion progressive à l 'Évangile (...) Le devenir chrétien ne se confine pas

dans le discours (-logie), il passe par l 'expérience (-urgie) symbolique. 4 4

1.3 Les « Grandes Catéchèses » des Pères de l'Eglise

En évoquant le catéchuménat, on ne peut passer sous silence l ' impulsion qui lui a été donné

par les Pères de l 'Église, notamment via leurs catéchèses. Les « grandes catéchèses » des

Pères ont donné à la pratique catéchétique ses lettres de noblesse. Ces Pères considéraient

d'ailleurs la catéchèse comme leur tâche principale. La catéchèse des Pères consistait dans

la préparation des catéchumènes au baptême. Ces catéchèses ad illuminandos (pour les

catéchumènes) comprenaient l 'enseignement des symboles de la foi en reprenant l 'essentiel

du kérygme et en s'appuyant sur les Écritures. L'explication scripturaire du credo baptismal

voulait démontrer (aux Juifs notamment) qu 'en Jésus s'accomplissent les prophéties de

l 'Ancien Testament.

" Joël Molinario, « Catéchèse et liturgie ou liturgie et catéchèse : Quelques points d'ancrage dans l'histoire, » 248-249. 4 6 François Cassingena-Trévedy, « La catéchèse mystagogique chez les Pères de l'Église, » Lumen Vitae LIX, no 3 (2004) : 265 4 7 Maurice Jourjon, « Catéchèse et liturgie chez les Pères, » La Maison-Dieu 140 (1979) : 42.

Cette catéchèse préparatoire aux sacrements de l'initiation chrétienne ne se limitait pas à

l 'explication du Credo, mais elle débordait sur la proposition d 'un agir chrétien. Déjà à la

période post-apostolique, l 'enseignement de la Didachè illustre bien cette intention de

donner des balises pour la conduite morale avec « la catéchèse des deux voies » (I-VI). Cet

enseignement visant à façonner l 'être-chrétien sera repris dans les catéchèses patristiques :

il était constitué d 'une série d'exhortations pour écarter le chrétien de la voie de la mort et

lui faire choisir la voie de la vie. Cette doctrine des deux voies correspondait à une partie du

rituel du baptême qui est la renonciation au Mal (voie de la mort) pour s'attacher à Jésus

(voie de la vie). Nous voyons que cette catéchèse s'appuie fortement sur le rituel baptismal.

La catéchèse des Pères était aussi une catéchèse pour les néophytes durant le temps pascal.

Cette catéchèse mystagogique était fondée sur la Bible et la liturgie. Les évêques

saisissaient l 'occasion fournie par la réception récente des sacrements pour donner

« l 'épaisseur biblique aux rites liturgiques » . 4 5 À partir des grands récits bibliques, les

évêques donnaient sens aux rites accomplis durant la liturgie : ainsi le passage à travers la

Mer Rouge (Ex 14) et la rencontre avec la Samaritaine (Jn 4) servaient de fondement pour

parler du baptême, alors que le don de la manne au désert (Ex 16) et le discours sur le pain

de vie (Jn 6) permettaient de comprendre l 'eucharistie. Dans les catéchèses des Pères, les

Écritures permettaient un lien fécond et un passage entre la liturgie et la catéchèse. Cette

catéchèse ouvrait aussi sur « la proposition d 'une véritable expérience spirituelle, puisque

aussi bien la mystagogie n'introduit à rien de moins qu ' à une mystique » . 4 6

Selon les évêques, la réception préalable des sacrements rendait plus facile l 'explication des

rites et prodiguait la grâce nécessaire pour mieux comprendre l 'enseignement. La liturgie

était donc première pour la catéchèse. On ne pouvait imaginer une autre façon de faire.

« L'originalité de cette catéchèse, c 'est qu'el le n 'explique les sacrements qu'après leur

réception. La catéchèse sur les mystères (sacrements) ne précède pas ceux-ci : elle les suit.

Elle ne dit pas à l 'avance ce qui va se passer. Elle dit après coup ce qui s'est passé. » 4 7

2. En période de chrétienté, la vie sociale articule catéchèse et liturgie

Cette articulation entre la catéchèse et la liturgie dans le cadre du catéchuménat des adultes

va disparaître peu à peu entre le V e et le VIII e siècle. Avec l'édit de Milan en 313,

commence une nouvelle période dans l 'histoire des liens entre la catéchèse et la liturgie.

L'inscription du christianisme dans le temps (fêtes religieuses inscrites au calendrier) et

dans l 'espace (construction de cathédrales et de baptistères) favorisait l 'éducation à la vie

chrétienne : l 'ensemble de la vie religieuse et sociale éduquait la foi. En ce qui concerne les

liens entre catéchèse et liturgie, des changements se profilaient à l 'horizon avec une

nouvelle donne politique : la multiplication des baptêmes. Ceci obligea les évêques et les

ministres à institutionnaliser davantage leurs pratiques catéchétiques.

4 8 François Cassingena-Trévedy, « La catéchèse mystagogique chez les Pères de l'Église, » 265. 4 9 Le IV e siècle est le siècle des grands textes de catéchèse. De cette période, nous sont parvenues les 24 catéchèses de Cyrille de Jérusalem qui mêlaient doctrine et morale, les 16 homélies catéchétiques de Théodore de Mopsueste qui articulaient morale avec le Pater, les 8 catéchèses de Jean Chrysostome, la Grande Catéchèse de Grégoire de Nysse, La Catéchèse des débutants de Augustin, etc. Voir Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 29. 5 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 31.

Ces catéchèses mystagogiques sont à l 'origine d 'un genre littéraire nouveau qui comporte

cinq éléments : le dogme, la Parole-Histoire comparée, le rite, la morale et l 'expérience 48

mystique. Ces catéchèses ont été déployées dans tout le bassin méditerranéen au cours des

premiers siècles de l 'Église, nous laissant un corpus catéchétique considérable. 4 9 Tout

comme les catéchèses préparatoires aux sacrements de l'initiation, les catéchèses

mystagogiques ne s'adressent pas qu 'à l 'intelligence : elles s'adressent à tout l 'être-

chrétien. Le fait que ces catéchèses se déroulent lors de la liturgie témoigne de cet effort à

tenir compte de la globalité de la personne : ce n 'est pas uniquement l 'intelligence qui

reçoit, mais c'est tout le corps qui est sollicité lors des catéchèses. « Elles (les catéchèses)

se situent normalement dans une célébration : une écoute, en Église, de l 'Écriture accueillie

comme Parole vivante. » 5 0 Ce style catéchétique, qui a comme point de départ l 'action

liturgique, se développa jusqu 'au lendemain des grandes persécutions.

5 1 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 29. 5 2 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 31.

2 . 1 A l'époque carolingienne

Au début de l'institution du catéchuménat, la durée moyenne de celui-ci était de trois ans et

culminait avec un temps fort à partir du moment où les catéchumènes avaient donné leur

nom et étaient inscrits pour le prochain baptême (ce temps fort correspondait à un carême).

Avec le IV e siècle, la durée du catéchuménat devient plus variable et on assiste à une

désaffection du catéchuménat (tel qu 'on l'avait imaginé et pratiqué jusqu 'à date) :

Les « convertis » sont plus nombreux, mais moins fervents et moins décidés,

maintenant qu'être chrétien, ce n'est plus risquer la persécution, mais plutôt les

faveurs du pouvoir. Dès lors, la situation se renverse. Beaucoup de catéchumènes,

redoutant les engagements baptismaux, ont tendance à prolonger indéfiniment le

catéchuménat, tandis que les évêques pressent les inscriptions, et insistent sur la

préparation immédiate au baptême. Ainsi, paradoxalement, parce que l 'ambiance

devient plus chrétienne, le catéchuménat proprement dit s'étiole au profit du

« catéchuménat quadragésimal ». À ce moment où tout se trouve défini, codifié

jusque dans le détail, les textes qui abondent traduisent sans doute à la fois une

décadence et l'effort pour y remédier. 5 1

La nouvelle orientation qui sera donnée à la catéchèse n 'est pas due uniquement à la

transformation du catéchuménat, mais aussi au fait que ce sont presque exclusivement des

enfants qui sont baptisés. Les baptêmes d'enfants nouveau-nés deviennent de plus en plus

nombreux et la situation commande une nouvelle façon de faire. Les baptêmes d'adultes

sont si rares qu 'un ordo romain de la fin du IV e siècle ne présente qu 'un rituel pour le

baptême, celui des petits enfants." Cet ordo nous apprend que ce sont des adultes qui

présentent l'enfant au baptême : ils doivent renoncer au mal et professer la foi. Ils reçoivent

de la part du ministre l 'exhortation à faire connaître à l'enfant le symbole de la foi et le

Pater. Le contenu de la catéchèse faite aux adultes demeure très proche du rituel baptismal.

5 3 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire (Paris : Fayard-Marne, 1972), 18.

Les rituels de l 'époque carolingienne parlent du catéchisme comme devant toujours

précéder le baptême et comporter l 'enseignement du Credo et du Pater. Or dans la pratique,

l 'enseignement de la catéchèse se fait le plus souvent lors de la liturgie eucharistique ou à

l 'occasion de la célébration du baptême. La pratique catéchétique de cette époque va

marquer la compréhension de la catéchèse pour plusieurs siècles. Cette pratique est

annonciatrice de ce qui se fera pendant le Moyen Âge naissant. Germain résume le contenu

et la pratique de la catéchèse à l 'époque carolingienne:

A la source première du catéchisme, pour une amorce de son organisation, nous

rencontrons donc le rituel baptismal. La tradition du symbole et du Notre Père le

signifie clairement et le catéchisme trouve là ses éléments de base, dans la droite

ligne d'ailleurs du catéchuménat. Le rituel, la liturgie en général resteront toujours

source de la catéchèse et « lieu » privilégié. Tout au long du Moyen Age, l'essentiel

de la formation religieuse se fait à l 'église, dans les cérémonies liturgiques : l'enfant

lui aussi prend part aux cérémonies, écoute les sermons, participe aux gestes, aux

actes, aux jeux liturgiques de toute l 'Assemblée chrét ienne. 5 3

2 . 2 Au Moyen Âge

Pour la période du Moyen Âge, ce sont les capitulaires épiscopaux et le synodal qui nous

renseignent le mieux sur les pratiques catéchétiques de cette époque. Les rituels traduisent

les conclusions des synodes et deviennent le moyen privilégié pour donner suite aux statuts

synodaux. Ces rituels ont comme but d'aider ceux qui ont charge d 'âmes à célébrer la

liturgie et à éduquer la foi. À travers ces rituels, nous pouvons voir la préoccupation des

évêques en ce qui concerne l 'éducation de la foi des fidèles.

Pour faire cette éducation chrétienne, les évêques choisissent de s'en remettre de plus en

plus aux prêtres. Ces derniers sont vus comme les responsables du salut de leurs ouailles.

Nicole Lemaître, « Le catéchisme avant les catéchismes, dans les rituels, » dans Aux origines du catéchisme en France, sous la direction de Pierre Colin et coll. (Paris : Desclée, 1988), 29. 5 5 Nicole Lemaître, « Le catéchisme avant les catéchismes, dans les rituels, » dans J4«X origines du catéchisme en France, 30. 5 6 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 21.

Cette situation est nouvelle puisque jusqu' ici , « la responsabilité de la transmission de la foi

n'appartenait pas au clergé, mais à la famille » . 5 4

2.2.1 Éducation du clergé

Cette volonté de confier au prêtre l 'enseignement de la religion ne va pas de soi. À cette

époque, tous les prêtres n 'ont pas une formation suffisante pour leur permettre d 'éduquer la

foi : c'est même le lot de la majorité d'entre eux d'ignorer les principaux symboles de la

foi. Les premiers à éduquer sont alors les prêtres, souvent analphabètes en ce qui concerne

les données fondamentales de la religion chrétienne. Les rituels diocésains (et surtout les

présentations générales qu 'on y trouvait) avaient donc comme premiers destinataires les

prêtres, desquels on voulait déraciner l ' ignorance.

(...) la condamnation réitérée de l ' ignorance des prêtres dans les lettres

introductives aux rituels (généralement liées à des décisions synodales), montrent

que dans l'esprit des évêques, pendant tout le siècle, l 'extinction de l ' ignorance du

peuple chrétien passe par celle de son clergé. La chose n 'est pas nouvelle; le Décret

de Gratien et le canon 27 du concile de Latran IV ont dénoncé avec vigueur le

scandale de l ' ignorance des clercs; selon la formule du concile, très répandue depuis

lors, « si des aveugles guident des aveugles, ils tomberont tous dans la fosse » . 5 5

L'essentiel de la foi se trouve alors dans des Instructions précises pour les prêtres : « les

premiers livres manuscrits d'enseignement religieux sont composés à l 'intention des curés

peu ou pas instruits » . 5 6 À travers leurs contenus (symboles, décalogue, sacrements) et leurs

méthodes privilégiées (notamment les septénaires : sept sacrements, sept vertus, sept vices,

sept dons du Saint-Esprit, etc.), ces Instructions adressées aux prêtres préfigurent déjà les

futurs manuels de catéchisme à l 'intention des fidèles. D'ailleurs, ces catéchismes seront de

plus en plus réclamés pour permettre un enseignement organique des données de la foi dans

un cadre autre que celui de la liturgie.

2.2.2 La catéchèse au moment du prône

Le contenu des Instructions était destiné d 'abord aux prêtres, et non pas aux fidèles

Laissons Lemaître le préciser une fois encore : « il n'est dit à aucun moment que ces vers

(savoir rassemblé en formules mnémotechniques), porteurs de connaissances élémentaires

pour le curé, sont pour apprendre aux fidèles » . 5 7 Or, les témoignages que nous avons nous

apprennent que les curés transmettront ces connaissances à la messe dominicale, plus 58

précisément au moment du prône / Cette pratique connaîtra tellement de succès auprès des

populations que les évêques feront de l 'enseignement au moment du prône une partie de la

messe . 5 9 Cela aura des conséquences sur la célébration des sacrements : il y aura

multiplication d'explications dans les rituels. De là naîtra le désir de séparer l 'enseignement

religieux de la liturgie eucharistique, ce qui vient à souhaiter le catéchisme (distinct de

l 'enseignement au moment du prône) pour l'instruction de la masse.

2.2.3 L'école médiévale

A l 'époque médiévale, l 'école du village demeure un fait d'exception. Le souhait de

Charlemagne de voir tous les enfants de son royaume apprendre à lire à l 'école paroissiale

n ' a pu se réaliser parce que c'est une minorité de paroisses qui pouvait s'enorgueillir

d 'avoir une école sur son territoire. Mais là où une école existait, l 'éducation qu 'on y

dispensait était d 'abord et avant tout religieuse selon le désir des rois carolingiens et

mérovingiens. 6 0 La religion était si présente dans ces écoles, que cela en a fait ironiser

Nicole Lemaître, « Le catéchisme avant les catéchismes, dans les rituels, » dans Aux origines du catéchisme en France, 31. 5 8 À cette modalité collective pour instruire le peuple, s'ajoute le sacrement de confession qui est le deuxième lieu classique (plus tardif toutefois) pour éduquer la foi. Voir Nicole Lemaître, « Le catéchisme avant les catéchismes, dans les rituels, » dans Aux origines du catéchisme en France, 32. 5 9 Cette pratique du prône est attesté dans les plus anciens statuts synodaux conservés, ceux d'Eudes de Sully, évêque de Paris (vers 1200). Venard parle de ce nouveau style. «Certains statuts (Lombez ou Amiens, précisément), développent ce prône, comme peuvent le faire au même moment, à même fin, les manuels de curés que nous appelons rituels. » Marc Venard, « La fonction catéchétique des statuts synodaux, » dans Aux origines du catéchisme en France, sous la direction de Pierre Colin et coll. (Paris : Desclée, 1988), 46. 6 0 La situation scolaire au Moyen Âge contraste avec la période de l'Antiquité. Au début du christianisme, les chrétiens envoyaient leurs enfants dans les écoles classiques apprendre les lettres et la pensée grecques. Les Pères de l'Église savaient par expérience que la connaissance de la culture grecque pouvait aider à l'intelligence et à la maturité de la foi. « S'ils font éduquer leurs enfants et adolescents avec les païens dans la même école classique, c'est qu'ils comptent sur le contre-poison que représentent la formation chrétienne donnée hors de l'école, à l'église et en famille; c'est qu'ils estiment qu'une conscience bien éclairée et formée saura effectuer les redressements nécessaires. » Voir Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 39.

6 1 Le Moyen Âge est aussi marquée par l'expansion du christianisme dans les campagnes. Dans ces lieux éloignés comme dans les villes, on ne peut passer sous silence l'œuvre des moines et des frères mendiants dans la transmission de la foi. Formés davantage que les clercs, les frères mendiants auront une influence considérable sur l'élite laïque (tiers ordre, béguinage, confrérie religieuse, etc.) et finalement sur le clergé séculier qui cherche lui aussi à centrer le ministère sur la prédication, l'administration des sacrements et la direction de conscience. 6 2 Joël Molinario, « Catéchèse et liturgie ou liturgie et catéchèse : Quelques points d'ancrage dans l'histoire, » 250.

certains qui disaient que les enfants apprenaient à lire dans le psautier. Puisque la majorité

des enfants n'allait pas à l 'école, c'est le milieu social et paroissial qui transmettait la foi . 6 1

A l'église, c'est au rythme de la liturgie que se faisait l 'éducation religieuse : la célébration

du mystère chrétien avait valeur d'éducation. Mais comme mentionné précédemment, cette

éducation se faisait aussi au moment du prône qui mélangeait la prière avec l'instruction.

Mais il y a plus. Pour transmettre la foi, l 'Église ne privilégiait pas uniquement

l 'enseignement intellectuel : il y avait une pastorale populaire pour rejoindre tous les

membres de la société et les intégrer à la vie de l'Église. Cette pastorale était dominée par

la tradition orale puisque peu de gens savaient lire et écrire. Les liens entre la catéchèse, la

Bible et la liturgie se manifestaient à travers les œuvres d'art : les vitraux, bas-reliefs, et

même les évangéliaires étaient des moyens de catéchiser les fidèles au cours de la l i turgie. 6 2

L'éducation religieuse qui se faisait à l 'église venait compléter celle qui se faisait

naturellement dans le cadre de la vie quotidienne dans cette société entièrement chrétienne.

Le christianisme imprégnait toute la vie sociale, ce qui nous fait dire que l 'éducation de la

foi se faisait presque par osmose à cette époque. Nous pouvons dire que c'est toute la vie

sociale qui permettait aux fidèles de connaître et de vivre les composantes de la vie

chrétienne. De la même façon, c 'est l 'ensemble de la vie sociale qui articulait catéchèse et

liturgie. Ces deux composantes de la vie chrétienne n'étaient pas séparées l 'une de l 'autre.

3. Réforme protestante et Contre-réforme catholique

À la fin du Moyen Âge, une idée fait son chemin : le peuple chrétien a besoin d'être

instruit. Les superstitions et les expressions de dévotions populaires donnent des arguments

6 3 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers Vhistoire, 55.

à ceux qui croient que la connaissance de l 'Église et de la foi n 'est pas que pour les savants

qui travaillent dans les universités. Convaincu de la nécessité d'instruire les masses,

l 'universitaire et théologien Gerson prépare et publie divers traités destinés aux prêtres et

aux laïcs. Avec la percée protestante du XVI e siècle, on assiste à la naissance d'un modèle

d'éducation religieuse qui aura une influence considérable : le catéchisme. La préparation

et la publication de catéchismes se feront aussi à l 'intérieur de l'Église catholique.

3 . 1 A u t o u r d u c o n c i l e d e T r e n t e

Canisius fait figure de pionnier dans le domaine des catéchismes catholiques. Le Canisius

était d'ailleurs le terme générique donné au catéchisme dans plusieurs régions de l 'Europe,

notamment en Allemagne. Le Canisius était composé de deux sections principales : sagesse

chrétienne (les vertus théologales) et justice chrétienne (le décalogue) avec un entre-deux

sur la vie sacramentelle. Reprenant le meilleur de la tradition médiévale, le catéchisme de

Canisius préparait la voie au Catéchisme romain (ou catéchisme du concile de Trente).

Au début du concile de Trente (précisément lors de la V e session), les Pères du Concile

votent l'institution d 'un catéchisme paroissial à l 'attention de tous les enfants. Ce

catéchisme est appelé à se faire à l 'occasion des dimanches et fêtes. Tout ceci se mettra en

branle rapidement dans les paroisses. Germain décrit bien cette période en disant :

Les Pères de Trente toutefois ont su parfaitement garder le souci de l 'ensemble de la

catéchèse : enfants et adultes; homélies à la messe du dimanche, sermons,

explications de la Sainte Écriture. . . La célébration eucharistique, l 'administration

des sacrements sont envisagés comme lieux privilégiés pour exercer cette catéchèse

de l 'ensemble : monitions, homélies, explications de ce qui se fait ou dit à la messe

et dans les sacrements lorsque le peuple fidèle se trouve assemblé; et pour ces

monitions et homélies, le concile renvoie les pasteurs au catéchisme du Concile de

Trente, alors en chantier . 6 3

Au lendemain du concile tridentin, le Catéchisme romain est préparé et édité. Les pasteurs

d 'âmes ont la responsabilité d 'en faire usage pour contrer l ' ignorance religieuse des fidèles

et pour limiter les hérésies; ils sont invités à préparer des catéchismes basés sur ce

Catéchisme romain et adaptés à leur milieu. Les efforts de cette contre-réforme catholique

ont été considérables si on en juge d'après le nombre de catéchismes édités. Parmi ceux-ci,

celui de Bellarmin aura une influence considérable dans la chrétienté. Le cardinal

Bellarmin publiera un catéchisme à l'intention des enfants et un manuel pour le maître (le

premier sera publié en 1597, Brève doctrine chrétienne, et une version révisée paraîtra en

1598, Plus amples Déclarations de la Doctrine Chrétienne). Ce catéchisme s'imposera par

la suite pour des raisons qui touchent au rapport catéchèse-liturgie.

Une des raisons du succès immédiat pour le manuel de Bellarmin, la raison sans

doute de son succès continu, nous la trouvons ici d 'abord dans cette présentation

claire, logique, parfaitement ordonnée, le souci de faire retenir, d'expliquer.

Bellarmin laisse dans l 'ombre le mystère de l 'Église, alors que le Catéchisme

romain axe toute sa présentation sur ce mystère. Le glissement opéré est net : là où

Trente parlait de la foi, Bellarmin dit le baptême; là où Trente parlait d 'adorer avec

piété et sainteté le Dieu vivant, Bellarmin dit professer la foi; là où Trente parlait de

servir Dieu de tout son cœur, Bellarmin dit obéir au souverain pontife. Autrement

dit, Bellarmin a remplacé tout ce qui, dans la définition de Trente, était démarche

intérieure par des actes extérieurs, des éléments visibles : la foi par le sacrement. 6 5

Bellarmin ne nie pas le Catéchisme romain, mais il insiste sur les réalités visibles pour

riposter à la doctrine protestante. Il met l 'accent sur les sacrements qui permettent au

chrétien de faire son salut. La liturgie sacramentelle entre alors de plain-pied dans le

catéchisme de Bellarmin. Les catéchismes écrits et publiés par la suite adopteront la

6 4 Ce catéchisme fera date dans l'Église. Aux catéchistes réunis à Notre-Dame de Paris, le cardinal Ratzinger n'hésite pas à le présenter comme « le plus important catéchisme catholique ». La catéchèse d'aujourd'hui devrait se structurer à partir de ses principaux éléments selon lui. Toujours selon le cardinal Ratzinger, le catéchisme romain, qui renferme quatre composantes classiques et maîtresse de la catéchèse (le Symbole des Apôtres, les Sacrements, le Décalogue et la Prière du Seigneur) et qui répondent ainsi aux quatre dimensions de l'existence chrétienne (ce que le chrétien doit croire, espérer, faire et dans quel espace vital il doit l'accomplir), peut être considéré «comme une réponse aux questions qui se posent >aux quatre étapes de l'existence humaine ». Voir Cardinal Joseph Ratzinger, « La primauté de la foi baptismale, » dans La joie de la catéchèse, 117 et 124. 6 5 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 48-51.

méthode et le contenu de Bellarmin. Ainsi, nous pouvons dire que lors de la réception du

concile tridentin dans les Églises locales, une insistance est mise sur le catéchisme certes,

mais aussi sur la célébration des sacrements, plus généralement sur les pratiques

extérieures. Le catéchisme appelle les sacrements et se fonde sur eux. De plus, parmi les

souhaits des Pères du concile de Trente, il y a une place privilégiée faite à la paroisse qui

devient l'institution par excellence pour articuler catéchèse et liturgie.

Au cours des années qui suivront le concile de Trente, on assiste à une distinction encore

plus marquée entre catéchèse et liturgie. Puisque la catéchèse prend de plus en plus de place

dans la paroisse, on se rend compte rapidement que ce qui se faisait jusqu'alors pendant la

liturgie (prônes, monitions, etc.) est nettement insuffisant. «L'extraordinaire

développement que va prendre le catéchisme n'est pas sans lien avec l'insuffisance de la

prédication et de la liturgie. Ce catéchisme se fera donc le plus souvent l 'après-midi du

dimanche à l 'église. » 6 6 Pour les enfants, le catéchisme est premier et il prescrit la liturgie,

essentiellement la messe . 6 7 L'ordre privilégié et si cher aux Pères de l 'Église est inversé :

désormais, c'est le catéchisme qui est premier, alors que les sacrements suivent.

L'eucharistie devient la mise en oeuvre de ce qui est enseigné au catéchisme et la première

communion, l 'aboutissement du catéchisme des enfants.

Bien que le catéchisme conduise à l 'eucharistie, il suppose aussi la pratique liturgique.

«Une erreur serait donc de comprendre le catéchisme comme un manuel isolé de la vie de

l 'Église. La logique du catéchisme est une logique çY intelle ctu s fidei. La foi est supposée

déjà être pratiquée dans la prière, la dévotion ou la messe. » 6 8 Cet intellectus fidei voulu

pour le catéchisme n 'aura pas toujours des répercussions dans la pratique. Au fur et à

mesure que les évêques élaborent les catéchismes, ceux-ci sont davantage de l 'ordre de la

prescription et de la mémorisation. Dans ce contexte, la foi enseignée et exprimée lors du

catéchisme s'éloigne de la vie quotidienne des gens. La vie quotidienne et la liturgie

6 6 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers Vhistoire, 60. 6 7 Bien que le catéchisme tridentin a privilégié les enfants comme premiers destinataires, les adultes n'étaient pas en reste. Pour les adultes, les célébrations eucharistiques continuent d'être un lieu d'éducation permanente de la foi avec les instructions doctrinales et morales lors du prône et/ou du sermon. De plus, en renforçant l'obligation du précepte dominical, l'Église se donne des moyens complémentaires de catéchiser. 6 8 Joël Molinario, « Catéchèse et liturgie ou liturgie et catéchèse : Quelques points d'ancrage dans l'histoire, » 252.

b ) Charles Wackenheim, La catéchèse (Paris: PUF, 1983), 77. 7 0 Jean-François Bouchard, « D'où venons-nous? Où allons-nous? Liturgie et catéchèse : histoire de leurs rapports, » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 15-16. 7 1 Nous pouvons constater cette prégnance des fêtes religieuses sur la vie quotidienne au Canada-français jusqu'au début du siècle dernier dans les récits d'enfance de Benoît Lacroix, La foi de ma mère. La religion de mon père (Montréal : Bellarmin, 2002).

perdent du terrain : « L'intellectualisme catéchétique creusa le fossé entre l 'expression de la

foi d 'une part et, de l 'autre, le culte et la vie quotidienne. » 6 9

On ne peut pas dire que les liens entre la catéchèse et la liturgie n'existent plus, mais ils ne

sont plus de la même nature qu ' à l 'époque apostolique et patristique. Pour Bouchard, les

liens entre la catéchèse et la liturgie sont principalement de trois ordres à cette époque . 7 0 Le

catéchisme cherchait d 'abord à expliquer les sacrements à recevoir; ensuite, il préparait à la

«profession de foi » qui naît à l 'époque pour marquer la fin du cycle catéchétique; enfin,

dans cette société chrétienne, les fêtes du calendrier liturgique rythmaient la vie des gens

contribuant à une certaine catéchèse par « osmose ». Nous pouvons conclure qu'i l y avait

dans l 'alternance des fêtes religieuses, et surtout dans la célébration de celles-ci au sein de

la famille et de la paroisse, une dimension catéchétique non négligeable. Les fêtes

liturgiques en sont même arrivées à s ' imposer pour rythmer la vie des familles et

communautés. Ce rythme de la vie civile calqué sur le calendrier liturgique a perduré

quelques siècles, autant en Europe qu 'en Nouvelle-France. 7 1

Les liens entre catéchèse et liturgie sont fragiles à cette époque. Cette précarité se mesurera

au cours des siècles qui suivront. La catéchèse et la liturgie deviendront deux moments

distincts dans la vie du croyant : la catéchèse des sacrements est un préalable conditionnel à

ces derniers. La « profession de foi » qui met un terme au parcours catéchétique sera vue

comme le rite liturgique qui couronne et met un terme à la formation chrétienne. Cette

organisation catéchétique nous met en présence de deux composantes de la vie chrétienne

qui se suivent dans le temps, sans nécessairement être articulée l 'une à l 'autre, laissant

croire en leur nécessaire succession. Cette désarticulation va faire place à une recherche

intense au sein de l 'école française de spiritualité pour revenir à une certaine unité. Cette

recherche sera fructueuse puisqu'elle remettra la paroisse au cœur de l 'évangélisation. C'est

désormais elle, la paroisse, qui permettra d'articuler catéchèse et liturgie.

3.2 L'élan réformateur de l'école française de spiritualité

Après l 'Allemagne, l'Italie et l 'Espagne, la France prend le relais de la réforme catholique

au XVII e siècle avec ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui « l 'école française de

spiritualité». En effet, ce n'est qu 'en 1615 que les décrets du concile de Trente ont été

« reçus » par l 'Assemblée du Clergé en France. 7 2 Pourtant, un mouvement de renouveau

fermentait dans l 'Eglise française avant même l 'ouverture du concile de Trente pour contrer

l ' ignorance, les superstitions, les sorcelleries, etc. Ce mouvement de renouveau du début du

XVII e siècle prendra de l 'ampleur avec les années et sera rendu visible avec l 'œuvre de

Bérulle et ses disciples (qu'il suffise de mentionner ici Condren, Olier, Vincent de Paul et

Jean-Eudes) qui travailleront à la réforme du clergé pour redresser la vie de l 'Église. Trois

institutions furent privilégiées pour bien mener la réforme catholique. « Paroisse, mission,

école : nous avons là vraiment les clefs du renouveau pastoral, des clefs qui vont jouer

partout à travers la France. » 7 3

3.2.1 La paroisse, lieu de formation et d'intégration

Si on a pu dire qu 'aux premiers siècles de la vie de l 'Église, l 'institution du catéchuménat a

maintenu harmonieusement ensemble catéchèse et liturgie, à partir du Concile de Trente,

c'est l 'institution paroissiale qui réussit cette articulation en encadrant l 'ensemble de la vie

chrétienne et sociale. Des paroisses restaurées dans l'esprit de Trente vont donner le ton :

ainsi Saint-Sulpice (avec Olier) et Saint-Nicolas-du-Chardonnet (nouvellement fondée en

1612) rayonneront comme modèle paroissial. A cause du succès qu'elles connaissent, ces

paroisses accueilleront de nombreux ecclésiastiques qui viendront se frotter à la nouvelle

façon de faire la pastorale marquée par le catéchisme et la liturgie. Il y a un net désir de

faire de la paroisse le premier lieu de l 'enseignement religieux. Cet enseignement se fait à

partir de la liturgie célébrée à l 'église, notamment la liturgie eucharistique.

Le but du ministère est de faire vivre les fidèles de la vie chrétienne, de les réunir,

dimanches et fêtes, à la messe paroissiale dans une église digne pour des offices

7 2 Raymond Deville, L'École française de spiritualité (Paris : Desclée, 1987), 17-19. 7 3 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 11.

bien célébrés, et de là les initier aux Mystères chrétiens : prône le matin, catéchisme

le dimanche après-midi . 7 4

Pour organiser les paroisses selon ce modèle et pour alimenter la vie spirituelle des fidèles,

des communautés de prêtres sont fondées. Certaines congrégations de prêtres (comme les

Eudistes, les Sulpiciens, les Lazaristes et les prêtres de la mission) sont fondées

essentiellement pour l 'éducation et la prédication de missions paroissiales. Ces missions

paroissiales qui peuvent durer jusqu 'à une semaine dans plusieurs paroisses (de la France

rurale notamment) vont contribuer à donner un nouvel élan mystique au peuple chrétien

français. Enseignement du catéchisme et administration des sacrements sont les deux

composantes de ces missions paroissiales qui s'institutionnalisent pour renouveler toute

l 'Église de France. Ce qui est fait lors des missions (catéchèse et administration des

sacrements) est vu comme un modèle pour la pastorale paroissiale.

A cette époque, les enfants sont les principaux destinataires de la catéchèse. Les

réformateurs misent sur l 'enseignement religieux dès la tendre enfance parce que c'est à cet

âge que l 'être humain est le plus docile et le plus facile à instruire selon les pédagogues.

Mais il y a plus, comme le montre Germain dans son histoire de la catéchèse :

À cette raison pédagogique d'insistance sur le catéchisme des enfants, s'en ajoute

une autre, spirituelle et mystique, celle qui mobilisait déjà le chancelier Gerson, si

souvent cité en modèle par les évêques à leurs prêtres : le Christ a dit « Laissez

venir à moi les petits enfants »; faire le catéchisme aux enfants s'inscrit désormais

parmi les œuvres de miséricorde. Le catéchisme est universel et nul ne doit y

échapper. L'enfant ne comprend peut-être pas parfaitement tout ce qu 'on lui

enseigne, il n 'en aura pas moins mémorisé ce qu' i l est nécessaire de connaître pour

être sauvé . 7 5

3.2.2 L'école pour tous

Afin de remplir cette tâche d'éducation chrétienne des enfants, l 'époque peut compter sur

autre chose que le catéchisme paroissial. Au XVII e siècle, l 'école n 'est plus seulement pour

7 4 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 68. 7 5 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 105.

L'Institut lasallien implanté ne 1837 au Québec figure très tôt parmi les communautés enseignantes les plus importantes au Québec. Voir Mélanie Lanouette, Faire vivre ou faire connaître : les défis de l'enseignement religieux en contexte de renouveau pédagogique 1936-1946 (Saint-Nicolas : Les Presses de l'Université Laval, 2002). 7 7 Bourdoise jouera un rôle déterminant à la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui est la rampe de lancement de la Réforme catholique à Paris au XVIIe siècle. Ce prêtre d'origine chartraine mise sur l'école pour restaurer l'Église à partir de l'instruction des clercs : « Dans ce dispositif de réforme paroissiale, la petite école est jugée par Bourdoise comme tout à fait centrale car elle constitue le terreau sur lequel les séminaires destinés à former des prêtres pourront s'épanouir et accueillir de véritables vocations. » Dominique Julia, «La leçon de catéchisme dans UEscole Paroissiale (1654),» dans Aux origines du catéchisme en France sous la direction de Pierre Colin et collab. (Paris : Desclée, 1988), 162. 7 8 « Le décret du concile de Trente instituant le catéchisme, nous l'avons vu, ne précisait pas explicitement qui serait responsable de la catéchèse sous la direction de l'évêque, mais l'intention du concile ne fait pas grand doute et il était inévitable que, dans la mentalité de l'époque, la catéchèse des enfants apparaisse de plus en plus réservé aux clercs. » Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 97.

les « enfants de condition », mais de nombreuses écoles de charité dans les villes et villages

sont gratuites pour les enfants de familles modestes et pauvres. La scolarisation se

généralise avec des communautés religieuses fondées expressément pour l 'éducation : on

peut faire mention de l 'œuvre de Jean-Baptiste de la Salle qui aura des répercussions

considérables sur l 'enseignement en Nouvelle-France à partir du XIX e s iècle . 7 6 Les écoles

deviennent de véritables « noviciats du christianisme », selon l 'expression de Bourdoise . 7 7

C'est principalement à l 'intérieur de celles-ci que l'instruction religieuse des enfants est

assurée. Même si l 'école prend le relais de la paroisse pour l 'éducation chrétienne des

enfants, cela ne signifie pas qu'i l n 'existe plus de liens entre la paroisse et la catéchèse.

Plusieurs traits caractéristiques du fonctionnement scolaire nous informent des liens

existants entre la paroisse et l 'école.

D'abord, les écoles sont supervisées par le clergé local. Ce sont souvent les prêtres qui se

rendent à l 'école pour donner la leçon du catéchisme. Les prêtres sont d'ailleurs vus comme

les garants de la vraie doctrine et les responsables du catéchisme par le Concile de Trente . 7 8

De plus, le catéchisme enseigné dans ces écoles est intimement lié à la vie liturgique de la

paroisse. Le contenu de la catéchèse est celui des Mystères de l 'année liturgique : chaque

fois qu 'une fête méritait d'être soulignée au catéchisme (on en comptait une trentaine au

diocèse de Paris, allant de l 'Annonciation à la Saint-Martin), le catéchisme ordinaire était

reporté plus tard. Enfin, les leçons de catéchèse peuvent avoir lieu autant à l 'église

paroissiale qu 'à l 'école : on passe d 'un lieu à l 'autre sans qu'i l y ait rupture.

7 9 Dominique Julia, « L e leçon de catéchisme dans UEscole Paroissiale (1654), » dans Aux origines du catéchisme en France, 170. 8 0 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 101. 8 1 Raymond Brodeur, « L'éducation des adultes dans la foi. Déraciner l'ignorance, » L'Église canadienne (1990) : 177.

La leçon de catéchisme du dimanche après-midi est un exemple probant de ce passage de

l 'école à l 'église sans coupures apparentes et évidentes. Les élèves sont d 'abord rassemblés

à l 'école autour du maître qui vérifie ce qu'i ls ont retenu du prône du matin, et par la suite,

« sortant de l 'école, les élèves se rendent aux Vêpres paroissiales à l ' issue desquelles ils

assistent au catéchisme public de la paroisse » . 7 9 Cette description sur la manière de faire le

catéchisme à L'Escole Paroissiale montre la collaboration entre les maîtres d'école et les

prêtres pour l 'enseignement, et l 'interrelation entre les institutions scolaire et paroissiale.

3.2.3 Les catéchismes diocésains

Dans ce contexte, on voit se multiplier les manuels de catéchèse. Chaque diocèse cherche à

avoir un catéchisme qui lui soit propre. Plus encore. Chaque évêque, voulant signifier sa

volonté de réforme, entend publier un manuel de catéchèse propre à son diocèse.

Pas une année qui ne voit paraître quelques nouveaux manuels : ou bien l 'évêque

nouvellement arrivé dans un diocèse réédite à son nom le manuel du prédécesseur,

ou bien il le remanie, l 'abrège ou le complète, emprunte à celui d 'un tel autre

diocèse de façon avouée ou non, à moins qu' i l n ' en compose un tout nouveau ou ne

le fasse composer par son directeur de séminaire . 8 0

Cet esprit catéchétique sera exporté en Nouvelle-France où Monseigneur de Saint-Vallier

donne au diocèse de Québec son premier catéchisme en 1700. Au catéchisme, il ajoute un

rituel permettant de lier l 'enseignement à la célébration. Le mandement que Monseigneur

de Saint-Vallier écrit à l 'occasion de cette publication exprime son intention de faire de son

catéchisme le manuel premier dans l 'éducation religieuse des enfants. Brodeur, chercheur

sur la production des catéchismes en Amérique française, dit que l 'introduction du

catéchisme de Saint-Vallier exprime bien le désir de l 'évêque : «exercer sa première

mission qui consiste à pourvoir à l 'instruction de son peuple, tout en promouvant une 81

structure qui assure l 'uniformité de l 'enseignement dans son diocèse. »

Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 121.

Monseigneur Briand et ses successeurs s'inspireront de l 'œuvre de Monseigneur de Saint-

Vallier pour l 'édition de catéchismes en Amérique française. Ces catéchismes sont

considérés comme des guides essentiels pour les catéchistes de l ' immense diocèse de

Québec. Mais il y a plus que la production de catéchisme qui est transplantée de l 'Europe

en Amérique française en terme de catéchèse. Les missionnaires et le clergé local voient à

établir une catéchèse qui soit en lien étroit avec la vie de la paroisse : la liturgie appelle

l 'enseignement religieux des Mystères et l 'enseignement instruit le chrétien sur ce dont il

est témoin à l 'église.

3 . 3 Au siècle des Lumières

Le siècle des Lumières aura aussi des répercussions sur les liens entre catéchèse et liturgie.

Dans la foulée de ce qui a précédé, les catéchismes des Lumières sont caractérisés par un

mode de pédagogie qui mise surtout sur la mémorisation et l 'assimilation d'un condensé de

la doctrine chrétienne. Mais l 'esprit de ce siècle apportera des modifications dans le

contenu des catéchismes. Aux XVIII e et XIX e siècles, ce qui a de la valeur aux yeux de

plusieurs, c'est la raison naturelle : la raison a le primat sur les autres facultés. Le discours

notionnel prime aussi sur l 'approche symbolique : la connaissance qui se fonde sur la

rationalité prend le dessus sur celle qui vient de la Révélation. La « religion naturelle » est

mise de l 'avant et elle rejette tous les mystères qui ne peuvent pas s 'expliquer par la raison.

Les catholiques combattront ces idées, bien que certaines, souvent à leur insu, vont

s'infiltrer sournoisement dans le catéchisme.

Ce n'est plus tant sur l 'intervention de Dieu dans l 'histoire, la foi en son dessein de

salut toujours à l 'œuvre, qu'insiste désormais la pédagogie religieuse, c'est plutôt

sur ce que l 'homme peut et doit faire, l 'adhésion à des vérités et à des règles de 82

comportements.

3.3.1 Changements de paradigmes pour la morale et les sacrements

Le message chrétien se réduit de plus en plus aux œuvres à faire pour être sauvé : la morale

est vue comme le contenu principal de la Bible et le but de la religion. Alors qu'il est au

banc des accusés pour avoir provoqué des guerres de religion, le catholicisme cherche à

montrer sa pertinence en instruisant à la « vie bonne ». Ainsi, dans les catéchismes du

siècle des Lumières, il y a une nomenclature de vérités à croire, de devoirs à faire et de rites

à accomplir; dogme, morale et culte sont juxtaposés, avec une nette insistance sur la

morale. Ces catéchismes s'éloignent du catéchisme tridentin à cause des séparations entre

les domaines de la vie chrétienne de plus en plus marquées. On assiste à l 'isolement de la

vie liturgique et sacramentelle par rapport à l 'ensemble de la vie chrétienne. « Là où les

Pères, même les docteurs de la grande scolastique, n'auraient pas eu l ' idée de séparer, le

nominalisme, le développement de la casuistique introduisent des dissociations qui pèsent

et pèseront lourd en pastorale et en catéchèse. » Le catéchisme impérial adopté en France 84

napoléonienne illustre bien cette séparation et la primauté accordée à la morale.

Non seulement les sacrements sont mis en veilleuse à cause de la primauté accordée à la

morale, mais la façon de concevoir les sacrements et de les présenter change aussi

considérablement. Il y de moins en moins de liens entre sacrements et vie du Christ, entre

sacrements et vie de l 'Église, entre sacrements et vie chrétienne. A cela, nous pouvons

ajouter que les travaux réflexifs de Rousseau avancent que l'enfant n ' a pas la capacité de

comprendre les mystères chrétiens. Par conséquent, les sacrements sont moins présentés

comme des mystères, mais plutôt comme des moyens pour atteindre une perfection morale

ou des devoirs obligatoires à remplir pour satisfaire les exigences de la religion. De plus, on

repousse à un âge plus avancé la réception des sacrements. Dans ce contexte, la préparation

aux sacrements est plus timide et occupe une place marginale dans l 'enseignement.

8 3 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 112. 8 4 Dans le concordat de 1801, Napoléon avait exigé qu'une seule liturgie et qu'un seul catéchisme soient en vigueur en France. Le souhait était donc la production d'un catéchisme impérial sur le modèle de celui de Bossuet. Or, alors que Bossuet voulait introduire le catéchisé à la vie de l'Église en présentant les sacrements comme mystères qui prolongent l'action du Christ, celui de Napoléon avait davantage une vision anthropocentrique en misant sur les œuvres à faire. « Histoire sainte et liturgie représentaient chez Bossuet les deux pôles d'une catéchèse dont le but était d'initier au langage de l'Écriture et de l'Église. Dans le catéchisme de 1806 ces deux pôles sont devenus, pourrait-on dire, deux organes témoins, deux appendices : ils figureront comme tels souvent dans les catéchismes du XIX e siècle et au-delà. » Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 145.

3.3.2 Autonomisation de l'école par rapport à la paroisse

Mais il n 'y a pas que dans le contenu du catéchisme que nous trouvons le germe d 'une

nouvelle distanciation entre la liturgie et la catéchèse. Il y a aussi les façons de faire qui

changent. Au siècle des Lumières, l 'école prend une place de premier choix dans

l 'éducation religieuse (au détriment de l 'implication des parents et des prêtres de la

paroisse) alors que les enfants sont privilégiés comme destinataire de la catéchèse. 8 5

«L'enseignement religieux reçu par les enfants ne s'identifiait pas au manuel du

catéchisme. Il passait largement par l 'école. » 8 6 Nous assistons alors à un début

d'autonomisation de l 'école par rapport à la paroisse.

Divers indices montrent que l 'école s'éloigne du cadre paroissial. D'abord, les maîtres sont

de moins en moins sous la tutelle du clergé. Ensuite, il y a une spécificité à ce catéchisme

scolaire puisque les sciences pédagogiques ont autant d'influence que la Tradition de

l 'Église dans la préparation des programmes. Enfin, la liturgie est moins présente dans

l 'enseignement religieux (ex. : les mystères du Christ et les fêtes des saints au calendrier

liturgique ne sont pas toujours célébrés dans le cadre scolaire).

Nous sommes en mesure de constater que cette prise en charge de l 'éducation chrétienne

des enfants par l 'école a des répercussions sur les liens entre la catéchèse et la liturgie dans

la formation chrétienne. L'autonomisation de l 'école par rapport à la paroisse amène du

même souffle une distanciation entre catéchèse et liturgie qui commence et qui ira

s'accentuant. Alors qu'i l existait des liens nombreux et forts entre école et paroisse au

XVII e siècle, désormais chaque institution tend à préciser ses champs de compétence et à

délimiter son terrain d'intervention : à l 'école on enseigne, à la paroisse on célèbre! Ainsi,

par exemple, la préparation de la communion solennelle est confiée à l 'école : « les

catéchismes sont envisagés comme préparation scolaire à cet événement » . 8 7 Quant à la

célébration de la communion solennelle, elle se fait à l 'église.

8 5 Pour l'éducation religieuse des enfants, les parents sont mis à l'écart dans la Méthode de Saint-Sulpice. Le catéchisme devient si rigoureux dans sa présentation qu'il reste peu de place pour l'intervention des parents. Les conciles provinciaux français nous apprennent que les parents doivent donner un minimum de connaissances religieuses en bas âge et confier leurs enfants aux clercs pour le catéchisme à l'âge fixé. 8 6 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 131. 8 7 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 191.

3.3.3 Les lumières du Siècle

Le siècle des Lumières n 'a pas que des ombres dans le domaine catéchétique. Il y a des

initiatives qui valent d'être soulignées. D'abord, la Méthode de Saint-Sulpice connaît un

véritable succès. A l'intérieur de l 'école, la séance du catéchisme suit un ordre rigoureux

qui allie formation doctrinale, Bible, liturgie, et insertion dans la vie quotidienne. Cette

méthode fera date. Deuxièmement, il y a le modèle des écoles du dimanche qui commence

en Angleterre au XVIII e siècle et qui traversera les frontières. 8 8 À ces initiatives, nous

pouvons ajouter la communion solennelle qui prend de l 'ampleur et qui est vue comme la

fin du catéchisme et de l'initiation religieuse. Cette communion est célébrée avec solennité

et préparée de longue date, mais aussi dans l ' inquiétude : comment faire persévérer ces

jeunes chrétiens dans la pratique liturgique? Déjà au XIX e siècle, les pasteurs se

questionnent et cherchent à miser sur un catéchisme de persévérance.

Dans cette mouvance pastorale, des mouvements et patronages sont créés pendant la

deuxième moitié du XIX e siècle : clubs sportifs, scoutisme, chorale, etc. Ces mouvements

prônent une approche plus holistique pour la formation. Cette éducation globale à la vie

chrétienne se fait grâce à la formation sociale, affective, physique, etc. : là, on joue, on

apprend et on prie; le modèle plaît aux enfants et aux jeunes. Autour de la paroisse, ces

initiatives s'institutionnalisent peu à peu. Au fur et à mesure que les années passent, les

liens entre ces divers mouvements et la paroisse deviennent moins clairs. Tout comme c'est

le cas pour le catéchisme scolaire, les mouvements s'éloigneront peu à peu du cadre

paroissial; cette tendance sera accentuée au X X e siècle.

8 8 Répandu dans tout le Royaume-Uni, le modèle de ces écoles du dimanche sera exporté en Amérique par de nombreux immigrants anglais, écossais et irlandais au XIX e siècle. C'est ce modèle qui a été adopté dans les communautés catholiques de langue anglaise dans les provinces de l'Atlantique. Ce choix du Sunday School pour faire la catéchèse aux enfants est à l'origine de nombre de divergences entre la catéchèse telle qu'elle est comprise et pratiquée chez les Acadiens et celle des anglophones des provinces de l'Atlantique : pour les Acadiens, l'école doit être au service de l'Église et subordonnée à elle, alors que les anglophones ne comprennent pas de la même façon le rôle de l'école. Cette divergence est au cœur de la lutte des Acadiens pour l'enseignement de la religion à l'école au cours des années 1860 où ils n'obtinrent pas l'appui des chrétiens anglophones pour qui la religion devait être enseignée à l'église et non à l'école. Nous y reviendrons au chapitre trois qui traite de l'histoire des liens entre catéchèse et liturgie dans l'Acadie du Nouveau-Brunswick. Voir l'ouvrage de Clarence Lebreton, La révolte acadienne (Moncton : Les éditions de la francophonie, 2002).

3.3.4 Bilan des liens catéchèse-liturgie au tournant du X X e siècle

Au tournant du X X e siècle, la distanciation entre la vie religieuse et la vie sociale s'accroît.

Avec l'industrialisation et la sécularisation de la société, les fêtes liturgiques régularisent de

moins en moins la vie sociale. Il n 'est pas toujours possible pour les ouvriers de célébrer

toutes les fêtes chrétiennes puisque les congés au calendrier civil ne correspondent pas

nécessairement aux fêtes de l 'année liturgique : de plus en plus de jours fériés deviennent

des jours ouvrables. Des fêtes comme la Toussaint ou l 'Assomption et plusieurs autres fêtes

chrétiennes sont de moins en moins compréhensibles à l 'intérieur du cadre social

uniquement. Cette situation nouvelle commande une nouvelle façon de concevoir la

catéchèse.

Dans cet esprit de vouloir sauver une institution catéchétique qui commence à présenter des

signes de fatigue, plusieurs évêques vont militer pour un catéchisme unique. Au premier

Concile du Vatican, un débat avait d'ailleurs eu lieu. Certains voulaient une unité de genre

et de contenu qui permettrait à tous les catholiques de s'y reconnaître, peu importe le lieu

où ils se trouvent (les déplacements de populations sont devenus plus fréquents depuis la

découverte du Nouveau Monde). D'autres évêques refusent un catéchisme universel qui

ferait fi des cultures et des particularités de chaque diocèse. Finalement, la majorité accepte

qu 'un catéchisme unique soit recommandé, mais non imposé. La fin abrupte du Concile

empêchera la promulgation du décret.

A partir de la fin du XIX e siècle, on voit se multiplier les catéchismes nationaux qui ne

pouvaient être que des œuvres tripartites (dogme, œuvres et cul te) . 8 9 Il y a alors une

insatisfaction à l 'égard du catéchisme traditionnel qui s 'exprime : « cette contestation du

catéchisme traditionnel porte généralement sur le fait qu ' i l est perçu comme s'adressant à

l 'intelligence, mais pas à l 'homme entier; la doctrine qu ' i l énonce est ressentie comme

séparée de la vie » . 9 0 Insatisfaits de ces catéchismes et motivés par un ardent désir de voir

se renouveler la façon de faire la catéchèse, des chrétiens de différentes disciplines

8 9 L'Italie adoptera comme catéchisme national jusqu'aux années 1970 celui de Pie X adopté en 1905 ; la France adoptera en 1937, le catéchisme du cardinal Amette, archevêque de Paris qui deviendra le Catéchisme à l'usage des diocèses de France ; au Canada, un catéchisme national est publié en 1951. D'après Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 161. 9 ( 1 André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication (Paris : Cerf, 1990), 166-167.

André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 165. André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 165.

(notamment la pédagogie et la théologie) vont se rassembler pour réfléchir aux moyens

catéchétiques et vont ouvrir une période nouvelle dans l 'histoire de la catéchèse avec le

mouvement catéchétique. En se fondant sur la pédagogie de Y Ecole active, le mouvement

catéchétique qui s 'annonce se souciera de la diversité des moyens utilisés et accordera une

grande importance à la participation active du catéchisé « qui n 'est plus seulement en

position d'écoute, mais est associé de manière participative à l 'acte catéchétique ». 9 1 En

plus d 'un renouvellement pédagogique, le mouvement catéchétique plaidera pour une

catéchèse « centrée sur la Parole de Dieu » . 9 2 C'est dans cet esprit de recherche pour

articuler davantage la catéchèse avec toute la vie chrétienne (notamment avec la célébration

de la foi) que l 'Église entre dans le X X e siècle.

Chapitre 2 : La liturgie et la catéchèse au XX e siècle : histoire de deux mouvements qui s'interpellent

Le chapitre premier, sur l 'histoire des liens entre catéchèse et liturgie, nous a permis de voir

que l'institution du catéchuménat à l 'époque patristique, la vie sociale au Moyen Âge et la

paroisse au lendemain de Trente ont permis une articulation catéchèse-liturgie adaptée aux

conditions sociales et religieuses de chaque époque. Depuis le siècle des Lumières, on

assiste à un relâchement progressif des liens entre catéchèse et liturgie à cause notamment

de l ' importance accordée à la morale (au détriment de la vie sacramentelle), de la priorité

de la raison sur le symbolisme et de l 'autonomisation de l 'école par rapport à la paroisse.

C'est ainsi que s 'ouvre le X X e siècle en termes de catéchèse et de liturgie, avec les

mouvements catéchétiques et liturgiques qui naissent à la même époque en Europe.

Les buts des mouvements catéchétique et liturgique sont semblables. Les mouvements

visent la participation active des fidèles et un retour aux sources (Écritures et Pères de

l 'Église). Les travaux et de nombreuses recherches en patristique et en Écritures saintes ont

cherché à donner de nouveaux fondements à la liturgie et à la catéchèse. Désormais,

plusieurs se tournent vers ces mouvements pour trouver des moyens qui pourront

rapprocher catéchèse et liturgie.

La première étape des mouvements catéchétique et liturgique sera de relire l 'histoire

chrétienne depuis ses origines. Cette relecture mettra en évidence ce que nous avons tenté

de synthétiser dans ce chapitre : les éloignements progressifs et les articulations réussies au

cours de l 'histoire entre la catéchèse et la liturgie. La redécouverte du catéchuménat antique

comme institution ayant permis d'inscrire la catéchèse dans le cadre de la liturgie et de

donner sens aux sacrements avec la catéchèse biblique allait susciter un mouvement pour

remettre en valeur le catéchuménat (ce qui allait être un fruit du Concile Vatican II). Il y

avait des efforts déployés pour essayer de trouver un (ou des) lieu(x) contemporains

permettant de réunir ce qui, au début de l 'histoire de l 'Église, n'était pas divisé comme

c'est le cas au tournant du X X e siècle. Ce sont ces rendez-vous entre catéchèse et liturgie au

X X e siècle que nous voudrions mettre en exergue.

Pour faire état des liens entre catéchèse et liturgie au cours de ce siècle, l 'histoire nous sera

d 'un grand apport. Les recherches menées au sein des mouvements ont contribué à leur

développement respectif : tout comme les promoteurs du mouvement liturgique avaient

besoin de la réflexion du mouvement catéchétique pour enseigner aux fidèles l 'histoire des

rites et ainsi leur faire découvrir la valeur de la liturgie, les acteurs du mouvement

catéchétique avaient besoin de l'intelligence de la liturgie pour pouvoir fonder leur

enseignement sur le symbolisme liturgique puisé dans les Écri tures. 9 3 À plusieurs reprises,

les mouvements catéchétique et liturgique ont provoqué des rendez-vous entre la catéchèse

et la liturgie afin qu' i ls puissent se renouveler et s'articuler. Nous voudrions identifier ces

tentatives d'articulation dans la première section de ce chapitre.

Dans un deuxième temps, l 'examen des principaux thèmes et enjeux liés à la catéchèse et à

la liturgie lors du Concile Vatican II permettra de mesurer les influences de ces

mouvements sur les travaux du Concile. Pour faire cette analyse, nous aurons recours

essentiellement à des textes conciliaires et magistériels (publiés dans la mouvance du

Concile Vatican II). Pour la liturgie, la constitution Sacrosanctum Concilium nous sera utile

parce qu'el le marque une étape importante dans l'histoire de la liturgie. Au terme du

mouvement liturgique, Sacrosanctum Concilium reprend l'essentiel des concepts et des

orientations que le mouvement a promus, et elle ouvre une nouvelle étape, celle de la

réforme liturgique, qui provoque encore aujourd'hui plusieurs remous . 9 4 La constitution sur

la liturgie sera notre principal outil de référence pour l 'étude de la liturgie au X X e siècle.

* Nous empruntons cette juste expression « d'intelligence de la liturgie » à Paul de Clerck, L'intelligence de la liturgie (Paris : Cerf, 1997). 9 4 Suite à la réception du concile, l'Église est entrée dans l'herméneutique du Concile : comment interpréter ces documents? La liturgie fait aussi partie de ce débat. Tous ne s'entendent pas sur les accents à privilégier. Le cardinal Ratzinger lui-même n'hésite pas à demander une « réforme de la réforme » dans son livre L'Esprit de la liturgie (Genève: Ad Solem, 2001). Dans une réponse à une critique de son livre par le Père Gy, il renchérit en disant : « C'est vrai, nous avons besoin de retrouver finalement la stabilité dans la liturgie, mais aussi sur les moyens de résoudre les carences, aujourd'hui plus manifestes, de la réforme. » Dans Cardinal Joseph Ratzinger, « Réponse du cardinal Ratzinger au Père Gy, » La Maison-Dieu 230 (2002) : 116. Alors que plusieurs optent pour une herméneutique de la rupture, d'autres mettent l'accent sur la continuité avec ce qui a précédé. Il faut certes replacer les documents dans leur contexte afin d'en donner une interprétation juste. Il s'agit d'une clé indispensable pour l'herméneutique des textes. Même ce qui est vu comme innovation dans les pratiques est à comprendre dans la grande tradition de l'Église qui a toujours cherché à inculturer son message aux divers espaces géographiques et aux diverses époques. « Pour les théologiens et les Père conciliaires, il ne faisait pas de doute que le concile se situait dans la tradition de l'Église. » Voir Gilles Routhier, « Un concile à interpréter : Les enjeux d'un style nouveau, » Études n° 4065 (mai 2007) : 629.

Pour la catéchèse, nos sources sont plus nombreuses puisqu'il n 'y a pas un document

conciliaire unique qui reprend les visées du mouvement catéchétique. Nous puiserons donc

aux documents magistériels publiés suite au Concile Vatican H. Mentionnons d'abord le

Directoire Catéchétique Général publié en 1971. De plus, dans la foulée du Concile, deux

assemblées synodales ont porté sur l 'acte de proclamation. La première, sur

l 'évangélisation, a mené à l 'exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi (Paul VI, 1974) et

la seconde a mené à l 'exhortation apostolique Catechesi Tradendae (Jean-Paul II, 1979).

Jean-Paul II n ' a pas seulement rédigé cette dernière exhortation apostolique, mais il a lui-

même participé au synode sur la catéchèse qui s'est déroulé en 1977 sous le pontificat de

Paul VI, alors que Karol Wojtyla était archevêque de Cracovie.

Suite à l 'exhortation apostolique Catechesi Tradendae, plusieurs ont voulu identifier les

causes des «difficultés actuelles de la catéchèse qui sont un lieu commun qu'il n 'est pas

besoin de prouver dans le détail », selon le cardinal Ratzinger. 9 6 La conférence du cardinal

Ratzinger à Notre-Dame-de-Paris le 16 janvier 1983 se situe dans une perspective de

« redressement » de la façon de faire la catéchèse. Pour lui, la crise de la catéchèse est due à

une anthropologie marquée davantage par les sciences sociales (notamment la psychologie)

que par la théologie, ce qui est symptomatique d 'une « préséance de la méthode sur le

contenu » . 9 7 Ainsi, la foi se trouve réduite à un reflet d'expériences anthropologiques

partielles selon Ratzinger, ce qui ne peut que produire une catéchèse déficiente.

Pour résoudre l ' impasse, le Cardinal exhorte les catéchistes à concilier Écritures et

Tradition puisque selon lui, il y a prétention à reconstruire la foi de l 'Église sur la base des

Écritures uniquement. Dans cette foulée d'un appel à une lecture dogmatique des Écritures

(et non pas seulement historico-critique), des textes de référence concernant la catéchèse

verront le jour. Au cours des années 1990, deux documents majeurs ayant trait à la

catéchèse sont publiés : le Catéchisme de VÉglise Catholique (1993) et le Directoire

Général pour la Catéchèse (1997).

9 5 Au cours de la première moitié du XX e siècle, les écrits significatifs concernant la catéchèse sont plutôt les travaux des principaux artisans du mouvement catéchétique. À partir de 1950, les enjeux dont il est question dans ces écrits se retrouvent dans les conclusions des « Semaines internationales » de catéchèse (Anvers, 1956 ; Nimègue, 1959 ; Eichstàtt, 1960 ; Medellîn, 1968 ; San Antonio, 1969).

9 6 Cardinal Joseph Ratzinger, « La primauté de la foi baptismale, » dans La joie de la catéchèse, 106. 9 7 Cardinal Joseph Ratzinger, « La primauté de la foi baptismale, » dans La joie de la catéchèse, 108.

Lors du Jubilé des catéchistes, le premier dimanche de l 'Avent de l 'an 2000, quatre

interventions majeures, faites par des cardinaux et par le pape, viennent mettre en lumière 98

la conception de la catéchèse. Olivier Teilhard de Chardin fait ressortir quatre traits

significatifs de l 'ensemble des interventions de ce Jub i l é . " Dans un premier temps, les

interventions ont mis en valeur le rôle des catéchistes dans l 'œuvre d'évangélisation de

l 'Église : puisque la catéchèse n 'est pas abstraite de celui qui la donne, le catéchète est

serviteur d 'une Parole qui n'est pas la sienne. Deuxièmement, la mission du catéchète a été

présentée comme devant conduire à la connaissance de Dieu et à la vie en plénitude qui est

union à Dieu, suite du Christ et vie dans l'Esprit. Un troisième trait saillant des

interventions fut de montrer que c'est toute la vie de l 'Église qui est appelée à devenir une

catéchèse en acte. Enfin, les intervenants ont insisté sur la lecture et l 'interprétation des

Écritures qui doivent se faire à l 'intérieur de la vie de l 'Église et à la lumière de sa tradition.

Après avoir mis en valeur les liens entre catéchèse et liturgie à l 'aide de ces textes de

référence, la dernière section de ce chapitre permettra de faire la radiographie des liens

entre catéchèse et liturgie à travers le programme de catéchèse Viens vers le Père. La

seconde édition de ce programme préparé par l'Office Catéchistique provincial du Québec

fut utilisée largement dans les écoles francophones du Canada à partir de 1969. Au

Nouveau-Brunswick, il a servi dans toutes les écoles francophones pendant les années 1970

et 1980, jusqu 'à la veille du passage de la catéchèse du milieu scolaire au milieu paroissial.

Nous croyons que ce programme fournit un exemple significatif des liens entre catéchèse et

liturgie au terme du Concile Vatican II et au cours des décennies qui suivent dans la

formation chrétienne des enfants. Nous pouvons même dire que c'est avec cet héritage que

la catéchèse fera son passage de l 'école à la paroisse au cours des années 1990 dans toutes

les écoles francophones du Nouveau-Brunswick.

9 8 L'homélie d'ouverture du Jubilé des catéchistes est du cardinal Stafford, président du Conseil Pontifical pour les laïcs : à partir de la figure de Marie dont l'Église fait mémoire en ce premier samedi de l'Avent, le cardinal Stafford donne la perspective spirituelle et missionnaire de toute catéchèse. La conférence du cardinal Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé, précise que c'est dans la tradition ecclésiale que le catéchiste doit inscrire son action. La conférence du cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, insiste sur la nouvelle évangélisation : pour lui, l'évangélisation consiste à montrer le chemin du Christ pour apprendre l'art de vivre. Enfin, l'homélie de clôture du Jubilé a été faite par Jean-Paul II. Il a présenté Jean-Baptiste (personnage mis en valeur dans la liturgie de l'Avent, au moment de ce Jubilé) comme le prototype de tout catéchiste : le Baptiste montre le Sauveur et sait s'effacer devant lui pour qu'il prenne toute la place.

9 Olivier Teilhard de Chardin, La joie de la catéchèse (Paris : Parole et Silence, 2006), 27-28.

1. La catéchèse à la recherche d'un supplément d'âme

Au tournant du X X e siècle, un constat s ' impose en catéchèse : le modèle classique du

catéchisme a des failles. Cela se manifeste notamment par la déchristianisation de la société

européenne qui devient de plus en plus visible. Des gens qui avaient appris leur catéchisme

et qui connaissaient les vérités de la foi se disent désormais athées. Tout cela montre qu'i l

n 'est pas suffisant de connaître le catéchisme ou de pratiquer les commandements.

L 'ensemble des pratiques catéchétiques doit être changé afin de répondre aux besoins

nouveaux de l 'époque. Il ne s'agit plus de miser uniquement sur l 'enseignement religieux,

mais de revenir à une véritable catéchèse susceptible de susciter une réponse personnelle et

libre. Avec une telle visée, il n 'y a pas que les moyens à revoir, le contenu aussi prend une

importance capitale. Il fallait donc remettre en place les priorités : le renouvellement s'est

fait sur la base de la Bible et de la liturgie. « Tout le renouveau doctrinal en catéchèse

s 'ordonne autour de ces deux objectifs conjoints : faire retourner la catéchèse à ses sources,

Bible et liturgie; lui faire retrouver sa valeur de message. » 1 0 0

Toute cette réflexion allait se faire principalement au sein du mouvement catéchétique dont

la naissance n'est pas étrangère à la situation ecclésiale de la fin du XIX e siècle que nous

venons à peine d'effleurer. Pour renouveler la catéchèse, le mouvement catéchétique allait

devoir travailler à deux fronts à la fois. D'abord, la révision du contenu était nécessaire afin

de revenir à l'essentiel de la foi. Aussi, il fallait revoir les moyens de faire la catéchèse. Dès

le début du mouvement catéchétique, la méthode de Munich (1905) donna le ton sur les

moyens à privilégier en « prônant globalement une pédagogie en trois temps : présentation,

explication, application » . 1 0 1 Cette méthode inductive (partir d 'un fait biblique pour en

arriver à la doctrine et à des applications concrètes) mise de l 'avant par Stieglitz ne faisait

pas l 'unanimité : la catéchèse avait l 'habitude de commencer avec les applications (c'est la

morale qui primait dans plusieurs catéchismes nationaux).

Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 208. André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 165.

Elisabeth Ge rma in , 2000 ans d'éducation de la foi, 161 . El isabeth Ge rma in , 2000 ans d'éducation de la foi, 167.

Rapidement, on se rend compte qu'il n 'y a pas que les moyens internes et la pédagogie

catéchétique à adapter. Il faut aussi voir les liens à tisser avec les autres composantes de la

vie de l 'Église. Ainsi en France, où le renouveau catéchétique a été davantage lié à la

sociologie (respectueuse des différents milieux de vie) et à la pédagogie (soucieuse de la

mentalité de l'enfant et du dynamisme psychique de chaque âge), il y a eu un vif désir

« d 'adopter la pédagogie même de l'Église dans la liturgie » . 1 0 2

1 .1 Une catéchèse qui s'inspire de la liturgie

La pédagogie qui est intrinsèquement liée à la liturgie de l 'Église (à travers les symboles, le

calendrier liturgique, l 'architecture des églises, etc.) est mise en valeur par le mouvement

catéchétique. En plus de vouloir fonder la catéchèse sur l 'expérience de la liturgie, on

cherche aussi à fonder l 'enseignement sur les expériences. Ce sont les laïcs engagés dans

des mouvements (telle l 'Action catholique) qui ont souvent forcé de telles orientations en

refusant une catéchèse abstraite et individualiste. Pour eux, la vie au quotidien et la

communauté ecclésiale ne peuvent être tenues à l 'écart de la catéchèse.

Sur le terrain, hélas, c'est pourtant la situation qui prévaut : la catéchèse est un

enseignement dispensé à l 'école et elle tend à devenir l'affaire des maîtres, plus que

l'affaire des clercs et de la communauté. Les souhaits de plusieurs en matière de catéchèse

sont contredits par la réalité. Dans ce contexte, la tâche du mouvement s'amplifie :

De plus en plus s'affirme la conviction qu'i l s'agit de tout autre chose qu 'un manuel

à améliorer, qu ' i l y va d 'une tâche d'Église à laquelle tous les chrétiens ont à

collaborer. La catéchèse réapparaît ainsi comme l 'annonce de la foi, au nœud d 'un

équilibre entre pédagogique, doctrinal, pastoral, inst i tut ionnel . 1 0 3

Une idée fait son chemin : la catéchèse ne peut plus faire cavalier seul. La collaboration

avec les autres domaines de la vie chrétienne s'avère non seulement utile, mais nécessaire.

1 0 4 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 208-209. 1 0 5 Pour une présentation détaillée des changements opérés par les Congrès Nationaux, on pourra se référer à la synthèse de Emilio Alberich et collab. Les fondamentaux de la catéchèse; pour la périodicité du mouvement catéchétique, on pourra se référer aux chapitres 7-10 de André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication.

Cette collaboration ne peut pas faire l 'économie de la communauté chrétienne. D'ailleurs,

les sacrements ne sont plus vus uniquement comme des moyens pour faire son salut

(comme ce fut le cas dans les catéchismes moraux des Lumières!), mais comme une

manière privilégiée de participer à la vie de l 'Église. C'est l ' isolement de la catéchèse par

rapport aux autres domaines de la vie ecclésiale qu'i l faut corriger : « c'est à partir de la

prise de conscience de l 'isolement, de leur caractère artificiel par rapport à tout un

ensemble pastoral que le mouvement catéchétique s'est développé dans-sa virulence » . 1 0 4

Il n 'y avait pas que les membres actifs des mouvements ou les catéchètes sur le terrain qui

souhaitaient le renouvellement de la catéchèse. Il y avait aussi les autorités de l 'Église qui

savaient qu 'un tel renouvellement était nécessaire pour contrer la désaffection religieuse

qui se manifestait en Europe. La publication de l 'encyclique Acerbo nimis par Pie X en

1905 sur l 'enseignement de la doctrine chrétienne, le décret Provido sane par Pie XI en

1935, et la tenue du congrès international dans la Ville éternelle en 1950 témoignent de

l 'appui de Rome à l 'égard de la recherche en catéchèse. De plus, le mouvement

catéchétique trouva des lieux d'ancrage dans plusieurs Églises locales qui acceptèrent de

tenir des Congrès Nationaux et firent la promotion de matériels catéchétiques novateurs en

lien avec les nouvelles tendances pédagogiques et théologiques . 1 0 5

1.2 Le mouvement catéchétique au Canada-français

Le mouvement catéchétique a traversé l 'Atlantique pour s'établir aussi en Nouvelle-France.

Le mouvement catéchétique va influencer la catéchèse au Québec, tout comme les

recherches menées au Québec vont nourrir la réflexion catéchétique en Europe, berceau du

mouvement catéchétique. Le renouveau catéchétique commence en terre d 'Amérique à la

1 ) 6 Jacques Laforest, « La réforme catéchétique des années 1960-1970. En lien avec la liturgie, » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 24. 1 0 7 Jacques Laforest, « La réforme catéchétique des années 1960-1970. En lien avec la liturgie, » 24. 1 0 8 Raymond Brodeur, « Le mouvement catéchétique : vecteur de la réception de Vatican II au Québec, » dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, sous la direction de Gilles Routhier (Montréal : Fides, 2001), 122. 1 0 9 Raymond Brodeur, « Le mouvement catéchétique : vecteur de la réception de Vatican II au Québec, » dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, 123.

fin de la Seconde Guerre Mond ia l e . 1 0 6 À cette période, un désintérêt vis-à-vis la religion

traditionnelle devient de plus en plus évident au Canada-français : « on observait ce

phénomène surtout dans l 'enseignement du catéchisme et dans la pratique sacramentelle où

ce malaise prenait figure d 'un manque d'intérêt ou, de plus en plus souvent, d 'une hostilité

inquiète et agressive. » 1 0 7 Les orientations et les principaux thèmes du mouvement

catéchétique sont alors mis en valeur et cela se reflète à travers les outils catéchétiques.

Durant l 'entre deux-guerre, l 'œuvre de sœur Saint-Ladislas est considérable si nous

fondons notre appréciation sur son apport dans l 'expérimentation de méthodes

catéchétiques. Membre adjoint de la commission de refonte de l 'enseignement religieux et

professeur à la Faculté de pédagogie de l 'Université Laval, sœur Saint-Ladislas va aider à

la production de matériel catéchétique axé sur une participation active du ca téchisé . 1 0 8 C'est

au cours de ces années qu 'on assiste à « la professionnalisation de l 'enseignement

religieux, qui devient si évidente dans la production des programmes scolaires et dans

l 'évolution des pratiques liées à la sacramentalisation » . 1 0 9 À partir de 1951, date de sa

fondation, l'Office catéchistique provincial prendra le relais dans la préparation de manuels

de catéchèse pour le Québec et plusieurs autres provinces canadiennes.

Ce renouveau catéchétique québécois a eu des effets sur la catéchèse néo-brunswickoise.

L 'Acadie est tributaire de la réflexion et des moyens qui sont mis en œuvre au Québec

puisque le matériel catéchétique produit est souvent utilisé à cause de la langue commune.

Cet emprunt du matériel québécois et son utilisation sans adaptations (ou peu) au Nouveau-

Brunswick n ' a pas toujours bien servi les Églises acadiennes à cause de la disparité

culturelle entre ces deux provinces. L'histoire spécifique de la catéchèse au Nouveau-

Brunswick (au chapitre 3) et l 'analyse de l'utilisation du programme Viens vers le Père (à

la fin du présent chapitre) montrera les risques de cette aventure.

2. Un mouvement nécessaire pour la liturgie

La liturgie de la fin du XIX e siècle est l 'héritière du Concile de Trente qui avait des

objectifs précis en ce qui a trait à la liturgie : la révision des livres liturgiques, le retour aux

célébrations des mystères de la vie du Christ principalement, l 'élimination de certains

offices surajoutés au fil des années et la simplification du calendrier l i turgique. 1 1 1 Bien que

ces objectifs furent atteints à l 'origine, les trois siècles qui suivirent ce concile ont été

marqués par la multiplication des rubriques (qui eurent la malheureuse tendance à limiter la

liturgie à l 'observance de celles-ci) et la surcharge du calendrier liturgique par les

nombreuses fêtes de saints. La liturgie redevint tellement compliquée et longue que le

peuple avait de la difficulté à s'y retrouver. Elle est jugée trop extérieure et rigide par

plusieurs fidèles. Dans ce contexte, nombre de dévotions vont se développer. La pratique

des dévotions éloignera des fidèles de la liturgie de l 'Église (ex. : l 'adoration du Saint-

Sacrement était devenue plus importante que la messe pour certains). Le mouvement

liturgique voulait pallier ces dérives en redonnant à la liturgie la première place.

Nous pouvons voir en Prosper Guéranger (1805-1875) la racine lointaine du mouvement

l i turgique, 1 1 2 mais c'est surtout l 'abbaye du Mont-César, avec Lambert Beauduin, qui va

donner l ' impulsion première au mouvement liturgique et devenir le centre de ce qui

s'appelait à l 'époque « le renouveau liturgique ». Beauduin veut faire connaître aux

chrétiens les richesses de la vie liturgique. Dans son livre La Piété de l'Église, il met en

garde les fidèles contre la tentation de minimiser les contacts sensibles avec le sacré lors de

Afin de présenter sommairement le mouvement liturgique et ses liens avec la catéchèse, cette partie s'inspire du chapitre de B. Botte, P. Jounel et O. Rousseau, « Esquisse d'une histoire de la liturgie, » dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, sous la direction de Aimé-Georges Martimort (Paris-Tournai-Rome-New York : Desclée et cie éditeurs, 1961), 34-54. 1 1 1 B. Botte, P. Jounel et O. Rousseau, « Esquisse d'une histoire de la liturgie, » dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, 34. 1 1 2 Refondateur de Solesmes (1833), Dom Guéranger veut faire revivre Cluny chez les bénédictins. Déçu de la période post-tridentine où la liturgie a été rationalisée, il y a chez-lui une volonté de restaurer la société médiévale. Son premier souci est la formation des moines. Attentif aux besoins spirituels de son époque, il veut aussi redonner au peuple chrétien l'accès aux textes liturgiques en écrivant L'Année Liturgique (1841). Il voit la liturgie comme source de la vie spirituelle et il veut que le peuple chrétien réapprenne à prier avec et comme l'Église. Il a initié un mouvement qui a remis la liturgie au cœur de la vie de l'Église. Son inspiration spirituelle fut féconde.

1 1 3 Dom Lambert Beauduin, La piété de l'Église. Principes et faits (Louvain : Abbaye du Mont-César, 1914), 10. 1 1 4 B. Botte, P. Jounel et O. Rousseau, « Esquisse d'une histoire de la liturgie, » dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, 54. 1 1 5 B. Botte, P. Jounel et O. Rousseau, « Esquisse d'une histoire de la liturgie, » dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, 54.

la liturgie au nom d 'une immédiateté dans le rapport avec Dieu dans les exercices de piété:

« Réduire notre participation aux actes liturgiques sous prétexte d 'une vie plus intérieure,

c'est se soustraire pour autant à l 'action sanctificatrice de l 'Église. » 1 1 3 Pour Beauduin, la

liturgie fait partie des formes sensibles et authentiques nécessaires à la vie chrétienne. La

grande question est l 'articulation entre les exercices de piété intérieure et les exercices de

religion (piété extérieure). De la Belgique, ce mouvement liturgique s'étendra à

l 'Allemagne, à l 'Angleterre et à l 'Autriche, en passant d 'abord par les monastères, mais

progressivement par les paroisses pour atteindre pasteurs et fidèles.

C'est surtout à partir de l 'entre deux-guerres que le mouvement liturgique se déploie dans

les paroisses. Il y a alors un effort pour éduquer et accompagner le clergé et des fidèles vers

la participation active. Des mouvements (tel l 'Action catholique) y contribueront. A ce

moment, le mouvement liturgique est « caractérisé par un effort de participation

communautaire presque dépouillée d'attache livresque et ayant prise sur l 'assemblée

chrétienne comme telle ». C'est aussi à cette époque (1943) que le Centre de Pastorale

Liturgique (CPL) est créé à Paris pour donner un nouveau souffle au mouvement : le CPL

aidera à la mise en œuvre des réflexions du mouvement dans les paroisses.

Le mouvement liturgique, européen dans ses origines, va traverser les frontières et les

océans pour aller s 'implanter dans d'autres pays qui ont à leur tour influencé l 'évolution du

mouvement. Cette diffusion a permis au mouvement liturgique de s'enrichir au contact

d'autres cultures. A partir de 1950, on a pu dire :

Désormais, le mouvement liturgique se développe un peu dans tous les pays; les

évêques s'en font les promoteurs et les guides en publiant des Directoires

diocésains ou nationaux et en créant des organismes officiels destinés à promouvoir

la pastorale l i turgique. 1 1 5

2 . 1 La diffusion du mouvement liturgique au Canada-français

Au Québec, Laflèche et Routhier font commencer le mouvement liturgique dès le début du

X X e siècle, plus précisément avec le motu proprio Tra le Solleciîudini de Pie X en 1 9 0 3 . 1 1 6

C'est à travers la réception des documents pontificaux qui valorisaient la participation

active que l 'Amérique a participé au mouvement liturgique tout au long du X X e siècle.

Toujours selon Laflèche et Routhier, au Canada-français, le mouvement liturgique peut être

analysé à partir de deux foyers qu'il a particulièrement touchés : l 'Action Catholique et la

musique liturgique. Au sein de l 'Action Catholique, la liturgie misait sur la participation

active de tous et favorisait l 'usage de la langue vernaculaire lors des célébrations. Cette

façon de célébrer a été un vecteur important du mouvement liturgique au Québec.

Malgré cette dimension communautaire de la liturgie mise à l 'honneur dans l 'Action

Catholique, il n 'en demeure par moins que c'est « surtout par le biais de la musique

liturgique que s'est alors progressivement infiltré le mouvement liturgique dans le peuple

chrétien. C'est par-là qu 'a été introduite l ' idée de la participation et cela demeurera (...)

l 'élément le plus constant du mouvement liturgique » . 1 1 7 Dès le début du X X e siècle, des

institutions d'enseignement et des paroisses vont mettre en valeur la musique sacrée,

notamment le chant grégorien et le chant religieux populaire. Avec ses trois pôles de

diffusion (Québec, Montréal et Ottawa), la musique liturgique va se diversifier et va

favoriser la participation de plusieurs à la liturgie. Au Canada-français, c'est principalement

par la musique et le chant que le mouvement liturgique a pu atteindre les fidèles jusqu 'au

Concile Vatican II et dans les années qui suivront.

L'utilisation du chant pour permettre la participation active ne se limitera toutefois pas à la

liturgie. La catéchèse va aussi puiser au répertoire de chants religieux et intégrer plusieurs

1 1 6 Ce survol du mouvement liturgique au Québec emprunte quelques éléments de l'analyse de Laflèche et Routhier. Ils déplorent que «nous ne disposons pas actuellement de monographie sur le mouvement liturgique préconciliaire au Québec ou au Canada-français ». Christine Laflèche et Gilles Routhier, « Le mouvement liturgique au Québec : attentes et espérances de Y aggiornamento conciliaire, » dans Vatican H au Canada : enracinement et réception, sous la direction de Gilles Routhier, (Montréal : Fides, 2001), 129. 1 1 7 Christine Laflèche et Gilles Routhier, «Le mouvement liturgique au Québec : attentes et espérances de Y aggiornamento conciliaire, » dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, 136-137.

3. Liturgie et catéchèse au Concile Vatican II

Les mouvements catéchétique et liturgique ont permis une réflexion intense qui a suscité de

nombreuses attentes par rapport au Concile Vatican II, bien que des changements de

paradigme en catéchèse et en liturgie avaient commencé et étaient perceptibles avant même

la convocation du Concile par Jean XXIII à la fin des années 1950. Plusieurs personnes

chants dans les divers programmes de catéchèse. Le chant, qui est alors préparé pour la

liturgie, peut être chanté lors d 'une session de catéchèse au moment de la prière ou encore

pour préparer une célébration. Le chant permet de lier catéchèse et liturgie. En d'autres

occasions, c'est le contraire qui se produit : un chant, qui est conçu pour un parcours

catéchétique en développant un thème particulier, est chanté au cours d 'une liturgie. Ceci

permet de faire un lien entre l 'apprentissage lors de la catéchèse et la célébration lors de la

liturgie. Le chant religieux que le mouvement liturgique aura promu sera donc influencé par

la catéchèse. Nous voyons ici un exemple des emprunts mutuels entre la liturgie et la

catéchèse qui commence et qui se poursuivra pendant les décennies suivantes.

A partir de 1930, le mouvement liturgique canadien puisera à d'autres sources que la

musique et le chant pour favoriser la participation des fidèles. Pendant ces années,

l'Apostolat liturgique ouvrira ses portes au Canada pour favoriser la diffusion d'ouvrages et

d'objets d'art religieux. Il y a aura aussi la tenue de la semaine liturgique américaine à

Ottawa en 1931 qui confirmera le rôle joué par le Canada-français au sein du mouvement

liturgique. Quelques années plus tard (1936), les Oblats de Marie-Immaculée publieront

leur feuillet Prie avec l'Église afin de favoriser une participation encore plus grande des

fidèles à la liturgie. Enfin à Québec, la mise en œuvre partielle d 'un projet de restauration

liturgique promu par l 'abbé Ernest Lemieux a suscité beaucoup d'intérêt pour la mise en

place de comités liturgiques, de journées de formation et de ressources favorisant des

connaissances approfondies en liturgie pour le clergé et les fidèles. Cette

institutionnalisation du mouvement liturgique va favoriser la participation active des fidèles

et permettre au Canada-français d'être prêt pour la réforme liturgique des années 1960.

engagées en pastorale catéchétique et/ou sacramentelle espéraient que les intuitions qui

avaient germé au sein des mouvements catéchétique et liturgique soient confirmées et mises

en valeur. Ces gens ne seront pas déçus : les Pères conciliaires entérineront plusieurs de ces

intuitions, notamment en ce qui a trait à la participation active et à l ' importance des

Écritures. Les documents du Concile en font foi, de même que les textes magistériels.

3 . 1 Sacrosanctum Concilium

La constitution sur la liturgie se situe définitivement dans la foulée du mouvement

liturgique. Si elle fut la première à être adoptée au Concile Vatican II, c'est parce que la

réflexion avait déjà mûri au sein du mouvement, ce qui limita les discussions et les

controverses. Les scrutins nombreux aboutirent le 4 décembre 1963 à l 'adoption de la 1 1 8 *

constitution Sacrosanctum Concilium. Il est indéniable que cette première constitution

conciliaire allait influencer la suite du Concile. Alberigo l 'exprime bien dans sa

présentation du Concile Vatican II « pour la jeunesse du christianisme » :

La constitution, en dictant les directives pour un renouveau liturgique, formulait une

série de principes théologiques (centralité de la Parole de Dieu) et ecclésiologiques

(importance de l 'Église locale) d 'une grande portée et longtemps laissés dans

l 'ombre, destinés à influencer positivement toute l 'œuvre de Vatican I L 1 1 9

En 1964, la réforme est confiée à un Consilium constitué de 40 membres et 50 consulteurs

du monde en t ie r . 1 2 0 Tous les livres liturgiques sont alors à refaire (missel, bréviaire, rituels,

cérémonial, lectionnaires, etc.) afin que ces documents reflètent l 'esprit de la constitution

118 Sacrosanctum Concilium est constituée d'un préambule et de sept chapitres. Les deux premiers chapitres réaffirment la place centrale de la liturgie dans la vie de l'Église. La participation active des laïcs qui avait été promue depuis près d'un siècle par le mouvement liturgique recevait la sanction des Pères du Concile puisqu'ils en firent un des traits marquants de la liturgie. Les premiers chapitres donnent le ton de la constitution en présentant à grands traits les principes généraux de la réforme qui est à venir. 1 1 9 Giuseppe Alberigo, Pour la jeunesse du christianisme : le Concile Vatican II (Paris : Cerf, 2005), 96. 1 2 0 Le premier document du Consilium, Inter oecumenici (décembre 1964), présentera les normes pour la mise en place de la Réforme dans les Églises locales. Le travail du consilium ne sera pas facile. À côté de celui-ci, la Sacré Congrégation des Rites (SCR) existe, ce qui ne facilitera pas toujours le travail de rédaction et de révision des livres liturgiques. Le travail de ces deux instances se fait en parallèle, mais les travaux viennent parfois à se croiser, ce qui suscite parfois moult remous.

sur la liturgie et l 'ensemble des documents conciliaires. L'évolution de la réforme

liturgique et l 'herméneutique de Sacrosanctum Concilium est d'ailleurs tributaire des

réflexions subséquentes à sa promulgation au Concile Vatican II, notamment de

l 'ecclésiologie de Lumen Gentium (adoptée le 21 novembre 1964) et de Gaudium et Spes

(adoptée le 7 décembre 1965).

Le mouvement liturgique a permis le renouveau de la liturgie dans un processus inverse de

ce qui avait été fait au concile de Trente : « au X V I e siècle, on avait commencé par la

réforme des livres pour infuser une vie liturgique nouvelle dans le clergé et dans le peuple

chrétien; le renouveau du X X e siècle a commencé par l'effort pastoral pour aboutir à la

révision des rubriques et des livres liturgiques » . 1 2 1 Cet ordre naturel (réflexion suivie de la

réforme) a pu se faire grâce au mouvement liturgique. C'est lui qui aura permis la réflexion

et la maturation de plusieurs thèmes au sein de cercles spécialisés, ce qui a grandement

facilité la mise en place d 'une réforme attendue et souhaitée au sein de l 'Église.

Vaggiornamento du Concile Vatican II a suscité des changements de pratiques pastorales

qui dataient de plusieurs siècles. Certains changements ont été rapidement perceptibles,

notamment dans la mise en œuvre de la célébration eucharistique. La Parole de Dieu a pris

une place importante au point de parler d 'une seconde table : celle de la Parole, à côté de la

table du sacrifice. Ces changements ont fait dire à certains que « la liturgie est sans doute le

lieu de renouveau le plus spectaculaire du Concile Vatican II » . 1 2 2

À cause de l ' importance des changements, et de la résistance romaine, il ne faut pas

s'étonner que les quelque dizaines d 'années qui nous séparent de ce Concile n 'ont pas suffi

à modifier des manières de penser souvent séculaires et à en arriver à la participation active

tant souhaitée. Encore moins étonnant que la nouvelle façon de comprendre l 'Église dans

son intégralité comme sujet de l 'action liturgique entre lentement dans les menta l i tés . 1 2 3

1 2 1 B. Botte, P. Jounel et O. Rousseau, « Esquisse d'une histoire de la liturgie, » dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, 49. 1 2 2 Louis-Michel Renier, « Introduction » dans CNPL, Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier (Paris : Bayard, 2000), 5. 1 2 3 Le thème de Yecclésia comme sujet de l'action liturgique a été développé par Congar dans un essai devenu classique. Yves Congar, « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican II, sous la direction de J.-P. Jossua et Y. Congar, 241-282 (Paris : Les Éditions du Cerf, 1967).

Cette difficulté à changer les façons de penser est normale. Ceci donne raison au principe

sociologique disant qu'i l est plus facile de changer les pratiques que les mentalités.

Les changements de pratiques liturgiques opérés dans les paroisses ne signifiaient pas que

tout était réglé avec la constitution Sacrosanctum Concilium et la réforme qui a suivi. De

nombreux documents émanant de Rome (du Consilium d 'abord, de la Congrégation pour le

Culte Divin et la discipline des Sacrements ensuite, et des papes) se sont succédés pour

mettre en valeur certains aspects de la réforme et en réprimer d'autres. Les clarifications

nombreuses des dernières années témoignent de l 'ambiguïté dans l 'herméneutique du

Concile, et conséquemment dans son appl icat ion. 1 2 4

3.2 La catéchèse au Concile

Dans le domaine catéchétique, nous pouvons affirmer que c'est dans un courant de

recherches et d'innovations que s'ouvrit le Concile Vatican IL Faute de temps, le Concile

n ' a pas consacré à la catéchèse l ' importance qu 'on lui avait donnée lors de la préparation

du Concile. Il y avait pourtant une rubrique intitulée catéchèse dans la phase préparatoire.

Mais même si le concile n ' a pas traité de la catéchèse de manière directe dans un document

conciliaire, l 'ensemble de la réflexion conciliaire est nourri par le souci de l 'évangélisation 125

du monde. La grande innovation du Concile en catéchèse a sans aucun doute été la

restauration du catéchuménat des adultes (CD, n° 14).

À côté de cette restauration du catéchuménat, plusieurs interventions et documents

conciliaires font mention de certains aspects de la catéchèse et confirment des options du

mouvement catéchétique. Nous pouvons en relever quelques exemples. En 1965, Paul VI

1 2 4 Depuis 1992, il y a eu au moins sept documents romains concernant directement la liturgie. On peut mentionner la lettre apostolique Vicesimus quintus annus de Jean-Paul II pour les 25 ans de la constitution Sacrosanctum Concilium, la lettre apostolique Dies Domini sur le dimanche (31 mai 1998), l'instruction Liturgiam authenticam de la congrégation pour le culte divin sur la « correcte application de la constitution sur la liturgie de Vatican II » (7 mai 2001), l'encyclique Ecclésia de Eucharistia (Jeudi Saint, le 17 avril 2003), l'instruction Redemptionis sacramentum sur « certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie » (23 avril 2004), la lettre apostolique Domine mane nobiscum pour l'année de l'eucharistie (7 octobre 2004), enfin l'exhortation apostolique Sacramentum Caritatis (13 mars 2007). 1 2 5 Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 161.

1 2 6 Dans Ad Génies, on parie abondamment de l'activité évangélisatrice de l'Église. On mentionne par exemple «l'effort vers la prédication de l'Évangile » (n° 1) et « le devoir de propager la foi » (n° 5) qui sont la responsabilité de l'Église. Pour mener à terme cette mission, le décret parle de la nécessité de la part de l'Église de voir au recrutement, à la formation et à l'accompagnement des catéchistes au sein des écoles de formation diocésaines et régionales (n° 17).

disait que « l 'extrême importance de l 'éducation dans la vie de l 'homme et son influence

toujours croissante sur le développement de la société moderne sont pour le Concile

œcuménique l'objet d 'une réflexion attentive » (GE, préambule). Le décret sur la charge

pastorale des évêques précise que l 'éducation chrétienne devra être fondée sur « la Sainte

Écriture, la Tradition, la Liturgie, le Magistère et la vie de l 'Église » (CD, n° 14); dans le

décret sur l 'apostolat des laïcs, le rôle des parents dans l 'éducation chrétienne des enfants

est mis en valeur (CL, n° 11); enfin, le décret sur la mission évangélisatrice de l 'Église

aborde le thème de la catéchèse à plusieurs occas ions . 1 2 6

Mises à part ces mentions du thème de la catéchèse dans les documents conciliaires, il faut

mentionner l'intérêt accordé au thème de la catéchèse par Paul VI. Il considérait le concile

Vatican II comme « le grand catéchisme des temps modernes » (CT, n° 2). A la fin du

Concile (28 octobre 1965), Paul VI publiait une déclaration sur l 'éducation chrétienne pour

rappeler l ' importance accrue de l 'éducation chrétienne dans le monde actuel où l 'identité

chrétienne ne va plus de soi. A cet égard, avec les Pères du Concile, il disait :

Le Concile proclame le droit pour les enfants et les jeunes gens d'être incités à

apprécier sainement les valeurs morales avec une conscience droite et à les

embrasser dans une adhésion personnelle et, tout autant, à connaître et aimer Dieu

plus parfaitement. Aussi demande-t-il instamment à tous ceux qui gouvernent les

peuples ou dirigent l 'éducation de faire en sorte que jamais la jeunesse ne soit

privée de ce droit sacré. Il exhorte les fils de l 'Église à travailler généreusement

dans tous les secteurs de l 'éducation, spécialement pour hâter les bienfaits d 'une

éducation et d 'une instruction convenable pour tous (GE, n° 1).

Cet appel du Concile a insufflé un nouvel élan au mouvement catéchétique. Depuis ce

temps, les précisions, les mises en garde, les accents nouveaux témoignent de la recherche

active qui a été enclenchée et qui se poursuit de nos jours en catéchèse. De nombreux

3 . 3 Thèmes communs à la liturgie et à la catéchèse au Concile

Il nous apparaît opportun de relever quelques thèmes communs aux mouvements

catéchétique et liturgique à l 'intérieur des documents conciliaires. Certains de ces thèmes

étaient déjà présents dans les outils catéchétiques et les pratiques liturgiques des années

1950, mais il va sans dire que leur consécration au Concile Vatican II les a mis au premier

plan de la pratique post-conciliaire. Au cœur des mouvements liturgique et catéchétique,

deux thèmes semblaient prometteurs en terme d'articulation: la participation active et la

place accordée à la Parole de Dieu. Ces thèmes ont été à la base de nombreux déplacements

souhaités et réalisés, autant en liturgie qu 'en catéchèse, dès les années 1950. Ces thèmes

sont deux pivots permettant d'articuler catéchèse et liturgie. Il faut voir comment ils ont été

opérationnalisés dans la réforme liturgique et le renouveau catéchétique.

3.3.1 Les Écritures

Le mouvement catéchétique a voulu mettre à l 'honneur les Écr i tures . 1 2 8 Cette importance

des Écritures est confirmée par divers documents conciliaires et n'est pas sans rapport avec

la liturgie. D'ailleurs Sacrosanctum Concilium a aussi parlé de l ' importance de recourir à la

Bible : « on ouvrira plus largement les trésors bibliques pour que, dans un nombre d 'année

déterminé, on lise au peuple la partie la plus importante des Saintes Écritures » (SC, n° 51).

Dans la liturgie, la Parole lue permet une expérience de relecture de son propre récit de vie

sur laquelle peut prendre racine l 'enseignement de la catéchèse. Mais il y a plus. Lors de la

" Parmi les nombreux documents magistériels, on peut citer le Directoire Catéchétique Général (1971), le Rituel de Vlnitation Chrétienne des Adultes (1972), Evangelii nuntiandi (1974), Catechesi Tradendae (1977), le Catéchisme de l'Église Catholique (1992), le Directoire Général pour la catéchèse (1997) et les interventions lors du Jubilé des Catéchistes (Avent 2000). Ces documents témoignent tous à leur manière de l'attention particulière que l'Église porte à la catéchèse. 1 2 8 Alors que l'école de Munich a contribué à mettre le catéchisé au centre de la catéchèse moderne, l'école de Tubingen a mis la Parole de Dieu au cœur de l'enseignement catéchétique. Voir André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 165.

documents émanant du pape et de congrégations romaines nous renseignent sur l'intérêt

accordé à cet aspect de la vie de l 'Ég l i se . 1 2 7

André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 172.

liturgie, la Parole n 'est pas qu 'annoncée, elle est mise en œuvre puisque c'est l 'œuvre de

rédemption qui s'accomplit. La catéchèse ne peut qu'être facilitée par l 'expérience de la

liturgie qui « est non seulement annonce du mystère du salut par la proclamation de la

Parole, mais aussi son effectuation par l 'action sacramentelle qui rend ce mystère présent et

agissant » . 1 2 9 Liturgie et catéchèse sont dès lors structurées à partir du mystère pascal,

proclamé dans les Écritures, qui devient leur fondement commun.

3.3.2 La participation active

La participation active est le fil d 'Ariane du mouvement liturgique et du mouvement

catéchétique depuis leurs débuts. Cela s'explique par l 'accent qu'i ls mettent sur le mystère.

Ces mouvements sont plus sensibles au mystère de la rencontre avec Dieu, et moins à la

doctrine ou à la pratique exacte. C'est pour favoriser cette rencontre entre Dieu et l 'homme

que la participation active est privilégiée.

La participation active n'est pas sans lien avec les études historiques sur l 'âge apostolique

et patristique qui ont cours depuis le XIX e siècle. C'est à partir de ces recherches que les

principaux théoriciens et praticiens en liturgie et en catéchèse ont pu mesurer l'écart entre

les pratiques de l 'Église au X X e siècle et celles de l 'Église primitive. On a voulu réduire ce

décalage, voire l 'éliminer, au profit d 'une plus grande participation des fidèles, autant dans

les activités catéchétiques que dans les actes liturgiques. A cause de son importance,

examinons comment ce thème de la participation active a surgi et pris forme au sein des

mouvements liturgique et catéchétique.

Dès ses débuts, le mouvement catéchétique avait fait le choix de privilégier l 'expérience

humaine (au détriment de l 'argumentaire scolastique). Dans l 'approche catéchétique que le

mouvement promeut, l'intérêt est autant du côté du destinataire que de celui du contenu à

transmettre. Avec l 'apport des sciences humaines et pédagogiques, les moyens pour faire la

catéchèse changeaient profondément pour faire place à « une approche faisant droit à la

dimension affective des élèves, à l ' importance de leur implication active et à la nécessité de

rejoindre leurs centres d'intérêts pour stimuler un apprentissage intégré qui ne soit pas que

répétitif et formel » . 1 3 0

Ce courant marque une rupture avec la vision traditionnelle du catéchisme qui s'adressait à

l 'intelligence au lieu de s'adresser à la personne humaine tout entière. Cette nouvelle

catéchèse insiste sur « l ' importance du catéchisé qui n 'est plus seulement en position

d'écoute, mais est associé de manière participative à l 'acte catéchétique » . 1 3 1 La personne à

catéchiser est de moins en moins perçue comme le récepteur passif d 'un contenu

dogmatique et moral, mais plutôt comme le sujet de sa propre liberté à assumer. Cette

démarche d'apprentissage, qui veut faire du catéchisé un sujet participatif de la catéchèse

qu'i l reçoit, ne peut qu'être honorée par une liturgie qui permet la participation active.

La participation active n 'est pas étrangère au mouvement liturgique dont le but premier

était de faire redécouvrir au peuple chrétien la valeur de la liturgie. Lors de la naissance du

mouvement, plusieurs éléments révélaient que la liturgie n'était plus comprise des fidèles :

la langue liturgique était devenue étrangère pour plusieurs, les dévotions se multipliaient et

une désaffection de la liturgie était de plus en plus répandue. Les premières années du

mouvement (première moitié du X X e siècle) vont favoriser la publication de textes sur la

liturgie pour l 'éducation des fidèles. Avec les années, les moyens pour atteindre le but se

précisent : des voix s'élèvent pour demander une réforme liturgique, ayant comme principal

objectif la participation de tous à la liturgie.

Les documents romains qui entérineront les diverses étapes du mouvement liturgique ont

toujours appuyé cette notion de participation active : du moîu proprio de Pie X Tra le

Sollecitudinie (1903) jusqu 'à l 'instruction de Pie XII De Musica Sacra et Sacra Liîurgia

(1958), les papes ont toujours invité à la participation active du peuple! Cette insistance sur

la participation active du plus grand nombre s'est concrétisée avec la permission accordée

pour la communion fréquente (Pie X en 1905) et pour la communion des enfants (Pie X en

1910). Enfin, dans les encycliques Mediaîor Dei (1947) et Musica Sacra (1955), Pie XII ne

faisait pas qu'approuver la participation active, mais il l 'encourageait par la participation au

Raymond Brodeur. « Le mouvement catéchétique : vecteur de la réception de Vatican II au Québec, » dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, 119. 1 3 1 André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 165.

1 3 2 Guy Lapointe, « Qu'est-ce que la liturgie? » Vivre et célébrer. Revue de pastorale liturgique 41 , n° 189 (2007) : 3. 1 3 3 Jean-François Bouchard, « D'où venons-nous? Où allons-nous? Liturgie et catéchèse : histoire de leurs rapports, » 15.

chant liturgique notamment. Quant à Sacrosanctum Concilium, nous pouvons dire qu' i l y a

là la confirmation de l ' importance de la participation active promue par le mouvement.

La réforme liturgique de Vatican II a été comme la reconnaissance officielle du

bien-fondé du mouvement (liturgique). Le cœur de la réforme a été de redonner

l 'accès à la liturgie à toutes les assemblées, en préconisant, d 'une façon répétée et

soutenue, la participation active pour redécouvrir et célébrer le Mystère pasca l . 1 3 2

Pour favoriser la participation active en liturgie, les principaux acteurs du mouvement

liturgique misaient sur une catéchèse qui mettait en valeur l 'enracinement des rites dans la

tradition juive et qui révélait leur signification à la lumière des Écritures. L'apport des

sciences historiques devenait alors un atout permettant de mieux comprendre le milieu

culturel biblique dans lequel les rites étaient nés. La catéchèse a contribué à cette éducation

en introduisant certains éléments de la liturgie (cantiques, rites, expressions et gestes

symboliques) dans les activités catéchétiques, mais aussi en acceptant l 'invitation de la

réforme de prendre place dans la liturgie.

La réforme liturgique contenait des possibilités pour accroître la participation active des

fidèles lors de la liturgie, et du même coup elle permettait à la catéchèse de s'introduire

plus explicitement dans la liturgie. Cette réforme a facilité certaines pratiques liturgiques

jusqu'alors exceptionnelles. Nous pouvons penser par exemple à la redéfinition de l 'espace

sacré pour la liturgie qu'était le chœur de l 'église (séparé de l 'assemblée par la clôture) : la

réforme a permis au président de la célébration de s'approcher de l 'assemblée et à des

membres de l 'assemblée d'entrer dans le chœur sans être ministre. « Un espace de dialogue

s'est installé rapidement entre la présidence et l 'assemblée, ce qui était rare sous l 'ancien

régime liturgique. De telle sorte que la liturgie est devenue une occasion de discours et de

pratiques catéchétiques. » 1 3 3

4. Evaluation de l'articulation catéchèse-liturgie au lendemain du Concile dans le programme Viens vers le Père 134

Les années qui ont suivi le Concile ont donné la pleine mesure des changements

nécessaires en catéchèse : une certaine conception de Dieu avait changé, de même que la

vision du péché, du prêtre, de l 'Église et de la conduite chrétienne. Une remise à jour du

matériel didactique s'imposait. Le Concile en avait fait la demande en exhortant les

chrétiens, «qu ' i l s'agisse de découvrir des méthodes pédagogiques et une meilleure

organisation des études, ou bien de former des maîtres capables d 'éduquer convenablement

les jeunes à offrir spontanément leur concours et, surtout par les associations de parents, à

suivre et à soutenir tout le travail de l 'école » (GE, n° 6).

Les responsables de l 'éducation chrétienne devaient alors chercher parmi les méthodes

pédagogiques celles qui étaient les plus appropriées pour transmettre le contenu

catéchétique. Mais ce n 'est pas uniquement certains enjeux théologiques qui avaient changé

avec le Concile : le monde dans lequel se faisait la catéchèse avait lui aussi changé

considérablement! Alors qu'autrefois, toute la vie sociale était marquée par la religion, au

cours des années 1960 les symboles et les rites chrétiens sont de moins en moins

compréhensibles dans la sphère sociale.

Le Concile Vatican II et le nouveau contexte social ont obligé les responsables de la

catéchèse à mettre à jour le matériel catéchétique. Déjà, avant l 'ouverture du Concile, dès le

début des années 1960, une série de programmes et de manuels catéchétiques sont en

chantier au Québec. Ce matériel sera utilisé pendant de nombreuses années (jusqu'à

l 'adoption des manuels de la collection Bonne Nouvelle au milieu des années 1980). Mais

l 'influence de ces nouveaux programmes débordent les frontières du Québec : à cause de la

langue française commune aux Québécois et aux Acadiens, l 'Acadie adopte ces

programmes québécois et envoie son clergé aux sessions de formation catéchétique à

Montréal et à Québec pendant les années du Concile. Ce qui est produit au Québec est

utilisé aussi en Acadie. L'étude du matériel catéchétique de cette époque nous permet de

voir l 'état de la catéchèse en Acadie suite au Concile. Pour analyser les liens entre liturgie

et catéchèse à l 'intérieur du programme de catéchèse, nous aurons recours au programme

Viens vers le Père.

Ce programme est enseigné dans le milieu scolaire. C'est l 'école qui est d'ailleurs

responsable de la catéchèse des enfants au cours de cette période. Comme préalable à la

présentation et à l 'analyse du programme, il nous apparaît essentiel de relever quelques

enjeux de cette prise en charge de la catéchèse par le milieu scolaire. La situation n 'est pas

nouvelle, mais elle recèle des particularités liées à cette époque de transformations

culturelle et sociale (la Révolution Tranquille). Certains de ceux qui sont en charge de la

catéchèse (les professeurs essentiellement) ne voient pas leur tâche de la même manière que

la majorité de leurs prédécesseurs.

4.1 La professionnalisation de la catéchèse

Au Québec, le renouveau catéchétique des années 1960 a coïncidé avec la re-fondation du

système scolaire. La catéchèse a donc pu bénéficier de tout l 'apport des sciences

pédagogique et psychologique mises en œuvre dans la réforme en éducation. Il y avait une

recherche active pour trouver des méthodes pédagogiques appropriées et des moyens

d'enseignement novateurs correspondant à chaque discipline. S'ajoutant à ce travail

d'interdisciplinarité, les recherches du mouvement catéchétique vont avoir une influence

sur les programmes de catéchèse de l 'après-Concile qui misent de plus en plus sur une

pédagogie v ivante : le travail commencé dans les années 1950 pour rendre le catéchisé

davantage actif dans ses apprentissages porte fruit. De plus, le partenariat famille-école-

paroisse s'est vu confirmé. Hélas, cette confirmation n'était que théorique parce que dans la

pratique, l 'institutionnalisation et la professionnalisation de la catéchèse allaient contribuer

à accroître cette distanciation entre la catéchèse et le milieu paroissial commencé au siècle

des Lumières et qui ira en grandissant au cours des années 1970 et 1980.

La professionnalisation de l 'enseignement religieux qui s'était manifestée dans la

production des programmes scolaires au cours de l 'entre-deux-guerres va se poursuivre . 1 3 5

Cette professionnalisation va faire naître des centres universitaires de formation

catéchétique et pastorale qui revendiquent « de plus en plus une autonomie de méthode et

de contenu qui distingue la catéchèse comme domaine à part entière parmi les champs

disciplinaires de la théologie. » 1 3 6 Les catéchètes sont des professionnels de la pédagogie

catéchistique, soucieux du contenu à transmettre, des moyens à utiliser et du destinataire.

Ce qui importe, c 'est la compétence pédagogique et la maîtrise de la didactique qui sont

exigées chez ces catéchètes en milieu scolaire.

Cette professionnalisation de la catéchèse va accentuer l 'émancipation de l 'école par

rapport à la paroisse dans la responsabilité catéchétique à l 'égard des enfants. C'est

désormais l 'école qui est responsable de la catéchèse. Le cardinal Léger exprime bien cet

état lors d 'une allocution prononcée au séminaire de Saint-Jean-de-Québec en 1961. Il

exprime que la mission du Christ confiée à l 'Église d 'annoncer l 'Évangile à toutes les

nations (Me 16, 16), l 'Église la transmet à son tour à l 'école, notamment aux catéchistes :

Cette mission (d 'annoncer l 'Évangile à toutes les nations), l 'Église la transmet aux

catéchistes, les associant par le fait même à l 'œuvre du Christ. Le professeur de

religion accomplit à son tour ce que le Christ a fait et continue de faire par son

entremise : il annonce aux hommes le message de salut pour les introduire dans

l 'univers de la f o i . 1 3 7

En transmettant aux professeurs la mission d 'annoncer le Christ, c'est toute

l 'évangélisation et la catéchèse des enfants qui est du ressort de l'institution scolaire. Dans

ce contexte, l 'école, avec le concours de l'Office catéchistique, voit à la création d'outils

pédagogiques qui honorent cette mission qui lui est confiée. L'analyse du programme Viens

vers le Père montre cette séparation qui s'est accentuée entre le milieu paroissial et le

milieu scolaire, ce qui n 'est pas sans incidence sur les rapports entre catéchèse et liturgie.

1 3 5 Raymond Brodeur, « Le mouvement catéchétique : vecteur de la réception de Vatican II au Québec, » dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, 123. 1 3 6 Raymond Brodeur, « Le mouvement catéchétique : vecteur de la réception de Vatican II au Québec, » dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, 125. 1 3 7 Cardinal Paul-Émile Léger, Réflexions pastorales sur notre enseignement (Montréal : Publications de l'archevêché, 1961), 24.

4.2 Le programme d'initiation chrétienne Viens vers le Père de 1969, un exemple-type de la distanciation entre catéchèse et liturgie

Dans le cours des années 1960, l'Office Catéchistique Provincial du Québec prépare et

publie un catéchisme canadien pour les enfants, Viens vers le Père. Fruit d 'un travail de

collaboration entre l'Office Catéchistique Provincial et The National Office of Religious

Education, ce cycle d'initiation répond aux normes du programme d'enseignement

religieux du ministère de l 'Éducation du Québec. Il est conçu pour être utilisé au sein des

écoles catholiques de la province de Québec. Il sera diffusé largement et utilisé dans

d'autres provinces. Ainsi, l'Office provincial de la foi catholique de l 'Ontario (OPÉCO) le

proposera pour la catéchèse des francophones de l 'Ontario, de même que les diocèses

acadiens du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse le proposeront aux leurs.

4.2.1 Présentation générale du cycle d'initiation

Le catéchisme de première année, Viens vers le Père, est présenté comme un catéchisme

d'initiation chrétienne. Il veut permettre aux enfants de connaître le Dieu des chrétiens

(Père, Fils et Esprit) et permettre un dialogue entre l'enfant et les Personnes de la Trinité.

La présentation générale du cycle d'initiation comprend cinq parties. La première partie

s'inspire des travaux de psychologues cliniciens (Gesell et Erickson) : le portrait des

enfants de 6-7 ans est tracé et les moyens privilégiés pour catéchiser les enfants de cette

cohorte. La deuxième partie présente le programme qui mise beaucoup sur les expériences

de vie de l'enfant : c'est à partir de ces expériences que la Parole de Dieu doit être

annoncée. La troisième partie traite de la pédagogie à privilégier pour la catéchèse : au

rythme de trois séances (de 40 à 50 minutes) par semaine, chaque rencontre de catéchèse a

un déroulement typ ique . 1 3 8 La quatrième partie de la présentation parle de la vie de prière

~ Le déroulement est le suivant. Au départ, la catéchèse est faite d'un temps de préparation appelée « la maîtrise corporelle ». Des exercices sont proposées pour détendre l'enfant et ainsi le rendre réceptif à la Parole de Dieu. La deuxième partie est « la causerie », la partie consacrée plus spécifiquement à l'annonce du message par la catéchiste. Dans un climat de recueillement, d'émerveillement et de sobriété, la catéchète anime une discussion avec les enfants. S'ensuit une activité (ayant pour but de susciter l'intelligence de la foi) qui peut être individuelle (ex. : dessin ou peinture) ou collective (ex. : chants, mimes, célébrations).

commune à favoriser lors de la séance de catéchisme ou en dehors du temps consacré à la

catéchèse (à l 'école ou en famille); quant à la prière individuelle, elle est aussi favorisée par

la création d'un coin de prière en classe et un climat propice à la maison. Enfin, la

cinquième partie du document présente la catéchèse comme une mission de l 'Église et

fournit quelques moyens concrets afin de manifester ce caractère ecclésial de la catéchèse.

Nous pouvons tirer quelques conclusions en regard des thèmes qui nous intéressent dans le

cadre de ce travail à partir de cette présentation.

4.2.2 Place de la communauté chrétienne dans le projet catéchétique

En ce qui concerne la place de la communauté chrétienne dans le projet catéchétique, nous

pouvons dire que ce thème est mis en veilleuse. Ceci contraste avec l 'intention de départ

des concepteurs du programme puisqu'on peut lire dans la présentation générale que

l'objectif principal du premier cycle d'enseignement religieux est « d'introduire les enfants

dans le mystère chrétien, en les aidant à prendre conscience de ce que signifie

l 'appartenance à la communauté ecclésiale dans laquelle ils sont entrés par le baptême » . 1 3 9

En lisant les guides du maître des deux premiers volumes de ce Catéchisme Canadien, on

se rend compte de la difficulté à opérationnaliser cet objectif.

La volonté de faire « prendre conscience de ce que signifie l 'appartenance à la communauté

ecclésiale » ne se traduit pas par des moyens concrets puisque la communauté ecclésiale est

absente du programme d'initiation présenté dans le premier niveau. Le programme semble

faire fi de la communauté chrétienne dans son ensemble puisqu'on ne privilégie même pas

la fréquentation ou la visite des membres de la communauté, si ce n 'est que le prêtre qui

peut être invité (si la catéchiste le juge opportun). La communauté ecclésiale se limite au

groupe du catéchisme.

Dans les 28 premières pages du document de présentation, le terme de « communauté

ecclésiale » n'est utilisé qu 'une seule fois. Le terme de « petite communauté croyante » est

utilisée une fois, et lorsqu'il est utilisé, c'est pour désigner le groupe de catéchisés. A part

ces deux mentions, les termes de communauté chrétienne, paroisse ou assemblée ne se

retrouvent à aucun endroit. Quant aux mentions de différents membres de la communauté

chrétienne, elles sont rares. Une seule fois dans le document on peut trouver le terme

« prêtre ». Dans une note de bas de page, on retrouve le terme curé (qui se retrouva une

autre fois seulement, dans la dernière partie document).

Il faut se rendre à la toute fin de la présentation générale du cycle d'initiation, à la

cinquième partie pour découvrir dans les perspectives pastorales que le catéchisme est une

mission d'Église. Jusque là, il n 'y a rien! Cette dernière partie de la présentation est divisée

en trois sous-sections. La catéchèse est d 'abord présentée comme une mission d'Église.

Deuxièmement, des moyens sont proposés pour manifester la collaboration entre parents,

prêtre et catéchiste. Enfin, les rencontres parents-prêtre-maître sont présentées comme le

lieu idéal où se manifeste la collégialité entre les intervenants. Le peu de place qu 'on

accorde à toute cette partie reléguée à la toute fin de la présentation en fait presque une

annexe : cette partie est contenue sur deux pages et demie sur un total de trente-deux. Et

même dans cette dernière partie de la présentation, la terminologie associée à la

communauté chrétienne est rare. Une fois on utilise les termes de communauté paroissiale.

Un peu plus loin, indistinctement, on utilise l 'expression de communauté de foi.

4.2.3 Les acteurs de la catéchèse

Les liens entre la catéchèse et la paroisse sont difficiles à tisser parce que la paroisse ne

semble pas un acteur principal dans le projet : elle joue un rôle de soutien pour cette

catéchèse scolaire. On évoque une seule fois la responsabilité de la communauté à l 'égard

de la catéchèse, sans toutefois préciser de moyens qui pourraient manifester cette

responsabilité. Le prêtre semble être l 'unique intermédiaire entre la communauté

paroissiale et le groupe des enfants catéchisés. C'est lui qui «éveillera toute la communauté

paroissiale à sa responsabilité » . 1 4 0 Il y a une brèche ouverte sur la communauté chrétienne

via les laïcs qui sont engagés au sein de certains mouvements. Ces derniers peuvent être

mis à contribution dans la catéchèse si la catéchiste le veut bien. Ce passage le démontre :

Office catéchistique provincial, Viens vers le Père, maître, 30. 142 office catéchistique provincial, Viens vers le Père, maître, 30. 143 office catéchistique provincial, Viens vers le Père, maître, 29.

Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du

Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du

Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du

La catéchiste qui a le sens de l 'Église sait bien que tout le laïcat chrétien est

solidairement responsable de la montée spirituelle des jeunes générations. Elle

s'efforcera donc, dans toute la mesure du possible, de travailler en collaboration avec

les mouvements d'Action catholique et les groupes de foyer. 1 4 1

Les principaux acteurs du projet catéchétique sont au nombre de trois : le prêtre, les parents

et les catéchistes. Ce sont à ces derniers que le document accorde le plus d' importance. A la

lecture du guide du maître, l 'Église se trouve réduite aux catéchistes et au prêtre. Les

parents sont rarement sollicités dans ce programme; ils sont vus comme les représentants de

la communauté. Ainsi, lorsque l 'on cherche à insérer les enfants dans la communauté

chrétienne, on propose des moyens de collaboration entre le clergé paroissial, les parents et

la catéchiste. La communauté dans son ensemble ne semble pas requise pour permettre

l 'intégration des enfants au sein de l 'Église.

Les moyens proposés pour manifester la collaboration entre la paroisse et l 'école se limitent

aux rencontres parents-prêtre-maître. Lors de ces rencontres avec les parents, le rôle du

prêtre est l imi té : «le prêtre servira de guide au point de vue d o c t r i n a l » . 1 4 2 Lors de la

catéchèse avec les enfants, la place du prêtre est aussi limitée : elle est celle que la

catéchiste voudra lui donner. Il est souhaitable que le prêtre puisse rencontrer les enfants,

mais cela n 'est pas obligatoire. Tout ce qui est dit de son rôle se résume à ceci :

Le prêtre étant le chef de toute la communauté paroissiale, il est bon que les enfants

prennent contact avec lui dès la première année. Sa participation au catéchisme des

petits facilitera beaucoup leur insertion dans la vie liturgique de la paroisse. La

catéchiste s'efforcera de favoriser le ministère du prêtre auprès des enfants en

l'invitant soit à présider les célébrations les plus importantes et à y faire l 'homélie,

soit à venir annoncer la Parole de Dieu en classe (dans le respect du thème de la

semaine), soit à prendre contact avec chacun des enfants pendant les act iv i tés . 1 4 3

Office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 5. H 5 office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 8.

Après le prêtre, les parents sont présentés comme les acteurs (secondaires comme lui!) de la

catéchèse. Comme pour le prêtre, le rôle des parents est subordonné à celui de la catéchiste,

sauf dans un cas exceptionnel signalé en note de bas de page : « si un enfant manifeste une

maturité spirituelle suffisante pour s'approcher avec fruit des sacrements au cours de cette

année, ses parents pourront l'y conduire avec l 'assentiment du curé de la paroisse, en

veillant à assurer eux-mêmes à l'enfant le complément de préparation nécessaire » . 1 4 4 On

constate que les parents n'entrent en scène comme acteurs principaux que pour des cas

particuliers. L'implication des parents est un fait exceptionnel : c'est le milieu scolaire qui a

la responsabilité de la catéchèse, sauf si un parcours particulier devait être envisagé.

Ce qui est attendu de la part des parents est dans l 'ordre d 'une collaboration avec la

catéchiste. Cette collaboration se manifeste surtout à l 'occasion des rencontres parents-

catéchiste, de même que lors des rencontres parents-prêtre-maître. À part ces rencontres, les

invitations faites à l 'ensemble des parents pour participer à la catéchèse se limitent à des

échanges avec la catéchiste sur l 'évolution spirituelle de leur enfant et à leur participation à

certaines célébrations à l 'école. Pas un mot sur d'éventuelles célébrations à l 'église avec

l 'assemblée chrétienne. L'assemblée chrétienne ne semble pas nécessaire. Pas plus que son

témoignage ou son soutien.

Le témoignage qui est nécessaire pour le succès du renouveau catéchétique, c'est le

témoignage de foi des catéchis tes . 1 4 5 Les catéchistes sont les véritables actrices de la

catéchèse (elle est toujours désignée au féminin dans les documents). Le document mise

beaucoup sur ses qualités, comme en témoigne ce passage du Guide du Maître :

La qualité humaine et chrétienne de l 'éducatrice est beaucoup plus importante que

l'utilisation de tel ou tel instrument de travail. C'est surtout par le rayonnement de

la personnalité de son éducatrice que l'enfant entre en communion avec les réalités

de la f o i . 1 4 6

1 4 7 Office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 8. us office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 12. 149 office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 17.

Lorsque le guide de présentation du programme Viens vers le Père cherche à répondre aux

« comment » de la catéchèse, il présente certains moyens en ajoutant toutefois qu '« il est un

moyen qui transcende tout programme et toute pédagogie : c 'est le rayonnement personnel

de la catéchiste » . 1 4 7 La présentation générale est encore plus précise en disant un peu plus

loin que :

(...) le programme serait lettre morte sans le rayonnement personnel de la

catéchiste. Dans la mesure où celle-ci vivra simplement devant les enfants et avec

eux une vie de foi et de charité, dans cette mesure même les enfants s'initieront à

une vie réellement chrétienne, fraternelle. Cela ne demande pas que l'on parle sans

cesse de charité, mais que l 'on essaie d 'en vivre ensemble, à l 'occasion des mille 148

incidents de la vie chrétienne.

Lors de la séance, la catéchiste doit éviter de faire une démonstration magistrale. Elle doit

plutôt chercher à vivre elle-même une expérience spirituelle avec les enfants; « c'est-à-dire

qu 'on ne donne pas une causerie catéchétique à des petits comme on donne une leçon de

calcul » . 1 4 9 Idem pour l'initiation à la prière où la catéchiste a un rôle de premier plan en

terme de témoignage. C'est elle qui doit animer les célébrations et acheminer les enfants

vers une vie de prière « en la cultivant elle-même, car il est bien évident que là surtout,

c 'est le rayonnement personnel de la catéchiste qui est pour les enfants la meilleure

initiation » . 1 5 0

Le rôle de la catéchiste est si grand qu 'on a l ' impression de lui demander à elle seule de

remplacer les parents et l 'ensemble de la communauté. Ces demandes apparaissent

irréalistes, de surcroît lorsqu'elles sont exigées d'enseignantes qui n 'ont pas choisi

1 5 1 Cette situation n'est pas exceptionnelle au Nouveau-Brunswick. Le chapitre suivant donnera la genèse de cette situation. Avec la sécularisation de la société qui s'accentue à partir des années 1970, de plus en plus d'enseignantes qui ne partagent pas la foi chrétienne se verront demandées d'enseigner la catéchèse. 1 5 2 Office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 28. 1 5 3 Office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 8.

l 'enseignement de la catéchèse . 1 5 1 Bien qu'il soit dit que « le catéchiste est un membre du

peuple de Dieu qui a reçu le mandat d 'annoncer officiellement et au nom de l 'Église la

Parole de Dieu aux enfants baptisés », 1 5 2 ceci ne s'applique pas d 'un océan à l 'autre du

Canada (bien que plusieurs provinces utilisent ce programme). Ainsi au Nouveau-

Brunswick, dans des écoles qui sont toutes non-confessionnelles, l 'enseignement de la

catéchèse n'est pas conséquent d 'un mandat reçu de la part de l 'Église, mais plutôt d 'une

commande reçue de la direction de l 'établissement.

Dans ce programme, l 'assemblée chrétienne semble être remplacée par la catéchiste et le

groupe des catéchisés. C'est pourquoi on insiste sur l ' importance du groupe des catéchisés

pour faire saisir la valeur de la communauté dans la vie chrétienne. Lorsque l 'on aborde les

moyens pour catéchiser l'enfant de 6-7 ans, il y en a deux qui sont privilégiés : « (1) un

programme qui favorise la croissance spirituelle de l'enfant; (2) une pédagogie qui lui

permette de s'éveiller à son heure et de cheminer à son rythme au sein de la petite

communauté croyante qu'est le groupe de catéchisés » . 1 5 3

Le lieu de la catéchèse est donc l 'école, et à l 'intérieur de l 'école c'est précisément le

groupe des catéchisés qui est présenté comme l'équivalent de la communauté croyante. Ce

groupe est présenté comme le milieu qui permet l'insertion des enfants dans l 'Église. Ceci

est au fondement d 'un des postulats du programme voulant que le milieu scolaire soit le

lieu catéchétique par excellence pour faire l 'expérience de vie ecclésiale :

La norme fondamentale de la catéchèse de première année pourrait se définir ainsi :

faire vivre aux enfants, dans toute la mesure où ils en sont capables, une première

expérience de vie chrétienne hors du cercle familial, c'est-à-dire une première

expérience de vie ecclés ia le . 1 5 4

Ce tableau des liens entre catéchèse et communauté chrétienne correspond à ce qui est

présenté dans le Directoire Catéchétique Général de 1971 où il est fait peu mention de la

paroisse. Sur la base d 'une étude des lieux de la catéchèse dans ce Directoire, Routhier en

arrive à la conclusion que la catéchèse qui est préconisée au lendemain du Concile « se

passe dans le groupe de catéchèse » . 1 5 5 L'article du Directoire qui présente le groupe de

catéchèse affirme que le rôle de celui-ci a une grande importance (DCG, n° 76). Cette

situation qui privilégie le groupe de catéchèse comme lieu de la catéchèse aura comme

conséquence d'isoler la catéchèse du cadre paroissial, du même coup, de la vie liturgique de

la communauté.

4.2.4 Prière communautaire et liturgie dans le programme de catéchèse

Lorsque le programme d'enseignement religieux parle de célébrations (troisième partie de

la présentation générale), il dit qu'elles sont « très apparentées à la liturgie, à laquelle elles

constituent une véritable initiation » . 1 5 6 Or, des éléments essentiels de la liturgie chrétienne

sont absents : la présence d 'une assemblée chrétienne diversifiée, la convocation par un

membre désigné de l 'Église, la présence du prêtre (qui est toujours opt ionnel le) . 1 5 7 La

condition pour réussir ces célébrations se limite à leur préparation et à leur exécution avec

soin. En ce qui concerne la prière communautaire (quatrième partie), on encourage à

développer ce genre de prière avec le groupe de catéchèse. Et lorsqu'on aborde la prière

communautaire à l 'extérieur du monde scolaire, c'est la famille qui est l 'unique référence.

Rien n'est dit sur la prière avec la communauté chrétienne.

La mise en œuvre de ces célébrations « très apparentées à la liturgie » a été facilitée par la

Réforme liturgique. Celle-ci a permis une plus grande possibilité de célébration à

l 'extérieur de l 'église. Ce qui était exceptionnel dans le milieu scolaire est devenu normal :

au lieu de se rendre à l 'église pour un temps de prière, le groupe de catéchèse restait à

1 5 5 Gilles Routhier, Sacrée Catéchèse! Quand tu déranges familles et paroisses (Bruxelles : Lumen Vitae, 2007), 14. 156 office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 20. 1 5 7 Lors des célébrations, les parents peuvent être invités. Il y a un risque que la célébration devienne un spectacle pour certains. Pour éviter une telle situation, le guide insiste sur le fait que « tous les assistants accomplissent ensemble le même cheminement spirituel : c'est pourquoi, si l'on invite les parents, ce n'est pas pour regarder une cérémonie, mais pour y participer activement avec les enfants. » Office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 2.

K 8 Jean-François Bouchard, « D'où venons-nous? Où allons-nous? Liturgie et catéchèse : histoire de leurs rapports, » 18. 1 5 9 Albert Rouet, «Catéchèse et Liturgie: Radiographie d'un débat insuffisant,» La Maison-Dieu 140 (1979): 18. 1 6 0 Jean-François Bouchard. « D'où venons-nous? Où allons-nous? Liturgie et catéchèse : histoire de leurs rapports, » 19.

l 'école et vivait sur place ce temps de prière et/ou de célébration. Même la liturgie pouvait

se faire à l 'école : la messe était célébrée dans les gymnases et les auditoriums. Les

confessions avant Noël et avant Pâques se faisaient aussi dans une salle de classe de l 'école.

La réforme liturgique aura donc facilité la sortie de l'église pour la liturgie, de même que le

déroulement de ses célébrations dans d'autres lieux. Cette situation isolera encore

davantage les enfants de la communauté chrétienne puisque ces derniers n 'ont désormais

plus besoin de se rendre à l'église paroissiale pour la liturgie.

Dans ce contexte de réforme liturgique, la prière « a fait place à beaucoup d'inventivité

dans la création de liturgies non-sacramentelles. La catéchèse a été le lieu pastoral qui l 'a

fait avec le plus de dynamisme. » 1 5 8 Les enseignants se sont engagés dans des initiatives

liturgiques. Les adaptations de la liturgie pour le milieu scolaire ont pu contribuer à une

certaine «confusion des g e n r e s » . 1 5 9 La liturgie pouvait parfois devenir une session de

catéchèse ou encore la catéchèse devenait une célébration liturgique. Ces célébrations

adaptées pour les enfants ont eu comme effet parfois d 'abolir les frontières entre la

catéchèse et la liturgie. Des catéchètes pouvaient éprouver des difficultés à comprendre les

liens entre la liturgie et le contenu de la catéchèse. L'appropriation des actes liturgiques par

de multiples intervenants amena un jugement lourd de conséquences pour l'avenir, à savoir

que « la liturgie a été l 'objet d 'une instrumentalisation à des fins pédagogiques » . 1 6 0 Cette

situation n ' a certes pas contribué à une articulation féconde entre liturgie et catéchèse à

l 'intérieur de ce programme d'initiation chrétienne.

4.2.5 Le programme d'initiation chrétienne Célébrons ses merveilles

Le catéchisme de deuxième année, Célébrons ses merveilles, poursuit l'initiation chrétienne

des enfants commencée en première année. Un regard sur ce programme permet de voir si

l 'absence de liens entre catéchèse et liturgie observée dans le programme de première

année Viens vers le Père est exceptionnelle, ou s'il s'agit d 'une lacune qui se présente

1 6 1 Office catéchistique provincial, Célébrons ses merveilles. Initiation chrétienne des enfants de 7-8 ans. Deuxième année. Guide du maître (Montréal : Éditions Pédagogia, 1965), 6.

ailleurs. Le programme de deuxième année est marqué par la préparation plus immédiate

aux sacrements de pénitence, de confirmation et d'eucharistie. L'introduction nous apprend

que ce programme est intimement lié à celui de l 'année précédente.

On ne s'étonnera donc pas de retrouver, dans le programme de deuxième année, non

seulement les mêmes perspectives doctrinales fondamentales, mais également

certains thèmes traités de façon presque semblable. Tant sur le plan doctrinal que

pédagogique, cette profonde continuité nous a paru indispensable. 1 6 1

La présentation du programme et de son esprit dans Y Introduction du Guide du maître

reprend sensiblement le même plan que la Présentation générale du cycle d'initiation

(première année). Dans la première partie de la présentation, après avoir présenté l'enfant

de 7-8 ans aux plans humain et religieux, le programme tire certaines conséquences de ce

profil de l'enfant pour la pédagogie catéchétique. Dans la deuxième partie, le programme

est présenté en détails à partir de son contenu et de son déroulement. Nous y apprenons que

le premier trimestre est caractérisé par la préparation au sacrement de pénitence, le

deuxième trimestre prépare les enfants au sacrement de l 'eucharistie et le troisième

trimestre présente les grandes fêtes du temps pascal (Pâques, Ascension, Pentecôte) et les

autres sacrements (confirmation, mariage, ordre, sacrement des malades). Enfin, la

méthodologie est présentée dans la troisième partie (activités, audio-visuel et vie de prière).

Ce qui ressort de cette présentation, c'est qu'el le est un calque de la présentation générale

du cycle d'initiation, avec l 'omission cependant des perspectives pastorales du catéchisme.

La mission ecclésiale de la catéchèse qui occupait la dernière partie (somme toute assez

minime) du livre du maître Viens vers le Père est complètement absente de l 'introduction

de la deuxième année de catéchèse. Cette suppression sans remplacement confirme le peu

de place donnée à la paroisse dans le programme de catéchèse des enfants.

Pourtant, on aurait pu croire que cette deuxième année ferait une plus grande place à la

communauté ecclésiale puisque le contenu est axé sur la préparation aux sacrements qui

sont célébrés au sein de la communauté. Or, c'est le contraire qui se produit. Bien qu 'on

parle abondamment de relations pour présenter les sacrements, il est rarement question des

relations avec et entre les membres de la communauté paroissiale. On parle plutôt de la

relation personnelle entre Dieu et l 'homme, et lorsque les relations humaines sont

évoquées, on parle de la « relation affective » entre l'enfant et la catéchiste ou des liens

entre les membres du groupe des catéchisés.

Dans la présentation de cette deuxième année, la référence à la communauté n'apparaît qu 'à

deux reprises. Une première fois pour manifester que les sacrements s'accomplissent « à

travers les gestes et les paroles du prêtre, à travers les gestes de foi de la communauté

chrétienne », ce qui permet une rencontre réelle avec D i e u . 1 6 2 La communauté n 'est pas

présentée comme un lieu de la présence du Christ : ce sont les sacrements qui contiennent

le Christ et qui « rendent présent et agissant sur la terre le mystère du Seigneur Jésus

crucifié et ressuscité des morts » . 1 6 3 On parle une deuxième fois de la communauté

chrétienne dans le fascicule qui sert de guide aux catéchistes pour présenter l 'Église.

Fidèle à l'invitation du Concile Vatican II de présenter l 'Église davantage comme peuple

de Dieu que comme une société bien organisée avec ses chefs, ses lois et ses différentes

structures, l 'introduction définit l 'Église comme « communauté de croyants rassemblés et

sanctifiés par l 'Esprit; communauté de charité qui se construit progressivement dans le

Christ; communauté de culte qui rend gloire au Père en célébrant les merveilles de son

amour envers les hommes » . 1 6 4 C'est ainsi que le mystère de l 'Église est présenté dans le

guide d'introduction. La méthodologie (causeries, activités, mémorisations, etc.) ne précise

pourtant pas de moyens précis pour faire saisir par l 'expérience ce mystère de l 'Église.

La présentation générale du cycle d'initiation (Viens vers le Père) avait mis l 'accent sur la

catéchiste. Le guide du maître de la deuxième année fait de même, mais avec une moindre

insistance. Bien que le rôle de la catéchiste soit moins prédominant, il demeure important,

alors que le rôle du prêtre semble éclipsé. On en parle une seule fois pour préciser que c'est

par les paroles et les actions du prêtre que les sacrements s'accomplissent. Il n 'y a aucune

162 office catéchistique provincial, Célébrons ses merveilles. Initiation chrétienne des enfants de 7-8 ans. Deuxième année. Guide du maître, 14. 163 office catéchistique provincial, Célébrons ses merveilles. Initiation chrétienne des enfants de 7-8 ans. Deuxième année. Guide du maître, 16. 1 6 4 Office catéchistique provincial, Célébrons ses merveilles. Initiation chrétienne des enfants de 7-8 ans. Deuxième année. Guide du maître, 16.

mention de son rôle dans la convocation de l 'assemblée ou dans la vie de la communauté

chrétienne. La vie spirituelle est présentée d'abord et avant tout comme une relation entre

l'enfant et Dieu, minimisant les médiations humaines.

Quant à la vie de prière qui est souhaitée pour les enfants, le document vise une

collaboration avec les parents « de manière à ce que la famille et l 'école harmonisent leurs

efforts pour le plus grand bien de l'enfant. » 1 6 5 La prière collective devrait être encouragée

à l 'école par la catéchiste, alors que la prière personnelle du matin et du soir devrait être

encouragée par les parents à la maison. Le guide parle aussi de l ' importance de remettre à

l'enfant un missel pour faciliter la participation de l'enfant à la célébration eucharistique.

C'est la seule mention (sous-entendue tout de même) d 'une participation à la liturgie.

Il faut lire les contenus de chacune des semaines pour glaner ici et là quelques liens avec la

communauté. Ainsi, lors de la 8 e semaine de catéchèse, une visite à l'église est au

programme. La participation du prêtre à cette catéchèse est souhaitable. Si cela n 'est pas

possible, c'est la catéchiste qui remplit son rôle. À travers un dialogue avec les enfants, le

prêtre se présente comme celui qui tient la place de Jésus. Deux autres visites à l 'église sont

aussi suggérées lorsque cela est possible : lors de la catéchèse baptismale (9 e semaine), la

catéchèse peut se faire au baptistère en présence de prêtre, et « si la catéchiste juge bon de

familiariser les enfants avec le confessionnal avant leur première confession, » elle pourra

faire une visite au confessionnal de l 'église. Lors de toutes ces visites à l 'Église, aucune

présence d'un membre de la communauté n'est prévue, si ce n 'est celle du prêtre.

Quant à la célébration du sacrement, elle peut se faire à l 'école ou à l 'église. La célébration

à l 'école (sans la présence des parents) offre des avantages que le document prend soin de

souligner : « elle favorise peut-être davantage le recueillement personnel de l'enfant; elle

permet un contact personnel plus familier et plus prolongé avec le prêtre; elle peut centrer

davantage l'enfant sur l 'essentiel du sacrement qui est sa rencontre personnelle avec le

Christ ». 1 6 6 Bien que le document présente aussi des avantages pour la confession pour

parents et enfants à l 'église, les auteurs privilégient la célébration à l 'école pour les enfants

165 office catéchistique provincial, Célébrons ses merveilles. Initiation chrétienne des enfants de 7-8 ans. Deuxième année. Guide du maître, 31. 1 6 6Office catéchistique provincial, Célébrons ses merveilles. Initiation chrétienne des enfants de 7-8 ans. Deuxième année. Guide du maître, 154-155.

uniquement si Ton ne dispose pas des moyens suffisants pour former les parents à prendre

leurs responsabilités propres. Le document dit qu' i l faudra trouver d'autres occasions pour

faire découvrir aux enfants l'aspect communautaire du sacrement, sans toutefois préciser

les moyens.

En ce qui concerne la préparation à la première communion, la catéchèse eucharistique est

abondante. Un trimestre entier est utilisé pour présenter les différentes parties de la messe!

Au début de ce trimestre, la célébration d 'une messe spéciale est proposée pour les enfants

et leurs parents. Cette messe se déroule à l 'école selon le souhait du document de la dix-

neuvième semaine. Lors de cette messe, pour la première fois dans le programme, il est

possible de faire appel à une personne qui ne soit pas catéchiste, parent, prêtre ou enfant du

groupe de catéchisme. Il est dit que pour diriger la prière commune, on pourrait faire appel

à un « commentateur du dimanche ». Le document ouvre une brèche sur la communauté

paroissiale. Il parle même de la possibilité de préparer la célébration eucharistique avec

l 'équipe liturgique. Dans ce même document, on parle d 'un comité paroissial de catéchèse

pour y apprendre qu' i l est constitué de parents. Ceci est une nouveauté dans le programme.

Le rôle de ce comité n 'est toutefois pas précisé.

Quant à la célébration de la première communion, rien n 'en est dit dans les divers

documents. Il est à supposer qu'elle ait lieu dans le cadre d 'une célébration eucharistique

dominicale à l 'église paroissiale. Le silence complet du programme sur ce sujet illustre bien

la clarté des champs de compétence : ce qui se passe à la paroisse ne concerne pas l 'école.

Le programme de catéchèse scolaire ne propose donc pas d'éléments pour aider à la

préparation d 'une célébration articulée avec la préparation ou encore pour permettre aux

enfants d'intégrer la communauté paroissiale qui, jusqu'alors , n ' a pas été présente à leur

cheminement spirituel.

4.2.6 À la lumière de l'examen de ces pratiques

L'examen de ces deux programmes de catéchèse montre assez clairement le fossé entre

l 'école et la paroisse dans l'initiation chrétienne des enfants. Au fur et à mesure que l 'école

prend en charge la catéchèse des enfants, la place de la paroisse est de moins en moins

forte. Ce quasi-monopole de l 'école dans la mission catéchétique a des conséquences au

plan de la liturgie qui fait moins partie du parcours catéchétique des enfants (sauf en ce qui

a trait aux para-liturgies préparées et animées par les catéchistes à l 'école). Les temps de

liturgie proposés par ces programmes de catéchèse sont en marge de la vie de la

communauté; la liturgie se limite à un ensemble de célébrations qui « s'apparentent à la

liturgie » vécues à l 'école. La prière communautaire quant à elle se fait avec le groupe de

catéchisés ou avec la famille.

Nous pouvons tirer les conséquences d 'une telle catéchèse: puisque toute la vie chrétienne

pouvait se vivre à l ' intérieur du milieu scolaire (catéchèse, liturgie, groupe de soutien), la

fin du cycle catéchétique à l 'école signifiait aussi la fin des activités liturgiques pour

plusieurs. Ceci permet peut-être de comprendre une raison de la désaffection de la pratique

religieuse et l 'éloignement à l 'égard de la religion pour cette cohorte générationnelle qui a

vécu cette catéchèse fortement institutionnalisée dans le milieu scolaire.

Cette génération de croyants a du mal à comprendre aujourd'hui que la foi chrétienne soit

appelée à se vivre au sein d 'une communauté. Tout ce qu'i ls ont appris et vécu exprimait en

fait le contraire : la foi se vivait essentiellement au sein du groupe de catéchèse. Germain a

fait la démonstration que la vie chrétienne d 'une époque est souvent le reflet de l 'éducation

chrétienne qui est donnée et reçue. Vue à la lumière du nouveau catéchisme Viens vers le

Père, la pratique actuelle de la vie chrétienne qui fait l ' impasse de la communauté

chrétienne confirme la thèse de Germain :

Toute présentation du message (...) est susceptible de marquer profondément la vie

des fidèles. La catéchèse modifie les modèles de représentations, les

comportements, les attitudes, elle imprègne une culture qui se transmet. Les petits

manuels de catéchisme sont porteurs de toute une spiritualité, riche ou déficiente, de

toute une expérience et conception du christianisme. Ils informent une relation de

l 'homme à Dieu, une manière pour le chrétien de se situer face au m o n d e . 1 6 7

Cette situation catéchétique a évolué au cours des trente dernières années. Afin de corriger

cette ghettoïsation de la catéchèse, plusieurs ont demandé que le rôle de la communauté

chrétienne soit davantage mis en valeur. La comparaison entre le Directoire Catéchétique

1 6 7 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 14.

4.3 Au cours des années 1980

Cet examen nous fait voir que malgré les espoirs apportés par la réforme liturgique et le

renouveau catéchétique, les résultats furent plutôt mitigés quant aux liens entre la catéchèse

et la liturgie dans les programmes de catéchèse. La liturgie n ' a pas su trouver sa place dans

le programme catéchétique (sauf en ce qui concerne l 'année liturgique au plus), tout comme

elle trouve difficilement sa place dans les pratiques de ceux qui ont été éduqués à la vie

chrétienne à partir de ce programme. Avec les changements liturgiques du Concile Vatican

II, « les chrétiens ont compris qu' i ls ne comprenaient pas : rien ne sert de traduire si on

n 'adapte pas. Le plus difficile n 'est pas de transcrire des mots, mais de rejoindre des

mentalités » . 1 6 8 Force est de constater que la Réforme liturgique n 'a pas encore permis de

rejoindre les mentalités.

Au cours des années qui ont suivi le Concile, il y a eu des recherches et des

expérimentations pour rapprocher catéchèse et liturgie. Aujourd'hui, la liturgie et la

catéchèse ont repris leur chemin respectif en tentant de définir leur spécificité. La

cohabitation plus ou moins heureuse des années post-conciliaires fait craindre à certains un

éventuel rapprochement. La peur de confondre les genres empêche parfois aujourd'hui de

s'engager avec créativité et lucidité. Pourtant, cette confusion des genres au départ était

inévitable selon Laforest.

Albert Rouet, « Catéchèse et Liturgie: Radiographie d'un débat insuffisant, » 13.

Général de 1971 et Directoire Général pour la Catéchèse de 1997 en ce qui a trait au rôle

de la communauté est sans équivoque. Alors qu 'en 1971, la paroisse occupait une place

marginale dans la catéchèse, en 1997 la paroisse est au cœur du projet catéchétique. Cette

mise en valeur de la communauté paroissiale se manifeste par l 'insistance sur la catéchèse

des adultes, le soutien des petites communautés ecclésiales, l 'évangélisation par la

communauté paroissiale et l ' impact du témoignage de la vie de toute la communauté sur la

catéchèse des enfants.

Jacques Laforest, « La réforme catéchétique des années 1960-1970 : En lien avec la liturgie, » 29.

Laforest insiste pour dire que les tâtonnements ne doivent pas être interprétés comme des

échecs parce que le renouveau catéchétique apporte avec lui d 'énormes défis qui sont

soumis encore aujourd'hui aux «l imites de tout c o m m e n c e m e n t » . 1 6 9 Loin de vouloir

abandonner ce renouveau qui a rencontré d'inévitables obstacles et résistances, Laforest dit

qu'il doit trouver un second souffle suite à l 'enthousiasme et au dynamisme des débuts. Ce

renouveau est à valoriser et il est promis à un avenir prometteur puisque la dimension

liturgique fait partie intégrante de la nouvelle catéchèse : reste à trouver comment articuler

ces dimensions de la vie chrétienne.

Un nouvel effort catéchétique au Québec s'est déployé au début des années 1980. Le

Ministère de l 'Éducation, de concert avec l 'épiscopat, a créé un nouveau programme

d'enseignement religieux. À cette époque, la catéchèse faisait sa sortie des écoles, mais par

la porte d 'en arrière : la catéchèse était remplacée par l 'enseignement religieux. Pour

plusieurs parents, il ne s'agissait que d'un changement de nom puisque pour eux, l 'école

continuait d'offrir un enseignement religieux ce qui les satisfaisait et les dispensait de

prendre le relais.

La compréhension des communautés chrétiennes fut différente. Pour les acteurs de la

catéchèse en paroisse, il est clair que le but de l 'enseignement religieux scolaire ne visait

plus à permettre une rencontre personnelle avec le Christ, mais à transmettre des

connaissances d'ordre religieux. L'école apportait une contribution importante, mais cela

n'était pas suffisant. La communauté chrétienne devait prendre le relais et assurer la suite.

Ainsi, à travers la préparation aux sacrements de l'initiation chrétienne, les communautés

chrétiennes s'éveillèrent à leur rôle.

En Acadie, les défis étaient tout autres puisque la fin des années 1980 annonçait déjà le

retrait de tout enseignement confessionnel à l 'école. Pour les paroisses, cet énorme défi

organisationnel nécessitait une grande mobilisation pour trouver les ressources humaines et

matérielles suffisantes pour la catéchèse familiale et paroissiale. Cette mobilisation a

parfois relégué au second-plan le souci de la formation des catéchètes et celui de la

dimension liturgique en catéchèse.

Aujourd'hui, les paroisses continuent de s'engager activement dans ce champ de la

catéchèse des enfants. Afin de poursuivre notre présentation, il nous semble maintenant

nécessaire d'inscrire notre recherche dans l 'histoire globale de la catéchèse en Acadie.

Nous allons donc poser un regard sur l 'histoire des liens entre catéchèse et liturgie dans

l 'Acadie du Nouveau-Brunswick, plus précisément dans le diocèse de Bathurst, afin

d'enraciner notre recherche au sein de cette Église locale.

Chapitre 3 : Les rapports entre catéchèse et liturgie dans PAcadie du Nouveau-Brunswick

La catéchèse est une pratique ecclésiale qui, pour être bien comprise et analysée, doit être

insérée dans le contexte spatial et temporel où elle évolue. La catéchèse adopte des moyens

divers selon les contextes, les ressources et les destinataires. Si on ajoute à cette pratique

catéchétique la dimension liturgique, les différences entre les époques et les milieux

s'accentuent. A cause de cette diversité, il est nécessaire de tracer un portait différent de

l'état de la catéchèse et de la liturgie selon les époques et les cultures.

La question des rapports entre la catéchèse et la liturgie se pose d 'une manière originale

dans l 'Acadie du Nouveau-Brunswick où toutes les écoles ont été confirmées dans leur

statut non-confessionnel au moment de l 'Acte de l 'Amérique du Nord Britannique (1867).

Cette donnée constitutionnelle a fortement influencé l 'histoire de la catéchèse dans cette

province. Après avoir été l'objet d 'une contestation vive de la part des communautés

acadiennes à la fin du XIX e siècle, la loi scolaire King a finalement fait place à des

compromis pour l 'enseignement de la catéchèse au sein des écoles non-confessionnelles qui

n 'avaient pas force de loi: un siècle plus tard, les privilèges accordés aux Acadiens leur

étaient retirés, sans que cette suppression n 'enflamme l 'Acadie comme cela avait été le cas

à Caraquet en 1875.

L'histoire des rapports entre la catéchèse et la liturgie en Acadie est intimement liée à

l 'histoire religieuse de cette région du Canada. Pour présenter les liens entre catéchèse et

liturgie, il est nécessaire de présenter les grandes étapes de l'histoire de l 'Église en Acadie.

C'est ce que nous allons faire dans ce chapitre, tout en étant conscient des risques inhérents

à un tel survol, forcément partiel et limité. D'autres avant nous ont présenté une histoire

religieuse de l 'Acad ie . 1 7 0 Notre tâche n'est pas de ressasser tout ce qu' i ls ont dit, mais

plutôt de voir les liens entre catéchèse et liturgie dans le cours de l 'histoire religieuse en

Acadie depuis 1604 jusqu 'à nos jours.

1 7 0 Pour une histoire complète de l'Acadie, le lecteur pourra se référer au livre de Antoine Bernard, Histoire de l'Acadie (Moncton : L'évangéline, 1938) ou encore au collectif dirigé par Jean Daigle, L'Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours (Moncton : Centre d'études acadiennes, 1993).

Nous avons choisi de découper ces 400 ans d'histoire en quatre périodes. La première

section nous fera voir comment l 'annonce de la Parole et l 'administration des sacrements

préoccupaient les premiers missionnaires : les prêtres ne voulaient pas dispenser des rites

qui n'étaient pas compris de la part de ceux qui les recevaient et cherchaient des laïcs pour

les aider dans les missions. Après la déportation (deuxième section), la situation n'était

guère plus facile puisque les missionnaires étaient rares en Acadie. Ceci mena à la création

des « messes blanches », des assemblées dominicales présidées par un ancien de la

paroisse. La Renaissance Acadienne (troisième section) est marquée par la lutte pour

Yacadianisation des structures ecclésiales puisque à cette époque, l 'épiscopat des

Maritimes est majoritairement irlandais et ne semble pas comprendre et appuyer les

requêtes des Acadiens en termes de catéchèse. Ce contentieux est devenu visible dans

l'affaire Louis-Mailloux dont nous présenterons les grandes étapes dans cette section.

La quatrième période que nous avons délimitée couvrira l 'histoire des liens entre catéchèse

et liturgie de 1960 à nos jours. C'est une période importante pour le développement de la

catéchèse puisqu'elle est marquée par le Concile Vatican II et l 'arrivée en Acadie des

mouvements catéchétique et liturgique à travers les manuels de catéchèse et les revues

liturgiques du Québec. Les liens entre catéchèse et liturgie aux lendemains du Concile

seront présentés dans la quatrième section du chapitre. Au cours des années 1980 et 1990,

la catéchèse qui se faisait à l 'école depuis les débuts de la colonie se fait désormais à la

paroisse. Nous retracerons le cours de ce passage dans la cinquième section de ce chapitre.

Suite à ce parcours historique, nous ferons l 'analyse du programme actuel de catéchèse

dans la sixième section du présent chapitre. Bien que la catéchèse paroissiale et familiale

s'inspire largement de la catéchèse qui se faisait à l 'école, il y a des particularités qu' i l

convient de relever. Ce passage d 'une catéchèse entièrement assumée par le milieu scolaire

à une catéchèse prise en charge par les communautés chrétiennes a eu des répercussions

énormes non seulement sur le programme de catéchèse, mais aussi sur la vie des

communautés. La septième et dernière section de ce chapitre nous permettra de relever les

chances et les défis de ce programme, tout en soulignant ce qui nous apparaît nécessaire

pour que le programme de catéchèse pour les enfants puisse continuer à remplir son objectif

de contribuer à une première maturité de la foi.

Comme l 'ensemble du Canada, l 'Acadie est une terre de mission à ses débuts . 1 7 1 « L a

fondation de l 'Acadie avait eu, elle aussi, un dessein religieux, cas comme tous les autres

projets d 'expansion coloniale de l 'époque, il était alors impensable de dissocier le religieux

du reste. » 1 7 2 C'est pourquoi dès sa fondation en 1604 à Port-Royal par Champlain et de

Monts, l 'Acadie pouvait compter sur la présence d 'un prêtre qui administrait les sacrements

aux co lons . 1 7 3 Le Père Nicolas Aubry, prêtre séculier de Paris, faisait partie du premier

contingent à accoster sur les rives de la baie Ste-Marie. Un ministre protestant faisait aussi

partie de l 'expédition organisée sous le règne de Henri IV.

A l 'époque de la création de la Nouvelle-France, la spiritualité de l 'École française est à

son âge d'or. Cette spiritualité qui met l 'accent sur l 'humanité du Christ marquera la vie

religieuse et l 'organisation de la religion catholique en Acadie. Mais les colons ont aussi

apporté une certaine religiosité de la France, « teintée des vestiges de superstition du

Moyen-Âge » . 1 7 4 Les missionnaires chercheront à éliminer toutes ces traces de religiosité,

mais l 'entreprise est ardue à cause des contacts avec les Amérindiens qui ont eux-mêmes

leurs superstitions qui viennent parfois amplifier celles des colons.

1 7 1 Dans son histoire du Canada français missionnaire, le chanoine Groulx nuance les propos voulant que le Canada soit né uniquement d'un désir missionnaire, il dit que ce sont des causes multiples qui ont dirigé les Européens vers les Amériques (certains cherchaient des épices, d'autres un passage vers l'Asie, d'autres encore de l'or, etc.). C'est à partir du moment où les explorateurs ont découvert des hommes sur le continent que le désir d'évangéliser a pris une importance considérable. Groulx ne nie pas que le désir missionnaire ait été présent dans l'esprit aventurier de l'époque (il est difficile d'isoler les motivations), mais celui-ci ne peut expliquer à lui seul l'épopée de Champlain, de sieur de Monts et des autres. L'Acadie ne fait pas exception à ce mélange de motivations religieuses et économiques qui sous-tend les grandes explorations. Il y avait un désir avoué de l'Église et de la cour d'évangéliser. Champlain, et Richelieu après lui, résume le but des expéditions en Nouvelle-France après la fondation de Port-Royal : « Établir une colonie, afin d'essayer, avec l'assistance divine, d'amener les peuples qui y habitent à la connaissance du vrai Dieu. » Voir Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire. Une autre grande aventure (Montréal : Fides, 1962), 14. 1 7 2 Maurice A. Léger, « La déportation et la religion,» dans Du Grand Dérangement à la déportation, sous la direction de Ronnie-Gilles Leblanc (Moncton : Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 2005), 109. 1 7 3 L'esprit religieux de ces colons a été planté sur les rives de la baie Ste-Marie. Il est celui de la France de la fin du XVI e siècle, marqué par la tolérance et la bonne entente. Henri IV, un huguenot devenu catholique, a promulgué l'édit de Nantes qui pacifie les relations entre les protestants et les catholiques. Il n'y a donc pas d'acrimonie chez ces premiers colons qui cherchent à éviter en Nouvelle-France les querelles religieuses qui ont minées la France. 1 7 4 Maurice A. Léger, « La déportation et la religion,» dans Du Grand Dérangement à la déportation, 110.

1. De la fondation de Port-Royal à la déportation (1604-1755)

Le ministère pastoral des missionnaires sera surtout orienté vers les Amérindiens. Ainsi,

l 'abbé Fléché baptisa, dès 1610, le chef amérindien Membertou, ainsi que vingt membres

de la tribu. Les Jésuites arriveront quelques mois plus tard et constateront que les nouveaux

baptisés ignoraient tout de la foi chrétienne. La liturgie baptismale n'avait pas été

accompagnée de catéchèse. Ils entreprendront alors l 'éducation chrétienne de ces

Amérindiens, tandis que l 'abbé Fléché retourna en France suite aux reproches virulents des

Jésuites à l 'égard des prêtres missionnaires sur le manque de formation chrétienne des

nouveaux baptisés. Les débuts du christianisme en Acadie sont marqués par cette quête

d'articulation entre catéchèse et liturgie : pourquoi administrer des rites si ceux qui les

reçoivent n 'ont pas reçu l 'éducation nécessaire?

Pour les Jésuites et les Récollets, l 'éducation chrétienne avait autant d' importance que

l 'administration des sacrements dans l 'évangélisation des Amér ind iens . 1 7 5 Mais il n 'y avait

pas que les Amérindiens à évangéliser. L'instruction religieuse de la jeunesse de la colonie

préoccupait aussi les prêtres qui oeuvraient en Acadie et qui faisaient tout pour pourvoir à

l 'éducation chrétienne des enfants des colons. À ce sujet, le premier curé de la paroisse de

l 'Assomption à Port-Royal (Nouvelle-Ecosse), écrivait à Monseigneur de Saint-Vallier en

1685 : « J'ai auprès de moi un homme qui a de la vertu et du talent pour l'instruction de la

jeunesse; il fait avec fruits les petites écoles aux garçons dans la maison où je le tiens avec

moi; et je fais moi-même le catéchisme aux filles dans l 'église. » 1 7 6

Sur les rives de la baie Ste-Marie, les missionnaires étaient surtout des Récollets. Ils arrivèrent dans la nouvelle colonie dès 1615. Lorsque Monseigneur de Laval prend possession du territoire comme évêque de Québec, il leur confie la région de la Nouvelle -Ecosse. Les Jésuites et les Sulpiciens voyaient eux aussi à assurer l'apostolat auprès des Amérindiens et des Acadiens. À travers les Relations, on a accès à la vie de ces premiers missionnaires qui cherchaient à s'adapter au génie indien en apprenant la langue et les coutumes amérindiennes. Les missionnaires s'installaient souvent au sein de la tribu pour s'y intégrer plus facilement. En lisant les récits des missionnaires, on se rend compte des difficultés qu'ils ont eu à vivre avec les Amérindiens : la coexistence ne se fait pas sans heurt et sans difficulté. Pourtant, c'est en Acadie que la coexistence entre les Acadiens et les autochtones fut davantage marquée par la concorde et la paix. Les deux peuples avaient tissé des liens pour faire face à un adversaire commun : le gouvernement anglais établi à Halifax qui dirigeait la colonie à la suite des guerres entre les puissances française et anglaise. Pour une histoire de l'évangélisation des Amérindiens, on lira Lionel Groulx, Le Canada français missionnaire. Une autre grande aventure (Montréal : Fides, 1962). 1 7 6 Antoine Bernard, Histoire de l'Acadie, 9.

1.1 Catéchèse et liturgie dans l'évangélisation des Amérindiens

1.2 Au moment de la déportation

Après 150 ans de présence française en Acadie, la religion catholique occupait une place

centrale dans la vie quotidienne des gens. Les Acadiens recevaient la visite du missionnaire

à quelques reprises pendant l 'année, dépendamment du nombre de missionnaires envoyés

par l 'évêque de Québec (l 'Acadie a fait partie du diocèse de Québec jusqu 'en 1829). De

passage dans la communauté, le missionnaire voyait à l 'administration des sacrements et

apprenait quelques dévotions aux Acadiens. À la suite d 'une visite de Monseigneur de

Saint-Vallier (évêque de Québec) en Acadie en 1689, il dira que « chaque maison est une

petite communauté bien réglée où l 'on récite le chapelet » . 1 7 7

Les événements entourant la déportation (annonce, préparation, embarquement, etc.) ont

montré que la population possédait déjà des fondements de la foi chrétienne. Lorsqu'en

juillet 1755, le gouverneur Lawrence décida de passer à l 'action et de déporter les

Acadiens, ce sont les prêtres qui furent les premiers visés à cause de leur grande influence.

Trois d'entre eux furent arrêtés et emprisonnés dès le mois d 'août 1755, après avoir passé

d'église en église pour consommer les hosties consacrées. Ils conseillèrent aux fidèles de

mettre les draps mortuaires sur les chaires et de dépouiller les autels. Après s'être attaqués

au leadership des villages (les membres du clergé), les Anglais convoquèrent les hommes

dans l 'église Saint-Charles de Grand-Pré. C'est là que ces derniers apprirent l 'ordre de la

déportation.

Pendant cette période du régime français, il y avait peu d 'Acadiens au Nouveau-Brunswick;

ces derniers étaient surtout dans la région de la vallée d 'Annapolis (Nouvelle-Ecosse). Il

faudra attendre l 'annonce de la déportation pour qu 'une partie de la population migre au

nord de la baie de Fundy. Dans cette Nouvelle Acadie, ils se croyaient davantage en

sécurité, mais l 'histoire les a contredits : ils furent les premiers à être déportés. La

proclamation de la déportation fera fuir des Acadiens davantage vers le nord. Ceux qui ne

réussiront pas à s 'échapper seront déportés principalement sur la côte Est américaine et

reviendront s'installer quelques années plus tard en grand nombre au Nouveau-Brunswick.

À partir de 1760, des villages sont fondés au Nouveau-Brunswick par les Acadiens qui ont

1 7 7 Maurice A. Léger, « La déportation et la religion, » dans Du Grand Dérangement à la déportation, 114.

2. Pendant la pérégrination et au moment du retour

Lorsqu'ils reviennent de la déportation, les Acadiens se retrouvent étrangers dans leur

propre patrie : les coutumes et les mœurs britanniques sont courantes. Les autorités civiles

anglo-protestantes ne reconnaissent que la religion anglicane. Les anglicans sont les seuls

(mis à part les protestants) à avoir la liberté de culte. Les prêtres catholiques doivent quitter

le territoire sous peine d'emprisonnement à vie. Même le traité de Paris (1763) qui

garantissait aux catholiques romains la liberté de culte ne s'appliquait pas en Acadie

puisque le territoire était anglais depuis 1713.

Ce n 'est qu 'en 1768 que le gouvernement de Halifax autorisa le retour de missionnaires

pour desservir les Acadiens des Maritimes (en autant que ces missionnaires demeurent

loyaux à l 'égard du gouvernement anglais) en pensant qu 'une présence catholique pourrait

aider à pacifier les relations avec les Amérindiens. L 'évêque de Québec, monseigneur

Briand nomma l 'abbé François Bailly de Messein, vicaire général de toute l'ancienne

Acadie, avec résidence à Halifax. Il sera suivi en 1772 du Père Jean-Baptiste de la Brosse,

jésuite, et de l 'abbé Mathurin Bourg, premier prêtre acadien. En 1782, trois prêtres se

partageaient le ministère pastoral des provinces maritimes : un français, un acadien et un

i r landais . 1 7 8

C'est à cette époque que l'est du Canada connut une vague importante d'immigration d'Irlandais et d'Écossais, majoritairement catholiques. À partir de la fin du XVIII e siècle, le clergé oeuvrant dans les Maritimes est surtout irlandais ou écossais. Ces prêtres avaient davantage l'appui du gouvernement de Halifax (comparativement à ceux du diocèse de Québec) et leur venue en Atlantique permettait à l'évêque de Québec de pourvoir en prêtres les paroisses plus proches de son siège épiscopal. À cette époque les relations entre l'Église de Québec et les Acadiens étaient troubles. Les successeurs de Monseigneur de Laval acceptèrent l'interprétation britannique des causes de la déportation rendant les Acadiens responsables des malheurs qu'ils avaient connus. Ils accusaient les Acadiens de ne pas s'être soumis au roi d'Angleterre sur des aspects qui n'étaient pas contraires à la religion. Les missionnaires envoyés par l'évêque de Québec se faisaient rares.

fui la déportation et par ceux qui reviennent peu à peu des lieux où ils avaient été déportés.

Les plus anciennes communautés acadiennes (dont Saint-Basile, Memramcook, Népisiguit

et Caraquet) datent de cette époque.

2.1 La catéchèse sacrifiée à cause du manque de prêtres

L'évêque de Québec ne peut assurer une présence pastorale permanente au sein de tous les

villages puisqu'il manque de p rê t res . 1 7 9 Que ce soit en Acadie ou au Québec, les prêtres ne

pouvaient satisfaire à tous les besoins. Dans un tel contexte, c'est souvent la catéchèse qui

était sacrifiée. A cause de la charge sacramentelle déjà lourde, les prêtres se limitaient à la

célébration des sacrements. Or, cela apporte son lot d'inquiétudes. « Prodiguer des rites à

des populations à peine initiées aux éléments de la Parole n'expose-t-il pas au risque de

profaner les sacrements? Cette angoissante question ne cesse d'habiter le grand évêque

Plessis. » 1 8 0 On peut comprendre qu 'un tel contexte de manque de prêtres avait des

conséquences désastreuses pour la catéchèse. Le nombre restreint de prêtres empêchait

ceux-ci de s 'adonner à leur tâche catéchétique au grand désarroi de l 'évêque de Québec.

Plessis craignait d'habituer les fidèles à n'être que de simples consommateurs de

rites, c'est-à-dire de gestes accompagnés de paroles latines dont on ignorait le sens.

Comment dès lors ne pas redouter une adhésion du bout des lèvres à la doctrine de

la foi? Catéchiser, prêcher, confesser, tels sont les tâches jugées prioritaires.

Contrairement aux rites qui, à l 'exception de la confession, étaient des célébrations

stéréotypés, l 'évangélisation exigeait beaucoup de temps de méditation, de lectures, 181

de préparation.

C'est pourquoi Monseigneur Plessis exhortait ses prêtres à ne pas négliger la catéchèse

dans leur ministère, sachant que la dimension liturgique recevait déjà toute l 'attention

nécessaire. Les prêtres étaient d'ailleurs conscients de la situation. Ils déploraient eux-

mêmes le temps insuffisant qu' i ls consacraient à la catéchèse par rapport à la liturgie et aux

sacrements. L'abbé Jean-François-Régis Gagnon, curé à Carleton et ensuite à Saint-Jean-

de-Deschaillons, écrivait d'ailleurs à son évêque en 1 8 2 5 : «Depuis près d 'un an, les

1 7 9 Alors que le nombre de prêtres était de 181 au moment de la conquête anglaise (1759), ils ne sont plus que 138 suite à la guerre de Sept Ans (1766). Certains prêtres sont rentrés en France, d'autres sont décédés. Ceux qui restent doivent se déplacer d'une communauté à l'autre, sur des territoires immenses : certaines communautés chrétiennes en Acadie ne recevaient la visite du missionnaire qu'une ou deux fois par année. 1 8 0 Serge Gagnon, Quand le Québec manquait de prêtres : la charge pastorale au Bas-Canada (Lévis : Les Presses de l'Université Laval, 2006), 57. 1 8 1 Serge Gagnon, Quand le Québec manquait de prêtres : la charge pastorale au Bas-Canada, 5.

1 8 2 Serge Gagnon, Quand le Québec manquait de prêtres : la charge pastorale au Bas-Canada, 49. 1 8 3 Léon Thériault, «Uacadianisation des structures ecclésiastiques aux Maritimes, 1758-1953, » dans L'Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, sous la direction de Jean Daigle (Moncton : Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1993), 446. 1 8 4 Serge Gagnon, Quand le Québec manquait de prêtres : la charge pastorale au Bas-Canada, 6.

malades de Saint-Pierre ont été administrés, aucun de leurs enfants morts sans baptêmes, la

parole de Dieu leur a été annoncée une fois le mois, mais les fidèles n 'y ont pas reçu les 182

instructions qui conviennent et le catéchisme des jeunes a été négligé. »

La situation était encore plus alarmante dans la majorité des paroisses acadiennes qui, pour

la plupart, n'avaient pas de curés résidents et ne recevaient la visite du prêtre

qu'occasionnellement. Le missionnaire n'avait le temps que pour la célébration des

sacrements, remettant toujours la catéchèse à une visite ultérieure. Dans ce contexte, la

formation religieuse était forcément limitée. Un missionnaire de passage à Memramcook se

plaint à Monseigneur Panet (évêque de Québec) de la « triste race des Acadiens : des demi-

chrétiens parmi lesquels il y a tout à faire, étant tous une race mélangée de sauvages et de

nègres, et de français et d'espagnols, et même d'italiens; ayant les défauts naturels et 183

moraux et intellectuels de leur origine ».

Afin d'aider les prêtres dans leur tâche catéchétique et ainsi contrer l ' ignorance religieuse,

Monseigneur Plessis publia un premier catéchisme en 1815. L'ordre qu'i l utilisa pour la

présentation des thèmes est conséquent de sa préoccupation de faire précéder les

sacrements d 'une présentation de la doctrine chrétienne. Après avoir présenté les

principaux symboles de la foi, le catéchisme de Monseigneur Plessis présentait les

sacrements et ensuite les commandements (les catéchismes de l 'époque adoptaient plutôt

l 'ordre suivant : vérités révélées, commandements et sacrements). Pour Monseigneur

Plessis, il était évident que les sacrements devaient être présentés (comme d'ailleurs ils

devaient être vécus) après une compréhension de l'essentiel de la foi contenue dans les

symboles. « Cette articulation du contenu traduit l ' idée que le rite ne sauve que s'il est

célébré en faveur de personnes instruites de leurs obligations de baptisés, et qui regrettent

vraiment leurs transgressions avouées au prêtre lors de leurs comparutions au tribunal de la

pénitence. » 1 8 4

2.1 Les « messes blanches » en Acadie

Privés de prêtres pendant plusieurs années, les Acadiens se réunissaient malgré tout chaque

dimanche pour célébrer ce que l'histoire a appelé les « messes blanches. » Les « messes

blanches » étaient en fait une assemblée chrétienne dominicale présidée par des laïcs, tel

Otho Robichaud de Néguac, Jos Guégen de Bouctouche ou Alexis Landry de Caraquet.

Tout comme pendant les années de dispersion, ces hommes étaient choisis par les membres

de la communauté pour leur sagesse et leurs vertus. Les Acadiens avaient commencé cette

pratique pendant les années d'exil alors que leurs prêtres avaient été emprisonnés.

Après l 'exil, l 'ancien choisi par la communauté recevait l 'aval du missionnaire au moment

de son passage, ou encore une lettre de mission du vicaire général. L'ancien pouvait

baptiser les enfants, assister les mourants, présider les prières lors des sépultures et recevoir

les consentements des jeunes mariés. Lorsque le missionnaire était de passage, il complétait

les rites du baptême, célébrait la messe des défunts et bénissait les nouveaux mariés tout en

leur demandant de renouveler leurs consentements . 1 8 5 L'ancien présidait aussi l 'assemblée

chrétienne à chaque dimanche ou aux fêtes d'obligation. Elle pouvait se dérouler dans une

maison du village, à l 'église ou dans un autre lieu (à une croix de chemin lors de la belle

saison). Voici la description la plus détaillée que nous avons de cette cérémonie :

(...) on chantait le Kyrie, le Gloria et le Credo; on lisait l 'ordinaire de la messe et

l 'évangile du dimanche; une lecture de piété tenait lieu de sermon; puis, pendant

que le grand monde s'attardait à causer devant l 'église, une femme dévouée faisait

le catéchisme aux enfants et leur apprenait un vieux can t ique . 1 8 6

Les informations sur les messes blanches sont peu nombreuses. Celles rassemblées ici sont de Mgr Donat Robichaud, historien à la Société Historique Nicholas-Denys, et des enregistrements disponibles au Centre d'Études Acadiennes de l'Université de Moncton. Ainsi sur la bobine 54a (n° 864) de la collection Ronald Labelle, Maria Goyetche de Petit-de-Gras (Nouvelle-Ecosse) évoque le nom et le lieu des « messes blanches » (18 septembre 1981) : « ils aviont c'qui appeliont le White Mass. Y'avait une croix... Ils alliont faire leur prière là. Ils alliont dire le chapelet dans l'temps de Pâques ou n'importe quand qu'i faisait beau. Ça fait qu'ils appelliont ça la White Mass. » Quant à l'autorité des anciens, on peut entendre sur la bobine 622 (n 9299) de la collection de Catherine Jolicoeur, Marie-Lydia Maillet de Bouctouche dit (1976) : « Joe Guégen, c'est lui qui faisait les baptêmes et les mariages. Il avait reçu le pouvoir de l'église. Il faisait des messes blanches. » 1 8 6 Antoine Bernard, Histoire de l'Acadie, 11.

Léon Thériault, «Vacadianisation des structures ecclésiastiques aux Maritimes, 1758-1953, » dans L Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, 447.

Au milieu du XIX e siècle, les prêtres sont plus nombreux. L'organisation des paroisses est

une chose acquise. Le territoire n'est plus rattaché au diocèse de Québec : en 1829, le

diocèse de Charlottetown (suffragant de Québec) est créé à la demande des Anglais. Il

comprend l'Ile-du-Prince-Édouard, l 'île du Cap-Breton et le Nouveau-Brunswick (la

Nouvelle-Ecosse ayant été érigée en vicariat apostolique quelques années auparavant). En

1842, un diocèse est créé pour le Nouveau-Brunswick. L'évêque de Québec continuera

d 'envoyer quelques prêtres en renfort, quoique le clergé acadien devient de plus en plus

nombreux. L'Acadie est sur le point d'entrer dans une phase d'affirmation sans précédent.

Cela se fera grâce à l'élite religieuse. «L 'Egl i se acadienne, surtout après les années 1860

est plus sûre d'elle-même, le clergé francophone étant alors beaucoup plus nombreux

qu'auparavant. » 1 8 7

3. La renaissance acadienne et Vacadianisation des structures ecclésiastiques

L'Église acadienne a été fortement marquée par le catholicisme de langue anglaise

influencé par le clergé irlandais et écossais. L'Église s'est longtemps opposée à celui-ci et a

cherché à s'en démarquer afin de manifester son identité. La quête d 'une identité acadienne

s'est faite en lien avec la religion catholique et la langue française. À partir des années

1880, les Acadiens se réunirent régulièrement dans le cadre de conventions nationales.

C'est Monseigneur Marcel-François Richard, pasteur et nationaliste, qui est devenu le chef

de file des Acadiens pour la revendication de leurs droits. En 1881, à Memramcook au

Nouveau-Brunswick, il proposa aux délégués de choisir Notre-Dame-de-1'Assomption

comme patronne des Acadiens et en 1884, à Miscouche à l 'Ile-du-Prince-Édouard, il

proposa un drapeau (le tricolore français avec l 'étoile mariale de couleur jaune papal) et un

hymne national (Ave Maris Stella). Ces symboles furent adoptés par l 'ensemble des

congressistes.

3.1 La lutte pour un épiscopat acadien

Monseigneur Marcel-François Richard voulait aller plus loin dans l'affirmation du peuple

acadien. Il voulait obtenir de Rome qu 'un des leurs accède à l'épiscopat. Parmi les combats

épiques du peuple acadien, la lutte pour la nomination d 'un évêque acadien est sans doute

celle qui a le plus marqué l 'histoire de l 'Acadie contemporaine . 1 8 8 La nomination d 'un

évêque acadien était vue comme une affirmation du peuple acadien demeuré pendant

longtemps à l'écart des structures ecclésiastiques des provinces maritimes. Même si les

Acadiens formaient la majorité des catholiques dans ces provinces, et surtout au Nouveau-

Brunswick, les évêques étaient des descendants irlandais dont les nominations étaient

influencées par les recommandations des prélats des îles britanniques. À la suite des efforts

des leaders acadiens, on peut comprendre la déception des Acadiens quand Monseigneur

Thomas Barry et Monseigneur Timothy Casey furent nommés respectivement évêques

coadjuteurs de Chatham et de Saint-Jean en 1899. Déçus et humiliés, les prêtres acadiens

refusèrent alors d'assister au sacre des deux évêques le 11 février 1900.

Lors des congrès de la Société Nationale de l 'Acadie en 1900 (Arichat, Nouvelle-Ecosse),

en 1905 (Caraquet) et en 1908 (Saint-Basile), les congressistes demandèrent incessamment

la nomination d 'un évêque acadien, ou encore la création d 'un nouveau diocèse qui

comprendrait une majorité francophone. Fort de cet appui, l 'abbé Marcel-François Richard

fera deux voyages à Rome, en 1908 et 1910, pour plaider lui-même la cause des Acadiens

auprès du Saint-Père. Le pape Pie X lui promit de leur donner bientôt un évêque, ce qui

arriva en 1912 avec la nomination de Monseigneur Edouard LeBlanc comme évêque de

Saint-Jean. Mais en 1914, Rome nomma encore un Irlandais, Monseigneur Louis O'Leary,

comme auxiliaire de l'évêque de Chatham, le plus acadien de tous les diocèses des

Maritimes, la population catholique s'élevant alors à 80 927 dont 64 604 étaient

d'expression française. Les prêtres acadiens boycottèrent à nouveau la nomination de cet

évêque irlandais en refusant de se rendre à la cérémonie du sacre de l 'évêque.

1 8 8 Maurice Basque et collab., L'Acadie de l'Atlantique (Moncton : Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1999), 92.

Par la suite, les démarches des Acadiens se firent de plus en plus pressantes afin d'obtenir

que le prochain évêque de Chatham soit de langue française. Monseigneur Edouard

LeBlanc fit lui-même un voyage à Rome, et soutenus dans leurs efforts par les évêques du

Québec, les Acadiens eurent enfin gain de cause à leurs deux requêtes : un évêque acadien,

Monseigneur Patrice-Alexandre Chiasson, était nommé au siège épiscopal de Bathurst

(1920), et un archidiocèse était créé à Moncton avec la nomination de Monseigneur Louis-

Joseph Melanson (1936).

Cette lutte pour la nomination d'un évêque acadien fait partie de l'affirmation d'un peuple

minoritaire qui a cherché à prendre sa place et à assurer son avenir. L'affaire « Louis-

Mailloux », qui est contemporaine de cette lutte pour un évêque acadien, montre aussi la

ténacité des Acadiens, cette fois dans le domaine de l 'éducation religieuse. Les lendemains

de cette affaire ont eu des conséquences à long terme (jusque dans les années 1990) sur

l 'enseignement de la catéchèse en Acadie. A cause de cela, nous allons relater cette page

d'histoire qui démontre la façon des Acadiens de comprendre le rôle de l 'école dans la

transmission de la f o i . 1 8 9

3.2 « L'affaire Louis-Mailloux »

En 1867, l 'Acte de l 'Amérique du Nord Britannique est venu confirmer le fait que toutes

les écoles du Nouveau-Brunswick étaient non-confessionnelles. L'article n° 93 de l 'Acte

confédératif stipule que s'il y a un système d'écoles séparées ou dissidentes qui existe par

la loi au moment de l 'union pour accorder certains droits ou privilèges à une minorité

catholique romaine ou protestante, ce système devra continuer. Or, au Nouveau-Brunswick,

la loi scolaire de 1858, The Parish Schools Act (loi sur les écoles de paroisse) est remplie

d'imprécisions qui laissent place à des interprétations souvent contradictoires. Ainsi, dans

les communautés acadiennes, un article de la loi est interprété comme une permission

d'enseigner la religion dans les écoles. Le gouvernement est assez laxiste dans l 'application

1 8 9 Pour l'histoire complète des origines du drame Louis-Mailloux, de son déroulement en janvier 1875 et des procès qui ont suivi, l'ouvrage de Clarence Lebreton est à propos : La révolte acadienne (Moncton : Les éditions de la francophonie, 2002).

de la loi à la fin des années 1850 et accepte que la religion soit enseignée dans les écoles.

Or, cette tolérance est la cause d 'une situation explosive : en 1870, un «régime d'écoles

catholiques » est implanté dans la province, à l 'insu de la législation. La tolérance du

gouvernement en matière d'enseignement religieux de 1858 à 1870 ne fait pas de cette

pratique une loi pour autant.

En 1870, le gouvernement King est élu en faisant de l 'éducation sa priorité. La réforme

scolaire repose sur un projet de loi du nouveau gouvernement en 1871, la Common School

Act qui visait, entre autres, à faire de toutes les écoles des établissements non-

confessionnels : plus de signes religieux, plus d'enseignement religieux et plus de présence

des membres de communautés religieuses. Les catholiques commencent une longue lutte en

refusant l 'application de cette loi scolaire. Il faut dire que la vision de l 'éducation religieuse

diffère entre protestants et catholiques. Les protestants ont toujours fait l 'enseignement de

la catéchèse lors de la messe du dimanche matin, et ils voulaient imposer leur façon de

faire : ils « soutiennent que l 'enseignement de la religion n 'est pas une responsabilité de

l'État, mais bien de l 'Église. Les catholiques n 'ont qu 'à faire comme eux, soit mettre sur

pied une école du dimanche » . 1 9 0 Les Acadiens ne perçoivent pas les choses de la même

façon : pour eux, c'est l 'école qui doit voir à l 'éducation des enfants et l 'État doit avoir un

rôle de soutien. Conséquemment, les Acadiens voulaient que l 'enseignement de la religion

catholique se fasse dans les écoles des paroisses acadiennes. Bien que les Acadiens sachent

qu'i ls sont minoritaires dans une province majoritairement anglophone et protestante, ils

demandent le même traitement que celui de la minorité protestante au Québec.

Le gouvernement a eu beaucoup de difficulté à faire face à la révolte des populations

catholiques, notamment les Acadiens. Ces derniers, par l 'entremise de leurs députés,

retarderont l 'adoption du projet de loi. Ils se rendront jusqu'à Ottawa pour contester

l 'application de cette loi, mais en vain. Le gouvernement fédéral répète que l 'éducation est

de juridiction provinciale et que le gouvernement de King agit en conformité avec l 'acte

confédératif de 1867. Après avoir essayé politiquement de faire modifier la Common

School Act de novembre 1871, les Acadiens savent que leur marge de manœuvre est mince

et qu 'eux seuls pourraient forcer le gouvernement à faire marche arrière.

1 9 0 Clarence LeBreton, La révolte acadienne, 29.

Seul un leadership fort aurait pu permettre une résistance pacifique de la part des Acadiens.

Or, dans cette lutte pour l 'enseignement religieux à l 'école, l 'épiscopat irlandais n ' a pas

toujours soutenu les Acadiens. Par l 'entremise du curé Pelletier à Caraquet, Monseigneur

Rogers de Chatham a invité la population à se soumettre à l 'autorité civile et à accepter la

loi King présentée par le gouvernement. Les Acadiens, déchirés entre leur désir d 'obéir à

l 'évêque et leur conscience, décidèrent de faire fi de l 'exhortation de l 'évêque irlandais. Le

15 janvier 1875, à l 'occasion d 'une réunion dans l'église de Caraquet pour élire des

conseillers scolaires, on refuse le droit de vote aux Acadiens parce qu' i ls ont refusé de

payer les taxes scolaires en guise de protestation. Cela en est trop pour les paroissiens de ce

petit village. Les choses s 'enveniment alors.

Le lendemain, un groupe de patriotes de Caraquet entra dans la maison de James Blackhall

et dans celle de Robert Young, deux familles anglaises en collusion avec le gouvernement,

pour les intimider et leur demander leur collaboration. La femme de Young envoie un

télégramme alarmiste à son époux qui revient de Frédéricton. Celui-ci organise une

intervention musclée pour calmer les esprits. Le 25 janvier au matin, le shérif Vail avec un

groupe de constables et du renfort arrivent à Caraquet pour faire quelques arrestations. En

après-midi, toujours à la recherche d'émeutiers, les forces de l 'ordre entrent dans la maison

de André Albert. Il y a échange de coups de feux entre les Acadiens cachés dans le grenier

et les constables. Deux hommes trouveront la mort : le constable John Gifford et le jeune

acadien Louis Mailloux.

Les procès qui ont suivi ces événements sont longs et fastidieux. Les verdicts ont changé

plusieurs fois. Finalement, toutes ces procédures judiciaires n'aboutissent à aucune

condamnation ; 24 hommes de Caraquet auront tout de même été incarcérés à la prison de

Bathurst pendant seize mois. À la fin de cette « affaire Louis-Mailloux », les députés

catholiques de la Chambre d 'Assemblée feront des propositions au gouvernement King

pour en arriver à un compromis. Le 6 août 1875, après quatre mois de discussions, le

cabinet répond aux propositions pour satisfaire les parties concernées et en finir avec cette

affaire qui aura divisé la population néo-brunswickoise et empoisonné l 'atmosphère

politique fragile de ces débuts de la Confédération.

1 9 1 Clarence LeBreton, La révolte acadienne, 169.

Ce qui ressort des délibérations en matière d'enseignement religieux sera mis en œuvre lors

de la rentrée scolaire de 1875. Voici les traits saillants des accommodements accordés aux

Acadiens par le gouvernement. Le gouvernement reconnaît la compétence des enseignants

ayant reçu un certificat du supérieur de leur communauté religieuse; ces enseignants n 'ont

pas besoin d'aller à l 'école normale, ils ont simplement à réussir l 'examen pour obtenir la

licence de la province. Quant aux outils pédagogiques, le gouvernement s'engage à fournir

« d e s livres exempts de toutes matières reprochables sous le rapport religieux. » 1 9 1 Enfin,

l 'enseignement religieux pourra se faire dans les écoles après les heures régulières de

classe. Tous les gouvernements subséquents ont respecté ce modus vivendi et ont toléré

l 'enseignement de la religion catholique après les heures de classe.

3.3 La catéchèse pendant les heures « non-structurées »

Avec les années, l 'enseignement de la catéchèse est venu à se faire pendant les heures de

classe non-structurées. Ces heures étaient des plages de temps à combler par différentes

matières; le choix était laissé à la discrétion du directeur de l 'école. Dans les écoles

francophones, les directions ont favorisé l 'enseignement religieux catholique avec une

perspective clairement catéchétique. L'enseignement de la catéchèse était fait par les

enseignants, bien que cette tâche ne fasse pas partie de leur contrat d 'embauché. C'est

l 'Église qui les exhortait à faire cet enseignement. Dans les actes et décrets synodaux du

premier synode du diocèse de Bathurst (1949), on peut lire que « si les instituteurs et les

institutrices ne sont pas tenus en justice à enseigner le catéchisme dans les écoles, ils le sont

au moins en charité pour leurs élèves » (n° 4 3 1 , 4). Toujours dans les décrets de ce synode,

on apprend que le prêtre (le curé ou l 'un des vicaires) devait faire la visite des écoles de la

paroisse, au moins une fois par mois, quand cela était possible. A l 'occasion de cette visite,

le prêtre vérifiait l 'orthodoxie de l 'enseignement du catéchisme et donnait des conseils aux

catéchistes. A l 'occasion, il pouvait lui-même faire l 'enseignement du catéchisme, surtout

dans les grades pr imai res . 1 9 2 Les communautés chrétiennes et les parents avaient la

responsabilité d'acheter le matériel nécessaire aux enseignants pour ces cours

d'enseignement religieux. En plus de cet enseignement confessionnel, ce sont les

enseignants qui préparaient les enfants aux sacrements de l'initiation chrétienne.

Pendant de nombreuses années, le Petit Catéchisme de Québec était le manuel utilisé dans

les écoles. Il était enseigné par les professeurs. Les prêtres se rendaient à l 'école pour

vérifier si le contenu avait été retenu. Ceci était une condition pour que les enfants puissent

faire leur première communion ou recevoir le sacrement de la confirmation. Un

changement majeur eut lieu dans les années 1940-1950, alors qu 'on est passé du petit

catéchisme à la catéchèse biblique : le fondement scripturaire des vérités de la foi était

enseigné avec les cours d'histoire sainte. Les manuels de catéchisme proposés au synode du

diocèse de Bathurst font état de ces nouveaux programmes : « Pour les enfants se préparant

à la première communion, le catéchisme adopté est celui des Sœurs de Notre-Dame, de

Montréal; pour les enfants qui ont déjà fait leur première communion, le catéchisme officiel

du diocèse est La Foi Catholique » (n° 434, 1 et 2).

3.4 Autres médiums pour l'éducation chrétienne

Le partenariat entre l 'école, la communauté et la famille était implicite à l 'époque : ce qui

était enseigné à l 'école trouvait écho dans la vie familiale, les instituteurs étaient encadrés

par l 'Église et la vie de la famille était rythmée sur celle de la communauté. Dans les

paroisses, les nombreux mouvements destinés aux enfants prolongeaient l 'enseignement du

catéchisme et permettaient une intégration à la vie paroiss ia le . 1 9 3 On peut penser au

1 9 2 Ces informations se retrouvent dans les Actes et décrets du premier synode du diocèse de Bathurst célébré les 26 et 27 septembre 1949. 1 9 3 En Acadie, l'exemple du mouvement scout témoigne des liens entre les mouvements et la vie paroissiale. Né au sein des paroisses, le scoutisme aura des liens étroits avec la communauté paroissiale pendant de nombreuses décennies. Les vicaires seront souvent sollicités pour l'organisation des troupes dans la paroisse et plusieurs activités se dérouleront en présence de la communauté ou d'un représentant de celle-ci : ainsi, la promesse scoute se fera toujours en présence d'un prêtre. Or, au cours de la deuxième moitié du XX e siècle, les liens entre le mouvement scout et la paroisse se sont relâchés. Parallèlement au monde scolaire, le scoutisme a voulu se distancier d'une confessionnalité explicite et la paroisse n 'a pas cherché à retenir un mouvement qu'elle avait elle-même, il faut bien l'avouer, négligé pendant de nombreuses années.

mouvement des Enfants de Marie ou encore à celui de la Croisade Eucharistique qui

rassemblait presque tous les enfants de la paroisse et qui les divisait en plusieurs groupes :

les croisillons (7-8 ans), les croisés (8-10 ans) et les cadets (11-14 ans).

La paroisse était responsable de préparer les enfants à la « communion solennelle ». Après

avoir « marché au catéchisme » quotidiennement pendant trois semaines, les enfants de

douze ans étaient soumis à un examen dont la réussite leur permettait de recevoir un

diplôme d'instruction religieuse et de faire leur communion solennelle. L'aide que les

parents apportaient était souvent négligeable à cause du taux élevé d'analphabétisme. Les

parents ne pouvaient pas toujours voir à l 'instruction religieuse des enfants ; ils suppléaient

par des actes de charité et par la prière quotidienne qui donnaient vie au catéchisme.

La vie liturgique marquait la vie sociale et, de ce fait, les enfants participaient souvent aux

liturgies de la paroisse pendant cette première moitié du X X e siècle : messes dominicales,

vêpres, offices, etc. La célébration des sacrements se faisait à l'église (souvent à proximité

de l 'école). Ainsi, pour le sacrement du pardon (les premiers vendredis du mois) et les

messes à l 'occasion des fêtes d'obligation, les élèves se rendaient à l 'église. La formation

liturgique ne faisait pas partie de la formation chrétienne de tous les enfants. Là où elle

existait, elle était surtout destinée aux enfants de chœur. Cette formation équivalait à

l 'étude du cérémonial pour son application lors des cérémonies religieuses.

4. Le renouveau catéchétique en Acadie

Le renouveau catéchétique des années 1960 a aussi touché le Nouveau-Brunswick. Ce

renouveau était en fait l 'écho du renouveau catéchétique québécois. Pendant les années

1960, de nombreux prêtres du Nouveau-Brunswick ont été formés au Québec dans l 'esprit

du Concile Vatican II. Plusieurs ont suivi des sessions pour renouveler leurs pratiques

pastorales et se mettre au parfum des orientations du Concile. Ces sessions ont permis au

clergé acadien de se familiariser avec les programmes catéchétiques québécois, pour

ensuite les proposer aux conseils diocésains de catéchèse.

1 9 4 Le programme qui fut choisi et qui demeura en place jusque dans les années 1980 est celui de l'Office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître présenté et analysé dans le chapitre précédent.

Les outils préparés par XOffice catéchistique provincial du Québec ont été utilisés tels

quels dans les écoles françaises du Nouveau-Brunswick. 1 9 4 La langue française, qui était

celle des manuels, a motivé le choix de ces outils québécois par l 'épiscopat acadien. De

plus, le nombre d'élèves francophones au Nouveau-Brunswick n'était pas suffisant pour

justifier l 'élaboration de matériel catéchétique acadien. Ces facteurs expliquent la raison

d'être des programmes de catéchèse québécois en usage dans les diocèses du Nouveau-

Brunswick. Cela dispensait l 'Église acadienne de mettre en œuvre de nombreux comités de

réflexion sur la catéchèse afin de préparer des outils catéchétiques. Il faut se rappeler que

bien que la catéchèse se fasse dans les écoles néo-brunswickoises, le gouvernement n 'est

pas responsable du choix et de la conception d'outils pédagogiques. Cela a toujours relevé

de l 'Église en Acadie.

On devine aisément les limites inhérentes à l 'usage des outils catéchétiques québécois dans

les diocèses acadiens du Nouveau-Brunswick. Alors que la nouvelle catéchèse cherchait à

prendre en considération le milieu culturel ambiant, il y avait un décalage entre la réalité

québécoise et acadienne qui se manifestait dans les manuels de catéchèse. Ceci devenait

évident lorsqu'il s'agissait de présenter l 'histoire religieuse de la région : la religion au

temps du régime seigneurial avait moins d'intérêt pour les élèves acadiens que n 'en aurait

eu la religion à l 'époque de la déportation. La même situation d' incongruence se présentait

lorsque les manuels présentaient des témoins, des personnages engagés au nom de leur foi :

les Henri Bourassa, Alphonse Desjardins ou Marie Gérin-Lajoie trouvaient moins d 'écho

chez les enfants qu'auraient pu avoir les Louis J. Robichaud, Martin Légère ou Irène Léger

chez les Acadiens. De plus, les illustrations dans les manuels de catéchèse québécois ne

correspondait pas nécessairement au paysage acadien qui était constitué de communautés

côtières et rurales. On peut dire, sans risquer de se tromper, que l'utilisation du matériel

catéchétique québécois a amplifié l 'écart entre la catéchèse et la vie quotidienne des enfants

catéchisés au Nouveau-Brunswick.

Quant aux liens catéchèse-liturgie, nous pouvons dire qu' i ls étaient souvent réduits à leur

plus simple expression dans la catéchèse de l 'après-Concile. Les prêtres se rendaient dans

les écoles, et c'est là surtout que les sacrements étaient célébrés : le sacrement du pardon

dans une salle de classe vacante et l 'eucharistie au gymnase ou à l 'auditorium. Les enfants

n'avaient pas besoin d'aller à l'église paroissiale pour la célébration des sacrements. Tout

était contenu dans le programme de catéchèse; tout se faisait à l 'école.

5. Passage de l'école à la paroisse

Au cours des années 1970 et 1980, les réformes du Ministère de l 'Éducation du Nouveau-

Brunswick furent nombreuses. Chacune de ces réformes voulait ajuster l 'enseignement aux

récentes découvertes en matière de pédagogie. Ces réformes eurent pour effet de réduire de

plus en plus le nombre d'heures non-structurées (ces heures pendant lesquelles la catéchèse

était enseignée) : à chaque réforme, le Ministère de l 'Éducation privilégiait les sciences

positives en prenant du temps aux heures non-structurées pour les affecter à l 'enseignement

des sc iences . 1 9 5 Cela affectait directement l 'enseignement catéchétique qui était amputé de

temps à chaque réforme : il devenait difficile, voire impossible, de terminer les parcours

prévus au cours d 'une année scolaire.

5.1 La préparation aux sacrements d'initiation en paroisse

Les différentes réformes scolaires évoquées, conjuguées à la prise de conscience des

communautés chrétiennes de leur responsabilité catéchétique, amena les paroisses à prendre

la responsabilité de l'initiation aux sacrements en 1988. Désormais, la préparation au

1 9 5 Dans les écoles anglaises de la province, ces heures non-structurées étaient utilisées pour l'enseignement des arts, des sports ou d'autres disciplines scolaires déjà inscrites au curriculum académique. La suppression de ces heures non-structurées n'avait pas le même impact sur la communauté anglophone que sur la communauté acadienne de la province.

premier pardon et à la première communion se ferait à la paroisse. Des Équipes de

Préparation pour l'Initiation au Pardon et à l 'Eucharistie (ÉPIPE) furent d 'abord mises en

place dans les paroisses. Par la suite, d'autres équipes furent constituées pour la préparation

au sacrement de la confirmation.

Non seulement l'initiation sacramentelle prenait le chemin de la paroisse, mais la liturgie

aussi prenait le chemin de l'église. Les célébrations de l 'eucharistie et du sacrement du

pardon avant Noël et Pâques se faisaient de moins en moins à l 'intérieur de l 'école (comme

ce fut le cas pendant de nombreuses années). Certaines communautés choisissaient alors

d'inviter les enfants à l'église pour une célébration du pardon conçue spécialement pour

eux, ou encore pour participer à une messe après les heures de classe. La participation des

enfants n'était certes pas celle à laquelle les curés étaient habitués.

Au cours des années 1980, les parcours catéchétiques continuaient, quant à eux, à être

enseignés dans le cadre scolaire. Les autorités de l 'Église et le Ministère de l 'Éducation

savaient que cette situation de compromis (les sacrements pris en charge par la paroisse et

l 'enseignement religieux par l 'école) ne pourrait pas durer. Dans un avenir rapproché, c 'est

toute la catéchèse qui devrait faire le passage de l 'école à la paroisse.

5.2 La catéchèse dans son intégralité à la paroisse

Les malaises vis-à-vis la catéchèse en milieu scolaire s'accentuaient dans la société

acadienne, sans qu' i ls soient toujours explicitement nommés. Du côté de l 'école, des

enseignants-catéchètes constataient qu 'avec la sécularisation de la société, il y avait de

moins en moins de liens entre la catéchèse faite à l 'école et la vie quotidienne des enfants

au sein de leur famille. Les communautés chrétiennes se sentaient loin de leur mission

catéchétique puisqu'un nombre élevé d'enfants catéchisés ne participaient plus au

rassemblement dominical et, de surcroît, plusieurs enseignants-catéchètes n'avaient plus de

liens avec la communauté célébrante. Du côté des parents enfin, leur propre cheminement

et l 'absence de pratique liturgique de certains les rendaient mal à l 'aise de poursuivre à la

maison la catéchèse commencée à l 'école.

Au milieu des années 1990, trois facteurs sonnèrent le glas de la catéchèse dans les écoles.

Il y eut d 'abord de nouvelles réformes académiques qui réduisaient une fois de plus les

heures non-structurées laissant peu de place (sinon aucune) à l 'enseignement d'autres

matières que celles prévues par le Ministère de l 'Éducation. Deuxièmement, puisque la

catéchèse était enseignée par les enseignants du système public, ces enseignants n'avaient

pas été embauchés en vertu de leurs convictions religieuses : l 'enseignement religieux ne

figurait même pas sur le contrat d 'embauché signé avec le conseil scolaire. Avec les

années, de plus en plus d'enseignants étaient mal à l 'aise d'enseigner la catéchèse

puisqu'ils ne partageaient pas la foi de l 'Église. Certains allaient jusqu 'à refuser

d'enseigner la catéchèse. Si la proximité de l 'enseignant avec ses élèves et son amour pour

eux avaient souvent contribué à donner une valeur supplémentaire à l 'enseignement de la

catéchèse, cela n'allait plus de soi. Nul ne pouvait présumer que la vie d 'un enseignant ou

encore sa foi était en accord avec l 'enseignement donné en catéchèse. Si les enseignants

étaient des professionnels en pédagogie, en revanche nous ne pouvons pas dire que tous

étaient formés pour l 'enseignement de la catéchèse. Le curriculum de formation pour les

maîtres en enseignement au Nouveau-Brunswick ne comprenait pas de volet religieux dans

ce régime d'écoles non-confessionnelles. Le soin de former les catéchètes était laissé aux

communautés locales qui n 'ont pas toujours développé des programmes de formation

spécifique, si ce n'est pour la présentation du matériel catéchétique.

Enfin, le troisième facteur déterminant dans le passage d 'une catéchèse scolaire à une

catéchèse paroissiale fut la composition nouvelle du paysage religieux en Acadie. Le

catholicisme n'était plus la seule religion dans les communautés acadiennes depuis les

années 1970. L'homogénéité religieuse qui avait caractérisé l 'Acadie faisait place à de plus

en plus de familles appartenant à d'autres confessions chrétiennes ou à d'autres religions.

Les enfants de ces familles devaient sortir de la salle de classe pendant les cours de

catéchèse. Cette situation mettait à part ces enfants et rendait plusieurs personnes mal à

l 'aise (y compris parmi les catholiques). Les pressions exercées par des représentants

d'autres confessions chrétiennes et des représentants de la position de l 'école laïque ont

obligé le gouvernement en 1993 à faire respecter la loi qui interdisait l 'enseignement de la

religion à l 'école et cela a amené les communautés chrétiennes à prendre le relais.

5.3 Les premières difficultés

Sans tambours ni trompettes, la catéchèse traversa la rue dans plusieurs village pour passer

de l 'école à l'église. Ce passage ne se fit pas sans heurts. Au nombre des difficultés

rencontrées au moment du passage, il y a d'abord le sentiment d' impuissance manifesté par

de nombreux parents qui se disaient incapables de faire la catéchèse à leurs enfants. Le fait

que l 'enseignement de la catéchèse se soit fait à l 'école pendant de nombreuses années par

des enseignants formés en pédagogie a professionnalisé d 'une certaine manière la

catéchèse : seuls ceux qui étaient formés pour la tâche et qualifiés pouvaient faire la

catéchèse. La prise en charge de la catéchèse par des professionnels de l 'enseignement « a

contribué à donner une réelle crédibilité à la matière et à son sujet » . 1 9 6 Le sentiment

d' impuissance des parents à faire la catéchèse avec leur enfant était amplifié dans certaines

régions où les parents peu scolarisés se sentaient incapables de relever le défi.

Un deuxième défi de taille à relever était de redonner aux communautés chrétiennes leur

rôle dans le chantier catéchétique. Lorsque la catéchèse se faisait à l 'école, le rôle de la

communauté chrétienne était assez minime. Il s'agissait essentiellement pour les

communautés de voir à la disponibilité du matériel catéchétique et de soutenir les

catéchètes. Ceci se faisait souvent par l 'embauche d 'une personne responsable de la

catéchèse dans un vicariat ou une région pastorale et par la visite des représentants de la

communauté (le curé ou le vicaire) à l 'école.

En « sortant la catéchèse des écoles », comme on l 'entendait, la communauté ne pouvait

plus se limiter à ces investissements, somme toute minimes, de l 'époque. Les parents non

plus ne pouvaient plus limiter leur implication à un rôle de soutien. Si ceux-ci ont dû

prendre le virage d 'une manière assez drastique, on ne peut pas en dire autant des

communautés. Celles-ci se sont plutôt départies de leur responsabilité en désignant

quelques responsables chargés du projet catéchétique auprès des parents. Essentiellement,

ce sont des membres des communautés religieuses, des retraités de l 'enseignement (donc

1 9 6 Jean-François Bouchard, « D'où venons-nous? Où allons-nous? Liturgie et catéchèse : histoire de leurs rapports, » 16.

familiers avec les programmes) et des parents soucieux de la catéchèse qui ont pris en

charge la catéchèse à partir du milieu des années 1990. Peu de fidèles au sein des

communautés se sont rendus compte qu 'un changement énorme venait de se produire dans

le chantier catéchétique. Plusieurs paroisses n 'ont pas eu à modifier leur façon de faire : les

prêtres ont continué à jouer un rôle de soutien à l 'égard des catéchètes, les conseils de

gestion ont limité leurs investissements au plus bas, les comités de catéchèse ont poursuivi

à crier dans le désert l ' importance de l 'éducation de la foi des adultes, etc. Peu de choses

avaient vraiment changé dans le déroulement habituel de la vie paroissiale.

Ce sont les parents, les coordonnatrices et les catéchètes qui ont été les plus touchés par ce

passage de la catéchèse de l 'école à la paroisse. Puisque nombre dé jeunes parents sont déjà

en marge de la vie paroissiale, leur engagement désormais nécessaire en catéchèse n 'aura

pas eu des effets significatifs sur la vie des communautés. Les coordonnatrices et les

catéchètes quant à eux chercheront à bâtir des passerelles entre la catéchèse et la vie de la

communauté, mais ils n'auront pas toujours le succès espéré, la collaboration faisant défaut.

De nombreux acteurs de la vie paroissiale ne voyaient pas la nécessité de collaborer

davantage avec les catéchètes : pendant de nombreuses années, cela n'avait pas été

nécessaire, pourquoi devrait-il en être autrement?

La situation décrite ne veut pas mettre dans l 'ombre certains projets paroissiaux qui ont

voulu faire de la catéchèse une priorité, mais force est de constater que ces initiatives furent

souvent isolées et sans lendemain. Il faudra attendre quelques années, avec l'essoufflement

des premiers contingents de catéchètes, pour que plusieurs se rendent compte que les

communautés chrétiennes sont appelées à une réelle conversion dans la manière de voir la

catéchèse : il n 'est plus possible de continuer comme avant et de poursuivre ainsi. C'est à

cette nouvelle croisée des chemins que l 'Église de Bathurst se trouve aujourd'hui. Les

tâches catéchétiques sont toujours à l 'agenda et certaines deviennent de plus en plus

nécessaires dont l 'éducation de la foi des adultes, la refonte du programme de catéchèse

pour les enfants et la sensibilisation de la communauté face à son rôle catéchétique.

Lorsque la catéchèse préparait sa sortie des écoles, il fallait voir à l 'organiser en paroisse.

Les diocèses francophones du Nouveau-Brunswick (Moncton, Edmundston et Bathurst), de

concert avec le diocèse de Yarmouth en Nouvelle-Ecosse, ont alors confié aux comités

diocésains de catéchèse la tâche de bâtir un programme de catéchèse. La question de la

méthodologie a d 'abord été au programme des discussions. Le moyen éprouvé par les

communautés anglophones, l 'école du dimanche (Sunday School), a rapidement été écarté.

Parmi les raisons évoquées, il y a la perception que cette façon de faire était liée à une

culture qui n'était pas celle des Acadiens. De plus, il y avait peu de jeunes familles

francophones qui participaient à la messe dominicale. Enfin, pour favoriser le passage et le

recrutement de catéchètes qui faisaient partie du corps professoral, on voulait adopter un

contenu qui ne s'éloignait pas de celui enseigné dans les écoles.

6.1 Les moyens privilégiés

Dans la recherche d 'une méthode pour la catéchèse, il y a le désir manifeste d 'une

catéchèse qui s'adresse à tous les enfants (ou presque) qui recevaient la catéchèse à l 'école.

Il fallait donc trouver une approche qui permette au plus grand nombre de pouvoir

participer. Puisqu 'une catéchèse faite le dimanche matin aurait pu réduire le nombre

d'inscrits (à cause du faible nombre de familles participant à l 'assemblée dominicale), on a

éliminé ce moyen. Le choix d 'une méthode pédagogique qui s'apparentait à celle du milieu

scolaire favorisait le recrutement de catéchètes parmi les enseignants (plusieurs catéchètes

et coordonnatrices étaient des enseignantes retraitées). Avec ces choix pédagogiques, la

catéchète au sous-sol de l 'église était souvent la même que celle qui enseignait la catéchèse

dans sa salle de classe auparavant. Une telle décision (qu'elle ait été réfléchie ou non),

faisait l'affaire de plusieurs acteurs de premier plan de la pastorale diocésaine et paroissiale

qui se voyaient confier de plus en plus de responsabilités avec la diminution du clergé et les

nouveaux défis en pastorale. Si on pouvait se passer de ce dossier, on le faisait volontiers.

6. Programme actuel de catéchèse au diocèse de Bathurst

1 9 7 Diocèse de Bathurst, Guide des coordonnatrices et coordonnateurs de paroisse en catéchèse familiale et paroissiale (document-maison, 2003), 3.

Les parents ont été largement sollicités : les responsables de la catéchèse firent le choix de

leur accorder une grande part. Ainsi, les rencontres de catéchèse animées par des catéchètes

pour des groupes de six à huit enfants, étaient aussi des rencontres avec les parents afin de

les mettre au courant du programme de catéchèse suivi par leur enfant et afin de leur

présenter des « fiches-partage » qu' i ls auront à faire eux-mêmes avec leurs enfants. Les

sessions de catéchèse étaient alors préparées pour les enfants et les parents simultanément,

quoique pendant ces sessions, un temps soit prévu pour que les deux groupes se séparent et

reçoivent les instructions pour poursuivre à la maison.

Si les parents ont été partie prenante de la catéchèse, le choix méthodologique gardait la

communauté à l'écart du projet catéchétique. A l'intérieur du programme, il y avait peu de

liens avec la communauté, si ce n 'est la célébration des sacrements (pardon, eucharistie et

confirmation) et deux autres activités (remise des Évangiles et présentation des confirmés)

qui pouvaient se faire avec l 'assemblée chrétienne. Au départ, ces rites de passage n'étaient

pas nécessairement célébrés en présence de l 'assemblée chrétienne (la première

communion était célébrée un dimanche après-midi par exemple, après les messes

dominicales). L'expérience montre par ailleurs qu'avec les années, ces sacrements et ces

activités furent de plus en plus célébrés lors de l 'assemblée chrétienne dominicale. Quant

aux liturgies dans le groupe de catéchèse, elles sont inexistantes. Il peut y avoir un moment

de prière pendant la session, mais cela relève de l'initiative du catéchète.

Voilà, à grands traits, les choix méthodologiques qui furent faits au moment du passage de

l 'école à la paroisse pour la catéchèse des enfants d 'âge scolaire. Nous pouvons dire que la

méthode est demeurée sensiblement la même qu'en milieu scolaire : des centres de

pastorale, des sous-sols d'églises et des presbytères ont été aménagés en salle de classe

pour faire en paroisse ce qui se faisait à l 'école. Avec le temps, les approches souhaitées

dans les différents niveaux se sont diversifiées à cause de la flexibilité du programme.

Aujourd'hui, dans certaines paroisses, on se rend compte de la variété dans les moyens

pédagogiques utilisés « afin de soutenir la motivation des enfants et de leurs parents » . 1 9 7

6.2 Le contenu de la catéchèse familiale et paroissiale

Pour ce qui est du contenu, le programme de catéchèse s 'échelonne sur six niveaux (ce qui

correspond à six années de catéchèse). Ce programme a été conçu à partir de la collection

Bonne Nouvelle qui était utilisée dans les écoles. Ces programmes-maison sont aujourd'hui

utilisés dans toutes les paroisses du diocèse de Bathurst et d 'Edmundston (des paroisses du

diocèse de Moncton utilisent aussi cette collection, mais avec une approche différente, plus

axée sur l 'enseignement en petits groupes à la paroisse). Pour les fins de la présentation du

programme, nous nous tenons ici à celui qui est en vigueur au diocèse de Bathurst.

Les cinq premiers niveaux de catéchèse sont le fruit d 'une adaptation pour les familles de la

collection Bonne Nouvelle}91 Pour le sixième niveau, qui est une préparation immédiate au

sacrement de la confirmation, les paroisses se servent du livre Je fais route avec toi ou

Quand l'Esprit nous transforme?" La mise en place de ces six niveaux de catéchèse s'est

échelonnée sur une période de trois ans à partir de septembre 1996. Pendant l 'implantation

des programmes, il a fallu trouver des responsables de cette catéchèse familiale et

paroissiale qui avaient la lourde tâche d'implanter ces programmes avec tout ce que cela

implique : recrutement de catéchètes, aménagement de locaux, sensibilisation des conseils

paroissiaux de pastorale et de gestion, formation des parents, etc.

En regardant le contenu qui est aujourd'hui enseigné en catéchèse, nous remarquons qu'i l

est essentiellement le même que celui qui était dispensé à l 'école. On peut dire que les

différents niveaux de catéchèse ont subi quelques modifications mineures depuis

l 'implantation du programme (1993) suite à des évaluations faites auprès des parents et des

catéchètes. Le nombre et la fréquence des sessions sont différents d 'un niveau de catéchèse

à un autre. C'est souvent le contenu qui a influencé le nombre et la modalité des rencontres.

198 Qf f j c e de catéchèse du Québec, Dieu est amour - 1 e r niveau; Voyez comme ils s'aiment - 2 e primaire; Demeurez dans mon amour - 3° primaire; Je suis avec vous - 4 e primaire; Poussés par l'Esprit - 5 e primaire (Montréal : Les Éditions d'enseignement religieux F.P.R. Inc., 1986, 1986, 1987, 1988, 1990). 1 9 9 Lise D. Lallier, Je fais route avec toi (Sillery : Centre Viréo, 1990) ; Nicole Fontaine et André Raymond, Quand l'Esprit nous transforme (Montréal : Éditions Paulines, 1998).

7. Chances et défis du programme actuel

La genèse de notre question de recherche nous a déjà mis sur la piste des points forts et des

points faibles du programme actuel de catéchèse (voir Introduction). Nous voudrions

approfondir ici cette première évaluation. Nous avons d'abord vu l'intérêt à l 'égard du

programme de catéchèse qui est suivi par la majorité des familles catholiques du d iocèse . 2 0 0

La grande majorité des enfants inscrits à la catéchèse est fidèle aux sessions, de même que

leurs parents. Ainsi, le samedi matin (ou un soir de semaine dans certaines paroisses),

parents, enfants et catéchètes se retrouvent pour une heure de catéchèse. Or, cette

participation n'est pas suivie d 'une participation à la vie liturgique paroissiale. Si on fait

exception des messes familiales préparées spécialement pour les enfants, les jeunes familles

ne se rassemblent pas avec la communauté paroissiale pour la liturgie dominicale.

Au moment de quitter l 'école, l 'espoir pour nombre de pasteurs était de permettre une mise

en valeur du rôle de la communauté chrétienne et de la liturgie dans l 'activité catéchétique.

2 0 0 Dans la grande région de Caraquet en 2003 (au moment de commencer cette recherche), 891 jeunes sont inscrits à la catéchèse alors que 910 jeunes sont inscrits dans le système scolaire (97,9 %).

La catéchèse des enfants des premier et deuxième niveaux est surtout assumée par les

parents (avec des fiches-partage), soutenue par une équipe paroissiale. Les enfants et les

parents sont appelés à participer à quelques rencontres (3) de groupe durant Tannée. Le

contenu catéchétique porte sur Dieu, source de vie, ainsi que sur les exigences et les signes

de l 'amitié. La catéchèse des enfants du troisième niveau est assurée à la fois par les parents

et par une équipe paroissiale. Le contenu catéchétique porte sur le rêve de Dieu notre Père

ainsi que sur la préparation aux sacrements du pardon et de l 'eucharistie. La catéchèse des

enfants des quatrième et cinquième niveaux met l 'accent sur une démarche vécue en

groupe; les parents sont beaucoup moins présents. Le contenu porte sur la rédaction des

Évangiles, la vie de Jésus, les débuts et la croissance de l 'Église ainsi que sur l 'Esprit-Saint.

Enfin, la catéchèse des enfants du sixième niveau porte sur la préparation à la confirmation

et vise l 'accentuation des dimensions d'intégration et d'engagement.

2 0 1 Bruno Mary, « Catéchèse et Liturgie paroissiale au service de la Mission, » La Maison-Dieu 234 (2003-2 ) : 30. 2 0 2 Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 73.

En milieu scolaire, la catéchèse semblait être faite en parallèle avec la vie liturgique de la

paroisse. Le désir de changer la situation ne s'est pas matérialisé : catéchèse et liturgie sont

demeurées deux composantes distinctes en quête d'articulation dans l'initiation chrétienne

des enfants. Malgré les espoirs suscités par le passage de l 'école à la paroisse, les jeunes

familles sont demeurées absentes de l 'assemblée dominicale, et conséquemment de la

communauté paroissiale. Il existe « peu de liens entre les chrétiens du dimanche et le

groupe de catéchèse. » 2 0 1 Comment expliquer cette disparité entre l'intérêt suscité par la

catéchèse et l 'absence de participation à la vie liturgique de la communauté?

7 .1 Une catéchèse pour un temps de chrétienté

Nous croyons que ce programme de catéchèse en est un pour des gens en régime de

chrétienté. Il mise sur un présupposé contestable : celui de croire que tous les enfants

inscrits au programme de catéchèse baignent dans un univers religieux. Ainsi, cet univers

religieux transmettrait déjà, comme par osmose, les fondements de la foi chrétienne (cette

situation fut typique pendant de nombreuses années). Or, on est loin de ce régime de

chrétienté où tous allaient à la messe le dimanche et où la catéchèse venait mettre des mots

sur le vécu de la foi. La situation en Acadie rejoint celle de plusieurs diocèses occidentaux,

notamment celui de Liège, où Derroitte fait le constat suivant :

Dans une société marquée sociologiquement par une forte présence chrétienne, la

catéchèse pouvait « se contenter » d'enseigner et de faire apprendre. Le contexte

familial, social, encadrait les croyants et les faisait participer par imprégnation à la

vie chrétienne. L'acte proprement catéchétique était porté, appuyé et complété par

cet humus( . . . ) Dans une société où le christianisme est devenu moins visible,

quantitativement minoritaire, cette imprégnation culturelle n 'a plus la même

2 0 3 Conférence des évêques de France, Texte National pour l'orientation de la catéchèse en France et principes d'organisation (Paris : Bayard, Fleurus-Mame, Cerf, 2006), 14. 2 0 4 Gilles Routhier, Le devenir de la catéchèse (Montréal : Médiaspaul, 2003), 60.

Comme l'affirment les évêques de France dans le texte national pour l 'orientation de la

catéchèse en France, « au fur et à mesure de la sécularisation de la société, l 'Église a pris

conscience que la catéchèse devait être vécue dans une sorte de bain ecclésial » . 2 0 3 Nous

corroborons que ce « bain ecclésial » fait défaut : les liens avec la communauté chrétienne

sont souvent ténus, voire inexistants. Lorsque la catéchèse se faisait à l 'école, on déplorait

le manque d'intégration avec la vie familiale et communautaire. Si on a réussi à articuler la

catéchèse à la vie familiale, il reste à intégrer la catéchèse avec la vie liturgique de la

communauté. La situation contraste avec le défi lancé par Routhier lorsqu'il parle de la

nécessité de passer de l 'école à l 'Église comme sujet de la catéchèse :

(.. .) faire passer la catéchèse de l 'école à l 'Église introduit à un passage plus

fondamental pour les gens : le passage d 'un statut de bénéficiaire pris en charge à

celui d'acteurs responsables. Par conséquent, nous devons tous être éveillés à la

responsabilité, ce qui représente une véritable conversion. Ce qu'i l faut retrouver,

c'est l 'Église en tant que sujet, avec la diversité de ses ac teurs . 2 0 4

7.2 La liturgie absente du programme de catéchèse

L'examen de la méthode montre que la catéchèse est coupée de la liturgie (avec le peu

d'égard aux célébrations). C'est aussi une évidence lorsqu'on analyse le contenu : les

programmes n 'ont pas été conçus en fonction de l 'année liturgique et l 'enseignement ne

correspond pas nécessairement au rythme des fêtes chrétiennes. Les temps forts de l 'année

liturgique ne sont pas mis en valeur et utilisés pour la transmission de connaissances ou

permettre la ritualisation de certains passages. Dans ce contexte, les catéchètes craignent

d'empiéter sur le terrain de la liturgie, notamment sur celui des présidents d'assemblée.

Si on peut dire que la catéchèse fait fi de la liturgie, on peut aussi avancer, sans risquer de

se tromper, que la liturgie ignore aussi les parcours catéchétiques des enfants. Il n 'y a pas

de réunions conjointes entre le service diocésain de liturgie et le comité diocésain de

catéchèse pour assurer un dialogue entre ces deux domaines de la vie de l 'Église. Au niveau

paroissial, la situation est souvent identique : catéchèse et liturgie sont deux composantes

de la vie chrétienne qui œuvrent en parallèle.

L'état du clergé dans les diocèses acadiens, dont celui de Bathurst, n 'est pas étranger à cette

difficulté d'articulation entre catéchèse et liturgie. Les prêtres sont de plus en plus âgés et

ils ont des responsabilités de plus en plus lourdes parce que leur nombre diminue.

Lorsqu'on manque de prêtres et que la charge pastorale devient de plus en plus lourde, les

prêtres concentrent leurs énergies sur les tâches sacramentelles : la célébration des

sacrements et de la liturgie. Déjà surchargés avec ces tâches, ils ont peu de temps pour

investir dans le domaine catéchétique : le temps, forcément limité, consacré à la catéchèse,

est souvent celui qui r e s t e . 2 0 5 Dans un tel contexte de manque de prêtres, ces derniers

donnent la priorité aux pratiques sacramentelles, ce qui apporte un sentiment de pourvoir

efficacement à la tâche et qui permet de poursuivre l 'exercice du ministère sans s'épuiser.

Il est difficile d 'évaluer certains effets des nouveaux programmes de catéchèse dans

l'initiation chrétienne des enfants à cause d 'un parcours qui ne fait que commencer. Par

exemple, l 'engagement et le témoignage chrétien se mesureront surtout à long terme. Mais

déjà, nous pouvons avancer que le désir de célébrer liturgiquement le Dieu qui est présenté

en catéchèse est absent ou encore qu'i l ne se traduit pas en une participation à la vie

liturgique paroissiale. Là où existe une certaine articulation entre catéchèse et liturgie, nous

pouvons parler d'initiatives isolées, souvent sans fondement.

Faut-il accepter que les programmes catéchétiques actuels, avec le peu d'égards qu ' i ls ont

par rapport à la liturgie, soient satisfaisants tels quels si on en juge par la participation

massive des parents et des enfants? Bien que plusieurs ne se retrouvent pas dans la liturgie,

nous faisons le pari qu 'une insertion de la liturgie dans l'initiation chrétienne des enfants

2 0 5 Hélas, cette situation semble être courante chaque fois que le nombre de prêtres diminue; la situation actuelle s'apparente à celle décrite par Gagnon quand le Québec manquait de prêtres lorsqu'il s'interroge : « comment ne pas conclure qu'en pareil manque de prêtres, les services religieux soient réduits au minimum? » En portant un regard lucide sur la situation actuelle, on ne peut que constater que l'inquiétude de Mgr Plessis est toujours actuelle : « Prodiguer des rites à des populations à peine initiées aux éléments de la Parole n'expose-t-il pas au risque de profaner les sacrements? » Voir : Serge Gagnon, Quand le Québec manquait de prêtres : la charge pastorale au Bas-Canada, 57.

0 6 Guy Lapointe, « La participation active, » Liturgie, Foi et Culture 33, n° 59, (1999) : 4. 2 0 7 On se souviendra du cardinal Ratzinger qui parle « des difficultés actuelles de la catéchèse qui sont un lieu commun ». Dans Cardinal Joseph Ratzinger, « La primauté de la foi baptismale, » dans La joie de la catéchèse, 106. 2 0 8 La bibliographie présente de nombreux articles provenant de ces revues. Nous pouvons mentionner Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) ; Catéchèse n° 173 (2003) ; La Maison-Dieu 140 (1979); La Maison-Dieu 234 (2003-2) ; Lumen Vitae LIX, n°3 (2004).

s'avère nécessa i re . 2 0 6 Non seulement parce que la liturgie fait partie des éléments de la vie

chrétienne, mais aussi parce que la liturgie permet de saisir d'autres dimensions non-

négligeables de la foi : sa dimension ecclésiale et catholique notamment. Mais il y a

d'autres raisons qui militent en faveur de l'articulation entre la catéchèse et la liturgie.

Ce sont ces raisons que nous allons maintenant mettre au premier plan. De nombreux

documents pontificaux montrent que la catéchèse cherche à préciser ses moyens, ses

modèles, ses responsables et ses principaux destinataires puisqu'elle n ' a pas réussi comme

l'avaient souhaité les Pères du Concile (GE, n° 2 ) . 2 0 7 II n 'y a pas que les pratiques et les

textes magistériels qui témoignent de cette recherche d'articulation entre la catéchèse et la

liturgie : de nombreuses revues ont consacré des numéros entiers à cette problématique au

cours des dernières années. Ces recherches nous seront utiles pour relever quelques

fondements à l'articulation catéchèse-liturgie dans le prochain chapitre.

Chapitre 4 : Les fondements d'une articulation

Au cours des dernières décennies, plusieurs ont cherché des voies de réconciliation entre la

catéchèse et la liturgie. Dans toute la littérature recensée il y a un sentiment d'urgence qui

s 'exprime et un appel à trouver des solutions adaptées à notre époque. Les propos de

Alberich résument le sentiment de plusieurs observateurs :

Du fait du caractère central de la liturgie dans la vie chrétienne, la catéchèse, quelles

que soient ses formes, ne peut pas ne pas se référer à elle : elle y trouve une source

d'inspiration, un appui pour son témoignage et un cadre de célébrat ion. 2 0 9

Coffy va jusqu 'à se demander pourquoi une telle réflexion sur les fondements des liens

entre catéchèse et liturgie s ' impose . 2 1 0 Il comprend que la modernité a amené une

distinction entre ces deux dimensions de la vie du croyant, mais distinguer ne veut pas dire

séparer, ce qui s'est hélas trop fait. Afin de présenter ces fondements de l'articulation entre

catéchèse et liturgie, nous avons regroupé en huit catégories les motifs qui reviennent le

plus souvent dans la littérature des dernières années.

Les deux premières catégories sont liées à l 'histoire des liens entre catéchèse et liturgie. En

prenant appui sur la Bible (première section) et sur la pratique sacramentelle des Pères

apostoliques (deuxième section), nous voyons que pour les premiers chrétiens, il était

normal que liturgie et catéchèse soient vécues simultanément au cours d 'un unique

rassemblement. Par la suite, c'est à partir des objectifs communs à la catéchèse et à la

liturgie que nous verrons le fondement de leur nécessaire articulation. En effet, la catéchèse

et la liturgie visent une rencontre avec Dieu (troisième section), éduquent la foi chacune à

leur manière (quatrième section) et aident au développement intégral de la foi (cinquième

section). Il est difficile pour le baptisé d'atteindre une maturité chrétienne si l 'une ou l 'autre

de ces composantes est absente de sa vie (sixième section). Enfin, nous verrons comment

l 'ecclésiologie (septième section) et les Écritures (huitième section) mises en valeur au

Concile Vatican II ne peuvent faire l 'économie de l'articulation catéchèse-liturgie.

2 0 9 Emilio Alberich, La catéchèse dans l'Église (Paris : Cerf, 1986), 254. 2 1 0 Robert Coffy, « La célébration, lieu de l'éducation de la foi, » La Maison-Dieu 140 (1979) : 26.

1. L'enracinement biblique

Le lien entre la catéchèse et la liturgie n'est pas un élément accessoire pour une vie

chrétienne authentique. Lorsque nous scrutons les Écritures et l 'histoire d'Israël, nous nous

rendons compte que ce lien est fort et évident à l 'époque biblique et dans l 'Église naissante.

Dès la première alliance, nous voyons la complémentarité entre le culte et l 'acte de

proclamation. On peut penser à Moïse lors de l 'exode ou aux prophètes lors de l'exil qui

instruisent le peuple à partir d 'actes rituels. Les récits bibliques en rendent témoignage

abondamment.

Ainsi, lors de l 'Alliance entre Yahweh et Israël, le peuple répond à la Parole de Dieu

transmise par Moïse par des paroles : « tout ce que Dieu a dit, nous le mettrons en

pratique ». Mais cette alliance est immédiatement ratifiée avec la célébration du sacrifice

(Ex 19 et 24). Il en va de même pour le transfert de l 'Arche de l 'Alliance qui est suivi d 'une

longue adresse de Salomon exhortant à reconnaître Dieu comme Celui qui bâtit la maison

d'Israël (I R 8, 1-66). Après que Josué ait fait bâtir un autel pour offrir des holocaustes au

mont Ébal, il convoqua l 'assemblée pour le sacrifice et il « articula toutes les paroles de la

Loi, la bénédiction et la malédiction, selon ce qui est écrit dans le livre de la Loi » (Jos 8,

34), Enfin, lors de la grande assemblée au retour de l 'exil à Babylone, le scribe Esdras

procéda à la lecture de la loi de Moïse et le peuple répond par des gestes et des cris

d'allégresse à la Parole qu'i l a entendue (Ne 8, 1-8). 2 1 1

Jésus lui-même suivra le même pattern des prophètes au cours de son ministère. Ses actions

sont souvent suivies d 'une explication qui devient une prédication. Il y a en Lui, « des

gestes qui purifient et sanctifient d 'une part, et de l 'autre, de la Parole qui les commente,

instruit, révèle les profondeurs de Dieu, fait la lumière décisive, introduit par l 'Esprit à la

2 1 1 Ce passage montre que la lecture de la Loi est elle-même la liturgie du peuple : « Esdras ouvrit le livre à la vue de tout le peuple; lorsqu'il l'ouvrit tout le peuple se tint debout. Esdras bénit Yahvé le grand Dieu, et tout le peuple répondit en levant les mains : Amen! Amen! Et ils s'inclinèrent devant Yahvé, la face contre terre. » (Ne 8, 5-6).

2 1 2 André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » Catéchistes : Revue de pédagogie religieuse 62 (1965): 116.

connaissance de la vérité tout entière. » " Nous pouvons aussi penser aux récits de

guérisons, aux miracles, et même à l'institution de l 'eucharistie qui est précédée d 'un long

discours-préambule. Jésus annonce et réalise l 'œuvre de salut tout au long de sa vie. Nous

pouvons dire qu 'en lui sont contenues sans oppositions ni divisions la proclamation du salut

et son accomplissement, catéchèse et liturgie.

Tout au long de la vie du Christ, particulièrement dans le mystère pascal, c 'est l 'œuvre de

la rédemption qui s'accomplit. « C a r c'est son humanité, dans l 'unité de la personne du

Verbe, qui fut l ' instrument de notre salut » (SC, n° 5). Le document conciliaire poursuit en

s'appuyant sur le Sacramentaire de Vérone (Leonianum) pour montrer que par la vie du

Christ, « la plénitude du culte divin est entrée chez nous » (SC, n° 5). Cette oeuvre de

rédemption accomplie dans la personne du Christ, elle se poursuit par l 'action des apôtres

envoyés par le Christ afin « qu'i ls exercent cette œuvre de salut qu' i ls annonçaient, par le

sacrifice et les sacrements autour desquels gravite toute la vie liturgique » (SC, n° 6).

En accordant à la liturgie célébrée par l 'Église la dimension rituelle de l'action salvatrice de

Dieu et à la catéchèse la dimension proclamatrice de cette action, nous disons que Jésus lui-

même est à la fois action et parole de Dieu : il englobe dans sa personne l 'annonce du salut

et la réalisation de ce salut. Cette vérité sur Dieu se trouve dans la plénitude de la révélation

qu ' i l fait de lui-même dans le Christ Jésus. «Jésus-Christ ne transmet pas seulement la

Parole de Dieu : Il est la Parole de Dieu » (CT, n° 98). Ainsi alors peut commencer la

constitution dogmatique Dei Verbum du Concile Vatican II :

Cette économie de la révélation se fait par des actions et des paroles si étroitement

liées entre elles, que les œuvres accomplies par Dieu dans l'histoire du salut rendent

évidentes et corroborent la doctrine et l 'ensemble des choses signifiées par les

paroles, et que les paroles proclament les œuvres et font découvrir le mystère qui y

est contenu. Mais la vérité profonde aussi bien sur Dieu que sur le salut de

l 'homme, c'est par cette révélation qu'elle resplendit à nos yeux dans le Christ, qui

est à la fois le médiateur et la plénitude de la révélation tout entière (DV, n° 2).

Jésus est plénitude de la révélation puisqu'il « ne retint pas jalousement le rang qui l 'égalait

à Dieu. Mais II s'est anéanti prenant la condition de serviteur » (Ph 2, 6-7). Dans le mystère

de l 'Incarnation, il y a cette action de Dieu qui « décide d'entrer dans l'histoire humaine

d 'une façon nouvelle et définitive » (AG, n° 3), et qui « s'adresse aux hommes comme à des

amis, et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir

en cette communion » (DV, n° 2).

La révélation de Dieu est éclairée par toute la vie de Jésus : ses gestes et ses paroles

éclairent le dessein du Père qui l 'envoie dans le monde. À la question de Philippe qui lui

demande de lui montrer le Père, Jésus lui dit « Qui m 'a vu a vu le Père. Comment peux-tu

dire "Montre-nous le Père!"? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en

moi? » (Jn 14, 9-10). On voit ici que la vie de Jésus est un témoignage de l 'identité du Père

que la foi peut discerner. Immédiatement après, Jésus dira aux disciples : « La parole que

vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père qui m ' a envoyé» (Jn 14,10). Si nous

pouvons dire que les paroles de Jésus viennent mettre en valeur l 'action de Dieu qui a

assumé la nature humaine pour la sauver, nous pouvons aussi prendre la perspective inverse

en mettant la parole première. Ainsi, nous dirons que Jésus est la Parole de Dieu, le Verbe,

qui s'est fait chair, c'est-à-dire qu' i l est entré dans l'histoire humaine pour donner vie à la

Parole par ses actes. Ses actes sont alors au service de la révélation de son identité :

« Croyez au moins à cause des œuvres mêmes » (Jn 14, 11).

Ce lien entre la proclamation du message chrétien et les œuvres salvatrices dans la personne

et dans le ministère du Christ est aussi évident dans la vie apostolique des apôtres et de la

première génération de chrétiens. Le conseil de Jésus à ses disciples convoqués sur la

montagne après la résurrection est clair : « Allez! De toutes les nations, faites des disciples.

Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du St-Esprit et apprenez-leur à garder les

commandements que je vous ai donnés. » (Mt 28, 19) Les apôtres ont donc deux tâches

principales : prêcher et accompagner leur prédication de signes au sein des communautés.

Le ministère de Jésus, dont les miracles ont été les signes authentifiant son oeuvre de salut,

2 1 3 Afin de donner un exemple de l'annonce de l'Évangile en paroles et en actes, on peut relever le ministère de Pierre décrit dans les Actes des Apôtres. Après avoir guéri un impotent (Ac 3, 1-9), son discours au peuple (Ac 3, 12-25) trouve écho chez de nombreux auditeurs qui embrasse la foi à partir de ce moment. 2 1 4 Aux récits qui ont été présentés, on pourrait aussi en ajouter plusieurs autres qui témoignent de l'articulation catéchèse-liturgie : le récit du rituel de la pâque (Ex 12, 25-28), le rituel des prémices (Dt 26, 1-11), le renouvellement de l'Alliance (Dt 27, 2 ss.), la vie de la première communauté chrétienne (Ac, 2, 42-47), etc.

se prolonge à travers l 'apostolat des apôtres qui évangélisent en paroles et en ac te s . 2 1 3 Dans

l 'évangile de Marc, ce mandat apostolique quant à l 'évangélisation par la parole et les

œuvres est aussi clair. Jésus dit «Al lez dans le monde entier et proclamez l 'Évangile à

toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas sera

condamné. . . » et l 'évangéliste ajoute que les apôtres évangélisèrent ainsi par la parole et les

œuvres : « Pour eux, ils s'en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant en eux et

confirmant la Parole par les signes qui l 'accompagnaient » (Me 16, 15-16.20).

Dans l 'Église naissante, les exemples abondent pour montrer le lien entre la Parole et la

célébration. Qu'i l suffise ici de mentionner l 'épisode où Pierre, lors de la prédication de

l 'Évangile, allie baptême et annonce de la Bonne Nouvelle (Ac 2, 14-41). Ces quelques

récits des Écritures montrent que pour le peuple d'Israël et pour la communauté

apostolique, la célébration était enseignement et l 'enseignement était célébration. La

distinction que nous faisons aujourd'hui entre catéchèse et liturgie n'était pas connue de

l 'Antiquité. C'est ce que les écrits bibliques tendent à mont re r . 2 1 4

Les exhortations de Paul se fondent elles aussi souvent sur des actions historiques de Dieu.

Ceci permet de mettre en valeur deux éléments du processus d'évangélisation : les actions

historiques de Dieu et leur interprétation afin d 'en comprendre le sens. Cette historicité des

événements du salut est rappelée par la constitution conciliaire Ad Gentes (n° 3) : « Ce

dessein universel de Dieu pour le salut du genre humain ne se réalise pas seulement d 'une

manière pour ainsi dire secrète dans l 'âme des hommes, ou encore par des initiatives, même

religieuses, au moyen desquelles ils cherchent Dieu de bien des manières. » Ces actions ont

besoin d'être commentées afin de pouvoir révéler tout leur sens. Le texte conciliaire

poursuit d'ailleurs en disant que « ces initiatives ont besoin d'être éclairées et redressées »

04G, n° 3).

Avec l 'expansion de l 'Église, les Douze sont conscients de la double fonction ministérielle

de la communau té . 2 1 5 Prononcer des prières, faire la catéchèse et authentifier la Parole

annoncée par les oeuvres sont véritablement au cœur du ministère apostolique de la

première génération de chrétiens. « Voyez les apôtres : leur affaire est de prêcher

l 'événement pascal; de célébrer, sur l 'ordre du Seigneur, le mémorial de son sacrifice et de

baptiser en sa mort et sa résurrection. Deux préoccupations majeures : catéchèse et liturgie.

Et toutes les deux n 'ont qu 'un même objet : l 'événement pascal, annoncé par la Parole, qui

nous sauve encore parce que la célébration le rend présent. » 2 1 6

2. Le lien ontologique entre catéchèse et liturgie 2 1 7

Cette pratique des apôtres de faire de la catéchèse (annonce de la Parole) et de la liturgie

(actualisation des actes libérateurs du Christ et annonciateurs du Royaume) les deux côtés

d 'une même médaille s'est poursuivie dans les premiers siècles de l 'Église. Pour les

chrétiens de cette époque, « Proclamer le Christ », ça se faisait autant lors de la prédication

(à l 'instar des discours de Pierre et Paul dans les Actes des Apôtres), que dans la

célébration du mémorial. Il s'agissait en fait de deux modalités différentes (prédication et

mémorial) qui visait la même réalité, soit la proclamation du Christ ressuscité qui doit

revenir. Cette unité entre prédication et mémorial est d'ailleurs visible encore aujourd'hui

lors de chaque liturgie eucharistique puisque celui qui préside à la fraction du pain est aussi 2 1 8 *

celui qui doit, habituellement, faire l 'homélie." Bien que d'autres fonctions liturgiques

puissent être confiées à d'autres ministres qui interviennent dans le déploiement de ces

deux actions (on peut penser aux lecteurs au moment de la liturgie de la Parole et aux 2 , 5 Les ministres de la communauté doivent annoncer la Parole et authentifier celle-ci avec des gestes. Ainsi, l'accueil des exclus et le service des plus pauvres sont nécessaires pour que la Parole annoncée soit crédible. Les disciples se rendent compte qu'ils ne peuvent suffire à la tâche : c'est une des raisons pour laquelle ils verront à l'institution des Sept. Ainsi, ils diront aux membres de la communauté : « Il ne sied pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis de l'Esprit et de sagesse, et nous les préposerons à cet office; quant à nous, nous resterons assidus à la prière et au service de la parole. » (Ac 6, 2-4) 2 1 6 André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » 121. 2 1 7 L'expression de « lien ontologique » est de Maurice Jourjon dans « Catéchèse et liturgie chez les Pères, » La Maison-Dieu 140 (1979) : 45. 2 1 8 La Présentation Générale du Missel Romain précise en ces termes : « Habituellement l'homélie sera faite par le prêtre célébrant. » (PGMR, n° 42)

2 1 9 Maurice Jourjon, « Catéchèse et liturgie chez les Pères, » 45. 2 2 0 Cette thèse de Jourjon est développée à partir d'une lecture qu'il fait de la catéchèse et de la liturgie chez les Pères à l'âge d'or de la patristique (IV e et V e siècle). Ses conclusions sont pertinentes parce qu'elles inscrivent son propos dans la Tradition de l'Église et démontrent la nécessaire articulation entre la catéchèse et la liturgie pour la formation de l'identité chrétienne dans un monde pluraliste. 2 2 1 Maurice Jourjon, « Catéchèse et liturgie chez les Pères, » 41.

ministres de la communion lors de la liturgie eucharistique), la fraction du pain de la Parole

lors de l 'homélie et la fraction du pain de Vie doivent être faites par l 'unique président de la

célébration eucharistique, manifestant l 'unité de ces actions.

Les rapports étroits entre catéchèse et liturgie permettent de parler d 'un lien ontologique

qui se réalise à l 'intérieur des sacrements. Pour Jourjon, c'est le sacrement qui est la pierre

angulaire du fondement nécessaire entre la catéchèse et la liturgie : l 'action salvatrice

contenue dans un rite a besoin de la Parole de Dieu qui vient donner sens au geste. Le

sacrement doit être compris et vécu comme créateur de la vie chrétienne, comme la Parole

divine qui crée et recrée (versus une simple cérémonie religieuse ou procédure juridique ou

même insertion dans la communauté). Pour cela, il faut que le sacrement fasse irruption

dans la vie de celui qui le reçoit. Cela n'est possible que si la personne prend une part

active dans la célébration de ce sacrement, désire cette re-création dans la foi et vive une

expérience de renaissance grâce à la mise en œuvre du sacrement. Dans Catechesi

Tradendae, Jean-Paul II appuie cette thèse de Jourjon lorsqu'il affirme que « la vie

sacramentelle s'appauvrit et devient très vite un ritualisme creux, si elle n'est pas fondée

sur une connaissance sérieuse de la signification des sacrements » (CT, n° 23).

C'est ainsi qu 'une catéchèse qui permet la transformation de la personne pour

éventuellement favoriser une participation pleine, active et consciente à la liturgie aide au

devenir chrétien par une vie sacramentelle où le sujet est un véritable médiateur entre

catéchèse et liturgie. Ainsi, catéchiser « c'est vraiment commenter l 'Ecriture, mais

l 'Écriture réalisée dans un homme qui est devenu par les sacrements parole d'Évangile » . 2 1 9

Avec l 'accent qu'il met sur la vie sacramentelle, Jourjon insiste pour dire qu'il y a une

nécessaire participation à la vie liturgique pour qu 'une catéchèse puisse tomber dans une

terre fertile et v ice-versa . 2 2 0 Pour lui, « les sacrements sont le centre de gravité de la

catéchèse » à cause de la rencontre avec Dieu qu'i ls permettent . 2 2 1

2 2 2 André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » 117. 2 2 3 André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » 117. 2 2 4 André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » 117.

Quant à Philippe, il privilégie les Écritures pour articuler catéchèse et liturgie après avoir

reconnu l'invitation du Concile Vatican II de remettre en valeur la liturgie au cœur de la

catéchèse (notamment dans SC, n° 16). Ainsi, Philippe avance que :

Très tôt, dans l 'Église, il y eut comme une extension de cette "catéchèse

liturgique" en dehors de l 'acte liturgique, mais toujours en vue de préparer les

cœurs à la liturgie même. Le lien vivant et organique demeure intact : ce n 'est

plus une catéchèse incorporée à la liturgie, mais c'est bien réellement encore une

catéchèse de la liturgie et pour la liturgie.

Pour Philippe, c'est toujours la Parole de Dieu qui est au cœur de la liturgie. Lors de

l 'eucharistie, la Parole est proclamée et commentée lors de la liturgie de la Parole et elle est

mise en œuvre lors de la liturgie eucharistique. Il dira encore qu' i l « faut que la Bible sans

cesse commente et éclaire les signes de la liturgie, qu'el le en fasse la catéchèse » . 2 2 3

Toute action liturgique est donc proclamation de la Parole. . . commentée et célébrée! « O n

doit même dire que la Bible n'est jamais autant Parole de Dieu, si l 'on ose dire, que

lorsqu'elle est proclamée par l 'Église dans l 'assemblée liturgique et qu'el le se réalise dans

le mystère liturgique » . 2 2 4 Le Concile Vatican II parlera à juste titre des deux tables qui

doivent nourrir au cours de toute liturgie (SC, n° 51).

Nous sommes donc en présence de deux manières de voir les liens intrinsèques qui existent

entre la liturgie et la catéchèse. Alors que Jourjon fonde le lien ontologique entre la

catéchèse et la liturgie sur les sacrements (à partir de la pratique pastorale des Pères de

l 'Église), Philippe, quant à lui, le fonde sur la Parole de Dieu. Dans les deux cas, il s'agit

d 'une démonstration que la liturgie ne peut se passer de la catéchèse et vice-versa. Ce

détour dans les Écritures et dans l 'âge d 'or de la patristique démontre que le lien entre

catéchèse et liturgie appartient à la Tradition de l 'Église.

Nous touchons dans cette section l'affirmation dans des textes magistériels de la

convergence entre la catéchèse et la liturgie à partir de l'objectif commun que Tune et

l 'autre poursuivent : la rencontre personnelle avec le Christ. Les plus récents documents

magistériels affirment que « le but définitif de la catéchèse est de mettre quelqu'un non

seulement en contact, mais en communion, en intimité, avec Jésus-Christ » (DGC, n° 80 et

CT, n° 5). Suite à l 'assemblée synodale sur la catéchèse qui s'est tenue au milieu des années

1970, Jean-Paul II avait donné une finalité christologique à la ca téchèse . 2 2 5 Cette finalité

sera reprise par le Directoire Général de la Catéchèse pour lequel la catéchèse ne vise pas

uniquement l 'approfondissement du message du Christ, mais l 'adhésion à sa personne. Le

Directoire ira plus loin en présentant des moyens qui peuvent favoriser cette rencontre avec

le Christ en catéchèse : le charisme et le témoignage du catéchiste (DGC, n o s 156-157), la

vie de la communauté chrétienne (DGC, n° 158), le groupe (DGC, n° 159) et les moyens de

communication sociale (DGC, n° 160). Il y a aussi les moyens en lien avec la liturgie: « les

contenus des lectionnaires, la structure de l 'année liturgique, l 'homélie du dimanche »

(DGC, n° 207). Ces moyens élargissent le spectre des moyens utilisés pour la catéchèse au

cours des siècles précédents.

Comme nous l 'avons vu au chapitre deuxième, le catéchisme tridentin visait surtout la

transmission d 'un savoir : ce qui primait, c'était l 'apprentissage (facilité par la

mémorisation dans les catéchismes qui ont suivi et qui s'appuyaient sur diverses techniques

mnémotechniques telles les septénaires). Cette conception de la catéchèse voyait celle-ci

« c o m m e le passage d 'un non-savoir à un savoir, ce savoir acquis entraînant une

2 2 5 Jean-Paul II hésite tout de même de conférer à cette catéchèse christocentrique (CT, n° 5) une autre finalité première que celle d'un enseignement systématique des donnés de la foi chrétienne. Dans Catechesi Tradendae (n° 20), il dit que la catéchèse doit préparer et susciter une adhésion au Christ, mais que « le but spécifique de la catéchèse n'en demeure pas moins de développer, avec le secours de Dieu, une foi encore initiale, de promouvoir en plénitude et de nourrir quotidiennement la vie chrétienne des fidèles de tous âges. (...) Plus précisément, le but de la catéchèse, dans l'ensemble de l'évangélisation, est d'être l'étape de l'enseignement et de la maturation, c'est-à-dire le temps ou le chrétien, ayant accepté par la foi la personne de Jésus-Christ comme le seul Seigneur et lui ayant donné une adhésion globale par une sincère conversion du cœur, s'efforce de mieux connaître ce Jésus auquel il s'est livré : connaître son "Mystère", le Royaume de Dieu qu'il annonce, les exigences et les promesses contenues dans son message évangélique, les sentiers qu'il a tracés pour quiconque veut le suivre. »

3. La catéchèse et la liturgie visent la rencontre avec Dieu

" 6 Albert Rouet, « Catéchèse et Liturgie : Radiographie d'un débat insuffisant, » 17. 2 2 7 Patrick Prétot, « Liturgie et catéchèse. La "refondation" dans l'expérience, » Lumen Vitae LIX, n° 3 (2004): 296 ss. 2 2 8 Robert Coffy, « La célébration, lieu de l'éducation de la foi, » 35. 2 2 9 D. E. Moeller, « Liturgie et catéchèse au Congrès Liturgique de Houthalen, » Questions liturgiques 3 (1979): 137. 2 3 0 P. Barras, « La liturgie, expression de la prière, » dans CNPL Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier (Paris : Bayard, 2000), 37. 2 3 1 D. E. Moeller, « Liturgie et catéchèse au Congrès Liturgique de Houthalen, » 137.

modification du comportement. La catéchèse produit alors une morale, une sagesse. Mais

les sacrements? Ils ne peuvent être que récompenses et célébration des acquisitions, • 9 9 6

signature honoraire de Dieu sur le parchemin du savoir. » Dans cette façon de voir, la

liturgie pouvait être vue comme une annexe de la catéchèse. Il ne peut plus en être ainsi

aujourd'hui puisque la catéchèse vise une rencontre avec Dieu : une telle catéchèse ne peut

pas se contenter de préparer les personnes pour une rencontre à venir. Dans l 'acte même de

proclamation et de réception, une rencontre doit être possible avec la personne du Christ.

La liturgie aussi vise la rencontre avec le Christ. Ainsi, dans un parcours catéchétique, on

ne peut pas négliger la dimension liturgique qui favorise la rencontre par l 'expérience

qu'elle pe rme t . 2 2 7 Lors de la liturgie, l 'expérience de la rencontre avec le Christ se fait à

travers des signes sensibles à savoir le pain, le vin, la Parole, le ministre et la communauté,

mais aussi « cette expérience se fait en Eglise ». On ne peut faire l 'économie de la

communauté ecclésiale dans l 'expérience chrétienne. « C'est la célébration par l 'Église du

dessein créateur et rédempteur de Dieu sur l 'humanité, qui s'est réalisé dans les mystères

du Christ présent et agissant dans la communauté célébrante sous le voile de divers signes

et symboles. » 2 2 9 L'eucharistie au sein de l 'assemblée des chrétiens convoqués et envoyés

par le Christ est « un lieu éminent d'expériences spirituelles : une expérience intérieure et 230

une expérience "extérieure" dans la rencontre du Tout Autre ». Moeller aussi a mis la

rencontre au cœur de l 'acte liturgique en disant que « chaque action liturgique s'opère sous

la forme d 'une rencontre avec Dieu, dans et par le Christ, à laquelle répond la communauté

ecclésiale et chacun de ses membres personnellement » . 2 3 1

Cette notion d'expérience rejoint aussi la finalité de l 'acte catéchétique qui mise sur

l 'expérience humaine pour favoriser la rencontre avec Jésus (DGC, n o s 152-153).

Lorsqu'on voit la catéchèse comme devant mener à la rencontre avec le Christ, les

4. La liturgie et la catéchèse éduquent la foi

Pour permettre de faire l 'expérience de la rencontre avec le Christ, la liturgie et la catéchèse

constituent des modalités différentes. La catéchèse permet cette rencontre par l 'éducation

de la foi (cette éducation n'équivaut pas à un enseignement notionnel et scolaire, mais vise

à faire entrer dans le « mystère » du Christ). Et la liturgie permet cette rencontre à travers

les multiples médiations qui permettent d'accueillir le Christ avec sa puissance de salut.

Ainsi, « l e s sacrements ne supposent pas seulement la foi ( . . . ) , ils la nourrissent, ils la

fortifient, ils l 'expriment; c'est pourquoi ils sont dits sacrements de la foi » (SC, n° 59).

Le catéchuménat peut ici nous servir d 'exemple comme un modèle d'éducation de la foi à

travers la catéchèse et la liturgie. Le catéchuménat qui prépare à la réception des rites vise

une participation consciente, pleine et active du sujet lors de la réception des sacrements.

2 3 2 Michel Scouarnec, « Catéchèse et liturgie, » dans CNPL Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier (Paris : Bayard, 2000), 41 . 2 3 3 André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » 121. 2 3 4 André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » 121.

sacrements ne peuvent plus être vus comme une récompense à la fin d 'un parcours. Ils sont

au cœur même de ce qui est visé dans la catéchèse : la rencontre avec Dieu. Cette rencontre

avec Dieu que vise l 'expérience chrétienne se fait éminemment dans la catéchèse par

l 'expérience qu'elle permet et dans la liturgie à travers les rites célébrés. Si la catéchèse

permet de découvrir Dieu et que l'invitation est faite de Lui faire confiance, en revanche

cette confiance et cette adhésion s'expriment et se traduisent à travers des symboles et des 232

rites. « Toute relation d'alliance s 'exprime au moyen de signes. »

« On le voit, c'est le même mystère (au sens riche et paulinien du mot) qu'enseigne la

catéchèse et que célèbre la liturgie. Elle rend présent ce mystère de salut que raconte la 233

Bible et que doit annoncer la catéchèse. » Nous sommes en mesure de voir que la liturgie

conduit à la catéchèse, autant que la catéchèse conduit à l'action liturgique. Philippe

synthétise bien lorsqu'il dit que «liturgie et catéchèse ont donc le même objet : seule la

manière de le présenter ou de l 'appréhender diffère » . 2 3 4

Maurice Jourjon, « Catéchèse et liturgie chez les Pères, » 44. André Philippe, « La liturgie au cœur de la catéchèse, » 119.

Cette participation active au moment de la liturgie se fait par un enseignement catéchétique

échelonné dans le temps et rythmant la vie sacramentelle. Ainsi, le désir du catéchumène de

renaître à une vie nouvelle est maintenu puisque toute la catéchèse spécifique sur les rites

ne se fait pas avant que les rites soient posés, mais se poursuit aussi après la célébration des

sacrements « quant tout est fait, même si rien n 'est joué » . 2 3 5 L'acte de proclamation qui se

fait lors de la catéchèse mystagogique vient donner au rite son épaisseur significative. Cette

catéchèse est essentielle puisque sans elle, le rite « n 'évoque plus rien, ne suscite pas la foi.

Ce n'est plus un signe personnel, il n 'assure plus une vraie rencontre avec le Christ » . 2 3 6

Tout comme nous disons que la liturgie a besoin de la catéchèse, la catéchèse aussi a besoin

de la liturgie. La catéchèse a besoin de la liturgie pour fonder son enseignement sur les

symboles qui sont déployés au cours de celle-ci. C'est aussi grâce à la liturgie que la

catéchèse peut révéler l 'actualité de ce qui est relaté dans la Bible : par la célébration

liturgique, les catéchisés saisissent que les actions de Dieu n'appartiennent pas qu ' à un

passé révolu, mais s'accomplissent aujourd'hui. De plus, en mettant la liturgie au cœur de

la catéchèse, celle-ci ne peut pas être vue comme la transmission d 'un code de lois et de

règles à observer, mais bien comme la rencontre personnelle avec Dieu.

La liturgie nourrit aussi la foi, elle la fortifie, elle l 'exprime. La liturgie est aussi éducatrice

de la foi par le cycle des lectures qui présente l 'histoire du salut, par les attitudes

spirituelles et corporelles qu'el le propose, par la rencontre avec l 'assemblée, etc. Elle

façonne à sa manière la vie du chrétien. Si certaines tâches de la catéchèse misent sur des

moyens qui sont de l 'ordre de l 'enseignement, nous pouvons dire que la liturgie aussi

enseigne, mais davantage à partir de symboles et de rites qui deviennent signifiants à la

lumière de ce qui a été vécu lors de la catéchèse. Ainsi la fraction du pain présentée à la

lumière des Écritures comme le signe de l 'agneau pascal brisé et offert en sacrifice permet

de mieux saisir la valeur de ce rite. Il y a une catéchèse qui est contenue dans les rites

mêmes et qui est appelée par ceux-ci puisque « la liturgie ne remplit pas toute l'activité de

l 'Église » (SC, n° 9). Elle peut aller jusqu 'à susciter des questions qui invitent à

l 'approfondissement de la foi.

5. Liturgie et catéchèse aident au développement intégral de la foi chrétienne

Scouarnec affirme que « la catéchèse, envisagée comme une initiation à la foi et à la vie 238

chrétienne, développe toutes les dimensions de la rencontre de Dieu ». Il dit que cette

nécessité de la liturgie dans l'initiation chrétienne est actuellement devenue encore plus

impérieuse à cause du contexte de pluralisme religieux et de sécularisation dans lequel les

enfants grandissent. Autrefois on « pouvait vivre catéchèse et liturgie de manière

successive et quasiment privée, puisque toute la vie était socialement religieuse » . 2 3 9 Il n 'en

est plus ainsi. De nombreux enfants qui sont inscrits à la catéchèse ne baignent plus (ou

n 'ont jamais baigné) dans l 'univers de la liturgie :

La catéchèse a donné souvent priorité à l 'acquisition de connaissances et de valeurs

morales pour des enfants et des jeunes supposés croyants. Aujourd'hui, cette

dimension ne suffit plus, car chez beaucoup d'entre eux l 'expérience croyante est

pauvre et parfois inexistante. La catéchèse doit donc, en même temps qu 'el le

accompagne les enfants dans une meilleure connaissance de la foi de l 'Église, les

2 3 7 Emilio Alberich, La catéchèse dans l'Église, 253. 2 3 8 Michel Scouarnec, « Catéchèse et liturgie, » dans CNPL, Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, 40. 2 3 9 Louis-Michel Renier, «Au cœur de l'acte liturgique et de l'acte catéchétique: la communauté chrétienne, » La Maison-Dieu 234 (2003-2) : 44.

La liturgie a besoin de l'intervention préalable et conjointe de la catéchèse, ceci

précisément à cause de sa nature sacramentelle, de son caractère symbolico-rituel et

de la richesse expressive de ses signes. Le rite liturgique(.. .) se qualifie par sa

référence historico-salvifique à une économie sacramentelle du salut qu'il évoque,

illustre et ac tua l i se . 2 3 7

Vue ainsi, nous pouvons dire que la catéchèse est une exigence interne de la liturgie. La

liturgie eucharistique étant le mémorial du mystère du Christ, « Vous ferez cela en mémoire

de moi », il est alors normal pour des gens qui participent à l 'eucharistie de toujours vouloir

mieux connaître davantage Celui dont ils font mémoire. C'est ce que vise la catéchèse.

Michel Scouarnec, « Catéchèse et liturgie, » dans CNPL, Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, 43. 1 Robert Coffy, « La célébration, lieu de l'éducation de la foi, » 28.

introduire aussi dans une expérience spirituelle. Cela nécessite qu'elle prenne en

compte la rencontre avec le Seigneur dans la prière et la l i turgie . 2 4 0

La catéchèse ne peut pas se limiter strictement aux activités enseignantes de l 'Église. Dans

le témoignage de vie, dans l 'annonce de l 'évangile ou dans la célébration liturgique, il y a

des aspects catéchétiques incontournables. La catéchèse ne peut pas cantonner ses activités

en faisant fi des autres dimensions de la vie chrétienne. Elle est contenue dans toutes ses

activités et elle les appelle d 'une certaine façon en visant le développement intégral de la

foi. Cela est évoqué dans Catechesi Tradendae lorsque le pape affirme que la catéchèse

s'articule sur un certain nombre d'éléments de la mission pastorale de l 'Église, qui

ont un aspect catéchétique, qui préparent la catéchèse ou qui en découlent : première

annonce de l 'Évangile ou prédication missionnaire par le kérygme pour susciter la

foi; apologétique ou recherche des raisons de croire; expérience de vie chrétienne;

célébration des sacrements; intégration dans la communauté ecclésiale; témoignage

apostolique et missionnaire (CT, n° 18).

Nous avons insisté pour démontrer les liens entre catéchèse et liturgie. Il y a une troisième

composante essentielle de la vie chrétienne qui fait partie de la vie des premiers chrétiens et

que l 'Église reprendra dans sa pratique : l 'engagement dans la charité. La foi mature et

éclairée est une foi appelée à s 'engager et à être vue à travers les oeuvres. On ne peut pas

faire abstraction de cette autre composante de la vie chrétienne. Une articulation de la

catéchèse et de la liturgie ne pourra être réussie si elle n'invite pas à l 'engagement.

Normalement, cette intégration sera naturelle puisqu'une participation éclairée à

l 'eucharistie débouche sur un engagement fraternel. On ne peut faire mémoire du Christ

sans adopter son programme : porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs

la liberté, redonner la vue aux aveugles et redresser les accablés (Le 4, 18). Coffy dit que

« la célébration (liturgique) est le lieu privilégié de cette éducation (de la foi), en particulier

parce que là, plus que partout ailleurs, se réalise l 'unité des trois dimensions de la foi » à

savoir la catéchèse, la liturgie et l ' engagement . 2 4 1

6. Pour une maturité de la foi

La liturgie apparaît comme un élément essentiel permettant la maturation de la foi, ce qui

est le but de la catéchèse si on se réfère aux récents documents magistériels. Dans le

Directoire Général pour la Catéchèse, le thème de la maturité est utilisé à trente-trois

reprises. Il est notamment utilisé pour parler de la visée de la catéchèse : après la

conversion au Christ, « la catéchèse se propose de donner un fondement à cette première

adhésion et de la faire mûrir » (DGC, n° 80). Alberich met l 'accent sur la maturité de la foi

comme attitude au fondement de la personnalité chrétienne. Pour lui, une foi mûre a une

personne en son centre : Jésus-Christ. Son message et sa vie conditionnent la vie d 'une

personne. Vue ainsi, la foi est « l 'attitude fondamentale qui conduit l 'existence » . 2 4 2 Elle

influence tous les aspects d 'une personnalité, et non pas une partie seulement de la vie. Une

foi mûre est une attitude globale qui donne une direction à la vie ; c 'est le gouvernail du

navire pour emprunter un exemple au monde marin. Le contraire de la foi comme attitude

globale serait l ' incapacité de pouvoir rendre compte de son espérance en face des

contradictions et des oppositions : il y aurait alors un aspect de la foi qui ne serait pas

développé, sa dimension cognitive. Une foi mature est donc une attitude globale qui

« constitue une donnée centrale et stable de la personne (en opposition à une religiosité ou

une foi marginale) et est source de sagesse et de sens » . 2 4 3

Emilio Alberich et collab., Les fondamentaux de la catéchèse, 154. Emilio Alberich et collab., Les fondamentaux de la catéchèse, 160.

Un programme de catéchèse qui veut se rapprocher de la liturgie doit aussi avoir le souci de

l 'engagement dans la charité. Lorsque Jean-Paul II a rappelé récemment que «l'Église vit

de l 'eucharistie », il faisait de l 'eucharistie le point de départ de toute l 'activité

missionnaire de l 'Église, et aussi le point de convergence de tous les efforts missionnaires.

Ce qui est au centre de la vie de l 'Église n'est pas en marge du projet catéchétique : ce

sacrement de l 'eucharistie est au cœur d 'une catéchèse qui cherche à former des disciples

qui s'engagent en vue de la transformation du monde.

Alberich emprunte abondamment aux résultats des sciences humaines (notamment la

psychologie et la pédagogie) pour parler de l 'attitude de f o i . 2 4 4 La maturité chrétienne est

atteinte lorsque les trois dimensions d 'une attitude sont en développement harmonieux : les

dimensions affective, active et cogni t ive . 2 4 5 Il dira qu 'une foi mûre ne peut pas faire

abstraction de sa dimension cognitive : les sentiments religieux et les comportements ne

sont pas garants de maturité s'ils ne s 'accompagnent pas d 'une conscience éclairée. La

dimension cognitive de la foi motive et fournit des critères d'évaluation pour les pratiques.

La dimension affective quant à elle exige que la foi corresponde à une réponse libre,

autonome et personnelle. A partir de cette compréhension, on voit que la foi mûre s'éloigne

du rôle fonctionnel ou compensatoire qu'elle pourrait prendre dans la vie de certains. Enfin,

la maturité de la foi se mesure dans sa dimension active où il y a concordance entre ce qui

est cru et les comportements qui sont adoptés : une foi mûre est dynamique, active, logique

et cohérente. Elle ne peut pas faire abstraction de l 'engagement au sein d 'une communauté.

Ce principe de maturation permet à Alberich d'affirmer que « si on a compris la nature de

la catéchèse, ses exigences et ses objectifs, sa tâche essentielle d'éducation et de maturation

de la foi, il n 'est pas difficile de saisir l ' importance de sa référence à la liturgie » . 2 4 6 Cette

interrelation nécessaire des dimensions de la foi pour la maturité chrétienne appelle

nécessairement l'articulation entre la catéchèse et la liturgie : le savoir religieux appris en

catéchèse reste un apprentissage théorique s'il n 'est pas accompagné de la liturgie qui est

une dimension active de la foi. De la même manière, la participation à la liturgie peut

devenir un refuge pour satisfaire un besoin de sécurité psychologique si cette participation

n'est pas éclairée par la catéchèse.

Une foi qu 'on pourrait qualifier de mature est basée sur une corrélation entre la maturité

psychique et la maturité de la foi lorsque la foi est « vue comme un universel humain qui

comporte souvent, mais pas nécessairement, le rattachement à une tradition religieuse » . 2 4 7

C'est Giguère qui privilégie ce point de vue. Pour lui, une foi est mûre lorsque la tension

2 4 4 Emilio Alberich et collab., Les fondamentaux de la catéchèse, 160-163. 2 4 5 Nous reviendrons sur cette notion de la foi comme attitude lors du chapitre huit alors que nous chercherons les moyens actuels les plus appropriés pour la transmission et la maturation de cette attitude. 2 4 6 Emilio Alberich, La catéchèse dans l'Église, 254. 2 4 7 Paul-André Giguère, Catéchèse et Maturité de la foi (Bruxelles : Lumen Vitae; Montréal : Novalis, 2002), 108.

7. La liturgie dévoile le mystère de l'Eglise

Il y a 25 ans, nous pouvons dire que les enfants qui se présentaient aux sessions de

catéchèse baignaient dans un univers religieux. La participation de ces enfants à la messe

dominicale dès leur jeune âge les rendait familiers avec les rites et les symboles de la foi.

Paul-André Giguère, Catéchèse et Maturité de la foi, 128. 2 4 9 Conférence des évêques de France, Texte National pour l'orientation de la catéchèse en France et principes d'organisation, 15.

entre l 'expérience et la tradition « est maintenue dans un fécond rapport dialectique » . 2 4 8

Malgré tout, la croissance spirituelle vue comme une maturation a des limites (notamment

parce que la maturité qui fait appel à l 'analogie avec le monde végétal a forcément une

valeur finale : un fruit mûr ne peut pas devenir plus mûr). Afin de contrer ces limites,

Giguère parle de maturités successives qui sont à refaire aux différents âges de la vie selon

les contextes et les expériences de chacun.

Avec et pour les enfants, nous avons à trouver une méthode qui va les aider à une première

maturité de la foi : on n'est pas mature dans la foi de la même manière à 8 ans et à 40 ans!

Il y a une recherche nécessaire pour une catéchèse adaptée à cet âge de la vie. Les enfants

ont le droit et le besoin d 'une catéchèse qui permette une relation vivante et signifiante avec

Dieu à la mesure de tout ce dont ils sont capables. Les adultes aussi n 'ont pas à être

négligés dans l 'éducation de la foi et dans l'acquisition d 'une maturité chrétienne qui

corresponde à leur âge et à leur cheminement de foi. Surtout que « le siècle dernier a été

marqué par la découverte de la possibilité d 'une véritable maturité de la foi à chacune des

étapes de la vie » . 2 4 9 À chaque âge de la vie, il y a donc une maturité à atteindre avec des

moyens adaptés à cette période :

En ce qui concerne les hommes, les groupes humains et les peuples, elle (l 'Église)

ne les atteint et ne les pénètre que progressivement, et les assume ainsi dans la

plénitude catholique. Les actes propres, les moyens adaptés doivent s'accorder avec

chaque condition ou état (AC, n° 6).

8. La catéchèse biblique tend vers la liturgie

Le mouvement catéchétique du siècle dernier a remis en valeur les récits bibliques en

catéchèse. Cela a eu une incidence sur la façon de présenter la liturgie. Les Écritures au

cœur du projet catéchétique renvoient nécessairement à la liturgie. A travers la liturgie, la

Bonne Nouvelle qui est annoncée en catéchèse s'accomplit pour aujourd'hui. La liturgie est

la mise en oeuvre symbolique de ce qui est proclamé lors de la liturgie de la Parole. Le

2 5 ( 1 Louis-Michel Renier, « Un nouveau lien entre catéchèse et liturgie, » dans Théologie, Mission et Catéchèse, sous la direction de Henri Deroitte (Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2002), 109.

La catéchèse n'avait pas à chercher à créer des liens entre la vie quotidienne des enfants et

la liturgie communautaire puisque ces liens étaient déjà présents et naturels. L'expérience

de la communauté ecclésiale préexistait aux sessions de catéchèse qui venaient alors mettre

des mots sur des expériences déjà vécues. Il n 'en est plus ainsi pour la majorité des enfants.

L'expérience de la communauté chrétienne est absente de l 'univers des enfants. Pourtant,

cette expérience est nécessaire dans une formation à la vie chrétienne. Il est difficile, voire

impossible, de faire fi de la réalité de la communauté chrétienne en catéchèse. «La

communauté chrétienne est l 'origine, le lieu et le but de la catéchèse » (DGC, n° 254).

A travers la liturgie, nous pouvons faire l 'expérience de la communauté chrétienne.

L'assemblée liturgique est un lieu privilégié pour rencontrer l 'Église en un lieu. Cette

insertion de la communauté dans la formation à la vie chrétienne par le biais de la liturgie

invite peut-être à des changements dans notre façon de concevoir l 'assemblée chrétienne et

de vivre la liturgie. Il y a certes des déplacements à faire pour nombre d'assemblées qui se

sont installées confortablement dans des façons de faire.

Accepterons-nous longtemps que les enfants catéchisés ne soient pas réellement

invités au rassemblement dominical? (...) Seulement de cette manière, les enfants

auraient la possibilité de comprendre de l 'intérieur qu'apprendre à être chrétien

c'est faire partie de l 'Église intergénérationnelle. La seule participation à la

catéchèse ne permet pas une telle prise de consc ience . 2 5 0

2 5 1 André Fossion, « La catéchèse comme initiation à la vie liturgique, » Catéchèse n° 120 (1990) : 96. 2 5 2 Jacques Laforest, « La réforme catéchétique des années 1960-1970. En lien avec la liturgie, » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 28.

2 5 3 Jacques Laforest, « La réforme catéchétique des années 1960-1970. En lien avec la liturgie, » 27.

mémorial sacrificiel de chaque eucharistie peut donc être présenté à la jonction de la

liturgie de la Parole et de l'offertoire : « Cette parole que vous venez d'entendre, c 'est

aujourd'hui qu'elle s'accomplit» (Le 4, 21). C'est la même Parole de Dieu qui est annoncée

lors de la catéchèse et célébrée lors de la liturgie chrétienne. La liturgie « est l 'expression

symbolique et l 'actualisation efficace du don de Dieu » . 2 5 1

Laforest dit que la Bonne Nouvelle du salut a besoin d'être institutionnalisée afin de

transcender les espaces et les époques et permettre aux hommes et aux femmes de partout

et de toujours de pouvoir communier à cet événement. Ainsi, pour les Juifs de la première

alliance, l 'événement fondateur qu 'est la sortie d'Egypte sera institutionnalisé dans le repas

pascal juif afin que toutes les générations qui suivront puissent aussi communier à l 'Exode

où Dieu s'est choisi un peuple. Le repas pascal juif est le mémorial de cette libération et

son institutionnalisation le démontre (Ex 12).

Pour le christianisme, l 'événement fondateur est celui de la mort-résurrection de Jésus.

Avant de mourir, Jésus a réuni ses apôtres et, fidèle à la tradition juive, il a voulu

institutionnaliser son mystère pascal afin que toutes les générations puissent communier à

cet événement dans les siècles qui suivront. Il y a donc un lien étroit entre l'institution de

l 'eucharistie et l 'événement pascal relaté dans les Écritures, un lien primordial entre

l 'eucharistie et la Bonne Nouvelle, « un lien essentiel entre le contenu de la catéchèse et ICI

celui de la liturgie. » On comprend alors qu 'une catéchèse qui prend appui sur l 'annonce

de la Bonne Nouvelle est forcément incomplète si elle n 'ouvre pas sur l 'eucharistie.

L'enseignement débouche sur la pratique liturgique, laquelle le prolonge comme

son accomplissement. Sans la célébration liturgique, la catéchèse resterait

inachevée. Et l ' inverse est vrai. Sans la dimension biblique de la catéchèse,

comment la vie pourrait-elle avoir du sens, subjectivement, pour ceux qui y

par t ic ipent? 2 5 3

Bruno Mary, « Catéchèse et Liturgie paroissiale au service de la Mission, » 35. André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 172.

C'est ainsi que le renouveau catéchétique qui fonde sa catéchèse sur la Parole de Dieu a

voulu donner de plus en plus de place à la liturgie en catéchèse. L'acte de parole est la

jonction entre la catéchèse et la liturgie : « En catéchèse on parle de Dieu : en célébration,

on lui parle. » 2 5 4 L'Écriture qui est au fondement du lien entre catéchèse et liturgie appelle

à un engagement dans la création des nouveaux programmes à trouver des moyens

pédagogiques permettant d'atteindre les objectifs. Fossion a raison de conclure :

C'est donc toujours en référence à la liturgie que la catéchèse devra s'effectuer;

puisque c'est dans la liturgie que les réalités de la foi se présentent à nous comme

actuelles, la catéchèse y trouvera un point d'ancrage présent pour l'explicitation de

la Bonne Nouvelle du salut. Elle devra aussi renvoyer constamment à l 'action

l i turgique. 2 5 5

Dans l 'exhortation apostolique Catechesi Tradendae, Jean-Paul II parle du lien intrinsèque

entre catéchèse et liturgie à partir des Écritures qui sont un lieu de convergence. Il met en

relation deux modalités d'enseignement dans l 'Église : la catéchèse et l 'homélie. Il affirme

que « la pédagogie catéchétique trouve sa source et son achèvement dans l 'Eucharistie, sur

l 'horizon complet de l 'année liturgique » {CT, n° 48). Il montre que l 'homélie est en lien

avec la catéchèse : la catéchèse prépare à recevoir le message des Écritures déployé dans

l 'homélie. De même, l 'enseignement didactique contenu dans la liturgie ne peut remplacer

la catéchèse; l 'homélie complète et achève la catéchèse sans s'y substituer. Le lectionnaire

issu de la réforme liturgique qui ouvre davantage à la richesse des Écritures permet de

donner à l 'homélie une importance renouvelée en lien avec la catéchèse.

Dalmais place la Parole comme le fondement de l 'expérience commune qui doit se faire

lors de la liturgie et de la catéchèse. Il insiste sur les fonctions de la Parole (instruire,

enseigner, soutenir les engagements, faire mémoire) à partir de ce rite baptismal qui permet

au catéchumène d'entendre la Parole :

(.. .) on ouvre solennellement ses oreilles et sa bouche pour qu'i l soit en mesure

d 'écouter la Parole de Dieu et d 'y répondre. C'est en effet la première fonction de la

I. H. Dalmais, Initiation à la liturgie (Paris : Desclée de Brouwer, 1958), 49.

liturgie chrétienne que de faire retentir dans l 'Église la Parole de Dieu : parole

prophétique dont le témoignage authentique est gardé dans les Livres Saints ( . . . ) 2 5 6

L'expression même choisie et utilisée par Dalmais, « faire retentir la Parole de Dieu »,

permet de comprendre que l 'acte de proclamation lors de la liturgie poursuit le même

objectif que cet acte accompli en catéchèse puisque étymologiquement, le mot catéchèse

signifie « résonner, faire retentir ».

Comme nous le voyons depuis le début de ce chapitre, les raisons pour articuler catéchèse

et liturgie sont nombreuses et sont suffisantes pour nous inciter à poursuivre la recherche de

lieux d'articulation. Depuis les origines chrétiennes, les acteurs de la mission ont toujours

cherché à le faire, bien que le résultat auquel ils en sont arrivés ait varié au cours des âges.

Le catholicisme qui s'est implanté en Nouvelle-France au XVII e siècle a largement profité

du contexte religieux qui prévalait dans toute la vie sociale et de l ' importance de la

paroisse, ce qui a permis une articulation des toutes les composantes de la vie chrétienne de

façon presque automatique. Or, avec la sécularisation marquée du X X e siècle, on s'est

rendu compte que l 'école avait alors toute la charge catéchétique des enfants, ce qui a eu

comme conséquence d'isoler la catéchèse de la communauté y compris de la liturgie.

Catéchèse et liturgie semblaient être deux alliées dans la formation chrétienne à l 'école

(bien que le programme Viens vers le Père et les pratiques catéchétiques au lendemain du

Concile, que nous avons présentés au chapitre deuxième, viennent mettre des bémols sur

cette situation apparente). La catéchèse et la liturgie à l 'école demeuraient toutefois

coupées du terrain nourricier normal pour la vie chrétienne, c'est-à-dire celui de la

communauté chrétienne. Maintenant que les communautés chrétiennes ont pris en charge la

catéchèse des enfants, comment articuler à nouveaux frais catéchèse et liturgie? C'est la

question qui continue de nous titiller et à laquelle nous voudrions trouver des éléments de

réponse à l 'aide d 'une méthode de recherche empirique en sciences sociales. Le choix de la

théorisation ancrée n 'est pas fortuit au cadre de cette recherche. Dans la prochaine partie de

cette thèse, nous voudrions présenter cette méthode, les raisons qui nous ont motivé à la

choisir, de même que les résultats auxquels elle nous a permis d'arriver.

Deuxième partie

Méthode de recherche et analyse des données

La revue de la littérature montre que plusieurs se sont évertués à montrer la nécessaire

articulation dans la pratique entre catéchèse et liturgie. Malgré l 'abondante littérature qui

plaide pour un rapprochement entre l'action enseignante et l 'action célébrante de l 'Église,

les initiatives dans lesquelles des groupes se sont engagés sont isolées, parfois risquées.

Comment arriver à cette articulation sans que ces actions se dissolvent l 'une dans l 'autre? Il

ne faut pas faire disparaître ces composantes l 'une dans l 'autre. Sur la base des projets

élaborés et des expériences déjà tentées, nous croyons que la catéchèse et la liturgie ne

pourront garder la spécificité propre à chacune sans l 'introduction d 'un troisième terme.

C'est ce que nous voudrions montrer en guise d'introduction à cette deuxième partie.

La nécessité d'un troisième terme pour résoudre l'impasse

En cherchant à travailler tantôt sur le programme catéchétique pour lui donner une dose de

liturgie, tantôt sur la mise en œuvre de liturgies signifiantes, on est toujours dans l ' impasse

de deux composantes qui se chevauchent, mais qui arrivent difficilement à s'harmoniser. Le

rapport de dualité est difficile à surmonter, malgré la volonté de ses ministres respectifs de

faire alliance. Et pourtant, il en va de l 'authenticité de la vie chrétienne que d'arriver à

l 'unité de ces composantes. L'exigence est bien démontrée par ces propos de Alberich :

Il est urgent de recréer l 'unité, brisée au cours des siècles, entre des dimensions

complémentaires de l 'existence chrétienne. Les expériences unifiantes des

communautés apostoliques (Ac 2, 42-47) et du catéchuménat antique, modèle

capital de toute catéchèse, sont là pour démontrer la fécondité d 'une synthèse

vivante entre célébration, écoute, profession de foi et témoignage chrétien : ce ne

sont pas des moments séparés et presque indépendants les uns des autres, mais des

aspects complémentaires d 'une expérience un ique . 2 5 7

Pour pallier cette ghettoïsation des composantes de la vie chrétienne, une troisième

composante pourrait agir comme moyeu, comme une jonction entre catéchèse et liturgie

Déjà en 1979, Rouet plaidait pour un retournement de perspectives et la recherche d 'un

troisième terme afin de « refuser de voir la catéchèse et la liturgie comme deux entités face-258

à-face ». Ce troisième terme viendrait médiatiser les deux pôles de la catéchèse et de la

liturgie. En adoptant l ' image d 'un couple pour symboliser la catéchèse et la liturgie dans

leur quête d 'harmonie, on pourrait comparer ce troisième terme au médiateur qui cherche et

qui permet un rapprochement des parties en permettant à chacune de garder son identité.

Ce troisième terme nous fait entrer dans une approche systémique puisqu'il devient

impossible de voir les choses isolées les unes des autres, sans lien d'interdépendance. On

ne peut plus compartimenter les moyens et les approches utilisés pour une vie chrétienne

authentique : il faut nécessairement penser les choses autrement, c'est-à-dire comme dans

un système où l'action d 'une composante suscite une réaction de l 'autre.

Il est indispensable de penser système lorsqu'il s'agit de concevoir un projet en

catéchèse. Un système est un ensemble constitué de divers éléments interdépendants

et coordonnés. Ces divers éléments connaissent entre eux de multiples interactions.

(...) Concevoir un projet en catéchèse suppose donc que l'on soit attentif à tous les 259

éléments du système.

Les éléments du système qui nous concernent particulièrement dans le cadre de cette

recherche sont la liturgie et la catéchèse. La méthode de recherche retenue qui nous

apparaît la plus apte à faire émerger ce troisième terme à partir de la sensibilité théorique du

chercheur et de l 'expérience des personnes interviewées est celle de la théorisation ancrée.

Avant de présenter les résultats obtenus, nous voulons présenter notre méthode.

2 5 7 Emilio Alberich, La catéchèse dans l'Église, 251. 2 5 8 Albert Rouet, « Catéchèse et Liturgie : Radiographie d'un débat insuffisant, » 23. 2 5 9 Gilles Routhier, « Construire un projet en éducation de la foi des adultes, » dans L'éducation de la foi des adultes - L'expérience du Québec sous la direction de Gilles Routhier (Montréal : Médiaspaul, 1996), 339-340.

La méthode de recherche à la lumière du Voir-Juger-Agir

Le cheminement méthodologique de la présente recherche peut être compris à la lumière du

Voir-Juger-Agir, cher au mouvement de l 'Action catholique qui a marqué plusieurs

générations de chrétiens. La première étape, comme dans plusieurs méthodes scientifiques,

est celle du Voir, c'est-à-dire de l 'observation. Elle est primordiale puisqu'elle influence

toutes les étapes subséquentes. A cette étape, il s'agit d'aiguiser le regard pour observer les

pratiques qui ont cours : il faut identifier ceux qui initient ces pratiques, les destinataires, le

but poursuivi et les modalités utilisées. Dans le cadre de notre recherche, cette étape du

Voir peut être mise en parallèle avec l 'observation du phénomène étudié.

Comme dans tout processus qui se targue d'être scientifique, le regard posé se doit d'être

objectif. L'observateur doit rapporter l 'ensemble de ce qu' i l voit et entend, et ne pas filtrer

au départ en ne retenant que ce qui lui paraît être d 'un réel intérêt. D 'où la pertinence

d'adopter une méthode de recherche empirique éprouvée. Nous avons retenu la méthode de

la théorisation ancrée qui sera présentée dans le chapitre 5. Cette étape de l 'observation du

phénomène, à partir de la théorisation ancrée, devrait nous conduire à la formulation d 'une

théorie à la fin du sixième chapitre.

La dimension du Juger sera au cœur des chapitres suivants (sept et huit). Le Juger se fera à

partir des sciences humaines et sociales (on voit ici l 'apport du travail interdisciplinaire), de

la Tradition et de la Parole de Dieu. Cette étape vise à comprendre les éléments-clés

ressortis lors de l 'observation et fournir plus d'épaisseur à la théorisation. Afin de réussir

cet exercice, il est nécessaire de prendre une distance critique de la pratique observée. Cette

distance critique est la pierre de touche d 'une démarche scientifique.

Cette partie interprétative commence par la problématisation, c'est-à-dire par la mise en

contexte de la pratique observée dans son cadre ecclésial et social, pour saisir ses forces et

ses faiblesses. Pour atteindre un discours respectueux de l 'histoire de la pratique, un retour

aux sources s ' impose : il s'agira de remonter jusqu 'à la pratique pastorale de Jésus et des

premiers qui ont continué son oeuvre. L'interprétation pourra alors évaluer la pratique

proprement dite à partir de certains traits de la pastorale de Jésus, des premiers apôtres et

des Pères de l 'Église. Ici, la relation entre la pratique et la Révélation, la signifiance (le sens

que revêt pour les gens la pratique), l 'identité des acteurs, la relation collective et la

dimension éthique est essentielle. Ce retour aux sources permet aux pratiques pastorales de

pouvoir s'enraciner dans une histoire et se réclamer des pratiques chrétiennes.

Enfin, Y Agir est la troisième étape méthodologique. Il s'agit de l 'intervention à proprement

parler. Nous l 'aborderons dans le neuvième chapitre. C'est ici que l 'on trouve le but de

toute la démarche qui a précédé : trouver des actions pastorales adaptées à l 'époque et au

milieu. Il s'agit alors de trouver les moyens les mieux adaptés pour mettre en œuvre ce qui

a été décidé dans les étapes précédentes. On voit bien ici que l'intervention se situe à

l 'intérieur d 'une démarche systématique, et qu 'el le est loin d'être une improvisation de

pratiques sans égard au contexte temporel et spatial. Il reste ensuite l 'audace et le courage

nécessaires pour poursuivre ou instaurer cette pratique.

Chapitre 5 : La théorisation ancrée pour faire surgir l'expérience et repérer les lieux d'articulation

Afin de répondre à notre question, nous avons choisi la théorisation ancrée comme méthode

de recherche. Cette méthode a été retenue parmi cinq traditions éprouvées en recherche

qualitative : la biographie, la phénoménologie, l 'ethnographie, l 'étude de cas et la

théorisation ancrée. Cette méthode, la théorisation ancrée, est relativement récente dans le

monde des sciences sociales. Elle n ' a été formulée qu 'en 1967 par Strauss et G lase r . 2 6 0

Nous allons la présenter en posant ses fondements théoriques et épistémologiques. Dans un

deuxième temps, nous présenterons les principaux objectifs de la méthode tels qu'i ls ont été

préconisés par ses principaux tenants. La cohérence entre la présente recherche et la

théorisation ancrée sera démontrée avant de décrire les différentes étapes de la méthode et

leur opérationnalisation. La description des démarches effectuées depuis le départ jusqu 'à

ce jour permettra de suivre l 'évolution de la recherche pour mieux saisir son processus et

les lieux d'émergence des résultats.

Nous présenterons enfin les résultats obtenus à l 'aide de la méthode de théorisation ancrée.

Selon la visée de la méthode, les différents concepts devraient faire ressortir les avantages

et les désavantages du programme de catéchèse actuel. Ils suggéreront ainsi des

améliorations en pointant dans une direction contenue dans un concept intégrateur. C'est ce

concept intégrateur qui permettra l 'élaboration d 'une théorisation, présentée dans la

troisième partie du travail. Les résultats de la recherche condensés dans la théorisation

rendent possible la discussion théologique qui suivra à l 'aide des sciences humaines et

sociales, de la théologie et des Écritures. Avant d 'amorcer la discussion, nous présenterons

un courant théorique en théologie pratique qui sous-tend l 'ensemble de la discussion qui se

fera dans la troisième partie : la corrélation.

2 6 0 Le principal ouvrage qui présente la méthode est celui des concepteurs de la méthode : Glaser, Barney G. et Anselm L. Strauss, The discovery of grounded îheory: stratégies for qualitative research (Chicago: Aldine, 1967).

1. Présentation de la méthode

La théorisation ancrée tire son origine de la sociologie. L'École de Chicago a fortement

influencé la naissance de cette méthode de recherche, tout comme elle l 'a fait pour la

méthode d'observation sur le terrain initiée par l 'anthropologie. Mise à part cette influence

de la sociologie, il faut aussi mentionner d'autres courants théoriques qui ont marqué le

développement de la théorisation ancrée. D'abord, le pragmatisme américain, qui prône la

nécessité d'enraciner la théorie dans la réalité, a permis d'inscrire la théorisation ancrée

comme méthode de recherche en sciences sociales. La phénoménologie, selon laquelle le

monde social est constamment construit par les acteurs (au lieu d'être donné en soi comme

le postulent les positivistes), a encouragé la mise en retrait des a prions pour laisser le

phénomène se révéler par lui-même. Enfin Yinteractionnisme qui cherche à déterminer et à

interpréter les symboles qui coordonnent les actions a aussi influencé la méthode.

Dans les faits, la théorisation ancrée s'est développée en réaction à quelques phénomènes.

D'abord, la recherche qualitative avait perdu beaucoup de crédibilité au X X e siècle avec

l 'emphase mise sur les recherches quantitatives; les résultats des recherches quantitatives

étaient estimés plus positivement que les résultats des recherches qualitatives. Or, les

résultats des recherches quantitatives ne convenaient pas à tous les chercheurs puisqu'ils ne

parvenaient pas à démontrer toute la richesse d 'un phénomène. Des chercheurs en sciences

sociales et humaines déploraient aussi le fait que nombre d'études s'éloignent souvent du

terrain : les liens entre la théorie et les pratiques devenaient de plus en plus relâchés. Enfin,

la sociologie développait souvent ses théories à partir d 'a prioris. Cette façon de faire ne

convenait pas à nombre de sociologues qui préféraient plutôt l 'élaboration d 'une théorie

faite à partir d 'observations sur le terrain qui assurent un fondement expérientiel solide.

Pour palier ces lacunes, les sociologues Barney Glaser et Anselm Strauss ont pris soin, lors

d 'une recherche exhaustive qu' i ls ont menée au cours des années 1960 sur

l 'accompagnement des malades en soins palliatifs, de faire en sorte que la théorie élaborée

soit en lien direct avec la pratique observée. Ils ont par la suite dévoilé non seulement les

résultats de leur recherche, mais aussi la méthode qu' i ls ont utilisée, et qu ' i ls ont appelée

2 6 1 Glaser, Barney G. et Anselm L. Strauss, The discovery of grounded theory: stratégies for qualitative research.

peu de temps après Grounded theory. Plusieurs éléments de cette méthode étaient déjà

utilisés par d'autres chercheurs. Certains diront alors qu'i ls n 'ont rien inventé de nouveau et

qu'il y a peu d'originalité à leur méthode. Ils sont par contre les premiers à avoir rassemblé

tous les éléments pour présenter une méthodologie complète avec des règles analytiques

précises. A cause de cela, ils sont considérés comme les pères de la théorisation ancrée.

En 1967, Glaser et Strauss ont écrit le livre de référence en matière de théorisation ancrée,

The Discovery of Grounded Theory,261 Si on peut dire, sans risquer de se tromper, que ces

deux chercheurs étaient sur la même longueur d 'ondes au départ, on peut dire que leurs

points de vue respectifs se sont nuancés au cours des années et, qu 'aujourd'hui , ils

divergent d'opinions sur plusieurs aspects de la théorisation ancrée; l 'unanimité qui existait

entre Strauss et Glaser au départ s'est effritée. Alors que Strauss a toujours démontré une

certaine rigidité dans l'application de la méthode, Glaser fut de moins en moins prescriptif

en accordant plus de liberté et de flexibilité au chercheur. Ainsi, Glaser a limité récemment

la codification à deux étapes : la codification ouverte et la codification sélective. Dans le

cadre de la présente recherche, nous conservons la triple codification de Strauss, tout en

faisant preuve de créativité comme Glaser le souhaite.

1.1 Fondements philosophiques, théoriques et épistémologiques

Il existe des constantes philosophiques communes à toutes les traditions de recherche

qualitative. D'abord, toutes les méthodes (biographie, phénoménologie, ethnographie, étude

de cas et théorisation ancrée) appréhendent la réalité comme étant subjective et

conséquemment perçue de manière différente et diverse par les sujets. Au plan de

l 'épistémologie, le chercheur essaie de réduire au maximum la distance qu'i l peut y avoir

entre lui-même et son sujet de recherche. Ceci contraste avec plusieurs autres méthodes

(notamment les méthodes de recherches quantitatives) qui recommandent au chercheur de

se distancier de son sujet de recherche pour viser une plus grande objectivité.

Sur le plan axiologique, le chercheur reconnaît qu' i l possède lui-même des croyances et des

valeurs qui peuvent venir influencer l 'interprétation des résultats de la recherche; ceci ne

représente pas une limite dans la recherche puisque celle-ci prend en considération le sujet-

chercheur. Ce dernier doit par contre connaître ses croyances et ses valeurs afin qu'el les ne

deviennent pas des biais. Au plan de la rhétorique, c'est dans un rapport écrit que le

chercheur définit le phénomène observé. Enfin, au plan méthodologique, la théorisation

ancrée est inductive puisque le chercheur observe le phénomène dans son contexte; il tente

de développer un modèle à partir des observations faites sur le terrain. Bien que l 'induction

apporte avec elle la difficulté d'établir des liens de causalité, elle demeure un fondement de

toutes les méthodes de recherches qualitatives, donc de la théorisation ancrée.

1.2 Objectifs poursuivis par la méthode de théorisation ancrée

D'entrée de jeu, disons que la théorisation ancrée n 'a rien d 'une vérification d'hypothèse ou

d 'une description de phénomènes. La caractéristique principale de la théorisation ancrée est

de chercher à élaborer une théorie qui permette de comprendre un phénomène. Cette théorie

doit émaner du terrain d'observation et d'expérimentation. La tâche du chercheur est

essentielle : l 'interprétation qu' i l fait de ses observations (contenues dans le terrain

d'observation) fait advenir la théor ie . 2 6 2 L 'interprétation du chercheur vise à faire ressortir

les liens entre les divers concepts du phénomène étudié. La théorisation présente les

articulations entre les différentes dimensions du processus social de base (phénomène

observé et analysé) selon la terminologie de la méthode.

À travers la description des objectifs poursuivis par la théorisation ancrée, on voit se

profiler la phénoménologie qui a influencé la naissance de cette méthode de recherche.

Cette approche (qui nous vient de la philosophie à travers les écrits de Husserl, Heidegger,

La théorisation ancrée peut aussi être mise en parallèle avec la démarche épistémologique de Socrate qui disait que toute connaissance est déjà contenue dans un sujet; pour Socrate, le bon pédagogue est celui qui vient éveiller des connaissances qui sont déjà là. Voir la théorie déjà contenue dans un phénomène ou pour utiliser un vocabulaire de théorisation ancrée dans un processus social de base, c'est parler de la maïeutique de Socrate. Comme il comparait l'éducateur à une sage-femme dont le travail est de faire advenir au jour une vie déjà présente, contenue dans le sein maternel, le chercheur en théorisation ancrée est celui qui fait advenir une théorie déjà présente, contenue dans le terrain d'intervention.

Sartre et Merleau-Ponty) présente les concepts identifiés par l 'analyse comme la base

essentielle des expériences vécues. La théorisation ancrée travaille aussi avec des concepts.

Elle les identifie et les nomme à partir de l 'observation et de l 'analyse. Mais elle va plus

loin que la phénoménologie. En théorisation ancrée, ces concepts sont utilisés pour

l 'élaboration d 'une théorie qui cherche à démontrer les relations entre les différents

concepts identifiés et nommés d 'un phénomène.

2. Pertinence de la théorisation ancrée pour la présente recherche

Parmi les méthodes de recherche qualitative, la théorisation ancrée nous apparaît comme la

plus apte à réussir à dénouer l ' impasse que nous décelons dans l'articulation entre la

catéchèse et la liturgie dans l'initiation chrétienne des enfants. La revue de la littérature

nous a permis de voir qu'autant les théoriciens que ceux qui oeuvrent en catéchèse

reconnaissent l 'urgence d'articuler catéchèse et liturgie dans la pratique. Or, nous sommes

toujours à la recherche de lieux pouvant permettre une telle articulation. Puisque les

recherches qui se sont penchées sur une possible et nécessaire articulation de ces deux

aspects de la vie chrétienne sont encore embryonnaires, la théorisation ancrée, qui permet

une première interprétation d 'un phénomène, nous semble être la plus appropriée pour

mener à terme notre recherche. Ce que nous cherchons, c 'est un modèle théorique pour

aider les intervenants auprès des enfants (et éventuellement de toute la communauté), et

c'est précisément ce que la théorisation ancrée permet de trouver : un modèle permettant

une nouvelle pratique à partir de l'interprétation du sujet-chercheur.

Dans le cas qui nous intéresse, nous voulons mettre en valeur les liens possibles entre la

catéchèse et la liturgie dans la pratique pastorale du diocèse de Bathurst. Notre objectif est

en lien direct avec le but poursuivi par la théorisation ancrée : l 'émergence d 'une théorie

qui permet de formuler des propositions à partir des interrelations entre les catégories (qui

seront identifiées) et ainsi de proposer un modèle en précisant les conditions nécessaires et

suffisantes pour articuler la catéchèse et la liturgie. Voilà pourquoi la théorisation ancrée

nous apparaît comme étant la méthode nous permettant de répondre à notre question.

S'il y a des raisons pour choisir la théorisation ancrée, il y en a aussi pour ne pas choisir les

autres méthodes de recherche. Celles-ci ne conviennent pas. D'abord, il n 'y a pas de

modèles satisfaisants en Acadie (et les données sont trop fragmentaires à ce moment pour

en proposer un) qui nous permettent de tester un modèle. Deuxièmement, nous ne sommes

pas en mesure de procéder à une vérification d'hypothèse puisqu'il n 'y en a pas pour notre

contexte où la recherche ne fait que commencer dans ce domaine. Une simple description

du phénomène ne nous fournirait pas ce que nous cherchons. . . tout au plus, nous aurions

dans ce cas une assise solide pour démontrer l ' importance de trouver une articulation entre

ces deux pôles constitutifs de l 'expérience chrétienne. Ce n 'est donc pas un test de modèle

que nous voulons faire, ni une vérification d'hypothèse. La description d 'un phénomène ne

serait pas plus pertinente à ce stade-ci puisque notre travail ne vise pas qu 'à décrire, mais

aussi à interpréter afin de pouvoir faire des propositions.

La théorisation sera le résultat des commentaires de plusieurs intervenants interviewés et de

l 'expérience du chercheur. De nombreuses personnes soucieuses de la catéchèse ont

quelque chose à dire sur ce sujet. Puisqu'il y a plusieurs personnes impliquées directement

dans ce projet de catéchèse et que nous voudrions que chacune d'elles puisse s'exprimer, il

nous apparaît opportun de laisser la parole à plusieurs. C'est une des raisons qui nous

incitent à choisir la méthode de la théorisation ancrée (au lieu de la méthode biographique,

par exemple, qui s 'appuie sur le vécu d 'une seule personne).

La créativité donne une latitude pour que la théorie, en plus d'être en lien direct avec le

terrain dont elle a émané, bénéficie des intuitions du chercheur dans l'interprétation des

données. Il y a ici un paradoxe intéressant à tenir : créativité du chercheur et fidélité aux

données recueillies. Cette méthode de recherche qui renferme à la fois une série de règles

rigoureuses et une latitude laissée à la créativité du chercheur ouvre plusieurs avenues

intéressantes pour traiter de l'articulation entre la catéchèse et la liturgie. Fidèle aux

fondements de la méthode et à ses principes, il reste à faire émerger la théorie à partir de

l'interprétation des résultats du terrain par le chercheur.

3. Les étapes de la recherche en théorisation ancrée

Si la caractéristique principale de la théorisation ancrée est la formulation d 'une théorie qui

a comme fondement le terrain d'observation, comment en arrive-t-on à cette théorie?

Quelles sont les principales étapes du cheminement? Il y a un processus détaillé et

rigoureux pour l 'analyse des données qualitatives recueillies sur le terrain. Or, le chercheur

n ' a pas que les observations et l 'analyse des données recueillies sur le terrain pour sa

théorisation. Il doit aussi se fier sur son expérience et ne doit pas étouffer le foisonnement

intuitif que lui inspirent ses observations et son analyse. La sensibilité théorique du

chercheur est mise à contribution tout au long du processus pour nommer les concepts et les

catégories. Le chercheur fait appel « aussi bien à sa propre expérience et ses connaissances

générales qu 'à la littérature scientifique existante, dans son champ aussi bien que dans

d'autres champs » . 2 6 3 La mise en valeur de la créativité du chercheur à l 'intérieur de son

terrain d'intervention ne doit pas éclipser la rigueur des étapes de la démarche. Ce sont ces

étapes, à la base du processus menant à la théorisation, que nous présentons ci-bas.

3.1 Collecte des données

La collecte des données se fait principalement à partir de deux méthodes éprouvées :

l 'observation sur le terrain et l 'entrevue. Le chercheur peut choisir d 'autres approches

méthodologiques, mais la recension des méthodes de collecte des données en théorisation

ancrée pointe plutôt vers l 'observation sur le terrain et l 'entrevue. L'observation sur le

terrain rend le chercheur sensible aux manifestations du phénomène là où il se trouve; le

terrain ne lui est pas étranger puisque c'est souvent le sien, là où il vit et travaille. Le

chercheur doit alors s'habiliter à percevoir les lieux communs et les variations du

phénomène et à les noter sous forme de mémos.

' Anne Laperrière, «La théorisation ancrée (grounded theory) : démarche analytique et comparaison avec d'autres approches apparentées, » dans La recherche qualitative : Enjeux épistémologiques et méthodologiques, Poupart et collab. (Boucherville : Gaétan Morin éditeur ltée, 1997), 318.

Anne Laperrière, «La théorisation ancrée (grounded theory) : démarche analytique et comparaison avec d'autres approches apparentées, » 311.

Dans le cas des entrevues, plusieurs personnes sont rencontrées et questionnées sur une

expérience qui leur est commune. La théorisation ancrée conserve le principe de départ de

la phénoménologie « qui consiste à mettre entre parenthèses les notions préexistantes

relatives à un phénomène pour le laisser parler de lui-même. » 2 6 4 La découverte de la

théorie se fait à partir d'observations et de contacts avec des personnes qui vivent le

phénomène. Les contacts avec des personnes peuvent prendre diverses formes : entrevues

individuelles ou en petits groupes, validation de l'information par les sujets, etc.

3.2 Échantillonnage

Les personnes rencontrées (qui forment alors l 'échantillon) sont choisies par le chercheur

parce que ce dernier a l 'intuition que l 'expérience des personnes interviewées fera émerger

une théorie. Le choix des personnes est loin d'être aléatoire comme cela se fait dans des

recherches quantitatives qui visent la généralisation des résultats à une plus grande

population. L'échantillon des personnes choisies pourra aider le chercheur à faire ressortir

les concepts et ainsi, faire émerger une théorie. On parle d 'un échantillonnage théorique

qui permet d'aller chercher les données les plus aptes pour la théorisation.

Tout comme nous le verrons dans l 'analyse des données, plusieurs échantillonnages

peuvent s'avérer nécessaires. Si cela est le cas, la poursuite de l 'échantillonnage se fait

toujours en précisant l 'échantillon de départ à la lumière des données déjà recueillies et

analysées. La maximisation des différences entre les personnes rencontrées favorise la

découverte d 'un large éventail de manifestation, tandis que la minimisation des différences

permet de quadriller un univers complexe. L'échantillonnage se poursuit jusqu 'au moment

où aucune donnée supplémentaire ne réussit à apporter quelque chose de nouveau. La

saturation théorique est alors atteinte, et elle s 'avère être une caractéristique de la méthode

de la théorisation ancrée.

3.3 Analyse des données

La cueillette des données fait place en premier lieu à un premier survol des informations

recueillies : on cherche à trouver les mots récurrents et à réduire l 'information. Puisque la

recherche part du terrain, le chercheur doit conceptualiser les aspects du monde qu' i l

étudie. Le chercheur doit passer toute l'information recueillie au tamis. Ainsi, le passage se

fait des incidents (Verbatim des entrevues) aux concepts. Ensuite, les concepts sont codés

dans diverses catégories mises en relation les unes par rapport aux autres en les comparant

constamment. Cette comparaison permet l'interprétation nécessaire pour faire advenir la

théorisation ancrée que nous visons.

Lorsque nous travaillons avec la théorisation ancrée, l 'analyse des données commence dès

le moment de la collecte des données. Il y a un constant va-et-vient entre la cueillette

d'information et l 'analyse des données; cette technique permet d'agir en spirale. Les cercles

sont alors nombreux : cueillette de données, organisation des données, premier survol des

données, classification et interprétation, formation d'un cadre théorique et explicatif, etc.

Le chercheur passe de la lecture de données jusqu'à l'interprétation sans discontinuité, mais

dans un processus en spirale. Au moment même où les données sont recueillies, le

chercheur cherche déjà à trouver des constantes ou à faire des liens qui auront à être

démontrés ultérieurement. Malgré cette comparaison constante, il existe un temps

spécifiquement identifié pour l 'analyse des données qui est régie avec rigueur.

Ce système d'analyse repose sur la codification. La première codification, appelée

codification ouverte, permet de développer diverses catégories à partir d 'une lecture

attentive des données recueillies sur le terrain. La deuxième codification, appelée

codification axiale, permet de mettre en relation les catégories et d'établir des comparaisons

entre elles. Enfin, la codification sélective permet d'intégrer l 'ensemble des catégories

autour d 'une catégorie-centrale. Même si cette méthode s'appuie principalement sur des

données sur le terrain, il peut y avoir d'autres données (textes fondateurs, mémos de

l 'observation sur le terrain, etc.) qui entrent en jeu et qui s'avèrent nécessaires pour la

théorisation.

3.4 Codification ouverte

Lors de la première étape de l 'analyse, le chercheur procède à la codification ouverte : il

fragmente les données en unité de signification afin de réduire l 'information. Le Verbatim

des entrevues est alors divisé en autant d'unités de signification qu'il y a d' idées. Par la

suite, le chercheur passe des unités de signification aux incidents. On atteint alors l'objectif

de la codification ouverte : l'identification des incidents. Ces incidents permettront le

passage aux concepts (en deuxième codification) qui ont pour fonction de synthétiser

davantage les incidents répertoriés.

3.5 Codification axiale

La codification axiale, qui suit nécessairement la codification ouverte, vise à ficeler

ensemble les incidents identifiés. Pour ce faire, elle nous fait passer des incidents aux

concepts. Le concept a comme propriété de condenser divers incidents qui se ressemblent et

qui s'apparentent entre eux. Cette étape permet déjà de faire des liens entre les concepts.

Les liens sont faits en tenant compte du contexte, de l 'environnement, des conditions

nécessaires pour l 'apparition d 'un phénomène et des conséquences du phénomène. On

devine facilement ici que la comparaison ne se fait plus entre les incidents, mais bien entre

les concepts. Cette série de comparaison entre les divers concepts permet l 'élaboration d'un

premier cadre analytique permettant la compréhension du phénomène. Ce concept de

comparaison entre les concepts est au cœur de la démarche et est appelé « méthode de

comparaison constante ».

3.6 Codification sélective

La codification sélective amène à préciser davantage les concepts. Ils sont alors regroupés

en catégorie conceptuelle. Seuls les concepts permettant l 'élaboration d 'une théorie sont

retenus. Selon les auteurs, cinq à six catégories conceptuelles apparaît être l 'idéal. Chaque

catégorie est nommée par le chercheur. L'identification finale d 'une catégorie se fait à

l 'aide du concept de saturation qui permet de croire que même des données nouvelles

n'apporteront rien de neuf à la catégorie en question. A ce niveau, il y a une comparaison

constante qui s'effectue entre les catégories pour favoriser le développement constant de

catégories avec des concepts saturés. Le chercheur doit inférer les traits saillants de

Y interacîionnisme symbolique des catégories conceptuelles entre elles. Ce processus

constant d'interprétation permet de définir avec précision les propriétés et les dimensions

des catégories répertoriées.

Le deuxième travail d'analyse en codification sélective consiste à trouver les propriétés (qui

sont en fait les différentes perspectives d 'une seule et même catégorie) des catégories

conceptuelles. C'est Strauss qui a insisté sur les propriétés qui s'obtiennent en posant les

questions Où? Quand? Comment? Qui? Pourquoi? Les propriétés peuvent être mises

ensuite sur un continuum pour en trouver les dimensions. Les propriétés et les dimensions

aident à préciser chaque catégorie et à voir les liens entre elles. Si on peut dire que les

catégories conceptuelles sont les éléments distincts de la théorie, les propriétés et leurs

dimensions sont quant à elles les éléments précisant une catégorie. Tout ce processus vise

en fait à réduire les données et à approfondir chacune des catégories retenues.

Il arrive que des catégories qui avaient été nommées lors d 'une première analyse viennent à

disparaître au cours du processus. Ou encore, il arrive que deux catégories soient jumelées

pour en faire une seule ou encore que l 'on divise une catégorie en deux. C'est l 'analyse des

données qui dicte cette évolution, de même que la nécessité d 'avoir des données

supplémentaires recueillies sur le terrain. Ainsi, on passe de catégories provisoires à des

catégories substantives pour aboutir à des catégories théoriques. Le vocabulaire récent parle

plutôt de catégories in vivo ou substantives au départ (catégories en lien direct avec le

terrain), alors que la catégorie théorique vient plus tard dans l 'analyse et emprunte souvent

des termes à la discipline dans laquelle s'effectue la recherche.

La codification sélective permet enfin l'interprétation des résultats. Elle vise la construction

d 'une théorie qui met en relation les diverses catégories entre elles. Cette intégration se fait

par rapport à un phénomène central (il s'agit en fait d 'une catégorie qui ressort de

l 'analyse) qui est choisi et identifié par le chercheur. Cette catégorie centrale peut être

proposée par le chercheur à partir de sa sensibilité théorique et à partir de l 'analyse des

données. La construction de la théorie autour de cette catégorie centrale permet ensuite de

faire une matrice conditionnelle qui est une proposition théorique des conditions et des

conséquences reliées au phénomène central.

3 . 7 Écriture de la théorie

L'écriture ne se fait pas qu 'en fin de parcours. C'est par souci de clarté que nous présentons

cet aspect en toute fin. Depuis le début de la recherche, le chercheur note ses observations

en marge de ce qui est analysé et recueilli. Cette technique des mémos est utilisée dès la

codification ouverte. Le fait d'écrire les intuitions et les observations tout au long du

processus aide au développement de la théorie. La représentation du modèle dans un cadre

analogique est la présentation de la théorie qui a été élaborée tout au long du processus de

comparaison constante. Ce système de codification des données recueillies sur le terrain,

conjugué avec la sensibilité théorique du chercheur, permet l'écriture d 'une théorie qui

s'avère être le but et l 'étape finale de la théorisation ancrée.

Glaser et Strauss parlaient au départ d 'une théorie substantive comme étape ultime de la

théorisation ancrée. Cette théorie avait comme objectif l 'explication d 'un phénomène bien

circonscrit. L'évolution de la méthode a amené les auteurs à parler d 'une théorie formelle

comme étape ultime. Celle-ci va plus loin puisqu'elle établit des comparaisons entre

différents groupes (ou différentes personnes) ce qui produit des résultats de nature à être

généralisés. Locke affirme qu 'une théorie formelle peut généraliser ses résultats à cause de

l 'universalité des concepts et des catégories obtenues grâce à la comparaison de plusieurs

groupes (ou personnes). Nous avons pourtant déjà mentionné la difficulté de généraliser les

conclusions d 'une théorisation ancrée à cause de ses liens si forts avec le terrain dont elle a

émané. Si les concepts ont été bien élaborés et que des comparaisons entre différents

groupes sont possibles, il est possible de généraliser les résultats avec les restrictions que

cela suppose et les risques inhérents à une telle démarche.

3.8 Considérations éthiques

La théorisation ancrée repose sur l 'observation du terrain et l 'entrevue. Puisque des

personnes sont rencontrées lors de la recherche, il y a des considérations éthiques qui sont

en jeu, comme lors de toute recherche avec des sujets humains. Afin de respecter les

considérations éthiques, le projet (ses objectifs et ses buts, sa démarche, l 'analyse des

données, etc.) doit être présenté par écrit aux participants. Suite à cette présentation, les

participants sont libres de participer ou non à l 'étude.

La confidentialité des échanges doit être assurée aux participants, de même que la

possibilité d 'avoir connaissance des résultats de la recherche au terme de celle-ci. Comme

dans toute recherche qui implique des sujets humains, une aide appropriée doit être offerte

si les participants sentaient le besoin d'un debriefing suite à la collecte des données. Une

tierce personne doit être identifiée au préalable. Cette personne doit avoir des aptitudes

pour aider les participants qui en auraient besoin pour régler certains malaises suscités par

la recherche. Elle doit être neutre et susciter la confiance des participants.

4. Opérationnalisation de la recherche

Ces étapes de la théorisation ancrée, nous avons dû les appliquer rigoureusement à notre

recherche afin de répondre à notre question de départ. Cette période intensive de cueillette

des données et d'analyse a duré un peu plus d 'un an (soit de janvier 2006 à mai 2007).

Nous allons reprendre dans cette partie les différentes étapes de la méthode, appliquées à

notre propre cadre de recherche.

Avant que la collecte des données commence, des étapes préalables se sont imposées.

Puisqu'il y avait des personnes à interviewer dans le cadre de la recherche, il y avait des

considérations éthiques à respecter. Après avoir vérifié les risques et les inconvénients pour

les participants de la recherche, un protocole de recherche a été soumis au Comité

d 'Éthique de la Recherche à l 'Université Laval (CÉRUL). Ce protocole ayant démontré que

la recherche correspondait aux exigences de l 'Université Laval en matière d'éthique avec

des sujets humains, l 'autorisation de commencer la recherche fut accordée le 1 e r mai 2006

(n° d'approbation accordée par le CÉRUL : 2006-047).

En théorisation ancrée, l 'entrevue vise à recueillir des informations susceptibles de faire

émerger la théorie. Des questions ouvertes sont alors privilégiées afin de laisser surgir

l 'expérience des gens. Un questionnaire a été préparé pour servir de guide pendant la durée

de l 'entrevue. Chaque question visait à fournir des éléments en lien avec un objectif

déterminé à l 'avance par le chercheur. Les objectifs ont été choisis à cause de leur capacité

de mettre au jour des concepts pouvant aider à la théorisation. Ils ont aussi été choisis suite

aux lectures et aux observations sur le terrain du chercheur en regard de la question de

recherche. Les questions étaient suffisamment larges et ouvertes pour permettre une variété

de réponses et extraire le plus d'informations possibles (les objectifs et les questions se

retrouvent en annexe B). L'interviewer pouvait demander des précisions au besoin.

4.1 Recrutement des participants

Le choix de l'échantillon a été fait en fonction de sa pertinence par rapport à la question de

recherche. Le chercheur voulait rencontrer environ sept personnes impliquées dans le

programme de catéchèse pour les enfants dans l 'unité pastorale Saint-Jean-Eudes de

Caraquet au Nouveau-Brunswick. Déjà, au sein de cette unité pastorale, des efforts sont

faits pour que la catéchèse et la liturgie ne soient pas vécues en parallèle par les enfants,

mais plutôt intégrées. Nous avons fait le pari que les personnes interviewées pourraient

partir de leur expérience pour répondre à certaines des questions de l 'entrevue.

Les entrevues pouvaient se faire individuellement ou en groupe selon la méthodologie de la

théorisation ancrée. Nous avons privilégié des entrevues en petits groupes pour plusieurs

raisons. Les personnes impliquées en catéchèse avec les enfants sont souvent des parents

qui éprouvent parfois des difficultés à parler librement de leur foi et à s'extérioriser. Nous

pensons que ces personnes ont pu mieux exprimer leur pensée en petits groupes. De plus,

4.2 Caractéristiques des participants

Les participants à la recherche étaient tous des catéchètes oeuvrant à l 'intérieur de l 'unité

pastorale Saint-Jean-Eudes de Caraquet dans le diocèse de Bathurst. Les principaux critères

d'inclusion étaient la connaissance des programmes de catéchèse pour les enfants du

diocèse de Bathurst, la participation de ces personnes à l'effort catéchétique de la paroisse

et une participation à la vie liturgique de la paroisse. Il y a d'autres éléments que nous

avons cherché à éviter chez les participants. Ces facteurs d'exclusion sont l 'absence de

liens avec l 'assemblée chrétienne dominicale et le manque de connaissances des

programmes catéchétiques.

puisque le chercheur était aussi le pasteur des communautés dans lesquelles s'est effectué

l 'étude, il y avait un risque que cette situation crée une barrière entre l ' interviewer et les

participants à l 'étude. Des petits groupes devraient permettre de faire tomber cette barrière.

Des rencontres individuelles étaient prévues au besoin pour poursuivre une discussion

commencée en grand groupe.

Afin de recruter les participants, le chercheur a demandé à une tierce personne de faire le

premier contact. Ceci avait pour but d'éviter l'effet de désirabilité sociale de la part des

participants, c'est-à-dire d'acquiescer positivement à une demande faite par une personne

qui représente l 'autorité, en l 'occurrence dans ce cas, le curé de la paroisse. C'est la

coordonnatrice de la catéchèse familiale et paroissiale qui a donc invité par téléphone les

participants. En leur présentant brièvement les objectifs de la recherche, elle les a invités à

une rencontre la semaine suivante. Le fait de participer à cette rencontre n'engageait pas les

personnes à participer à la recherche. La rencontre avait pour but de les informer de la

recherche et de répondre à leurs questions afin de leur permettre de prendre une décision.

Les participants qui acceptaient de participer à la recherche étaient invités à rester sur place

pour répondre aux questions du chercheur.

Les participants qui ont accepté de participer à la recherche sont au nombre de six (parmi

les personnes invitées à participer, personne n 'a refusé). Les caractéristiques principales des

participants sont les suivantes. Il y a deux hommes et quatre femmes. Ce ratio est

proportionnel au nombre de femmes et d 'hommes impliqués dans le programme de

catéchèse. Sur ce nombre, trois ont des enfants inscrits au programme de catéchèse. Deux

participants ont des petits-enfants qui y participent. Quant au statut marital, une seule

personne est célibataire. Cette diversité des états de vie est aussi représentative des gens

impliqués comme catéchètes. Trois personnes ont des responsabilités dans la vie liturgique

de la paroisse, alors que l 'une d'entre elles est engagée dans un programme de formation

continue pour les adultes.

Ce sont d 'abord des personnes qui sont catéchètes : elles connaissent bien le programme

actuel de catéchèse puisqu'elles l 'ont expérimenté avec des groupes d'enfants pendant

plusieurs années. Les personnes rencontrées sont catéchètes depuis plusieurs années (entre

4 et 10 ans d'engagement). Une personne est aussi familière avec le programme

catéchétique qui était donné à l 'école puisqu'elle assumait à l 'époque un poste de direction

scolaire. Plusieurs des participants à l 'étude ont accompagné des jeunes à différents

niveaux du parcours, ce qui leur donne une connaissance globale du programme. Trois

participants sont surtout engagés auprès des parents en étant catéchètes auprès d 'eux. A

cause de leur expérience, les personnes interviewées ont pu partir de leurs pratiques.

Ces catéchètes qui forment l 'échantillon de départ fréquentent l 'assemblée chrétienne

dominicale et souhaitent une participation active de toute la communauté lors de

l 'assemblée liturgique. Enfin, ces catéchètes ont vécu plusieurs activités parallèles

(liturgiques ou catéchétiques) au programme de catéchèse du diocèse de Bathurst. Ces

activités, initiées par les responsables de la catéchèse au sein de l 'unité pastorale, visaient à

pallier les lacunes du programme. Afin de respecter l 'anonymat des personnes qui ont

accepté de participer à l 'entrevue, chaque sujet a été identifié par une lettre dans le Verbatim

et l 'analyse des données qui se trouve en annexe D.

4.3 Cueillette des données

Les personnes ont été rencontrées le 4 juillet 2006 à 19h30 dans les locaux de la catéchèse

de l 'église Saint-Pierre-aux-Liens de Caraquet. Après avoir remercié les personnes pour

leur présence, le chercheur leur a présenté la recherche à partir de la description qui en est

faite sur le formulaire de consentement éclairé (voir Annexe A). Le chercheur a insisté sur

la liberté de participer ou non à la recherche : il a voulu montrer aux participants qu 'un

refus de leur part n'entraînerait aucun préjudice sur les services qu' i ls recevaient à la

paroisse. Suite à cette présentation, les personnes ont signé le formulaire de consentement

éclairé, de même que le chercheur. Les six personnes invitées à cette session ont accepté de

participer à l 'étude.

L'enregistrement des entrevues a été fait afin de pouvoir retenir le plus d'informations

possibles. Les participants n'avaient pas d'objection à cette forme de collecte de données.

L'interviewer a alors posé la première question et a invité les participants à prendre la

parole au moment où ils le voulaient en s'identifiant au préalable à chaque fois afin de

faciliter la transcription des données. Lorsque chacun a pu s'exprimer sur la première

question et qu 'aucune donnée nouvelle ne surgissait, le chercheur a introduit la seconde

question, et ainsi de suite pour l 'ensemble des questions.

Aux questions ouvertes qui ont été posées, le chercheur n ' a pas eu à intervenir davantage

pour poser des sous-questions, si ce n 'est que de demander certaines précisions pour

clarifier certains propos et permettre à chacun de s'exprimer. Tout en cherchant à laisser la

parole à chacun, le chercheur est intervenu le moins possible pour ne pas induire de biais à

la recherche en proposant une orientation à la discussion. Cette entrevue a duré près d 'une

heure (présentation de la recherche et discussion).

Les entrevues des six participants à la présente recherche ont été analysées selon les

principes qui régissent la théorisation ancrée afin d'extraire le plus de significations

possibles. L'analyse a permis de recueillir 240 unités de signification. Ces unités de

signification ont été traduites en incidents lors de la codification ouverte; à cette étape,

chaque case d'un tableau correspond à une unité de signification dans la colonne de gauche

et à un incident dans la colonne de droite (voir l 'annexe C). Cette conversion des unités de

signification en incidents a permis une meilleure comparaison des incidents entre eux et

une classification de ceux-ci lors de la codification axiale.

Ainsi, lors de la codification axiale, les incidents ont été regroupés autour d 'un concept. A

cause de la densité significative de certains incidents, il arrive que certains incidents

caractérisent plus d 'un concept. Afin de faciliter la dernière codification, soit la codification

sélective, les codifications axiales des cinq questions de l 'entrevue ont été combinées et se

retrouvent dans la dernière section de l 'annexe C. Au total, 26 concepts se dégagent de

l 'analyse de l 'ensemble des données. A partir de ces concepts, cinq catégories

conceptuelles ont été retenues. Ici encore, il arrive qu 'un concept caractérise plus d 'une

catégorie; ceci révèle la richesse de chaque catégorie.

Toute cette analyse a été faite au cours de l 'automne et de l 'hiver 2007. Le 15 avril 2007,

d'autres catéchètes (4) ont été sélectionnés et rencontrés avec la même procédure décrite ci-

haut. Ces entrevues n 'ont pas été retenues puisque l 'écoute de ces entrevues et une

première analyse a permis de saisir qu 'aucune donnée nouvelle ne se trouvait dans ces

entrevues. La saturation théorique qui détermine l'arrêt de l 'analyse avait été atteinte suite à

l 'analyse des six premières entrevues.

4.4 Observations sur le terrain

La théorisation ancrée repose sur l 'analyse des données codifiées, mais aussi sur les

données recueillies à partir de l'insertion du chercheur sur son terrain d'intervention. La

précision des données et de l 'analyse est garante de la qualité de la recherche. Pour ce faire,

des éléments d 'ordre méthodologiques sont incontournables. En plus de l 'analyse des

entrevues, une observation des pratiques catéchétiques du diocèse de Bathurst doit être faite

à partir des documents préparés et utilisés, mais aussi à partir de la façon dont ce contenu

est présenté aux enfants. Cette étape d'observation s'avère essentielle.

Pour que cette observation du terrain soit exempte de biais de la part de l 'observateur et de

variables parasites pouvant fausser les conclusions, le recours à de tierces personnes peut

être nécessaire. Le chercheur, avec l 'aide des coordonnatrices paroissiales de la catéchèse, a

distingué les différences entre le programme catéchétique habituel et celui qui est amorcé

depuis septembre 2005 à l'intérieur de l 'unité pastorale. Les nouveaux moyens introduits

visent une plus grande participation des enfants au rassemblement dominical via la

catéchèse. Puisque ces observations du terrain trament aussi la théorisation ancrée, il

convient de les présenter ici.

L'expérience pastorale du chercheur et celle des coordonnatrices a permis d'approfondir les

programmes actuels de catéchèse afin de voir les éléments desdits programmes qui

pouvaient être davantage en lien avec la vie paroissiale. Ainsi, par exemple, au lieu de

remettre aux enfants du quatrième niveau de catéchèse le Nouveau Testament lors d 'une

session de catéchèse, nous le remettons au cours d 'une liturgie paroissiale en présence des

parents, des catéchètes et de toute l 'assemblée chrétienne. De plus, depuis le mois de

septembre 2005, une nouvelle expérience a été faite avec les enfants inscrits à la catéchèse

dans la paroisse Saint-Pierre-aux-Liens de Caraquet : les enfants vivent leur session de

catéchèse simultanément avec l 'assemblée chrétienne dominicale.

Ainsi, au lieu de convoquer les enfants et les parents le samedi matin de dix heures à onze

heures pour la catéchèse, nous les invitions à l 'assemblée dominicale qui a lieu à dix

heures. Lorsque le contenu d 'une catéchèse est en lien avec la Parole proclamée, l 'homélie

devient la catéchèse. Parfois, si la liturgie de la grande assemblée ne permet pas

l'intégration de la catéchèse dans le cadre de celle-ci, les enfants sont convoqués pour la

catéchèse qui commence à neuf heures et demie (bien que la célébration eucharistique

dominicale ne commence qu 'à dix heures).

La première heure de la rencontre permet de vivre l 'heure de catéchèse habituelle qui est

centrée sur la Parole de Dieu. Ensuite, les enfants se joignent à l 'assemblée eucharistique

dominicale. La messe commençant à dix heures, ils arrivaient au moment de l'offertoire.

Après la communion, ils présentent brièvement ce qu' i ls avaient appris et une dernière

prière avec l 'assemblée dominicale termine la rencontre.

Ces expériences furent positives pour les enfants, les catéchètes et les parents, de même que

pour l 'assemblée chrétienne dans son ensemble qui ne craignait pas de se faire déranger par

les enfants, conscients que ces derniers permettront à l 'Église de durer dans le milieu. Les

parents ont aussi été heureux du déplacement de la catéchèse du samedi au dimanche matin.

Avec les horaires chargés des familles durant la fin de semaine, les parents disent que cette

formule leur permet plus facilement d'intégrer la messe dans leur horaire et ainsi, de

participer à l 'eucharistie dominicale. Lorsque la session de catéchèse avait lieu le samedi

matin, le dimanche matin représentait souvent l 'unique moment de la semaine pour d'autres

activités familiales que des activités religieuses.

Cette expérience de catéchèse le dimanche matin a aussi aidé au recrutement des

catéchètes : eux aussi ont des horaires chargés et hésitent à s'engager. La catéchèse le

dimanche matin a favorisé le recrutement de ces gens qui tiennent au rassemblement

dominical et qui ont le souci de la catéchèse. On voit donc les effets bénéfiques de la

catéchèse du dimanche matin (en lien avec l 'assemblée) pour le recrutement des catéchètes,

pour l 'organisation des horaires des parents, pour témoigner de la catholicité de

l 'assemblée et pour l'initiation chrétienne des enfants. Nous reviendrons sur cette

expérience qui est devenue un pivot intéressant dans le cadre de cette recherche.

La présentation d 'une autre expérience est pertinente à cause de l 'évaluation positive de

cette catéchèse par les enfants et les parents. Dans le cadre de la préparation au sacrement

de la confirmation, un camp de formation a été proposé aux confirmands au lieu des trois

moments habituels de catéchèse. Ainsi, lors d 'une fin de semaine complète d'activités, les

trois catéchèses proposées comme préparation à la confirmation étaient intégrées à

l 'intérieur d 'un programme faisant appel à la participation active des enfants. Des jeunes

adolescents aidaient les catéchètes pour l 'animation des groupes. Ces adolescents étaient

aussi responsables de l 'ensemble des activités ludiques : ils ont vu à la préparation d 'un

rallye sur les dons de l 'Esprit, à la mise en œuvre d 'une activité brise-glace et à

l'identification de chacun des groupes par un nom et un cri de ralliement.

La liturgie était aussi intégrée à cette démarche catéchétique. Le samedi les enfants ont

participé à une célébration communautaire du pardon : ils étaient invités à rencontrer un

prêtre pour vivre le sacrement du pardon. Le dimanche matin, les jeunes ont rejoint

l 'assemblée chrétienne dominicale. Ils avaient eux-mêmes préparé l 'animation de cette

célébration lors de la journée précédente. Pendant la célébration, ils ont été présentés à la

communauté qui a été invitée à prier pour eux. Enfin, suite à l 'eucharistie, les confirmands

avec leurs familles, leurs parrains et marraines étaient invités à un repas-partage. Pendant

ce repas, un temps de catéchèse a eu lieu pour aider à faire saisir le rôle de chaque

intervenant lors de la célébration de la confirmation (les confirmés eux-mêmes, les

parrains-marraines, l 'évêque, l 'assemblée chrétienne).

Ce camp des confirmés a permis de susciter un nouvel intérêt pour la catéchèse auprès de

ces enfants. Ils trouvaient les activités intéressantes et signifiantes. Il s'agissait des mêmes

catéchèses, mais présentées dans un cadre différent. Les enfants ne se reconnaissaient pas

dans un milieu scolaire, mais dans un lieu forcément différent, ce qui les a amenés à se

situer différemment en face de la catéchèse. Ce camp des confirmés a révélé aux catéchètes

à quel point les moyens utilisés peuvent avoir une influence sur le contenu qui est présenté.

La présence des adolescents qui étaient de véritables témoins de la foi pour les enfants a été

importante pour eux; à cet âge, l 'influence des pairs (surtout ceux qui sont plus âgés) est

déterminante pour la crédibilité accordée à une activité. L'expérience du dimanche matin

pendant laquelle l 'assemblée liturgique a accueilli les jeunes confirmés a aussi été

signifiante autant pour les enfants que pour les autres membres de l 'assemblée. Enfin, le

fait de permettre aux confirmands de se retrouver avec leurs familles et leurs parrains-

marraines pour un repas et un moment de catéchèse suite à l 'eucharistie a permis à

plusieurs de vivre une expérience du « vivre ensemble » chrétien.

Il y a d'autres expériences qui pourraient être évoquées. Elles se retrouvent en filigrane de

la théorisation ancrée. Celles-ci apparaissaient suffisamment évocatrices pour mettre en

lumière les liens entre la catéchèse et la liturgie. Le partage de ces expériences avec des

catéchètes oeuvrant dans d'autres unités pastorales suscitait l 'envie de ceux-ci de pouvoir

vivre de telles expériences. Ceci montre encore une fois le désir de plusieurs d'articuler la

catéchèse et la liturgie dans l'initiation chrétienne des enfants.

4.5 Théorisation

Bien que l 'écriture de la théorie ait été commencée dès le début de la recherche, il y a une

période d'écriture formelle qui suit l 'analyse des données et qui est facilitée par les mémos

rédigés tout au long de l'analyse. Cette théorisation s'avère être l 'étape la plus importante

de la recherche puisque tout ce qui précède tend vers elle. L'exhaustivité de la théorie est

plus grande que la présentation de l 'analyse des données recueillies puisqu'elle fait appel

non seulement à cette analyse, mais aussi aux intuitions et à la sensibilité théorique du

chercheur. Afin de formuler cette théorisation, nous allons faire ressortir les principales

conclusions de l 'analyse des données. Ce sont ces résultats, conjugués avec la sensibilité du

chercheur et son expérience du terrain, qui permettent la théorisation qui suit.

Chapitre 6 : Résultats de l'analyse des données

Nous savons maintenant que la théorisation se fonde sur la sensibilité théorique et les

observations du chercheur, mais aussi sur l 'analyse rigoureuse qu'i l fait des entrevues. Le

but de ce chapitre est de présenter ce qui est ressorti de l 'analyse des entrevues. Fidèles aux

étapes de la théorisation ancrée, nous présentons ici cinq catégories conceptuelles majeures

(désignées lors de la codification sélective) qui nous semblent bien représenter les vingt-six

concepts de l 'analyse des entrevues (répertoriés lors de la codification axiale). Chacune de

ces cinq catégories conceptuelles est présentée à partir des concepts-clés qui nous ont fait

choisir ces catégories. Le choix des catégories relève de l'interprétation que le chercheur

fait de l 'analyse et de son expérience, tout en cherchant à être le plus près possible de ce

que les participants ont exprimé lors des entrevues. Le recours abondant au Verbatim des

entrevues témoigne de ce désir de rester proche du ter ra in . 2 6 5

1. Programme satisfaisant, mais qui pourrait être amélioré

Le premier élément qui se dégage de l 'analyse, autant lors des entrevues que de la

codification, c'est une satisfaction à l'égard du programme actuel de catéchèse. La

satisfaction est globale, quoiqu'elle soit plus élevée pour les niveaux de catéchèse inférieurs

(premier, deuxième et troisième niveaux). L'analyse des entrevues nous permet de

constater que l'intérêt des enfants pour la catéchèse décroît avec les années. A cet effet, une

catéchète parle de la nécessité toujours croissante d'avoir recours à une variété de moyens

pour garder vif l 'intérêt des enfants. De plus, avec la progression dans les niveaux de

catéchèse, des problèmes de discipline surgissent avec des enfants qui ne sont plus

intéressés : il est alors nécessaire de faire des efforts supplémentaires pour adapter le

Sauf avis contraire, toutes les citations dans cette partie proviennent du Verbatim des entrevues qui se trouve en annexe C.

contenu au vécu des jeunes (C-102 à C-106). Une autre catéchète répond « q u e dans les

premiers niveaux, on n ' a pas ces problèmes-là » (F-108).

Plusieurs autres iront en ce sens en disant que les premiers niveaux intéressent davantage

les jeunes : « Je trouve qu' i l y a beaucoup d'efforts aux premiers niveaux » (F-39); « Les

petits, lorsqu'ils n 'ont pas fait leur première communion, sont tous émerveillés, ils ont hâte

de recevoir Jésus » (G-41); «Après , (avec les niveaux quatrième, cinquième et sixième)

l'intérêt s'en va » (G-42); « Je trouve que dans le 6 e niveau, il y avait des partages que les

jeunes aimaient moins faire. Les enfants aiment moins écrire à ce niveau » (D-27-28).

La difficulté des jeunes reflète souvent celle des catéchètes et des parents eux-mêmes dans

ces niveaux supérieurs. L 'une dit : « Aux niveaux quatre et cinq, quand on parle des

nouvelles communautés, Éphèse et Corinthe, c 'est difficile. Même pour nous autres les

parents, c'est très théor ique» (F-108-109). Ce qui est l 'écho d'autres propos de

catéchètes rencontrés lors des entrevues : « Certains niveaux de catéchèse, comme quatre,

c'est difficile » (J-5). Une autre dit un peu plus tard : « Moi je trouve que des fois les mots

ne sont pas adaptés aux enfants, ça prendrait plus d'explications, même des fois nous autres

on a de la misère à les comprendre » (G-18).

Ces ombres au tableau ne doivent pas venir voiler la satisfaction globale qui se dégage de

l 'analyse. Plusieurs l 'ont exprimé en faisant ressortir des points positifs du programme :

« Je trouve que c'est un bon programme » (J-3); «Il y a de la solidarité dans le

programme » (D-2); « Moi je trouve que le programme est flexible, j e trouve qu'i l s 'adapte

assez bien avec les parents » (D- l ) . Cette satisfaction est liée directement au programme

proposé par le diocèse et adapté au contexte de la paroisse. Ce programme adapté ne

présente pas de grandes divergences quant au contenu du programme diocésain, il se limite

à l 'adoption des certaines modalités afin de lier toujours davantage le programme à la

spécificité du milieu. Afin de démontrer cette satisfaction à l 'égard du programme, nous

avons retenu cinq concepts. Nous reprenons ces éléments qui ont été, pour la plupart,

mentionnés par les six personnes dont nous avons analysé les propos.

1.1 Flexibilité et adaptabilité du programme

Les catéchètes rencontrés sont satisfaits du programme à cause de la possibilité de pouvoir

l 'adapter en fonction du nombre d'enfants inscrits, des ressources matérielles disponibles et

des charismes des catéchètes. Depuis le commencement du programme de catéchèse

familiale et paroissiale, diverses adaptations du programme initial ont été effectuées dans

les paroisses, ce qui réjouit les catéchètes. Ces derniers disent à ce sujet qu'i l faut

«continuellement innover, adapter aussi » (F-168-169). Les catéchètes qui ont la capacité

d'adapter le programme le font : « On a fait beaucoup de créativité » (F-63); « J 'ai décidé

de changer mon approche (...) j ' a i sorti mon vieux matériel et j e me suis basé là-dessus. Je

me suis dit pourquoi je ne changerais pas mon approche à partir de formations que j ' a i

reçues dans d'autres domaines » (F-70). Cette possibilité qu'offre un programme flexible

est une raison de satisfaction.

A cause de cette flexibilité, les catéchètes n 'ont pas hésité à construire leur propre méthode

parfois : « On a fait des efforts par rapport au programme initial » (F-17). La mise en œuvre

d 'une nouvelle modalité de catéchèse pour les confirmés fait foi de cette adaptation des

modalités du programme. Les efforts investis dans ce projet de camp des confirmés

démontrent la créativité présente au sein du groupe de catéchète et la satisfaction qu' i ls en

retirent : « A cause des camps qui sont faits la fin de semaine, il y a eu une belle

amélioration de la part des jeunes. Au camp, ils aiment faire les jeux, et toutes les autres

activités. Je trouve que ça c'est bien » (D-29). La flexibilité du programme qui permet de

telles adaptations quant aux modalités montre bien que nous ne sommes pas en présence

d'un groupe de catéchètes usés et fatigués par la tâche. Il y a une passion qui demeure

même chez ceux qui sont là depuis les débuts, à cause de cette possibilité d'inculturer le

programme de catéchèse, de le faire « coller » à la vie des enfants.

Cette flexibilité du programme permet des adaptations intéressantes à l 'intérieur même des

niveaux de catéchèse et permet ainsi à la créativité de s'exprimer. Certains catéchètes vont

parfois faire des liens avec le temps liturgique puisque le programme n'en tient pas

nécessairement compte. D'autres vont préférer ajouter un moment de prière pendant la

rencontre (au début ou à la fin) afin de créer un climat propice à l 'intériorité. D'autres enfin

vont plutôt opter pour d'autres moyens pédagogiques que ceux qui sont

proposés : lorsqu'ils connaissent bien le contenu, ils peuvent changer leur approche et

mettre à profit leurs talents. C'est ce qui permet à un catéchète de dire : « Moi j ' a i fait

beaucoup d'animation avec les parents, puis on incluait des ajouts lors du carême » (F-l 1).

1.2 Programme satisfaisant pour les parents

Les catéchètes sont autant sensibles aux réactions et aux réponses des parents qu ' à celles

des enfants pour évaluer le programme de catéchèse. Ils disent que le programme est adapté

aux parents puisque l 'évaluation de ces derniers est positive : « Moi je trouve que le

programme est flexible, j e trouve qu'il s 'adapte assez bien avec les parents (...) la réaction

des parents est excel lente» (D-l et R-7). Les parents démontrent beaucoup d'intérêt à

accompagner leurs enfants aux sessions de catéchèse (si on peut en juger à partir de

l 'assiduité aux rencontres de catéchèse) et ils apprennent beaucoup de choses qu' i ls

ignoraient. Cet apprentissage des parents est un point positif du programme selon les

catéchètes qui décèlent une soif de connaître chez les jeunes parents à partir de leurs

questions lors des rencontres et de leur écoute.

Il arrive encore que des parents sous-estiment leur capacité de faire la catéchèse avec leurs

enfants comme l 'exprime un catéchète : « Des fois, ils (les parents) se sous-estiment et ils

pensent qu ' i ls ne peuvent pas » (F-75). Cette situation était encore plus présente au début

de l 'implantation de ce programme de catéchèse. La professionnalisation de la catéchèse à

l 'intérieur du cadre scolaire n 'est pas étrangère à cette situation. Lorsque les parents

prennent conscience qu' i ls ont la capacité et les moyens de faire la catéchèse à l 'aide des

outils fournis par le programme, ils s'engagent avec enthousiasme et ils cheminent eux-

mêmes avec leurs enfants; rares sont les parents qui vont demander à un autre parent ou

encore à la coordonnatrice de la catéchèse de faire la catéchèse avec leur enfant.

Encore ici, ce sont les premiers niveaux de catéchèse qui tiennent le haut du pavé quant à

leur évaluation de la part des parents : jusqu 'au troisième niveau, les parents participent

sans trop de réticences. À partir du quatrième niveau, les efforts sont plus ardus à cause du

contenu qui semble moins proche de la vie quotidienne. De plus, cette baisse d'intérêt de la

part des parents aux niveaux supérieurs est due à l'initiation sacramentelle qui n 'est plus à

l 'horizon (la première communion et le sacrement du pardon étant célébrés à la fin du

troisième niveau, et la confirmation repoussée à la toute fin du parcours catéchétique). Il

faut souvent attendre le sixième niveau de catéchèse pour retrouver un nouvel intérêt de la

part des enfants et de leurs parents.

1.3 Difficultés du programme pour les enfants

Même si les catéchètes disent que les enfants retiennent certains éléments de leur catéchèse,

ils sont critiques vis-à-vis le programme lorsqu'ils l 'examinent en prenant le regard de

l'enfant. Ici aussi, ils disent que le programme devient de plus en plus difficile d 'un niveau

à l 'autre, ce qui le rend moins intéressant pour les enfants. Il n 'y a pas que le contenu qui

semble achopper, il y aussi la méthode. Le fait que le moyen pédagogique favorisé

ressemble à celui privilégié dans le monde scolaire rend la catéchèse moins attrayante

puisqu'elle est associée à un travail : « il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école » (F-

65) dit un catéchète. D'autres disent que « la foi ça se transmet dans des valeurs qui se

vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices. On en a beaucoup de ces

papiers-là. (.. .) Ça prend quelque chose de visuel de temps en temps, une ou deux fois par

année parce que les enfants sont très visuels » (F-66 et C-106). Cette similarité entre la

façon de faire la catéchèse et la pédagogie scolaire doit être évitée si l 'on se fie aux

commentaires des catéchètes : « Faudrait pas qu' i l y ait du travail à la maison. Faudrait que

tout le travail soit tout fait lors des rencontres à la paroisse parce que c'est comme un

devoir pour eux autres. Du travail à la maison, c'est comme à l 'école » (D-91-92).

Une autre difficulté relevée à l 'égard du programme vient de son morcellement. Les

catéchètes ont eux-mêmes de la difficulté à voir les liens entre les différents niveaux de

catéchèse : « Moi, j ' ava i s de la misère à comprendre comment les enfants pouvaient suivre

ça, comment mettre ça ensemble, j e trouvais ça compliqué, puis il n 'y a pas toujours de

suite logique entre les choses qu 'on faisait » (C-22). Ce morcellement quant au contenu est

généralisé : non seulement il existe à l 'intérieur d 'un même niveau de catéchèse, mais aussi

entre les différents niveaux de catéchèse. Il manque de liens. C'est ce qui fait souhaiter à un

catéchète d'avoir toujours à l 'esprit l 'ensemble du programme pour garder en tête la

direction dans laquelle il pointe (F-234).

Ce morcellement n 'existe pas qu 'entre les niveaux de catéchèse, mais aussi entre le

programme de catéchèse et la vie liturgique : « le programme ne suit pas la liturgie. Quand

c'est le temps de l ' A v e n t , dans la catéchèse on ne suit pas (en catéchèse). Il manque un lien

entre la liturgie et la catéchèse » (J-4). Un autre catéchète déplore cette situation qu'il

attribue au fait que le programme de catéchèse origine du monde scolaire : « Je trouve que

les programmes sont très axés sur le programme scolaire, ce n 'est vraiment pas adapté à la

liturgie. J 'ai fait beaucoup d'animation avec les parents puis on incluait des ajouts lors du

carême, Pâques, puis c'est vrai que c'était très axé sur le programme scolaire, sur le

programme de l 'école » (F-10-11). Les catéchètes sont unanimes pour dire qu'il n 'y a pas

de liens entre ce qui est proposé aux enfants lors des sessions de catéchèse et les fêtes

religieuses inscrites au calendrier liturgique.

Une autre distance que les catéchètes voudraient bien éliminer est celle entre la catéchèse et

la vie quotidienne des enfants. Le contenu ne semble pas toujours rejoindre les aspirations

des enfants. Les catéchètes cherchent alors à adapter le message de la catéchèse afin qu'i l

trouve écho dans la vie quotidienne. Ce désir des catéchètes de rapprocher le contenu de la

vie est exprimé dans cette question : « Dans la vraie vie de tous les jours, comment traduire

le message de la catéchèse? » (F-110). Il y a aussi une distance dans les moyens qui sont

utilisés. Les catéchètes font référence à la liturgie qui a besoin, elle aussi, de tenir compte

de la vie de la communauté (F-170-172). Lors de la liturgie, les catéchètes mentionnent

l 'opportunité de certaines monitions qui permettent de comprendre les gestes qui sont posés

et de les relier à la vie contemporaine. Les catéchètes rencontrées s'expriment ainsi :

«Toutes les explications données qui collent au quotidien sont b o n n e s » (F-154). Et

encore : « Présenter des liens avec la vie de tous les jours, c 'est bien » (R-173).

1.4 Satisfaction des catéchètes

La situation difficile au sein des groupes avec un enfant qui a des troubles d'apprentissage

ou de comportement rend la tâche catéchétique exigeante. Mise à part cette difficulté, les

Selon les participants à l 'entrevue ces difficultés permettent de comprendre que certains

enfants ne soient pas intéressés à la catéchèse. Ce manque d'intérêt a des conséquences lors

des sessions de catéchèse. Aux niveaux supérieurs (notamment aux niveaux quatre, cinq et

six), il arrive que des enfants quittent le lieu de la catéchèse avant que la session soit

terminée. Ceux qui ne sont pas intéressés ne prêtent pas attention à l 'enseignement et

dérangent constamment. Des situations difficiles sont alors vécues par les catéchètes qui

doivent intervenir pour ramener un peu d'ordre : le maintien de la discipline devient alors

plus exigeant pour les catéchètes que l 'animation comme telle. Un catéchète témoigne de

cette situation : « L'enfant n'avait aucun intérêt. Il ne savait même pas pourquoi il était là,

il se sentait obligé d'être là. Il dérangeait tout le groupe. A un moment donné, j ' é t a i s obligé

de le sortir » (F-94). Ce sentiment est représentatif de celui de la majorité des catéchètes

rencontrés : « Ce sont des problèmes de discipline que je trouve difficiles » (C-102).

Cette exigence d 'un minimum d'ordre et de discipline est encore plus grande avec des

enfants qui présentent des troubles d'apprentissage ou de comportement. Il arrive qu 'un

seul enfant monopolise toute l 'attention du catéchète, laissant les autres enfants à eux-

mêmes pendant toute l 'heure de la catéchèse. Afin d'améliorer la situation, les catéchètes

souhaitent qu 'une autre personne soit présente au sein de ces groupes, si possible le parent

de l'enfant. Le Verbatim fait souvent état de cette situation. Nous ne retenons ici que les

propos d 'un catéchète au sujet de l 'implication nécessaire des parents : « Je reviens au rôle

du parent : quel est son rôle? Moi, j e ne peux pas jouer le rôle du parent pour cet enfant-là

(qui présente des problèmes de comportement). Il faudrait que le parent soit là. Moi je mets

beaucoup d 'emphase là-dessus : pour que le parent constate par lui-même le comportement

de son enfant (...) On devrait toujours avoir les parents et les enfants ensemble pour qu 'une

activité soit réussie » (F-95-97).

catéchètes disent éprouver beaucoup de joie et de satisfaction à animer des sessions de

catéchèse. Leur satisfaction est amplifiée lorsque l 'animation est interactive et que chacun a

la capacité de participer. Un catéchète relate une expérience qui a été satisfaisante pour lui

parce qu'i l a fait participer les parents : «J ' é t a i s l 'animateur, mais c 'est eux autres qui

faisaient le travail. J 'a i sorti de là et j ' ava i s des ailes. L'important, c'était le vécu des

parents» ( F-74). La réaction positive des parents est un stimulant pour les catéchètes qui se

sentent appuyés par ces derniers.

Les catéchètes disent aimer être catéchètes parce que cela leur permet à eux-mêmes de

pouvoir mieux comprendre certains éléments de la foi chrétienne et ainsi de pouvoir

l 'expliquer à leurs enfants ou de l 'appliquer dans leur vie : « Quand j ' a i fait la catéchèse,

c'était enrichissant à ce niveau-là. J 'essayais de comprendre pour expliquer à mes enfants »

(F-153). Le fait d 'être catéchètes est une occasion de croissance dans la foi pour les

personnes interviewées comme l 'exprime l 'une de celles-ci : « La réaction de l 'autre m 'a

enraciné dans ma foi. C'est là que j ' a i vu l ' importance de continuer cela » (D-84).

1.5 Temps et lieu de la catéchèse

Cette satisfaction générale à l 'égard du programme pourrait laisser insinuer qu'il n 'y a rien

à modifier ou à améliorer. Parmi les éléments qui pourraient être améliorés, les catéchètes

rencontrés mentionnent avec insistance le temps et le lieu de la catéchèse. C'est le thème

qui revient le plus souvent lorsqu'il est question de l 'organisation concrète de la catéchèse.

Les catéchètes parlent d 'abord du dimanche matin comme le temps idéal pour la catéchèse

selon eux. Retenons simplement l 'échange entre deux personnes lors de l 'entrevue :

- Moi j ' p ense que le dimanche matin, c 'est génial. Parce que les gens ont encore

moins d'occupations le dimanche matin que le samedi.

- C'est déjà arrivé qu 'on a mis ça (la catéchèse) le samedi après-midi, pis j ' ava i s

beaucoup moins de parents. Les parents avaient des choses à faire, tandis que le

matin c'est mieux pour les parents (C-214, D-213).

Ils renchérissent leur préférence du dimanche matin comme temps de catéchèse à la suite

du projet-pilote mené avec les enfants du quatrième niveau : « Il n 'y a que les enfants de 4 e

année qui vivaient la catéchèse le dimanche. Moi je pense que les enfants de 6 e année en

auraient de besoin (.. .) Les 5 e année pourraient-ils venir le dimanche matin? Eux c'est le

dimanche au soir? J 'étendrais à d'autres niveaux : au moins quatre, cinq et six » (G-189-

190). Mais il y a plus que des raisons pratiques qui font lorgner pour le dimanche comme

moment de catéchèse. Les catéchètes parlent aussi de la possibilité pour les enfants inscrits

au catéchisme d'avoir un contact avec la communauté chrétienne lorsque la session de

catéchèse permet une participation à l 'assemblée dominicale.

La catéchèse le dimanche matin favorise la participation conjointe des enfants et des

parents à un même rassemblement. Ces derniers peuvent participer à l 'eucharistie

dominicale. Cette participation conjointe des parents et des enfants est vivement souhaitée.

De plus, les catéchètes disent que le dimanche matin, les enfants sont plus disposés à la

catéchèse qu 'un soir de semaine après leur journée à l 'école ou qu 'un samedi alors que tant

d'autres activités sont au programme (activités sportives, culturelles, fêtes, etc.). Le

dimanche matin semble rallier le plus de parents et de catéchètes qui disent être plus libres

lors de cet espace de temps, comparativement à d'autres moments de la semaine.

Cette possibilité pour le groupe de catéchèse de pouvoir rejoindre l 'assemblée dominicale

permet aussi une participation à l 'eucharistie. Ainsi, un catéchète affirme que c'est positif

lorsque la session de catéchèse peut « finir avec la communion du dimanche » (G-190). En

privilégiant le dimanche matin comme temps de catéchèse, les parents ont plus de facilité

d'inscrire la messe dominicale à l 'agenda du week-end. Avec les nombreuses activités

familiales au cours de la fin de semaine, c'est un défi de participer à une session de

catéchèse et à l 'eucharistie lorsque ces deux activités se déroulent en des temps et en des

lieux distincts. En ayant la catéchèse le dimanche matin, les parents ont la possibilité de

participer à la messe dominicale. Comme l 'a dit une catéchète : « Ça évite de redoubler »

(C-215). Si on en juge à partir de la réponse des parents au projet-pilote, la catéchèse le

dimanche matin semble rallier la majorité. « Le dimanche matin, les parents ont très bien

répondu. Il y en a plusieurs qui m'ont dit : on n'allait pas à la messe, et là, en venant

apporter notre enfant à la catéchèse, ça nous oblige à rester pour la messe » (G-221 -222).

Le thème de la présente recherche est ressorti clairement dans les entrevues. Avant même

qu 'une question spécifique soit posée en lien avec ce thème, le manque d'articulation entre

la catéchèse et la liturgie est ressorti très tôt comme une lacune majeure du programme

actuel de catéchèse. Cette situation rend le programme difficile pour les enfants et les

parents puisqu'ils ne voient pas toujours comment arrimer la célébration de la foi avec

l 'enseignement reçu à la catéchèse. Après avoir pris acte de cette situation de

morcellement, les catéchètes rencontrés ont formulé quelques possibilités afin que la

catéchèse ne soit pas isolée de la liturgie et simultanément afin que la liturgie tienne compte

du programme de catéchèse des enfants.

2.1 Manque de liens entre catéchèse et liturgie

L'initiation et la formation à la liturgie font partie de l'initiation sacramentelle. Ainsi,

lorsqu'il s'agit de préparer les enfants aux sacrements du pardon, de l 'eucharistie ou de la

confirmation, le thème de la liturgie est abordé. Cette présentation ne semble pas suffisante

et satisfaisante selon les catéchètes. Dès le début des entrevues, une catéchète mentionne ce

qui lui semble le plus négatif dans le programme actuel de catéchèse: « on dirait que le

programme ne suit pas la liturgie. Quand c'est le temps de l 'Avent, dans la catéchèse on ne

suit pas. Il manque un lien entre la liturgie et la catéchèse » (J-4). Un autre catéchète dira

que même lorsque la question de la liturgie est abordée en catéchèse, cela n 'est pas toujours

approprié : « les textes ne sont pas toujours à la hauteur et pas toujours adaptés à ce qu'est

un sacrement » (R-l 15). Mais il y a plus que le contenu qui est en jeu ici.

La formation à la liturgie se fait souvent à l 'extérieur de son cadre naturel : on apprend la

liturgie dans un parcours magistral, sans nécessairement avoir accès aux rites et aux

symboles pour pouvoir en faire l 'expérience : on est loin de la catéchèse mystagogique des

Pères de l 'Église! Le passage ne se fait pas entre la catéchèse et la liturgie : la catéchèse

n 'est pas l 'aboutissement de la liturgie et elle ne semble pas conduire à celle-ci. Ce manque

2. L'articulation nécessaire entre catéchèse et liturgie

de liens entre la catéchèse et la liturgie pourrait trouver son explication dans le fait que le

programme de catéchèse est issu du milieu scolaire. Le rythme catéchétique correspond

alors davantage à celui de l 'année académique qu 'à celui de l 'année liturgique : c'est ainsi

que les activités catéchétiques commencent en septembre pour se terminer au printemps.

Une catéchète a d'ailleurs mentionné clairement l'effet néfaste de ces emprunts trop

abondants au monde scolaire: « Je trouvais que les programmes au départ étaient très axés

sur le programme scolaire comme N l'a mentionné puis ce n'est vraiment pas adapté à la

liturgie » (F-10). Cette personne disait être obligée d'ajouter des éléments au programme

pour faire le lien entre la catéchèse et la liturgie. Sans ces ajouts, les liens sont lâches :

« M o i j ' a i fait beaucoup d'animation avec les parents puis on incluait des ajouts lors du

carême, Pâques, puis c'est vrai que c'était très axé sur le programme scolaire, sur le

programme de l 'école » (F-11).

2.2 Solidarités entre les acteurs

Les catéchètes apprécient la solidarité entre les différents acteurs de la vie paroissiale

lorsqu'elle existe. C'est ce qui permet de ne pas compartimenter les composantes de la vie

chrétienne. Cette solidarité est d'ailleurs un point positif du programme de catéchèse : « Il y

a de la solidarité dans le programme : les parents nous aident, la communauté nous aide,

ainsi que notre curé » (D-2). Cette solidarité est manifeste lorsque la catéchèse peut se faire

le dimanche matin, en lien avec l 'assemblée chrétienne. Cette situation permet à une

catéchète de pouvoir dire : « Je trouve qu'il y a quand même dans tout cela des liens avec la

communauté et les parents » (D-56).

Les catéchètes plaident en faveur de liens plus fréquents entre les enfants inscrits au

programme de catéchèse et l 'assemblée chrétienne dominicale. Sans ces liens étroits entre

catéchèse et liturgie, les catéchètes eux-mêmes se sentent en marge de la vie liturgique de la

paroisse : pour eux, la vie liturgique se déroule en faisant fi de leur présence et de l 'activité

catéchétique à l 'égard des enfants. Lorsque la liturgie tient compte des enfants inscrits à la

catéchèse, les catéchètes disent que les enfants en retirent beaucoup : « Quand le curé les

fait participer, ça vaut une leçon de catéchèse » (G-79).

Les catéchètes disent qu 'une célébration liturgique animée avec les enfants a aussi

beaucoup de valeur pour les parents et les catéchètes. Les parents ont alors des outils pour

poursuivre à la maison ce qui a été vécu avec la communauté. En parlant de ces liturgies

qui font une place privilégiée aux enfants, une catéchète dit que « dans ces célébrations-là,

qui sont adaptées aux enfants, moi je vais chercher des choses pour expliquer à la maison,

en catéchèse » (J-138). Mais il y a plus que les parents et les catéchètes qui bénéficient

d 'une telle approche : « Ça éduque toute la communauté. C'est une catéchèse avec toute la

communauté de celle d 'un petit groupe i so lé» (F-136). De plus, une catéchèse qui fait

corps avec la liturgie dominicale l 'amène nécessairement à être plus proche du calendrier

liturgique et de la vie de l 'Église (contrairement au monde scolaire). « Avec toute la

communauté on suit moins un programme basé sur le scolaire » (F-137). La liturgie animée

avec les enfants fait appel davantage au corps en sollicitant des gestes et des postures

différentes, et contribue ainsi à l 'enseignement catéchétique.

2.3 Liens souhaités entre catéchèse et liturgie

Afin de permettre une meilleure articulation entre la catéchèse et la liturgie, les catéchètes

qui ont fait l 'expérience de vivre la catéchèse le dimanche matin (juxtaposée à l 'eucharistie

dominicale) privilégient ce moment comme temps de catéchèse. Le temps est alors partagé

entre la catéchèse et la liturgie. Ceci améliore le programme et favorise une plus grande

participation des enfants (et de leurs parents!) à la catéchèse et à la liturgie. Pendant les

temps forts de l 'année liturgique (Pavent et le carême), la proposition d 'une liturgie de la

Parole adaptée pour les enfants permet un temps de catéchèse avec ces derniers et favorise

des liens entre la catéchèse et la liturgie.

Il n 'y a pas uniquement la catéchèse et la liturgie qu'i l faut chercher à mettre ensemble,

mais aussi la liturgie et la vie familiale. Ainsi, lorsque les enfants sont invités à participer

activement à la célébration en apportant à l 'église le résultat d 'un travail fait à la maison,

3. Liens souhaités entre les intervenants

L'articulation entre la catéchèse et la liturgie ne pourra se faire sans un travail de

collaboration entre les principaux intervenants. Cette constatation ressort clairement des

entrevues avec les six catéchètes rencontrés. Les participants à la présente étude disent que

tous sont désavantagés lorsque cette collaboration n 'existe pas ou peu. La première

collaboration nécessaire est celle des parents. Il y a unanimité sur ce point : si l'enfant n 'est

pas accompagné dans son programme de catéchèse par ses parents, il en est désavantagé.

C'est la raison pour laquelle les catéchètes cherchent à mettre en œuvre des activités qui

favorisent la participation conjointe des parents et des enfants.

l 'intérêt des parents et des enfants est suscité. Ainsi s 'exprime une catéchète sur ce sujet :

« Je me souviens d 'une année où on nous avait demandé de faire des crèches de Noël à la

maison, puis là on a fait des crèches qu 'on a apportées à l 'église. Et on les a encore! Je

trouve que quand les enfants fabriquent quelque chose à la maison et qu ' i ls l 'apportent à

l'église, c'est bien » (C-88).

Ces liens entre la liturgie et la vie familiale sont vivement souhaités, de même que des liens

entre la liturgie dominicale et la vie communautaire. Un catéchète a parlé de la valeur d 'une

célébration liturgique qui soit en lien avec la vie : « Je suis satisfait (d 'une liturgie) lorsque

je sors de la messe et qu' i l y a un lien avec ce qui s'est passé dans la semaine, soit dans la

communauté ou dans ma vie. Il y a toujours des liens à faire » (F-170). Un baptême célébré

lors de la messe dominicale a été cité en exemple par quelques-uns des catéchètes

interviewés : « On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la

messe » (R-124); « L e s explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et

les parents qui sont ravis. Il y a là des liens entre la vie d 'une famille, l 'accueil par une

communauté et la catéchèse que la célébration de ce sacrement permet » (R-125). C'est ce

tissage entre les composantes de la vie chrétienne qui est vivement souhaitée par les

personnes rencontrées.

3.1 Implication des parents

D'emblée, les parents s'intéressent au programme de catéchèse de leurs enfants. Ils le font

pour éduquer leur enfant dans la foi, mais aussi parce qu' i ls veulent eux-mêmes apprendre

davantage les symboles chrétiens. Le désir de mieux comprendre la foi chrétienne est un

fondement de l'intérêt des parents à l 'égard du programme de catéchèse. Ils sont eux aussi

avides de connaître, ils posent des questions. Concernant les activités pendant lesquelles les

parents sont impliqués, un catéchète dit : « On fait aussi la catéchèse aux parents qui, bien

souvent, en veulent et ont soif de cela » (D-37). Les parents veulent donc en apprendre

davantage et participent activement lors des sessions qui leur sont destinées. Lorsque

l 'occasion leur est fournie de pouvoir prendre la parole, ils le font avec spontanéité et joie.

Les résultats d 'un tel échange entre le catéchète et les parents sont bénéfiques pour tous :

les parents apportent plus que les catéchètes peuvent en apporter à eux seuls. Les parents

sont souvent déçus si une session de catéchèse doit être annulée pour diverses raisons

(tempête hivernale, locaux non-disponibles, manque de catéchètes, etc.).

L'intérêt des parents ne se limite pas strictement au programme de catéchèse. Certains

veulent aussi s ' impliquer en liturgie. Il y a ici un autre chemin de collaboration dans lequel

nous pouvons nous engager, soit celui entre les parents et les responsables de la liturgie de

la paroisse. Lorsque les parents ont la possibilité de s'engager activement lors de la liturgie,

que ce soit en posant un geste avec leur enfant ou en intervenant pour un ministère

particulier, ils en retirent beaucoup. Un catéchète parle ainsi de la joie des parents d 'avoir

compris davantage, «justement après une activité où ils étaient participants à la m e s s e »

(R-180). Une catéchète dira que parfois, lorsque les enfants participent activement, les

adultes voudraient eux aussi pouvoir le faire : « C'est dommage que toute la communauté

n'ait pas pu participer! » (D-121).

Des catéchètes disent que si toutes les rencontres de catéchèse regroupaient les enfants et

leurs parents, ces derniers seraient heureux de pouvoir participer. Plus les parents sont

partie prenante du programme, plus ils sont intéressés! L'intérêt des parents est aussi

manifeste lorsqu'il s'agit de préparer les enfants pour les sacrements. Le défi de garder

l'intérêt des parents devient de plus en plus grand lorsque l'enfant passe d 'un niveau à

l 'autre. Tout comme c'est le cas pour les enfants, les parents sont moins intéressés lors des

niveaux plus élevés. L'implication des parents est de moins en moins sollicitée lorsque les

enfants sont inscrits dans les niveaux plus élevés : la catéchèse se fait alors plus en paroisse

qu'en famille. Les personnes interviewées sont favorables à une plus grande participation

des parents, et ce aux niveaux supérieurs du parcours catéchétique.

Cette participation des parents est vivement souhaitée non seulement par eux, mais aussi

par les catéchètes : « Il faut intéresser les parents et les impliquer! » (R-81). Les catéchètes

sont unanimes à dire que plus les parents sont impliqués, plus l'enfant bénéficie de son

programme de catéchèse. Un enfant laissé à lui-même a moins d'intérêt et peut présenter

des problèmes de comportements lors des sessions de catéchèse. « Une catéchèse qui n 'est

pas suivi par les parents, c'est difficile » (F-200). Afin de limiter ces problèmes de

comportements, la participation des parents s 'avère souhaitable, voire nécessaire. « On

devrait toujours avoir les parents et les enfants ensemble pour qu 'une activité soit réussie! »

(F-97). La tâche des parents de poursuivre la catéchèse à la maison est facilitée par une

liturgie signifiante : « Si l 'adulte comprend, il est plus en mesure de l 'expliquer à son

enfant. S'il ne comprend pas lui-même, comment l 'expliquer à son enfant? Comment

transmettre ce qu'i l ne comprend pas? » (F-149).

L'implication des parents a aussi été soulevée dans le cas des familles nombreuses où les

enfants sont inscrits à différents niveaux de catéchèse. Certains parents ont tendance à être

moins présents aux rencontres qui leur sont destinées lorsqu'ils les ont suivies pour un autre

enfant. Cette implication mitigée des parents a des répercussions sur la catéchèse de

l'enfant puisque l'intérêt de ce dernier est souvent lié à l'intérêt du parent. Certaines

paroisses ont voulu pallier cette lacune en proposant à des parents d'inscrire leurs enfants

dans le même niveau de catéchèse (indépendamment de leur niveau scolaire).

3.2 Autres intervenants

Une collaboration avec le curé de la paroisse est aussi souhaitée. Les catéchètes, les parents

et les enfants apprécient le soutien du curé de la paroisse qui peut se manifester par sa

participation aux sessions avec les parents et les enfants, son souci de la formation des

catéchètes, son ouverture à tenir compte des enfants lors des liturgies dominicales. «On est

choyé de l 'animation du curé lorsqu'il parle aux jeunes et qu'i l a des homélies adaptées»

(F-64). Lorsque le président d 'une célébration liturgique fait participer les enfants ou

s'adresse à eux, il y a là un moment de catéchèse pour toute la communauté : « À chaque

fois qu'i l y a des explications aux enfants par le curé, les gens sortent et disent "On savait

pas ça!" » (R-159). La catéchèse de toute la communauté peut passer par celle des enfants

lors de l 'assemblée eucharistique : « o n éduque les parents en même temps » (F-129). Et

encore : « Ça éduque toute la communauté » (F-l 36).

Les catéchètes attendent aussi du curé qu'il favorise de meilleurs liens entre la catéchèse et

la liturgie en permettant aux responsables de ces secteurs de la vie pastorale de pouvoir se

rencontrer, échanger sur leurs projets respectifs et élaborer des projets conjoints. Ces liens

entre les comités de liturgie et de catéchèse sont, hélas, souvent inexistants tant au plan

diocésain que paroissial. A travers ce que les catéchètes ont exprimé, on peut lire que des

projets communs entre différents secteurs de la pastorale sont appréciés. Ainsi, la

collaboration entre les responsables de la liturgie et de la préparation au baptême qui a

permis la célébration baptismale au cours de l 'eucharistie dominicale mérite d'être répétée :

« Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute

l 'assemblée » (R-126).

Enfin, des liens entre ceux qui participent au programme de catéchèse et la communauté

chrétienne sont aussi recherchés. Lorsque ces liens existent, tous en tirent avantage. Les

enfants et leurs parents se sentent alors soutenus par plusieurs et ils ont accès à un réseau

ecclésial. Les membres de la communauté ont la possibilité de s'ouvrir à une composante

essentielle de la vie chrétienne, la catéchèse. De plus, les fidèles seraient davantage

intéressés par la formation chrétienne des enfants si des liens plus étroits existaient entre

eux et les enfants inscrits au programme de catéchèse. Un catéchète résume l ' importance

d' impliquer toute la communauté pour faire de la catéchèse un projet qui ne concerne pas

qu 'un petit groupe, mais qui ne concerne chaque membre de la communauté : «P lus les

gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables » (F-211).

Plusieurs concepts répertoriés sont en lien avec la dimension célébrante de l 'Église. Nous

avons déjà vu quelques liens souhaités entre la catéchèse et la liturgie et des suggestions

faites par les catéchètes afin de créer une plus grande synergie entre le programme de

catéchèse et la vie liturgique. Ce désir de faire une place plus grande à la liturgie est fondé

sur le désir de faire participer davantage les enfants à la vie communautaire par le moyen de

la liturgie dominicale. Quelles sont alors les conditions pour que la liturgie puisse être un

lieu de formation et de vie chrétienne? L'analyse des entrevues apporte quelques éléments

de réponse.

4.1 Participation active

L'intérêt des enfants et des parents est accru lorsqu'ils ont la capacité de participer

activement à la liturgie. C'est ce qui ressort clairement de l 'analyse des entrevues. Les

propos suivants l'illustrent bien. Lorsque les enfants participent d 'une manière active (en

posant un geste par exemple), il y a quelque chose qui reste, « comme à Pâques alors que

les enfants ont chanté. Je trouvais que c'était très bien. Pour la crèche vivante aussi à Noël.

Ça, ça reste » (C-140). « Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils

sont super contents de venir (à la messe)» (C-142). Une participation régulière à un service

spécifique comme celui-ci soutient l 'intérêt des enfants comme en témoigne ce catéchète

qui est accompagné de ses enfants chaque dimanche à la liturgie dominicale : « Comme

moi, j ' ava i s assez de misère à amener mes enfants à l 'église. Depuis qu' i ls sont servants de

messes, ils aiment cela » (C-141).

Les catéchètes vont jusqu 'à dire que même si la participation à la liturgie devait se faire au

détriment d 'une partie d 'un enseignement en catéchèse, cela est plus favorable pour les

enfants. Lorsque les enfants sont impliqués dans la liturgie, c'est-à-dire s'ils ont la

possibilité de faire un geste, de participer à un chant ou encore de prendre la parole, ils sont

plus enclins à assimiler le message. C'est pour cela qu'i l « faut plus impliquer les jeunes »

4. La liturgie comme lieu de formation et de vie chrétienne

selon une catéchète (F-208). Cette participation active est aussi souhaitée pour les adultes.

Plus les gens sont impliqués, que ce soit les enfants ou les adultes, plus ils se sentent

responsables et ils deviennent acteurs au sein de la vie communautaire. Il y a une invitation

à s 'engager dans des initiatives qui permettent cette participation active lors de la liturgie.

4.2 Eléments pour une liturgie qui catéchise

Les catéchètes interviewés ont aussi fait ressortir certains éléments qu' i ls jugent essentiels

pour que la liturgie puisse évangéliser ou catéchiser. D'abord, ils parlent de la préparation

nécessaire des différents intervenants (lecteurs, choristes, animateur, etc.) qui est le gage

d 'une liturgie réussie. Ils mentionnent aussi la valeur de l'accueil : « Q u a n d t 'arrives à

l 'église, que tu es accueilli, c'est bien » (F-166); « Une assemblée vivante, c'est l 'accueil »

(F-164). La nouveauté dans le cadre des célébrations est aussi un aspect important pour une

catéchète: « M o i je trouve qu'il faut continuellement innover. Il faut adapter» (C-168-

169); « L'animation pour moi c'est important à la messe » (C-179).

Tous s'entendent aussi pour souligner la valeur de la liturgie lorsqu'elle est en lien avec la

vie de la communauté chrétienne et humaine. « Chaque personne qui vient à l 'Église doit

ressortir avec quelque chose, soit à partir de la messe elle-même ou à partir de ce qui a été

dit » (R-174). Lorsque des événements de la vie communautaire (festival, anniversaire ou

célébrations sacramentelles) sont mis en valeur parce qu'ils sont nommés ou signifiés d 'une

manière ou d 'une autre lors de la liturgie, cela met l 'assemblée en lien avec la vie de toute

la communauté. « Ça garde une communauté u n i e » (G-172). Certains parlent aussi de

l ' importance d 'avoir un soutien visuel ou encore de la possibilité de pouvoir amener à la

maison un élément qui aide à poursuivre la méditation. Le Prions en Église est mentionné

comme outil permettant à la messe de se poursuivre toute la semaine : « dans le Prions en

Église, il y a de très beaux textes » (R-175).

Parmi les éléments non négligeables pour réussir une liturgie, certains ont mentionné la

valeur du silence qui ouvre sur l'intériorité : « Ça met de l 'emphase sur l 'intérieur » (C-

180). Le silence peut aussi être accompagné d 'une musique en sourdine. Trop de paroles

décentre de l'essentiel. Les prières précédées de silence sont parmi les plus appréciées. Les

chants ont aussi la capacité d'éveiller des sentiments religieux et de transmettre le message

chrétien. « Quand j ' en tends la chorale chanter, ça peut pas faire autrement que de toucher

au cœur » (C-182). Tout cela fait partie de « l 'atmosphère qui est là le dimanche matin lors

de la messe » et qui aide à découvrir des facettes de la vie chrétienne (F-229).

Les enfants, formés aux disciplines scientifiques et technologiques, cherchent à comprendre

l 'histoire et la signification des rites et symboles présents dans la liturgie. Ils veulent

comprendre le sens qu' i l y a derrière les symboles de la foi et les rites de la liturgie. Ainsi,

la présentation des lectures du jour, du mystère célébré ou du saint fêté est très appréciée et

aide à participer à la célébration. Les explications destinées aux enfants lors des monitions

prévues à certains moments de la liturgie par le missel romain (monition d'ouverture,

introduction aux lectures, homélie, etc.) s'avèrent appréciées autant des adultes que des

enfants à qui elles sont destinées : «Une assemblée vivante, c'est lorsqu'il y a des

explications» (F-163); «Quand le sens du dimanche est bien présenté avec une bonne

explication intéressante à entendre, ce n'est pas la même chose » (F-167). Une personne ira

jusqu 'à dire «Une assemblée dominicale vivante, c'est lorsque l'on comprend bien le curé

et qu'il y a des explicat ions» (F-162). La liturgie dominicale animée avec les enfants

devient souvent un lieu de catéchèse pour toute la communauté selon les catéchètes.

4.3 Logistique catéchétique à revoir pour intégrer la liturgie

Afin d'intégrer la liturgie dans le programme catéchétique, il y a des déplacements à

effectuer. À ce niveau, les catéchètes mentionnent la valeur des sessions de catéchèse le

dimanche matin. D'abord pour des raisons d 'ordre pratique : « le dimanche matin, c 'est

génial. Parce que les gens ont moins d'occupations le dimanche matin que le samedi » (C-

214). Mais aussi parce que la catéchèse le dimanche matin permet aux enfants et aux

parents de participer à la liturgie dominicale (G-222). Ce déplacement a déjà été essayé

pour quelques niveaux et s'est avéré positif. À partir de cette expérience, une catéchète

4.4 Rôle de l'Esprit-Saint

Les catéchètes font aussi confiance au Maître intérieur qu 'est l 'Esprit-Saint (CT, n° 72).

Comme catéchète, ils ont conscience d'être des instruments choisis par Dieu pour se faire

connaître : «Moi quand je fais des rencontres, ce n'est pas moi qui parle. C'est ma foi qui

parle. » (D-85) Les catéchètes savent que l 'Esprit est le véritable acteur de la catéchèse. Ils

savent aussi que pour agir, Dieu a besoin de la coopération des êtres humains. Un catéchète

souhaite voir cette pratique faire boule de ne ige : «J 'é tendrais à d 'autres niveaux (la

catéchèse faite le dimanche) » (G-190).

La présence des enfants à la liturgie dominicale incite les catéchètes à adapter le contenu de

leur catéchèse à la célébration eucharistique et au mystère célébré. Les catéchètes ne

peuvent pas faire fi de la liturgie : ils vont alors parler du carême aux enfants au cours de

l 'hiver ou présenter une figure de sainteté qui est au calendrier liturgique de l 'Église.

Lorsque les enfants participent à la liturgie dominicale, les catéchètes se sentent plus à

l 'aise de prendre leurs distances par rapport au programme de catéchèse. Les catéchètes

disent qu 'en présence de la communauté, le programme de catéchèse est forcément moins

scolaire. Lorsque les enfants participent à la liturgie dominicale, ce ne sont pas seulement

eux qui en bénéficient : les fidèles de l 'assemblée se familiarisent avec la catéchèse. Toute

la communauté voit alors l 'ensemble du programme catéchétique et saisit davantage ce

qu'apprennent les enfants. La communauté est alors en mesure de mieux accueillir les

enfants au sein de l 'assemblée dominicale.

La célébration des sacrements à l 'intérieur de l 'assemblée chrétienne dominicale est aussi

un élément important pour les catéchètes. Les célébrations de la première communion et de

la confirmation gagnent à être célébrées en présence de l 'assemblée chrétienne dominicale.

Les catéchètes parlent aussi des autres sacrements qui gagnent en signification lorsqu'ils

sont célébrés en présence de l 'assemblée (nous avons déjà mentionné le baptême célébré le

dimanche lors de l 'assemblée).

l 'exprime ainsi : « D a n s le fond... on dit que la grâce se greffe sur une créature. C'est

évident que si c'est toujours dans l'air du temps, là c'est pas facile » (R-160).

Dans la liturgie, ce rôle de l'Esprit-Saint est mis en valeur. Ainsi, les catéchètes interviewés

mentionnent la valeur des sacrements (tels le baptême et l 'eucharistie) comme temps forts

de la catéchèse avec les enfants. Un parent catéchète en témoigne en parlant de la

célébration de la première communion de son enfant : « À sa première communion, mon

fils me dit "Quand j ' a i reçu l 'hostie, j ' ava i s le goût de pleurer". Il dit aussi "J 'avais pas le

cœur de pleurer". Ça voulait dire qu'i l avait appris quelque chose qui était resté » (C-89).

Les catéchètes disent que cette œuvre de l'Esprit-Saint dans la vie des enfants, et aussi dans

la leur, les incite à poursuivre leur engagement en catéchèse.

5. Valorisation d'un cadre spatial et temporel en lien avec la communauté

La cinquième et dernière catégorie conceptuelle fait référence aux moyens utilisés dans le

programme actuel de catéchèse. Nous avons vu dans l 'histoire de la catéchèse que le

mouvement catéchétique a voulu mettre le sujet-catéchisé au cœur de la catéchèse et ainsi,

déployer des méthodes qui favoriseraient la rencontre personnelle avec le Christ. L'analyse

des entrevues permet de voir que le programme actuel de catéchèse a de la difficulté à

s'éloigner du cadre scolaire pour lequel il a été conçu; il demeure académique avec une

insistance sur des contenus et des notions à assimiler. Cela a des conséquences sur l'intérêt

des enfants vis-à-vis le programme et aussi sur l 'atteinte des objectifs, notamment celui de

permettre une rencontre avec Dieu.

5 .1 Cadre temporel et spatial à revoir

Le manque d'intérêt de la part des enfants vis-à-vis le programme de catéchèse réside dans

un cadre qui n 'est pas toujours approprié selon les catéchètes. Le contenu de la catéchèse

n'arrive pas à les intéresser parce qu' i l n 'y a pas nécessairement de liens possibles avec leur

vie quotidienne (nous en avons fait largement état dans la deuxième section de ce chapitre).

Les enfants sont trop souvent passifs lors des sessions de catéchèse qu' i ls assimilent à des

cours suivis à l 'école : « On pourrait avoir des activités plus intéressantes. Le bricolage,

c'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus » (C-239-240).

La catéchèse gagnerait à favoriser d'autres lieux pour faire la catéchèse. Le camp de

confirmation pendant lequel il y avait un mélange de jeux, de partages, de temps de prière

et de catéchèse a été particulièrement apprécié des enfants. Ils découvraient une autre façon

d'apprendre et de vivre la catéchèse. Puisque le camp des confirmés n'adoptait pas un

programme basé sur une journée à l 'école, les enfants ont pu élargir la vision qu'i ls avaient

de la catéchèse puisque celle-ci n'était plus uniquement un lieu pour se mettre à l 'écoute

d 'un maître qui enseigne, mais aussi un lieu de partages et de célébrations avec les autres.

La participation active des catéchisés a contribué au succès de cette activité catéchétique, ce

qui n 'est pas toujours le cas lors des sessions de catéchèse.

Les catéchètes ont aussi préféré cette façon, nouvelle pour eux, de faire la catéchèse. Ils

disent que les enfants étaient plus attentifs au moment des catéchèses et que même ceux qui

présentaient des difficultés d'apprentissage ou de comportement participaient davantage.

Ce camp des confirmés avait aussi l 'avantage de pouvoir impliquer plusieurs autres parents,

par exemple dans la préparation des repas et l 'animation des activités ludiques.

Le camp de confirmation a privilégié l 'apprentissage en groupe, autant lors des activités de

catéchèse que lors des jeux et des repas. C'est l 'ensemble de la fin de semaine qui est

devenu catéchétique : la fraternité manifestait la koinonia de l 'Église, les temps de prière, la

leitourgia et l 'enseignement, la martyria. La possibilité de ne pas séparer ces activités est

un élément capital pour les jeunes. Lorsque l 'apprentissage est individuel et qu' i l doit se

poursuivre à la maison, il est assimilé au monde scolaire par les enfants : « le travail à la

maison est perçu comme un devoir » (D-91). On peut facilement imaginer que la catéchèse

perd alors de son intérêt pour l'enfant qui réussit difficilement à l 'école, encore plus pour

l'enfant qui ne se plaît pas à l 'intérieur de ce cadre.

Les enfants vivent dans un monde qui privilégie l 'audio-visuel autant dans les loisirs qu 'à

l 'école. La catéchèse ne peut plus ignorer cette réalité moderne. «Ça prend quelque chose

de visuel pour intéresser les enfants » (C-106). Trop souvent, le matériel audio-visuel est

utilisé uniquement pour démontrer ou illustrer un enseignement; toujours il sert d'appoint,

jamais il ne semble nécessaire. Il est alors normal que les catéchètes négligent souvent

l'utilisation de ce matériel. De plus, ces ressources ne sont pas toujours disponibles en

paroisse, faute de moyens financiers ou de personnes aptes à pouvoir les utiliser.

5.2 La communauté à privilégier

Cette pédagogie active qui met le catéchisé au centre est à privilégier pour les enfants, mais

aussi pour les parents et pour toute la communauté. Que ce soit lors des activités

catéchétiques ou encore lors de la liturgie, tous semblent retirer davantage lorsqu'ils ont la

capacité d'être acteurs de leurs apprentissages ou de la prière. En participant, les gens

apprennent des choses. Les parents disent d'ailleurs qu 'en faisant la catéchèse avec leurs

enfants, ils apprennent autant qu 'eux. Lorsque les activités sont vécues par les parents et les

enfants ensemble, ils ont la capacité de pouvoir en parler entre eux et de revenir sur les

moments forts des rencontres. En privilégiant la communauté comme lieu de catéchèse, ce

sont autant les enfants que les parents ou les fidèles de l 'assemblée qui en bénéficient

largement. Mais cela a un corollaire qui a été mentionné par les catéchètes.

En privilégiant la communauté au cœur du projet catéchétique, c'est le lieu et le temps de la

catéchèse qui sont appelés à d'importants déplacements. Pour le lieu, on vient de voir

l ' importance de s'éloigner de lieux qui ressemblent trop au monde scolaire : cela ne sert pas

bien le projet catéchétique. Il faut opter pour d'autres lieux qui facilitent davantage

l 'apprentissage par le jeu, le partage, la prière, etc. Pour le temps, les catéchètes ont déjà

fait une option pour le dimanche. C'est le moment qui semble correspondre davantage aux

horaires des jeunes familles. De plus, le dimanche est la journée traditionnelle de la

communauté. C'est lors du premier jour de la semaine que les chrétiens se rassemblent pour

6. Théorisation suggérée par les résultats

La théologie pratique vise la compréhension des pratiques pour leur renouvellement.

L'analyse qui précède permet une compréhension et une évaluation du programme de

catéchèse du diocèse de Bathurst à partir de l 'analyse des entrevues avec des catéchètes.

Elle permet de comprendre la nécessaire articulation entre les composantes de la vie

chrétienne. La compréhension d 'un phénomène devient plus facile lorsque les divers

éléments peuvent être synthétisés dans une théorie.

Ainsi, la théorisation est une étape importante en théologie pratique. Pour nous qui utilisons

la théorisation ancrée comme méthode de recherche, cette théorisation est contenue dans les

concepts. Pour Zulehner, il y a une théorie de tout ce qui est vivant et qui motive une

certaine pra t ique . 2 6 6 Il y a ainsi la théorie moléculaire, la théorie atomique, une théorie de la

floraison, une théorie de la vie, etc. En prenant acte de nos catégories conceptuelles, nous

voudrions élaborer une théorisation de l'initiation chrétienne.

2 6 6 Paul M. Zulehner, «Théologie pratique, » dans Nouveau dictionnaire de théologie (Paris : Cerf, 1995), 1018.

faire mémoire. L'analyse des entrevues nous a permis de voir l ' importance accordée au

rassemblement dominical pour les enfants, mais aussi pour l 'ensemble de la communauté.

Le déplacement de la catéchèse sur un autre terrain que celui auquel nous sommes habitués

depuis quelques décennies (le cadre scolaire), conjugué au choix de privilégier le dimanche

comme temps de la catéchèse, nous amène à miser sur un nouveau cadre spatio-temporel

pour la catéchèse. Puisque les catéchètes rencontrés lors de cette recherche ont aussi insisté

sur l ' importance pour toute la communauté de prendre une part active dans la mission

catéchétique, les conditions pour faire du rassemblement dominical un lieu de catéchèse

mérite d'être examinées. Les catégories conceptuelles présentées ci-haut permettent la

théorisation que nous allons maintenant présenter.

Anne Laperrière, « La théorisation ancrée (grounded theory) : démarche analytique et comparaison avec d'autres approches apparentées, » 320. 2 6 8 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps (Paris : Vivre, Croire, Célébrer, 1997), 52.

La méthode de la théorisation ancrée invite, en dernière analyse, à faire le choix d 'une

catégorie centrale qui permet l'intégration de l 'ensemble des composantes. Cette catégorie

centrale est « une ligne narrative qui va au cœur du phénomène et le synthétise en quelques 267

phrases ». Elle doit pouvoir intégrer le maximum de catégories conceptuelles identifiées

lors de l 'analyse sélective et mettre ensemble des éléments qui, au départ, semblaient

contradictoires. A l 'aide de cette catégorie centrale, la théorisation prend la forme d 'une

narration, ou est illustrée par une métaphore. Commençons par dégager une ligne narrative.

6.1 L'assemblée chrétienne dominicale, concept intégrateur

À partir des cinq catégories conceptuelles présentées dans la section précédente, il faut

dégager un concept qui serait ce troisième terme recherché pour articuler la catéchèse et la

liturgie, un concept unificateur qui émane autant de l 'analyse des données que de la

sensibilité théorique du chercheur. L'analyse des entrevues manifeste une préoccupation de

la part des catéchètes de trouver un lieu et un temps pour la catéchèse qui tiennent compte

des horaires des jeunes familles et des besoins spécifiques des enfants inscrits à la catéchèse

qui n 'ont pas (ou peu) de liens avec les membres de la communauté célébrante. Il y a une

sociabilité religieuse à développer entre catéchisés et assemblée dominicale, entre familles

et communauté chrétienne, entre fidèles de l 'assemblée et catéchèse, entre responsables de

la catéchèse et ceux de la liturgie. Ces articulations doivent être recherchées à partir du

nouveau contexte social et religieux.

Le programme de catéchèse doit tenir compte de cette requête et favoriser des initiatives

qui permettent aux enfants de fréquenter la communauté et de voir l 'Église comme le

peuple que Dieu s'est choisi, la terre qu' i l cultive, la Jérusalem d'en haut (LG, n° 6). La

mise en valeur de la communauté pourrait se faire grâce à l 'assemblée chrétienne

dominicale qui est la « marque première » des chrétiens depuis les or ig ines . 2 6 8 Dans un

Patrick Prétot, « Liturgie et catéchèse : La "refondation" dans l'expérience, » 291.

parcours catéchétique, l 'assemblée chrétienne viendrait mettre en valeur la communauté

dans le devenir chrétien et permettre ainsi d'introduire le catéchisé dans un mode de vie

chrétien qui n 'est pas réservé à l 'enfance. Le Directoire général pour la catéchèse insiste

d'ailleurs sur le rôle catéchétique de l 'assemblée en parlant de la « nature ecclésiale de la

catéchèse » : la catéchèse une œuvre dont l 'Église tout entière doit se sentir et se vouloir

responsable (DGC, n o s 77 et 220). Les évêques, « qui sont les tout premiers responsables de

la catéchèse, les catéchistes par excellence » (CT, n° 63), avec les prêtres, les parents et

toute la communauté chrétienne sont les agents de l 'activité catéchétique dans un lieu.

Lorsque la catéchèse a quitté la salle de classe, plusieurs espéraient qu'elle devienne un

projet éminemment communautaire. Si le pari fut réussi pour intégrer la catéchèse au cadre

familial, nous devons admettre, après une dizaine années de pratiques catéchétiques hors-

scolaire, que cette concentration presque exclusive de l'effort catéchétique dans son

environnement familial a perpétué la séparation entre catéchèse et communauté.

Aujourd'hui, on peut aller jusqu 'à parler de ruptures entre les jeunes familles et la

communauté chrétienne : les jeunes familles ne comptent pas sur la communauté pour

recevoir d 'elle un dynamisme ecclésial qui pourrait les soutenir. Il y a une séparation de

plus en plus nette entre les lieux catéchétiques et la communauté chrétienne.

L'analyse des entrevues a montré l 'urgence de ramener la dimension ecclésiale dans le

parcours catéchétique. Non seulement les enfants pourront bénéficier de cette présence de

la communauté à leur côté, mais les membres de l 'assemblée pourront aussi apprendre

auprès des enfants. Nous faisons le pari que l 'assemblée pourra aider à refonder la

catéchèse en lien avec la liturgie.

L'absence de cohésion entre catéchèse et liturgie conduit à une incapacité à penser

la vie chrétienne dans sa cohérence et surtout dans sa dimension proprement

ecclésiale. Faute de liens profonds entre ces deux domaines, la catéchèse ne parvient

pas à construire une identité chrétienne totale, et parallèlement, la liturgie ne conduit

pas à une pratique chrétienne enracinée dans une communauté ecclés ia le . 2 6 9

A partir de l'interprétation que nous faisons de l 'analyse des entrevues et à partir des

expériences sur le terrain (projet-pilote de la catéchèse le dimanche matin pour un niveau

de catéchèse, participation occasionnelle des enfants à la liturgie dominicale, catéchèse de

toute la communauté lors de l 'assemblée dominicale, etc.) la théorisation pourrait

s 'exprimer à travers l 'hypothèse suivante : l 'assemblée chrétienne dominicale est un lieu de

catéchèse et de liturgie au service de la formation de l'identité chrétienne. La vie de l 'Église

au cours des âges, la Tradition et l 'insistance sur le dimanche et l 'eucharistie dans les textes

magistériels des dernières années sont d'autres raisons qui nous font opter pour l 'assemblée

chrétienne dominicale comme ce moyeu qui articule la liturgie et la catéchèse.

Au diocèse de Bathurst, certaines communautés chrétiennes cherchent par divers moyens à

valoriser le dimanche et le rassemblement de la communauté. Si nous conjuguons à cela

l 'insistance mise sur l 'eucharistie comme source et sommet de la vie de l 'Église, nous

voyons dans l 'assemblée chrétienne dominicale une jonction possible et souhaitable entre

catéchèse et liturgie. Ce concept de l 'assemblée chrétienne dominicale intègre l 'ensemble

des cinq catégories conceptuelles qui sont ressorties de l 'analyse. Nous reprenons ici

chacune de ces catégories afin de voir comment chacune d'elle appelle l 'assemblée

chrétienne dominicale.

La première catégorie conceptuelle fait état d 'une satisfaction générale à l 'égard du

programme de catéchèse, toutefois avec le désir que des modifications y soient apportées.

Parmi ces modifications, mentionnons d'abord le temps et le lieu de la catéchèse. Les

catéchètes interviewés disent être l 'écho des parents en demandant que la catéchèse puisse

s 'harmoniser avec l 'agenda des familles déjà surchargé la fin de semaine. Ainsi, les

catéchètes souhaitent que la catéchèse puisse avoir lieu le dimanche matin puisqu'il s'agit

d 'une plage-horaire disponible et propice pour une telle activité. De plus, les liens avec

l 'assemblée chrétienne qui se rassemble pour l 'eucharistie dominicale sont possibles à ce

moment. La flexibilité du programme et la capacité de l 'adapter a déjà permis de tenter de

telles expériences sur le terrain. À chaque fois qu 'une session de catéchèse a pu être accolée

à la célébration eucharistique, l 'expérience s'est avérée fructueuse autant pour les enfants

que pour les parents et l 'assemblée des fidèles.

2 7 0 Ce t te invi ta t ion peut ê t re en t endue c o m m e l ' é c h o de cel le faite pa r Henr i Derro i t te dans son l ivre La catéchèse décloisonnée.

L'assemblée chrétienne dominicale permet cette articulation souhaitée entre catéchèse et

liturgie (deuxième catégorie conceptuelle) à condition de revoir les formes que peut prendre

l 'assemblée chrétienne et s'engager dans ces nouvelles avenues. Il est parfois difficile de

voir comment nos assemblées chrétiennes dominicales réussissent à articuler la catéchèse et

la liturgie puisqu'elles ne sont souvent que des assemblées liturgiques. L'invitation à

décloisonner la catéchèse nous fait entrer de plain-pied dans cet effort pour faire de

l 'assemblée liturgique dominicale une assemblée chrétienne soucieuse de vibrer à toutes les

composantes de la miss ion . 2 7 0 Une catéchèse qui fait corps avec l 'assemblée chrétienne

dominicale est amenée à vivre davantage au rythme de l 'année liturgique : les mystères du

Christ, les temps forts de l 'année (avent et carême), les fêtes et les solennités sont soulignés

par l 'assemblée chrétienne, de facto lorsque l 'assemblée est liturgique.

L'assemblée chrétienne dominicale est souvent la face visible d 'une communauté dans un

milieu. Elle est le lieu visible des solidarités qui existent entre les différents acteurs de la

mission. Ces liens entre les divers intervenants de la communauté chrétienne sont aussi au

nombre des souhaits des catéchètes interviewés dans la présente recherche (troisième

catégorie conceptuelle). La sociabilité entre les nombreuses personnes engagées dans le

projet de catéchèse (enfants, parents, catéchètes, etc.) et les autres membres de la

communauté chrétienne est vivement réclamée. Il n 'y a pas de lieux ou de moments aussi

rassembleurs d 'une semaine à l 'autre pour une communauté chrétienne que l 'assemblée

chrétienne dominicale. C'est ici que les liens peuvent se tisser entre les acteurs de la vie

paroissiale; c'est ici aussi que les différentes générations peuvent se rencontrer. Puisque

l 'assemblée renvoie à l 'Église, et vice-versa, l 'assemblée peut devenir pour l'enfant qui est

catéchisé un signe symbolique et prophétique du Royaume qu'i l apprend à connaître.

L'assemblée chrétienne dominicale inscrit dans le temps et dans un lieu précis le signe de

l 'Église. Par le rassemblement, l 'Église se donne à voir, s 'expose et devient sacrement du

salut pour le monde. Il y a une invitation pour la revitalisation des assemblées afin qu'el les

correspondent toujours plus à leur identité.

La quatrième catégorie conceptuelle propose la liturgie comme lieu de formation à la vie

chrétienne. L'introduction de l 'assemblée chrétienne dominicale correspond à cet appel des

catéchètes qui veulent permettre la rencontre avec le Christ présent dans la liturgie. Cette

valorisation de l 'assemblée chrétienne dominicale peut aussi s'avérer un lieu pour

développer une identité chrétienne que ne fournit plus la société actuelle sécularisée. Le

chrétien n'est-il pas celui qui a la capacité d'intégrer les diverses composantes de la vie des

disciples du Christ (liturgie, catéchèse et engagement) ? « En temps de chrétienté, il semble

que la société pouvait être le lieu où se faisait l 'intégration de ces trois dimensions (liturgie,

catéchèse et engagement). Notre société actuelle n 'est plus ce lieu. N'est-ce pas la

célébration liturgique qui aujourd'hui peut seule permettre l'intégration de ces trois

dimensions de la foi? » 2 7 1

Enfin, la fréquentation de l 'assemblée chrétienne dominicale permet une initiation à la vie

chrétienne puisqu'elle fait appel à une participation active qui permet une expérience

chrétienne. Lorsque les catéchètes interviewés plaident en faveur d 'une pédagogie qui mise

sur la participation active, ils ont en mémoire les sessions de catéchèse où ils essaient par

eux-mêmes de transmettre des connaissances aux enfants sur un mode magistral. Ils veulent

dépasser cette façon de faire pour adopter des moyens qui s'éloignent du cadre scolaire. La

mise en valeur de l 'assemblée chrétienne dominicale comme lieu de catéchèse et de liturgie

pour tous pourrait permettre un apprentissage différent, forcément plus expérientiel.

6.2 Une métaphore : un rassemblement familial

La théorisation qui surgit de l 'expérience et de l 'analyse des données peut aussi être

présentée à l 'aide d 'une métaphore ou d 'une image. Glaser et Strauss, les pères de la

théorisation ancrée, privilégient la métaphore pour rassembler les différents concepts d 'un

phénomène complexe. Après avoir narré notre théorisation, nous voudrions l'illustrer à

l 'aide d 'une métaphore. Celle que nous privilégions, c'est l ' image d'un rassemblement

familial qui permet de saisir les composantes à l 'œuvre dans l 'assemblée dominicale. Cette

2 7 1 Robert Coffy, « La célébration, lieu de l'éducation de la foi, » 40.

image d 'un rassemblement familial possède l 'avantage d'être comprise facilement

puisqu'elle prend appui sur une expérience humaine commune à plusieurs.

Lors d 'une fête de famille, il arrive bien souvent que les adultes vont se rassembler au

salon pour se retrouver et échanger. Cette discussion n'est pas toujours d 'un grand intérêt

pour les enfants qui se lassent et qui viennent à déranger s'ils sont contraints à rester au

salon. C'est une tante ou le plus âgé de la fratrie qui va souvent rassembler les enfants dans

une autre pièce pour des activités liées à leur âge. Ils vont poursuivre le même but que les

adultes, mais d 'une autre façon : par le jeu et les histoires, ils vont se faire proches les uns

des autres, apprendre leur histoire familiale et élaborer des plans pour les appliquer dans

leur milieu de vie. Et à un moment donné, les deux groupes (enfants et adultes) se

retrouvent autour d 'une même table pour partager le repas.

Parfois, le déroulement est un peu différent. Le repas familial peut commencer en présence

de toute la famille, les petits et les grands. Tous se mettent à table et on commence le

service des plats. Le partage se fait autour du pain et des paroles échangées lors des

discussions qui s'animent. Il peut arriver, à cause de la longueur du repas, que les enfants

quittent la table à un moment donné pour se retrouver ensemble. Il y a alors deux

dynamiques qui s'instaurent : celle des enfants qui sont partis poursuivre la discussion à

travers jeux, chants et danses, et la dynamique à la table. Après une période plus ou moins

longue, tous se retrouvent autour de la table pour terminer le repas et se dire au revoir.

Troisième partie

L'assemblée, lieu de formation à la vie chrétienne

La troisième partie de cette thèse veut être une réflexion théologique à partir de la

théorisation qui précède. Nous présenterons d'abord l 'assemblée chrétienne dominicale à la

lumière de l'histoire, ce qui nous permettra de mieux comprendre comment elle a été

comprise et vécue depuis les débuts du christianisme jusqu 'à nos jours. Le mouvement

liturgique du X X e siècle nous aidera dans ce survol historique puisque la dernière étape de

ce mouvement fut la redécouverte de l 'assemblée, notamment grâce aux travaux historiques

de Chi ra t . 2 7 2 Pour l 'analyse de la compréhension de Yecclésia au X X e siècle, la thèse de

Congar sur « Yecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l 'action liturgique »

sera d 'un grand appor t . 2 7 3 Nous analyserons aussi les rituels issus de la Réforme liturgique,

notamment en regard de l 'eucharistie et du b a p t ê m e . 2 7 4 Ces documents seront pour nous

témoins de la vision de l 'assemblée dans la foulée du Concile Vatican II. De plus, le

langage symbolique qui s'est développé dans la deuxième moitié du X X e siècle nous aidera

à voir l 'assemblée chrétienne à la lumière de celui-ci. Ce détour dans l 'histoire n 'est pas

superflu pour nous permettre de circonscrire les fondamentaux de l 'assemblée chrétienne.

Par la suite, nous voudrions poursuivre le dialogue théologique avec d'autres disciplines,

cette fois avec les sciences sociales et humaines, pour approfondir d'autres dimensions de

l 'assemblée dominicale. Dans le septième chapitre, nous verrons comment l 'assemblée est

lieu de catéchèse à la lumière de la catéchèse vue comme transmission des attitudes

(développée par la psychologie sociale). Nous croiserons aussi le fer avec la pédagogie et

les méthodes qu'elle propose pour l 'acquisition de l 'identité, notamment la méthode

pédagogique qui s'inspire de l'initiation. Cette réflexion nous permettra, lors du dernier

chapitre (neuf), de proposer un projet diocésain de catéchèse.

J 1~ Henri Chirat, L'Assemblée chrétienne à l'âge apostolique (Paris : Cerf, 1949). 2 7 3 Yves Congar, « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican IL 2 7 4 Rituel de l'initiation chrétienne des adultes (Paris : Desclée-Mame, 1997); Rituel du baptême des petits enfants (Paris : Mame-Tardy, 1969).

La corrélation comme courant théorique privilégié

Le concept de la corrélation est l 'élément principal qui permettra l 'analyse de notre

pratique. La corrélation permet une confrontation critique du concept retenu et analysé

(l 'assemblée chrétienne dominicale comme lieu de catéchèse et de liturgie) avec des

situations semblables de l 'Écriture (Ancien et Nouveau Testament) et de l 'histoire de

l 'Église. Au cœur de la corrélation, le croisement de la pratique avec les sciences humaines

pertinentes s'avère également essentiel. On peut penser à la pédagogie, à la psychologie, à

l 'anthropologie ou encore à la sociologie. On est, ici encore, dans un processus de

corrélation pour mieux saisir les contours de la pratique. Cet aspect interdisciplinaire nous

permet d'aller chercher dans les sciences humaines et sociales la sagesse de chacune de ces

disciplines pour mieux comprendre notre concept d 'assemblée chrétienne dominicale.

La théologie pratique étant une discipline relativement jeune, il est normal que les

méthodes soient aujourd'hui presque aussi nombreuses que les auteurs qui les ont

développées. Malgré la diversité des méthodes et des discours en théologie pratique, il y a

une unité d'intention que nous pouvons trouver : le défi de concilier la pratique et la

théologie . 2 7 5 C'est à une combinaison de différents éléments de méthodes que nous

souscrivons pour faire une lecture théologique de notre pratique pastorale. Tout en

reconnaissant les apports de chacune des méthodes, nous préférons ne pas baser notre

corrélation sur un seul modèle. Chaque modèle apporte sa contribution spécifique.

Jacques Audinet, Écrits de théologie pratiques, 241.

Toute cette réflexion théologique sera traversée par le dialogue. Comme ce fut le cas pour

la collecte des données et leur analyse, ce dialogue ne se fait pas au hasard, sans

méthodologie. Nous le ferons à partir d 'un courant théorique éprouvé : la corrélation.

Plusieurs ont travaillé avec cette méthode et ont proposé quelques balises que nous

voudrions présenter préalablement.

Le modèle corrélationnel de Dumas : faire ressortir l'intensité de l'expérience humaine

Pour Dumas, la corrélation est un « mouvement médiatisant la foi chrétienne à la culture

contemporaine » . 2 7 6 Dumas fonde la corrélation sur une méthode développée par Tillich et

reformulée par Schi l lebeeckx. 2 7 7 Pour Schillebeeckx, la révélation est une irruption inscrite 278

dans l 'expérience d 'un sujet. Cette expérience vient se confronter aux autres

expériences, qui ont forcément été interprétées et situées dans un champ d'interprétation au

sein d 'une tradition d'expériences. Les expériences sont nécessairement socio-médiatisées,

d 'où l ' importance de tenter une appréciation du décalage qu' i l peut y avoir entre réalité,

expérience et l angage . 2 7 9 L'expérience qui est alors réfléchie possède la capacité de

proposer une autre façon de voir la réalité; « l 'expérience révélatrice conduit à une

réinterprétation neuve, joyeuse, salutaire de notre propre identité, au prix d 'une

~ 7 6 Marc Dumas, « Corrélation; Tillich et Schillebeeckx, » dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau (Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2003), 74. 2 7 7 L'auteur renvoie à ce sujet aux livres de E. Schillebeeckx, Intérim report on the Books Jésus and Christ (London: SCM Press, 1980) et P. Tillich, Systematic Theology / / (London: James Nisbet & Co., 1957). 2 7 8 Edward Schillebeeckx, L'histoire des hommes, récit de Dieu (Paris : Cerf, 1982), 46-47. 2 7 9 Edward Schillebeeckx, L'histoire des hommes, récit de Dieu, 48.

Nous avons retenu trois modèles corrélationnel s qui sont complémentaires les uns par

rapport aux autres. Le modèle de Dumas que nous présentons en premier s'appuie sur les

travaux de Schillebeeckx et invite à corréler la pratique avec d'autres expériences humaines

afin d 'en faire ressortir toute la densité. Le modèle de Browning est un exemple du travail

d'interdisciplinarité en théologie pratique puisqu'il invite à corréler la pratique avec les

sciences humaines et sociales. Enfin, le modèle de Donzé invite à ne pas limiter la

corrélation aux disciplines actuelles, mais à aller puiser dans l 'histoire des expériences

semblables à la nôtre et susceptibles d'apporter un éclairage nouveau. À l'intérieur de

chacun de ces modèles, nous avons fait ressortir les éléments caractéristiques de la route

que nous allons emprunter pour corréler notre concept intégrateur avec les pratiques de

l 'Église au cours de son histoire bi-millénaire.

Le modèle corrélationnel de Browning : un exemple d'interdisciplinarité

Pour l 'analyse d 'une pratique, Browning mise davantage sur un contexte interdisciplinaire

pour une compréhension globale à partir de tous les enjeux présents. Dans son livre A

Fundamental Pracîical Theology : Descriptive and Stratégie Proposais, Browning place le 284

caractère interdisciplinaire de la corrélation au cœur de sa méthode." L'interdisciplinarité

permet un va-et-vient constant entre la pratique et la foi. La pratique qui est la nôtre sera 2 8 0 Edward Schillebeeckx, L'histoire des hommes, récit de Dieu, 55. 2 8 1 Marc Dumas, « Corrélation; Tillich et Schillebeeckx, » 78. 2 8 2 Marc Dumas, « Corrélation; Tillich et Schillebeeckx, » 71. 2 8 3 Marc Dumas, « Corrélation; Tillich et Schillebeeckx, » 74. 2 8 4 Don S. Browning, A Fundamental Pracîical Theology: Descriptive and Stratégie Proposais (Minneapolis: Fortress Press, 1991).

désintégration de notre identité routinière » . 2 8 0 Schillebeeckx dit qu' i l faut d 'abord

répondre aux questions humaines par des réponses humaines. Sans cette étape, c 'est

l 'autonomie de chacun des domaines qui est sacrifiée. Après avoir évalué et donné

l 'épaisseur de la réalité humaine d 'une pratique, il est possible d 'en fournir une

interprétation venant de la foi qui vient de l 'ordre de la grâce, c'est-à-dire «comme

inattendue, surprenante et tout à fait gratuite » . 2 8 1

Dans la Tradition, c'est l 'expérience qui doit être identifiée et cernée. Pour cela, il faut

dépasser un premier niveau des pratiques pour aller au cœur de l 'expérience. C'est ce que

l 'analyse précédente nous a permis de faire : déceler l 'expérience des catéchètes. Cette

expérience nous a permis de saisir les difficultés et les espoirs de l 'acte catéchétique

aujourd'hui, ce qui s'avère essentiel pour rejoindre cette expérience catéchétique à travers

les âges. La tâche de la corrélation entre les expériences permet aux théologiens d'être

« médiateurs au sens fort, car ils prennent part, sont impliqués et partagent une présence 282

aux deux mondes, » celui de la foi, et celui des pratiques. Nous voudrions accomplir

cette tâche en étant « celui qui corrèle pour l 'humain les symboles chrétiens susceptibles

d'être significatifs et compréhensibles. »"

alors traversée de part en part par l 'expérience pastorale de l 'Église avec les sciences

humaines et sociales. Browning se soucie aussi de l'intégration des grandes traditions

philosophiques et scientifiques dans l 'élaboration d'un raisonnement critique moral. Ce

raisonnement critique moral est issu d 'un dialogue entre le pragmatisme et la philosophie

herméneutique. Ce raisonnement se fait à partir d 'une situation scrutée et analysée à l 'aide

des traditions plus anciennes et des textes de référence pour voir si ceux-ci apportent une

lumière nouvelle sur la pratique. Ce qui est visé, c'est la compréhension de la pratique

étudiée à partir de théories qui touchent déjà de près ou de loin le sujet.

Browning fait l 'extrapolation de ce modèle en théologie pratique pour démontrer

l'interaction qui est appelée à être la pierre d'angle de la corrélation. Ainsi, la théologie

pratique devient un dialogue entre les dimensions de ce raisonnement critique moral, c 'est-

à-dire entre différents domaines à l 'intérieur même de la théologie, et enfin entre la

théologie et d'autres domaines d'études. Le dialogue qui est à l 'œuvre dans ce

modèle permet un continuel va-et-vient entre une situation concrète (influencée par une

tradition) et les divers domaines de la théologie, de même que d'autres disciplines.

L'approche privilégiée par Browning se démarque des autres de par son originalité à cause

de la place qu'i l accorde au jugement du chercheur. Il parle d 'une rationalité appelée à

transcender les règles. Dans son modèle, il place le jugement du chercheur au premier plan.

Selon lui, le fait de s'en remettre à son propre jugement ne revient pas à dire qu' i l n 'y a

aucun fondement à une pratique. Au contraire! Le jugement permet d 'ouvrir de nouvelles

perspectives au lieu de se fier uniquement sur des pratiques vérifiées et éprouvées qui ont

acquis force de loi. Ainsi, un jugement ne se fait pas uniquement par l 'observance

scrupuleuse de lois, mais aussi par l 'ouverture à l'action de l'Esprit. Il réclame un caractère

scientifique à cette méthode rationnelle qui place le jugement au cœur de la démarche.

Browning ouvre ainsi une brèche dans la façon de concevoir le caractère scientifique de la

théologie pratique.

Browning a élaboré le concept de phronesis, une sagesse pratique qui fait le lien entre la

pratique et la théologie. Au sein d 'une société qui perd de plus en plus ses références

religieuses, cette sagesse pratique vise une interprétation de la culture actuelle à partir des

Le modèle corrélationnel de Donzé : de l'expérience aux expériences historiques

Donzé présente son modèle corrélationnel à partir des différents moments d 'une recherche

en théologie pra t ique . 2 8 6 Ces moments ne sont pas successifs et ne viennent pas

nécessairement les uns à la suite des autres; ils sont plutôt en constante interaction tout au

cours de la recherche. Ainsi, après avoir identifié une pratique, il y a une phase d'analyse

qui se fait à partir des sciences humaines. Ensuite, il y a aussi un croisement qui se fait avec

la théologie lorsque les questions suivantes sont posées par le chercheur : Quel homme la

pratique fait-elle émerger? Quel type d'Église? Quel type de société? Quel Dieu? Ce sont

ces questions qui motivent la corrélation.

La corrélation permet de partir de la pratique pour aboutir à une nouvelle action qui surgit

de la confrontation entre notre pratique et des pratiques semblables dans les Écritures ou

dans la vie de l 'Église. Il y a ici une réflexion en profondeur sur l 'expérience vécue dans un

constant va-et-vient entre ce qui a été observé sur le terrain et ce qui est observé dans la vie

d'autres communautés chrétiennes qui servent de prototypes, telle la première communauté

chrétienne dont la vie est relatée dans les Actes des Apôtres.

La dernière phase de la recherche consiste en l 'élaboration du projet, c'est-à-dire de la

proposition de certaines pratiques renouvelées suite à l 'analyse et à la vérification sur le

terrain. À partir d 'une réflexion systématique, les conclusions permettent d'initier de

nouvelles pratiques adaptées au contexte. Tout ne s'arrête pas avec la mise en œuvre de

2 8 5 Don S. Browning, A Fundamental Pracîical Theology: Descriptive and Stratégie Proposais. 2 8 6 Donzé Marc, «Théologie pratique et méthode de corrélation, » dans Les études pastorales à l'université, sous la direction de Adrian M. Vischer (Ottawa : Presses de l'Université d'Ottawa, 1990), 82-100.

textes fondateurs qui ont forgé la cu l tu re . 2 8 5 Browning va jusqu 'à dire que cette sagesse ne

devrait pas être recherchée uniquement en théologie, mais aussi dans les autres sciences

humaines et sociales. Grâce à cette sagesse pratique, une conversation constante entre la

tradition et la pratique est rendue possible.

nouvelles pratiques. Encore faut-il les évaluer pour en mesurer l'efficacité et aussi pour

établir les limites de leur généralisation.

L 'ensemble des écrits en théologie pratique s'entend sur ceci : au cœur de la méthode se

trouve la réflexion. Dumas insiste pour corréler l 'expérience avec d'autres expériences;

Browning quant à lui met l 'accent sur la corrélation avec les sciences humaines, d 'où le

caractère interdisciplinaire de sa méthode; Donzé invite à la corrélation avec les pratiques

de la Tradition chrétienne. La réflexion se fait dans un continuel va-et-vient entre les

pratiques et l 'étude. Les pratiques sont ainsi recensées, et ensuite on en fait l 'analyse afin

de les proposer à nouveau, parfois identiques, d'autres fois modifiées. Et on recommence

ainsi le va-et-vient. Comme en un miroir, les pratiques se voient réfléchies par l 'étude, et

l 'étude se trouve réfléchie par les pratiques. Tout ceci ne se fait pas au hasard, mais plutôt

d 'une manière circulaire et systématique.

Maintenant, nous voudrions corréler l 'expérience de l 'assemblée chrétienne d'aujourd'hui

avec l 'expérience ecclésiale depuis les origines et avec les sciences humaines. L'état actuel

de l 'Église, marqué par le caractère sécularisé et moderne du monde, exige de reposer la

question de l 'assemblée chrétienne dominicale : quel est son rôle dans la formation de

l 'identité chrétienne? À quelles conditions permet-elle une articulation entre la catéchèse et

la liturgie? Peut-on l ' imaginer différemment de ce que nous vivons habituellement? Les

pistes que la recherche prétend ouvrir et privilégier seront novatrices puisque l 'analyse nous

oblige à considérer la pratique dans son contexte contemporain, ce qui appelle forcément

une nouvelle façon de la comprendre.

La corrélation de l'assemblée avec les sciences humaines

Nous avons voulu commencer cette partie en présentant la corrélation comme étant le

fondement de la discussion sur l 'assemblée chrétienne dominicale. Dans les deux prochains

chapitres, nous ferons ressortir quelques traits de ce concept intégrateur en le corrélant avec

d'autres expériences semblables de la vie ecclésiale au cours de l 'histoire. A l'invitation de

Donzé, nous croiserons ce concept de l 'assemblée chrétienne dominicale avec l 'histoire de

l 'assemblée. A l'invitation de Dumas, nous ferons la corrélation de notre pratique avec

l 'expérience chrétienne de la liturgie à travers la théologie sacramentaire symbolique de la

liturgie. Enfin, répondant au souhait de Browning de corréler la pratique avec les sciences

humaines et sociales, nous croiserons le fer avec la psychologie sociale qui s'est intéressée

à l 'acquisition des attitudes et avec la pédagogie.

2 8 7 Louis-Marie Chauvet, Symbole et Sacrement (Paris : Cerf, 1987). La thèse de cet ouvrage a été repris par l'auteur sous une forme plus brève dans Les Sacrements : Parole de Dieu au risque du corps (Paris : Vivre, Croire, Célébrer, 1997).

Chapitre 7 : L'assemblée chrétienne dominicale dans l'histoire de l'Église des origines à nos jours

Avant d'analyser la pratique actuelle de l 'assemblée chrétienne dominicale à l 'aide des

sciences humaines qui sont aptes à éclairer notre étude, il convient de présenter de manière

approfondie le concept unificateur qui est ressorti de l 'analyse, soit celui de l 'assemblée

chrétienne dominicale. Nous nous appuierons sur des synthèses réalisées par des historiens

et des théologiens. Cela nous permettra de voir s'il y a des éléments des pratiques antiques

à adopter pour renouveler nos pratiques actuelles. Nous le ferons d'abord à l 'aide de

l 'histoire relatée dans l 'Ancien et le Nouveau Testament. Par la suite, nous regarderons

dans la Tradition de l 'Église, de l 'époque patristique jusqu 'au Concile Vatican II, comment

l 'assemblée chrétienne dominicale a été comprise et vécue.

Notre réflexion sur l 'assemblée chrétienne ne saurait être complète si nous négligions deux

courants théologiques important du X X e siècle qui jettent un regard original sur l 'assemblée

chrétienne : la sémiologie et l 'univers symbolique. Cette réflexion à partir de la sémiologie

et des symboles nous semble être la dernière étape dans la réflexion sur l 'assemblée

chrétienne. Elle nous fait plonger dans un contexte d'interdisciplinarité qui est essentielle

dans une démarche de théologie pratique. Pour réussir cette réflexion, nous aurons recours ^87

à la sacramentaire de Chauvet notamment, qui fonde la liturgie sur le jeu des symboles.

Dans cette vision développée par Chauvet, l 'assemblée chrétienne est elle-même un

symbole qui permet à ses membres de se reconnaître comme chrétiens. Nous verrons donc

comment et à quelles conditions l 'assemblée chrétienne comme symbole permet de faire

advenir un être chrétien, ce qui est le terme d 'une démarche catéchétique.

1. L'assemblée dans l'histoire ancienne: du qâhâl Yahweh à Yecclésia

D'emblée, nous pouvons dire que le document sur la liturgie du Concile Vatican II,

Sacrosanctum Concilium, et les rituels issus de la réforme liturgique, ont mis en valeur

l 'assemblée chrétienne comme sujet de la liturgie. Ces documents ont favorisé la

participation active des fidèles. Même si cela peut nous paraître comme une nouveauté mise

de l 'avant par le mouvement liturgique et la réforme qui a suivi, l 'assemblée chrétienne

comme sujet de la liturgie a des racines lointaines dans l 'histoire. On peut voir l ' importance

de l 'assemblée dès les origines de l 'histoire du salut.

Dans l 'Ancien Testament, l 'assemblée est convoquée par Dieu qui veut se donner un

peuple du milieu des hommes. L'Église, peuple convoqué par Dieu, est donc l 'achèvement

d 'une réalité longuement préparée au cours de l 'histoire du salut. Dans la Traduction

Oecuménique de la Bible, Ancien et Nouveau Testament confondus, on retrouve le terme

assemblée 191 fois : il est traduit de l 'hébreu 124 fois et du grec 67 fois (37 fois dans les

livres deutérocanoniques de l 'Ancien Testament et 30 fois dans le Nouveau Testament ;

dans la majorité des cas, assemblée est la traduction du grec ecclésia).2*8 Ce terme

« a s s e m b l é e » utilisé pour traduire le mot qâhâl nous fait alors remonter jusqu 'au Sinaï

pour découvrir les origines de l 'assemblée. Cette assemblée de Yahweh, la Bible hébraïque

lui donne le nom de qâhâl.

1.1 Le qâhâl Yahweh de l'Ancien Testament

Le mot qâhâl se retrouve 123 fois dans l 'Ancien Testament hébra ïque . 2 8 9 La Traduction

Oecuménique de la Bible le traduit par le mot assemblée 103 fo i s . 2 9 0 Les autres traductions

2 X 8 « Assemblée » dans Concordance de la Traduction œcuménique de la Bible (Paris : Cerf, 1993). 2 8 9 « Qâhâl » dans Concordance de la Traduction œcuménique de la Bible, 1100-1101. 2 9 0 Le mot « assemblée » se retrouve toutefois à 124 reprises dans la traduction oecuménique de la Bible hébraïque ; les 21 autres utilisations du mot assemblée proviennent de diverses racines hébraïques (telles édâh, mô'éd, maqehél, qehillâh, miqerâ', am).

du mot qâhâl sont des termes qui s'apparentent à celui d 'assemblée : assembler (3 fois),

communauté (3), rassemblement (2), foule (2), coalition (1), ligue (1), s 'attrouper (1),

coaliser (1), bande (1), multitude (1), troupe (1), rassembler (1). Ces derniers mots,

nombreux dans la Bible hébraïque, sont surtout la traduction d'autres racines hébraïques

(par exemple, le verbe rassembler se retrouve 172 fois dans la Bible hébraïque, alors qu' i l

est la traduction du mot qâhâl une seule fois). Lorsqu'on examine la traduction des écrits

grecs de l 'Ancien Testament (livres deutérocanoniques), on retrouve le mot assemblée 37

fois. Il traduit le grec ekklêsia 21 fois (alors que ce mot grec se retrouve 22 fois dans

l 'Ancien Testament). Quant aux autres occurrences du mot assemblée dans les livres

deutérocanoniques de l 'Ancien Testament, il s'agit de la traduction du mot sunagôgê (11

fois), du mot plêthos (4 fois) et du mot polus (1 fois).

Lorsque la Bible hébraïque parle du qâhâl Yahweh, il s'agit d 'une assemblée englobante

qui s 'enracine dans l 'époque pré-monarchique où, déjà, l 'assemblée du peuple existait. Elle

était une institution politique faite d 'un groupe d'anciens. Dans l 'Ancien Testament, le

qâhâl Yahweh est d 'abord la réunion des douze tribus d'Israël en un seul peuple. Ce qâhâl

est constitué d 'hommes, de femmes et d'enfants en âge de raison. Parler du qâhâl Yahweh à

cette époque, c'est faire référence autant aux gens qui sont rassemblés qu ' à l 'événement

comme tel qui les rassemble. L'assemblée peut ainsi être comprise soit comme le peuple

rassemblé, soit comme la structure (le déroulement) de la rencontre.

Bien qu' i l y ait plusieurs exemples du qâhâl Yahweh dans l 'Ancien Testament (notamment

Ex 19 et II Rois 23), c'est l 'assemblée au Sinaï qui permet le mieux de cerner les

caractéristiques essentielles du qâhâl Yahweh?9^ Dans le livre de l 'Exode, le peuple qui

erre au désert est d 'abord appelé par Dieu au Sinaï pour entendre la Parole. Le peuple se

prépare pour l 'écoute de la Parole par le jeûne et la prière ; l 'écoute se fait dans la prière, la

louange et l 'adoration. Après avoir entendue la Parole, le peuple répond à cette Parole.

Cette réponse devient l 'acte d'Alliance qui est ensuite scellée par le sacrifice. Le sacrifice

ratifie donc l 'Alliance et engage le peuple à l 'égard de la Parole qu'i l a entendue. C'est par

leur participation à cette assemblée que les Israélites sont devenus Peuple de Dieu. Ce

n'était plus simplement une foule de gens disparates qu'i l y avait au Sinaï, mais bien le

2 9 1 Louis Bouyer, La Vie de la Liturgie (Paris : Cerf, 1956).

Peuple de Dieu qui s'était engagé à mettre en pratique la Parole entendue. L'assemblée sera

convoquée à plusieurs reprises au cours de l'histoire d'Israël pour renouveler ce pacte

conclu avec Dieu. A chaque fois, on retrouvera sensiblement les mêmes caractéristiques de

l 'assemblée, mais il arrivera parfois que déroulement habituel subisse des modifications.

Ainsi, ce qui est frappant de l 'assemblée pendant la période de l'exil, c 'est son adaptation

créative qui est imposée par les circonstances. Privé du temple, il n 'est plus possible pour le

peuple d'offrir des sacrifices : la liturgie doit alors être modifiée. La lecture de la Torah

n'est donc plus suivie du sacrifice. Les membres de l 'assemblée promettent de mettre en

pratique les paroles qu' i ls ont entendues et d'offrir les sacrifices ultérieurement, lorsque les

conditions le permet t ront . 2 9 2 Le psaume des déportés (Ps 137) nous met sur la piste du lieu

où la Parole était lue : au bord des fleuves de Babylone. Il faudra attendre le retour d'exil

pour le rétablissement du culte fait de la lecture de la Loi et des sacrifices (Esd 3).

L'assemblée a diverses fonctions à cette époque. Malgré ses fonctions diverses, nous

pouvons dire que l 'assemblée est convoquée pour le culte principalement. Ce culte

d'offrande, bien qu'accompli par le prêtre, est le culte du peuple entier. Dieu se constitue

un peuple auquel il demande de respecter l 'Alliance conclue : ceci prend forme dans une

vie cultuelle où le peuple est le sujet de l'action : tout le peuple est sacerdotal. Même à

l 'époque de l'exil où Israël est représenté comme le serviteur de Yahvé (on peut penser aux

multiples allusions au serviteur du trito-Isaïe, chapitres 40-55), le sens collectif du singulier

est toujours dominant. C'est le peuple au complet qui est au centre de l 'action. Le culte

d'offrande, bien qu'accompli par les prêtres, n 'est pas un acte individuel, mais un acte du

peuple considéré comme un tout.

1.2 uecclésia à l'âge apostolique

Du qâhâl Yahweh, on va passer à Yecclésia pour les premiers chrétiens. Ce mot grec était

utilisé par les chrétiens pour témoigner de la nouveauté et de l 'originalité de leur assemblée

par rapport à celle de l 'Ancien Testament. Le mot qâhâl continua tout de même à être

2 9 2 C'est à cette période de l'exil que plusieurs font remonter les origines du culte de la synagogue.

utilisé par l 'ensemble du peuple pour désigner l 'assemblée des premiers chrétiens.

Uecclésia est donc le mot que les chrétiens eux-mêmes donnaient à leur assemblée . 2 9 3 Le

mot assemblée est toutefois rare dans le Nouveau Testament : on le retrouve 30 fois alors

qu 'on le retrouvait 161 fois dans l 'Ancien Testament.

L 'examen de l'utilisation du terme assemblée nous apprend donc que dans le Nouveau

Testament, il a tendance à être remplacé par le mot Église : alors que le mot grec ekklêsia

est surtout traduit par assemblée dans les écrits deutérocanoniques de l 'Ancien Testament

(21 fois sur 22), il l 'est moins dans le Nouveau Testament (14 fois sur 114). Cela révèle une

évolution sémantique : pour désigner spécifiquement l 'assemblée des premiers chrétiens,

on en arrive à privilégier le mot Église. Ainsi, pour l 'étude de l 'assemblée dans les écrits

néo-testamentaires, il ne faut pas se limiter à l 'étude du contexte en l 'occurrence du mot

assemblée uniquement, mais il faut aussi voir le contexte global en l 'occurrence du mot

Église puisqu'il traduit le grec ekklêsia.

Bien que les premiers chrétiens continuèrent à fréquenter la synagogue le jour du sabbat,

c'est leur participation à Yecclésia le dimanche qui vint à les caractériser de plus en plus. Il

n 'y a toutefois pas de rupture avec le qâhâl Yahweh, mais une continuité avec celui-ci :

Yecclésia est vue comme l 'accomplissement d 'une réalité déjà annoncée et commencée

dans l 'ancienne alliance. Tout comme le qâhâl Yahweh était une assemblée convoquée par

Dieu, Yecclésia correspondait aussi à cette convocatio du peuple que Dieu s'était choisi

pour être ses témoins « de Jérusalem jusqu 'aux extrémités de la terre » (Le 24, 48). Si la

convocation par Dieu était commune à ces deux assemblées, de même que la structure de

l 'assemblée (rassemblement, proclamation de la Parole, explication, réponse à la Parole,

sacrifice), il y a eu transformation de certains éléments à la lumière de l 'événement pascal.

L'assemblée voudra correspondre aux exigences de l 'enseignement du Christ, sans rupture

avec ce qui avait précédé. Elle verra donc à redéfinir les conditions d'accès pour ses

2 9 3 La Concordance de la Traduction Œcuménique de la Bible utilise l'orthographe ekklêsia, alors que la littérature utilise ecclésia. Dans cette partie, lorsque nous faisons référence à la Concordance, nous utilisons l'orthographe que ses auteurs privilégient. Le mot ekklêsia est traduit par « Église » 100 fois (une seule fois le terme « Église » n'est pas la traduction du grec ekklêsia). Ce mot est traduit par assemblée 35 fois (majoritairement dans les livres deutéro-canoniques) alors que ce mot se retrouve 67 fois dans l'ensemble des livres grecs. Ekklêsia est enfin traduit une fois par le mot attroupement dans l'Ancien Testament (livre deutéro-canonique).

membres puisque les barrières sociales ne doivent pas en exclure certains : le message du

Christ commande que tous soient invités à l 'assemblée, surtout ceux qui sont en marge de

la soc ié té . 2 9 4 L'invitation à annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les nations au lendemain

de la résurrection manifeste aussi l 'ouverture nécessaire au sein des assemblées, ce qui ne

sera pas sans apporter son lot de questions, de querelles et d'adaptations.

La confession de foi était donc créatrice de fraternité en réconciliant en un même

corps ce qui était divisé. Toutefois, cela n'allait pas de soi. Paul aussi bien que

Jacques doivent s'élever contre la discrimination entre riches et pauvres qui

s'introduit dans l 'assemblée chrétienne. En un même lieu, ce genre de division doit

être abo l i . 2 9 5

Si la proclamation de la Parole est au cœur de Uecclésia et du qâhâl, dans Yecclésia, la

signification donnée à cette Parole n 'est pas la même dans le qâhâl Yahweh. Alors que dans

le qâhâl Yahweh la Parole était célébrée comme créatrice au moment de la séparation de la

lumière et des ténèbres permettant le passage du néant à l 'être, dans Yecclésia la Parole est

célébrée comme re-créatrice en faisant passer de la mort à la vie divine. Alors que dans le

qâhâl Yahweh le sacrifice visait à ratifier l 'alliance entre le peuple et Dieu, dans Yecclésia,

le repas du Seigneur est l 'accomplissement de cette Parole qui fait renaître d ' en -hau t . 2 9 6 Le

sacrifice eucharistique est ici à l ' image du précipité dans les expériences scientifiques qui

vient mettre en valeur ce qui était toujours là, mais qui demeurait invisible jusqu 'alors: le

sacrifice rend perceptible une Présence déjà là dans la Pa ro le . 2 9 7 Enfin, une autre

caractéristique de Yecclésia vient du fait que la prière chrétienne avait la particularité d'être

faite au nom du Chr i s t . 2 9 8

Chirat présente quelques fonctions de l 'assemblée à l 'âge apostolique pour nous révéler la

diversité de ses pratiques. Notre conception, souvent étroite et étriquée, de l 'assemblée

2 9 4 L'assemblée était alors constituée de plusieurs classes sociales: les esclaves partageaient la même table que les hommes libres, les hommes et les femmes priaient ensemble, les juifs étaient avec les païens. Cela est manifeste dans le livre des Actes et Paul en fera lui aussi mention dans plusieurs de ses lettres (Col 3, 11; Ga 3, 2 8 ; I C o 12, 13). 2 9 5 Gilles Routhier, « Une Église au carrefour des routes, » dans Gilles Routhier et Axel Mauger, Église du Québec, Église de France (Ottawa : Novalis, 2006), 151. 2 9 6 Louis Bouyer, La Vie de la Liturgie, 45. 2 9 7 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 65. 2 9 8 Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » Worship 67 (2004): 131.

Henri Chirat, L'Assemblée chrétienne à l'âge apostolique, 214.

s'élargit en apprenant qu ' à l 'époque apostolique, Yecclésia ne se limitait pas à la

célébration de l 'eucharistie. Les chrétiens se rassemblaient pour faire place aux jugements

et aux délibérations nécessaires dans toute vie collective. Les Actes des Apôtres et les

lettres de Paul font même mention de différends et de querelles à l 'intérieur même de

l 'assemblée qui sont perçus comme des appels à l 'unité de l 'Église.

Il n 'est pas rare que les chefs des Églises fassent appel au discernement des membres au

cours des assemblées habituelles pour régler les principaux points de litige de la

communauté (Ac 15), pour publier des statuts aptes à corriger des abus ou encore pour

réaménager la vie de communau té . 2 9 9 Ainsi, l 'assemblée avait la capacité de punir les

délinquants et de pardonner aux pécheurs. Et comme la remise des péchés avait un

caractère public, il n 'était pas inhabituel que ce soit au sein de l 'assemblée que le pécheur

soit gracié. Tout ce qui concernait les rapports des chrétiens entre eux et avec les autres

pouvait faire partie de l 'assemblée. Ainsi, on peut lire l 'exhortation suivante dans la

Didachè : « Dans l 'assemblée, tu confesseras tes manquements, et tu n' iras pas à la prière

avec une conscience mauvaise » (n° IV).

On comprend que ce qui concernait l 'organisation interne de la communauté intéressait au

premier chef l 'assemblée. Tous ses membres prenaient une part active dans les décisions

qui concernaient la vie communautaire. C'est pendant l 'assemblée qu 'on choisissait les

responsables de la communauté ; les Actes des Apôtres nous disent à ce propos que c'est le

groupe des disciples de Jésus, réuni en assemblée, qui choisit au sort Mathias pour

remplacer Judas après la résurrection (Ac 1, 15-16). L'assemblée fait aussi le choix des

missionnaires : ainsi, c 'est l 'assemblée de Jérusalem qui décida d 'envoyer quelques-uns de

ses membres à Antioche avec Paul et Barnabe (Ac 15, 22). Nous le voyons : toute décision

qui concernait la vie de la communauté se prenait pendant l 'assemblée. Les décisions prises

par l 'assemblée étaient considérées comme inspirées par l 'Esprit-Saint.

Il n 'y avait pas que les relations humaines et l 'organisation interne de la communauté qui

étaient au cœur des préoccupations de l 'assemblée, mais les œuvres charitables à l 'égard

des autres occupaient une large part dans les assemblées chrétiennes à l 'âge apostolique.

L'assemblée remplissait aussi les fonctions ayant trait au service de la charité avec les plus

nécessiteux. Le souci de partager avec les pauvres est éloquent dans la collecte en faveur

des pauvres de Jérusalem. Cette collecte faite à l 'assemblée d 'Antioche est caractéristique

de la koinonia des assemblées entre e l l e s . 3 0 0 On pourrait ajouter l 'aide aux veuves et aux

orphelins : les Actes nous parlent de ce service des tables auxquelles prenaient place les

veuves qui vit naître la diaconie (Ac 6, 1-6). On fait aussi mention dans les Actes des

Apôtres et dans les lettres de Paul du souci des communautés de subvenir aux besoins des

ouvriers apostoliques ; ce partage se fait au cours de l 'assemblée puisque « les offrandes

matérielles des païens qui ne se font pas instruire ne sont pas sollicitées » . 3 0 1 L'assemblée

était aussi un lieu d'accueil pour les chrétiens de passage dans une autre ville.

Ce qui vient d'être présenté n'est qu 'une esquisse des diverses fonctions de l 'assemblée

chrétienne à l 'âge apostolique. Cette présentation ne doit pas nous empêcher de voir ce qui

était central pour l 'assemblée : la célébration de l 'eucharistie en mémoire du Seigneur.

L'exégèse des Actes des Apôtres permet de supposer que dans certaines communautés,

l 'eucharistie n'était pas célébrée le dimanche uniquement.

1.2.1 L'assemblée du premier jour de la semaine

Quoiqu'i l en soit de la périodicité de l 'eucharistie, l 'assemblée du dimanche était une

caractéristique essentielle de l 'assemblée chrétienne dès cette époque. Ce rythme a marqué

la vie de l 'assemblée dès cette époque, jusqu ' à nos jours. Au départ, l 'appellation garda les

traces juives : le premier jour de la semaine sabbatique. Ce terme de « premier jour de la

semaine » fut d 'abord utilisé par les évangélistes pour désigner le jour de la résurrection. Il

y a moins d'exactitude chronologique à désigner le dimanche comme jour de la résurrection

que de valeur théologique : « il s'agit de manifester le fondement de ce qui était devenu une

3 0 0 Henri Chirat, L'Assemblée chrétienne à l'âge apostolique, 126-242. 3 0 1 Henri Chirat, L'Assemblée chrétienne à l'âge apostolique, 224. 3 0 2 Cet accueil manifeste en fait la catholicité d'une autre Église et la communion existant entre toutes les assemblées chrétiennes. «Puisque l'assemblée eucharistique était à cette époque coextensive à l'Église du lieu, communier à une Église signifiait être membre de cette Église. Les Constitutions apostoliques nous rapportent que les diacres connaissaient parfaitement les membres de leur Église et qu'ils veillaient à ce qu'eux seuls participent à la synaxe. La question se posait donc à propos des étrangers. Comment doit-on agir avec eux ? Les refuser à sa synaxe aurait témoigné du refus d'une Église de reconnaître la catholicité d'une autre assemblée. Au contraire, les accueillir, c'était admettre la catholicité d'une autre Église et affirmer la communion entre les deux assemblées. » Gilles Routhier, « L'eucharistie, manifestation de l'Église locale, » Études canadiennes en liturgie 2 (1992) : 22.

habitude pour les communautés chrétiennes dès les années 50, à savoir celle de se

rassembler ce jour-là en mémoire de la résurrection de Jésus ». 0 3

La coutume de célébrer le dimanche se propagea progressivement de Jérusalem jusque dans

l 'ensemble du bassin méditerranéen (il est vraisemblable que cette coutume se soit

implantée plus tardivement dans les communautés judéo-chrétiennes attachées au sabbat).

Les Actes des Apôtres relatent que Paul rompt le pain le premier jour de la semaine à Troas

(Ac 20, 7). Paul lui-même, dans ses lettres, parle de la fraction du pain le premier jour de la

semaine : à Corinthe (I Co 16, 1-2) et dans les autres communautés que l 'apôtre des nations

a fondées, cette coutume existe. La participation à l 'assemblée, de surcroît celle du

dimanche, est une marque identitaire des chrétiens. C'est pourquoi, ils sont fermement

encouragés à y prendre part : « Ne désertons pas nos assemblées! » (He 10, 25). On peut

aussi lire cet encouragement dans Les Constitutions apostoliques :

Puisque vous êtes les membres du Christ, ne vous désagrégez donc pas en manquant

les assemblées; puisque selon sa promesse, vous avez comme « tête le Christ », uni

à vous et en communion avec vous, ne vous négligez pas vous-mêmes, ne

dépouillez pas le Sauveur de ses propres membres et ne préférez pas les affaires

séculières à la Parole divine ( . . . ) 3 0 4

Les premiers chrétiens «trouvèrent naturel d'organiser leur culte nouveau d'après la

semaine septénaire qui portait le sceau de l'institution divine, et de fixer leur assemblée à la

nuit qui succédait au sabbat » . 3 0 5 Le plus ancien écrit des Pères Apostoliques que nous

ayons pour attester l'institution du dimanche est la lettre d'Ignace d 'Antioche aux

Magnésiens. Arrêté et condamné sous Trajan (entre 98 et 117), sur le chemin qui le

conduisait de Antioche à Rome pour être persécuté, Ignace écrit une lettre qui parle du

dimanche comme le jour de la victoire pascale :

Si donc ceux qui vivaient dans l 'ancien ordre des choses sont venus à la nouvelle

espérance, n 'observant plus le sabbat, mais le jour du Seigneur, jour où notre vie

s'est levée par lui et par sa mort - quelques-uns le nient; mais c 'est par ce mystère

3 0 3 Louis-Marie Chauvet. Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 52. 3 0 4 Les Constitutions apostoliques II, 59, 1-2, Source chrétienne nH 320 (Paris : Cerf), 325. 3 0 5 Henri Chirat, L'assemblée chrétienne à l'âge apostolique, 197.

que nous avons reçu la foi, et c'est pour cela que nous tenons ferme, afin d'être

trouvé de véritables disciples de Jésus Christ notre seul maître (lettre aux

Magnésiens, n° IX).

Les chrétiens préféraient l 'expression «premier jour de la semaine» à celle vétéro-

testamentaire du Jour du Seigneur qui désignait davantage l 'avenir eschatologique et le

jugement dernier. Ce terme de Jour Seigneurial fut reçu de l 'Asie Mineure, faisant

référence à l 'empereur qu 'on appelait seigneur et à l 'honneur qui lui était dû. Ainsi, certains

parlèrent du premier jour de la semaine, comme le jour seigneurial en donnant à Dieu les

honneurs et les services donnés à l 'empereur. Pour les chrétiens, c'est l 'eucharistie célébrée

le dimanche, plus que le vocable Jour Seigneurial, qui faisait apparaître le dimanche

comme l'anticipation du jour du jugement.

1.3 uecclésia à l'époque patristique

Les premiers siècles de l 'histoire vont consolider la structure de l 'assemblée qui était

présente dès l 'époque apostolique. Grâce aux écrits des Pères de l 'Église, nous avons accès

à la compréhension que les premières générations chrétiennes avaient de Yecclésia. Ce qui

est remarquable dès l 'époque apostolique, c 'est le fait que les assemblées n'avaient pas

comme unique fonction de célébrer l 'eucharistie : la structure de l 'assemblée chrétienne

variait selon les motifs du rassemblement.

Si nous pouvons dire que l 'assemblée chrétienne dominicale était le mémorial de la

résurrection, nous ne pouvons pas dire que c'est l 'eucharistie qui a toujours été l 'unique

moyen pour l 'assemblée d 'honorer ce jour. Bien que l 'assemblée demeurait le lieu

privilégié pour la prière et les sacrements (notamment ceux du baptême et de l 'eucharistie),

elle remplissait aussi d'autres fonctions. Ainsi, l 'assemblée était un lieu de proclamation de

l 'évangile pour préparer les catéchumènes qui allaient recevoir le baptême. L'ensemble de

la démarche catéchuménale faisait appel à toute l 'assemblée chrétienne et la part dévolue à

chacun de ses membres était grande. À côté de la préparation et de la célébration de ces

sacrements majeurs, l 'assemblée se réunissait aussi pour l ' imposition des mains sur les

malades, pour les mariages, les ordinations, les consécrations des vierges et de nombreuses

autres bénédictions.

Dès l 'époque apostolique, on en vint à séparer le repas fraternel de la célébration de

l 'eucharistie. Cela contribua à associer l 'assemblée chrétienne à la célébration de

l 'eucharistie. La structure de l 'assemblée fut modifiée considérablement puisque l 'unique

célébration de l 'eucharistie au cours de l 'assemblée réduisait sa durée. Dans ce contexte,

les baptêmes se firent de plus en plus avant la célébration eucharistique au lieu de se faire

lors d 'une autre convocation de l 'assemblée. De plus, on fit précéder le sacrifice

eucharistique « d 'une liturgie épénétique et didactique analogue à celle de la synagogue. Ce

service de prière et d'instruction avait une existence distincte » . 3 0 6 C'est alors par souci

d 'un rassemblement qui réponde aux besoins des membres qu 'on a modifié la structure de

l 'assemblée. Peu à peu, on en vint à dire que l 'assemblée chrétienne par excellence était

l 'assemblée eucharistique.

Jusqu 'à la fin de l 'époque patristique, l 'eucharistie n'avait pas préséance sur les autres

fonctions de l 'assemblée. En fait, jusqu 'au V e siècle, ce qui importait, avant même de faire

la messe, c'était de faire Eglise. Il était alors normal pour les chrétiens de dire qu' i ls

allaient à l 'assemblée (au lieu de dire qu' i ls allaient à l 'eucharistie). Plusieurs témoignages

patristiques attestent de cette préséance de l ' a ssemblée . 3 0 8 Il est significatif à cet égard que,

durant les premiers siècles, les évêques ne demandent pas aux chrétiens d'aller à la messe le

dimanche (cela changera au Moyen Âge), mais d'aller à l 'Église, expression dans laquelle

le terme d'Église désigne l 'assemblée et non pas, du moins avant 350, le bâ t iment . 3 0 9 C'est

Yecclésia comme rassemblement qui importait davantage, comme l 'exprime Chauvet :

Mais si l 'eucharistie comme telle est bien au cœur de l 'assemblée dominicale, si

donc elle n 'est pas secondaire, elle n 'en demeure pas moins seconde, subordonnée

0 6 Henri Chirat, L'Assemblée chrétienne à l'âge apostolique, 188. 3 0 7 Louis-Marie Chauvet, « Le dimanche chrétien, » dans CNPL Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier (Paris : Bayard, 2000), 134-135. 3 0 8 On pourra référer à la Didachè qui parle de l'assemblée réunie pour la prière (notamment IV, 14 et XIV, 9) ; aux lettres d'Ignace (aux Éphésiens XIII, 1 et aux Magnésiens VII, 2) qui sont l'écho de l'auteur de la lettre aux Hébreux qui exhorte à ne pas déserter les assemblées (10, 25). 3 0 9 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps , 153.

' 1 0 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 53. 3 1 1 Justin, « Première Apologie, » Études augustiniennes 33 (1987) : 192-193.

qu'el le est au rassemblement lui-même en mémoire de Jésus ressuscité des morts.

Un tel rassemblement a valeur théologique en lu i -même . 3 1 0

A l 'époque patristique, la célébration du premier jour de la semaine équivalait à vivre selon

le christianisme, tandis que l 'observance du sabbat était une profession du judaïsme.

L'eucharistie célébrée le dimanche était la plus importante de toutes les eucharisties : on la

célébrait la nuit, debout, et remplis d'allégresse. Avant d'être un devoir spécifique pour les

chrétiens des premières générations, le rassemblement dominical est une marque identitaire.

« Ils se réunissent à jour fixe, avant l 'aube, pour chanter une hymne au Christ » dit le

rapport de police qu'écrit en l 'an 112 le gouverneur romain Pline le Jeune à l 'empereur

Trajan : il parle bien sûr des chrétiens !

Dès la fin du I e r siècle, on trouve l 'exhortation à la célébration du dimanche parmi les

prescriptions de La Didachè (n° XIV) : « Réunissez-vous le jour dominical du Seigneur,

rompez le pain et rendez grâce. » Au milieu du II e siècle, Justin, philosophe grec converti et

mort martyr avec 165 compagnons d'épreuve, présente l 'assemblée dominicale en ces

termes dans sa première apologie (67, 3-5) :

Au jour qu 'on appelle jour du soleil, tous, qu ' i ls demeurent en ville ou à la

campagne, se réunissent en un même lieu, et on lit les mémoires des Apôtres et les

ouvrages des prophètes pendant le temps disponible. Puis, quand le lecteur a fini, le

président prend la parole pour nous adresser des avertissements, et nous exhorter à

imiter ces beaux enseignements. Enfin, nous nous levons tous ensemble et nous

prions à haute voix, et comme nous l 'avons dit, lorsque la prière est terminée, on

apporte du pain et du vin et de l'eau; le président prononce à haute voix les prières

et les actions de grâces, avec toute la ferveur dont il est capable et le peuple répond

en proclamant l ' A m e n . 3 1 1

Juste après cette description de l 'assemblée dominicale dans l 'Église de Rome, Justin

explique l ' importance du dimanche comme jour privilégié pour faire mémoire.

3 1 2 Justin, « Première Apologie, » Études augustiniennes 33 (1987) : 192-193. 3 1 3 Joseph Gélineau, « L'assemblée des chrétiens, » dans CNPL, Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier (Paris : Bayard, 2000), 23. 3 1 4 Louis-Marie Chauvet, « Le dimanche chrétien, » dans CNPL, Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, 130-135.

C'est le jour du soleil que nous faisons notre réunion, d'abord parce que c'est le

premier jour, celui où Dieu, à partir des ténèbres et de la matière, créa le monde ; et

c'est parce que ce jour-là est encore celui où Jésus Christ, notre Sauveur, ressuscita

d'entre les morts. La veille du jour de Saturne (du samedi), on l'avait crucifié, et le

surlendemain, c'est-à-dire le jour du soleil, s'étant montré à ses Apôtres et à ses

disciples, il leur enseigna ce que nous avons e x p o s é . 3 1 2

La Didascalie des apôtres (milieu du III e siècle) a aussi des consignes se rapportant à

l 'assemblée dominicale : « Le jour du Seigneur, il faut courir avec diligence à l 'Église, (. . .)

et que personne ne manque à l 'assemblée. » Le témoignage des martyrs d 'Abilène en 304

démontre aussi l ' importance de l 'assemblée dominicale. Condamnés à mort pour avoir

participé à l 'assemblée eucharistique dominicale, ces 31 hommes et 18 femmes seront

appelés par la tradition chrétienne « les martyrs du dimanche. » Voici le témoignage que

l 'un d'entre eux fera devant le tribunal de Carthage en Tunisie:

J 'ai été à l 'assemblée et, avec mes frères, j ' a i célébré le Dominicum (jour du

Seigneur) parce que je suis chrétienne.. . Comme si un chrétien pouvait exister sans

le Dominicum, comme si celui-ci pouvait être célébré sans chrétiens. Ignores-tu,

Satan, que le chrétien est nécessairement lié au Dominicum et le second au premier

et que l 'un ne peut exister sans l ' a u t r e ? 3 1 3

Le dimanche n'était pas un jour de repos au début du christianisme (comme pouvait l 'être

le sabbat). C'était un jour de mémorial. Ce qui importait, c'était d 'avoir la capacité de se

rassembler avec la communauté, avant d 'avoir la capacité de se reposer. La législation sur

le repos dominical n 'avait pas d'autre but que de permettre la participation au repas du

Seigneur, contrairement au sabbat pour les Juifs qui commémorait le repos de Créateur le

septième j o u r . 3 1 4

1.4 Théologie de Yecclésia à l'époque patristique

Nous le voyons : l 'époque apostolique et patristique a été un temps de fécondité pour la

réflexion sur l 'assemblée chrétienne dominicale. A travers les Actes des Apôtres, les lettres

de saint Paul et les textes des Pères de l 'Église, nous pouvons dégager les prémices d 'une

théologie de l 'assemblée dès cette époque. Nous avons retenu cinq caractéristiques de

l 'assemblée à cette époque de l 'Église naissante : la participation des fidèles, la réunion

autour de l 'épiscope, le signe du Christ-ressuscité, l 'eucharistie comme sommet de la vie de

l 'assemblée et l 'assemblée comme signe du Corps du Christ.

1.4.1 La participation des fidèles

La participation des fidèles est manifeste dans les assemblées. Chacun des membres a un

rôle lorsqu'il faut choisir les dirigeants, accompagner des catéchumènes ou encore

organiser une collecte pour les plus pauvres. Au sein de l 'assemblée eucharistique, le

peuple a aussi une place importante, notamment pour l'offertoire. L'offrande du pain et du

vin de la part de l 'assemblée est attestée dès le III e siècle en Afrique du Nord, au IV e siècle

à Milan, Rome et en Orient et au V e siècle en Gaule et en Espagne. Cette offrande par les

fidèles était la mise en valeur de l'offrande de l 'Église e l l e -même. 3 1 5

Les témoignages des Pères de l 'Église parlent de la participation de tous au sacrifice

eucharistique. Le philosophe Justin qui nous a laissé un premier témoignage de

l 'eucharistie dans la communauté primitive de Rome confirme la participation du peuple

par sa réponse aux paroles du prêtre (Première apologie 67, 5) : « le président prononce à

haute voix les prières et les actions de grâces, avec toute la ferveur dont il est capable et le

peuple répond en proclamant l 'Amen. » Hippolyte (dans la Tradition Apostolique) affirme

clairement que la Sainte Église est le sujet de l 'action liturgique. Le pluriel dont use la

liturgie avait alors toute sa vérité à l 'époque parce qu'il traduisait bien la participation de

tous au mystère célébré.

3 1 5 Yves Congar, «Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique,» dans La liturgie après Vatican II, 248.

1.4.2 L'assemblée réunie autour de l'épiscope

Une autre caractéristique de l 'assemblée réside dans le fait qu'el le est convoquée et dirigée

par la hiérarchie de l 'Eglise, notamment par les épiscopes. L'assemblée chrétienne

rassemble le peuple de Dieu autour de l 'épiscope. L'épître de Clément de Rome aux

Corinthiens le montre bien :

Dieu nous a prescrit de nous acquitter des offrandes et du culte, non pas n ' importe

comment et sans ordre, mais à des époques et à des moments déterminés. Il a

déterminé lui-même, en son souverain bon plaisir, où et par quels ministres nous

devions nous en acquitter, afin que tout se passe saintement selon son bon plaisir, et

soit ainsi agréable à sa volonté (XL, 2).

Les premiers chrétiens avaient conscience que l 'identité de l 'Église repose sur l 'assemblée

chrétienne dominicale présidée par l 'épiscope. Ignace a beaucoup misé sur ce lien de

chaque fidèle avec l 'évêque : « marcher d'accord avec la pensée de votre évêque ; rien sans

l 'évêque ; suivez tous l 'évêque » (lettre aux Éphésiens, 142; lettre aux Philadelphiens, 182 ;

lettre aux Smyrniotes, 191 ) . 3 1 6 Cette unité des fidèles avec l 'évêque devait se manifester

lors de l 'assemblée chrétienne, qui devait être unique. Ignace fonde cette unité sur le fait

qu' i l n 'y a qu 'une « seule chair de notre Seigneur Jésus-Christ, et un seul calice pour nous

unir en son sang, un seul autel, comme un seul évêque avec le presbytérium et les diacres »

(Philadelphiens, IV).

Dans l 'étude de l 'ecclésiologie sous-jacente à la liturgie suite à la réforme du Concile

Vatican II, Routhier montre bien ce rôle primordial de l 'évêque au sein de l 'assemblée

chrétienne, un rôle qui est toujours valorisé dans la liturgie actuelle de l 'Ég l i se . 3 1 7 Dans la

Présentation Générale du Missel romain (n° 74), la célébration eucharistique présidée par

l 'évêque est la forme privilégiée et la plus normale (quoique la plus usuelle soit celle

présidée par un prê t re ) . 3 1 8 Cette conviction s 'appuie sur de nombreux textes des Pères de

3 1 6 Ignace d'Antioche, « Lettres d'Ignace d'Antioche, » trad. de Pierre-Thomas Camelot, o.p. dans Les écrits des Pères Apostoliques (Paris : Éditions du Cerf, 1963). 3 1 7 Gilles Routhier, « L'eucharistie, manifestation de l'Église locale, » 30-31. 3 1 8 La PGMR (n° 74) présente la forme habituelle de la messe comme étant celle «présidée par l'évêque entouré par son presbytérium et par ses ministres, et à laquelle le peuple saint de Dieu participe de façon plénière et active ».

3 1 9 Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » 126.

l 'Église et sur la Tradition de l 'Église qui a toujours cherché à maintenir liés Église,

communauté et évêque.

Au cours des premiers siècles de l 'Église, avec la croissance et l 'expansion du

christianisme, il devint de plus en plus difficile de pouvoir rassembler en un même lieu les

chrétiens d 'une ville, comme celle de Rome par exemple. Les chrétiens étaient devenus

trop nombreux. Puisque le fait de se réunir en un même lieu sous la présidence de

l 'épiscope était une caractéristique essentielle de l 'assemblée, il a fallu inventer de

nouveaux rites pour pallier l ' impossibilité d 'une assemblée unique. Le rite du fermentum et

les célébrations stationales ont permis de garder le lien entre les diverses assemblées et

l 'épiscope, sachant que ce lien n 'est pas qu'accidentel, mais qu'i l appartient à la définition

même de l 'Église. Ainsi, les chrétiens ne manquaient pas une occasion de pouvoir se

rassembler avec l 'épiscope lors d 'une célébration stationale. Pour eux, cette célébration

était la plus normale, quoique non pas la plus usuelle.

De plus, avec l 'expansion du christianisme dans les campagnes, on voir le nombre des

assemblées se multiplier. Cette situation a contribué au « démembrement » de certaines

assemblées chrétiennes. Afin de garder sauve la signification de l 'assemblée, plusieurs

épiscopes ont cherché à limiter ces assemblées plus restreintes dans les chapelles en

invitant les chrétiens à se rassembler en plus grande assemblée, notamment lors des grandes

fêtes chré t iennes . 3 1 9

1.4.3 L'assemblée, signe du Christ-ressuscité

Depuis la résurrection du Christ, l 'assemblée (autant les personnes rassemblées que ce

qu' i ls font ensemble) est le signe le plus probant de la présence du Christ dans un milieu ;

c 'est l 'assemblée qui montre l 'Église et par le fait même, qui montre le Christ. Ceux qui

fréquentaient l 'assemblée dominicale faisaient nécessairement partie de l 'Église. Il y avait

une vive conscience que sans ecclésia, l ' identité de l 'Église et des chrétiens était fortement

menacée. Ainsi, dès les origines, on pouvait affirmer :

Fait partie de l 'Église celui qui s'unit à l 'eucharistie de l 'évêque. C'est ainsi que

l 'on pouvait opérer une discrimination entre les fidèles, d 'une part, et les

schismatiques et les hérétiques, d'autre part. C'est l 'évêque qui assure son Église

dans la catholicité, l 'apostolicité, l 'unité et la sa in te té . 3 2 0

1.4.4 L'eucharistie, sommet de l'assemblée chrétienne

À cause des nombreuses fonctions de l 'assemblée, nous pouvons nous demander la place

occupée par l 'eucharistie au sein de ces assemblées. Comme nous l 'avons vu, « toutes les 321

assemblées chrétiennes n'étaient pas eucharistiques »/ C'est toutefois vers le culte que

tendait l 'assemblée, autant l 'eucharistie dans les premières communautés chrétiennes que le

culte sacrificiel dans les assemblées du peuple d'Israël. Faisant l 'étymologie du mot grec

ecclésia à partir du mot convocatio, le cardinal Joseph Ratzinger démontre que ce mot se

rapporte au culte dès son premier emploi dans l 'Ancien Testament lorsque Aaron est

désigné comme prêtre. Pour lui, l 'assemblée a un but unique, le culte sacrificiel. C'est pour 322

le culte qu' i l y a convocation, et pour rien d'autre. Pour réconcilier cette vision de

l 'assemblée avec les multiples fonctions qu 'on lui attribue dès l 'âge apostolique, il faut

entendre le mot culte dans un sens plus large. Le culte ne concerne pas que le sacrifice ou la

fraction du pain, mais nombre de fonctions de l 'assemblée : l 'unité de la communauté, la

charité à l 'égard des nécessiteux, la prière, la catéchèse, etc. 1.4.5 L'ecclésiologie du Corps du Christ

Pour désigner le mystère de l 'Église, on n 'a pu faire mieux que d'utiliser des images qui

sont des paraboles de ce qu'elle est. Le peuple de Dieu est alors signifié par l 'Épouse (Os 2,

16-22 ; Ct 1, 1-4), les sarments (Jn 15, 1), le troupeau (Jn 10, 1). Dans le Nouveau

Testament, notamment dans la théologie développée par Paul, c'est l ' image du Corps du

Christ qui est mise en valeur pour désigner le peuple de Dieu. Or, ce corps du Christ

renvoie à l ' image vétéro-testamentaire du temple, lieu de l 'assemblée. « Ainsi, le thème du

temple débouche sur celui du Corps. » 3 2 3 Lorsque le Christ déclare qu ' i l n 'est plus

3 2 0 Gilles Routhier, « L'eucharistie, manifestation de l'Église locale, » 30. 3 2 1 Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » 133. 3 2 2 Cardinal Joseph Ratzinger, L'esprit de la liturgie, 54. 3 2 3 I. H. Dalmais, Initiation à la liturgie, 46.

3 2 4 Judith Marie Kubicki « Recognizing the Présence of Christ in the Liturgical Assembly, » Theological Studies n° 65 (2004): 817-837. 3 2 5 François Cassingena-Trévedy, « Quelques pierres d'avenir pour la liturgie, » Esprit et vie 182 (2007) : 4.

désormais d'autre Temple que son Corps, il donne la signification plénière du Temple qui

est celle de l 'assemblée chrétienne.

Augustin est sans conteste le docteur de Yecclésia à l 'époque patristique. Il fonde sa

théologie de Yecclésia sur l 'Église comme Corps du Christ tel que saint Paul l 'exprime

dans sa première lettre aux Corinthiens. S'adressant aux fidèles qui sont dans cette ville,

Paul leur dit : « V o u s êtes le corps du Christ » (I Co 12, 27). Il poursuit en disant que

l 'Église comme Corps est intimement liée au Christ qui est la tête. L 'un ne peut exister sans

l 'autre : la tête dirige le corps et le corps n 'est rien sans la tête. Ainsi, lorsque l 'Église-

Corps célèbre, elle ne peut se dissocier de la tête qui est le Christ. C'est à travers le

ministère de l 'Église que se poursuit le sacrifice du Christ à travers les siècles.

À l 'âge d 'or de l 'époque patristique (avec Augustin notamment), l 'emphase première de

l 'eucharistie était l 'unité de la communauté (res sacramenti- ce qui est signifié) qui donnait -» 324

sa raison d'être au corps sacramentel du Christ dans les espèces consacrées. Toutes ces

réalités du corps, que ce soit le corps physique de Jésus, le corps sacramentel, le corps

ecclésial, doivent s'articuler les unes avec les autres pour révéler toute la richesse de

significations qu'i l y a dans l 'assemblée. Malgré les difficultés à intégrer toutes ces notions

du mot corps, il est essentiel de le faire puisqu'il s'agit là de l'enjeu de la liturgie : les

paroles du Christ « Ceci est mon corps » sont un programme de travail pour le peuple de

Dieu qui doit devenir ce qu' i l reçoit. « Tout cela doit marcher ensemble pour que notre 325

eucharistie tienne debout. »

La participation active des fidèles n'était pas qu 'un souhait pour Augustin, mais l 'ordre

normal des choses qui se manifestait notamment par le geste liturgique de l'offrande fait

par les fidèles. Commentant le geste de l'offrande des fidèles, il affirme qu 'en offrant le

Christ sacramentellement, l 'Église doit s'offrir elle-même lors de l 'eucharistie. C'est toute

Yecclésia qui offre par le ministère de celui qui préside. L'offrande qui deviendra le corps

du Christ est le mystère-même de l 'Église-corps du Christ.

Augustin, Sermon 272, (éditions des Mauristes) : 1103-1104. 3 2 7 Augustin, « Troisième sermon : Aux enfants, sur le sacrement de l'autel, » dans Oeuvres complètes de Saint Augustin, sous la direction de M. Raulx, tome XI (Bar-Le-Duc : L. Guérin et Cie Editeurs, 1868), 386. 3 2 s Max Thurian {Le prêtre configuré au Christ, Paris : Marne, 1993) dit que si on parle peu de la fonction sacerdotale du prêtre et du peuple dans le Nouveau Testament, la réalité est toute aiJtre. Cela se manifeste dans les écrits patristiques des premiers siècles. « La tradition normative du Nouveau Testament se poursuit, se développe et s'approfondit dans la Tradition édificatrice des deux premiers siècles de l'Église. L'Écriture prise isolément nous apprend moins sur le sacerdoce ministériel que la Tradition » avance-t-il pour justifier ses propos. Pourquoi alors ce silence sur la dimension sacerdotale dans les Écritures ? Thurian avance quelques raisons : on en parle peu parce que Jésus, le Grand Prêtre, n'est pas de la tribu de Lévi et que le sacerdoce lévitique se poursuivait au Temple. La lettre aux Hébreux situe Jésus dans la ligne de Melchisédech. De plus, les chrétiens cherchaient à se démarquer du judaïsme et à marquer une différence avec le sacerdoce de l'Ancien Testament accompli définitivement par le Christ. Enfin, lorsque le Temple est détruit en 70 et que les sacrifices lévitiques sont supprimés, on commence à utiliser le vocabulaire sacerdotal pour désigner la fonction cultuelle. 3 2 9 Louis-Marie Chauvet, « Le dimanche chrétien, » dans CNPL, Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, 134-135.

En fondant sa démonstration sur la théologie de Paul, Augustin dit : « Si c'est vous qui êtes

le corps du Christ et ses membres, c'est votre mystère qui se trouve sur la table du

Seigneur, et c'est votre mystère que vous recevez. » 3 2 6 Dans un autre de ses sermons,

Augustin dira qu 'à la manière du pain qui est fait de plusieurs épis, le corps est fait des

nombreux liens qui gardent unis les membres de l 'assemblée. Ces liens sont contenus dans

le corps du Christ pour Augustin. C'est cette conviction qui lui fait dire : « Ne vous 327

dégagez pas de vos liens, mangez ces liens mêmes.»

Comme nous le voyons aussi à travers l 'ensemble des lettres de Paul, le corps du Christ

qu'est l 'Église est le signifié de Yecclésia. C'est lui (le corps du Christ, Yecclésia) qui

célèbre le culte nouveau inauguré par le Christ. L 'époque apostolique sera proche de la

compréhension cultuelle du sacrifice qui prévalait dans l 'Ancien Testament, même si la

fonction sacerdotale du peuple est peu mentionnée dans les écrits du Nouveau Testament, si

ce n'est dans la lettre aux Hébreux. Thurian avance quelques raisons qui pourraient

expliquer le silence du Nouveau Testament quant à la dimension sacerdotale du prêtre et du

peuple de D i e u . 3 2 8 Il vaut la peine de rappeler cette conviction des chrétiens : aux premiers

siècles du christianisme, ne pas venir à l 'assemblée, c'était porter atteinte à l 'unité du Corps

du Christ; jusqu 'au V e siècle, ce qui importait, avant même de faire la messe, c'était de

faire Ég l i s e . 3 2 9

2. Uecclésia au Moyen Age

Avec le Moyen Âge, la fonction cultuelle de l 'assemblée prend de plus en plus de valeur

(mettant parfois en veilleuse les autres fonctions de l 'assemblée). L'assemblée est

convoquée principalement pour l 'eucharistie. Et même dans le cadre de l 'eucharistie, le rôle

de l 'assemblée n'est plus compris de la même façon qu' i l l 'a été pendant les premiers

siècles du christianisme. Le statut de l 'assemblée dans le cadre de la liturgie eucharistique

sera modifié considérablement au cours des siècles suivants.

A partir du VII e siècle, ce qui portait atteinte à l 'unité du Corps du Christ, ce n'était plus de

ne pas venir à l 'assemblée, mais plutôt de ne pas venir à la messe. Les conciles d 'El vire à

cette époque ont sanctionné d'abord ceux qui ne venaient pas à l 'assemblée pendant trois

dimanches consécutifs, pour ensuite sanctionner ceux qui ne venaient pas à la messe trois

dimanches consécutifs. Quelques éléments historiques permettent de comprendre le

glissement qui s'est alors produit dans la compréhension du rôle de l 'assemblée chrétienne

dans la célébration de la liturgie, notamment la liturgie eucharistique.

Vincie attribue à la « prière par députation » une des principales raisons pour laquelle

l 'assemblée ne perçoit plus sa nécessité pour les actes liturgiques. La prière des moines et

de quelques groupes spécifiques était alors appelée « prière de l 'Église ». Cette prière faite

au nom de l 'Église ne nécessitait plus la présence de l 'assemblée dans son intégralité

puisqu 'une partie de l 'Église suffisait pour accomplir les rites. Ceci contribua à une

dévalorisation du rôle de l 'assemblée dans la vie liturgique de l 'Ég l i se . 3 3 0 De plus, la

multiplication des messes privées (commencées déjà au haut Moyen Age) contribua aussi à

la diminution, voire à la spiritualisation, de la participation des fidèles. On dira alors qu' i l y

a participation des fidèles à l 'action liturgique par leur communion à l 'action liturgique,

même s'ils sont absents physiquement.

Les sacrements, notamment celui de l 'eucharistie, se verront dotés de compréhensions

nouvelles, ce qui aura une incidence sur la participation de l 'assemblée. Ainsi, alors qu ' à

l 'époque apostolique et patristique les sacrements étaient des actes de l 'Église en tant qu' i ls

3 3 0 Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » Worship 67 (2004): 127.

3 3 1 Yves Congar, « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican II, 254. 3 3 2 Yves Congar, « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican II, 261. 3 3 3 Yves Congar, « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican II, 262.

prolongeaient la personne du Christ, à l 'époque médiévale les sacrements sont de plus en

plus compris comme des actes du Christ qui doivent être accomplis par la hiérarchie de

l 'Église. Au sein de l 'Église ancienne, c'est la foi de l 'Église qui faisait le sacrement; au

Moyen Age, c'est le pouvoir d 'une personne (en l 'occurrence le prêtre) qui fait le

sacrement. Cette théologie des pouvoirs s'éloigne de la théologie du Corps du Christ

d'Augustin. Celui-ci voyait l 'assemblée faite du prêtre et des baptisés comme Corps et le

Christ comme la tête de l 'Église. Au Moyen Âge, l 'accent est davantage mis sur le pape

comme tête de l 'Église. La juridiction donnée à certains membres de l 'Église prend une

grande valeur dans la vie ecclésiale (même au détriment du pouvoir sacramentel qu'avait

l 'assemblée jusqu'alors) .

Jusqu'au Moyen Âge en effet, le pouvoir sacramentel n'était pas perçu comme étant donné

à une personne individuellement : c 'est la foi de toute l 'assemblée dans son intégralité qui

faisait l 'eucharistie. Avec le traité des sacrements issu de la scolastique du XII e siècle, « on

se préoccupait de préciser ce que chacun a ou n ' a pas le pouvoir de faire » . 3 3 1 Cette mise en

valeur des pouvoirs et des personnes qui ont reçu ces pouvoirs sera fortement accentuée par

la contre-Réforme comme l 'exprime Congar :

On est passé d 'une ecclésiologie de Yecclésia dans son ensemble à une

ecclésiologie du pouvoir, d 'une ecclésiologie de la communion et de la sainteté à

une théologie de l'institution et des moyens de saluts fondés par le Chr i s t . 3 3 2

Les Pères de l 'Église disaient que la part excellente de Yecclésia était dans les martyrs, les

ascètes et les saints. Au XII e siècle, avec Grégoire VII, un transfert se produit : ce sont les

membres de la hiérarchie qui ont le plus de valeur. Les personnes hiérarchiques sont « la 333

part excellente et principale en laquelle se concentrait Yecclésia ». Uecclésia devient

alors «ceux qui détiennent les pouvoirs et prérogatives du sacerdoce et en exercent les

3 3 4 Yves Congar, « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican II, 263. 3 3 5 Judith Marie Kubicki, « Recognizing the Présence of Christ in the Liturgical Assembly ». 3 3 6 Judith Marie Kubicki, « Recognizing the Présence of Christ in the Liturgical Assembly, » 825.

fonctions » . 3 3 4 L'action liturgique en est forcément affectée : l 'eucharistie est toujours le

culte de Yecclésia, mais l 'assemblée se limite à quelques membres hiérarchiques. Ce n'est

plus la foi de Yecclésia qui fait l 'eucharistie, mais le pouvoir de certains membres.

Les conséquences de cette théologie sont visibles dans les pratiques: la prière eucharistique

est récitée en silence, l 'autel s'éloigne de plus en plus du peuple, le prêtre répète les répons

qui autrefois étaient chantés par le chœur. La messe peut être complète sans la participation

effective des fidèles ou d 'une assemblée chrétienne. Les messes privées qui se multiplient

viennent confirmer cet état et démontrent bien l ' incompréhension qui existe sur le rôle de

l 'assemblée et celui du prêtre. L'assemblée n 'est plus nécessairement convoquée pour la

célébration de l 'eucharistie : celui qui assiste le prêtre semble suffisant pour représenter à

lui seul la communauté. Kubicki fait l 'analyse de ces déplacements à partir de la

sacramentaire scolas t ique. 3 3 5

Kubicki avance qu 'à l 'époque patristique, et surtout avec la doctrine d'Augustin, le Christ

était présent d 'abord dans l 'assemblée. Cette reconnaissance du Christ présent au sein de

l 'assemblée était nécessaire pour reconnaître le corps du Christ dans le pain consacré. Dans

l 'eucharistie célébrée à cette époque, l 'unité de l 'assemblée est res sacramenti : c 'est elle

qui est signifiée dans les espèces consacrées. L'accent n'était pas d 'abord sur la présence

dans les espèces eucharistiques, mais sur la présence du Christ au sein de l 'assemblée.

Au Moyen Âge, un déplacement se produit : la conscience qu ' a la communauté d'être le

Corps du Christ diminue avec la mise en valeur du Christ présent dans les espèces

consacrées. Sans nier la dimension ecclésiologique de l 'eucharistie, Thomas d 'Aquin met

dans l 'ombre la res sacramenti qui est l 'unité de l 'Église. Il met de côté le rôle de

l 'assemblée en faisant du prêtre l 'unique sujet de l 'action liturgique. Cette insistance sur la

présence du corps et du sang du Christ dans les espèces eucharistiques (ce qui correspond à

ce que les scolastiques appellent res et sacramentum), apporte de nombreuses querelles et

controverses au sujet de l 'euchar is t ie . 3 3 6

3. Uecclésia suite au Concile de Trente

C'est dans cet esprit liturgique que l 'Église doit faire face à la Réforme protestante. Les

observateurs de l 'époque parlent alors d 'une Église en profonde « décadence liturgique » 338

selon l 'expression de Jounel. Celui-ci va jusqu 'à dire que la naissance du protestantisme

est liée en partie à l 'état de la liturgie qui a pris une forme fixe dans sa structure

essentiellement (que l 'on pense à l 'année liturgique, aux rituels des sacrements, au système

des lectures, au chant liturgique) depuis le XIII e siècle. Pour les pasteurs catholiques, cette

fixité des rites facilite certes une description minutieuse de chaque liturgie et un appel à

respecter scrupuleusement les rituels. Mais quant aux fidèles, ils se retrouvent de moins en

moins dans la liturgie. Et la même constatation hante les évêques : ces gens se mettent alors

à chercher ailleurs des moyens pour nourrir leur foi.

Tandis que clercs et religieux attachent de plus en plus d ' importance matérielle aux

offices liturgiques qui s'allongent et se compliquent, le peuple y devient de plus en

plus étranger, leur préférant, malgré les rappels périodiques des conciles, des

dévotions qui ne sont pas toutes également recommandables . 3 3 9

3 3 7 Judith Marie Kubichi, « Recognizing the Présence of Christ in the Liturgical Assembly, » 823. 3 3 8 B. Botte, P. Jounel et O. Rousseau, « Esquisse d'une histoire de la liturgie, » dans L'Église en prière Introduction à la liturgie, 43. 3 3 9 B. Botte, P. Jounel et O. Rousseau, « Esquisse d'une histoire de la liturgie, » dans L'Église en prière Introduction à la liturgie, 40.

Progressivement, la présence du Christ dans l 'assemblée en vint à être dissociée de la

présence du Christ dans les espèces consacrées. Lorsque la présence du Christ s'est vue

concentrée spécifiquement dans les espèces sur l 'autel, on a perdu de vue le symbolisme du

Christ présent dans l 'assemblée. Certains en vinrent alors à oublier la présence première du

Christ dans l 'assemblée et ne virent le Christ que dans le seul pain consacré. Au fur et à

mesure que l 'assemblée ne reconnaissait plus la présence du Christ au milieu d'elle, même

la présence du Christ dans les espèces a été remise en ques t ion . 3 3 7

3 4 0 Le travail des papes du XX e siècle a favorisé le développement du mouvement liturgique : de Pie X qui se fit le défenseur de la participation active en favorisant le chant en commun et la communion fréquente et celle des enfants jusqu'à Pie XII qui donna des règles précises pour la participation pleine et active tout en rétablissant la Veillée pascale et facilitant la publication de lectionnaires et de rituels bilingues.

Or la part que recevra l 'assemblée dans la réforme liturgique du Concile de Trente n 'est pas

plus grande qu'avant la convocation de ce Concile. Le renouveau liturgique tridentin vient

attester plusieurs façons de faire : la valeur sacrificielle de la messe est mise en valeur de

même que le rôle premier du prêtre qui est le célébrant. Les livres liturgiques qui ont suivi

reflétaient le désir des Pères conciliaires de revenir à la tradition de l 'Église et d 'avoir une

liturgie latine qui soit commune aux Églises en Occident. Ainsi, le calendrier liturgique fut

simplifié, certaines messes votives avec des relents de superstition furent éliminées et le

dimanche retrouva sa priorité sur les fêtes.

La publication et la diffusion des livres liturgiques (favorisé par l ' imprimerie naissante)

contribuèrent à donner à l 'Église une liturgie latine commune (sauf pour les Églises qui

pouvaient se réclamer d'avoir une liturgie de plus de 200 ans). L'Église entra dans une

période de stabilité liturgique. Dans la période qui va du Concile de Trente jusqu 'au début

du X X e siècle, l 'histoire retient que ce sont de multiples rubriques qui vont venir colorer les

rituels, rendant ces derniers encore plus compliqués pour les prêtres et tout le peuple. Dans

ce contexte, le culte des saints connaîtra aussi une augmentation considérable. Il y avait

certes plus de saints canonisés à cette époque, mais c'est surtout la préférence des prêtres

pour les offices festifs (plus courts que les offices fériaux) qui permet d 'expliquer la

multiplication du culte des saints.

Les papes ont essayé quelques réformes, mais en vain : la révision des livres liturgiques de

Pie V était trop timide et la réforme projetée par Benoît XIV fut sans lendemain. L'Église

arrive au début du X X e siècle dans le même état qu'el le était à l 'ouverture du Concile de

Trente : dans une « profonde décadence liturgique ». Le mouvement liturgique, qui naissait

alors dans les monastères européens, et les convictions des papes préparèrent peu à peu le

terrain pour Y aggiornamento du Concile Vatican I I . 3 4 0

4. Uecclésia au XX e siècle

Nous avons vu dans la première partie (chapitre deux) les déplacements opérés par le

mouvement liturgique et le mouvement catéchétique sur certaines pratiques pastorales.

Souvent, c'est à partir d 'une nouvelle compréhension des pratiques que celles-ci ont pu être

modifiées au X X e siècle. Avec les outils du monde moderne (notamment les découvertes

dans le domaine des sciences humaines et sociales), les pères du Concile Vatican II ont

voulu inscrire les pratiques pastorales dans le monde actuel à la lecture des signes des

temps, en lien avec la Révélation et la Tradition de l 'Église.

Le rôle de l 'assemblée chrétienne, notamment dans la célébration eucharistique, a été

l'objet de discussions au Concile Vatican II. Nous allons nous mettre à l 'écoute du Concile

et du mouvement liturgique qui l 'a préparé pour voir la compréhension de l 'assemblée

chrétienne au X X e siècle. Qu'est-ce que la constitution Sacrosanctum Concilium a changé

dans notre façon de voir la liturgie en regard de l 'assemblée? Quel est le rôle de cette

dernière dans la liturgie? L'ecclésiologie qui est sous-jacente au rôle de l 'assemblée dans la

liturgie est-elle celle de Lumen Gentiuml Voilà quelques questions auxquelles nous

voudrions tenter d 'apporter un éclairage.

4.1 Aux origines de la redécouverte de l'assemblée : le mouvement liturgique

Sacrosanctum Concilium est l 'aboutissement d 'une réflexion commencée plusieurs

décennies avant sa promulgation au sein du mouvement liturgique. Le travail de réflexion

déjà avancé et la demande forte des évêques pour une réforme liturgique depuis la

restauration de la Veillée Pascale au cours des années 1950 expliquent pourquoi

Y aggiornamento de la liturgie bénéficiait d 'une longueur d 'avance sur d'autres domaines à

l 'étude au Concile. Le X X e siècle fut en fait un siècle de réflexions et de travaux intenses

pour redécouvrir la valeur de la liturgie dans la vie de l 'Église.

Au cours de sa dernière étape (à partir des années 1950), le mouvement liturgique a voulu

faire redécouvrir le rôle important de l 'assemblée chrétienne au cours de la liturgie. Cet

accent mis sur l 'assemblée, commencé au milieu du X X e siècle, a été un trait marquant du

mouvement liturgique jusqu 'à la convocation du Concile. Au sein du mouvement

liturgique, l 'assemblée est présentée comme une médiation (rappelons que le rôle des

médiations est très important pour les fidèles de la fin du XIX e siècle dans les exercices de

piété qui s'éloignent du culte liturgique). Les liturgistes se servent alors de l'attrait des

médiations pour présenter l 'assemblée chrétienne comme la médiation par excellence et

espèrent ainsi contrer cette prolifération d'exercices de piété sans liens apparents avec

l 'Église.

Les principaux théoriciens de l 'assemblée furent Chirat, Martimort et Congar . 3 4 1 Alors que

Martimort peut être vu comme le théologien principal de l 'assemblée dès le début de sa

redécouverte par le mouvement liturgique, Congar l 'a été pendant les années du Concile

Vatican I I . 3 4 2 Quant à Chirat, c 'est à lui qu 'on doit le lancement d 'une réflexion intense et

basée sur l 'histoire. Avec son livre L'assemblée chrétienne à Vépoque apostolique, il fait

redécouvrir les racines bibliques et patristiques de l 'assemblée (que nous avons présentées

dans la première section de ce chapi t re ) . 3 4 3

C'est pour redonner à l 'assemblée la place qu'el le avait à l 'époque apostolique et

patristique que le mouvement liturgique s'est penché sur celle-ci avec tant d'insistance. Le

Concile va mettre de l 'avant l ' idée de la participation active mise en valeur par le

mouvement liturgique. Il s'agit là d 'un élément-clé de la Constitution sur la liturgie. Cette

participation pleine, consciente et active a des répercussions sur le rôle du président, des

ministres et des fidèles de l 'assemblée.

3 4 1 Dans son article qui passe en revue l'histoire de l'assemblée, Vincie ajoute les noms de Gantoy, Jounel, Robeyns, Martens qui se sont aussi penchés sur le sujet, mais qui demeurent secondaires par rapport à la triade mentionnée. Voir à ce sujet Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » 131. 3 4 2 II y a quatre articles majeurs de Aimé-Georges Martimort qui ont influencé la théologie de l'assemblée: « L'assemblée Liturgique, » La Maison-Dieu n° 20 (1949) : 153-175; « L'assemblée liturgique, mystère du Christ, » La Maison-Dieu n° 40 (1954) : 5-29; «Dimanche, Assemblée et Paroisse, » La Maison-Dieu n° 57 (1959) : 55-84; « Précisions sur l'Assemblée, » La Maison-Dieu n° 60 (1959) : 7-34. Quant à Yves Congar, sa réflexion sur l'assemblée est condensée dans son analyse de Yecclésia dans les documents conciliaires : « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican II, 241-282. 3 4 3 Henri Chirat, L'Assemblée chrétienne à l'âge apostolique.

4.2 Théologie de Yecclésia selon Martimort

Nous voudrions relever certains traits marquants de la théologie de l 'assemblée de

Martimort qui fut le maître de Yecclésia dans le mouvement liturgique. Plusieurs de ses

intuitions seront reprises par le Concile Vatican II, notamment dans la constitution

Sacrosanctum Concilium. Cette théologie de l 'assemblée a des répercussions inévitables

sur les pratiques pastorales actuelles et modifie la compréhension et la mise en œuvre de la

liturgie avec le tournant souhaité par la réforme conciliaire.

4.2.1 Le primat de l'assemblée

D'emblée, Martimort dit que le fait de se réunir est constitutif de l 'être humain : c 'est un

besoin inscrit en lui-même. Les sciences humaines, en plein essor au milieu du X X e siècle,

lui donnent des fondements anthropologiques, sociologiques et psychologiques pour

appuyer son propos. Martimort ne se limite donc pas à l 'histoire du christianisme, qui est

pourtant une preuve suffisante selon lui de la propension et de la nécessité pour le chrétien

de se réunir avec d'autres. « P a s de chrétiens sans assemblée. . . pas de vie chrétienne

authentique qui ne vienne de l 'assemblée. » 3 4 4 C'est l 'assemblée qui fait les chrétiens

puisqu'elle est signe de l 'Église-mère dans un milieu. C'est l 'Église qui a la capacité de

mettre au monde des chrétiens.

L'assemblée chrétienne, composée de frères et de sœurs par le baptême, devient le sujet de

l 'action liturgique ; c'est la thèse de Congar . 3 4 5 Il démontre à l 'aide de la patristique

jusqu 'à quel point on ne peut séparer l 'assemblée de la célébration eucharistique : c 'est elle

qui est au centre de l 'action. Si le Moyen Âge a fait perdre de vue ce rôle éminent de

l 'assemblée, c'est une déviation (basée sur une ecclésiologie des pouvoirs) qu' i l faut

corriger à tout prix selon Congar.

A i m é - G e o r g e s Mar t imor t , « L ' a s semblée l i turg ique , mys tè re du Chris t , » 16-17. 3 4 5 Yves Congar , « Uecclésia ou c o m m u n a u t é chré t ienne , sujet intégral de l ' ac t ion l i turg ique , » dans La liturgie après Vatican II, 241 -282 .

4.2.2 L'assemblée, c'est l'Église en un lieu

De l 'époque apostolique, nous retenons qu'il n 'y a pas d 'Église sans assemblée. Non

seulement l 'assemblée est nécessaire pour les chrétiens pris individuellement, elle l 'est

aussi pour l 'Église. L'assemblée est fondamentale dans l 'identité même de l 'Église.

Martimort reprend cette conviction des Pères de l 'Église: « pas d'Église sans

assemblée » . 3 4 6 Aller à l 'assemblée pour les chrétiens d'alors, ce n'est pas répondre à un

précepte, mais cela découle du fait d'être chrétien. La présence de tous les membres du

Corps est nécessaire, et si l 'un vient à manquer, c'est tout le Corps qui souffre.

L'assemblée en un lieu, « c ' e s t l 'Église man i fe s t ée» . 3 4 7 À travers les fonctions

traditionnelles confiées par Dieu à l 'assemblée chrétienne depuis ses origines (fonctions

sacerdotale, prophétique et royale), celle-ci devient le signe de l 'Église dans un milieu et

dans le monde. Cette conviction sera mise en valeur par le Concile Vatican II :

C'est de cette manière (c'est-à-dire l 'exercice des fonctions sacerdotale, prophétique

et royale) qu 'une communauté chrétienne devient signe de la présence de Dieu dans

le monde : par le sacrifice eucharistique, en effet, elle passe constamment au Père

avec le Christ ; nourrie avec soin de la Parole de Dieu elle présente le témoignage

du Christ ; elle marche enfin dans la charité et est enflammée d'esprit apostolique

(AG, n 15).

L'assemblée est même plus qu 'un signe : c'est l 'Église en prière, en actes. Ce que l 'on dit

de l 'Église universelle, on peut le dire de chaque assemblée : elle est sacrement du salut.

Chauvet synthétise cette idée de l 'assemblée comme fondement de l 'Église lorsqu'il dit :

Le premier lieu de l 'Église, c'est l 'assemblée célébrante. (. . .) une Église sans

assemblée serait une contradiction dans les termes. Pour désigner le phénomène

chrétien en train de naître, on n 'a rien trouvé de mieux que de lui conférer le nom

d ' a s semblée . 3 4 8

Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » 125. Aimé-Georges Martimort, «L'assemblée liturgique, mystère du Christ, » 10. Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 52-53.

L'assemblée chrétienne dominicale, c 'est l 'Église qui se donne à voir, s 'expose et devient

sacrement du salut pour le monde. Elle inscrit dans le temps et dans un lieu précis le signe

de l 'Église. La participation à l 'Église universelle ne peut se faire sans la participation à une

Église locale, à une assemblée. C'est le lieu premier pour rencontrer l 'Église et la matrice

dans laquelle on peut soi-même devenir chrétien.

4.2.3 Diversité au sein de l'assemblée

Le concept d 'assemblée pourrait laisser croire à un rassemblement facile. Or, il n 'en est

rien. Dès les débuts du christianisme, saint Paul doit intervenir pour mettre de l 'ordre dans

les assemblées et s'assurer que le tout venant y ait sa place ; les récits des assemblées à

l 'époque apostolique et patristique témoignent souvent de la médiocrité qui p révau t . 3 4 9

Pourtant, cette diversité au sein de l 'assemblée tient à sa définition. Au sein de l 'assemblée,

les membres ne sont pas de la même génération, ni de la même classe sociale. Ils ne

partagent pas nécessairement les mêmes intérêts et préoccupations. L'assemblée n 'est pas

un regroupement de gens semblables. C'est même le contraire : c'est la différence qui

prime et qui authentifie son ouverture !

Cette différence est nécessaire puisque l 'Église est la convocation de toutes les classes

sociales et de toutes les générations. L 'assemblée cherche alors à unir ce qui est désuni, à

réunir ce qui humainement est séparé : l 'esclave prend place à la même table que son

maître, les saints côtoient les pécheurs, les hommes prient avec les femmes et les enfants.

C'est d'ailleurs au sein de cette différence que l 'on apprend à devenir chrétien. La

différence peut même être vue comme une condition nécessaire pour faire advenir un sujet

chrétien : on n'est jamais aussi conscient de qui l 'on est que lorsqu'on est confronté à

l'altérité, disent les psychologues du développement.

C'est aussi pour manifester la catholicité de l 'Église que l 'assemblée doit viser la diversité

de ses membres. La variété des appelés au rassemblement reflète la catholicité de l 'Église.

Puisque l 'assemblée est ouverte à tous, il faut tout faire concourir pour que la diversité soit

visible. Il en va de la vérité du signe selon Mar t imor t . 3 5 0 La diversité de l 'assemblée comme

3 4 9 Aimé-Georges Martimort, « L'assemblée liturgique, » 158. 3 5 0 Aimé-Georges Martimort, « Précisions sur l'Assemblée, » 31.

signe est même à privilégier sur la dimension communautaire. Ce qu'i l entend par la

dimension communautaire de l 'assemblée, c'est un vivre-ensemble, un partage et un souci

les uns des autres. Cela lui apparaît souhaitable à long terme, mais ce n'est pas une

condition sine qua non de l 'assemblée. Martimort fait de la réalité communautaire une

condition de survie à long terme pour l 'assemblée. « L à où il n 'y a pas d 'assemblées

vraiment communautaires, seule une élite parvient à conserver la foi. » 3 5 1

La diversité au sein de l 'assemblée est aussi manifestée par la différence des ministères

puisqu'elle est aussi constituée hiérarchiquement. Il y a celui qui préside in persona Christi

et qui représente le Christ qui rassemble au sein de l 'assemblée : l 'évêque ou le prêtre

présent à l 'assemblée doit tenir le rôle qui lui revient. Il y a aussi des laïcs, de plus en plus

nombreux, qui exercent un ministère au sein de l 'assemblée chrétienne. Lorsque Martimort

a écrit sa réflexion, le diaconat permanent n'était pas encore restauré. Il faut dorénavant

ajouter ce ministère au sein de l 'assemblée qui vient révéler avec les autres ministères la

diversité des membres.

A cause de la diversité des membres, et aussi à cause de sa structure même, l 'assemblée

exige souvent des efforts pour y entrer. Souvent, l 'unité et la charité de l 'assemblée sont

plus de l 'ordre de l 'idéal à faire advenir que de la réalité. L' identique fait place à l'altérité

et la familiarité à la différence au sein de l 'assemblée. Malgré les difficultés, cette

différence est pourtant la condition d 'une assemblée fidèle à ses origines et tendue vers sa

dimension eschatologique. Lorsque cet effort est fait pour intégrer l 'assemblée, un autre

effort est alors exigé : celui de quitter l 'assemblée. Cet effort à faire pour quitter

l 'assemblée et retourner aux engagements peut s'avérer autant difficile pour les chrétiens.

Le temps de l 'assemblée est vu par Martimort comme le moment de la Transfiguration au

mont Thabor : à peine ont-ils vu Jésus dans sa gloire que les disciples doivent redescendre

de la montagne (Me 9, 9).

4.2.4 L'assemblée, lieu de la présence du Christ

Les médiations sensibles avec Dieu ne se limitent pas au septénaire. La Parole de Dieu est

elle-même déjà sacrement : elle donne le salut lorsqu'elle est accueillie dans une vie. Les

3 5 1 Aimé-Georges Martimort, « L'assemblée liturgique, » 167.

3 5 2 Dom Lambert Beauduin, La piété de l'Église. Principes et faits (Louvain : Abbaye du Mont-César, 1914), 7. 3 5 3 Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » 138-139. 3 5 4 A.-M. Roguet, La messe. Approches du mystère (Paris : Cerf, 1951), 11.

sacramentaux permettent eux aussi de voir le sacré dans de multiples lieux et activités

profanes (ex. : bénédictions, onctions d'huile). Les personnes ont aussi une valeur

signifiante : à côté de celui qui préside, il est juste de mettre en valeur l 'assemblée

puisqu'elle est signe de l'action salvatrice du Christ. C'est au sein de celle-ci que l 'action

sanctificatrice de Dieu devient visible. Ceci reprend l'intuition d 'un précurseur du

mouvement liturgique :

En vue d'intensifier cette action salvatrice sur les âmes, la hiérarchie sacrée groupe

en famille paroissiale le peuple de Dieu et en confie la garde à des coopérateurs de

son sacerdoce. Ces familles ont chacune leur foyer ( . . . ) , leur prêtre ( . . . ) , leurs

réunions sacrées où tous les frères se transforment dans le Christ sous l'action du 352

sacerdoce visible.

Martimort reprend cette idée et décrit l 'assemblée comme sacrement du salut. Les ténors de

l 'assemblée (Martimort, Chirat et Congar) reprendront cette idée chère à la patristique

voulant que la présence du Christ au sein de l 'assemblée précède la présence du Christ dans

les sacrements. Afin d 'en arriver à cette conclusion de l 'assemblée comme sacrement du 353

salut, Martimort distingue entre l 'assemblée et les pratiques de celle-ci. Ce ne sont pas

uniquement les pratiques liturgiques qui sont sacramentelles : l 'assemblée l 'est également

en manifestant la présence du Christ. C'est de cette présence du Christ dans l 'assemblée

que découlent les autres formes de présence.

Au sein de l 'assemblée se réalise la parole du Christ : « Lorsque deux ou trois sont réunis

en mon nom, j e suis là au milieu d 'eux » (Mt 18, 20). Roguet mettra en valeur l 'assemblée

comme lieu du mystère même de l 'Église et de la présence du Christ. Ceci est manifeste

avec les paroles du prêtre au moment de commencer chaque eucharistie : « Dominus

vobiscum - Le Seigneur soit avec vous » . 3 5 4 Plus qu 'un souhait, cette salutation exprime la

foi de l 'Église en la présence du Christ dans l 'assemblée réunie.

4.2.5 Dimension eschatologique de l'assemblée

La dimension eschatologique du qâhâl Yahweh est évoquée dès ses débuts dans l 'Ancienne

Alliance. Déjà à cette époque, la multiplication d'assemblées locales rendait certains

membres nostalgiques de l 'assemblée unique. Les assemblées locales devinrent donc signes

de l 'assemblée eschatologique appelée à se réaliser. Dans Yecclésia, la dimension

eschatologique est aussi mise en valeur dans le caractère provisoire et inachevé des

assemblées locales. L'assemblée eschatologique devient un programme pour Yecclésia

puisqu'elle vise le rassemblement de toutes les personnes malgré les différences de

cultures, de langues et de nationalités.

L'idéal de Yecclésia est alors de ressembler à l 'assemblée eschatologique autant dans sa

composition que dans ses activités et sa liturgie. Martimort insiste sur cette dimension

eschatologique de l 'assemblée dès sa première réflexion sur le sujet en 1949 . 3 5 5 II

commence d'ailleurs toute sa réflexion par cette vision de l 'Apocalypse qui projette sur le

ciel la liturgie de l 'assemblée sur la terre :

Je vis paraître une foule immense que personne ne pouvait dénombrer, de toutes

nations, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues. Ils étaient debout

devant le trône et devant l 'agneau, vêtus de robes blanches et tenant des palmes à la

main (Ap 1,9).

Pour Martimort, « l 'assemblée liturgique est le signe, l ' image anticipée de l 'Eglise du ciel,

aperçue dans l 'obscurité de la foi. » 3 5 6 II parle de l 'assemblée chrétienne comme de la

Jérusalem céleste : marquée du sceau de l 'unité malgré les différences et les divisions

humaines. La joie de la Jérusalem céleste de contempler le Ressuscité devrait alors être la

joie de l 'assemblée de savoir que le Christ est présent au milieu des membres à chaque

rassemblement (Mt 18, 20).

Aimé-Georges Martimort, « L'assemblée liturgique, » 153-175. Aimé-Georges Martimort, « L'assemblée liturgique, mystère du Christ, » 15.

4.3 Théologie de l'assemblée dans Sacrosanctum Concilium

La visée pastorale de Sacrosanctum Concilium nous permet aussi de dégager certains

thèmes en lien avec l 'assemblée chrétienne. Comme nous l 'avons fait pour l 'époque

apostolique et patristique et pour l 'époque médiévale, et comme nous venons de le faire à

partir de la théologie de Martimort, nous retenons ici quelques caractéristiques qui nous

permettent d'esquisser une théologie de l 'assemblée dans la constitution sur la liturgie.

Cette section s'avère essentielle puisque ces cinq caractéristiques de l 'assemblée orientent

plusieurs de nos pratiques ecclésiales contemporaines.

4.3.1 Modes de présence du Christ dans la liturgie

Dom Lambert Beauduin, dans La piété de l'Église avait remis à jour les différentes formes

de présence du Christ dans la liturgie. Pie XII, dans Mediator Dei (1947), fera de même en

plaçant l 'assemblée en tête des lieux de la présence du Christ dans la liturgie. Le document

conciliaire Sacrosanctum Concilium quant à lui mentionne cinq lieux de la présence du

Christ dans la liturgie (SC, n° 7). Voici la formulation, telle qu 'on la retrouve dans le

document conciliaire Sacrosanctum Concilium (n° 7) :

(...) le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions

liturgiques. Il est présent dans le sacrifice de la Messe, et dans la personne du

ministre, « le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s'offrit alors

lui-même sur la croix » et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques. Il est

là présent par sa vertu dans les sacrements au point que lorsque quelqu'un baptise,

c 'est le Christ lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c'est lui qui

parle tandis qu 'on lit dans l 'Église les Saintes Écritures. Enfin, il est là présent

lorsque l 'Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : « Là où deux ou trois

sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d 'eux. » (Matthieu 18, 20)

Ce passage manifeste le déplacement entre Mediator Dei et Sacrosanctum Concilium :

l 'assemblée comme lieu de la présence du Christ se trouve mentionnée en premier dans

Mediator Dei, et en dernier dans Sacrosanctum Concilium. Quoiqu' i l en soit de l 'ordre

d'apparition, nous voyons que la présence du Christ dans l 'assemblée est capitale. Dans la

nouvelle revue de pastorale liturgique de l'Office National de Liturgie de la Conférence des

Évêques Catholiques du Canada, Vivre et Célébrer, Lapointe redit cette révélation que Dieu

fait de lui-même à travers l 'assemblée d'abord et avant tout :

La liturgie est une épiphanie. Elle manifeste cette mystérieuse présence/absence du

Ressuscité dans l 'assemblée. A travers l 'écoute de la Parole, les gestes, les chants,

les silences, c'est à travers toute cette corporéité que le Christ se rend présent. Voilà

pourquoi l 'assemblée est première. C'est de plus par l 'assemblée toujours en

cheminement, toujours attentive à accueillir le passant, l 'étranger, que le Christ

nous rejoint d 'une manière exempla i re . 3 5 7

4.3.2 Valeur communautaire des actions liturgiques

Dans la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, la liturgie est présentée comme le

lieu central de la vie de l 'Église et de la vie spirituelle des fidèles (SC, n° 10). La liturgie est

donc un point de départ pour le travail pastoral, et aussi l 'aboutissement de la pastorale.

Puisque l 'assemblée a une telle valeur dans l 'action liturgique, il est conséquent que la

constitution ait insisté sur la valeur communautaire des actions liturgiques, notamment dans

la célébration des sacrements (SC, n° 26). Toute célébration liturgique est une célébration

communautaire qui appelle l 'assemblée. Même la liturgie des heures est présentée comme

la prière communautaire de l 'Église, et sa célébration en privé devrait être exceptionnelle.

La présence de l 'assemblée à une liturgie, et conséquemment la participation des membres

de cette assemblée, peut aussi servir de critère pour évaluer parfois la justesse de certaines

adaptations en liturgie selon John Huels dans un article où il émet des réserves sur les 358

adaptations (abusives en certains c a s ! ) en liturgie suite au Concile.

On peut tirer certaines normes de la liturgie en tant qu 'acte communautaire. D'abord, la

célébration communautaire doit primer sur la célébration individuelle : « les actions

liturgiques ne sont pas des actions privées » (SC, n° 26). Ceci peut nous apparaître évident

aujourd'hui, mais avec un détour dans l 'histoire, nous nous rendons compte que ce ne l 'a

3 5 7 Guy Lapointe, « Qu'est-ce que la liturgie? » 8. 3 5 8 John Huels, Unauthorized Liturgical Adaptations : lnculturation or Abuse? More Disputed Questions in the Liturgy (Chicago: Liturgy Training Publications, 1996).

Yves Congar, « Uecclésia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique, » dans La liturgie après Vatican II, 241. 3 6 0 Voir Alphonse Boiras, « Assemblées dominicales et catholicité de l'Église, » La Maison-Dieu 229 (2002-1) : 38-41.

3 6 1 Albert Rouet, « Catéchèse et Liturgie : Radiographie d'un débat insuffisant, » 17.

pas toujours été De plus, au sein de la célébration liturgique, il y a diversité de ministères :

il y a celui qui préside, mais aussi nombre d'autres ministres qui doivent remplir leur

fonction consciencieusement. Enfin, le caractère communautaire de la liturgie n 'admet pas

d'attention différenciée aux personnes dans le cadre de la célébration (SC, n° 32).

4.3.3 L'ecclésia, sujet de l'action liturgique

Non seulement les actions liturgiques concernent toute l 'Église, mais elles engagent aussi

toute l 'Église. Sacrosanctum Concilium plaide pour un retour à la doctrine traditionnelle

(telle que nous l 'avons montrée à l 'époque apostolique et patristique) où l 'acteur principal

de la liturgie est Yecclésia. La constitution dit que l 'assemblée est le sujet de toute action

liturgique (SC, n° 26), d 'où l ' importance de la participation active (SC, n° 28). C'est une

participation qui se place au-dessus de gestes précis à faire au cours de la célébration, mais

qui engage toute la personne dans une communion intérieure à toute l 'action liturgique. La

constitution renoue ainsi avec la Tradition ancienne et reprend un thème cher au

mouvement liturgique qui cherche à montrer que « cette doctrine s'inscrit dans la ligne de

la Tradition la plus ancienne et la plus certaine. » 3 5 9 Les fidèles sont considérés comme

participant au mystère du Christ; le Christ étant le premier célébrant (SC, n o s 1 et 3).

4.3.4 La catholicité et l'apostolicité de l'Église

Tout comme Martimort l 'avait souligné, la catholicité de l 'Église est une caractéristique de

Yecclésia. La diversité de l 'assemblée donne à voir la catholicité de l 'Église dans

l 'euchar is t ie . 3 6 0 L 'assemblée ne convoque pas qu 'une portion de l 'Église, mais l 'ensemble

des baptisés. Ceci est important parce que « si les jeunes ne vont qu ' à des messes dé jeunes ,

comment pourront-ils se retrouver ensuite dans une liturgie paroissiale ordinaire? Comment

les adultes seront-ils prêts à les accueillir? » 3 6 1 La participation à l 'assemblée chrétienne

permet d'intégrer la catholicité de l 'Église. La diversification de l 'assemblée donne à voir

l 'humanité nouvelle que le Christ a voulue où il n 'y a plus ni Juif, ni Grec, il n 'y a plus ni

esclaves ni hommes libres (Ga 3, 28). Cette diversité est capitale parce que l 'assemblée a

une signification sacramentelle par t icul ière . 3 6 2

La catholicité de l 'Église doit être manifeste dans l 'assemblée dominicale : il doit y avoir

une variété de gens, de différentes générations et d 'horizons divers. C'est la catholicité qui

est en jeu , mais aussi la valeur du rassemblement dominical. C'est l 'une des conclusions de

la Session nationale française de Francheville (octobre 2001) qui relisait des pratiques

locales en France à propos de l 'assemblée eucharistique dominicale : si habituellement on a

affaire à une assemblée d 'une quinzaine de personnes, la plupart de la même tranche d 'âge,

des sexagénaires par exemple, il y a lieu de s'interroger non seulement sur la catholicité

d 'une telle assemblée, par ailleurs très respectable, mais surtout sur la pertinence du signe

dominical dans un mi l i eu . 3 6 3

L'apostolicité de l 'Église doit aussi être manifeste au sein de l 'assemblée. Par le soutien de

l 'assemblée à l 'égard des catéchistes ou des membres de la communauté qui ont un

ministère précis, se révèle le souci d 'une communauté d 'annoncer la Bonne Nouvelle. Faire

de l 'assemblée dominicale un pôle majeur dans l'initiation chrétienne des enfants, c 'est du

même coup revitaliser l 'assemblée et lui permettre de devenir ce qu'el le est appelée à être :

signe prophétique dans un monde vers lequel elle est constamment envoyée.

4.3.5 L'ecclésiologie du Peuple de Dieu

Poser la question du rôle de l 'assemblée dans la liturgie, c'est aussi poser la question du

rôle des laïcs dans l 'Église selon l 'adage de Prosper d 'Aquitaine lex orandi, lex credendi.

La nature de la liturgie renvoie à celle de l 'Église. Sacrosanctum Concilium fait de la

liturgie une action communautaire, mais aussi une action hiérarchique. Il y a un réel effort

de vouloir réconcilier la doctrine traditionnelle avec les enseignements magistériels issus du

Concile de Trente, par exemple l 'ecclésiologie de la période patristique où tout le peuple

présente l'offrande avec celle de Mediator Dei qui fait du prêtre le représentant du peuple

auprès de Dieu parce qu' i l représente le Christ. Déjà, dans l ' insistance de Sacrosanctum

Concilium à favoriser la participation pleine, active et consciente de tous, on voit en

3 6 2 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 54. 3 6 3 Centre National de Pastorale Liturgique, «La paroisse dont l'assemblée eucharistique dominicale est le fondement, » Célébrer n° 316 (2002) : 4.

filigrane l 'ecclésiologie du peuple de Dieu : « le sacrement du pain eucharistique représente

et produit l 'unité des fidèles qui constituent un seul corps dans le Christ » (LG, n° 3).

Le rôle de l 'assemblée au cours de la liturgie sera repris avec plus d'insistance encore dans

la constitution sur l 'Église (LG, n° 11). La théologie de la participation de l 'assemblée

qu 'on retrouve dans Sacrosanctum Concilium appelle une nouvelle conception de la

hiérarchie dans l 'Église. Celle-ci s 'exprime dans Lumen Gentium: un peuple tout entier

sacerdotal, donc acteur de l 'eucharistie (LG, n° 3). « Ce peuple, cette communauté

structurée, possède une institution hiérarchique, une structure ecclésiale qui est 364

intrinsèquement modelée par le mystère de grâce et d 'unité qu'el le sert. » Puisque Lumen

Gentium a présenté l 'Église comme peuple de Dieu, Yecclésia dans la liturgie selon

Sacrosanctum Concilium a un plus grand rôle que dans Mediator Dei où c'est plutôt la

hiérarchie de l 'Église qui primait.

La constitution sur la liturgie n ' a pas pu bénéficier des discussions fécondes sur le mystère

de l 'Église et son rôle dans toutes les activités du monde. C'est pourquoi ce qui est avancé,

parfois sur la « pointe des pieds » dans Sacrosanctum Concilium a besoin d'être mis en

valeur par les textes qui ont suivi et qui donnent la mesure des changements

ecclésiologiques et liturgiques. On voit tout de même se profiler dans Sacrosanctum

Concilium l 'ecclésiologie du Peuple de Dieu (versus la doctrine du Corps mystique qui était

le fondement de l 'encyclique Mediator Dei) où il y a recherche d'équilibre entre la vision

communautaire et hiérarchique de l 'Église.

4.4 Le dimanche à l'ère de l'industrialisation

Si le X X e siècle a permis la redécouverte de la riche signification de l 'assemblée chrétienne

avec le mouvement liturgique, la signification, la présentation et le célébration du dimanche

se sont vues appauvries. Avec l'industrialisation commencée au X D ( e siècle et la

3 6 4 Jean-Pierre Jossua, « La constitution Sacrosanctum Concilium dans l'ensemble de l'œuvre conciliaire, » dans La liturgie après Vatican II, sous la direction de J.-P. Jossua et Y. Congar (Paris : Les Éditions du Cerf, 1967), 130.

Gaétan Baillargeon, « Dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec, » 85.

sécularisation grandissante au X X e siècle, le dimanche est devenu un jour ordinaire : il est

même devenu jour de travail pour plusieurs. Plusieurs ne parlent plus du dimanche comme

le premier jour de la semaine (le lundi l 'a supplanté), mais comme un jour qui appartient à

un ensemble appelé le week-end, la fin de semaine.

Cependant, il n 'y a pas que le contexte social qui a fragilisé le dimanche chrétien. Le

discours pastoral au lendemain du Concile Vatican II a pu faire ombrage au dimanche

comme jour de commémoration et de célébration pour les chrétiens. Au lendemain du

Concile, il n 'y a pas que les pratiques liturgiques qui doivent être réformées, mais il y a un

discours catéchétique qui doit suivre : des représentations du péché, de Dieu et des

commandements sont modifiées. Ce discours a pu être interprété comme une relativisation

du dimanche et de sa célébration. C'est ainsi que Baillargeon résume bien le discours

pastoral sur la pratique dominicale vers la fin des années 1960 :

Les pasteurs ont voulu accompagner les fidèles sur la route d 'une religion plus libre,

plus personnelle, moins centrée sur la peur du péché, au profit du grand

commandement de l 'amour. Le discours pastoral qui présentait la pratique

chrétienne à la fois comme un choix personnel et libre d 'une part, et comme un

engagement pour l 'amour du prochain et de Dieu d 'autre part, relativisait du même

coup la pratique dominicale. Parler de l 'eucharistie dominicale comme de la source

et du sommet de la vie chrétienne ne faisait pas le poids en regard de

l'affranchissement de l 'obligation dominicale, fortement intégré dans un milieu où

l 'on participait à la messe davantage par conformisme social que par conviction.

Combien de fois n'a-t-on pas entendu que la messe dominicale n'était qu 'un

élément de la pratique chrétienne et que la charité l 'emportait sur la vie

l i turg ique? 3 6 5

Ce discours, conjugué à la situation sociale (sécularisation des institutions et de la culture),

est contemporain d 'une désaffection croissante du dimanche comme jour de l 'assemblée

pour les chrétiens à partir des années 1960 (quoique les observateurs aguerris montrent, à

partir des études, que cette désaffection avait commencé dès l 'entre deux-guerres).

5. L'assemblée chrétienne comme médiation symbolique

Dans cette section, la sémiologie nous sera d 'un grand secours pour nous aider à voir

comment l 'assemblée chrétienne dominicale participe au langage d'ordre symbolique de la

liturgie pour faire advenir un être-chrétien. Vue sous l 'angle de la sémiologie, l 'assemblée

est un signe prophétique du Royaume nécessaire pour comprendre le mystère de l 'Église.

Ce qui importe, c'est de mettre en relation différents niveaux de signification (message des

Écritures, différents aspects de la liturgie, témoignage de vie chrétienne) pour trouver le

symbolisme profond de la liturgie. C'est à cette condition que la liturgie devient essentielle

dans le cadre de l'initiation chrétienne et que l 'assemblée liturgique participe à la formation

de l'être-chrétien. « D a n s l 'approche symbolique de la liturgie, il s'agit non point de

prendre la liturgie comme objet propre, mais, au contraire, de la saisir dans un jeu de

corrélations entre des éléments divers qui prennent sens de par leur corrélation. » 3 6 6

André Fossion, « La catéchèse comme initiation à la vie liturgique, » 99.

Même si le dimanche a perdu son caractère sacré, nous faisons le pari qu' i l a encore ses

chances : de nombreuses familles accordent toujours au jour dominical un statut particulier.

Ce n'est plus la participation au rassemblement ecclésial qui caractérise la journée

dominicale, mais plusieurs familles ont trouvé d'autres lieux et d'autres façons pour

honorer ce jour : certaines familles se font un devoir d 'une sortie en nature (à la montagne

ou en forêt) ou d 'une visite chez des aïeux le dimanche. On a changé le lieu et la façon de

célébrer le dimanche en famille, mais il n 'en demeure pas moins qu'i l revêt une coloration

particulière pour nombre de familles. Dans ce contexte, il nous apparaît possible de

remettre en valeur l 'assemblée chrétienne dominicale comme lieu fondateur du vivre-

chrétien. La dimension symbolique de l 'assemblée chrétienne, mise en valeur à partir de la

deuxième moitié du X X e siècle, peut nous aider à découvrir l ' importance de celle-ci dans la

structuration de l 'être vers laquelle tend l 'organisation familiale, et faire militer en faveur

de l 'assemblée dominicale. Cette réflexion sur l 'assemblée à la lumière du symbolisme

semble être l 'aboutissement de recherches interdisciplinaires fructueuses du X X e siècle.

Notre statut d'êtres incarnés nous fait appréhender le monde à partir de nos sens. C'est en

voyant, en entendant, en touchant, en goûtant et en sentant que nous avons accès aux

réalités. L'expérience du divin ne fait pas exception à cela : bien que nous voudrions avoir

un accès immédiat à Dieu, nous réalisons que cela n'est pas possible ! Dieu se révèle à nous

à travers de multiples média t ions . 3 6 7 Les médiations nous mettent en communion avec

Dieu. Non seulement le refus d 'un contact sensible nous prive d 'un accès à Dieu, mais il • 368

diminue aussi l 'action du Christ dans nos vies.

Lorsque nous acceptons les médiations comme accès à Dieu, il reste à déployer les marques

multiples de l 'Église (comme symbole) dans notre monde. Les médiations sensibles avec

Dieu ne se limitent pas au septénaire. Nous avons vu comment la Parole de Dieu est elle-

même sacrement : elle donne le salut lorsqu'elle est accueillie. Il y a les sacramentaux qui

donnent à voir le sacré dans de multiples lieux et activités profanes (ex. : bénédiction des

bateaux ou onction d'huile). Il y a aussi les membres de l 'Église : les évêques qui sont

signes de la continuité apostolique et de l 'unité avec les autres églises, les ministres qui

sont nécessaires pour la mission de l 'Église, et les laïcs qui sont signes de l 'Église en étant

« sel de la terre et lumière du monde » (Mt 5) dans leurs lieux d'insertion quotidienne.

Lorsqu'il parle des médiations du Christ, Chauvet privilégie les Écritures, les sacrements et

l ' é th ique . 3 6 9 L'assemblée est sous-jacente à tout cela. Comprise à l 'intérieur même des

sacrements (parce qu'elle en en le sujet), des Écritures (parce que c 'est à travers elle

qu'elles sont interprétées) et l 'éthique (qui se vérifie dans les rapports interpersonnels en

son sein), l 'assemblée est médiation par excellence de l 'Église. L'assemblée est sous-

jacente à ces composantes de la vie chrétienne, tout comme elle encadre les diverses formes

de présences du Christ dans la liturgie (SC, n° 7). L'assemblée est vraiment alors symbole

de l 'Église qui nous permet de reconnaître le Christ présent au milieu d'elle.

Nous entendons le terme de médiation dans son sens étymologique. Sa racine medhyo, qui plonge dans un terreau indo-européen, signifie « qui est au milieu ». Les Grecs et les Latins ajoutent les sens d'intermédiaire, de moyen et de médium qui sont des « lieux accessibles à tous ». Nous pouvons en conclure que la médiation est un lieu accessible à tous, qu'il n'appartient en propre à personne. Cela a des conséquences sur les propos de ce chapitre qui présente l'assemblée liturgique comme une médiation symbolique : elle n'appartient en propre à personne et même sa compréhension peut être accessible à tous. Voir Jean-Pierre Jung, « Indispensables médiations, » Catéchèse n° 120 (1990) : 17. 3 6 8 Dom Lambert Beauduin. La piété de l'Église. Principes et faits, 10. 3 6 9 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 47.

5.1 L'assemblée chrétienne à la lumière du symbolisme

C'est dans l 'ordre symbolique propre à l 'Église que l 'être humain peut advenir comme

chrétien et acquérir l 'identité chrétienne. Les sacrements, les symboles de la foi (Pater et

Credo) et l 'assemblée font partie de cette « matrice symbolique » au sein de laquelle

chaque personne est engendrée comme chrétien selon la sacramentaire de Chauve t . 3 7 0 Afin

de saisir comment l 'assemblée chrétienne participe à ce langage symbolique présent dans la

liturgie chrétienne, il est nécessaire de préciser quelques concepts du symbolisme et de

connaître ses origines.

La compréhension et la signification de l 'ordre symbolique sont tributaires de la

philosophie (notamment de la sémiologie et de la phénoménologie) et du développement

des sciences humaines au cours des derniers siècles. Ce développement apporte à la

sacramentaire et à l 'ecclésiologie un éclairage particulier qui met en valeur d'autres aspects

que ceux mis de l 'avant par la théologie scolastique (qui misait beaucoup plus sur la

technique et les moyens). En appliquant à l 'assemblée chrétienne la notion de symbole,

nous sommes en mesure de voir celle-ci comme un lieu nécessaire pour le développement

de l 'identité chrétienne : c'est le symbolisme qui permet la reconnaissance du Christ

présent au sein de l 'assemblée et simultanément la reconnaissance des autres membres de

l 'assemblée comme frères et sœurs d 'un même Père.

5.2 La symbolique : le symbole comme condensation

Distinguons d'abord le signe du symbole. Le signe vise la connaissance et a peu de valeur

en soi : ce qui a de la valeur, c'est ce qui est signifié. Pour le symbole, c'est différent. C 'es t

plutôt le contraire : le symbole est plus qu 'un signe technique parce qu'au-delà de son sens

immédiat, il condense une multitude de significations riches et parfois complexes. Il y a un

caractère opaque au symbole à décrypter. La symbolique est une première façon de

3 7 0 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 35.

comprendre le symbole. Fossion en parle alors en termes de condensation et de figuration.

La figuration est cet objet précis (ou ce terme) qui représente beaucoup plus que ce qu' i l est

en réalité. Dans la figuration, il y a des significations à déchiffrer. On pourrait ainsi dire que

la tour Eiffel est un symbole de Paris : dans cette figuration, c'est la ville et son histoire que

l 'on retrouve. On pourrait tenir des propos similaires pour le drapeau d 'une nation. Ainsi,

lorsqu'un morceau de tissu rayé de bandes bleue, blanche et rouge est brûlé ou piétiné, ce

geste peut être interprété comme une insulte par ceux qui voient dans ce tissu tricolore le

drapeau de la France. Alors, ce n 'est pas qu 'un morceau de tissu qui est piétiné, mais c 'est

l 'histoire et la culture d 'une nation ou d'un peuple qui sont bafouées. On comprend qu 'un

drapeau est un puissant symbole pour un peuple.

5.3 Le symbolique : le symbole comme signe de reconnaissance

Le symbolique est la deuxième façon de comprendre le symbole. Pour Fossion, le

symbolique réfère au symbole dans sa fonction de reconnaissance, comme opérateur

d'alliance (selon la pratique antique du pacte symbol ique) . 3 7 1 Le symbole permet donc aux

sujets de faire des alliances à l 'aide de symboles (ex. : mot de passe) et de comprendre ces

alliances en décodant les symboles. Ainsi, nous pouvons dire que nous cherchons

constamment à décoder le monde symbolique afin de pouvoir nous comprendre et nous

situer dans ce monde. Étranger dans une culture, c 'est en décodant les symboles de cette

culture qu 'on peut se situer. En arrivant chez des étrangers par exemple, le mobilier, les

peintures, l 'alimentation viennent révéler qui ils sont à partir de symboles que nous

percevons. Nous faisons alors des alliances à l 'aide de ces symboles afin de pouvoir nous

situer nous-mêmes et entrer de plain-pied ou non dans cette alliance.

Il y a des symboles qui ont la fonction de reconnaissance et qui sont simultanément des

condensateurs de significations ; dans ce cas, les deux significations du symbole se

recouvrent. La croix est un exemple de symbole qui a les deux fonctions. C'est un signe de

reconnaissance d'abord. En voyant une croix, c 'est une trace du christianisme qui est

exprimée par des gens qui partagent la foi chrétienne. Mais la croix condense aussi

plusieurs réalités chrétiennes : elle réfère au sacrifice du Christ, elle évoque le mystère

pascal, elle est signe de souffrance et de mort, etc.

L'assemblée chrétienne est à la base de toute l 'activité symbolique de l 'Église puisque c'est

à travers elle que l 'être humain peut comprendre les symboles chrétiens. Sans l 'assemblée

qui transmet les clés de reconnaissance du Christ d 'une génération à l 'autre et sans sa

continuelle interprétation des symboles chrétiens, ces derniers ne pourraient jouer leur rôle

de médiation entre Dieu et l 'humanité. De plus, l 'assemblée est elle-même un symbole

puisqu'elle condense en son sein l 'Église : là où l 'assemblée se réunit, c 'est l 'Église une,

sainte, catholique et apostolique qui est présente.

5.4 Le langage « symbole, opérateur d'alliance par excellence » 3 7 2

Au sein de l 'assemblée chrétienne, en entrant dans cet univers symbolique, l 'être humain a

accès à Dieu. Ainsi, nous pouvons dire qu 'à la lumière du symbolisme, l 'assemblée revêt

une fonction essentielle dans la formation de l 'identité chrétienne. Elle est une forme de

langage antérieure au sujet, et qui le fait advenir comme chrétien. Dans sa théorie, Chauvet

introduit le langage dans l 'ordre symbolique. Pour lui, le langage ne peut être considéré

dans une fonction instrumentale qui en ferait une création humaine permettant de

communiquer avec un autre le réel qui est perçu. Cet accès au réel serait comme immédiat

et ce que l 'on communique, avec le langage, représenterait le reflet de ce réel. Or, il est

illusoire de croire que nous pouvons avoir un accès immédiat au réel : notre système de

perception est constamment marqué par des biais qui empêchent ce rapport immédiat. Le

même objet décrit différemment par deux personnes démontre bien la difficulté de

l ' immédiateté dans notre perception.

Pour Chauvet, le langage, au lieu d'être un instrument qui intervient ultérieurement dans

notre perception du réel, est plutôt une médiation (cette vision s'appuie sur les travaux des

Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 20-35. Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 26.

linguistes contemporains et aussi sur la psychanalyse de L a c a n ) . 3 7 3 Le langage n'est alors

plus une fabrication de l 'homme, mais quelque chose qui lui est constitutif puisque c'est

par lui qu' i l accède au réel et qu'il se le représente. Le langage est médiation : il vient dire

que l 'accès au réel ne peut pas être immédiat. Le langage fait alors partie de ces médiations

qui opèrent un filtrage de la réalité, qui retiennent certains éléments et qui en rejettent

d'autres pour la construction d 'un monde dans lequel le sujet peut évoluer. Le langage

permet à l 'homme de se situer dans l 'univers et parmi ses semblables. Le langage est donc

antérieur à l 'homme comme sujet et «c'est précisément en construisant le réel comme

monde que le sujet se construit comme sujet » . 3 7 4

Cette conception du langage comme médiation heurte la sensibilité contemporaine qui croit

et qui veut avoir un accès immédiat au réel. Cette médiation est pourtant une condition de

l 'existence du sujet. La mise à distance opérée par le langage permet au sujet d 'advenir :

l 'exemple de Lacan qui fait advenir l 'enfant en prononçant son prénom ou un pronom

lorsqu'il se voit dans la glace est éloquent à ce sujet : c 'est le langage qui fait advenir

l'enfant comme sujet. Nous pouvons aussi illustrer la difficulté pour notre monde

d'accepter cette nécessaire médiation en prenant appui sur la démarche de la connaissance

dans les sciences pures. La méthode scientifique cherche un accès immédiat au réel, pour

qui toute médiation impose un biais à identifier et à supprimer dans la mesure du possible.

Cette difficulté est aussi celle de notre monde à l 'égard de la relation avec Dieu. L'être

humain ne va vers Dieu que dans la médiation du créé. Ici aussi, il y a le désir d 'un accès

immédiat à Dieu. Mais c'est toujours par médiation que nous pouvons avoir accès à Dieu.

Les récits de vocations dans l 'Ancien Testament en font foi. Moïse veut voir Dieu de face,

mais même derrière le buisson qui brûle sans se consumer, Dieu lui apparaît de manière

voilée. L 'exemple d 'Élie à qui Dieu se révèle dans un souffle léger est aussi un exemple

éloquent du symbolisme qu'i l faut décoder pour avoir accès à Dieu.

5.5 L'ordre symbolique

L'ordre symbolique est le monde construit par le sujet avec cet ensemble de médiations

dont fait partie au premier plan le langage. Cet ordre symbolique (ou le symbolique selon

Fossion) revoie au grec sym-ballein qui évoque un contrat auquel sont liés des partenaires,

lequel contrat est reconnu lorsqu'il y a réunion des morceaux d 'un objet brisé au moment

du pacte. On trouve ici l ' idée de consensus nécessaire pour la vie en société : un code précis

n ' a de valeur que si sa signification est partagée par un ensemble.

Les sacrements, les symboles de la foi et l 'assemblée chrétienne sont une forme de langage

qui n 'est pas instrumentale dans la construction de l'identité, mais qui est antérieure au

sujet et qui le font advenir comme chrétien. L'identité chrétienne se construit donc à travers

un processus institutionnel qui a sa structure propre : initiative de Dieu, médiation de

l 'Église (à travers les Écritures, les sacrements et l 'éthique), et la compétence donnée par

Dieu pour acquiescer à la médiation de l 'Église. « Le christianisme est une alliance dans

laquelle on reconnaît ses semblables comme des frères et sœurs en Jésus-Christ, comme des 375

fils et filles de Dieu, promis à une vie qui ne finira pas. » L'assemblée chrétienne est à la

base de toute cette activité symbolique de l 'Église puisque c 'est elle qui proclame et

explique la Parole, c 'est elle qui célèbre les sacrements et c 'est encore elle qui suscite la

charité. Nous pouvons aller un peu plus loin.

5.6 L'assemblée, symbole comme condensation (la symbolique)

On peut certes dire que l 'assemblée appartient à la symbolique de l 'Église parce qu'el le

condense en elle-même le mystère de l 'Église. Dès les origines apostoliques, l 'assemblée

chrétienne était le symbole privilégié pour identifier ceux qui appartenaient à l 'Église.

L'assemblée était l 'Église en un lieu précis. C'est elle qui donnait à voir l 'Église et qui

déployait ses caractéristiques essentielles : catholicité, apostolicité, unité, etc. Le Concile

3 7 6 Gaétan Baillargeon, « La liturgie chrétienne. Ses caractéristiques, » Vivre et célébrer. Revue de pastorale liturgique 41 , n° 189 (2007) : 24.

Vatican II va confirmer cette conviction en invitant les évêques à « constituer des

assemblées de fidèles (...) car, d 'une certaine manière, elles représentent l 'Église visible

établie dans l 'univers » (SC, n°42).

Nul autre symbole de l 'Église n 'est plus parlant pour le monde que l 'assemblée de

chrétiens. Nul autre signe que l 'assemblée n 'est plus parlant pour les chrétiens eux-mêmes

de l 'Église. La première condition, c 'est d'être ensemble. Mais il y doit y avoir plus : il faut

que les membres de l 'assemblée puissent se reconnaître comme frères et sœurs et comme

enfants d 'un même Père. C'est alors que la symbolique de l 'assemblée doit faire appel au

symbolique. L'assemblée est plus qu 'une condensation de l 'Église : elle est un lieu de

reconnaissance. C'est ainsi que s 'exprime Baillargeon :

Cette assemblée liturgique a aussi une dimension sacramentelle, c'est-à-dire qu'el le

signifie et réalise quelque chose du mystère même de l 'Église. Elle est constituée

dans l 'aujourd'hui de chaque célébration comme une assemblée du peuple de Dieu

qui célèbre la nouvelle alliance. Cette assemblée de baptisés est, en même temps, le

corps ecclésial du Christ ressuscité et le temple du Saint-Esprit. Cette réalité

spirituelle, l 'assemblée la manifeste et la réalise dans l 'action symbolique de la

l i turg ie . 3 7 6

5.7 L'assemblée, symbole, comme signe de reconnaissance (le symbolique)

On peut aussi appliquer à l 'assemblée chrétienne les notions du symbolique. Pour qu 'un

ordre symbolique soit effectif, il y a des critères à respecter. Il faut nécessairement

s'entendre sur la signification donnée aux symboles pour que ceux-ci donnent la possibilité

aux sujets de se reconnaître par l ' intermédiaire de ces symboles. Ainsi, (1) la signification

du symbole doit être partagée par plusieurs. De plus, (2) les symboles ont la fonction

d'aider à ne pas prendre l ' imaginaire pour la réalité : en instaurant une distance avec le réel,

le symbole permet une intégration dans un ensemble cohérent et signifiant. Enfin, (3) les

6. Dans le sillage du Concile Vatican II : le rituel du baptême et le missel

Les rituels et le missel issus de la réforme liturgique traduisent les orientations que les

Pères du Concile Vatican II ont voulu donner à la liturgie et l 'ecclésiologie. L'analyse de

leur contenu peut nous aider à comprendre et à discerner la place de l 'assemblée à

l 'intérieur de la célébration des sacrements à la lumière de l 'enseignement du Concile.

symboles sont sous l 'autorité d 'un Autre, c'est-à-dire une instance au nom de laquelle les

sujets s'entendent. Ainsi, tout comme nous pouvons dire que l 'Académie Française est cet

« Autre » qui permet aux francophones de pouvoir se comprendre à travers un code

linguistique commun, l 'Eglise est cet « Autre » qui régule les symboles de la liturgie

permettant aux chrétiens de se retrouver à travers leur déploiement. Ce que nous disons du

symbole dans une telle compréhension symbolique, nous pouvons aussi le dire de

l 'assemblée chrétienne.

L'assemblée, analysée avec la sémiologie, nous donne de comprendre que ce qui est requis

pour la compréhension d 'un symbole est aussi nécessaire pour comprendre la valeur de

l 'assemblée. Tout comme le sym-ballein a besoin d 'unir ses différentes parts pour signifier

quelque chose, l 'assemblée a besoin d'être rassemblée et de mettre en commun ce qui l 'unit

pour faire jaillir un sens. On comprendra qu 'un groupe de personnes au marché le vendredi

soir ne forme pas une assemblée ; si le fait d 'être ensemble est une condition nécessaire

pour faire assemblée, ce n 'est pas une condition suffisante. Il faut en plus se reconnaître

comme frères et sœurs, comme baptisés. De multiples gestes et paroles, loin d'être

superflus, ont la fonction de mettre ensemble les membres de l 'assemblée. Ils font partie de

l 'ordre symbolique de l 'Église. Comme pour les morceaux du sym-ballein de l 'Antiquité

qui n'avaient de la valeur qu'adjoints ensemble, ainsi en est-il pour l 'assemblée chrétienne.

Il y a un ordre symbolique qui est mis en place par l 'Église pour faire advenir l 'assemblée :

on peut penser aux rites et ministères. D 'où l 'exigence de tout mettre en œuvre dans le lieu

de rassemblement et dans les rites d'accueil pour faire émerger cette reconnaissance.

3 7 7 Daniel Pourchot, « Catéchèse et Liturgie à l'époque patristique : Évocation de deux témoins, » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 51. 378 Rituel du baptême des petits enfants (Paris : Mame-Tardy, 1984), 11-12.

Nous allons regarder le sacrement du baptême et celui de l 'eucharistie tels qu' i ls sont

présentés dans les rituels issus de la réforme liturgique Concile Vatican IL Pour le baptême,

nous prendrons le Rituel pour le baptême des petits enfants, utilisé largement dans les

paroisses. Quant au missel, nous prendrons celui de l 'édition typique de 1975.

Ce choix du rituel du baptême et du missel n 'est pas fortuit. Nous regarderons le rôle de

l 'assemblée « dans deux actes constitutifs de la liturgie chrétienne, le baptême et le repas du

Seigneur » . 3 7 7 Ces deux sacrements sont célébrés par la communauté chrétienne depuis les

origines. La Didachè (100), la première apologie de Justin (150) et la Tradition Apostolique

d'Hyppolite de Rome (vers 200) témoignent de la célébration communautaire de ces

sacrements. La description qu'ils en font témoigne de la diversité des façons de célébrer les

sacrements dans l 'Église primitive, mais toujours en présence de l 'assemblée.

6.1 Baptême

Dans les rituels issus de la Réforme, ce qui est remarquable, c 'est que la présence active de

l 'assemblée n 'est pas limitée à l 'eucharistie, mais étendue aux autres sacrements. La

célébration d 'un sacrement gagne en signification lorsque l 'assemblée est présente puisque

celle-ci témoigne de la dimension communautaire : la présence de l 'assemblée manifeste la

dimension ecclésiale. D'emblée, une première lecture du rituel du baptême pour les petits

enfants nous permet de voir la présence importante accordée à l 'assemblée. Sur la

participation de l 'assemblée lors du baptême d 'un enfant, le rituel souhaite que :

le peuple de Dieu, représenté non seulement par les parrains, les parents et les

proches, mais encore autant que possible, par des amis, des familiers, des voisins et

quelques membres au moins de l 'Église locale, joue un rôle actif. Ainsi se

manifestera la foi de la communauté et s 'exprimera la joie commune avec laquelle ' • 378

les nouveaux baptisés sont reçus dans l 'Eglise.

3 7 9 Daniel Pourchot, « Catéchèse et Liturgie à l'époque patristique : Évocation de deux témoins, » 52. 3 8 0 Henri Chirat, LAssemblée chrétienne à l'âge apostolique, 131. 3 8 1 On peut aussi ajouter à cette unité de signification sur la valeur du baptême célébrée lors de l'assemblée dominicale celles-ci : « (...) ce que j ' a i entendu de la communauté, c'est le baptême des enfants comme un mois passé à la messe. Toute la cérémonie, de A à Z, a été un succès. Les parents n'en revenaient pas. » (R-123) «Et puis il y a les explications qui accompagnent les gestes. Là-dedans, il y avait des années de catéchèse. » (R-125)

Quant à la célébration du baptême des adultes, le Rituel de l'Initiation Chrétienne des

Adultes a aussi mis en valeur le rôle de la communauté non seulement au moment du

baptême, mais tout au long du catéchuménat. L'assemblée est présente lors des moments

significatifs de la démarche puisque les rites sont faits en son sein.

Cette participation de l 'assemblée est en fait l 'écho de ce qui se faisait à l 'âge apostolique :

Pourchot démontre qu ' à cette époque, le baptême était célébré lors de l 'assemblée, donc en

présence de celle-ci qui avait un rôle essentiel dans la célébrat ion. 3 7 9 Mis à part certains cas

relatés dans les Actes des Apôtres, et qui peuvent être qualifiés d'exceptionnels, «le

sacrement d'initiation était régulièrement administré au sein d 'une assemblée

liturgique » . 3 8 0 Ce rite avait une portée sociale non négligeable à l 'époque et son

administration au sein de l 'assemblée était pour les membres l 'occasion de renouveler les

souvenirs personnels de leur propre baptême.

Dans le Verbatim des entrevues réalisées pour cette recherche, plusieurs personnes

mentionnent la valeur catéchétique de baptêmes célébrés en présence de l 'assemblée

dominicale. « Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie

pour toute l 'assemblée. » (R-126) 3 8 1 Cette possibilité de célébrer un baptême lors de

l 'eucharistie dominicale est proposée, voire souhaitée, dans le Rituel du baptême des petits

enfants. La présence de l 'assemblée témoigne effectivement que l'enfant baptisé est

accueilli au sein de l 'Église. De plus, la célébration permet à l 'assemblée de prendre

conscience de son rôle dans l 'éducation de la foi des nouveaux baptisés. Enfin, le baptême

célébré en présence de l 'assemblée chrétienne dominicale fournit l 'occasion d 'une

catéchèse sur les rites du baptême et du renouvellement de la profession de foi baptismale.

Une telle célébration du baptême renoue avec les origines de l 'Église.

6.2 Eucharistie

Il peut paraître superflu ou tautologique de parler du rôle de l 'assemblée dans l 'eucharistie.

À l 'époque apostolique, il était normal que l 'eucharistie soit célébrée au sein de

l 'assemblée : la question de la place de l 'assemblée et de sa participation ne se posait même

pas. Il n 'y avait de célébration eucharistique que celle avec l 'assemblée. Les gestes qui

impliquaient les convives dans la préparation et la mise en œuvre de tout repas important

pour les juifs furent conservés dans le rituel (on peut penser à la présentation des offrandes

sur la table qui servait d'autel ou au baiser de paix). De multiples gestes et paroles

permettaient aux membres de l 'assemblée de prendre une part active dans la célébration

eucharistique : « les membres de la communauté apportaient du pain, du vin, des olives et

du fromage - les bases du régime alimentaire méditerranéen - à l 'autel, pendant l'offrande,

pour que ces aliments soient distribués aux indigents » . 3 8 2 L'histoire relatée au début du

présent chapitre a montré que nous nous sommes éloignés de cette participation.

L'analyse des entrevues montre que les personnes interviewées accordent une grande

importance à la participation de l 'assemblée, notamment des enfants, lors de la liturgie

eucharistique : deux concepts sont liés directement à ce thème de la participation des

enfants, le dix-huitième que nous avons nommé « Intérêt des enfants lorsqu'ils participent » 383

et le vingt-et-unième nommé « Désir de participation lors de la liturgie ». Cette place

revendiquée correspond à la participation active des laïcs qui existait dans la liturgie

eucharistique au début de l 'Église et qui est mise en valeur dans la Présentation Générale

du Missel Romain. Le rituel de la messe promu par le Concile Vatican II invite à faire une

plus grande place aux laïcs en leur permettant d 'exercer divers ministères liturgiques

d'abord puisque l 'assemblée est ministérielle. Ainsi l 'a affirmé Cassingena-Trévedy

lorsqu'il présentait quelques pierres d'avenir pour la liturgie et qu' i l mettait en premier lieu

l 'assemblée chrétienne comme élément essentiel de la liturgie :

3 8 2 Daniel Pourchot, « Catéchèse et Liturgie à l'époque patristique : Évocation de deux témoins, » 58. 383

Ces concepts renvoient à plusieurs unités des signification qui se retrouvent en annexe C. Nous en mentionnons quelques-unes ici. « À la messe dominicale, j ' a ime lorsqu'on peut participer en faisant un geste particulier. » (D-120). « Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont contents de venir à la messe.» (C-142) «En participant, les gens sortent de la messe fiers.» (G-145) « L a catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. » (C-215 )

Ajoutons que l 'assemblée, déjà caractérisée en profondeur par l 'appel qui la

constitue, n 'est pas une multitude informe, mais une multitude ordonnée, c'est-à-

dire dans laquelle chacun exécute avec compétence et humilité la participation qui

lui revient en vertu de son ministère (ordonné, institué, reconnu ou tout simplement

baptismal), de telle sorte que la célébration apparaisse, dans sa cohérence et sa

dynamique, comme une seule et même phrase rituelle.384

Mais cette action ministérielle de certains appelle la participation de tous, soit par le chant,

les répons, les attitudes corporelles, l 'écoute etc. Même « l 'action liturgique des ministres

ou de ceux qui accomplissent un office est toujours reliée à la participation effective du

reste de Yecclésia » . 3 8 5 Routhier ne dénombre pas moins de 53 occurrences dans la

Présentation du Missel qui parle de la participation effective de tous. Le mouvement

liturgique et le Concile Vatican II ont voulu redonner à l 'assemblée toute sa place lors de

l 'eucharistie afin de manifester la place des laïcs dans la vie de l 'Église. Réduire la

participation des laïcs lors de l 'assemblée eucharistique, c'est réduire leur participation à la

vie de l 'Église et à la transformation du monde : la manière de prier traduit la manière de

croire et de comprendre son rôle dans la vie de l 'Église et du monde selon l 'adage lex

orandi, lex credendi. Or, l 'assemblée n ' a pas toujours la capacité de participer pleinement :

des ministères liturgiques pouvant être exercés par des laïcs sont assumés par le prêtre.

Parfois, c 'est la mise en forme de la célébration qui ne permet pas cette participation. Il y a

ici un chantier à poursuivre, autant dans la réflexion que dans la pratique.

Le chapitre suivant nous permettra déjà de voir certains aspects de l 'assemblée chrétienne

dominicale qui doivent être valorisés pour permettre cette participation active. A travers le

langage des attitudes (développé par la psychologie sociale) et à travers celui de la

pédagogie de l'initiation (développé par les sciences de l 'éducation et par l 'anthropologie),

nous pourrons voir que l 'assemblée est un lieu de catéchèse pour l 'ensemble de ses

membres. La prise de conscience de l 'assemblée chrétienne comme lieu de catéchèse nous

conduira à privilégier certaines avenues dans un projet diocésain de catéchèse.

3 8 4 François Cassingena-Trévedy, « Quelques pierres d'avenir pour la liturgie, » 2. 3 8 5 Gilles Routhier, « L'eucharistie, manifestation de l'Église locale, » 41. 3 8 6 Plus précisément, l'auteur dénombre 29 fois où la PGMR parle de la participation effective de tous les fidèles dans le cadre des dialogues et/ou des répons, 10 fois dans le cas de l'écoute active et 14 fois dans le cadre du chant de l'assemblée. Voir Gilles Routhier, « L'eucharistie, manifestation de l'Église locale, » 41 .

Chapitre 8 : L'assemblée, lieu de catéchèse

La catéchèse a emprunté divers moyens au cours de son histoire. À partir du Concile de

Trente, l 'époque des catéchismes a mis l 'accent sur le contenu de la catéchèse et sa

transmission de manière magistrale. Au début du siècle dernier, le mouvement catéchétique

remettait en question cette façon de faire. Aujourd'hui encore, des catéchètes et des

chercheurs se demandent : « est-ce par l 'enseignement qu 'on pourra intéresser les jeunes et v • 387

les enfants à Jésus-Christ? » L'enseignement des vérités de la foi est certes nécessaire,

mais cet enseignement peut prendre d'autres moyens que ceux qui sont associés à

l 'enseignement scolaire magistral. Les catéchètes rencontrés l 'ont d'ailleurs exprimé

clairement dans le cadre de l 'entrevue en disant notamment :

Faudrait pas qu' i l y ait du travail à la maison. Faudrait que tout le travail soit tout

fait lors des rencontres à la paroisse parce que c'est comme un devoir pour eux

autres. Du travail à la maison, c 'est comme à l 'école (D-91-92).

L'analyse des entrevues a montré un net désir de la part des catéchètes pour que la

catéchèse s'éloigne du mode de transmission magistral et favorise davantage la

participation des enfants pour permettre une véritable expérience de la vie chrétienne. La

participation active des enfants est souhaitée dans le cadre d'activités catéchétiques, telle

que l 'a relaté une catéchète : « On pourrait avoir des activités plus intéressantes » (C-239).

La participation active est aussi souhaitée en liturgie; une catéchète nous a fait part de

l'interpellation qu 'un servant d'autel faisait à un autre : « Si tu devenais enfant de chœur, tu

verrais comme c'est intéressant parce qu 'on participe à la messe » (G-77).

Mais cette participation active n 'est pas souhaitée uniquement pour les enfants, elle l 'est

aussi pour les parents et toute la communauté : « En participant, les gens sortent de la

messe f iers» (G-145); « I l faut intéresser les parents et les impliquer. Le faire

occasionnellement, une fois par mois, ça vaut mille mots, c'est incroyable » (R-81) ; « Plus

les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables» (F-211). En relatant une

Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 32.

célébration eucharistique où les enfants ont participé une catéchète dit que « c'est dommage

que toute la communauté n 'a pas pu participé » (D-121).

C'est dans cette perspective qu 'on peut comprendre la valeur d 'une assemblée chrétienne :

lorsqu'elle est à la fois un lieu de célébration, de partage et de catéchèse, elle permet une

véritable expérience d'Église. Dans ce chapitre, nous voudrions examiner comment

l 'assemblée chrétienne dominicale est un lieu de catéchèse. Nous verrons dans un premier

temps quatre caractéristiques inhérentes à l 'assemblée qui en font un lieu de catéchèse en

soi. A ces caractéristiques s'ajoutent les attitudes sécrétées par la vie même de la

communauté qui aussi sont un moyen privilégié en catéchèse.

L'étude des attitudes (en psychologie notamment) nous fournit une grille d'analyse

intéressante pour plusieurs concepts que nous avons identifiés lors de la codification axiale

de la théorisation ancrée. Nous voudrions alors voir à travers les travaux des psychologues

sociaux comment les attitudes de l 'assemblée chrétienne peuvent être un lieu de catéchèse

et quelles sont les composantes à privilégier afin que l 'assemblée devienne de plus en plus

un lieu de transmission d'attitudes chrétiennes. Nous regarderons ensuite les méthodes

pédagogiques à adopter pour une catéchèse qui vise une éducation globale. Puisque la

pédagogie qui s'inspire de l'initiation est favorisée de nos jours, nous scruterons les

principaux fondements (anthropologiques) et aboutissants de l'initiation. Enfin, un texte-

fondateur pour la vie des communautés chrétienne (Ac 2, 42-47) nous permettra d'illustrer

les propos de ce chapitre à partir de la description lucanienne de l 'assemblée chrétienne.

1. L'assemblée pour vivre l'Eglise

Le Directoire Général pour la Catéchèse a qualifié la catéchèse d'acte essentiellement

ecclésial (DGC, n° 78). Il est nécessaire de concrétiser cette affirmation en cherchant

comment l 'Église remplit cette tâche catéchétique. Des chercheurs ont précisé en disant que

l 'Église réussit sa mission par le biais des communautés chrétiennes : « le sujet responsable

de cette initiation globale est la communauté chrétienne » . 3 8 8 Nous nous sommes alignés à

la vision présentée dans le Directoire Général pour la Catéchèse qui voit la communauté

chrétienne comme gardienne de la foi contenue dans les Écritures et responsable de la

transmission de cet héritage : « la catéchèse n 'est autre que le processus de transmission de

l 'Évangile, tel que la communauté chrétienne l 'a reçu, le comprend, le célèbre, le vit et le

communique de diverses manières » (DGC, n° 105). La communauté chrétienne qui se

rassemble le dimanche et qui devient alors l 'assemblée chrétienne est pour nous ce lieu de

catéchèse. Quels sont alors les moyens que cette assemblée possède pour accomplir ce

travail de catéchèse qui est le sien?

1.1 De la présence à la personne du Christ

La première caractéristique de l 'assemblée qui lui permet d'être un lieu de catéchèse est de

l 'ordre de la grâce. La communauté est le lieu de la présence du Christ : « Là où deux ou

trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d 'eux » (Mt 18, 20). L'histoire nous a

montré que l 'assemblée est le lieu le plus naturel de l 'Église et le lieu premier où le chrétien

peut trouver l 'identité du Christ en même temps que sa propre identité de frère en Christ et

d'enfant de Dieu. A travers les membres et les activités constitutives de l 'assemblée, le

Christ se donne à voir. En expliquant les Écritures, en partageant le pain, en ouvrant les

cœurs et les mains pour le partage, l 'assemblée rend le Christ présent.

Cette présence du Christ au sein de l 'assemblée est nécessaire pour susciter un désir de Le

connaître davantage lors de la catéchèse. C'est donc le mystère de la présence du Christ au 389

sein d 'une assemblée qui incite des gens à vouloir le connaître davantage. Lorsque cette

présence se donne à voir dans la beauté d 'une célébration, lorsqu'elle peut être saisie en 3 8 8 Giuseppe Morante, « L'initiation chrétienne des jeunes : une sorte de catéchuménat pastoral baptismal. L'exemple italien, » dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte (Bruxelles : Lumen Vitae, 2005), 159. 3 8 9 La spiritualité de Taizé et de son fondateur, le frère Roger, mise beaucoup sur cette « présence mystérieuse » du Christ à l'intérieur de chaque personne, mais aussi à l'intérieur de la communion de l'Église. Les efforts pastoral des frères de la communauté visent à révéler cette présence pour ensuite l'approfondir. Que ce soit par la beauté de la prière commune, par les chants méditatifs, les enseignements bibliques, tout vise à mettre les jeunes en contact avec cette présence. Voir la chronique du frère Emile, « Prier avec les chants de Taizé, » Christus n° 217 (2008) : 88-97.

1.2 L'assemblée, lieu de médiations

Lorsque l 'on accepte le fait que la présence de Dieu suscite le désir de mieux le connaître et

de le rencontrer, il reste à déployer les médiations qui permettent d 'en approfondir la

rencontre. Bien qu 'au cours de l 'histoire l 'accent ait parfois été mis sur une présence divine

~ ' Dans son dernier livre, Raconter pour vivre, Shea présente cet intérêt qui va de la présence à la personne comme fondement de la foi chrétienne : « En présence de certaines personnes, nous nous sentons valorisés. La vie est plus pleine quand nous sommes avec eux; elle nous paraît vide quand nous en sommes éloignés. Si c'est ce que nous éprouvons, nous voulons mieux les connaître. Nous cherchons à comprendre le mystère de l'influence, de l'effet qu'elles ont sur nous. Nous cherchons à cerner le caractère unique de leur présence. Nous nous intéressons à ces personnes en raison de ce qu'elles provoquent en nous quand nous sommes avec elles. » Voir John Shea, Raconter pour vivre (Montréal : Fides, 2007), 17.

écoutant le récit d 'une expérience de rencontre ou encore si elle se fait sentir à travers

l 'accueil et la chaleur des relations, il y a un intérêt qui est éveillé pour mieux connaître

cette présence. Un passage normal s'effectue de la présence à la personne du Christ.

D 'un point de vue strictement humain, toute prise de conscience d 'une présence

suscite normalement un intérêt pour la personne. Lorsqu'une personne se sent bien,

valorisée, respectée et aimée en présence d 'une autre, elle cherche naturellement à

s'en approcher pour mieux la connaî t re . 3 9 0

Shea illustre cette importance de la présence du Christ discernée au sein de l 'assemblée

pour susciter la foi à l 'aide du récit de la tempête apaisée (Me 4, 35-41). Surpris par une

violente tempête, les disciples réveillent Jésus qui dort sur le coussin. Jésus menace le vent

et fait taire la mer. C'est alors que les disciples se questionnent sur l 'identité de Jésus :

« Q u i donc est-il, pour que même le vent et la mer lui obéissent?» (Marc, 4, 41). Les

disciples sont passés de l 'expérience de la présence salvatrice de Jésus à la quête de son

identité. D 'une manière semblable, la saisie de la présence du Christ au sein de l 'assemblée

peut être le point de départ d 'un parcours catéchétique : la reconnaissance de sa présence

éveille un désir de mieux le connaître et une catéchèse devient alors possible. Ayant été

saisis par cette présence, les gens cherchent à connaître davantage : « Il y a parmi vous

quelqu'un que vous ne connaissez pas » (Jn 1, 26).

qui se passe d'intermédiaires, aujourd'hui, nous reconnaissons la nécessité de ces

médiations et l 'empreinte humaine derrière chacune des réalités de la foi. Comme

médiation, Shea parle d'abord de l 'Église qui ne saurait mieux se définir qu 'à travers la

communauté des croyants et l 'assemblée chrétienne qui la rend présente dans un milieu.

Shea parle aussi des Écritures et des sacrements comme médiation entre Dieu et les

hommes. Même dans les Écritures et les sacrements, la densité humaine ne peut être écartée

puisque c'est par des êtres humains que la Parole s'est rendue jusqu 'à nous et c'est par des

ministres, aussi humains, que les sacrements s'accomplissent encore aujourd'hui.

L'expérience de foi en Église ne saurait dispenser de la présence des autres : « L'histoire de

l 'Écriture, des sacrements et de l 'Église montre qu' i ls ont été créés, vécus, réinterprétés et

réformés par les gens. » 3 9 1

Shea fait la démonstration que l 'Écriture est le recueil des rencontres transformatrices de

Dieu avec son peuple. Ce sont ces rencontres que des gens ont voulu raconter à d'autres.

Les sacrements ont été vécus depuis les origines par des gens qui voulaient que se

poursuive l 'œuvre salvifique du Christ. Ce qui revient à dire qu'i l y a une coopération

nécessaire entre Dieu et l 'humanité pour qu ' à travers l 'Écriture et les sacrements et

l 'Église, Jésus soit véritablement présent.

Cette insistance sur ce qui est humain met au premier plan l 'assemblée comme lieu de

transmission de la foi et de catéchèse. L'assemblée ne peut pas être saisie dans sa

spécificité si nous mettons de côté son aspect relationnel. Nous ne pouvons pas passer

allègrement et de façon cavalière sur cet aspect des relations interpersonnelles à la base de

la vie des assemblées chrétiennes. Ce sont spécifiquement ces relations humaines qui

donnent consistance à la proclamation de la Parole et authenticité à la célébration des

sacrements. Regardons alors comment les relations interpersonnelles ne sont pas qu 'un défi

pour la catéchèse, mais une nécessité.

1.3 L'assemblée, lieu de relations interpersonnelles

Il y a une caractéristique de l 'assemblée qui en fait implicitement un lieu de catéchèse : elle

est un lieu de relations interpersonnelles qui appelle la rencontre du Christ présent dans les

autres. Sans ambages, le Directoire Général pour la Catéchèse affirme que « le but

définitif de la catéchèse est de mettre quelqu'un non seulement en contact mais en

communion, en intimité avec Jésus-Christ » (DGC, n° 80). Cette rencontre avec le Christ se

fait par la rencontre avec d'autres chrétiens depuis que le Christ lui-même s'est identifié au

genre humain, particulièrement les plus faibles et les plus vulnérables (Mt 25). Cette

rencontre avec d'autres chrétiens devient même le prototype de la rencontre avec Dieu à

laquelle tous sont appelés.

Pour Shea, «le catholicisme met l 'accent sur le fait que ce qui nous relie à l 'événement

original Jésus-Christ qui s'est produit il y a longtemps, ce sont les personnes ». C'est

ainsi que la Tradition est le passage ininterrompu d 'une génération à l 'autre de l 'événement

Jésus-Christ. Ce qui est important au sein du catholicisme, ce n 'est pas uniquement ce qui

est transmis (le contenu de la Révélation), mais c'est aussi « ce qui se produit entre les gens

qui racontent et se mettent à l 'écoute de l 'histoire de Jésus-Christ » . 3 9 3 Il n 'y a pas de

meilleure manière de transmettre la foi qu 'à travers les rencontres humaines. Sa thèse a des

incidences sur l 'assemblée comme lieu de catéchèse.

Avant de transmettre un contenu doctrinal ou une morale, le christianisme doit permettre

une rencontre de l 'homme avec Dieu. C'est de cette expérience de rencontre que découlent

le message chrétien et la morale. Aujourd'hui, la rencontre avec Dieu se fait d 'abord par la

rencontre avec un autre chrétien : si à l 'époque du Christ, les gens avaient accès à Dieu par

la présence physique de Jésus, aujourd'hui, ce sont les disciples du Christ qui ont pris le

relais pour être le Corps du Christ et rendre Dieu présent au monde. Tout ceci vient mettre

l 'accent sur l 'essence du christianisme : une relation vivante avec Dieu qui passe par les

relations interpersonnelles. Ces relations sont au cœur de l 'évangélisation, telle que

l 'exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi l 'exprime:

3 9 2 John Shea, Raconter pour vivre, 17. 3 9 3 John Shea, Raconter pour vivre, 17.

Il ne faudrait pas que l 'urgence d 'annoncer la Bonne Nouvelle aux masses

d 'hommes fasse oublier cette forme d 'annonce par laquelle la conscience

personnelle d 'un homme est atteinte, touchée par une parole tout à fait

extraordinaire qu' i l reçoit d 'un autre (EN, n° 46).

Shea fait le pari qu' i l y des attitudes dans les relations interpersonnelles qui sont

nécessaires pour la transmission de la foi. Selon lui, l 'attitude chrétienne à développer est

celle de l 'authenticité de la rencontre avec Dieu. Le bonheur de ceux qui vivent une relation

avec Dieu est contagieux. Le témoignage de vie de ces chrétiens invite à entrer en relation

avec eux. A travers ces relations humaines, qui sont ressourcées et passées au crible par le

feu de l 'Esprit-Saint, la possibilité d'entrer en relation avec le Dieu de Jésus surgit. Nous le

voyons, à cette attitude d'authenticité, nous devons ajouter l 'attitude de l 'accueil à l 'égard

des autres qui vont vers ces croyants.

La communauté actuelle des croyants accueille de nouvelles personnes, des adultes

en recherche ou des jeunes en croissance, dans leur vie commune, et par cette vie

les introduit dans la vie abondante qui jaillit de Dieu. De cette manière, la foi est 394

transmise.

Cette reconnaissance du Christ dans les autres, dont nous parlons depuis le début de ce

chapitre, ne saurait mieux se faire que dans une assemblée chrétienne où les membres

portent le souci les uns des autres. La charité fraternelle qui se vit dans l 'assemblée est

aussi un lieu de catéchèse puisqu'elle permet de rencontrer le Christ à travers le partage

communautaire. Dans son encyclique sur l 'amour chrétien, Benoît XVI a exprimé que cette

charité ecclésiale ne peut pas être vue comme un supplément aux rassemblements d'Église,

elle fait partie de la définition même de l 'Église : « La charité n 'est pas pour l 'Église une

sorte d'activité d'assistance sociale qu 'on pourrait aussi laisser à d'autres, mais elle

appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne

peut renoncer » (DCE, n° 25).

1.4 L'assemblée pour vivre la charité ecclésiale

La vie même de l 'assemblée est alors un lieu d'évangélisation : les liens tissés entre les

membres de Yecclésia, les partages suscités autour de la Parole, le souci des exclus, la vie

de prière, la solidarité avec le monde, tout cela procure un cadre pour permettre la rencontre

avec Dieu. Cette vie fraternelle qui se donne à voir dans l 'assemblée est conséquente de

l 'acte de foi nourri par la catéchèse et la liturgie. C'est l 'ensemble des composantes de la

vie chrétienne qui, vécues en assemblée, permet à celle-ci de rayonner. C'est ainsi que nous

pouvons dire que la participation à la vie communautaire

ne germe pas d 'un idéal humaniste dont il suffirait de promouvoir la réalisation pour

nous installer dans un paradis terrestre. Non, elle naît de la foi : ceux qui

persévèrent dans cette solidarité sont ceux qui ont accueilli la parole et accepté le

sacrement (Ac 2, 41), ceux qui ont c r u . 3 9 5

Les formes concrètes de la charité au sein de l 'assemblée ont varié et ont pris plusieurs

formes au cours de l 'histoire. Dès les débuts de l 'Église, l 'assemblée vit cette koinonia en

cherchant à tout mettre en commun (Ac 2, 42). Ensuite, en cherchant les paroles

appropriées et les gestes qui conviennent pour témoigner de l 'union des cœurs résultant de

leur adhésion au Christ. Mais « le type de vie commune, qui semble avoir prévalu un

certain temps - sans doute pas très long- dans l 'Église-mère n ' a pas été imposé à d'autres

Églises (pauliniennes ou johannique) » . 3 9 6 Si la collecte en faveur des pauvres de

Jérusalem (II Co 8-9) est une forme ingénieuse de charité au sein de l 'assemblée, chaque

époque doit trouver la juste traduction en actes de la réponse à la Parole entendue et de la

communion au Corps du Christ.

C'est ainsi que l 'assemblée chrétienne dominicale est un lieu pour mettre en pratique ce qui

est appris en catéchèse et célébré lors de la liturgie. Elle est un laboratoire vivant des

pratiques chrétiennes, un lieu pour expérimenter en présence de familiers (puisque frères et

sœurs dans la foi). Ce qui est expérimenté là peut ensuite être vécu dans le monde, là où se

Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 12. Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 13.

joue l 'essentiel de la vie chrétienne. Mais il y a plus que la charité qui soit vécue au sein de

l 'assemblée. Il y plusieurs autres attitudes (accueil, écoute, dialogue, ouverture, etc.) qui

font partie de l 'assemblée chrétienne. A travers ces attitudes chrétiennes, nous pouvons voir

l 'assemblée comme un lieu de catéchèse.

2. La foi et la catéchèse vues à travers le langage des attitudes

Privilégier le langage des attitudes en catéchèse, c 'est privilégier un langage

compréhensible pour nos contemporains habitués à appréhender et à comprendre le monde

à partir des sciences empiriques. En ce qui concerne les attitudes, ce sont les sciences

humaines et sociales qui se sont penchées le plus sur ce sujet au cours du X X e siècle. Aux

États-Unis, la psychologie sociale s'intéresse aux attitudes depuis le milieu du siècle

dernier : ce concept d'attitude est même devenu la clef de voûte de l'édifice de la

psychologie sociale amér ica ine . 3 9 7 Avant d'appliquer les caractéristiques et les dimensions

des attitudes à la foi, il importe de dire ce que nous entendons par ce terme attitude. Pour le

faire, nous allons puiser dans le savoir de la psychologie sociale pour présenter avec plus de

détail ce que nous entendons par attitude.

Les psychologues ont d 'abord distingué entre les attitudes et les compétences : alors que les

compétences sont davantage liées à un savoir-faire, les attitudes sont de l 'ordre de l 'être de

la personne. L'attitude est une manière d'être, une disposition intérieure, qui s 'exprime

dans des gestes, des paroles ou des comportements. Selon Gergen et Gergen, elle est « une

disposition à réagir de façon favorable ou défavorable à un objet particulier ou à une classe

d'objet » . 3 9 8 À partir de cette définition, nous pouvons dire que chaque attitude a alors trois

caractéristiques principales : un sujet (l 'objet particulier), une évaluation (qui sera favorable

ou non à l 'égard du sujet) et un comportement adapté à l 'évaluation. Par exemple, une

personne pourra se faire une image positive (évaluation) des personnes handicapées (sujets)

et pourra adopter des comportements qui manifesteront son amour préférentiel à l'égard de

3 9 7 Kenneth J. Gergen et Mary M. Gergen, Psychologie sociale, traduit par Sylvie Jutras et collab., (Saint-Laurent : Éditions Études Vivantes, 1984), 152. 3 9 8 Kenneth J. Gergen et Mary M. Gergen, Psychologie sociale, 113.

ces personnes. Le témoignage de vie de Jean Vanier, fondateur de l 'Arche et des foyers Foi

et Lumière, nous montre jusqu 'où peut aller une telle attitude : elle est visible dans ses

choix de vie et dans son engagement à l 'égard des personnes handicapées.

2.1 La foi comme attitude fondamentale à développer en catéchèse

La foi peut être définie avec ce concept d'attitude : elle est une attitude stable et globale qui

occupe une place centrale dans la personnalité du sujet et qui influence toute sa vie. Si on

applique la définition de Gergen et Gergen (l 'attitude comme une disposition à réagir à un

objet particulier) à la foi, on dira alors que l 'objet est le message du Christ qui est annoncé

par l 'Église. Toujours dans le cas de la foi, l 'évaluation (à l 'égard du message) sera positive

pour la personne qui choisit librement de répondre à l 'invitation du Christ de marcher à sa

suite ou négative pour la personne qui refuse le message du Christ. Enfin, la disposition à

réagir sera l 'ensemble des comportements adoptés par la personne afin de conformer sa vie

au message du Christ. Ces comportements sont la face visible de l 'attitude de foi : souci des

pauvres, participation à des œuvres de justice sociale, célébration des sacrements, vie de

prière, inscription à des cours (ou sessions) pour approfondir le mystère du Christ et de

l 'Église, fréquentation de l 'assemblée chrétienne dominicale, etc.

La foi comme attitude peut être vue comme la réponse de l 'être humain à l 'appel de Dieu.

Cette façon de voir la foi est relativement nouvelle (surtout par rapport à la conception de la

foi héritée des Lumières). Alors qu'autrefois la foi pouvait se résumer à l 'adhésion d 'une

personne à un corps doctrinal de vérités, aujourd'hui la foi est davantage globale, plus

existentielle, plus personnelle et plus holistique. Cette conception de la foi est fidèle à

l 'exégèse de certains récits bibliques et à la vie des grandes figures de la Bible.

L'expérience spirituelle des témoins bibliques d 'Abraham jusqu 'à Paul, en passant par les

prophètes et ceux qui ont côtoyé le Christ, peut être décrite avec le langage des attitudes.

Pour ces premiers témoins, la foi est une façon d'être et de vivre qui ne concerne pas

seulement une dimension de la vie (la dimension intellectuelle par exemple), mais qui

engage toute la vie de la personne qui accepte de se mettre en route, sans toujours savoir où

3 9 9 Lorsque l'Écriture fait l'éloge des ancêtres de la foi, elle parle d'Abraham qui « partit pour un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait » (He 11,8). 4 0 0 Ces attitudes sont quelques-uns des sous-titres du chapitre trois du Texte national qui présentent les points d'appui d'une pédagogie de l'initiation. Voir Conférence des évêques de France, Texte national pour Torientation de la catéchèse en France, 46-61. 4 0 1 Conférence des évêques de France, Texte National pour l'orientation de la catéchèse en France, 40.

la route m è n e . 3 9 9 La foi consiste à mettre sa confiance en Dieu, à se sentir en sécurité et à

s 'appuyer sur Lui. Il y a dans un tel acte de foi une adhésion qui exige un retournement et

un engagement de toute une vie.

2.1.1 La catéchèse comme transmission des attitudes

Cette insistance sur la foi comme attitude nous permet de comprendre le primat donné à

l 'acquisition des attitudes sur l 'assimilation des contenus à l 'intérieur des nouveaux

parcours catéchétiques. Lorsque le Texte national pour Vorientation de la catéchèse en

France propose des points d'appui pour l 'organisation, ce n 'est rien d'autre qu 'une série

d'attitudes qui sont privilégiées :

porter un regard fraternel sur les personnes; conduire la démarche; accompagner

une aventure intérieure; rendre possible le dialogue avec Dieu; conduire à la prière

chrétienne; stimuler et encourager la vie de foi par les exemples, intérioriser le don

qui est fait dans les sacrements, ouvrir à la confiance, faire entendre l 'appel à aimer,

créer un espace de parole, éveiller à la dimension ar t i s t ique. 4 0 0

Les évêques français voient dans la transmission des attitudes une finalité de la catéchèse.

Pour cela, les moyens sont à revoir : « la catéchèse a besoin de s'adresser à la personne

globale, à la fois au cœur et à l 'intelligence, à la volonté et à la mémoire » . 4 0 1 Cette

compréhension de la foi comme attitude rejoint la proposition pour une catéchèse

décloisonnée de Derroitte. Il voit dans une catéchèse qui mise sur les attitudes un signe de

respect de l'intégralité de la mission éducative :

la catéchèse a pour objectif d 'éduquer la foi dans sa totalité existentielle et dans

toutes ses dimensions. Il serait donc faux de l 'envisager unilatéralement qu 'à propos

d 'un aspect particulier du dynamisme de la foi, par exemple de la vérité révélée ou

de la conduite morale; la foi appelle une réponse personnelle et totale au projet de

vie chrétienne, laquelle est adhésion et « imitation » du Chr i s t . 4 0 2

A cette nouvelle vision de la foi comme attitude correspond une nouvelle façon de faire la

catéchèse. Selon le Directoire Général pour la catéchèse, diverses tâches s'imposent dans

un parcours catéchétique : faire connaître les dimensions du Royaume, apprendre à prier,

initier à la Mission et proposer des attitudes évangéliques. Parmi ces tâches, la proposition

et la transmission des attitudes occupent une place de premier cho ix . 4 0 3 Le Directoire (n°

84) insiste pour dire que « la catéchèse est une formation chrétienne intégrale, ouverte à

toutes les composantes de la vie chrétienne. » 4 0 4

2.1.2 La fides qua et la fides quae de la catéchèse

Pour mieux saisir comment la catéchèse peut en arriver à atteindre cette « formation

intégrale », il faut voir la présentation que le Directoire fait de l 'acte de foi. Le Directoire

Général pour la Catéchèse (n° 78) parle principalement de deux temps de la catéchèse qui

correspondent à deux pôles de la foi. Il y a d 'abord la foi suscitée par l 'annonce de

l 'Évangile (traditio). S'ensuit la conversion qui vise un retournement intérieur de l 'individu

par l 'acquisition d'attitudes chrétiennes et qui est le point de départ absolu de la croissance

dans la foi (redditio). Les deux pôles sont à tenir ensemble : le pôle objectif de l 'annonce

de la Parole de Dieu (traditio) et le pôle subjectif de la réponse de conversion donnée

(redditio). À chacun de ces pôles correspond une façon de catéchiser.

Alberich, quant à lui, parle des deux pôles de la foi à partir de la fides quae et de la fides

qua. La fides quae correspond à l 'ensemble des vérités et des connaissances de la foi

chrétienne, tandis que la fides qua correspond à l 'acte de foi compris comme un

renversement intérieur suscité par la conversion et confiance de la part du sujet. Bien qu' i l

Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 62. 4 0 3 Le Directoire parle explicitement des attitudes et de leur transmission en présentant la pédagogie utilisée par le Christ lui-même avec ses disciples (n° 84) : « il leur faisait connaître les divers dimensions du Royaume de Dieu (À vous, il a été donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu » -Mt 13, 1 ) ; il leur apprenait à prier (« Lorsque vous priez, dites : Père... » - Le 11, 2) ; il leur proposait les attitudes évangéliques (« Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur » - Mt 11, 29), il les initiait à la mission («Il les envoyait deux par deux... » - Le 10, 1). 4 0 4 On pourra aussi référer au n° 144 du Directoire Général pour la Catéchèse qui reprend ce thème des attitudes en regard de la pédagogie originale de la foi.

reconnaisse la complémentarité de ces deux pôles de la foi, Alberich privilégie la réponse

humaine dans un cheminement de foi : c'est elle qui permet l 'acquisition et le

développement des attitudes chrétiennes qui influencent toute la vie d 'une pe r sonne . 4 0 5

Misant sur les expériences qui sont vécues en catéchèse, Alberich dit que « le but de

l'activité catéchétique est moins l 'acquisition de connaissances que d'attitudes de foi » . 4 0 6

Pour lui, la simple transmission de connaissances risque de ne pas atteindre le destinataire

dans toutes les facettes de sa vie. Mais même si Alberich situe la foi davantage du côté de

la réponse humaine à la Parole de Dieu, il reconnaît que la catéchèse ne peut pas faire fi des

connaissances à transmettre. Comment alors concilier ces deux composantes de l 'acte de

foi : la foi comme vérité crue et la foi comme réponse personnelle?

Alberich dit que la fides qua doit précéder la fides quae.401 Ce n'est que lorsque la

confiance sera bien établie, développée et parvenue à maturité, que la fides quae pourra se

développer naturellement : les vérités de la foi correspondront alors aux attitudes

chrétiennes qui auront été intériorisées. « Ce qui est absolument primordial, c 'est l 'aspect

personnel et de confiance de l 'abandon inconditionnel, croire en Dieu. Ce n 'est que dans

cette perspective que l 'explication doctrinale de la foi prend sens et est authent ique». 4 0 8

Nous pourrions ainsi dire que si la fides qua est première, c 'est en ordre d'entrée ou

d'apparition dans un cheminement de la foi. Cette foi comme réponse, lorsqu'elle se

développe, cherche nécessairement à s'approfondir en voulant connaître davantage la

correspondance entre l 'attitude de foi et les vérités. Thomas d 'Aquin dit à ce sujet :

Parce que celui qui croit adhère à la parole d'autrui, ce qui semble principal, et qui

paraît jouer le rôle de fin en toute croyance, c'est celui à la parole de qui on adhère.

Sont quasi secondaires les vérités que l 'on tient du fait de cette adhés ion . 4 0 9

La conversion est un aspect essentiel de l'acte de foi pour Alberich. Il fait ressortir trois aspects de l'acte de foi comme attitude : conversion, profession de foi et cheminement vers la perfection. 4 0 6 Emilio Alberich et collab., Les fondamentaux de la catéchèse, 152. 4 0 7 Ce choix contraste avec les catéchismes issus du Concile de Trente qui misaient surtout sur \SLfides quae (nous sommes héritiers de cette conception qui influence encore des parcours catéchétiques). 4 0 8 Emilio Alberich et collab., Les fondamentaux de la catéchèse, 155. 4 0 9 Thomas d'Aquin, Somme théologique Ha Ilae q.l, art.l

Si l 'Église accepte d 'entrer dans cette conception de la catéchèse comme transmission

d'attitudes, il s 'avère essentiel de maîtriser ce concept. L'interdisciplinarité devient alors

essentielle : le recours à la psychologie qui s'est intéressée à l 'acquisition et à la

modification des attitudes ne sera pas superflu. Nous allons nous tourner vers elle pour

mieux comprendre d 'abord ce qu'est une attitude, pour ensuite regarder les conditions qui

aident à la transmission des attitudes.

2.2 Les dimensions d'une attitude appliquées à l'assemblée chrétienne

Les psychologues sociaux ont affiné le concept d'attitude en faisant ressortir les dimensions

de celles-ci. L'identification des dimensions des attitudes n 'épuise pas la complexité des

attitudes, mais permet une meilleure saisie de celles-ci. Les trois composantes principales

d 'une attitude sont les dimensions cognitive, affective et ac t ive . 4 1 0 Alberich lui-même, se

fondant sur Vergote, définit l 'attitude en se basant sur ces dimensions lorsqu'il affirme

qu'el le est « une manière d'être, un comportement global qui mobilise les sphères

cognitive, affective et comportementale ou la disposition à agir » . 4 1 1 Nous allons présenter

chacune de ces dimensions pour ensuite appliquer chacune d'elles à la foi vue comme

attitude fondamentale. Plus encore, nous allons voir comment les composantes de

l 'assemblée chrétienne dominicale (plus spécifiquement catéchèse, koinonia, liturgie)

honorent ces différentes dimensions d 'une attitude.

2.2.1 Dimension cognitive

La dimension cognitive d 'une attitude réfère aux concepts et aux perceptions d 'une

personne à l 'égard de l'objet. C'est l 'ensemble des connaissances d 'une personne qui

nourrissent les sentiments favorables ou non à l 'égard de l'objet, dépendant du contenu qui

aura été transmis et retenu. Si on applique cette dimension à la foi, on dira que l 'ensemble

des vérités professées par l 'Église, les symboles de la foi, les prières de la Tradition,

l 'histoire et les Écritures font partie de cette dimension. On peut dire que cette dimension a

4 1 0 Kenneth J. Gergen et Mary M. Gergen, Psychologie sociale, 113. 4 1 1 Émilio Alberich et collab., Les fondamentaux de la catéchèse, 158.

4 1 2 L'assemblée chrétienne dominicale peut sembler se réduire à la célébration de l'eucharistie, surtout si on se base sur les propos tirés à partir du Verbatim des entrevues. Il faut tenir compte que pour les catéchètes rencontrées lors des entrevues, l'assemblée chrétienne dominicale était synonyme d'assemblée liturgique. Ainsi, lorsqu'ils parlent de l'assemblée chrétienne dominicale et de ses éléments, ils réfèrent à leur expérience de l'assemblée, forcément réduite à la dimension liturgique.

été privilégiée dans l 'histoire récente de l 'Église, notamment suite au Concile de Trente.

Les catéchismes rédigés dans la foulée de ce Concile avaient comme but avoué de

transmettre des connaissances pour contrer l ' ignorance des gens. Dans la catéchèse, cette

dimension correspond à la fides quae qui est un pôle essentiel dans l 'acte de foi.

2.2.2 La catéchèse : la dimension cognitive de l'attitude de foi

A partir de cette première dimension d 'une attitude, nous pouvons nous demander comment

l 'assemblée chrétienne dominicale contribue au développement des attitudes chrétiennes

qui permettent la maturité de la foi. Plus précisément, comment les différentes composantes

de l 'assemblée chrétienne permettent le développement des dimensions de l 'attitude de

foi ? La catéchèse est la composante de l 'assemblée qui nous semble la plus utile et la plus

nécessaire pour aider au développement de la dimension cognitive de l 'attitude de foi.

La foi a besoin de se nourrir intellectuellement pour parvenir à la maturité. Il s'agit ici d 'un

aspect essentiel du cheminement de la foi : après la fides qua, c'est la fides quae qui est

sollicitée. Dans un monde sécularisé, la foi doit trouver les mots pour se dire : on doit

passer de la foi du charbonnier à une foi qui se dit (R-158). La situation est différente de ce

qu'el le était autrefois alors que les « gens allaient à l 'assemblée aveuglément. Pour les

enfants, ce n'est pas de même aujourd'hui » (F-133). Un catéchète dit que les enfants qui

viennent à l 'assemblée veulent comprendre le sens des symboles (F-132).

L'assemblée chrétienne dominicale peut aider au développement d 'une foi mûre en

développant cette dimension cognitive d 'une a t t i tude . 4 1 2 Il y a des moments lors de

l 'assemblée chrétienne où l 'on s'adresse à l 'intelligence : l 'homélie qui actualise la Parole,

les explications qui sont données à différents moments de l 'assemblée (F-163, 167), surtout

les monitions qui présentent les lectures (R-159, 161). Il y a invitation ici à la créativité

pour que l 'assemblée chrétienne dominicale devienne toujours plus un lieu de catéchèse :

c 'est à cette condition que la dimension cognitive de l 'acte de foi se développe.

2.2.3 Dimension affective

La dimension cognitive d 'une attitude amène une dimension affective. Les connaissances

d 'une personne à l 'égard d'un objet précis font naître des sentiments qui peuvent être

positifs (s 'étendant de l 'amitié à l 'amour) ou négatifs (de la haine au mépris). Cette

dimension affective est capitale parce que ce sont les sentiments qui déterminent souvent si

telle attitude sera choisie et intégrée par la personne ou non. En faisant une application de la

dimension affective d 'une attitude à la foi, on dira qu 'une personne avec des sentiments

favorables à l 'égard du Christ et de l 'Église pourra conséquemment adopter une attitude de

foi. Ces sentiments positifs amènent une personne à adopter des comportements spécifiques

qui sont le reflet de cette dimension affective.

2.3.4 Le caractère communautaire de la foi : la dimension affective

Nous voulons poursuivre notre correspondance entre les dimensions de l 'attitude de foi et

les composantes de l 'assemblée chrétienne dominicale. Quelle serait alors une des

composantes de cette assemblée chrétienne susceptible d 'aider au développement de la

dimension affective de la foi ? Nous croyons que la fraternité, le souci des autres et

l 'ouverture à la diversité sont des composantes de l 'assemblée qui peuvent nous venir en

aide ici. La koinonia vécue au sein de l 'assemblée peut être vue comme une parabole de

cette composante de l 'assemblée chrétienne dominicale qui est nécessaire pour le

développement de la dimension affective de la foi.

À travers l 'exercice de la koinonia, la dimension affective de l 'attitude de foi parvient à

maturité. Cette dimension communautaire de la foi met au premier plan la rencontre de

personnes de différentes générations et de différents horizons. En présentant l 'acquisition

des attitudes comme une des tâches de la catéchèse, le Directoire dit que la foi chrétienne

ne peut se vivre hors de la communauté chrétienne et que cette insertion dans la

communauté doit être favorisée par la catéchèse (DGC, n° 84).

L'analyse des entrevues révèle l ' importance d'inscrire cette dimension communautaire de

la foi dans le parcours catéchét ique. 4 1 3 Cette importance est accrue de nos jours puisque la

société traverse un courant d'individualisme qui fait de l 'assemblée un signe contre-

culturel. Si l ' individualisme si prégnant apporte certains bienfaits (comme celui d 'un acte

de foi davantage personnalisé), il comporte aussi de nombreuses pierres d 'achoppement

puisque l 'acte de foi se fait souvent en marge des grandes traditions éprouvées.

L'assemblée chrétienne met en valeur la dimension communautaire de la foi. C'est

précisément cette dimension communautaire qui permet la rencontre entre les générations

et par le fait même avec des témoins de la fides qua. Cette ouverture aux autres peut faire

peur parce que la différence mène sur un terrain moins familier. Elle est néanmoins

nécessaire pour que la foi puisse s'ouvrir sur l 'autre aux multiples visages.

2.2.5 Dimension active

Nous avons vu qu'i l y a un lien intrinsèque entre l 'attitude et les comportements. La

dimension active (ou comportementale) de l 'attitude est l 'extériorisation des sentiments de

la personne à l 'égard de l'objet. Les comportements sont la face visible d 'une attitude.

Ainsi, pour modifier un comportement, il faut souvent changer une attitude. A titre

d 'exemple, les comportements écologiques proviennent de nouvelles attitudes vis-à-vis

l 'environnement : si quelqu'un a développé une attitude de respect à l 'égard de

l 'environnement, cette personne achètera une voiture moins énergivore afin d 'être en

accord avec son inclinaison fondamentale. « Les gens agissent souvent à partir de ce qu ' i ls i y 414

croient et de ce qu ils éprouvent. »

En l 'appliquant à la foi, on peut dire qu 'une foi mûre est une foi qui agit. Ce sont les

œuvres qui montrent la foi qui agit (Je 2, 18). Ainsi, la charité à l 'égard du prochain, la lutte

pour la justice et la distribution équitable des richesses, l 'engagement pour la

transformation du monde sont des aspects de la dimension active de la foi comme attitude

4 1 3 On pourra référer abondamment à la codification ouverte de la deuxième question qui fait état d'expériences positives de catéchèse en lien avec l'assemblée chrétienne, notamment les n o s G-76 à 79, R-80, 81 et C-88, 89. De même que la codification axiale des quatrième et cinquième questions qui fait état des souhaits des catéchètes pour que la catéchèse des enfants soit davantage en lien avec l'assemblée chrétienne dominicale. 4 1 4 Kenneth J. Gergen et Mary M. Gergen, Psychologie sociale, 152.

fondamentale. On peut aussi ajouter à cette liste la prière sous toutes ses formes. Dans le

cadre de cette recherche où nous mettons l 'emphase sur la liturgie, nous pouvons dire que

la participation à la prière liturgique de l 'Église est une dimension comportementale de la

foi et le témoignage d 'une foi qui se montre par les œuvres. La participation à l 'assemblée

n 'est donc pas la foi comme telle, mais une de ses conséquences logiques.

2.3.6 La liturgie : la dimension comportementale de l'attitude de foi

La célébration de la foi dans un cadre communautaire et avec la prière de l 'Église (liturgie)

repose sur une certaine dépossession de soi et une ouverture aux autres. Avec la prière de

l 'Église, ce ne sont plus uniquement nos propres besoins et désirs qui sont en jeu, mais

ceux de l 'Église et du monde : la prière proposée par les psaumes ou les oraisons ne

correspond pas toujours à notre propre état intérieur, ce qui vient nous éveiller aux autres

qui expérimentent ces sentiments et vivent ces états intérieurs. Cette ouverture aux autres

est capitale dans un acte de foi. Dans ce contexte, la participation à la liturgie peut être vue

comme honorant cette dimension comportementale de l 'attitude de foi. La liturgie joue

donc un rôle inestimable dans le processus de structuration de la foi et de sa maturation,

d 'où l ' importance de l 'insérer dans un parcours catéchétique.

2.3 Des conditions pour la transmission réussie des attitudes chrétiennes

Aborder la foi comme une attitude fondamentale amène des déplacements en catéchèse.

Lorsque la foi était comprise comme un corpus de vérités à connaître, la catéchèse

consistait essentiellement à assurer la transmission de ces vérités. Pendant ces années,

l 'Église s'est tournée vers les sciences de l 'éducation afin de trouver des moyens

pédagogiques appropriés pour atteindre le but fixé. Ces méthodes pédagogiques étaient

adaptées au contenu et aux destinataires. C'est ainsi que diverses procédés

mnémotechniques ont été utilisées (chants, rimes, acrostiches, etc.). Ce travail sur les

moyens pédagogiques correspondait à la compréhension de la catéchèse comme la

transmission d 'un savoir.

4 1 5 Les recherches relatées sont présentées et explicitées (méthodologies, considérations éthiques, résultats, etc.) dans le livre de Kenneth J. Gergen et Mary M. Gergen, Psychologie sociale.

En abordant la foi comme une attitude, la catéchèse ne consiste plus seulement à

transmettre des connaissances (bien que la dimension cognitive fasse partie d 'une attitude).

La catéchèse doit mettre en place les conditions nécessaires à l 'acquisition des dimensions

des attitudes puisque ce qui est fondamental, c 'est de susciter et développer la foi comme

attitude dans la vie des catéchisés. Lorsque l 'on part du postulat disant que c'est

essentiellement par la communication que l 'on peut induire les attitudes, il reste à trouver

les facteurs de ce processus de communication et les conditions susceptibles d'aider au

succès de la démarche.

Conscient de la valeur de l'interdisciplinarité, nous allons continuer à puiser dans le savoir

de la psychologie sociale qui s'est penchée sur les conditions facilitant la transmission des

attitudes. A partir des années 1940, de nombreuses recherches ont été effectuées aux États-

Unis en regard des attitudes. Le gouvernement cherchait alors à modifier les attitudes des

Américains à l 'égard de la guerre afin de faciliter le recrutement de militaires. Les résultats

obtenus permettent de relever certaines caractéristiques du processus de communication

pouvant aider à la transmission de certaines attitudes. Ce contexte de recherche nous oblige

à être prudent et à nuancer certains propos et certaines conclusions. Ces conclusions

apportent tout de même un éclairage pertinent du fait qu'el les parviennent de résultats

éprouvés par des recherches systématiques. 4 1 5

2.3.1 La socialisation : premier terrain pour l'acquisition d'attitudes

Les psychologues sociaux disent que la majorité des attitudes s'établissent dès l 'enfance et

se stabilisent à l 'adolescence. Les attitudes ne sont donc pas innées, mais acquises. Elles

peuvent donc être modifiées. Un changement de milieu peut contribuer à une modification

des attitudes ou encore à une évolution de celles-ci lorsque le nouveau milieu permet de

vivre de nouvelles expériences et d'acquérir de nouvelles connaissances. Le fait qu 'une

telle attitude soit acquise au lieu de telle autre dépend fortement du milieu de vie. Deux

sources principales ont donc été identifiées pour l 'acquisition d'attitudes par la

socialisation. Il y a d 'abord le modelage parental qui est l 'acquisition par l'enfant des

attitudes du parent par observation et imitation. Deuxièmement, il y a le milieu ambiant qui

prend de plus en plus d' importance lorsque l'enfant grandit.

Puisque les recherches en psychologie sociale par rapport à l 'acquisition des attitudes ne

sont pas faites à partir des attitudes chrétiennes, il nous faut transposer les conclusions

auxquelles en sont arrivés les chercheurs à l'objet de notre propre recherche. Nous pouvons

déjà tirer certaines conséquences, à partir de ces résultats de recherche, pour une catéchèse

des enfants liée à notre contexte. Puisque le milieu de vie a une importance si considérable,

il doit être considéré comme un moyen de catéchèse.

Ce sont d 'abord les parents et les éducateurs qui ont une influence considérable sur

l 'acquisition des attitudes des tout-petits. Lors des entrevues que nous avons réalisées, une

catéchète a exprimé l ' importance du milieu familial d 'abord dans l'éveil religieux des tout-

petits : « On a commencé l 'éveil. Parce que le baptême et l 'éveil, c'est important, c 'est une

assurance que de pouvoir croire » (D-86). C'est ce qui fait souhaiter à un autre catéchète un

investissement encore plus grand de la part des parents : « J e pense qu' i l faudrait que les

parents s'intéressent plus à la catéchèse » (D-192).

Mais tout n 'est pas joué sitôt l 'enfance terminée. Il y a des attitudes qui se développent plus

tard à cause des expériences de vie et de l 'entourage de l 'individu qui change. Après le

milieu familial, l 'environnement ambiant est la deuxième source principale d'influence sur

le développement de certaines attitudes. Nous voyons se profiler ici l ' importance de

l 'assemblée chrétienne comme milieu de vie chrétien qui peut aider au développement des

attitudes chrétiennes. D'emblée, nous pouvons dire qu 'au sein de l 'assemblée, il y a un

processus de socialisation qui est à l 'œuvre, ce qui s 'avère être le fondement de

l 'acquisition d'attitudes. La psychologie de l 'apprentissage a révélé à quel point le milieu

de vie aide à acquérir certaines attitudes.

Pédagogiquement, tout type de formation à la foi, surtout quand il s 'adresse à des

enfants ou à des jeunes, risque de faire naufrage, s'il n 'est pas soutenu par le

témoignage et l 'engagement des adultes. (.. .) Le jeune apprend en faisant et en

voyant faire. C'est un des incitants de la pédagogie mode rne . 4 1 6

Lors des entrevues, un catéchète a mentionné la valeur de l 'assemblée en disant : « Dans

des activités de groupes comme ça (la messe du dimanche), la synergie du groupe, la

présence des amis qui sont là, ça fait un contact avec l 'Église qui fait que c'est positif » (F-

228). L'assemblée chrétienne peut transmettre les attitudes qu'el le-même secrète à partir de

ce qui la caractérise. Ainsi, l 'attitude de l 'accueil est transmise dans le cadre d 'une

assemblée intergénérationnelle, ou encore l 'attitude de l 'écoute est favorisée par une

réflexion en commun autour de la Parole. L'Église a donc la responsabilité de créer un

milieu de vie apte à pouvoir transmettre ces composantes de l 'attitude de foi.

2.3.2 Le communicateur

Mais il y a plus que la socialisation qu' i l faut examiner dans le processus d'acquisition des

attitudes. Les études ont analysé les différents aspects d 'un acte de communication : le

communicateur, le message, le canal, l 'auditoire et l 'environnement. Lorsqu'on aborde les

caractéristiques du communicateur, ce qui ressort en premier c 'est sa crédibilité. Des

recherches ont démontré que les mêmes arguments présentés par deux personnes

différentes ont des effets différents : si le communicateur est une source crédible, l 'auditeur

sera plus enclin à croire au message. C'est d'ailleurs la première question que les gens se

posent : le communicateur est-il crédible ? Si le communicateur n 'est pas perçu comme une

source crédible, les gens auront tendance à se fermer à ses arguments. Par contre, à long

terme, il y a un effet d 'assoupissement qui fait qu 'une source peu crédible peut avoir un

pouvoir persuasif à long terme.

L'attrait du communicateur est aussi important, surtout lorsque le message est impopulaire :

une personne charismatique aura plus de chances de convaincre ses auditeurs qu 'une autre

personne avec peu d'attraits. De plus, si l 'intention de convaincre est clairement dite, les

gens ont tendance à adopter des mécanismes de défense pour ne pas donner l ' impression

d'être « crédules ». Les gens n 'aiment pas se faire dire quoi faire ou quoi penser, alors, en

4 1 6 Giuseppe Morante, « L'initiation chrétienne des jeunes : une sorte de catéchuménat pastoral baptismal. L'exemple italien, » dans Catéchèse et Initiation, 170-171.

réaction à cela, ils se préparent à se défendre. Enfin, on peut dire que plus il y a de

similarité entre le communicateur et le destinataire, meilleure sera la réception du message

et son impact sera plus grand. La similarité doit être véritable et non pas uniquement

adaptée à la circonstance.

La transposition dans le domaine de la catéchèse s ' impose ici. La crédibilité de la personne

qui catéchise est importante dans la réception du message. L'importance est accrue lorsque

le message n 'est pas « populaire ». Or, dans la civilisation occidentale où le message

chrétien est de moins en moins perçu positivement, l 'intégrité des catéchètes qui proposent

la foi (les communicateurs) devient primordiale. Ils doivent éviter d'imposer, mais plutôt

proposer la foi. La crédibilité des catéchètes provient de leur intégrité.

On attendra moins la preuve de la cohérence logique, de l'intelligence structurante

de la présentation du christianisme. On vérifiera d 'abord si celui qui prend la parole

pour annoncer Jésus-Christ vit ce qu'i l dit, est épanoui dans ses choix et conscient

que ses propres choix n 'ont aucunement un caractère exclusif d'autres tendances qui

doivent ex is te r . 4 1 7

Cette intégrité donne une autorité au messager. Ce fut l 'expérience des disciples en

entendant Jésus : « les foules étaient dans l 'admiration parce qu' i l parlait en homme qui a

autorité » (Mt 7, 28-29). Son autorité ne lui venait pas que de sa filiation divine, mais de la

concordance entre son message et son témoignage de vie. Ses reproches aux pharisiens ne

sont-ils pas spécifiquement pour déplorer le fait qu ' i ls disent et ne font pas ? Les grandes

figures chrétiennes de la fin du X X e siècle (Mère Thérésa, l 'abbé Pierre, le frère Roger de

Taizé, etc.) ne s'inscrivent-ils pas dans cette lignée de gens qui ont de l 'autorité à cause de

leur intégrité? La force de leurs discours a le poids de leur témoignage de vie.

L'intégrité du catéchète a une valeur importante. Tout comme la concordance entre le

message et les attitudes qui s 'expriment dans un groupe. Évoquant la difficulté de faire la

catéchèse lorsqu'un enfant présente des troubles de comportement ou est indiscipliné, une

catéchète dit : «Tu parles du partage, tu parles de l 'amour, pis ça donne des coups de poing

sur la table. T'essaies de les séparer, mais c'est juste tendu. Ça peut juste pas bien marcher

4 1 7 Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 44.

à ce moment-là » (C-103). On peut facilement faire la transposition du groupe de catéchèse

à l 'assemblée chrétienne pour saisir l ' importance de l'intégrité entre la Parole proclamée et

les attitudes des membres de l 'assemblée.

Les études parlent aussi de la similarité entre le communicateur et le destinataire qui

favorise la réception d 'un message. La similarité entre le communicateur et le destinataire

peut aussi être visée en catéchèse (du moins pour la première annonce). Ainsi, des

adolescents impliqués en Église ont plus de chance d'exercer un attrait auprès de leurs pairs

ou encore auprès des enfants qui voient en eux des modèles. Nul doute qu 'une assemblée

chrétienne qui peut compter des enfants en son sein sera plus signifiante pour la catéchèse

des enfants. C'est ce qu 'un catéchète disait : « J 'crois que quand l'enfant voit ses amis, ou

ses collègues de classe sont là, ça crée toute une autre synergie » (F-226).

2.3.3 Le message

Du côté du message, il y a aussi des éléments à mettre au premier plan. Même si les études

démontrent que le communicateur a plus d' importance que le message dans le

développement (ou le changement) de certaines attitudes, le message doit avoir un

minimum de clarté s'il veut développer (ou changer) certaines attitudes. Il doit d 'abord être

compréhensible. Mais il doit y avoir plus si nous voulons qu' i l soit reçu et qu' i l provoque

un changement. Les études révèlent que les gens scolarisés sont plus sensibles à un

message qui présente les deux facettes d 'une problématique : il ne faut pas présenter

uniquement les aspects positifs, mais aussi l 'envers de la médaille. La conclusion doit aussi

être claire ; il n 'est pas toujours efficace de laisser les gens conclure par eux-mêmes.

Parfois, le fait de présenter plusieurs dimensions d 'une même situation risque de rendre

celle-ci plus difficile à saisir. D 'où l ' importance d 'une conclusion claire.

Cette importance de la clarté a été évoquée par plusieurs catéchètes lors des entrevues que

nous avons réalisées. « Certains niveaux de catéchèse, comme le niveau quatre, c 'est

difficile, c'est difficile à faire passer aux enfants » (J-5). C'est à ce niveau que la catéchèse

s'appuie davantage sur la Bible ; une catéchète évoque la difficulté en disant que « quand

on parle des nouvelles communautés, Éphèse et Corinthe, c 'est difficile » (F-68). Un

catéchète qui préparait un groupe d'enfants pour la confirmation dit avoir trouvé les textes

4 1 8 Ce concept classique est remis en question de nos jours par des théoriciens de la communication pour privilégier davantage une interaction constante entre émetteur et récepteur. Au lieu d'être linéaire, la transmission est davantage vue comme étant circulaire. C'est ainsi que Fossion dit que le catéchisé n'est pas seulement en position d'écoute, mais associé de manière participative à l'acte de communication sous-jacent à la catéchèse. Fossion fonde son argumentation sur le schéma de la communication de R. Jakobson. Cette nouvelle étape dans la conception de la transmission d'un message ne nie pas les éléments présentés dans cette partie. Au contraire : les sciences de la communication assimilent une large part de ces données dans leurs théories. Il nous a semblé approprié de présenter ces données, fondements de la communication. Voir André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, notamment le chapitre 1 (25-45).

de présentation très difficiles. Il va jusqu 'à dire que selon lui, « les textes n'étaient pas

adaptés vraiment à ce qu 'est un sacrement » (R-115). Ce catéchète souhaite une révision

des textes : « Si les textes n 'ont pas été retouchés, c'est un problème. Parce que ce qu 'on

avait dans le temps, c'était vraiment pas à la hauteur. Si le programme n 'a pas été retouché,

ça doit être encore pire » (R-l 13, 117).

En commentant le programme actuel de catéchèse, certains catéchètes ont dit avoir de la

difficulté à s'y retrouver eux-mêmes. Une catéchète l 'exprimait ainsi : « Moi je trouve que

des fois les mots ne sont pas adaptés aux enfants, ça prendrait plus d'explications. Même

des fois nous autres on a de la misère à comprendre» (G-18). Une autre a renchéri en

disant : «Moi, j ' ava i s de la misère à comprendre comment les enfants pouvaient suivre ça,

comment mettre ça ensemble, je trouvais ça compliqué. Puis il n 'y a pas toujours de suite

logique entre les choses qu 'on faisait » (C-22). Enfin, une autre a dit à ce sujet: « Même

pour nous autres les parents, c'est très théor ique» (F-109). Ces commentaires sont une

invitation à une présentation claire du message. La difficulté éprouvée par les catéchètes à

l 'égard du programme et de son contenu nous fait voir l ' importance de la formation des

catéchètes : comment pourront-ils transmettre ce qu' i ls ne comprennent pas ?

2.3.4 Le canal de communication

Avec quel(s) moyen(s) va-t-on communiquer le message ? Par écrit, dans le cadre d 'une

conférence, avec des médias ? Voilà autant de moyens qui peuvent être utilisés. Ces

moyens ne se substituent certes pas à la socialisation que nous avons présentée comme le

terrain idéal pour l 'acquisition des attitudes. Ces moyens doivent être vus dans la

perspective d 'une catéchèse qui repose sur la conception classique de la communication : la

transmission d 'un message d'un émetteur à un récepteur . 4 1 8

Le choix du canal de communication doit être adapté au destinataire. Il va sans dire que

certains moyens rejoindront plus une certaine catégorie de gens que d'autres. Pour rejoindre

les jeunes par exemple, le feuillet paroissial ne semble pas le meilleur choix puisqu'une

majorité de cette cohorte ne participe par au rassemblement dominical. Généralement, plus

le contact est personnalisé, plus le pouvoir de persuasion est grand. Enfin, le contenu sera

mieux assimilé s'il est présenté sous forme écrite (plutôt que verbale).

Si on applique cela à la catéchèse, on voit l ' importance d 'un support visuel et écrit pour

l'essentiel du message. A ce propos, un outil comme le Prions en Église est approprié. En

entrevue, un catéchète a dit « Disons au pire aller, si ça n ' a pas été dit, dans le Prions en

Église, il y a de très beaux textes. Ils s 'améliorent » (R-175). Il ajoute que «dans le Prions

en Église, il y a de très beaux textes» (R-175). Et encore « Pis ça, ça vaut la peine d'être

dit : il y en a qui lisent (le Prions en Église) et ça va ajouter parce que la messe se poursuit

pendant la semaine » (R-178). Un outil comme le Prions en Église (on pourrait aussi parler

du Magnificat, du Feuillet paroissial ou d'autres livrets liturgiques) peut alors devenir ou

outil pédagogique important dans la transmission de la foi. La présentation des Écritures et

des textes liturgiques, de même que de certaines parties de la liturgie, permet une meilleure

saisie du message.

De plus, il ne faut pas être parcimonieux dans l'utilisation des moyens pour proposer la foi.

Si la socialisation représente un moyen privilégié et sûr pour la transmission des attitudes, il

y a aussi d'autres moyens à adopter. L'exhortation apostolique Catechesi Tradendae avait

déjà fait état de quelques voies et moyens de la catéchèse. A côté des moyens traditionnels

que sont les pèlerinages, les missions, les cercles bibliques, les homélies et les catéchismes,

l 'exhortation encourageait des moyens nouveaux pour la catéchèse. Ainsi, l 'invitation est

faite d'utiliser « les moyens de communications sociales et les moyens de communication

de groupes : télévision, radio, presse, disques, bandes enregistrées, tout l 'audio-visuel »

(CT, n° 46). Jean-Paul II parle de ces moyens comme des initiatives nouvelles ayant une

importance capitale pour faire la catéchèse.

L'Église doit aussi s 'engager à trouver de nouveaux moyens pour annoncer et proposer

l 'Évangile aux gens qui sont sur le seuil ou qui n 'ont pas encore entendu résonner la Bonne

Nouvelle. Aux moyens traditionnels et à ceux des mass-médias mentionnés dans Catechesi

Tradendae, nous pourrions souligner l ' importance des groupes de cheminement et de

partage autour de la Parole (troupe scoute, assemblées de cuisine, cours ALPHA, foyers

Notre-Dame, Mouvement des Femmes Chrétienne, etc.). La variété et la diversité de ces

groupes permettent de rejoindre un grand nombre de gens et de manifester une sensibilité à

l 'égard des différentes affinités.

De plus, les moyens mis à la disposition du monde actuel par l ' informatique facilitent

grandement l'utilisation de moyens audio-visuels. Les jeunes, formés dans ces disciplines

et par elles, sont sensibles à ces manières de comprendre et d'assimiler. En faire fi serait

trahir leur façon privilégiée de connaître et pourrait manifester un rejet de ces nouvelles

techniques. Lors des entrevues, une catéchète a d'ailleurs dit que «ça prend quelque chose

de visuel pour intéresser les enfants» (C-106). Toutes les personnes rencontrées ont

mentionné la nécessité d ' innover en ce domaine. A la toute fin des entrevues, la dernière

phrase d 'une catéchète montre bien l 'exaspération de plusieurs en face des moyens qui sont

parfois en décalage avec le monde des jeunes : « Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait

faire beaucoup plus » (C-240).

2.3.5 L'auditoire

Les études pour saisir les caractéristiques d 'un auditoire ont montré qu' i l y a d'abord un

biais positif présent chez plusieurs personnes ; ce biais est une tendance à être d'accord

avec tout argument qui leur est proposé. Les chercheurs ont aussi trouvé qu' i l y a une forte

tendance à persévérer dans le choix de certaines attitudes pour lesquelles il existe un

consensus social indiscutable. Par exemple, tout le monde est d 'accord qu ' i l est souhaitable

de se brosser les dents plusieurs fois par jour et qu 'une consommation quotidienne de fruits

et légumes favorise la santé. On appelle ces vérités des truismes culturels puisque les gens

les acceptent sans les mettre en doute. Or, ce sont les vérités les plus vulnérables

lorsqu'elles sont attaquées. Les gens ne sont pas équipés pour les justifier puisqu'elles

n 'ont jamais été remises en question.

Cette question des truismes culturels est particulièrement intéressante lorsqu'on l 'aborde en

termes religieux. Pendant de nombreuses générations, les vérités chrétiennes n'étaient pas

remises en question. Un des catéchètes rencontrés dit que c'est l 'époque pendant laquelle

« l a foi du charbonnier» suffisait (R-158). Lorsque certains ont remis en question ces

vérités, plusieurs n 'ont pas pu les justifier et ces attitudes de foi ont été remplacées par

d'autres. Afin de réduire cette vulnérabilité, les gens doivent avoir « une formation

organique et systématique de la foi » (DGC, n° 67) afin d'être toujours prêts à rendre

compte de l 'espérance devant ceux qui en demandent raison (I Pi 3, 15).

Lors des entrevues, les catéchètes ont fait allusion au contexte social contemporain qui

exige de la part des chrétiens la capacité de pouvoir rendre compte de la foi qui les anime.

En parlant de la participation à l 'eucharistie dominicale, une catéchète dit que « autrefois,

les gens y allaient aveuglément. Pour nos enfants, ce n'est pas la même chose aujourd'hui »

(F-133). Un autre dit : « Nos parents y allaient (à la messe) parce que tout le monde y allait.

Mais je ne pense pas qu' i ls pouvaient expliquer tout le sens (...) Ils ne comprenaient à peu

près rien de ce qui se passait » (F-152-158).

Il y a une nécessité de donner les moyens aux chrétiens qui leur permettent de persévérer :

ceci passe par l 'éducation : « Aujourd'hui, c'est pas vrai que l'enfant vient (à la messe) les

yeux fermés. Il faut qu'i l comprenne le symbole et le sens qu' i l y a en arrière » (F-132).

Tous les catéchètes rencontrés ont mentionné la valeur du rassemblement dominical

lorsqu'il permet d'approfondir les rites de l 'Église et de confirmer la foi. Ils ont alors

mentionné la valeur des explications des rites de la messe, l 'actualisation de la Parole lors

de l 'homélie et les liens de l 'assemblée avec la vie communauta i re . 4 1 9

2.3.6 L'environnement

Les caractéristiques de l 'environnement sont aussi déterminantes dans un processus qui

vise un changement d'attitudes. Une source de distraction mineure peut parfois avoir un

effet surprenant : l'effort de concentration demandé aux gens pour écouter le

4 1 9 II convient de se rappeler ici encore que pour les personnes rencontrées, la messe dominicale était souvent l'unique forme d'assemblée chrétienne dominicale connue et expérimentée. Lorsqu'ils suggèrent des composantes de l'assemblée pour éduquer la foi, ils puisent à leur expérience de la messe dominicale. Ces composantes sont surtout conceptualisées dans les codifications de la deuxième, de la troisième et de la cinquième question (en Annexe C). On pourra référer notamment aux n o s 78-79 et 80-81 de la codification ouverte de la deuxième question qui mentionnent la valeur des explications lors de la messe; aux n o s 123 à 136 et aux n o s 154 à 159 de la codification ouverte de la quatrième question relatant un baptême lors de l'assemblée; enfin aux n o s 167, 170-174 de la codification ouverte de la cinquième question qui parlent des liens nécessaires entre l'assemblée et la communauté.

communicateur laisse peu de place pour songer à des contre-arguments, ce qui accroît

l'efficacité du message. De plus, l 'ambiance (l 'atmosphère) du lieu est aussi importante

puisque les gens ont tendance à être plus sensibles aux arguments dans un lieu agréable. Le

contexte n 'est pas à négliger : une conférence dans un cadre convivial sera mieux évaluée

que la même conférence livrée dans un contexte où les gens sont plutôt passifs.

En ce domaine, l 'Église doit créer des espaces nouveaux qui respirent la convivialité et la

fraternité. Les grandes entreprises et les sociétés ont souvent saisi la valeur de

l 'environnement et elles ont misé sur l 'aménagement des lieux afin de faciliter le processus

de communication. Il n 'y a pas lieu de rivaliser avec eux, mais nous pouvons nous inspirer

et apprendre d 'eux. La réunion de quelques chrétiens dans une grande salle paroissiale au

sous-sol d 'une église n 'aura pas le même impact sur les participants que si elle a lieu dans

un salon aménagé pour l 'occasion, autour d 'un café par exemple. Il est plus facile dans de

telles conditions de plonger dans l 'activité qui est proposée ou dans l 'échange. Diverses

initiatives vont en ce sens lorsque des gens cherchent à créer des lieux qui facilitent la

transmission d'attitudes. Les cours ALPHA qui se font toujours autour d 'une table dans le

cadre d 'un repas ont saisi la valeur d 'un environnement ambiant qui soit convivial et

fraternel pour les participants.

L'Église ne peut mettre de côté cette dimension environnementale alors que pour plusieurs,

l 'ambiance qui se dégage d 'un lieu importe beaucoup. Pour les catéchètes rencontrées,

l 'assemblée chrétienne dominicale est un lieu propice pour la catéchèse lorsque l 'ambiance

est soignée et qu'el le permet la méditation dans la beauté, le silence ou la musique. Il y a

des attitudes qui aident à la création d 'un climat propice à la rencontre avec Dieu et avec les

autres. C'est ainsi qu 'un catéchète disait qu' « u n e assemblée vivante, c 'est l 'accueil (...)

Quand t 'arrives à l 'église, que tu es accueilli, c 'est b i e n » (F-164-166). Un catéchète a

mentionné la valeur d 'un climat propice pour l 'écoute et la réflexion qui existe au sein de

l 'assemblée chrétienne dominicale en disant : « Veut, veut pas, il y a l 'atmosphère qui est

là » (F-229). D'autres lui ont fait écho en parlant de l ' importance du silence, des chants

(«qui touchent au c œ u r » C-182), de la musique en sourdine, de la préparation des

À partir des pratiques catéchétiques actuelles, nous pouvons dire que la catéchèse a changé

de paradigme au cours du X X e siècle. Longtemps réduite au concept d'instruction et

d'enseignement, la catéchèse préfère aujourd'hui parler d 'une formation chrétienne

intégrale. Une telle catéchèse ne peut pas être dispensée uniquement par quelques

« professionnels » de la catéchèse dans une paroisse. C'est toute la communauté chrétienne

qui est la maîtresse de la catéchèse en accompagnant les catéchisés. Au contact de la

communauté, des charismes de ses membres et des valeurs chrétiennes qui l 'animent, on

peut aisément découvrir les caractéristiques de la vie chrétienne et les fondements de

l'identité des disciples de Jésus. Le lieu où se donnent à voir les attitudes de la communauté

est l 'assemblée chrétienne. «L 'Ég l i se ne manifeste nulle part mieux son identité que

comme assemblée liturgique concrète. » 4 2 1

3.1 Modèles classiques privilégiant l'accès à l'expérience pour la formation de l'identité chrétienne

Puisque le développement de l'identité chrétienne est au cœur de l 'acte catéchétique, nous

voudrions lorgner du côté des théories qui se sont intéressées au processus d'acquisition de

l 'identité afin de pouvoir identifier celles qui s'appliquent le mieux à la catéchèse. A la base

de toutes ces théories, il y a des constantes que nous voudrions relever. D'abord, il y a le

4 2 0 Les incidents et les concepts de la cinquième question (en Annexe C) font état des composantes d'une assemblée dominicale réussie. La question posée en entrevue était en lien avec ce thème : « À partir de votre évaluation d'une assemblée dominicale positive, quelles sont les composantes de l'assemblée dominicale essentielles selon vous? Avez-vous des suggestions afin que l'assemblée dominicale puisse articuler les différentes composantes de la vie chrétienne? » On pourra référer notamment aux n o s 164 à 167 et 179 à 188. 4 2 1 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 51.

intervenants et des brèves explications de la Parole ou des symboles qui aident à créer un

climat agréable lors de l 'assemblée chrétienne domin ica le . 4 2 0

3. Méthodes pédagogiques pour la formation de l'identité chrétienne

postulat que l 'éducation vise essentiellement l ' individu et est entièrement au service de son

développement intégral. Les théoriciens sont méfiants à l 'égard d 'un savoir pur. Selon eux,

plus l 'apprentissage revêt un caractère pratique, plus il est en mesure d'intéresser et de

former. La visée pédagogique doit alors dépasser largement la constitution d 'un savoir

positif. Il doit y avoir un respect instinctif à l 'égard de l 'individu et chercher à atteindre le

développement de toutes les facettes de la personnalité.

Puisque « la liberté ne se transmet pas comme une connaissance, dans un discours, mais

qu 'el le se construit », une méthode (qui peut être un processus, un lieu, une pédagogie, etc.)

est nécessaire pour entourer le sujet de moyens lui permettant d 'accéder à l 'autonomie.

Dans cette méthode, c 'est l 'action qui singularise la démarche du pédagogue : elle vise une

expérience orientée qui situe l'action au niveau de la volonté humaine, du monde intérieur

(aptitudes, désir, etc.), qui devient apte à montrer un chemin. L'expérience est comprise

comme n'existant pas hors du sujet, sans a priori.

Le premier modèle classique développé par les théoriciens est basé sur la pédagogie de

l 'existence. Ce modèle a comme postulat que « la vie elle-même forme ». Cette méthode

prend les sujets par le bas : elle part des actions vécues par les sujets dans l 'ici et le

maintenant. Les avantages de cette pédagogie de l 'existence se trouvent dans le dynamisme

et la vigueur de la méthode. Le sujet est le maître de son apprentissage, et le développement

du sens des responsabilités qui est suscité est capital. Or, il y a un revers à la médaille.

En mettant au cœur de la méthode l'intérêt de l ' individu, il peut arriver que chacun cherche

son intérêt avant celui des autres. Or, le défi de l 'éducation n'est-il pas d'apporter un

élément extérieur avec la conviction que cet élément va contribuer au développement de

l ' individu? Au départ, se pourrait-il que le sujet ignore ce qui est dans son propre intérêt et

que conséquemment, il ait besoin de quelqu'un pour le guider dans la démarche? Poser ces

questions, c'est déjà y répondre à la lumière de ce que nous avons déjà dit. Une autre

difficulté de la pédagogie de l 'existence consiste à équilibrer la théorie et la pratique :

parfois la pratique connue peut venir voiler la liberté du sujet.

Le deuxième modèle classique est celui de la pédagogie de l 'essence qui consiste à se

laisser guider par un a priori de ce qu'est l 'homme. On parle alors de former l 'homme, de

4 2 2 Louis Ridez, « Corrélation de la théorie et de la pratique, » dans Adultes dans la foi sous la direction de A. Fossion et L. Ridez (Paris, Bruxelles : Desclée, Lumen Vitae, 1987), 70. 4 2 3 Louis Ridez, « Corrélation de la théorie et de la pratique, » dans Adultes dans la foi, 72-73. 4 2 4 Louis Ridez, « Corrélation de la théorie et de la pratique, » dans Adultes dans la foi, 74.

lui donner une direction. C'est le modèle qui est adopté par plusieurs dont le but est de

travailler à la formation. Cette méthode a aussi ses difficultés que nous pouvons répertorier

en formulant la question : quel est le modèle de l 'homme que nous voulons atteindre et qui

guide la démarche? D'emblée, nous voyons la difficulté de répondre à une telle question.

Le modèle visé est difficile à cerner, et conséquemment, le but est difficilement atteignable.

Les deux modèles présentés ont chacun leurs limites. Us nous mènent à une impasse :

faire de l 'existence le principe de l 'éducation, c'est rendre inutile l 'action

pédagogique comme telle, de même qu'el le perd son sens dès le moment où elle se

réduit à la réalisation d 'une essence d 'homme. Le problème naît de ce que le

pédagogue a devant lui quelqu'un qui est appelé à être ce qu'il n 'est pas, mais qui

garde dissimulé au fond de sa nature le secret de ce qu' i l doit ê t r e . 4 2 2

3.2 L'expérience de l'assemblée pour concilier les modèles classiques pédagogiques concernant l'identité

Afin de dépasser le limites inhérentes à chacun de ces modèles, Ridez présente une

troisième voie qui est celle de la corrélation. Ce modèle pédagogique part d 'une situation

concrète, d 'un acte posé en toute liberté, pour être regardé à la lumière d 'un développement

moral. C'est en fait « l 'interaction entre l 'expérience réfléchie et la recherche des

principes » . 4 2 3 L 'expérience (ou l 'action consciente) permet de faire la jonction entre ces

deux modèles pédagogiques (celui de l 'existence et celui de l 'essence); elle est la médiation

entre ce qui est vécu et le besoin de sens qui est contenu dans le patrimoine de sagesse de

l 'humanité. « Entre l 'expérience vécue, en soi aveugle, et les idées morales, en elles-mêmes

vides, l 'essentiel se jouera dans l 'action. » 4 2 4 L'action est corrélative en ce sens qu'el le

permet de mettre ensemble la situation vécue par le sujet (chère à la pédagogie de

l 'existence) et le besoin de sens (privilégié dans la pédagogie de l 'essence). Ridez reprend

une image de Pestalozzi qui illustre cette méthode pédagogique : « le cœur et la tête ont

besoin de la main pour résoudre leur propre antagonisme » . 4 2 5

La finalité de cette méthode (visant l 'autonomie du sujet) est juste puisqu'elle s'avère être

le but de toute pédagogie. En cherchant à corréler la situation concrète avec un sens

recherché, on ouvre une brèche dans le monde de l 'éthique, ce qui s'avère essentiel afin que

les gestes individuels ne soient pas faits qu 'au profit du sujet. Dans cette méthode, la liberté

est aussi essentielle : « il n 'est point d 'acte libre qui ne soit autonome, et la fécondité

principale de cet acte libre est interne, immanente » . 4 2 6 Ce modèle faisant appel à la

corrélation atteint alors son but vers l 'autonomie puisqu'il respecte une modalité essentielle

de la pédagogie, la liberté. Il réussit à dénouer l ' impasse entre les modèles de l 'existence et

de l 'essence.

L'expérience de l 'assemblée chrétienne dominicale peut être cette action vécue et

consciente qui permet la médiation entre l 'expérience vécue et le besoin de sens à trouver

dans le patrimoine sapientiel humain. Puisque les membres d 'une assemblée ne sont pas

passifs au cours de l 'assemblée, mais plutôt invités à une participation pleine, consciente et

active par divers moyens (écoute, transmission, partage, accueil, répons, chants, etc.), cette

action permet de corréler l 'expérience avec les balises proposées par les médiations de

l 'assemblée. De cette confrontation, un sens peut jaillir. De plus, l 'assemblée chrétienne

s'inscrit dans une longue tradition : elle incorpore en elle les expériences de plusieurs

générations et conséquemment, elle est un gage de sagesse.

Ce concept d'expérience vécue et amenée à la conscience fait partie des caractéristiques

d 'une méthode pédagogique qui s'inspire de l ' ini t ia t ion. 4 2 7 Une telle méthode est

privilégiée de nos jours en catéchèse. Elle nous semble appropriée pour le développement

de l 'identité chrétienne au sein de l 'assemblée et pour la transmission de la foi. De plus,

cette méthode permet d'intégrer catéchèse et liturgie comme nous le verrons. Nous allons

donc présenter cette méthode à partir de ses fondements jusque dans ses moyens pour se

l 'approprier et éventuellement pouvoir la proposer dans le projet diocésain de catéchèse.

4 2 5 Louis Ridez, « Corrélation de la théorie et de la pratique, » dans Adultes dans la foi, 74. 4 2 6 Louis Ridez, « Corrélation de la théorie et de la pratique, » dans Adultes dans la foi, 71. 4 2 7 Patrick Prétot, « Liturgie et catéchèse. La "refondation" dans l'expérience ».

4. Le choix de l'initiation comme méthode pédagogique

Lorsque nous abordons la foi comme une attitude fondamentale à transmettre, nous avons

vu l ' importance que prend l 'expérience du sujet. A l 'aide de la psychologie, nous avons vu

les conditions qui favorisent une telle expérience. Une autre science humaine,

l 'anthropologie, nous permet d 'aborder l 'expérience à partir de l'initiation. Dans cette

section, nous voulons mettre en valeur la méthode pédagogique qui s'inspire de l'initiation.

Cette méthode vise l 'acquisition d 'un savoir-être (tout comme c'était le cas pour la

transmission des attitudes). Une méthode qui s'inspire de l'initiation est prisée de nos jours

en regard de sa pédagogie, mais aussi de sa finalité. Alberich résume cette finalité en disant

que « le processus d'initiation vise plus à la maturation d'attitudes et de comportements 428

chrétiens qu ' à la simple assimilation de connaissances et la célébration de rites ».

Plusieurs conférences épiscopales ont choisi une méthode pédagogique qui s'inspire de

l'initiation pour recentrer leur mission catéchétique sur l 'évangélisation et la conversion.

Déjà pendant les années 1970, les évêques italiens avaient fait le choix de la pédagogie de

l'initiation pour une catéchèse s'appuyant davantage sur l 'évangél isat ion. 4 2 9 Le texte le plus

récent à ce sujet est celui de la conférence des évêques de France. Les évêques français sont

sans ambiguïté en ce qui concerne leur choix d 'une pédagogie de l'initiation pour la

catéchèse des enfants et des adultes. Dans leur Texte national pour l'orientation de la

catéchèse en France, on peut lire:

Pour caractériser aujourd'hui la responsabilité proprement catéchétique de l 'Église,

nous faisons le choix de la «pédagogie d ' ini t ia t ion» (...) La multiplication des

cadres de référence et des repères entraîne leur relativisation et oblige les personnes

4 2 8 Emilio Alberich, « Catéchuménat et catéchèse d'initiation, » dans Catéchèse et Initiation, sous la direction d'Henri Derroitte (Bruxelles : Lumen Vitae, 2005), 133. 4 2 9 Qu'il suffise de mentionner ici les travaux de la Conférence épiscopale italienne sur le catéchuménat et sur l'OCIA {Ordo per ITniziazione deiAdulti- Rituel pour Vinitiation chrétienne des adultes) au cours des années 1970 et l'insistance récente pour des catéchismes qui se fondent sur l'initiation chrétienne au lieu d'expliquer des vérités qui ne sont pas vécues faute d'évangélisation et de conversion. Voir à ce sujet Giuseppe Morante, « L'initiation chrétienne des jeunes : une sorte de catéchuménat pastoral baptismal. L'exemple italien, » dans Catéchèse et Initiation, 157-158.

4 Confé rence des évêques de France , Texte National pour Vorientation de la catéchèse en France et principes d'organisation, 27 . 4 3 1 Henri Der ro i t t e , « In t roduc t ion , » dans Catéchèse et Initiation, sous la di rect ion de Henr i Der ro i t t e (Bruxel les : L u m e n Vi tae , 2 0 0 5 ) , 8.

à vivre leur liberté sans véritable cadre social sur lequel se reposer. Il faut alors

trouver un chemin possible pour grandir dans la foi et découvrir les richesses d'être

chrétien. La pédagogie d'initiation est l 'acte de croyants qui apportent aux

personnes tout ce qui pourra leur permettre de «se tenir dans la vie de croyants » . 4 3 0

Nous voyons bien qu ' i l ne s'agit pas de l'initiation chrétienne au sens strict (liée aux

sacrements du baptême, de la confirmation et de l 'eucharistie) dont nous faisons le choix,

mais d 'une pédagogie qui s'en inspire. Une telle méthode qui s'inspire de l'initiation n 'est

pas à proprement parler l'initiation chrétienne telle que comprise par les Pères de l 'Église

aux IV e et V e siècles, ou encore dans le Directoire Général pour la Catéchèse (n° 64).

Comme les évêques français, c'est une pédagogie de l'initiation que nous privilégions dans

le cadre du projet diocésain de catéchèse que nous proposerons au chapitre suivant. Cette

pédagogie s 'appuie sur les fondements sociologiques et anthropologiques qui suivent.

4.1 L'initiation dans le contexte actuel

Le monde actuel n 'est pas celui des origines chrétiennes où l 'apprentissage visait à « faire

des chrétiens ». Il n 'est pas non plus celui du Moyen Âge où l 'apprentissage se faisait par la

vie sociale dans son ensemble, ni celui des Temps modernes où les catéchismes visaient à

expliquer les vérités révélées. Le contexte socio-culturel actuel nous met sur la piste de

l'initiation chrétienne vue davantage comme une proposition de la foi d 'abord et ensuite

comme une initiation à la vie de foi. C'est dans ce sens que Derroitte propose la définition

suivante pour l'initiation : « u n apprentissage à vivre selon les mœurs du R o y a u m e » . 4 3 1

Pour cette initiation à la vie de foi, il n 'est plus possible de compter uniquement sur la

société dans son ensemble pour être le lieu d 'un catéchuménat social (comme cela a pu se

faire en période de chrétienté).

Aujourd'hui, il faut situer cette méthode pédagogique de l'initiation dans le contexte de la

nouvelle évangélisation. L'initiation chrétienne n'est pas à comprendre uniquement en

référence à la célébration des sacrements du baptême, de l 'eucharistie et de la confirmation.

Une catéchèse d'initiation qui repose sur une formation organique et systématique de la foi

« est plus qu 'un enseignement, elle est un apprentissage de toute la vie chrétienne » (DGC,

n° 62). Morante nous met sur cette piste lorsqu'il avance que l'initiation chrétienne, née

dans un contexte liturgico-sacramentel, est davantage en lien avec l 'évangélisation

au jourd 'hu i . 4 3 2 On voit d'ailleurs ce déplacement de priorités dans les termes qui sont

utilisés : si traditionnellement en Église le concept d'initiation était en lien avec les

sacrements d'initiation, aujourd'hui, les expressions « initiation chrétienne », « initiation à

la vie chrét ienne» ou encore «pédagogie d ' ini t ia t ion» sont largement diffusées et

élargissent le concept d'initiation à une proposition de la foi par le biais de parcours adaptés

aux personnes et de lieux d 'accompagnement.

Cette insertion de la méthode initiatique dans un contexte d'évangélisation induit des

transformations de l 'acte ca téchét ique. 4 3 3 Ces transformations situent la catéchèse elle-

même dans l 'ordre d 'une pédagogie de l'initiation. « E n employant cette expression

(pédagogie d'initiation), nous cherchons à préciser la nature du service spécifique et

irremplaçable exercé par la catéchèse à l 'intérieur de la vocation missionnaire de

l 'Église » . 4 3 4 Debergé et Dupleix montrent bien le défi posé à la catéchèse de redéfinir sa

finalité et ses moyens :

Même si la catéchèse comporte une transmission de connaissances, elle se situe en

fait davantage du côté de l'initiation que de l 'enseignement. En réalité, il s'agit de

faire en sorte que se développe le désir d'aller à la rencontre du Christ, d'entrer en

communion et en intimité avec lui . . . Initier à la vie chrétienne c'est faire vivre et,

4 3 2 Giuseppe Morante, « L'initiation chrétienne des jeunes : une sorte de catéchuménat pastoral baptismal. L'exemple italien, » dans Catéchèse et Initiation, 156-157. 4 3 3 Le Directoire Général pour la catéchèse précise les caractéristiques d'une catéchèse d'initiation dans un processus d'évangélisation. En plus d'être une présentation organique et systématique de la foi, elle est un apprentissage de toute la vie chrétienne. C'est ainsi qu'on peut parler d'une « initiation chrétienne intégrale ». De plus, la catéchèse d'initiation est « une formation de base essentielle, centrée sur le noyau de l'expérience chrétienne, sur les certitudes de la foi et sur les valeurs évangéliques les plus fondamentales ». Le Directoire présente la catéchèse d'initiation comme intégrant l'initiation, l'éducation et l'instruction. (DGC, n°67-68) 4 3 4 Conférence des évêques de France, Texte National pour l'orientation de la catéchèse en France et principes d'organisation, 27.

en faisant vivre, c'est apprendre à être. L'initiation n 'exclut pas l 'enseignement et

l 'apprentissage. Elle doit trouver l 'équilibre entre croire et savoir. 4 3 5

L'initiation se situe donc à l 'intérieur de l 'œuvre de l 'évangélisation de l 'Église qui ne peut

être comprise à partir de l 'une de ses composantes uniquement. En fait, l 'initiation

chrétienne fait le lien entre les trois moments de l 'évangélisation (première annonce,

catéchèse et vie en Église) : elle est « le maillon reliant l 'activité missionnaire, qui appelle à

la foi, à l 'activité pastorale, qui régénère la communauté chrétienne » (DGC, n° 64). Ainsi,

en adoptant une dynamique de l'initiation, il y a une articulation entre les moments de

l 'évangélisation. Conséquemment, les frontières sont moins étanches entre les différents

membres de l 'assemblée : il n 'y a plus les athées d 'un côté qui ont besoin de la première

annonce de l 'évangile et les fidèles de l 'autre côté. C'est toute l 'assemblée qui doit

constamment être initiée à la foi par le Christ qui agit comme le premier initiateur. Tous ont

besoin d'être évangélisés lorsqu'on adopte la pédagogie de l'initiation (CT, n° 19).

Afin de respecter les fondamentaux de l'initiation dans une mise en oeuvre créatrice d 'une

pédagogie qui s'en inspire, il nous apparaît essentiel de voir les principes pédagogiques qui

sous-tendent un tel processus. Même si nous en entendons beaucoup parler de nos jours,

cette méthode nous reste étrangère, habitués que nous sommes à la culture pédagogique

scolaire qui renvoie à un mode magistral d'enseignement. Les principes de la méthode de

l'initiation s'appuient sur des travaux d'ethno-anthropologues dont les conclusions sont

précieuses pour notre compréhension.

4.2 Anthropologie et pédagogie de l'initiation

D'emblée, nous pouvons dire que « l'initiation est un processus de formation qui conjoint,

sans les séparer, le développement d 'une autonomie personnelle et la socialisation de

l 'individu, le devenir sujet et le devenir acteur » . 4 3 6 Ce processus se fait au sein d 'une

communauté. Cette dernière a un rôle très important. Sans elle, l 'initiation n 'est pas

4 3 5 Pierre Debergé et André Dupleix, Guide pratique de la vie en Église (Paris : Bayard, 2002), 70. 4 3 6 DenisVillepelet, L'avenir de la catéchèse (Paris : Les Éditions de l'Atelier, 2003), 63.

possible. Cela se vérifie dans la responsabilité de l'initiateur de choisir l 'épreuve qui

s'avère nécessaire et appropriée pour l'initié afin qu'il puisse apprendre et intégrer le

groupe. L'initié n 'est pas celui qui choisit l 'épreuve; il a un rôle passif au départ.

Comme dans l'initiation au sein d 'une société civile, en régime chrétien ce n 'est pas l 'initié

qui choisit le déroulement de son initiation : c 'est l 'assemblée qui propose le parcours aux

initiés à partir de ce qu'el le a reçu de la Tradition de l 'Église (ex. : les rituels que ni l 'initié

ou l 'assemblée ne peut modifier selon son gré). Cette dimension de l'initiation met en

valeur le fait qu' i l y a une part qui échappe au contrôle de l 'initié; cela est contre-culturel

de nos jours alors que chacun cherche à avoir un contrôle sur toutes les dimensions de son

existence, y compris sur sa propre mort. À ce propos, Reichert dit qu 'on ne peut être initié

que « par quelque chose que l 'on traverse, éprouve, rencontre. . . » 4 3 7 II y a une dé-maîtrise

qui est nécessaire et salutaire.

En appliquant cette caractéristique pédagogique à l'initiation chrétienne, le rôle de

l 'assemblée chrétienne ressort. C'est à l 'intérieur de l 'assemblée que le chrétien est initié et

qu ' i l apprend le vivre-ensemble chrétien au contact des autres : une catéchèse qui privilégie 438

un chemin d'initiation « part de la communauté et conduit à la communauté ».

L'initiation passe nécessairement par les autres parce qu 'on ne peut pas s'initier soi-même.

Le verbe « initier » est d'ailleurs utilisé au passif pour parler de l'initiation : on est initié

par quelque chose ou par quelqu'un. D 'où le caractère essentiel de l 'assemblée chrétienne

dans le cadre de l'initiation. Dans un monde sécularisé, où la société ne transmet plus par

osmose les fondements de l'être-chrétien, c'est l 'assemblée qui permet aux uns et aux

autres de faire l 'expérience de pratiques chrétiennes qui favorisent l'initiation chrétienne.

Une deuxième caractéristique de l'initiation, c 'est que l 'épreuve proposée n 'est pas une

étape permettant le passage à un stade plus avancé : elle est toujours un défi qui se présente

comme une question de vie ou de mort. Il y a dans l'initiation une mise à mort symbolique

qui apporte nécessairement un deuil et qui doit apporter un surcroît de vie. Transposé à

l'initiation chrétienne, cette caractéristique montre que le cheminement initiatique qui mène

4 3 7 Jean-Claude Reichert, « Servir l'expérience de la révélation de l'instruction à l'initiation, » dans Catéchèse et Initiation sous la direction d'Henri Derroitte, (Bruxelles : Lumen Vitae, 2006), 149. 4 3 8 Emilio Alberich, « Catéchuménat et catéchèse d'initiation, » dans Catéchèse et Initiation, 134.

4.3 La méthode initiatique introduit une catéchèse permanente

En fondant la catéchèse sur une pédagogie de type initiatique, elle acquiert un caractère de

permanence. Cette pédagogie est de l 'ordre d 'une dynamique. Dupleix fait de l 'eucharistie

dominicale le lieu du renouvellement hebdomadaire des sacrements de l'initiation

chrétienne, suscitant ainsi un élan toujours neuf pour le témoignage et l ' engagement . 4 3 9

Ainsi, les sacrements de l'initiation chrétienne et la catéchèse sont vus comme le début

d 'un itinéraire qui se poursuit tout au long de la v i e . 4 4 0 Cela rejoint l ' idée de la catéchèse

permanente, souhaitée ardemment pour les adultes notamment, dans Catechesi Tradendae :

La communauté chrétienne ne saurait faire une catéchèse permanente sans la

participation directe et expérimentée des adultes, qu ' i ls soient destinataires ou

André Dupleix, « Le rapport "Liturgie et Catéchèse" dans le chantier des évêques de France, » Lumen V7taé>LIX,n°3 (2004): 281.

4 4 0 Alberich va jusqu'à parler de ré-initiation dans le panorama catéchétique actuel pour parler de ces itinéraires initiatiques à reprendre au cours de la vie. Voir Emilio Alberich, « Catéchèse et ré-initiation » dans Catéchèse et Initiation sous la direction de Henri Derroitte, (Bruxelles : Lumen Vitae, 2005), 187-193.

au salut et à l'intégration à l 'Église n 'est pas optionnel pour le chrétien. Ici aussi c'est une

question de vie ou de mort. Le salut que l'initiation chrétienne apporte mène à la vie

nouvelle dans le Christ. Il y a une mort symbolique qui s'effectue : la mort au péché qui est

nécessaire pour que « nous menions, une vie nouvelle dans le Christ » (Rm 6, 4).

Enfin, l 'initiation n 'est pas une épreuve individuelle, mais elle se fait toujours en groupe et

en présence d 'un initiateur. Ce dernier cherche à susciter la part d'enseignement nécessaire

pour que l 'épreuve soit symbolisée d 'une quelconque manière. De même, l'initiation

chrétienne ne peut être faite seule : l 'assemblée (qui peut être représentée par une seule

personne, soit un témoin ou le parrain) y tient un rôle privilégié. Ce rôle initiateur de

l 'assemblée se déploie à travers une symbolique qui lui est propre. Ainsi, l 'assemblée

permet à l 'initié une maturité dans la foi grâce à la mise en parole de la vie nouvelle qui suit

l 'épreuve. La redditio peut être vue comme cette mise en parole symbolique de la part de

l'initié. L'initié reçoit de l 'assemblée le sceau de leur authenticité chrétienne.

4 4 1 Voir le chapitre quatre qui reprend cette idée de maturités successives selon le principe développé par Paul-André Giguère dans, Catéchèse et Maturité de la foi. 4 4 2 Louis-Michel Renier, «Au cœur de l'acte liturgique et de l'acte catéchétique: la communauté chrétienne, » 44-45.

promoteurs de l'activité catéchétique. Le monde dans lequel les jeunes sont appelés

à vivre et à témoigner de leur foi est gouverné par les adultes : la foi de ceux-ci

devrait donc aussi être continuellement éclairée, stimulée ou renouvelée, afin de

pénétrer les réalités temporelles dont ils sont responsables. Ainsi, pour être efficace,

la catéchèse doit être permanente et elle serait bien vaine si elle s'arrêtait juste au

seuil de l 'âge mûr puisque, sous une autre forme assurément, elle se révèle non

moins nécessaire aux adultes (CT, n° 43).

Cette idée de catéchèse pour les adultes et d'initiation permanente recoupe l ' idée de

maturités successives dans la vie de fo i . 4 4 1 Ce qui est alors en jeu dans la catéchèse, c'est de

permettre une relation personnelle entre le catéchisé et Dieu. Cette relation évolue avec les

âges de la vie de la personne. La conscience qu 'une personne a d'elle-même varie en

fonction de ses expériences de vie. Cela a une incidence sur la relation, tout comme la

connaissance de Dieu qui s'approfondit par suite de quête et de révélation. Chercher à

connaître Dieu, c'est entrer dans un mystère où II se dévoile progressivement. C'est vers

cette révélation inépuisable que l'initiation mène puisqu'on n 'entre pas dans un mystère

pour l 'épuiser, on y est initié (Jn 17, 3; Eph 3, 14). L'initiation permet ce dévoilement

progressif dans et à travers des lieux catéchétiques et liturgiques.

4.4 La pédogogie initiatique intègre catéchèse et liturgie

La pédagogie de l'initiation chrétienne contribue aussi à l 'articulation des différentes 442

composantes de la vie chrétienne, notamment la catéchèse et la liturgie. Pour Renier, voir

le cheminement chrétien comme initiatique permet de concilier liturgie et catéchèse parce

que ce qui importe davantage que les différents moments d 'un processus, c'est leur

intégration sur un même chemin, pour provoquer un même passage. Le récit évangélique

des disciples d 'Emmaus (Le 24, 13-35) illustre ce processus qui allie catéchèse et liturgie :

4 4 3 Reinhilde Houtevels-Minet, // nous parlait en chemin (Bruxelles : Lumen Vitae, 2003). 4 4 4 Patrick Prétot, « Liturgie et catéchèse. La "refondation" dans l'expérience ». 4 4 5 Jean-Claude Reichert, « Servir l'expérience de la révélation de l'instruction à l'initiation, » dans Catéchèse et Initiation sous la direction d'Henri Derroitte, (Bruxelles : Lumen Vitae, 2006) : 149. 4 4 6 Jean-Claude Reichert, « Servir l'expérience de la révélation de l'instruction à l'initiation, » dans Catéchèse et Initiation, 145-146. 4 4 7 André Dupleix, « Le rapport "Liturgie et Catéchèse" dans le chantier des évêques de France, » 281.

Jésus ouvre le cœur des disciples à l 'intelligence des Écritures et leur partage le pain. C'est

au cœur de la liturgie (fraction du pain) que la catéchèse est comprise et assimilée. Il n 'y a

pas de séparation, mais plutôt deux actes qui se vivent simultanément. Une expérience de

catéchèse initiatique menée dans un doyenné de Bruxelles nous dit qu 'une telle catéchèse

est centrée sur la Parole et les rites, tout en s'appuyant sur l ' a s semblée . 4 4 3

Alors que Molinario parle du chemin initiatique comme jonction entre catéchèse et liturgie,

Prétot privilégie le rapport entre connaissance et expérience. Pour lui, ce qui prime, c'est

l 'aspect expérientiel de l'initiation : ce n'est pas uniquement sur la base d 'une instruction

que l'initiation se fait, mais bien sur une expérience. Ainsi, la liturgie comme composante

de l'initiation chrétienne a la capacité d'instruire par l 'expérience qu'el le permet selon

Pré to t . 4 4 4 Reichert renchérit en ce sens en disant que la liturgie « introduit à l 'expérience de

la Révélation par le chemin qu'elle organise : en faisant vivre des gestes, déplacements,

attitudes par la médiation desquels l 'Église éprouve pour elle-même le mystère de la

foi. » 4 4 5 De plus, « la liturgie imprime sur le corps de tous et de chacun une expérience

croyante qui est commune à toute l 'Église, en faisant vivre des gestes, des déplacements,

des attitudes qui introduisent dans cette expérience ecclésiale » . 4 4 6 Sur la base de cette

expérience située au cœur de l'initiation, la foi chrétienne se construit.

Dupleix quant à lui présente trois conceptions d 'une catéchèse d'initiation qui rendent

compte d 'un rapport étroit et original entre liturgie et ca téchèse . 4 4 7 Premièrement, il dit

qu 'une catéchèse d'initiation peut être comprise comme le déploiement de la foi. C'est le

cas lorsqu'on baptise des petits enfants : la catéchèse qui suit fait le lien entre ce sacrement

et les deux autres sacrements de l'initiation chrétienne qui suivent. Deuxièmement, la

catéchèse d'initiation peut être comprise comme méthode pédagogique avec des adultes qui

demandent le baptême et qui sont alors intégrés dans une démarche catéchuménale et

mystagogique où célébrations et catéchèses se chevauchent constamment. Enfin, la

5. À la lumière d'un texte fondateur : Actes 2, 42-47

Avant de conclure ce chapitre, nous voudrions fonder cette catéchèse qui s'inspire de la

méthode initiatique par les attitudes de l 'assemblée sur la vie de la première communauté

chrétienne. Il y a un texte biblique qui est évocateur de cette part importante des attitudes

de l 'assemblée : c'est la description de l 'assemblée chrétienne dans les Actes des Apôtres

(Ac 2, 42-47). Ce passage a d'ailleurs été repris abondamment par des Églises pour donner

un fondement biblique à leur praxis. Luc décrit la communauté à partir de quatre piliers de

la foi : « Les disciples persévéraient dans l 'enseignement des apôtres et la solidarité, dans la

fraction du pain et les prières » (Ac 2, 42).

Ce passage un peu idyllique a été commenté par de nombreux exégètes et ecclésiologues ;

il a été présenté comme l'idéal de toute communauté chrétienne. Bien qu' i l soit difficile de

Gilles Routhier, Enfanter des chrétiens aujourd'hui (Québec : Anne Sigier, 2003).

catéchèse d'initiation peut être comprise comme un renouvellement de la foi baptismale où

l 'eucharistie vient réactualiser la grâce de la confirmation qui pousse à l 'engagement.

Dans le cadre d 'une pédagogie qui s'inspire de l'initiation, l 'assemblée devient un lieu de

catéchèse. C'est en se retrouvant lors de l 'assemblée, en reconnaissant la présence du Christ

au milieu d 'eux et en partageant autour de la Parole et du Pain que les chrétiens sont initiés

par l 'expérience. Mais l 'assemblée chrétienne n ' a pas qu 'un rôle d'initiation et de soutien

pour ses membres uniquement, mais par les pratiques qu'el le propose (même à son insu

parfois) elle permet « d'enfanter des chrétiens » selon l 'expression de Routh ier . 4 4 8 C'est ce

que nous révèle le témoignage de vie de la première communauté chrétienne : l 'assemblée

était un lieu de ressourcement pour ses membres, mais aussi un lieu d'évangélisation de par

les attitudes qui étaient vécues. C'est à cause des attitudes chrétiennes qui rayonnaient de

l 'assemblée que Luc a pu dire que les disciples « avaient la faveur de tout le peuple » (Ac 2,

47). Nous allons retourner à ce texte des origines pour voir les différentes composantes de

l 'évangélisation à l 'œuvre au sein de l 'assemblée.

Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 8. Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 27.

trouver le fondement historique de tout ce qui est relaté dans le livre des Actes des

Apôtres, « il y a des cas concrets à la base des affirmations générales » . 4 4 9 C'est le cas pour

le passage qui nous intéresse. De plus, puisque ce livre des Actes est parmi les plus anciens

documents que nous ayons de la vie des premiers chrétiens, il est intéressant de voir ce que

les premiers témoins ont retenu de la vie de la première communauté chrétienne.

Ce passage (Ac 2, 42-47) se situe tout juste après le discours de Pierre à Jérusalem (Ac 2,

14-40). Ce discours eut un effet certain sur le peuple puisqu'en réponse à la parole de

Pierre, « i l s'adjoignit ce jour-là environ trois milles â m e s » (Ac 2, 41). La suite des

événements nous fait dire que c'est la vie de la première communauté chrétienne qui va

prendre le relais de la prédication de Pierre. Ce n'est plus seulement la prédication

apostolique qui va évangéliser désormais : la vie de la communauté chrétienne a aussi cette

capacité d'évangéliser. La propagation de la foi prend la forme du témoignage, celui de la

communauté. Cette conviction des origines a traversé les siècles. « L'éducation de la foi est

seulement possible quand la communauté qui évangélise, l 'Eglise, est une manifestation

radieuse de la foi chrétienne et présente une manière de vivre qui attire. » 4 5 0

5.1 Les quatre persévérances de la communauté chrétienne

La prédication de Pierre et la vie de la première communauté chrétienne sont toutes deux

situées dans la foulée de l 'événement de la Pentecôte. Impossible de ne pas voir l 'intention

lucanienne de vouloir démontrer que c'est l 'Esprit-Saint qui est au fondement du discours

de Pierre et du témoignage de la communauté chrétienne. Au verset 42, dans les activités de

la communauté relatées par Luc, on retrouve les fondements de la vie ecclésiale :

l 'éducation de la foi, la vie « fraternelle », l 'eucharistie et la prière. Ces quatre composantes

de la vie chrétienne ne sont pas négociables et l 'une ne peut pas aller sans l 'autre. Au

premier plan, il y a donc l 'annonce de la Parole par les apôtres. Ce sont ces derniers qui

poursuivent désormais la Mission inaugurée par le Christ : annoncer le Règne de Dieu.

Dans les Actes, ils le feront en adoptant souvent la façon de faire du Maître : prédication et

miracles. Cette assiduité à l 'enseignement des apôtres constitue pour la communauté un

premier trait de son identité.

Lorsque cette Parole est accueillie, elle conditionne ce qui suit : la charité, la prière et la

célébration. Luc mentionne d'abord la solidarité, la koinonia. Ce mot, peu utilisé dans le

Nouveau Testament quoique bien connu aujourd'hui, peut prendre différents sens . 4 5 1 Selon

Rasco, la signification de la koinonia ici concerne une communauté de biens matériels. Ces

biens provenaient de ventes volontaires dont les produits étaient remis aux apôtres qui les

redistribuaient. Cette koinonia, bien qu'elle ait pu être influencée par un certain humanisme

du monde grec, est en fait la réponse à la Parole de Dieu enseignée par les apôtres. Cette

solidarité de la communauté, malgré la diversité des membres, était un témoignage

éloquent ; Luc dira que la communauté « n'avait qu 'un cœur et qu 'une âme ! » (Ac 4, 32a).

Rasco démontre la valeur de cette communion pour les Juifs qui aspirent à

l 'unité de l 'être tout entier ; cela veut dire n 'avoir plus qu 'une seule manière de

vivre et de penser, agir en toute unanimité. Avoir tout en commun : selon la coutume

des « amis » dans le monde gréco-romain d'alors ; mais avec cette différence que la

« communion » ne découle pas d 'un sentiment d'affection, mais de la foi sur

laquelle repose la communauté chré t ienne . 4 5 2

Cette solidarité qui naît de la foi se manifeste aussi dans la vie quotidienne et influence

toutes les activités de l 'Église, notamment les assemblées de prière et la fraction du pain.

Cette fraction du pain et la participation à la prière sont les deux dernières caractéristiques

de l 'Église naissante. Rompre le pain, c'est plus que participer au repas juif, c'est une partie

rituelle au début du r e p a s . 4 5 3 Pour les chrétiens, cette expression traduisait la célébration de

l 'eucharistie en mémoire du Seigneur. La fraction du pain se faisait dans les maisons des

chrétiens, alors que les assemblées de prières continuaient à se faire au Temple (Ac 2, 46).

La persévérance dans la prière était aussi la réponse à l 'invitation de Jésus qui avait exhorté

plusieurs fois ses disciples à veiller et prier. Plusieurs fois dans le livre des Actes, on peut

4 5 1 Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 1. 4 5 2 Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 13. 4 5 3 Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 14.

lire que la communauté est en prière aux moments-clés de son cheminement, notamment

lors des envois en mission (Ac 6, 6 ; 13, 3).

5.2 L'évangélisation par les attitudes de l'assemblée

Dans l 'analyse de la fin de ce chapitre deux du livre des Actes des Apôtres, nous avons

souvent tendance à nous arrêter à ce que nous livre le verset 42, croyant qu' i l s'agit là de la

pointe du récit. Or, le verset 47 nous donne l'effet de la vie de l 'assemblée chrétienne sur le

monde ambiant. La vie « fraternelle » de l 'assemblée est un témoignage suffisamment fort

et évocateur pour interpeller les autres. Les attitudes de l 'assemblée sont vécues avec

tellement d'authenticité et de vérité que les membres de l 'assemblée « avaient la faveur de

tout le peuple » (Ac 2, 47).

Il est pertinent de noter que dans ce récit, ce sont les attitudes de l 'assemblée qui

évangélisent et qui catéchisent. Ces attitudes évangélisent avec autant de force que les

discours de Pierre, Paul ou Barnabe, relatés dans le livre des Actes. Cette force des

attitudes, aussi puissante que les discours, rejoint les propos de Jean-Paul II dans son

encyclique sur la Mission du Rédempteur lorsqu'il affirme que « l 'homme contemporain

croit plus les témoins que les maîtres, l 'expérience que la doctrine, la vie et les faits plus

que la théorie. Première forme de la mission, le témoignage de la vie chrétienne est aussi

irremplaçable. » (RM, n° 42) Le 4 7 e verset du chapitre deux des Actes des Apôtres parle de

l'effet de ce témoignage de vie sur le monde ambiant, et s 'avère être la pointe du récit de la

vie de l 'assemblée selon Routhier :

Cette finale n 'est pas un appendice décoratif. S'ils avaient la faveur du peuple et si

leur nombre s'accroissait, c'était en raison du fait que cette Église était un évangile

vivant auquel il ne fallait pas ajouter beaucoup d'explications tant il était parlant.

Une communauté catéchisante, c'est une communauté dont le témoignage est si

parlant qu' i l ne peut susciter que l'interrogation et l 'étonnement. Une Église

convertie ou renouvelée est ca téchisante . 4 5 4

Pour écrire le livre des Actes des Apôtres, Luc n 'a pas retenu tous les événements de

l 'Église naissante. Il à fait le choix de mettre à l 'avant-scène des attitudes fondamentales de

l 'assemblée qui sont manifestes à travers les œuvres : la charité se déploie dans la mise en

commun des richesses, la foi dans le Ressuscité est rendue visible dans la fraction du pain,

la ferveur se mesure dans la fréquentation assidue du Temple, e t c . 4 5 5 Et cette vie fraternelle

semble avoir autant de valeur que le discours de Pierre pour attirer des gens vers la

communauté selon l 'auteur des Actes : « chaque jour, le Seigneur adjoignait à la

communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2, 47).

Il semble y avoir une intention théologique de Luc dans ces versets, à savoir que ce sont les

attitudes de l 'assemblée qui deviennent la base du témoignage chrétien. Paul aussi prendra

la vie de l 'assemblée comme le témoignage primordial de l 'événement Jésus-Christ.

Lorsque certains lui demandent une lettre de recommandation pour authentifier son

ministère apostolique, il présente l 'assemblée chrétienne elle-même comme « une lettre du

Christ (.. .) écrite non avec de l 'encre, mais avec l 'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables

de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs » (2 Co 3, 3). C'est en voyant les

disciples vivre l 'Évangile que les gens de la diaspora sont interpellés et attirés par eux.

Il y a dans ce texte fondateur une indication pour la catéchèse par les attitudes : non

seulement les attitudes sont une fin lorsqu'il s'agit de les éveiller et de les transmettre au

cœur des catéchisés, mais elles sont aussi un moyen pour éveiller le désir et la soif chez tant

de gens. Les attitudes d 'une communauté peuvent être un puissant moyen d'évangélisation,

de nouvelle évangélisation aujourd'hui. L'appel lancé par Paul VI l 'exprime bien :

L'Église doit être proclamée d'abord par un témoignage. Voici un chrétien ou un

groupe de chrétiens qui, au sein de la communauté humaine dans laquelle ils vivent,

manifestent leur capacité de compréhension et d'accueil, leur communion de vie et

de destin avec les autres, leur solidarité dans les efforts de tous pour tout ce qui est

4 5 4 Gilles Routhier, « Une communauté qui enfante des croyants, » Prêtres et pasteurs 110 n°2 (février 2007) : 76. 4 5 5 Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 7.

noble et bon. Voici que, en outre, ils rayonnent, d 'une façon toute simple et

spontanée, leur foi en des valeurs qui sont au-delà des valeurs courantes, et leur

espérance en quelque chose qu 'on ne voit pas, dont on n'oserait pas rêver. Par ce

témoignage sans paroles, ces chrétiens font monter, dans le cœur de ceux qui les

voient vivre, des questions irrésistibles : Pourquoi sont-ils ainsi ? Pourquoi vivent-

ils de la sorte ? Qu'est-ce - ou qui est-ce - qui les inspire ? (EN, n° 21)

Cette proclamation silencieuse de la Bonne Nouvelle, elle n 'est pas uniquement pour les

gens qui regardent l 'assemblée de loin, mais aussi pour ceux qui la fréquentent. Le fait

d'être mis en contact avec des fidèles de l 'assemblée chrétienne a une valeur de

témoignage. Que ce soit pour un enfant, ou encore un adulte, la dimension de la vie

« fraternelle » de l 'assemblée interpelle et suscite la foi. L 'assemblée a autant une valeur de

témoignage que d'inspiration. Elle fournit des attitudes spécifiquement chrétiennes en

privilégiant l 'écoute de la Parole, le partage et la communion avec les autres.

Le présent chapitre a voulu faire écho au précédent (qui présentait l 'histoire de l 'assemblée)

en déployant les différents aspects catéchétiques d 'une assemblée chrétienne dominicale.

Ainsi, c 'est parce qu 'el le est un lieu de transmission des attitudes chrétiennes, un lieu qui

permet d'être initié à la dimension ecclésiale et un lieu d'expériences nécessaires pour

acquérir une identité chrétienne que l 'assemblée chrétienne est un pivot de la catéchèse.

L'assemblée chrétienne présentée dans le livre des Actes des Apôtres déployait ces

éléments et peut servir de modèle à nos assemblées contemporaines. Il reste donc à voir les

possibilités et les conditions d'intégration de l 'assemblée chrétienne dominicale à

l 'intérieur d 'un projet catéchétique pour une Église locale.

Chapitre 9 : Projet diocésain de catéchèse

La théologie pratique ne se limite pas à l 'analyse de pratiques comme nous venons de le

faire. Cette analyse est la première étape d 'une démarche qui vise à retourner au terrain et à

faire quelques propositions. Après avoir situé l 'assemblée chrétienne dominicale dans la

Tradition de l 'Eglise et dans la réalité d 'aujourd'hui, nous voudrions aider au

renouvellement de la pratique de la catéchèse dans le diocèse de Bathurst en proposant

quelques jalons pour un projet diocésain de catéchèse. La théologie pratique a toute sa

pertinence dans la création d'un tel discours qui cherche à renouveler les pratiques. Le but

de notre travail sera atteint si, au terme de ce chapitre, nous pouvons dire :

Nous sommes devant une réflexion de théologie pratique et celle-ci s 'enracine

toujours dans un terreau précis et une situation donnée, analyse cette situation de

manière rigoureuse et retourne au terrain avec des propositions d'actions fondées . 4 5 6

Afin d'aider les responsables du diocèse de Bathurst dans la formulation d 'un projet

diocésain de catéchèse, la première section de ce chapitre consistera à présenter ce qu 'est

un projet diocésain de catéchèse tel qu' i l est décrit dans le Directoire Général pour la

Catéchèse. Nous verrons les principaux destinataires, les responsables et le sujet de ce

projet diocésain de catéchèse. Puisque nous croyons en sa nécessité à ce moment-ci de

l 'histoire du diocèse de Bathurst, nous ferons état de quelques caractéristiques de la vie du

diocèse qui nous semblent révélatrices de ce besoin.

Nous présenterons ensuite quelques éléments-clés qui ressortent de notre analyse et qui

devraient faire partie du projet diocésain de catéchèse. D'abord, l 'assemblée chrétienne

dominicale qui est le pivot autour duquel gravitent la liturgie et la catéchèse. Nous

tenterons d 'en retenir les composantes essentielles pour notre projet. Nous prêterons une

attention particulière au programme de catéchèse pour les enfants d 'âge scolaire dans la

deuxième section de ce chapitre.

4 5 6 Gilbert Adler en préface du livre de Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée (Bruxelles : Lumen Vitae, 2000), 5.

1. Qu'est-ce qu'un projet diocésain de catéchèse?

Le Directoire Général pour la Catéchèse invite chaque diocèse à se doter d 'un projet

diocésain de catéchèse. Le Directoire explicite ce projet diocésain en disant qu' i l représente

« l'offre catéchétique globale d 'une Église particulière qui intègre, d 'une manière articulée,

cohérente et coordonnée, les divers processus de catéchèse proposés par le diocèse aux

destinataires des différents âges » (DGC, n° 274). Il s'agit alors de la mise en œuvre d 'un

dispositif nécessaire pour la Mission.

Un tel projet diocésain de catéchèse est une tâche pour chaque Église locale sous la

responsabilité de l 'évêque qui en est le premier responsable. L'élaboration d 'un tel projet

diocésain de catéchèse est un travail à recommencer avec chaque génération afin que le

projet corresponde toujours davantage aux sensibilités et aux moyens contemporains :

« toute Église diocésaine qui prend au sérieux sa mission évangélisatrice doit consentir à

réviser et renouveler continuellement son dispositif catéchétique » . 4 5 7 C 'est ainsi qu 'au

lendemain des célébrations du Jubilé de l'an 2000, Jean-Paul II appelait les diocèses à

mettre le cap sur la nouvelle évangélisation en adoptant le programme du Christ et en le

4 5 7 Marc Pelchat, « La place des évêques dans les nouveaux projets de catéchèses, » 372.

Cette attention privilégiée aux enfants est due aux raisons suivantes : (1) notre question de

recherche partait de la problématique de l'initiation chrétienne des enfants, (2) il y a à cet

âge, le besoin d 'une catéchèse structurée qui présente les fondements de la doctrine

chrétienne, et (3) la réflexion et l 'organisation de la catéchèse au diocèse de Bathurst sont

largement tributaire de celle des enfants. Nous verrons ensuite la place accordée à la

célébration liturgique (eucharistique ou non) au sein de l 'assemblée et quelques points de

repère pour sa mise en œuvre, notamment en ce qui concerne les rites d'ouverture de la

célébration. Enfin, en faisant la liste des principaux acteurs de ce projet diocésain de

catéchèse (parents, catéchètes, curé, membres de l 'équipe pastorale, etc.), nous montrerons

le rôle de chacun et la collaboration qui est nécessaire entre eux pour la réussite de ce projet

diocésain de catéchèse.

rapprochant des réalités culturelles et sociales de notre temps. Dans sa lettre à l 'épiscopat,

au clergé et aux fidèles au terme du Jubilé il disait :

Il est toutefois nécessaire qu' i l (le programme d'évangélisation) se traduise par

des orientations pastorales adaptées aux conditions de chaque communauté. Le

Jubilé nous a donné l'occasion extraordinaire de nous engager, pour quelques

années, sur un chemin commun à toute l'Église, un chemin de catéchèse articulée

autour du thème de la Trinité et accompagnée d'engagements pastoraux

spécifiques pour réaliser une féconde expérience jubilaire. (. . .) Au milieu des

données universelles et inaliénables, il est nécessaire que le programme unique de

l'Évangile continue à s'inscrire dans l'histoire de chaque réalité ecclésiale, comme

cela est toujours advenu. C'est dans les Églises locales que l'on peut fixer les

éléments concrets d'un programme — objectifs et méthodes de travail, formation

et valorisation du personnel, recherche des moyens nécessaires — qui permettent

à l'annonce du Christ d'atteindre les personnes, de modeler les communautés,

d'agir en profondeur par le témoignage des valeurs évangéliques sur la société et

sur la culture (NMI, n° 29).

Un tel projet est impératif lorsqu'on réalise que l 'annonce de la foi est au cœur de la

mission d 'un diocèse et que conséquemment la catéchèse fait partie de ses premières

charges pastorales. Pelchat insiste sur le « pôle institutionnel » ecclésial de la catéchèse qui

a été négligé pendant de nombreuses années alors que l 'école était garante de

l 'enseignement religieux. Pour remettre la catéchèse au centre des activités pastorales d 'un

diocèse, il fait appel aux évêques en charge de diocèse : « C'est au nom même de cette

option évangélisatrice que l 'évêque est considéré comme le premier responsable de toute

l 'activité catéchétique dans son Église. » 4 5 8

Cette responsabilité de l 'évêque à l 'égard du projet diocésain de catéchèse est accrue de nos

jours pour que, d 'une région à l 'autre du diocèse, le pôle institutionnel de la catéchèse soit

manifeste par le choix d'orientations communes (bien que sur le terrain, diverses modalités

concrètes peuvent exister). À l 'aide des orientations proposées par l 'évêque, le projet

4 5 8 Marc Pelchat, « La place des évêques dans les nouveaux projets de catéchèses, » Lumen Vitae LVIII, n H 4 (2003): 369.

Marc Pelchat, « La place des évêques dans les nouveaux projets de catéchèses, » 370.

diocésain de catéchèse doit aider à la coordination de la catéchèse en gardant le cap sur des

objectifs communs fixés et des moyens semblables choisis. En commentant ce rôle et cette

charge pastorale des évêques de donner des orientations pour l 'organisation de la catéchèse

dans son diocèse, Pelchat renchérit en disant :

Par l 'exercice de cette responsabilité (catéchétique), l 'évêque signifie que le champ

de l'activité catéchétique n 'es t pas laissé à la libre initiative de chacun mais qu 'en

raison de sa mission fondamentale, c'est l 'Église qui détermine les visées et les

conditions de formation à la vie chré t ienne . 4 5 9

1.1 Le projet de catéchèse dans la Mission du diocèse de Bathurst

Au diocèse de Bathurst, nous pourrions dater le dernier projet diocésain de catéchèse vers

les années 1980-1990. Au moment de la prise en charge de l'initiation sacramentelle par les

paroisses et du passage de la catéchèse des enfants de l 'école à la paroisse, de nombreux

choix ont dû être faits. Suite à des discussions et des réflexions entre les principaux

intervenants de l 'époque (directeurs d'école, enseignants, curés, coordonnatrices de la

catéchèse, membres des équipes paroissiales pour l'initiation au pardon et à l 'eucharistie,

etc.), une méthode et un contenu spécifiques ont été retenus pour la catéchèse. Le projet de

catéchèse familiale et paroissiale qui a surgi au terme de ce processus s'avère être la

dernière réflexion systématique du diocèse en vue de proposer une offre catéchétique.

Les observations et les résultats de cette étude qualitative nous fournissent des outils pour

proposer un nouveau projet diocésain de catéchèse en lien avec une analyse du chemin

parcouru jusqu 'à aujourd'hui. Nous pensons que le moment de proposer un tel projet est

arrivé. Dans un monde en perpétuel changement, il faut revoir à nouveaux frais les moyens

utilisés pour la Mission sur une base régulière. La situation ecclésiale et sociale a

suffisamment changé pour renouveler le projet diocésain de catéchèse.

1.1.1 Le diocèse de Bathurst en 2008

Parmi les changements notables au cours des vingt dernières années au diocèse de Bathurst,

il faut mentionner la place occupée par la religion dans l 'organisation des horaires (des

jeunes familles notamment) qui n 'est plus prédominante comme elle l 'a été pendant de

nombreuses années. La désaffection de la pratique religieuse est devenue de plus en plus

visible : l 'érosion commencée au début des années 1970 s'est accrue faisant passer de

quatre à une seule le nombre de messes dominicales dans plusieurs paroisses du diocèse

(même l 'unique assemblée d'aujourd'hui est clairsemée comparativement à celles

d'autrefois). De plus, le dimanche a perdu sa valeur depuis que ce jour est devenu « jour

ouvrable » pour plusieurs et que des organisations sportives et culturelles ont commencé à

proposer diverses activités pour les enfants ce jour-là (parties de hockey, cours de natation,

pièces de théâtre, etc.).

Autre élément nouveau du paysage social et ecclésial : l 'apparition des unités pastorales. La

diminution du nombre de prêtres a forcé les regroupements de paroisses. Les paroisses sans

curé résidant sont devenues situation courante. Les deux restructurations majeures (1999 et

2005) ont mis à jour l ' incapacité de l 'Église de fonctionner comme elle l 'a fait pendant des

années. A cela, nous pouvons ajouter les difficultés financières éprouvées par certaines

paroisses puisque les revenus diminuent avec la baisse de la pratique religieuse alors que

les dépenses augmentent.

Le vieillissement des communautés religieuses et leur disparition du paysage ecclésial et

social (paroisses, hôpitaux, écoles, etc.) a aussi des incidences sur la vie pastorale. Pendant

de nombreuses années, des mouvements ecclésiaux, tels le Cursillo, le Renouveau

charismatique, la Vie Montante ou la Rencontre, ont nourri la foi de nombreuses personnes

qui ont été, par la suite, de véritables agents d'évangélisation dans leur paroisse.

Aujourd'hui, ces mouvements ne réussissent plus à recruter le nombre de participants

nécessaires pour se renouveler. Enfin, la difficulté de recruter des bénévoles pour continuer

la mission est symptomatique de la place relative qu 'occupe désormais l 'Église dans la

société et dans la vie quotidienne de la majorité des gens.

1.2.2 À la recherche d'un projet rassembleur

Dans ce contexte, depuis une dizaine d 'années, le projet des réaménagements pastoraux a

mobilisé beaucoup d'énergie de la part des autorités diocésaines, des prêtres et des

collaborateurs dans les paroisses. Les réaménagements pastoraux ont voulu être un projet

rassembleur et mobilisateur pour les communautés chrétiennes. Nous pouvons dire que

c'est en ce domaine que l 'Église de Bathurst a vécu les déplacements les plus visibles au

cours des dernières années. Or, ces changements se sont surtout faits sur la base de la

liturgie (du moins, c 'est l ' impression qui se dégage de la pratique!) Si la liturgie n ' a pas

été l 'unique critère, il y a fort à parier que ce domaine a eu le haut du pavé par rapport à la

catéchèse et aux autres domaines de la vie ecc lés ia le . 4 6 0

Non seulement le souci de la catéchèse semble avoir été second dans la mise en place des

unités pastorales, il l 'est aussi dans le cahier des charges des ministres ordonnés. La

catéchèse ne figure pas sur le curriculum des charges pastorales des prêtres-assistants. Cela

est manifeste dans la politique financière qui traite des honoraires de messes et des salaires

des prêtres en fonction des liturgies eucharistiques qu' i ls président. Pour la catéchèse, il n 'y

a aucune information pour rémunérer ce service pastoral! Ce silence donne l ' impression

que la catéchèse ne figure plus comme une tâche qui relève du ministère presbytéral . 4 6 1 Le

rôle prépondérant que l 'école jouait autrefois dans la catéchèse semble maintenant celui des

coordonnatrices paroissiales et des catéchètes. Nous pouvons conclure que de nombreuses

communautés chrétiennes (prises dans leur intégralité, prêtre et laïcs) ont manqué ce

rendez-vous qui leur était donné de devenir de véritables actrices de la catéchèse.

Le projet des réaménagements pastoraux a été présenté dès le départ comme une nécessité

pour permettre à l 'Église de poursuivre sa mission. Sa mission est celle reçue du Christ :

Le regroupement des paroisses en unités pastorales s'est surtout fait à partir de questions d'ordre de pratiques liturgiques : comment faire des regroupements qui permettent d'assurer une célébration eucharistique dominicale dans chaque paroisse de l'unité? Pour atteindre cet objectif, les curés des unités pastorales constituées de nombreuses paroisses sont assistés d'un autre prêtre pour aider au ministère liturgique, sans égard à d'autres unités pastorales regroupant moins de paroisses mais avec un nombre plus élevé de familles chrétiennes et d'institutions dans lesquelles une présence pastorale s'avère nécessaire. 4 6 1 Même en ce qui concerne le salaire des curés des paroisses, la situation qui prévaut minimise la valeur des tâches catéchétiques. Alors que les mariages et les funérailles sont une source de revenus supplémentaires pour les curés, il n'y a pas cette forme de supplément pour ceux qui se consacrent davantage à la tâche catéchétique. Ce sont les tâches sacramentelles qui semblent valorisées.

Alphonse Borras, « Nouvelle paroisse et nouvelle catéchèse, » Lumen Vitae LVIII, n° 4 (2003): 406.

l 'annonce du Royaume, et la célébration des mystères en mémoire de Lui. Si les

réaménagements pastoraux étaient nécessaires, c'était bien pour libérer des énergies

nouvelles et passer à l 'étape suivante, celle de la « nouvelle évangélisation » dont Jean-Paul

II s'est fait le promoteur au cours de ses dernières années de pontificat. Il est maintenant

temps pour le diocèse de passer à cette étape de la nouvelle évangélisation et de se donner

les moyens de ses ambitions.

Nous croyons que le lieu privilégié pour relancer la mission et renouveler les pratiques

ecclésiales se trouve dans la catéchèse. Pendant de nombreuses années, l 'Église a eu un rôle

secondaire dans la catéchèse (par rapport au milieu scolaire). C'est pourquoi il est difficile

pour certains de voir dans l 'organisation de la catéchèse un projet susceptible de mobiliser

les forces vives d 'une communauté et un levier pour permettre aux communautés de

rebondir et s'élancer avec confiance dans l'avenir.

Catechesi Tradendae affirme pourtant que l 'Église locale peut trouver dans l 'action

catéchétique « un affermissement de sa vie interne de communauté de croyants et de son

activité externe comme missionnaire» (CT, n° 15). Borras n'hésite pas à dire que la

catéchèse peut être un élément générateur et fédérateur du vécu ecclésial en permettant

l 'apprentissage d 'une nouvelle manière de faire Église et en faisant advenir un renouveau

paroissial qui « ne vise pas l 'encadrement des besoins religieux des citoyens comme jadis

en chrétienté; il vise l 'engendrement à la foi par l 'adhésion libre et joyeuse à

l 'Évangile » . 4 6 2 Pour cela, la catéchèse doit préciser ses ressources, ses moyens, ses

méthodes, son contenu, ses responsables et ses principaux destinataires.

Afin de relancer la mission dans le diocèse de Bathurst, ce nouveau projet de catéchèse

nous semble approprié. Un tel projet pourrait renouveler la vie des communautés

chrétiennes en suscitant autant, sinon plus, d 'enthousiasme que les récents réaménagements

pastoraux. Il pourrait contribuer à donner une dose de fierté à une Église qui semble trop

souvent ne faire parler d'elle qu ' à l 'occasion de controverses ou de scandales. Lors de la

mise en œuvre des réaménagements, ce sont parfois les résistances et les difficultés de

plusieurs membres des unités pastorales à mettre en place des équipes pastorales chargées

Anne-Marie Mongoven, « Forum : Catechesis and Liturgy, » Worship 61, n° 3 (2004): 248-258.

de voir à l 'animation des communautés sur divers plans qui ont été révélées. Le présent

projet pourrait peut-être révéler un autre visage d 'une Église qui, après avoir été forcée

d 'avancer au large pour jeter les filets à la manière des quatre premiers disciples, fait une

pêche miraculeuse (Le 5, 1-11).

1.2 Les destinataires du projet diocésain de catéchèse

Remarquant la difficulté de plusieurs « à rendre compte de l 'espérance qui est en eux

devant ceux qui en demandent ra i son» (I Pi 3, 15), et conformément à la pratique

catéchétique des premiers siècles, l 'Église a voulu faire des adultes les premiers

destinataires de la catéchèse. Si la majorité des catholiques ont expérimenté une liturgie

renouvelée suite au Concile Vatican II (notamment grâce à la langue vernaculaire et la

participation active) peu de personnes, surtout parmi les adultes, ont expérimenté une

catéchèse renouve lée . 4 6 3 C 'est pourquoi Jean-Paul II a rappelé la nécessité de proposer une

catéchèse pour les adultes dans Catechesi Tradendae. En appelant des catéchèses

diversifiées et complémentaires (CT, n° 45), des catéchèses pour tous les âges de la vie (CT,

n o s 35-44) et des catéchèses qui utilisent divers moyens (CT, n o s 46-50), Jean-Paul II parle

de la nécessité de ne pas emprunter uniquement le chemin qui conduit aux enfants.

Le Directoire Général pour la Catéchèse insiste aussi sur l ' importance de la catéchèse des

adultes qui doivent être parmi les destinataires du projet de catéchèse. Dans la courte

description (somme toute avare d'éléments) qu'elle fait du projet, la Congrégation pour le

Clergé précise que l'offre catéchétique doit être proposée « aux destinataires des différents

âges » (DGC, n° 274). Pour les petits enfants, les enfants, et les adolescents, la catéchèse

doit permettre une initiation chrétienne à travers les sacrements (déjà reçus ou à recevoir).

En ce qui concerne les adultes, la catéchèse doit continuer l'initiation chrétienne

commencée au moment du baptême en donnant des fondements solides de la foi (DGC, n°

274). Le Directoire parle aussi d 'une catéchèse adaptée aux conditions de vie des gens du

troisième âge, mais cette cohorte est nettement en retrait par rapport à l ' insistance sur la

catéchèse pour les enfants et les adultes. La catéchèse « concerne tous les âges parce qu'el le

est une dimension constitutive de toute vie chrétienne au même titre que la vie liturgique,

sacramentelle ou l 'éthique » . 4 6 4 Le projet catéchétique diocésain doit donc viser un double

service : un premier pour les enfants, et un second pour les adultes.

1.2.1 Catéchèse des adultes

C'est la catéchèse des adultes qui s 'avère nouvelle aujourd'hui, surtout dans les pays de

tradition chrétienne où la catéchèse est associée à l 'enfance. Cette catéchèse des adultes est

pourtant nécessaire puisque la vie chrétienne est faite d'expériences de vie, de rituels et de

paroles dont le sens est inépuisable. Le cheminement de foi vise à demeurer avec le Christ

et à toujours mieux le connaître, ce qui ne peut jamais s'achever. La découverte de

l 'identité d 'une personne n'est jamais complète ou terminée. De la même façon qu'avec les

âges de la vie et les expériences vécues, de nouveaux aspects de nos parents ou amis nous

sont révélés, le cheminement dans la foi nous révèle des aspects jusqu'alors inédits de la

personne du Christ. Ainsi, même pour les chrétiens pleinement intégrés dans l 'Église par

les sacrements de l'initiation chrétienne, la quête de l 'identité du Christ s'approfondit toute

la v i e . 4 6 5

Le Directoire Général pour la Catéchèse suggère, «sur le plan pédagogique, de faire

référence à la catéchèse des adultes et, à sa lumière, d'orienter la catéchèse des autres

moments de la vie » (DGC, n° 171). La catéchèse des enfants devient alors subordonnée à

la catéchèse des adultes. Sur le terrain, c'est souvent le contraire qui se produit. C'est la

catéchèse pour les enfants qui mobilise le plus d'énergie dans les communautés. Nous

pouvons même dire qu' i l y a surinvestissement dans la catéchèse pour les enfants

comparativement à l'offre qui est faite aux adu l tes . 4 6 6 La catéchèse des enfants semble être

la norme même dans les moyens à privilégier : même si ce n 'est plus l 'école qui a la charge

de la catéchèse, les schèmes de pensée scolaires pour comprendre et opérationnaliser la

4 6 4 Denis Villepelet, L'avenir de la catéchèse, 123. 4 6 5 Catherine Vincie, « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment, » 142. 4 6 6 Les ressources humaines déployées pour la catéchèse montrent bien la disparité entre la catéchèse des enfants et celle des adultes. Alors que la paroisse de Caraquet compte sur une cinquantaine de catéchètes et d'une coordonnatrice rémunérée pour la catéchèse des enfants, lorsqu'il est question de la catéchèse des adultes, elle se contente de quelques personnes (une religieuse pour des sessions ponctuelles d'éducation de la foi ; un couple pour la préparation au mariage ; et trois personnes pour la préparation au baptême).

catéchèse ne sont pas modifiés automatiquement avec le passage à la paroisse. Cette

association entre la catéchèse et le monde scolaire identifie constamment la catéchèse avec

l 'enfance, ce qui a besoin d'être dépas sé . 4 6 7

Si le présent travail nous a fait partir d 'une problématique qui concernait surtout la

catéchèse des enfants, nous reconnaissons que la catéchèse des adultes est aussi un chantier

à ouvrir. Le point de départ de notre recherche était la quasi-absence de liturgie dans

l'initiation à la vie chrétienne des enfants. Conséquemment, ne pourrait-on pas déplorer que

la catéchèse ne fasse pas partie de la vie chrétienne de la majorité des adultes assidus à

l 'assemblée dominicale? L'idéal d 'une articulation entre catéchèse et liturgie souhaité pour

les enfants est aussi voulu pour les adultes : l 'initiation à la vie chrétienne ne doit plus être

confinée aux enfants uniquement, mais étendue à tous les membres de la communauté

chrétienne, y compris à ceux qui sont sur le seuil (DGC, n° 171).

En adoptant cette vision de la catéchèse pour tous les âges de la vie, il y a une précision

dans les termes qui s 'imposent. Au lieu de parler d'éducation de la foi (pour les adultes) et

de catéchèse (pour les enfants), le terme de « catéchèse » qui appartient au vocabulaire de

l 'Église devrait primer. La catéchèse comprend d'ailleurs l 'éducation de la foi, et elle

englobe encore davantage. Vue à travers le prisme de l 'acquisition des attitudes et de la

méthode pédagogique s'inspirant de l'initiation, la catéchèse vise à faire l 'expérience de la

vie chrétienne à travers la dimension cognitive (éducation de la foi), mais aussi à travers la

dimension affective (koinonia) et la dimension active (célébration).

Avec une telle compréhension élargie, la catéchèse s 'applique autant aux adultes, surtout

lorsque l 'éducation de la foi se fait par la célébration, l 'enseignement et l 'éthique. Utiliser

deux appellations différentes peut insinuer que l 'on est en présence de deux composantes

différentes l 'une de l 'autre. C'est plutôt le contraire : il ne faut pas organiser séparément la

catéchèse des enfants et celles des adultes donnant l ' impression de se retrouver devant deux

« domaines étanches et sans communication » (CT, n° 45).

La catéchèse est associée à l'enfance. En témoigne la terminologie utilisée au diocèse de Bathurst pour désigner cette composante : on parle de catéchèse pour les enfants et d'éducation de la foi pour adultes. Ne pourrait-on pas envisager un service de catéchèse qui soit à la fois pour les enfants, les adultes et les autres cohortes d'âges avec des moyens pédagogiques qui tiennent compte de la psychologie de chaque génération?

1.2.2 Le droit et le devoir de la catéchèse

Si les adultes se retrouvent eux aussi parmi les destinataires de la catéchèse, c'est parce que

l 'Église estime que c'est un besoin et un droit pour tout baptisé, peu importe son âge, de

recevoir une catéchèse adaptée qui lui permette de parvenir à la maturité chrétienne (DGC,

n° 167). Il s'agit d 'un « désir légitime de tout baptisé d'apprendre de l 'Église ce qu'el le a

reçu et ce qu'el le croit. » (DGC, n° 121) Le droit des fidèles de participer à la catéchèse, est

l 'un des thèmes majeurs de l 'exhortation apostolique Catechesi Tradendae :

D'un point de vue théologique, tout baptisé, du fait même de son baptême, possède

le droit de recevoir de l 'Église un enseignement et une formation qui lui permettent

d 'accéder à une véritable vie chrétienne (CT, n° 14).

Derrière cette insistance du pape dans l 'exhortation apostolique, il y a certes le contexte

géopolitique de l 'époque : les gouvernements communistes empêchaient l 'Église

d 'accomplir sa mission d'enseignement et faisaient obstacle, par la législation, aux citoyens

qui voulaient une éducation religieuse. Mais le pape aborde aussi le droit de la catéchèse

dans un contexte plus large encore en exhortant les Églises à proposer des programmes de

catéchèse pour divers groupes qui n 'ont pas accès à un enseignement à leur mesure. Ceci

est essentiel pour permettre à tous les fidèles de participer pleinement à la vie chrétienne et

d 'accéder ainsi à la maturité de la foi.

A ce droit des baptisés de recevoir un enseignement religieux, correspond le devoir des

Églises particulières d'offrir des programmes de catéchèse. A part la communauté

ecclésiale, nul n 'est autorisé à remplir ce devoir. C'est la communauté ecclésiale qui est

gardienne de la Révélation divine et qui peut l 'interpréter à la lumière de la Tradition. Pour

transmettre cette Révélation, la part de l 'Église est donc essentielle dans la catéchèse.

Surtout lorsque l 'on comprend que « la catéchèse n 'est autre que le processus de

transmission de l 'Évangile, tel que la communauté chrétienne l 'a reçu, le comprend, le

célèbre, le vit et le communique de diverses manières » (DGC, n° 105).

1.3 Le sujet du projet : l'Église

Non seulement l 'Église dans son ensemble est l 'objet de la catéchèse, mais elle en porte la

responsabilité. Dans l 'encyclique Evangelii Nuntiandi, le pape avait présenté le caractère

ecclésial de tout acte d'évangélisation (EN, n° 60). Le Directoire Général pour la

Catéchèse revient sur ce thème en parlant de la catéchèse comme un acte vivant de

tradition ecclésiale puisqu'elle est la transmission de la Révélation par l 'Église, œuvre de

l 'Esprit-Saint (DGC, n° 4 2 - 4 5 ) . 4 6 8 Le Directoire ne lésine pas sur le caractère ecclésial de la

catéchèse en affirmant clairement que l 'Église en est le principal sujet :

La catéchèse est un acte essentiellement ecclésial. Le vrai sujet de la catéchèse est

l 'Église qui, continuant la mission du Maître, Jésus, et sous l 'action de l 'Esprit, a

été appelée à être éducatrice de la foi (DGC, n° 78).

C'est donc à l 'Église dans sa globalité que revient la responsabilité d'évangéliser et de

catéchiser. Trop souvent, ces tâches ont été confiées prioritairement à quelques-uns, laissant

les autres dans une tiédeur qu 'on pourrait qualifier d 'anormale. Pourtant, tous ont cette

responsabilité d'évangéliser et de participer, au projet catéchétique. Paul disait :

« Annoncer l 'Évangile est une nécessité qui s ' impose à moi. Malheur à moi si j e

n 'annonçais pas l 'Évangile! » (I Co 9, 16) La communauté doit absolument être introduite

dans le parcours catéchétique. Le titre d'un article de Renier, Au cœur de l'acte liturgique

et de l'acte catéchétique : la communauté chrétienne, traduit bien la conviction de l 'auteur

que c'est la communauté chrétienne qui permet d'éviter que la liturgie et la catéchèse soient

vues comme étant en rapport de fo rces . 4 6 9

1.3.1 Au sein de la communauté, l'assemblée chrétienne

Il y a différentes modalités de communautés chrétiennes qui peuvent susciter et nourrir la

foi. En 1971, le Directoire Catéchétique Général présentait le groupe de catéchisés comme

4 6 8 La révélation est comprise ici comme l'acte par lequel Dieu se manifeste aux hommes : « par la révélation divine, Dieu a voulu se manifester lui-même et communiquer les décrets éternels de sa volonté sur le salut des hommes » (DV, n° 6). 4 6 9 Louis-Michel Renier, «Au cœur de l'acte catéchétique et de l'acte liturgique: la communauté chrétienne, » 39.

André Dupleix, « Rapport "Liturgie et Catéchèse" dans le chantier des évêques de France, » 283. 4 7 1 On verra à ce sujet les codifications ouvertes de la quatrième et de la cinquième question qui font largement état de l'assemblée chrétienne dominicale comme lieu de catéchèse pour tous. Il faut rappeler que l'expérience de l'assemblée des participants se réduit souvent à la messe dominicale. Nous avons pris ceci en considération : lorsqu'ils souhaitent des « messes plus vivantes », nous avons délibérément transposé le souhait au vécu de l'assemblée prise intégralement, c'est-à-dire dans toutes ses composantes (liturgie, catéchèse, vie fraternelle).

lieu privilégié de la catéchèse (DCG, n° 67). L 'assemblée synodale de 1977 sur la catéchèse

a fait un déplacement en mettant en valeur la paroisse comme lieu catéchétique. Ce lieu

d'expériences chrétiennes sera repris dans l 'exhortation apostolique post-synodale : « S'il

est vrai que l 'on peut catéchiser partout, j e tiens à souligner - conformément au vœu de très

nombreux évêques - que la communauté paroissiale doit demeurer l 'animatrice de la

catéchèse et son lieu privilégié (CT, n° 67).

Le Directoire Général pour la catéchèse de 1997 revient sur l ' importance de la paroisse en

la présentant comme « le lieu le plus significatif dans lequel la communauté chrétienne se

forme et se maintient. La paroisse est appelée à être une maison fraternelle et accueillante,

où les chrétiens prennent conscience qu' i ls sont le peuple de Dieu » (DGC, n° 257). Le

Directoire met en garde ceux qui seraient tentés de voir dans les mouvements ou les

associations un lieu catéchétique au même titre que la paroisse : « Il faut affirmer que les

mouvements ou les associations, en matière de catéchèse, ne sont pas une alternative

ordinaire à la paroisse, celle-ci restant la communauté éducative de référence proprement

dite » (DGC, n° 262). Nous voyons bien qu'entre le Directoire de 1971 et celui de 1997, un

déplacement majeur s'est effectué en faveur de la communauté comme lieu de catéchèse.

L'analyse des entrevues et le travail de croisement des concepts avec la théologie et les

sciences humaines, nous ont aussi permis de conclure « qu' i l n 'y a pas de bonne catéchèse

sans liens avec une communauté » . 4 7 0 La communauté qui est « l 'origine, le lieu et le but de

la catéchèse » ne saurait mieux se dire et se vivre qu 'à travers l 'assemblée chrétienne

dominicale (DGC, n° 158). A la lumière de notre analyse et du contexte social actuel,

l 'assemblée nous apparaît être la déclinaison de la communauté chrétienne à privilégier au

cœur du projet catéchétique. Tous les catéchètes rencontrés ont d'ailleurs insisté sur la

valeur de l 'assemblée chrétienne dans l'initiation catéchétique des enfants, mais aussi dans

la catéchèse des adul tes . 4 7 1

4 7 2 Monseigneur André-Mutien Léonard, Pastorale et catéchèse des sacrements (Québec : Éditions Anne Sigier, 2005), 25.

Dans ce choix de l 'assemblée, il est hautement significatif que, pour la formation de la

communauté chrétienne dans les pays de mission, le Concile Vatican II invite d 'abord et

avant tout à « faire naître des assemblées de fidèles qui, menant une vie digne de l 'appel

qu'elles ont reçu (cf. Ep 4, 1), soient telles qu'elles puissent exercer les fonctions à elles

confiées par Dieu : sacerdotale, prophétique, royale » (AG, n° 15). L 'assemblée est le lieu

désigné pour qu 'une communauté chrétienne puisse déployer ses fonctions. En insistant sur

les fonctions sacerdotale, prophétique et royale, ce passage montre que l 'assemblée ne se

limite pas au culte, mais qu'elle englobe aussi l 'annonce de l 'Évangile et le gouvernement

de la communauté. Les Pères du Concile voient l 'assemblée comme le sujet de la catéchèse,

mais aussi comme un lieu de catéchèse et d'expérience de la vie chrétienne. Puisque

l 'assemblée renvoie à l 'Église, et vice-versa, l 'assemblée devient pour ses membres un

signe symbolique et prophétique du Royaume qui est annoncé.

En misant sur l 'assemblée chrétienne dominicale comme lieu de catéchèse, l 'éventail des

personnes catéchisées s'élargit. Les enfants sont plongés dans ce bain ecclésial

éminemment catéchétique : « au contact d 'une communauté adulte qui croit, vit et célèbre,

la catéchèse des jeunes peut ainsi s 'accomplir de façon régulière par immersion dans une

réalité vécue, par-delà les aspects didactiques, toujours indispensables, par ailleurs, de leur

catéchèse spécifique » . 4 7 2 L'assemblée n ' a pas une valeur catéchétique uniquement pour les

enfants, mais pour tous ses membres qui ont besoin de redécouvrir la fraîcheur de

l 'annonce de l 'Évangile faite aux enfants. La mise en valeur de l 'assemblée chrétienne

réalise la complémentarité voulue d 'une catéchèse pour les enfants et pour les adultes (CT,

n°45) .

1.3.2 Une assemblée diversifiée

Si l 'assemblée chrétienne est un lieu de catéchèse et de liturgie qui permet de structurer la

foi, comment la définir au début de ce troisième millénaire? Elle ne peut pas être celle des

origines chrétiennes! Elle puise tout de même ses caractéristiques fondamentales dans

celles de Yecclésia. Une des premières caractéristiques que nous avons relevée de celle-ci

4 7 3 Alphonse Borras, « Assemblées dominicales et catholicité de l'Église, » 9. 4 7 4 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 52. 4 7 5 Emilio Rascot, « Beauté et exigences de la communion ecclésiale, » 13. 4 7 6 Claude Dagens, « L'Église propose la foi à travers la liturgie et les sacrements, » Esprit et Vie n° 178 (2007): 5.

relève du fait que « les chrétiens sont par excellence des gens qui se rassemblent » . 4 7 3 Ils se

rassemblent pour prier, pour prendre soin des pauvres, pour entendre la Parole, pour faire

mémoire de Jésus. C'est à cette marque que les premiers chrétiens étaient reconnus.

Bien qu'i l y ait diverses formes d'assemblées, « la plus typique est l 'assemblée dominicale

diversifiée. (.. .) C'est cette assemblée qui est sacramentellement exemplaire de la nature de

l 'Église » . 4 7 4 L 'assemblée rassemble ses membres, non parce que ces derniers se

ressemblent, mais parce que c'est dans cette diversité qu' i ls sont appelés à témoigner du

Christ. Pour être symbolique de la catholicité de l 'Église, l 'assemblée nécessite la présence

et la participation de plusieurs membres qui sont divers en regard de leur provenance, de

leur âge ou de leur expérience de vie. L'absence de cette diversité peut rendre difficile ou

biaiser la découverte de la réalité ecclésiale à travers ce symbole qu'est l 'assemblée. Cette

diversité est fidèle à la première assemblée chrétienne (Ac 2, 42-47) et rappelle que «la

communion ne découle pas d 'un sentiment d'affection, mais de la foi sur laquelle repose la

vie chrétienne : c 'est la communauté des croyants » . 4 7 5 C 'est une exigence difficile

aujourd'hui. Pourtant, comme le rappelle Dagens, il en va de l 'identité de l 'assemblée :

On ne choisit pas son Église. On la reçoit, on y accueille comme des frères et des

sœurs des gens qui sont comme ils sont, pauvres et riches, bien-portants et malades,

forts et faibles. On ne peut pas se résigner à se faire son Église « à la carte », selon

des critères subject i fs . 4 7 6

1.3.3 Différentes générations au sein de l'assemblée

Cette diversité des membres de l 'assemblée se manifeste à travers son caractère

intergénérationnel. L'assemblée chrétienne dominicale permet la communion entre les

générations dans un désir commun de s'aider mutuellement à devenir chrétien et à vivre en

chrétien. Ce caractère intergénérationnel de l 'assemblée amène une nouveauté en catéchèse

puisque celle-ci a souvent tendance à regrouper des gens du même groupe d 'âge :

Hier, on a beaucoup insisté sur la vie de groupes de pairs en catéchèse : des enfants

de même âge suivaient le même parcours catéchétique. Aujourd'hui, la présence du

groupe (ou plutôt la communauté) est affirmée dans sa nécessité, avec une

dimension volontiers intergénérationnelle. 4 7 7

Une assemblée intergénérationnelle permet aux enfants de pouvoir bénéficier du

témoignage de persévérance des anciens. Les adultes ont plus qu 'un rôle de soutien à

l 'égard des nouveaux venus : ils ont le devoir de continuer à approfondir la foi qu' i ls ont

reçue. Dans une assemblée intergénérationnelle, les adultes peuvent redécouvrir la fraîcheur

des Évangiles en l 'écoutant comme si c'était la première fois avec les enfants ou encore

redécouvrir la valeur des sacrements en s'y préparant avec les enfants. «La liturgie est le

lieu où peut être vécue, dans la rencontre entre les générations, l 'expérience fondatrice de la

présence en Église, du Christ vivant. » 4 7 8

Au sein d 'une assemblée chrétienne diversifiée, les jeunes ne sont pas ghettoïsés et

reçoivent des autres autant qu'i ls apportent. Le rôle des adolescents auprès des enfants peut

être considérable à cause de leur inf luence . 4 7 9 Et il y a aussi les oubliés de la pastorale, ceux

qui sont souvent pris pour acquis, les personnes âgées, qui gagnent de cette mise en valeur

de l 'assemblée puisqu'ils peuvent transmettre ce qu' i ls ont eux-mêmes reçu. Cet aspect

intergénérationnel devient donc une caractéristique de la nouvelle catéchèse, autant pour les

enfants que pour les autres cohortes d 'âges.

1.3.4 L'apostolicité de l'assemblée

En plus de la catholicité, l 'apostolicité de l 'Église se manifeste au sein de l 'assemblée

chrétienne puisque celle-ci a un caractère missionnaire. Par le soutien qu'el le apporte aux

catéchistes et aux autres ministres de l 'Église, par le souci de solidarité avec les plus

pauvres, par le partage d'expériences de vie, l 'assemblée révèle son caractère apostolique à

l 'égard de ses membres d'abord. Après un temps de ressourcement à la Parole, au pain et au

partage avec des frères et sœurs, l 'assemblée chrétienne poursuit le vivre-ensemble chrétien

4 7 7 Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 74. 4 7 8 André Dupleix, « Rapport "Liturgie et Catéchèse" dans le chantier des évêques de France, » 283. 4 7 9 On peut penser ici aux études sur la transmission des attitudes (chapitre 8) où le communicateur d'un message a autant d'importance que ledit message pour sa réception.

au cœur du monde, là où les laïcs ont la mission de faire pénétrer les valeurs évangéliques.

Si la difficulté est grande pour certains de répondre à la convocation et de se rassembler

avec des gens divers, la violence qui est exigée à soi-même au moment de quitter ce milieu

nourricier peut s'avérer encore plus grande.

Faire de l 'assemblée chrétienne dominicale un pôle majeur dans la vie chrétienne, c'est lui

permettre d'être missionnaire au cœur du monde, ce qui relève de sa vocation : signe

prophétique dans un monde vers lequel elle est constamment envoyée. Pour cela,

l 'assemblée sécrète d 'el le-même les services et désigner les ministres dont elle a besoin

pour réaliser sa mission au cœur du monde. Lorsqu'i l parle des ministres nécessaires pour

la mission, le Concile parle des ministres ordonnés, des catéchètes et des membres de

l 'Action catholique, de même que « les religieux et les religieuses (qui) remplissent, soit

par leur prière soit par leur dévouement actif, une tâche indispensable pour enraciner dans

les cœurs le règne du Christ, l 'y fortifier et l 'étendre plus au loin » (AG, n° 15). Il y a une

invitation pour chaque assemblée à discerner les ministres dont elle a besoin pour sa

mission. C'est pourquoi les Pères conciliaires ont affirmé qu 'au sein des assemblées,

on doit y organiser des associations et des groupements au moyen desquels

l 'apostolat des laïcs pourra pénétrer de l 'esprit évangélique toute la société (...) En

outre, pour l ' implantation de l 'Église et le développement de la communauté

chrétienne, sont nécessaires des ministères divers qui, suscités par l 'appel divin au

sein même de l 'assemblée des fidèles, doivent être encouragés et respectés par tous

avec un soin empressé (AG, n° 15).

2. L'assemblée au service de l'initiation chrétienne des enfants

La catéchèse doit viser à avoir un caractère permanent qui concerne tous les âges de la vie

(DGC, n° 274). Ceci étant dit et pris en compte, il y a un intérêt particulier de la part de

l 'Église à l 'égard des nouveaux venus. Pour eux, il doit y avoir un temps spécifique pour

l 'enseignement d 'un corpus de base des symboles chrétiens. Au début de l 'Église, ce sont

les catéchumènes qui étaient ces privilégiés de la catéchèse. Aujourd'hui, ce sont surtout les

enfants dans les pays de tradition chrétienne. A cet égard, nous voulons dégager des pistes

concrètes d 'un projet diocésain de catéchèse en regard des enfants puisque « bien sûr, la

catéchèse des enfants de 8-12 ans reste un socle solide de la formation des chrétiens » . 4 8 0

C'est la réalité socio-culturelle des jeunes familles, et la diversité religieuse qui s'ensuit,

qui apportent plusieurs raisons en faveur d 'un nouveau programme de catéchèse pour les

enfants. Nous présenterons donc en premier lieu cette diversité des profils familiaux qui

exige un nouveau modèle catéchétique. Nous nous pencherons aussi sur le concept de

« choix », si important de nos jours, qui nous fait militer en faveur d 'un nouveau modèle de

catéchèse (en plus de celui qui existe déjà) afin de permettre aux parents de choisir. Nous

verrons aussi quelques propositions pour articuler des temps de catéchèse pour les enfants

avec l 'assemblée chrétienne. Nous avons classé ces moyens autour de trois principaux

thèmes : les temps forts comme des moments d'offre catéchétique pour tous lors de

l 'assemblée, la célébration des dimanches « ordinaires », et les Écritures comme le mortier

qui unit ces pierres servant à l'édification de l ' identité chrétienne.

2.1 La diversité des profils familiaux

Les enfants inscrits à la catéchèse sont de milieux familiaux variés et différents. Les enfants

qui arrivent de familles « traditionnelles » sont de plus en plus rares. Le modèle familial est

en éclats: la monoparentalité fait place à des situations dans lesquelles les enfants se

retrouvent avec plusieurs parents et deux lieux de résidence. Si on ajoute à ces différents

profils familiaux la question religieuse, la diversité se multiplie. La prière et les choix de

vie en fonction des valeurs chrétiennes ne sont plus vécus dans la majorité des familles

chrétiennes, ce qui contribue à une grande variété de profils religieux parmi les enfants

inscrits à la catéchèse.

Certains enfants ont été éveillés à la foi dès leur jeune âge et arrivent de familles au sein

desquelles la dimension religieuse occupe une place importante. D'autres arrivent à la

4 8 0 Christian Dufour, « Papa, est-ce que je suis chrétien? » Catholiques en France : la revue de la Conférence des évêques de France, n° 31 (2007) : 3.

catéchèse sans avoir entendu parler de Dieu, et ce, même si la presque totalité des enfants 481

sont baptisés. Le niveau de préparation des enfants au moment de commencer leur

programme de catéchèse diffère d 'un enfant à l 'autre. Le constat que Reichert fait pour la

France peut aussi s 'appliquer aux communautés chrétiennes acadiennes :

Une vision de la catéchèse qui rassemblerait des personnes déjà croyants, avec la

fonction de les instruire dans une religion dont elles seraient déjà familières, est

clairement décalée par rapport aux conditions dans lesquelles agit aujourd'hui

l 'Ég l i se . 4 8 2

Dans un contexte de pluralisme religieux et de sécularisation, la catéchèse doit permettre

aux enfants de faire une première expérience de rencontre avec Jésus, ignoré jusqu'alors.

Pour la majorité des enfants, c 'est une catéchèse missionnaire et évangélisatrice qui doit

remplacer une catéchèse de chrétienté. Cette catéchèse de chrétienté suppose une foi déjà

éveillée qui s 'exprime dans la vie quotidienne puisque son contenu fait référence à des

expériences chrétiennes. Or le profil religieux des enfants nous dicte plutôt une catéchèse

qui permet une première plongée dans le bain ecclésial. Une telle offre catéchétique

permettra d'ailleurs à la communauté de prendre acte de l'état de la religion dans la société

actuelle et de faire ce passage salutaire. C'est dans cette perspective que Borras affirme :

« Une offre catéchétique pertinente peut justement aider à faire ce deuil (de la chrétienté)

en initiant à l 'expérience chrétienne et en introduisant à un nouveau vécu ecclésial. » 4 8 3

À cause de cette diversité de profils religieux, la catéchèse doit manifester un accueil et

offrir un programme qui tient compte de la situation des enfants. Or, malgré la diversité des

profils religieux des enfants et des parents, un seul programme de catéchèse est aujourd'hui

offert. Nous croyons qu 'à cause du rapport si différent des familles avec la foi chrétienne,

le maintien d 'un seul et même parcours de catéchèse ne tient plus la route. Ne faudrait-il

pas davantage valoriser la singularité de chacun? Ceci qui manifesterait la capacité de

l 'Église de pouvoir prendre acte d 'un trait culturel indéniable : l 'identité du sujet non plus à

4 8 1 Le baptême des enfants n'est pas nécessairement révélateur de la vie de foi d'une famille : faire l'inventaire des raisons qui ont motivé le baptême pourrait donner de bonnes indications de la multiplicité des façons de se situer par rapport à la foi au moment de présente un enfant au baptême. 4 8 2 Jean-Claude Reichert, «Refonder la responsabilité catéchétique de l'Église, » Études vol. 151 (2007) : 215. 4 8 3 Alphonse Borras, « Nouvelle paroisse et nouvelle catéchèse, » 403.

partir de ses ressemblances avec les autres, mais plutôt par la manifestation de ses

différences. Le programme actuel est-il à ce point suffisant qu' i l ne nous permette pas d'en

concevoir un autre? Le temps de proposer une diversité de parcours qui respecte le

cheminement de chacun nous semble venu; ce n 'est pas un luxe, mais une nécessité pour

l 'avenir de la catéchèse.

Pour satisfaire l 'ensemble, le programme actuel de catéchèse nivelle par le bas afin d'en

arriver à un dénominateur commun. Ce programme vise à présenter Dieu comme la Source

de la vie, de même que Jésus comme le Fils et l 'Esprit comme le transformateur; il cherche

à transmettre les éléments essentiels du Credo et quelques prières chrétiennes (le signe de la

croix et le Notre Père); enfin il prépare les enfants pour les sacrements de l'initiation

chrétienne. Cela est un minimum souvent insuffisant pour des enfants déjà éveillés à la foi

qui participent régulièrement à l 'assemblée dominicale. Sans abolir ou mettre de côté le

programme actuel de catéchèse, nous sommes en faveur d 'un autre programme pour les

enfants déjà éveillés à la f o i . 4 8 4 C'est ce que nous préconisons à l ' intérieur du projet

diocésain de catéchèse qui pourrait alors offrir deux programmes pour les enfants : celui qui

existe présentement, et un autre qui fait corps avec l 'assemblée chrétienne dominicale.

Cette option de deux programmes de catéchèse pour les enfants est un choix stratégique.

Dans un processus de changement, il peut être sage de ne pas abandonner complètement ce

qui s'est fait pendant des années : le programme actuel, connu et assimilé par nombre de

catéchètes, pourrait être revu pour que les liens avec l 'assemblée chrétienne soient plus

forts, mais le maintien de ce programme nous semble nécessaire dans une phase de

transition. Cette proposition transitoire permet de conjuguer le programme de catéchèse

traditionnel des enfants avec un autre programme rythmé sur le dimanche et qui,

conséquemment, s'adresserait à tous les membres de l 'assemblée chrétienne.

4 8 4 Cette ouverture à un autre programme ne dispense pas de la réflexion et de l'amélioration du programme actuel de catéchèse du diocèse de Bathurst qui pourrait lui-même être adapté au profil des familles qu'il veut aider; le projet-pilote effectué à la paroisse Saint-Pierre-aux-Liens de Caraquet durant l'année 2004-2005 le démontre. Les sessions de ce programme se sont déroulées le dimanche matin (juxtaposées à la célébration dominicale) pour permettre aux enfants de participer à l'eucharistie dominicale. Les lacunes que cette expérience a révélées pourront être corrigées : le nombre restreint de rencontres pourra faire place à une fréquentation hebdomadaire de l'assemblée où il est possible de prendre sa place; le contenu du programme de la catéchèse pourra être davantage en lien avec le calendrier liturgique; enfin, au retour dans la grande assemblée, les enfants pourront prendre une part active à la liturgie eucharistique, en étant servant d'autel par exemple.

Il y aussi des raisons pratiques à ce choix : le nombre d'enfants inscrits à la catéchèse

paroissiale et familiale est trop élevé pour permettre à toutes les paroisses de changer de

programme d 'une manière radicale. Enfin, si un seul programme de catéchèse, en lien étroit

avec l 'assemblée chrétienne dominicale, était proposé, cela pourrait être perçu comme une

forme d'encadrement de la part de l 'Église. Afin d'éviter une telle perception qui

assimilerait la catéchèse en lien avec l 'assemblée chrétienne dominicale avec un désir de

récupération, nous proposons dans un premier temps le maintien du programme actuel, tout

en mettant en place une nouvelle méthode catéchétique.

Ce nouveau programme serait en lien avec le souhait du Directoire Général pour la

Catéchèse de 1997 qui privilégie la paroisse comme lieu catéchétique, alors que le

programme de catéchèse actuel du diocèse de Bathurst mise davantage sur les parents et la

fami l le . 4 8 5 Le programme actuel a été conçu à partir de l 'adage voulant que les parents 486

soient les premiers responsables de l 'éducation chrétienne de leurs enfants. Comme le

fait remarquer Routhier, il est impossible dans le contexte actuel de maintenir cette vision :

En fait, l 'adage qui veut que les parents soient les premiers éducateurs de la foi de

leurs enfants s'est développé en contexte de chrétienté et ne se vérifie pas (ou peu) en

contexte missionnaire où ce sont souvent, ou de plus en plus, des enfants non éduqués ^ 487

chrétiennement qui chercheront Dieu ou demanderont à entendre l 'Evangile.

À partir des limites de penser la catéchèse à partir de la famille et des orientations du

Directoire de 1997, Routhier conclut « qu'i l ne faut pas - au moins de manière habituelle -

demander aux familles de prendre en charge la conduite de la catéchèse systématique de

leurs enfants. » 4 8 8 Le rôle de la famille est autre, et non moins important : il se situe

davantage du côté de l 'éveil religieux et de l'initiation à la vie chrétienne. La communauté

chrétienne a un rôle de soutien à l 'égard de ces parents éveilleurs et accompagnateurs de la

4 8 5 À la lumière du profil religieux des familles (à peine esquissé), nous pouvons remettre en question la possibilité et la capacité de tous les parents d'être catéchète. La situation peut ressembler à celle qui prévalait dans le milieu scolaire alors que plusieurs professeurs acceptaient d'être catéchètes comme un pis-aller et que leur témoignage de vie ne correspondait pas à ce qu'ils enseignaient. 4 8 6 II faudrait doser cette affirmation avec la présentation des évêques comme « les tout premiers responsables de la catéchèse, les catéchètes par excellence » (CT, n° 63). Si les parents sont les premiers responsables de l'éducation de la foi de leurs enfants, c'est bien en ordre d'apparition. 4 8 7 Gilles Routhier, Sacré Catéchèse! Quand tu déranges familles et paroisses, 35. 4 8 8 Gilles Routhier, Sacré Catéchèse! Quand tu déranges familles et paroisses, 33.

vie spirituelle de leurs enfants. C'est à la paroisse que revient le rôle de la présentation

systématique et structurée de la foi. Routhier le rappelle dans ce passage :

En privilégiant l 'assemblée comme lieu catéchétique, les enfants reçoivent ici une

catéchèse structurée et les parents sont soutenus dans l'édification de leur « Église

domestique ». Les parents sont soutenus lorsqu'ils sont habilités à répondre à leur

mission qui est celle du témoignage auprès de leurs enfants, de l 'accompagnement

dans la recherche de sens au fil des événements et de l'intériorisation de la

catéchèse reçue à l ' a ssemblée . 4 8 9

2.2 La liberté rendue possible

La diversité du profil religieux des familles devrait nous éveiller à la nécessité de proposer

le trésor de la foi selon plusieurs harmoniques : c 'est ainsi que l'offre catéchétique sera au

diapason de l'itinéraire de foi des parents et des enfants. Mais il y a plus. Un projet de

catéchèse qui permet aux parents de choisir le programme le plus approprié à leur

cheminement de foi honore la « capacité de choisir », si capitale de nos jours. Souvent, ce

qui a de la valeur aujourd'hui, c 'est ce qui a la capacité d'être choisi dans la liberté.

L' importance accordée au sujet et à sa capacité de choisir lui-même est une caractéristique

de notre temps. Derroitte fait remonter cette valeur au XVIII e siècle : « Une des principales

résultantes du Siècle des Lumières et du rationalisme scientifique, est le désir d 'autonomie

réflexive de chacun, qui se veut libre dans ses choix. » 4 9 0 La possibilité pour les parents de

choisir entre deux parcours est alors appropriée. De plus, faire un choix implique une prise

de responsabilité et engage la personne. Faire le choix d 'un programme catéchétique, c 'est

une façon de devenir acteur dans le cheminement de foi de son enfant.

D'ailleurs, les gens acceptent de moins en moins ce qui leur est imposé. Certains pourront

arguer que les parents sont libres d'inscrire ou non leur enfant à la catéchèse. Nous pouvons

Gilles Routhier, Sacré Catéchèse! Quand tu déranges familles et paroisses, 33. Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 40.

'Emilio Alberich, « Catéchuménat et catéchèse d'initiation, » dans Catéchèse et Initiation, 136.

en douter, légitimement selon nous. En Acadie, le nombre d'enfants inscrits à la catéchèse

est si élevé (99%) que cela crée une pression sociale suffisamment grande pour altérer la

liberté des parents. Dans ce contexte social, c 'est la bienséance (au minimum) qui fait

acquiescer les parents à quelque chose qu' i ls sentent imposé; cela ne permet pas cet

engagement nécessaire pour la réussite d 'un programme d'initiation chrétienne. Si les

parents devaient choisir (entre un programme ou un autre), il est fort à parier que la

réflexion suscitée amènerait un engagement différent.

Le fait de proposer un modèle catéchétique ou un autre permettra de renouveler la

présentation de la catéchèse : les gens ne verront plus la catéchèse comme un chemin

unique par lequel tous doivent passer pour cheminer et atteindre la maturité chrétienne. Le

choix du parcours catéchétique lance le message qu' i l y a plusieurs manières de parvenir à

la connaissance du Christ et à la maturité chrétienne. Puisqu'il y a plusieurs demeures dans

la maison du Père, il y a forcément plusieurs chemins pour y parvenir (Jn 14, 2).

Un choix de programmes n'est pas banal dans un monde où l 'Église est souvent perçue

comme une institution qui oblige chacun à rentrer dans un cadre précis et défini à l 'avance.

Avec un tel choix, nous voulons inscrire au cœur du projet diocésain de catéchèse le respect

de l'itinéraire de foi de chaque personne. Comme le catéchuménat antique le faisait, le

projet diocésain de catéchèse veut proposer « une catéchèse particulièrement attentive aux

exigences et au rythme des personnes, engagées dans un itinéraire de conversion qui

requiert un choix personnel » . 4 9 1 Cette vision accorde la priorité à la personne avant les

contenus ou les moyens. Ces derniers sont mis en œuvre pour être au service du

cheminement et pour favoriser la conversion personnelle.

Le projet diocésain de catéchèse a besoin de trouver les moyens qui permettent cette

exigence de liberté. Ceci n 'est pas secondaire en régime chrétien alors que la foi repose sur

une réponse libre. La possibilité laissée à une personne de pouvoir faire un choix peut

donner à voir Dieu comme celui qui veut et promeut la liberté, comme le dit Moingt :

2.3 Une catéchèse de temps forts à Tannée

Nous voudrions présenter quelques propositions concrètes pour aider les communautés

chrétiennes à présenter un programme de catéchèse aux enfants qui fréquentent l 'assemblée

chrétienne dominicale. Sous-jacentes à ces propositions suffisamment larges pour pouvoir

s'adapter à la diversité des possibilités en milieu paroissial, il y a quelques balises que nous

avons voulu respecter. D'abord, le lien entre la catéchèse des enfants et la liturgie.

Deuxièmement, la possibilité d 'un programme qui ne soit pas détaché d 'une offre

catéchétique pour les autres âges de la vie. Enfin, un programme qui soit en lien avec

l 'assemblée chrétienne dominicale.

Le programme actuel de catéchèse fait beaucoup d 'emprunts au monde scolaire. Les

catéchètes rencontrés déplorent cette situation. Ceci n 'est pas sans conséquences sur la

perception que les enfants ont de la catéchèse : c'est une activité académique s'adressant

Joseph Moingt, La transmission de la foi (Paris : Fayard, 1976), 60-61. 4 9 3 Voir à ce sujet l'article de Gilles Routhier, «Proposer l'évangile à nos contemporains marqués par un nouveau rapport au temps, » Mélange de sciences religieuses 59, n° 1 (2002) : 42-43.

Dans l 'ordre de la foi, une pédagogie induit toujours une certaine manière de

concevoir le rapport à Dieu (...) Il y a un rapport direct entre le comment du dire

actuel de la foi et le comment de la Révéla t ion . 4 9 2

Avec un tel choix, on ne parle plus de l'inscription à la catéchèse comme un rite normal et

obligé au même titre que celui de l 'inscription de son enfant à l 'école, mais comme une

invitation à reprendre à nouveaux frais l 'engagement pris au moment du baptême d 'éduquer

son enfant dans la foi. Le projet diocésain de catéchèse veut amener les parents à choisir le

projet de catéchèse qu' i ls entendent donner à leur enfant et du même coup, la place qu' i ls

veulent eux-mêmes prendre dans le cheminement de foi de leur enfant. Du même coup, les

parents doivent se situer eux-mêmes par rapport à la foi. L'inscription de leur enfant à la

catéchèse peut devenir un moment charnière dans leur cheminement spirituel, un

« moment » d 'une décision de f o i . 4 9 3

André Fossion, « La catéchèse comme initiation à la vie liturgique, » 100.

essentiellement à l 'intelligence. Dans ce contexte, il est normal que les enfants qui

éprouvent des difficultés à l 'école fassent la transposition : ils auront aussi de la difficulté

en catéchèse. Ceux qui ne se sentent pas bien dans le cadre scolaire ne seront pas plus à

l 'aise en catéchèse. Ceci ne pourrait-il pas expliquer en partie les nombreux problèmes de

motivation et de discipline de certains enfants, évoqués par les personnes rencontrées?

C'est la conclusion à laquelle en arrivent deux catéchètes rencontrées qui ont dû faire face à

des problèmes de discipline dans leur groupe de catéchisés (F-93, 94; G-98-101). Ce sont

souvent ces problèmes de discipline qui rendent ardue la tâche : « Pour moi aussi, ce sont

des problèmes de discipline que je trouve difficile » (C-102).

Il faut donc chercher, toujours selon ces catéchètes, à s'éloigner du monde scolaire et à

éviter ce qui lui ressemble (D-90-92). Parmi les emprunts notables de la catéchèse au

monde scolaire il y a la pédagogie essentiellement magistrale, l 'assiduité régulée comme à

l 'école, et le calendrier scolaire. Un programme de catéchèse en lien avec l 'assemblée

chrétienne dominicale devrait faire lever certaines des limites inhérentes au programme

actuel. En ce qui concerne la pédagogie, une catéchèse qui prend appui sur l 'assemblée

chrétienne adopte la méthode pédagogique de l'initiation et cherche à transmettre la foi

comme attitude (chapitre 8). Ce choix devrait permettre un mode de transmission différent

du mode magistral privilégié à l 'école. Quant à l 'assiduité, nous faisons le pari que le choix

entre deux programmes devrait apporter un engagement plus profond et une participation

plus régulière (surtout à l 'égard de ce nouveau programme qui misera sur la participation

hebdomadaire à l 'assemblée chrétienne).

Quant au calendrier, nous proposons de miser davantage sur le calendrier liturgique de

l 'Église et se servir des événements de la vie du Christ qui sont proposés comme mystères à

célébrer lors de la catéchèse. Nous pouvons voir ce fondement de la catéchèse sur le

calendrier liturgique comme s'inscrivant à l 'intérieur de l 'une des modalités pratiques que

propose Fossion pour mettre en rapport liturgie et catéchèse : « La liturgie ici est prise

comme point d 'appui pour la réflexion doctrinale, pour la maturation spirituelle, ou encore

pour susciter la conversion et l 'engagement dans le monde. » 4 9 4

2.3.1 Un calendrier en lien avec la célébration des mystères chrétiens

Ce choix d 'un autre cycle annuel que celui de l 'école nous semble tout désigné : adopter un

calendrier catéchétique distinct du calendrier scolaire permet cette distanciation souhaitée

entre catéchèse et école, et même entre catéchèse et enfance. Dans le cadre actuel, quand

septembre revient, on parle de rentrée catéchétique, tout comme on parle de rentrée

scolaire. Ceci nous semble décalé par rapport à la catéchèse. On peut légitimement se

demander s'il y a une nécessité de recommencer chaque année la catéchèse avec les enfants

qui sont déjà engagés dans une démarche de catéchèse. Quelques questions surgissent

d 'une telle pratique. La méthode pédagogique qui s'inspire de l'initiation chrétienne

n'appelle-t-elle pas une catéchèse permanente? La catéchèse doit-elle avoir ce rythme

d'alternance entre le travail et les vacances? Cela ne nourrit-il par l ' idée voulant que la

catéchèse soit un travail d'apprentissage d'ordre intellectuel qui doit s 'interrompre pour une

période laissant place à d'autres formes d'apprentissage? Qui dit « rentrée catéchétique »

dit qu' i l y a eu « sortie »! Est-ce vraiment le cas en catéchèse?

Cela n 'empêche pas le commencement d 'un parcours catéchétique pour un groupe

spécifique à chaque année. Mais une fois que des baptisés sont engagés dans une démarche

catéchétique, il serait souhaitable que cette démarche ne connaisse pas de ruptures, comme

c'est le cas dans le programme actuel de catéchèse. Des temps de catéchèse pendant la

saison des vacances scolaires (comme lors d 'un pèlerinage estival ou d 'un camp en plein-

air) viendraient dire que la catéchèse n'est pas qu 'un lieu d'enseignement magistral et

d'apprentissage intellectuel, mais un lieu de convivialité et d'initiation à un art de vivre

chrétiennement. . . à l 'année! Peut-être serait-il plus opportun de parler d'un rythme

différent ou d'un moment de répit à une certaine période de l 'année (l 'été par exemple)

suivi d 'un retour à des activités plus régulières par la suite?

Et ce retour n ' a pas besoin de coïncider avec la rentrée scolaire. D'ailleurs, le début du

mois de septembre sonne le retour de tant d'activités que les gens ne savent plus où donner

de la tête. Il serait peut-être à l 'avantage des destinataires de la catéchèse, tout comme des

catéchètes, de reprendre le cours normal des activités un peu plus tard au cours de

l 'automne. Ainsi, ne pourrait-on pas voir un nouveau départ des activités catéchétiques au

moment de l 'Action de grâce qui permet de rendre grâce pour les joies de l 'été achevé? Ou

encore à l 'occasion de la Toussaint? Ou encore marquer un recommencement des activités

avec le premier dimanche de l 'Avent qui représente le début de l 'année liturgique? Ces

moments (Action de grâce, Hallowe'en-Toussaint, préparation à Noël) sont de plus en plus

soulignés dans la vie sociale et pourraient tous coïncider avec des temps forts catéchétiques.

Ce temps fort de l 'automne devrait être repris au cours de l 'année. Ainsi, au cours de

l'hiver, le baptême du Seigneur et le mercredi des Cendres pourraient être soulignés.

Pendant le printemps, les grandes fêtes chrétiennes de Pâques ou de Pentecôte pourraient

être des moments de catéchèse structurée. Nous privilégions des temps forts catéchétiques

qui correspondent à des fêtes liturgiques. Ces fêtes rythment l 'année et ont la capacité de

fournir des repères permettant de se situer dans le temps.

D 'une année à l 'autre, ces moments forts de la catéchèse peuvent s'articuler autour de

thèmes différents pour faire saisir la richesse de la liturgie et de la vie de l 'Église. Ainsi,

lors d 'une année subséquente, les temps forts catéchétiques de l 'automne pourraient

s'articuler autour du dimanche missionnaire mondial en octobre, de la fête du Christ-Roi en

novembre ou de l 'Immaculée-Conception en décembre. L 'hiver pourrait mettre en valeur

l 'Epiphanie, la semaine de prière pour l 'unité des chrétiens ou encore le carême. Le

printemps est riche de fêtes liturgiques parmi lesquelles nous pouvons puiser pour arrimer

la catéchèse au calendrier liturgique : de la semaine sainte jusqu ' à la fête du Sacré-Cœur,

les occasions sont nombreuses pour catéchiser avec la liturgie. Même les fêtes liturgiques

en été (Saint-Jean-Baptiste, Saint-Pierre et Saint-Paul, la Transfiguration, l 'Assomption, la

Croix Glorieuse) peuvent devenir des moments forts de la catéchèse dans un cadre estival.

Ces célébrations des fêtes chrétiennes deviennent des moments forts de catéchèse. Bossuet

disait que l'institution des fêtes par l 'Église avait entre autres fonctions d'instruire les

fidèles. Il avait proposé un catéchisme des fêtes, se disant que si les chrétiens prenaient bien

l'esprit des fêtes, ils apprendraient tout ce qu 'un chrétien doit savoir. Une catéchèse

liturgique permet une réelle éducation de la foi pour les enfants, mais aussi pour les adultes.

C'est le sommet de la vision catéchétique de Bossuet :

La catéchèse liturgique, en déployant au cours de l 'année les Mystères du Christ et

la façon exemplaire dont les saints ont vécu, permet de développer pour le chrétien

adulte les mêmes vérités fondamentales qu' i l a reçues dans leur globalité pendant sa 495

jeunesse.

2.3.2 Des temps forts pour tous les membres de l'assemblée

Ces temps forts d 'un parcours catéchétique viendraient ponctuer le parcours catéchétique et

seraient vécus avec toute l 'assemblée chrétienne dominicale. Ainsi, à quelques reprises au

cours d 'une année, le dimanche (ou une partie du dimanche) serait un temps fort de

catéchèse, de liturgie et de vie communautaire pour tous les membres de l 'assemblée

chrétienne dominicale. Des activités seraient spécifiques pour les enfants et d'autres pour

les adultes; l 'ensemble des activités pourrait être présenté sous forme de carrefours où

chacun choisit selon ses in térê ts . 4 9 6 L 'un choisira de partager autour de la Parole, l 'autre

voudra connaître la récente encyclique, l 'autre choisira un atelier de création, un autre

encore s'initiera à la prière des psaumes. Ces temps de catéchèse culmineraient avec la

célébration de l 'eucharistie et des agapes pourraient permettre au rassemblement de se

prolonger dans le partage.

La possibilité de vivre au sein de l 'assemblée ces moments de catéchèse et de célébration

contribue au développement de l 'identité chrétienne. Les évêques français encouragent

fortement ces temps de catéchèse vécus avec toute l 'assemblée à cause de l 'expérience

ecclésiale qui y est sous-jacente :

Des temps de catéchèse organisés dans le cadre du rassemblement dominical

favorisent une expérience de l 'Église comme communauté de croyants quand ils

4 9 5 Elisabeth Germain, Langages de la foi à travers l'histoire, 83. 4 9 6 On peut penser aux assemblées déjeunes chrétiens lors des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). Les jours de catéchèse, tout l'avant-midi harmonise catéchèse, liturgie et partage. Un temps spécifique de catéchèse consiste en un enseignement donné par un évêque. Les jeunes partagent entre eux sur la Parole de Dieu, Ils sont invités à la prière par des chants, des méditations et les liturgies (celles du pardon et de l'eucharistie). Un autre exemple d'assemblée pendant laquelle se sont succédés des moments de catéchèse, des temps de louange et des rites sacramentels est la veillée baptismale lors des JMJ de Paris en 1997. Tout cela s'est fait avec une heureuse alternance entre catéchèse et liturgie. Les rencontres de Taizé pour les jeunes sur la colline bourguignonne allient aussi les temps de prière communautaire dans l'Église de la Réconciliation et les enseignements donnés par les frères de la communauté. Tout cela est fait dans un esprit de fraternité et d'universalité, caractéristique de la vie à Taizé. Les frères disent d'ailleurs que les introductions bibliques n'auraient pas l'effet bénéfique qu'elles ont sans la prière qui prépare les cœurs.

4 9 7 Conférence des évêques de France, Texte National pour l'orientation de la catéchèse en France et principes d'organisation, 33.

intègrent des temps conviviaux et développent le partage entre personnes de

générations et de situations différentes : parents d'enfants catéchisés, néophytes,

familles, fiancés, catéchumènes, pratiquants habituels. Les chrétiens se découvrent

partie prenante de la catéchèse lorsque des étapes liturgiques, célébrées avec

l 'assemblée du dimanche et la famille des catéchisés, rythment la proposition

catéchétique qui conduit aux sacrements . 4 9 7

La célébration de ces temps forts est vue comme un point d 'ancrage dans le projet de

catéchèse. Ces temps forts concernent la catéchèse de toute la communauté : celle des

enfants et des plus grands. Lors de ces temps forts, les enfants pourraient être préparés aux

sacrements de l'initiation chrétienne. L'ouverture et la flexibilité dans le projet diocésain de

catéchèse devraient permettre aux autres enfants (inscrits dans le programme traditionnel de

catéchèse) de pouvoir participer à ces assemblées. Ces moments forts pourraient même

devenir les occasions (2-3 par année) de rassembler tous les enfants inscrits à la catéchèse

(au programme avec des sessions ponctuelles ou au programme avec l 'assemblée

chrétienne dominicale) pour la célébration de certains rites de passage (ex. : remise des

Évangiles, préparation aux sacrements, présentation à la communauté, etc.).

2.4 Une catéchèse du dimanche

Entre ces moments forts de catéchèse, des moments plus « ordinaires » permettront aux

membres de l 'assemblée de méditer la Parole et de mettre en pratique les enseignements du

Christ dans leur vie personnelle et communautaire. Toutes les célébrations dominicales

n 'ont pas besoin d 'avoir le déploiement catéchétique des moments forts d'ancrage. Malgré

tout, chacun des dimanches de l 'année liturgique, qu' i l soit marqué par la fête ou non,

permet une intelligence du christianisme à travers les symboles de la liturgie et l 'ensemble

des mystères de la vie du Christ qui se déploie avec richesse tout au long de l 'année

liturgique (SC, n° 102).

4 9 8 Service national de la catéchèse et du catéchuménat. Des temps de catéchèse communautaires pour Vannée liturgique, sous la direction de Jean-Claude Reichert (Paris-Bayard, 2006), 17. 4 9 9 Cette participation des parents (et des parrains-marraines) à une catéchèse lors de l'assemblée ne signifie pas nécessairement que l'intégralité de la catéchèse se fasse avec l'ensemble de l'assemblée. Ici aussi, l'adaptation du message aux destinataires est essentielle. Ainsi, on pourra prévoir un moment spécifique de rencontre avec ce groupe avant la liturgie eucharistique (ou après) afin de pouvoir voir ensemble certains points (soit ceux de la doctrine ou encore ceux d'ordre pratique).

C'est dans ce sens que le Service national de la catéchèse et du catéchuménat français dit

que « l 'année liturgique est d 'abord un lieu privilégié de la foi. Au fil des dimanches et

fêtes, elle déroule les grands événements où Dieu se révèle dans son désir de salut pour

tous » . 4 9 8 La lecture et la méditation des textes des Écritures permettent une compréhension

des hauts faits de la geste de Dieu à travers les âges. De plus l 'assemblée vécue le dimanche

rappelle le mystère central de la foi : la résurrection du Christ et son apparition, renouvelée

huit jours plus tard (Mt 28, 1 ; Jn 20, 26).

2.4.1 L'assemblée chrétienne dominicale en lien avec les temps forts

Lors de ces assemblées dominicales « ordinaires », les enfants continueront à recevoir une

catéchèse spécifique à leur âge pendant la liturgie de la Parole de l 'assemblée. Chaque

communauté verra à choisir un contenu en lien avec la liturgie. Ces assemblées dominicales

« ordinaires » peuvent être liées aux temps forts de la catéchèse (dont nous avons parlé dans

la section précédente). Illustrons notre propos à l 'aide du baptême. Si un temps fort de

catéchèse prévoit la célébration communautaire du baptême, il pourra être opportun au

cours des dimanches précédents de réfléchir sur le baptême chrétien. Les parents qui

présentent un enfant au baptême pourront être invités à l 'assemblée pour recevoir lors de

celle-ci la catéchèse nécessaire pour entrer dans la liturgie. En faisant de l 'assemblée

chrétienne dominicale le lieu de la catéchèse préparatoire au baptême, les traits principaux

de la vie baptismale qui sont présentés aux parents sont rendus visibles par le témoignage

de l 'assemblée : l 'accueil dans une communauté, la célébration dominicale du mystère

pascal qui est l 'écho du baptême dans la vie des chrétiens, la symbolique de la foi, e t c . 4 9 9

Ceux qui seront baptisés pourront même être présentés à l 'assemblée un des dimanches

précédents la célébration du baptême. Cette démarche décloisonne les activités ecclésiales

et rassemble les membres de la communauté.

Les dimanches qui suivent ce temps fort pourront prendre un caractère mystagogique (à

l 'exemple des catéchèses mystagogiques des Pères de l 'Église qui privilégiaient la

catéchèse des sacrements après que ceux-ci aient été vécus). Le retour sur la célébration et

sur les gestes symboliques qui auront été faits aidera à approfondir les gestes du baptême

chrétien. Une liturgie suivie d 'une relecture qui peut faire l'objet d 'une catéchèse

spécifique se positionne dans une perspective plus mystagogique, ce qui en fait un « temps

où la relecture, où l'interprétation est une œuvre nouvelle » . 5 0 0

Ces catéchèses mystagogiques peuvent aussi aider à éviter un cloisonnement néfaste entre

catéchèse et liturgie. En catholicisme de rite latin, le parcours habituel est plutôt celui qui

va de la catéchèse vers la liturgie depuis quelques siècles. Cela est manifeste dans le

programme actuel de catéchèse où la catéchèse «es t conçue comme l 'étape de la

préparation et de l'anticipation de la vie ecclésiale. » 5 0 1 En faisant ainsi précéder la

célébration des sacrements par la catéchèse, on renforce l ' idée que catéchèse et liturgie sont

deux moments distincts de la vie chrétienne. Or, ces deux moments doivent se vivre

simultanément : les catéchèses mystagogiques, qui appartiennent aux modèles des grandes

catéchèses des Pères de l 'Église, peuvent faire saisir que toute célébration renferme une

catéchèse et que toute catéchèse à l 'œuvre est elle-même célébration. La liturgie n 'est plus

uniquement la conséquence de la résonance de la parole dans une démarche croyante, mais

aussi le point de départ d 'une catéchèse.

2.4.2 À la lumière du modèle catéchuménal

Ce projet diocésain de catéchèse qui veut faire de l 'assemblée chrétienne dominicale le lieu

premier d 'une catéchèse permanente propose une catéchèse plus systématique pour les

enfants. Ces derniers arrivés ont besoin d'être initiés à la vie de foi. Cette place privilégiée

faite aux enfants dans notre projet de catéchèse l 'est au même titre que la place de choix

faite aux catéchumènes qui avaient besoin d 'un accompagnement soutenu pour être intégrés

dans l 'Église. Pour inspirer notre projet diocésain de catéchèse, nous sommes invités à

puiser dans la tradition de l 'Église des modèles susceptibles de nous aider. Sans vouloir

5 0 0 Séminaire de recherche catéchétique de l'ISPC, « Catéchèse et liturgie. Actions de la Parole qui prend corps, » Lumen Vitae LIX, n° 3 (2004) : 313. 5 0 1 Denis Villepelet, « La liturgie comme médiation de la catéchèse, » La Maison-Dieu 234 (2003-2) : 66.

tourner le dos aux méthodes pédagogiques mises de l 'avant par la pédagogie et les sciences

humaines (le Magistère invite plutôt à en tirer profit, cf. CT, n° 17), il faudrait avoir

davantage recours à l 'héritage de l 'époque patristique afin de ne pas exclure ces

expériences ecclésiales.

Puisque l 'Église a une tradition catéchétique si riche et si variée qui remonte, par

delà les.Pères, jusqu 'à l 'époque du Nouveau Testament, il serait souhaitable que

(...) cette tradition soit davantage mise en valeur qu 'el le ne l'a été ces dernières

années où des méthodologies modernes, souvent importées par des milieux

profanes d'éducation, ont absorbé les catéchistes jusqu 'à leur faire oublier, ou

presque, leurs propres traditions catholiques d'enseignement, si riches et si 502

anciennes.

Au Concile Vatican II, le catéchuménat fut proposé aux Églises comme modèle de toute 503

catéchèse. Il y a des « éléments du catéchuménat qui doivent inspirer la catéchèse

actuelle » (DGC, n° 90), notamment en ce qui a trait à l'articulation entre catéchèse et

liturgie (SC, n° 64). La catéchèse qui s'inspire du catéchuménat « valorise au maximum le

rapport entre catéchèse et liturgie et la grande richesse de la catéchèse liturgique » . 5 0 4 Dans

le catéchuménat, le lien avec l 'année liturgique est manifeste : la préparation immédiate aux

sacrements pendant le carême et le temps de la mystagogie au cours du temps pascal.

Les travaux de Giguère ont montré que la maturité chrétienne est atteinte par étapes

progressives et success ives . 5 0 5 Le catéchuménat permet de rythmer un tel cheminement

puisqu'il s 'échelonne sur différentes étapes (appel, scrutins, remise du symbole, etc.) qui

sont ritualisées en présence de l ' a ssemblée . 5 0 6 À l 'aide de ce modèle, diverses étapes

pourraient être proposées aux enfants inscrits à la catéchèse, chaque fin d'étape étant

5 0 2 R.-J. Levis et M.-J. Wrenn, Jean Paul II catéchiste (Paris : Téqui, 1982), 88. 5 0 3 «Les évêques doivent s'efforcer de restaurer et d'aménager le catéchuménat des adultes » (CD, n° 14; DGC, n° 90). 5 0 4 Emilio Alberich, « Catéchuménat et catéchèse d'initiation, » dans Catéchèse et Initiation, 137. 5 0 5 Paul-André Giguère, Catéchèse et Maturité de la foi. 5 0 6 Les quatre étapes du catéchuménat antique sont : le pré-catéchuménat qui est le temps de la première évangélisation, le catéchuménat qui consiste en la catéchèse intégrale et à la remise des Évangiles, le temps de la purification et de l'illumination qui prépare plus intensément aux sacrements d'initiation et enfin le temps de la mystagogie (DGC, n° 88).

célébrée par un rite au sein des temps forts de l 'assemblée chrétienne. Ainsi par exemple,

entre le baptême (aujourd'hui reçu quelques semaines après la naissance) et la confirmation

(reçu au début de l 'adolescence), ne pourrait-on pas imaginer un temps d'initiation

chrétienne fait à la fois de catéchèse et de rites liturgiques aboutissant à la confirmation, et

à une première maturité de la foi?

En s'appuyant sur le modèle catéchuménal pour articuler l 'enseignement catéchétique aux

rites liturgiques et sacramentels, il n 'est pas hors propos de se questionner sur la séquence

des sacrements de l'initiation chré t ienne . 5 0 7 L 'ordre effectif dans la réception de ces

sacrements est le baptême suivi de la confirmation et ensuite de l 'eucharistie. Il y a une

sagesse de l 'Église naissante qui confirmait les enfants avant même que ces derniers

communient : l 'Esprit-Saint, qui est le principal acteur de la liturgie eucharistique, doit

d 'abord être reçu et accueilli dans la vie d 'un baptisé pour que celui-ci puisse entrer dans le

mystère eucharistique. C'est une foi baptismale confirmée qui ouvre sur l 'eucharistie. Les

Églises d'Orient ont conservé cet ordre traditionnel des sacrements de l'initiation (baptême-

confirmation-eucharistie). Ce n'est que par impossibilité de conférer la confirmation au

moment du baptême qu 'on a toléré la réception de la communion avant la confirmation.

Aujourd'hui, dans une grande partie de l 'Occident, la première communion des enfants se

fait dès l 'âge de sept a n s . 5 0 8 Un léger report pourrait permettre de célébrer la confirmation

d'abord (à l 'âge de raison, tel que proposé par le Code de droit canonique en accord avec la

tradition la plus ancienne et une pratique séculaire) et donner ainsi à ce sacrement sa vraie

signification. Dans le contexte actuel, la confirmation est vue comme la fin des activités

catéchétiques (une sorte de « graduation » comme on l 'entend pour la fin d 'un cycle

d'études) et le passage de l 'enfance à l 'adolescence. Or, la signification première de ce

sacrement n'est-elle pas le don plénier de l 'Esprit-Saint? La confirmation est à mettre

Dans la présentation de ses propositions transitoires pour le passage d'une catéchèse des enfants vers une catéchèse et une pastorale sacramentelle permanentes et communautaires, Monseigneur Léonard fait le choix de reporter la première communion à un âge plus avancé et de faire de la confirmation le déploiement du baptême dès l'âge de raison. Dans Monseigneur André-Mutien Léonard, Pastorale et catéchèse des sacrements, 43-53. 5 0 8 Lorsque Pie X a proposé et encouragé la communion des enfants dès l'âge de raison, la société était «chrétienne » dans son ensemble et l'enfant baignait dans cet univers. S'approcher de l'autel dès l'âge de sept ans ne paraissait pas comme un rite sans signification au début du siècle dernier. Alors qu'aujourd'hui, le contexte social justifierait un report de la première communion.

davantage en lien avec le baptême qu'el le vient sceller d 'une certaine manière. Faire de la

confirmation un rite d'entrée dans l 'âge adulte et/ou dans une période d'engagement

ecclésial, c'est sacrifier sa signification première de don de l 'Esprit.

Si, pour une raison d'ordre pratique (liée essentiellement au ministre du sacrement), on a

décalé le sacrement de la confirmation de la célébration du baptême, c'est aussi pour une

autre raison pratique (liée au contexte social) que cette option devrait être discernée. Cette

raison, conjuguée avec la nature théologique de la confirmation, mérite d'être discutée au

sein d 'un comité diocésain de catéchèse. Si la proposition trouvait bon accueil et était jugée

favorable, une période d'information de la nouvelle pratique serait nécessaire : on ne peut

proposer une première communion plus tardive (à la fin du cycle catéchétique par

exemple), associée à une confirmation plus précoce, sans une période d'éducation. Cette

proposition pourra trouver sa signification si elle est insérée dans un programme

catéchétique qui fait percevoir un ordre logique à la séquence des sacrements de l'initiation.

Dans notre projet de catéchèse, on cherchera à célébrer les sacrements lors de l 'assemblée

chrétienne, ce qui viendra mettre en valeur le rôle de soutien et la dimension missionnaire

des assemblées. Ainsi, le baptême pourra être célébré lors de l 'assemblée. Les notes

doctrinales et pastorales du Rituel du baptême des petits enfants privilégient les baptêmes à

l 'intérieur de l 'assemblée chrétienne (sauf évidemment, comme le précise le Rituel, dans les

paroisses où ils sont trop nombreux; dans ces cas, on pourra se limiter à le faire à quelques

moments particulièrement significatifs comme le baptême du Seigneur ou lors du temps

pasca l ) . 5 0 9 Un catéchète rencontré lors de l 'entrevue dit que « le baptême à l 'intérieur de la

messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'assemblée » (R-126).

La première communion lors de l 'assemblée dominicale peut aussi permettre à l 'assemblée

de vivre une catéchèse sur l 'eucharistie. De même, la confirmation lors de l 'assemblée

5 0 9 Le Rituel du baptême des petits enfants précise en disant (n° 9) : « Pour mettre en lumière la nature pascale du baptême, il est recommandé de célébrer celui-ci durant la vigile pascale, ainsi que le dimanche, jour où l'Église commémore la résurrection du Seigneur. Le dimanche, le baptême pourra être célébré, si on le désire, au cours de la messe, pour que toute la communauté soit associée à sa célébration et pour qu'apparaissent plus clairement le lien entre le baptême et l'eucharistie. » Le Rituel précise aussitôt la nécessité d'une catéchèse de toute l'assemblée pour que la célébration du baptême soit signifiante : « Le baptême ne peut être communautaire si une partie de l'assemblée se sent étrangère à ce que vit l'autre partie. Il est bien certain que l'assemblée dominicale signifie au plus haut point cette communauté faite d'hommes et de femmes de toutes catégories, de tout âge, de toute condition à laquelle l'enfant est agrégé par son baptême. »

2.5 Les Ecritures, fondement de l'assemblée chrétienne dominicale

Le Concile Vatican II a insisté sur l ' importance de la Parole de Dieu dans la vie de l 'Église,

notamment au cours de l 'assemblée. La Parole de Dieu est vue comme la « source première

et indispensable » de l'esprit chrétien et de la «fonction catéchétique» de la liturgie (SC, n o s

14, 33). « Dans l 'assemblée dominicale, comme du reste dans toute célébration

eucharistique, la rencontre avec le Ressuscité a lieu par la participation aux deux tables de

la Parole et du Pain de vie. » (DD, n° 39) Pendant de nombreuses années, la table de la

Parole était peu copieuse aux yeux de certains. En 1958, Dalmais se demandait : « N'a-t-on

pas accordé une importance trop exclusive à l 'aspect cultuel de la liturgie au dépend de son

aspect prophétique et catéchétique? » 5 1 1

Notre projet diocésain de catéchèse veut faire une place de choix à la Parole. C'est elle qui

fait le lien entre les différentes composantes de l 'assemblée : la liturgie actualise ce que la

Parole annonce et la charité permet de vivre cette Parole. Au cours des temps forts, des

En ce qui concerne la célébration de la confirmation lors de l'assemblée chrétienne dominicale, l'expérience vécue aux paroisses Saint-Paul et Saint-Simon (contrairement à sa célébration sur semaine en l'absence de l'assemblée chrétienne) fut évaluée positivement par l'ensemble des intervenants (catéchètes, parents, conseils paroissiaux, etc.) Le climat de prière et le soutien apporté par la présence de l'assemblée a été d'une grande valeur pour la célébration. De plus, les confirmés ont pu se sentir accueillis au sein d'une assemblée qui dépasse le groupe de catéchèse ou la famille immédiate. Vécue lors de l'assemblée, la confirmation peut aussi être préparée avec l'ensemble des membres au cours des semaines qui précèdent la célébration et permettre ainsi une catéchèse de toute la communauté. L'assemblée peut être invitée à jouer un rôle actif à l'égard des confirmands en parrainant un de ceux-ci dans la prière. Ce qui vient d'être dit de la confirmation peut aussi être dit des autres sacrements qui gagnent à se vivre lors de l'assemblée chrétienne dominicale à l'occasion, selon les possibilités offertes par les rituels. 5 1 1 I. H. Dalmais, Initiation à la liturgie, 49.

chrétienne a une dimension communautaire et catéchétique d 'une valeur sans é g a l . 5 1 0 À

côté de ces sacrements de l'initiation chrétienne, d'autres sacrements gagnent aussi en

signification lorsqu'ils sont célébrés lors de l 'assemblée. L'onction des malades au sein de

l 'assemblée chrétienne met en valeur le rôle de soutien à l 'égard des malades et peut

permettre une catéchèse sur le sens de la souffrance et de la maladie pour un chrétien.

Plusieurs rituels proposent la célébration des sacrements en présence de l 'assemblée

chrétienne dominicale (ex. : le baptême).

propositions pourront être faites pour approfondir les Écritures et partager autour de la

Parole. On pourra voir à commenter la Parole à partir de l 'expérience des autres : un

chrétien n 'est jamais seul en face de la Parole, ni le premier à entrer en dialogue avec elle.

Le Directoire Général pour la Catéchèse déplore que « la référence à l 'Écriture Sainte est

quasi exclusive, et pas suffisamment accompagnée de la réflexion et de la vie bimillénaire

de l 'Église. La nature ecclésiale de la catéchèse apparaît, dans ce cas, moins claire » (DGC,

n° 30). Souhaiter que l 'assemblée chrétienne dominicale fasse une plus grande part à la

Parole sur la table qui nourrit les fidèles, c'est opter pour de nouveaux moyens de faire la

catéchèse comme le montre bien Cassingena-Trévedy :

La digestion intimiste ne suffit pas. Sans doute y aurait-il lieu, à l 'avenir, que nous

discutions davantage entre nous de cette Parole. Chacune de nos célébrations, pour

être vraie, devrait être précédée et suivie par les agapes d 'un débat provoqué par la

Parole. Car c'est cela, aussi, au fond, la fraction du pain. C'est dans le même instant

que le pain se rompt, que la Parole s'explique et que les cœurs sont portés à la

température de charité (Le 24, 13-35). Comment pouvons-nous célébrer

l 'eucharistie, si nous ne mettons pas vraiment la Parole en commun? Elle est le

fondement même de la communauté. La liturgie, au fond, est toujours sur Pa ro le . 5 1 2

La Parole sera aussi au coeur de ces dimanches dits ordinaires. « Il faut également

revaloriser les contenus des lectionnaires, la structure de l 'année liturgique, l 'homélie du

dimanche et d'autres occasions de catéchèse particulièrement significatives. » (DGC, n°

207) Ainsi, pour les adultes, la liturgie de la Parole permettra un moment de catéchèse,

notamment lors de la présentation de lectures et d'autres monitions (F-148, 163), et au

moment de l 'homélie qui est « nécessaire pour nourrir la vie chrétienne » (PGMR, n° 41).

Pour les enfants, le contenu de leur catéchèse sera aussi fondé sur la Parole. A travers la

fréquentation des Écritures au cours d 'une année liturgique, les enfants seront initiés aux

mystères de la vie du Christ. Cette catéchèse sera animée par des catéchètes. La résistance

face à la catéchèse biblique lors de son apparition au cours des années 1950 et les

difficultés actuelles répertoriées lors des entrevues nous incitent à accompagner ces

catéchètes dans le cadre du projet diocésain de catéchèse.

5 1 2 François Cassingena-Trévedy, « Quelques pierres d'avenir pour la liturgie, » 4.

2.5.1 Résistances face à la catéchèse biblique

La catéchèse prenant appui sur les Écritures a été favorisée par «l 'accession des catéchistes

et des catéchisés aux ressources de la Bible, ce qui était nettement nouveau en milieu

catholique. » 5 1 3 Or, l 'expérience montre que cette catéchèse biblique a rencontré des

résistances au dépar t . 5 1 4 L 'événement pascal de la mort-résurrection du Christ devenait

alors central : « on réfléchit sur l 'événement pour mieux le connaître, pour approfondir sa

signification, ses conséquences dans nos vies, l 'appel qu ' i l constitue et la réponse qu 'on

doit y donner, d 'où les autres dimensions du contenu de la catéchèse » . 5 1 5

La présentation générale du cycle d'initiation du catéchisme Viens vers le Père révèle la

difficulté de la majorité des enseignants à l 'égard de la Bible. Afin de pallier ces difficultés,

on recommandait aux catéchistes de s'en tenir aux textes du Nouveau Testament : « une

présentation correcte des personnages et des épisodes de l 'Ancien Testament comporte de

sérieuses difficultés, surtout avec les jeunes enfants. Plutôt que de risquer, au départ, un

mauvais aiguillage dans l 'intelligence de ces épisodes, nous avons jugé préférable d'en

parler lors d 'une autre année » . 5 1 6

L'initiation biblique allait devoir se frayer un chemin malgré toutes ces difficultés qui sont

normales lorsqu'on considère que pendant des générations, les gens n'avaient pas toujours

eu accès directement aux Écritures. Il fallait avoir la patience des généalogistes afin de

connaître les membres de la famille contenus dans l 'histoire du salut. « Il faut du temps. Il

faut probablement plus qu 'une génération. Il faut aussi une méthode appropriée, une

démarche que nous n 'avons pas fini d'inventer pour ce qui est de l'initiation biblique. » 5 1 7

5 1 3 Jean-François Bouchard. « D'où venons-nous? Où allons-nous? Liturgie et catéchèse : histoire de leurs rapports, » 16. 5 1 4 On peut comprendre les résistances des enseignants peu formés aux sciences bibliques face au défi énorme de cette nouvelle façon d'aborder la catéchèse à partir de l'événement pascal. Ces professionnels de la catéchèse n'étaient pas habitués à avoir un contact direct avec la Bible et l'univers biblique. Ce contact a révélé l'énorme disparité entre l'univers biblique et l'univers contemporain, ce qui rendait difficile la compréhension des récits bibliques pour nombre d'enseignants. Non seulement la catéchèse avait recours à la Bible pour justifier sa doctrine, mais la catéchèse était désormais fondée sur l'histoire du salut révélée dans les Écritures. Les récits bibliques furent choisis comme la base du catéchisme et c'est à partir d'eux qu'on faisait découler les dimensions principales de la foi. 5 1 5 Jacques Laforest. « La réforme catéchétique des années 1960-1970. En lien avec la liturgie, » 26. 5 1 6 Office catéchistique provincial, Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître, 10. 5 1 7 Jacques Laforest. « La réforme catéchétique des années 1960-1970. En lien avec la liturgie, » 28.

Malgré l 'énormité de l 'entreprise, l'initiation biblique s'avère nécessaire puisque la Parole

permet d'intégrer l 'ensemble des composantes de la vie chrétienne. Les dernières années

auront permis de mesurer l ' importance d 'accompagner les catéchètes en vue d 'une

catéchèse qui s'inspire des Écritures dans le projet diocésain de catéchèse.

2.5.2 Difficultés actuelles de la catéchèse biblique

L'analyse des entrevues a révélé la difficulté des catéchètes eux-mêmes à comprendre et à

transmettre le contenu de la catéchèse à partir du quatrième niveau. Conséquemment,

l 'intérêt des enfants en souffre. Or, l 'analyse des programmes révèle que c 'est à partir du

quatrième niveau de catéchèse (dans le programme actuel de catéchèse au diocèse de

Bathurst) que l 'univers culturel de la Bible est p résen té . 5 1 8 C'est aussi à partir de ce niveau

que les enfants sont invités à chercher le sens de certains passages du Nouveau Testament.

La difficulté que les catéchètes éprouvent à partir de ce niveau ne viendrait-elle pas d 'une

difficulté à l 'égard de la Bible et de son univers?

Les résistances et les difficultés actuelles des parents d'aujourd'hui à l 'égard de la Bible

ressemblent à celles de leurs enseignants dans les années 1960-1970. Les difficultés sont

toujours présentes puisque ces enfants d'alors devenus adultes aujourd'hui ont reçu un

enseignement biblique par un professeur qui n'était pas à l 'aise et qui ne maîtrisait pas le

contenu. Le malaise s'est transmis d 'une génération à l 'autre. Dans un tel contexte,

comment alors développer une compétence et susciter un intérêt pour la Bible? Le projet

diocésain de catéchèse doit voir à l'initiation biblique de ses catéchètes pour mettre un

terme à cette difficulté.

3, Une assemblée liturgique

Jusqu 'à date, nous avons surtout présenté l 'assemblée chrétienne comme un lieu de

catéchèse. Or, l 'assemblée qui est au cœur du projet diocésain de catéchèse est aussi une

assemblée liturgique. Si nous avons choisi de privilégier les termes d'assemblée chrétienne

5 1 8 Jusqu'à ce niveau, le contenu puise davantage aux symboles chrétiens et aux valeurs chrétiennes.

dominicale sans l 'épithète « liturgique » ou « eucharistique » dans le concept intégrateur,

c'est pour signifier que l 'assemblée chrétienne ne se limite pas à la liturgie, bien que notre

histoire et nos pratiques actuelles font pourtant de l 'assemblée chrétienne dominicale une

assemblée essentiellement liturgique. La section précédente a justement voulu montrer

comment nous pouvons élargir notre conception de l 'assemblée en «cherchant les

meilleures manières d'inventer aujourd'hui le lien (...) entre l 'acte liturgique et l 'acte

catéchétique » . 5 1 9 Dans cette section nous voudrions montrer comment l 'assemblée atteint

un sommet dans la célébration eucharistique : « c'est l 'assemblée eucharistique qui est le

centre de la communauté chrétienne présidée par le prêtre » (PO, n° 5). Nous voudrions

voir les conditions à respecter pour que l 'assemblée eucharistique puisse continuer à être

«l'action sacrée par excellence. . . le sommet vers lequel tend toute l 'action de l 'Église. . . la

source d 'où découle toute sa vertu » (SC, n o s 7, 9, 10).

La dimension eucharistique est constitutive de l 'assemblée : c 'est elle qui fait l 'assemblée.

La liturgie au cours de l 'assemblée chrétienne syntonise le projet diocésain avec

l ' importance que l 'Église accorde depuis toujours à la célébration de l 'eucharistie lors du

jour du Seigneur (SC, n° 106). De plus, la liturgie eucharistique a une grande valeur

catéchétique en elle-même pour les membres de l 'assemblée, comme le dit Polfliet :

L'eucharistie au jour du Seigneur devrait être une école de la foi : à travers le

déroulement même de la célébration, les participants sont invités à entrer dans la

dynamique de la foi biblique, et à intégrer les attitudes fondamentales de la foi. 520

Dans ce sens, l 'eucharistie est appelée a jus te titre la source de la vie ecclésiale.

3.1 Une assemblée convoquée

Le caractère liturgique de l 'assemblée en fait une « assemblée convoquée ». C'est

l 'expression utilisée par Baillargeon pour indiquer la logique dans laquelle l 'Église est

invitée à entrer (versus la logique du marché ou la logique du service public) pour inscrire

l 'assemblée dans la tradition et pour lui donner le sens privilégié par les théologiens et les 5 1 9 Séminaire de recherche catéchétique de l'ISPC, «Catéchèse et liturgie. Actions de la Parole qui prend corps, » 55. 5 2 0 Joël Polfliet, «La liturgie... lieu d'initiation à la foi,» dans Catéchèse et Initiation, sous la direction d'Henri Derroitte (Bruxelles : Lumen Vitae, 2005), 124.

5 2 1 Baillargeon mentionne à ce propos pour le Canada, deux livres publiés par le Service des Éditions de la Conférence des Évêques Catholiques du Canada : Assemblées dominicales en attente de célébrations eucharistiques (Ottawa : Service des Éditions, 1995), et Notes pastorales pour les assemblées dominicales en attentes de célébrations eucharistiques (Ottawa : Service des Éditions, coll. « Études Canadiennes en Liturgie», 6, 1995). 5 2 2 Gaétan Baillargeon, « Dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec, » 97. 5 2 3 Claude Dagens, « L'Église propose la foi a travers la liturgie et les sacrements, » 5.

documents de l 'assemblée épiscopale du Canada . 5 2 1 Dans cette logique, l 'assemblée « est

appelée à reconnaître sa dignité de sujet de l 'action liturgique, sa dimension prophétique,

sacramentelle, eschatologique. Cela suppose aussi un élargissement des mentalités, car

l 'assemblée de la communauté locale est aussi celle de la nouvelle paroisse ou unité

pastorale en ce lieu » . 5 2 2 Baillargeon parle de l 'élargissement des mentalités pour que

l 'assemblée chrétienne puisse s'ouvrir à d'autres communautés au sein d 'une unité

pastorale. Mais même sans avoir à accueillir d'autres communautés, une assemblée suppose

ouverture et accueil à cause de la diversité qui la définit.

L'assemblée chrétienne est le rassemblement d 'une grande variété de personnes qui n 'ont

souvent en commun que leur désir de s 'approcher du Christ pour vivre de Lui et en être

témoins. À cause de cela, « le rôle de celui qui préside l 'assemblée est très important à cet 523

égard : il préside pour ouvrir l 'assemblée au mystère du Christ ». Mais il y a plus dans

cette organisation ministérielle de l 'assemblée. Celui qui préside manifeste aussi que

l 'assemblée chrétienne dominicale est une assemblée qui est convoquée. Cela découle du

caractère symbolique de l 'assemblée liturgique.

3.1.1 La valeur du prêtre

Au sein de l 'assemblée chrétienne, la présence du prêtre est le signe visible du Christ qui

convoque. En lien avec l 'évêque du diocèse, le prêtre est le signe de la continuité

apostolique et de l 'appartenance à l 'Église universelle. À cause du symbolisme à l 'œuvre

dans la liturgie, le rôle du prêtre est essentiel. Mais dans le cadre de l 'assemblée chrétienne

comme lieu de catéchèse, son rôle est tout aussi important. Dans les entrevues que nous

avons menées, plusieurs ont mentionné l ' importance du curé dans la mise en œuvre d 'une

assemblée chrétienne qui unit et nourrit ses membres.

Ce sont dans les codifications des quatrième et cinquième questions que l'on retrouve

plusieurs incidents se rapportant à cette dimension : « Moi je crois que toutes les

célébrations qui sont animées par notre curé . . . la grande réussite, c'est l 'animation avec les

enfants» (F-127); « tous les symboles expliqués, aussi simple que la couleur des

vêtements, chaque symbole, chaque signe, si on ne les explique pas, on va l 'apprendre

où? »; « les messes qu 'on a avec notre curé sont belles. On est choyé parce que chaque

dimanche, c'est toujours du renouveau. On a toujours des belles explications » (G-143,

144); « les explications données qui collent au quotidien sont bonnes » (F-154); «un autre

point fort du curé, c'est qu' i l nous a donné l'explication du mercredi des cendres » (D-155);

« une assemblée dominicale vivante, lorsque l 'on comprend bien le curé, c 'est lorsqu'il y a

des explications » (F-162, 163).

Or, le défi actuel, alors que les prêtres vieillissent et que leur nombre diminue, c'est d 'éviter

de limiter leur rôle à celui de la sacramentalisation, ou encore, à la lumière de ce qui

précède, à limiter leur rôle de présidence lors de l 'assemblée à celui de « consécrateur » du

pain et du vin uniquement. L'histoire nous a montré que c'est souvent ce qui se produit en

période de disette. Pourtant, le rôle du prêtre est désigné dans Presbyterorum Ordinis à

partir des fonctions sacerdotale, prophétique et royale, avec une insistance sur la fonction

prophétique : « les prêtres, comme coopérateurs de l 'évêque, ont pour première fonction

d 'annoncer l 'Évangile de Dieu à tous les hommes » (PO, n° 4). Si les nombreuses tâches

actuelles permettent de moins en moins aux prêtres de préparer et d 'animer des sessions de

catéchèse pour divers groupes de la paroisse, l 'assemblée chrétienne dominicale peut être

un lieu d 'annonce et d'enseignement de l 'Évangile.

3.1.2 L'assemblée chrétienne dominicale sans eucharistie

La liturgie eucharistique a toujours été privilégiée au cours de l 'assemblée dominicale. Or,

la conjoncture ecclésiale actuelle ne permet pas toujours de célébrer l 'eucharistie dans

certaines assemblées dominicales. Puisque le sacrement premier du Ressuscité est

l 'assemblée dominicale (et non l 'eucharistie dominicale), on peut comprendre le besoin

pour les chrétiens de se rassembler même si l 'eucharistie ne peut pas être célébrée à cause

d 'un manque de prêtre. On peut se demander ce que serait devenu le christianisme en

Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps , 107-108. Piero Marini, Cérémoniaire des papes (Paris : Bayard, 2007), 62.

Acadie si les « messes blanches » sous la direction d 'un ancien n'avaient pas eu lieu.

Rappelons-nous, à la lumière de l'histoire, que ce qui nourrit l 'identité chrétienne, c'est la

participation à Yecclésia.

Dans le contexte actuel qui voit se multiplier ces assemblées sans prêtre, peut-on imaginer

une assemblée qui ne soit pas qu 'une attente de l 'eucharistie, mais une célébration du

Christ présent au sein de l 'assemblée réunie et des Écritures proclamées et commentées?

L'expérience des AD ACES (Assemblées Dominicales en Attente de Célébration

Eucharistique) nous apprend que, trop souvent, ces célébrations se limitent à un mimétisme

de la célébration eucharistique sans la consécration des espèces. Il est normal que la

pertinence de ces assemblées soit remise en question. Tant que l 'assemblée chrétienne

dominicale ne tournera qu'autour de l 'eucharistie, il est normal qu 'en l 'absence d 'un prêtre

elle soit vidée de son sens.

Il y a un appel ici à la créativité pour que l 'assemblée chrétienne dominicale soit un

véritable laboratoire de toutes les composantes du vécu chrétien (prière, catéchèse, charité,

liturgie) selon le portrait livré par Luc dans le livre des Actes des Apôtres (2, 42). Une des

caractéristiques fondamentales de l 'assemblée est la proclamation de la Parole de Dieu.

Que la liturgie soit sacramentelle ou non, ce sont les Écritures qui sont au cœur de l 'acte

liturgique de la communau té . 5 2 4 Il faut donc user d 'audace pour proposer aux fidèles

d'autres pratiques liturgiques en lien avec la tradition de l 'Église (comme la liturgie des

heures). Marini dit à ce sujet que « l 'un des aspects les moins développés de la réforme

liturgique concerne malheureusement la diversité des célébrations, parce que la liturgie ne

se réduit pas à l 'eucharistie » . 3 2 5

3.1.3 Le diacre, signe de la convocation par le Christ

De nos jours, la réflexion sur la situation ministérielle des assemblées chrétiennes

dominicales tourne souvent autour des prêtres et de leur diminution. Nous devrions aussi

voir les autres ressorts, besoins, expressions et exigences pour faire assemblée. Une

exigence de l 'assemblée montre qu'el le a besoin d'être convoquée par un membre qui est

Archevêché de Québec, Registre des lettres, vol. 14, p. 275, cité dans Antoine Bernard, Histoire de l'Acadie, 77.

en lien avec l 'évêque et reconnu comme tel. Or, si nous voulons que l 'assemblée continue

d'être une présence chrétienne dans une région, comme sel et lumière (Mt 5), il faudra

miser sur une autre personne que celle du prêtre pour convoquer l 'assemblée à l 'occasion.

A l 'époque des « messes blanches » dans l 'histoire de l 'Acadie, c'est un ancien de la

communauté qui pouvait recevoir une lettre de mission de l 'évêque ou du vicaire

apostolique d 'une région afin de convoquer et présider l 'assemblée en l 'absence de prêtre.

La possibilité d 'ordonner ces hommes n'existait pas. Ces « messes blanches » démontrent

que l 'assemblée a dû faire preuve de créativité et d'ouverture lorsqu'elle ne pouvait pas

compter sur la présence du missionnaire pour célébrer l 'eucharistie. Les gens avaient la

conscience que c'est l 'assemblée dominicale qui leur donnait une identité chrétienne et que

« sans le dominicum, ils ne pouvaient pas vivre ». Lorsque le missionnaire était absent, il

était possible de recourir à l 'assemblée et à son dirigeant pour ondoyer un nouveau-né,

présider des obsèques ou recevoir les consentements des fiancés.

Ces messes blanches avaient leurs règles : ce n'était pas un rassemblement qui se faisait au

hasard et son déroulement n'était pas régulé sur les sentiments de l 'assemblée. L'ancien ne

pouvait pas faire ce qu' i l voulait : il devait suivre les conseils et les rubriques qui lui

venaient de l 'évêque. Ainsi, en 1830, Mgr Panet écrivait de Québec quelques consignes

pour ces messes blanches au missionnaire de Népisiguit (Bathurst). Mgr Panet disait :

Je n 'ai pas d'objections à permettre qu 'un laïc lise l 'épître et l 'évangile dans l 'église

lorsque le missionnaire est absent, pourvu que ce laïc ne soit pas en habit de chœur,

mais dans la nef avec les autres fidèles. Dans la même circonstance, un chantre peut

commencer les vêpres par Deus in adjutorim meum intende, mais il ne doit pas dire

Dominus vobiscum avant l 'oraison, mais seulement Domine exaudi orationem

meam. C'est ce qui se passe dans les paroisses où il n 'y a pas de m e s s e s . 5 2 6

Aujourd'hui aussi, l 'assemblée chrétienne a ses normes. Parmi celles-ci, il y a la nécessité

d'être convoquée et présidée par un ministre reconnu. La désignation d 'un ancien serait-elle

suffisante de nos jours? Le Concile Vatican II a souhaité la restauration du diaconat dans

Au moment de restaurer le diaconat (bien après la Belgique ou l'Italie), l'épiscopat français a insisté sur le dimension essentiellement missionnaire du diaconat. Voir Christian Ponson, « La situation du diaconat dans l'Église de France,» La Maison-Dieu n° 249 (2007) : 7-8.

l 'Église latine (LG, n° 29; OE, n° 17). Au moment de mettre en place un nouveau projet

diocésain de catéchèse, le moment est opportun pour se tourner vers cette nouvelle forme

de ministère dont les anciens qui présidaient aux messes blanches peuvent être vus comme

les « ancêtres » dans l 'Église d 'Acadie.

L'institution diaconale a du plomb dans l 'aile dans l 'Église acadienne. Faute de voir la

valeur et la pertinence de diacres, l 'épiscopat a longtemps hésité, après avoir consulté

prêtres et laïcs, à ordonner des diacres permanents. Plusieurs avaient de la difficulté à saisir

leur valeur dans le contexte ecclésial actuel : les craintes exprimées se résument souvent à

la peur de voir leur rôle confiné à la liturgie au détriment de l 'annonce de la Parole et de la

charité qui sont au fondement de leur ministère. La restauration du diaconat comme état de

vie permanent n ' a d'ailleurs pas comme but de présider les sacrements ou la liturgie : la

fonction diaconale se situe davantage dans la fonction prophétique (annonce de l 'Évangile)

et royale (gouvernement de l 'Église) :

Il est utile, en effet, que les hommes qui accomplissent un ministère vraiment

diaconal, ou en prêchant la parole de Dieu, ou en gouvernant au nom du curé ou de

l 'évêque les communautés chrétiennes éloignées, ou en exerçant la charité dans les

œuvres sociales ou caritatives, soient fortifiés par l ' imposition des mains transmise

depuis les apôtres (AG, n° 16).

Pour convoquer et présider une assemblée chrétienne dominicale qui n 'est pas affectée au

culte liturgique uniquement (mais aussi et surtout à la catéchèse et à la vie fraternelle dans

le projet diocésain de catéchèse), le ministère diaconal devrait être considéré. La

«proposition de la foi » est d'ailleurs l 'axe central de la politique pastorale souhaitée par

l 'Église lors de la restauration du diaconat. Il y a une insistance sur la dimension

missionnaire du ministère d iacona l . 5 2 7

Le Concile Vatican II mentionne ce rôle diaconal de présidence : « Il appartient au diacre, selon ce que l'autorité compétente lui aura assigné, d'administrer solennellement le baptême, de conserver et de distribuer l'eucharistie, d'assister au mariage au nom de l'Église et de le bénir, de porter le viatique aux mourants, de lire aux fidèles la Sainte Écriture, d'instruire et d'exhorter le peuple, de présider le culte et la prière des fidèles, d'administrer les sacramentaux, de présider aux rites des funérailles et de la sépulture» (LG, n° 29). 5 2 9 Paul de Clerck, « Non ad Sacerdotium, sed ad ministerium, » La Maison-Dieu n° 249 (2007) : 69. 5 3 0 Christian Ponson, « La situation du diaconat dans l'Église de France, » 14. 5 3 1 Selon la tradition ancienne de l'Église, le diacre est considéré comme le bras droit de l'évêque. Les Constitutions Apostoliques disent qu'au moment de l'ordination des diacres, l'évêque seul impose les mains parce que le diacre n'est pas ordonné au sacerdoce, mais au service de l'évêque. Les récents documents magistériels auront tendance à nuancer ce propos puisque la prière d'ordination et la réalité pastorale actuelle montrent bien que les diacres sont aussi collaborateurs des prêtres : ils exercent une mission au sein de l'Église qui n'est pas limitée exclusivement au service de l'évêque. La limitation au service de l'évêque se trouve donc dépassée de nos jours et on parle davantage du diacre en union avec le ministère apostolique de l'évêque et de son presbytérium (LG, n° 29). Ce propos est développé dans une étude récente du diaconat par de Clerck. Voir Paul de Clerck, « Non ad Sacerdotium, sed ad ministerium, » 53-70.

Au sein de ces assemblées chrétiennes dominicales, le diacre verrait à présider un culte axé

sur l 'annonce de la Parole et sur la préséance de la char i t é . 5 2 8 Non seulement le diacre

pourrait convoquer et présider ces assemblées chrétiennes en l 'absence de prêtre, à la

manière des « anciens » des « messes blanches », il pourrait aussi être celui qui voit à la

préparation et à l 'animation de l 'assemblée (notamment celle des temps forts de catéchèse)

avec les membres des équipes paroissiales de pastorale. Cette fonction d 'annonce de

l 'Évangile est au cœur de la mission diaconale pendant la liturgie : « la particularité de sa

fonction (celle du diacre) ne porte pas sur la constitution de la communauté et donc sur les

sacrements (non ad sacerdotium), mais sur la charité et la mission » . 5 2 9

Notre projet diocésain de catéchèse est un projet qui appelle de nouveaux ministres. Il faut

renouveler l 'assemblée dominicale d'abord pour ensuite l 'enrichir de ce ministère. « Il n 'est

donc pas possible de faire la place à la nouveauté du diaconat en gardant en tous points le

dispositif pastoral et théologique antérieur. » 5 3 0 Sans une vision renouvelée de l 'assemblée,

le ministère diaconal risque d'être limité aux fonctions liturgiques, comme cela est déploré

dans les diocèses qui se sont déjà engagés dans cette voie, et le diacre aura du mal à trouver

sa spécificité. Le Christ rappelle à ce sujet : « Personne ne rajoute une pièce de drap neuf à

un vieil habit, car le morceau ainsi rapporté tire sur l 'habit et la déchirure devient pire » (Mt

9, 16). En situant le diacre au sein d 'un projet d'évangélisation et de catéchèse, son

ministère acquiert une signification en lien avec l 'identité diaconale : en communion avec

le ministère de l 'évêque pour l 'annonce de l 'Évangi le . 5 3 1

3.2 Une assemblée liturgique dominicale

Il y a plus que la catéchèse et la liturgie qui sont caractéristiques de l 'assemblée chrétienne.

L'assemblée exemplaire de l 'Église, c'est celle du dimanche. Depuis les débuts du

christianisme, l 'assemblée du dimanche est une marque identitaire du christianisme : « Le

dimanche chrétien (de l'adjectif latin dominicus, jour seigneurial, appliqué au jour où l 'on

fait mémoire de Jésus comme « Seigneur » ressuscité) est historiquement quasiment s . 532

contemporain de l 'origine de l 'Eglise. » ~ Le dimanche avait une valeur distinctive pour

les premiers chrétiens, pour se démarquer des Juifs qui observaient le repos du sabbat

rappelant ainsi le repos du septième jour de la création, les chrétiens se rassemblaient le

dimanche afin de commémorer la résurrection, « une œuvre plus merveilleuse encore que

l 'acte de la création au commencement du monde » (prière de la Veillée pascale).

Cette historicité et cette signification du dimanche font dire à Borras que «le signe

dominical fait partie intégrante de la finalité institutionnelle et dès lors du cahier des

charges de la communauté paroissiale. » 5 3 3 L'assemblée doit « s'assurer que la célébration

ait le caractère festif qui convient au jour où l'on commémore la Résurrection du

Seigneur » (DD, n° 50). La constitution conciliaire sur la liturgie rappellera la valeur du

dimanche en enseignant que « l 'Église célèbre le mystère pascal chaque huitième jour, qui

est nommé à bon droit le jour du Seigneur ou dimanche » (SC, n° 106).

De la même manière que les édifices religieux inscrivent dans l 'espace des signes du

christianisme, on peut dire que le dimanche inscrit dans le temps un signe du christianisme.

Le dimanche est un espace immatériel sur lequel l 'Église peut miser. Or, c 'est souvent ce

qui est le défi pour une Église habituée à tabler sur le matériel, sur ce qui se voit. Le

dimanche est un signe dans l 'ordre de l 'immatérialité. « O n peut dès lors parler d 'une

sacramentalité de ce jour-mémorial. » 5 3 4 Cassingena-Trévedy reprend ce thème de la

sacramentalité du dimanche en lien avec le premier dimanche de Pâques :

5 3 2 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 52. 5 3 3 Alphonse Borras, « Assemblées dominicales et catholicité de l'Église, » La Maison-Dieu 229 (2002-1) : 14.

5 3 4 Louis-Marie Chauvet, Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps, 52.

Un caractère sacramentel s'attache au Temps lui-même, dès lors qu 'un jour

appartient officiellement au Seigneur, un jour qui, plein de Pâques, devient pour

ainsi dire le générateur du Temps tout entier : le dimanche est lui-même une église

dans laquelle on entre tous ensemble (à nouveau le mystère de l 'Assemblée), un

jour par la grâce duquel tout le Temps devient ég l i se . 5 3 5

3.2.1 Les défis du dimanche chrétien

L'importance du dimanche comme caractéristique de l ' identité chrétienne est accrue dans

un contexte social de pluralité comme celui qui est le lot de plusieurs civilisations au seuil

du troisième millénaire. La société acadienne ne fait pas exception à cette réalité. Ici aussi,

le dimanche a perdu son caractère de jour seigneurial. Il demeure une journée différente des

autres jours de la semaine puisqu'il permet à plusieurs de choisir librement comment ils

vont utiliser les heures consacrées essentiellement aux loisirs. L'analyse de Baillargeon sur

la réalité dominicale au Canada, spécialement au Québec, rejoint la situation en Acadie : le

dimanche « n'est plus à proprement parler une réalité religieuse, mais il est soit un jour de

travail comme les autres, en particulier pour les marchands, soit un jour de loisir. D 'une

certaine manière, il demeure un jour spécial, un jour marqué pour plusieurs par la

possibilité de choisir ce que l 'on fera ce jour-là » . 5 3 6

Jean-Paul II a souvent lancé l'invitation « de le vivre comme un véritable jour du Seigneur,

même dans les conditions nouvelles de notre époque » (DD, n° 3). «Il y a là un engagement

auquel on ne peut renoncer et qu'il faut vivre, non seulement pour obéir à un précepte, mais

parce que c'est une nécessité pour une vie chrétienne vraiment consciente et cohérente. »

(NMI, n° 36) Benoît XVI aussi rappelait les défis du dimanche lors d 'une journée d 'étude

sur « la messe dominicale pour la sanctification du peuple chrétien » organisée par la

Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements à Rome en 2006 :

Le contexte culturel dans lequel nous vivons, souvent marqué par l'indifférence

religieuse et par le sécularisme qui cache l 'horizon du transcendant, ne doit pas faire

oublier que le Peuple de Dieu, né de l 'événement pascal, doit y retourner comme à

5 3 5 François Cassingena-Trévedy, « Quelques pierres d'avenir pour la liturgie, » 3. 5 3 6 Gaétan Baillargeon, « Dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec, » 87.

Benoît XVI, «Participer au dimanche, signe d'appartenance du Christ, » La documentation catholique 2376 (2007) : 280. 5 3 8 Piero Marini, Cérémoniaire des papes, 152. 5 3 9 Dans certaines paroisses qui ont la messe du dimanche anticipée le samedi soir, le dimanche peut devenir le moment habituel de la catéchèse des enfants. Mais l'absence de liens avec l'assemblée et surtout l'impossibilité pour ces enfants de participer à l'eucharistie le dimanche, révèlent les lacunes d'un tel choix. « Une catéchèse hebdomadaire qui viendrait dispenser les catéchisants de l'eucharistie dominicale manquerait de pertinence. » dans Denis Villepelet, L'avenir de la catéchèse, 120. 5 4 0 Nombre de familles veulent profiter du dimanche pour ouvrir une fenêtre sur d'autres réalités que celles auxquelles elles sont habituées à longueur de semaine : le repas devient plus festif, les rencontres plus gratuites et les activités plus libres. Dans cet esprit, plusieurs privilégient le dimanche pour la catéchèse.

une inépuisable source pour comprendre toujours mieux les traits de son identité et

les raisons de son exis tence . 5 3 7

Même dans ce contexte, le signe du dimanche n'est pas un élément marginal de l ' identité

chrétienne : « la convocation dominicale est une expérience essentielle et irremplaçable,

parce qu'el le est un élément constitutif du christianisme et de son identité » . 5 3 8 Il en

constitue le fondement à cause du mystère pascal auquel il renvoie. Or, pour plusieurs, il

n 'est plus le jour idéal, sur le plan pratique, pour faire mémoire de la pâque du Christ. La

sécularisation a fait du dimanche un jour de la « fin de semaine » pendant laquelle il y a

tant à faire. Le dimanche peut-il continuer d'être un espace de gratuité et de fête à

l 'intérieur d 'un tel cadre hebdomadaire de plus en plus contraignant pour les familles? La

réponse révèle le défi posé aux communautés chrétiennes pour valoriser le dimanche.

Or, même à son insu, l 'Église non plus ne permet pas toujours au dimanche d'être ce jour

de fête « consacré au Seigneur » pour les jeunes familles. En Acadie, de nos jours , la

catéchèse qui rassemble les jeunes familles se passe bien souvent le samedi. Le samedi en

est venu à être associé à une journée pour Dieu dans plusieurs familles, alors que le

dimanche est une journée de repos en fami l le . 5 3 9 Il y a ici une confusion que le projet

voudrait corriger en faisant coïncider la catéchèse avec l 'assemblée chrétienne dominicale.

D'ailleurs, parmi les propos des personnes rencontrées dans le cadre de cette étude, nous

avons discerné nettement l'intérêt pour la catéchèse lorsqu'elle a lieu le dimanche matin.

Nous remarquons que ces personnes s'accordent pour vouloir faire du dimanche un jour

différent et consacré aux activités famil ia les . 5 4 0 Comme à l 'origine du christianisme, le

dimanche n 'est pas nécessairement un jour de repos et de congé pour tous, mais la

possibilité demeure de faire d 'une partie de ce jour un moment de célébrat ion. 5 4 1 Pour les

familles dont un des parents se retrouve sur le marché du travail le dimanche après-midi, le

temps libre de l 'avant-midi permet le rassemblement avec l 'assemblée chrétienne

dominica le . 5 4 2 C'est d'ailleurs cette mise en valeur du rassemblement avec l 'assemblée

chrétienne qui pourra redonner au dimanche son caractère de gratuité et de célébration.

Baillargeon plaide en ce sens lorsqu'il répond lui-même à sa question sur les moyens à

privilégier pour faire découvrir cette dimension festive du dimanche :

Pourquoi se rassemble-t-on le dimanche et pourquoi y célèbre-t-on l 'eucharistie?

Précisément parce que c'est dimanche, parce que c'est le jour de la résurrection,

jour mémorial de la résurrection et de la création, comme le disait Justin. Le

dimanche demande à être redécouvert comme le jour de l 'assemblée, le jour où les

chrétiens se réunissent . 5 4 3

3.2.2 Les résistances face au renouvellement de la liturgie du dimanche

Notre projet diocésain de catéchèse voudrait que le dimanche soit jour de célébration de la

résurrection, jour du rassemblement en Église, jour du repos, de la joie et de la fête (SC, n°

106). Pour faire du dimanche un jour de joyeuse convivialité et d 'échange, un jour de

célébration et de catéchèse, un jour de fête qui soit l 'écho hebdomadaire de Pâques, le

renouvellement des assemblées chrétiennes doit prend en compte la conjoncture sociale à

peine esquissée, de même que les souhaits exprimés par les catéchètes lors des entrevues.

Ce renouvellement de l 'assemblée chrétienne dominicale pourrait rencontrer certaines

résistances à ce temps-ci de l 'histoire de l 'Église. La messe du dimanche continue à

rassembler de semaine en semaine un groupe assez nombreux (surtout lorsqu'on le

compare à d'autres : mouvements, groupe de prière, etc.). Avec tous les réaménagements

pastoraux que vit l 'Église, nous pourrions dire que la messe dominicale demeure, aux yeux

5 4 1 Parlant spécifiquement du dimanche, le cardinal Vingt-Trois dit qu'au long de son histoire séculaire, sous toutes les latitudes, l'Église a toujours su trouver les moyens de sa mission. Elle le fera une nouvelle fois si le dimanche devient jour ouvrable. Voir Monseigneur André Vingt-Trois, « Vivons-nous le dimanche comme jour du Seigneur ? » Paris Notre-Dame n° 1228 (2008) : 3. 5 4 2 Malgré le fait que le dimanche soit devenu un jour ouvrable, le dimanche matin est encore respecté par plusieurs entreprises et organisations. Ceci peut permettre une participation à l'assemblée. C'est d'ailleurs un des seuls moments de la semaine qui n 'a pas été touché par la sécularisation de la société en Acadie. 5 4 3 Gaétan Baillargeon, « Dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec, » 97.

de plusieurs, l 'activité qui a survécu et qui fonctionne malgré tout. Ce constat fait dire à

certains qu' i l ne faudrait surtout pas toucher à la messe du dimanche!

Mais lorsqu'on prend une certaine distance, force est de constater que la messe du

dimanche a aussi ses difficultés qui sont de plus en plus perceptibles : les fidèles sont

majoritairement de la même cohorte d 'âge, ils ne sont plus suffisamment nombreux pour

remplir l 'église une seule fois, et l 'assemblée réussit difficilement à se renouveler en

attirant de nouveaux venus (ce que la catéchèse réussit à faire d 'une année à l 'autre).

L 'assemblée chrétienne dominicale n'est plus ce qu'elle a déjà été. Si l 'assemblée

dominicale continue à fonctionner ainsi sans se renouveler, cette composante de l 'Église

risque de disparaître peu à peu dans plusieurs communautés. Cette précarité de l 'assemblée

chrétienne fragilise aussi le dimanche, sa signification et sa célébration. Le dimanche est

définitivement en péril. Si rien n 'est fait, il pourrait disparaître! Pourtant, « l 'une des

conditions essentielles à l 'avenir du christianisme est la pleine compréhension de la valeur

et de la signification de la célébration eucharistique dominicale. » 5 4 4 Si rien n 'est fait de la

part de l 'Église pour redresser la situation, le dimanche risque de ne plus faire partie des

signes distinctifs de l'identité chrétienne. Il y a un appel à l 'audace pour l 'avenir. Mais cela

passe par le respect de certaines balises que nous mettons en valeur.

3.3 Exigences concrètes dans la mise en œuvre de l'action liturgique

Le projet diocésain de catéchèse est une invitation à faire de l 'assemblée chrétienne

dominicale un lieu englobant les différentes composantes de la vie chrétienne. Mais le

risque de confondre les genres est toujours p résen t . 5 4 5 Certaines assemblées peuvent nous

5 4 4 P iero Mar in i , Cérémoniaire des papes, 152. 5 4 5 Le n u m é r o 175 de Liturgie, Foi et Culture qui traite d e la l i turgie et de la ca téchèse présen te des ini t ia t ives d e l 'On ta r io et du N o u v e a u - B r u n s w i c k dans l ' a r t ic le col lec t i f de P a u l - A n d r é Durocher , Margo t Gén ie r et Leone Goule t , « U n e ca téchèse qui s ' insp i re de la l i turgie . L ' O n t a r i o et le N o u v e a u - B r u n s w i c k , » Liturgie, foi et culture 37 , n° 175 (2003) : 30-36 . U n e d é m a r c h e ca t éché t ique à l ' in té r ieur d e la l i turgie a été faite pendan t l ' A v e n t et le C a r ê m e dans un d iocèse . Le but p remie r de ce t te ini t ia t ive était d ' é d u q u e r la foi en exp l iquan t le dé rou lemen t de la cé lébra t ion euchar i s t ique afin que ces cé lébra t ions « soient p lus signif iantes et plus par lan tes , avec des gestes et des symboles qui re joignent les chré t iens dans ce qu ' i l s sont . » O n voit a i sémen t que nous s o m m e s sur deux registres : celui de l ' éduca t ion de la foi et celui de la cé lébra t ion q u ' o n essa ie d ' a r t i cu le r l ' un à l ' au t re à cause des insuff isances de chacun .

servir d 'exemples pour nous montrer la possibilité de célébrer en intégrant la dimension

catéchétique, sans mélanger les genres. Pensons aux assemblées de jeunes lors des Journées

Mondiales de la Jeunesse (JMJ) ou à celles de Taizé. Elles intègrent les composantes de la

vie chrétienne sans les fusionner l 'une dans l 'autre. Ces assemblées chrétiennes permettent

de prendre connaissance des besoins des autres, d'organiser des projets d 'ordre caritatif et

de soutenir les engagements en vue de la transformation du monde; elles sont alors un lieu

pour la koinonia. Elles permettent de se nourrir à la Parole par la proclamation des

Écritures, l 'enseignement et le partage : elles sont un lieu de catéchèse. Enfin, ces

assemblées unissent les cœurs pour la prière de l 'Église, notamment pour l 'eucharistie :

elles sont un lieu de liturgie. Ces assemblées permettent aux différentes composantes de la

vie chrétienne de se déployer en un seul l i eu . 5 4 6

Le projet diocésain de catéchèse n'interpelle pas uniquement la catéchèse, mais aussi la

liturgie. Elle doit être revisitée afin d 'être un moment fort de chaque assemblée chrétienne

et afin de rejoindre les sensibilités contemporaines . 5 4 7 « Au moment où la catéchèse se

tourne vers la liturgie pour repenser sa mission, la liturgie à son tour se voit donc invitée à

approfondir comment la liturgie propose la foi et à penser la vie liturgique comme un lieu

d'expérience spirituelle. » 5 4 8 II faut bien admettre que les horaires contraignants ne sont pas

l 'unique facteur pour expliquer l 'absence des jeunes familles à la liturgie dominicale. La

liturgie et ses symboles ne réussissent pas à les joindre dans leur vécu. Tout cela leur

semble appartenir à un autre monde comme l 'exprime Fossion :

Cette difficulté de sens demande plus que des solutions par « trucs et ficelles »; elle

réclame un travail en profondeur et de longue haleine des représentations de la foi et

de la liturgie; représentations renouvelées qui, d 'une part, soient autorisées au

Cette invitation à la créativité pour que l'assemblée chrétienne dominicale ne soit pas liée exclusivement à l'eucharistie nous semble d'autant plus nécessaire de nos jours : certaines règles liturgiques ne permettent pas la participation pleine de plusieurs parents à la liturgie eucharistique. 5 4 7 « La rumeur populaire soutient que, malgré les réformes récentes, la liturgie obéit trop encore à un autre temps, charrie une culture d'une autre époque et réfère à une histoire, celle du Christ et des disciples, qui a bien du mal à rejoindre celle des groupes qui célèbrent, peu importe à quelle fréquence. » Dans Guy Lapointe, « La participation active, » 4. 5 4 8 Patrick Prétot, « Liturgie et catéchèse. La "refondation" dans l'expérience, » 294.

regard de la Tradition mais qui, d'autre part, soient, en même temps, en prise avec

la culture et les défis du monde présent . 5 4 9

La liturgie doit donc faire des pas pour correspondre davantage aux objectifs du projet

catéchétique. La direction ici est la même que celle pointée par le Concile Vatican II lors de

la restauration du catéchuménat antique. Les Pères du Concile avaient demandé que la

liturgie corresponde à la démarche catéchuménale : « Il faut souhaiter que la liturgie du

temps du Carême et du temps de Pâques soit réformée de telle manière qu'el le prépare les

cœurs des catéchumènes à la célébration du mystère pascal, pendant les solennités duquel

ils sont régénérés par le baptême du Chr i s t» (AG, n° 14). Il doit en être ainsi pour la

catéchèse des enfants qui représentent les derniers venus à la foi. La liturgie doit permettre

une participation active qui peut ouvrir à la dimension catéchétique à cause du sens des

symboles qui est révélé. Les conclusions de Salvetat vont en ce sens lorsqu'il affirme :

Il y a acte catéchétique, lorsque des croyants, réunis en communauté adhèrent

intérieurement à une vérité de la foi qu 'on leur propose, veulent en faire une source

de vie, et l 'expriment d 'une manière originale dans leur langage, qu'il soit verbal ou

autre. Il est clair qu 'une célébration où les participants peuvent s 'exprimer permet

une authentique catéchèse, et évidemment ne s'y réduit p a s . 5 5 0

La participation à la prière liturgique de l 'Église est un moyen privilégié pour connaître la

foi chrétienne : à travers les prières, les rituels, la Parole proclamée et commentée lors de

l 'homélie, c 'est la foi de l 'Église qui s 'exprime. Ceci est exprimé dans l 'adage de Prosper

d 'Aquitaine du milieu du V e siècle, lex orandi, lex credendi. Par cette formule choc,

Prosper affirme une conviction de l 'Église : ce qui s 'exprime dans la prière liturgique de

l 'Église est le reflet du contenu de la foi. La liturgie véhicule une intelligence de la foi.

3.3.1 L'ars celebrandi

Nous avons déjà vu comment le calendrier liturgique permet d'approfondir la vie du Christ

à partir de la célébration annuelle des mystères. Il y a plus selon Polfliet, qui mise sur le

5 4 9 André Fossion, « La catéchèse comme initiation à la vie liturgique, » 104. 5 5 0 Jean-Jacques Salvetat, « De la célébration pour enfants à la célébration paroissiale, » La Maison-Dieu 140 (1979): 86.

' 5 1 Joël Polfliet, « La liturgie... lieu d'initiation à la foi, » dans Catéchèse et Initiation, 119. , 5 2 Piero Marini, Cérémoniaire des papes (Paris : Bayard, 2007), 150. , 5 3 Piero Marini, Cérémoniaire des papes (Paris : Bayard, 2007), 151.

symbolisme de la liturgie. Toute liturgie bien menée est en soi une catéchèse puisqu'elle

véhicule une intelligence de la foi à travers ses paroles, ses gestes et ses symboles.

Par sa propre grammaire, qui fait appel à la sensibilité, la liturgie offre des chances

importantes pour l'initiation à la foi. Avec son langage, ses images, ses rites, la

liturgie est parfois plus « parlante » que des discours quand il s'agit d 'évoquer

l'initiative et la présence de Dieu . 5 5 1

L'analyse de l 'ancien cérémoniaire des papes va droit en ce sens. Pour lui, une liturgie bien

menée est un haut lieu de catéchèse. C'est lorsque la mise en œuvre de la liturgie est bâclée

que la catéchèse doit suppléer. Il dit d'ailleurs que « la catéchèse est née quand la liturgie 552

n ' a plus fait fonction de catéchèse ». ' En acceptant cette prémisse, à savoir que la liturgie

est en soi une catéchèse, le projet diocésain de catéchèse qui s'appuie sur la liturgie est en

accord avec les promoteurs du mouvement liturgique et les Pères du Concile : « selon la

liturgie du Concile Vatican II, un chrétien qui participe à la liturgie, en écoutant la parole et

en participant par des gestes et des signes, en tire un bien meilleur bénéfice que de toutes

les catéchèses » . 5 5 3 Or, en pratique, c 'est la catéchèse qui est présentée comme la meilleure

préparation aux sacrements de l'initiation et à la vie chrétienne.

Mais pour cela, il faut donner à la liturgie toutes ses chances : il existe des éléments sur

lesquels nous pouvons exercer un certain contrôle pour favoriser cette éducation de la foi au

cours de la liturgie, notamment à travers Yars celebrandi. Elle peut aider à cette mise en

œuvre d 'une liturgie qui soit une véritable catéchèse. En regardant autour de nous, nous

nous rendons compte parfois, malheureusement, que les liturgies ne sont pas toujours

préparées et célébrées avec le soin qu'elles méritent; elles sont souvent menées avec le prêt-

à-célébrer, Prions en Église. Pourtant,

la liturgie ne se réduit pas à des rubriques à appliquer ni à des consignes à observer

pour être en règle. Tout acte liturgique est porteur de signification théologique. . .

Paul de Clerck, L'intelligence de la liturgie, 70. 5 5 5 Gaétan Baillargeon. « La liturgie chrétienne. Ses caractéristiques, » Vivre et célébrer. Revue de pastorale liturgique 41 , n° 189 (2007) : 27.

C'est là le nœud de l'affaire, qui rend la liturgie si importante dans la vie

chré t ienne . 5 5 4

La liturgie est une fête, et cela doit transparaître. Il y a une invitation à s'engager dans la

préparation des liturgies en gardant en tête ce caractère festif de la liturgie. Cela rejoint la

sensibilité contemporaine assoiffée d 'événements festifs : les célébrations liturgiques les

plus appréciées ne sont-elles pas celles qui sont vécues sous l 'empreinte de la fête?

C'est fête pour Dieu à qui l 'on rend grâce : la liturgie est pour la gloire de Dieu,

comme nous le disons avant la prière sur les offrandes. C'est fête aussi pour

l 'assemblée qui accueille le don de Dieu, se réjouit de ce qu' i l continue de faire

pour l 'humanité : la liturgie est également pour le salut du m o n d e . 5 5 5

Aborder l 'assemblée à partir du symbolique nous fait saisir l ' importance à accorder à Yars

celebrandi pour qu 'au sein de l 'assemblée ce qui se donne à voir et à vivre respecte les

conditions de l 'ordre symbolique. Puisque le fait de se reconnaître membres du Corps du

Christ et enfants du même Père est plus facile dans l 'ordre symbolique que dans des

discours, cela appelle une utilisation juste des rites. Les symboles, sur lesquels reposent la

liturgie de l 'Église, favorisent alors le développement de l ' identité chrétienne et la maturité

de la foi. L'ordre symbolique de l 'assemblée chrétienne a une dimension catéchétique

puisque de plus, elle permet de reconnaître le Christ présent au sein de l 'assemblée et de

favoriser une rencontre avec Lui. L'ordre symbolique mis en place par l 'Église pour faire

advenir l 'assemblée n 'est pas superflu et mérite d'être mis en valeur. Nous relevons ici

quelques-uns de ces éléments.

3.3.2 Architecture

L'architecture de nos églises est tributaire d 'une conception de la liturgie qui ne met pas

nécessairement l 'accent sur l 'assemblée comme sujet principal de la liturgie et comme lieu

de la présence du Christ. Le mobilier de l 'église est signe de la présence du Christ dans

l 'église. Il importe de le soigner. En entrant dans une église, c 'est souvent le tabernacle qui

occupe la place centrale. Il est difficile de voir le Christ présent dans l 'assemblée d 'abord si

c 'est le tabernacle qui est le point focal : celui-ci risque d 'empêcher de faire jaillir dans les

esprits la présence du Christ dans l 'assemblée. La disposition de bancs dans les chœurs des

moines ou l 'aménagement de certaines églises qui placent les membres de l 'assemblée les

uns en face des autres a l 'avantage de rappeler cette présence du Christ dans l 'assemblée.

La place du président de la célébration est aussi importante. Puisque la liturgie est une

action hiérarchique et communautaire (SC, n o s 1 et 3), la place de celui qui représente le

Christ peut faire saisir à l 'assemblée qu'elle a un vis-à-vis. La Présentation Générale du

Missel Romain (n° 271) est limpide à ce sujet : « le siège du prêtre doit exprimer la fonction

de celui qui préside l 'assemblée et dirige sa prière. » Là où l 'architecture de l 'église le

permet, ce siège doit être placé à une extrémité du chœur en étant visible de l 'assemblée

pour garder sa valeur symbolique. C'est en mettant le président en face des fidèles qu 'on

parvient à reconstituer le pacte symbolique du prêtre qui convoque et préside l 'assemblée

chrétienne au nom du Christ. Sans cela, on ne peut pas se reconnaître dans le symbole.

Dans l 'architecture de l'église, la place de l 'autel est aussi importante. L'autel est le centre

de l 'église. Il l 'est d 'abord géographiquement : les bancs doivent être disposés de telle

manière que tous soient orientés vers l 'autel. L'autel est aussi « le centre de l 'action de

grâce qui s'accomplit pleinement par l 'eucharistie » (PGMR, n° 259). La présence centrale

de l 'autel symbolise aussi que les autres rites de l 'Église sont à comprendre à partir de lui.

Mais il y a plus que la place de l 'autel qui importe. Il y a aussi le respect qui doit lui être

témoigné. Le premier geste de celui qui préside le rassemblement est de vénérer l 'autel au

début de la célébration (il le fera aussi au moment de quitter le sanctuaire à la fin de la

célébration). Cette vénération est même parfois suivie de l 'encensement. Ces gestes

viennent montrer que le Christ est présent avant même que le livre de la Parole soit ouvert

ou que les offrandes soient présentées ; ces gestes expriment les présences symboliques

multiples du Christ dans la liturgie. À travers la disposition du mobilier, la conscience du

Christ présent au sein de l 'assemblée peut être facilitée. Là où le cadre spatial ne parvient

pas à montrer la présence du Christ au sein de l 'assemblée, il est impératif de soigner les

gestes et les attitudes qui peuvent suppléer à ce que l 'architecture ne parvient pas à montrer.

3.3.3 Accueil des membres de l'assemblée

L'accueil des membres de l 'assemblée est important. Lors des entrevues, des catéchètes ont

mentionné cette valeur de l 'accueil en qualifiant de vivantes les assemblées qui témoignent

de cette attitude (F-164). « Quand t 'arrives à l 'église, que tu es accueilli, c'est bien » (F-

166). De plus en plus de communautés voient à l 'accueil des fidèles en s'assurant que des

membres de la communauté soient présents au moment où les autres arrivent. Être accueilli

dans un lieu, c'est déjà sentir qu 'on était attendu et qu 'on ne s'est pas trompé d'adresse.

L'accueil révèle que l 'assemblée a besoin de chacun. Lorsqu'une personne tend la main ou

présente un dépliant, c 'est un signe de reconnaissance et d 'accepta t ion . 5 5 6

Après avoir eu cet accueil et cette reconnaissance de la part des autres, chacun doit, à son

tour témoigner qu'i l est bien de cette assemblée. À travers les gestes et les attitudes d 'une

personne (qui se font parfois à son insu), elle témoigne qu'el le fait partie de l 'assemblée.

Si, au moment de prendre place dans l'église, elle fait une génuflexion en direction du

tabernacle, les autres vont reconnaître qu'elle partage leur foi. Avant même de saluer son

voisin et de reconnaître en lui un frère ou une sœur, son attitude vient dire qu'elle a quelque

chose en commun avec lui. Ce sont les morceaux du sym-ballein qui sont alors mis

ensemble à travers les attitudes et les différents gestes. Tout cela est la base nécessaire de la

reconnaissance du Christ présent au sein de l 'assemblée.

3.4 Rites d'ouverture de la célébration

Tout ce qui concourt à former une assemblée à partir de personnes différentes qui arrivent

de divers horizons a de l ' importance pour faire saisir la présence du Christ dans

5 5 6 Lors des catéchèses des JMJ, chaque lieu est confié à un groupe d'animation. Constitué d'une vingtaine de jeunes, ce groupe prépare la catéchèse et la liturgie avec un évêque; il voit à l'animation, à la formation des groupes et à la création d'une ambiance de prière. La tâche primordiale du groupe d'animation est l'accueil des pèlerins qui est la clé de réussite de l'assemblée. Certains groupes d'animation font preuve de créativité. Lors des JMJ de Toronto, le groupe d'animation aux catéchèses de l'Arche remettait, au moment de l'accueil, un morceau de tissu à chaque participant. Personne ne quittait ces assemblées avant d'avoir utilisé leur morceau de tissu... pour essuyer les pieds de leur voisin lors du lavement des pieds prévu pendant la catéchèse. Les bandes de tissus blancs au cou de plusieurs pèlerins montraient qu'ils avaient participé aux catéchèses animées par l'Arche.

l 'assemblée. Les rites d'ouverture de la célébration ont donc une importance capitale. Je

m'arrêterai ici à l ' importance du chant et de la procession d'entrée, de la salutation du

président et du répons de l 'assemblée, du rite de la préparation pénitentielle et du chant du

Gloria et enfin de la collecte. Il faut garder en tête que c 'est l 'ensemble des rites de la

célébration qui concourent à former une assemblée à partir d 'un groupe de personnes qui

n 'ont rien de commun à l 'origine, sinon la foi qui les anime. C'est pourquoi nous

relèverons à la fin quelques autres rites significatifs de la liturgie qui aident à constituer une

assemblée. Chacun des rites liturgiques mérite d'être soigné pour faire advenir une

véritable communion spirituelle.

L 'ensemble des rites d'entrée vise à lier les uns aux autres la totalité de ceux et celles

qui arrivent d 'horizons si différents. (.. .) Cette communion fraternelle ne vient pas

spontanément. On y arrive au terme d 'un processus, au moyen d 'un travail symbolique

et rituel, notamment par la salutation présidentielle et le chant d'entrée (. . . ) 5 5 7

3.4.1 Chant et procession d'entrée

Une procession d'entrée accompagnée d 'un chant simple et facile d'exécution permet à une

foule anonyme de se constituer en assemblée chrétienne. Pour ce faire, le chant doit viser

une participation de tous et créer un climat d'unité. Chanter ensemble cimente l 'unité des

membres de l 'assemblée. Le chant d'entrée a la capacité de rassembler des personnes

diverses et de faire d 'une foule disparate un peuple uni. Chanter ensemble unit les

personnes à cause de cette participation commune. De plus, la musique permet à certains de 558

mettre au service de l 'assemblée leurs dons de musiciens et les fait participer activement.

Le chant n ' a donc pas d 'abord une fonction esthétique : « la liturgie appelle le chant ; il est

la médiation normale de l 'unanimité. À l 'unisson de tous, chacun se reconnaît participant

d 'un même souffle de vie » . 5 5 9 Lors des entrevues, une catéchète a mentionné la valeur du

5 5 7 Gilles Routhier, « L'eucharistie, manifestation de l'Église locale, » 17. 5 5 8 Le chant n 'a pas qu'une fonction liturgique; il peut aussi être aussi un moyen d'évangélisation. Les textes des chants, religieux ou liturgiques, sont souvent basés sur la Parole de Dieu. Faciles à retenir, des textes chantés ont la capacité de rester dans la mémoire plus longtemps que bien des paroles de la liturgie. Il y a une dimension catéchétique qui est naturelle dans le fait de chanter. Lorsqu'un chant est accompagné de gestes, il a une grande valeur : les enfants entrent dans une telle activité qui peut devenir catéchèse, prière et louange. 5 5 9 1 . H. Dalmais, Initiation à la liturgie, 50.

chant qui a la capacité de faire revivre des expériences spirituelles intenses (C-181, 182).

Hélas, dans nombre d'assemblées chrétiennes, l'objectif du chant d'entrée n 'est pas satisfait

puisqu'il est exécuté par une chorale qui ne tient pas toujours compte de l 'assemblée dans

le choix du chant. C'est pour cela que Dieuaide plaide pour un répertoire limité à quelques

chants qui pourront être chantés par l 'assemblée : vaut mieux un chant unique qui puisse

unir l 'assemblée qu 'une variété de chants qui permettent d 'annoncer la couleur liturgique

du t e m p s . 5 6 0 La popularité des chants de Taizé, qui ne se dément pas dans les rencontres

internationales, montre l ' importance d 'un chant facile et accessible pour l 'assemblée.

Ce qui se donne à voir dans la procession d'entrée peut aussi témoigner du Christ présent

dans l 'assemblée et dans les multiples autres signes de la liturgie. Lorsque la procession

n'est pas que l 'entrée du président, mais avec lui des autres ministres pour la célébration

(lecteurs, servants d'autel, ministres de la communion etc.), il y a là un signe du Christ

présent dans tous les ministres (y compris ceux qui ne sont pas ordonnés) qui représentent

l 'ensemble de l 'assemblée. En plus des intervenants, la procession avec le livre de la Parole

permet aussi de discerner le Christ présent dans les Écritures.

3.4.2 Salutations du président et répons de l'assemblée

Les premières paroles du président de la célébration démontrent on ne peut plus clairement

la présence du Christ au sein de l 'assemblée : « le Seigneur soit avec vous ». Plus qu 'un

souhait, cette formule est une acclamation du Christ présent dans son corps rassemblé. Et le

peuple répond : « Et avec votre esprit ». La présence du Christ reconnue au sein de

l 'assemblée par le ministre, et dans la personne du ministre par l 'assemblée, est la condition

pour reconnaître les autres présences du Christ (notamment dans la Parole et dans les

espèces consacrées). La substitution de cette salutation par un «bonjour » ne saurait révéler

le Christ présent au milieu des siens.

3.4.3 Confiteor et Gloria

La préparation pénitentielle au début de la célébration permet aussi de constituer une

assemblée à partir d 'une foule diversifiée. Elle « est accomplie par toute la communauté

5 6 0 Jean-Michel Dieuaide, « Répertoire(s) des assemblées chantantes, » La Maison-Dieu n° 251 (2007) : 72.

dans une confession générale » (PGMR, n° 29). Lorsqu'il met en valeur le travail

symbolique et rituel des rites d'ouverture de la célébration, Routhier dit au sujet de ce

moment important des rites d'ouverture :

La fraternité, qui doit caractériser les membres d 'une Église, se trouve souvent

blessée et la réconciliation est une œuvre toujours à reprendre. Dans cette fraternité,

la confession de son péché à ses frères et sœurs est une règle, et avant de porter leur

offrande à l'autel (Mt 5, 23-24), les fidèles doivent reconnaître dans une

« confession générale », qu ' i ls ont péché contre leurs frères et sœurs . 5 6 1

La Présentation Générale du Missel Romain indique qu 'en certaines occasions, notamment

lors du temps pascal, le rite de l 'aspersion peut être fait. Ce geste rappelant le baptême a

aussi une portée symbolique puissante puisqu'i l vient rappeler ce qui unit les membres de

l 'assemblée : un seul baptême, une seule foi. Ce geste mérite d'être fait le plus souvent

possible pour témoigner de cette appartenance commune à l 'Église, et conséquemment à

l 'assemblée chrétienne, depuis le jour du baptême.

Le chant du Gloria vient ouvrir une brèche sur l 'assemblée céleste. En reprenant le chant

du choeur des anges, nous exprimons que l 'assemblée ne peut pas être réduite à ce qui se

voit : les membres de l 'assemblée ne sont pas uniquement ceux qui se donnent à voir avec

les yeux. L'action de grâce se fait « avec les anges et les archanges, avec les puissances

d 'en haut et tous les esprits bienheureux ». Encore ici, une mélodie familière qui peut être

saisie aisément est capitale. En faisant l 'analyse des critères de choix pour les chants de

l 'ordinaire, Dieuaide a remarqué que trop souvent « pour les chants de l 'ordinaire, 562

l 'initiative personnelle était la règle à laquelle on ne semblait pas disposé à déroger ».

Dans un tel contexte, comment le chant peut-il permettre de constituer une assemblée ?

3.4.4 Collecte et silence

Enfin, la prière d'ouverture vient terminer l 'ensemble des rites d'ouverture. L 'ensemble des

rites qui a précédé devrait avoir permis de reconnaître la présence du Christ. C'est pourquoi

le Rituel précise qu 'au moment de la collecte, les membres de l 'assemblée «font silence

5 6 1 Gilles Routhier, « L'eucharistie, manifestation de l'Église locale, » 17. 5 6 2 Jean-Michel Dieuaide, « Répertoire(s) des assemblées chantantes, » 72.

5 6 3 On peut penser à l'encensement de tout le peuple à l'offertoire, à l'échange de la paix ou à la prière eucharistique dite par le président au nom de toute l'assemblée.

pendant un peu de temps, pour prendre conscience qu'i ls se tiennent en présence de Dieu »

(PGMR, n° 32). Ce moment de silence, au cours de la célébration, est un aspect de

l 'assemblée sur lequel les participants aux entrevues ont mis de l 'emphase afin de favoriser

l 'intériorisation de la Parole proclamée. Deux personnes ont mentionné explicitement la

valeur du silence (même court) qui permet de créer un espace de gratuité au sein de

l 'assemblée (C-180 et R-183).

La prière d'ouverture est toujours faite au nom de l 'assemblée par le président. Le pronom

personnel nous est là pour nous le rappeler. Ce nous ecclésial exprime bien la préséance de

l 'Église sur les individus qui deviennent sujets par l 'Église : c 'est l 'Église qui fait d 'eux des

chrétiens et non pas le contraire. Bien que la prière soit dite par le prêtre seul, « le peuple

s'unit à la supplication, y acquiesce, puis il la fait sienne par l 'acclamation Amen » (PGMR,

n° 32). Certaines prières d'ouverture rappellent cette présence du Christ au milieu de

l 'assemblée que les rites d'ouverture ont cherché à démontrer : «que la présence au milieu

de nous de Celui qui doit venir, ton Fils bien-aimé, nous redonne courage » (collecte du

mardi, l e r e semaine de l 'Avent).

3.4.5 Autres moments significatifs de la célébration pour constituer l'assemblée

Nous pourrions poursuivre cette présentation des rites de la messe en regard de leur

fonction unificatrice des membres divers de l 'assemblée. Ils sont nombreux : tout au long

de la célébration eucharistique, de nombreux gestes et paroles concourent à constituer un

seul c o r p s . 5 6 3 Nous avons limité notre étude aux rites d'ouverture puisqu' i ls avaient été

nommés lors des entrevues, et aussi parce que l 'entrée en célébration est un moment

essentiel pour reconnaître la présence du Christ dans l 'assemblée. Dans la théologie

sacramentaire du Concile Vatican II, cette présence du Christ dans l 'assemblée chrétienne

s'avère nécessaire pour la suite d 'une célébration puisque c'est cette présence qui précède

toutes les autres formes de présence.

3.5 Le compagnonnage, illustration du modèle initiatique qui s'inspire de la liturgie

Une catéchèse qui s'inspire de la liturgie puise aux trésors de la liturgie que sont les

différents symboles et rites, mais elle puise aussi à la logique même de la liturgie pour

apprendre d'elle des moyens de catéchiser. La notion de compagnonnage en liturgie peut

servir de modèle à une catéchèse d'inspiration initiatique qui veut cheminer en respectant

l 'itinéraire de chacun. La liturgie ne peut-elle pas être vue comme le compagnonnage par

excellence avec les catéchisés? Le récit des disciples d 'Emmaiis (Le 24, 13-35) peut

devenir pour nombre d'intervenants en catéchèse et en liturgie une parabole du chemin à

parcourir.

Se faire compagnon de quelqu'un, c'est partager la même table que lui, avoir un pain

commun (co-pain). C'est aussi aller jusqu 'à communier à ce qu'il est pour résonner à la

même Parole et pouvoir exprimer avec lui les mêmes désirs dans une prière commune.

C'est cela que la liturgie chrétienne permet; c 'est ce vers quoi elle tend. La liturgie devient

alors un lieu de compagnonnage qui n 'él imine pas la nécessité de la fonction catéchétique,

mais qui la complète à sa manière.

La liturgie est un jeu; ce n 'est assurément pas celui qui laisserait supposer qu 'el le

distrait l 'homme de ses engagements véritables. Il faudrait bien plutôt dire qu 'el le

est l'affaire la plus sérieuse qu' i l soit possible de mener; celle dans laquelle le

compagnonnage humain atteint à une profondeur qu 'on ne retrouve nulle part

ailleurs. Elle est l 'un des rares moyens par lesquels une communauté peut

parvenir à la communion; c'est-à-dire à cette intimité d 'échange et à cette

transparence qui fait qu ' i l n 'y a plus de dialogue de « j e » et de « tu », mais un 564

« nous » unanime.

I. H. Dalmais, Initiation à la liturgie, 17.

4. La collaboration entre les intervenants

Pour que le projet diocésain de catéchèse puisse voir le jour et porter du fruit, nous avons

vu qu'i l y a des résistances à faire tomber du côté des membres de l 'assemblée. Même si le

défi est grand, il est possible de le relever : le soutien de plusieurs soucieux de l 'avenir du

rassemblement dominical saura aider. Mais il y a aussi de nombreuses conditions à

respecter par ceux et celles qui sont déjà impliqués directement dans les domaines de la

catéchèse et de la l i turgie . 5 6 5 Dans cette section, nous retenons essentiellement les

conditions qui se situent au niveau des personnes et de la collaboration entre les membres

de l 'équipe d'animation pastorale dans les unités pastorales du diocèse.

Nous allons évoquer en premier lieu l 'implication nécessaire des parents et des catéchètes.

Ces derniers ont porté le flambeau de là catéchèse des enfants depuis les débuts de la

catéchèse familiale et paroissiale. Ensuite, nous verrons que le projet devra rassembler

autour de la même table des intervenants avec des compétences et des intérêts différents :

les responsables de la catéchèse et de la liturgie en premier, et ensuite les responsables de la

vie communautaire, de la pastorale-jeunesse et de la justice sociale. Avec ces conditions

réunies, nous pensons que ce projet diocésain de catéchèse peut s 'avérer être un projet

unificateur dans les unités pastorales à cause de sa possibilité d 'unir tous les membres

d 'une équipe pastorale autour d 'un projet commun.

4.1 L'implication des parents et des catéchètes

Nous avons vu que le projet diocésain de catéchèse devrait pouvoir offrir des programmes

de catéchèse qui respectent la diversité des profils familiaux et qui donnent la possibilité de

choisir. Un des programmes pourrait être celui qui est déjà en place dans le diocèse et avec

lequel un nombre élevé de catéchètes sont familiers. L'autre serait davantage en lien avec

l 'assemblée chrétienne dominicale. Il y a déjà des collaborations interparoissiales qui

5 6 5 Nous pensons notamment ici aux conditions énumérées au chapitre huit pour la transmission des attitudes chrétiennes, surtout de l'attitude de foi : environnement et cadre spatial à aménager, utilisation de moyens audio-visuels, présentation du message dans son intégralité, etc.

existent en catéchèse : ainsi, une coordonnatrice peut œuvrer au sein de plusieurs paroisses

d 'une unité pastorale et des enfants peuvent suivre leur programme de catéchèse dans une

autre paroisse que celle dans laquelle ils résident (soit parce que l 'horaire leur convient

mieux ou encore parce que l'enfant fréquente l 'école de cette paroisse et que

conséquemment il veut être avec ses compagnons lors de la catéchèse).

A cause de ces liens déjà établis entre les paroisses d 'une unité pastorale, on peut imaginer

une collaboration accrue en proposant à une paroisse de miser sur la préparation et

l 'animation du programme « traditionnel » et à une autre de s'engager dans le programme

qui fait corps avec l 'assemblée chrétienne dominicale. Ainsi, au sein d 'une unité pastorale,

chaque paroisse n ' a pas à offrir les deux programmes (ce qui pourrait représenter un

investissement considérable, notamment dans les plus petites paroisses) : une paroisse peut

choisir de mettre ses ressources dans l'offre d 'un programme et une autre paroisse investira

davantage dans l 'autre. La mobilité au sein de l 'unité permettra aux parents de choisir le

programme qui leur convient et de le suivre dans la paroisse qui le dispensera.

L'objection qu 'on pourra apporter à l 'élaboration d 'un nouveau programme est le manque

de ressources humaines : le recrutement des catéchètes est déjà une tâche difficile et ardue

(les coordonnatrices passent presque tout le mois de septembre à voir au recrutement du

nombre nécessaire de catéchètes dans le cadre du programme actuel). Mais comme le dit

Braud : « Qu 'on avance pas trop vite l 'objection du manque d'acteurs pastoraux : à projets

nouveaux, acteurs nouveaux! » 5 6 6 L'objection serait de taille si on imaginait un programme

en marge de l 'assemblée chrétienne. Or, le nouveau programme vise à faire de l 'assemblée

chrétienne dominicale le lieu privilégié de la catéchèse et de la liturgie. Il y a déjà un noyau

important de personnes qui fréquentent l 'assemblée chrétienne dominicale et qui sont

intéressées à faire de ce moment hebdomadaire un moment intégrateur de leur vie de foi :

les dires des catéchètes rencontrées lors de l 'entrevue en font foi.

En fait, ce nouveau programme de catéchèse n'ajoute pas quelque chose en marge de

l'essentiel de la vie chrétienne : il vient enrichir l 'assemblée chrétienne dominicale pour

ceux qui la fréquentent. Déjà, il y a des familles qui participent régulièrement au

5 6 6 Patrick Braud, «Le vécu authentique de la communauté chrétienne, véritable lieu d'initiation? » dans Catéchèse et Initiation, sous la direction d'Henri Derroitte (Bruxelles : Lumen Vitae, 2005), 116.

rassemblement dominical. Souvent, ce sont ces parents qui sont impliqués comme

catéchètes dans le programme de catéchèse paroissiale et familiale. En leur proposant de

devenir catéchètes dans un programme de catéchèse qui se ferait lors de l 'assemblée

chrétienne dominicale, la possibilité leur est offerte de participer à la liturgie dominicale

tout en étant catéchètes.

Un seul rendez-vous, un seul lieu, permet à ces parents de faire de l 'assemblée chrétienne

dominicale un temps et un lieu intégrateur de la vie chrétienne. Lorsque nous connaissons

les horaires des jeunes familles, nous croyons qu 'un tel programme pourra intéresser ceux

qui sont fidèles à l 'assemblée chrétienne dominicale. Au lieu de passer une heure à l 'église

pour la catéchèse un soir de semaine ou le samedi (en plus de l 'eucharistie dominicale), ce

programme préconise le dimanche comme temps privilégié pour la catéchèse, un temps

déjà inscrit « pour Dieu ».

4.1.1 La formation des catéchètes

Puisque la tâche catéchétique est souvent confiée à des laïcs, ces derniers ont besoin de

soutien et de formation. Ici, le défi est de taille et il s'accroît avec les années. Le nombre de

catéchètes nécessaires est si grand que plusieurs sont choisis sans avoir la compétence

nécessaire. Or, en ce domaine, la bonne volonté n 'est pas toujours suffisante. Il ne faut pas

faire l 'économie de la formation. Pour « passer d 'un système du catéchisme à une prise en

charge communautaire et intergénérationnelle de démarches variées de cheminement

catéchétique », cela exige de la part de la communauté un programme de formation pour les

personnes qui accepteront de s'y invest i r . 5 6 7 La formation préconisée par le Directoire

(savoir, savoir-faire et savoir-être) est à propos dans le contexte actuel (DGC, n° 238). Il

faut dire que les personnes à accompagner ne pourront pas être uniquement celles qui

verront à animer la catéchèse avec les enfants. Les responsables de la catéchèse des adultes

seront aussi partie prenante du projet de formation pour saisir les occasions de l 'assemblée

chrétienne susceptibles de nourrir la foi des autres âges de la vie.

Un des avantages de ce passage à une catéchèse qui mise sur l 'assemblée chrétienne

comme milieu intégrateur, c'est l 'ouverture nécessaire de tous les intervenants à l 'ensemble

5 6 7 Henri Derroitte, La catéchèse décloisonnée, 103.

des composantes de la vie chrétienne. Pour toutes ces personnes, la formation doit viser le

savoir, le savoir-faire et le savoir-être (DGC, n° 238). Ainsi, un savoir en liturgie, en

ecclésiologie et en catéchèse devient important. La maîtrise de certaines habiletés en

animation et en travail coopératif en équipe est aussi un enjeu de taille. Cet apprentissage

de connaissances et d'habiletés ne peut faire l 'économie d 'une croissance humaine qui

intègre la spiritualité chrétienne pour développer le savoir-être.

En inscrivant les Écritures au cœur du projet catéchétique, il y a un travail d'éducation et

d 'accompagnement qui s ' impose en matière biblique. Si, avec la Réforme liturgique, on

s'est rendu compte qu' i l ne suffisait pas d 'un passage de la langue latine à la langue

vernaculaire pour faire comprendre la liturgie, une catéchèse qui ouvre davantage le livre

des Écritures ne signifie pas que l'histoire sainte sera mieux comprise. Il faut veiller à cette

formation essentielle pour éviter que le programme rencontre les mêmes écueils que dans le

programme actuel. Dans la formation des catéchistes, le Concile invite d'ailleurs les écoles

diocésaines à cultiver « avec soin la doctrine catholique, surtout en matière biblique et

l i turgique» (AG, n° 17). C'est souvent l 'absence d 'une telle formation qui rend certains

programmes difficiles à comprendre et à transmettre pour nombre de catéchètes.

L'aide du diocèse sera importante au niveau de la formation des catéchètes. Il s 'avère

difficile et onéreux pour chaque communauté chrétienne de pouvoir dresser une liste de

catéchèses susceptibles d'être proposées aux intervenants, de même que des personnes-

ressources pour animer ces moments de catéchèse. Pour aider à surmonter ces défis, le

diocèse pourra continuer à offrir des ressources humaines pour aider à coordonner la

catéchèse des enfants, mais aussi élargir pour englober la catéchèse des adultes. Cette

formation des intervenants est essentielle si on veut que la catéchèse ne soit pas limitée aux

enfants. Cet apport du diocèse pourra révéler par le fait-même le souci catéchétique de

l 'évêque et sa prise en charge d'enseignant, telle que voulue par le Concile Vatican IL

4.1.2 L'implication des enfants

Les enfants aussi doivent être impliqués dans ce programme de catéchèse. Que ce soit lors

des temps forts ou lors des dimanches ordinaires, la catéchèse avec les enfants verra à

utiliser des moyens pédagogiques susceptibles de rejoindre le vécu des enfants, tout en

5 6 8 Service national de pastorale liturgique et sacramentelle, Les servants d'autel. Guide pastoral de l'accompagnateur (collection « Guide Célébrer » n° 16, 2007), 3.

présentant le message chrétien à partir des Écritures. Il faudrait aussi viser à une

participation à la liturgie. Si la catéchèse est vécue un peu avant le début de la liturgie, le

début de celle-ci peut être l 'occasion de laisser la parole à l 'un ou l 'autre des enfants pour

qu'i ls fassent part de ce qu'i ls ont vécu ensemble. S'ils rejoignent la grande assemblée à la

fin de la liturgie de la Parole, ils pourraient le faire à ce moment.

Pour les enfants inscrits au programme de catéchèse dominicale, on pourrait penser à leur

donner un ministère régulier lors de la liturgie. Le renouveau que connaissent les servants 568

d'autel dans certains pays devrait nous inspirer/ Deux catéchètes ont mentionné lors des

entrevues la valeur de cette implication pour leurs enfants. Une mère de famille a dit :

« moi, mes enfants, j ' ava i s assez de misère à les amener à l'église. Pis depuis qu' i ls sont

servants de messes, ils aiment cela » (C-141). Une grand-mère a dit que sa petite-fille avait

interpellé un autre enfant en lui disant : « Si tu devenais enfant de chœur, tu verrais comme

c'est intéressant parce qu 'on participe à la messe » (G-77).

Ces nombreuses personnes (parents, catéchètes, enfants) nécessaires pour le succès du

projet viennent s'ajouter à d'autres dont nous avons mentionné l 'apport inestimable

précédemment (prêtre, diacre, ministres liturgiques). Nous pouvons ajouter en dernier (non

pas en dernier pour signifier par là un ordre d' importance, au contraire !) l 'Esprit-Saint.

Catechesi Tradendae le présente comme le « maître intérieur » qui est l ' inspirateur de toute

l 'œuvre catéchétique : il est à la base de la composition et de la transmission des Écritures.

C'est aussi le principal acteur de la liturgie de l 'Église : il aide à comprendre les Écritures,

il transforme le pain et le vin, il suscite la communion (PE IV). La prise de conscience de

sa présence rappelle que la grâce divine ne dépend pas de nous.

Le rôle de l 'Église ne devient-il pas second par rapport au sujet qui est appelé à donner une

réponse libre et par rapport à l 'initiative divine puisque Dieu seul peut susciter la foi

comme grâce ? L'Église intervient pour préparer une terre capable d'accueillir la semence

et la faire germer. Même en privilégiant le pôle subjectif de la catéchèse (fides qua), la part

de l 'Église est capitale dans l'activité catéchétique.

4.2 Un projet unificateur pour l'équipe d'animation pastorale

A travers ce projet catéchétique, le diocèse de Bathurst peut créer un espace de rencontre

permettant de rallier les forces vives des communautés. Pour réussir, ce projet doit passer

par un travail de concertation entre les membres de l 'équipe pastorale. C'est peut-être aussi

un projet de cette envergure, nécessitant l 'implication de tous, qui peut fonder la légitimité

du travail en commun des membres d 'une équipe pastorale. Sans un projet commun,

chacun peut remplir sa charge de manière efficace, en étant toutefois isolé.

Le rapport final du projet diocésain des réaménagements pastoraux, Toutes et tous

responsables de préparer Vavenir, prévoit qu 'au sein de chaque unité pastorale il y a une

équipe d'animation pastorale dont les membres participent à l 'exercice de la charge

pastorale dans les paroisses de l 'unité. Dans cette équipe, une personne porte le dossier de

l 'éducation de la foi des adultes et de la catéchèse (sous-entendue des enfants), une autre

porte le dossier de la liturgie, une autre celui de la vie communautaire, une autre celui de la

justice sociale et enfin, une personne porte le dossier de la pastorale-jeunesse. 5 6 9

Lors des réunions des équipes d'animation pastorale, l 'occasion est propice pour un travail

en commun des responsables de ces dossiers. Sans projet unificateur, les réunions de ces

équipes d'animation risquent de se limiter au rapport de chaque responsable de dossier.

Ainsi, le responsable de la liturgie donnera le rapport de ce qui aura été fait et recevra

quelques commentaires ou suggestions de la part des autres sans que ceux-ci s'engagent

vraiment, jugeant ce dossier comme n'étant pas le leur. Il faut éviter ce cloisonnement des

charges de la pastorale au sein de l 'équipe. Dans une logique de partage de tâches, il est

nécessaire de confier à l 'un le service de la Parole et à l 'autre celui du culte, en fonction des

dons de chacun, mais il ne faut pas ériger ce partage de responsabilités de manière rigide.

569 Le rapport final concernant les réaménagements pastoraux se trouve sur le site web du diocèse de Bathurst

(www.diocesebathurst.ca) On y trouve notamment le rôle spécifique de l'équipe d'animation pastorale qui est défini ainsi: les membres de l'équipe d'animation pastorale portent ensemble la charge pastorale dans les paroisses de l'unité selon les dons de chacun. Ensemble, ils assurent les services suivants : (1) Éducation de la foi des enfants et des adultes: (2) Liturgie: (3) Justice sociale et solidarité humaine; (4) Vie fraternelle; (5) Pastorale jeunesse.

4.2.1 Liturgie et catéchèse sur le même devis

La mise en œuvre de ce projet diocésain de catéchèse ne pourra se faire sans que des liens

existent d 'abord entre les responsables de la liturgie et les responsables de la catéchèse, au

plan paroissial et diocésain. Aujourd'hui, les comités de liturgie et ceux de catéchèse n 'ont

pas l 'habitude de se réunir ensemble. La catéchèse, tout comme la liturgie, a des cloisons

étanches qui ne s'ouvrent qu'exceptionnellement. Ce programme de catéchèse en lien avec

l 'assemblée chrétienne relève de chacun des membres de l 'équipe. Si l 'un vient à manquer,

c'est une dimension de l 'assemblée qui sera sacrifiée. Ce projet est appelé à devenir le point

de jonction entre les diverses composantes de la vie communautaire, notamment de la

catéchèse (entendue comme celle des enfants et des adultes) et de la liturgie.

4.2.2 Les responsables de la vie communautaire, de la pastorale-jeunesse et de la justice sociale invités à la préparation de l'assemblée chrétienne

Ce qui vient d'être dit de la liturgie par rapport à la catéchèse, et vice-versa, doit aussi être

dit à l 'égard des autres fonctions de l 'équipe d'animation pastorale. Ainsi, les responsables

de la vie communautaire dans les unités pastorales sont aussi concernés par ce programme

de catéchèse qui élargit la conception de l 'assemblée chrétienne dominicale. Ce programme

est une chance offerte pour que la koinonia fasse partie de l 'assemblée dominicale. Le

partage autour d 'un goûter, voire d 'un repas à l 'occasion de certains temps forts, est une

occasion de nourrir la fraternité. De plus, ce qui se vit dans la communauté mérite d'être

souligné et célébré lors de l 'assemblée chrétienne. C'est le souhait de plusieurs personnes

rencontrées qui ont mentionné lors des entrevues leur satisfaction de voir les événements

communautaires être soulignés lors de l 'assemblée dominicale. Une assemblée qui se fait

solidaire de la vie communautaire en y participant activement n 'est pas en marge des joies

et des peines, des angoisses et des espoirs de la communauté humaine.

L'assemblée deviendra alors la source qui irrigue la vie des familles, des mouvements, des

associations, des petites communautés ecclésiales, des groupes de partage autour de la

Parole, etc. L'assemblée permettra l'articulation entre les divers lieux catéchétiques et la

communauté parce qu'elle est un lieu où s'exerce la charité entre les membres d'abord, et

aussi à l 'égard du monde. « Nous ne pouvons plus nous permettre de renvoyer dos à dos les

spécialistes de la vie spirituelle et liturgique et les militants de l'action sociale. » 5 7 0

Les responsables de la pastorale-jeunesse dans l 'unité pastorale gagneront aussi à

collaborer à la mise en œuvre de ce projet diocésain de catéchèse. Une large part du projet

de catéchèse a misé sur les enfants et les adultes (ce sont les destinataires privilégiés par le

Directoire de 1997), mais les adolescents ne peuvent pas être mis en marge. Ils seront

invités à se joindre à une assemblée chrétienne qui leur fera une juste place. Cette

participation ne vise pas à éliminer la possibilité pour les jeunes de se retrouver ensemble à

l 'occasion pour vivre des expériences liées à leur âge (préparation des JMJ, groupe scout,

prière de Taizé, etc.), mais permet le développement d 'une identité chrétienne qui soit

vraiment catholique, c'est-à-dire tournée vers l 'autre aux multiples visages.

Enfin, les responsables de la justice sociale sont aussi concernés par ce projet diocésain de

catéchèse qui valorise l 'assemblée chrétienne. Fidèle à la pratique des origines de voir au

partage des richesses au sein de l 'assemblée, le rassemblement dominical pourra permettre

une éducation à la justice sociale. Ceux qui sont responsables de ce dossier sont souvent les

quémandeurs d'argent (pour le Noël de Partage, pour Développement et Paix, pour les

œuvres caritatives, etc.).

L 'assemblée chrétienne élargie permet une présentation approfondie des situations

d'injustice et la recherche commune de solutions pour en faire disparaître les causes. La

sollicitation peut être la manière la plus facile (et la plus lâche parfois) de se donner bonne

conscience. La vie chrétienne, c 'est plus que d'ouvrir son portefeuille pour soulager la

misère, c'est d 'abord ouvrir son cœur aux besoins de justice et de paix à travers le monde.

La participation active aux campagnes de P A C AT (Action des Chrétiens pour l 'Abolition

de la Torture) ou l 'étude de la doctrine sociale de l 'Église fait partie de l 'éducation de la foi

qui est visée par le projet diocésain de catéchèse. Il y a des liens à valoriser entre la justice

sociale et le vécu des assemblées chrétiennes.

Claude Dagens, « L'Église propose la foi à travers la liturgie et les sacrements, » 2.

1 Alphonse Borras, « Nouvelle paroisse et nouvelle catéchèse, » 396-397.

Tout au long de ce chapitre, nous avons voulu tracer les grands traits d 'un projet

catéchétique pour le diocèse de Bathurst. Nous sommes conscient que ces réflexions ne

pourront satisfaire à toutes les demandes de solutions pratiques aux défis auxquels les

catéchètes sont affrontés quotidiennement. Ces réflexions voudraient surtout éclairer les

contours et les enjeux du renouvellement de la catéchèse que nous estimons nécessaires

pour l 'Église locale. Comme nous avons voulu le montrer, un tel projet catéchétique a la

capacité de soutenir le travail des équipes d'animation pastorale déjà mises sur pied dans le

diocèse. Ceci peut soulever quelques interrogations. Est-ce qu ' i l vaut mieux attendre que

l 'organisation des unités pastorales soit terminée avant de se lancer dans un tel projet?

Comment une Église locale, avec des ressources limitées, peut-elle réussir deux projets

majeurs, si ce n'est en sacrifiant l 'un aux dépens de l 'autre?

Borras s'est aussi questionné pour savoir lequel des deux projets devrait primer sur l 'autre :

est-ce le remodelage paroissial qui pourrait soutenir, c'est à-dire encourager et supporter le

renouveau catéchétique ou est-ce un nouveau projet catéchétique qui contribuerait à

soutenir cette entreprise de remodelage paroissial? Il répond à sa question en disant qu 'en

définitive, remodelage paroissial et renouveau catéchétique sont deux chantiers en

interaction qui doivent aller de pa i r . 5 7 1 Cela ne sera possible selon lui qu 'à quatre

conditions, déjà esquissées dans ce chapitre, que nous reprenons d 'une manière succinte.

Il faut d 'abord faire le deuil de la chrétienté et proposer des parcours catéchétiques qui

prennent acte de cette nouvelle situation. Dans un deuxième temps, il faut miser sur

d'autres lieux que la paroisse qui fut pendant des siècles la voie nécessaire et unique pour

faire l 'apprentissage de la vie chrétienne. Il faut aussi que la catéchèse puisse faire écho

dans toutes les expériences de la vie chrétienne : autant dans la dimension célébrante de la

foi que dans sa dimension fraternelle de la koinonia. A ce propos, la mise en valeur de

l 'assemblée chrétienne dominicale introduit à un vécu chrétien englobant. Enfin, la

catéchèse et la paroisse doivent être au service de l 'engendrement de la foi. Cette condition

nous amène au seuil de la conclusion où nous voudrions faire écho à la description de la

Jérusalem nouvelle décrite par le prophète Isaïe : la joie est rendue à la femme stérile qui

enfante et elle doit élargir l 'espace de sa tente pour faire face à ce débordement (Is 54).

Conclusion : « Élargis l'espace de ta tente » (Is 54, 2)

Réjouis-toi, stérile, toi qui n'enfantes plus! Fais éclater ton allégresse et ta joie, toi

qui n'as plus de douleurs! Car les fils de la délaissée seront plus nombreux que les

fils de celle qui est mariée, dit l'Éternel. Élargis l 'espace de ta tente (Is 54, 1-2).

Au moment de conclure, les sentiments de joie et d'allégresse auxquels invite le prophète

Isaïe apparaissent légitimes pour témoigner de la fierté d 'avoir mené à terme ce projet de

recherche. Bien qu'i ls ne soient pas négligeables, ces sentiments sont toutefois seconds par

rapport au désir de tout mettre en œuvre pour réaliser cette prophétie qui nous parle surtout

d'enfantement pour assurer une descendance . 5 7 2 Ce désir de laisser une descendance est

inscrit au cœur de l 'être humain : il a conscience qu'il est ce qui lui survit. Le désir

d'enfanter des chrétiens pour avoir une descendance ne fait pas exception à cette règle.

Mais pour cela, le prophète donne un conseil : « élargis l 'espace de ta tente ». Pour enfanter

des chrétiens, il faut élargir.. .

Élargir les contours trop étroits dans lesquelles la catéchèse semble prise en étau. Élargir

notre conception de l 'assemblée chrétienne dominicale pour une mise en œuvre de

nouvelles pratiques. Élargir les destinataires de la catéchèse pour y inclure aussi les jeunes

et les adultes. Élargir! À la fin de ce travail, qui est l 'aboutissement de cinq années de

recherches et de pratiques pastorales passées au crible de l 'analyse, nous pouvons dire que

le parcours du doctorat en théologie pratique aura justement permis d'élargir les horizons

du chercheur sur plusieurs plans.

La conclusion de ce travail veut identifier quelques-uns de ces élargissements. Ce qui vient

spontanément à l'esprit, ce sont ces élargissements nécessaires dans les pratiques pastorales

catéchétiques pour que la catéchèse soit davantage en lien avec la liturgie aujourd'hui. Mais

il y a plus qu 'un savoir-faire que ce travail a permis d'acquérir. Il y a un savoir qui a dû être

acquis afin d 'en arriver à cette conclusion : un savoir désormais élargi à cause de la

recherche menée. Enfin, il y a aussi un cheminement de l 'être vers une conscience plus

5 7 2 Ce thème de l'enfantement de chrétiens a été repris par Routhier. Dans une analyse sur la nécessité pour l'Église actuelle d'enfanter de nouveaux croyants, il présente certaines conditions à mettre en œuvre pour enfanter des chrétiens aujourd'hui. Voir Gilles Routhier, Enfanter des chrétiens aujourd'hui.

profonde de sa mission dans le champ de l 'Église. Ces trois composantes (savoir, savoir-

faire et savoir-être) sont d'ailleurs les composantes de la formation des catéchistes

identifiées dans le Directoire Général pour la Catéchèse :

La formation des catéchistes revêt plusieurs dimensions. La plus profonde a trait à

Yêtre du catéchiste, à sa dimension humaine et chrétienne. La formation doit en effet

l'aider à mûrir, avant tout, comme personne, comme croyant et comme apôtre. Puis,

il y a ce que le catéchiste doit savoir pour bien accomplir sa tâche. Cette dimension

marquée par la double fidélité au message et à la personne humaine, exige que le

catéchiste connaisse bien à la fois le message qu'il transmet et celui qui le reçoit

ainsi que le contexte social dans lequel il vit. Enfin, il y a la dimension du savoir

faire, puisque la catéchèse est un acte de communication. La formation tend à faire

du catéchiste un éducateur de l 'homme et de la vie de l 'homme (DGC, n° 238).

Ces trois composantes de la formation (savoir, savoir-faire et savoir-être) sont aussi à la

base du programme de doctorat en théologie pratique de la Faculté de théologie et de

sciences religieuses de l 'Université Laval. Tout comme pour la formation des catéchistes,

nous osons espérer que l 'acquisition de ces formes du savoir au cours du cheminement

doctoral aura permis de faire du chercheur un catéchète soucieux de l 'éducation « de

l 'homme et de la vie de l 'homme ». Les élargissements que nous voulons montrer dans les

prochaines pages sont ceux opérés dans chacun de ces domaines, c'est-à-dire le savoir, le

savoir-faire et le savoir-être.

L'ordre que nous empruntons n 'est pas uniquement le miroir du cursus de formation en

théologie pratique à l 'Université Laval, mais il nous semble refléter le propre parcours du

chercheur. D'abord, c'est l 'acquisition de connaissances nouvelles (savoir) qui a permis de

proposer de nouvelles pratiques (savoir-faire) à l 'intérieur du projet diocésain de catéchèse.

Afin de pouvoir mettre en œuvre (en communion avec les orientations du diocèse de

Bathurst) certaines de ces pratiques, il y a plus que des habiletés qui sont nécessaires, mais

aussi des attitudes qui font partie de la dimension humaine et chrétienne du catéchète, c'est-

à-dire de son savoir-être.

L'élargissement du savoir : le nouveau contexte appelle un nouveau départ

À la fin de ce cheminement, nous pouvons dire qu 'au cours de ces dernières années, c 'est le

monde du savoir qui semble avoir été le plus visité et le plus fréquenté pour le chercheur.

Sur ce terrain, le premier espace arpenté fut celui de la théologie pratique. À travers

l 'apprentissage de ses actes fondateurs, de son histoire et de ses méthodes, il nous a été

permis de mesurer les défis de cette science théologique relativement jeune. Encore

aujourd'hui, au sein des différentes Églises, elle cherche à faire reconnaître sa légi t imité . 5 7 3

Après cette avancée dans le domaine de la théologie pratique, ce travail aura permis au

chercheur de revoir l 'histoire de l 'Église et l 'histoire de son Église locale de Bathurst à

travers un angle précis, soit celui des rapports entre la liturgie et la catéchèse à travers les

époques. À l 'aide de cette histoire et de la recherche menée sur le terrain, le savoir acquis

permet de renouveler la pratique. Avant de tirer les traits saillants de cette nouvelle pratique

que nous préconisons, relevons quelques éléments de savoir que ce travail a fait ressortir.

À l 'origine de la recherche, il y a la réalité d 'un pasteur qui constate, non sans une certaine

inquiétude, la rupture qui existe entre catéchèse et liturgie au sein des paroisses dont il a la

charge. Cette situation n 'est pas normale puisqu' i l y a un « rapport étroit existant entre la

liturgie et la catéchèse, moment ecclésial du ministère de la parole en vue de l 'éducation de

la foi » . 5 7 4 Non seulement y a-t-il un rapport étroit entre catéchèse et liturgie, mais la revue

de la littérature a montré qu'elles sont les deux faces d 'une même réalité, c'est-à-dire la

rencontre avec Dieu que l 'Église propose.

Cette opposition entre catéchèse et liturgie s'est révélée être une « opposition artificielle »;

selon Dagens, cette opposition a été « pratiquée jadis entre le culte et la mission, ou comme

on disait alors, entre la sacramentalisation, jugée souvent inopérante ou inutile, et

5 7 3 Dans l'Église catholique, le discours du cardinal Ratzinger à Notre-Dame-de-Paris a montré la difficulté toujours actuelle de la théologie pratique à s'imposer comme science théologique. En abordant les difficultés actuelles de la catéchèse, le Cardinal a attribué une part de responsabilité à « la théologie pratique (qui) s'est énergiquement consacrée à ces problèmes (de la catéchèse) ces dernières années, afin de tracer à la transmission de la foi des voies nouvelles et mieux adaptées à cette situation ». Voir Cardinal Joseph Ratzinger, « La primauté de la foi baptismale, » dans La joie de la catéchèse, 107. 5 7 4 Emilio Alberich, La catéchèse dans l'Église, 247.

Claude Dagens, « L'Église propose la foi a travers la liturgie et les sacrements, » 2. André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication, 172.

l 'évangélisation, qui était parfois rêvée plus que pratiquée » . 5 7 5 Après la période

apostolique, cette dichotomie a existé à différents moments de l 'histoire. Chaque fois que la

désarticulation catéchèse-liturgie s'est manifestée, des chrétiens se sont engagés dans des

initiatives pour rapprocher ces composantes de la vie chrétienne, sachant bien que

« catéchèse et liturgie édifient conjointement la communauté chrétienne » . 5 7 6

Ainsi, l 'histoire nous a permis de voir que chaque époque a trouvé un lieu d'articulation

pour un rapport sain et fécond entre liturgie et catéchèse. Aux premiers siècles de l 'Église,

alors que la création de nouveaux ministères a pu compartimenter catéchèse et liturgie, le

catéchuménat a été l'institution qui a permis de retrouver l'articulation catéchèse-liturgie

qui existait avec les apôtres. En période de chrétienté, c'est toute la vie sociale qui est

devenue garante de l 'unité entre les composantes de la vie chrétienne. Suite au concile de

Trente, alors que les catéchismes ont pu être une menace à l'articulation catéchèse-liturgie,

la paroisse a été un lieu fécond d'articulation. À travers le parcours historique que le

présent travail nous a permis de faire, il y a une conclusion qui s ' impose : les différentes

composantes de la vie chrétienne ne doivent pas être isolées les unes des autres, mais

doivent agir ensemble dans la vie de l 'Église. Chaque moment de désarticulation a suscité

des efforts pour intégrer catéchèse et liturgie, non seulement dans l 'apprentissage de la vie

chrétienne, mais aussi dans l 'ensemble de la vie chrétienne.

Cette histoire de la catéchèse et de la liturgie ne pourrait-elle pas être comparée au

cheminement d 'un couple? Après la lune de miel des commencements (avec le

catéchuménat à l 'époque patristique), ceux qui étaient unis au départ ont connu une période

de tensions et de distanciations. Malgré ces difficultés, la vie sociale et familiale a été un

lieu éminemment puissant pour les garder unis pendant de nombreuses années. Plusieurs

années ont été nécessaires pour que chacun puisse trouver son identité profonde. Avec les

années, une nouvelle façon de concevoir leur rapport est apparue alors qu' i ls ont trouvé un

lieu intégrateur : la paroisse. Quelque temps plus tard (à l 'époque des Lumières), d 'autres

événements, plus externes cette fois, sont venus fragiliser à nouveau l 'union. Alors qu'el les

cherchent aujourd'hui des moyens et des lieux pour se retrouver, la liturgie et la catéchèse

Elisabeth Germain, 2000 ans d'éducation de la foi, 175.

avancent sur la pointe des pieds et hésitent parfois à se rapprocher de peur de perdre leur

spécificité. Pour garder leur individualité et éviter de se confondre l 'une dans l 'autre,

liturgie et catéchèse conservent leurs distances. Dans ce contexte, les rapprochements sont

souvent hésitants et timides.

Si l 'histoire nous a été utile pour tracer un portrait des liens entre catéchèse et liturgie dans

l 'Église catholique, les sciences sociales et humaines nous ont été aussi d 'un précieux

secours. La sociologie nous a permis de tirer quelques considérations relatives au contexte

actuel de post-chrétienté. Ceci est essentiel puisque le milieu socio-culturel dans lequel

baigne le christianisme doit être pris en considération pour analyser une pratique. L'étude

du milieu est une tâche pour chaque époque : la situation actuelle de l'Église diffère

considérablement de ce qu'elle était au début de l 'Église, au Moyen Age, ou encore au

moment du Concile Vatican II. L'évolution rapide des mœurs et des conditions sociales au

X X e siècle apporte une nouvelle compréhension de l 'Église et de son rapport au monde, ce

qui n 'est pas sans avoir des incidences sur l 'enseignement et la célébration de la foi.

La société n 'est plus en effet le lieu où se fait l 'unité des trois composantes

(connaissance de la Parole de Dieu, célébration de la foi dans les sacrements et

confession de la foi dans la vie quotidienne) : en chrétienté, le catéchisme pouvait se

réduire à une proposition systématique des vérités de la foi; aujourd'hui, dans un

monde marqué par l'indifférence et la sécularité, la catéchèse doit sans cesse se

préoccuper d'intégrer les trois dimensions, même si sa spécificité est la 577

connaissance et l 'approfondissement de la Parole de Dieu.

Cette prise en compte du contexte social actuel est nécessaire. Si cela n 'est pas fait, l 'Église

se trouve habillée de pratiques qui ne lui conviennent pas, à la manière d 'une vieille dame

qui porte des vêtements d 'une autre époque ou encore trop grands pour elle aujourd'hui.

Non seulement la situation de l 'Église varie au cours des âges, elle varie aussi selon les

espaces géographiques. Le détour que nous avons fait pour enraciner notre recherche dans

l 'histoire de l 'Église acadienne n 'est pas fortuit. Il faut trouver les pratiques ecclésiales

ajustées à notre époque, mais aussi à notre aire géographique. La catéchèse doit être là pour

donner des éléments qui contribuent à l'édification d 'une identité chrétienne en lien avec

une communauté de foi bien réelle, incarnée sur un terrain précis. Le nouveau contexte

social, à l 'intérieur duquel la catéchèse est à comprendre davantage comme formation

intégrale de croyants que comme transmission de vérités, appelle une nouvelle façon de

faire la catéchèse : « A vin nouveau, outres neuves » (Me 2, 22).

Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous nous retrouvons en période de désarticulation

entre catéchèse et liturgie au diocèse de Bathurst ( l 'examen du programme de catéchèse et

les entrevues en sont témoins). Nous sommes en quête d 'un lieu d'articulation qui soit en

lien avec la Tradition de l 'Église et les possibilités du monde contemporain. Quel lieu pour

articuler catéchèse et liturgie aujourd'hui? Lors des entrevues que cette recherche a

permises avec des catéchètes engagés dans le projet actuel de catéchèse au diocèse de

Bathurst, nous avons cherché un lieu d'articulation pour aujourd'hui.

Le Directoire Général pour la Catéchèse parle de la paroisse comme « le lieu le plus

significatif dans lequel la communauté chrétienne se forme et se manifeste. La paroisse est

appelée à être une maison familiale, fraternelle et accueillante, où les chrétiens prennent

conscience qu'i ls sont le peuple de Dieu » {DGC, n° 257). A partir de cette invitation à

fonder la catéchèse sur la paroisse, il nous restait à préciser davantage : quel lieu, à

l 'intérieur de la paroisse, a la capacité de faire vivre la catéchèse en lien avec les autres

composantes de la vie chrétienne.

Cette insistance mise sur la dimension ecclésiale ne devrait-elle pas inciter à renouer

l 'acte catéchétique avec la Parole prononcée et célébrée dans l 'assemblée du

dimanche de la communauté locale? N'est-ce pas d 'abord là que les enfants

devraient être initiés à la Parole, avec des croyants de tous âges et de toutes ' 578

conditions, image vivante de l 'Eglise?

Ce qui ressort de l 'analyse des entrevues, c 'est la nécessité de penser et d 'organiser la

catéchèse en lien avec la liturgie de l 'Église, au lieu de la calquer sur le cadre et la

pédagogie scolaire. Plus que le contenu de la catéchèse, c 'est son organisation pratique qui

5 7 8 Louis-Michel Renier, « Un nouveau lien entre catéchèse et liturgie, » dans Théologie, Mission et Catéchèse, 109.

ressort des entrevues comme une préoccupation des parents : le dimanche devrait être

privilégié comme moment de la catéchèse et l 'assemblée chrétienne comme son lieu

p remier . 5 7 9 Sur la base des concepts qui sont ressortis de l 'analyse, nous pouvons dire que

l 'assemblée chrétienne dominicale est la fondation sur laquelle nous pouvons bâtir cette

articulation entre la catéchèse et la liturgie. La théorisation a mis au premier plan

l 'assemblée chrétienne dominicale comme lieu d'articulation entre la catéchèse et la liturgie

puisque ces deux composantes de la vie chrétienne trouvent leur expression première et

fondamentale au sein de l 'assemblée chrétienne.

Le commentaire d 'un catéchète lors des entrevues montre bien le rôle important du milieu

communautaire dans la transmission de la foi : « Selon moi, la foi ça se transmet dans des

valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices. On en a beaucoup

trop de ces papiers-là » (F-66). Ne pourrait-on pas voir dans ce terme de « valeurs » celui-là

même d ' « attitudes » qui a été la trame de notre propos lorsque nous avons abordé la

catéchèse comme la transmission des attitudes?

Il y a maintenant près de vingt ans que le diocèse de Bathurst a fait le choix d 'une catéchèse

familiale et paroissiale. A cette époque, le passage d 'une catéchèse pour enfants assumée

essentiellement par l 'école à une catéchèse assumée par la paroisse a été l 'occasion de

réfléchir pour en arriver à un projet diocésain de catéchèse. Le moment actuel nous semble

propice pour évaluer les choix qui ont été faits et pour mesurer, à l 'aide du chemin

parcouru, ce qu'i l reste à parcourir pour que la catéchèse corresponde encore davantage aux

besoins du diocèse. À partir du concept intégrateur de l 'assemblée chrétienne dominicale,

nous avons élaboré une théorie et une proposition d 'un nouveau projet catéchétique

diocésain qui représente une chance et un défi pour le diocèse de Bathurst. Ce projet

diocésain de catéchèse repose désormais sur les habiletés et le savoir-faire des principaux

intervenants en pastorale pour pouvoir être mis en œuvre.

Dans le choix de ne pas faire la catéchèse le dimanche, il y avait un désir d'affirmation de la part des communautés acadiennes : pour les Acadiens, l'école du dimanche (le Sunday School hérité des Temps Modernes) appartenait à la sensibilité culturelle des anglophones et ne correspondait pas à leur mode de vie. En mettant sur le compte de la disparité culturelle le choix d'un programme de catéchèse qui privilégie le samedi (ou un soir de semaine), on a mis de côté l'assemblée chrétienne et le dimanche comme lieux intégrateur et identitaire de la vie chrétienne. Or, les réalités du dimanche et de l'assemblée chrétienne ne sont pas l'apanage des anglophones seulement, mais elles font partie du code génétique de tout chrétien.

5 8 0 Jean-Claude Reichert, « Refonder la responsabilité catéchétique de l'Église, » Études vol. 151 (2007) : 215.

L'élargissement du savoir-faire : l'assemblée chrétienne dominicale au cœur du projet diocésain de catéchèse

La dimension du savoir-faire n'est pas étrangère à la théologie pratique. Le déploiement des

activités ecclésiales et le renouvellement des pratiques sont des caractéristiques de la

théologie pratique lorsque nous fondons celle-ci sur le mystère de l 'Incarnation. Par ce

mystère, Dieu se dépouille de lui-même pour devenir l 'un de nous. À travers le ministère

du Nazaréen, c'est Dieu qui visite son peuple en guérissant, annonçant la libération des

opprimés, instaurant le règne de Dieu, etc. Mais ce mystère de l 'Incarnation ne se termine

pas avec l 'événement de la mort-résurrection du Christ; il se poursuit à travers le mystère

de l 'Église. C'est à travers les activités pastorales de l 'Église que se poursuit l 'œuvre du

Christ dans le monde. Le corps mystique du Christ qu 'est l 'Église continue l 'œuvre

salvifique de Jésus dans le monde.

Ce travail aura non seulement permis d'élargir notre conception de la catéchèse, mais aussi

de proposer de nouvelles pratiques catéchétiques. Nos pratiques actuelles réduisent souvent

la catéchèse à l 'enfance. Même dans le cadre limité de l 'enfance, la catéchèse est souvent

réduite à la préparation des sacrements de l'initiation chrétienne. De plus, la catéchèse

emprunte des façons de faire qui l 'empêchent de déployer ses propres richesses : elle suit le

rythme de l 'année scolaire, elle utilise un mode de transmission scolaire, elle se contente de

transmettre des connaissances, etc.

Le projet diocésain de catéchèse que nous proposons est une invitation à élargir notre

conception de la catéchèse. Pour passer d 'une catéchèse scolaire à une catéchèse

paroissiale, d 'une catéchèse pour les enfants à une catéchèse qui comprend tous les âges de

la vie, d 'une catéchèse qui enseigne à une catéchèse qui soit au service d 'une expérience, il

faut « élargir le rapport que nous entretenons spontanément et historiquement avec le mot

" catéchèse " parce que la fonction qu' i l désigne dépasse à présent l 'institution, l 'âge et les

formes que l 'Eglise avait organisées pour elle ».

1 André Dupleix, « Rapport "Liturgie et Catéchèse" dans le chantier des évêques de France, » 283.

Une catéchèse qui prend appui sur la méthode pédagogique de l'initiation contribue à cet

élargissement des contours. Dans une dynamique de l 'initiation, l 'être entier est sollicité

dans toutes ses dimensions (intellectuelle, affective et corporelle), pour intégrer des

attitudes chrétiennes à partir de l 'expérience ramenée à la conscience. Vue sous l 'angle des

attitudes à intégrer et de l'initiation chrétienne à parcourir, la catéchèse fait appel au contact

avec d'autres chrétiens pour faire advenir un sujet chrétien. Aussi, dans une méthode

pédagogique qui s'inspire de l'initiation chrétienne, la liturgie a une place capitale puisque

les rites viennent souligner des moments de passage.

Or, la liturgie appelle l 'assemblée chrétienne. Elle ne peut se passer d'elle sans en être

atrophiée au niveau de sa signification. C'est l 'assemblée qui donne à voir l 'Église, et à

travers elle le Christ présent au milieu des siens, lors de la célébration liturgique. « La

liturgie est le lieu où peut être vécue, dans la rencontre entre les générations, l 'expérience

fondatrice de la présence en Église, du Christ vivant. » 5 8 1 La fréquentation de la liturgie

chrétienne, et à travers elle de l 'assemblée, est alors un lieu de catéchèse. Lors des

entrevues menées dans le cadre de cette étude, une catéchète rencontrée est allée jusqu 'à

dire que la participation à la messe vaut une catéchèse et qu 'on ne devrait pas hésiter à

remplacer la catéchèse par la messe à l 'occasion (J-219). Pour que ces célébrations allient

liturgie et catéchèse, elles doivent être pensées dans un contexte plus large que celui de la

pastorale liturgique : elles sont insérées dans le contexte de l'initiation chrétienne.

Après avoir fait éclater les cadres d 'une catéchèse liée à l 'enfance et à la préparation des

sacrements, il faut aussi élargir la conception et la mise en œuvre de l 'assemblée chrétienne

dominicale. À la lecture de l 'histoire, nous voyons que l 'assemblée chrétienne a pris

différentes formes selon les époques pour s'adapter aux diverses circonstances et intégrer

les composantes de la vie sociale. À chaque fois que l 'assemblée a été forcée par les

événements de trouver une nouvelle façon de faire, elle l 'a fait avec audace et créativité.

Nous en avons des exemples éloquents qui nous sont relatés dans les récits bibliques depuis

l'exil à Babylone jusqu 'à l 'organisation des communautés par saint Paul.

Ainsi, dans l 'histoire du peuple d'Israël au moment de l 'exil, alors que le sacrifice ne

pouvait plus être offert au Temple de Jérusalem, il y a eu une adaptation dans le

déroulement de l 'assemblée liée aux conjonctures concrètes du peup le . 5 8 2 Cette adaptation

de l 'assemblée s'est vécue aussi au début du christianisme. Paul lui-même a dû intervenir

pour rappeler à l 'ordre quelques assemblées chrétiennes : ses exhortations ont repris les

exigences et les composantes de l 'assemblée (He 10, 22-25). Dans l'histoire du peuple

acadien, au moment de la déportation, il y aussi eu adaptation de l 'assemblée, ce qui a

donné naissance aux « messes blanches ».

Aujourd'hui, nos assemblées chrétiennes, essentiellement liturgiques, sont appelées à

élargir leur espace pour faire place aux dimensions catéchétique et fraternelle de la vie

chrétienne. Une assemblée chrétienne dominicale qui fait abstraction de la catéchèse et de

la vie fraternelle perpétue le cloisonnement qui existe entre catéchèse, liturgie et vie

fraternelle. Pour manifester la totalité du Corps du Christ, les enfants doivent être accueillis

et reconnus lors de l 'assemblée chrétienne du dimanche. Cela veut dire qu' i l faut avoir le

souci de donner aux enfants toute leur place et de leur confier des responsabilités (ou une

tâche spécifique par rapport aux autres) selon leurs capacités; cette participation facilite une

expression autonome.

Pour les adultes aussi il faut promouvoir une participation active : que signifierait organiser

une participation active des enfants si les adultes autour d 'eux sont perçus uniquement

comme des spectateurs en ne participant pas aux chants, aux répons, aux gestes? C'est à

cette condition (accueil et participation de tous) que nos assemblées chrétiennes pourront

montrer un juste visage de l 'Église. Ceci n 'est pas négligeable puisque ce que les enfants

vivent lors de l 'assemblée est intimement lié à leur expérience de l 'Église. C'est d'ailleurs à

ce niveau que nos assemblées chrétiennes sont interpellées quant au témoignage qu'el les

donnent : quel visage du Christ révèle notre assemblée? quelle forme d'Église? quelle

espérance? quelle charité?

5 8 2 Pour ne pas céder à la tentation d'adorer les dieux babyloniens, les exilés du peuple d'Israël vont continuer à se rassembler lors du qahal. Loin du temple de Jérusalem où ils offraient les sacrifices, la vie religieuse est difficile : ils ne peuvent plus offrir des sacrifices et la liturgie doit être modifiée. Les exilés se rassemblent alors au bord de l'eau et lisent la Torah. Le psaume 137 peut être vu comme l'illustration du culte au moment de l'exil à Balylone: « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion... »

1 3 Gaétan Baillargeon, « Dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec, » 97. 1,4 Bill Huebsch, La catéchèse de toute la communauté.

A l'intérieur du projet diocésain de catéchèse que nous préconisons, l 'assemblée chrétienne

dominicale devient la cheville ouvrière de l'articulation entre la catéchèse et la liturgie dans

la formation et dans la vie chrétienne. Mais il y a plus. L'assemblée chrétienne dominicale

devient aussi le lieu du partage entre les membres de l 'assemblée, un lieu pour trouver des

moyens de faire advenir la civilisation de paix et d 'amour, un lieu de koinonia. Pour

réussir, ce projet ne peut pas être celui d 'une seule personne. C'est l 'ensemble des membres

de l 'équipe d'animation pastorale qui en ont la responsabilité. Ce projet devient par le fait

même un projet commun capable d 'unir non seulement les diverses composantes de la vie

chrétienne, mais aussi les divers responsables et intervenants : la mise en commun des

ressources est gage d'avenir.

Pour redécouvrir la valeur de l 'assemblée chrétienne, il faut se montrer ouvert, et « cela

suppose un élargissement des mentalités ». ~ Il ne faut pas se leurrer : chaque fois que nous

élargissons notre vision de l 'assemblée, tous sont gagnants! Les enfants d 'abord ont la

capacité d'élargir leur groupe de catéchèse et de rencontrer d'autres témoins de la foi. Les

catéchètes ont l 'occasion de se sentir soutenus dans leur mission par l 'assemblée chrétienne

en inscrivant leur ministère catéchétique dans un contexte ecclésial élargi. Enfin, la

présence des enfants vient souffler un vent de fraîcheur et d'espérance qui réjouit les

membres des assemblées chrétiennes dominicales.

En mettant l 'assemblée chrétienne dominicale au centre du projet catéchétique, on se dirige

vers une catéchèse de pleine ecclésialité qui retrouve son caractère de permanence (CT, n°

43). La mise en œuvre de l 'assemblée chrétienne comme la pièce centrale dans la vie de la

paroisse et des chrétiens permettra aux enfants d'intégrer à leur parcours catéchétique la

célébration du mystère chrétien, et devra tenir compte des autres membres de l 'assemblée

qui ont aussi besoin de catéchèse. Bill Huebsch propose à ce sujet une série de nouvelles 584

pratiques pour permettre une catéchèse de toute la communauté. Plusieurs de ces

pratiques prennent racine dans la liturgie, et sont donc conciliables avec une valorisation et

une remise à neuf du rassemblement dominical.

L'élargissement du savoir-être : l'assemblée chrétienne dominicale, un « grand arrangement »

Au niveau du savoir-être, le travail aura permis de faire prendre conscience au prêtre que je

suis de sa mission catéchétique en vertu de son ordination : « les prêtres, comme

coopérateurs des évêques, ont pour première fonction d 'annoncer l 'Évangile de Dieu à tous

les hommes » (PO, n° 4). Ce travail aura éveillé en moi cette responsabilité de la

catéchèse - « Malheur à moi si j e n 'annonce pas l 'Évangile » (I Co 9, 16). A l 'heure des

réaménagements pastoraux, alors que les fonctions liées à l 'administration et à la

célébration des sacrements prennent souvent le devant sur les fonctions liées à

l 'évangélisation, ce travail invite à un équilibre dans l 'exercice du ministère presbytéral.

Afin de réaliser cet équilibre, il est indispensable de travailler en étroite collaboration avec

les laïcs qui s'engagent généreusement dans la tâche catéchétique de l 'Église. Ce travail a

confirmé la nécessité de travailler ensemble, prêtres et laïcs, au service de la Mission. Ceci

relève d 'un savoir-faire quant aux habiletés à acquérir en terme de collaboration et de

travail en équipe, mais davantage d 'un savoir-être qui reconnaît dans l 'autre un membre à

part entière de l 'Église. Elles sont nombreuses les personnes engagées dans ce chantier

catéchétique qui cherchent auprès de leur pasteur une sollicitude paternelle et un soutien.

Dans le domaine de la catéchèse, les initiatives de la part des laïcs doivent être encouragées

lorsqu'elles jaillissent d 'un souci d 'annonce de l 'Évangile et d 'un esprit de collaboration.

C'est ce que préconise le décret sur le ministère et la vie des prêtres :

Il faut également avoir assez de confiance dans les laïcs pour leur donner des

responsabilités au service de l 'Église en leur laissant liberté et possibilité d'action,

bien plus, en les invitant quand l 'occasion se présente, à prendre d 'eux-mêmes des

initiatives (PO, n° 9).

Ce travail m ' a permis d'enraciner ma recherche dans mon Église locale et conséquemment

m ' a fait prendre conscience de mon rôle dans cette Église pour relancer la catéchèse sur

une fondation solide. Les aléas de l 'histoire qui a dispersé les Acadiens lors de la

déportation de 1755 pour ensuite rassembler cette diaspora en un peuple, ont consacré

Denis Villepelet, L'avenir de la catéchèse, 71 .

certaines expressions chères au peuple acadien. Avec une de ces expressions, nous pouvons

dire que l 'Église en terre d 'Acadie a vécu un « grand dérangement » avec le passage de la

catéchèse de l 'école à la paroisse en 1993.

Suite à ce « grand dérangement », le comité diocésain de catéchèse a alors proposé un

programme qui a été adopté dans toutes les paroisses. Le choix d 'une méthode pédagogique

qui s'apparentait à celle du milieu scolaire fut stratégique à l 'époque pour favoriser la

participation d'un grand nombre. Ce programme de catéchèse a permis aux communautés

chrétiennes de faire ce passage qui était source d'inquiétude pour certains. Maintenant, fort

de l 'expérience des dernières années et des conclusions de la présente analyse, le temps

semble venu de voir à nouveaux frais la pratique de la catéchèse dans le diocèse. Après

quinze ans de pratiques catéchétiques en milieu paroissial et familial, nous pouvons dire

que cette mise en valeur de l 'assemblée représente un « grand arrangement » dans

l'initiation chrétienne des enfants au diocèse de Bathurst.

Si ce travail a permis une inculturation de la recherche et par le fait même l 'enracinement

du chercheur dans son Église locale, il a aussi ouvert des fenêtres sur un savoir-être qui

manifeste l 'appartenance à l 'Église catholique : la dimension communautaire de la foi est

une exigence qui appartient à la définition même de l 'Église. Or, en regardant autour de

nous, nous devons admettre un certain relâchement du tissu ecclésial. Dans un monde de

plus en plus individualiste où l 'appartenance à un groupe n'est pas nécessairement motivée

par la charité, l 'assemblée chrétienne dominicale est « contre-culturelle ». Elle doit ressortir

clairement comme un lieu où se vit l 'unité dans la diversité. C'est l 'essence même de la foi

qui nous invite à nous rassembler avec les autres puisque la foi n 'est pas une affaire

individuelle, mais elle est « radicalement de nature communautaire et l 'appropriation de

cette dimension est un enjeu catéchétique contemporain. » 5 8 5

La liturgie nous assoie toujours sur le réel, parce qu 'el le nous assoie l 'un à côté de

l 'autre. Il nous faut composer à tous égards, et entrer dans le jeu collectif, dans ce

remarquable jeu collectif qu 'est la liturgie, à tous les degrés possibles de notre vie

humaine (...) La liturgie, lieu d'apprentissage inédit de la relation humaine, met

singulièrement à mal notre individualisme post-moderne, et sans doute est-ce de ce

foyer d'infection que proviennent bien des difficultés ac tuel les . 5 8 6

Aussi, pour que l 'assemblée chrétienne corresponde davantage à son idéal communautaire

et catholique, il y a une nécessité d'élargir nos propres univers pour y inclure des gens qui

nous semblent étrangers. En ce domaine, le rôle des prêtres est important puisqu'ils « ont

donc à rapprocher les mentalités différentes, de telle manière que personne ne se sente

étranger dans la communauté des chrétiens » (PO, n° 9). L'assemblée doit ressortir comme

un lieu de célébration des différences et riche de sa diversité.

Mais pour rassembler une multitude et pouvoir en faire une assemblée, le prêtre lui-même

doit être capable d'aller vers ceux qui sont différents de lui et d'accueillir ceux qui lui sont

étrangers. Il y a un savoir-être qui est requis : pour réaliser son rôle de rassembleur, le

prêtre doit viser l 'unité dans sa propre vie. Cette dimension unificatrice fondamentale de

l 'être humain ne peut être négligée par le prêtre qui accepte de prendre part à ce projet

catéchétique diocésain qui a la capacité de rassembler et d'unir.

C'est une invitation à élargir nos conceptions, souvent étroites, de la catéchèse et de

l 'assemblée chrétienne dominicale, qui nous est faite au moment de mettre en œuvre un

nouveau projet diocésain de catéchèse. Cette invitation à élargir nous est faite constamment

au cours de l 'histoire depuis le prophète Isaïe (54, 2) jusqu 'aux prophètes de notre temps.

Le frère Roger est l 'un de ceux-ci. Accueillant des réfugiés de guerre pendant le second

conflit mondial du X X e siècle, Roger Schultz fonda la communauté de Taizé en 1940 avec

des frères de différentes confessions chrétiennes. A la fin des années 1950, les jeunes

affluaient par milliers sur la colline bourguignonne pour participer au « pèlerinage de

confiance sur terre ». Depuis lors, la communauté ne cesse de s'élargir. Le 16 août 2005, le

frère Roger appela un frère et lui dit : « Note bien ces mots ! » Il y eut un long silence,

pendant qu' i l cherchait à formuler sa pensée. Puis il commença : « Dans la mesure où notre

communauté crée dans la famille humaine des possibilités pour élargir... »

Et il s'arrêta, la fatigue l 'empêchant de terminer sa phrase. Le soir de ce même jour,

pendant la prière dans l 'église de la Réconciliation, il fut assassiné par une jeune.

5 8 6 François Cassingena-Trévedy, « Quelques pierres d'avenir pour la liturgie, » 1.

Voir la Lettre inachevée de Taizé sur le site de la communauté : www.taize.fr

Qu'entendait-il par ce mot « élargir » prononcé l 'après-midi ? Pendant tous les mois qui ont

suivi sa mort, les jeunes ont cherché à comprendre ce qu ' i l a voulu dire. Les frères de Taizé

voient dans ces dernières paroles de leur fondateur l 'expression de l 'amour inconditionnel

du Christ pour chaque personne, sans distinction d'âge, de classe sociale, de race ou de

religion. Ils y voient aussi un souhait pour que la « petite communauté mette en lumière ce

mystère, par sa vie, dans un humble engagement avec d'autres » . 5 8 7

A l ' image de la communauté de Taizé et à l 'invitation de son fondateur, chaque assemblée

chrétienne a la mission de repousser les limites, souvent artificielles, qui empêchent la

catéchèse de déployer toutes ses possibilités dans la vie de l 'Église. Élargir l 'assemblée

chrétienne dominicale pour en faire un lieu où chacun vient puiser ce dont il a besoin pour

rencontrer le Christ. Au sein de cette assemblée, chacun est invité à sortir de ses ornières. . .

pour que la catéchèse et la liturgie se manifestent comme lieux privilégiés de la rencontre

entre Dieu et son peuple; pour que la collaboration entre laïcs et prêtres permette de

s'engager dans des initiatives prometteuses; pour accueillir l 'Autre aux multiples visages.

Enfin, nous sommes invités à élargir.. . pour permettre à l 'Esprit-Saint de s'inviter et de

prendre place dans l 'assemblée chrétienne pour faire de ses membres « des messagers qui

annoncent la paix, la bonne nouvelle » (Is, 52, 7).

Bibliographie sélective

Théologie pratique et méthodes empiriques

Audinet, Jacques. Écrits de théologie pratique. Paris : Cerf, 1995.

Bigus, Odis E., Stuart C. Haden, & Barney Glaser. « Basic Social Processes. » Dans Qualitative Methods: Volume II of Handbook of Social Science Methods, Smith, Robert B. & Peter K. Manning, 251-272. Cambridge, Mass.: Ballinger Publishing Co., 1982.

Boff, Clodovis. Théorie et Pratique. Paris : Cerf, 1990.

Browning, Don S. A Fundamental Pracîical Theology : Descriptive and Stratégie Proposais. Minneapolis : Fortress Press, 1991.

Creswell, John W. Qualitative inquiry and research design: Choosing among five traditions. Thousand Oaks, California: Sage Publications, 1998.

Dey, Ian. Qualitative Data Analysis: A User-Friendly Guide for Social Scientists. London et New-York: Routledge, 1993.

Donzé, Marc. « La théologie pratique entre corrélation et prophétie. » Dans Pratique et théologie, sous la direction de P. Gisel. Genève : Labor et Fides, 1989.

Donzé, Marc. «Théologie pratique et méthode de corrélation. » Dans Les études pastorales à l'université, sous la direction de Adrian M. Vischer, 82-100. Ottawa : Presses de l 'Université d 'Ottawa, 1990.

Dumas, Marc. « Corrélation. Tillich et Schillebeeckx. » Dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau. Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2003.

Geffré, Claude. Croire et Interpréter : Le tournant herméneutique de la théologie. Paris: Cerf, 2001.

Glaser, Barney G. Advances in the Methodology of Grounded Theory: Theoretical Sensitivity. San Francisco: University of California, 1978.

Glaser, Barney G. et Anselm L. Srauss. « Generating Formai Theory. » Dans Status Passage, Glaser, Barney G. et Anselm L. Strauss, 176-191. Chicago : Adline; New York : Atherton, 1971.

Glaser, Barney G. et Anselm L. Strauss. The discovery of grounded theory: stratégies for qualitative research. Chicago: Aldine, 1967.

Kaempf, Bernard. « Histoire de la théologie pratique. » Dans Introduction à la théologie pratique, sous la direction de Bernard Kaempf, 13-32. Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 1997.

Laperrière, Anne. « La théorisation ancrée (grounded theory) : démarche analytique et comparaison avec d'autres approches apparentées. » Dans La recherche qualitative : Enjeux épistémologiques et méthodologiques, Poupart et collab., 309-340. Boucherville : Gaétan Morin éditeur ltée, 1997.

Locke, Karen. Grounded Theory in Management Research. London: Thousand Oaks; California : Sage Publications, 2001.

Merriam, Sharan B. et collab. « Grounded Theory. » Dans Qualitative Research in Practice: Examples for Discussion and Analysis, sous la direction de Sharan B. Merriam, 142-163. San Francisco: Jossey-Bass, 2002.

Rahner, Karl et H. Vorgrimler. Petit dictionnaire de théologie catholique. Paris : Seuil, 1970.

Ridez, Louis. « Corrélation de la théorie et de la pratique. » Dans Adultes dans la foi, sous la direction de A. Fossion et L. Ridez, 109-136. Paris : Desclée; Bruxelles : Lumen Vitae, 1987.

Ritchie, Jane & Jane Lewis. Qualitative Research Practice: A guide for Social Science Students and Researchers. London: Sage, 2003.

Schillebeeckx, Edward. Intérim report on the Books Jésus and Christ. London: SCM Press, 1980.

Schillebeeckx, Edward. L'histoire des hommes, récit de Dieu. Paris : Cerf, 1982.

Strauss, Anselm & Juliet Corbin. « Grounded Theory Methodology: an overview. » Dans Stratégies of Qualitative Inquiry, sous la direction de Denzin, Norman K. et Yvonna L. Lincoln, 158-183. Thousand Oaks, California: Sage, 1998.

Tillich, Paul. Systematic Theology II. London: James Nisbet & Co., 1957.

Viau, Marcel. « Les actes fondateurs de la théologie pratique. » Dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau, 237-249. Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae (2003).

Zulehner, Paul M. « Théologie pratique. » Dans Nouveau dictionnaire de théologie, sous la direction de Peter Eicher. Paris : Cerf, 1995.

Catéchèse et mouvement catéchétique

Aerens, Luc. « Mener la transition vers la catéchèse de cheminement. » Lumen Vitae LV, n° 2 (2000) : 149-169.

Alberich, Emilio. « Catéchèse et ré-initiation. » Dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte, 187-193. Bruxelles : Lumen Vitae, 2005.

Alberich, Emilio. « Catéchuménat et catéchèse d'initiation. » Dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte, 129-140. Bruxelles : Lumen Vitae, 2005.

Alberich, Emilio. La catéchèse dans l'Église. Paris: Cerf, 1986.

Alberich, Emilio et collab. Les fondamentaux de la catéchèse. Montréal : Novalis ; Bruxelles : Lumen Vitae, 2006.

Borras, Alphonse. « Nouvelle paroisse et nouvelle catéchèse. » Lumen Vitae LVIII, n° 4 (2003): 395-408.

Brodeur, Raymond. « L'éducation des adultes dans la foi. Déraciner l ' ignorance. » L'Église canadienne (1990) : 175-178.

Brodeur, Raymond. « Le mouvement catéchétique : vecteur de la réception de Vatican II au Québec. » Dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, sous la direction de Gilles Routhier, 117-128. Montréal : Fides, 2001.

Chauvet, Louis-Marie et Joël Molinario. « Pour une catéchèse initiatique. » Catéchèse n° 173 (2003) : 81-91.

Chauvet, Louis-Marie, Catherine Lapoute-Ramacciotti et Joël Molinario. « L'initiation en question. » Catéchèse n° 173 (2003) : 93-97.

Conférence des évêques de France. Texte National pour l'orientation de la catéchèse en France et principes d'organisation. Paris : Bayard, Fleurus-Mame, Cerf, 2006.

Debergé Pierre et André Dupleix, dir. Guide pratique de la vie en Église : La foi au quotidien. Paris : Bayard, 2002.

Derroitte, Henri, dir. Catéchèse et Initiation. Bruxelles : Lumen Vitae, 2005.

Derroitte, Henri. « Initiation et renouveau catéchétique. » Dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte, 57-85. Bruxelles : Lumen Vitae, 2005.

Derroitte, Henri. La catéchèse décloisonnée. Bruxelles : Lumen Vitae, 2004.

Derroitte, Henri. « La catéchèse de la proposition. » Catéchèse n° 173 (2003) : 17-30.

Derroitte, Henri. « Les conditions d 'un renouveau de la catéchèse paroissiale. » Lumen Vitae LV, n° 2 (2000) : 125-138.

Derroitte, Henri, dir. Théologie, Mission et Catéchèse. Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2002.

Dufour, Christian. « Papa, est-ce que je suis chrétien? » Catholiques en France : la revue de la Conférence des évêques de France, n° 31 (2007) : 3.

Fontaine, Nicole et André Raymond. Quand l'Esprit nous transforme. Montréal : Éditions Paulines, 1998.

Fossion, André. La catéchèse dans le champ de la communication. Paris : Cerf, 1990.

Fossion, André. Dieu toujours recommencé. Bruxelles : Lumen Vitae, 1997.

Gagey, Henri-Jérôme. « Un exposé organique de la foi est-il possible? » Catéchèse n° 173 (2003) : 99-118.

Giguère, Paul-André. Catéchèse et maturité de la foi. Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2002.

Giguère, Paul-André. « Implications pratiques. » Catéchèse n° 173 (2003) : 139-141.

Giguère, Paul-André. « Quelle organicité? » Catéchèse n° 173 (2003) : 119-133.

Hébert, Geneviève. « Exprimer et s 'exprimer dans les ar ts . . . quand la foi se fait sensible. » Dans Précis de théologie pratique, sous la direction de Gilles Routhier et Marcel Viau. Montréal : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae, 2003.

Huebsch, Bill. La catéchèse de toute la communauté. Ottawa : Novalis; Bruxelles : Lumen Vitae; Paris : Bayard, 2005.

Joncheray, Jean. « N e jetez pas l 'eau du bain pour sauver le bébé. » Catéchèse n° 173 (2003) : 151-160.

Jung, Jean-Pierre. « Indispensables médiations. » Catéchèse n° 120 (1990) : 17-22.

Jung, Jean-Pierre. « L'expérience religieuse des enfants. » La Maison-Dieu n° 140 (1979) : 65-84.

Lallier, Lise D. Je fais route avec toi. Sillery : Centre Viréo, 1990.

Lanouette, Mélanie. Faire vivre ou faire connaître : les défis de l'enseignement religieux en contexte de renouveau pédagogique 1936-1946. Saint-Nicolas : Les Presses de l 'Université Laval, 2002.

Latreille, Sylvie. « Les bénévoles en catéchèse ! Quoi de neuf ? » Lumen Vitae LVIII, n° 4 (2003); 409-423.

Léger, Cardinal Paul-Emile. Réflexions pastorales sur notre enseignement. Montréal : Publications de l 'archevêché, 1961.

Levis, R.-J. et M.-J. Wrenn. Jean Paul II catéchiste. Paris : Téqui, 1982.

Moingt, Joseph. La transmission de la foi. Paris : Fayard, 1976.

Morante, Giuseppe. « L'initiation chrétienne des jeunes : une sorte de catéchuménat pastoral baptismal. L 'exemple italien. » Dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte, 155-172. Bruxelles : Lumen Vitae, 2005.

Morin-Thibault, Louise. « Revisiter nos convictions. Les orientations pour la formation à la vie chrétienne de l 'AÉQ. » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 37-43.

Office catéchistique provincial. Célébrons ses merveilles. Initiation chrétienne des enfants de 7-8 ans. Deuxième année. Guide du maître. Montréal : Éditions Pédagogia, 1965.

Office catéchistique provincial. Viens vers le Père. Initiation chrétienne des enfants de 6-7 ans. Guide du maître. Montréal : Fides, 1965.

Pelchat, Marc. « La place des évêques dans les nouveaux projets de catéchèses. » Lumen Vitae LVIII, n °4 (2003): 367-375.

Plante, Denis. « Un parcours d'initiation. Vers et par la confirmation. » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 44-50.

Prétot, Patrick. « Liturgie et catéchèse : La "refondation" dans l 'expérience. » Lumen Vitae LIX, n°3 (2004): 287-301.

Ratzinger, Cardinal Joseph. « La primauté de la foi baptismale. » Dans Oliver Teilhard de Chardin, La joie de la catéchèse, 105-132. Paris : Parole et Silence, 2006.

Reichert, Jean-Claude. « Servir l 'expérience de la révélation de l'instruction à l'initiation. » Dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte, 141-153. Bruxelles : Lumen Vitae, 2006.

Reichert, Jean-Claude. « Quand une liturgie conduit la réflexion catéchétique. » La Maison-Dieu n° 234 (2003-2) : 73-80.

Reichert, Jean-Claude. « Refonder la responsabilité catéchétique de l 'Église. » Études vol. 151 (2007) : 213-223.

Routhier, Gilles. « Construire un projet en éducation de la foi des adultes. » Dans L'éducation de la foi des adultes - L'expérience du Québec, sous la direction de Gilles Routhier. Montréal : Médiaspaul, 1996.

Routhier, Gilles. Enfanter des chrétiens aujourd'hui. Québec : Anne Sigier, 2003.

Routhier, Gilles. Le devenir de la catéchèse. Montréal : Médiaspaul, 2003.

Routhier, Gilles. Sacrée Catéchèse! Quand tu déranges familles et paroisses. Bruxelles : Lumen Vitae, 2007.

Routhier, Gilles. « U n concile à interpréter. Les enjeux d 'un style nouveau. » Études n° 4065 (mai 2007) : 627-637.

Routhier, Gilles. « Une communauté qui enfante des croyants. » Prêtres et pasteurs 110 n°2 (février 2007) : 73-79.

Routhier, Gilles. « U n passage qui déplace le lieu de l 'Église. » Catéchèse n° 173 (2003) : 31-56.

Routhier, Gilles. « Passer d 'une catéchèse d'entretien à une catéchèse de proposition. » Catéchèse n° 173 (2003) : 57-60.

Salenson, Christian. « Révélation et dialogue. » Catéchèse n° 173 (2003) : 161-165.

Shea, John. Raconter pour vivre. Traduit de l 'américain par Michel Maillé. Montréal : Fides, 2007.

Teilhard de Chardin, Olivier. La joie de la catéchèse. Paris : Parole et Silence, 2006.

Venard, Marc. « La fonction catéchétique des statuts synodaux. » Dans Aux origines du catéchisme en France, sous la direction de Pierre Colin et collab., 45-54. Paris : Desclée, 1988.

Villepelet, Denis. L'avenir de la catéchèse. Paris : Éditions de l'atelier, 2003.

Villepelet, Denis. « Que retenir de ce foisonnements de recherches et de débats? » Catéchèse n° 173 (2003) : 143-149.

Wackenheim, Charles. La catéchèse. Paris: Presses Universitaires de France, 1983.

Liturgie et mouvement liturgique

Baillargeon, Gaétan. « La liturgie chrétienne. Ses caractéristiques. » Vivre et célébrer. Revue de pastorale liturgique 4 1 , n° 189 (2007) : 22-28.

Barras, Philippe. « La liturgie, expression de la prière. » Dans Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier, 33-39. Paris : Bayard, 2000.

Beauduin, Dom Lambert. La piété de VÉglise. Principes et faits. Louvain : Abbaye du Mont-César, 1922.

Bouyer, Louis. « Après les journées de Vanves. Quelques mises au point sur le sens et le rôle de la liturgie.» Études de Pastorale liturgique. Paris : Cerf (1944) : 379-389.

Bouyer, Louis. La Vie de la Liturgie. Paris : Cerf, 1956.

Cassingena-Trévedy, François. « Quelques pierres d'avenir pour la liturgie. » Esprit et vie 182(2007) : 1-6.

Chauvet, Louis-Marie. Les Sacrements. Parole de Dieu au risque du corps. Paris : Éditions de l'Atelier, 1997.

Chauvet, Louis-Marie. Symbole et Sacrement. Paris : Cerf, 1987.

Centre National de Pastorale Liturgique (CNPL). Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier. Paris : Bayard, 2000.

Congar, Yves. «L 'ecclés ia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l'action liturgique. » Dans La liturgie après Vatican II, sous la direction de J.-P. Jossua et Y. Congar, 241-282. Paris : Les Éditions du Cerf, 1967.

Dalmais, I. H. Initiation à la liturgie. Paris : Desclée de Brouwer, 1958.

Danneels, Cardinal Godfried. « Comment entrons-nous dans la liturgie? » La Documentation Catholique 2132 (1996) : 172-175.

De Clerck, Paul. L'intelligence de la liturgie. Paris : Cerf, 1997.

Dieuaide, Jean-Michel. « Répertoire(s) des assemblées chantantes. » La Maison-Dieu n° 251 (2007) : 69-92.

Guéranger, Prosper. L'année liturgique. Paris : Desclée, 1948.

Huels, John, M. Unauthorized Liturgical Adaptations : Inculturation or Abuse? More disputed Questions in the Liturgy. Chicago: Liturgy Training Publications, 1996.

Jossua, Jean-Pierre. « La constitution Sacrosanctum Concilium dans Pensemble de l 'œuvre conciliaire. » Dans La liturgie après Vatican II, sous la direction de J.-P. Jossua et Y. Congar, 127-156. Paris : Les Éditions du Cerf, 1967.

Kubicki, Judith Marie. « Recognizing the Présence of Christ in the Liturgical Assembly. » Theological Studies n° 65 (2004): 817-837.

Laflèche, Christine et Gilles Routhier. « Le mouvement liturgique au Québec : attentes et espérances de Y aggiornamento conciliaire. » Dans Vatican II au Canada : enracinement et réception, sous la direction de Gilles Routhier, 129-161. Montréal : Fides, 2001.

Lapointe, Guy. « La participation active. » Liturgie, Foi et Culture 33, n° 59 (1999) : 3-12.

Lapointe, Guy. « Qu'est-ce que la liturgie? » Vivre et célébrer. Revue de pastorale liturgique 4 1 , n° 189 (2007) : 3-11.

Marini, Piero. Cérémoniaire des papes. Paris : Bayard, 2007.

Martimort, Aimé-Georges. «Notions préliminaires. » Dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, sous la direction de Aimé-Georges Martimort, 3-14. Paris-Tournai-Rome-New York : Desclée et cie, Éditeurs 1961.

Ponson, Christian. « La situation du diaconat dans l 'Église de France.» La Maison-Dieu n° 249 (2007), 7-22.

Ratzinger, Cardinal Joseph. « Réponse du cardinal Ratzinger au Père Gy.» La Maison-Dieu n° 230 (2002), 113-120.

Ratzinger, Cardinal Joseph. L'esprit de la liturgie. Traduit de l 'allemand par Génia Català avec la collaboration de Grégory Solari. Genève: Ad Solem, 2001 .

Roguet, Alphonse-Marie. La messe. Approches du mystère. Paris : Cerf, 1951.

Routhier, Gilles. « I x s avents de la constitution sur la liturgie au Canada francophone. » Questions Liturgiques n° 87 (2006-4) : 233-263.

Routhier, Gilles. « L'eucharistie, manifestation de l 'Église locale. » Études canadiennes en liturgie 2 (\992) : 5-62.

Scouarnec, Michel. « La vie humaine à célébrer. » Dans Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier, 29-32. Paris : Bayard, 2000.

Service national de pastorale liturgique et sacramentelle. Les servants d'autel. Guide pastoral de Vaccompagnateur, collection Guide Célébrer n° 16. Paris : Cerf, 2007.

Rapports catéchèse-liturgie

Biemmi, Enzo. « Relecture de l 'hypothèse. » Catéchèse n° 173 (2003) : 135-137.

Bouchard, Jean-François. « D 'où venons-nous? Où allons-nous? Liturgie et catéchèse : histoire de leurs rapports. » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 15-23.

Cassingena-Trévedy, François. « Catéchèse et liturgie. » Catéchèse n° 173 (2003) : 63-75.

Cassingena-Trévedy, François. « La catéchèse mystagogique chez les Pères de l 'Église : Genèse et éléments d 'un genre. » Lumen Vitae LIX, n°3 (2004): 257-266.

Cassingena-Trévedy, François, Régine du Charlat et François Moog. « Pour une catéchèse plus liturgique. » Catéchèse n° 173 (2003) : 77-79.

Clavier, Michèle. « La liturgie au service du catéchuménat.» Catéchèse 161 (2000) : 71-78.

Coffy, Robert. « La célébration, lieu de l 'éducation de la foi.» La Maison-Dieu 140 (1979) : 25-40.

Dagens, Claude. « L'Église propose la foi à travers la liturgie et les sacrements. » Esprit et View0 178(2007) : 1-9.

De Clerck, Paul. « La mystagogie, entrée progressive dans le mystère. » Lumen Vitae LIX, n°2 (2004) : 267-274.

Desrochers, Suzanne et Guy Lapointe. « Des passerelles à construire entre la liturgie et la catéchèse. Une dynamique à mettre en branle, un cap à maintenir. » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 3-14.

Dupleix, André. « Le rapport "Liturgie et Catéchèse" dans le chantier actuel lancé par les Évêques de France. » Lumen Vitae LIX, n ° 3 (2004): 275-285.

Durocher, Paul-André, Margot Génier et Leone Goulet. « Une catéchèse qui s'inspire de la liturgie. L'Ontario et le Nouveau-Brunswick. » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 30-36.

Fossion, André. « L a catéchèse comme initiation à la vie liturgique. » Catéchèse n° 120 (1990) : 93-110.

Guérin, Philippe. « Cinquante ans de rapports entre catéchèse et liturgie en France. » La Maison-Dieu 234 (2003-2) : 7-24.

Guillet, Jacques. « Catéchèse et prédication aux origines de l 'Église. » Dans Les premiers chrétiens. Historiens et exégètes à Radio-Canada. 2. La foi, le culte et la communauté, sous la direction de Gilles Langevin, s.j., 43-51 . Montréal: Bellarmin; Paris: Cerf, 1983.

Jourjon, Maurice. « Catéchèse et liturgie chez les Pères. » La Maison-Dieu 140 (1979) : 4 1 -49.

Laforest, Jacques. « L a réforme catéchétique des années 1960-1970. En lien avec la liturgie. » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 24-29.

Léonard, Monseigneur André-Mutien. Pastorale et catéchèse des sacrements. Québec : Éditions Anne Sigier, 2005.

Mary, Bruno. « Catéchèse et liturgie paroissiale au service de la mission. » La Maison-Dieu 234 (2003-2) : 25-37.

Moeller, D. E., o.s.b. « Liturgie et catéchèse au Congrès Liturgique de Houthalen. » Questions liturgiques n° 3 (1979) : 135-147.

Polfliet, Joël. « L a liturgie.. . lieu d'initiation à la foi. » Dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte, 117-127. Bruxelles : Lumen Vitae, 2005.

Pourchot, Daniel. « Catéchèse et Liturgie à l 'époque patristique. Évocation de deux témoins. » Liturgie, foi et culture 37, n° 175 (2003) : 51-60.

Philippe, André. « La liturgie au cœur de la catéchèse. » Catéchistes : Revue de pédagogie religieuse 62 (1965) : 115-129.

Rouet, Albert. « Catéchèse et Liturgie : Radiographie d 'un débat insuffisant. » La Maison-Dieu 140 (1979) : 7-23.

Scouarnec, Michel. « Catéchèse et liturgie. » Dans Exultet : Encyclopédie pratique de la liturgie, sous la direction de Louis-Michel Renier, 40-45. Paris : Bayard, 2000.

Séminaire de Recherche Catéchétique de l ' ISPC (Institut Catholique de Paris). « Catéchèse et liturgie : Actions de la Parole qui prend corps. » Lumen Vitae LIX, n° 3 (2004): 303-314.

Jean-Claude Reichert, dir. Des temps de catéchèse communautaires pour l'année liturgique. Paris-Bayard, 2006.

Villepelet, Denis. « La liturgie comme médiation de la catéchèse. » La Maison-Dieu 234 (2003-2) : 61-71.

Assemblée chrétienne dominicale

Baillargeon, Gaétan. « Dimanche, assemblées et eucharistie au Canada, plus spécialement au Québec. » La Maison-Dieu 229, (2002-1) : 81-101.

Benoît XVI. « Participer au dimanche, signe d'appartenance du Christ. » La documentation catholique 2376 (2007) : 279-280.

Borras, Alphonse. « Assemblées dominicales et catholicité de l 'Église. » La Maison-Dieu 229,(2002-1) : 7-42.

Braud, Patrick. « Le vécu authentique de la communauté chrétienne, véritable lieu d'initiation? » Dans Catéchèse et Initiation, sous la direction de Henri Derroitte, 103-116. Bruxelles : Lumen Vitae, 2005.

Chavasse, Antoine. « Avant l 'Assemblée, l 'évangélisation. » La Maison-Dieu n° 40 (1954) : 30-56.

Chirat, Henri. L'Assemblée chrétienne à l'âge apostolique. Paris : Cerf, 1949.

Centre National de Pastorale Liturgique. « La paroisse dont l 'assemblée eucharistique dominicale est le fondement. » Célébrer n° 316 (2002) : 4-6.

Emile, frère. « Prier avec les chants de Taizé. » Christus n° 217 (2008) : 88-97.

Jounel, P. «Le dimanche et la semaine. » Dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, dir, A.-G.-Martimort, 671-689. Paris-Tournai-Rome-New York : Desclée et cie, Éditeurs, 1961.

Martimort, Aimé-Georges. «L'assemblée. » Dans L'Église en prière: Introduction à la liturgie, sous la direction de Aimé-Georges Martimort, 82-111. Paris-Tournai-Rome-New York : Desclée et cie, Éditeurs 1961.

Martimort, Aimé-Georges. « L'assemblée liturgique. » La Maison-Dieu n° 20 (1949) : 153-175.

Martimort, Aimé-Georges. «L 'assemblée liturgique, mystère du Christ. » La Maison-Dieu n° 40 (1954) : 5-29.

Martimort, Aimé-Georges. «Dimanche, Assemblée et Paroisse. » La Maison-Dieu n° 57 (1959) : 55-84.

Martimort, Aimé-Georges. «Précisions sur l 'Assemblée. » La Maison-Dieu n° 60 (1959) : 7-34.

Mette, Norbert. « La communauté chrétienne comme catéchèse vivante. » Lumen Vitae LV, n ° 2 ( 2 0 0 0 ) : 139-148.

Prétot, Patrick. «Eucharist ie, Assemblée, Dimanche. » Prêtres diocésains n° 1421 (mars-avril 2005) : 225-240.

Rascot, Emilio. « Beauté et exigences de la communion ecclésiale. » Assemblées du Seigneur n° 23 (1970) : 6-23.

Renier, Louis-Michel. « Au cœur de l 'acte liturgique et de l 'acte catéchétique : la communauté chrétienne. » La Maison-Dieu n° 234 (2003-2) : 39-59.

Routhier, Gilles. «Proposer l 'Évangile à nos contemporains marqués par un nouveau rapport au temps. » Mélange de sciences religieuses 59, n° 1 (2002) : 37-53.

Routhier, Gilles et Alphonse Borras, dir. Paroisses et ministère. Montréal : Médiaspaul, 2001.

Salvetat, Jean-Jacques. « De la célébration pour enfants à la célébration paroissiale. » La Maison-Dieu 140 (1979) : 85-103.

Vincie, Catherine. « The Liturgical Assembly : Review and Reassessment. » Worship n° 67 (2004): 123-144.

Vingt-Trois, Monseigneur André. « Vivons-nous le dimanche comme jour du Seigneur ? » Paris Notre-Dame n° 1228 (2008) : 3.

Histoire chrétienne et sources chrétiennes et magistérielles

Alberigo, Giuseppe. Pour la jeunesse du christianisme : le Concile Vatican II. Paris : Cerf, 2005.

Basque, Maurice, et collab. L'Acadie de l'Atlantique. Moncton : Centre d 'études acadiennes, Université de Moncton, 1999.

Bernard, Antoine. Histoire de l'Acadie. Moncton : L'Évangéline, 1938.

Botte, B., P. Jounel et O. Rousseau. «Esquisse d 'une histoire de la liturgie. » Dans L'Église en prière : Introduction à la liturgie, sous la direction de A.-G.-Martimort, 34-54. Pari s-Tournai-Rome-New York : Desclée et cie, Éditeurs, 1961.

Célébrer la messe avec les enfants. Paris : Chalet-Tardy, 1974.

Clément de Rome. « Épîtres aux Corinthiens.» Traduit par sœur Suzanne-Dominique, o.p. Dans Les écrits des Pères Apostoliques, Paris : Éditions du Cerf, 1963.

Concordance de la Traduction œcuménique de la Bible. Paris : Cerf, 1993.

Daigle, Jean, dir. L'Acadie des Maritimes: études thématiques des débuts à nos jours. Moncton : Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 1993.

De Clerck, Paul. « Non ad Sacerdotium, sed ad ministerium. » La Maison-Dieu n° 249 (2007) : 53-70.

Deville, Raymond. L'École française de spiritualité. Paris : Desclée, 1987.

Gagnon, Serge. Quand le Québec manquait de prêtres : la charge pastorale au Bas-Canada. Lévis : Les Presses de l 'Université Laval, 2006.

Gergen, Kenneth J. et Mary M. Gergen. Psychologie sociale. Traduit par Sylvie Jutras et collab. Saint-Laurent : Éditions Études Vivantes, 1984.

Germain, Elisabeth. 2000 ans d'éducation de la foi. Paris : Desclée, 1983.

Germain, Elisabeth. Langages de la foi à travers l'histoire. Paris : Fayard-Marne, 1972.

Groulx, Lionel. Le Canada français missionnaire. Une autre grande aventure. Montréal : Fides, 1962.

Ignace d 'Antioche. «Let t res d 'Ignace d'Antioche. » Traduit par Pierre-Thomas Camelot, o.p. Dans Les écrits des Pères Apostoliques. Paris : Éditions du Cerf, 1963.

Julia, Dominique. « La leçon de catéchisme dans VEscole Paroissiale (1654). » Dans Aux origines du catéchisme en France sous la direction de Pierre Colin et collab., 160-187. Paris : Desclée, 1988.

Justin. « Première Apologie. » Études augustiniennes 33 (1987) : 192-193.

Lacroix, Benoît. La foi de ma mère. La religion de mon père. Nouvelle édition augmentée. Montréal : Bellarmin, 2002.

La Didachè. Doctrine du Seigneur transmise au nations par les douze apôtres trad. de R.-F. Refoulé, o.p. Dans Les écrits des Pères Apostoliques. Paris : Éditions du Cerf, 1963.

Les Constitutions apostoliques II, 59, 1-2, Source chrétienne n° 320. Paris : Éditions du Cerf.

LeBreton, Clarence. La révolte acadienne. Moncton : Les éditions de la Francophonie, 2002.

Léger, Maurice A. « La déportation et la religion. » Dans Du Grand Dérangement à la déportation, sous la direction de Ronnie-Gilles Leblanc, 105-129. Moncton : Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, 2005.

Lemaître, Nicole. « Le catéchisme avant les catéchismes, dans les rituels. » Dans Aux origines du catéchisme en France, sous la direction de Pierre Colin et collab., 28-43 . Paris : Desclée, 1988.

Ligier, Louis. « La prière et le culte dans les premières communautés. » Dans Les premiers chrétiens. Historiens et exégètes à Radio-Canada. 2. La foi, le culte et la communauté, sous la direction de Gilles Langevin, s.j., 53-62. Montréal: Bellarmin; Paris: Cerf, 1983.

Molinario, Joël. « Catéchèse et liturgie ou liturgie et catéchèse : Quelques points d'ancrage dans l 'histoire. » Lumen Vitae LIX, n°3 (2004): 247-256.

Mourret, Fernand. Histoire générale de l 'Église. Tome 1, Les origines chrétiennes. Paris : Librairie Bloud et Gay, 1928.

Rituel de l'initiation chrétienne des adultes. Paris : Desclée-Mame, 1997.

Rituel du baptême des petits enfants. Paris : Mame-Tardy, 1969.

Routhier, Gilles et Axel Mauger. Église du Québec, Église de France. Ottawa : Novalis, 2006.

Thériault, Léon. «Vacadianisation des structures ecclésiastiques aux Maritimes, 1758-1953. » Dans L'Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, sous la direction de Jean Daigle, 431-466. Moncton : Chaire d 'études acadiennes, Université de Moncton, 1993.

Thurian, Max. Le prêtre configuré au Christ. Paris : Marne, 1993.

Vatican II : Les seize documents conciliaires, sous la direction de Paul-Aimé Martin. Montréal et Paris : Fides, 1967.

Annexe A : Formulaire de consentement éclairé Cette recherche s'effectue dans le cadre du projet de doctorat en théologie pratique de Serge Comeau, étudiant à l'Université Laval, sous la direction de Gilles Routhier, professeur à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval.

Objectif de la recherche

Mille trois cents enfants sont inscrits à un programme de catéchèse dans le diocèse de Bathurst; l 'intérêt pour la catéchèse n 'est pas suivie d 'un intérêt pour la liturgie si on en juge par la participation à l 'eucharistie dominicale. La recherche a pour but de trouver les moyens et les lieux d 'une articulation entre la catéchèse et la liturgie dans un processus d'initiation chrétienne des enfants. Nous privilégions l 'assemblée chrétienne dominicale comme lieu d'articulation.

Tâches liées à la participation

Les participants(es) à cette recherche sont invités à participer à une entrevue d 'une heure (maximum) avec le chercheur et possiblement d'autres participants. Bien qu' i l serait préférable qu' i ls répondent à toutes les questions, les participants sont libres de répondre aux questions qu' i ls veulent.

Les participants(es) pourraient aussi être invités à participer à une deuxième entrevue afin de préciser certains thèmes. Ces entrevues seront enregistrées avec l 'accord du (de la) participant(e). L'entrevue comprend les éléments suivants : informations diverses sur les participants et leur milieu, attitudes générales sur les liens entre catéchèse et liturgie, suggestions d'éléments pour favoriser l'articulation catéchèse-liturgie.

Droits des participants(es)

Les participants peuvent refuser de participer à l 'étude ou s'en retirer lorsqu'ils le voudront. Il n 'y a aucune obligation morale à y participer. D'ailleurs, c 'est à titre de chercheur et non de pasteur que Serge Comeau leur a demandé de participer à l 'étude.

A la fin de l 'étude, les participants(es) auront accès aux résultats de la recherche. Les résultats seront connus et les participants(es) auront la possibilité de participer à une session qui présentera les conclusions de la recherche. Les participants(es) seront conviés à cette session.

Avantages, inconvénients et risques

La recherche permettra une meilleure compréhension des composantes à l 'œuvre dans l'initiation chrétienne et la recherche d 'un lieu d'articulation entre la liturgie et la catéchèse. Les participants(es) à l 'étude auront l 'occasion de réfléchir sur ces thèmes et de rencontrer d'autres personnes qui sont soucieuses de la catéchèse. Si un(e) participant(e) refuse de participer à l 'étude ou s'il s'en retire, cela n 'aura aucun impact sur les services paroissiaux qu'i l reçoit. Il n 'y a aucun risque connu, d'autant plus que la confidentialité est assurée.

Confidentialité

Dans le cadre des entrevues de groupe, cet engagement à la confidentialité est certes plus limité, mais nous tenons à aviser les participants(es) que les propos rapportés seront toujours anonymes lors de la publication des résultats. Les tierces personnes impliquées dans la conduite de cette étude signeront également un formulaire d'engagement à la confidentialité.

Les données recueillies seront traitées et conservées confidentiellement. Seul le chercheur et le directeur de la recherche y auront accès. A la fin de l 'étude, elles seront détruites par le feu.

Merci de votre coopération!

Gilles Routhier, directeur Faculté de théologie et de sciences religieuses Université Laval (418) 656-2131, poste 7510

Serge Comeau, étudiant-chercheur (506) 727-3212

Je, Serge Comeau, atteste avoir présenté l'étude au participant ci-dessous et m'être assuré qu'il comprend bien la nature et les objectifs du projet et que son consentement est libre et éclairé. Signature :

Je soussigné(e) consens librement à participer à la recherche intitulée L'assemblée dominicale comme lieu d'articulation entre la catéchèse et la liturgie et je suis d'accord d'y participer aux conditions énumérées dans la présentation de l'étude.

Date :

Signature :

Nom (lettres moulées) :

No d'approbation du CÉRUL : 2006-047 Date d'approbation : 1 e r mai 2006

Annexe B : Questions ouvertes utilisées lors des entrevues

Objectif 1: Avoir une première évaluation du programme actuel de catéchèse (rythme, horaire, lieux, pédagogie, etc.).

-Comment évaluez-vous le programme actuel de catéchèse au diocèse de Bathurst? -Si l 'on voulait améliorer la formule actuelle, qu'est que vous proposeriez?

Objectif 2 : Identifier une expérience positive en catéchèse familiale et paroissiale et identifier ses composantes.

-Identifier une expérience positive que vous avez vécue dans le cadre du programme de catéchèse des enfants. L'expérience peut être dans le cadre d 'un partage à la maison, d 'une session de catéchèse à la Maison de la Culture Chrétienne ou dans le cadre d 'une liturgie (premier pardon, première communion, messe dominicale). L'expérience heureuse peut aussi être liée à la vie paroissiale indirectement comme une visite à l 'exposition de la Maison de la Culture Chrétienne, une visite à Ste-Anne-du-Bocage. . . -Pourquoi l 'expérience a-t-elle été positive? Pouvez-vous identifier ce qui a contribué à la réussite de cette expérience.

Objectif 3 : Identifier une expérience moins heureuse et ses composantes.

-Identifier cette fois une expérience moins heureuse vécue avec les enfants, toujours dans le cadre d 'une activité catéchétique ou paroissiale. -Qu'est-ce qui manquait pour que l'activité ne soit pas réussie? -Qu'est-ce qui aurait pu être fait différemment pour que vous vous sentiez partie prenante de l 'activité?

Objectif 4 : Identifier une expérience de l'assemblée dominicale qui a été positive.

-Identifier une célébration en présence de l 'Assemblée dominicale qui a été particulièrement réussie. Qu'est-ce qu' i l y avait de différent lors de cette assemblée?

Objectif 5 : Identifier les composantes essentielles d'une assemblée dominicale pour les jeunes familles, notamment les enfants.

-À partir de votre évaluation d 'une assemblée dominicale positive, quelles sont les composantes de l'Assemblée dominicale essentielles selon vous? -Avez-vous des suggestions afin que l'Assemblée dominicale puisse articuler les différentes composantes de la vie chrétienne?

Annexe C : Verbatim et codifications des entrevues

Verbatim de la première question

Objectif de la première question : Avoir une première évaluation du programme de catéchèse (rythme, horaire, lieux, pédagogie, etc.) actuel.

S : Comment évaluez-vous le programme de catéchèse actuel dans le diocèse de Bathurst? Si vous pouviez améliorer la formule actuelle, qu'est-ce que vous proposeriez?

Vous répondez quand vous voulez. On ne suivra d 'ordre précis. Il s'agit simplement de vous identifier au départ et de donner votre commentaire par la suite. Comment évaluez-vous le programme de catéchèse actuel dans le diocèse de Bathurst, tel qu' i l est, tel que vous le connaissez. Quelle évaluation vous en feriez ? Si quelqu'un vous demandait si c 'est un bon programme ou est-ce qui aurait besoin d'être amélioré, que diriez-vous? Quelle est votre évaluation globale?

D : 1. Moi je trouve que le programme est flexible, j e trouve qu' i l s 'adapte assez bien avec les parents, puis il y a de la solidarité dedans : les parents nous aident, la communauté nous aide, ainsi que notre curé.

J : 3. Je trouve que c'est un bon programme, voilà un point positif. Point négatif : on dirait que le programme ne suit pas la liturgie. Quand c'est le temps de l 'Avent mettons, dans la catéchèse on ne suit pas. Il manque un lien entre la liturgie et la catéchèse. Certains niveaux de catéchèse comme 4, c'est difficile, c 'est difficile à faire passer aux enfants.

R : 6. Mon évaluation est difficile parce que je suis « stock » au 2 e niveau. Par contre, ce niveau-là me semble tout à fait à point parce que la réaction des parents est excellente, et ceux qui montent de première à 2 e année sont satisfaits à ce que j ' en tends . Ça me semble s'être amélioré avec les années.

F : 9. moi j ' a i travaillé beaucoup à l 'élaboration des programmes à ses débuts. Je trouvais que les programmes au départ étaient très axés sur le programme scolaire comme Judith l 'a mentionné puis ce n 'est vraiment pas adapté à la liturgie. Moi j ' a i fait beaucoup d'animation avec les parents puis on incluait des ajouts lors du carême, Pâques, puis c'est vrai que c'était très axé sur le programme scolaire, sur le programme de l 'école, I 2 il y a eu des adaptations au fil des ans, j e pense qu'i l y a eu de l 'amélioration puis il y a des sections où il y aurait encore de la place pour garder le lien entre la famille et la communauté et ce qui se vit au quotidien ou à la semaine à l 'église. ! 6 Si à la catéchèse de la rentrée, on est en train de parler de Noël, quelque chose ne marche pas. En général, c 'est sûr qu' i l y a beaucoup d'effort qui est fait. On a fait des efforts par rapport au programme initial.

G : 18. Moi je trouve que des fois les mots ne sont pas adaptés aux enfants, ça prendrait plus d'explications, même des fois nous autres on a de la misère à les comprendre, mais eux autres les petits ont de la difficulté à comprendre les mots, comment je dirais ça, les mots trop compliqués pour eux autres. Mais j e trouve que depuis qu 'on fait la catéchèse le dimanche et qu 'on les apporte à l 'église pour la communion, 20. j e trouve que les parents participent bien et les enfants aussi parce qu' i ls nous disent « N o u s autres, on ne venaient pas à la messe, mes parents ne viennent pas à la messe, on n 'y va pas. »

S : Quand vous dites qu' i ls viennent le dimanche, c'est la nouvelle formule essayée : ils viennent avant la messe et rejoignent la grande assemblée à l'offertoire.

G : Oui, oui.

C : 21 Moi je trouve que j ' é t a i s souvent frustrée en donnant la catéchèse parce que je trouvais que c'était trop détaché : on parlait un petit peu d 'une affaire, on passait à une autre chose. Moi, j ' ava i s de la misère à comprendre comment les enfants pouvaient suivre ça, comment mettre ça ensemble, je trouvais ça compliqué, puis il n 'y a pas toujours de suite logique entre les choses qu 'on faisait, 23. le niveau 2 c'est l 'amitié, c'est facile puis ça rejoint, mais les, mais le 3 e niveau quand on prépare la l e r e communion, on parle de choses complètement différentes... eh . . . c'était très difficile de joindre les enfants. 24 Mais cette année, avec le nouveau livre sur l 'eucharistie, c 'est que je trouvais que c'était une grosse amélioration parce qu 'on a moins de thème. Ce livre là je trouve ça bien puis ça serait comme le fun si on avait ça pour différents thèmes. 25. Présenter comme ça, on a moins de feuilles, puis aussi le fait de faire ça en même temps que la messe du dimanche, c'est bien.

G : 26. Même si des fois tu n 'a pas le temps de faire le programme au complet, mais déjà v qu 'on apporte les enfants à l 'église, ça les aide.

D : 2" Je trouve que dans le 6e niveau, il y avait des partages que les jeunes aimaient moins faire, 28. ils aiment moins écrire à ce niveau, mais à cause des camps qui sont faits la fin de semaine, il y a eu une belle amélioration de la part des jeunes. Au camp, ils aiment faire les jeux, et toutes les autres activités. Je trouve que ça c'est bien. Les jeunes embarquent beaucoup plus que lorsque c'est juste des partages. Puis dans le sacrement du pardon, moi j ' ense igne aux parents surtout, presque tous les parents viennent, les parents sont très intéressés aux sacrements : ils posent des questions. Je trouve aussi que les parents, pour le sacrement du pardon, lorsqu'ils vont se confesser en premier, puis après ça c'est les jeunes, j e trouve que ça aide les jeunes à savoir que c'est peut-être difficile aller à la confesse, mais les parents passent en premier. Je trouve que déjà là il y a une belle amélioration.

S : Je vais peut-être ajouter une sous-question, toujours dans le même thème. Vous avez déjà répondu certains : si l 'on voulait améliorer la formule actuelle, qu'est que vous proposeriez? Si vous aviez la possibilité de changer quelque chose dans le programme de catéchèse, qu'est-ce que vous changeriez, qu'est-ce que vous ajouteriez, qu'est-ce que vous enlèveriez?

F : Moi je trouve qu 'aux niveaux 1, 2 et 3, on accompagne beaucoup les enfants. Au niveau 4, les parents apportent les enfants au presbytère pour la catéchèse. Moi j e trouve que c 'est un gros manque. Parce qu 'aux niveaux 1, 2 et 3, on faisait aussi la catéchèse aux parents

qui bien souvent en veulent et ont soif de cela. Quand on arrive au niveau 4, les parents se retirent et ce sont les catéchètes qui prennent en charge l'enfant. Moi j e trouve que c'est un manque si l 'enfant n 'est pas accompagné à la maison régulièrement, il la prend où sa catéchèse. Ce n'est pas assez 3-4 conférences. 39. Je trouve qu' i l y a beaucoup d'efforts aux premiers niveaux. Les autres, 4 e , 5 e , l 'enfant est plus autonome parce qu 'on juge qu' i l est plus grand. Comment le parent peut-il l 'aider s'il n 'est pas à la catéchèse?

G : 41 . Je vais être du point de vue de F. Les petits lorsqu'ils n 'ont pas fait leur première communion sont tout émerveillés, ils ont hâte de recevoir Jésus, 42. mais après, 4 e , 5 e , ça finit avec 6 e année, la confirmation, entre ça l'intérêt s'en va. On a de la misère à les suivre parce que pour eux autres c'est de la routine.

F : 44 J 'aimerais ajouter là dessus G, je remarquais dans les équipes qu 'on animait avec les enfants qui ont des problèmes de discipline et des manques de connaissances, on a plus de difficultés. On peut voir des gros manques, ce qui peut rendre l'enfant mal à l 'aise. Moi je pense que si le parent était là, ça pourrait faire toute la différence. C'est aussi pour impliquer les parents.

G : 46. Moi j ' a i enseigné la 4 e année cette année. J 'ai suivi 2, 3, 4, 5. En 4 e année l'an passé, quand on finissait la catéchèse, je trouvais qu 'on ne leur avait rien appris. 8 La discipline n 'est pas là. S'il y en a un qui est sur le ritalin (j'en avais 2 l'an passé), il dérange les autres, et les autres disent « Madame, on ne peut rien faire, il nous dérange » Pis c'est vrai aussi parce que l'enfant pour commencer ne peut pas être là, il ne peut pas être attentif, il ne peut pas écrire. S'ils ont des choses à écrire, moi il faut que j e m'arrête, que je m'assoie avec lui pour lui faire faire ses affaires. Mais les autres dans l 'entre-temps, je ne peux pas leur faire faire ce qu'i l y a à faire. Les autres nous disent « On aime pas ça quand il nous dérange ». Je leur fais comprendre que l'enfant, ce n 'est pas de sa faute. Faut qu' i l suive sa catéchèse quand même. Je ne sais pas si on pourrait avoir quelqu'un qui serait avec ceux qui ont vraiment des problèmes, qui sont sur le ritalin et qui ne le prennent pas la fin de semaine, s'il y avait quelqu'un qui serait avec eux autres, j e pense que ce serait un bon point.

R : 51 J 'aimerais revenir sur une petite chose qui a été dit tout à l 'heure. J 'suis peut-être dans la brume parce que je suis toujours dans le niveau 2 et que le niveau 2, ça l 'air que c'est le plus beau niveau, mais eh . . . ce qui a été dit tout à l 'heure, c'est que les parents veulent vraiment apprendre. Ils viennent et ils veulent apprendre. Le petit problème que j ' a i vécu cette année, c'est que d'ordinaire on les rencontrait 3-4 fois et cette année, juste 2 fois. Pis j e sais pas . . . j ' ava i s du « stuff » pour une 3 e fois et ils ne l 'ont pas eu. J 'ai l ' impression que les parents, c'est important.

Pis ça vient rejoindre ce que vous dites : en 4 e , 5 e et 5 e , ils ne sont pas assez grands. Les parents ont encore une « pogne » chez les enfants. Ce serait beaucoup mieux. J 'ai quand même vécu l 'expérience quelques années passées, dans ce même contexte-là. C'était pour la confirmation, justement c'était l'enfer. Moi comme ancien professeur et directeur d'école, il y a des boutes où j ' a i dû mettre mes . . . c 'est très difficile!

G : Oui, c'est vrai!

D : 56. Je trouve qu'i l y a quand même dans tout cela des liens avec la communauté et les parents. Comme par exemple nous autres quand on fait la catéchèse pendant l 'Avent, moi en tout

cas, les fois que j ' a i rencontré les jeunes, c'était intéressant : ils ont fabriqué des cartes de Noël. Ça fait que j ' a i fait le parallèle avec une carte de Noël que j ' ava i s avec des Père Noël, des

cadeaux, j ' a i fait le parallèle avec une prière que Jésus nous avait adressé en posant des questions aux jeunes : pourquoi on recevait des cadeaux? En revenant toujours à Dieu le Père qui nous donne des cadeaux. : Pis je voulais revenir à la conclusion de G parce que les jeunes arrivent à comprendre le parallèle, ils sont très intelligents quand tu leur poses des questions. J 'ai fait ce parallèle-là : l 'amour qu' i ls reçoivent des parents, et l 'amour qu 'on reçoit du Père, et c 'est à l 'eucharistie qu 'on reçoit cet amour-là. Je leur ai dit, après ça, on va aller communier, et je leur ai dit lorsque vous manger l 'hostie, eh, manger l 'amour du Père.

S : D, cette rencontre dont tu parles, est-ce que c'était dans le cadre d 'un cours de catéchèse ou encore pendant la liturgie qu 'on fait pendant la liturgie dominicale aux temps fort de l 'année?

D : 59. C'est ça, c'est pendant la messe, pendant la l e r e partie. Moi, j ' a i adoré ça. Et puis il y a d'autres choses qui se font à l 'église du côté dominical. Les jeunes ont fait l 'expérience des deux boîtes, les deux trésors. Un trésor où ils apportaient tout ce qu'i ls voulaient et qu' i ls déposaient dans cette boîte-là. Ils ont apporté des CD, tout ce qu' i ls aimaient. Pis l 'autre boîte, ils ne savaient pas ce qu'i l y avait dedans, c'était un trésor. Pis c'était le livre de la Bible, le calice, des choses qui sont importantes aussi pour nous faire vivre. 61. J 'pense que quand même, il y a ce côté-là positif aussi qu 'on peut pas exclure de nos points négatifs.

F : 62. C'est sûr qu'ici , on est très privilégié parce qu'i l y a de l 'animation mensuelle et aux temps forts de l 'année. Mes commentaires tantôt étaient basés sur le programme d 'origine. . . 63. on a fait beaucoup de créativité. Avec le curé, on est très choyé des animations. Il parle aux jeunes, il a des homélies adaptées. 65. Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école. Selon moi, la foi ça se transmet dans des valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices. On en a beaucoup de ces papiers-là.

Codifications ouvertes de la première question

Unités de signification Codifications ouvertes (incidents)

Objectif 1 : Avoir une première évaluation du programme de catéchèse (rythme, horaire, lieux, pédagogie, etc.) actuel

D-l : Moi je trouve que le programme est flexible, je trouve qu'il s 'adapte assez bien avec les parents.

D-l : Programme flexible et adapté aux parents.

D-2 : Il y a de la solidarité dans le programme : les parents nous aident, la communauté nous aide, ainsi que notre curé.

D-2 : Solidarité entre les membres de la communauté

J-3 : Je trouve que c'est un bon programme, voilà un point positif.

J-3 : Bon programme

J-4 : Point négatif : on dirait que le programme ne suit pas la liturgie. Quand c'est le temps de l 'Aven t , dans la catéchèse on ne suit pas. Il manque un lien entre la liturgie et la catéchèse.

J-4 : Manque de liens entre la liturgie et la catéchèse.

J-5 : Certains niveaux de catéchèse comme 4, c'est difficile, c'est difficile à faire passer aux enfants.

J-5 : Niveaux parfois difficiles

R-6 : Mon évaluation est difficile parce que je suis « stock » au 2 e niveau

R-6 : Évaluation difficile à cause d 'une vision partielle

R-7 : Par contre, ce niveau-là me semble tout à fait à point parce que la réaction des parents est excellente, et ceux qui montent de première à 2 e année sont satisfaits à ce que j ' en tends .

R-7 : Réaction des parents excellente.

R-8 : Ça me semble s'être amélioré avec les années.

R-8 : Amélioration avec les années.

F-9 : Moi j ' a i travaillé beaucoup à l 'élaboration des programmes à ses débuts.

F-9 : Travail à l 'élaboration des programmes.

F-10 : Je trouvais que les programmes au départ étaient très axés sur le programme scolaire comme N l'a mentionné puis ce n 'est vraiment pas adapté à la liturgie.

F-10 : Programmes axés sur le monde scolaire et non sur la liturgie.

F-11. Moi j ' a i fait beaucoup d'animation avec les parents puis on incluait des ajouts lors du carême, Pâques, puis c 'est vrai que c'était très axé sur le programme scolaire, sur le programme de l 'école,

F-11 : Programme axé sur le programme scolaire et non sur la liturgie, d 'où la nécessité de faire des ajoutes.

F-12 : Il y a eu des adaptations au fil des ans,

F-12 : Adaptations au fil des ans.

F-13 : Je pense qu'i l y a eu de l 'amélioration

F-13 : Amélioration du programme.

F-14 : Il y a des sections où il y aurait encore de la place pour garder le lien entre la famille et la communauté.

F-14 : Liens souhaités entre la famille et la communauté.

F-15 : Ce qui se vit au quotidien ou à la semaine à l 'église.

F-15 : Liens souhaités entre le quotidien et la messe du dimanche.

F-16 : Si à la catéchèse de la rentrée, on est en train de parler de Noël, quelque chose ne marche pas.

F-16 : Incongruence entre programme de catéchèse et liturgie.

F-17 : En général, c'est sûr qu'i l y a beaucoup d'effort qui sont faits. On a fait des efforts par rapport au programme initial.

F-17 : Adaptation du programme par rapport au programme initial.

G-18 : Moi je trouve que des fois les mots ne sont pas adaptés aux enfants, ça prendrait plus d'explications, même des fois nous autres on a de la misère à les comprendre, mais eux autres les petits ont de la difficulté à comprendre les mots, comment je dirais ça, les mots trop compliqués pour eux autres.

G-18 : Vocabulaire pas toujours adapté aux enfants, trop compliqué.

G-19 : Mais je trouve que depuis qu 'on fait la catéchèse le dimanche et qu 'on les apporte à l 'église pour la communion.

G-19 : Faire la catéchèse le dimanche matin lors de l 'eucharistie.

G-20 : Je trouve que les parents participent bien et les enfants aussi parce qu'i ls nous disent « Nous autres, on ne venaient pas à la messe, mes parents ne viennent pas à la messe, on n 'y va pas. »

G-20 : Participation des parents à la messe lorsque la catéchèse est faite le dimanche matin.

C-21 : Moi j e trouve que j ' é t a i s souvent frustrée en donnant la catéchèse parce que je trouvais que c'était trop détaché : on parlait un petit peu d 'une affaire, on passait à une autre chose.

C-21 : Manque d'articulation entre les parties du programme de catéchèse.

C-22 : Moi, j ' ava i s de la misère à comprendre comment les enfants pouvaient suivre ça, comment mettre ça ensemble, je trouvais ça compliqué, puis il n 'y a pas toujours de suite logique entre les choses qu 'on faisait.

C-22 : Programme compliqué : manque de liens entre les parties.

C-23 : Le niveau 2 c'est l 'amitié, c 'est facile puis ça rejoint, mais le 3 e niveau, quand on prépare la l e r e communion, on parle de choses complètement différentes... eh . . . c'était très difficile de rejoindre les enfants.

C-23 : Programme difficile pour rejoindre le vécu des enfants.

C-24 : Mais cette année, avec le nouveau livre sur l 'eucharistie, c'est que je trouvais que c'était une grosse amélioration parce qu 'on a moins de thème. Ce livre là je trouve ça bien puis ça serait bien si on avait ça pour différents thèmes.

C-24 : Amélioration du programme lorsqu'il est simplifié.

C-25 : Présenter comme ça, on a moins de feuilles, puis aussi le fait de faire ça en même temps que la messe du dimanche, c'est bien.

C-25 : Amélioration lorsque la catéchèse se fait le dimanche avec la messe.

G-26 : Même si des fois tu n ' a pas le temps de faire le programme au complet, mais déjà qu 'on apporte les enfants à l 'église, ça les aide.

G-26 : La messe aide les enfants, même si le programme n'est pas tout fait.

D-27 : Je trouve que dans le 6e niveau, il y avait des partages que les jeunes aimaient moins faire.

D-27 : Parcours moins intéressant pour les enfants.

D-28 : Les enfants aiment moins écrire à ce niveau.

D-28 : Les enfants aiment moins écrire.

D-29 : À cause des camps qui sont faits la fin de semaine, il y a eu une belle amélioration de la part des jeunes. Au camp, ils aiment faire les jeux, et toutes les autres activités. Je trouve que ça c'est bien.

D-29 : Une catéchèse avec des jeux et des activités intéresse les jeunes.

D-30 : Les jeunes embarquent beaucoup D-30 : Les jeunes préfèrent les jeux aux

plus que lorsque c'est juste des partages. partages.

D-31 : Puis dans le sacrement du pardon, moi j ' ense igne aux parents surtout, presque tous les parents viennent, les parents sont très intéressés aux sacrements.

D-31 : Les parents sont très intéressés aux sacrements :

D-32 : Ils posent des questions. D-32 : Les parents posent des questions.

D-33 : Je trouve aussi que les parents, pour le sacrement du pardon, lorsqu'ils vont se confesser en premier, puis après ça c'est les jeunes, je trouve que ça aide les jeunes à savoir que c'est peut-être difficile aller à la confesse, mais les parents passent en premier.

D-33 : Importance de la participation des parents lors du sacrement du pardon.

D-34 : Je trouve que déjà là il y a une belle amélioration.

D-34 : Amélioration lorsque les parents participent.

F-35 : Moi je trouve qu 'aux niveaux 1, 2 et 3, on accompagne beaucoup les enfants.

F-35 : Accompagnement soutenue aux enfants.

F-36 : Au niveau 4, les parents apportent les enfants au presbytère pour la catéchèse. Moi je trouve que c'est un gros manque.

F-36 : Désavantage si les parents ne participent pas.

F-37 : Parce qu 'aux niveaux 1, 2 et 3, on faisait aussi la catéchèse aux parents qui bien souvent en veulent et ont soif de cela. Quand on arrive au niveau 4, les parents se retirent et ce sont les catéchètes qui prennent en charge l'enfant.

F-37 : Les parents ont le désir de participer à la catéchèse de leur enfant.

F-38 : Moi je trouve que c'est un manque si l 'enfant n 'est pas accompagné à la maison régulièrement, il la prend où sa catéchèse. Ce n 'est pas assez 3-4 conférences.

F-38 : Désavantage si l'enfant n 'est pas accompagné par les parents à la maison.

F-39 : Je trouve qu'i l y a beaucoup d'efforts aux premiers niveaux.

F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents.

F-40 : Les autres, 4 e , 5 e , l 'enfant est plus autonome parce qu 'on juge qu' i l est plus grand. Comment le parent peut-il l 'aider s'il n 'est pas à la catéchèse?

F-40 : Désavantage lorsque l'enfant est plus autonome et laissé à lui-même.

G-41 : Je vais être du point de vue de F. Les petits lorsqu'ils n 'ont pas fait leur première communion sont tout émerveillés, ils ont hâte de recevoir Jésus.

G-41 : Plus de facilité dans les premiers parcours.

G-42 : Après, 4 e , 5 e , ça finit avec 6 e année, la confirmation, entre ça l 'intérêt s'en va.

G-42 : L'intérêt diminue lors des parcours supérieurs.

G-43 : On a de la misère à les suivre parce que pour eux autres c'est de la routine.

G-43 : Enfants associent catéchèse et routine.

F-44 : J 'aimerais ajouter là dessus G, je remarquais dans les équipes qu 'on animait avec les enfants qui ont des problèmes de discipline et des manques de connaissances, on a plus de difficultés. On peut voir des gros manques, ce qui peut rendre l'enfant mal à l 'aise.

F-44 : Difficultés avec les enfants qui ont des problèmes de discipline et des manques de connaissances.

C-45 : Moi je pense que si le parent était là, ça pourrait faire toute la différence. C'est aussi pour impliquer les parents.

C-45 : Implication des parents nécessaire.

G-46 : Moi j ' a i enseigné la 4 e année cette année. J 'ai suivi 2, 3, 4, 5.

G-46 : Enseignement de plusieurs niveaux.

G-47 : En 4 e année l 'an passé, quand on finissait la catéchèse, je trouvais qu 'on ne leur avait rien appris.

G-47 : Peu d'apprentissages en 4 e année.

G-48 : La discipline n 'est pas là. S'il y en a un qui est sur le ritalin (j 'en avais 2 l 'an passé), il dérange les autres, et les autres disent «Madame , on ne peut rien faire, il nous dérange » Pis c'est vrai aussi parce que l'enfant pour commencer ne peut pas être là, il ne peut pas être attentif, il ne peut pas écrire. S'ils ont des choses à écrire, moi il faut que j e m'arrête, que je m'assoie avec lui pour lui faire faire ses affaires. Mais les autres dans l 'entre-temps, je ne peux pas leur faire faire ce qu'i l y a à faire. Les autres nous disent « On aime pas ça quand il nous dérange ».

G-48 : Manque de discipline rend l 'animation difficile.

G-49 : Je leur fais comprendre que l'enfant, ce n 'est pas de sa faute. Faut qu'il suive sa catéchèse quand même.

G-49 : Catéchète essaie d'intégrer l'enfant avec problèmes.

G-50 : Je ne sais pas si on pourrait avoir quelqu'un qui serait avec ceux qui ont vraiment des problèmes, qui sont sur le ritalin et qui ne le prennent pas la fin de semaine, s'il y avait quelqu'un qui serait avec eux autres, j e pense que ce serait un bon point.

G-50 : Pertinence d'avoir une autre personnes avec les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage.

R-51 : J 'aimerais revenir sur une petite chose qui a été dit tout à l 'heure. J 'suis peut-être dans la brume parce que je suis toujours dans le niveau 2 et que le niveau 2, ça l 'air que c'est le plus beau niveau, mais eh . . . ce qui a été dit tout à l 'heure, c'est que les parents veulent vraiment apprendre. Ils viennent et ils veulent apprendre.

R-51 : Les parents veulent vraiment apprendre. Ils viennent et ils veulent apprendre.

R-52 : Le petit problème que j ' a i vécu cette année, c'est que d'ordinaire on les rencontrait 3-4 fois et cette année, juste 2 fois. Pis je sais pas . . . j ' ava i s du « stuff » pour une 3 e fois et ils ne l 'ont pas eu. J 'ai

R-52 : Pour les parents, c'est important que toutes les sessions aient lieues.

l ' impression que les parents, c 'est important.

R-53 : Pis ça vient rejoindre ce que vous dites : en 4 e , 5 e et 5 e , ils ne sont pas assez grands.

R-53 : Les parents doivent être là même aux niveaux supérieurs.

R-54 : Les parents ont encore une « pogne » chez les enfants. Ce serait beaucoup mieux.

R-54 : Les parents ont de l 'influence sur les enfants.

R-55 : J 'ai quand même vécu l 'expérience quelques années passées, dans ce même contexte-là. C'était pour la confirmation, justement c'était l'enfer. Moi, comme ancien professeur et directeur d'école, il y a des boutes où j ' a i dû mettre mes . . . c 'est très difficile!

R-55 : Problèmes de discipline difficile dans un groupe.

D-56 : Je trouve qu'i l y a quand même dans tout cela des liens avec la communauté et les parents. Comme par exemple nous autres quand on fait la catéchèse pendant l 'Avent, moi en tout cas, les fois que j ' a i rencontré les jeunes, c'était intéressant : ils ont fabriqué des cartes de Noël.

D-56 : Liens entre la communauté et les parents.

D-57 : Ça fait que j ' a i fait le parallèle avec une carte de Noël que j ' ava i s avec des Père Noël, des cadeaux, j ' a i fait le parallèle avec une prière que Jésus nous avait adressé en posant des questions aux jeunes : pourquoi on recevait des cadeaux? En revenant toujours à Dieu le Père qui nous donne des cadeaux.

D-57 : Intéressant de faire des parallèles entre la vie quotidienne et la catéchèse.

D-58 : Pis je voulais revenir à la conclusion de G parce que les jeunes arrivent à comprendre le parallèle, ils sont très intelligents quand tu leur poses des questions. J 'ai fait ce parallèle-là : l 'amour

D-58 : Les jeunes arrivent à comprendre les parallèles, ils sont très intelligents quand tu leur poses des questions.

qu'i ls reçoivent des parents, et l 'amour qu 'on reçoit du Père, et lors de l 'eucharistie, on reçoit cet amour-là. Je leur ai dit lorsque vous manger l 'hostie à la communion, vous mangez l 'amour du Père.

D-59 : La catéchèse pendant la messe, pendant la l e r e partie. Moi, j ' a i adoré ça.

D-59 : Faire la catéchèse lors de la liturgie de la Parole à la messe.

D-60 : Et puis il y a d'autres choses qui se font à l 'église du côté dominical. Les jeunes ont fait l 'expérience des deux boîtes, les deux trésors. Un trésor où ils apportaient tout ce qu' i ls voulaient et qu ' i ls déposaient dans cette boîte-là. Ils ont apporté des CD, tout ce qu'i ls aimaient. Pis l 'autre boîte, ils ne savaient pas ce qu' i l y avait dedans, c'était un trésor. Pis c'était le livre de la Bible, le calice, des choses qui sont importantes aussi pour nous faire vivre.

D-60 : Intérêt pour des activités catéchétiques lors de la messe dominicale.

D-61 : J 'pense que quand même, il y a ce côté-là positif aussi qu 'on peut pas exclure de nos points négatifs.

D-61 : C'est positif les activités lors de la messe dominicale.

F-62 : C'est sûr qu'ici , on est très privilégié parce qu'il y a de l 'animation mensuelle et aux temps forts de l 'année. Mes commentaires tantôt étaient basés sur le programme d 'origine. . .

F-62 : L'animation aux temps forts de l 'année est très appréciée aux messes.

F-63 : On a fait beaucoup de créativité. F-63 : On a fait beaucoup de créativité.

F-64 : Avec le curé, on est très choyé des animations. Il parle aux jeunes, il a des homélies adaptées.

F-64 : Le curé a des homélie adaptées pour les jeunes.

F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école.

F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école.

F-66 : Selon moi, la foi ça se transmet dans des valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices. On en a beaucoup trop de ces papiers-là.

F-66 : La foi se transmet dans des valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices.

Codifications axiales de la première question

Codifications ouvertes (incidents) Codifications axiales (concepts)

D-l : Programme flexible et adapté aux parents. F-17 : Adapatation du programme par rapport au programme initial. G-46 : Enseignement de plusieurs niveaux. F-63 : On a fait beaucoup de créativité.

1- Programme flexible

D-l : Programme flexible et adapté aux parents. R-7 : Réaction des parents excellente. D-31 : Les parents sont très intéressés aux sacrements. F-37 : Les parents ont le désir de participer à la catéchèse de leur enfant. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents.

2-Programme adapté aux parents

J-3 : Bon programme G-41 : Plus de facilité dans les premiers parcours. G-46 : Enseignement de plusieurs niveaux.

3 - Programme satisfaisant

J-4 : Manque de liens entre la liturgie et la catéchèse. F-10 : Programmes axés sur le monde scolaire et non sur la liturgie. F-11 : Programme axé sur le programme scolaire et non sur la liturgie, d 'où la nécessité de faire des ajouts. F-16 : Incongruence entre programme de catéchèse et liturgie.

4 - Manque de liens entre catéchèse et liturgie

J-5 : Niveaux parfois difficiles R-6 : Évaluation difficile à cause d 'une vision partielle

5 - Programme parfois difficile

G-41 : Plus de facilité dans les premiers parcours. G-42 : L'intérêt diminue lors des parcours supérieurs. G-47 : Peu d'apprentissages en 4 e année. F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école.

D-2 : Solidarité entre les membres de la communauté F-36 : Désavantage si les parents ne participent pas. F-38 : Désavantage si l'enfant n 'est pas accompagné par les parents à la maison. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents. F-40 : Désavantage lorsque l'enfant est plus autonome et laissé à lui-même. C-45 : Implication des parents nécessaire. D-56. Liens entre la communauté et les parents. D-60 : Intérêt pour des activités catéchétiques lors de la messe dominicale.

6- Solidarité entre les instances nécessaire

R-8 : Amélioration avec les années. F-9 : Travail à l 'élaboration des programmes. F-12 : Adaptations au fil des ans. F-13 : Amélioration du programme. C-24 : Amélioration du programme lorsqu'il est simplifié. C-25 : Amélioration lorsque la catéchèse se fait le dimanche avec la messe. F-63 : On a fait beaucoup de créativité.

7- Programme s'améliore

G-19 : Faire la catéchèse le dimanche matin lors de l 'eucharistie. G-20 : Participation des parents à la messe lorsque la catéchèse est faite le dimanche matin. C-25 : Amélioration lorsque la catéchèse se fait le dimanche avec la messe. G-26 : La messe aide les enfants, même si

8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie

le programme n'est pas tout fait. D-56 : Liens entre la communauté et les parents. D-59 : Faire la catéchèse lors de la liturgie de la Parole à la messe. D-60 : Intérêt pour des activités catéchétiques lors de la messe dominicale. D-61 : C'est positif les activités lors de la messe dominicale. F-62. L'animation aux temps forts de l 'année est très appréciée aux messes. F-64. Le curé a des homélie adaptées pour les jeunes.

C-21 : Manque d'articulation entre les parties du programme de catéchèse. C-22 : Programme compliqué : manque de liens entre les parties.

9- Programme mal articulé

G-18 : Vocabulaire pas toujours adapté aux enfants, trop compliqué. C-23 : Programme difficile pour rejoindre le vécu des enfants. D-27 : Parcours moins intéressant pour les enfants. D-28 : Les enfants aiment moins écrire. D-29 : Une catéchèse avec des jeux et des activités intéresse les jeunes. D-30 : Les jeunes préfèrent les jeux aux partages. F-66 : La foi se transmet dans des valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices. F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école.

10- Programme mal adapté pour les enfants.

D-31 : Les parents sont très intéressés aux sacrements. D-32 : Les parents posent des questions. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents. R-51 : Les parents veulent vraiment apprendre. Ils viennent et ils veulent

11- Intérêt des parents

apprendre. R-52 : Pour les parents, c 'est important que toutes les sessions aient lieues.

D-33 : Importance de la participation des parents lors du sacrement du pardon. D-34 : Amélioration lorsque les parents participent. F-37 : Les parents ont le désir de participer à la catéchèse de leur enfant. F-36 : Désavantage si les parents ne participent pas. F-38 : Désavantage si l 'enfant n 'est pas accompagné par les parents à la maison. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents. F-40 : Désavantage lorsque l'enfant est plus autonome et laissé à lui-même. C-45 : Implication des parents nécessaire. R-53 : Les parents doivent être là même aux niveaux supérieurs. R-54 : Les parents ont de l'influence sur les enfants.

12- Participation des parents nécessaire

F-35 : Accompagnement soutenue aux enfants. F-40 : Désavantage lorsque l'enfant est plus autonome et laissé à lui-même. C-45 : Implication des parents nécessaire. R-54 : Les parents ont de l 'influence sur les enfants. F-64 : Le curé a des homélie adaptées pour les jeunes.

13- Accompagnement des enfants nécessaire

G-43 : Enfants associent catéchèse et routine. F-66 : La foi se transmet dans des valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices. D-57 : Intéressant de faire des parallèles entre la vie quotidienne et la catéchèse. D-58 : Les jeunes arrivent à comprendre les parallèles, ils sont très intelligents

14- Catéchèse doit être associée à la vie

quand tu leur poses des questions. F-62 : L'animation aux temps forts de l 'année est très appréciée aux messes. F-64 : Le curé a des homélie adaptées pour les jeunes. F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école.

F-44 : Difficultés avec les enfants qui ont des problèmes de discipline et des manques de connaissances. G-48 : Manque de discipline rend l 'animation difficile. G-49 : Catéchète essaie d'intégrer l'enfant avec problèmes. G-50 : Pertinence d 'avoir une autre personnes avec les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. R-55 : Problèmes de discipline difficile dans un groupe.

15- Difficultés avec enfants qui ont des troubles d'apprentissages

Verbatim de la deuxième question

Objectif 2 : Identifier une expérience positive en catéchèse familiale et paroissiale et identifier ses composantes

S : Identifier une expérience positive que vous avez vécu dans le cadre du programme de catéchèse des enfants. L'expérience peut être dans le cadre d'un partage à la maison, d'une session de catéchèse à la Maison de la Culture Chrétienne ou dans le cadre d'une liturgie (premier pardon, première communion, messe dominicale). L'expérience heureuse peut aussi être liée à la vie paroissiale indirectement comme une visite à l'exposition de la Maison de la Culture Chrétienne, une visite à Ste-Anne-du-Bocage. . . Pourquoi l'expérience a-t-elle été positive? Pouvez-vous identifier ce qui a contribué à la réussite de cette expérience.

J : Comme parent ben souvent je me demandais mes enfants vont à la catéchèse, ils vont à la messe, des fois ça les intéresse pas, pis c'est plate, pis ils aiment pas ça, pis ils ne veulent pas aller. J 'me dis ça vaut-il la peine, ils n 'apprennent peut-être rien, ça ne les intéresse pas. A un moment donné, mon garçon était chez-nous avec un ami, ils avaient fait une expérience de science et à un moment donné, il est allé à l'évier, il avait son verre avec de la peinture et c'était rouge, il dit « du sang, du sang, le sang de l 'Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé ». Je me suis dit « ça paraît pas, mais il retient quelque chose ».

F : Moi ça été lors de la dernière rencontre que j ' a i eu avec les parents parce que je suis comme un catéchète retraité. N m ' a demandé de venir la remplacer pour le niveau 1. J 'ai fait ça pendant plusieurs années. Pis j ' a i décidé de changer mon approche. C'est sûr que c'est une rencontre où on va présenter les partages lors de la l e r e rencontre de l 'année. La plupart sont des nouveaux parents et des grands-parents. Ça fait, c 'est sûr j ' a i sorti moi vieux matériel et j e me suis basé là-dessus. J 'm 'a i dit pourquoi je ne changerais pas mon approche à partir de formations que j ' a i reçu dans d'autres domaines. Puis, première question que j ' a i posé, premièrement j ' a i voulu laisser le matériel un peu de côté, puis au lieu que c'est moi qui anime la session, ce sont parents qui ont animé. Puis, première question que j ' a i posé, c'est si vous êtes ici aujourd'hui, comment ça se fait qu 'on se retrouve dans cette salle-ci ce matin, parce qu' i l était question du baptême dans un des partages. Je suis parti du baptême, d 'une photo de baptême que j ' a i projeté à l 'écran, et j e leur ai fait dire ce que le baptême représentait pour eux. Moi je me sui mis à la place d'un enfant qui montre une photo de son baptême à ses parents en leur demandant « C'est quoi qui s'est passé cette journée-là? » Au lieu que moi j e sois en avant en train de donner toutes les vertus du baptême, les bonnes définitions, c 'est tout eux autres qui ont tout apporté. Ils en ont ben plus dit que j 'aurai t dit. Ce que j e trouve intéressant, c'était leur vécu sur le symbole de la lumière, de la croix, du nom donné au baptême. J 'ai fait ça pour toute l 'heure de la rencontre. A la fin, tout le monde a applaudi. C'est pas moi qui a animé : c'est eux autres. J 'étais l 'animateur, mais c 'est eux autres. J 'ai sorti d'ici et j ' ava i s des ailes. L'important, c'étiat le vécu des parents. C'est eux autres qui doivent faire la session. Ça veut dire qu' i ls sont capable d'expliquer à leurs enfants. Des fois, ils se sous-estiment et ils pensent qu'i ls ne peuvent pas. En tout cas, moi, j ' é t a i s émerveillé par cette expérience-là.

G : J 'ai ma petite-fille qui est en 4 e année, elle est servante de messe. Puis son petit-frère est en 6 e

année, puis lui, la messe ça commence a moins l'intéresser. Il dit que c'est pas intéressant, puis il ne comprend pas. Sa soeur lui dit « Si tu venais enfant de chœur, tu verrais comme c'est intéressant parce qu 'on participe à la messe. » Puis sais tu que le dimanche d'après, il est venu, il s'est assis avec les enfants de chœur, il a pris son livre, il a suivi la messe. Puis c'est vrai, les enfants, si tu veux les intéresser, faut que tu les apportes et que tu les assois en avant. Sinon, ils ne voient rien. Les adultes sont plus grands qu 'eux autres, pis quand le curé les fait participer, ça vaut une leçon de catéchèse.

R : C'est exactement ce qui est arrivé aussi pour des parents . . . quand je leur ai posé des questions pour savoir quelque chose. Les parents n 'en revenaient pas. C'était justement après une activité où ils étaient participants à la messe. Ça revient à dire qu'i l faut les intéresser, les impliquer. Le faire occasionnellement, une fois par mois, ça sa vaut mille mots, c'est incroyable. Vraiment, c 'est peut-être la façon d'aller les chercher, et les parents, et les enfants.

D : J 'accompagne aussi les futurs baptisés. Pis dans ma dernière rencontre avec les parents, c'était vraiment eh . . . des gens de Baie-Comeau, de Moncton, de partout était là. Je sentais une soif de savoir qu'est-ce qu' i l y a au fond de tout ça l 'éveil spirituel. Je trouve que c'est important la préparation au baptême parce que c'est de là que ça commence. Déjà, j ' essa ie de semer un petit germe, ou un petit grain de blé, eh, dans le coeur des parents pour leur transmettre que c'est important la catéchèse.

S : Dans les sessions de préparation au baptême, est-ce qu' i l y a une rencontre qui pour toi a été meilleure que les autres. Une session dont tu es fière. Pourquoi cette rencontre était meilleure que les autres. Qu'est-ce qu' i l y avait de différent?

D : Bien, la dernière rencontre que j ' a i eu samedi était une bonne rencontre parce qu 'à un moment donné, je parlais de la foi, de l 'engagement. Et une madame m 'a dit T 'es bonne! T 'es bonne! Puis ça m ' a comme enraciné à cause de cette réaction de l 'autre. C'est là que j ' a i vu l ' importance de continuer cela. Ça, ça m 'a réjouir de voir cette madame-là. Elle était peut-être passionné de me voir. Parce que moi quand je fais des rencontres, ce n 'est pas moi qui parle. C'est ma foi qui parle. L'engagement, je me dis, c 'est pour la célébration seulement, c'est pour toute une vie. On a commencé l 'éveil. Parce que la baptême et l 'éveil, c'est important, c 'est une assurance que de pouvoir croire. Parce que Jésus nous donne toujours la liberté de croire. Je leur enseigne ça puis, eh, j e leur parle aussi de la catéchèse de tous les niveaux, comment c'est nourrissant pour eh . . .

C : Moi, il y a une année qu 'on nous avait demandé de faire des crèches de Noël à la maison, puis là on a fait des crèches qu 'on a apporté. Et on les a encore. Je trouve que quand les enfants fabriquent de quoi à la maison et qu' i ls l 'apportent à l 'église, c 'est bien. C'était magique cette journée-là. Puis à la l e r e communion cette année, mon fils me dit «Quand j ' a i reçu l 'hostie, j ' ava i s le goût de pleurer. » Il dit aussi « J 'avais pas le cœur de pleurer. » Ça voulait dire qu' i l avait appris de quoi. Il y a quelque chose qui était resté. C'est ça.

Codifications ouvertes de la 2 e question

Unités de signification Codifications ouvertes (incidents)

Objectif 2 : Identifier une expérience positive en catéchèse familiale et paroissiale et identifier ses composantes

J-67 : Comme parent, souvent je me demandais : « mes enfants vont à la catéchèse, ils vont à la messe, des fois ça ne les intéresse pas, pis c'est plate, pis ils aiment pas ça, pis ils ne veulent pas aller. »

J-67 : Comme parent, souvent je me questionne parce que mes enfants ne sont pas intéressés par la messe et la catéchèse.

J-68 : Parfois je me demande si ça vaut la peine (d'apporter les enfants à la messe), puisqu'ils n 'apprennent peut-être rien, ça ne les intéresse pas.

J-68 : Je me demande si ça vaut la peine d'apporter les enfants à la messe puisqu'i ls n 'apprennent peut-être rien et que ça ne les intéresse pas.

J-69 : A un moment donné, mon garçon était chez-nous avec un ami, ils avaient fait une expérience de science et à un moment donné, il est allé à l 'évier, il avait son verre avec de la peinture et c'était rouge, il dit « du sang, du sang, le sang de l 'Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé ». Je me suis dit « ça ne paraît pas, mais il retient quelque chose de la messe ».

J-69 : J 'ai réalisé à un moment donné que mon enfant retient certaines choses de la messe, même si ça ne paraît pas toujours.

F-70 : Moi j ' a i vécu un bon moment lors de la dernière rencontre que j ' a i eu avec les parents (je suis comme un catéchète retraité). N m ' a demandé de venir la remplacer pour le niveau un. J 'ai fait ça pendant plusieurs années. Pis j ' a i décidé de changer mon approche. C'est sûr que c'est une rencontre où on va présenter les partages lors de la l e r e rencontre de l 'année. La plupart sont des nouveaux parents et des grands-parents. Ça fait, c 'est sûr j ' a i sorti mon vieux matériel et je me suis basé là-dessus. Je

F-70 : Moi j ' a i vécu un bon moment lors de la dernière rencontre de catéchèse. Puisque je connaissais bien le contenu, j ' a i pu changer mon approche et mettre à profit des talents que j ' a i . J 'ai pu mettre le matériel un peu de côté.

me suis dit pourquoi je ne changerais pas mon approche à partir de formations que j ' a i reçu dans d'autres domaines. Premièrement j ' a i voulu laisser le matériel un peu de côté

F-71 : Au lieu que c'est moi qui anime la session, ce sont parents qui ont animé La première question que j ' a i posé, c'est : « Pourquoi se retrouve-t-on dans cette salle-ci ce matin? » parce qu'i l était question du baptême dans un des partages. Je suis parti du baptême, d 'une photo de baptême que j ' a i projeté à l 'écran, et je leur ai fait dire ce que le baptême représentait pour eux.

F-71 : J 'essaie de faire participer le plus possible les parents en leur posant des questions. Ce n 'est plus seulement moi qui anime, mais l 'ensemble du groupe.

F-72 : Moi je me suis mis à la place d 'un enfant qui montre une photo de son baptême à ses parents en leur demandant « Qu'est-ce qui s'est passé cette journée-là? »

F-72 : Moi j ' e s sa ie de me mettre à la place de leur enfant qui pose des questions pour faire participer les parents.

F-73 : Au lieu que moi je sois en avant en train de donner toutes les vertus du baptême, les bonnes définitions, c 'est tout eux autres qui ont tout apporté. Ils en ont plus dit que j ' aura i t dit. Ce que je trouve intéressant, c'était leur< vécu sur le symbole de la lumière, de la croix, du nom donné au baptême. J 'ai fait ça pour toute l 'heure de la rencontre. A la fin, tout le monde a applaudi.

F-73 : Lorsqu'on permet aux parents de s 'exprimer et de participer, ils apportent plus que nous pourrions en apporter seul. De plus, ils aiment cette façon de faire.

F-74 : C'est pas moi qui a animé : c 'est eux autres. J 'étais l 'animateur, mais c 'est eux autres qui faisaient le travail. J 'ai sorti de là et j ' ava i s des ailes. L'important, c'était le vécu des parents.

F-74 : Lorsque les parents ont la capacité de participer et que l 'animation est ainsi partagée, l 'animateur est satisfait de l 'animation.

F-75 : Les parents doivent faire la session. Ils sont capable d'expliquer à leurs enfants. Des fois, ils se sous-estiment et ils pensent qu'i ls ne peuvent pas. En tout cas, moi, j ' é t a i s émerveillé par cette expérience-là.

F-75 : Il y a des parents qui sous-estiment leur capacité à catéchiser leurs enfants. Lorsqu'i ls participent à une session de catéchèse, ils prennent conscience qu'i ls en sont capables.

G-76 : J 'ai ma petite-fille qui est en 4 e année, elle est servante de messe. Puis son petit-frère est en 6 e année, puis lui, la messe ça commence à moins l'intéresser. Il dit que c'est pas intéressant, puis il ne comprend pas.

G-76 : J 'ai une petite-fille qui est enfant de chœur et qui vient à la messe. Son frère est moins intéressé par la messe parce qu' i l ne comprend pas.

G-77 : Sa soeur lui dit « Si tu venais enfant de chœur, tu verrais comme c'est intéressant parce qu 'on participe à la messe. » Puis sais tu que le dimanche d'après, il est venu, il s'est assis avec les enfants de chœur, il a pris son livre, il a suivi la messe.

G-77 : Les enfants de chœur trouvent la messe intéressante parce qu' i ls participent.

G-78 : Les enfants, si tu veux les intéresser, faut que tu les apportes et que tu les assois en avant. Sinon, ils ne voient rien. Les adultes sont plus grands qu 'eux autres.

G-78 : Pour intéresser les enfants à la messe, il faut qu' i ls voient ce qui se passe.

G-79 : Quand le curé les fait participer, ça vaut une leçon de catéchèse.

G-79 : Quand le curé fait participer les enfants, ça vaut une leçon de catéchèse.

R-80 : C'est exactement ce qui est arrivé aussi à des parents . . . quand je leur ai posé des questions pour savoir quelque chose. Les parents n 'en revenaient pas. C'était justement après une activité où ils étaient participants à la messe.

R-80 : Lorsque les enfants participent à la messe, les parents apprennent aussi beaucoup de choses.

R-81 : Ça revient à dire qu' i l faut intéresser les parents et les impliquer. Le faire occasionnellement, une fois par mois, ça vaut mille mots, c'est incroyable. Vraiment, c 'est peut-être la façon d'aller les chercher, et les parents, et les enfants.

R-81 : Il faut intéresser les parents et les impliquer occasionnellement à la liturgie. C'est une façon de faire la catéchèse.

D-82 : J 'accompagne aussi les futurs baptisés. Dans ma dernière rencontre avec les parents, c'était vraiment des gens de Baie-Comeau, de Moncton, de partout, qui étaient là. Je sentais

D-82 : Il y a une soif de savoir et de connaître chez les parents.

une soif de savoir qu'est-ce qu'i l y a au fond de l'éveil spirituel.

D-83 : Je trouve que c'est important la préparation au baptême parce que c'est là que tout commence. Déjà, j ' e ssa ie de semer un petit germe, ou un petit grain de blé dans le coeur des parents pour leur transmettre que c'est important la catéchèse.

D-83 : La préparation au baptême est importante pour transmettre l ' importance de la catéchèse aux parents.

D-84 : La dernière rencontre que j ' a i eu samedi était une bonne rencontre parce qu 'à un moment donné, je parlais de la foi, de l 'engagement. Et une madame m 'a dit « T'es bonne! T'es bonne! » Puis ça m ' a comme enraciné à cause de cette réaction de l 'autre. C'est là que j ' a i vu l ' importance de continuer cela. Ça, ça m ' a réjoui de voir cette madame-là passionnée de me voir.

D-84 : La réaction positive des parents à l 'enseignement des catéchètes confirme le travail des catéchètes et les encourage à continuer.

D-85 : Moi quand je fais des rencontres, ce n 'est pas moi qui parle. C'est ma foi qui parle.

D-85 : Lorsque j ' a n i m e la catéchèse, ce n'est pas moi qui parle. C'est ma foi qui parle.

D-86 : L'engagement, c 'est pas pour la célébration seulement, c'est pour toute une vie. On a commencé l 'éveil. Parce que le baptême et l 'éveil, c'est important, c 'est une assurance que de pouvoir croire.

D-86 : L'engagement chrétien doit aller plus loin que la célébration.

D-87 : Jésus nous donne toujours la liberté de croire. Je leur enseigne ça puis, eh, je leur parle aussi de la catéchèse de tous les niveaux, comment c'est nourrissant.

D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse.

C-88 : Moi, j e me souviens d 'une année où on nous avait demandé de faire des crèches de Noël à la maison, puis là on a fait des crèches qu 'on a apporté à l 'église. Et on les a encore! Je trouve que quand les enfants fabriquent quelque chose à la maison et qu' i ls l 'apportent

C-88 : Lorsqu'on a des activités où il y a un lien entre la catéchèse à la maison et la célébration à l 'église, c'est bien.

à l 'église, c'est bien. C'était magique cette journée-là.

C-89 : À la l e r e communion cette année, mon fils me dit « Quand j ' a i reçu l 'hostie, j ' ava i s le goût de pleurer. » Il dit aussi « J 'avais pas le cœur de pleurer. » Ça voulait dire qu'i l avait appris de quoi. Il y a quelque chose qui était resté. C'est ça.

C-89 : À la l e r e communion, un enfant a dit qu' i l avait à la fois envie de pleurer au moment de communier, mais qu'il n 'avait pas le cœur à pleurer. Les enfants retiennent des choses.

Codifications axiales de la 2 e question

Codifications ouvertes (incidents) Codifications axiales (concepts)

F-63 : On a fait beaucoup de créativité. F-70 : Moi j ' a i vécu un bon moment lors de la dernière rencontre de catéchèse. Puisque je connaissais bien le contenu, j ' a i pu changer mon approche et mettre à profit des talents que j ' a i . J 'ai pu mettre le matériel un peu de côté.

1- Programme flexible

F-75 : Il y a des parents qui sous-estiment leur capacité à catéchiser leurs enfants. Lorsqu'ils participent à une session de catéchèse, ils prennent conscience qu' i ls en sont capables. D-82 : Il y a une soif de savoir et de connaître chez les parents.

2-Programme adapté aux parents

J-69 : J 'ai réalisé à un moment donné que mon enfant retient certaines choses de la messe, même si ça ne paraît pas toujours. D-84 : La réaction positive des parents à l 'enseignement des catéchètes confirme le travail des catéchètes et les encourage à continuer. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse. C-89 : À la l e r e communion, un enfant a dit qu' i l avait à la fois envie de pleurer au moment de communier, mais qu'il n 'avait pas le cœur à pleurer. Les enfants retiennent des choses.

3 - Programme satisfaisant

4- Manque de liens entre catéchèse et liturgie

F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école.

5- Programme parfois difficile

G-79 : Quand le curé fait participer les enfants, ça vaut une leçon de catéchèse. R-80 : Lorsque les enfants participent à la messe, les parents apprennent aussi beaucoup de choses. D-83 : La préparation au baptême est importante pour transmettre l ' importance de la catéchèse aux parents.

6- Solidarité entre les instances nécessaire

7- Programme s'améliore

G-79 : Quand le curé fait participer les enfants, ça vaut une leçon de catéchèse. R-80 : Lorsque les enfants participent à la messe, les parents apprennent aussi beaucoup de choses. C-88 : Lorsqu'on a des activités où il y a un lien entre la catéchèse à la maison et la célébration à l 'église, c 'est bien.

8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie

9- Programme mal articulé

10- Programme mal adapté pour les enfants.

F-73 : Lorsqu'on permet aux parents de s 'exprimer et de participer, ils apportent plus que nous pourrions en apporter seul. De plus, ils aiment cette façon de faire. R-81 : Il faut intéresser les parents et les impliquer occasionnellement à la liturgie. C'est une façon de faire la catéchèse. D-82 : Il y a une soif de savoir et de connaître chez les parents. D-83 : La préparation au baptême est

11- Intérêt des parents

importante pour transmettre l ' importance de la catéchèse aux parents. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et je leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse.

F-71 : J 'essaie de faire participer le plus possible les parents en leur posant des questions. Ce n'est plus seulement moi qui anime, mais l 'ensemble du groupe. F-72 : Moi j ' e ssa ie de me mettre à la place de leur enfant qui pose des questions pour faire participer les parents. F-73 : Lorsqu'on permet aux parents de s 'exprimer et de participer, ils apportent plus que nous pourrions en apporter seul. De plus, ils aiment cette façon de faire. F-74 : Lorsque les parents ont la capacité de participer et que l 'animation est ainsi partagée, l 'animateur est satisfait de l 'animation. F-75 : Il y a des parents qui sous-estiment leur capacité à catéchiser leurs enfants. Lorsqu'i ls participent à une session de catéchèse, ils prennent conscience qu' i ls en sont capables. R-81 : Il faut intéresser les parents et les impliquer occasionnellement à la liturgie. C'est une façon de faire la catéchèse. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse.

12- Participation des parents nécessaire

D-83 : La préparation au baptême est importante pour transmettre l ' importance de la catéchèse aux parents.

13- Accompagnement des enfants nécessaire

D-86 : L'engagement chrétien doit aller plus loin que la célébration.

14- Catéchèse doit être accolée à la vie

15- Difficultés avec enfants qui ont des troubles d'apprentissages

J-67 : Comme parent, souvent j e me questionne parce que mes enfants ne sont pas intéressés par la messe et la catéchèse. J-68 : Je me demande si ça vaut la peine d'apporter les enfants à la messe puisqu'i ls n 'apprennent peut-être rien et que ça ne les intéresse pas. G-76 : J 'ai une petite-fille qui est enfant de chœur et qui vient à la messe. Son frère est moins intéressé par la messe parce qu' i l ne comprend pas.

16-Manque d'intérêt de la part des enfants

F-74 : Lorsque les parents ont la capacité de participer et que l 'animation est ainsi partagée, l 'animateur est satisfait de l 'animation. D-84 : La réaction positive des parents à l 'enseignement des catéchètes confirme le travail des catéchètes et les encourage à continuer. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse.

17- Satisfaction de la part des catéchètes de transmettre

G-76 : J 'ai une petite-fille qui est enfant de chœur et qui vient à la messe. Son frère est moins intéressé par la messe parce qu' i l ne comprend pas. G-77 : Les enfants de chœur trouvent la messe intéressante parce qu' i ls participent. G-78 : Pour intéresser les enfants à la messe, il faut qu'i ls voient ce qui se passe. G-79 : Quand le curé fait participer les enfants, ça vaut une leçon de catéchèse.

18- Intérêt des enfants lorsqu'ils participent

R-80 : Lorsque les enfants participent à la messe, les parents apprennent aussi beaucoup de choses. R-81 : Il faut intéresser les parents et les impliquer occasionnellement à la liturgie. C'est une façon de faire la catéchèse. D-82 : Il y a une soif de savoir et de connaître chez les parents.

19-Les parents apprennent en accompagnant leur enfant

D-85 : Lorsque j ' a n i m e la catéchèse, ce n 'est pas moi qui parle. C'est ma foi qui parle. C-89 : À la l e r e communion, un enfant a dit qu' i l avait à la fois envie de pleurer au moment de communier, mais qu'il n 'avait pas le cœur à pleurer. Les enfants retiennent des choses.

20- Rôle de l'Esprit-Saint dans la transmission

Verbatim de la troisième question

Objectif 3 : Identifier une expérience moins heureuse et ses composantes

S : Identifier cette fois une expérience moins heureuse vécue avec les enfants, toujours dans le cadre d'une activité catéchétique ou paroissiale. Qu'est-ce qui manquait pour que l'activité ne soit pas réussie? Qu'est-ce qui aurait pu être fait différemment pour que vous vous sentiez partie prenante de l'activité?

D : C'est surtout les parents et des catéchètes qui m'ont dit ça : les partages, c'est des feuilles, pis des feuilles qu' i ls n 'aiment pas. Ils n 'aiment pas avoir du travail à la maison. C'est ça qui est plus difficile.

S : Qu'est-ce que ça pourrait prendre pour que ces partages-là soient vécu d 'une manière plus heureuse pour les enfants?

D : Faudrait pas qu' i l y aurait du travail à la maison. Faudrait que tout le travail soit tout fait ici parce que c'est comme un devoir pour eux autres. C'est comme le côté école.

F : Moi je voudrais réagir sur ce que Denise mentionne. Moi je suis d 'accord et pas d'accord. Eh, moi l 'expérience que j ' a i vécu, c'est animer un groupe, et c'est au point de vue de la discipline. C'est un jeune qui ne faisait pas ses partages, les autres étaient rendus plus loin que lui. Lui n 'avait aucun intérêt. Il ne savait même pas pourquoi il était là, il se sentait obligé d'être là. Il dérange tout le groupe. A un moment donné, j ' é ta i s obligé de la sortir. Et j e reviens au rôle du parent : qu'est-ce qu'est le rôle du parent? Moi, j e ne peux pas faire le rôle du parent pour cet enfant-là.

S : Est-ce que je comprend que pour que l 'activité aurait été réussie, il aurait fallu que les parents aient été là?

F : Oui, moi je mets beaucoup d 'emphase là-dessus. Pour que le parent constate par lui-même le comportement de son enfant. S'il n ' a pas fait ses devoirs, le parent pourra le constater : quel parent pourrait arriver et dire que les devoirs ne sont pas fait.

S : Si je comprends bien, tu dis qu 'on devrait toujours avoir les parents et les enfants pour qu 'une activité soit réussie.

F : Oui, oui.

G : J 'suis d 'accord avec ce qui vient d 'être dit parce que j ' ava i s un petit garçon qui répétait son année scolaire, puis il avait des difficultés d'apprentissage, puis quand c'est venu à faire son travail avec les autres, il ne pouvait pas écrire ses mots, puis il ne voulait pas que moi je l 'aide parce que devant les autres, il se serait senti mis à part parce que les autres pouvaient écrire leurs mots tout seul et moi il fallait que je lui aide. Puis moi ça ça m ' a vraiment fait quelque chose. Il disait «Non! Non! » Je lui disais « J 'veux pas que ça paraisse que tu peux pas écrire. J 'veux juste

t 'aider, je mettais le mot en avant de lui. Puis ça pris un temps. Il n 'a pas pu finir son travail, pis il s'en est allé chez-lui. Il est arrivé de nouveau, pis son travail n'était pas fait. Quand c'est pas suivi par les parents, c'est difficile. Parce qu'i l arrive après ça et il est en retard avec les autres. Avec les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage, ça prendrait vraiment quelqu'un avec lui qui l 'aide pendant qu 'on fait le programme avec les autres.

C : Pour moi aussi, ce sont des problèmes de discipline. C'est ça. Tu parles du partage, tu parles de l 'amour, pis ça donne des coups de poing sur la table. T'essaies de les séparer, mais c'est juste tendu. Ça peut juste pas bien marcher à ce moment-là.

S : Qu'est-ce qui pourrait être fait autrement pour que ce soit réussi?

C : Je ne le sais pas. Y ' a aussi le fait que je trouve que c'est souvent décousu et pas en lien avec les activités. Dans le temps de Pâques, le fils Jésus de Nazareth a passé. Les enfants auraient pu écouter ça là. Ça prend quelque chose de visuel de temps en temps, une ou deux fois par année parce que les enfants sont très visuels. C'est pour ça que les partages les intéresse moins.

F : J 'aimerais ajouter que dans les premiers niveaux, on n ' a pas ces problèmes-là. Les niveaux 4 et 5, quand on parle des nouvelles communautés, Éphèse Corinthe. C'est difficile. Même pour nous autres les parents, c 'est très théorique. J 'sais que ça en prend un peu. Mais c'est dans la vraie vie de tous les jours, comment tu traduis cela.

D : Moi je suis allé à une session la semaine passé, puis les professeurs, c'était des gens de Québec, eh, puis eux autres dans leurs rencontres avec les jeunes, y 'a seulement 2-3 jeunes avec une animatrice. Nous autres on est 6-7 jeunes avec une animatrice. Peut-être qu 'une solution, ce serait plus d'animatrice, ou des parents avec la catéchèse.

S : Je reviens à la question qui est d'identifier une expérience moins heureuse que vous avez vécu et ses composantes. Est-ce que quelqu'un aurait autre chose à dire?

R : C'est de la répétition. C'est toujours au niveau de la confirmation. Si les textes n 'ont pas été retouchés, c'est un problème. Parce que ce qu 'on avait dans le temps, c'était vraiment pas à la hauteur, même pour un adulte, c'était difficile. C'est pour ça que j ' a i refusé d 'y aller. On parle du St-Esprit qui vient du ciel, pis le feu, pis l'air. Ça prend du temps à comprendre ça.

S : C'est au niveau du vocabulaire que ce n'était pas adapté?

R : C'est au niveau des textes qui n'étaient pas adaptés vraiment à ce qu'est un sacrement. Pis les autres groupes avaient de la difficulté parce les enfants sortaient avant le temps. Ça fait si ça pas été retouché, ça doit être encore pire. Mais j ' a i l ' impression que ça été retouché parce que ça fait 5-6 ans. Par contre ce qui est heureux, et ça tombe dans les parties heureuses, c'est que j ' a i rencontré une madame qui m ' a dit que sa fille était donc contente. J 'avais de la difficulté, peut-être que les jeunes en avaient moins. Y ' a quand même quelque chose qui se greffait là. Comme tu disais tout à l 'heure, c'est incroyable comment les jeunes apprennent parce que j ' ava i s posé la question « Combien ils avaient reçu de sacrements? » Pis là on les a passé, baptême, eucharistie, pardon, pis là un a dit, « Y 'en a plus que ça. Il y a l 'extrême-onction. » En d'autres mots, ça veut

dire qu'il avait appris qu'il y avait d'autres sacrements, et que l 'extrême-onction était un sacrement. Donc, c'est positif ça!

S : Autre choses sur les expériences heureuses ou malheureuses en catéchèse? Et ce qui fait que ça été heureux ou malheureux? On a parlé beaucoup de catéchèse ici, en catéchèse paroissiale. On peut élargir à d'autres expériences à la maison, ou le dimanche.

D : À la messe dominicale, moi j ' a i beaucoup aimé lorsqu'on a fabriqué une église et que chacun apportait sa brique. C'est dommage que toute la communauté (c'est vrai qu' i l y a beaucoup de monde!) n ' a pas pu participé. Mais moi j ' aura is aimé apporté ma brique pour construire l 'église.

Codifications ouvertes de la 3 e question

Unités de signification Codifications ouvertes (incidents)

Objectif 3 : Identifier une expérience moins heureuse et ses composantes

D- 90 : Des parents et des catéchètes m'ont dit ça : les partages, c'est des feuilles; et des feuilles, ils n 'aiment pas. Ils n 'aiment pas avoir du travail à la maison. C'est ça qui est difficile.

D- 90 : Les intervenants n 'aiment pas avoir du travail à la maison. C'est ça qui est difficile.

D-91 : Faudrait pas qu'i l y ait du travail à la maison. Faudrait que tout le travail soit tout fait lors des rencontres à la paroisse parce que c'est comme un devoir pour eux autres.

D-91 : Le travail fait à la maison est perçu comme un devoir par les enfants. Il faudrait éviter cela.

D-92 : Du travail à la maison, c'est comme à l 'école.

D-92 : Du travail à la maison, c 'est comme à l 'école.

F-93 : Moi j e voudrais réagir sur ce que D mentionne. Moi je suis d'accord et pas d'accord. L 'expérience que j ' a i vécu, c 'est animer un groupe, et c 'est au point de vue de la discipline. C'est un jeune qui ne faisait pas ses partages, les autres étaient rendus plus loin que lui.

F-93 : La discipline est ce qu' i l y a de difficile dans l 'animation d 'un groupe.

F-94 : L'enfant n'avait aucun intérêt. Il ne savait même pas pourquoi il était là, il se sentait obligé d'être là. Il dérange tout le groupe. À un moment donné, j ' é ta i s obligé de le sortir.

F-94 : Les enfants qui n 'ont pas d'intérêt dérangent les autres et deviennent des cas de discipline.

F-95 : Je reviens au rôle du parent : qu'est- F-95 : Le rôle du parent est indispensable,

ce qu'est le rôle du parent? Moi, je ne peux pas jouer le rôle du parent pour cet enfant-là.

surtout avec les enfants qui présentent des problèmes de discipline.

F-96 : Il aurait fallu que les parents soient là. Moi j e mets beaucoup d 'emphase là-dessus. Pour que le parent constate par lui-même le comportement de son enfant. S'il n ' a pas fait ses devoirs, le parent pourra le constater : quel parent pourrait arriver et dire que les devoirs ne sont pas fait?

F-96 : Il faudrait impliquer davantage les parents pour que les enfants se comportent bien et fassent leur travail.

F-97 : On devrait toujours avoir les parents et les enfants ensemble pour qu 'une activité soit réussie.

F-97 : On devrait toujours avoir les parents et les enfants ensemble pour qu 'une activité soit réussie.

G-98 : J 'suis d'accord avec ce qui vient d'être dit parce que j ' ava i s un petit garçon qui répétait son année scolaire, puis il avait des difficultés d'apprentissage, puis quand c'est venu à faire son travail avec les autres, il ne pouvait pas écrire ses mots, puis il ne voulait pas que moi je l 'aide parce que devant les autres, il se serait senti mis à part parce que les autres pouvaient écrire leurs mots tout seul et moi il fallait que je lui aide.

G-98 : Il serait profitable que les parents des enfants qui ont des troubles d'apprentissage soient aussi présents lors des rencontres.

G-99 : Ça m ' a vraiment fait quelque chose de ne pouvoir aider un enfant avec des difficultés d'apprentissage. Il disait «Non! N o n ! » Je lui disais « J ' v e u x pas que ça paraisse que tu peux pas écrire. J 'veux juste t 'aider! » Je mettais le mot en avant de lui. Puis ça pris un temps. Il n ' a pas pu finir son travail, pis il s'en est allé chez-lui. Il est arrivé de nouveau, pis son travail n'était pas fait.

G-99 : Les enfants avec des problèmes d'apprentissage sont aussi difficiles à gérer dans un groupe

G - 1 0 0 : Une catéchèse qui n 'est pas suivi par les parents, c'est difficile. Parce que

G-100 : Une catéchèse qui n 'est pas suivi par les parents, c 'est difficile.

l 'enfant arrive après ça et il est en retard avec les autres.

G-101 : Avec les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage, ça prendrait vraiment quelqu'un avec lui qui l 'aide pendant qu 'on fait le programme avec les autres.

G-101 : Avec les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage, ça prendrait de l 'aide supplémentaire lors des session de catéchèse.

C-102 : Pour moi aussi, ce sont des problèmes de discipline que je trouve difficile.

C-102 : Les problèmes de discipline sont difficiles à gérer.

C-103 : Tu parles du partage, tu parles de l 'amour, pis ça donne des coups de poing sur la table. T'essaies de les séparer, mais c 'est juste tendu. Ça peut juste pas bien marcher à ce moment-là.

C-103 : À cause de l 'indiscipline, il y a incohérence parfois entre ce que nous prêchons et les comportements des enfants qui se chamaillent.

C-104 : Je ne sais pas ce qui pourrait être fait autrement.

C-104 : Je suis impuissante face au problème de l 'indiscipline.

C-105 : Il y a aussi le fait que je trouve que c'est souvent décousu et pas en lien avec les activités. Dans le temps de Pâques, le film Jésus de Nazareth a passé. Les enfants auraient pu écouter ça.

C-105 : La catéchèse est souvent décousue et pas en lien avec le temps liturgique.

C-106 : Ça prend quelque chose de visuel de temps en temps, une ou deux fois par année parce que les enfants sont très visuels. C'est pour ça que les partages les intéressent moins.

C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants.

F-107 : J 'aimerais ajouter que dans les premiers niveaux, on n ' a pas ces problèmes-là.

F-107 : J 'aimerais ajouter que dans les premiers niveaux, on n ' a pas de problèmes d'intérêt de la part des enfants.

F-108 : Aux niveaux 4 et 5, quand on parle des nouvelles communautés, Éphèse et Corinthe, c'est difficile.

F-108 : Aux niveaux 4 et 5, le contenu est difficile.

F-109 : Même pour nous autres les parents, c'est très théorique. J 'sais que ça en prend un peu.

F-109 : Même pour les parents, le contenu est très théorique.

F-l 10 : Dans la vraie vie de tous les jours, comment tu traduis le message de la catéchèse?

F-l 10 : Comment traduire le message de la catéchèse dans la vie de tous les jours?

D-l 11 : Moi je suis allé à une session la semaine passé, puis les professeurs, c'était des gens de Québec. Eux autres, dans leurs rencontres avec les jeunes, y 'a seulement 2-3 jeunes avec une animatrice. Nous autres on est 6-7 jeunes avec une animatrice. Peut-être qu 'une solution, ce serait plus d'animatrices?

D-l 11 : Peut-être que le nombre d'enfants par animatrice est trop élevé.

D-112 : Peut-être plus de parents avec la catéchète?

D-l 12 : Peut-être devrait-il y avoir plus de parents avec la catéchète?

R - 1 1 3 : C'est toujours au niveau de la confirmation. Si les textes n 'ont pas été retouchés, c'est un problème. Parce que ce qu 'on avait dans le temps, c'était vraiment pas à la hauteur.

R - 1 1 3 : Les textes pour la confirmation n'étaient pas à la hauteur.

R - 1 1 4 : Même pour un adulte, c'était difficile à comprendre. C'est pour ça que j ' a i refusé d 'y aller. On parle du Saint-Esprit qui vient du ciel, puis le feu, puis l'air. Ça prend du temps à comprendre ça.

R - 1 1 4 : Même pour un adulte, les textes sont difficiles à comprendre.

R-115 : C'est au niveau des textes qui n'étaient pas adaptés vraiment à ce qu 'est

R-115 : Les textes ne sont pas toujours adaptés vraiment à ce qu'est un sacrement.

un sacrement.

R - 1 1 6 : Les autres groupes avaient de la difficulté parce les enfants sortaient avant la fin de la catéchèse.

R-116 : Des groupes avaient de la difficulté avec la contenu qui n'intéressait pas les enfants qui sortaient avant la fin de la catéchèse.

R - 1 1 7 : Si le programme n 'a pas été retouché, ça doit être encore pire. Mais j ' a i l ' impression que ça été retouché parce que ça fait 5-6 ans.

R - 1 1 7 : Si le programme n 'a pas été retouché, le contenu doit être encore plus éloigné de la vie des enfants.

R-l 18 :Ce qui est heureux, et ça tombe dans les parties heureuses, c'est que j ' a i rencontré une madame qui m ' a dit que sa fille était donc contente. J 'avais de la difficulté, peut-être que les jeunes en avaient moins. Y ' a quand même quelque chose qui se greffait là.

R-118 :Même si c'est difficile pour les adultes, les enfants retiennent des choses.

R-l 1 9 : Comme tu disais tout à l 'heure, c 'est incroyable comment les jeunes apprennent. . . parce que j ' ava i s posé la question « Combien ils avaient reçu de sacrements? » Pis là on les a passé, baptême, eucharistie, pardon, pis là un a dit, « Y 'en a plus que ça. Il y a l 'extrême-onction. » En d'autres mots, ça veut dire qu' i l avait appris qu'i l y avait d'autres sacrements, et que l 'extrême-onction était un sacrement. Donc, c'est positif ça!

R-l 1 9 : Les jeunes apprennent et savent beaucoup de choses au niveau de la foi.

D - l 2 0 : A la messe dominicale, moi j ' a i beaucoup aimé lorsqu'on a fabriqué une église et que chacun apportait sa brique.

D - 1 2 0 : A la messe dominicale, j ' a i m e lorsqu'on peut participer en faisant un geste particulier.

D- l21 : C'est dommage que toute la communauté (c'est vrai qu' i l y a beaucoup de monde!) n ' a pas pu participé.

D-l 21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale.

D - l 2 2 : Mais moi j ' aura i s aimé apporté ma brique pour construire l 'église.

D- l22 : J 'aimerais participer lorsque les enfants le font à la messe dominicale..

Codifications axiales de la 3 e question

Codifications ouvertes (incidents) Codifications axiales (concepts)

1- Programme flexible

2-Programme adapté aux parents

F-107 : J 'aimerais ajouter que dans les premiers niveaux, on n ' a pas de problèmes d'intérêt de la part des enfants. R -118 :Même si c'est difficile pour les adultes, les enfants retiennent des choses. R-l 1 9 : Les jeunes apprennent et savent beaucoup de choses au niveau de la foi.

3- Programme satisfaisant

C-105 : La catéchèse est souvent décousu et pas en lien avec le temps liturgique. R-113 : Les textes pour la confirmation n'étaient pas à la hauteur. R-115 : Les textes ne sont pas toujours adaptés vraiment à ce qu'est un sacrement. D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale.

4- Manque de liens entre catéchèse et liturgie

G-100 : Une catéchèse qui n 'est pas suivi par les parents, c'est difficile. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. F-108 : Aux niveaux 4 et 5, le contenu est difficile. F-109 : Même pour les parents, le contenu est très théorique. R-113 : Les textes pour la confirmation n'étaient pas à la hauteur. R - 1 1 4 : Même pour un adulte, les textes

5- Programme parfois difficile

sont difficiles à comprendre. R-115 : Les textes ne sont pas toujours adaptés vraiment à ce qu'est un sacrement. R - 1 1 6 : Des groupes avaient de la difficulté avec la contenu qui n'intéressait pas les enfants qui sortaient avant la fin de la catéchèse. R-118 :Même si c'est difficile pour les adultes, les enfants retiennent des choses.

D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale.

6- Solidarité entre les instances nécessaire

7- Programme s'améliore

D - l 2 0 : À la messe dominicale, j ' a i m e lorsqu'on peut participer en faisant un geste particulier. D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale.

8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie

C-105 : La catéchèse est souvent décousu et pas en lien avec le temps liturgique.

9- Programme mal articulé

D- 90 : Les intervenants n 'aiment pas avoir du travail à la maison. C'est ça qui est difficile. D-91 : Le travail fait à la maison est perçu comme un devoir par les enfants. Il faudrait éviter cela. D-92 : Du travail à la maison, c'est comme à l 'école. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. F-109 : Même pour les parents, le contenu est très théorique. F-l 10 : Comment traduire le message de la

10- Programme mal adapté pour les enfants.

catéchèse dans la vie de tous les jours? R - 1 1 7 : Si le programme n 'a pas été retouché, le contenu doit être encore plus éloigné de la vie des enfants.

11- Intérêt des parents

F-95 : Le rôle du parent est indispensable, surtout avec les enfants qui présentent des problèmes de discipline. F-96 : Il faudrait impliquer davantage les parents pour que les enfants se comportent bien et fassent leur travail. F-97 : On devrait toujours avoir les parents et les enfants ensemble pour qu 'une activité soit réussie. G-98 : Il serait profitable que les parents des enfants qui ont des troubles d'apprentissage soient aussi présents lors des rencontres. G-100 : Une catéchèse qui n 'est pas suivi par les parents, c'est difficile. G-101 : Avec les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage, ça prendrait de l 'aide supplémentaire lors des session de catéchèse. D-l 12 : Peut-être devrait-il y avoir plus de parents avec la catéchète? D - l 2 2 : J 'aimerais participer lorsque les enfants le font à la messe dominicale. . .

12- Participation des parents nécessaire

13- Accompagnement des enfants nécessaire

F-l 10 : Comment traduire le message de la catéchèse dans la vie de tous les jours? R - 1 1 7 : Si le programme n ' a pas été retouché, le contenu doit être encore plus éloigné de la vie des enfants.

14- Catéchèse doit être accolée à la vie

F-93 : La discipline est ce qu' i l y a de difficile dans l 'animation d 'un groupe. F-94 : Les enfants qui n 'ont pas d'intérêt dérangent les autres et deviennent des cas de discipline. F-95 : Le rôle du parent est indispensable, surtout avec les enfants qui présentent des problèmes de discipline. F-96 : Il faudrait impliquer davantage les parents pour que les enfants se comportent bien et fassent leur travail. G-98 : Il serait profitable que les parents des enfants qui ont des troubles d'apprentissage soient aussi présents lors des rencontres. G-99 : Les enfants avec des problèmes d'apprentissage sont aussi difficiles à gérer dans un groupe G-101 : Avec les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage, ça prendrait de l 'aide supplémentaire lors des session de catéchèse. C-102 : Les problèmes de discipline sont difficiles à gérer. C-103 : À cause de l 'indiscipline, il y a incohérence parfois entre ce que nous prêchons et les comportements des enfants qui se chamaillent. C-104 : Je suis impuissante face au problème de l 'indiscipline. D-l 12 : Peut-être devrait-il y avoir plus de parents avec la catéchète?

15- Difficultés avec enfants qui ont des troubles d'apprentissages

F-94 : Les enfants qui n 'ont pas d'intérêt dérangent les autres et deviennent des cas de discipline. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. R-116 : Des groupes avaient de la difficulté avec la contenu qui n'intéressait pas les enfants qui sortaient avant la fin de la catéchèse. R - 1 1 7 : Si le programme n ' a pas été retouché, le contenu doit être encore plus éloigné de la vie des enfants.

16-Manque d'intérêt de la part des enfants

R-118 :Même si c'est difficile pour les adultes, les enfants retiennent des choses.

17- Satisfaction de la part des catéchètes de transmettre

18- Intérêt des enfants lorsqu'ils participent

D - l 2 2 : J 'aimerais participer lorsque les enfants le font à la messe dominicale. . .

19-Les parents apprennent en accompagnant leur enfant

20- Rôle de l'Esprit-Saint dans la transmission

D - l 2 0 : À la messe dominicale, j ' a i m e lorsqu'on peut participer en faisant un geste particulier. D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale. D - l 2 2 : J 'aimerais participer lorsque les enfants le font à la messe dominicale..

21- Désir de participation lors de la liturgie

D- 90 : Les intervenants n 'a iment pas avoir du travail à la maison. C'est ça qui est difficile. D-91 : Le travail fait à la maison est perçu comme un devoir par les enfants. Il faudrait éviter cela. D-92 : Du travail à la maison, c'est comme à l 'école. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. D-l 11 : Peut-être que le nombre d'enfants par animatrice est trop élevé. D-l 12 : Peut-être devrait-il y avoir plus de parents avec la catéchète?

22- Logistique du programme de catéchèse à revoir.

Verbatim de la quatrième question

Objectif 4 : Identifier une expérience de l'Assemblée dominicale qui a été positive.

S : Identifier une célébration avec l'Assemblée dominicale qui a été particulièrement réussie. Qu'est-ce qu'il y avait de différent lors de cette assemblée?

S : On a déjà touché à cela, vous pouvez y revenir si vous voulez. L'important, c'est une activité en lien avec la grande assemblée.

R : Personnellement, et ce que j ' a i entendu de la communauté, c'est le baptême des enfants comme un mois passé à la messe. Toute la cérémonie, de A à Z, a été un succès. Les parents n 'en revenaient pas. Ils ont compris beaucoup de choses. Quand on les baptise et qu 'on les amène ensuite sur l 'autel, ça introduit la signification de ce qu 'est le sacrifice, sur l 'autel. C'est spécial! Et puis il y a eu les explications qui ont accompagné les gestes. Là-dedans, il y avait des années de catéchèse. La réaction des parents était incroyable.

S : Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée?

R : Oui, c'était pas croyable.

F : Moi je crois que toutes les célébrations qui sont animées par le curé . . . la grande réussite, c 'est l 'animation avec les enfants. Quand les enfants viennent à la Minuit puis qu' i ls s'asseoient dans les marches, c 'est un genre de catéchèse qui se fait, pis veut, veut pas, on éduque les parents en même temps. Pis ça, c 'est très animé et c'est un des traits marquants du passage du curé ici. Comme Raymond mentionnait tantôt, tout les symboles expliqués, aussi simple que la couleur des vêtements, chaque symbole, chaque signe, si on ne les explique pas, on va l 'apprendre où? Pis aujourd'hui, c'est pas vrai que l'enfant vient les yeux fermés. Il faut qu ' i l comprenne le symbole et le sens qu'i l y a en arrière. Autrefois, les gens y allaient aveuglément. Nos enfants, ce n 'est pas de même aujourd'hui. Puis ça qui est très très bien dans ces célébrations-là, c'est que si c 'est sur un thème en particulier, tout les détails son expliqués. Y ' a même des adultes qui me disent « Moi, j e ne savais pas ça. On n ' a jamais appris ça dans notre catéchèse. » Ça éduque toute la communauté. Ça fait que c'est la catéchèse avec toute la communauté au lieu que ça se fasse isolé dans un petit groupe et suivre un programme basé spécialement sur le scolaire.

J : Tu m 'as enlevé les mots de la bouche parce que moi-même dans ces célébrations-là qui sont adaptées aux enfants, moi je vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse.

C : Je suis d 'accord moi aussi, (inaudible) Pis aussi à Pâques, les enfants ont chanté. Ça je trouvais que c'était très bien. Pour la crèche vivante aussi. Ça, ça reste.

S : Tout les moments où les enfants peuvent participer, c'est bien!

C : Comme moi les miens, j ' ava i s assez de misère à les amener à l 'église. Pis depuis qu' i ls sont servants de messes, ils aiment cela. Lorsqu'i ls font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont super contents de venir.

G : C'est sûr que les messes qu 'on a avec le curé sont belles. On est choyés parce que chaque dimanche, c'est toujours du renouveau. On a toujours des belles explications. Et les gens sortent de là fiers. Des fois, tu vas à la messe pis on retient rien. Avec le curé, personne peut sortir de l 'église en disant «J'ai rien appris, ou j ' a i pas aimé ma messe. » J 'suis déjà allé dans d'autres paroisses où les gens m'ont dit qu 'en sortant de la messe, demande pas ce que j ' a i retenu parce que j ' a i rien compris. Avec le curé, c'est pas un problème, les évangiles sont très bien expliquées.

F : Un succès de cela. On peut penser aussi aux explications des lectures. Une présentation, c'est une catéchèse pour toute la communauté, pour les enfants et les adultes. Si l 'adulte le comprend, il est plus en mesure de l 'expliquer à son enfant. Si comme parent, je ne comprend pas moi-même, comment j e vais faire pour l 'expliquer à mon enfant. Comment transmettre ce que je ne comprend pas. L'explication de la l e r e et de la 2 e lecture et de tous les gestes doivent coller à ce que l 'on vit pendant la semaine. Je ne sais pas moi . . . si c'est Ste-Anne-du-Bocage qui s'en vient, il faut en parler pour expliquer le sens. Ou si c 'est un autre événement important comme la bénédiction des bateaux, expliquer pourquoi on fait ça. On n ' a pas tout compris. Nos parents y allaient parce que tout le monde y allait. Mais j e ne pense pas qu' i ls pouvaient expliquer tout le sens. Quand j ' a i fait la catéchèse, c'était enrichissant à ce niveau-là. J 'essayais de comprendre pour expliquer à mes enfants. Toutes les explications données qui collent au quotidien sont bonnes.

D : Moi un autre point fort que Père Serge nous a donné l 'explication, c'est mercredi des cendres avec les enfants. Les cendres, ça vient d 'où? Des rameaux brûlés. Je ne savais pas ça. Pis l 'explication, c'est pour toute la communauté, même les personnes âgées. Je suis sûre que beaucoup ne savaient pas le sens de ça. Pis c'est ça qui est important. Il y a beaucoup de symboles dans la liturgie. A quoi ça sert ces signes? C'est ça.

R : J 'aimerais quand même venir supporter ce qui a été dit. Beaucoup des moins jeunes, c'est la foi du charbonnier. Puis, ils ne comprenaient à peu près rien de ce qui se passait. Et quand il y a des explications.. . il y en a, et il y a encore beaucoup à donner parce qu' i l y a beaucoup de choses que les gens ne comprennent pas . . . à chaque fois qu ' i l y a des explications, les gens sortent et disent « On savait pas ça! » Un exemple : j ' e n ai vu du monde qui, avant l 'évangile, faisaient toutes sortes de signes et de grimaces comme ça, sans savoir ce qu' i ls faisaient. Et ensuite on leur a expliqué. C'est le Père N qui l 'a dit : que la Parole entre dans mon esprit, ma bouche, mon cœur. Le monde est sorti et a dit « On savait pas ça », toute du monde de bonne foi : ils faisaient quoi lorsqu'ils faisaient ce geste? Il y a tellement de choses. J 'veux dire, dans le fond.. . On dit que la grâce se greffe sur une créature. C'est évident que si c 'est toujours dans l 'air du temps là, c'est pas facile. Les explications des épîtres, du Nouveau Testament et de l 'Ancien Testament. Ça fait tellement de bien : il faudrait que de telles explications se fassent plus souvent.

Codifications ouvertes de la 4 e question

Unités de signification Codifications ouvertes (incidents)

Objectif 4 : Identifier une expérience de l'Assemblée dominicale qui a été positive.

R - l 2 3 : Personnellement, et ce que j ' a i entendu de la communauté, c'est le baptême des enfants comme un mois passé à la messe. Toute la cérémonie, de A à Z, a été un succès. Les parents n 'en revenaient pas.

R - l 2 3 : Le baptême célébré lors de la messe dominicale est une réussite.

R - l24 : Ils ont compris beaucoup de choses. Quand on les baptise et qu 'on les amène ensuite sur l 'autel, ça introduit la signification de ce qu'est le sacrifice, sur l 'autel. C'est spécial!

R - l 2 4 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe.

R - l 2 5 : Et puis il y a les explications qui accompagnent les gestes. Là-dedans, il y avait des années de catéchèse. La réaction des parents était incroyable.

R- l25 : Les explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et les parents qui sont ravis.

R - l26 : Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée

R- l26 : Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée

F-127 : Moi je crois que toutes les célébrations qui sont animées par notre curé . . . la grande réussite, c'est l 'animation avec les enfants.

F-127 : L'animation avec les enfants est très appréciée lors de la messe.

F-128 : Quand les enfants viennent à la Minuit puis qu'i ls s'asseoient dans les marches, c 'est une catéchèse qui se fait.

F-128 : Quand les enfants participent à la messe, c 'est un genre de catéchèse qui se fait.

F-129 : Veut, veut pas, on éduque les parents en même temps.

F-129 : En éduquant les enfants à la messe, on éduque les parents en même temps.

F-130 : Pis ça, c'est très animé et c 'est un des traits marquants du curé.

F -130 : Les messes avec les enfants sont très animées..

F- l31 : Comme N mentionnait tantôt, tous les symboles expliqués, aussi simple que la couleur des vêtements, chaque symbole, chaque signe, si on ne les explique pas, on va l 'apprendre où?

F-l 31 : On a besoin d 'expliquer les symboles de la messe, sinon où va-t-on l 'apprendre?

F-132 : Pis aujourd'hui, c'est pas vrai que l 'enfant vient les yeux fermés. Il faut qu' i l comprenne le symbole et le sens qu'i l y a en arrière.

F-132 : Les enfants veulent comprendre le sens qu' i l y a en arrière des symboles de la foi et des signes de la liturgie.

F-133 : Autrefois, les gens y allaient aveuglément. Nos enfants, ce n'est pas de même aujourd'hui.

F-133 : Autrefois, les gens ne cherchaient pas à tout comprendre. Nos enfants eux cherchent à comprendre.

F-134 : Puis ce qui est très très bien dans ces célébrations-là, c'est que si c'est sur un thème en particulier, tous les détails son expliqués.

F-134 : Lors des messes avec les enfants, c'est bien que tous les détails soient expliqués.

F-135 : Y 'a même des adultes qui me disent « Moi, j e ne savais pas ça. On n 'a jamais appris ça dans notre catéchèse. »

F-135 : Des adultes apprennent lors des messes pour les enfants.

F-136 : Ça éduque toute la communauté. Ça fait que c'est la catéchèse avec toute la communauté au lieu que ça se fasse isolé dans un petit groupe.

F -136 : La catéchèse est pour toute la communauté lorsqu'il y a messe avec les enfants. Personne n 'est isolé.

F-137 : Avec toute la communauté on suit moins un programme basé sur le scolaire.

F-137 : Avec toute la communauté on suit moins un programme basé sur le scolaire.

J-138 : Tu m'as enlevé les mots de la bouche parce que moi-même dans ces célébrations-là qui sont adaptées aux enfants, moi je vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse.

J-138 : Dans les célébrations avec les enfants, j e vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse.

C-139 : Je suis d'accord moi aussi avec la catéchèse avec toute la communauté.

C-139 : Je suis d 'accord sur l ' importance de la catéchèse avec toute la communauté lors de la messe dominicale.

C-140 : Pis aussi à Pâques, les enfants ont chanté. Ça je trouvais que c'était très bien. Pour la crèche vivante aussi. Ça, ça reste.

C-140 : Lorsque les enfants participent en faisant quelque choses, il y a quelque chose qui reste.

C-141 : Comme moi, mes enfants, j ' ava i s assez de misère à les amener à l 'église. Pis depuis qu'i ls sont servants de messes, ils aiment cela.

C-141 : Depuis que mes enfants sont servants de messes, ils aiment cela parce qu'i ls participent.

C-142 : Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont super contents de venir.

C-142 : Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont contents de venir à la messe.

G-143 : C'est sûr que les messes qu 'on a avec notre curé sont belles. On est choyés parce que chaque dimanche, c'est toujours du renouveau.

G-143 : On est choyés à la messe lorsqu'il y a du renouveau.

G-144 : On a toujours des belles explications.

G-144 : On est choyé à la messe lorsqu'on a des explications.

G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers.

G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers.

G-146 : Des fois, tu vas à la messe puis tu ne retiens rien. Avec le curé, personne peut sortir de l 'église en disant « J 'ai rien appris,

G-146 : C'est important de pouvoir retenir quelque chose de la messe.

ou j ' a i pas aimé ma messe. »

G-147 : J 'suis déjà allé dans d'autres paroisses où les gens m'ont dit qu 'en sortant de la messe, demande pas ce que j ' a i retenu parce que j ' a i rien compris. Avec le curé, c'est pas un problème, les évangiles sont très bien expliquées.

G-147 : Lorsque les textes sont bien expliqués, on peut retenir quelque chose.

F-148 : Un succès de cela. On peut penser aussi aux explications des lectures. Une présentation des lectures, c'est une catéchèse pour toute la communauté, pour les enfants et les adultes.

F-148 : Une présentation des lectures, c 'est une catéchèse pour toute la communauté, pour les enfants et les adultes.

F-149 : Si l 'adulte comprend, il est plus en mesure de l 'expliquer à son enfant. Si comme parent, je ne comprend pas moi-même, comment je vais faire pour l 'expliquer à mon enfant? Comment transmettre ce que j e ne comprend pas?

F-149 : Si l 'adulte comprend, il est plus en mesure de l 'expliquer à son enfant.

F - l50 : L'explication de la l è r e et de la 2 e

lecture et de tous les gestes doivent coller à ce que l 'on vit pendant la semaine.

F-150 : L'explication de la l è r e et de la 2 e

lecture et de tous les gestes doivent coller à ce que l 'on vit pendant la semaine.

F- l51 : Si c 'est Ste-Anne-du-Bocage qui s'en vient, il faut en parler pour expliquer le sens. Ou si c'est un autre événement important comme la bénédiction des bateaux, expliquer pourquoi on fait ça. On n ' a pas tout compris.

F- l51 : Il faut faire des liens à la messe avec la vie communautaire.

F-152 : Nos parents y allaient parce que tout le monde y allait. Mais je ne pense pas qu' i ls pouvaient expliquer tout le sens.

F-152 : Nos parents allaient à la messe parce que tout le monde y allait. Mais je ne pense pas qu' i ls pouvaient expliquer tout le sens.

F-153 : Quand j ' a i fait la catéchèse, c'était F-153 : Quand j ' a i fait la catéchèse, c'était

enrichissant à ce niveau-là. J 'essayais de comprendre pour expliquer à mes enfants.

enrichissant pour moi parce que j 'essayais de comprendre pour l 'expliquer à mes enfants.

F-154 : Toutes les explications données qui collent au quotidien sont bonnes.

F-154 : Toutes les explications données qui collent au quotidien sont bonnes.

D - l 5 5 : Moi un autre point fort du curé, c 'est qu' i l nous a donné l 'explication du mercredi des cendres avec les enfants. Les cendres, ça vient d 'où? Des rameaux brûlés. Je ne savais pas ça.

D- l55 : L' importance d 'expliquer les symboles de la liturgie.

D - l 5 6 : Pis l 'explication, c'est pour toute la communauté, même les personnes âgées.

D- l56 : Les explications à la messe sont pour toute la communauté, même les personnes âgées.

D - l 5 7 : Je suis sûre que beaucoup ne savaient pas le sens de ça. Pis c'est ça qui est important. Il y a beaucoup de symboles dans la liturgie. A quoi ça sert ces signes? C'est ça.

D- l57 : Beaucoup de gens ne comprennent pas le sens des symboles dans la liturgie.

R - l 5 8 : J 'aimerais quand même venir supporter ce qui a été dit. Beaucoup des moins jeunes, c 'est la foi du charbonnier. Puis, ils ne comprenaient à peu près rien de ce qui se passait.

R - l58 : Beaucoup d'adultes ne comprennent pas ce les symboles de la foi et de la liturgie.

R - l 5 9 : Quand il y a des explications. . . il y en a, et il y a encore beaucoup à donner parce qu'il y a beaucoup de choses que les gens ne comprennent pas . . . à chaque fois qu' i l y a des explications, les gens sortent et disent « On savait pas ça! » Un exemple : j ' e n ai vu du monde qui, avant l 'évangile, faisaient toutes sortes de signes et de grimaces comme ça, sans savoir ce qu' i ls faisaient. Et ensuite on leur a expliqué. C'est le Père N qui l 'a dit : que la Parole

R- l59 : Les explications à la messe nous aident à comprendre les signes et les symboles de la liturgie.

entre dans mon esprit, ma bouche, mon cœur. Le monde est sorti et a dit « On savait pas ça », toute du monde de bonne foi : ils faisaient quoi lorsqu'ils faisaient ce geste? Il y a tellement de choses qu 'on ignore.

R - l 6 0 : J 'veux dire, dans le fond.. . On dit que la grâce se greffe sur une créature. C'est évident que si c'est toujours dans l 'air du temps là, c 'est pas facile.

R - l 6 0 : Même si la grâce agit, il faut l 'aider en expliquant notre foi.

R- l61 : Les explications des épîtres, du Nouveau Testament et de l 'Ancien Testament, ça fait tellement de bien : il faudrait que de telles explications se fassent plus souvent.

R- l61 : Les explications des épîtres, du Nouveau Testament et de l 'Ancien Testament devraient se faire plus souvent.

Codifications axiales de la 4 e question

Codifications ouvertes (incidents) Codifications axiales (concepts)

1-Programme flexible

2-Programme adapté aux parents

3- Programme satisfaisant

4 - Manque de liens entre catéchèse et liturgie

5- Programme parfois difficile

F - 1 3 6 : La catéchèse est pour toute la communauté lorsqu'il y a messe avec les enfants. Personne n'est isolé.

6- Solidarité entre les instances nécessaire

7- Programme s'améliore

R - l 23 : Le baptême célébré lors de la messe dominicale est une réussite. F-127 : L'animation avec les enfants est très appréciée lors de la messe. F-128 : Quand les enfants participent à la messe, c'est un genre de catéchèse qui se fait. F - 1 3 0 : Les messes avec les enfants sont très animées.. F-l 31 : On a besoin d'expliquer les

8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie

symboles de la messe, sinon où va-t-on l 'apprendre? F-132 : Les enfants veulent comprendre le sens qu'il y a en arrière des symboles de la foi et des signes de la liturgie. F-134 : Lors des messes avec les enfants, c'est bien que tous les détails soient expliqués. J-138 : Dans les célébrations avec les enfants, je vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse. C-140 : Lorsque les enfants participent en faisant quelque choses, il y a quelque chose qui reste. G-146 : C'est important de pouvoir retenir quelque chose de la messe. G-147 : Lorsque les textes sont bien expliqués, on peut retenir quelque chose. F- l51 : Il faut faire des liens à la messe avec la vie communautaire. D - l 5 5 : L' importance d'expliquer les symboles de la liturgie. R - l 5 9 : Les explications à la messe nous

aident à comprendre les signes et les symboles de la liturgie. R- l61 : Les explications des épîtres, du Nouveau Testament et de l 'Ancien Testament devraient se faire plus souvent.

9- Programme mal articulé

10- Programme mal adapté pour les enfants

11- Intérêt des parents

12- Participation des parents nécessaire

13- Accompagnement des enfants nécessaire

R - l 2 3 : Le baptême célébré lors de la messe dominicale est une réussite. R-124 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R- l26 : Le baptême à l'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée J-138 : Dans les célébrations avec les enfants, je vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse. G-143 : On est choyé à la messe lorsqu'il y a du renouveau. F-150 : L'explication de la l è r e et de la 2 e

lecture et de tous les gestes doivent coller à ce que l 'on vit pendant la semaine. F- l51 : Il faut faire des liens à la messe avec la vie communautaire. F-154 : Toutes les explications données qui collent au quotidien sont bonnes.

14- Catéchèse doit être accolée à la vie

15- Difficultés avec enfants qui ont des troubles d'apprentissages

16-Manque d'intérêt de la part des enfants

F- l53 : Quand j ' a i fait la catéchèse, c'était enrichissant pour moi parce que j 'essayais de comprendre pour l 'expliquer à mes enfants.

17- Satisfaction de la part des catéchètes de transmettre

F-128 : Quand les enfants participent à la messe, c 'est un genre de catéchèse qui se fait.

18- Intérêt des enfants lorsqu'ils participent

F - 1 3 0 : Les messes avec les enfants sont très animées.. C-140 : Lorsque les enfants participent en faisant quelque choses, il y a quelque chose qui reste. C-141 : Depuis que mes enfants sont servants de messes, ils aiment cela parce qu' i ls participent. C-142 : Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont contents de venir à la messe. G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers.

R - l25 : Les explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et les parents qui sont ravis. F-129 : En éduquant les enfants à la messe, on éduque les parents en même temps. F-135 : Des adultes apprennent lors des messes pour les enfants. F-149 : Si l 'adulte comprend, il est plus en

mesure de l 'expliquer à son enfant.

19-Les parents apprennent en accompagnant leur enfant

R - l 2 4 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R - l 6 0 : Même si la grâce agit, il faut l 'aider en expliquant notre foi.

20- Rôle de l'Esprit-Saint dans la transmission

C-142 : Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont contents de venir à la messe. G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers.

21- Désir de participation lors de la liturgie

F-137 : Avec toute la communauté on suit moins un programme basé sur le scolaire.

22- Logistique du programme de catéchèse à revoir

R - l 2 3 : Le baptême célébré lors de la messe dominicale est une réussite. R - l 2 4 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R- l25 : Les explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et les parents qui sont ravis. R- l26 : Le baptême à l'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée F-127 : L'animation avec les enfants est très appréciée lors de la messe. F-128 : Quand les enfants participent à la messe, c'est un genre de catéchèse qui se fait. F - 1 3 0 : Les messes avec les enfants sont très animées.. F- l31 : On a besoin d'expliquer les symboles de la messe, sinon où va-t-on l 'apprendre? F-132 : Les enfants veulent comprendre le sens qu'i l y a en arrière des symboles de la foi et des signes de la liturgie. F-133 : Autrefois, les gens ne cherchaient pas à tout comprendre. Nos enfants eux cherchent à comprendre. F-134 : Lors des messes avec les enfants, c 'est bien que tous les détails soient expliqués. F-135 : Des adultes apprennent lors des messes pour les enfants. J-138 : Dans les célébrations avec les enfants, je vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse. G-143 : On est choyés à la messe lorsqu'il y a du renouveau. G-144 : On est choyé à la messe lorsqu'on a des explications. G-146 : C'est important de pouvoir retenir quelque chose de la messe. G-147 : Lorsque les textes sont bien expliqués, on peut retenir quelque chose. F-148 : Une présentation des lectures, c 'est une catéchèse pour toute la communauté, pour les enfants et les adultes.

23- Désir d'une célébration dominicale qui intègre la catéchèse

F-150 : L'explication de la l e r e et de la 2 e

lecture et de tous les gestes doivent coller à ce que l 'on vit pendant la semaine. F - 1 5 2 : Nos parents allaient à la messe parce que tout le monde y allait. Mais je ne pense pas qu' i ls pouvaient expliquer tout le sens. D - l 5 5 : L' importance d'expliquer les symboles de la liturgie. D - l 5 6 : Les explications à la messe sont pour toute la communauté, même les personnes âgées. R - l 5 9 : Les explications à la messe nous aident à comprendre les signes et les symboles de la liturgie. R - l 6 0 : Même si la grâce agit, il faut l 'aider en expliquant notre foi. R- l61 : Les explications des épîtres, du Nouveau Testament et de l 'Ancien Testament devraient se faire plus souvent.

R - l 2 4 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R - l 2 5 : Les explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et les parents qui sont ravis. R - l26 : Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée F-127 : L'animation avec les enfants est très appréciée lors de la messe. F-129 : En éduquant les enfants à la messe, on éduque les parents en même temps. F-133 : Autrefois, les gens ne cherchaient pas à tout comprendre. Nos enfants eux cherchent à comprendre. F-135 : Des adultes apprennent lors des messes pour les enfants. F - 1 3 6 : La catéchèse est pour toute la communauté lorsqu'il y a messe avec les enfants. Personne n'est isolé. F-137 : Avec toute la communauté on suit moins un programme basé sur le scolaire. C-139 : Je suis d'accord sur l ' importance de la catéchèse avec toute la communauté

24- La catéchèse de toute la communauté

lors de la messe dominicale. G-144 : On est choyé à la messe lorsqu'on a des explications. G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers. G-147 : Lorsque les textes sont bien expliqués, on peut retenir quelque chose. F-148 : Une présentation des lectures, c'est une catéchèse pour toute la communauté, pour les enfants et les adultes. F-149 : Si l 'adulte comprend, il est plus en mesure de l 'expliquer à son enfant. F-152 : Nos parents allaient à la messe parce que tout le monde y allait. Mais je ne pense pas qu' i ls pouvaient expliquer tout le sens. D - l 5 6 : Les explications à la messe sont pour toute la communauté, même les personnes âgées. D - l 5 7 : Beaucoup de gens ne comprennent pas le sens des symboles dans la liturgie. R - l58 : Beaucoup d'adultes ne comprennent pas ce les symboles de la foi et de la liturgie. R - l 5 9 : Les explications à la messe nous aident à comprendre les signes et les symboles de la liturgie.

Verbatim de la cinquième question

Objectif 5 : Identifier les composantes d'une pastorale du dimanche pour les jeunes familles, notamment les enfants.

S : À partir de votre évaluation d'une assemblée dominicale positive, quelles sont les composantes de l'Assemblée dominicale essentielles selon vous? Avez-vous des suggestions afin que l'Assemblée dominicale puisse articuler les différentes composantes de la vie chrétienne?

F : Eh . . . j 'osera is dire une assemblée dominicale vivante, lorsque l 'on comprend bien le curé, qu ' i l y a des explications, l 'accueil. Nous autres ici on est privilégiés dans le sens qu 'on bénéficie déjà de cela. Quand t 'arrives à l 'église, que tu es accueilli et que le sens du dimanche est bien présenté avec une bonne explication intéressante à entendre, ce n 'est pas la même chose. Je dis souvent aux enfants qu' i ls n'écoutent pas le même fils 5 fois. Moi je trouve qu'il faut continuellement innover, adapter. Moi je suis satisfait lorsque je sors de la messe et qu'i l y a un line avec ce qui s'est passé dans la semaine, soit dans la communauté ou dans nos vies. Il y a toujours des liens à faire. Comme en fin de semaine, c'était le Festival des Arts Visuels en Atlantique, on en a parlé : l 'Église n 'est pas à côté de la communauté. Il y a un lien à faire, sans aller trop loin. Si c'est le festival, si quelque chose se passe à l 'école, ou dans la communauté de spécial, un événement triste ou joyeux, il faut tout faire ces liens-là avec ce qu 'on vit dans la semaine. S'il y a une organisation à souligner ou si c'est la semaine des bénévoles, c 'est intéressant d'entendre parler des bénévoles. Même les décès ou les naissances. Je trouve ça très bien lorsqu'on va mentionner «On va prier ce matin pour les jeunes qui se sont mariés hier. » On sait qu' i l y a eu des mariages, comme ceux qui sont décédés. On est en lien avec ces familles-là qui sont en deuil. C'est vivant! Ce n 'est pas machinal.

G : Ça garde une communauté unie.

R : La preuve, c 'est qu 'on appuie N. Il y a aussi un autre point que j ' a imerais amener et ça vient un peu en réaction à un point que N a déjà dit et ce n 'est pas pour dire le contraire, mais c 'est que, avec ce qui vient d'être dit. Chaque personne qui va à l 'Église doit en sortir avec quelque chose, soit la messe elle-même ou tout ce qui a été dit. Disons au pire aller, ce n ' a pas été dit, mais dans le Prions en Église, il y a de très beaux textes. Ils s'améliorent. Y ' a eu une période où c'était pour une élite, maintenant c'est pour du monde ordinaire. Ils présentent du bon monde. C'est encourageant : il n 'y en a pas que pour les saints. C'est spécial depuis 2-3 semaines. Il y a toujours des lectures qui, dépendant des personnalités, vont accrocher. Pis ça ça vaut la peine d'être dit : il y en qui lisent et ça va ajouter parce que la messe se poursuit pendant la semaine.

C : L'animation pour moi c'est important à la messe. Mais il y a aussi les périodes de silence à la messe. Ça met de l 'emphase sur l'intérieur. Pis eh, les chants aussi! Moi j ' s a i s que quand j ' en tend la chorale chanter, ça peut pas faire autrement que de toucher au cœur.

R : Je reviens sur ce qui a été dit. Il y a ce silence, la musique en sourdine et la prière après la communion. C'est très intériorisant et la façon que le curé l 'a fait, c'est tellement intériorisant que tu peux pas faire autrement que . . . pis c'est pas long, pis c'était trop long, ben là. . . mais c 'est très court. Et cela aussi ça vient ajouter.

F : J 'aimerais ajouter aussi, au niveau de la préparation des intervenants, c'est très, très important. Pour la lecture, plus la personne est bien préparée, plus elle transmet bien. La préparation liturgique est importante.

S : Auriez-vous des suggestions pour que l 'Assemblée dominicale puisse articuler catéchèse et liturgie pour les enfants? À partir des expériences ici, surtout au niveau 4 où les enfants vivaient la première partie de la célébration à la Maison de la Culture Chrétienne et revenaient à l 'église pour la partie eucharistique.

G : Y ' a juste les 4 e années qui vivaient la catéchèse le dimanche. Moi je pense que les 6 e années en auraient de besoin, beaucoup, pour les amener à les garder à l 'église. Parce que maintenant, c 'est le dimanche soir? C'est juste le camp maintenant. Les 5 e années pourraient-ils venir le dimanche matin? Eux c'est le dimanche au soir.

S : Donc, tu verrais d'autres niveaux, en plus du niveau 4?

G : Oui, au moins 4, 5, 6, qui viendraient à la messe pour finir avec la communion le dimanche. Ce serait bon parce qu 'on les perd à ces niveaux-là.

D : Je pense qu' i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse. Après la l e r e

communion des fois. . . j ' an imais aussi 4 et 5 . . . et les parents, eh, sont moins intéressés. Qu'est-ce que ça prendrait pour intéresser plus les parents lors des catéchèses du 4 e et 5 e niveaux. Parce que là, les sacrements du pardon, de l 'eucharistie sont finis, pis on dirait que c'est fini pour eux autres aussi là.

J : Pour continuer. . . j e connais des parents qui ont pour leurs dires « B o n ben, j ' a i fait ma catéchèse avec mon premier enfant, j e connais le système, j e l 'ai déjà fait. « C'est ça. Je pense que c'est ça.

F : Je veux revenir là-dessus. Je sais que je suis revenu plusieurs fois ce soir sur le rôle du parent. C'est qu 'en 4 e , pour ceux qui sont pas intéressé, on leur donne le choix : tu peux amener ton enfant et t 'en aller.

G : S'il y avait la rencontre avec les parents en même temps que les enfants, les parents resteraient-ils?

F : Oui. Moi je verrais à les impliquer. S'il y a des travaux à faire avec les enfants. Au début du niveau 1, pour la symbolique de l 'eau, c'était les parents avec les enfants, c 'est incroyable tout ce que ça apportait. On mettait beaucoup l 'emphase là-dessus. Au niveau 2 sur l 'amitié, au niveau 3, les sacrements. Au niveau 4, plus besoin de venir! Problèmes de locaux, problèmes d'espace, problèmes d'animateurs. Je comprends qu'i l y a des contraintes. Mais si le parent n 'est pas impliqué. . . et moi j ' e n rencontre des parents des fois à la confirmation... c 'est si ça peut finir, 2-

3 session, pis ah! Ils ont gradués là. Je sais que c'est tout un défi de garder.. . c'est plus impliquer les jeunes, les parents, les gens. Plus ils sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables.

S : J 'voudrais avoir votre idée sur les lieux et les moments les plus propices pour faire de la catéchèse. Vous voyez qu 'on a différents lieux et moments . . . quels sont les meilleurs?

D : Pour moi, les parents aiment bien le samedi matin parce qu' i ls ont toute l 'après-midi en congé. Parce que ça déjà arrivé que on a mis ça le samedi après-midi, pis j ' ava i s beaucoup moins de parents. Les parents avaient des choses à faire, tandis que le matin c'est mieux pour les parents.

C : Moi j ' p e n s e que le dimanche matin, c'est génial. Parce que les gens ont encore moins d'occupations le dimanche matin que le samedi. Ça évite de redoubler : les parents vont à l 'église pis y 'a quelque chose de spécial. En partant, on peut jaser ensemble : il s'est passé ça, et ça et ça . . . Lorsque les parents sont séparés des enfants, on demande « Ç a tu bine été? », les enfants répondent « oui », pis c'est toute. Tandis que là, on vit la même expérience et on peut s'en parler.

J : Moi je suis d 'accord avec N sur le dimanche matin. Je suis toujours disponible le dimanche matin pour la catéchèse! Pis ça qu'est intéressant, c'est quelquefois où on a dit maintenant pour remplacer la catéchèse, vous allez à la messe. Puis la messe comptait comme une catéchèse.

G : Moi aussi je suis d'accord sur le dimanche matin. Et les parents ont très bien répondu. Il y en a plusieurs qui m'ont dit : on n'allait pas à la messe, et là, en venant apporter notre enfant à la catéchèse, ça nous oblige à rester pour la messe. Moi je trouve que c'est un bon temps le dimanche matin. Parce que le samedi matin, y'en a beaucoup qui ont de patinage, du hockey. . . et beaucoup mieux le dimanche matin que le dimanche au soir.

F : Moi j ' v o i s ça positif aussi! Pis j ' c ro i s que quand l'enfant voit ses amis, ou ses collègues de classe sont là, ça crée toute une autre synergie. Tandis que si l'enfant est tout seul . . . moi ça m'es t déjà arrivé avec mes enfants qui m'ont dit en sortant de l 'église « Y ' a un côté de ma classe qui n 'est pas ici ». Ça pose un questionnement. Dans des activités de groupes comme ça, la synergie du groupe, de ses amis qui sont là, ça fait un contact avec l 'Église à l 'occasion. C'est une occasion qui fait que c'est positif. Veut, veut pas, il y a l 'atmosphère qui est là.

S : Est-ce qu' i l y a quelqu'un qui aurait quelque chose à ajouter? Moi, j ' a i passé à travers l 'ensemble des questions.

D : Il y a eu une activité à la messe dominicale que j ' a i beaucoup aimé et j e suis sûre que les personnes âgées ont beaucoup aimé : c'est lorsqu'il ya avait une corde à linge, à travers l 'église. J 'sais pas si vous rappelez de ça? Avec des vêtements accrochées, pis en arrière les résolutions que les jeunes voulaient faire. Ça ça m ' a impressionné cette corde à linge-là parce que c'est symbolique. Moi lorsque je me suis mariée, il faisait pas beau, ça fait que j ' a i mis mon chapelet sur la corde à linge. Les parents, les anciens. . . c 'est toute notre vie la corde à linge pour nos parents, les personnes âgées. Maintenant, c'est la sécheuse. Mais dans ce temps-là, il n 'y en avait pas de sécheuse. J 'ai assez trouvé ça symbolique pour tout le monde, pour toute la communauté : les jeunes, les personnes âgées. Ça nous touche ces symboles-là. Pis lorsque les jeunes ont dansé en avant. . . c 'est bien ça.

F : Y 'a peut-être un point que je voudrais ajouter sur la préparation générale. C'est de, peut-être que ce serait bien au début de l 'année, de présenter le programme dans son ensemble parce que chaque niveau est différent. Pour le parent, de voir ce qu'i l y a de 1 à 6. Que ce soit pas centré sur un niveau, mais qu'i ls voient l 'ensemble du programme. Je le faisais au niveau 1 avec les parents. Voir un ensemble, voir où ça va les amener.

C : Moi, ce serait aux autre de faire ça, mais, eh, j 'verra is bien. . . aux niveaux 1, 2, 3, c'est plus facile. Mais après, c'est pas si évident que ça. Il faudrait repenser les activités pour que les enfants voient un peu plus où ils vont, parce que c'est vraiment morcelé et difficile de mettre ça ensemble. On serait pas obligé d 'avoir 6 niveaux. . . On pourrait avoir des activités plus intéressantes. Le bricolage, c'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

Codifications ouvertes de la 5 e question

Unités de signification Codifications ouvertes (incidents)

Objectif 5 : Identifier les composantes d'une pastorale du dimanche pour les jeunes familles, notamment les enfants.

F-162 : Eh . . . j 'osera is dire une assemblée dominicale vivante, lorsque l 'on comprend bien le curé

F-162 : Une assemblée dominicale vivante, c 'est lorsque l 'on comprend bien le curé

F-163 : Une assemblée vivante, c 'est lorsqu'il y a des explications

F-163 : Une assemblée vivante, c 'est lorsqu'il y a des explications

F-164 : Une assemblée vivante, c 'est l 'accueil.

F-164 : Une assemblée vivante, c 'est l 'accueil.

F-165 : Nous autres ici on est privilégiés dans le sens qu 'on bénéficie déjà de cela.

F-165 : On est privilégiés lorsqu'on peut avoir des explications et vivre l 'accueil lors de la messe.

F-166 : Quand t 'arrives à l 'église, que tu es accueilli, c 'est bien.

F-166 : Quand t 'arrives à l 'église, que tu es accueilli, c'est bien.

F-167 : Quand le sens du dimanche est bien présenté avec une bonne explication intéressante à entendre, ce n'est pas la même chose.

F-167 : Quand le sens du dimanche est bien présenté, ça aide à faire dimanche.

F-168 : Je dis souvent aux enfants qu' i ls n 'écoutent pas le même film 5 fois. Moi je trouve qu'il faut continuellement innover.

F-168 : Il faut continuellement innover.

F-169 : Il faut adapter. F-169 : Il faut adapter aussi.

F-170 : Moi je suis satisfait lorsque je sors de la messe et qu' i l y a un lien avec ce qui s'est passé dans la semaine, soit dans la communauté ou dans nos vies. Il y a toujours des liens à faire. Comme en fin de semaine, c'était le Festival des Arts Visuels en Atlantique, on en a parlé : l 'Église n 'est pas à côté de la communauté. Il y a un lien à faire, sans aller trop loin. Si c'est le festival, si quelque chose se passe à l 'école, ou dans la communauté de spécial, un événement triste ou joyeux, il faut tout faire ces liens-là avec ce qu 'on vit dans la semaine. S'il y a une organisation à souligner ou si c'est la semaine des bénévoles, c'est intéressant d'entendre parler des bénévoles.

F-170 : Moi je suis satisfait lorsque je sors de la messe et qu' i l y a un lien avec ce qui s'est passé dans la semaine, soit dans la communauté ou dans nos vies.

F- l71 : Même les décès ou les naissances. Je trouve ça très bien lorsqu'on va mentionner «On va prier ce matin pour les jeunes qui se sont mariés hier. » On sait qu ' i l y a eu des mariages, comme ceux qui sont décédés. On est en lien avec ces familles-là qui sont en deuil. C'est vivant! Ce n 'est pas machinal.

F- l71 : J 'a ime les messes où on peut partager à tout ce qui s'est vécu par les familles de notre communauté.

G-172 : Ça garde une communauté unie. G-172 : Une messe qui a des liens avec la vie quotidienne garde une communauté unie.

R - l 7 3 : La preuve, c'est qu 'on appuie N qui dit que des liens avec la vie de tous les jours sont bons.

R - l 7 3 : Des liens avec la vie de tous les jours sont bons à la messe.

R- 174 : Il y a aussi un autre point que j ' a imera is amener et ça vient un peu en réaction à un point que G a déjà dit et ce

R- 1 7 4 : Chaque personne à l 'Église doit sortir avec quelque chose, à partir de la messe elle-même ou de tout ce qui a été dit.

n'est pas pour dire le contraire, mais c 'est que chaque personne à l 'Église doit en sortir avec quelque chose, soit la messe elle-même ou tout ce qui a été dit.

R- 175 : Disons au pire aller, si ça n ' a pas été dit, dans le Prions en Église, il y a de très beaux textes. Ils s 'améliorent.

R- 175 : Dans le Prions en Église, il y a de très beaux textes qui peuvent aider.

R- 176 : Y ' a eu une période où c'était pour une élite, maintenant c 'est pour du monde ordinaire. Ils présentent du bon monde. C'est encourageant : il n ' y en a pas que pour les saints.

R- 176 : Le Prions en Église est abordable pour tout le monde.

R- 177 : C'est spécial depuis 2-3 semaines. Il y a toujours des lectures dans le Prions qui, dépendant des personnalités, vont accrocher.

R- 177 : Il y des lectures dans le Prions en Église qui accrochent.

R- 178 : Pis ça ça vaut la peine d'être dit : il y en a qui lisent et ça va ajouter parce que la messe se poursuit pendant la semaine.

R- 178 : Le Prions en Église permet à la messe de se poursuivre pendant la semaine.

C- 179 : L'animation pour moi c 'est important à la messe.

C- 179 : L'animation pour moi c'est important à la messe.

C- 180 : Mais il y a aussi les périodes de silence à la messe. Ça met de l 'emphase sur l'intérieur.

C- 180 : Les périodes de silence à la messe mettent de l 'emphase sur l 'intérieur.

C- 181 : Puis, les chants aussi! C- 181 : Les chants sont importants à la messe.

C- 182 : Moi j ' s a i s que quand j ' en tend la chorale chante, ça peut pas faire autrement que de toucher au cœur.

C- 1 8 2 : Lorsque j ' en tend la chorale chanter, ça touche au cœur.

R- 183 : Je reviens sur ce qui a été dit. Il y a le silence.

R- 183 : Il y a le silence qui est important pour l'intériorisation.

R - l 8 4 : Il y a musique en sourdine et la prière après la communion. C'est très intériorisant et la façon que le curé l 'a fait, c 'est tellement intériorisant que tu peux pas faire autrement que . . .

R - l 8 4 : Il y a musique en sourdine et la prière après la communion qui peuvent aider à l'intériorisation.

R- l85 : C'est pas long, pis c'était trop long, ben là. . . mais c'est très court. Et cela aussi ça vient ajouter.

R- l85 : La prière ne doit être trop longue. Cela est important.

F - l 8 6 : J 'aimerais ajouter aussi, au niveau de la préparation des intervenants, c 'est très, très important.

F-186 : La préparation des intervenants est importante.

F-187 : Pour la lecture, plus la personne est bien préparée, plus elle transmet bien.

F-187 : Pour la lecture, plus la personne est bien préparée, plus elle transmet bien.

F-188 : La préparation liturgique est importante.

F - l88 : La préparation liturgique est importante.

G-189 : Y 'a juste les 4 e années qui vivaient la catéchèse le dimanche. Moi je pense que les 6 e années en auraient de besoin, beaucoup, pour les amener à les garder à l 'église. Parce que maintenant, c 'est le dimanche soir? C'est juste le camp maintenant? Les 5 e années pourraient-ils venir le dimanche matin? Eux c'est le dimanche au soir.

G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie.

G-190 : J 'étendrais à d'autres niveaux : au moins 4, 5, 6, qui viendraient à la messe pour finir avec la communion le dimanche.

G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche.

G-191 : Ce serait bon parce qu 'on les perd à ces niveaux-là.

G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6.

D - l 9 2 : Je pense qu'i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse.

D- l92 : Je pense qu' i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse.

D - l 9 3 : Après la l e r e communion des fois. . . j ' an imais aussi 4 et 5 . . . et les parents, eh, sont moins intéressés. Qu'est-ce que ça prendrait pour intéresser plus les parents lors des catéchèses du 4 e et 5 e niveaux?

D- l93 : Les parent sont moins intéressés lors des niveaux plus élevés.

D - l 9 4 : Parce que lorsque les sacrements du pardon et de l 'eucharistie sont finis, pis on dirait que c'est fini pour les parents.

D- l94 : Lorsque les sacrements du pardon et de l 'eucharistie sont finis, on dirait que c'est fini pour les parents.

J-195 : Pour continuer. . . j e connais des parents qui ont pour leurs dires « Bon ben, j ' a i fait ma catéchèse avec mon premier enfant, je connais le système, je l 'ai déjà fait. » C'est ça. Je pense que c'est ça.

J-195 : Les parents qui ont fait la catéchèse avec un premier enfant sont moins intéressé pour les autres enfants qui suivent.

F-196 : Je veux revenir là-dessus. Je sais que je suis revenu plusieurs fois ce soir sur le rôle du parent.

F-196 : Le rôle du parent est important.

F-197 : C'est qu 'en 4 e , pour ceux qui sont pas intéressé, on leur donne le choix : tu peux amener ton enfant et t 'en aller.

F-197 : Il y a des parents à qui on laisse le choix de participer ou non.

G-198 : S'il y avait la rencontre avec les parents en même temps que les enfants, les parents resteraient-ils?

G-198 : S'il la rencontre avec les parents avait lieu en même temps que celle des enfants, les parents resteraient-ils?

F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble.

F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble.

F-200 : Moi je verrais à impliquer les parents s'il y a des travaux à faire avec les enfants.

F-200 : Moi j e verrais à impliquer les parents, s'il y a des travaux à faire avec les enfants.

F-201 : Au début du niveau 1, pour la symbolique de l 'eau, c'était les parents avec les enfants, c'est incroyable tout ce que ça apportait. On mettait beaucoup l 'emphase là-dessus.

F-201 : Lorsque les parents participent, c'est incroyable ce qu' i ls apportent.

F-202 : Au niveau 2 sur l 'amitié, au niveau 3, les sacrements. Au niveau 4, plus besoin pour les parents de venir!

F-202 : Plus les niveaux sont élevés, moins les parents sont présents.

F-203 : Problèmes de locaux, problèmes d'espace.

F-203 : Il y a des problèmes de locaux et d 'espace pour la participation des enfants avec les parents.

F-204 : Il y a des problèmes pour trouver des animateurs.

F-204 : Il y a des problèmes pour trouver des animateurs.

F-205 : Je comprends qu' i l y a des contraintes.

F-205 : Je comprends qu' i l y a des contraintes.

F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . et moi j ' e n rencontre des parents des fois à la confirmation... c 'est si ça peut finir, 2-3 session, pis ah! Ils ont gradués là.

F -206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c'est difficile). Et il y en a!

F-207 : Je sais que c'est tout un défi de garder les parents . . .

F-207 : C'est tout un défi de garder les parents intéressés.

F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes.

F-209 : Plus impliquer les parents. F-209 : Il faut plus impliquer les parents.

F-210 : Plus impliquer les gens. F-210 : Il faut plus impliquer les gens.

F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables.

F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables.

D-212 : Pour moi, les parents aiment bien le samedi matin parce qu' i ls ont toute l 'après-midi en congé.

D-212 : Les parents aiment bien le samedi matin pour la catéchèse parce qu'i ls ont toute l 'après-midi en congé.

D-213 : Parce que ça déjà arrivé que on a mis ça le samedi après-midi, pis j ' ava i s beaucoup moins de parents. Les parents avaient des choses à faire, tandis que le matin c'est mieux pour les parents.

D-213 : Les parents n 'aiment pas le samedi après-midi pour les sessions de catéchèse.

C-214 : Moi j ' p ense que le dimanche matin, c 'est génial. Parce que les gens ont encore moins d'occupations le dimanche matin que le samedi.

C-214 : Le dimanche matin, c'est génial pour la catéchèse parce que les gens ont encore moins d'occupations que le samedi.

C-215 : Ça évite de redoubler : les parents vont à l 'église pis y 'a quelque chose de spécial.

C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe.

C 2 1 6 : En partant d 'une rencontre commune, on peut jaser ensemble : il s'est passé ça, et ça et ça. . . Lorsque les parents sont séparés des enfants, on demande « Ça tu bien été? », les enfants répondent « oui », pis c 'est toute.

C216 : C'est mieux une rencontre où les parents et les enfants sont ensemble.

C-217 : Tandis qu'ensemble, on vit la même expérience et on peut s'en parler.

C-217 : Ensemble, parents et enfants vivent la même expérience et peuvent s'en parler.

J-218 : Moi je suis d'accord avec C sur le dimanche matin. Je suis toujours disponible le dimanche matin pour la catéchèse!

J-218 : Je préfère le dimanche matin pour la catéchèse. Je suis toujours disponible le dimanche matin pour la catéchèse!

J-219 : Pis ça qu'est intéressant, c 'est quelquefois où on a dit maintenant pour remplacer la catéchèse, vous allez à la messe. Puis la messe comptait comme une catéchèse.

J-219 : C'est intéressant de pouvoir remplacer la catéchèse par la messe.

G-220 : Moi aussi je suis d'accord sur le dimanche matin.

G-220 : Moi aussi je suis d 'accord sur le dimanche matin comme temps idéal pour la catéchèse.

G-221 : Le dimanche matin, les parents ont très bien répondu.

G-221 : Le dimanche matin, les parents ont très bien répondu.

G-222 : Il y en a plusieurs qui m'ont dit : on n'allait pas à la messe, et là, en venant apporter notre enfant à la catéchèse, ça nous oblige à rester pour la messe.

G-222 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe.

G-223 : Moi je trouve que c'est un bon temps le dimanche matin. Parce que le samedi matin, y'en a beaucoup qui ont de patinage, du hockey. . .

G-223 : C'est un bon temps pour la catéchèse le dimanche matin. Parce que le samedi matin, il y a des activités sportives.

G-224 : C'est beaucoup mieux le dimanche matin que le dimanche au soir.

G-224 : C'est beaucoup mieux le dimanche matin que le dimanche au soir pour la catéchèse.

F-225 : Moi j ' v o i s ça positif aussi le dimanche matin!

F-225 : Moi j ' vo i s ça positif la catéchèse le dimanche matin!

F-226 : Pis j ' c ro i s que quand l'enfant voit ses amis, ou ses collègues de classe sont là, ça crée toute une autre synergie.

F-226 : Lorsque l'enfant voit ses amis, ou ses collègues de classe à la messe du dimanche, ça crée toute une autre synergie.

F-227 : Tandis que si l 'enfant est tout seul . . . moi ça m'est déjà arrivé avec mes enfants qui m'ont dit en sortant de l 'église

F-227 : Les enfants aiment revoir leurs amis d'école à la messe du dimanche.

« Y ' a un côté de ma classe qui n 'est pas ici ». Ça pose un questionnement.

F-228 :Dans des activités de groupes comme ça, la synergie du groupe, de ses amis qui sont là, ça fait un contact avec l 'Église à l 'occasion. C'est une occasion qui fait que c'est positif.

F-228 : Lorsque la catéchèse permet aux enfants d'être à la messe le dimanche matin, ça fait un contact avec l 'Église à l 'occasion.

F-229 :Veut, veut pas, il y a l 'atmosphère qui est là.

F-229 :Veut, veut pas, il y a l 'atmosphère qui est là le dimanche matin lors de la messe.

D-230 : Il y a eu une activité à la messe dominicale que j ' a i beaucoup aimé et je suis sûre que les personnes âgées ont beaucoup aimé : c'est lorsqu'il y avait une corde à linge, à travers l 'église. J 'sais pas si vous rappelez de ça? Avec des vêtements accrochées, pis en arrière les résolutions que les jeunes voulaient faire.

D-230 : C'est important d 'avoir des activités qui permettent aux gens de participer lors de la messe.

D-231 : Ça ça m 'a impressionné cette corde à linge-là parce que c'est symbolique. Moi lorsque je me suis mariée, il faisait pas beau, ça fait que j ' a i mis mon chapelet sur la corde à linge. Les parents, les anciens. . . c 'est toute notre vie la corde à linge pour nos parents, les personnes âgées. Maintenant, c 'est la sécheuse. Mais dans ce temps-là, il n 'y en avait pas de sécheuse. J 'ai assez trouvé ça symbolique pour tout le monde, pour toute la communauté : les jeunes, les personnes âgées. Ça nous touche ces symboles-là.

D-231 : C'est important d 'avoir des activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe.

D-232 : Pis lorsque les jeunes ont dansé en avant . . . c 'est bien ça.

D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

F-233 : Y ' a peut-être un point que j e F-233 : On devrait présenter le programme

voudrais ajouter sur la préparation générale. C'est de, peut-être que ce serait bien au début de l 'année, présenter le programme dans son ensemble parce que chaque niveau est différent. C'est important pour le parent, de voir ce qu'i l y a de 1 à 6.

de catéchèse dans son ensemble au début de l 'année parce que chaque niveau est différent. C'est important pour le parent, de voir ce qu'i l y a de 1 à 6.

F-234 : C'est important que ce ne soit pas centré sur un niveau, mais qu' i ls voient l 'ensemble du programme. Je le faisais au niveau 1 avec les parents. Voir un ensemble, voir où ça va les amener.

F-234 : C'est important pour les parents de voir l 'ensemble du programme pour voir où ça va les amener.

C-235 : Moi, ce serait aux autre de faire ça, mais, j 'verrais bien. . . aux niveaux 1, 2, 3, c 'est plus facile. Mais après, c'est pas si évident que ça.

C-235 : On pourrait présenter l 'ensemble du programme dans les plus bas niveaux.

C-236 : Il faudrait repenser les activités pour que les enfants voient un peu plus où ils vont, parce que c'est vraiment morcelé et difficile de mettre ça ensemble.

C-236 : Le programme est morcelé et il est difficile pour les enfants de voir où ça mène.

C-238 : On serait pas obligé d 'avoir 6 niveaux. . .

C-238 : On serait pas obligé d'avoir 6 niveaux. . .

C-239 : On pourrait avoir des activités plus intéressantes.

C-239 : On pourrait avoir des activités plus intéressantes.

C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

Codifications axiales de la 5 e question

Codifications ouvertes (incidents) Codifications axiales (concepts)

F-168 : Il faut continuellement innover. F-169 : Il faut adapter aussi.

1- Programme flexible

F-233 : On devrait présenter le programme de catéchèse dans son ensemble au début de l 'année parce que chaque niveau est différent. C'est important pour le parent, de voir ce qu'i l y a de 1 à 6. F-234 : C'est important pour les parents de voir l 'ensemble du programme pour voir où ça va les amener.

2-Programme adapté aux parents

D-212 : Les parents aiment bien le samedi matin pour la catéchèse parce qu'ils ont toute l 'après-midi en congé. C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

3- Programme satisfaisant

4- Manque de liens entre catéchèse et liturgie

G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. F-205 : Je comprends qu' i l y a des contraintes. F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c'est difficile). Et il y en a! C-236 : Le programme est morcelé et il est difficile pour les enfants de voir où ça mène.

5- Programme parfois difficile

6- Solidarité entre les instances nécessaire

7- Programme s'améliore

F-188 : La préparation liturgique est importante. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. D-231 : C'est important d 'avoir des

activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe. D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie

C-235 : On pourrait présenter l 'ensemble du programme dans les plus bas niveaux. C-236 : Le programme est morcelé et il est difficile pour les enfants de voir où ça mène.

9- Programme mal articulé

G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. C-238 : On serait pas obligé d'avoir 6 niveaux. . . C-239 : On pourrait avoir des activités plus intéressantes. C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

10- Programme mal adapté pour les enfants.

D - l 9 2 : Je pense qu'il faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse. D - l 9 3 : Les parent sont moins intéressés lors des niveaux plus élevés.

11- Intérêt des parents

D-194 : Lorsque les sacrements du pardon et de l 'eucharistie sont finis, on dirait que c'est fini pour les parents. J-195 : Les parents qui ont fait la catéchèse avec un premier enfant sont moins intéressé pour les autres enfants qui suivent. F-196 : Le rôle du parent est important. F-197 : Il y a des parents à qui on laisse le choix de participer ou non. F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-202 : Plus les niveaux sont élevés, moins les parents sont présents. F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c 'est difficile). Et il y en a! F-207 : C'est tout un défi de garder les parents intéressés.

D - l 9 2 : Je pense qu'i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse. J-195 : Les parents qui ont fait la catéchèse avec un premier enfant sont moins intéressé pour les autres enfants qui suivent. F-196 : Le rôle du parent est important. G-198 : S'il la rencontre avec les parents avait lieu en même temps que celle des enfants, les parents resteraient-ils? F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-200 : Moi je verrais à impliquer les parents, s'il y a des travaux à faire avec les enfants. F-202 : Plus les niveaux sont élevés, moins les parents sont présents. F-207 : C'est tout un défi de garder les parents intéressés. F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c 'est difficile). Et il y en a! F-209 : Il faut plus impliquer les parents. F-210 : Il faut plus impliquer les gens. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables.

12- Participation des parents nécessaire

C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de. participer à la messe. F-234 : C'est important pour les parents de voir l 'ensemble du programme pour voir où ça va les amener.

F-196 : Le rôle du parent est important. F-197 : Il y a des parents à qui on laisse le choix de participer ou non. F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-200 : Moi je verrais à impliquer les parents, s'il y a des travaux à faire avec les enfants. F -206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c'est difficile). Et il y en a! F-209 : Il faut plus impliquer les parents.

13- Accompagnement des enfants nécessaire

R - l 7 3 : Des liens avec la vie de tous les jours sont bons à la messe. D-231 : C'est important d 'avoir des activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe.

14- Catéchèse doit être accolée à la vie

15- Difficultés avec enfants qui ont des troubles d'apprentissages

16-Manque d'intérêt de la part des enfants

17- Satisfaction de la part des catéchètes de transmettre

G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes.

18- Intérêt des enfants lorsqu'ils participent

F-210 : Il faut plus impliquer les gens. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-209 : Il faut plus impliquer les parents. F-210 : Il faut plus impliquer les gens. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. C 2 1 6 : C'est mieux une rencontre où les parents et les enfants sont ensemble. C-217 : Ensemble, parents et enfants vivent la même expérience et peuvent s'en parler.

19-Les parents apprennent en accompagnant leur enfant

20- Rôle de l'Esprit-Saint dans la transmission

F - 1 8 8 : La préparation liturgique est importante. G-189 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. F-201 : Lorsque les parents participent, c'est incroyable ce qu' i ls apportent. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. G-222 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. D-230 : C'est important d 'avoir des activités qui permettent aux gens de participer lors de la messe.

21- Désir de participation lors de la liturgie

D-231 : C'est important d 'avoir des activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe. D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

F-168 : Il faut continuellement innover. F-169 : Il faut adapter aussi. F-188 : La préparation liturgique est importante. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. D - 1 9 2 : Je pense qu'i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse. D - l 9 3 : Les parent sont moins intéressés lors des niveaux plus élevés. D-194 : Lorsque les sacrements du pardon et de l 'eucharistie sont finis, on dirait que c'est fini pour les parents. J-195 : Les parents qui ont fait la catéchèse avec un premier enfant sont moins intéressé pour les autres enfants qui suivent. F-197 : Il y a des parents à qui on laisse le choix de participer ou non. G-198 : S'il la rencontre avec les parents avait lieu en même temps que celle des enfants, les parents resteraient-ils? F - 1 9 9 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-204 : Il y a des problèmes pour trouver des animateurs. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. D-213 : Les parents n 'aiment pas le samedi après-midi pour les sessions de catéchèse. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe.

22- Logistique du programme de catéchèse à revoir.

C216 : C'est mieux une rencontre où les parents et les enfants sont ensemble. C-217 : Ensemble, parents et enfants vivent la même expérience et peuvent s'en parler. J-219 : C'est intéressant de pouvoir remplacer la catéchèse par la messe. F-233 : On devrait présenter le programme de catéchèse dans son ensemble au début de l 'année parce que chaque niveau est différent. C'est important pour le parent, de voir ce qu' i l y a de 1 à 6. F-234 : C'est important pour les parents de voir l 'ensemble du programme pour voir où ça va les amener. C-235 : On pourrait présenter l 'ensemble du programme dans les plus bas niveaux. C-236 : Le programme est morcelé et il est difficile pour les enfants de voir où ça mène. C-238 : On serait pas obligé d'avoir 6 niveaux. . . C-239 : On pourrait avoir des activités plus intéressantes. C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

F-162 : Une assemblée dominicale vivante, c'est lorsque l 'on comprend bien le curé F-163 : Une assemblée vivante, c 'est lorsqu'il y a des explications R- 176 : Le Prions en Église est abordable pour tout le monde. R- 177 : Il y des lectures dans le Prions en Église qui accrochent. R- 178 : Le Prions en Église permet à la messe de se poursuivre pendant la semaine. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche.

23- Désir d'une célébration dominicale qui intègre la catéchèse

F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. J-219 : C'est intéressant de pouvoir remplacer la catéchèse par la messe.

24- La catéchèse de toute la communauté

F-167 : Quand le sens du dimanche est bien présenté, ça aide à faire dimanche. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. D-213 : Les parents n 'aiment pas le samedi après-midi pour les sessions de catéchèse. C-214 : Le dimanche matin, c'est génial pour la catéchèse parce que les gens ont encore moins d'occupations que le samedi. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. J-218 : Je préfère le dimanche matin pour la catéchèse. Je suis toujours disponible le dimanche matin pour la catéchèse! G-220 : Moi aussi je suis d'accord sur le dimanche matin comme temps idéal pour la catéchèse. G-221 : Le dimanche matin, les parents ont très bien répondu. G-222 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. G-223 : C'est un bon temps pour la catéchèse le dimanche matin. Parce que le samedi matin, il y a des activités sportives. G-224 : C'est beaucoup mieux le dimanche

25- Le dimanche comme temps de catéchèse

matin que le dimanche au soir pour la catéchèse. F-225 : Moi j ' v o i s ça positif la catéchèse le dimanche matin! F-226 : Lorsque l'enfant voit ses amis, ou ses collègues de classe à la messe du dimanche, ça crée toute une autre synergie. F-227 : Les enfants aiment revoir leurs amis d'école à la messe du dimanche. F-228 : Lorsque la catéchèse permet aux enfants d'être à la messe le dimanche matin, ça fait un contact avec l 'Église à l 'occasion. F-229 :Veut, veut pas, il y a l 'atmosphère qui est là le dimanche matin lors de la messe.

F-162 : Une assemblée dominicale vivante, c'est lorsque l 'on comprend bien le curé F-163 : Une assemblée vivante, c'est lorsqu'il y a des explications F - 1 6 4 : Une assemblée vivante, c'est l 'accueil. F-165 : On est privilégiés lorsqu'on peut avoir des explications et vivre l 'accueil lors de la messe. F-166 : Quand t 'arrives à l 'église, que tu es accueilli, c 'est bien. F-167 : Quand le sens du dimanche est bien présenté, ça aide à faire dimanche. F-170 : Moi j e suis satisfait lorsque je sors de la messe et qu' i l y a un lien avec ce qui s'est passé dans la semaine, soit dans la communauté ou dans nos vies. F-171 - J 'a ime les messes où on peut partager à tout ce qui s'est vécu par les familles de notre communauté. G-172 : Une messe qui a des liens avec la vie quotidienne garde une communauté unie. R - l 7 3 : Des liens avec la vie de tous les jours sont bons à la messe. R- 174 : Chaque personne à l 'Église doit sortir avec quelque chose, à partir de la messe elle-même ou de tout ce qui a été

26- Eléments d'une liturgie réussie

dit. R- 175 : Dans le Prions en Église, il y a de très beaux textes qui peuvent aider. R- 176 : Le Prions en Église est abordable pour tout le monde. C- 1 7 9 : L'animation pour moi c'est important à la messe. R- 177 : Il y des lectures dans le Prions en Église qui accrochent. R- 178 : Le Prions en Église permet à la messe de se poursuivre pendant la semaine. C- 180 : Les périodes de silence à la messe mettent de l 'emphase sur l'intérieur. C- 181 : Les chants sont importants à la messe. C- 182 : Lorsque j ' en tend la chorale chanter, ça touche au cœur. R- 183 : Il y a le silence qui est important pour l'intériorisation. R - l 8 4 : Il y a musique en sourdine et la prière après la communion qui peuvent aider à l'intériorisation. R-185 : La prière ne doit être trop longue. Cela est important. F-186 : La préparation des intervenants est importante. F-187 : Pour la lecture, plus la personne est bien préparée, plus elle transmet bien. F-188 : La préparation liturgique est importante. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. F-201 : Lorsque les parents participent, c'est incroyable ce qu' i ls apportent. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. G-222 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. D-230 : C'est important d 'avoir des

activités qui permettent aux gens de participer lors de la messe. D-231 : C'est important d'avoir des activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe. D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

Codifications axiales combinées des 5 questions

Codifications ouvertes (incidents) Codifications axiales (concepts)

D-l : Programme flexible et adapté aux parents. F - l7 : Adaptation du programme par rapport au programme initial. G-46 : Enseignement de plusieurs niveaux. F-63 : On a fait beaucoup de créativité. F-70 : Moi j ' a i vécu un bon moment lors de la dernière rencontre de catéchèse. Puisque je connaissais bien le contenu, j ' a i pu changer mon approche et mettre à profit des talents que j ' a i . J 'ai pu mettre le matériel un peu de côté. F-168 : Il faut continuellement innover. F-169 : Il faut adapter aussi.

1- Programme flexible

D-l : Programme flexible et adapté aux parents. R-7 : Réaction des parents excellente. D-31 : Les parents sont très intéressés aux sacrements. F-37 : Les parents ont le désir de participer à la catéchèse de leur enfant. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents. F-75 : Il y a des parents qui sous-estiment leur capacité à catéchiser leurs enfants. Lorsqu'ils participent à une session de catéchèse, ils prennent conscience qu'i ls en sont capables. D-82 : Il y a une soif de savoir et de connaître chez les parents. F-233 : On devrait présenter le programme de catéchèse dans son ensemble au début de l 'année parce que chaque niveau est différent. C'est important pour le parent, de voir ce qu'i l y a de 1 à 6. F-234 : C'est important pour les parents de voir l 'ensemble du programme pour voir où ça va les amener.

2-Programme adapté aux parents

J-3 : Bon programme G-41 : Plus de facilité dans les premiers parcours. G-46 : Enseignement de plusieurs niveaux. J-69 : J 'ai réalisé à un moment donné que mon enfant retient certaines choses de la messe, même si ça ne paraît pas toujours. D-84 : La réaction positive des parents à l 'enseignement des catéchètes confirme le travail des catéchètes et les encourage à continuer. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse. C-89 : À la l e r e communion, un enfant a dit qu ' i l avait à la fois envie de pleurer au moment de communier, mais qu'il n 'avait pas le cœur à pleurer. Les enfants retiennent des choses. F-107 : J 'aimerais ajouter que dans les premiers niveaux, on n 'a pas de problèmes d'intérêt de la part des enfants. R -118 :Même si c'est difficile pour les adultes, les enfants retiennent des choses. R-l 1 9 : Les jeunes apprennent et savent beaucoup de choses au niveau de la foi. D-212 : Les parents aiment bien le samedi matin pour la catéchèse parce qu' i ls ont toute l 'après-midi en congé. C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

3- Programme satisfaisant

J-4 : Manque de liens entre la liturgie et la catéchèse. F-10 : Programmes axés sur le monde scolaire et non sur la liturgie. F-11 : Programme axé sur le programme scolaire et non sur la liturgie, d 'où la nécessité de faire des ajouts. F - l 6 : Incongruence entre programme de catéchèse et liturgie. C-105 : La catéchèse est souvent décousu et pas en lien avec le temps liturgique. R - 1 1 3 : Les textes pour la confirmation n'étaient pas à la hauteur.

4- Manque de liens entre catéchèse et liturgie

R-115 : Les textes ne sont pas toujours adaptés vraiment à ce qu'est un sacrement. D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale.

J-5 : Niveaux parfois difficiles R-6 : Évaluation difficile à cause d 'une vision partielle G-41 : Plus de facilité dans les premiers parcours. G-42 : L'intérêt diminue lors des parcours supérieurs. G-47 : Peu d'apprentissages en 4 e année. F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école. G-100 : Une catéchèse qui n 'est pas suivi par les parents, c'est difficile. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. F-108 : Aux niveaux 4 et 5, le contenu est difficile. F-109 : Même pour les parents, le contenu est très théorique. R - 1 1 3 : Les textes pour la confirmation n'étaient pas à la hauteur. R - 1 1 4 : Même pour un adulte, les textes sont difficiles à comprendre. R-115 : Les textes ne sont pas toujours adaptés vraiment à ce qu'est un sacrement. R - 1 1 6 : Des groupes avaient de la difficulté avec la contenu qui n'intéressait pas les enfants qui sortaient avant la fin de la catéchèse. R -118 :Même si c'est difficile pour les adultes, les enfants retiennent des choses. G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. F-205 : Je comprends qu' i l y a des contraintes. F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c'est difficile). Et il y en a! C-236 : Le programme est morcelé et il est difficile pour les enfants de voir où ça mène.

5- Programme parfois difficile

D-2 : Solidarité entre les membres de la communauté F-36 : Désavantage si les parents ne participent pas. F-38 : Désavantage si l'enfant n'est pas accompagné par les parents à la maison. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents. F-40 : Désavantage lorsque l'enfant est plus autonome et laissé à lui-même. C-45 : Implication des parents nécessaire. D-56 : Liens entre la communauté et les parents. D-60 : Intérêt pour des activités catéchétiques lors de la messe dominicale. G-79 : Quand le curé fait participer les enfants, ça vaut une leçon de catéchèse. R-80 : Lorsque les enfants participent à la messe, les parents apprennent aussi beaucoup de choses. D-83 : La préparation au baptême est importante pour transmettre l ' importance de la catéchèse aux parents. D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale. F-136 : La catéchèse est pour toute la communauté lorsqu'il y a messe avec les enfants. Personne n'est isolé.

6- Solidarité entre les différents acteurs

R-8 : Amélioration avec les années. F-9 : Travail à l 'élaboration des programmes. F - l 2 : Adaptations au fil des ans. F - l 3 : Amélioration du programme. C-24 : Amélioration du programme lorsqu'il est simplifié. C-25 : Amélioration lorsque la catéchèse se fait le dimanche avec la messe. F-63 : On a fait beaucoup de créativité.

7- Programme s'améliore

G-19 : Faire la catéchèse le dimanche matin lors de l 'eucharistie. G-20 : Participation des parents à la messe lorsque la catéchèse est faite le dimanche matin. C-25 : Amélioration lorsque la catéchèse se fait le dimanche avec la messe. G-26 : La messe aide les enfants, même si le programme n'est pas tout fait. D-56 : Liens entre la communauté et les parents. D-59 : Faire la catéchèse lors de la liturgie de la Parole à la messe. D-60 : Intérêt pour des activités catéchétiques lors de la messe dominicale. D-61 : C'est positif les activités lors de la messe dominicale. F-62 : L'animation aux temps forts de l 'année est très appréciée aux messes. F-64 : Le curé a des homélie adaptées pour les jeunes. G-79 : Quand le curé fait participer les enfants, ça vaut une leçon de catéchèse. R-80 : Lorsque les enfants participent à la messe, les parents apprennent aussi beaucoup de choses. C-88 : Lorsqu'on a des activités où il y a un lien entre la catéchèse à la maison et la célébration à l 'église, c'est bien. D - l 2 0 : À la messe dominicale, j ' a i m e lorsqu'on peut participer en faisant un geste particulier. D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale. R - l 2 3 : Le baptême célébré lors de la messe dominicale est une réussite. F-127 : L'animation avec les enfants est très appréciée lors de la messe. F-128 : Quand les enfants participent à la messe, c'est un genre de catéchèse qui se fait. F-130 : Les messes avec les enfants sont très animées.. F- l31 : On a besoin d'expliquer les

8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie

symboles de la messe, sinon où va-t-on l 'apprendre? F-132 : Les enfants veulent comprendre le sens qu'i l y a en arrière des symboles de la foi et des signes de la liturgie. F-134 : Lors des messes avec les enfants, c'est bien que tous les détails soient expliqués. J-138 : Dans les célébrations avec les enfants, je vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse. C-140 : Lorsque les enfants participent en faisant quelque choses, il y a quelque chose qui reste. G-146 : C'est important de pouvoir retenir quelque chose de la messe. G-147 : Lorsque les textes sont bien expliqués, on peut retenir quelque chose. F- l51 : Il faut faire des liens à la messe avec la vie communautaire. D - l 5 5 : L' importance d'expliquer les symboles de la liturgie. R - l 5 9 : Les explications à la messe nous

aident à comprendre les signes et les symboles de la liturgie. R- l61 : Les explications des épîtres, du Nouveau Testament et de l 'Ancien Testament devraient se faire plus souvent. F-188 : La préparation liturgique est importante. . G-189 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. D-231 : C'est important d 'avoir des

activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe. D-232 : J ' a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

C-21 : Manque d'articulation entre les parties du programme de catéchèse. C-22 : Programme compliqué : manque de

9- Programme mal articulé

liens entre les parties. C-105 : La catéchèse est souvent décousu et pas en lien avec le temps liturgique. C-235 : On pourrait présenter l 'ensemble du programme dans les plus bas niveaux. C-236 : Le programme est morcelé et il est difficile pour les enfants de voir où ça mène.

G-18 : Vocabulaire pas toujours adapté aux enfants, trop compliqué. C-23 : Programme difficile pour rejoindre le vécu des enfants. D-27. Parcours moins intéressant pour les enfants. D-28 :Les enfants aiment moins écrire. D-29 : Une catéchèse avec des jeux et des activités intéresse les jeunes. D-30 : Les jeunes préfèrent les jeux aux partages. F-66 : La foi se transmet dans des valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du papier et des exercices. F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école. D- 90 : Les intervenants n 'aiment pas avoir du travail à la maison. C'est ça qui est difficile. D-91 : Le travail fait à la maison est perçu comme un devoir par les enfants. Il faudrait éviter cela. D-92 : Du travail à la maison, c'est comme à l 'école. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. F-109 : Même pour les parents, le contenu est très théorique. F-l 10 : Comment traduire le message de la catéchèse dans la vie de tous les jours? R - 1 1 7 : Si le programme n ' a pas été retouché, le contenu doit être encore plus éloigné de la vie des enfants. G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. C-238 : On serait pas obligé d'avoir 6 niveaux. . . C-239 : On pourrait avoir des activités plus

10- Programme mal adapté pour les enfants.

intéressantes. C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

D-31 : Les parents sont très intéressés aux sacrements. D-32 : Les parents posent des questions. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents. R-51 : Les parents veulent vraiment apprendre. Ils viennent et ils veulent apprendre. R-52 : Pour les parents, c 'est important que toutes les sessions aient lieues. F-73 : Lorsqu'on permet aux parents de s 'exprimer et de participer, ils apportent plus que nous pourrions en apporter seul. De plus, ils aiment cette façon de faire. R-81 : Il faut intéresser les parents et les impliquer occasionnellement à la liturgie. C'est une façon de faire la catéchèse. D-82 : Il y a une soif de savoir et de connaître chez les parents. D-83 : La préparation au baptême est importante pour transmettre l ' importance de la catéchèse aux parents. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse. D - l 9 2 : Je pense qu'i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse. D - l 9 3 : Les parent sont moins intéressés lors des niveaux plus élevés. D - l 9 4 : Lorsque les sacrements du pardon et de l 'eucharistie sont finis, on dirait que c'est fini pour les parents. J-195 : Les parents qui ont fait la catéchèse avec un premier enfant sont moins intéressé pour les autres enfants qui suivent. F-196 : Le rôle du parent est important. F-197 : Il y a des parents à qui on laisse le choix de participer ou non. F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble.

11- Intérêt des parents

F-202 : Plus les niveaux sont élevés, moins les parents sont présents. F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c 'est difficile). Et il y en a! F-207 : C'est tout un défi de garder les parents intéressés.

D-33 : Importance de la participation des parents lors du sacrement du pardon. D-34 : Amélioration lorsque les parents participent. F-37 : Les parents ont le désir de participer à la catéchèse de leur enfant. F-36 : Désavantage si les parents ne participent pas. F-38 : Désavantage si l 'enfant n 'est pas accompagné par les parents à la maison. F-39 : Efforts faits aux premiers niveaux de la part des parents. F-40 : Désavantage lorsque l'enfant est plus autonome et laissé à lui-même. C-45 : Implication des parents nécessaire. R-53 : Les parents doivent être là même aux niveaux supérieurs. R-54 : Les parents ont de l'influence sur les enfants. F-71 : J 'essaie de faire participer le plus possible les parents en leur posant des questions. Ce n'est plus seulement moi qui anime, mais l 'ensemble du groupe. F-72 : Moi j ' e ssa ie de me mettre à la place de leur enfant qui pose des questions pour faire participer les parents. F-73 : Lorsqu'on permet aux parents de s 'exprimer et de participer, ils apportent plus que nous pourrions en apporter seul. De plus, ils aiment cette façon de faire. F-74 : Lorsque les parents ont la capacité de participer et que l 'animation est ainsi partagée, l 'animateur est satisfait de l 'animation. F-75 : Il y a des parents qui sous-estiment leur capacité à catéchiser leurs enfants. Lorsqu'i ls participent à une session de catéchèse, ils prennent conscience qu' i ls en sont capables.

12- Participation des parents nécessaire

R-81 : Il faut intéresser les parents et les impliquer occasionnellement à la liturgie. C'est une façon de faire la catéchèse. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse. F-95 : Le rôle du parent est indispensable, surtout avec les enfants qui présentent des problèmes de discipline. F-96 : Il faudrait impliquer davantage les parents pour que les enfants se comportent bien et fassent leur travail. F-97 : On devrait toujours avoir les parents et les enfants ensemble pour qu 'une activité soit réussie. G-98 : Il serait profitable que les parents des enfants qui ont des troubles d'apprentissage soient aussi présents lors des rencontres. G-100 : Une catéchèse qui n 'est pas suivi par les parents, c'est difficile. G-101 : Avec les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage, ça prendrait de l 'aide supplémentaire lors des session de catéchèse. D-l 12 : Peut-être devrait-il y avoir plus de parents avec la catéchète? D - l 2 2 : J 'aimerais participer lorsque les enfants le font à la messe dominicale. . . D - 1 9 2 : Je pense qu'i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse. J-195 : Les parents qui ont fait la catéchèse avec un premier enfant sont moins intéressé pour les autres enfants qui suivent. F-196 : Le rôle du parent est important. G-198 : S'il la rencontre avec les parents avait lieu en même temps que celle des enfants, les parents resteraient-ils? F - 1 9 9 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-200 : Moi je verrais à impliquer les parents, s'il y a des travaux à faire avec les enfants. F-202 : Plus les niveaux sont élevés, moins les parents sont présents.

F-207 : C'est tout un défi de garder les parents intéressés. F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c'est difficile). Et il y en a! F-209 : Il faut plus impliquer les parents. F-210 : Il faut plus impliquer les gens. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. F-234 : C'est important pour les parents de voir l 'ensemble du programme pour voir où ça va les amener.

F-35 : Accompagnement soutenue aux enfants. F-40 : Désavantage lorsque l'enfant est plus autonome et laissé à lui-même. C-45 : Implication des parents nécessaire. R-54 : Les parents ont de l'influence sur les enfants. F-64 : Le curé a des homélie adaptées pour les jeunes. D-83 : La préparation au baptême est importante pour transmettre l ' importance de la catéchèse aux parents. F-196 : Le rôle du parent est important. F-197 : Il y a des parents à qui on laisse le choix de participer ou non. F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-200 : Moi je verrais à impliquer les parents, s'il y a des travaux à faire avec les enfants. F-206 : Si le parent n 'est pas impliqué. . . (c'est difficile). Et il y en a! F-209 : Il faut plus impliquer les parents.

13- Accompagnement des enfants nécessaire

G-43 : Enfants associent catéchèse et routine. F-66 : La foi se transmet dans des valeurs qui se vivent, pas nécessairement dans du

14- Catéchèse doit être accolée à la vie

papier et des exercices. D-57 : Intéressant de faire des parallèles entre la vie quotidienne et la catéchèse. D-58 : Les jeunes arrivent à comprendre les parallèles, ils sont très intelligents quand tu leur poses des questions. F-62 : L'animation aux temps forts de l 'année est très appréciée aux messes. F-64; Le curé a des homélie adaptées pour les jeunes. F-65 : Il faut que ce soit concret, pas comme à l 'école. D-86 : L'engagement chrétien doit aller plus loin que la célébration. F-l 10 : Comment traduire le message de la catéchèse dans la vie de tous les jours? R - 1 1 7 : Si le programme n 'a pas été retouché, le contenu doit être encore plus éloigné de la vie des enfants. R - l 2 3 : Le baptême célébré lors de la messe dominicale est une réussite. R - l 2 4 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R - l26 : Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée J-138 : Dans les célébrations avec les enfants, je vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse. G-143 : On est choyés à la messe lorsqu'il y a du renouveau. F - l 5 0 : L'explication de la l è r e et de la 2 e

lecture et de tous les gestes doivent coller à ce que l'on vit pendant la semaine. F- l51 : Il faut faire des liens à la messe avec la vie communautaire. F-154 : Toutes les explications données qui collent au quotidien sont bonnes. R - l 7 3 : Des liens avec la vie de tous les jours sont bons à la messe. D-231 : C'est important d'avoir des activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe.

F-44 : Difficultés avec les enfants qui ont des problèmes de discipline et des manques de connaissances. G-48 : Manque de discipline rend l 'animation difficile. G-49 : Catéchète essaie d'intégrer l'enfant avec problèmes. G-50 : Pertinence d 'avoir une autre personnes avec les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. R-55 : Problèmes de discipline difficile dans un groupe. F-93 : La discipline est ce qu'il y a de difficile dans l 'animation d 'un groupe. F-94 : Les enfants qui n 'ont pas d'intérêt dérangent les autres et deviennent des cas de discipline. F-95 : Le rôle du parent est indispensable, surtout avec les enfants qui présentent des problèmes de discipline. F-96 : Il faudrait impliquer davantage les parents pour que les enfants se comportent bien et fassent leur travail. G-98 : Il serait profitable que les parents des enfants qui ont des troubles d'apprentissage soient aussi présents lors des rencontres. G-99 : Les enfants avec des problèmes d'apprentissage sont aussi difficiles à gérer dans un groupe G-101 : Avec les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage, ça prendrait de l 'aide supplémentaire lors des session de catéchèse. C-102 : Les problèmes de discipline sont difficiles à gérer. C-103 : À cause de l 'indiscipline, il y a incohérence parfois entre ce que nous prêchons et les comportements des enfants qui se chamaillent. C-104 : Je suis impuissante face au problème de l 'indiscipline. D-l 12 : Peut-être devrait-il y avoir plus de parents avec la catéchète?

15- Difficultés avec enfants qui ont des troubles d'apprentissages

J-67 : Comme parent, souvent j e me questionne parce que mes enfants ne sont pas intéressés par la messe et la catéchèse. J-68 : Je me demande si ça vaut la peine d'apporter les enfants à la messe puisqu'i ls n 'apprennent peut-être rien et que ça ne les intéresse pas. G-76 : J 'ai une petite-fille qui est enfant de chœur et qui vient à la messe. Son frère est moins intéressé par la messe parce qu' i l ne comprend pas. F-94 : Les enfants qui n 'ont pas d'intérêt dérangent les autres et deviennent des cas de discipline. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. R - 1 1 6 : Des groupes avaient de la difficulté avec la contenu qui n'intéressait pas les enfants qui sortaient avant la fin de la catéchèse. R - 1 1 7 : Si le programme n ' a pas été retouché, le contenu doit être encore plus éloigné de la vie des enfants.

16-Manque d'intérêt de la part des enfants

F-74 : Lorsque les parents ont la capacité de participer et que l 'animation est ainsi partagée, l 'animateur est satisfait de l 'animation. D-84 : La réaction positive des parents à l 'enseignement des catéchètes confirme le travail des catéchètes et les encourage à continuer. D-87 : J 'enseigne aux parents la liberté donné par Jésus et j e leur parle de l ' importance des niveaux de la catéchèse. R-118 :Même si c'est difficile pour les adultes, les enfants retiennent des choses. F-153 : Quand j ' a i fait la catéchèse, c'était enrichissant pour moi parce que j 'essayais de comprendre pour l 'expliquer à mes enfants.

17- Satisfaction de la part des catéchètes de transmettre

G-76 : J 'ai une petite-fille qui est enfant de chœur et qui vient à la messe. Son frère est moins intéressé par la messe parce qu'i l ne comprend pas. G-77 : Les enfants de chœur trouvent la messe intéressante parce qu'i ls participent. G-78 : Pour intéresser les enfants à la messe, il faut qu'i ls voient ce qui se passe. G-79 : Quand le curé fait participer les enfants, ça vaut une leçon de catéchèse. F-128 : Quand les enfants participent à la messe, c'est un genre de catéchèse qui se fait. F - 1 3 0 : Les messes avec les enfants sont très animées.. C-140 : Lorsque les enfants participent en faisant quelque choses, il y a quelque chose qui reste. C-141 : Depuis que mes enfants sont servants de messes, ils aiment cela parce qu' i ls participent. C-142 : Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont contents de venir à la messe. G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers. G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-210 : Il faut plus impliquer les gens. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

18- Intérêt des enfants lorsqu'ils participent

R-80 : Lorsque les enfants participent à la messe, les parents apprennent aussi beaucoup de choses. R-81 : Il faut intéresser les parents et les impliquer occasionnellement à la liturgie. C'est une façon de faire la catéchèse. D-82 : Il y a une soif de savoir et de connaître chez les parents. D - l 2 2 : J 'aimerais participer lorsque les enfants le font à la messe dominicale. . .

19-Les parents apprennent en accompagnant leur enfant

R - l 2 5 : Les explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et les parents qui sont ravis. F-129 : En éduquant les enfants à la messe, on éduque les parents en même temps. F-135 : Des adultes apprennent lors des messes pour les enfants. F-149 : Si l 'adulte comprend, il est plus en

mesure de l 'expliquer à son enfant. F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-209 : Il faut plus impliquer les parents. F-210 : Il faut plus impliquer les gens. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. C216 : C'est mieux une rencontre où les parents et les enfants sont ensemble. C-217 : Ensemble, parents et enfants vivent la même expérience et peuvent s'en parler.

D-85 : Lorsque j ' a n i m e la catéchèse, ce n 'est pas moi qui parle. C'est ma foi qui parle. C-89 : A la l e r e communion, un enfant a dit qu ' i l avait à la fois envie de pleurer au moment de communier, mais qu'il n 'avait pas le cœur à pleurer. Les enfants retiennent des choses. R - l 2 4 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R - l 6 0 : Même si la grâce agit, il faut l 'aider en expliquant notre foi.

20- Rôle de l'Esprit-Saint dans la transmission

D - l 2 0 : À la messe dominicale, j ' a i m e lorsqu'on peut participer en faisant un geste particulier. D- l21 : C'est dommage que toute la communauté ne peut pas participer lors d 'en geste particulier à la messe dominicale.

21- Désir de participation lors de la liturgie

D - l 2 2 : J 'aimerais participer lorsque les enfants le font à la messe dominicale. . . C-142 : Lorsque les enfants font quelque chose, ils se sentent bien et ils sont contents de venir à la messe. G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers. F-188 : La préparation liturgique est importante. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. F-201 : Lorsque les parents participent, c 'est incroyable ce qu' i ls apportent. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. G-222 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. D-230 : C'est important d 'avoir des activités qui permettent aux gens de participer lors de la messe. D-231 : C'est important d'avoir des activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe. D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

D- 90 : Les intervenants n 'aiment pas avoir du travail à la maison. C'est ça qui est difficile. D-91 : Le travail fait à la maison est perçu comme un devoir par les enfants. Il faudrait éviter cela. D-92 : Du travail à la maison, c'est comme à l 'école. C-106 : Ça prend quelque chose de visuel pour intéresser les enfants. D-l 11 : Peut-être que le nombre d'enfants par animatrice est trop élevé. D-l 12 : Peut-être devrait-il y avoir plus de

22- Logistique du programme de catéchèse à revoir.

parents avec la catéchète? F-137 : Avec toute la communauté on suit moins un programme basé sur le scolaire. F-168 : Il faut continuellement innover. F-169 : Il faut adapter aussi. F - 1 8 8 : La préparation liturgique est importante. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. G-191 : On a de la difficulté à intéresser les niveaux 4, 5 et 6. D - l 9 2 : Je pense qu'i l faudrait que les parents s'intéressent plus à la catéchèse. D - l 9 3 : Les parent sont moins intéressés lors des niveaux plus élevés. D - l 9 4 : Lorsque les sacrements du pardon et de l 'eucharistie sont finis, on dirait que c'est fini pour les parents. J-195 : Les parents qui ont fait la catéchèse avec un premier enfant sont moins intéressé pour les autres enfants qui suivent. F-197 : Il y a des parents à qui on laisse le choix de participer ou non. G-198 : S'il la rencontre avec les parents avait lieu en même temps que celle des enfants, les parents resteraient-ils? F-199 : Les parents resteraient avec les enfants si la rencontre était pour eux tous ensemble. F-204 : Il y a des problèmes pour trouver des animateurs. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. D-213 : Les parents n 'aiment pas le samedi après-midi pour les sessions de catéchèse. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. C216 : C'est mieux une rencontre où les parents et les enfants sont ensemble. C-217 : Ensemble, parents et enfants vivent la même expérience et peuvent s'en

parler. J-219: C'est intéressant de pouvoir remplacer la catéchèse par la messe. F-233 : On devrait présenter le programme de catéchèse dans son ensemble au début de l 'année parce que chaque niveau est différent. C'est important pour le parent, de voir ce qu' i l y a de 1 à 6. F-234 : C'est important pour les parents de voir l 'ensemble du programme pour voir où ça va les amener. C-235 : On pourrait présenter l 'ensemble du programme dans les plus bas niveaux. C-236 : Le programme est morcelé et il est difficile pour les enfants de voir où ça mène. C-238 : On serait pas obligé d'avoir 6 niveaux. . . C-239 : On pourrait avoir des activités plus intéressantes. C-240 : Le bricolage, c 'est bien, mais on pourrait faire beaucoup plus.

R-l23 : Le baptême célébré lors de la messe dominicale est une réussite. R-l24 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R-l25 : Les explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et les parents qui sont ravis. R-l26: Le baptême à l'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée F-127 : L'animation avec les enfants est très appréciée lors de la messe. F-128 : Quand les enfants participent à la messe, c 'est un genre de catéchèse qui se fait. F-130: Les messes avec les enfants sont très animées.. F-l 31 : On a besoin d'expliquer les symboles de la messe, sinon où va-t-on l 'apprendre? F-132 : Les enfants veulent comprendre le sens qu'i l y a en arrière des symboles de la

23- Désir d'une célébration dominicale qui intègre la catéchèse

foi et des signes de la liturgie. F-133 : Autrefois, les gens ne cherchaient pas à tout comprendre. Nos enfants eux cherchent à comprendre. F-134 : Lors des messes avec les enfants, c 'est bien que tous les détails soient expliqués. F-135 : Des adultes apprennent lors des messes pour les enfants. J-138 : Dans les célébrations avec les enfants, j e vais chercher des choses pour expliquer à la maison, en catéchèse. G-143 : On est choyés à la messe lorsqu'il y a du renouveau. G-144 : On est choyé à la messe lorsqu'on a des explications. G-146 : C'est important de pouvoir retenir quelque chose de la messe. G-147 : Lorsque les textes sont bien expliqués, on peut retenir quelque chose. F-148 : Une présentation des lectures, c 'est une catéchèse pour toute la communauté, pour les enfants et les adultes. F-150 : L'explication de la l è r e et de la 2 e

lecture et de tous les gestes doivent coller à ce que l'on vit pendant la semaine. F-152 : Nos parents allaient à la messe parce que tout le monde y allait. Mais je ne pense pas qu'i ls pouvaient expliquer tout le sens. D- l55 : L' importance d'expliquer les symboles de la liturgie. D - l 5 6 : Les explications à la messe sont pour toute la communauté, même les personnes âgées. R - l59 : Les explications à la messe nous aident à comprendre les signes et les symboles de la liturgie. R - l 6 0 : Même si la grâce agit, il faut l 'aider en expliquant notre foi. R- l61 : Les explications des épîtres, du Nouveau Testament et de l 'Ancien Testament devraient se faire plus souvent. F-162 : Une assemblée dominicale vivante, c'est lorsque l 'on comprend bien le curé F-163 : Une assemblée vivante, c 'est

lorsqu'il y a des explications R- 176 : Le Prions en Église est abordable pour tout le monde. R- 177 : Il y des lectures dans le Prions en Église qui accrochent. R- 178 : Le Prions en Église permet à la messe de se poursuivre pendant la semaine. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. C-215 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. J-219 : C'est intéressant de pouvoir remplacer la catéchèse par la messe.

R - l 2 4 : On comprend beaucoup de choses lorsqu'un baptême est célébré lors de la messe. R-125 : Les explications qui accompagnent les gestes nourrissent les enfants et les parents qui sont ravis. R - l26 : Le baptême à l 'intérieur de la messe dominicale a été une expérience réussie pour toute l 'Assemblée F-127 : L'animation avec les enfants est très appréciée lors de la messe. F-129 : En éduquant les enfants à la messe, on éduque les parents en même temps. F-133 : Autrefois, les gens ne cherchaient pas à tout comprendre. Nos enfants eux cherchent à comprendre. F-135 : Des adultes apprennent lors des messes pour les enfants. F-136 : La catéchèse est pour toute la communauté lorsqu'il y a messe avec les enfants. Personne n'est isolé. F-137 : Avec toute la communauté on suit

24- La catéchèse de toute la communauté

moins un programme basé sur le scolaire. C-139 : Je suis d'accord sur l ' importance de la catéchèse avec toute la communauté lors de la messe dominicale. G-144 : On est choyé à la messe lorsqu'on a des explications. G-145 : En participant, les gens sortent de la messe fiers. G-147 : Lorsque les textes sont bien expliqués, on peut retenir quelque chose. F-148 : Une présentation des lectures, c 'est une catéchèse pour toute la communauté, pour les enfants et les adultes. F-149 : Si l 'adulte comprend, il est plus en mesure de l 'expliquer à son enfant. F - 1 5 2 : Nos parents allaient à la messe parce que tout le monde y allait. Mais je ne pense pas qu'i ls pouvaient expliquer tout le sens. D - l 5 6 : Les explications à la messe sont pour toute la communauté, même les personnes âgées. D - l 5 7 : Beaucoup de gens ne comprennent pas le sens des symboles dans la liturgie. R - l 5 8 : Beaucoup d'adultes ne comprennent pas ce les symboles de la foi et de la liturgie. R - l 5 9 : Les explications à la messe nous aident à comprendre les signes et les symboles de la liturgie.

F-167 : Quand le sens du dimanche est bien présenté, ça aide à faire dimanche. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. D-213 : Les parents n 'aiment pas le samedi après-midi pour les sessions de catéchèse. C-214 : Le dimanche matin, c'est génial pour la catéchèse parce que les gens ont encore moins d'occupations que le samedi. C-215 : La catéchèse le dimanche matin

25- Le dimanche comme temps de catéchèse

permet aux parents de participer à la messe. J-218 : Je préfère le dimanche matin pour la catéchèse. Je suis toujours disponible le dimanche matin pour la catéchèse! G-220 : Moi aussi je suis d'accord sur le dimanche matin comme temps idéal pour la catéchèse. G-221 : Le dimanche matin, les parents ont très bien répondu. G-222 : La catéchèse le dimanche matin permet aux parents de participer à la messe. G-223 : C'est un bon temps pour la catéchèse le dimanche matin. Parce que le samedi matin, il y a des activités sportives. G-224 : C'est beaucoup mieux le dimanche matin que le soir pour la catéchèse. F-225 : Moi j ' v o i s ça positif la catéchèse le dimanche matin! F-226 : Lorsque l'enfant voit ses amis, ou ses collègues de classe à la messe du dimanche, ça crée toute une autre synergie. F-227 : Les enfants aiment revoir leurs amis d'école à la messe du dimanche. F-228 : Lorsque la catéchèse permet aux enfants d'être à la messe le dimanche matin, ça fait un contact avec l 'Église à l 'occasion. F-229 :Veut, veut pas, il y a l 'atmosphère qui est là le dimanche matin lors de la messe.

F-162 : Une assemblée dominicale vivante, c 'est lorsque l 'on comprend bien le curé F-163 : Une assemblée vivante, c 'est lorsqu'il y a des explications F-164 : Une assemblée vivante, c'est l 'accueil. F-165 : On est privilégiés lorsqu'on peut avoir des explications et vivre l 'accueil lors de la messe. F-166 : Quand t 'arrives à l 'église, que tu es accueilli, c 'est bien. F-167 : Quand le sens du dimanche est

26- Éléments d'une liturgie réussie

bien présenté, ça aide à faire dimanche. F-170 : Moi je suis satisfait lorsque je sors de la messe et qu ' i l y a un lien avec ce qui s'est passé dans la semaine, soit dans la communauté ou dans nos vies. F-171 : J 'a ime les messes où on peut partager à tout ce qui s'est vécu par les familles de notre communauté. G-172 : Une messe qui a des liens avec la vie quotidienne garde la communauté unie. R - l 7 3 : Des liens avec la vie de tous les jours sont bons à la messe. R- 174 : Chaque personne à l 'Église doit sortir avec quelque chose, à partir de la messe elle-même ou de ce qui a été dit. R- 175 : Dans le Prions en Église, il y a de très beaux textes qui peuvent aider. R- 176 : Le Prions en Église est abordable pour tout le monde. C- 179 : L'animation pour moi c'est important à la messe. R- 177 : Il y des lectures dans le Prions en Église qui accrochent. R- 178 : Le Prions en Église permet à la messe de se poursuivre pendant la semaine. C- 180 : Les périodes de silence à la messe mettent de l 'emphase sur l'intérieur. C- 181 : Les chants sont importants à la messe. C- 1 8 2 : Lorsque j ' en tend la chorale chanter, ça touche au cœur. R- 183 : Il y a le silence qui est important pour l'intériorisation. R - l 8 4 : Il y a musique en sourdine et la prière après la communion qui peuvent aider à l'intériorisation. R-185 : La prière ne doit être trop longue. Cela est important. F-186 : La préparation des intervenants est importante. F-187 : Pour la lecture, plus la personne est bien préparée, plus elle transmet bien. F-188 : La préparation liturgique est importante. G - 1 8 9 : Plus de niveaux de catéchèse devraient avoir leurs sessions le dimanche

matin pour participer à l 'eucharistie. G-190 : Plus de niveaux devraient avoir la catéchèse le dimanche matin et venir à la messe pour finir avec la communion le dimanche. F-201 : Lorsque les parents participent, c 'est incroyable ce qu' i ls apportent. F-208 : Il faut plus impliquer les jeunes. F-211 : Plus les gens sont impliqués, plus ils vont se sentir responsables. G-222 : La catéchèse le dimanche permet aux parents de participer à la messe. D-230 : C'est important d 'avoir des activités qui permettent aux gens de participer lors de la messe. D-231 : C'est important d'avoir des activités qui sont collées à la vies des gens lors de la messe. D-232 : J 'a ime bien lorsque les jeunes participent à la messe.

Codifications sélectives : Elaboration de 5 catégories conceptuelles à partir des concepts identifiés

Codifications axiales (concepts) Codifications sélectives (catégories conceptuelles)

1- Programme flexible 2-Programme adapté aux parents 3- Programme satisfaisant 5- Programme parfois difficile 7- Programme s'améliore 9- Programme mal articulé 10- Programme mal adapté pour les enfants. 14- Catéchèse doit être accolée à la vie 15- Difficultés avec enfants qui ont des troubles d'apprentissages 16-Manque d'intérêt de la part des enfants 17- Satisfaction de la part des catéchètes de transmettre 22- Logistique du programme de catéchèse à revoir. 25- Le dimanche comme temps de catéchèse

1- Programme satisfaisant, mais qui pourrait être amélioré

4- Manque de liens entre catéchèse et liturgie 6- Solidarité entre les instances nécessaire 8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie 9- Programme mal articulé 14- Catéchèse doit être associée à la vie 23- Désir d'une célébration dominicale qui intègre la catéchèse

2- L'articulation nécessaire entre catéchèse et liturgie

6- Solidarité entre les instances nécessaire 8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie 9- Programme mal articulé 11- Intérêt des parents 12- Participation des parents nécessaire 13- Accompagnement des enfants nécessaire 14- Catéchèse doit être associée à la vie 19-Les parents apprennent en accompagnant leur enfant 23- Désir d'une célébration dominicale qui intègre la catéchèse 24- La catéchèse de toute la communauté

3- Liens souhaités entre les intervenants de la vie chrétienne : responsables de la liturgie, prêtre, parents, catéchètes, etc.

8- Liens souhaités entre catéchèse et liturgie 18- Intérêt des enfants lorsqu'ils participent 20- Rôle de l'Esprit-Saint dans la transmission 21- Désir de participation lors de la liturgie 22- Logistique du programme de catéchèse à revoir. 23- Désir d'une célébration dominicale qui intègre la catéchèse 25- Le dimanche comme temps de catéchèse 26- Éléments d'une liturgie réussie

4-La liturgie comme lieu de formation et de vie chrétienne

16-Manque d'intérêt de la part des enfants 17- Satisfaction de la part des catéchètes de transmettre 18- Intérêt des enfants lorsqu'ils participent 19-Les parents apprennent en accompagnant leur enfant 21- Désir de participation lors de la liturgie

5-Valorisation d'un cadre spatial et temporel qui mise sur la communauté chrétienne

22- Logistique du programme de catéchèse à revoir. 24- La catéchèse de toute la communauté 26- Éléments d'une liturgie réussie

Annexe D : Caractéristiques des participants à la recherche à partir du Verbatim

Caractéristiques communes aux six participants :

-Des catéchètes qui connaissent le programme actuel de catéchèse et qui l 'ont expérimenté avec

des groupes d'enfants;

-Des catéchètes qui sont familiers avec l 'assemblée eucharistique dominicale;

-Des catéchètes qui ont vécu plusieurs activités (liturgiques ou catéchétiques) dans le cadre du

programme de catéchèse.

Identification des participants (à partir de leur propre présentation; tiré du Verbatim) :

-R., catéchète depuis les débuts, 8-10 ans; pas d'enfants en catéchèse, mais des petits-enfants;

-D., catéchète depuis 7 ans; pas d'enfants;

-F., catéchète depuis le début de la catéchèse hors scolaire; deux enfant : une fille et un garçon;

-G., catéchète depuis 4 ans, grand-mère de deux petits-enfants qui font de la catéchèse;

- C , catéchète pendant 4 ans; deux enfants;

-J., catéchète depuis six ans; deux enfants : un garçon qui termine sa 6 e année et une fille qui sera

en 7 e l 'an prochain.

-S., l ' interviewer.