30
Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019 N°90 Juillet-Août 2019 ÉDITO Par Pierre Forté, PDG de Pragma Industries Pragma Industries vient de clôturer sa participation au sommet du G7 à Biarritz. Avec le soutien actif du groupe Engie, 200 vélos à hydrogène ont été déployés sur la ville, permettant aux journalistes et à une partie des forces de l'ordre de se déplacer rapidement, efficacement et proprement sur la zone du sommet. Les vélos ont aussi pu être testés par le grand public à cette occasion. Voici le bilan chiffré que l'on peut dresser de cette opération : 6 mois de travail intensif et 200 vélos produits, disponibles et parfaitement fonctionnels le jour J ; 1 logiciel de réservation, enregistrement et suivi des utilisateurs, mis au point en 3 mois ; 25 personnes engagées sur le terrain pendant le sommet 500 sorties de vélos, 500 utilisateurs ravis et 4500 kilomètres cumulés parcourus en 4 jours ; Aucun disfonctionnement du système à pile à combustible, aucune détérioration volontaire ni perte de vélo ; Hormis 1 vélo rendu hors service par un bain de mer complet lorsqu'un journaliste a voulu le prendre en photo sur une plage de Biarritz, malheureusement un peu trop près des vagues ; Des retombées médiatiques majeures 12 publications nationales (Le Figaro, CNEWS, France 3, TF1, Le Monde...), 15 régionales, 9 articles dans la presse internationale, des milliers d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles rencontres, notamment avec Emmanuel Macron et le président chilien Sebastián Piñera (ce dernier souhaitant être livré d'une quantité significative de vélos Alpha pour la COP25). Nous sommes très fiers, grâce à l'engagement conjoint des équipes de Pragma Industries et d'Engie Cofely d'avoir pu participer à cet événement et d'avoir fait rayonner internationalement à l'échelle de nos moyens le savoir-faire français sur l'hydrogène-énergie. Concernant le vélo Alpha lui-même, je suis constamment frappé par l'intérêt suscité par ce type de mobilité légère à hydrogène, notamment à l'export. Les demandes que nous recevons proviennent d'Europe, d'Asie Centrale et Pacifique, d'Amérique du Nord, Centrale et du Sud, du continent Africain. En effet, notre ambition est de démocratiser l'hydrogène-énergie, et dans ce contexte, le vélo est le support idéal de diffusion. Il n'y a pas de mode de déplacement plus

L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

N°90 – Juillet-Août 2019

ÉDITO

Par Pierre Forté, PDG de Pragma Industries

Pragma Industries vient de clôturer sa participation au sommet du G7 à Biarritz. Avec le soutien actif du groupe Engie, 200 vélos à hydrogène ont été déployés sur la ville, permettant aux journalistes et à une partie des forces de l'ordre de se déplacer rapidement, efficacement et proprement sur la zone du sommet. Les vélos ont aussi pu être testés par le grand public à cette occasion.

Voici le bilan chiffré que l'on peut dresser de cette opération :

6 mois de travail intensif et 200 vélos produits, disponibles et parfaitement fonctionnels le jour J ;

1 logiciel de réservation, enregistrement et suivi des utilisateurs, mis au point en 3 mois ;

25 personnes engagées sur le terrain pendant le sommet

500 sorties de vélos, 500 utilisateurs ravis et 4500 kilomètres cumulés parcourus en 4 jours ;

Aucun disfonctionnement du système à pile à combustible, aucune détérioration volontaire ni perte de vélo ;

Hormis 1 vélo rendu hors service par un bain de mer complet lorsqu'un journaliste a voulu le prendre en photo sur une plage de Biarritz, malheureusement un peu trop près des vagues ;

Des retombées médiatiques majeures – 12 publications nationales (Le Figaro, CNEWS, France 3, TF1, Le Monde...), 15 régionales, 9 articles dans la presse internationale, des milliers d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ;

De belles rencontres, notamment avec Emmanuel Macron et le président chilien Sebastián Piñera (ce dernier souhaitant être livré d'une quantité significative de vélos Alpha pour la COP25).

Nous sommes très fiers, grâce à l'engagement conjoint des équipes de Pragma Industries et d'Engie Cofely

d'avoir pu participer à cet événement et d'avoir fait rayonner internationalement – à l'échelle de nos moyens

– le savoir-faire français sur l'hydrogène-énergie.

Concernant le vélo Alpha lui-même, je suis constamment frappé par

l'intérêt suscité par ce type de mobilité légère à hydrogène,

notamment à l'export. Les demandes que nous recevons proviennent

d'Europe, d'Asie Centrale et Pacifique, d'Amérique du Nord, Centrale

et du Sud, du continent Africain. En effet, notre ambition est de

démocratiser l'hydrogène-énergie, et dans ce contexte, le vélo est le

support idéal de diffusion. Il n'y a pas de mode de déplacement plus

Page 2: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

populaire, démocratique et commun que le vélo à part la marche à pied, partout dans le monde (la part

modale du vélo dans les déplacements à l'échelle de la planète est supérieure à 10%). On nous oppose

régulièrement l'argument qu'une batterie au lithium offre des performances suffisantes pour un vélo

électrique. Mais cela est mal comprendre l'usage, la problématique industrielle et nos ambitions tout à la

fois.

L'usage : l'hydrogène facilite grandement la tâche des opérateurs de flotte en simplifiant la gestion de

l'énergie. Imaginez-vous avoir 200 batteries à charger tous les soirs comme dans le cadre du sommet G7,

nécessitant une infrastructure électrique dédiée, des conditions de sécurité spécifiques et vous

comprendrez qu'un plein d'hydrogène d'une minute par vélo, suffisant pour 4 jours de sommet, rend les

opérations plus simples et moins coûteuses. Pour un opérateur de flotte de vélos électriques partagés,

70% des coûts d'opération sont liés à la gestion de batteries...

La problématique industrielle : avec l'avènement des vélos électriques (2 millions vendus en Europe en

2018, 100 millions prévus sur les 10 prochaines années), ce sont des millions de batteries au lithium qui

posent chaque année des problèmes de fin de vie et de recyclage. La pile à combustible, grâce notamment

à une durée de vie plus longue, amoindrit drastiquement ce problème.

Nos ambitions : le vélo à hydrogène est un outil de développement social en puissance. D'usages variés,

il permet notamment à des populations d'aller travailler quotidiennement, potentiellement dans des pays

en voie de développement où le réseau électrique est de piètre qualité. Il permettrait alors de ramener de

l'énergie, sous forme d'hydrogène, à la ferme, à la maison, au village depuis la ville voisine. Le vélo se

transformerait en groupe électrogène mobile dans le village, pour charger les téléphones portables ou

apporter de l'éclairage... Le vélo à l'hydrogène est une brique flexible et abordable dans un édifice de

production locale d'énergie, de son stockage, transport et utilisation pour générer du développement

économique au sein d'une communauté.

Enfin, je tiens à souligner l'aspect collectif de la réussite du déploiement des vélos au sommet du G7. De

l'engagement d'Engie et Pragma, bien entendu, mais aussi celui des partenaires clés qui se sont impliqués

dans le projet : Ad Venta (stockage d'hydrogène embarqué), Néogy (électronique embarquée en région

Bordelaise), MILC Industry (assemblage des vélos en Occitanie), MyBike (réparation de vélos sur site),

sans oublier la Région Nouvelle Aquitaine. Je suis très fier de la longévité des relations de travail établies

avec ces partenaires français. Ensemble, nous avons l'ambition de transformer la mobilité de proximité en

la rendant plus vertueuse.

En effet, l'hydrogène est souvent évoqué comme une opportunité économique pour la France, induisant le

maintien, voire la création, d'emplois et d'infrastructures industrielles sur le territoire. Mais les mots

résisteront-ils au réalisme économique et industriel ? Il y a dix ans, l'hydrogène était présenté comme un

changement complet de paradigme énergétique et social. Aujourd'hui, je constate que la plupart des

acteurs entrant dans la course ne font que calquer d'anciens modèles industriels/économiques sur une

nouvelle technologie. Mais, à l'heure où Pragma Industries reçoit tant de demandes étrangères, se pose la

question : que souhaitons-nous exporter ? Si nous restons dans des modèles de production-consommation

passéistes, alors nous exporterons des produits, des objets, des technologies et notre modèle économique

sera voué à la compétition internationale à court terme et probablement à l'échec à long terme (la Chine

progresse vite et penser rester compétitifs en "produisant français" relève grandement de l'illusion risquée).

Je pense qu'au lieu de vouloir exporter des produits, nous devons exporter notre savoir-faire et un modèle

économique équilibré, impliquant la création de valeur en France et sur les zones d'exportation.

L'hydrogène est en cela une pâte à modeler permettant d'inventer de nouveaux modèles économiques

basés sur la location, la propriété partagée, l'économie circulaire, le recyclage et le surcyclage. Tout cela

n'a rien d'impossible si on se donne la peine de remettre en question nos dogmes industriels.

En guise de conclusion, voulez-vous un exemple de surcyclage original ? En fin de vie, un cadre de vélo

Alpha en aluminium, broyé en poudre, permet de produire approximativement 750 grammes d'hydrogène

Page 3: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

(la réaction classique d'aluminium + eau + hydroxyde de potassium), de quoi parcourir plus de 2000

kilomètres à vélo (soit un an de vélo pour la moyenne des usagers quotidiens). Le surcyclage du cadre en

aluminium du vélo produit plus de valeur économique que la valeur marchande du produit initial...

Je crois, comme tout le monde s'accorde à le dire maintenant, que l'heure est à l'action pour l'économie

hydrogène, mais pas à la répétition des modèles anciens. Je crois à l'action de ceux qui inventent et qui

font. Et j'ai la conviction que la France est parfaitement armée pour cela.

Pierre Forté

PDG de Pragma Industries

FAIT MARQUANT

L’Allemagne se dote d’un plan ambitieux pour l’hydrogène

La France avait montré la voie, avec le plan Hulot. A son

tour, notre voisin d’Outre-Rhin se dote d’un programme

pour développer l’hydrogène avec des financements à la

clé.

"Notre objectif est de devenir le numéro un mondial des

technologies de l’hydrogène", a déclaré le 18 juillet dernier

Peter Altmaier, le ministre allemand de l’Economie. Cette

annonce a été suivie par des actes, puisque le

gouvernement fédéral a décidé d’allouer 100 millions

d’euros par an pour la recherche, jusqu’en 2022. Ce

montant est celui qui était prévu à la base dans le cadre du plan Hulot (dès 2019 et pour les années

suivantes en principe jusqu’à la fin du quinquennat) en France. L’Allemagne a prévu de soutenir vingt

laboratoires dans le développement d’applications de l’hydrogène à l’échelle industrielle. Ces projets sont

portés notamment par des énergéticiens comme RWE ou Eon. "Les technologies de l’hydrogène offrent

un potentiel énorme pour la transition énergétique, la protection du climat et la création d’emplois, a

commenté Peter Altmaier. En collaboration avec les laboratoires, nous pourrons tester comment les

nouvelles technologies de l’hydrogène peuvent être appliquées dans des conditions réelles et à l’échelle

industrielle", souligne le ministre allemand de l'Economie.

En outre, un financement supplémentaire de 200 millions d’euros est prévu pour les régions qui étaient

fortement dépendantes du charbon par le passé et qui sont en mutation structurelle.

Le gouvernement allemand va se doter d’une feuille de route plus précise d’ici la fin de l’année sur le thème

de l’hydrogène. Une initiative bien accueillie par le ministre de l’Environnement.

Le contexte est favorable à l’hydrogène en Allemagne, où six parlementaires verts ont rendu récemment

un rapport sur la production d’hydrogène. C'est un soutien sans équivoque à cette forme d'énergie.

"L’hydrogène est l’un des sujets les plus chauds de la transition énergétique dans le pays à l’heure

actuelle", estime Inga Posch de FNB Gas, la fédération des opérateurs de gazoducs en Allemagne.

"L’intérêt du secteur privé est vraiment énorme. Les Allemands ont été trop concentrés sur l’électrification

de l’économie. Nous commençons donc le processus avec du retard", estime-t-elle.

Page 4: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Rappelons que l’Allemagne a fait rouler le premier train à hydrogène au monde. Dans ce pays, la demande

en hydrogène dans les transports et l’industrie devrait augmenter de 37 % d’ici 2030. Le sidérurgiste

allemand Thyssen Krupp a déjà annoncé son intention de devenir neutre en carbone d’ici 2050, grâce à

l’hydrogène. Parmi les projets ambitieux, on peut citer également celui de la ville de Wesseling, en

Rhénanie-du-Nord, où Shell et ITM Power sont en train de construire une centrale de production par

électrolyse capable de produire 1 300 tonnes d’hydrogène par an, à partir de 2020.

ZOOM SUR…

Journées Hydrogène dans les territoires à Marseille : l’hydrogène prend le large

L'édition 2019 des journées hydrogène dans les territoires à Marseille s'est soldée par un succès, avec 540 inscrits. Si l’événement a été l’occasion de donner un coup de projecteur sur les projets en cours dans le Grand Sud, il y a eu aussi plusieurs annonces dans le domaine de la mobilité.

Lors de l'inauguration de ces journées, le président de la région, Renaud Muselier, a parlé de ses ambitions en matière de développement durable. Quelques 500 millions d'euros vont être consacrés dans un programme qui a pour nom "une COP

d'avance". Celui-ci comprend une centaine de mesures, dont certaines concernant la mobilité. L'hydrogène fait partie des leviers identifiés par la région pour décarboner le transport. Renaud Muselier a annoncé qu'il allait lancer un plan zéro émission qui consiste à implanter des stations de remplissage d'hydrogène, en plus de bornes électriques. Il a expliqué que chaque énergie correspondait à un usage et qu'il fallait laisser le libre choix aux français. Un peu avant lui, Martine Vassal, Présidente du département des Bouches-du-Rhône, et Présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence, avait annoncé qu'elle était prête à tester des bus à hydrogène, des bennes à ordures ménagères H2 et des navettes maritimes alimentées par pile à combustible. Et ce, même si le territoire met plus l'accent en ce moment sur l'électrique à batterie. Pour l'anecdote, Martine Vassal, qui a conduit la Toyota Mirai, a proposé à Renaud Muselier de le raccompagner avec ce véhicule à hydrogène.

La Région Sud prête à basculer dans l’hydrogène

La Région Sud est très favorable à cette forme d’énergie. Elle soutient notamment le projet Jupiter 1000

(power-to-gas à Fos-sur-Mer porté par GRTgaz), Hynovar (qui repose sur un partenariat CCI du Var, Engie

Cofely, le circuit Paul Ricard, les Bâteliers de la Côte d’Azur et Hyseas Energy pour l’installation de deux

stations de production-distribution d’hydrogène et un développement de la mobilité terrestre et maritime

avec de l’hydrogène), mais aussi Hygreen Provence (un parc solaire de 1 500 hectares porté par

l’agglomération Durance Lubéron Verdon permettant de produire de l’hydrogène vert, à hauteur de la

consommation de quelque 1 400 bus, et de livrer un soutien au réseau électrique) ou encore Hyammed

(qui vise à déployer une station d’approvisionnement sur le site portuaire industriel de Fos-sur-Mer). La

Région peut d’ailleurs compter sur le pôle de compétitivité Capenergies, qui aide déjà une vingtaine de

projets et anime l’écosystème hydrogène de la région, au sein du club H2 Sud.

Des bateaux moins polluants grâce à l’hydrogène

Parce que les journées se déroulaient à Marseille, il a été question de la pollution des bateaux. Un

branchement des navires à quai au réseau électrique pourrait se faire grâce à la pile à combustible en

Page 5: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

alternative au Diesel. Marseille mais aussi Toulon étudient la question avec des projets utilisant des piles

de 2 MW. Franck Verbecke, d’Helion Hydrogen Power a rappelé que l’organisation maritime internationale

a fixé des objectifs de réduction des rejets (CO2, SOx, NOx) de 30 % en 2030 dans les ports et de 50 %

en 2050, par rapport aux niveaux de 2018.

L'Ademe souhaite une dynamique pour accélérer les projets

Invitée à s’exprimer, l’agence de l’énergie a fait le point sur les appels à projets. On a appris ainsi que, si

ces projets (les 11 retenus dans le cadre de l'AAP écosystèmes de mobilité) sont menés à bout, la France

aura réussi à atteindre en 2023 50 % des objectifs fixés dans le cadre du Plan National Hydrogène. Les

projets en question prévoient en effet 1800 véhicules, dont 1000 pour le seul projet ZEV (Zero Emission

Valley) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 70 véhicules lourds et 50 stations de remplissage (avec une

production estimée à 1400 tonnes d'hydrogène par an). A titre de comparaison, le plan Hulot prévoit 5000

véhicules légers, 200 véhicules lourds et 100 stations à l'horizon 2023. Le directeur général délégué à

l'ADEME, Fabrice Boissier, a appelé les porteurs de projets à faire preuve d'ambition et à montrer que

l'hydrogène permet d'apporter des modifications structurelles de la mobilité. Pour lui, remplacer un véhicule

Diesel par un véhicule électrique pour le même usage n'apporte pas grand-chose à la transition

énergétique. En revanche, faire des liens entre le monde industriel et la mobilité pour mutualiser la

production et la distribution est plus porteur de sens. L'ADEME espère également que le prix de l'hydrogène

va baisser. Celui-ci est estimé entre 8 et 13 euros du kg, ce qui situerait le TCO (coût de possession) du

véhicule à combustible à 5 à 20 % de plus par rapport à son équivalent Diesel. Pour l'anecdote, l'agence a

fait part de sa déception pour le récent AAP sur l'industrie. Il n'y a eu que 11 projets déposés, contre 24 sur

le thème de la mobilité. L'ADEME lancera par ailleurs un autre AAP sur les zones non interconnectées au

réseau électrique, dans les DOM-TOM, avant la fin de l'année.

1000 bus h2 en France : un programme ambitieux

C’était très clairement le temps fort de ces journées. Valérie Bouillon-Delporte (Michelin, Hydrogen Europe)

et un représentant de l'UGAP (Union des groupements d’achats publics) ont annoncé un programme

inspiré d'une initiative européenne. Sur le modèle du consortium H2 Bus, qui va permettre le déploiement

de 1000 bus à hydrogène d'ici 2023 (dont 600 dans un premier temps avec des subventions) sur le vieux

continent, la France va donc donner un coup d'accélérateur au transport public décarboné. En préambule,

Valérie Bouillon-Delporte a rappelé que le temps n'était plus à l'expérimentation, mais au passage à

l'échelle. Si quelques villes pionnières ont ou vont déployer des premiers véhicules (Versailles, Pau, Artois-

Gohelle, Toulouse, Auxerre), ce ne sont pas moins de 88 véhicules qui vont rouler un peu partout en France

d'ici quelques mois, Il s’agit désormais de passer un cap et d’aller même au-delà des objectifs du plan

National hydrogène de juin 2018 (200 véhicules lourds à horizon 2023). C'est là qu'intervient l'UGAP. La

centrale d’achat va proposer aux collectivités partenaires de fonctionner en co-prescription sur les bus

hydrogène, c’est-à-dire de bâtir ensemble des offres sur ces véhicules. Ce mode de fonctionnement a déjà

fait ses preuves, en particulier en 2011-2012 sur les Véhicules utilitaires légers électriques (groupement de

commande « 50.000 véhicules électriques » entre plusieurs grands donneurs publics et privés). Pour la

centrale, qui vend plus de 25 000 véhicules par an, il est naturel d'ajouter l'hydrogène en plus des bus

électriques ou hybrides. La construction de l'appel d'offres se fera à partir du mois de septembre.

Page 6: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Un nouvel observatoire de l'hydrogène

À l'occasion des Journées Hydrogène dans les Territoires, l'AFHYPAC (Association Française pour

l'Hydrogène et les Piles à Combustible) a dévoilé sa plateforme en ligne VIG'HY. Cette dernière se veut un

observatoire de l'hydrogène en France. Cet

outil cartographique permet de recenser

les projets, initiatives et stations de

recharge en France. Il s'appuie sur les

remontées de données de l'ensemble des

acteurs de la filière. Un système de filtres

(domaines d'application, avancement,

niveaux de pression, type de véhicules)

permet de faire le tri entre les différents

niveaux d’informations et ainsi de faciliter

la navigation. L’association souhaite ainsi rendre compte de la dynamique enclenchée par les différents

acteurs sur l'ensemble du territoire. La carte sera actualisée régulièrement.

Circuit Paul Ricard : une belle vitrine pour l'hydrogène

Le programme des visites techniques prévoyait une

escale sur le mythique circuit Paul Ricard. Le site

accueille de nombreuses manifestations sportives,

dont le Grand Prix de France de Formule 1 qui a fait

son retour en 2018. Il se trouve que le circuit est l'un

des membres du projet Hynovar, en partenariat

avec la CCI du Var, Engie Cofely et Capenergies.

Le 11 juillet après-midi, un atelier consacré aux

usages liés à la mobilité a été organisé au sein de

l’Xtrem Park, le parc de loisirs du circuit. Les

participants ont eu droit à une présentation de la

station d’avitaillement en hydrogène, installée dans

le rond-point des énergies. Ils ont pu voir aussi le prototype de course de GreenGT. Ce bolide de course à

l'hydrogène est celui qui a été développé dans le cadre de MissionH24 avec l'ACO, en vue des 24 h du

Mans en 2024. Olivier Legac, l'un des membres de l'entreprise (dont le siège est sur le circuit), a d'ailleurs

fait une présentation sur cet ambitieux projet. Lors de cette même session, il y a eu aussi des interventions

de Stéphane Arnoux, d’ENGIE Cofely, sur le projet de mobilité terrestre BtoB, ; d'Arnaud Vasquez de

Hyseas sur la mobilité maritime et urbaine en métropole ; d'Hervé Moine, de la CCI du Var, sur les futurs

projets d’Hynovar ; et de Nathalie Reitzer, Directrice des Ressources Humaines et Développement durable

du circuit Paul Ricard, sur la politique de développement durable du site. Celle-ci s'articule autour de

plusieurs axes : la production d’électricité verte grâce à 20 000 m² d’ombrières photovoltaïques

positionnées sur un des parkings du circuit (auxquels il convient d’ajouter les 1500 m² sur le hangar H5 de

l’Aéroport International du Castellet, et également 600 m² de projet de toiture au circuit) ; les usages

internes en matière de mobilité durable (flotte de véhicules électriques et projets d’acquisition de véhicules

à hydrogène (SUV et minibus H2) ; les usages externes à destination du grand public (accès 24h/24 aux

bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides, station H2) ; la mise à disposition des

infrastructures du circuit pour l’accueil de sessions de roulage de véhicules à hydrogène, puis à terme

l'organisation de compétitions ; et enfin une démarche destinée à favoriser l'acceptabilité sociale en

sensibilisant le grand public à l'hydrogène, et en organisant des opérations marketing comme le projet avec

les taxis de l’aire toulonnaise.

Page 7: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Total présent au sein de l’expo

Le pétrolier était l’un des exposants des Journées Hydrogène dans les Territoires de Marseille. Total a en

effet pris un stand, sur lequel il a mis en avant son partenariat avec MissionH24 (la voiture de course

élaborée par GreenGT pour l'ACO et qui permet de valider l'arrivée aux 24 h du Mans d'une catégorie

hydrogène). On pouvait aussi voir à travers une maquette comment fonctionne l'électrolyse pour produire

de l'hydrogène vert. Mais surtout, Total a édité une brochure pratique ("Tout sur le véhicule à hydrogène")

qui explique le fonctionnement de cette source d'énergie. "Si le parc de véhicules à hydrogène est encore

modeste, nous innovons dans des projets pilotes pour préparer la mobilité de demain. La voiture à

hydrogène présente de sérieux atouts : elle combine les avantages des véhicules électriques en termes

d'émissions et ceux des véhicules thermiques classiques en termes d'autonomie et de temps de recharge",

peut-on lire en introduction. On y apprend à la fin que le pétrolier est partenaire en Allemagne du réseau

H2 Mobility, qui comprendra 400 stations en 2023. Le groupe est impliqué depuis 2002 dans ce pays dans

le domaine de l'hydrogène. Dans le cadre des conférences, Isabelle Patrier, Présidente de Total

Développement, a annoncé que le groupe comptait exploiter 35 stations à hydrogène en Europe d'ici fin

2019. Cette source d'énergie s'ajoute aux bornes de recharge (300 stations de charge rapide, 170 000

points de charge d'ici 2025), du GNV (350 stations en 2022) et aux biocarburants. Total soutient par ailleurs

des start-up françaises dans l'hydrogène, dont par exemple Hysilabs et Sunfire.

Dunkerque accueillera les journées hydrogène en 2020

En clôture des journées, l'AFHYPAC a révélé

que la prochaine ville à accueillir ces journées

serait Dunkerque. Sur Twitter, Frédéric

Nihous, conseiller régional délégué à la

transition énergétique se dit "très heureux de

voir les Hauts-de-France retenus pour

l'organisation 2020 des Journées de

l'Hydrogène dans les territoires". Dunkerque

est en pointe dans le cadre du projet Grhyd

(Gestion des réseaux par l’injection

d’hydrogène pour décarboner les énergies).

Inauguré en juin 2018 et piloté par Engie, ce projet vise à tester le « power-to-gas » dans un écoquartier

tout neuf. Le 11 juin, le démonstrateur Grhyd a injecté 20 % d’hydrogène dans le réseau de distribution de

gaz naturel du quartier « Le Petit Village », à Cappelle-la-Grande. Il s’agit du taux maximum que s'était fixé

Engie pour ce projet de « power-to-gas ». Dans le Pas-de-Calais, il y a bien sûr d'autres initiatives dans le

domaine de l'hydrogène. On pense notamment aux bus qui vont rouler près de Houdain, à l'initiative du

Syndicat mixte des transports Artois-Gohelle. La région est favorable à cette forme d'énergie, puisqu'elle

la qualifie de "3ème révolution industrielle". L'hydrogène a été identifié comme l'un des 10 grands projets

structurants, notamment pour faciliter l'intégration des EnR. Parmi les acteurs locaux, on peut citer

Pôlénergie, qui veut traduire la transition énergétique en opportunité économique pour les entreprises et

territoires des Hauts-de-France. Créé en 2011 par la volonté du Conseil régional du Nord-Pas de Calais et

la Communauté Urbaine de Dunkerque, l’association Energie 2020, qui devenue en 2018 Pôlénergie,

rassemble une centaine de membres comprenant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’énergie

(Production, Transport, Distribution, opérateurs, électro-intensifs, équipementiers), les territoires,

associations et enfin le monde académique.

Bref retour en vidéo avec quelques questions aux acteurs institutionnels et industriels présents lors de cette

édition :

https://youtu.be/2YkpSlc31WY

https://youtu.be/NMntyPTZ7bo

Page 8: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

TRIBUNE

Energy Observer au Spitzberg : « une première mondiale et un appel sur l’urgence absolue d’agir pour ralentir le changement climatique » par Victorien Erussard et Jérôme Delafosse

Pour l’équipage d’Energy Observer, cette escale est sans doute la plus symbolique de son Odyssée en Europe du Nord.

Plus qu’ailleurs sur la planète, le Svalbard est un véritable baromètre climatique mondial. Soumis à tous les courants marins et aériens, on y constate des variations de températures impressionnantes, atteignant parfois les 30 degrés Celsius en 24h. Les scientifiques appellent ces phénomènes l’Amplification Arctique ou Polaire, surtout sensibles depuis une dizaine d’années : le Spitzberg sur-réagit à tous les facteurs climatiques et sa température augmente 2 à 3 fois plus vite qu’ailleurs.

Rejoindre cette zone grâce aux énergies renouvelables et à l'hydrogène décarboné constitue un symbole fort : il est aujourd’hui possible de développer une mobilité respectueuse de l’environnement, et ce même dans des conditions météorologiques extrêmes.

Victorien Erussard, capitaine et fondateur d’Energy Observer :

« Cette navigation vers le Svalbard avec des eaux et des températures extrêmement basses nous a permis de tout tester, du stockage à la production d’Energies renouvelables. Une véritable course contre les énergies fossiles, que l’on ne pouvait pas perdre. Au cœur de l’Arctique, la mixité énergétique s’est montrée particulièrement efficace et nous prouve tout son potentiel également à terre. Il est ainsi possible de se déplacer autrement aujourd’hui. Nous espérons contribuer à notre échelle à l’accélération du déploiement des ENR et de l’hydrogène vert qui sont des éléments clefs pour faire face au changement climatique et à nos besoins énergétiques futurs. »

En moins de 20 ans, l’Arctique a perdu 1,6 million de kilomètres carrés de glace. Cette fonte des glaces qui s’accélère a des conséquences pour l’écosystème local, mais aussi pour le reste du globe à court, moyen et long terme.

Jérôme Delafosse, Chef d’expédition :

« Atteindre l’Arctique grâce aux énergies renouvelables et à l’hydrogène pouvait sembler irréalisable mais nous l’avons fait. Au-delà du challenge technologique, c’est un message politique que nous souhaitons transmettre. Le Spitzberg représente le ground zero du changement climatique, c’est là que l’on constate de manière la plus évidente les effets dévastateurs de l’humanité sur le climat et la biodiversité. Nous voulions prouver que si on peut naviguer en milieu extrême grâce à ce navire, demain tout le monde pourra vivre grâce aux ENR et nous aurons un vrai levier pour transformer le monde. C’est vrai, nous sommes les premiers à accomplir

cet exploit, mais il ne s’agit pas là d’une compétition, nous apportons notre pierre à l’édifice pour sensibiliser citoyens, décideurs et industriels à l’urgence absolue de réconcilier l’homme et la nature. Les décisions que nous prendrons dans les années à venir auront un impact sur les prochains millénaires. »

Page 9: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Ce voyage a également renforcé le rôle d'Energy Observer comme accélérateur de la recherche et du développement en testant en conditions extrêmes des technologies innovantes. Au cours de cette traversée depuis Saint-Pétersbourg, l’équipage et les ingénieurs ont beaucoup travaillé sur les ailes de propulsion éoliennes Oceanwings®. Ces ailes, testées pour la première fois sur un navire de cette dimension, ont pu être optimisées dans le mix énergétique du bateau, grâce aux retours d’expériences des navigations avec des conditions météorologiques complexes : peu de soleil, fort vent de face, grains, mer contraire. L’hydrogène a de nouveau joué son rôle clef pour pallier l’intermittence des ENR. D’autant plus sous des latitudes hautes où le soleil est plus bas et où le froid nécessite une gestion encore plus précise des dépenses énergétiques et de la vie à bord. Toutes les expéditions polaires, même sur les voiliers, ont habituellement recours aux énergies fossiles et seule la gestion fine du mix énergétique d’Energy Observer a permis cet exploit.

Energy Observer poursuit ainsi sa double mission de laboratoire des clean-tech tout en témoignant de l’urgence climatique. Porteur de solutions concrètes et positives, son parcours en Arctique le place aussi aujourd’hui devant des constats alarmants, et sa mission d’ambassadeur des Objectifs de Développement Durable fixés par l’ONU à l’agenda 2030 l’oblige à témoigner d’une urgence absolue et incontestable. Parce qu’au lendemain du G7 et à la veille du sommet pour le climat à New York et de la COP 25 au Chili, nous devons prendre conscience que les décisions d’aujourd’hui vont impacter la planète pour des siècles, alors que les solutions existent et démontrent leur viabilité.

Victorien Erussard, Capitaine et fondateur

Jerôme Delafosse, Chef d'expédition

Copyright photos : Amélie Conty

ACTUALITES FRANCE

Le premier Febus est arrivé à Pau

Ce vendredi 6 septembre, les habitants de Pau vont pouvoir découvrir le premier exemplaire du Febus, le

bus à hydrogène articulé de 18 m fabriqué par Van Hool. Il est arrivé très récemment en provenance de

Belgique. Les 7 autres vont arriver progressivement. Une autre date est à retenir, celle du 19 septembre.

Ce sera celle de l'inauguration de la station d'hydrogène. Intégrée au dépôt de bus, elle produira de

l'hydrogène vert. Suivra ensuite une série de tests. Ce n'est que quand tout sera prêt, d'ici deux mois, que

le Président de la République, Emmanuel Macron, viendra inaugurer ce service de bus à haut niveau de

service utilisant de l'hydrogène.

Projet Road : une remorque frigorifique à l’hydrogène unique

au monde

Assemblée par l’entreprise Chéreau, la première semi-

remorque frigorifique au monde fonctionnant à l’hydrogène

avait été présentée le 4 juillet dernier en Normandie. Elle a

ensuite été testée par un transporteur local, la société

Malherbe. En ce mois de septembre, la remorque a aussi été

exposée à Belfort. Il se trouve que le projet ROAD a été

labellisé par le Pôle Véhicule du Futur et que les technologies

liées à la pile à combustible ont été développées par deux

acteurs régionaux (la fédération FCLAB et la start-up

Page 10: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

H2SYS), situés justement à Belfort. La production d’énergie électrique à partir d’hydrogène est assurée par

un groupe électrogène à pile à combustible, logé à bord de la remorque. Ce groupe électrogène possède

une capacité en hydrogène de 14 kg, stocké à 350 bars dans des réservoirs haute pression. Du côté

électrique, le groupe est doté d’un système pile à combustible développant une puissance de 10 kW et

fourni par la société H2SYS. Il est assisté d’un pack batterie de technologie Lithium-Fer-Phosphate qui

offre un stockage tampon en énergie électrique d’une capacité de 28 kWh. L’ensemble permet d’assurer

une autonomie de 60 h en conditions critiques. Impliquant plusieurs autres partenaires (Amvalor, Arts et

Métiers ParisTech, Carrier Transicold, Tronico Alcen, plis les pôles de compétitivité ID4Car et Mov’eo), le

projet ROAD était un projet collaboratif FUI (Fonds Unique Interministériel), cofinancé par les partenaires,

la Région Bourgogne-Franche-Comté, la Région Normandie et l’Etat (Bpifrance).

Le vélo à hydrogène star du g7 de Biarritz

Du 24 au 26 août, Biarritz a accueilli le sommet du G7. Un

événement majeur pendant lequel une trentaine de chefs

d’États ou de gouvernements ont séjournée au Pays

Basque. Ce sommet a été l’occasion pour ENGIE, l’un des

mécènes, de mettre à disposition 200 vélos à hydrogène

fabriqués localement par Pragma Industries. Ils ont été

utilisés entre autres par les journalistes accrédités, afin qu’ils

se déplacent sur les différentes zones aménagées pour le

sommet. C'est une première application de prestige pour

ces vélos, qui pourraient bien par la suite rester dans la région. ENGIE Cofely et Pragma Industries étudient

déjà la question avec la Communauté d’Agglomération du Pays Basque et le soutien de la région Nouvelle

Aquitaine. Mais on retiendra surtout que les vélos H2 de Pragma seront de la partie, lors de la prochaine

COP25 à Santiago du Chili, du 2 au 3 décembre. Il se trouve que le président Chilien, Sebastián Piñera, a

profité du G7 de Biarritz pour tester l’un de ces vélos à hydrogène. "Il l’a trouvé très facile à prendre en

main, léger et impressionné par la technologie made in France", a expliqué Jean Baptiste Lemoyne, le

secrétaire d’Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires Etrangères, cité par France Inter. Du coup,

le chef d'Etat a carrément passé commande à Pragma de 1 000 vélos pour la COP25. "C’est un challenge

industriel pour nous puisqu’il n’y a que quatre mois qui nous séparent de l'événement", assure Pierre Forté,

le PDG de Pragma. C'est une commande de prestige pour l'entreprise biarrote. Cerise sur le gâteau :

Sebastián Piñera envisage aussi d'implanter des vélos à hydrogène sur l'île de Pâques.

Une autonomie accrue pour les vélos h2 de Pragma

Déjà largement compétitifs en matière d'autonomie, par

rapport à un vélo électrique à batterie, les vélos à

hydrogène de Pragma Industries sont encore plus

performants. Grâce à de nouveaux réservoirs en

composites, stockant l'hydrogène à une pression de 300

bars (au lieu de 200), le rayon d'action passe à 150 km

au lieu de 100. L'entreprise basque a choisi de travailler

avec AMS composite cylinders, un fournisseur situé à

Sheffield, en Angleterre. Cet acteur est spécialisé dans

des produits ultra légers, basés sur un process innovant à base de fibre de carbone. Cette augmentation

de 50 % de l'autonomie permet de rouler pendant une semaine sans refaire le plein. La même société AMS

a enregistré des résultats comparables sur d'autres produits, comme par exemple les drones à hydrogène.

Page 11: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Renault va aller à terme vers l'hydrogène

Interrogé par la chaîne LCI, le nouveau patron de Renault, Jean-

Dominique Sénard, s'est livré à un plaidoyer en faveur de l'hydrogène.

Ce n'est pas très étonnant car il dirigeait il y a encore quelques mois

Michelin, une entreprise qui s'investit beaucoup dans la filière.

Bibendum a en effet acquis Symbio*, une pépite française qui

développe une pile à combustible et qui est au centre de la joint-

venture avec Faurecia. "L'hydrogène, nous n'avons pas fini d'en

parler". C'est ce qu'a déclaré Jean-Dominique Senard sur la chaîne

d"information continue. Jusqu'à présent, la technologie n'était pas à

l'ordre du jour au sein de la marque au losange. C'est un choix qui

remonte à l'époque de Carlos Ghosn. L'ex-PDG avait tranché : Renault

s'occuperait de la voiture électrique, le développement de l'hydrogène

étant laissé à Nissan. Aujourd'hui, Renault a dans sa gamme des

véhicules 100 % électriques et s'apprête à lancer aussi des modèles hybrides (rechargeables ou non). A

terme, l'hydrogène pourrait compléter l'offre. Mais, Jean-Dominique Sénard n'a toutefois pas annoncé de

date.

*On peut rappeler que le constructeur français transforme des Kangoo ZE en utilitaire à hydrogène, en

intégrant une pile de Symbio.

La PFA en visite au FC Lab de Belfort

Preuve que le secteur de l'automobile s'intéresse à

l'hydrogène : le FC LAB de Belfort a reçu hier la visite d'une

délégation de la PFA (Plateforme de la Filière Automobile &

Mobilités). Cet organisme, qui regroupe les acteurs de cette

industrie en France, était représenté par deux de ses

instances : le CTA (Comité Technique Automobile) et le

CRA (Comité de la Recherche Automobile). Les

représentants de la filière auto ont pu ainsi découvrir la

plateforme piles à combustible de l’UTBM (Université de

Technologie de Belfort-Montbéliard). Des présentations assurées par le Pôle Véhicule du Futur, le FCLAB

et le FEMTO-ST ont permis de mieux faire connaître la stratégie Hydrogène en Bourgogne-Franche-

Comté. Précisons que, outre les installations, dont un banc d'essai longue durée, la PFA a pu apercevoir

également sur place la première semi-remorque frigorifique fonctionnant à l’hydrogène. Elle a été

développée dans le cadre du projet ROAD, en coopération avec le FC LAB.

Un nouvel actionnaire pour les taxis Hype

Kouros, une société d’investissement industriel dans les énergies propres, et basée au Luxembourg, a

décidé de s’engager dans la mobilité décarbonée. Elle a pris une participation dans les deux sociétés liées

au projet Hype (les taxis à hydrogène en région parisienne). Il s'agit d'une part de la STEP (Société du Taxi

Électrique Parisien), qui exploite ce service sous la marque Hype (aux côtés d’Air Liquide et de la Banque

des Territoires) ; mais aussi d'HysetCo. Cette dernière est une société dédiée au développement de la

mobilité hydrogène, avec pour autres partenaires la STEP, Air Liquide, IDEX et Toyota. Les montants n'ont

pas été communiqués. "Hype est un projet emblématique car il démontre que la mobilité zéro émission est

aujourd’hui possible pour les taxis et VTC", commente Florent Bergeret, Directeur des Investissements

chez Kouros France. "D’ores et déjà première flotte mondiale de taxis hydrogène, Hype contribue dès à

présent à l’amélioration de la qualité de l’air des Parisiens, et nous souhaitons voir ainsi émerger une

Page 12: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

plateforme zéro émission accessible à l’ensemble des taxis et VTC d’Île-de-France", conclut le nouvel

investisseur.

Bus à hydrogène : Auxerre lance son appel d'offres

Selon le site spécialisé Transbus.org, la communauté d'agglomération de l'Auxerrois vient de lancer un

appel d'offres pour la fourniture et la maintenance de 5 autobus à hydrogène. D'une longueur de 12 mètres,

ces bus devront être équipés d'une pile à combustible et pouvoir parcourir 300 kilomètres par jour. Le

cahier des charges précise aussi que des batteries auxiliaires doivent permettre aux bus de parcourir au

moins 10 kilomètres pour rejoindre la station d'avitaillement en hydrogène. Le constructeur devra en

assurer la maintenance pendant 15 ans. Ces bus sont destinés à la ligne 1 du réseau Léo, opéré par une

filiale de Transdev. L'exploitation de cette ligne nécessite quatre véhicules en simultané, le cinquième étant

un bus de réserve. L'objectif est une mise en service en décembre 2020. Le plein va s'effectuer à la future

station à hydrogène, située à moins d'un kilomètre du centre d'exploitation du réseau Léo. Celle-ci sera

alimentée par de l'hydrogène vert, produit à partir de courant fourni par des éoliennes. Rappelons que le

projet AUXR_H2 fait partie des 11 retenus par l'ADEME suite à l'appel à) projet écosystèmes de mobilité

hydrogène.

Vannes signe la charte Morbihan hydrogène

Selon Ouest France, la ville a adhéré à la charte "Morbihan

hydrogène". Ce label, qui est une première sur le territoire

national, vise à développer la production d’un hydrogène vert à

partir d’énergie locale. Il a été initié par le syndicat Morbihan

énergie. Une station de production et de distribution

d'hydrogène a été implantée à Vannes-Luscanen, en 2017.

C'est la première étape d’une série de projets qu’accompagne

Morbihan énergies en vue d’un développement de l’hydrogène

auprès des collectivités et des acteurs économiques du

département. On peut citer notamment la future station du Prat,

à Vannes, en collaboration avec Engie, près de l’usine Michelin.

C’est un projet qui a été retenu par l’Ademe. Divers organismes sont déjà signataires de cette charte, dont

l’usine Michelin, les transports Delanchy et Rault, les sociétés Véolia, Fidéli Course, Yves-Rocher, la CCI

du Morbihan, le Parc naturel régional du golfe et le Parc de Branféré.

De l'hydrogène vert à partir du bois à Strasbourg pour la

mobilité

Un démonstrateur industriel de production d’hydrogène à

partir de biomasse est annoncé pour 2021 à Strasbourg,

où cette énergie décarbonée permettra de faire tourner

quotidiennement une cinquantaine d’autobus ou véhicules

équivalents. Il s'agira d'une première mondiale. Cette unité

de production sera installée dans les ateliers de R-GDS

(ex Gaz de Strasbourg), dans le quartier de la Meinau,

dans le cadre d'un partenariat* avec l’entreprise Haffner

Energy. Cette dernière, qui est une PME de Vitry-le-

François (Marne), a développé un procédé innovant (Hynoca). Il repose sur la thermolyse (chauffage) de

la biomasse et la gazéification, de façon à obtenir "l'hydrogène renouvelable le plus compétitif qui soit",

"pur à 99,97 %. Pour la biomasse, Haffner Energy a fait le choix de la matière organique issue du bois et

de déchets agricoles et forestiers. A Strasbourg, ce sont des plaquettes forestières, qui sont les bois laissés

en forêt après la récolte, qui seront utilisées pour produire de l'hydrogène. Le procédé Hynoca permet de

Page 13: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

ne pas rejeter de CO2 dans l'atmosphère et de baisser les coûts à 5 euros pour 1 kg d'hydrogène. Autre

intérêt de la technologie : le gaz de synthèse issu de la thermolyse peut être utilisé pour produire de la

chaleur si la demande en hydrogène était insuffisante. Tout l'intérêt de l'opération est de valider à l'échelle

industrielle une nouvelle façon de produire de l'hydrogène. "Les Haffner l'ont fait à une échelle dite de

pilote. Là on va passer au côté industriel, de 6 kilos à 600 par jour", détaille Martine Mack, directrice

générale de R-GDS. Laquelle précise que cet "opérateur de la transition énergétique" aime être "pionnier"

et qu'il se trouve "sur un territoire qui a des ambitions en la matière, à savoir 100 % d'énergie renouvelable

d'ici 2050". Dimensionnée pour produire à terme 216 tonnes/an, l'unité de production commencera dans

deux ans à produire environ 110 tonnes annuelles. L'installation représente un investissement de 7 millions

d'euros en études, construction et frais divers. La première application pressentie est l'alimentation d'une

trentaine de bus pour le transport urbain à Strasbourg, qui seraient rechargés la nuit, une fois arrivés au

bout de l'autonomie évaluée à 300 kilomètres. D'autres véhicules pourront bénéficier aussi de cet

hydrogène vert produit à partir du bois.

*Pour créer l'unité industrielle, R-GDS et Haffner Energy ont constitué en juillet une société commune, R-

Hynoca (Réseau Hydrogen no carbon).

Touraine Vallée de l’Indre inaugure sa station à hydrogène

Le 21 septembre, la communauté de communes du sud de la Touraine inaugure en présence d’élus sa

station de production et de distribution d’hydrogène vert à Sorigny. Installé par McPhy, ce point de recharge

est destiné à l’alimentation des 10 Kangoo H2 acquis par la collectivité. Touraine Vallée de l’Indre profite

aussi de cette opération pour présenter aux invités les 15 vélos à hydrogène de Pragma qui sont arrivés

cet été et ont été proposés à la location pendant la saison touristique.

Le patron de la SNCF confirme l'arrivée du train à hydrogène

Interrogé par BFM TV, le PDG de la SNCF,

Guillaume Pépy, a annoncé que des trains à

hydrogène allaient circuler sur le réseau d'ici

deux à trois ans. La vocation de ces trains est

de remplacer les locomotives Diesel sur les

lignes régionales non électrifiées. "D'ici

quelques semaines, en mettant autour de la table six régions, l'Etat, Alstom, on va signer un contrat pour

construire une quinzaine de trains à hydrogène". Ce projet a pour ambition de réduire le niveau de pollution

aussi bien en ville qu'à la campagne. "Ces trains ne rejettent que de l'eau, pas de particule, pas de

polluants,", précise Guillaume Pepy. En parallèle, la SNCF va aussi développer le parc de trains à

motorisation hybrides. En 2018, Alstom, a mis en service un train à hydrogène (le Coradia iLint)

spécifiquement développé pour l'Allemagne. L'industriel travaille sur la version française, en lien avec la

SNCF et les régions.

L'industrie aéronautique considère l'hydrogène pour réduire

ses émissions de CO2

C'est une déclaration qui est passée un peu inaperçue lors du

salon du Bourget. Le 18 juin dernier, sept des plus importants

acteurs de l'industrie mondiale (Airbus, Boeing, Dassault,

General Electric, Rolls-Royce, Safran ainsi que l'américain UTC,

propriétaire du motoriste Pratt & Withney) ont pris la parole lors

d'une conférence commune pour annoncer leur engagement à

tout mettre en oeuvre pour tenir la promesse du secteur de

réduire ses émissions de CO2 de moitié d'ici 2050, par rapport au

Page 14: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

niveau de 2005. Un engagement qui intervient, alors que le transport aérien double tous les 15 à 20 ans,

et que l'industrie est sur la sellette depuis plusieurs mois en raison de son impact sur le climat. Une dépêche

de l'Agence France Presse rapporte que "malgré d'évidents progrès, les architectures actuelles d'avions et

de moteurs ne sont plus suffisantes pour résoudre l'équation et il faudra en passer par des solutions

innovantes". Les industriels ont l'intention notamment d'utiliser des matériaux allégés et d'électrifier les

avions. "Au-delà de l'électricité, c'est du côté de l'hydrogène que regarde l'industrie", a expliqué Bruno

Soufflet, directeur technique de Dassault Aviation. "Avec plusieurs avantages, dont celui non négligeable

que la molécule peut être créée grâce à l'eau et au soleil. L'hydrogène pourrait être une solution low-cost",

a-t-il même estimé. Toutefois, sa distribution devra être effectuée à des coûts réduits. L'AFP souligne par

ailleurs qu'avant de le voir monter à bord des avions, l'hydrogène devra d'abord être certifié et la législation

adaptée.

Energy Observer lance une filiale pour développer

l'hydrogène en Mer et dans les ports

A l’occasion du Solar & Energy Boat Challenge à Monaco, qui se déroulait en juillet dernier, Energy

Observer lance sa filiale Energy Observer Developments. L’ambition de cette nouvelle phase du projet est

de proposer des solutions disruptives, innovantes, fiabilisées et accessibles aux différentes communautés

maritimes et portuaires. L'objectif est de déployer de l'hydrogène propre sur l'ensemble du territoire, en

particulier maritime, et devenir leader européen des systèmes énergétiques marinisés, décarbonés et

décentralisés. Trois solutions complémentaires sont développées dans cette nouvelle structure :

-Les Écosystèmes H₂ 360, qui mettent à profit l’expérience d’Energy Observer en matière de corrosion, de

ventilation et de gestion de l’hydrogène en milieu hostile pour proposer des solutions aux zones littorales

en matière de stations 360. L’une des convictions d’Energy Observer, forgée auprès des principaux acteurs

de la filière, est qu’il faut mutualiser les consommateurs d’hydrogène pour pouvoir fabriquer ce dernier à

un prix concurrentiel. Dans cette perspective réaliste, les transports maritimes sont stratégiques et donc

les zones portuaires prioritaires.

-Energy Designer, le bureau d’études de la mixité des énergies renouvelables. Toujours grâce aux

nombreuses expérimentations solaires, éoliennes, d’hydrogénération ou encore de mutualisation des flux,

développées sur le catamaran Energy Observer, les ingénieurs de l’équipe possèdent une expérience

unique de l’innovation réaliste. Après avoir recruté des ingénieurs spécialisés dans les ENR

complémentaires à celles du bateau, ce bureau d’études entend répondre aux enjeux de chaque territoire,

entreprise ou collectivité en optimisant la mixité des énergies disponibles.

-GEH₂, le groupe électrogène à hydrogène de nouvelle génération. Ce dernier métier est sans doute le

plus ambitieux puisqu’il passe par l’alliance des meilleures compétences en matière de propulsion maritime

et de stockage d’énergie en milieu hostile. L’objectif est de fiabiliser, assembler et diffuser un générateur

H₂ qui pourra remplacer des groupes électrogènes diesel, avec une attention toute particulière aux besoins

maritimes urgents. Ce nouveau produit devra proposer une alternative propre, mais aussi accessible et

concurrentielle aux moteurs à explosion dont l’usage sera à terme restreint ou interdit dans de nombreuses

zones maritimes ou fluviales.

Helion Hydrogen power : la nouvelle marque d'Areva

HELION Hydrogen Power devient le nom de marque d’AREVA pour le Stockage d’Energie. Ce changement

de marque s’inscrit dans la volonté d’accélérer la mutation industrielle de l’entreprise. Le fabricant français

de Pile à Combustible (de petite et forte puissance) peut ainsi accompagner et renforcer sa stratégie de

commercialisation autour de nouveaux produits dédiés aux applications stationnaires (générateurs

électriques, groupes de secours, batteries hydrogène) et à la mobilité lourde (maritime, fluviale et

ferroviaire). Capitalisant sur 20 ans d'expérience, HELION assure également l’intégration de solutions

Page 15: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

hydrogène complexes et la réalisation de prestations d’assistance à Maîtrise d’Ouvrage. Initié en fin

d’année dernière, le plan d’industrialisation de l’entreprise va prochainement se matérialiser par la mise en

service, d'ici la fin de l'année, d’une unité de production moderne dédiée à l’assemblage automatisé des

cœurs de pile et des systèmes. Cet outil industriel permettra de produire l’équivalent de 500 stacks/an en

2022, et contribuera ainsi à diviser les coûts de production par 3.

Une ferme solaire et une station d'hydrogène pour Montargis

Selon la presse locale, l’agglomération Montargoise Et

Rives du Loing (AME*) souhaite se doter d'une ferme solaire

géante sur une superficie de 50 hectares. Celle-ci serait

implantée à proximité de l’aérodrome de Vimory. L'idée est

d'installer des panneaux photovoltaïques entre et autour des

pistes, sur des terrains non constructibles. Cette production

d'énergie verte entre dans le cadre du Plan climat énergie

territorial (PCET), signé en 2013 par l’Agglo et le Pays

Gâtinais. L'énergie solaire fait partie de ces piliers, tout

comme l'éolien et la filière bois. La particularité du projet

vient du fait que la ferme solaire a aussi pour finalité de

contribuer à produire de l'hydrogène vert. Ce point est

mentionné dans l'appel à manifestation d’intérêt lancé en fin de semaine dernière, et qui court jusqu’au 10

septembre. L'agglo de Montargis souhaite en effet se doter d'une station d'hydrogène. Elle pourrait venir

alimenter des bus au sein du réseau Amelys (le réseau de transport local). La station pourrait aussi

intéresser d'autres acteurs, comme des transporteurs privés ou des entreprises.

L'hydrogène au programme de la feuille de route Néo Terra de

la Nouvelle-Aquitaine

Le 9 juillet dernier, les élus de la région Nouvelle-

Aquitaine se sont réunis en séance plénière afin

d'adopter la feuille de route Néo Terra, dédiée à la

transition énergétique et écologique. Elle se fixe 11

ambitions, accompagnées d’engagements chiffrés et

d’actions concrètes à l’horizon 2030. L'hydrogène fait

partie des solutions retenues, dans le domaine de la

mobilité et pour le mix énergétique. Pour ce qui

concerne les mobilités, la région veut dédieseliser les

trains régionaux. L'hydrogène est un candidat naturel

pour l'hydrogène, ce type de propulsion étant soutenu localement par au moins deux députés. L'objectif

est également de verdir la flotte de cars régionaux et de développer la mobilité hydrogène au moyen de

stations de remplissage, en plus de bornes de recharge électriques et de stations au bioGNV. La région,

qui se fixe un objectif de 45 % d'énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2030, puis 100 % en

2050, veut investir dans le power-to-gas. Elle souhaite expérimenter la production et l'usage de l'hydrogène

vert, en plus de la méthanisation, du solaire et de l'éolien. "Néo Terra n'est pas le point d'arrivée, mais le

point de départ. C'est un texte fondateur qui redonne du sens à l'action publique, avec pour ambitions

d'anticiper et d'embarquer pour co-construire", a déclaré Alain Rousset, le Président de la région Nouvelle-

Aquitaine.

Page 16: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Powidian inaugure sa plateforme hydrogène

En face de ses locaux situés en Touraine, à La Ville-aux-

Dames, la société doit inaugurer sa nouvelle plateforme

sur l’hydrogène le 10 septembre, en présence de 150

invités, dont des élus locaux. Powidian a aménagé sur 1

800 m2 une plateforme sur l'hydrogène qui est inaugurée

ce jour. Il s'agit d'une vitrine permettant de mettre en

valeur son savoir-faire en matière de stations autonomes

utilisant des énergies renouvelables. Des panneaux

solaires, d'une capacité totale de 70 kW, permettent de

recueillir de l'énergie électrique qui est stockée dans des

batteries-tampon, puis utilisée pour alimenter des

électrolyseurs qui vont ensuite produire de l'hydrogène.

Celui-ci est ensuite stocké en bouteilles. Powidian y présente notamment son groupe électrogène MobHyl

Power M30, d'une puissance de 30 kW et qui est une alternative aux groupes à moteur thermique. La pile

à combustible intégrée permet de fournir du courant électrique sans bruit et sans émissions. Ce site en

extérieur est aussi l'occasion de découvrir le SSPAC 100, un conteneur qui abrite une pile à combustible

d'une puissance de 100 kW (d'origine Ballard). La société a aménagé cet espace pour présenter ses

réalisations, mais aussi et surtout pour y faire des tests. Elle peut ainsi assembler des équipements

modulaires et s'assurer de leur bon état de fonctionnement avant de les envoyer dans des îles ou dans

des sites retirés. Il est à noter que Powidian a aussi un espace de test à l'intérieur de ses bâtiments. Les

deux sont d'ailleurs reliés entre eux, au niveau de la puissance électrique. L'installation des panneaux

photovoltaïques permet à l'entreprise de produire plus d'énergie qu'elle n'en consomme. La chaîne

hydrogène qui a été mise en place pourrait à terme alimenter une petite station.

ACTUALITES INTERNATIONALES

8 millions de KM parcourus dans le cadre du projet h2me

Entamé en 2015, le projet Hydrogen Mobility Europe (H2ME) a atteint son rythme de croisière avec le

déploiement de 500 véhicules à pile à combustible et de 30 stations de remplissage en Allemagne, en

France*, en Scandinavie, au Royaume-Uni et dans d’autres pays. Les véhicules ont parcouru au total plus

de 8 millions de kilomètres, dont 5 millions en 2018. Des données plus détaillées seront annoncées le 25

octobre prochain, lors d'une conférence prévue à Hambourg. Le contexte actuel joue en faveur de

l'hydrogène. La décision de certains pays (France, Grande-Bretagne, Norvège, Pays-Bas), ou de certaines

villes, d'interdire les motorisations thermiques incite les industriels à accélérer la transition énergétique. Le

PDG de Symbio, Fabio Ferrari, souligne que la France devrait avoir 2 000 camions et 20 000 utilitaires

légers roulant à l'hydrogène en 2028. Il voit dans le projet H2ME un levier pour favoriser les volumes et la

baisse des composants. Le projet prévoit à terme, en 2022, 1 400 véhicules (voitures et vans) et 49 stations

à hydrogène.

*En France, les partenaires sont : Air Liquide, AREVA H2GEN, la Communauté d’Agglomération

Sarreguemines Confluence, la CNR, GNVERT, Hydrogene de France, McPhy Energy, Michelin, Renault,

Renault Trucks, la SEMITAN, la STEP et Symbio.

Page 17: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

BMW confirme l'arrivée de voitures à l'hydrogène

La firme de Munich ne met pas tous ses oeufs dans le même

panier. Bien qu'engagée dans un plan ambitieux

d'électrification (25 modèles hybrides rechargeables et

électriques d’ici à 2023), elle estime que la batterie n'est pas

une solution unique et mise aussi sur la pile à combustible.

BMW, qui a envoyé un certain nombre de signaux depuis

quelques mois, a confirmé récemment que le premier modèle

à hydrogène serait un X5. Ce SUV sera proposé en petite

série afin de tester la demande, au début de la prochaine

décennie. L'annonce a été faite par Klaus Fröhlich, le patron

de la recherche. Le vrai rendez-vous est fixé à 2025. A cette date, le constructeur allemand sera en mesure

de proposer un véritable modèle de série, en partenariat avec Toyota. BMW, qui avait développé une Série

7 à hydrogène tout en conservant le moteur thermique au début des années 2000, a fait le choix de la pile

à combustible, qu'il a intégrée sur deux prototypes (une i8 et une Série 5 GT).

Israël veut aider Hyundai à faire des voitures plus propres

Selon le site Israel Valley, qui reprend lui-même ces infos

du Korea Herald, le président israélien Reuven Rivlin a

profité d'une visite officielle de cinq jours en Corée du Sud

pour rencontrer Chung Euisun, vice-président exécutif de

Hyundai. Les deux hommes se sont rencontrés au centre

de R&D du constructeur à Namyang. La visite a été

l'occasion d'évoquer la collaboration entre Hyundai et les

start-up d'Israël, dont la compétence est reconnue dans

le domaine de la voiture propre, intelligente et connectée.

Grâce à un incubateur lancé en novembre à Tel Aviv,

Hyundai a signé une série de partenariats stratégiques

avec des jeunes pousses israéliennes dont la société H2 Pro. Cette dernière a développé un procédé

innovant d'électrode au niveau de l'électrolyse, afin de produire de l'hydrogène à partir d'énergies

renouvelables et pour un coût abordable. La venue du président israélien Reuven Rivlin a été l'occasion

de faire une présentation technologique sur la pile à combustible, qui équipe la Nexo. Il est intéressant de

constater qu'Israël, qui a d'abord cru à l'essor du véhicule électrique à batterie (projet avec Better Place

d'échange de batteries qui devait se faire à l'échelle du pays et en association avec Renault), s'intéresse

aujourd'hui à l'hydrogène.

500 Mirai pour les JO de Tokyo en 2020

Partenaire au niveau mondial des Jeux Olympiques et

Paraolympiques, le constructeur japonais a vu grand pour

les JO de Tokyo en 2020. Il va y déployer pas moins de 3

700 véhicules, dont 90 % seront électrifiés. Ce sera d'ailleurs

la flotte la plus verte de toute l'histoire des jeux olympiques,

avec une moyenne de 80 g par km de CO2. Il y aura bien

entendu des hybrides, qui constitueront le plus gros de la

troupe. Mais, Toyota a aussi prévu 850 véhicules électriques à batterie (dont des navettes et des engins

de mobilité personnelle) et 500 véhicules à hydrogène. Ces derniers seront des Mirai. En plus de cette

flotte officielle, le constructeur va mettre en circulation des bus Sora à pile à combustible. Il a aussi prévu

des chariots-élévateurs à hydrogène. C'est une façon pour Toyota d'enfoncer le clou sur sa vision d'une

société de l'hydrogène au Japon.

Page 18: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Great Wall ouvre un centre de recherche sur l'hydrogène

Le constructeur chinois va se doter d'un nouveau centre de

recherche et développement à Jiading, dans la banlieue de

Shanghai. Il a signé en ce sens un contrat de coopération avec

les autorités locales, qui veulent faire de ce territoire une vitrine

de classe mondiale pour l'industrie automobile. Le centre sera

axé sur les nouvelles technologies, dont l'hydrogène. On sait que

cette forme d'énergie est poussée par les autorités du pays, en

complément de la mobilité électrique à batterie. Il se trouve que

le district de Jiading a décidé d'investir l'équivalent de 7 milliards

de dollars dans un plan de développement de l'hydrogène à l'horizon 2025. Great Wall est un constructeur

déjà engagé dans ce domaine. Membre de l'Hydrogen Council, l'industriel a fait des acquisitions pour

renforcer ses compétences. Il s'est offert récemment Shanghai Fuel Cell Vehicle Powertrain, un fabricant

de piles à combustible. Par ailleurs, il dispose déjà d'un centre dédié à l'hydrogène à Baoding (province du

Hebei), où il peut développer et tester des composants pour les véhicules à hydrogène. Le site permet de

valider toute la chaîne, depuis la production d'hydrogène par électrolyse jusqu'à au remplissage du

réservoir, en passant par le stockage. Le constructeur chinois a prévu de sortir son premier modèle à pile

à combustible en 2020, sous la marque Wey. Il sera développé sur une plateforme dédiée à l'électrique.

Une flotte sera par ailleurs déployée en 2022, lors des jeux olympiques d'hiver à Pékin.

Dongfeng arrive à son tour sur l'hydrogène en chine

Partenaire et actionnaire du groupe PSA, ce constructeur chinois

va entrer sur le marché de l’hydrogène via un accord de

coopération stratégique avec la ville de Xiangyang (province du

Hubei), l’institut de recherche de l’énergéticien chinois SPIC

(State Power Investment Corporation) et l’Université

technologique de Wuhan. Les 4 partenaires vont développer ce

type de propulsion pour les autobus et des véhicules de

logistique notamment. Avant DongFeng, SAIC et Great Wall

Motors avaient déjà pris position sur ce type de mobilité électrique, fortement encouragée par les autorités

locales. D’ici à 2050, les véhicules à hydrogène devraient représenter au moins 10 % du mix énergétique

du parc automobile chinois, avec 1,6 million de véhicules utilitaires fonctionnant à l’hydrogène.

Plastic Omnium ouvre deux centres de recherche en partie

consacrés à l'hydrogène

Pour répondre aux enjeux de la voiture du futur, deux nouveaux

centres de R&D ont été ouverts, un en Chine, l'autre en Belgique. ils

sont consacrés aux systèmes à carburant et de dépollution ainsi

qu’aux énergies nouvelles, notamment l’hydrogène. Avec le Centre

Omegatech, accueillant 150 ingénieurs et techniciens, situé à Wuhan

en Chine, Plastic Omnium se donne les moyens d’accompagner ses

clients implantés en Asie vers une mobilité propre. Le site compte

déjà 57 projets de développement. Il soutiendra aussi la croissance

rapide du Groupe en Chine où ses parts de marché des systèmes à

carburant devraient doubler, pour atteindre 17 % en 2022.Le centre

Deltatech, centre de recherche et d’innovation à proximité de Bruxelles (Belgique) est entré en service le

1er juillet. Dédié aux systèmes à carburant et à la réduction des émissions, il est également le fer de lance

de la recherche et du développement des énergies nouvelles, des piles à combustible et du stockage de

Page 19: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

l’hydrogène. Les effectifs devraient atteindre 150 ingénieurs et techniciens à la fin de l’année. Les nouveaux

centres de recherche et développement du groupe Plastic Omnium représentent un investissement de 100

millions d’euros.

Continental inaugure un labo sur la pile à combustible

Après Faurecia, Plastic Omnium, Bosch, c'est au tour de

Continental d'abattre ses cartes. L’équipementier allemand a

inauguré outre-Rhin un laboratoire dédié à la pile à

combustible, ouvert en coopération avec l’Université technique

de Chemnitz. “Les piles à combustible à hydrogène ont le

potentiel pour devenir une part importante du futur mix de

mobilité. C’est pourquoi nous intensifions notre recherche et

développement dans ce domaine”, a déclaré Stephan Rebhan,

responsable de la technologie et de l’innovation au sein de la division Powertrain de Continental. Le

laboratoire comprendra notamment un banc d’essai à hautes performances, qui permet de tester les piles

d’une puissance jusqu’à 150 kW (et à terme jusqu’à 300 kW). Le site permettra de simuler différentes

conditions de circulation et de charge, avec des températures, des pressions et des conditions d’humidité

différentes, afin d’observer l’impact sur l’autonomie. Continental estime que les piles à combustible peuvent

être une solution adaptée aux véhicules de grandes dimensions et aux véhicules utilitaires, qui ont besoin

d’une meilleure autonomie.

Singapour préfère l'hydrogène plutôt que les voitures

électriques d'Elon Musk

C'est un véritable camouflet que le ministre de

l'Environnement et des Ressources en eau de la ville-Etat,

Masagos Zulkifli, a infligé au patron de Tesla. Dans un

entretien accordé à l'agence de presse économique

Bloomberg, il a déclaré qu'il n'était pas intéressé par les

voitures et les superchargeurs du constructeur américain.

M. Zulkifli estime qu'Elon Musk veut apporter un style de vie,

alors que Singapour préfère des solutions plus adaptées

aux défis du réchauffement climatique. Dans une île où

chaque mètre carré est compté, trouver des places de parking pour y mettre des bornes de recharge et

des voitures est compliqué. Il faut savoir en effet que 85 % de la population (6 millions au total) vit dans

des zones à forte densité. Les autorités de Singapour préfèrent miser sur le transport de masse avec les

bus et les trains. L'île teste en ce moment des bus électriques à batterie, qui sont également autonomes.

Le ministre de l'environnement pense par ailleurs que, pour la voiture particulière, dont l'usage est très

contrôlé, l'hydrogène est à terme une meilleure solution que la mobilité électrique classique. Et ce, en

raison des conséquences en termes d'émission de CO2 pour l'extraction de métaux rares pour la

production de batteries et leur recyclage.

CNH Industrial investit dans Nikola

CNH Industrial (ex-Fiat Industrial) a décidé de se rapprocher de

Nikola, le pionnier du camion à hydrogène. Le groupe italo-américain

veut conclure un partenariat stratégique et exclusif avec la firme de

Phoenix (Arizona) pour déployer la pile à combustible sur ses flottes

de camions, aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe. CNH Industrial

va investir 250 millions de dollars dans la société et mener un tour de

table qui pourrait atteindre plus d'1 milliard de dollars. A l'issue de

Page 20: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

cette levée de fonds de série D, les nouveaux investisseurs - dont CNH Industrial - détiendraient 25 % du

capital de Nikola. Dans le cadre de cet accord, Iveco et FPT Industrial aideront Nikola à industrialiser sa

technologie de pile à combustible, mais aussi une chaîne de traction électrique à batterie. Les ingénieurs

apporteront leur expertise pour finaliser les trois modèles en cours de développement (Nikola One, Two et

Tre). Pour sa part, Nikola va créer une joint-venture en Europe d'ici 2022 avec CNH Industrial pour apporter

son expertise en matière de pile à combustible, de stockage d'hydrogène et de communication entre le

véhicule et la station de remplissage. Pour CNH Industrial, l'hydrogène est la suite logique du gaz liquéfié.

Le groupe a commercialisé 40 000 véhicules avec ce type de motorisation. Il souhaite atteindre le zéro

émission, grâce à la batterie et la pile à combustible.

Le département de l'Energie accorde une subvention à Nikola

Motor

Le département de l’Énergie des États-Unis (DOE) a accordé à ce pionnier du camion à hydrogène une

subvention de 1,7 million de dollars. Cette enveloppe est destinée à faire progresser ses recherches sur

les électrodes à membrane pour piles à combustible (MEA). La société basée à Phoenix (Arizona) a

privilégié une architecture MEA unique pour satisfaire aux exigences de puissance élevée et de durabilité

liées à la mobilité lourde. Les recherches sont menées avec des partenaires académiques comme Shawn

Litster, professeur à l’Université Carnegie Mellon ; Sanjeev Mukerjee, professeur à l’Université

Northeastern ; et Younan Xia, professeur au Georgia Institute of Technology. Il est à noter que le partenaire

de Nikola, le norvégien NEL Hydrogen, a également reçu un investissement de deux millions de dollars de

la part du DOE. Les cadres supérieurs de Nikola sont également à la tête de ce projet sur le plan technique.

De l'hydrogène vert et d'origine hydraulique pour les camions

en Suisse

La centrale hydroélectrique de Gösgen* va accueillir

prochainement la plus grande installation de production

d’hydrogène de Suisse. D'une capacité de production de 2 MW,

elle sera exploitée par Hydrospider, une société détenue à

parts égales par Alpiq et H2 Energy. La station de production

d’hydrogène se situera sur la rive gauche du canal de l’Aar. Sa

mise en service est prévue pour la fin de l’année. Hydrospider

veut produire de l’hydrogène vert, en utilisant de l’électricité

issue uniquement de l’énergie hydraulique. La station de

production approvisionnera les 50 premiers poids lourds à pile à combustible sur les 1600 camions que le

constructeur Hyundai doit lancer sur les routes suisses d’ici 2025 dans le cadre d’une joint-venture avec

H2 Energy. C'est une étape-clé dans le lancement de la mobilité hydrogène chez nos voisins helvètes.

*dans le canton de Soleure, sur le tracé de l'Aar entre Olten et Aarau.

Une station d'hydrogène pour l'aéroport de Liège

Dans le cadre de sa stratégie environnementale, initiée par de la

cogénération au gaz naturel et la pose de panneaux photovoltaïques

(dont la superficie va être doublée d'ici 2021), l'aéroport de Liège a

décidé de se doter d'une station de production d'hydrogène. Celle-ci

sera réalisée en partenariat avec l'entreprise John Cockerill (ex-

CMI). Inscrite dans le cadre du plan wallon d'investissement

(2019/2024), la station servira à alimenter en hydrogène des

véhicules utilisés sur le site, comme les camions assurant

Page 21: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

l’approvisionnement des avions en carburant. Par ailleurs, l'aéroport souhaite mettre en place un service

de navettes entre l’aéroport et la gare des Guillemins à Liège ainsi qu’entre le nord et le sud de l'aéroport,

de façon à desservir l’ensemble des entreprises de la zone aéroportuaire. Et ce, 24h/24 au départ d’un

parking centralisé. Ces navettes à l'hydrogène seront mises en place en 2021. Le budget total est de 20

millions d'euros. L'objectif est de réduire ainsi les émissions de CO2 à 1 000 tonnes en 2030, contre 4 000

tonnes aujourd'hui.

Les Pays-Bas vont accueillir 20 bus à hydrogène

Le syndicat des transports en commun de Groningue-Drenthe a passé un appel d'offres pour s'équiper de

20 bus à pile à combustible et d'une station de production et de distribution d'hydrogène vert. Le contrat a

été remporté par Van Hool et Shell. Le transporteur Qbuzz a passé commande de 20 bus H2 au fabricant

belge. Ce dernier est aussi celui qui va fournir les bus du service Febus à Pau, à la rentrée. Les bus à

hydrogène auront une autonomie de 350 à 400 km. Ils seront mis en circulation en décembre 2020 à

Groningue. Pour sa part, Shell produira chaque année entre 110 et 160 tonnes d'hydrogène vert par an.

La station sera aménagée au sein du dépôt de bus. Il est à noter que deux bus à hydrogène ont déjà été

expérimentés dans la région, au sein d'une usine de produits chimiques, à Delfzijl à partir de 2017. Cette

expérimentation, de même que le déploiement à l'échelle de bus H2 en service commercial sont soutenus

par la province de Groningue, le ministère néerlandais des transports et l'Europe, via le FCH-JU et le

programme Jive2 sur les bus à hydrogène.

Flixbus prépare l'arrivée de bus à hydrogène

Flixbus a mis en place la première liaison longue distance en

mode 100 % en mode électrique entre Paris La Défense et

Amiens, en avril 2018. La compagnie à lancé en octobre de la

même année une autre liaison de ce type en Allemagne, entre

Francfort et Mannheim. Pourtant, elle mesure la limite de la

technologie. "Les batteries actuelles ne permettent pas de

parcourir des distances de 300 km ou plus, empêchant ainsi son

déploiement sur tout le territoire et entre grandes agglomérations",

note Flixbus dans un communiqué. D'autre part, "aucun

constructeur de car en Europe ne propose aujourd’hui de véhicule électrique adapté à la longue-distance,

alors que c’est de la concurrence que naît l’innovation". Enfin, "la ligne électrique n’a pas bénéficié du

soutien actif des pouvoirs publics, pourtant nécessaire afin d’envisager un déploiement plus important",

regrette la compagnie. Le transporteur a décidé d'explorer une autre piste, celle de l'hydrogène. Il s'est

rapproché de Freudenberg Sealing Technologies, une compagnie allemande spécialisé dans les

technologies en lien avec l'électromobilité. Elle a une expertise dans la pile à combustible et va aider Flixbus

à trouver un fabricant d'autocar pouvant intégrer la technologie. Pour Claus Mölhencamp, le patron de

Freudenberg Sealing Technologies, "la combinaison de la batterie et de la pile fait partie de la mobilité du

futur". L'utilisation de l'hydrogène permettrait aux bus de Flixbus de parcourir des distances de 500 km en

mode zéro émission et de refaire le plein en 20 mn seulement. Une flotte de 30 bus pourrait ainsi être

équipée. Les deux partenaires espèrent un financement dans le cadre du programme allemand sur

l'innovation dans l'hydrogène et la pile à combustible.

Toyota va fournir des PAC pour des bus à hydrogène en chine

Selon une dépêche de l'agence Reuters, Toyota a passé un accord

avec les constructeurs chinois FAW et Higer Bus. Le géant japonais va

leur fournir des composants clés de la pile à combustible pour les

intégrer dans des bus à hydrogène. Il va travailler avec Shanghai Re-

Fire Technology, qui se chargera de l'assemblage sur place. "Toyota

Page 22: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

espère coopérer avec davantage de constructeurs chinois de véhicules utilitaires", a déclaré la marque,

qui souhaite "promouvoir l'application et la vulgarisation des véhicules à pile à combustible à hydrogène

(FCV) en Chine". Ce n'est pas une première dans ce pays pour Toyota, qui avait déjà annoncé en avril

avoir commencé à fournir des pièces de pile à combustible aux constructeurs Beiqi Foton Motor Co Ltd et

Beijing SinoHytec Co Ltd. Rappelons que la Chine a de grandes ambitions dans le domaine de l'hydrogène.

Elle a fait le choix de cette forme d'électrification pour la mobilité lourde et va y consacrer beaucoup de

moyens.

Hydrogène en Corée : une seconde station aménagée à Busan

Le 23 août dernier, Air Liquide a installé une seconde station à hydrogène dans un dépôt de bus à Busan,

en Corée du Sud. Ce point de recharge est le fruit d'un partenariat entre la ville, Hyundai et Daedo Energy.

Faisant partie des six sites choisis par le gouvernement pour déployer une flotte pilote de bus à hydrogène,

Busan a une stratégie très volontariste. Un premier bus a été mis en service et 4 autres vont suivre d'ici le

mois d'octobre. Par ailleurs, les autorités locales ont prévu d'ouvrir 19 autres stations d'ici 2022, dont 15

pour les voitures et 4 pour les bus.

Encore une première pour Energy Observer

C'est un nouvel exploit à mettre au crédit d'Energy Observer. Le catamaran a rejoint cet été l'île de

Spitzberg en Arctique, propulsé uniquement aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. Après 5700 km

parcourus depuis Saint-Pétersbourg, dans des conditions climatiques défavorables, le navire est pourtant

arrivé en autonomie énergétique totale ce samedi, à 78° de latitude nord dans l’archipel du Svalbard

(Norvège). Ce dernier est considéré par la communauté scientifique comme l’épicentre, le "Ground Zero",

du changement climatique. Pour l’équipage d’Energy Observer, au-delà de la première mondiale, cette

escale est sans doute la plus symbolique de son Odyssée en Europe du Nord. Elle permet de prouver qu’il

est possible de naviguer en totale autonomie, dans des conditions extrêmes, en puisant son énergie dans

la nature et sans aucun impact écologique. Une fois de plus, l'énergie hydrogène est associée à un défi

technologique et se positionne comme une alternative dans un contexte de changement climatique.

CMB accélère ses investissements dans l'hydrogène

La Compagnie Maritime Belge (CMB) vient de racheter la

société britannique Revolve Technologies Limited (RTL),

spécialisée dans la fabrication de moteurs alimentés à

l'hydrogène. L'entité fait désormais partie de CMB

Technologies. Sa technologie a notamment été utilisée à

bord de l'Hydroville, un navire appartenant à la CMB et dont

les moteurs utilisent à la fois du Diesel et de l'hydrogène.

Restant basés en Angleterre, les 29 ingénieurs continueront

de travailler pour la compagnie maritime, mais aussi pour

d'autres clients du secteur et de l'automobile. Cette

acquisition vient renforcer l'expertise de la CMB qui multiplie les annonces. Ainsi, la compagnie va fournir

sa technologie au japonais Tsuneishi qui veut se doter d'un ferry à l'hydrogène. Celui-ci sera mis en service

en 2021. Par ailleurs, en partenariat avec Windcat Workboats (une société anglaise spécialisée dans les

vaisseaux de transfert de personnel en mer), elle va participer au développement d'un navire de ce type à

l'hydrogène. Le bateau, qui a pour nom l'Hydrocat, sera utilisé en mer du nord dans une ferme marine aux

Pays-Bas. Enfin, la CMB annonce la commercialisation de moteurs à hydrogène de BeHydro. Il s'agit d'une

société qu'elle détient en commun avec le fabricant ABC, basé à Gand en Belgique. Après une période

intensive de tests, les moteurs d'une puissance de 0,8 à 10 MW, seront proposés en 2020 pour une large

gamme d'applications dans le transport maritime.

Page 23: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Une start-up californienne se lance dans l'avion à hydrogène

ZeroAvia veut lancer dès 2022 des avions de 10 à 20

places propulsés à l'hydrogène. Leur autonomie sera

de l'ordre de 500 miles, avec des coûts d'exploitation

réduits de moitié par rapport à des motorisations

classiques. Basée dans la Silicon Valley, la start-up a

été fondée par Val Miftakhov, un pilote d'avion et

d'hélicoptère qui est également un entrepreneur. Il a

fondé par exemple eMotorWerks, une société de

recharge de véhicules électriques qui a été rachetée

par l'énergéticien Enel. Dans son équipe, ZeroAvia a

des ingénieurs qui viennent d'horizons aussi divers

que Tesla, BMW, NVIDIA, Zee Aero et Air Liquide.

Sans oublier des anciens d'eMotorWerks. L'avion de développement est un Piper de classe M, qui a reçu

une autorisation de la part de la FAA (Federal Aviation Administration). Comme l'explique Val Miftakhov,

"l'hydrogène produit avec des énergies renouvelables est la meilleure façon d'arriver au zéro émission dans

le secteur de l'aviation". Le fonds d'investissement SYSTEMIQ, qui soutient Zeroavia depuis le début,

considère que c'est la meilleure alternative aux carburants d'origine fossile. Il a décidé d'investir encore

pour accélérer la recherche et préparer l'expansion en Europe. La compagnie vise non seulement le

transport régional avec de petits avions, mais aussi les marchés de l'aérien liés à l'agriculture, le transport

de marchandises et même les drones. Il faut savoir qu'un tiers des émissions de CO2 aux Etats-Unis

proviennent du secteur de l'aviation.

Un immeuble de Rotterdam équipé d'une chaudière à

hydrogène vert

Depuis le 25 juin dernier, un immeuble de 25 appartements est

désormais chauffé à partir d'une chaudière alimentée par de l’hydrogène

vert à Rozenburg, un arrondissement de la commune de Rotterdam. Il

s'agit d'un projet-pilote initié par la société mère de De Dietrich, BDR

Thermea Group (et mis en place par sa filiale néerlandaise Remeha), en

partenariat avec l’opérateur de réseaux Stedin, la municipalité et

l’OPHLM Ressort Wonen. La chaudière à hydrogène permet de produire

de l'énergie pour le chauffage des pièces et pour chauffer l'eau, sans

émissions de CO2. A la différence d'autres solutions, qui utilisent du gaz

naturel dans le cadre d'une cogénération, l'hydrogène utilisé dans la

chaudière est produit à partir d'énergies renouvelables (éoliennes et

panneaux photovoltaïques). C'est une première. L'opérateur Stedin

utilise un pipeline de gaz naturel pour fournir l’hydrogène, démontrant

ainsi que le réseau de gaz existant est adapté pour alimenter la

chaudière avec ce type de "carburant". C'est une illustration concrète de

ce qu'on appelle le "Power-to-gas". Après ce projet-pilote aux Pays-Bas,

BDR Thermea Group aimerait développer un projet de plus grande envergure en Grande-Bretagne., où

400 chaudières à hydrogène devraient être déployées dans les deux ans à venir.

De l’hydrogène pour produire des engrais

Le fabricant d’engrais norvégien Yara International souhaite décarboner sa production. Il va faire appel à

son compatriote Nel Asa, qui fournira sa technologie d’électrolyse pour obtenir de l’hydrogène vert à partir

d’énergies renouvelables. Un système de 5 MW sera déployé en 2022 sur le site de Porgsrunn, dans le

Page 24: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

comté du Telemark. L’hydrogène sera utilisé sera utilisé pour alimenter en énergie la production d’engrais,

ainsi que sous forme d’ammoniac vert. Yara International a déjà réduire de moitié ses émissions de CO2

et vise la neutralité carbone en 2050. L’hydrogène est perçu comme un moyen d’atteindre cet objectif.

Siemens ouvre un labo sur l'hydrogène avec l'institut

Fraunhofer

Le géant industriel allemand a décidé de créer un laboratoire de recherche sur l'hydrogène sur son site de

Görtlitz, située dans le land de la Saxe. Il sera opéré en partenariat avec l'institut Fraunhofer (un institut

allemand spécialisé dans la recherche en sciences appliquées) pour un budget de 30 millions d'euros. Ce

centre va permettre la création d'une centaine d'emplois hautement qualifiés dans les 5 ans à venir. En lien

avec des start-up, Siemens veut axer la recherche sur la production, le stockage et les usages liés à

l'hydrogène. L'idée est d'en faire un centre de compétence travaillant à long terme. Précisons que l'usine

de Görlitz est le centre d'excellence mondial pour les turbines à vapeur. Le Président de Siemens, Joe

Kaser, estime que ce site va devenir une vitrine pour la transition énergétique. L'industriel et l'institut

Fraunhofer ont d'ailleurs l'intention de le transformer plus globalement en campus de l'innovation, avec un

accélérateur pour les jeunes pousses.

Hydrogenious : une pépite allemande de l'hydrogène

Hydrogenious vient de recevoir 17 millions d'euros de la part d'un

groupe d'investisseurs, qui ont pour nom Royal Vopak, Mitsubishi

Corporation, Covestro et AP Ventures. Cette société basée à

Erlangen (près de Nuremberg) et fondée en 2013 a développé une

technologie qui a pour nom LOHC, et qui est issue de travaux de

recherche universitaire. Le procédé fonctionne sur la base de

liquides organiques porteurs d’hydrogène (Liquid Organic Hydrogen

Carrier). Il s'agit d'hydrocarbures liquides, qui sont hydrogénés à

température élevée pour obtenir de nouvelles molécules, qui sont

ensuite conditionnées à basse température pour être facilement

transportées et utilisées. Ce support - du Dibenzyltoluol dans le cas

présent - permet de stocker l'hydrogène dans des conditions ambiantes (de - 39 à 390 degrés), et à hauteur

de 57 kg par m3. De plus, le stockage peut se faire pendant plusieurs mois sans pertes, assure la

compagnie sur son site Internet. L'hydrogène est ensuite libéré par une réaction catalytique à une

température de 300 degrés. La technologie LOHC offre une solution sûre et efficace pour stocker et

distribuer l'hydrogène à grande échelle. La solution d'Hydrogenious intéresse des partenaires, comme

Frames Group et MAN Energy. Le premier, qui conçoit des solutions pour les équipements de traitement

des énergies renouvelables et du traitement du pétrole et du gaz, sera responsable de la réalisation globale

d'une usine d'hydrogénation. Le second, qui est spécialisé dans la conception et la fabrication de systèmes

de réacteurs pour applications chimiques et pétrochimiques, fournira le réacteur et un générateur de

vapeur. Les trois partenaires vont élaborer des systèmes de production d'une capacité d'hydrogène de 5

et 12 tonnes par jour, afin de répondre aux besoins du futur marché de l'hydrogène en matière de stockage

et de transport. Précisons par ailleurs qu'Hydrogenious est impliqué dans le projet GET H2 (site de power-

to-gas) avec des partenaires comme RWE et Siemens entre autres.

Verdir l'hydrogène gris : la proposition d'un expert

néerlandais

Un expert néerlandais de l'hydrogène estime qu'on devrait structurer la filière dès maintenant, même en

utilisant de l'hydrogène gris, quitte à le rendre bleu, plutôt que d'attendre l'arrivée programmée de

l'hydrogène vert. Il appelle donc la Commission de Bruxelles à créer un marché européen en ce sens, afin

Page 25: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

de favoriser une économie bas carbone. Cet expert a pour nom Noé van Hulst. Il est conseiller spécial au

ministère néerlandais des affaires économiques et de la politique climatique, et envoyé spécial pour

l'hydrogène. Il fait aussi partie du cercle d'experts de haut niveau autour du groupe sur l'hydrogène, mis en

place au bureau de Paris de l'Agence Internationale de l'Energie. Il s'appuie sur une étude du TNO (une

organisation de recherche indépendante aux Pays-Bas qui se concentre sur les sciences appliquées),

baptisée H-Vision. L'idée est d'utiliser l'hydrogène gris produit actuellement à partir de gaz naturel, ou par

réaction chimique (hydrogène fatal), et de capturer le CO2 pour le rendre plus vertueux. L'hydrogène passe

ainsi du stade gris à celui de bleu. Le concept a été étudié pour le port de Rotterdam avec l'aide de

partenaires, tels qu'Air Liquide, BP, Gasunie, Shell et Uniper. Le stockage du CO2 se ferait sous la Mer du

Nord, au moyen de pipelines déjà déployées dans le cadre du projet Porthos, qui concerne justement la

séquestration du CO2. Et si nécessaire, le réseau pourrait être étendu pour transporter plus de CO2. Le

TNO propose de convertir des centrales à charbon en station de production d'hydrogène dans la plaine de

la Meuse, un vaste parc industriel de 40 km2 au sein du port. Il a calculé que le gaz nécessaire à la

production d'hydrogène pourrait provenir à 70 % de gaz résiduels. Par ailleurs, l'infrastructure qui serait

mise en place dans le port de Rotterdam pourrait aussi servir à stocker de l'hydrogène vert, attendu pour

l'horizon 2030 et issu d'énergies renouvelables comme le vent et le soleil. Pour Noé van Hulst, la solution

est donc simple : «"il suffit de verdir l’hydrogène gris", en utilisant la technologie de stockage et captage du

carbone pour enterrer les émissions sous terre. C’est ce qu’on appelle l’hydrogène bleu et cela permettra

de faire évoluer le marché. "Intégrons ce marché aussi vite que possible", a-t-il plaidé appelant à des «

normes communes »au niveau européen pour la production d’hydrogène propre.

De l'hydrogène bas coût à partir de champs pétrolifères

Selon une dépêche de l'AFP (Agence France Presse), des

scientifiques ont mis au point une technique pour extraire à

grande échelle et à bas coût de l'hydrogène à partir de sables

bitumeux et des champs pétrolifères. C'est ce qu'affirme

Proton Technologies, une société canadienne qui développe

ce processus et qui vient de le présenter à Barcelone, à

l'occasion de la conférence Goldschmidt qui réunit 4.000

scientifiques. L'entreprise aurait mis au point une méthode

économique et à grande échelle pour extraire de l'hydrogène

à partir de sables bitumeux. "Les champs pétrolifères, même

ceux n'étant plus exploités, contiennent toujours des quantités significatives de pétrole", explique Grant

Strem, PDG de Proton Technologies. "Les chercheurs ont trouvé qu'injecter de l'oxygène dans ces champs

augmente la température et libère l'hydrogène, qui peut être séparé d'autres gaz à travers des filtres

spécifiques", affirme-t-il. Si cette technologie était mise en place à une échelle industrielle, les coûts de

production se situeraient entre 10 et 15 cents par kilo, contre deux dollars le kilo actuellement. Elle

permettrait d'extraire d'importantes quantités d'hydrogène en laissant le carbone sous terre", assure Proton

Technologies.

Un projet de production d'hydrogène renouvelable dans le

Queensland

L'Agence australienne des énergies renouvelables (Arena) a débloqué un financement de 950 000 dollars

à la société gazière BOC pour un projet de production d'hydrogène renouvelable et de ravitaillement en

carburant dans le Queensland. Ce projet-pilote d’un montant total de 3,1 millions de dollars impliquera

l'installation d'un électrolyseur de 220 kW et d'un générateur solaire de 100 kW dans l'installation à gaz de

BOC, à Bulwer Island. Il utilisera également l'équipement et les infrastructures de gaz industriel sur site.

L'électrolyseur aura la capacité de produire 2 400 kg d'hydrogène par mois. Le projet comprend également

une station de ravitaillement en hydrogène à Brisbane. En plus de fournir les clients industriels existants

de BOC, l'entreprise produira 50 kg d'hydrogène renouvelable par jour pour la station de remplissage de

Page 26: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

véhicules. L'hydrogène provenant de combustibles fossiles est actuellement produit par le reformeur de

méthane de BOC à Melbourne. Une fois ce nouveau projet achevé, l'hydrogène vert produit à Bulwer Island

réduira le besoin de transport d'hydrogène. L'électrolyseur sera configuré pour produire de l'hydrogène par

électrolyse à partir de l'énergie renouvelable solaire ou provenant du réseau sur site via un contrat d'achat

d'électricité. L'année dernière, Arena a commandé un rapport à ACIL Allen Consulting sur les possibilités

offertes à l'Australie par les exportations d'hydrogène. Le rapport a révélé que l'Australie était bien placée

pour devenir un important exportateur d'hydrogène, alors que la demande mondiale augmentait au cours

de la prochaine décennie, prédisant que son industrie d'exportation d'hydrogène pourrait rapporter 1,7

milliard de dollars par an à l'économie et créer 2 800 emplois d'ici 2030.

Le Maroc veut se lancer aussi dans l'hydrogène

Comme d'autres pays, le Maroc réfléchit à une

stratégie. Sous la houlette du ministère de

l’Énergie, des mines et du développement

durable (MEMDD), une feuille de route a été

élaborée pour développer le "Power-to-x". Il s'agit

de produire de l'hydrogène à partir d'énergies

renouvelables, pour ensuite contribuer à la

formation de de molécules vertes à haute valeur ajoutée telles que l’ammoniac et le méthanol. A la faveur

d’une situation géographique et d’un potentiel exceptionnel en énergie éolienne et solaire, le Maroc pourrait

capter une part non négligeable de la demande de "Power to X", estimée entre 2 et 4% de la demande

mondiale en 2030 selon les études. Dans cette optique, "l'ammoniac vert" offrirait des opportunités au

Maroc pour satisfaire les besoins de son industrie locale des engrais et celle du marché international à long

terme. La commission technique qui travaille sur ce projet est composée d’acteurs publics et privés, avec

notamment l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN). Ce dernier est en

train de mettre en place une nouvelle plateforme de recherche marocaine sur le Power-to-x. Les travaux

porteront sur les applications de l’hydrogène vert dans l’industrie, le chauffage des bâtiments et la mobilité

(voitures, camions). L’infrastructure nécessitera un investissement de 150 M de DH.

INTERVIEW

« L’hydrogène peut remplacer en partie le charbon pour la production d’acier », par Philippe Blostein, directeur marketing métaux chez Air liquide

Air Liquide et Thyssenkrupp Steel, leader mondial des aciers plats au carbone laminés, vont collaborer dans le cadre d’un projet novateur visant à la production d’acier à faibles émissions carbone. Pour la première fois, de l’hydrogène sera injecté à grande échelle pour remplacer en partie le charbon pulvérisé dans le haut fourneau pendant la production. Un expert nous en dit plus sur la démarche.

Page 27: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

L’hydrogène semble intéresser de plus en plus le secteur de la sidérurgie. Peut-on parler d’une tendance forte ?

« La tendance est clairement à la transition énergétique et les acteurs de cette industrie ont la volonté de réduire leurs émissions de CO2 et d’améliorer leur empreinte environnementale. En tant qu’entreprise citoyenne, notre vocation est d’accompagner nos clients dans la démarche. Il faut savoir que la production d’acier repose sur l’emploi de minerai de fer, auquel on enlève de l’oxygène pour sa réduction dans les hauts fourneaux, en utilisant notamment du charbon. C’est une filière mature. On sait depuis de nombreuses années que l’hydrogène peut en partie remplacer le charbon. Mais, ce n’est pas économique. Toutefois, cela pourrait le devenir si plusieurs conditions sont réunies ».

Quelles sont ces conditions ?

« Cela dépend de l’évolution du prix de l’hydrogène et du coût des émissions de CO2. Comme d’autres secteurs de l’industrie, celui de la sidérurgie est impacté par la réglementation. Comme vous l’imaginez, les process industriels ne changent pas du jour au lendemain. C’est pour cette raison que thyssenkrupp se prépare. Il commence à injecter de l’hydrogène pour amorcer la technologie ».

Y a-t-il d’autres débouchés possibles pour l’hydrogène dans la sidérurgie ?

« Déjà, on peut préciser que l’on trouve déjà un peu d’hydrogène dans les hauts fourneaux, car c’est un produit de la réaction chimique utilisée pour la la réduction du minerai de fer. Il est possible que l’hydrogène connaisse une trajectoire comparable à celle qu’a connue l’oxygène, qui a commencé à être très utilisé dans les années 50 et dont on a fait une consommation en très grosse quantité pour alimenter des convertisseurs. Plusieurs acteurs comme par exemple Arcelor Mittal et SSAB ont déjà communiqué sur l’utilisation possible d’hydrogène pour faire de la réduction directe du fer (DRI : direct reduced iron) en phase solide. Le minerai préréduit obtenu ainsi peut ensuite être fondu dans un four à arc ».

L’hydrogène pourrait-il à terme remplacer totalement le charbon ?

« En théorie, oui, si l’hydrogène est décarboné et produit à partir d’énergies renouvelables. Mais, il reste toujours un peu de carbone dans l’acier. Disons que l’hydrogène pourrait réduire de façon très considérable la quantité de charbon utilisée dans la sidérurgie, mais pas complètement ».

A propos du projet avec ThyssenKrupp

A l’issue d’une phase pilote, le groupe français assurera un approvisionnement régulier d’hydrogène à partir de son réseau de canalisations de 200 kilomètres situé dans la zone Rhin-Ruhr. Cette solution sera mise en place dans l’un des hauts fourneaux de thyssenkrupp sur le site de Duisbourg, en Allemagne, dans une de ses

usines intégrées. L'objectif visé est une réduction de 20 % des émissions de CO2 liées au processus de production, quand l'hydrogène sera déployé dans tous les hauts fourneaux du site.

A LIRE

Tout savoir sur...

Plusieurs fiches "Tout savoir sur..." ont été mises à jour sur notre site :

3.2.1 Production d'hydrogène à partir d'électrolyse de l'eau

4.2 Stockage sous fome de gaz comprimé

Page 28: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

4.5.1 La distribution de l'hydrogène pour les véhicules automobiles

9.3.2 Applications stationnaires de la pile à combustible dans le résidentiel

9.4.4 Applications aux cycles

Future Fuel for road Freight – Techno-Economic & Environmental performance comparison of ghg-neutral fuels & drivetrains for heavy-duty trucks

Les poids-lourds représentent 22 % des émissions de gaz à effet de serre issues du transport terrestre en France. Après la mise en place de réglementation sur le CO2 pour les véhicules particuliers, l'Union européenne s'apprête à introduire de nouveaux standards applicables aux poids-lourds qui seront mis sur le marché : -15% d'émission de CO2 en 2025 et -30% en 2030 (par rapport à 2019).

Cette étude réalisée par Hinicio et le LBST (Ludwig-Bölkow-Systemtechnik GmbH) compare, pour la

France, les motorisations diesel, GNC/GNL, piles à combustible, caténaires et carburants alternatifs selon leurs performances environnementales et technico-économiques.

Accéder à l'étude...

2019 annual evaluation of fuel cell electric vehicle deployment & hydrogen fuel station network development - california air resources board

Comme chaque année, le California Air Resources, Board publie un bilan annuel du déploiement de la mobilité hydrogène en Californie pour l'année écoulée. Fin 2018, 39 stations étaient ouvertes pour près de 6 000 véhicules en circulation.

Lire le rapport...

ILS NOUS ONT REJOINTS

Véritable accélérateur de la transition énergétique, Teréga dispose de plus de 5000 km de canalisations et de deux stockages souterrains dans le quart Sud-Ouest, représentant respectivement 15.6% du réseau de

transport de gaz français et 24.5% des capacités de stockage nationales. L’entreprise a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 476 M€ et compte environ 600 collaborateurs.

Entreprise indépendante familiale et française depuis 1929, Thevenin&Ducrot représente une alternative forte aux multinationales pétrolières intégrées. Avec plus de 460 stations-service à la marque Avia, son usine de lubrifiants intégrée

Page 29: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

et 50 agences de fioul, Thevenin&Ducrot répond aux besoins en énergies des particuliers comme des professionnels.

Omexom Ingénierie Ouest accompagne les collectivités territoriales, les syndicats d’énergies, les mairies et tout type d’entité publique dans la définition et la mise en œuvre de leur projet de transition énergétique.

VALOREM finance, construit et exploite des parcs d’énergies renouvelables. La société a également investi très tôt sur la technologie hydrogène en démarrant dès 2014 la plateforme INSULGRID sur son site à Bègles. Cette installation comprend un électrolyseur, un stockage d’hydrogène et une pile à combustible et VALOREM a développé l’EMS (Energy Management Système) de cette installation afin de pouvoir la piloter.

ABB est un acteur clé des systèmes de traction et des infrastructures d’alimentation pour le transport ferroviaire, la mobilité électrique sous toutes ses formes, les chaines de propulsion des navires maritimes ou fluviaux, ainsi que les équipements a quai dans les ports. Au travers de ce positionnement, ABB est très actif dans le domaine du développement des solutions

Hydrogène, notamment pour la production, la compression, le stockage, le transport, la distribution et les applications utilisatrices.

La Société GAUSSIN regroupe deux filiales dont Gaussin Manugistique SA, spécialisée dans la manutention de charges lourdes et Milestone Factory qui est un bureau d’étude spécialisé dans la conception de véhicules électriques et à hydrogène.

Géométhane opère un stockage de gaz naturel en cavités salines situé à Manosque (Alpes de Haute Provence), au cœur du Parc naturel régional du Luberon. Le site de Géométhane est tout à fait adapté pour permettre le stockage en cavités salines d'hydrogène

vert, avec notamment deux nouvelles cavités directement disponibles.

Acaplast France est un producteur de mélange à façon et un injecteur de pièces plastique, caoutchouc, silicone et bi-matière. L'entreprise développe des formules de caoutchouc et des pièces pour tous les domaines d’activité : automobile, ferroviaire, industrie, etc).

FillnDrive est un éditeur de solutions digitales Français. Sa vision est d’apporter une expérience utilisateur unique pour la recharge

d’un véhicule H2 pour l’usager tout en fournissant des outils de gestion adaptés pour les opérateurs ou gestionnaires de flotte.

Page 30: L'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à … Hy90.pdf · 2020-02-24 · d'engagements et dizaines de milliers d'impressions sur les réseaux sociaux ; De belles

Hynovations 90, JUILLET-AOUT 2019

Avec l’aide d’un réseau varié, performant et ambitieux de partenaires, Energy Observer a acquis aujourd’hui un savoir-faire de pointe en matière de gestion énergétique intelligente, intégrant l’ensemble du cycle de l’H2. L’entreprise Energy Observer Developments est née en Mars 2019 de ce contexte vertueux, afin de partager ce savoir sur l’ensemble du territoire, et en particulier les écosystèmes littoraux, volontaires d’adopter cette technologie de rupture afin de porter

l’innovation au coeur de la transition énergétique.

Le pôle de compétitivité DERBI, dédié à la transition énergétique et installé en région Occitanie/Pyrénées Méditerranée, a été créé en 2005, et fait partie des 48 pôles nationaux labellisés par l’Etat pour la période 2019/2022. Il a pour mission de développer, au niveau

régional, national et international, l’innovation, la formation, le transfert de technologie, le développement et la création d’entreprises.

La région Ile-de-France possède de fortes spécificités et de nombreux enjeux en matière de développement durable et d'aménagement maitrisé de son espace. L'hydrogène, vecteur polyvalent, s'inscrit de plus en plus dans les stratégies et politiques régionales. Pour cela, la région peut d'ores et déjà

s'appuyer sur plusieurs projets concrets et d'autres à venir.

REDON Agglomération souhaite aujourd’hui poursuivre sa transition énergétique en favorisant le déploiement d’une société hydrogène avec une production locale, le déploiement d’un écosystème de mobilités (projet H2X) et d'une filière de formation supérieure sur l’efficience énergétique et les mobilités du futur au sein de son campus de formation (1000 étudiants)

Lettre d'information mensuelle de l'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à Combustible

Réalisée avec le soutien de l'ADEME

En collaboration avec Laurent Meillaud