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14 — Janvier 2012 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois 3,90 ATELIERS D’ARTISTES BARS À SOURIRE SPORTIFS SENIORS… 3 760208 770101 R 28895 - 0014 - F : 3.90 € JEU DE PISTE PARTEZ À LA DÉCOUVERTE DE CHINATOWN ! + ÉCONOMIE - TOURISME Spécial enfants p.51 Les ASIATIQUES du 13 e BOUGE VEULENT que ça

Le 13 du Mois n°14

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Le magazine indépendant du 13e arrondissement

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Page 1: Le 13 du Mois n°14

N° 14 — Janvier 2012 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois3,90 !

ATELIERS D’ARTISTESBARS À SOURIRESPORTIFS SENIORS…3

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JEU DE PISTEPARTEZ À LA DÉCOUVERTEDE CHINATOWN !

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Les ASIATIQUES du 13e BOUGE VEULENT

que ça

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Janvier 2012 — www.le13dumois.frPOLITIQUE ÉLECTIONS

2012

Élections 2012

LES AUTRES CANDIDATS COMMENCENT À SORTIR DU BOIS

Propos recueillis par David EvenPhotographie Mathieu Génon A

près le psychodrame autom-nal qui a agité Europe Écologie - Les Verts (EELV) et le Parti socialiste (PS) sur la question du partage des circonscrip-

tions en vue des prochaines législatives, c’est fi nalement l’adjoint de Bertrand Dela-noë aux transports puis au développement durable, Denis Baupin - le «!M. couloirs de bus!» de Paris - qui a chipé la place de can-didat dans la 10e circonscription au député socialiste sortant Serge Blisko. Pour le cadre du parti écologiste c’est l’occasion de donner une autre dimension à son action.

LE 13 DU MOIS : Ne craignez-vous pas d’être accusé d’avoir pris la place de can-didats plus ancrés dans l’arrondissement comme l’écologiste Yves Contassot ou le socialiste Serge Blisko!? DENIS BAUPIN : Si être adjoint au maire de Paris et se présenter à Paris est consi-déré comme un parachutage alors je ne comprends plus rien. De toute façon, comme mon parti, je milite pour des légis-latives à la proportionnelle. La question du lien entre un député et son territoire est donc moins importante pour moi que

dans d’autres formations politiques. Le rôle d’un député, c’est avant tout de faire la loi. Or, la loi est la même pour tous de Brest à Marseille, du 13e au 20e.

Comprenez-vous la fronde des militants PS du 13e contre la mise sur la touche de Serge Blisko!? Je comprends l’amertume de Serge Blisko, surtout que le choix de réserver cette circonscription à EELV a été fait par son propre parti. Cependant, il faut que tout le monde fasse avec, cela fait partie des inconvénients du système électoral majoritaire qui consiste à réserver des circonscriptions. EELV n’est pas assez fort pour être majoritaire mais la gauche à besoin d’EELV pour l’être. Dans ce cas, il faut faire des alliances, et des réparti-tions de candidatures. Il y a automatique-ment des déçus et des heureux, dans les deux camps. Je pense que les militants et sympathisants comprennent que cette alliance est indispensable. C’est le sens de l’histoire. Ce qui est sûr, c’est que le nombre de députés écologistes élus à Paris [trois au maximum, ndlr] sera très faible par rapport à l’électorat écolo de la capitale.

Lâcherez-vous votre poste d’adjoint au maire de Paris en cas d’élection en juin prochain ? Bien sûr et je ne serais alors pas non plus candidat aux prochaines munici-pales en 2014. C’est la règle du parti et une question de salubrité mentale pour moi. Après 10 ans de politique locale à Paris, je souhaite absolument passer à autre chose, à une autre échelle, être député pour mettre en œuvre une transforma-tion politique au niveau national. Trop souvent notre action au niveau local a été bloquée à l’échelon supérieur. !

QUESTIONS À DENIS BAUPIN, CANDIDAT AUX LÉGISLATIVES DANSLA 10e CIRCONSCRIPTION.3

- Du côté des communistes!: Emmanuelle Becker, déjà conseillère de Paris, vise la députation dans la 9e circonscription au nom du Front de gauche. À l’ouest, dans la 10e circonscription, les tractations devraient accoucher d’un candidat d’ici à la fi n du mois de janvier.- Du côté du PS : Jean-Marie Le Guen est reconduit sans surprise dans «"sa"» 9e circonscription. - Du côté de l’UMP!: Patrick Trémège est

du genre à s’accrocher. Il fête cette année sa trentième année d’élu dans le 13e arrondissement. Leader de la droite du 13e depuis le départ de Jacques Toubon, c’est lui qui repart au charbon - comme en 2007 - contre Jean-Marie Le Guen. À l’ouest, rien n’est acté pour le moment.- Enfi n, au Front national, dont le siège de la fédération parisienne se situe rue Jeanne d’Arc, on attend la fi n du mois de janvier avant de désigner qui que ce soit.

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SOCIÉTÉ Janvier 2012 — www.le13dumois.fr

Par Raphaëlle PeltierPhotographies Mathieu Génon

Affi cher un sourire plus blanc que blanc en à peine une demi-heure, c’est la promesse que vendent les bars à sourire, dernière sensation dans le domaine de l’esthétique. Depuis quelques mois, ces boutiques décorées de photos de mannequins aux dents d’une

blancheur presque irréelle éclosent un peu partout en France. Il faut dire qu’il est très facile de s’approprier le concept venu, comme de coutume, des États-Unis!: les produits de blanchiment dentaire sont vendus en kit, la méthode standardisée est facile à reproduire et ne nécessite aucune qualifi cation. On applique sur vos dents un produit activateur, puis un gel blanchisseur contenu dans une gouttière. On vous place ensuite devant une lampe LED pour trois sessions de dix minutes. Une demi-heure plus tard, le tour est joué : vous ressortez avec des dents plus blanches, assurent les bars à sourire. C’est le principe actif du gel, le perborate de sodium qui, au contact de la salive, libère en petite quantité du peroxyde d’hydrogène - un composant de l’eau oxygénée - censé blanchir l'émail.

LES DENTISTES MONTRENT LES DENTSUn premier bar à sourire s’est installé dans le 13e à l’angle des rues de Tolbiac et du Dessous des Berges, fi n novembre, en pleine polémique sur ce phénomène de mode. Dès son apparition fi n 2010, les chirurgiens-dentistes s’en sont inquiété. La pratique était

BLANCHEUR OBSCURE

Un premier « bar à sourire » - ces boutiques qui promettent un blanchiment express des dents - s'est installé dans le 13e arrondissement. Retour sur un effet de mode qui fait jaser.

BARS À SOURIRE

CHEZ LE DENTISTE : PLUS EFFICACE, PLUS SÛR, PLUS CHER

Les méthodes de blanchiment - ou plutôt d’éclaircissement - dentaire proposées par les dentistes et les bars à sourire n’ont pas grand chose en commun.- Les produits utilisés ne sont pas les mêmes. Les bars à sourire ne sont autorisés à utiliser que des produits cosmétiques, dont la composition ne dépasse pas 0,1% de peroxyde d’hydrogène, un agent blanchisseur. Le dosage utilisé par les dentistes est compris entre 0,1% et 6%, il est donc a priori plus effi cace.- Un blanchiment dans un bar à sourire dure entre 10 minutes et une heure. La méthode utilisée est standardisée. Aucun rendez-vous de contrôle n’est prévu : pour une retouche, il faut à nouveau payer. Les dentistes adaptent les traitements à votredentition et prévoient plusieurs rendez-vous de contrôle.- Un blanchiment coûte entre 30 et 130 euros en moyenne, selon la durée du soin, dans un bar à sourire. Autour de 300 euros chez le dentiste.

La méthode de blanchiment utilisée par les!bars à sourire est partout la même!: le gel blanchisseur est appliqué sur les dents à l’aide d’une gouttière, puis exposé pendant une dizaine de minutes à une lumière LED.

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Il y a des guirlandes qui brillent au-dessus des têtes, des «!Joyeuses Fêtes!» à longueur d’avenues. Sur celle d’Ivry, les entrées de Paris Store et de Tang Frères attirent l’œil, on ne les voyait plus, à force, ces monstres de supermarchés. Ça scintille, on n’a pas l’habitude. Ici, dans ce que l’on appelle poussivement Chinatown, à l’approche

du Nouvel An chinois l’ambiance est plus lumineuse qu’à l’ordinaire, pas vraiment asiatique mais lumineuse, comme s’il s’agissait de rehausser

le teint du quartier, à défaut de son identité.Car lorsqu’il s’agit d’évoquer le quartier chinois de Paris, on pense à ce secteur mal délimité du 13e arrondissement, dont on n’est jamais sûr de savoir où il commence ni où il fi nit, si l’on s’y trouve déjà ou si c’est deux rues plus loin. Aucun panneau n’indique que l’on y est pour de

bon!; aucun écriteau ne vous souhaite la bienvenue. En réalité, le quartier chinois tel que le touriste l’imagine n’existe pas. Les artères trop sombres du Triangle de Choisy, ses couleurs défraîchies et ses immeubles trop hauts ne collent pas à l’image figée dans les esprits. Le quartier chinois, ou Chinatown, ne doit son nom qu’à la concentration d’habitants d’origine asiatique, installés depuis le milieu des années 70 - environ 20 000 personnes y vivent, soit 10% des habitants du 13e -, et à des restaurants et autres enseignes à gros caractères. C’est trop peu encore pour faire se déplacer en masse les touristes avides de folklore. Pourtant, selon les protagonistes du 13e arrondissement, des commerçants aux politiques, les solutions existent pour mettre ce quartier en lumière, et pas seulement grâce

aux guirlandes du Nouvel An chinois.

Par Virginie TauzinPhotographies Mathieu GénonIllustration Maï Lan

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«!On est une manne écono-mique pour Paris. On rap-porte gros.! » Héang Ngo, président de la nouvelle association des commer-

çants asiatiques du 13e, a beau le répéter, il sait que le Triangle de Choisy n’a rien à voir avec l’un de ces quartiers chics et valorisés de la capitale. Ces Marais, Saint-Germain-des-Prés ou Champs-Élysées, aux piétinements incessants, aux langues entremêlées, aux vitrines coquettes et aux chiffres d’affaires exorbitants, sept jours sur sept. Ici, dans le 13e, Tang Frères et Paris Store cartonnent, et les autres enseignes ne se débrouillent pas mal non plus. Seule-ment voilà, le tourisme s’y limite prin-cipalement aux Asiatiques de province

et de banlieue ou aux touristes chinois - de plus en plus nombreux à visiter la capitale et qui font immanquablement le détour. Bref, le quartier ne semble pas assez mis en valeur pour être vraiment attractif et obtenir un classement en zone touristique.

LE DIMANCHE, C’EST 20 À 40% DE L’ACTIVITÉ HEBDOMADAIREL’association des commerçants a justement été créée avec l’objectif d’insuffl er du dynamisme à un quartier qui en manque cruellement, et qu’un récent arrêté préfectoral a plombé. En mai dernier, 160 commerçants du 13e ont été sommés de fermer boutique le dimanche à 13h. Sous la menace de 1!500" d’amende, tous ont obéi. Mais le

POURQUOI PARISNE MISE PAS PLUSSUR CHINATOWN ?

Victime d’une image terne et concurrencé par Belleville, le quartier chinois peine à s’ajouter à la liste des incontournables lieux de tourisme et de consommation parisiens. Touché par la fermeture des commerces le dimanche, le Triangle de Choisy veut revendiquer son exotisme, porter haut ses couleurs et incarner son nom!: Chinatown.

En 2011, l’affront : les commerçants

asiatiques, ciblés par l’inspection du travail,

ont dû baisser le rideau le dimanche.

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Ce que souhaite une majorité de commerçants du quartier chinois, c’est qu’il soit reconnaissable

entre tous. Que ces lumières, qui ornent par exemple les avenues entre Noël et le Nouvel An chinois, s’installent défi niti-vement, agrémentées de boules rouges faisant offi ce de lampadaires. Le projet n’est pourtant pas envisageable sans une aide de la mairie du 13e qui, tout en reconnaissant le manque de décorum de ses rues, n’est pas prête à investir davan-tage. «!On ne peut pas tout faire à leur place, lance le maire, Jérôme Coumet. Mais on est désireux que ça avance! », faisant allusion aux multiples requêtes que l’association soumettra à la munici-palité dans les prochains mois. Parmi elles, la fameuse porte. L’asso-ciation l’affi rme : impossible pour un touriste de savoir où se situe le quartier chinois. Héang Ngo : «! Il arrive dans le

13e, souvent place d’Italie, persuadé que quelque chose apparaîtra dans son champ de vision, mais rien. Et une fois qu’il y est, il n’est toujours pas sûr d’y être, parce que rien ne l’indique.! » La porte marquerait ainsi l’entrée dans un autre environnement, tout en étant à elle seule un objet d’attention pour attirer l’œil et les appareils photos. Si la Mairie de Paris, seule apte à trancher, brandit la question du communauta-risme («!On ne peut pas faire grand chose de plus, on est un peu coincé!», affi rme Jean-Bernard Bros, adjoint au tourisme), Héang Ngo, président des commerçants, reste pourtant confi ant. Dans l’idéal, lui voudrait voir «!une porte entre Tolbiac et l’avenue d’Ivry, et une autre porte de Choisy!». Enfi n, toujours dans le but de se repérer, il imagine des panneaux directionnels indiquant le quartier chinois à partir de la place d’Italie.

LES DÉTAILSQUI FERAIENT LA DIFFÉRENCE

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PAPY-BOOMERSLe nombre de seniors parmi la population française a doublé en cinquante ans. Tendance lourde!: la moitié des sexagénaires pratique désormais une activité sportive ; ils seront 40% de plus en

2030. Rencontre avec quelques Parisiens qui ont choisi de suer pour bien vieillir.

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Portfolio

LA FORME DE SES 20 ANSGÉRARD - 66 ANS

Gérard est dans la forme de sa vie : tous les matins, de 10h à midi, c’est muscu, cardio, gainage, et ça, six jours sur sept. Ce gaillard ne s’est mis au sport de façon intensive qu’une fois la retraite venue. Avant, pas le temps : travailleur dans le social, il faisait des journées à rallonge. Aujourd’hui, il se défonce au sport, une fatigue plus saine selon lui!: «!Quand on est à la retraite les capacités physiques diminuent vite, il faut se bouger. Et puis ça me permet de me mettre plus facilement en maillot sur la plage...!»

Par Mathieu Génon

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Reportage

Par Jérémie PotéePhotographies Mathieu Génon

Il y a le papa, Eugen - que l’on prononce «!Éoudjène!» -, sa femme Camélia et leurs deux fi stons, Ciprian, 27 ans, et Mihaï, 24 ans. Quand nous venons à leur contact,

le raccourci politico-médiatique opère : ils parlent roumain, ils vivent sous tente dans un petit campement, ce sont donc des Roms. Il nous faudra revenir, accom-pagnés cette fois d’un indispensable interprète, pour nous apercevoir que cette petite famille est «! Roumaine de souche! ». Une famille roumaine lambda tombée en déconfi ture économique et forcée à l’exil vers l’Eldorado. En guise de refuge : Paris et sa Petite ceinture, pas très loin de la porte d’Italie. Cette voie de chemin de fer totalement désaffectée depuis les années 1990 compte de nombreux tunnels. Pas simple de se renseigner sur la population qui y vit, il faut oser s’aventurer par là - c’est d’ailleurs interdit. Notre famille est installée sous la voûte sombre de l’un d’entre eux. Eugen ne veut surtout pas

que l’on précise où. Ils sont nichés en sur-plomb des rails, le long d’un parapet dans un boyau accessible par un talus boueux. Là, on trouve quelques tentes entourées d’un bric-à-brac constitué de matériaux divers et d’objets métalliques. Chez eux, c’est une grande tente «! familiale! » où ils dorment tous. De part et d’autre, deux matelas, l’un pour les parents, l’autre pour les enfants. Et puis des tapis, quelques rangements, une ampoule, un vieil ordinateur de bureau et un chauffage électrique d’appoint qui ne fonctionnent que la nuit quand les lampadaires s’allument. Le branchement est illicite, l’existence de ces gens l’est presque autant. Le temps d’une soirée, ils nous la livrent.

MARSEILLE-PARIS... À VÉLOCe soir, Ciprian n’est pas là. Il est chez un copain, dans un foyer de Montreuil. C’est lui que nous avons rencontré la première fois quand, hésitant à entrer dans le tun-nel faiblement éclairé par la lumière de

DANS UN TUNNEL DE LA PETITE CEINTURELES MISÉRABLES DES TEMPS MODERNES

Sous une toile de tente, toute une famille roumaine subsiste comme elle peut, unie et misé-rable. Leur décor : une voie de chemin de fer désaffectée, bien à l’abri des regards.

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du week-end, ils entendent résonner les pépiements de «! teufeurs! » venus s’encanailler dans les souterrains. Ils aiment bien, ça fait de l’animation. De loin en loin, un train de nettoyage de la SNCF parcourt aussi les voies en contrebas. À l’abri dans les hauteurs du tunnel, ils se sentent plutôt en sécurité. Il n’y a qu’eux ici, même si une tente voisine attend le retour hypothétique d’un compatriote, gravement malade et parti se faire soigner au pays. Ils sont en tout cas bien mieux lotis que dans leur premier refuge, un autre tunnel maintenant muré d’où ils ont été chassés ainsi qu’une quinzaine d’autres migrants. C’est la police, affi rment-ils, qui leur a conseillé de se jucher sur leur pro-montoire, loin des regards. La discrétion, comprend-on, est le prix de la tolérance. Il leur faut malgré tout assurer leurs arrières et ne jamais laisser le campement inoccupé - ils se sont déjà faits cambrioler par des «!Gitans!». C’est Camélia qui s’y colle. Assignée à résidence par force de nécessité, elle passe ses journées à s’occuper comme elle peut. En guise de divertissement, un

lecteur de DVD portable qui lui permet de regarder des fi lms tant que la batterie tient le coup. Avec ses boucles blondes, elle a l’allure d’une femme qui a connu une autre vie. Plus jeune que son mari, elle a une douceur dans le ton et les gestes qui contredisent l’âpreté de ses conditions de vie. Son visage, agréable et ouvert, a néan-moins les traits marqués par la fatigue.

UN EXIL SANS RETOURCamélia se dit malade. On leur a un jour donné une enveloppe où fi gure l’adresse de Médecins du Monde, dans le 11e. Mais elle n’ose pas y aller et Eugen ne l’y incite pas plus que ça. Non par indifférence mais à cause de la sacro-sainte nécessité de ne pas faire de vagues. On sent chez lui cette volonté patriarcale de protéger sa famille des menaces extérieures, quitte à la couper du monde. Conséquence : une méconnais-sance absolue des mécanismes sociaux. Qu’attendent-ils alors de la France, dans ces conditions ? Eugen, au physique nettement plus usé que sa femme, sait qu’il ne pourra pas tenir longtemps dans

ces conditions. Il cultive simplement l’idée que leur migration sera - peut-être!- bénéfi que à leurs fi ls, un jour ou l’autre. Le retour en Roumanie n’est pas envisa-geable pour le moment. Pour quoi faire d’ailleurs! ? Eugen voit sa terre d’origine comme un pays sans espoir, pourri par la corruption. Tombé, tombé, tombé, répète-t-il par trois fois. Là-bas, il y a pourtant leur fi lle, mariée et jeune maman, dans la maison de laquelle reviendra habiter Mihaï à son retour en Roumanie. Dans ce village, il fait des petits travaux de manœuvre agricole. Camélia nous montre, attendrie, des pho-tos de sa fi lle et du bébé. Car, dit Eugen dans une de ses sentences amusées, les femmes restent toujours les femmes. Quand ils nous raccompagnent à la sortie du tunnel, c’est en nous tenant la main pour éviter que l’on glisse pendant la descente. Une attention touchante qui nous laisse désemparés quand nous tour-nons le dos à cet improbable foyer familial niché en plein cœur de la ville et pourtant si loin de tout. "

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CULTURE Janvier 2012 — www.le13dumois.fr

ATTRIBUTION DES ATELIERS D’ARTISTES :

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CULTUREJanvier 2012 — www.le13dumois.fr

Pour vivre heureux, vivons cachés, semblent se dire les artistes de la Cité Fleurie. Dans Le 13 du Mois de juillet, on avait été frappé par l’isolement des

trente ateliers d’artistes qui composent l’agréable cité arborée. Symptôme d’une mauvaise conscience ou volonté de travail-ler en paix ? Les deux, à en croire le discours très contrasté des habitants de la Cité.

OÙ SONT PASSÉS LES ARTISTES À LA CITÉ FLEURIE ?Incisif, le photographe Joël Cadiou ouvre la ronde des mécontents! : «! J’en connais qui ont leur atelier ailleurs et qui vivent ici, qui ont transformé leur atelier en mai-son bourgeoise!», commence-t-il. Une fois lancé, il ne s’arrête plus : «!Certains sont des planqués de ministère qui n’ont pas la moindre peinture dans leur atelier !!» Selon lui, seuls sept artistes sur

trente bûchent vraiment dans leur ate-lier-logement du boulevard Arago... Un constat validé par bien des voisins de Joël Cadiou, dont le peintre Daniel Solnon ou le sculpteur Serge Benoît. Certains résidents sont certes trop vieux pour continuer à travailler mais ça ne suffi t pas à expliquer pourquoi ces ateliers sont devenus, en majorité, de simples résidences aux loyers avantageux. "

Georges Rousse et Danielle Bordet fi gurent parmi les chanceux de la Cité Fleurie. Le premier jouit d’une renommée internationale. Il expose un peu partout, est représenté par des galeries à Berlin, Turin

ou encore Genève. On peut penser qu’il aurait pu se passer de l’aide de la Ville de Paris. D’autant plus que «!Mr Rousse est rarement à Paris!», nous a expliqué le plus naturellement du monde son attachée de presse. Et pour cause : George Rousse possède un autre atelier en Normandie et vit une bonne partie de l’année à Nice. Pourtant, l’homme affi rme avec fermeté habiter et créer dans son logis du boulevard Arago. «!Il y a des années où je vends bien, d’autres où c’est diffi cile!», juge-t-il utile de compléter...Professeure d’arts plastiques, Danielle Bordet est arrivée comme beaucoup au moment du squat des lieux dans les années 70 et n’a jamais quitté la Cité depuis. Aujourd’hui, elle s’occupe essentiellement de son association Piroguiers, destinée au développement de la scolarisation des enfants africains. Dans son atelier, les masques qu’elle ramène d’Afrique sont aussi nombreux que ses sculptures entreposées sur des étagères. On peine à y voir un lieu de création artistique mais plutôt un espace de vente. «!Je ne suis pas une artiste à plein temps, explique-t-elle, et quand je sculpte je le fais dans le salon.!»

QUI PEUT PRÉTENDRE À UN ATELIER PUBLIC ?

Pas d’atelier sans statut professionnel. Le demandeur doit être inscrit à la Maison des Artistes qui rassemble la quasi-totalité des plasticiens professionnels français. L’atelier-logement fonctionnant sous le régime des logements sociaux, l’artiste ne doit pas dépasser certains plafonds. Une fois le dossier de demande constitué, les chances de chacun dépendent a priori du parcours artistique, de l’ancienneté de la demande et de son urgence.

LA PORTE OUVERTE À TOUS LES ABUS ?À l’approche des présidentielles, la Maison des Artistes relance une vieille controverse autour de la politique d’attribution des ateliers d’artistes. Où copinage et occupation abusive seraient les deux mamelles d’un système pas franchement équitable. Coup d’œil dans le 13e du côté des Cité Fleurie, Cité Chagall ou rue Ricaut.

QUAND ON NE TRAVAILLE PAS, ON ARGUMENTE

Par Anaïs HeluinPhotographies Mathieu Génon

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CERTAINS ABUSENT QUAND LA MAJORITÉ POIREAUTEDe la bouche de ceux qui ont bien voulu parler, deux problèmes majeurs ressortent : l’injustice de la procédure d’attribution des ateliers et leur occu-pation abusive. Désolant, alors que la liste d’attente s’allonge avec plus de 1 500 demandes par an contre un taux de rotation du parc d’ateliers parisiens de 1 à 1,5% seulement. En 2011, seuls 25 ateliers ont été libérés puis réattribués. Mais cela, très peu de gens le savent en dehors du comité «!Art dans la ville!», crée en 2003 par la Ville de Paris afi n de mettre en place deux ou trois commis-sions d’attribution par an. Mais tous les ateliers ne dépendent pas de cette structure. D’autres relèvent des maires d’arrondissements : Jérôme Coumet, maire du 13e, affi rme ainsi ne réunir que «! très rarement! » une commission. Le ministère de la Culture possède lui aussi sa propre commission.

LA VOIX OUBLIÉE DES ARTISTESAu sujet de ces commissions, les sup-putations des artistes vont bon train. Copinage, favoritisme envers les artistes conceptuels... Nombreux sont les artistes du 13e à remettre en cause le système. Pierre Gillou est de ceux-là. La soixan-taine, peintre, père du photographe Joël Cadiou et fi ls d’Henri – grand artisan de la sauvegarde de la Cité Fleurie dans les années 70 -, il cherche désespérément un atelier. Déjà quatre ans que son dossier est en attente. Désormais président du Comité de défense des artistes du Grand Palais, il a sa petite théorie sur l’attribu-tion des ateliers d’artistes. En plus d’être régie par du copinage pur et simple, elle le serait également par la «!suprématie depuis une trentaine d’années de l’art conceptuel sur d’autres formes d’art ». "

UNE COMMISSION D’ATTRIBUTION « SPÉ-CIALE FRIGOS »

En matière de statut et de procédure d’attribution, les Frigos font fi gure d’ovnis. Jusqu’à présent autogérés, une commission d’attribution mise en place en décembre 2011 va changer les choses. Elle mêlera cinq représentants des Frigos et différents chargés de mission de la Ville de Paris. Un véritable cas d’espèce.

En 2011 à Paris, seuls 25 ateliers ont été libérés puis réattribués

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Par Anaïs Heluin

SORTIES

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SORTIESBOB SINÉ RETOURNE À L’ÉCOLE

– EXPOSITION

Réfractaire à toute institution, Bob Siné est un autodidacte. Ou presque. À 14 ans, après le brevet élémentaire, il intègre une école d’art graphique à

laquelle il doit beaucoup : l’école Estienne, située sur le boulevard Auguste Blanqui. 65 ans plus tard, l’établissement propose une exposition-rétrospective du parcours du célèbre caricaturiste et dessinateur de presse. L’occasion pour Siné de nous faire un bilan de sa carrière et de l’air du temps.

LE 13 DU MOIS : De 1942 à 1946, vous avez étudié dans l’école qui aujourd’hui vous rend hommage. Est-ce ici que vous avez créé votre univers ? SINÉ : Non, c’est plus tard, après avoir fait l’armée et avoir bossé dans plusieurs boîtes de pub qui ne me convenaient jamais que je suis entré dans l’humour. C'est grâce à Steinberg, dont j’ai à cette époque découvert un album fabuleux. J’ai eu envie de faire comme lui : pen-dant deux ou trois ans j’ai travaillé, j’ai développé la patte qui n’a jamais cessée de me caractériser. Ce n’est qu’en 55, grâce à mes dessins de chats, que j’ai été catapulté. Mais déjà, pendant mes années d’école, j’avais appris le dessin et commencé à exprimer mon côté contestataire. L’Occupation y est sans doute pour quelque chose. Et surtout la Libération, avec l’arrivée des Américains qui ont ramené le jazz, l’alcool et les cigarettes.

Le jazz, l’alcool, les femmes... Autant de thèmes qui sont toujours liés chez vous à la politique. Vos engagements ont-ils évolué au cours du temps ? Pas du tout. Je suis connu pour être fidèle à mes principes et à mes idées. Toujours du côté des emmerdés, j’ai successivement défendu ceux qui en avaient besoin. Les Noirs Américains, les Algériens, les Cubains... Aujourd’hui, je soutiens les révolutions arabes dont j’espère le meilleur, même si les islamistes ont déjà pointé le bout de leur nez et que ça ne m’enchante pas du tout... Les présidentielles françaises à venir sont aussi un enjeu majeur : il faut à tout prix lutter contre le prési-dent actuel !

Malgré votre départ de Charlie Hebdo en 2008 vous avez réussi à rester dans la lumière… Mieux que ça. Quand Philippe Val, le rédacteur en chef de Charlie, m’a accusé d’antisémitisme pour me faire virer du canard, j’ai créé mon propre support : Siné Hebdo. Le succès fut énorme, grâce à la polémique largement relayée sur Internet. Certes, cela n’a duré que deux ans! : les ventes ont fi ni par baisser, et nous avons dû arrêter en 2010 pour lancer un Siné Mensuel, qui en est déjà à son cin-quième numéro. Pour l’instant, on vend entre 40 et 50 000 exemplaires, ce qui est pas mal.

Aujourd’hui, vous n’écrivez plus que pour votre magazine. Pourquoi ? Déjà parce que j’ai 83 ans, et que je n’ai plus autant d’énergie qu’avant ! Et aussi parce que je trouve tous les autres journaux bien trop modérés. Même Char-lie Hebdo, à l’époque où j’y suis entré. Heureusement, on me laissait une pleine liberté d’expression. Mais je n’ai jamais compris le manque de virulence des dessinateurs, ni de la presse en général. Sont-ce leurs convictions ou de l’autocen-sure ? Pour autant, je ne m’inquiète pas pour la relève, il y a des gens très bien. Ceux du Canard enchaîné, par exemple, et ceux avec qui je bosse. Ils ont tous la quarantaine, et si je n’ai pas découvert de tout jeune talent, ils ne tarderont sans doute pas à apparaître. Il le faut, car même s’il n’y a pas un véritable marché pour des publications telles que les miennes, la critique et la caricature sont indispensables à la société. "

Siné l’incorrigible, à l’école Estienne, 18 boulevard Auguste Blanqui jusqu’au 7 février. Du lundi au vendredi de 9h à 19h, entrée libre.

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PORTRAIT Janvier 2012 — www.le13dumois.fr

1983Naissance à Rennes

2001Bac L en poche, elle rejoint Paris et intègre une troupe de théâtre

2005Arrête le théâtre, s’inscrit à la fac

de Censier en lettres modernes

2007Adhère à l’Union

des étudiants communistes (UEC)

2008Élue conseillère de Paris et du 13e arrondissement

2012Candidate du Front de gauche aux législatives

dans la 9e circonscription

SES DATES

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PORTRAITJanvier 2012 — www.le13dumois.fr

Le ventre arrondi d'une future maman et le sourire sincère, Emmanuelle Becker dégage une véritable fraîcheur. C’est une charmeuse qu’il est facile

de prendre en sympathie. On en oublie-rait presque qu’elle représente le bon vieux Parti communiste à l’image mori-bonde. C’est bien le but : si elle en est là aujourd’hui, c’est aussi qu’elle a su surfer sur la vague de jeunesse que le parti a voulu promouvoir.

VENT NOUVEAU AU PCQui mieux que cette jeune femme de 28 ans pouvait incarner ce «! nouveau Parti communiste! » que Pierre Laurent vante dans son dernier livre!? «!Elle fait partie de cette génération qui est en train de prendre en main les rênes du parti, et de le transformer!», s’enthousiasme le secré-taire général. Il a connu Emmanuelle Becker fi n 2007, lors de la présentation des listes communistes pour les municipales de l’année suivante. Il se souvient que «!son

discours avait bluffé tout le monde! ». À tel point qu’on a propulsé cette jeune femme - elle avait 24 ans -, non encartée et quasi-étrangère à la politique, en sixième position de la liste menée par Jérôme Cou-met. Pari risqué, pari tenu, Paris gagné. La voilà conseillère d’arrondissement et de Paris. Sacré retournement pour celle qui, un an plus tôt, s’habillait en jeans troués et ne votait pas, trop occupée à mener de front ses études et son job de serveuse.

AVANT LA POLITIQUE, LE THÉÂTREAvant sa «!prise de conscience!» de 2007, Emmanuelle Becker a tergiversé. Deux ans plus tôt, malgré des débuts prometteurs, elle se détourne du théâtre, sa grande passion depuis l’âge de 11 ans. Le bac littéraire en poche, la jeune majeure avait quitté sa Bretagne natale pour intégrer une troupe à Paris. Jeune fi lle au pair dans une famille de comédiens, elle a suivi pendant un temps la formation de l’école Claude Mathieu dans le 18e, puis celle des Ateliers du Sapajou aux Frigos. À son actif, plusieurs représentations, une poignée de

publicités et des fi gurations. Et puis un jour : «!Je me lève et je n’avais plus envie. Le milieu me dérangeait, les rapports étaient assez faux. J’en avais marre.!» Exit le théâtre, Emmanuelle Becker retourne à ses études. Elle s’inscrit en lettres modernes à Censier, tout en bos-sant comme serveuse au Patio Provençal dans le 19e. Le cumul lui réussit!: elle fi nit major de sa promotion deux ans de suite. À l’époque, les manifestations étudiantes contre le Contrat première embauche ne l’inspirent pas, elle n’en «! comprend pas les revendications!». C’est le temps où elle met ses valeurs sociales sous le boisseau!: née dans une famille «!classe moyenne de gauche! », elle a passé une partie de son enfance au sein des Jeunesses ouvrières chrétiennes.

DÉCLICÀ Censier, fac très à gauche, le naturel fi nit par revenir au galop. Elle y ren-contre les militants de l’Union des étu-diants communistes (UEC). C’est le déclic. Après quelques hésitations, elle décide "

Emmanuelle Becker

Emmanuelle Becker est la candidate du Front de gauche aux législatives. Entrée en politique en 2008, elle a été élue conseillère communiste du 13e et de Paris à 24 ans à peine. Elle fait partie de ces nouvelles troupes sur lesquelles mise le PC pour dépoussiérer son image.

LE PCF NOUVEAU EST ARRIVÉ

ÉLECTIONS2012

Par Emmanuel SalloumPhotographies Mathieu Génon

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LOISIRS Janvier 2012 — www.le13dumois.fr

Bon plan resto - La Zygothèque

WHISKY AND FRENCH CUISINE, REALLY ?

Par Emmanuel SalloumPhotographies Mathieu Génon

Le nom est quelque peu trom-peur! : on ne vient pas ici tant pour rigoler que pour exercer ses muscles masticateurs, et surtout ses papilles. La carte

des whiskies liste pas moins de 240 réfé-rences. Du scotch et de l’irlandais, bien sûr, mais aussi du japonais, de l’indien, du suédois, du breton… «!On choisit selon l’humeur!», explique Jean-Michel Noël, le patron. Et selon le budget! : le verre de 4 centilitres se paie à tous les prix de 4 à 32 euros. Les néophytes se sentiront perdus dans la profusion, ils peuvent se référer à la description détaillée du caractère et des arômes que recèle chaque breuvage.

VOUS ÊTES PLUTÔT GRAS OU TOURBÉ ?Plutôt whisky sec, fruité, fl oral, onc-tueux! ? Peut-être préférez-vous un gras, tourbé, fumé, puissant ? Avec des notes de marmelade, de camphre, de vanille, de bruyère!? Vous l’aurez compris, il y en a assez pour satisfaire tout le monde. Les

connaisseurs trouveront leur compte dans la sélection des «! embouteilleurs indépendants!», ou peuvent opter pour la crème des single malts dans «!le coin des collectionneurs!». On peut même trouver de véritables raretés, certains whiskies provenant de fûts uniques ou carrément de distilleries aujourd’hui fermées!! Attention, ici sodas et glaçons sont bannis. Le whisky se boit pur dans un petit verre tulipe, à température ambiante. Ajoutez juste quelques gouttes d’eau pour libérer de nouveaux arômes. Jean-Michel vous expliquera que l’approche du whisky est également radicalement différente lorsqu’on l’accompagne d’un plat. On peut entamer son verre en guise d’apéritif et le fi nir une fois l’assiette ser-vie. Mais l’idéal est encore de participer à l’un des dîners dégustation à thème organisés chaque mois. Cinq services de fi ne cuisine et un whisky à choisir parmi deux à chaque étape.

UNE CUISINE DE MARCHÉ SOIGNÉELa Zygothèque se distingue également du côté de l’assiette, avec une carte

assez limitée mais originale et pleine de saveurs. Cinq entrées seulement au choix dont le très courtisé «! Cigare craquant de langoustine au chou et lard », le rissolé de ris d’agneau ou encore le risotto de foie gras. Les plats font la part belle aux viandes cuisinées en sauce! : rosace d’onglet de veau, pavé de biche, cœur de rumsteak, etc. Ne pas passer à côté de la spécialité du chef, la «! tarte Tatin de cochon et épices, mijotée aux fruits secs!». La carte se ren ouvelle presque quotidiennement selon l’humeur du jour, selon l’arrivage à Rungis. D’autres surprises carnées vous attendent - souris d’agneau braisée en chevreuil, rognon de veau sauce foie gras… -, ainsi qu’un pois-son une fois par semaine. On termine par un dessert simple mais goûteux. L’ensemble forme une carte assez cohérente de cuisine raffi née, qui vaut bien le prix affi ché. Les moins fortunés peuvent se rabattre sur la très honnête formule déjeuner entrée-plat-dessert-café à 18". Et que les allergiques au whisky se rassurent! : ils trouveront un choix de vins qui vaut bien son pesant de malt. #

La Zygothèque, 15 rue de Tolbiac, 01.45.83.07.48. Ouvert tous les jours sauf le week-end. Menu déjeuner (entrée + plat + dessert + café)!: 18" — À la carte (entrée + plat + dessert)!: 30!-!40". Bouteille de vin!: 14!-!90". Repas dégustation!: 54"

Le whisky fait fureur en France. Les bars spécialisés ont fl euri dans la capitale et les pubs ont élargi leur gamme. Pour accompagner le breuvage avec autre chose que des cacahuètes, fi lez à la Zygothèque, à deux pas de la BNF. Dans ce restaurant de très bonne tenue, vous trouverez la plus grande cave à whisky de tout Paris.

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ÉPISODE 1

À LA RECHERCHE DU DRAGON DU TEMPLE

À LA DÉCOUVERTE DE CHINATOWN EN FAMILLE!!

Pour ce premier épisode, Jang, un jeune habitant du 13e, vous emmène à la découverte

du quartier chinois. Suivez-le à la recherche du Grand Dragon.

L’aventure se poursuivra dans les deux prochains numéros du 13 du Mois.

JANG ET LES DRAGONS

GAGNEZ DES BDET

DES ABONNEMENTS !

SPÉCIAL ENFANTS

Textes!et idée originale : Antoine Esbelin et Pierre Schneidermann (Association Envol’moi)— Illustrations et dessins!: Sarah Si Ahmed et Gladys Caristan

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Janvier 2012 — www.le13dumois.fr

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—TOUS LES SECRETS DU LIEU QUE VOUS VENEZ DE VOIR Il faut être persévérant pour se recueillir auprès des divini-tés chinoises du 13e arrondissement. Le quartier abrite deux des rares temples bouddhistes que compte la capitale. L’autel du Culte du Bouddha, également appelé temple de l’Association des Résidents en France d’Origine Indochinoise (A.R.F.O.I), se cache dans les entrailles de la dalle de Olympiades, isolé au 36 de la rue du Disque. Pour y parvenir, on emprunte le même chemin que les nombreux véhicules qui, à toute heure, entrent et sortent des parkings souterrains. Mal connu des habitants du 13e, il est principalement fré-quenté par les Chinois originaires de la région de Zhejiang au sud de Shangaï!: les Wenzhous. Dans les années 70, la région a connu une grave crise du textile, alors principal secteur d’acti-vité, ce qui entraîna leur émigration vers la France. Le temple est dédié à Guanyin, une divinité bouddhique «!bodhisattva!», autrement dit un être qui, ayant atteint l’illumina-

tion, refuse les portes du Nirvana pour se réincarner sur Terre et aider les hommes dans leur longue quête de la sagesse. En passant les portes du temple, on s’étonne de l’ambiance conviviale du lieu. On y mange et on y danse les jours de fête - souvent le dimanche -, les habitués s’y retrouvent pour une partie de xiangqi, les échecs chinois, et enfi n, on y vient prier les divinités et pratiquer les baguettes divinatoires pour s’aider à prendre des décisions importantes de la vie. La gestion du temple appartient à l’A.R.F.O.I, une associa-tion qui organise également les festivités du Nouvel An chinois, qui se dérouleront cette année le dimanche 29 Janvier 2012. La structure assure également des cours de chinois et de français pour enfants et adultes. Les cours ont lieu juste au-dessus du temple : montez les escaliers au niveau du 70 et engagez-vous dans le corridor ; la salle de classe se trouve à mi-chemin du centre la dalle, sur votre droite.

ENFANTSSPÉCIAL

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