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Le magazine indépendant du 13 e arrondissement N° 07 — Mai 2011 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois 3,90 OLYMPIADES LE RUNGIS ASIATIQUE SANTÉ LA FIN DES PLANTES MÉDICINALES ? FOOTBALL PARIS FC LES DESSOUS D’UNE PETITE ENTREPRISE QUAND LES RÉALISATEURS DRAGUENT LE 13 e QUAND LES RÉALISATEURS DRAGUENT LE 13 e AUX GOBELINS, LA BATAILLE DE L’ART ET ESSAI AUX GOBELINS, LA BATAILLE DE L’ART ET ESSAI GRAND ÉCRAN ITALIE : OÙ EN EST-ON ? GRAND ÉCRAN ITALIE : OÙ EN EST-ON ? Passage du Moulinet Passage Bourgoin Découvrez deux MAISONS D’ARCHITECTE LA RIGUEUR PRÈS DE CHEZ VOUS POUR QUI ROULENT VOS ÉLUS ? PRÉSIDENTIELLE SERVICES PUBLICS ET 13 e CINÉMA 3 760208 770033 R 28895 - 0007 - F : 3.90 €

Le 13 du Mois n°7

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Le magazine indépendant du 13e arrondissement

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Page 1: Le 13 du Mois n°7

Le magazine indépendant du 13e arrondissement

N° 07 — Mai 2011 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois3,90 !

OLYMPIADESLE RUNGIS ASIATIQUE

SANTÉ LA FIN DES PLANTES MÉDICINALES ?

FOOTBALL PARIS FCLES DESSOUS D’UNE PETITE ENTREPRISE

QUAND LES RÉALISATEURS DRAGUENT LE 13e

QUANDLES RÉALISATEURS DRAGUENT LE 13e

AUX GOBELINS,LA BATAILLE DE L’ART ET ESSAI

AUX GOBELINS,LA BATAILLE DE L’ART ET ESSAI

GRAND ÉCRAN ITALIE :OÙ EN EST-ON ?GRAND ÉCRAN ITALIE :OÙ EN EST-ON ?

Passage du Moulinet Passage BourgoinDécouvrez deuxMAISONS D’ARCHITECTE

LA RIGUEUR PRÈS DE CHEZ VOUS

POUR QUI ROULENTVOS ÉLUS ?

PRÉSIDENTIELLE SERVICES PUBLICS

ET13eCINÉMA

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Tournage d’une scène de la série Boulevard du palais sur la passerelle Simone de Beauvoir, mardi 3 mai.

DOSSIER

14 15Mai 2011 — www.le13dumois.fr www.le13dumois.fr — Mai 201114

Par David EvenPhotographies Mathieu Génon

13

13eET

CINÉMA « Moteur… ça tourne… action ! ». Cette for-mule sonne presque comme un refrain à force d’être enten-dues plusieurs fois

par semaine un peu partout dans le 13e. L’ar-rondissement est devenu ces dernières années l’un des plus prisés par les réalisateurs : « Le 13e est très dynamique. Il fait aujourd’hui partie des 10 arrondissements qui accueillent le plus d’équipes de fi lms avec près de 200 journées de tournage en 2010 », dévoile Sophie Boudon-Vanhille, responsable des tournages à la Mis-sion cinéma de la Ville de Paris (voir encadré page 16).

QUAND LES RÉALISATEURS

DRAGUENT LE 13e

Dans une ville qui attire chaque année plus de tournages, le 13e arrondissement parvient à se hisser, par la diversité des lieux qu’il propose, parmi les quartiers les plus fi lmés de la capitale.

On y double des fi lms depuis 70 ans, les réalisateurs y posent de plus en plus leur caméra ; cinq ans après sa fermeture, un « Grand Ecran » refait parler de lui et dans l’ombre un in-dépendant essaye de tenir tête aux grands groupes. Plan panorama du 13e du cinoche.

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Audrey Tautou (derrière le panneau !) en plein tournage de La délicatesse à la Butte-aux-Cailles, mardi 3 mai.

Monsieur Papa de Kad Merad, sortie en salles le 1er juin 2011.

Tournage de Monsieur Papa de Kad Merad aux Olympiades.

« LA BUTTE-AUX-CAILLES EST PEU PRÉSENTE AU CINÉMA »

—« Pour le fi lm 99 Francs ils ont mis des palmiers sur l’avenue de France et on était à Miami ! »

DOSSIER

16 17Mai 2011 — www.le13dumois.fr www.le13dumois.fr — Mai 201116

FOCUS

5 FILMS TOURNÉS DANS LE 13eséries télévisées, de publicités, de documen-taires, de courts-métrages et de fi lms école. La Mission cinéma n’est pas qu’un simple service d’autorisation de tournages, elle met également en place une éducation au cinéma à l’adresse des plus jeunes, gère le Forum des images, dispose d’un fonds de soutien destiné aux salles indépendantes. Elle a notamment mis en place en 2010 un plan de transition au numérique pour per-mettre aux petites salles de s’équiper des dernières technologies afi n de ne pas subir de « fracture numérique », comme l’explique Michel Gomez son délégué général.

— La traversée de Paris, Claude Autant-Lara, 1956, du côté du métro Saint-Marcel.

— Belle de jour, Luis Buñuel, 1967, du côté du square Albin Cachot.

— Pinot simple fl ic, Gérard Jugnot, 1984, du côté de la Pitié-Salpêtrière et de la rue du docteur Leray.

— Le petit lieutenant, Xavier Beauvois, 2005, du côté de la rue Charles Fourier.

— Paris, Cédric Klapisch, 2008, du côté de la BNF.

— Monsieur Papa, Kad Merad, 2011, sur la dalle des Olympiades.

La Mission cinéma de la Ville de Paris a été créée en 2002 à l’initiative de Bertrand De-lanoë dans le but de développer et d’assu-rer une meilleure cohérence de la politique cinématographique de la capitale. 13 per-sonnes sont chargées de délivrer les autori-sations de tournages - plus de 920 en 2010 -, de faciliter le travail des équipes techniques et, par ricochet, de développer l’attractivité de la ville. Paris n’attire pas que les grosses productions cinématographiques. En effet, toutes les créations audiovisuelles - petites ou grandes - sont soutenues. Ainsi, à part presque égale, la capitale est le décor de

L’écrivain à succès David Foenkinos vient d’achever son premier long-métrage en adaptant son roman La Délicatesse (éd. Gal-limard). À l’affi che du fi lm, Audrey Tautou et François Damiens sur fond de 13e arron-dissement. Sortie prévue début 2011.

Le 13 du Mois : Pourquoi avoir choisi la Butte-aux-Cailles comme décor ? David Foenkinos : La scène de la Butte-aux-Cailles est importante car c’est le moment de la rencontre. On avait envie de tour-ner dans un Paris peu vu. D’une manière

assez étrange, la Butte est au final peu présente au cinéma. C’est un endroit pré-servé que j’adore. Je rêvais de cette place depuis longtemps pour l’ouverture du film. J’habite depuis 15 ans dans le 13e et je l’avais repérée quand je travaillais aux éditions Le Dilettante situées à l’époque rue Barrault. Pour une des scènes tour-nées à la Butte nous avons même eu une guest star : la fille de Steven Spielberg, Sasha, qui joue le rôle d’une touriste amé-ricaine !

Quelles sont les contraintes d’un tour-nage en décor réel ? La météo, évidemment. Le jour du tour-nage, il a plu. C’était dommage pour la lumière et la magie de la rencontre mais je ne me plains pas. Ensuite, au niveau de la gestion de la figuration et des passants ça a été finalement assez simple. Les gens étaient sympas et nous avons été bien ac-cueillis par les habitants même si certains ont envie de préserver la tranquillité de leur « petit village ».

Propos recueillis par Caroline Vaisson.

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LA DIVERSITÉ DU 13e ATTIRE LES RÉALISATEURSC’est vrai qu’à la Butte-aux-Cailles en ce lundi ma-tin du mois de mai, les passants sont fi nalement peu surpris de devoir patienter quelques minutes sur un bout de trottoir, le temps d’une prise (voir l’entretien avec le romancier et réalisateur David Foenkinos page 17). Tout juste s’excite-t-on un peu de la présence de l’actrice Audrey Tautou, que quelques-uns s’empressent de photographier avec leur téléphone portable. Une fois la scène tournée, le ballet des passants et des techniciens reprend comme si de rien n’était. Le lendemain, même scène mais du côté de la BNF cette fois, avec le tournage de la série télévisée à succès Boulevard du palais. « Le 13e attire toutes sortes de productions. Les gros fi lms comme Paris de Cédric Klapisch mais aussi beaucoup de séries poli-cières comme Navarro, Julie Lescaut ou plus récem-ment Alice Nevers. L’arrondissement offre une telle diversité visuelle entre le quartier asiatique, les Olym-piades ou le nouveau quartier de la grande biblio-thèque que ça séduit chaque année de plus en plus de productions », explique Sophie Boudon-Vanhille.Si la passerelle Simone de Beauvoir qui enjambe la Seine en face de la BNF a particulièrement la cote en ce moment, nul coin du 13e n’est plus cinégé-nique qu’un autre. On tourne partout et pas seu-lement à la Butte-aux-Cailles comme on pourrait le penser. C’est d’ailleurs le souhait de la Mission cinéma qui essaye au maximum de répartir les tournages sur l’ensemble de l’arrondissement afi n de gêner le moins possible les riverains et les com-merçants. Une charte a même été signée en 2006 entre la Ville et les professionnels de l’audiovisuel pour veiller au respect des riverains.

4 000 EUROS LA JOURNÉE DE TOURNAGEJulien Cohen est un commerçant habitué des tournages. Patron du restaurant italien Les Cailloux à la Butte-aux-Cailles, son établisse-ment était le décor du fi lm de David Foenkinos début mai. « On accueille au moins trois tour-nages par an. Là, il s’agissait d’une grosse pro-duction mais parfois ce sont des fi lms plus confi -dentiels ou même des publicités comme quelques jours plus tôt avec le tournage d’un clip pour la Fête du cinéma », raconte-t-il. Être sollicité par les équipes de production ne dérange pas le restaurateur, au contraire. Il veille seulement à ce que l’image de son établissement ne soit pas dégradée et à ce qu’il ne perde pas d’argent. Il facture environ 4 000 euros la journée de tour-nage, du matin jusqu’à 16 heures. En dehors de la location de lieux privés et d’es-paces publics comme les parcs et les bâtiments

que la Ville met à disposition contre versement d’une redevance - qui a rapporté 650 000 euros en 2008 -, l’accès aux rues de la capitale est lui entièrement gratuit. Pas étonnant du coup que la ville attire chaque année plus de tournages (+ 10% en 2010) et qu’un fi lm français sur deux y soit réalisé. « Des quartiers comme le 16e, 18e ou 8e sont immédiatement identifi ables à Paris grâce à leurs monuments. On y tourne en conséquence beau-coup plus de publicités que dans le 13e. Mais, en revanche, c’est dans le 13e que l’on peut plus faci-lement dénicher de nouveaux endroits et aider les réalisateurs à faire le bon choix », rajoute Sophie Boudon-Vanhille, avant de conclure tout sou-rire : « Pour une course-poursuite de 99 Francs, il fallait reproduire un grand boulevard de Miami. En rajoutant quelques palmiers sur l’avenue de France on y était ! »

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DOSSIER

18 19Mai 2011 — www.le13dumois.fr www.le13dumois.fr — Mai 201118

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Le 13e abrite les plus anciens studios parisiens de doublage et de postsynchronisation cinématographiques. Philippe Carbonnier, le directeur artistique de Dôme productions, nous raconte l’un des métiers les moins connus de l’industrie du cinéma.

SILENCE,ON DOUBLE

Dôme productions, à l’image du mi-lieu du doublage, est une société qui se fait très discrète. Après plusieurs courriels, quelques coups de fi l et de sonnette, la chance nous sou-rit enfi n : après une longue attente

sur le trottoir nous tombons sur Philippe Carbonnier en personne qui concède à nous offrir un peu de son temps pour parler de son activité. Alors que certaines périodes de l’année sont résolument creuses, le directeur artistique - entendez celui qui tient les rênes de la société - croule en ce moment sous le travail. En 20 ans, il n’a jamais accordé un seul entretien à la presse.

STUDIOS DU 13e : CONFIDENTIEL DÉFENSENous pénétrons dans un bâtiment en béton blanc, presque sans fenêtres, dont l’archi-tecture industrielle contraste avec les im-meubles résidentiels de cette petite rue très calme du 13e, proche de la BNF. Philippe Car-bonnier tient à ce que nous ne mentionnions pas le nom de la rue. Nous comprendrons plus tard que ces précautions servent en partie à assurer l’anonymat des nombreux comédiens célèbres qui passent par ses stu-dios de doublage. L’assistante de Philippe Carbonnier révèle d’ailleurs, non sans hu-mour, que son deuxième métier chez Dôme

production, c’est cuisinière ! Elle restaure sur place les grands noms du cinéma, en toute intimité. La tranquillité des célébrités n’est pas seule en cause, il faut avoir à l’esprit que cette acti-vité requiert un matériel précieux qui pour-rait attirer les convoitises. Voilà pourquoi nous n’avons pas été autorisés à prendre en photo les plateaux d’enregistrement où les comédiens, appliqués à suivre la bande rythmographique, apposent leur voix sur les images d’un fi lm.

UN PASSÉ GLORIEUXC’est d’abord le grand sigle SPS, suspendu en hauteur et en relief sur la façade, qui a attisé notre curiosité. Il nous semble bien avoir vu ces trois lettres à de nombreuses reprises dans des génériques de fi lms. La Société parisienne de sonorisation est en effet la première société de doublage et de postsyn-chronisation française à avoir vu le jour en 1945. En ces lieux, alors même que de nom-breux fi lms étaient co-produits par les États-Unis et la France, la MGM, Paramount ou la Fox ont fait venir les plus grandes vedettes de cinéma. Charlie Chaplin, Sydney Poitier ou Elizabeth Taylor ont fi nalisé la bande sonore de leurs fi lms dans le 13e. La SPS a également produit les versions françaises des plus grands fi lms d’après-guerre, comme l’intégralité des James Bond.Aujourd’hui, c’est Dôme productions qui occupe les lieux. Depuis plus de 20 ans, on y produit chaque année entre 50 et 60 ver-sions françaises de fi lms, séries télévisées ou dessins animés. « 50 à 80 personnes en moyenne travaillent intensément sur deux mois pour produire la version française d’un fi lm étranger, à partir de n’importe quelle langue », nous explique Philippe Carbonnier. Dôme productions est une vraie fourmilière d’in-termittents du spectacle : comédiens, tech-niciens, monteurs, auteurs, traducteurs… 4000 professionnels y travaillent au cours d’une année.

LE DOUBLAGE, MÉDIATEUR CULTURELEn quelques minutes, Philippe Carbonnier arrive à nous convaincre que l’élaboration d’une version française d’un fi lm n’est pas la dernière roue du carrosse cinématogra-phique, mais bien l’ultime démarche par laquelle une culture peut communiquer avec une autre. À l’heure où beaucoup ne jurent que par la version originale sous-titrée, soi-

disant seule garante d’authenticité, il nous remémore qu’Alfred Hitchcock lui-même était plus favorable à une bonne version française de ses fi lms qu’à une version origi-nale sous-titrée.

« La lecture des sous-titres fait perdre au spec-tateur une partie de l’image », prévient Phi-lippe Carbonnier, tout en précisant que, par ailleurs, de nombreuses maladresses sont parfois commises lors de traductions litté-rales de certaines expressions étrangères. Il attire notre attention sur la nécessité de transcrire les éléments exogènes d’une culture dans notre propre langue. Pour ce directeur artistique qui se défi nit volon-tiers comme une sorte de chef d’orchestre défenseur de la langue française, la recette pour réaliser une bonne version française réside en premier lieu dans le processus d’adaptation, activité résolument littéraire et artistique, qui permet de pallier la diffé-rence entre les cultures. Sa ligne de conduite est simple : « Ne pas tricher ». Il en est sou-vent récompensé et dévoile avec émotion : « Lorsque j’entends des gens à la machine à café dire qu’ils ont pleuré devant la version française d’un fi lm, je sais que le but a été atteint. »

—Les versions françaises

des James Bond ont été

produites ici—

PETIT LEXIQUE DU DOUBLAGE

Postsynchronisation : technique consistant à remplacer des dialogues dont la prise de son ori-ginale n’est pas exploitable pour le mixage fi nal d’un fi lm ou pour améliorer le jeu des comé-diens. La postsynchronisation permet de réen-registrer un dialogue en studio dans la même langue que l’original et, en principe, avec le même comédien. Le doublage, bien qu’utilisant les mêmes techniques de base, permet de réali-ser une adaptation synchrone des dialogues et donc de changer de langue et de comédien.

Bande rythmographique : bande calligraphiée ou numérique défi lant sous l’écran et dont le texte est en synchronisme parfait avec les mou-vements de lèvres des personnages. Les comé-diens spécialisés dans le doublage suivent la bande rythmographique pour caler leur voix sur celle des comédiens du fi lm.

Voxographie : liste des doublages effectués par un comédien ou une comédienne.

Par Ôna MaioccoPhotographie Mathieu Génon

« JE SUIS UN ARTISAN QUI S’ÉCLATE »

bande rythmographique. Ce n’est pas plus dur que d’apprendre à se déplacer dans l’espace au théâtre et avec de la pratique on peut s’en affranchir et s’exprimer plus librement. Ensuite, on nous demande une importante cadence de travail. Pour les dessins animés, on double trois épisodes dans la journée, c’est la course au rendement. Il faut être très réactif, piger tout de suite le rôle et surtout avoir de l’oreille.

Comment préparez-vous les rôles ?Pour le doublage de fi lms, on essaie humblement de reproduire ce que l’acteur a fait, ses émotions, ses intonations… On n’invente rien en somme. Ce qui est bien chez Dôme productions, c’est qu’ils nous donnent le fi lm à l’avance pour qu’on prenne

le temps de le visionner et de s’imprégner du jeu de l’acteur. Pour les dessins animés, c’est beaucoup plus créatif. On donne plus de nous sans devoir se mettre au service d’une prestation existante.

Acteur de l’ombre, n’est-ce pas un peu ingrat ?Au contraire, j’ai tous les avantages du métier de comédien sans les inconvénients : j’interprète des dizaines de rôles, je fais dans la comédie, le drame ou le fi lm d’auteur… je n’ai pas besoin d’être en haut de l’affi che pour me sentir bien, pas besoin d’une reconnaissance particulière. Mais cela dépend vraiment de l’ego de chacun. Pour ma part, je me considère comme un artisan qui s’éclate.

À 31 ans, Alexis Tomassian a prêté sa voix à plus de 100 personnages de fi lms et de dessins animés. Rencontre avec ce comédien de l’ombre.

Le 13 du Mois : Comment devient-on comédien spécialisé dans le doublage ?Alexis Tomassian : Il faut tout d’abord être comédien, le doublage n’étant qu’une branche de ce métier. J’ai commencé à 10 ans après avoir obtenu un rôle dans Génial, mes parents divorcent ! [de Patrick Braoudé,1991, ndlr]. J’ai enchaîné sur des téléfi lms et du théâtre avant d’être contacté pour prêter ma voix. Les gens du milieu se sont ensuite passés mon numéro.

Quelles sont les spécifi cités de ce travail ?Il faut savoir apprivoiser la technique de la

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— PHOTOREPORTAGEPHOTOREPORTAGE —

LE RUNGISASIATIQUE

24 25Mai 2011 — www.le13dumois.fr www.le13dumois.fr — Mai 201124

L’ancienne gare des Gobelins est l’épicentre de la vie économique de Chinatown. Située sous la dalle des Olympiades, ce marché de gros et demi-gros — unique en son genre dans Paris intra muros — est

devenu le garde-manger des restaurateurs de la communauté asiatique, qui trouvent également dans les bazars de quoi équiper leur commerce de A à Z. C’est notamment ici que les frères Tang ont entamé leur expansion. Réservé aux professionnels, cet immense

souterrain s’étale sur deux niveaux de 75 000 mètres carrés. Il est ouvert à son extrémité sud sur une tranchée au milieu des tours qui témoigne de l’inachèvement de la dalle qui le surmonte. Transmis par la SNCF à sa fi liale Réseau ferré de France (RFF) en 2005, le site est désormais géré par une société immobi-lière, ICADE. L’ancienne gare, qui rece-vait des wagons de marchandises jusqu’en 1991, est en effet reliée à la Petite Cein-ture de Paris, ce réseau ferré inutilisé depuis lors.

13e ŒIL

Par Jérémie PotéePhotographies Mathieu Génon

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PORTRAIT

40 41Mai 2011 — www.le13dumois.fr www.le13dumois.fr — Mai 201140

Gérard Saillant, c’est d’abord un curriculum vitae long comme le bras. Quand on le lui fait remarquer, il rit de bon cœur, accoudé à sa table de réunion, les pieds sur une chaise, et avoue facilement son « secret » : « Il faut savoir dormir peu et être très organisé. J’ai hor-reur d’être en retard ! Il y a trop de choses à faire pour

être en retard. »

Diffi cile d’imaginer que cet homme déterminé, que l’on de-vine fi n stratège, a pu être le jeune garçon un peu dilettante qu’il décrit. Jugez de sa défi nition du dilettantisme : bachot en poche... à 14 ans, il arrête ses études de mathématiques au lycée Louis le Grand, « trop diffi cile », pour se lancer dans la médecine « parce que c’est ce que mon père et mon grand-père avaient fait ».

Marathonien, passionné de sport depuis l’époque où il apprenait à lire dans L’Équipe, le chirurgien orthopédiste a opéré des athlètes de renom : Ronaldo, Dan Carter, Michael Schumacher… dont les photos ornent la quasi-totalité des murs de son tout nouveau bureau à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière. Aujourd’hui retraité des blocs opéra-toires, il assiste tout de même Éric Rolland, le médecin du Pa-ris Saint-Germain, et est en charge des questions de sécurité au sein de la Fédération internationale de l’automobile, aux côtés de son ami le plus proche, son « petit frère », Jean Todt.

« CE QUI N’EST PAS EXCELLENT EST MAUVAIS »Très tôt, alors qu’il est encore externe, Gérard Saillant de-vient l’assistant d’un des pères fondateurs de l’orthopédie, Robert Judet. Pendant les trente ans qu’il passe à la Pitié-Salpêtrière, il participe au développement et à la diffusion de nouvelles méthodes chirurgicales pour la réparation des vertèbres, avec la pose de vis, ou encore pour celle des tendons. « Chose rare pour un médecin, sa notoriété est aussi grande auprès du grand public que chez ses confrères », raconte le professeur Yves Catonné, son successeur à la Pitié, avec qui Gérard Saillant travaille depuis la fi n des années 1970.

Un temps conseiller municipal à Vouzeron dans le Cher et de Rocquencourt dans les Yvelines, il a aussi été conseiller

au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports ou encore doyen de la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière. Au risque de délaisser un peu sa vie familiale : « C’est sûr, il faut que la famille le supporte. Heureusement que ma femme était là », admet-il. « Mes enfants ne m’en veulent pas trop, mais c’est vrai, je passe plus de temps avec mes petits-enfants que je n’en passais avec eux ».

Reste que ces expériences ont eu une infl uence dans sa pratique de la médecine, assure-t-il : « En faisant tout ça, on apporte peut-être un peu, mais surtout on apprend beaucoup.. Trop de mes collègues sont très performants dans leur spécialité, mais ne savent faire que ça. Je trouve ça dommage, car le pro-grès vient toujours de chez le voisin. » Le progrès, d’ailleurs, semble chez lui une obsession dont témoigne sa devise : « Ce qui n’est pas excellent est mauvais. »

UN HOMME DE RÉSEAUXÀ 61 ans, alors même qu’il aurait encore pu exercer quelques années, il met un terme à ses fonctions hospitalières. « Je ne voulais pas jouer le match de trop. Je l’ai trop vu, dans le sport comme dans la médecine », se justifi e-t-il. Une retraite antici-pée qui n’en est pas une, plutôt un rebond vers une énième nouvelle vie.

Il se consacre désormais à un nouveau projet, l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, et, décomplexé, s’assure « les meilleurs appuis possibles ». « Des copains, qui sont aussi parmi les meilleurs dans leur domaine » et sont souvent des personnalités très médiatiques : Michael Schumacher, Jean Reno, Jean Todt, Serge Weinberg, alors président du groupe Accor, Maurice Lévy, PDG de Publicis, ou encore Luc Besson, qui réalise même un fi lm promotionnel pour l’ICM. « C’est quelqu’un qui sait s’entourer », confi rme Yves Catonné.

Quatre ans et 65 millions d’euros plus tard, l’institut voit le jour en septembre 2010, à la Pitié-Salpêtrière. Gérard Saillant ne fait pas mystère de son objectif : « l’excel-lence ». En d’autres termes, il s’agit de faire de l’ICM l’un des cinq plus grands centres de recherche du monde, d’ici cinq à dix ans.

Il est surtout connu pour avoir opéré les plus grandes stars du sport, de Schumacher à Ronaldo. Pendant trente ans, Gérard Saillant a été chirurgien à la Pitié-Salpêtrière, s’est engagé en politique et dans le sport professionnel. Aujourd’hui, il est président de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). Portait d’un homme aux vies multiples.

Gérard Saillant DOCÀ TOUT FAIRE

Par Raphaëlle PeltierPhotographie Mathieu Génon

GÉRARD SAILLANT EN QUELQUES DATES

1945naissance à Montluçon (Allier)

1960première année de médecine

1976professeur à la Pitié-Salpêtrière

1997doyen de la faculté de médecine

de la Pitié-Salpêtrière

2006met fi n à ses fonctions

hospitalières et universitaires

2010inauguration de l’ICM,

qu’il préside

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Passage Bourgoin, près de la rue du Château des Rentiers.

42 43Mai 2011 — www.le13dumois.fr www.le13dumois.fr — Mai 201142

INSOLITE

Pablo Katz est un architecte installé dans le 13e. Il a réalisé dans l’arrondissement deux maisons contemporaines, dont la sienne, situées dans deux passages emblématiques du 13e

bucolique : le passage Bourgoin et le passage du Moulinet. Petit tour du propriétaire.

MAISONS D’ ARCHI & PASSAGES

BUCOLIQUESPar Jérémie PotéePhotographies Mathieu Génon

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INSOLITE

44 45Mai 2011 — www.le13dumois.fr www.le13dumois.fr — Mai 201144

Promeneurs du dimanche, vous vous êtes sans doute arrêtés devant ces demeures singulières à l’abri des passages du 13e arrondissement. On sait combien l’arrondissement com-porte d’architectures disparates,

avec ses immenses tours au sud, son classi-cisme haussmannien au nord et, ici et là, ses anciennes cités ouvrières fl euries. C’est dans ces derniers coins que l’architecte franco-ar-gentin Pablo Katz (voir encadré) a pu réaliser deux maisons qui détonnent dans le paysage local.

Dans le passage Bourgoin d’abord, entre la rue du Château des Rentiers et les tours des Olympiades, où l’architecte a bâti en 1999 son propre logis, véritable laboratoire des principes qu’il défend. Principes repris dix ans plus tard dans un lieu un peu plus atten-du, à la Butte-aux-Cailles, dans le passage du Moulinet.

Pour la petite histoire, le passage Bourgoin a été préservé voilà dix ans d’un vaste pro-gramme de démolition grâce à l’activisme de ses riverains. Ils ont permis de sauvegarder

les maisons individuelles et le passage a pu garder son charme digne d’une ruelle provin-ciale, comme le passage National voisin. De-puis lors, quelques maisons contemporaines ont vu le jour dans ces deux lieux, parmi les-quelles se distingue l’impressionnante façade métallique et végétalisée de la demeure de Pablo Katz, qui nous a ouvert ses portes.

PASSAGE BOURGOIN : LUMIÈRE ET TER-RASSES TOUS AZIMUTSPuits de lumière, matières brutes, grands es-paces dépouillés et fonctionnels sont des pos-tulats relativement répandus dans les milieux de l’architecture contemporaine. Les réalisa-tions de Pablo Katz, fervent partisan du fonc-tionnalisme de Le Corbusier, en sont à cet égard un exemple particulièrement abouti. « L’espace et la lumière sont des matériaux gra-tuits dont l’architecte doit se servir pour modeler l’espace », revendique-t-il en nous accueillant dans sa maison de 180 mètres carrés.

Le salon au rez-de-chaussée est le seul es-pace qui couvre l’ensemble de l’emprise de la bâtisse. Le reste de la maison s’organise en trois demi-niveaux, mezzanine incluse, qui

pivotent chacun d’un quart de tour l’un par rapport à l’autre. Le procédé permet de dila-ter l’espace, de dégager des vides et, surtout, des terrasses et des balcons présents à chaque étage. Ces terrasses, d’une rare intimité tant le vis-à-vis est absent alors même que le tissu urbain est ici très dense, sont comme intégrées dans la continuité des pièces adja-centes. De larges baies vitrées permettent le passage de la lumière et invitent à déambuler indifféremment entre l’extérieur et l’inté-rieur.La maison est représentative des principes architecturaux de Pablo Katz, adepte de la fl ui-dité. Selon lui, l’habitat doit favoriser la ballade en offrant des espaces variés pour différents types d’usages. Ici, peu de portes, pas de cou-loirs : l’impression d’ouverture est optimale tout en protegeant les occupants, des regards exté-rieurs.

BÉTON BRUT ET PLANTES GRIMPANTESLa simplicité des matériaux bruts – béton clair sans enduit, poutres en métal, verre, bois non traités – témoigne d’une logique fonctionnelle loin de desservir l’esthétique des lieux. Ain-si, le plancher de bois, à l’intérieur comme

Béton brut et armatures de métal.