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Le 6 juin 1944, - La Presse de la Manche - Cherbourg Octeville · Le 6 juin 1944, c’estleDébarquement,lalibé - rationpourcertainsvillages,lafind’uncauche - mar,ledébutd’unenouvellevie.Toutaumoins,

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Page 1: Le 6 juin 1944, - La Presse de la Manche - Cherbourg Octeville · Le 6 juin 1944, c’estleDébarquement,lalibé - rationpourcertainsvillages,lafind’uncauche - mar,ledébutd’unenouvellevie.Toutaumoins,
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Le 6 juin 1944, c’est le Débarquement, la libé-ration pour certains villages, la fin d’un cauche-mar, le début d’une nouvelle vie. Tout au moins,c’est l’image la plus courante qu’on associe àcette date historique. Mais le 6 juin 1944 àValognes, Coutances et Saint-Lô n’a pas la mêmerésonnance. Car ce jour-là et les suivants, ces troisvilles (et d’autres dans toute la Basse-Normandie)sont immolées sur l’autel de la victoire.Dans leur préparation méthodique de l’opéra-tion Overlord, les stratèges alliés ont en effetpensé qu’il fallait détruire toutes les villes repré-sentant des nœuds de communication impor-tants en Normandie, ceci pour obliger les troupesallemandes à d’importants détours et ainsi, retar-der leur arrivée sur le front.

Et les civils dans cette stratégie ? Les Alliés y ontpensé, car ils savent que les bombardements opé-rés précédemment sur les villes françaises ont faitde nombreuses victimes innocentes. Outre ledilemme moral posé par cette hécatombe, lesAlliés redoutent aussi que les bombardementssur la Normandie jouent sur le moral de la popu-lation, au point que celle-ci se détourne, voire seretourne, contre ses “libérateurs”. Ce qui seraitdésastreux sur le plan militaire, mais encore d’unpoint de vue symbolique. Aussi, avant de bom-barder les villes désignées, les Alliés prévoientd’alerter les populations concernées par le biaisde tracts largués 48 ou 24 heures à l’avance.

Ces tracts explicites, demandent très clairement auxhabitants de quitter leurs logements sans plusattendre et de se disperser dans les campagnes. Lesfameux tracts seront bien lancés. Mais dispersés parle vent ou perdus dans la nature, personne oupresque ne les lira. Quant aux quelques citadins quien prendront connaissance, rares seront ceux qui yprêteront crédit !Dans la journée du 6 juin, les Valognais, Saint-Loiset Coutançais sont parfaitement au courant de cequi se passe sur la côte. Qui parce qu’ils ontentendu le canon tonner depuis l’aube ou lesavions passer par centaines au-dessus de leurs têtespendant toute la nuit. Qui parce qu’ils ont entendula radio anglaise. Qui parce qu’ils ont observé, unpetit sourire aux lèvres, les soldats allemands desgarnisons locales, prendre rapidement le chemin dela côte. Le midi à Valognes, le soir à Coutances etSaint-Lô, on dîne donc tranquillement en ce 6 juin,en s’attendant à voir “débarquer” bientôt lesAnglais et les Américains. Ça ne peut être qu’unequestion de jours...

P H O T O SCONSEIL RÉGIONALDE BASSE-NORMANDIENATIONAL ARCHIVES USAET BIBLIOTHÈQUEMUNICIPALE DE VALOGNES

C’est Valognes qui est touchée la première le 6 juin 1944.A 14 heures, une formation de bombardiers lâche sesbombes sur le quartier d’Allaume, à l’Est de la ville. Ce pre-mier bombardement, qui fait 39 morts, mais qui reste trèslocalisé sur un seul quartier de la ville, n’incite pas les habi-tants à fuir. Mais les 7 et 8 juin, quand les avions reviennent,il est trop tard. Le 7, c’est la gare qui prend, le 8 c’est le cen-tre-ville qui s’embrase : explosions, incendies, poussière, tor-nades de feu, maisons qui s’écroulent, et des scènes atrocesqui se jouent aux quatre coins de la ville. Ces deux bombar-dements feront 126 morts suplémentaires dans la popula-tion. Après ces trois jours d’enfer, Valognes exsangue, estenfin abandonnée par ses habitants qui courent se réfugierdans la campagne pour attendre leur “libération”. Le 17 juin,les Allemands décrochent pour rejoindre Cherbourg. Le 20,les Américains sont dans la ville, marchant dans un “océande destructions“ selon le mot du correspondant de guerreaméricain William Springer, entré dans Valognes avec leséclaireurs de la 4e DI. Sur nos photos, on voit bien l’ampleurdes destructions qui ont touché le “petit Versailles nor-mand”, notamment l’église Saint-Malo. Comme partout ail-leurs en Normandie, les habitants ont rechigné à quitter leurville, et c’est cette volonté de rester chez soi qui a causé denombreuses victimes, bien que la ville ait été bombardée en

Valognes,trois jours d’enfer

10 - 65e Anniversaire du Débarquement Valognes, Coutances

Travaux de reconstruction sur le parvis de la cathédrale de Coutances, mai 1945. Photo USIS/DITE

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68 - 65e Anniversaire du Débarquement

On a souvent en tête l’imagede colonnes impressionnantes deprisonniers allemands marchantsur les routes de Normandie,escortées par quelques soldatsalliés, le fusil en bandoulière.

A Saint-Lô, un char Sherman descend une rue au mileu des gravats. Photo Conseil Régional de Basse-Normandie/National Archives USA

PrisonniersVers le Sud

Démoralisés, fatigués, abattus, les soldats allemands ? La vérité n’est pas si sim-ple. D’abord, s’ils avaient été tant démoralisés, ils n’auraient pas donné autant de fil à retor-dre aux Alliés : trois semaines pour prendre Cherbourg, presque un mois et demi pour s’em-parer de Saint-Lô, plus de deux mois de bataille pour qu’enfin la Manche soit entièrementlibérée…Effectivement, des soldats âgés ou venant d’autres pays que l’Allemagne, ont pu se montrerpeu combattifs. Mais en général, les Allemands se sont bien défendus, ne se rendant auxAlliés qu’à la dernière extrémité.Une enquête réalisée par l’Unité de guerre psychologique de l’armée américaine a établi quesur 853 prisonniers capturés entre le 6 juin et le 17 juillet 1944, 50% tenaient certes la défaiteallemande pour acquise… ce qui ne les avait pas empêché de se battre avec courage et dis-cipline. Et 20% d’entre eux croyaient encore fermement en la victoire.

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C’est vrai qu’à l’occasion de la coupurede la presqu’île du Cotentin le 18 juin1944, près de quarante mille Allemandsse sont retrouvés pris au piège, et qu’hor-mis ceux qui ont été tués dans les jourssuivants ou ceux qui ont réussi à passerdans les mailles du filet, ces quarantemille se sont transformés en autant deprisonniers.Le même phénomène s’est produit aumois de juillet, quand l’opération Cobra afait sauter d’un coup le verrou allemanden Centre-Manche, et a permis auxAméricains de déferler sur Avranches,prenant de vitesse des troupes alle-mandes à bout de souffle. Et les photo-graphes alliés ne se sont pas privés deprendre des photos représentant des sol-dats allemands trop heureux de se rendreà leurs adversaires, comme on peut le voirsur ces clichés pris à Cherbourg (photos1, 2 et 3), Marigny (4) ou Coutances (5).

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Celui qui a la maîtrise du ciel pen-dant cette guerre, fait souvent figure devainqueur. C’est peut-être l’enseignementmajeur de la Seconde Guerre mondiale dustrict point de vue militaire : l’aviation y adéfinitivement conquis ses galons d’armefatale, capable de remporter la décisiondans une bataille. Un adage qui s’est véri-fié avec les Stukas allemands pendant lacampagne de France en mai-juin 1940,puis avec les Spitfires anglais pendant labataille d’Angleterre.Pour le Débarquement, il faut prendrel’adage à l’envers, puisque le fait que laLuftwaffe ait été absente du ciel normandpendant les deux mois de la bataille, estcertainement une des causes majeures dela défaite allemande en Normandie. Et lesAlliés ? La météo pourrie de l’été 44 et lagéographie très particulière de laNormandie (le bocage en particulier) vontgêner considérablement l’action de leuraviation. Il n’empêche qu’en plusieursoccasions, celle-ci va jouer un rôle déter-minant dans l’évolution de la bataille. Onle voit dès avant le Débarquement, quandtoute la Normandie est progressivementisolée du reste du pays par une vague debombardements aériens visant les routes,les ponts et les voies ferrées. On le voit le6 juin, quand l’aviation prend une partimportante au bombardement des posi-tions côtières allemandes, transporte troisdivisions de parachutistes et participeensuite activement au pont aérien quirelie la Normandie à l’Angleterre. On levoit encore lors de Cobra, quand c’estl’aviation qui donne le coup d’envoi detoute l’opération le 25 juillet en annihi-lant tout esprit de résistance chez lesAllemands, ou enfin à Mortain, débutaoût quand les chasseurs-bombardiersviennent briser une dangereuse contre-attaque allemande qui menaçait la percéed’Avranches.

Enfin, le 10 juillet, à force de bombardements massifs et d’attaquessanglantes, les Anglo-Canadiens tiennent enfin la rive droite de Caen : laphoto de ces trois soldats canadiens se tenant devant la pancarte d’entréede la ville, a fait à l’époque le tour du monde, tant la prise de Caen a étéattendue et difficile.

Mais les Alliés ne sont pas au bout de leurs peines, car les Allemands sesont retranchés sur les hauteurs de la rive gauche. Il faudra le bombardement massifde l’opération Goodwood (700 canons et 2000 bombardiers engagés) pour leur fairelâcher prise une semaine plus tard. Illustration de cet acharnement, cette photo de cesdeux fantassins de la 3e division britannique entre Banneville et Troarn : les Anglais sontentrés dans Troarn dès le 13 juin, y ont bataillé jusqu’au 19 juillet. Ce n’est qu’un moisplus tard que le village sera définitivement libéré de toute emprise allemande.

Plus que les combats à terre, ce sont les bombardements menés par l’aviation qui vont retour-ner toute la Basse-Normandie pendant l’été 1944: Saint-Lô, Coutances, Valognes, Périers en ontcruellement fait l’expérience. Sur la photo ci-dessus, prise à côté de Coutances, l’impressionnantesérie de cratères fait deviner les objectifs visés ici par l’aviation alliée : la voie de chemin de fer aufond, la rivière et la route perpendiculaire, autrement dit les voies de communication.

La photo ci-dessous a été prise lors d’un passage de bombardiers B 26 au-dessus de la ville deCherbourg.

4165e Anniversaire du Débarquement -

56 - 65e Anniversaire du Débarquement

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Rois des airs, Calvados et de l’Orne

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Une fois le pied posé enNormandie, une fois la tête de pontélargie, consolidée et unifiée (12 juin), ilfaut aller de l’avant. Si les Alliés ont rem-porté la première manche de la partieen réussissant à s’accrocher à un boutde littoral normand, la deuxièmemanche s’annonce serrée car lesAllemands sont fermement décidés à neplus rien lâcher. Devant Caen, à l’Ouestcomme à l’Est de la capitale bas-nor-mande, Allemands et Alliés se livrentune bataille féroce, où les positions vontrester quasiment inchangées pendantplusieurs semaines. A Tilly, par exemple,où a été prise cette photo d’une pièced’artillerie britannique en pleine action,le village reste coincé entre deux feux du8 au 19 juin, et change de mains unevingtaine de fois !

A la décharge des Anglo-Canadiens, il faut souligner que les Allemands ontconcentré dans le Calvados les deux tiers de leurs divisions blindées engagées enNormandie. Des troupes d’élite endurcies, voire fanatiques, dotées d’un matériel per-formant, qui contiennent, voire surclassent les forces alliées : sur ces deux photos, voilaun des chars de la première division Panzer, et des fantassins de la HitlerJugend. A l’aé-rodrome de Carpiquet, ces derniers donneront du fil à retordre aux Canadiens pen-dant plusieurs jours.

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Dans une Normandieoù l’usage du cheval étaitencore la plus répanduedes forces de traction,dans une Normandie pro-gressivement étrangléepar les réquisitions et lesprivations de l’Occupa-tion, l’arrivée d’unearmée moderne, mécani-sée et suréquipée, a faitle même effet sur lesNormands qu’un…débarquement de mar-tiens !

Quand l’Amérique débarque en Normandie, elle ne lésine pas sur les moyens.Véhicules, armes, munitions, essence, vivres, équipements divers… l’énormité des moyensmis en œuvre par les Alliés pour libérer la France, a estomaqué les Normands.

Une surprise qu’on comprend mieux au vu des clichés suivants, pris sur la plaged’Omaha (1), au dépôt de réparation des véhicules installé près de Montebourg (2 et 3),sur la Red Ball Express reliant Cherbourg au front (4), et enfin, dans la boulangerie del’arsenal de Cherbourg (5), réquisitionnée pour la circonstance par l’intendance améri-caine.

52 - 65e Anniversaire du Débarquement

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La Normandie

Quelque part dans la Manche pendant l’été 44. Photo Mémorial de Caen/National Archives USA

Le Débarquement

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Celui qui a la maîtrise du ciel pen-dant cette guerre, fait souvent figure devainqueur. C’est peut-être l’enseignementmajeur de la Seconde Guerre mondiale dustrict point de vue militaire : l’aviation y adéfinitivement conquis ses galons d’armefatale, capable de remporter la décisiondans une bataille. Un adage qui s’est véri-fié avec les Stukas allemands pendant lacampagne de France en mai-juin 1940,puis avec les Spitfires anglais pendant labataille d’Angleterre.Pour le Débarquement, il faut prendrel’adage à l’envers, puisque le fait que laLuftwaffe ait été absente du ciel normandpendant les deux mois de la bataille, estcertainement une des causes majeures dela défaite allemande en Normandie. Et lesAlliés ? La météo pourrie de l’été 44 et lagéographie très particulière de laNormandie (le bocage en particulier) vontgêner considérablement l’action de leuraviation. Il n’empêche qu’en plusieursoccasions, celle-ci va jouer un rôle déter-minant dans l’évolution de la bataille. Onle voit dès avant le Débarquement, quandtoute la Normandie est progressivementisolée du reste du pays par une vague debombardements aériens visant les routes,les ponts et les voies ferrées. On le voit le6 juin, quand l’aviation prend une partimportante au bombardement des posi-tions côtières allemandes, transporte troisdivisions de parachutistes et participeensuite activement au pont aérien quirelie la Normandie à l’Angleterre. On levoit encore lors de Cobra, quand c’estl’aviation qui donne le coup d’envoi detoute l’opération le 25 juillet en annihi-lant tout esprit de résistance chez lesAllemands, ou enfin à Mortain, débutaoût quand les chasseurs-bombardiersviennent briser une dangereuse contre-attaque allemande qui menaçait la percéed’Avranches.

Enfin, le 10 juillet, à force de bombardements massifs et d’attaquessanglantes, les Anglo-Canadiens tiennent enfin la rive droite de Caen : laphoto de ces trois soldats canadiens se tenant devant la pancarte d’entréede la ville, a fait à l’époque le tour du monde, tant la prise de Caen a étéattendue et difficile.

Mais les Alliés ne sont pas au bout de leurs peines, car les Allemands sesont retranchés sur les hauteurs de la rive gauche. Il faudra le bombardement massifde l’opération Goodwood (700 canons et 2000 bombardiers engagés) pour leur fairelâcher prise une semaine plus tard. Illustration de cet acharnement, cette photo de cesdeux fantassins de la 3e division britannique entre Banneville et Troarn : les Anglais sontentrés dans Troarn dès le 13 juin, y ont bataillé jusqu’au 19 juillet. Ce n’est qu’un moisplus tard que le village sera définitivement libéré de toute emprise allemande.

Plus que les combats à terre, ce sont les bombardements menés par l’aviation qui vont retour-ner toute la Basse-Normandie pendant l’été 1944: Saint-Lô, Coutances, Valognes, Périers en ontcruellement fait l’expérience. Sur la photo ci-dessus, prise à côté de Coutances, l’impressionnantesérie de cratères fait deviner les objectifs visés ici par l’aviation alliée : la voie de chemin de fer aufond, la rivière et la route perpendiculaire, autrement dit les voies de communication.

La photo ci-dessous a été prise lors d’un passage de bombardiers B 26 au-dessus de la ville deCherbourg.

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Rois des airs, Calvados et de l’Orne

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Une fois le pied posé enNormandie, une fois la tête de pontélargie, consolidée et unifiée (12 juin), ilfaut aller de l’avant. Si les Alliés ont rem-porté la première manche de la partieen réussissant à s’accrocher à un boutde littoral normand, la deuxièmemanche s’annonce serrée car lesAllemands sont fermement décidés à neplus rien lâcher. Devant Caen, à l’Ouestcomme à l’Est de la capitale bas-nor-mande, Allemands et Alliés se livrentune bataille féroce, où les positions vontrester quasiment inchangées pendantplusieurs semaines. A Tilly, par exemple,où a été prise cette photo d’une pièced’artillerie britannique en pleine action,le village reste coincé entre deux feux du8 au 19 juin, et change de mains unevingtaine de fois !

A la décharge des Anglo-Canadiens, il faut souligner que les Allemands ontconcentré dans le Calvados les deux tiers de leurs divisions blindées engagées enNormandie. Des troupes d’élite endurcies, voire fanatiques, dotées d’un matériel per-formant, qui contiennent, voire surclassent les forces alliées : sur ces deux photos, voilaun des chars de la première division Panzer, et des fantassins de la HitlerJugend. A l’aé-rodrome de Carpiquet, ces derniers donneront du fil à retordre aux Canadiens pen-dant plusieurs jours.

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24 - 65e Anniversaire du Débarquement

En attendant que les gros navires puissent à nouveau accoster à quai, c’est aux camions amphibies DUKW que va être confiée la mission de décharger les liberty-shipsancrés en grande rade. Une fois leur cargaison arrimée, les DUKWS traversaient la rade pour prendre pied sur la plage Chantereyne, sur une piste en béton spécialement aménagée.Sous le regard de Napoléon, des grues transvasaient alors la cargaison du DUKW dans des camions attendant de partir pour le front. Une litanie de manœuvres répétée des milliers defois par jour : un liberty-ship transporte en moyenne dix mille tonnes de marchandises et un DUKW ne peut en transporter que 2,5 tonnes sur une rotation. A raison d’une demi-heurepar rotation… Enfin, on remarque que les soldats photographiés ici sont exclusivement des Noirs. Armée combattant le nazisme mais armée raciste, l’armée américaine ne peut tolérerl’idée que des Noirs puissent être affectés dans des unités “nobles”, celles qui sont sur le front. Les engagés noirs seront donc dans leur très grande majorité utilisés à des tâches jugéessecondaires : transport, intendance… au service des soldats blancs.

Sur ces deux grandes photos enfin, on voit bien l’intense activité qui a régné dans le port de Cherbourg pendant tout le second semestre 1944 : une rade noire de bateaux, unincessant trafic entre la rade, la plage, les bassins et les différents appontements mis en place par les Alliés. A la fin août 1944, on comptait neuf bataillons portuaires (8 500 hommes)employés sur le port de Cherbourg, travaillant sept jours sur sept, douze heures par jour. En novembre 1944, le port comptait plus de 130 postes de déchargement. De la mi-juillet à lafin novembre 1944, plus d’un million 400 000 tonnes de marchandises seront débarquées à Cherbourg, faisant de celui-ci le premier port du monde !

Cherbourg, exode

L’exode de l’été 44,c’est la fuite, la peur, lafatigue. C’est aussi l’at-tente et l’étape.Harassés par des nuitstrop courtes et uneroute trop longue, lesréfugiés apprécientplus que tout aumonde de pouvoirbénéficier d’une étapeaccueillante où ils peu-vent se reposer, man-ger et être au calme.Un confort simple quipeut parfois s’apparen-ter à du luxe, quidépend des moyensdont les communesd’accueil disposent(parfois, il n’y a rien) etaussi de l’humanité (oude l’inhumanité) decertains : on a vu desgens accueillir certainsréfugiés comme desrois, mais d’autrescomme des chiens.

En tout cas, ces étapes sontaussi l’occasion pour les photo-graphes de saisir quelques por-traits au bond : la premièrephoto concerne des habitantsde Saint-Lô, les photos du cen-tre ont été prises à Mortain, etla dernière au centre de réfu-giés de Saint-Jean-de-Daye.

P H O T O SCONSEIL RÉGIONAL DEBASSE-NORMANDIENATIONAL ARCHIVESUSA, ARCHIVES DÉPAR-TEMENTALES DE LAM A N C H E / C G 5 0 ,AGENCE DITE/USIS

7365e Anniversaire du Débarquement -

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1165e Anniversaire du Débarquement -

P H O T O SGASTON KARCHERM U S É EQUESNEL-MORINIÈREDE COUTANCES

Les photos que nous reproduisons ici, ont été prisespendant l’été 1944, parfois très peu de temps après les bom-bardements, par le photographe local Gaston Karcher qui vaainsi garder la mémoire de sa ville martyrisée. La qualité tech-nique des clichés, parfois pris dans des conditions diffficiles, estcertes moyenne. Mais leur valeur historique est inestimable.Successivement, voilà des photos de l’évêché (1), du parvis dela cathédrale (2), de la rue de la Poissonnerie (3), de la pri-son (4), de la place du lycée (5), de la rue Georges-Clémenceau (6) et de la rue Saint-Nicolas-de-Tourville (7).

Coutances,nuit blanche et rouge

et Saint-Lô sacrifiées

Vuesdu ciel

Par miracle, d’autres communes, parfoisdistantes de seulement quelques kilomètres desvillages-martyrs, ont traversé le Débarquementsans une égratignure : c’est notamment le cas deQuettehou, Saint-Vaast-la-Hougue ou encoreBarneville (pages précédentes). Le hasard de laguerre.

86 - 65e Anniversaire du Débarquement

Carentan

La Haye-du-Puits

Saint-Jean-des-Baisants

Saint-Clair-sur-Elle

P H O T O SCONSEIL RÉGIONALDE BASSE-NORMANDIENATIONAL ARCHIVES USA

Au contraire de Valognes, c’est dans la seule nuit du 6 au 7 juin que le destinde Coutances s’est joué. D’abord, une courte attaque aérienne menée vers 20 h 15,qui a le mérite de faire peur à plusieurs Coutançais qui courent se réfugier avec leursfamilles dans le bois des Vignettes. Un quart d’heure plus tard, le deuxième coupporté par l’aviation alliée est beaucoup plus rude, rapide et meurtrier.Rue Saint-Nicolas, rue de Tourville, rue Gambetta. En l’espace de dix minutes, touta volé en éclats sans que l’on sache si les Alliés visaient précisément quelque chose :le largage a été effectué à haute altitude, et de ce fait a été très imprécis, fracassanttout sans discernement. Cette fois-ci, les Coutançais quittent la ville pour se réfugierdans la proche campagne. Bien leur en prend car une troisième attaque aériennevient clore cette nuit de cauchemar. Un raid de 40 minutes qui s’attaque aux quar-tiers nord et sud, beaucoup plus précis car effectué par des bombardiers légers.Au matin du 7, seules au milieu des ruines, la cathédrale et l’église Saint-Pierre dres-sent encore miraculeusement leurs flèches et leurs clochers vers le ciel. Mais pour lereste, comme on peut le voir sur nos photos, il n’y a plus rien. Et 235 Coutançaissont morts en l’espace de quelques heures. Coutances subira encore d’autres bom-bardements (dont l’un dans la nuit du 13 au 14 juin, manque d’achever la ville parun incendie heureusement circonscrit par quelques courageux habitants). Et devraattendre le 28 juillet pour voir enfin ses premiers G.I’s escalader prudemment lesmonceaux de gravats qui barrent la plupart de ses rues.

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