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Le Cas de Sophie K. Spectacle de Jean-François Peyret et Luc Steels Mise en scène Jean-François Peyret Scénographie : Nicky Rieti Musique : Alexandros Markeas Lumière : Bruno Goubert Dramaturgie : Marion Stoufflet Costumes : Cissou Winling Web : Agnes de Cayeux Avec Olga Kokorina, Elina Lowensohn, Nathalie Richard, Graham F. Valentine Création au Festival d’Avignon, La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon du 9 juillet au 24 juillet 2005. Représentations au Théâtre National de Chaillot du 26 avril au 27 mai 2006 Contact : Claire Béjanin Association tf2 – Compagnie Jean-François Peyret 2 bis Square du Croisic, 75015 Paris T / 00 33 1 45 40 48 36 F / 00 33 1 45 40 32 82

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Le Cas de Sophie K.

Spectacle de Jean-François Peyret et Luc Steels

Mise en scène Jean-François Peyret

Scénographie : Nicky Rieti

Musique : Alexandros Markeas

Lumière : Bruno Goubert

Dramaturgie : Marion Stoufflet

Costumes : Cissou Winling

Web : Agnes de Cayeux

Avec

Olga Kokorina, Elina Lowensohn, Nathalie Richard, Graham F. Valentine

Création au Festival d’Avignon, La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon du 9 juillet au 24 juillet 2005.

Représentations au Théâtre National de Chaillot du 26 avril au 27 mai 2006

Contact : Claire Béjanin

Association tf2 – Compagnie Jean-François Peyret

2 bis Square du Croisic, 75015 Paris

T / 00 33 1 45 40 48 36

F / 00 33 1 45 40 32 82

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I – LE SPECTACLE : LE CAS DE SOPHIE K.

Jean-François Peyret

Il serait tentant d’attribuer au président de Harvard, Larry Summers, et à sa gaffe récente sur

les capacités du cerveau féminin à faire des mathématiques, l’idée de consacrer un spectacle à

la mathématicienne russe Sophia Kovalevskaïa. L’occasion est presque trop belle de tendre

ainsi l’arc entre la Russie arriérée de la deuxième moitié du XIXème, entre le combat que

Sophie K dû mener pour se faire reconnaître comme mathématicienne et une des plus

performantes fabriques de cerveaux de l’Amérique d’aujourd’hui, fille aînée de la Science, pour

constater que le fil de l’increvable sexisme est ininterrompu. Entre les propos, tenus dans une

des plus brillantes fabriques de cerveaux d’aujourd’hui, et ceux, par exemple, de Strindberg

révolté à l’idée qu’on nomme Sophie, une femme ! à un poste de professeur à l’Université, le

chemin parcouru ne semble pas bien grand, comme si le machisme ordinaire n’était pas le fait

de l’ignorant et du fruste mais sommeillait aussi dans les esprits éclairés, à croire qu’il serait

inné…

Ce serait tentant, mais malhonnête puisque notre rencontre avec SK s’est faite autrement, et

beaucoup plus par hasard. Nous étions en effet l’an dernier en train de faire un spectacle sur

Darwin lorsque Une Nihiliste, le roman de notre mathématicienne parut en français; sur la

quatrième de couverture, n’était-il pas indiqué qu’elle avait épousé le traducteur russe de

Darwin, qu’elle avait rencontré l’auteur de L’Origine des espèces ? Cela suffisait pour piquer

notre curiosité et donner l’envie de faire entrer la mathématicienne-écrivain dans notre petit

théâtre.

Que le théâtre, ou le roman ou le cinéma soient tentés de s’emparer de la vie et l’œuvre de

cette femme, rien d’étonnant. On dirait qu’elle épouse son époque. De son enfance

d’aristocrate russe ébranlée par le nihilisme, de sa fascination pour les idées nouvelles, de son

combat pour faire valoir ses droits au savoir à la victoire de son féminisme consacrée par sa

chaire en Suède et la reconnaissance de son génie mathématique, en passant par la Commune

de Paris, par les relations qu’elle entretint avec les plus grands esprits de son temps, elle n’a

pas ménagé sa passion et on regrettera seulement qu’elle soit morte si jeune, et n’ait pas

connu la suite de cette Histoire si pleine de bruits et de fureurs. Après tout, en 1917, elle

n’aurait eu que 67 ans. Ainsi ses talents mathématiques ne l’ont pas enfermée dans une tour

d’ivoire ; elle était dans le siècle, et voulut s’y inscrire politiquement en luttant pour

l’émancipation des femmes, mais littérairement aussi en se choisissant écrivain. Bref, pour

revenir aux préoccupations de Larry Summers, le cerveau de Sophie Kovalevskaïa nous

intéresse.

Il nous intéresse par son caractère amphibie, le côté scientifique et le côté littéraire, et il nous

intéresse d’autant plus que notre théâtre, littéraire par vocation, cherche, depuis quelques

années et quelques spectacles à être en résonance avec la science et la technique dont il est le

contemporain, à s’en faire l’écho poétique, si ce n’est pas prétentieux de le dire. Qu’on me

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permette d’ajouter que cette démarche est, contrairement à une tradition anglo-saxonne plus

riche en ce domaine, assez rare en Europe continentale. Cela signifie aussi que notre intérêt

n’est pas seulement historique mais qu’il nous importait aussi d’examiner l’héritage de Sophie

et de savoir ce que les scientifiques d’aujourd’hui pouvaient en faire.

Tout ce qui précède explique pourquoi nous avons fait le choix de Sophie. Il faut maintenant

dire un mot du comment. Notre démarche n’est délibérément pas imitative, notre esthétique

n’est pas une esthétique de la représentation ; nous ne chercherons pas à construire une fable

représentative où le personnage de Sophie K. s’incarnerait dans une comédienne bien choisie.

Le théâtre ici n’est pas au service de l’illusion biographique : nous avons des doutes, plus que

des doutes, sur la validité (artistique ou non) de tout projet biographique, projet d’une intenable

maîtrise de la part du biographe qui veut qu’une vie obéisse à un plan, qu’une vie soit de part

en part intelligible. Nous ne voulons pas réintroduire sournoisement un déterminisme à qui la

science à cette époque est en train de tordre le cou. Nous ne posons pas que la vie de cette

femme disparue il y a 125 ans, ni que son œuvre mathématique par nature hors des prises d’un

théâtre peu au fait des équations aux dérivées partielles ou des intégrales abéliennes

dégénérées nous soient intelligibles et que nous pourrions rapprocher Sophie K de nous; non,

nous chercherons plutôt à nous approcher d’elle. Ce travail théâtral est un travail d’approche

par les moyens propres du théâtre (trois comédiennes et un comédien en quête de Sophie K)

prolongés par l’apport d’autres pratiques artistiques, comme ceux de la vidéo, de la musique

électro-acoustique et d’internet. Surtout ce spectacle sera l’occasion d’un commerce entre

artistes et scientifiques dont le résultat ne sera pas une conversation académique ou mondaine

mais quelque chose de fabriqué en commun: un spectacle.

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LE CAS DE SOPHIE K.

Un projet de théâtre

Le Cas de Sophie K., spectacle de Jean-François Peyret et de Luc Steels, naîtra donc de la

collaboration d’un metteur en scène et d’un scientifique spécialiste en Intelligence Artificielle.

Par le biais du frottement avec d’autres arts, voire d’autres technologies que les techniques

proprement théâtrales, le théâtre de Jean-François Peyret explore en effet depuis près de dix

ans les zones frontalières qu’il contribue à créer, entre science et théâtre d’abord, mais aussi

entre ce qui serait résolument du côté du théâtre tel qu’on se le représente et ce qui semblerait

y échapper. Il aménage donc des rencontres où les contours de “l’imagination créatrice” sont

appelés à se redéfinir sur le plateau. Rencontres entre artistes et scientifiques certes, mais

aussi (et surtout?) rencontre avec des comédiens, qui nous somment de donner corps et

mouvement à de telles rêveries.

Ici trois comédiennes, Olga Kokorina, Elina Löwenshon et Nathalie Richard, seront donc

confrontées à Sophia Kovalevskaïa; mathématicienne russe de la fin du XIXème siècle,

première femme à obtenir une chaire de mathématiques à l’Université; romancière aussi. Et

peut-être plus particulièrement à son cerveau : imagination mathématique, imagination

poétique. “Je comprends votre surprise de me voir travailler aussi bien en littérature qu’en

mathématiques. Bien des gens qui n’ont jamais eu l’occasion d’en savoir plus sur les

mathématiques les réduisent à l’arithmétique et les considèrent comme une science sèche et

aride. C’est pourtant la science qui demande le plus d’imagination”, écrivait-elle à une

correspondante peu de temps avant sa mort.

Comment des comédiennes réagissent-elles à la proposition Sophie K. ? Que vont-elles

chercher en elles-mêmes pour jouer ? Loin de l’identification, peut-on incarner la pensée,

mouvante ? Comment cela traverse-t-il les corps, son corps, trois corps, n corps…?

Un quatrième comédien, l’homme oublié, Graham Valentine, sera déguisé en femme déguisée

en homme – par exemple pour avoir accès aux scènes du music-hall de l’époque. Il sera le

témoin de la “transformation K” subie par les comédiennes “kovalevskaïamment modifiées”. Un

contre-point. Comme extérieur à cette prise en charge de Sophia Kovalevskaïa par le théâtre –

sa scène et ses actrices – il se fera le rhapsode du spectacle. Une autre façon de se retrouver

confronté à l’activité cérébrale, activité créatrice, politique aussi, et féministe de SK. Il s’agirait

donc de dresser sur la scène le portrait éclaté et changeant d’une femme, cerveau compris !, et

de son monde. Univers nihiliste russe – passe Dostoïevski et ses Démons -, qui demande en

mariage la soeur aînée de Sophia mais cette dernière quitte Saint Pétersbourg pour Paris,

s’engage dans la Commune et épouse Jaclard pour fonder La Sociale. Univers mathématique

aussi : du développement de l’ananlyse moderne avec Weierstrass à l’intuition par Poincaré de

la théorie du chaos. Quelles conditions créer les pour qu’un théâtre s’y retrouve, se retrouve

dans cette pensée-là ? Un théâtre peut-il être familier de ces questions scientifiques? Il nous

faudra trouver des tours de théâtre – comme on dit des tours de pensée – pour approcher,

même par métaphore, cette dramaturgie de la pensée.

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1. La scénographie

La scénographie est à considérer d’un point de vue qui n’est pas celui du théâtre ou de la scène

traditionnelle, ni celui d’une installation contemporaine installée au cœur d’un monument

historique – juxtaposition devenue habituelle au fil des ans. Nous tenterons de parvenir à une

synthèse des deux, c’est-à-dire éviter autant que possible d’une part l’indifférence manifeste

que suscite une scène traditionnelle au-delà de l’arche du proscenium, et d’autre part le

manque d’attention de l’installation artistique pour les textes théâtraux, le jeu des acteurs et la

mise en scène. Aussi secondaires que ces distinctions scénographiques puissent paraître, elles

font partie du théâtre de Jean-François Peyret, qui cherche à re-combiner des disciplines

théâtrales et artistiques d’une façon souvent inattendue, mais toujours vers l'appréciation et la

compréhension de textes dont le contenu n'est jamais limité aux frontières littéraires, théâtrales,

ou autres.

2. Un dispositif vidéo

Un dispositif vidéo permettrait en outre de démultiplier les scènes et de jouer sur le trouble que

peut engendrer la captation en temps réel : où sont les actrices que l’on voit projetées sur le

plateau ; et quand ? Sont-elles vraiment éloignées, ou sont-elles susceptibles d’entrer sur

scène à tout moment, alors même qu’elles semblent si loin de notre théâtre? Ou comment se

trouver dans deux, n, lieux à la fois ? Délocalisation. Et si Stockholm n’autorise pas les mêmes

choses que Saint Pétersbourg, une cellule off stage projetée sur le plateau pourrait-elle

permettre à une comédienne, sur scène in abtentia, d’établir un autre rapport aux matériaux

convoqués, aux spectateurs rassemblés (ou dispersés si l’on s’adresse au public à constituer

sur le web – voir infra)? Et le champ des possibles s’ouvre encore si l’on choisit d’explorer

l’écart qui s’ouvre entre l’objectivité de la caméra de surveillance, (plan fixe et témoin, auquel on

ne saurait échapper, vecteur de la continuité d’un lieu donné, assigné, et de la flèche du temps

qui se déroule), et l’intimité dévoilée, la mise en scène de soi, qu’exhibe la webcam qui

accompagne l’actrice. Autant d’occasions d’explorer et de démultiplier les rapports à SK que

construisent les comédiennes et le spectacle, fractal.

3. La musique

La musique de ce projet s'articule autour de la dualité entre musique instrumentale et musique

synthétique. L'idée serait de construire deux musiques dissemblables et opposées qui

s'écoutent simultanément, qui gardent leur propre logique de comportement dans le temps et

dans l'espace, qui proposent une lecture différente de ce qui se passe sur scène. Le son du

piano, l'évocation de l'écriture romantique et post-romantique du 19e siècle d'une part, l'univers

de synthèse sonore numérique et les différentes textures sonores issues des labos

informatiques formeront les deux matières qui évolueront de manière indépendante. Leur

parcours sera organisé par un programme de codes d'interaction :

actions-réactions, impacts-déclenchements, jeux de résonances, rencontres et oppositions

rythmiques. Tout une gamme de gestes musicaux complémentaires ou antagonistes sera ainsi

déclinée jusqu'à une fusion sonore de l'ensemble.

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II – LES ATELIERS : premier épisodeCentre National des Ecritures du Spectacle à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon

Depuis quelques années, Jean-François Peyret travaille à faire dans l’espace de la scène des

discours qui lui sont traditionnellement étrangers, par l’exploration, notamment, des frontières

entre les imaginaires scientifiques et les imaginaires artistiques.

Les invités scientifiques participent au projet à différents stades et montreront comment la

science peut interagir avec l’art et le théâtre.

Un premier workshop a d’ores et déjà eu lieu du 28 février au 5 mars 2005. Un second est

prévu entre du 21 au 23 avril.

1. Première rencontre autour de Sophia Kovalevskaia / 28 fevrier – 5 mars 2005

PEYRET, Jean-François (metteur en scène)

STEELS, Luc (spécialiste en intelligence artificielle)

BRAIBANT, Sylvie (journaliste, sociologue, TV5)

DAHAN, Amy (directrice de recherche au CNRS, directrice-adjointe du centre Alexandre Koyré.

Spécialiste de l’histoire des sciences et des milieux mathématiques dans leur contexte politique

et culturel)

DETRAZ, Jacqueline (professeur de mathématiques à l'Université de Marseille et spécialiste

de l'œuvre mathématique de Sonia Kovalevskaïa)

DULLIN, Holger (docteur en physique au département des sciences et des mathématiques à

l’Univérsite de Loughborough Grande Bretagne, spécialiste du sujet de Kovalevski)

VENTURELLI, Andrea (enseignant-chercheur, Less Systèmes Dynamiques Génériques en

topologie C1, Laboratoire d'Analyse non Linéaire et de Géométrie, Département de

Mathématiques à l’Université d’Avignon)

KOKORINA, Olga (comédienne)

RICHARD, Nathalie (comédienne)

Comment créer les conditions qui nous permettraient, entre chaos et déterminisme, de

comprendre quelque chose du monde mathématique de SK ? Et plus profondément, quelque

chose de son imaginaire mathématique, du fonctionnement de sa pensée, engagée entre

mathématiques et littérature ?

Tout en ayant cette préoccupation théâtrale à l’esprit : quel serait le théâtre contemporain de

ces questions ?

Il nous faudrait trouver des tours de pensée, approcher, même par métaphore, cette

dramaturgie de la pensée qui fut la sienne, sa façon de chercher.

C’est dans cette perspective que se sont organisées ces premières rencontres à la Chartreuse,

mettant en présence chercheurs, comédiennes et metteur en scène, et nous donnant par là

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l’occasion de comprendre un parcours, une démarche scientifique – ceux de SK ; mais aussi de

voir le travail de la pensée, les effets de la pensée sur des corps – ceux de nos invités,

revenant avec nous sur les pas de SK !

Amy Dahan, épistémologue, enseignante à l’EHESS, a commencé par réinscrire les travaux de

Sophia Kovalevskaïa dans leur perspective historique : SK travaille au moment où, avec

Poincaré, s’élabore ce qui deviendra la théorie du chaos. C’est-à-dire qu’elle participe à la

remise en question de l’antagonisme indépassable entre ordre et désordre. S’attachant à des

problèmes classiques de mécanique céleste, Sophia Kovalevskaïa travaille en effet sur la

rotation d’un corps solide autour d’un point fixe : la toupie, cas particulier du problème de n

corps à quoi s’attachait aussi Poincaré. Et c’est là qu’elle fait exploser le cadre de pensée

idéaliste du déterminisme absolu de Laplace (l’auteur de chevet de son enfance). Sophia

Kovalevskaïa prouve en effet qu’en dehors de trois cas de trajectoires calculables, le reste des

équations du mouvement de la toupie n’a pas de solution. Cela parce que la variation, même

infime, des conditions initiales du mouvement, entraîne l’imprédictibilité du système. Le

chaos peut donc surgir au sein de systèmes relativement simples, puisqu’il suffit de trois corps

pour introduire un telle complexité de trajectoires que l’on se retrouve confronté à de

l’imprédictible.

Sylvie Braibant, journaliste pour TV5, spécialiste d’Elisabeth Dimitrieff et des « femmes

nouvelles dans la Russie ancienne », est revenue sur le nihilisme russe, et plus

particulièrement sur son versant féministe, dont semble relever assez exemplairement le trajet

de Sophia Kovalevskaïa.

Avec Andrea Venturelli, physicien à l’Université d’Avignon, nous sommes revenus sur des

problèmes de mécanique céleste tels qu’ils se posent encore aujourd’hui : c’est le problème de

n corps qu’abordaient Poincaré et Sophia Kovalevskaïa, ou comment calculer la trajectoire de n

corps soumis à l’attraction générale en même temps qu’à l’attraction réciproque que chacun de

ces n corps exerce sur tous les autres.

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Andrea Venturelli et Luc Steels

Holger Dullin / La Toupie de Kovalevskaia

C’est en physicien qu’Holger Dullin, mathématicien spécialiste de systèmes chaotiques, et

notamment du travail de Sophia Kovalevskaïa sur la toupie, s’est penché sur les équations de

Sophia Kovalevskaïa. Pour ce faire, il a donc choisi d’aborder le mouvement de la toupie non

pas du point de vue analytique qui était celui de Sophia Kovalevskaïa, élève de Weierstrass à

l’heure où se fondait l’analyse moderne, mais du point de vue géométrique. C’est-à-dire qu’il

s’est attaché au mouvement de la toupie lui-même, et non pas à sa mise en équation. Ainsi la

visualisation de ses trajectoires devient possible.

Jacqueline Détraz, mathématicienne spécialiste en analyse complexe, enseignante à

l’Université de Marseille et co-fondatrice de l’Association Femmes et Mathématiques, est aussi

l’éditrice des Souvenirs d’Enfance de Sophia Kovalevskaïa chez Belin. Elle a donc fait avec

nous des va-et-vient dans la vie de Sophia Kovalevskaïa, traversant son engagement

mathématique, littéraire et politique.

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Jacqueline Détraz, Olga Kokorina, Marion Stoufflet

2. Deuxième rencontre / 21, 22 et 23 avril 2005

PEYRET, Jean-François (metteur en scène)

STEELS, Luc (spécialiste en Intelligence Artificielle)

NUNEZ, Rafael (spécialiste du geste mathématique)

LOWENSOHN, Elina (comédienne)

Rafael Nunez est professeur au Département de sciences cognitives de l’Université de

californie, San Diego. Il travaille depuis plus de 10 ans sur les systèmes cognitifs, et plus

particulièrement sur la nature et l’origine des concepts mathématiques. Il est co-auteur avec,

Walter J. Freeman de « Reclaiming Cognition : The Primacy of Action, Intention, and

Emotion » .

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III– RENCONTRES AVEC LE PUBLIC PENDANT LE FESTIVALD’AVIGNON …Centre National des Ecritures du Spectacle à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon

À travers la figure de la mathématicienne Sophie Kovalevskaïa, la compagnie tf2 continue un

travail d’exploration pendant la création du spectacle de Jean-François Peyret et Luc Steels : Le

Cas de Sophie K., dans le cadre de la résidence offerte par la Chartreuse de Villeneuve-lez-

Avignon. Des manifestations sont prévues, avec des scientifiques et des comédiens. Il ne

s’agira pas de conférences, ni de colloques, mais d’une rencontre dans un espace commun, la

scène.

1. Ce soir, on improvise !

du dimanche 17 au mardi 20 juillet 05

Autour de Jean-François Peyret, trois « invités » : un biologiste, Alain Prochiantz, un chercheur

en Intelligence Artificielle, Luc Steels, un philosophe, Peter Sloterdijk, et une scène comme

laboratoire, ainsi que trois comédiens comme expérimentateurs, ou comme instruments de

recherche. Pendant trois jours, chacun des invités travaillera avec les comédiens qui

improviseront à partir des matériaux, qui ne seront pas forcément « dramatiques », proposés

par les différents intervenants. Le geste sera plus proche de la « manipulation » scientifique, du

geste du chercheur. On ne sera pas tenu d’imiter. Juste expérimenter.

Autour d’Alain Prochiantz participeront Miroslav Radman et Jean-Claude Weill (ce qui nous

permettrait de revenir sur la transgenèse). Avec Luc Steels, nous inviterons Rafael Nunez (qui

aura déjà travaillé avec nous en amont, pour la préparation du spectacle).

Les trois principaux participants, Alain Prochiantz, Luc Steels et Peter Sloterdijk seront présents

à ces trois soirées, consacrées au cerveau, et qui se déclineront comme suit :

- le cerveau viande (Alain Prochiantz avec Miroslav Radman et Jean-Claude

Weill)

- le cerveau machine ? (Luc Steels avec Rafael Nunez)

- le cerveau organe de la clairière (Peter Sloterdijk)

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2. Sophie K. matériau : work/playshop

du lundi 11 au samedi 16 juillet.

Par ailleurs, mais dans le même esprit, de jeunes comédiens seront conviés à participer à un

work/playshop autour de la figure de Sophie Kovalevskaia, fille de général russe, féministe,

nihiliste, communiste, première femme au monde docteur en mathématiques.

Beaucoup de matériaux à explorer donc, avec les moyens du comédien, sa technique.

Durant une semaine, ces comédiens cristalliseront certaines configurations parmi des

matériaux hétérogènes. Qu’est-ce qui fait qu’un énoncé a priori non fictionnel ou non

dramatique va provoquer l’imagination du comédien ? Comment un énoncé peut quitter son

statut de vérité philosophique ou scientifique et devenir un élément poétique et créer du

sensible ? Les comédiens auront aussi à leur disposition un dispositif technique qui permettra

un croisement des pratiques artistiques issues des nouvelles technologies, tel que la vidéo ou

le réseau internet. Les répétitions seront ouvertes au public quelques heures par jour et

donneront lieu à une présentation lors de la dernière séance.

Ces séances se dérouleront sous la direction de Nicolas Bigards (metteur en scène), avec la

participation de Jean-François Peyret, qui se laisseront la liberté de faire participer d’autres

(jeunes) metteurs en scène à l’expérience.

3. Les salons de la Boulangerie

La scène, donc, comme « laboratoire poétique » tel que le désirait déjà Claudel de son théâtre.

Pour prolonger ces travaux, des rencontres seront organisées avec des metteurs en scène

présents au Festival d’Avignon (Olivier Py, Pascal Rambert ou Jean-Lambert Wild, par exemple

…) autour du thème de la mise en scène comme expérimentation. Il faudrait entrer en scène,

non comme on entre en religion mais comme on entrerait par effraction dans le rêve de

d’Alembert et voir surgir du « grand sédiment » textuel une chaîne improbable de formes

inattendues, là où « il n’y a aucune différence entre un homme de science qui veille et un

philosophe qui rêve ».

En effet, comment opérer encore la synthèse de l’expérience poétique d’un monde réduit aux

fragmentations propositionnelles d’une vérité scientifique ? La scène expérimentale

apparaissant alors comme le creuset de l’imaginaire à la fois scientifique et artistique, de

l’expérience seule comme art inchoatif. Pour que l’on ne vienne plus au théâtre y chercher une

opinion de plus sur le monde mais où celui-ci puisse s’offrir comme expérience du sensible.

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IV – LE SITE , SK CONNECTEE ON OFF

Proposition réseau de Agnès de Cayeux

Un projet développé en partenariat avec l’ENST

La plasticienne du réseau interroge le plateau de théâtre comme un objet de réalité et présente

sur le web sa nouvelle création SK connectée ON OFF, une série de vues vidéo et audio, un

flux continu autour de ceux qui s’intéressent à Sofia Kovalevskaïa. La création questionne

l’internaute, cet autre spectateur, sur le regard porté à l’écran de l’ordinateur connecté.

1. Dispositif, le temps ON et le temps OFF de SK connectée :

SK connectée ON

SK connectée ON est une scène live qui se déroule sur le web du premier jour des répétitions

du spectacle de théâtre au dernier jour des représentations. Du 3 mai 2005 au 24 juillet 2005.

SK connectée OFF

SK connectée off est une scène qui se rejoue sur le web en hors temps du spectacle de

théâtre. Toutes les données vidéos, 80 jours x 24 heures de flux vidéo sont archivées et mises

à disposition sur le site SK connectée.

Le dispositif OFF s’attache plus spécifiquement à la mémoire des flux continus de données. Le

flux vidéo, le flux sonore et le flux textuel sont stockés respectivement sur notre serveur.

L’internaute a accès à la mémoire des données grâce à une sélection temporelle.

Cette partie OFF du projet SK connectée restera en ligne pendant une année.

Le spectacle se rejouant au Théâtre National de Chaillot du 26 avril au 27 mai 2006,

l’expérience OFF se clôturera le dernier jour des représentations à Paris.

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2. Dispositif, le site :

vues sur l’objet théâtral (à gauche) : flux vidéo et sonore en temps réel, 24h/24, 80 journées,

de Chaillot à Avignon.

webcam du visiteur (à droite) : le visiteur qui l’accepte peut connecter sa webcam et se

laisser regarder. Il s’offre à travers ce dialogue visuel aux autres internautes.

la question au visiteur (texte inscrit sur la vidéo de gauche) : « Que regardez-vous ? ». Au

clic sur la question, une pop up s’ouvre et l’internaute peut répondre dans une zone de texte

appropriée.

les réponses des visiteurs (texte positionné sous les deux vidéos) : les contributions des

internautes sont affichées une à une et sélectionnables par le numéro du visiteur (liste des

numéros disponible sous le texte). Le visiteur lit l’écrit de l’autre.

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Vues sur l’objet théâtral

Du premier jour des répétitions au Théâtre National de Chaillot au dernier jour des

représentations à la Chartreuse lez Avignon, l’œil de la webcam suit, poursuit l’objet théâtral.

De la fabrication de cet objet jusqu’à sa représentation, la scène de théâtre est prétexte à une

autre scène, celle du web. Ce flux vidéo est retransmis en temps réel et continu sur le site

Internet SK connectée ON.

Que se passe-t-il pour l’internaute lorsqu’il ne se passe rien ? Que peut-il attendre, lui devant

l’écran d’un ordinateur où l’image quitte un statut représentatif et se définit en un flux continu de

données vidéo ? Nous présenterons le huis-clos des répétitions comme une scène du web, où

l’intérêt de l’internaute se porterait sur ce hors champ privé dans ces comédiennes éprouvent

leur métier et se questionnent sur la figure de Sofia Kovalevskaïa.

Webcam du visiteur

SK connectée est un objet réseau autonome, envisagé comme une nouvelle scène du web où

la fiction se construit et se déconstruit à travers la présence, le regard et les écrits de

l’internaute. SK connectée engage une nouvelle forme de narration attachée au médium

Internet. SK connectée est une proposition, une tentative d’écriture pour le web dont les

matériaux qui la constitue opèrent d’un principe de saisi, de délocalisation ou de

désynchronisation des acteurs d’une matière vivante : celui d’un spectacle en cours de

fabrication qui se donne(ra) pendant et après l’expérience. SK connectée questionne le statut

de l’image sur ce médium Internet et en interroge la fonction de mémoire.

La question au visiteur

Que regardez-vous ?

Les internautes sont présents en temps réel sur le site internet. Avec ou sans webcam, ils

peuvent se connecter et regarder, mais aussi écrire. La participation est anonyme et libre. Eux

construisent ensemble la fiction SK à laquelle ils désirent s’adonner.

Les réponses des visiteurs

La véritable fiction est celle que les internautes modéliseront ensemble à travers leurs écrits. Ce

à quoi ils seront témoins est le temps qui passe. Ce sont eux qui désigneront le geste comme

action, qui inventeront aux événements une succession probable, qui dessineront une

psychologie des « personnages ». Ce sont eux aussi qui ponctueront le temps de repères

fictifs.

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3. Petits extraits de flux vidéo

Flux vidéo : jour x, il est 7h00, les répétitions n’ont pas encore débutées, la webcam est

déposée dans le hall du Théâtre National de Chaillot, le soleil se lève sur le ciel de Paris et

quelques travailleurs marchent d’un pas décidé au pied de la Tour Eiffel (…) il est 8h00, une

personne passe devant l’oeil de la webcam dans le hall du théâtre. Elle s’affère à son travail,

celui de préparer l’espace public (…) Il est 10h00, la webcam suit des personnes qui entrent

dans une salle. C’est le visage de Nathalie Richard, l’une des trois comédiennes, que l’œil de la

webcam a choisi de suivre aujourd’hui, elle sourit furtivement, puis porte un gobelet de

plastique blanc à ses lèvres. Sa moue désigne une température trop élevée ou bien un café

trop serré. La bouche de la comédienne croque ensuite un gâteau, de ceux qui ont l’air si

beurrés. (…) Il est 11h00, une page de papier cache une partie du visage de la comédienne qui

lit une lettre. Il est 12h00, la comédienne lit encore, un journal cette fois et elle rit, aux éclats.

(…) Il est 13h00, plus rien ne se passe. Des livres, des pages sont posés sur une table. (…) Il

est 14h00, la webcam montre une scène où les comédiennes, texte à la main lisent, lèvent le

regard, se sourient. L’une d’entre elles tombent, l’autre la relève, elles s’embrassent et

s’échangent leurs textes. Il est 15h00, des personnes sont groupées sur une scène, elles font

des gestes circulaires de leur bras. Le même geste.

Flux vidéo : jour y, il est 7h00, la webcam est déposée dans la Chapelle ouverte de la

Chartreuse. La vue est celle d’une des pièces du plasticien Absalon exposée ici. (…)Il est

10h00, un homme petit dépose un sac sur une chaise et en sort un cahier, puis il y écrit des

chiffres, des signes. Lui lève son regard et agite ses bras, ses mains dessinent des courbes.

(…) Il est 11h00, les visiteurs réèls de la Chartreuse contourne l’oeuvre du plasticien, la frôle

parfois.

Flux vidéo : jour z, il est 7h00, le ciel. (…) Il est 10h00, des dizaines de personnes s’engagent

dans une allée. L’œil de la webcam les suit. Puis, et après quelques couloirs voûtés, des

escaliers de pierre, l’œil de la caméra longe les murs d’une cellule. Une ouverture dans la pierre

là haut laisse une lumière passer. Quelques personnes touchent la pierre. Leurs regards

scrutent l’endroit. L’œil de la caméra contourne la pièce. Celle d’une cellule de moine de la

Chartreuse.

Intention :

Ces trois extraits de flux vidéo ne construisent pas de scénario.

Nous avons fait le choix d’une caméra unique et mobile afin de restituer le suivi permanent

dans ce quasi huis-clos du plateau de théâtre en devenir. L’œil de la caméra sera subjectif et se

portera sur ce que l’on aime observer, regarder indépendamment d’un rapport à l’objet et à sa

structure narrative.

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Si la scène du web est envisagée ici comme un espace privilégié de rencontre avec l’autre,

c’est aussi parce que nous pouvons la faire s’approcher du vivant, le saisir dans un principe de

sensorialité.

Enfin, tous les flux sont stockés : vidéo, sonore et textuel. Les internautes pourront ainsi

voir/revoir, lire/relire, entendre/réentendre. L’accès à la consultation de ces données participe

du processus d’auto-construction de la fiction.

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LE CAS DE SOPHIE K / ANNEXE 1.

Sophie Kovalevskaïa (Moscou 1850- Stockholm 1891)

Première femme membre de l’Académie des Sciences de Russie, première femme titulaire

d’une chaire à l’Université (de Stockholm), Sophia Kovalevskaïa est considérée comme l’une

des plus grandes mathématiciennes de son temps. En 1888, elle se voit remettre à Paris le prix

Bordin Élève de Weierstrass, elle établit les premiers résultats significatifs dans le domaine des

équations différentielles partielles. Elle participe au comité de rédaction de Acta Mathematica.

Et mène aussi des activités littéraires, tant comme critique que comme auteur : elle s’essaie au

roman, au théâtre, et publie ses Souvenirs d’enfance.

Sophie (Korin-Kurkovskaya) Kovalevsky grandit dans un milieu social privilégié, parmi les

meilleures familles russes. Son père était général et propriétaire terrien ; sa mère, la fille d’un

astronome russe renommé, une musicienne accomplie. Ses premiers souvenirs en matière de

mathématiques remontent aux récits que lui faisait un oncle autodidacte : “c’est lui, par

exemple, qui me parla le premier de la quadrature du cercle, des asymptotes, et si le sens de

ses paroles me restait incompréhensible, elles frappaient mon imagination et m’inspiraient pour

les mathématiques une sorte de vénération, comme pour une science supérieure, mystérieuse,

ouvrant à ses initiés un monde nouveau et merveilleux.”

Alors qu’elle avait onze ans, “il fallut réparer la maison familiale” et poser de nouvelles tentures

dans toutes les pièces. Mais le papier manqua pour la chambre de Sophie : “pendant bien des

années, ma chambre resta inachevée, le mur simplement tendu de feuilles lithographiées des

cours d’Ostrogradski sur le calcul intégral et différentiel, jadis achetées par mon père étudiant.

(…) Je me rappelle avoir passé des heures entières devant ce mur mystérieux, cherchant à

déchiffrer quelques phrases isolées et à retrouver l’ordre dans lequel ces feuilles devaient se

suivre. Cette contemplation prolongée et quotidienne finit par graver dans ma mémoire l’aspect

matériel de beaucoup de ces formules, et le texte, quoique incompréhensible au moment

même, laissa une trace profonde dans ma mémoire.”

Sophie et sa soeur aînée faisaient partie de l’intelligentsia nihiliste ; elles croyaient au pouvoir

qu’aurait l’éducation de hâter une révolution pacifique visant à renverser les structures sociales

tsaristes, améliorant ainsi le lot de l’humanité – femmes comprises ! Les universités russes

étant interdites aux femmes, le seul recours était de partir étudier en Suisse ou en Allemagne.

Mais en dépit du désir véhément que manifestait Sophie de devenir médecin ou chimiste

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(“d’être utile”), il était hors de question pour sa famille de laisser partir une jeune fille seule à

l’étranger. Aussi contracta-t-elle, de conserve avec sa soeur, un mariage blanc : en 1868, elle

épousait Vladimir Kovalevsky, jeune paléontologue traducteur de Darwin. Ils partirent tous deux

pour Heidelberg, où Sophie se consacra aux mathématiques, parvenant à obtenir l’autorisation

d’assister à des cours dont, là aussi, l’accès était interdit aux femmes. Quant à sa soeur, en

mal d’action révolutionnaire, elle partit pour Paris où germait la Commune.

Après deux années passées à Heidelberg, Sophie rejoignit Berlin, munie de recommandation à

l’attention de Weierstrass. Pourtant à Berlin, la règle semblait absolument incontournable : il

était impossible pour une femme de pénétrer à l’université. La légende veut que lorsque Sophie

vint trouver Weierstrass, celui-ci lui soumit des problèmes destinés à ses étudiants les plus

avancés dans leur travail, souhaitant ainsi la décourager. Mais elle les résolut rapidement, et

ses solutions étaient si claires et originales qu’il accepta de lui donner des leçons particulières ;

et il en vint rapidement à la considérer comme l’une ses étudiantes les plus brillantes et

prometteuses.

En 1874, Sophie présentait trois mémoires (!) : l’un sur la forme des anneaux de Saturne ; le

deuxième sur les elliptiques intégrales ; le troisième établissant un théorème pionnier pour la

théorie générale des équations différentielles partielles. Et puisque qu’il était inenvisageable

d’obtenir le moindre diplôme à Berlin, Weierstrass la présenta à l’université de Göttingen, où les

candidats étrangers étaient autorisés à soutenir leur mémoire in abstentia. C’est ainsi qu’elle

devint Docteur en philosophie des mathématiques en juillet 1874. Épuisés par ces quatre

années de travail intensif, les Kovalevski retournèrent alors en Russie. Sophie ne pouvant

accéder à un poste d’enseignement, elle se tourna vers l’écriture, devint critique de théâtre et

journaliste scientifique pour une revue de Saint Petersbourg, et se mit à travailler à un roman.

Pendant six ans, elle ne fit pas de mathématiques. Ils eurent une fille, tentèrent de faire fortune

et de créer une université pour les femmes, se lancèrent dans des spéculations financières.

Mais ils se ruinèrent. Et Vladimir se suicida en 1883.

En 1880, Sophie avait commencé à se remettre aux mathématiques et elle publia un article qui

fut salué jusque chez les mathématiciens russes conservateurs. Mittag-Leffler, un ancien

étudiant de Weierstrass, fut impressionné si vivement qu’il se battit trois ans durant contre les

obstacles qui se dressaient sur le chemin d’une femme en voie de devenir professeur en Suède

– où l’on considérait que les femmes mariées n’avaient pas besoin de travailler. Dans le même

temps, Sophie séjourna à Paris où elle rencontra des mathématiciens renommés, tel Poincaré

ou Hermite. Finalement, elle obtint un poste à l’Université de Stockholm en 1883, d’abord à titre

provisoire, puis, au vu du succès de ses cours, elle fut titularisée pour cinq ans. Elle devint en

même temps rédactrice pour la revue Acta Mathematica. Sa carrière atteignit son apogée en

1888 lorsqu’elle reçut le prix Bordin, prix remis par la prestigieuse Académie des Sciences de

Paris. Le prix lui fut décerné pour son mémoire Sur le Problème de la Rotation d’un Corps

Solide autour d’un Point Fixe : à la suite de Euler et Lagrange, elle établissait le troisième cas

de stabilité pour ces systèmes dynamiques complexes.

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Elle devint membre de l’Académie des Sciences de Russie en 1889, titre purement honorifique

néanmoins, puisque, en tant que femme, elle n’était conviée à aucune assemblée de cette

Académie, pas plus qu’elle n’était autorisée à enseigner en Russie ; mais son poste à

l’université de Stockholm se mua en un poste à vie.

Entre 1888 et 1891, en sus de ses activités mathématiques, elle écrivit deux romans, collabora

avec la soeur de Mittag-Leffler à deux pièces de théâtre, et écrivit de nombreux articles.

Sophie mourut prématurément en 1891, des suites d’une pneumonie. Le ministre de l’intérieur

de Russie estima alors qu’on avait prêté trop d’attention à “une femme qui, en fin de compte,

n’était qu’une Nihiliste.”

Mais elle est la seule femme mathématicienne qui ait un timbre à son effigie en Russie… Et

presque cent ans après sa mort, un cratère sur la lune fut baptisé d’après son nom.

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LE CAS DE SOPHIE K / ANNEXE 2.

L’équipe artistique

Jean-François Peyret est metteur en scène, auteur, traducteur et universitaire (Sorbonne

Nouvelle, Paris III). De 1984 à 1994, il dirige le Sapajou Théâtre avec Jean Jourdheuil.

Ensemble, ils confectionnent - écriture, traduction et mise en scène - une quinzaine de

spectacles depuis Le rocher la lande la librairie, d'après Montaigne (Théâtre de la Commune

d'Aubervilliers, 1982) jusqu'à Shakespeare Les sonnets. (Théâtre de la Bastille, 1989, MC93-

Bobigny 1990), Lucrèce la Nature des choses, (MC93-Bobigny, 1990 et 1991), Le Loup et les

sept Blanche Neige, MC93- Bobigny, 1993, sans oublier la traduction et la création de bon

nombre de textes de Heiner Müller (Heiner Müller-De l'Allemagne, Odéon 1983; Paysage sous

surveillance (Bobigny, 1987), La Route des chars (MC93- Bobigny, 1988) et Le cas Müller

(Festival d'Avignon, 1991). En 1994, avec Sophie Loucachevsky, il réalise et anime le Théâtre-

Feuilleton au Théâtre de l’Odéon : écriture et mise en scène d’une série de spectacle (Qui

moi ? d’après Kafka). En 1995, il fonde une nouvelle compagnie, tf2, Compagnie Jean-

François Peyret et se lance dans le cycle du Traité des passions à la MC93- Bobigny (octobre

1995 - printemps 2000) qui s’achève par l’épilogue sur la poésie d’Auden au Théâtre de la

Bastille.

Traité des passions- Spectacle préparatoire, dans le cadre du festival "Mettre en scène" de Rennes, sous le titre :

Le cri de (la) Méduse - une étude, TNB (Rennes), 1995.

- Traité des passions 1 (Descartes/Racine), MC93 - Bobigny, 1995

- Traité des passions 2 (Notes pour une pathétique), MC93 - Bobigny, 1996.

- Traité des passions 3 ou Des asters pour Charlotte, MC93-Bobigny 1996.

- Un Faust - Histoire naturelle (Traité des passions 4), texte Jean-François Peyret et Jean-

Didier Vincent, MC93 - Bobigny et Théâtre National de Bretagne (Rennes),1998.

- Turing-Machine, MC 93,1999.

- Histoire naturelle de l’esprit (suite et fin), MC93 - Bobigny, TNB (Rennes), TNT (Toulouse),

2000.

- Projection privée/Théâtre public / sur des poèmes de W.H. Auden, Théâtre de la Bastille,

2000.

En 2002, il met en chantier, avec Alain Prochiantz, un nouveau projet : le Traité des formes

- La Génisse et le Pythagoricien : Théâtre National de Strasbourg (Avril-Mai 02) et

Théâtre de Gennevilliers (Nov-Dec 02)

- Des Chimères en automne ou l’impromptu de Chaillot (Théâtre National de Chaillot,

automne 2003)

- Les Variations Darwin (Théâtre National de Chaillot, 2004 ; Théâtre National de

Strasbourg, Théâtre du Port de la Lune, Théâtre de Caen, 2005 )

Depuis octobre 2003, Jean-François Peyret est metteur en scène en résidence à l’Ircam

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Derniers ouvrages parus : Trois traités des passions. Théâtre Typographique, 1998, Faust -

Une histoire naturelle de Jean-François Peyret et Jean-Didier Vincent. Odile Jacob, 2000, La

Génisse et le Pythagoricien de Jean-François Peyret et Alain Prochiantz, Odile Jacob, 2002

Luc Steels a étudié la linguistique à Anvers et l'informatique aux États-Unis. En 1983, il devient

professeur en informatique à l'université de Bruxelles et directeur du laboratoire de recherches

sur l'Intelligence Artificielle. En 1996, il fonde le laboratoire de recherches en informatique de

Sony à Paris. Luc Steels donne des conférences dans de nombreuses universités dans le

monde entier, a produit une série télévisuelle de vulgarisation scientifique et publié bon nombre

de livres. Il intervient sur de nombreux sujets - linguistique, biologie, informatique, Intelligence

Artificielle - et a souvent collaboré avec des artistes de théâtre et d'arts plastiques (Capc musée

de Bordeaux, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Biennale de Venise, 2003).

Alexandros Markeas, compositeur, est né en 1965 à Athènes, il étudie le piano et l'écriture

au Conservatoire National de Grèce. Il poursuit ses études et obtient les premiers prix de piano

et de musique de chambre au Conservatoire National Supérieur de Paris. Il donne de nombreux

concerts en soliste et en formation de chambre. Parallèlement, il se consacre à la composition.

Il continue ses études au Conservatoire de Paris, dans les classes d'écriture, d'analyse et de

composition avec Guy Reibel, Michael Levinas, Marc-André Dalbavie et Laurent Cuniot, et

obtient les premiers prix de contrepoint, fugue et composition, discipline dont il suit le cycle de

perfectionnement. Il est aussi sélectionné pour suivre le cursus annuel de composition et

d'informatique musicale de l'Ircam.

Cherchant à enrichir son travail au contact de différents domaines d'expression (texte, théâtre,

arts plastiques), il s'intéresse au théâtre musical, à la musique pour l'image, ainsi qu'à la

composition pédagogique. En 1999, il gagne le prix de Rome ce qui lui permet de résider

comme pensionnaire à l'Académie de France à Rome à la Villa Médicis de jusqu’en 2001. Ses

pièces sont jouées en France et à l'étranger par divers ensembles : l'Ensemble

Intercontemporain, Court-Circuit, L'Itinéraire, TM+, le quatuor Habanera, les Jeunes Solistes,

l'Orchestre philharmonique de Radio France, etc, et sont éditées aux Editions Gérard Billaudot.

Nicky Rieti, scénographe, est né aux Etats-Unis en 1947. Il a étudié l’histoire de l’art et

l’architecture à l’Université de Yale. Il vit et travaille en France depuis 1972 comme

scénographe pour le théâtre et l’opéra. Il a travaillé pour les principaux établissements parisiens

et nationaux : La Comédie Française, l’Odéon, l’Opéra Bastille, le Théâtre National de Chaillot,

le Théâtre National de la Colline, la MC93 de Bobigny, le Théâtre de Genevilliers, les opéras de

Lausanne, Lyon, Strasbourg, Nancy et Bordeaux.

Il a également travaillé pour la Scala de Milan, le Welsh and Scottish National Operas et le

Bayerisches Staatschauspiel, le Franckfurt Schauspiel, et le Théâtre National de Catalogne.

Pour Jean-François Peyret, il a conçu les scénographies des productions suivantes :

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Théâtre Feuilleton (série de spectacles divers) - Traité des Passions 1, 2 et 3 - Un Faust,

Histoire Naturelle, de J.-F. Peyret et J.-D. Vincent (d’après Goethe) - Histoire Naturelle de

L’Esprit (Suite et Fin), de Jean-François Peyret - Projection Privée, Théâtre Public - La

Genisse et Le Pythagoricien (d’après les Métamorphoses d’Ovide) de J.-F. Peyret et Alain

Prochiantz - Chimères en Automne de J.-F. Peyret et A. Prochiantz - Les Variations Darwin de

J.-F. Peyret et A. Prochiantz

Agnès de Cayeux, web dramaturge, a dédié une partie de ses recherches sur la façon dont

les gens utilisent le réseau web. Elle s’est interrogée sur la place du corps dans un

environnement réseau et la production numérique. Ses projets tentent de montrer comment les

utilisateurs se perçoivent à travers l’interface web, comment ils utilisent leur clavier et leur

souris. Elle a également développé de nouveaux outils de communication, confrontant espaces

réels et espaces virtuels. Agnes de Cayeux participe à de nombreuses expositions et festivals :

Centre Georges Pompidou, Theatre de Paris Villette, Zeppelin Festival, Centre Culturel

Contemporain de Barcelone.

Son projet « In My Room » est exposé au Flash Festival 2005 ( Centre Georges Pompidou)

Paris, à La Nuit Blanche 2005 à Paris, et est produit par Arte France.

Agnes de Cayeux travaille avec la Compagnie tf2 depuis 2000 afin de mettre en perspective les

relations possibles entre le plateau et le réseau (www.tf2.asso.fr)

Nicolas Bigards, collaborateur artistique, né en 1971, a suivi une formation de comédien au

Conservatoire du Xème arrondissement (Paris) et une licence d'Études Théâtrales à la

Sorbonne-Nouvelle.

En 2003, il met en scène Manuscrit Corbeau de Max Aub à la MC93 -Bobigny. En 2001, il co-

réalise avec Jean-François Peyret Le vol au-dessus de l'océan, pièce radiophonique de Bertolt

Brecht et Turing Machine -1999 à la MC93. Il met en scène La dernière toilette de S. d'après Le

Banquet de Platon - 1999, Tendre Marie d'après Marivaux et Michèle Rozenfarb - 1997,

J'avance en poésie, récital québécois.

Il a été l'assistant et/ou dramaturge de Jean-François Peyret sur de nombreuses mises en

scène : La Génisse et le Pythagoricien - 2002, Histoire naturelle de l'esprit, et Projection privée /

Théâtre public. Sur des poèmes d'Auden - 2000, Un Faust - Histoire naturelle - 1998, Traité des

passions III (Traité des couleurs), Traité des passions II (Notes pour une pathétique) - 1996,

Traité des passions Descartes/Racine - 1995. Dramaturge sur Le Lépreux de la cité d'Aoste de

Xavier de Maistre, assistant sur Monotapa ou les Bêtes de scène, Pièces en dix minutes de

Djuna Barnes, deux spectacles du Miroir Ouvert - 1994, de W. Znorko sur La cité cornu avec

Bruno Boëglin – 1990.

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LE CAS DE SOPHIE K / ANNEXE 3.

La distribution

OLGA KOKORINA

Olga Kokorina est née en 1978 à Khabarousvsk en Russie. Elle étudie au Centre National de

Théâtre d’Irkousk. Elle arrive à Paris en 1998 après avoir suivi une formation de clown en

Suisse à l’Ecole Dimitri Vercho. A Paris elle suit une formation à l’ESAD (Ecole Superieur d’Art

Dramatique).

En 2004, elle tient le rôle de Sofia Alexandrovna dans le Génie de la Forêt de Tchekhov, mis en

scène par Roger Planchon.

ELINA LÖWENSOHN

Elina Löwensohn est née en Roumanie à Bucarest en 1967 et y a vécu jusqu’à 14 ans, âge

auquel elle s’installe à New-York. Elina Löwensohn étudie le théâtre à l’Université du Michigan

et à la Playwright Horizon School de l’Université de New-York.

Le réalisateur Hal Hartley la découvre la fait jouer dans La Théorie de l’Achèvement avec

William Sage en 1991. Simple Men suit dès 1992, film dans lequel Elina tient le rôle titre d’une

jeune femme de Long Island. Dès lors cette collaboration ne cessera plus.

Pendant les 10 dernières années, elle apparaît également dans des films d’auteur américain et

français. Elle poursuit sa collaboration au théâtre avec le metteur en scène Travis Preston

depuis une dizaine d’années, ainsi qu’avec Richard Foreman.

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NATHALIE RICHARD

Nathalie Richard commence sa carrière par la danse et le théâtre. Après une année de

chorégraphie à New York et une collaboration avec Karol Armitage (Drastic Classism), elle

entre au Conservatoire d'Art Dramatique de Paris en 1983. Elle débute au cinéma en 1986 par

un rôle de coiffeuse dans Golden Eighties de Chantal Akerman. Mais c'est sa rencontre avec

Jacques Rivette qui est déterminante pour sa carrière cinématographique. La Bande des quatre

inaugure en 1988 une collaboration de trois films avec Jeanne la Pucelle, les prisons (1994) et

Haut bas fragile (1995), sur lequel elle participe également à l'écriture. Elle débute en même

temps au théâtre en 1986 avec « Leurre H », une création de la compagnie 14-18 présentée au

Festival du Printemps du Théâtre et qui obtiendra le prix spécial du jury ainsi que celui du

public : elle travaillera avec des metteurs en scène tels que Yves Beaunesnes, Laurent Pelly,

Claude Stratz, André Engel, Jean-Claude Fall, Hans Peter Cloos. C’est sa troisième

collaboration avec Jean-François Peyret après « Faust, une histoire naturelle » et « Projection

Privée / Théâtre Public ».

GRAHAM F. VALENTINE

Après avoir étudié le théâtre à Paris, Graham F. Valentine a travaillé de nombreuses années au

théâtre, au cinéma et a pris part à de nombreux projets européens, par exemple avec Deborah

Warner sur « King Lear » et « The Good person of Sichuan », avec Claude Régy « La Terrible

Voix de Satan » et « Chutes » et avec Graham Vick sur « Un Rè in Ascolto ».

En 1999, Graham Valentine jouait le rôle titre dans « Punch et Judy » de Birtwistle.

Depuis 2000 il fait partie de la Schauspielhaus de Zurich.

Il est associé depuis 20 années au travail de Christoph Marthaler.