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    LE CHRISTIANISME EST NE EN ORIENT

    LORIENT CHRETIEN

    par Jean-Marie Mrigoux, op

    C'est dans la direction de l'Orient quest habituellement oriente la construction de nos glises : ainsi, en se tournant dans la direction o le soleil se lve, prtres et

    fidles sont symboliquement orients vers le Christ dont on attend le retour glorieux,

    Lui qui est plus lumineux que le soleil. Cette orientation vers lOrient est voque par le prophte Ezchiel : Le Temple tait tourn vers lOrient (47, 1). Il est donc important que nous, chrtiens dOccident, nous nous tournions vers nos frres chrtiens dOrient. Il en va de notre sant spirituelle : Jean Paul II aimait dire :

    L'glise a deux poumons : un poumon oriental et un poumon occidental1. Pour tre

    en bonne sant, tous les fidles de lEglise doivent donc respirer avec leurs deux poumons : Ces poumons sont les deux faces du visage de l'glise : l'orientale et

    l'occidentale.

    Dans la Lettre apostolique, Lumire de l'Orient2 le Pape Jean Paul II avait invit

    les catholiques connatre et tudier le patrimoine spirituel, thologique et liturgique

    de l'Orient en rappelant qu'au cours des sicles, l'Occident avait toujours beaucoup

    reu de l'Orient dans le domaine de la liturgie, de la tradition spirituelle, du droit .

    La connaissance de l'Orient chrtien tait, pour lui, un pas vers l'unit des chrtiens. En

    parlant des chrtiens dOrient, le patriarche grec catholique, Maximos IV, dplorait, au moment du concile Vatican II dont il fut lune des plus minentes figures : Le plus

    souvent l'Occident catholique nous a ignors 3.

    L'Orient est la rgion gographique et historique choisie par Dieu pour

    commencer habiter parmi nous (Jn, 1, 14), cest le lieu de la naissance du christianisme. C'est en Palestine, que Jsus, le Fils de Dieu, s'est insr dans le peuple

    de la Bible en devenant aussi le fils de Marie : n Bethlem en Jude, il a grandi,

    vcu et prch en Galile, puis s'est rendu Jrusalem pour y accomplir le sacrifice

    parfait de la Pque. Quant l'actualit, elle ne cesse de nous parler du Proche et du

    Moyen Orient et de la terrible situation de leurs chrtiens4. Pour les chrtiens de tous

    les temps, cette rgion du monde a une trs grande importance car elle est la Terre

    Sainte o ils aiment aller en plerinage et rencontrer leurs frres chrtiens qui y

    vivent. Si les chrtiens d'Orient sont loin de l'Occident au point que bien souvent celui-

    1 Cf. Jean Paul II, encyclique Redemptoris Mater, 34. 2 Orientale Lumen, 1995, 24-26. 3 Cf. Emilios Inglessis, Maximos IV, l'Orient conteste lOccident, Paris, Cerf, 1969, p. 17. 4 Cf. Joseph Yacoub, Menaces sur les chrtiens dIrak, d. C.L.D., 2003 : Annie Laurent, Les chrtiens dOrient vont-ils disparaitre ? Entre souffrance et esprance, d. Salvator, 2008 : Bernard Heyberger, Les chrtiens du

    Proche-Orient : De la compassion la comprhension, d. Manuels Payot, 2013.

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    ci a du mal deviner qui ils sont et ce qu'est leur vie quotidienne, voici que depuis

    peu, du fait de leur dramatique migration, ils sont prsents dans bien des pays du

    monde. Cest ainsi que par exemple, chaque dimanche dans des glises catholiques de Marseille on clbre lEucharistie dans les rites byzantin, chalden, maronite et armnien, et dans les glises orthodoxes les liturgies grecque, armnienne, copte,

    assyrienne5.

    Cest en Orient que le christianisme est n, c'est l qu'il a ses racines bibliques et culturelles. Mais le christianisme n'est pas pour autant le produit de l'Orient , de sa

    culture, de sa civilisation ou de ses Terres, fussent-elles dclares saintes . Le

    christianisme vient d'en Haut , ses racines sont en Dieu, il ralise parmi nous le

    mystre de l'Incarnation : Le Verbe sest fait chair et il a habit parmi nous (Jn 1, 14). C'est parce que le Fils de Dieu sest incarn en Orient et que cette rgion du monde lui a donn l'hospitalit que l'Orient et les chrtiens d'Orient ne cessent de

    rappeler, toutes les poques et en tous lieux, par un charisme qui leur est propre, la

    Bonne Nouvelle de la venue de Dieu parmi nous.

    Incarnation et hospitalit

    Le rapport entre le Verbe de Dieu fait chair et l'humanit, comme celui de

    l'glise et du monde, est de l'ordre d'une immense hospitalit. Jsus aimait cette

    attitude d'accueil quest lhospitalit dont il bnficiait souvent chez Lazare, Marie et Marthe, au village de Bthanie, prs de Jrusalem. Mais en recevant lhospitalit, Jsus la pratiquait aussi lgard de ses htes, mais un niveau suprieur. Jacques Maritain a voqu cette hospitalit reue et donne par Jsus : Jsus mangeait et

    buvait chez ses amis de Bthanie, il tait reu Bthanie, mais c'est Bthanie qui

    recevait de Jsus 6.

    Il en va de mme pour le christianisme qui, au cours de son histoire, emprunte

    bien des lments aux civilisations humaines o il s'tablit et o il veut se rendre

    intelligible : Ses langues liturgiques et ses langues de prdication, l'architecture et

    l'ornementation de ses temples, les matires communes ou prcieuses assumes par

    son culte, la sagesse humaine assume par sa thologie 7. Tout cela est pris et assum

    par la mme misricorde qui a amen l'Incarnation divine. L'Eglise, Corps ecclsial et

    fraternel du Christ, en se diffusant et en rejoignant les peuples, langues et nations ,

    prolonge donc, au cours de son histoire, en Orient comme en Occident, le mystre de

    l'Incarnation du Sauveur.

    LOrient chrtien et la Terre Sainte

    Il y a un lien trs fort entre le Christianisme oriental et la Terre Sainte et,

    plus largement, avec toutes les Terres bibliques non-saintes , comme la

    Msopotamie, l'Irak d'aujourd'hui, le Liban, la Jordanie, la Syrie et l'gypte. Dans les

    5 Cf. Luc Balbont, Marseille, la mosaque des chrtiens dOrient , Le Plerin, Bayard, 6 juin 2013. 6 Jacques Maritain, Religion et culture, II, 8 (uvres compltes, Paris-Fribourg, vol. IV, pp. 221-222) 7 Idem 8.

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    premiers sicles du christianisme, ds que prirent fin les perscutions, les fidles ont

    aim venir visiter les lieux o s'tait droule la vie de Jsus. Les Terres Saintes se

    rvlrent aussi pour eux le pays des chrtients qui les avaient prcds dans la foi au

    Christ. Cest ainsi quau voyage en Palestine, bien des plerins ajoutaient une visite

    aux monastres d'gypte, le pays de saint Antoine le pre des moines 8. L'Orient

    chrtien est marqu par la Bible et la Bible est marque par lOrient : y vivre constitue une aventure spirituelle qui provoque parfois des difficults et des tensions

    dues au contexte politique9 ; pensons sur ce sujet l'admirable lettre pastorale, Lire et

    vivre la Bible au pays de la Bible, de Mgr Michel Sabah, patriarche mrite de Jrusalem10.

    Le Proche-Orient a conserv aussi des Traditions de l'glise primitive et la

    langue aramenne qui fut la langue de Jsus. Cette langue est parle, sous la forme

    appele soureth , dans bien des rgions chrtiennes dIrak, de Syrie, de Turquie,

    dIran et aussi, depuis peu, dans toute la diaspora chrtienne d'Irak11 et de ce fait, elle connait une relle expansion gographique, de lAustralie la Californie ! Elle est

    enseigne depuis peu Paris, lINALCO, lEcole des langues orientales12.

    Le Concile Vatican II a rappel enfin que l'Orient chrtien, par les Pres de

    l'glise, par les Conciles cumniques qui s'y tinrent, constituait une source intarissable d'inspiration pour la vie chrtienne, pour les thologiens, les contemplatifs,

    les artistes, les historiens et les plerins : cette rgion constitue un vrai lieu

    thologique aux richesses spirituelles inpuisables.

    Antioche, la premire mtropole chrtienne

    Dans le livre des Actes des Aptres, saint Luc montre que la fondation de l'glise

    d'Antioche suivit de peu le martyre de saint tienne Jrusalem, la perscution et la

    dispersion qu'elle entrana : C'est Antioche, que pour la premire fois, les disciples

    de Jsus-Christ furent appels chrtiens 13.

    La ville d'Antioche, l'ancienne capitale des Sleucides devenue capitale de la

    Syrie romaine, tait tout d'abord une ville paenne, puis elle fut vanglise par

    plusieurs Aptres : Pierre, Paul, Jean et Barnab. Antioche devenue chrtienne

    devint le point de dpart de l'vanglisation du monde. Saint Pierre et saint Paul en

    partirent pour vangliser l'Occident et l'aptre Thomas, pour vangliser la

    Msopotamie et l'Inde. De nos jours, la ville d'Antioche, qui fait maintenant partie de

    la Turquie, est le sige ecclsiastique de plusieurs Patriarches catholiques ou

    8 Cf. Jules Leroy, Moines et monastres du Proche-Orient, Paris, d. Horizons de France, 1957. 9 Cf. Mgr Georges Casmoussa, archevque de Mossoul, Jusquau bout, entretiens avec Joseph Alichoran et Luc Balbont, d. Nouvelle Cit, 2012. 10 Mgr Michel Sabbah, Lire et vivre la Bible au pays de la Bible, Descle de Brouwer, 1993. 11 Cf. Mirella Galletti, Le Kurdistan et ses chrtiens, Paris, Cerf, 2010. 12 Cf. Mthode de soureth, initiation laramen daujourdhui, parl et crit, par Bruno Poizat, avec la collaboration de Yawsep Alichoran et de Yohanna Binoussa, Paris, Geuthner- Manuels, 2008. 13 Actes des Aptres, 11, 26 ; cf. Paul Bony, Saint Paul ...tout simplement, Paris, Les ditions de lAtelier, 1996, pp.14-15.

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    orthodoxes : chacun de ces pasteurs porte le titre vnrable de Patriarche d'Antioche

    et de tout l'Orient 14.

    Les huit Patriarcats de l'glise catholique

    Pour rpondre aux questions que bien des gens se posent au sujet des glises

    d'Orient, car beaucoup sont souvent tonns de leur multiplicit, il n'est pas inutile de

    rappeler d'o vient, dans le christianisme, la diversit des glises patriarcales et tout

    particulirement dans l'glise catholique15. Cette notion de Patriarcat qui peut

    paraitre un peu lointaine et trange bien des fidles catholiques occidentaux, est en

    fait clairante et rvlatrice et de la nature mme de notre glise aux deux

    poumons , qui est constitue d'un ensemble d'glises locales, ou Patriarcats, toutes

    unies au successeur de Pierre, Rome.

    L'Occident catholique ne doit pas oublier qu'il constitue lui-mme un

    Patriarcat , celui de l'Occident latin qui est en parfaite unit avec les sept

    Patriarcats d'Orient. Chacun des Patriarcats, ou rgions ecclsiales dans l'glise,

    possde sa propre histoire, ses langues et ses rites liturgiques, ses traditions, ses chants,

    son architecture, sa spiritualit et mme des approches thologiques propres. Tout cela

    est vcu dans l'unit catholique, dans une mme foi vcue et exprime travers des

    varits lgitimes. Le Concile Vatican II l'a rappel : La varit des glises locales

    montre avec plus dclat, par leur convergence dans lunit, la catholicit de l'glise

    indivise 16.

    En mettant l'accent sur les glises catholiques orientales , je n'oublie pas pour

    autant les diverses glises orthodoxes, mais, comme trop souvent des fidles latins

    catholiques semblent insuffisamment informs sur leurs frres catholiques orientaux,

    je crois qu'il n'est pas inutile d'insister beaucoup sur la nature exacte de l'ensemble de

    l'glise catholique.

    Nous avons des frres catholiques orientaux

    On assiste parfois, dans certains milieux, une sorte de dcoupage

    gographique et mental assez trange : l'Orient chrtien ce serait le domaine propre

    de l'Orthodoxie , et l'Occident chrtien serait le domaine propre de la

    Catholicit , identifi alors avec la latinit . Ceci n'est pas conforme la

    ralit17. Le patriarche Maximos IV qui avait une vocation d'unisseur fut un grand

    aptre de l'unit entre les glises catholiques et orthodoxes et il tait persuad que son

    Eglise grecque melchite catholique, en union avec les autres Eglises orientales

    14 Claude Slis, Les Syriens orthodoxes et catholiques, col. Fils dAbraham, d. Brpols, Belgique, 1988. 15 Cf. Jean-Marie Mrigoux, Va Ninive ! Un dialogue avec lIrak , Paris, Cerf, 2000, pp. 323-331. 16 Cf. Vatican II, Lumen Gentium, 29. 17 Cf. Vatican II, le Dcret sur les Eglises orientales catholiques, 1964 ; Gaston Zananiri, op, Catholicisme

    oriental, d. Spes-Paris, 1966 : Jean-Marie Mrigoux, Eglises et monastres de Mossoul et de sa rgion, dans

    LOrient chrtien dans lempire musulmans , Hommage au professeur Grard Troupeau, Studia arabica III, d. de Paris, pp. 417- 446 ; Sur Marie-Thrse Hanna, O.P., Attires par lamour, histoire des surs dominicaines de Sainte Catherine de Sienne, Mossoul-Irak (1877-2010), Paris, Cerf, 2013.

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    catholiques, avait un trs grand rle cumnique jouer. Parce qu'elles taient orientales et catholiques, ces Eglises constituaient un Pont vers l'Orthodoxie . Ce

    rle de pont fut admirablement reconnu et comme acclam par l'glise orthodoxe

    en la personne du patriarche de Constantinople Athnagoras. Lors du plerinage de

    Paul VI Jrusalem en 1964, le patriarche Athnagoras rencontra S.B. Maximos IV et

    lui dclara : J'ai bien suivi vos interventions au Concile et je vous en remercie : Vous

    nous reprsentez tous : Merci 18.

    Qu'est-ce qu'un Patriarcat dans l'Eglise ?

    Le lieu de naissance dune glise patriarcale c'est une grande ville de l'Antiquit, au dpart paenne, mais qui a t vanglise, directement ou

    indirectement, par un ou plusieurs Aptres. Donc une ville qui devient alors comme

    une capitale , un centre de vie chrtienne pour toute une rgion. C'est, d'une faon

    minente, le cas de Rome, dAlexandrie et dAntioche. Une telle ville, devenue en partie chrtienne, fut d'abord appele une ville mtropole (cest une ville mre , du grec meter, la mre, et de polis, la ville) et sa communaut chrtienne avait un

    vque appel mtropolite . Mais au Concile de Chalcdoine, en 451, on ajouta

    ces trois villes la nouvelle capitale de l'Empire, Constantinople, et encore Jrusalem,

    et, depuis cette date, ces cinq mtropoles furent appeles villes patriarcales :

    leurs vques furent ds lors appels Patriarches . Par la suite, deux Patriarcats,

    ou patriarcats-catholicossats , furent encore ajouts19 : celui des Armniens et

    celui de lEglise de lOrient , ou des Syriens orientaux. Ce dernier groupe comprend aujourdhui les catholiques chaldens et les Assyriens, parfois appels

    encore Nestoriens 20.

    Voil pourquoi on rencontre en Orient, l'occasion de dplacements, ces divers

    Patriarcats qui s'identifient plus ou moins telle ou telle rgion : au Liban, on

    rencontre des catholiques qui sont Maronites, sous l'autorit du Patriarche maronite

    d'Antioche ; en gypte, on rencontre des Coptes catholiques qui se rattachent au

    patriarche copte catholique d'Alexandrie ; en Syrie et au Liban, des Grecs melchites

    catholiques qui se rattachent au Patriarche grec catholique d'Antioche ; en Turquie, des

    18 Cf. Maximos conteste l'Occident , p. 72 ; Ignace Dick, quest-ce que lOrient chrtien ? Paris, Casterman 1965 ; Voir : Benot XVI, Lumire du monde, le pape, lEglise et les signes des temps , un entretien avec Peeter Seewald, Paris, Bayard, 2011, p. 123 : Les Eglises orientales (orthodoxes) sont dauthentiques Eglises particulires bien quelles ne soient pas en relation avec le Pape. Dans ce sens, lunit avec le Pape nest pas constitutive de lEglise particulire. Mais le manque dunit est sans doute aussi un manque interne au sein dune glise particulire. Car lglise particulire est conue dans le but de faire partie dun tout. Dans cette mesure, la non-communion avec le Pape est en quelque sorte une lacune dans cette cellule de vie. Elle demeure une cellule,

    elle peut porter le nom dEglise, mais il manque un point lintrieur de la cellule : le lien avec lorganisme global . 19 Sur la notion de catholicat , catholicossat, dans son rapport complexe avec celle de patriarcat , voir :

    J.M. Fiey, Jalons pour une histoire de lEglise en Iraq, CSCO, Louvain, 1970, pp. 66-84 : Lorsque lEglise de Perse, lEglise de lOrient , se dtacha progressivement , vers le Ve sicle, du patriarcat dAntioche, son vque mtropolite porta le titre de catholicos , puis par la suite prit le titre de catholicos-patriarche , titre

    toujours port par les Patriarches, chalden et assyrien. 20 Cf. Herman Teule, Les Assyro-Chaldens, Chrtiens dIrak, dIran et de Turquie, col. Fils dAbraham, d. Brpols, Belgique, 2008.

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    Armniens qui se rattachent au Patriarche armnien catholique ; en Irak, les

    catholiques relvent majoritairement du Patriarcat chalden dit de Babylone , ce

    sont les Chaldens. Quant aux Latins catholiques, qu'ils soient en Europe, en Afrique,

    en Amrique et en Asie, ils font partie du Patriarcat d'Occident dont le centre

    historique est Rome. Toutefois, Jrusalem et dans sa rgion ecclsiastique, les

    Latins catholiques relvent du Patriarcat latin de Jrusalem.

    Dfinissons donc une glise patriarcale comme une communaut situe dans une

    zone de lglise universelle, caractrise par un territoire gographique, faonne par

    une culture21, une langue, une histoire et surtout par son caractre apostolique ,

    cest--dire que sa Ville mre , ou mtropole , correspond une capitale, une grande ville paenne de l'Antiquit devenue chrtienne et qui est aujourd'hui le sige

    piscopal d'un ou de plusieurs Patriarches. Cest ainsi qu partir dAntioche, la grande mtropole de la Syrie, il y avait le monde aramen qui stendait jusquen Msopotamie. Il y avait partir dAlexandrie, toute l'gypte, le long de la valle du Nil, qui, avec sa langue gyptienne millnaire et l'criture grecque, allait donner un

    jour la langue copte. Il y avait Rome la capitale politique de l'empire romain, qui tait

    le centre de la civilisation latine et qui stendait dans les Gaules et au-del.

    Les Patriarches catholiques

    Voici la liste les Patriarcats catholiques qui est donc, aussi, celle des liturgies

    patriarcales en usage dans l'glise catholique.

    Patriarcat d'Occident pour les Latins catholiques, o se trouve le sige du Pape,

    vque de Rome, successeur de saint Pierre et Pasteur de toute lEglise catholique.

    Patriarcat d'Alexandrie pour les Coptes catholiques

    Patriarcat d'Antioche pour les Maronites

    Patriarcat d'Antioche pour les Syriens catholiques

    Patriarcat d'Antioche, pour les Grecs-melkites catholiques

    Patriarcat de Jrusalem pour les Latins catholiques

    Patriarcat de Cilicie pour les Armniens catholiques

    Patriarcat de Babylone pour les Chaldens

    Il est intressant de remarquer que tous les Patriarches orientaux de lEglise catholique ont la nationalit d'un pays arabe :

    Sa Batitude Grgoire III Laham, patriarche grec-melchite catholique, est syrien

    S.B. Ibrahim Isaac Sidrak, patriarche copte catholique, est gyptien

    S.B. Bchara Boutros al Rai, patriarche cardinal maronite, est libanais

    S.B. Ignace Yousef III Younan, patriarche syrien catholique, est syrien

    21 Cf. Jean-Marie Mrigoux, Patriarcats dOrient et culture arabe, dans Le texte arabe non islamique , Studia arabica XI, d de Paris, 2008, pp. 255-277.

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    S.B. Louis Raphael Ier Sako, patriarche chalden, est irakien

    S.B. Nerss Bdros XIX Tarmouni, patriarche armnien catholique, est gyptien

    S.B. Fouad Twal, patriarche latin de Jrusalem, est jordanien

    Les langues liturgiques et historiques de ces patriarcats sont : le grec, le syriaque,

    le copte, le latin, larmnien et le chalden. Mais en pratique, au Proche Orient, les liturgies sont clbres en grande partie en langue arabe, avec, selon les rgions, un

    emploi plus ou moins important de la langue propre du rite.

    Les chrtiens dOrient et la langue arabe

    Au Proche et au Moyen Orient la grande majorit des chrtiens parlent larabe, la langue de leurs pays, et clbrent une partie importante de leur liturgie dans cette

    langue. En Irak, si la majorit des chrtiens parlent en priorit laramen, dans sa forme appele soureth, et si dans certaines rgions ils parlent kurde ou turcoman, ils

    nen pratiquent pas moins habituellement et parfois exclusivement la langue arabe. La langue liturgique des Grecs est le grec, celle des Syriens et des Maronites est le

    syriaque occidental, celle des Coptes est le copte, celle des Chaldens est le syriaque

    oriental, celle des Armniens est larmnien et celle des Latins de Jrusalem est le latin. Mais pour tous ces rites, larabe est une langue liturgique incontournable. La langue arabe est donc une grande langue du christianisme et depuis longtemps. Le pre

    Samr Khall Samr aime dire : Citez-moi une langue du christianisme qui, plus que

    la langue arabe, est toujours vivante et cela depuis des sicles ! 22. Etonnement et

    admiration en Algrie lors de la visite du patriarche gyptien Maximos V Hakim, qui,

    invit par le prsident Boumedienne, fit un magnifique discours en arabe23 ; beaucoup

    en lcoutant, se demandrent do lui venait cette connaissance si parfaite de larabe, lui qui ntait pas musulman. La langue arabe est bien la langue sacre des musulmans, mais son emploi par les chrtiens dOrient est parfois ignore au Maghreb. Etonnement aussi de bien des chrtiens dOccident qui dcouvrent que des millions de leurs frres chrtiens, parlent arabe, tudient la thologie, clbrent leurs

    liturgies et prchent dans cette langue.

    Chrtiens dOrient et Dialogue islamo-chrtien

    Vivant depuis quatorze sicles avec les musulmans, sous les divers rgimes que

    connut la rgion proche et moyen-orientale : omeyyade, abbasside, ottoman, safavide,

    socialistes, nationalistes, rpublicains et bien dautres encore, les chrtiens du monde

    arabe sont trs souvent dexcellents connaisseurs de la langue arabe24 et de la culture arabo-musulmane : ils constituent donc, pour tous ceux qui sintressent la rencontre

    du monde chrtien et du monde musulman, des tmoins et des matres incontournables que lon ne peut ni ne doit ignorer. Comprendre leur exprience

    22 Cf. Va Ninive p. 176. 23 Cf. La revue du patriarcat melchite : Le Lien , numro spcial, 3/1978, Maximos V en Algrie . 24 Fad Afrm al-Bustany, maronite, initiateur de lEncyclopdie libanaise (Dirat al-marif), vol 1, Beyrouth, 1957.

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    sculaire du dialogue de la vie avec le monde musulman et tudier leurs

    enseignements thologiques sur les questions dislamologie simpose donc pour ceux qui, partout dans le monde, se consacrent au dialogue islamo-chrtien.

    Evoquons plusieurs de ces tmoins orientaux qui, avec leur exprience chrtienne

    et leur comptence culturelle, vivent, ou ont vcu, intensment la rencontre islamo-

    chrtienne : les pres Georges Anawati25, Jean de Menasce26, Gaston Zananiri27,

    dominicains gyptiens ; du pre Louis Cheikho, jsuite turco-libanais28 ; du pre

    Anastase al-Karmely, carme irakien29 ; du pre Xavier Eid, gyptien30 ; de Mary

    Kahyl gyptienne31 ; du pre Adel-Thodore Khoury, libanais32 ; des pres Michel

    Hayek33, Youakim Moubarak34, Aff Osseirane, libanais35 ; du pre Henri Boulad,

    jsuite gyptien36 ; du Paul Nwya, jsuite irakien37 ; du pre Mansour Mistrih,

    franciscain syrien38 ; du pre Samir Khalil Samir, jsuite gyptien39 ; du frre Smy al-

    Yf des Frres des Ecoles chrtiennes, gyptien40 ; de Mgr Youhanna Golta,

    gyptien41 ; du pre Mounir Khawam, syrien42 ; de Mgr Franois Abou Mokh,

    syrien43 ; de Mgr Antoine Audo, syrien44 ; des pres Yousif Thomas Mirkis et Ameer

    25 Cf. Louis Gardet-M.-M. Anawati, Introduction la thologie musulmane, essai de thologie compare, Paris,

    Vrin, 1948 ; G. Anawati, Islam et Christianisme : la rencontre de deux cultures en Occident au Moyen Age ,

    MIDEO, 20, 1991, 233- 299 ; Rgis Morelon, Le Pre G.C. Anawati, op : Parcours dune vie, Le Caire, IDEO, 1996 ; Jean-Jacques Prenns, Georges Anawati (1905-1994). Un chrtien gyptien, devant le mystre de

    lislam, Paris, Cerf, 2008 : Maurice Borrmans, Prophtes du dialogue islamo-chrtien ; Louis Massignon, Jean-Mohammed Abd-el-Jalil, Louis Gardet, Georges C. Anawati, Paris, Cerf, 2009. 26 Cf. Jean de Menasce, La porte sur le Jardin, Paris, Cerf, 1975. 27 Cf. art. Massignon, dans lencyclopdie Catholicisme. 28 Directeur Beyrouth de la revue Al-Machriq (lOrient) et auteur de la premire anthologie de la littrature arabe : Majni-al-Adb, Les fleurs de la littrature arabe . 29 Fondateur en 1911, Bagdad, de la revue : Loghat al-Arab, (la langue des Arabes). 30 Longtemps cur de lglise melkite de Sainte-Marie-de-la-Paix, au Caire ; glise fonde par Mary Kahil et frquente par Louis Massignon (cf. Christian Destremau, Jean Moncelon, Massignon, Paris, Plon, 1994, pp.

    311-318) ; cest le lieu de runion de la Gamat al-Ik ad-Dni, lAssociation de la Fraternit Religieuse , cf. Christian van Nispen tot Sevenaer, Chrtiens et Musulmans, Frres devant Dieu ?, prface Jean-Luc Brunin,

    postface Zinab El Khodeiry, Paris, d de lAtelier, 2009, pp. 28-36. 31 Cf. Jacques Keryel, Mary Kahl, une grande dame de lgypte (1889-1979), Paris, Geuthner, 2010. 32 Cf. Adel Thodore Khoury, Les thologiens byzantins et lislam, Louvain-Paris, 1969. 33 Cf. Michel Hayek, Le Mystre dIsmal, Paris, Mame, 1964. 34 Cf. Y. Moubarak, Les chrtiens et le monde arabe, Pentalogie Islamo-chrtienne , vol IV, Beyrouth, 1972. 35 Cf. Jacques Keryel, Aff Ossarane (1919-1988), Paris, Cerf, 2009. 36 Directeur du Centre culturel jsuite dAlexandrie. 37 Cf. Paul Nwya, Exgse coranique et langage mystique, Beyrouth, 1970 ; art. Ibn Abbd, al Rund , Encyclopdie de lIslam, II d. ; Bibliographie de Paul Nwya, dans Mlanges de lUniversit Saint Joseph de Beyrouth, 1984, pp ; 60-66 : Le pre Nwya, s.j, (1925-1980), MIDEO, 15, 315-316. 38 Cf. Vincent Mistrih, Documents sur les vnements de Mardine (1915-1920), Studia Christiana Orientalia,

    Collectanea : XXIX, XXX, XXXV, XXXVI, Jrusalem, Custodie de Terre Sainte. 39 Cf. Samir Khalil Samir et Paul Nwya, Une correspondance islamo-chrtienne entre Ibn Al-Munaggim,

    Hussain ibn Ishaq et Qusta ibn Lqa, Patrologie Orientale , T. 40, fasc.4, N 185, 1981. 40 Cf. Sa traduction arabe de la Vie du Messie du Pre Jacques Jomier, (Paris, Cerf, 1963) : Al-Mash ibn

    Maryam , Dar al-Maaref, Beyrouth, 1966. 41 Cf. Mgr Youhanna Golta, Dieu, matre du dialogue, d. Parole et Silence, 2010. 42 Cf. Munr Khawwm, (en arabe) Le Messie dans la pense musulmane moderne et dans le christianisme,

    Beyrouth, 1983. 43 Franois Abou Mokh, vque, Les confessions dun Arabe catholique, Paris, Centurion, 1991. 44 Cf. Antoine Audo : Zaki al-Arsouzi, un arabe face la modernit, Universit Saint Joseph, Dar al-Machriq,

    Beyrouth, 1988.

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    Jaj, dominicains irakiens45 ; de Mgr Jean Benjamin Sleiman, libanais46 ; de Mgr Paul

    Mulla-Zade, turc47 ; dAbd al-Masih, al-Kind, irakien 48; du patriarche Timothe Ier,

    au temps des califes abbassides de Bagdad49 et de saint Jean Damascne, au temps des

    califes omeyyades de Damas50.

    LOrient chrtien Marseille

    Marseille est bien en Occident, mais on aime pourtant lappeler la Porte de lOrient . Fonde par des Grecs venus de Phoce, elle fut vanglise ds le dbut du

    christianisme par des chrtiens et des chrtiennes venus de Terre Sainte51. Par ses

    bateaux, elle est relie tous les ports de la Mditerrane et son visage cosmopolite

    fait penser ce que Chateaubriand crivit de Constantinople lorsquil arriva dans cette ville, en route vers Jrusalem : Je remarquai sur-le-champ le mouvement des quais,

    et la foule des porteurs, des marchands et des mariniers : ceux-ci annonaient par la

    couleur diverse de leurs visages, par la diffrence de leurs langages, de leurs habits,

    de leurs robes, de leurs chapeaux, de leurs bonnets, de leurs turbans, qu'ils taient

    venus de toutes les parties de l'Europe et de l'Asie habiter cette frontire de deux

    mondes 52.

    Lhistoire chrtienne de Marseille doit beaucoup lOrient : elle en a reu lEvangile et beaucoup de son exprience chrtienne : cest ainsi quau quatrime sicle, saint Jean Cassien, venant dEgypte, et se fixant dans la cit phocenne, fit

    connaitre par ses crits lexprience monastique orientale53. Au cours des sicles, les changes entre Orient et dOccident ont marqu lhistoire de la ville.

    45 Fondateurs Bagdad, en 2008, de lOpen University ; le pre Yousif Thomas, dirige Bagdad, depuis plus de 25 ans, la revue arabe chrtienne, al-fikr al-masihi (la Pense chrtienne), 46 Cf. Mgr Jean Benjamin Sleiman, Dans le pige irakien, le cri du cur de larchevque de Bagdad, Presses de la Renaissance, 2006. 47 Fut professeur dislamologie Rome, au Pontificio Istituto Orientale . 48 Cf. Georges C. Anawati, O.P., Polmique, apologie et dialogue islamo-chrtien ; positions classiques

    mdivales et positions contemporaines, Euntes Docete , XXII (1969), Rome, pp. 383-391 ; Pasteur Georges

    Tartar, Dialogue islamo-chrtienne sous le calife al-Mamn, (813-834), les pitres dAl-Hashim et dAl-Kind; d. Nouvelles Editions Latines, 1985 ; Xavier Manzano, Les pitres dAl-Ashimi et dAl-Kindi, Chemins de Dialogue , N 38, pp. 215-234. 49 Cf. Jean Maurice Fiey, Chrtiens syriaques sous les Abbassides, surtout Bagdad (749-1258), Louvain,

    C.S.C.O., 1980, pp. 36-65 ; Hans Putman, sj, LEglise et lIslam sous Timothe (780-823), Beyrouth, col. Recherches, 1975. 50 Jean Damascne, crits sur lislam, Sources chrtiennes, N 383, Paris, Cerf, 1992. 51 Jean-Marie Mrigoux, Vers dautres Ninive : Le Caire, Istanbul, Marseille, Paris, le Cerf, 2013.

    18 Cf. Chateaubriand, Itinraire de Paris Jrusalem, (1811) ; Jean-Marie Mrigoux, Vers dautres Ninive : Le Caire, Istanbul, Marseille, Paris, Cerf, 2013, pp 260-262. 53 Cf. Jean Cassien, La vie spirituelle lcole des Pres du dsert, Paris, Cerf, 2010 : Jean Cassien, Confrences, Sources chrtiennes 42, 54, 64, Institutions cnobitiques, S.C. 109 ; Paul Amargier,

    Marseille au Ve sicle, d. La Thune, Marseille, 1990, pp. 33-38 ; Sur Marie-Ancilla, Jean Cassien, sa doctrine spirituelle, La Thune, Marseille, 2002.

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    Les Eglises orientales de Marseille

    Au cours de lanne 2013, celle de Marseille capitale europenne de la culture , des programmes de tlvision et des articles de revues ont parl des

    chrtients orientales prsentes Marseille ; celles-ci sont en effet nombreuses et

    anciennes, tant chez les catholiques que chez les orthodoxes54. Le vingtime sicle a

    vu arriver un trs grand nombre dArmniens rescaps des massacres perptrs dans

    lEmpire ottoman55. Quant aux multiples drames et guerres qui, notre poque, ont frapp et frappent encore le Proche-Orient, elles amenrent vers cette ville de

    nombreux chrtiens libanais, syriens, turcs, irakiens, gyptiens, palestiniens qui y

    trouvrent la possibilit de clbrer leurs liturgies dans le cadre de paroisses qui leur

    soient propres56.

    Mais dj au XIXe sicle, en 1821, une glise grecque catholique, avait t

    fonde Marseille, Saint Nicolas-de-Myre, pour le service spirituel des catholiques de

    rite byzantin venus de Syrie et dEgypte57.

    Evoquons un peu, parmi ces communauts, la Paroisse chaldenne Marseille :

    elle est compose de nombreuses familles originaires dIrak, de Syrie et de Turquie,

    arrives au rythme des guerres et des troubles quont connus ces pays 58: les uns sont de langue arabe, les autres de langue turque, mais tous ont comme langue maternelle

    laramen, ou soureth59. Les liturgies sont surtout clbres dans cette langue mais aussi en arabe et en franais, langue qui toutefois nest pas toujours bien connue des fidles surtout des plus gs. Cette situation linguistique marque la catchse destine

    aux jeunes. Si ces jeunes savent exprimer leur foi chrtienne en aramen et en arabe, il

    nen va pas ainsi pour le franais. Dans les coles de la ville, ils apprennent habituellement fort de vocabulaire du franais chrtien et ils ignorent souvent des

    54 Par exemple la tlvision sur Antenne II, en juin 2013, lors de lmission Le Jour du Seigneur ; Une rencontre le 3 juin 2013, lICM, au Mistral avec S.B. Grgoire III ; Cf. le numro spcial de la revue le Plerin, Spcial Marseille, la mosaque des chrtiens dOrient , du jeudi 6 juin, 2013, par Luc Balbont ; d. Bayard, Paris. 55 Cf. Sbastien de Courtois, Le gnocide oubli : Chrtiens dorient, les derniers aramens, d. ellipses, 2002, et, Le nouveau dfi des chrtiens dOrient, dIstanbul Bagdad, d. JC Latts, 2009 : Jacques Rhtor, Les chrtiens aux btes : Etude et prsentation par Joseph Alichoran , Paris, Cerf, 2005. 56 Eglises orientales catholiques : Saint-Nicolas-de-Myre des Grecs catholiques ; Notre-Dame du Liban des

    Maronites ; Notre-Dame de Chalde Saint-Marc des Chaldens ; Saint-Grgoire lIlluminateur des Armniens-catholiques. Eglises orientales orthodoxes : Sainte-Vierge-Marie-et-Saint-Mina des Coptes orthodoxes ;

    Dormition de la Mre de Dieu des Grecs orthodoxes ; Cathdrale armnienne apostolique des Saints-

    Traducteurs SaintSahak et Saint-Mesrob, et plusieurs paroisses ; Eglise syriaque orthodoxe. Communaut armnienne vanglique. 57 Cf. Edouard Saman, Lglise Saint-Nicolas de Myre de Marseille, dans la Revue Marseille, N 124, 1981. 58 Voir les sites internet de cette communaut assyro-chaldenne : Paroisse chaldenne de Marseille et

    Jeunesse assyro-chaldenne de Marseille. ; Cf. Herman Teule, Les Assyro-Chaldens, Chrtiens dIrak, dIran et de Turquie, col. Fils dAbraham, d. Brpols, Belgique, 2008. 59 La langue soureth connait actuellement dans le monde une grande expansion du fait de la diaspora des

    chrtiens dIrak en Australie, en Amrique, au Kurdistan irakien et en Europe. Elle reste le lien privilgie entre toutes leurs familles, qui, si elles sinculturent la langue des pays d accueil, peuvent continuer communiquer entre elles grce cette langue aramenne, parle dans les familles et entre les familles, o quelles se trouvent, en Irak ou ailleurs. Dans tous ces pays daccueil des centres culturels, des livres, des revues, des chaines de tlvision, de radios, des CD et les chanteurs ont considrablement dvelopp la culture aramenne. Cette

    situation tranche avec ce que ces communauts avaient vcu dans le cadre de lEmpire ottoman ou dans plusieurs pays arabes o cette langue navait vraiment pas le droit de cit. Voir : Va Ninive pp.11-30.

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    mots franais tels que : prire, baptme, glise, messe, vque, prtre, diacre,

    sacrement, Rsurrection, Ascension, Pentecte, alors que ces mots et ces ralits leurs

    sont bien connus dans leurs langues maternelles. Cest pourquoi y a souvent Notre-Dame de Chalde des runions de formation chrtienne o lon tudie lexpression de la foi en franais et son vocabulaire. Cest pourquoi, lors des runions de formation chrtienne, la traduction arabe et turque du Catchisme de lEglise Catholique est toujours ct du texte franais.

    La Mditerrane pour diocse

    Dans linterview quil a accord lhebdomadaire le Plerin, Mgr Georges Pontier, archevque de Marseille, a aim souligner que les Marseillais ont

    naturellement le regard tourn vers les autres rivages de la Mditerrane ,60 et quils ressentent fortement les drames qui ensanglantent lIrak, ravagent la Syrie, inquitent le Liban, dsolent lEgypte et les pays voisins ; cest que La Mditerrane est leur diocse . A Marseille, nombreuses ont t les initiatives visant fournir une bonne

    information sur cette situation orientale si douloureuse et de nombreuses prires

    communes et des messes ont t organises dans des glises : le 8 octobre 2010,

    lintention du Synode pour le Moyen-Orient, lglise Saint-Ferrol ; les samedis de

    septembre 2012, pour la paix en Syrie Notre-Dame-de-la-Garde61 ainsi que le 7

    septembre 2013, la basilique du Sacr-Cur62. LInstitut Catholique de la Mditerrane (ICM) dispense en permanence un enseignement sur les problmes des

    peuples de la Mditerrane et il organise des rencontres, des voyages, des dialogues,

    des congrs et des confrences afin de mieux connaitre leurs cultures et leurs

    religions63. Marseille est, en vrit, chaque anne : La Porte de lOrient !

    Le dimanche 25 aot 2013, au terme de la prire de lAnglus, le pape Franois a parl ainsi : Avec une grande souffrance et proccupation, je continue suivre la

    situation en Syrie. Lescalade de la violence dans cette guerre entre frres, avec la multiplication de massacres et dactes atroces, que tous nous avons pu voir galement dans les terribles images de ces jours, me pousse une fois de plus lever la voix

    pour que cesse le fracas des armes. Ce nest pas laffrontement qui offre des perspectives desprance pour rsoudre les problmes, mais la capacit de rencontre et de dialogue .

    Frre Jean-Marie Mrigoux, dominicain

    60 Cf. Le Plerin, Juin 2013, p. 30-31. 61 Cf. Chronique de Notre-Dame de la Garde, N 2, Prier pour la Syrie Notre Dame de la Garde , 4-6. 62 Cf. le site du diocse de Marseille : http://marseille.catholique.fr 63 Cf. LEglise aujourdhui Marseille, N 6, Clbrer Pques avec les chrtiens dIrak , 76-77 ; N7, 1er avril 2008, En mmoire de Mgr Raho ; Les chrtiens dIrak, nos frres, 86-87.