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Le Cinéma pour une Mémoire au Présent « Voyage en Italie » (Cinéma, Histoire et Lettres) Argument En s'appuyant sur des lectures flmiques et un parcours cinématographique, il s'agira de questionner l'Histoire et développer la sensibilité d'élèves de classe de Première au passé dans son rapport au présent car le récit ou le discours porté par un flm s'ancre dans une réalité géographique et historique, qui en fonde l'esthétique et la visée. Un voyage en Italie cristallisera les lectures et études historiques, littéraires et flmiques, s'articulant à la fois sur les séquences pédagogiques disciplinaires et consolidant une culture générale en devenir. Le « Voyage en Italie » est un hommage au Néo-réalisme qui introduit une modernité et questionne autrement l'identité. Le choix de la ville de Rome permet de réféchir sur l'identité d'une ville qui, en miroir avec Beyrouth, est construite sur des fractures historiques et est marquée aujourd'hui par une pratique de l'espace urbain originale et déroutante.

Le Cinéma pour une Mémoire au Présent « Voyage en ... · ( Un art à la croisée des arts et des techniques ... et conscience des enjeux du ... Maria Adriana Prolo a léguée

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Le Cinéma pour une Mémoire au Présent« Voyage en Italie »

(Cinéma, Histoire et Lettres)

ArgumentEn s'appuyant sur des lectures flmiques et un parcours cinématographique, il s'agira de questionner l'Histoire et développer la sensibilité d'élèves de classe de Première au passé dans son rapport au présent – car le récit ou le discours porté par un flm s'ancre dans une réalité géographique et historique, qui en fonde l'esthétique et la visée.Un voyage en Italie cristallisera les lectures et études historiques, littéraires et flmiques, s'articulant à la fois sur les séquences pédagogiques disciplinaires et consolidant une culture générale en devenir.Le « Voyage en Italie » est un hommage au Néo-réalisme qui introduit une modernité et questionne autrement l'identité. Le choix de la ville de Rome permet de réféchir sur l'identité d'une ville qui, en miroir avec Beyrouth, est construite sur des fractures historiques et est marquée aujourd'hui par une pratique de l'espace urbain originale et déroutante.

Plan de voyage

Dimanche 02 Février RDV Aéroport Rafic Hariri : 1:30Départ pour Turin via Rome sur Alitalia Beyrouth – Rome 04 :25 – 07 :00Rome – Turin 10 :20 – 11 :40 Accueil à l’arrivée à l’aéroport de Turin et transfert vers l’hôtel (4* HOTEL MAJESTIC – TURIN)Déjeuner- collationEntrée dans le cinéma (I) : premières images (Visite du Musée du Cinéma)Turin, Belle Epoque (Promenade I)18:30 : Retour Hôtel- Dîner

Lundi 03 Février 6:45 : Petit déjeuner 7:30 Transfert de l’hôtel à l’aéroport de Turin pour un vol vers Rome Turin – Rome 10 :20 – 11 :35Accueil à l’arrivée à l’aéroport de Rome et transfert vers l’hôtel de Rome (4* HOTEL DEI BORGIA)Déjeuner (Château Saint-Ange)Les Places fortes de la ville (Promenade II)18:30 : Retour Hôtel19:30 Dîner-collation (Auditorium)20:30 Concert (Mahler, Symphonie N°2, dirigée par Maître Cheung, Académie Sainte Cécile)

Mardi 04 Février 8:00- 8:30 Petit déjeuner à l’hôtelRome Baroque : Parcours Bernin/ Borromini (Promenade III) Déjeuner- collation Entrée dans la peinture : clairs-obscurs (Caravage, et autres toiles)20:00 : Dîner

Mercredi 05 Février 8:00- 8:30 : Petit déjeuner à l’hôtel9:00 : Départ Cinecittà en métro entrée dans le cinéma (II) : Construire l'illusion (Cinecittà) 12:30 Déjeuner Scénographie de la ville (Promenade IV)18 :00 Retour à l’hôtel 20:00 Lounge bar (drink et buffet)

Jeudi 06 Février 8:00- 9:00 Petit déjeuner à l’hôtel9:30 Dépôt des bagages à la consigne de l'Hôtel et départRéinventer la ville : espaces en devenir 13:00 Déjeuner- collation (Trastevere)Les collines de Rome : panoramiques (Promenade V)15 : 00 – 17:00 Figures du pouvoir : Visite des Musées du Capitole17:30 Retour Hôtel18 :00 Transfert de l’hôtel vers l’aéroport pour le vol du retour sur Alitalia Rome – Beyrouth 21:50 – 02 :10

Programme

Beyrouth – TURIN : Un temps :Visite du Musée National du Cinéma : le vertige de l'Histoire

(Architecture, Mémoire et Création) Le Turin de La Belle Epoque : vers une approche de la Modernité et du Progrès construits

Turin – ROME : Premier moment :Les strates de la ville : autour des « places fortes » : pouvoir et représentationsEspace perçu, espace vécu : vivre et consommer la ville touristique

(Urbanisme, Architecture, Histoire)On proposera un parcours du Château Saint Ange au Capitole. L’objectif étant également de saisir les mouvements, les transformations, les codes urbain propres à l’activité touristique.

Deuxième temps :« La Folie du voir » : Rome Baroque : la Ville est un ThéâtreScénographie et mise en spectacle de la ville : Les acteurs du quotidien

(Peinture, Sculpture, Architecture)On proposera un second parcours de la ville sous l'angle du baroque, convoquant le regard et l’interprétation :

Construction de la vision et de l'illusion ; lecture des œuvres du Bernin et du Caravage Parcours des fontaines (mouvement et ornement) . On identifera les « lieux communs » de la ville captés par le Cinéma.

Troisième temps :Cinecittà : Songes et réalités du monde du Cinéma : décors/envers du décor/projetsParcours d'un mythe : fonctions déconstruites (d'un outil identitaire à une muséifcation du site)

( Un art à la croisée des arts et des techniques/ Parcours historique)On découvrira, pour mieux les interroger, les facettes de la création et de la production cinématographique. L’occasion sera donnée de saisir avec quelle puissance un nationalisme italien a été porteur d’avenir identitaire.

Clôture :Inventer le présent / construire des utopies(Espaces contemporains et friches en devenir)

On pourra s'arrêter sur un lieu qui semble s'extraire du passé pour l'élire en espace d'inspiration et de création (l'Auditorium, le MACRO, ...). On proposera uun atelier d'écritures plurielles (vidéo, essai, fction) articulant images, imaginaire et conscience des enjeux du présent.

Adresses utiles

4* HOTEL MAJESTIC - TURIN 4* HOTEL HOTEL DEI BORGIA

Contacts Frédérique MASSON : Frederique [email protected]/ Tel : 78 901 271/ +33 6 12 07 93 04 (en Italie)

Stéphane HOBEIKA : Sté[email protected]/ Tel :03692986

Entrée dans le cinéma : d'un Musée à l'autreCinecittà : Fabrique du rêve et illusions perdues

On est loin de l’« usine à rêves » qui, dans le passé, a incarné non seulement la Dolce Vità, le réalisme social d’après-guerre qui inspirera plus tard la Nouvelle Vague en France, et des productions aux décors fabuleux des années 1970, à moindre coût par rapport à Hollywood. Bien partie pour être le concurrent principal des studios américains, Cinecittà était surnommée, dès sa création en 1937, « Hollywood-sur-Tibre. Aujourd'hui, la « fabrique des songes » semble condamnée à ne vivre que par le passé. Pourtant, si la muséifcation sanctionne la fn d'un monde, elle marque la volonté récurrente de la politique culturelle italienne d’accorder la priorité au patrimoine qui représente un mythe privilégié de l’identifcation nationale italienne. Au cours de son histoire, la position de l’industrie cinématographique a souvent été le miroir de la réalité sociale et politique de l’Italie. Inaugurée le 28 avril 1937 par Benito Mussolini, les premiers flms tournés à Cinecittà sous l’ère fasciste sont appelés les « Téléphones blancs ». Principalement des flms d’évasion, ils dressent un tableau idyllique de l’Italie fasciste. Les œuvres des années 1950 vont au contraire se faire les témoins du monde contemporain et capter directement la réalité, à l’instar du mouvement fondateur : le néoréalisme. C'est un cinéma qui se passe alors des studios et des machineries du spectacle : un cinéma qui se passe des mensonges. L’ensemble de l’appareil de production et de distribution cinématographique dans les années de l’immédiat après-guerre était évidemment dépourvu de tout, en état de crise et réduit à l’improvisation. Les Italiens partis diriger l’industrie cinématographique dans la nouvelle République de Salò avaient dépouillé Cinecittà et l’Istituto Luce de leurs équipements. La conversion de Cinecittà en camp des Nations unies pour les personnes déplacées et le pillage des studios de Salò par l’armée allemande en déroute laissaient une industrie cinématographique italienne dépourvue de matériel et privée de ses principaux studios. Ce dépouillement inféchira le mouvement du néo-réalisme.Puis vient l'épopée des péplums américains, avec le pionnier du genre, Quo Vadis, de Mervyn Le Roy (1952), suivi de Hélène de Troie (1956), Ben Hur (1959), Cléopâtre (1963) ; en tout,150 flms en quinze ans.Les James Bond et westerns spaghettis prennent la suite en 1965. Arrive ensuite la télévision avec ses téléflms qui saturent l'espace scénique. Séries télévisées à la chaîne, comme la française Kamelott. Pourtant, ces deux décennies restent marquées par des flms plus personnels mais tout aussi brillants, comme les œuvres majeures de Luchino Visconti ou d’Ettore Scola. En premier lieu, Federico Fellini qui tournera tous ses flms dans le mythique Teatro 5, des Vitelloni (1953) à Ginger et Fred (1986) en passant par le Satyricon, La Cité des femmes, Et vogue le navire. A partir des années 1980, les studios se reconvertissent dans les fctions télévisées, afn d'être encore et toujours « une véritable usine à rêves ». Récemment, ont été tournés Gangs of New York, de Martin Scorsese, Habemus Papam, de Nanni Moretti, ou encore la Série Rome : vertige du cinéma, reconstituant une ville dans la ville.

Annexe : Un regard sur le Musée de Turin

Jean-Jacques Bozonnet, Le Monde, 02.02.2007

Ici est né le cinéma italien. Cette ville sage et baroque en est restée la capitale jusqu'à la deuxième guerre mondiale, quand Mussolini décida de déplacer l'épicentre du septième art à Rome, dans les studios fambant neufs de Cinecitta. La capitale du Piémont, qui n'a jamais digéré cette dépossession, rêve aujourd'hui de revanche.

Plusieurs studios de production et de postproduction viennent de s'y réinstaller. Ces cinq dernières années, plus de 140 productions pour le petit et le grand écran ont été tournées dans la région. L'arrivée annoncée de Nanni Moretti comme nouveau directeur du Festival du flm de Turin devrait donner un surplus de prestige à cette manifestation. Lancé en 2002, ce rendez-vous piémontais a su se forger une identité entre les mastodontes que sont la Mostra de Venise et désormais la Fête du cinéma de Rome.Rien de tout cela n'aurait été possible sans le Musée national du cinéma, inauguré en 2000. Parce qu'il est le plus grand d'Europe avec ses 3 200 m2, le plus riche grâce à l'immense collection que Maria Adriana Prolo a léguée à la commune en 1991, et le plus original par son architecture,Le cadre lui-même est à couper le souffe, puisque l'architecte français François Confno a réussi à l'intégrer à la Mole Antonelliana, dont l'énorme coupole surmontée d'une élégante fèche est le symbole de Turin.Ce bâtiment hors norme était destiné à devenir une synagogue, commandée en 1863 par la communauté juive de Turin à l'architecte Alessandro Antonelli. Mais les rêves de grandeur du concepteur, soucieux de rivaliser de technique avec les bâtisseurs de cathédrale, ont transformé le projet initial, haut de 47 m, à cette folie qui culmine à 167 m au-dessus de la ville. La surenchère budgétaire a été fatale à la communauté juive, qui a dû céder l'ouvrage encore en construction à la ville. Celle-ci l'acheva en 1900, mais en resta fort embarrassée jusqu'à ce que le cinéma s'empare de cette vaste coquille vide. vertige dans l'ascenseur vitré qui s'élève au centre de la Mole jusqu'à la voûte, à 85 m au-dessus des chaises longues rouges sur lesquelles les visiteurs peuvent s'allonger pour suivre des courts métrages projetés sur les parois. De la terrasse panoramique, la vue sur la plaine et les Alpes est magique, mais sans doute moins que la plongée dans l'univers du cinéma proposée à la redescente.Autour de l'Aula centrale, dans une dizaine de "chapelles", sont mis en scène les principaux thèmes de l'histoire du cinéma (absurde, fantastique, western, etc.). Parmi les 6 000 pièces exposées, chacun trouvera l'objet de sa propre nostalgie, entre un bustier noir de Marilyn Monroe et le chapeau et l'écharpe rouge de Federico Fellini.La collection Prolo insiste sur la préhistoire cinématographique avec une série unique de théâtres d'ombre et de lanternes magiques. Des centaines d'affches sont exposées, sur les 342 000 que possède le Musée. Partout, des écrans proposent des extraits de flms ou des documentaires didactiques.

De l'image fixe au mouvement (Jeu I)Fixez par une photographie un plan « paysage » qui refète La Belle Epoque.Partant de ce « tableau », improvisez une saynète qui nous fera revivre La Belle Epoque.

Cinéma et Histoire

Image-témoin et image-symptômeLe cinéma peut se lire comme un témoignage dès lors qu'il implique un ancrage dans le réel selon la voie du documentaire, du biographique ou du récit fctif.Le cinéma s'invente dans le temps qu'il dénonce, traque, retrace ou refète. Il enregistre les révolutions, qu'il les restitue ou qu'il les invente. A travers des formes d'écriture nouvelles, l'image cinématographique rend compte des aspirations, des ruines et des élans, esquisse, même inconsciemment, les ébauches d'une vie à venir. On reprendra la formule « image symptôme » de Didi-Huberman pour dire le mystère de l'image qui confond l'idéologique, le l'immémorial, le pulsionnel.

La fabrique de l'image et le mythe Or, si le cinéma veut rendre compte d'une époque et montrer l'Histoire, il reconstruit l'Histoire selon un point de vue. On rappellera la formule de Marc Ferro selon laquelle l’histoire est également le royaume de l’imagination et de

l’intention (Analyse de film, analyse de société : une source nouvelle pour l’histoire, 1976). Toute image est en effet un regard, c'est à dire une vision que cadre l'objectif de la camera. Le flm n'est pas une preuve – la « pravda » en russe, mais met à l'épreuve la vérité ; c'est au spectateur de savoir distinguer la part de discours, la part du vrai. Ainsi, si Eisenstein veut montrer une Révolution, il fait aussi des flms de propagande. Comme le roman, le flm construit une vision de l'homme et du monde.

LE NÉORÉALISME COMME FIGURATION DE L’HISTOIRE« La guerre vient juste de finir, et par moments, aucun d’entre nous ne parvient à se remémorer quelle était sa vie avant. Aucun

d’entre nous ne reconnaît son passé. Il nous semble incompréhensible. Même la Renaissance ou le XIXe siècle nous semblent plus proches que les tristes années d’hier. [...] Notre vie présente est marquée par la stupeur et une quête instinctive de sens. Nous

sommes tout simplement désarmés devant les faits. »

« Letteratura d’occasione », Società, 15 novembre 1945

Le néo-réalisme est un « mouvement cinématographique italien, né pendant la guerre et issu à la fois de l'influence de l'école réaliste française (Renoir, Clair, Grémillon) et plus largement, européenne (Pabst), et de la réfléxion critique en Italie même, notamment autour de Pasinetti, Barbaro, De Santis, du Centro Sperimentale et de la revue Cinema. Le principe en fut initialement de " filmer avec style une réalité non stylisée" (Panofsky), et les premiers films pouvant se rattacher à ce courant furent réalisés durant la guerre (Ossessione, Visconti 1942; Quatre pas dans les nuages, Blasetti, 1942. En France, où les films réalisés durant la guerre ne furent vus que tardivement et où les débats théoriques et critiques italiens restèrent inconnus, la critique a souvent considèré que le néoréalisme était une conséquence de la guerre et de la libération, et qu'il accompagnait un changement esthétique et idéologique profond. Deleuze, par exemple (1983) associe le néoréalisme - assimilé par lui principalement à Rossellini - à la "crise de l'image-action" autour de 1948. » (Dictionnaire théorique et critique du Cinéma. Jacques Aumont, Michel Marie)

À l’image du roman d’Elsa Morante, La Storia, qui se déroule de 1941 à 1947, l’Histoire ne faisait plus qu’une avec l’histoire de la guerre et de ses séquelles. Les flms néoréalistes s’organisent souvent autour d’histoires ayant valeur de témoignage sans plus accorder la primauté au récit (propre à la fction). Par « les récits elliptiques, les espaces disjoints, et des personnages affigés », les flms néoréalistes, tels Rome ville ouverte de Rossellini, cherchent à

exprimer l’impression diffuse de vivre une époque marquée par les ruptures et les transitions continuelles. Le désir d’un cinéma réaliste, avec l’abandon en pratique des conventions réalistes, trouvent de fait leur origine dans une même exigence : utiliser le biais du flm pour résoudre la crise de signifcation provoquée par les bouleversements de la guerre et par la fn de la culture fasciste qui avait imprégné la vie italienne pendant vingt ans.Vu sous cet angle, le néoréalisme apparaît comme un travail de déconstruction autant que de construction, de décolonisation autant que de révolution. C’est l’une des manifestations du besoin éprouvé par les intellectuels italiens de débarrasser le langage, la gestuelle, les corps et les objets des signifcations qui leur avaient été assignées sous le fascisme, à la fois sur et hors écran. Le cinéma néoréaliste est (donc) un cinéma de gestes et de silences, de perceptions émotionnelles, de prises de conscience, dans lequel les personnages sont aussi les destinataires des messages, et non seulement leurs émetteurs. Les silences et les ellipses de ce cinéma, son emploi des corps et des gestes construisent des images radicales.

Néoréalisme :http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/neorealisme/#/horizon/1/3///Histoire du CinémaLe cinéma italien de 1945 à nos jours : crise et création, Laurence Schifano. Armand Colin 2005http://www.odysseeducinema.fr/neorealisme-italien.php

Les places fortes : une représentation du pouvoirUn parcours :

Le Quirinal : La colline du Quirinal, la plus haute de Rome, déjà occupée par un quartier résidentiel à l’époque romaine, abrite le Palais présidentiel. A la fn du XVIème siècle, le Pape Grégoire XIII choisit cet emplacement, frais et entouré de verdure, pour y construire le palais d’été des Papes. Le palais n’est fni que dans les années 1730, les plus grands architectes baroques y auront travaillé (Bernin, Fontana, Maderno …) A l’origine, le Pape Sixte V fait ériger les deux statues antiques de Castor et Polux retenant des chevaux cabrés, les dioscures. Ces statues proviennent probablement des thermes de Constantin.En 1783, le Pape Pie VI fait ajouter un obélisque, provenant du mausolée d’Auguste (le second obélisque avait été placé derrière la Basilique Sainte Marie Majeure).

Le Mausolée d'Auguste : Situés à proximité du Tibre et non loin de la piazza del Popolo, le mausolée d'Auguste et l'Ara Pacis datent tous deux de l'époque de l'empereur Auguste (de son véritable nom Octave).Octave, petit neveu et fls adoptif de Jules César, part à l'assaut du pouvoir suite à l'assassinat de Jules César. Après avoir éliminé ses adversaires au prix de guerres civiles et militaires, il obtient les titres d'Imperator, de Princeps Senatus (premier du Sénat) et d'Auguste (qui signife sacré). Il devient ainsi le premier empereur et restera connu sous le nom d'Auguste. A la suite de la conquête du pouvoir et de l'Egypte, Auguste rentre à Rome et fait construire dans le champ de Mars une monumentale sépulture pour lui et sa famille. La forme du mausolée s'inspire de celui d'Alexandre le Grand à Alexandrie et de l'architecture étrusque. Le monument, circulaire, faisait 85 mètres de diamètre et était surmonté d'un talus planté d'arbres.Une statue d'Auguste se trouvait au sommet du mausolée. Deux obélisques encadraient l'entrée du monument mais ont été déplacés (place du Quirinal et derrière l'église Sainte Marie Majeure). Transformé en forteresse au Moyen Age

Le Château Saint-Ange : Le château Saint Ange doit son nom à l'archange Saint Michel qui serait apparu au Pape Grégoire Ier durant une procession. L'archange aurait rengainé son épée, signifant ainsi la fn de la peste sévissant alors dans la ville. Depuis, la statue située à son sommet commémore l'événement.Cet énorme tumulus a été construit en 135 par l'empereur Hadrien pour devenir son mausolée. Il était alors surmonté d'une statue de l'empereur et d'un quadrige. Il servira de mausolée aux empereurs jusqu'à Septime Sévère en 211. Il aura par la suite un rôle militaire important. Le château Saint Ange devient un bastion avancé de la muraille Aurélienne. Au Moyen-Age il devient la forteresse protégeant le Vatican en plus de son rôle de prison. Le château Saint Ange connaît de multiples transformations militaires (meurtrières, rampe d'accès ...) ou d'habitation pour les Papes. Il servira notamment de refuge au Pape Clément VII durant le siège et le terrible sac de Rome par l'Empereur Charles Quint en 1527. Par la suite le Château Saint Ange est transformé en palais par le Pape Paul III.

Le Capitole : Située sur l'une des 7 collines de Rome, la Place du Capitole a été le cœur religieux (temple de Jupiter, Junon et Minerve) et politique de la Rome antique. Le rôle politique de la place du capitole est demeuré par la suite, devenant le siège du gouvernement de la ville. L'aspect actuel de cette magnifque place trapézoïde est du à Michel-Ange, qui en a dessiné les plans en 1536 à la demande du Pape Paul III, qui souhaitait une place digne de la ville et pouvant accueillir les grands de l'époque. La place était déjà occupée par les palais des Conservateurs et des Sénateurs. Michel-Ange complète l'espace par un troisième palais (le palais neuf) et ouvre la place sur la ville moderne par l'escalier entouré des statues antiques de Castor et Polux. La place du capitole est ornée d'un dallage géométrique et d'une statue antique de Marc-Aurèle qui trône en son centre. Pendant longtemps cette statue a été confondue avec celle de Constantin, premier empereur chrétien, ce qui lui a permis d'échapper à la destruction et d'être ainsi la seule statue équestre qui nous soit parvenue. Michel-Ange ne verra jamais cette place achevée, celle-ci ne l'étant qu'un siècle plus tard.

Le ForumIdentifiez et listez les lieux de l'espace politique (au sens de polis- la ville en grec, et au sens de organisation sociale et mise en œuvre du pouvoir).( Vous pourrez compléter vos observations lors de la visite des Musées du Capitole)

Le Monument de Victor EmmanuelComment cette masse architecturale est-elle une représentation du pouvoir ? Distinguez les reprises et les éléments de nouveauté ?

Figure de la ruineLire, écrire

L'imaginaire des ruines , Réflexion sur Piranèse, Ferrante Ferranti, Actes Sud 2009

Ecriture : 1. Partant de « promenades dans Rome », composez une réfexion sur le passage du temps sous la forme d'un essai. Vous pourrez insérer des images en correspondance avec votre propos.2. Un instant photographique : Saisir une image de la ville qui condense des époques, des lieux et des mémoires pour un moment atemporel.

« Quand je me promène seul à présent au milieu de tous ces décombres des siècles, ils ne me servent plus que d’échelle pour mesurer le temps : je remonte dans le passé, je vois ce que j’ai perdu.(1)(...) Qu’arriva-t-il, il y a dix-huit siècles, à pareille heure et aux mêmes lieux ? écrit-il. Quels hommes ont ici traversé l’ombre de ces obélisques après que cette ombre eut cessé de tomber sur les sables d’Égypte ? Non seulement l’ancienne Italie n’est plus, mais l’Italie du Moyen Âge a disparu. Toutefois, la trace de ces deux Italies est encore marquée dans la Ville éternelle : si la Rome moderne montre son Saint-Pierre et ses chefs-d’œuvre, la Rome ancienne lui oppose son Panthéon et ses débris ; si l’une fait descendre du Capitole ses consuls, l’autre amène du Vatican ses pontifes. Le Tibre sépare les deux gloires : assises dans la même poussière, Rome païenne s’enfonce de plus en plus dans ses tombeaux, et Rome chrétienne redescend peu à peu dans ses catacombes.(2)(…) J’achève souvent le tour des murs de Rome à pied ; en parcourant ce chemin de ronde, je lis l’histoire de la reine de l’univers païen et chrétien écrite dans les constructions, les architectures et les âges divers de ces murs. »(3) Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, extraits choisis(1) livre XXX, chap.9, t. II. (2) livre XIV, chap.7, t. I. (3) livre XXXI, chap.13, t. II.

Filmographie indicative (Figure de la ruine au cinéma : Histoire et vision du monde)

Je veux voir, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Liban, 2008 : Je veux voir est un documentaire de fabulation : les personnages jouent leur propre rôle mais ils le font en interprétant une fction mise en place par le réalisateur. Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (JHKJ) veulent ici confronter une icône du cinéma aux ruines d'un pays pour voir si le cinéma peut faire quelque chose, reconstruire, réconcilier ou simplement informer et sensibiliser. Il est possible que le produit fnal soit du cinéma politique mais le fait certain est que, dans son projet, il s'agit d'abord de faire politiquement du cinéma en questionnant la cicatrice et la mémoire.

Hiroshima mon amour, Alain Resnais/ Marguerite Duras : Le flm de Resnais prend acte que le monde est profondément transformé après la Seconde Guerre mondiale, réduit en fragments. Si l’humanité entière est en ruines, le cinéma doit s’adapter : un nouveau langage naît de la plume de Duras, la narration est déconstruite, la temporalité éclatée. Imprévisible, novateur, précurseur, Hiroshima mon amour, à l’aube des années 60, bouleverse l’Histoire du cinéma.

Allemagne année zéro, Rossellini, Italie,1947 : Rossellini nous raconte en 1947-1948, dans la ville de Berlin encore marquée par les bombardements, l'histoire du petit Edmund, qui se trouve à une double intersection : celle de l’enfance et de l’adolescence ainsi que celle de la guerre et sa reconstruction. Conformément à la pensée rossellinienne, ce flm peut-être vu comme la quintessence du néoréalisme puisque selon le cinéaste : « Le néoréalisme consiste à suive un être, avec amour, dans toutes ses découvertes, toutes ses impressions. Il est un être tout petit au-dessous de quelque chose qui le frappera effroyablement au moment précis où il se trouve librement dans le monde, sans s'attendre à quoi que ce soit. Ce qui importe avant tout pour moi, c'est cette attente ; c'est elle qu'il faut développer, la chute devant rester intacte » in Cahiers du Cinéma, Août-Septembre 1955

Analyse de la dernière séquence du flm: http://www2.cndp.fr/tice/teledoc/plans/plans_zero.htm

http://www.iletaitunefoislecinema.com/chronique/1953/le-neorealismeallemagne-annee-zero-de-roberto-rossellini

Introduction au baroque Parcours : « la folie du voir » (définir une esthétique)

Descriptif

L’art baroque est celui qui succède à la Renaissance. Il apparaît au milieu du 16e siècle, à la suite de la crise qui divise le monde chrétien, de la contre-réforme (réaction de l’Eglise catholique face au protestantisme) et du concile de Trente (1545-1563). Il atteindra sa plénitude au 17e siècle. La fn du XVIe siècle est une période d’instabilité marquée par les guerres de religion. Prédomine une nouvelle vision du monde emporté dans un mouvement permanent ou rien n’est irréversible. Les jésuites qui mènent la Contre-réforme catholique contre les protestants s’appuient sur cette conception. Ils affrment que l’homme peut exercer sa liberté sur terre pour gagner son salut alors que, pour les protestants, Dieu a déterminé de toute éternité qui sera sauvé, qui sera damné. Dans les arts, dans les églises, se développe un style fondé sur la somptuosité, le foisonnement ornemental qui recherche les effets spectaculaires pour célébrer la beauté de l’univers (voir les sculptures de Bernin). C’est le XVIIIe siècle qui rétrospectivement qualife de « baroque » ce style exubérant venu d’Italie. Le mot est emprunté au portugais « barroco » qui désigne « pierre irrégulière ». Pour traduire la complexité et l’instabilité universelles, les artistes privilégient certains thèmes comme la nature et son renouvellement constant, l’eau et son écoulement perpétuel comme le temps, le feu impalpable et changeant, les jeux d’ombre et de lumière... Masques, déguisements, métamorphoses traduisent l’idée que les apparences dissimulent la vérité des choses : on multiplie les miroirs, les trompe-l’œil, les perspectives, les constructions en abyme.

Bernin, Apollon et Daphné, 1622-25 (d'après Les Métamorphose, Ovide, 4è)

Deux artistes phares :

Le Bernin est formé par son père, sculpteur sans grand renom. Dès vingt ans il connaît la célébrité. Maître du décor et des effets illusionnistes, il conçoit la décoration comme partie intégrante du bâtiment. Il sera un artiste fécond et adulé.

Borromini, fls de maçon, est né près du lac de Lugano. Apprenti sculpteur dès 9 ans, il est introduit à Rome par Maderno et devient l'assistant de Bernini avec lequel il ne s'entend pas. Son architecture est extrêmement novatrice et il refuse les effets de décoration. Grave et austère, il sera incompris par ses contemporains et fnira par se suicider.

1. Etude comparée : Deux Escaliers (Palazzo Barberini), Deux Chapelles (San Andrea/ San Carlo)

2. Piazza Navona : Rivalité et Contrastes exhibés

Approche d'une esthétique :

L’ART DE L’ELLIPSE

“Le cercle est une forme absolument quiète et stable, l’ovale est inquiet et semble vouloir varier à chaque instant.”(Wolffin) Le baroque utilise l’ovale pour les plans d’églises, de cours, de salles, ainsi que pour des détails de décoration.

Saint-Charles-aux-quatre-fontaines (construit par Borromini de 1638 à 1667) Le plan est complexe, basé sur l’ovale; une architecture mouvementée sou- tient une coupole elliptique.. La façade, construite avec une alternance de parties concaves et convexes, de colonnes et de petites ouvertures, est dominée par un médaillon ovale.

Saint-André-du-Quirinal (construit en 1658 par Le Bernin) Plan elliptique : le petit axe va de la porte au maître-autel, le grand axe devenant la largeur.

La place du Capitole Plan ovale de Michel-Ange pour mettre en valeur la statue de Marc-Aurèle

L’escalier de la Trinité-des-Monts construit de 1723 à 1726 par Francesco de Sanctis.

L’ART DU MOUVEMENT

Le baroque introduit le mouvement dans la composition : il s’oppose en cela à la régularité harmonieuse de la Renaissance. Les façades vont s’incurver de plus en plus et on retrouve la ligne courbe dans tous les éléments architec- -turaux et décoratifs.

La facade de l'église Sant' Agnese in Agone (construite par Borromini en 1657)

“Apollon et Daphné” (Le Bernin - 1624) La scultpure baroque n’est faite que de mouvements. Le Bernin saura pous- ser jusqu’à l’extrême cet art. Ici il donne à l’ensemble de la sculpture un mouvement diagonal qui permet de saisir l’instant fugace et transitoire ou Daphné, pour échapper aux assiduités d’Apollon, se métamorphose en laurier.

La fontaine des 4 fleuves (Le Bernin - 1651) On retouve dans les fontaines de Rome le mouvement qui donne l’impres- sion que l’eau jaillit de la pierre et que le vent sculpte le marbre.

L’ART DES JEUX DE LUMIERE

Les façades mouvementées ou alternent les lignes concaves et convexes sont faites pour jouer avec l’ombre et la lumière. La lumière accentue le mouve- ment et anime la façade.

L’ART DE LA MISE EN SCENE

Pour créer l’effet de surprise, l’émerveillement et les émotions, l’art baroque se servira de la mise en scène et de tous ses effets spectaculaires (lumière, décor, mouvement, jeu, illusion). L’effet théâtral descend ainsi dans la rue et sur les places.

La place Saint-Ignace En se plaçant sur le perron de l’église, on peut découvrir que la place se transforme en scène de théâtre, avec ses entrées et ses sorties (les rues) et son décor (les façades colorées et dansantes) : la place devient son propre spectacle.

La chapelle Cornaro (Le Bernin - 1652) La chapelle (dans l’église Sainte-Marie de la Victoire) est conçue comme un théâtre : les membres de la famille Cornaro, assis dans des loges latérales, as- sistent au spectacle de l’extase de Sainte Thérèse d’Avila.

La fontaine de Trevi (Nicolas Salvi - 1762) La fontaine est imposante, sur une surface restreinte. L’effet de surprise est provoqué par le fait que l’on accède à la place par des ruelles étroites.

L'ART DU TROMPE-L'ŒIL

Le trompe-l'œil a été très employé dans l'art baroque; c'est une technique qui utilise les effets de perspective pour donner l'illusion d'objets réels ou de relief.

Le plafond de l'église Saint-Ignace, ou Andrea Pozzo évoque l'entrée au Paradis de saint Ignace de Loyola, fondateur de l'ordre des Jésuites, est l'un des exemples de trompe-l'œil les plus connus de Rome (1696 - 1702) . L'effet y est particulièrement poussé, au point que le plafond s'efface, les anges et les saints s'envolant dans le ciel.

Annexe :

« Circé et la Paon »

Jean Rousset est l'un des critiques à qui l'on doit la redécouverte du baroque littéraire en France. Il est notamment l'auteur d'une Anthologie de la poésie baroque française (José Corti, 1988), qui présente les oeuvres de nombreux poètes éclipsés par le prestige du classicisme. En 1954, Jean Rousset publie La littérature de l’âge baroque en France. Le sous-titre est « Circé et le paon ». Circé est la fgure emblématique de la métamorphose ; la métamorphose et l’ostentation sont les deux thèmes privilégiés du baroque. L’ouvrage est né d’un émerveillement et aussi par une attirance concrète de l’art. Il est émerveillé lorsqu’il visite Rome. Il a voulu montrer que la littérature française a eu sa période faste baroque. Il a inventé des critères d’analyse pour la littérature baroque. La littérature produit de la métamorphose car elle produit du mouvement. L’ostentation se voit dans le spectacle (décor).

Circé(1) et le Paon(2), la métamorphose et l'ostentation : voilà le commencement et la fn du parcours accompli à travers le siècle baroque. Ces termes extrêmes sont conjoints ; de l'un à l'autre, la relation est intime et nécessaire : l'homme en mutation, l'homme multiforme est fatalement amené à se concevoir comme l'homme du paraître. Circé, appuyée sur Protée3, indique la voie au bout de laquelle s'érige la fgure mouvante, illusoire et décorative du Paon. Circé incarne le monde des formes en mouvement, des identités instables, dans un univers en métamorphose conçu à l'image de l'homme lui aussi en voie de changement ou de rupture, pris de vertige entre des moi multiples, oscillant entre ce qu'il est et ce qu'il paraît être, entre son masque et son visage. Circé et ses semblables, les magiciennes et les enchanteurs, répandus à foison dans les jeux et les rêves de l'Europe, au début du XVIIe siècle, proclament à travers les bouffonneries du ballet de cour et les enchantements de la pastorale que tout est mobilité, inconstance et illusion dans un monde qui n'est que théâtre et décor. [...]

Il est naturel que cette époque qui s'exprime par le théâtre et qui exprime tout, jusqu'à son angoisse et à ses interrogations, en termes de théâtre, achemine à ses extrêmes conséquences le principe même de tout théâtre : le masque et le décor, et en vienne à faire du théâtre lui-même l'objet de son théâtre, en multipliant le théâtre sur le théâtre et la pièce dans la pièce. Dans ce monde comparable à une vaste scène tournante, tout devient spectacle, y compris la mort, qui obsède les imaginations au point que l'homme s'en joue à lui-même le scénario, se regardant mort, ou plutôt mourant ; car c'est le mouvement et le passage qui le séduit en premier lieu, et la mort elle-même se présente à lui en mouvement. Ce sont également des images de mouvement qui commandent toute une part de la poésie, pour qui la vie est écoulement et inconstance ; s'il y a des esprits qui tentent de s'arracher à cet écoulement qu'ils éprouvent jusqu'à l'horreur, les poètes de la vie fugitive, au contraire, s'immergent dans le monde de la métamorphose et varient avec une joie émerveillée le thème du “ tout change ” à travers un lyrisme de la famme, du nuage, de l'arc-en-ciel et de la bulle, accompagnés en sourdine par le chœur de ceux qui répètent, de Montaigne à Pascal et au Bernin, que “ l'homme n'est jamais plus semblable à lui-même que lorsqu'il est en mouvement ” ; c'est la devise d'un temps dans lequel la rupture et le changement semblent être à l'origine du sentiment qu'on a d'aimer, de jouir, de vivre.

Jean Rousset, La Littérature de l'âge baroque en France (1954). Paris, José Corti.

(1)Circé : magicienne célèbre de l'Antiquité, symbole de la métamorphose. (2) Paon : emblème de l'ostentation, du faste brillant. (3) Protée : divinité de la mythologie grecque qui avait la possibilité de prendre toutes les apparences et de se métamorphoser en toutes sortes de monstres.

« La ville est un théâtre » : urbanisme et théâtralité

Scénographie de l'espace (Etude de cas)

Fontana di Trevi

Une fontaine fut construite en 19 av JC par Marco Vipsiano Agrippa, elle amenait l'eau vierge (acqua virgine) pour alimenter les thermes qu’il construisit au Panthéon. La fontaine est venue remplacer la bouche de l'aqueduc romain qui amène toujours l'eau d'une source, l'Acqua Virgine. L'eau fut qualifée de Vierge en hommage à une fllette qui aurait indiqué la source a des soldats assoiffés. On dit encore qu'une jeune flle nommée Trevi, aurait révélé l'emplacement de la source à des soldats romains pour sauver sa virginité, histoire racontée sur les bas reliefs de la fontaine. La fontaine fut importante pour la ville qui s'habitua à disposer d'eau de source après avoir utilisé l'eau du Tibre pendant des siècles.En 1453 le Pape Nicola V ft construire la fontaine de Battista Alberti dans le quartier "du Trejo", qui deviendra "Trevi". Trois siècles plus tard, le Pape Clément XII décida de la transformer en organisant un concours ou il invita les meilleurs artistes de l’époque. Le déf était d'orner Rome d'une oeuvre grandiose et de lui fournir la majeure partie de son eau potable. Parmi les ébauches, celle du romain Nicolò Bianco Salvi fut choisie. Il l'achève en 1762 : la construction dura 23 ans. Monumentale, adossée à un palais, elle reprend la forme d'un temple ou d'un arc de triomphe. La fontaine de Trevi est un exemple de la perpétuation du style baroque dans la Rome du XVIIIème siècle.

La place nue : Parmi la foule, le bruit et la surconsommation touristique du lieu, capturer un indice ou un fragment de silence et d'authenticité. Vous pourrez créer ce nouvel instantané par une photographie, un dessin (ou une esquisse), un texte (un poème), un geste.

Piazza di Spagna

1. Identifiez et décrivez la scénographie de La place d'Espagne (Escalier / « La Barqua » (fontaine)/ Trinité des Monts)

2. Dans une image filmique ou photographique, devenez un corps baroque (décor, gestuelle et expressivité) (Jeu II)

Rome – Beyrouth en miroir : identité d'une villeSite et situations (la légende et l'histoire / urbanisme et imaginaire)

Retour de Rome/ Voyages en Orient

Si dès la Renaissance, érudits, voyageurs et artistes effectuent un Voyage à en Italie, dont Rome cristallise souvent tous les enjeux (historiques, politiques, archéologique et artistique), ils partent également en Orient, explorant des paysages et des sites qu'ils restituent dans des écrits à valeur testimoniale, parfois onirique. Montaigne illustre cette double démarche.

Orient-Occident : trait d'union/ Construire un souvenir : Insérer dans un décor urbain un objet que vous avez transporté du Liban.

Des Mythes fondateursDéfinir des espaces qui se rattachent à la légende

La naissance de Rome est évoquée dans des récits légendaires racontés par Virgile, Tite-Live et Denys d'Halicarnasse, entre autres. Dans l’Énéide, long poème à la gloire de l'empereur Auguste, Virgile raconte les aventures du troyen Énée, fls de Vénus. Celui-ci parvient à s'enfuir de Troie quand celle-ci est saccagée par les Achéens avec son fls Ascagne (ou Iule), un groupe de Troyens et en portant son père Anchise sur ses épaules. Après de nombreuses aventures et des amours contrariées avec Didon, la reine de Carthage, il débarque dans le Latium ou il fonde la ville de Lavinium. Son fls Ascagne fonde Albe-la-Longue. Cette légende permet de donner à Jules César et son héritier Auguste une origine divine puisqu'ils se présentent comme les descendants d'Ascagne.La louve capitoline (selon la légende, Rome est fondée par Romulus et Rémus, qui, dans leur enfance, auraient été nourris par une louve). Après Ascagne, douze rois se succèdent à Albe. Le treizième, Numitor, est détrôné par son frère Amulius. Pour écarter tout futur rival, celui-ci fait de sa nièce, Rhéa Silvia, une vestale, c'est-à-dire une prêtresse de Vesta ayant l'obligation de rester vierge. Mais le dieu Mars tombe amoureux d'elle et de leur union naissent des jumeaux, Romulus et Rémus. La jeune vestale est emmurée vivante et ses fls sont exposés sur le Tibre (selon Denys d'Halicarnasse de nombreuses versions existent, tout aussi bien sur le viol que sur la peine infigée). Ils sont d'abord recueillis par une louve qui les allaite puis par un couple de bergers qui les élève .Devenus adultes, ils restaurent le trône de leur grand-père Numitor et décident de fonder une nouvelle ville. Ils s'en remettent aux auspices pour savoir lequel d'entre eux régnera sur la ville, mais une dispute éclate entre les deux frères. Au cours de la querelle, Romulus tue Rémus. Cette légende prend sa forme défnitive à la fn du ive siècle av. J.-C. Selon la tradition, la fondation de Rome remonte à 753 av. J.-C. Les Romains comptent les années à partir de la date supposée de la naissance de leur cité (Ab Urbe condita)

Quels mythes ou figures citeriez-vous pour défnir les origines du Liban ou de Beyrouth ?

Une géographie de (7) collines

Saisir la ville : une géographie chaotique ?

Sous la forme d'une esquisse ou un croquis, partant d'un angle (cadrage) choisi, transposez la géographie des villes de Rome et Beyrouth. Reliez-les pour composer un diptyque.

Espaces en devenir :(Architecture et modernité/ Fonctions d'une ville)

L'emprise du tourisme : l'espace remodelé/ inventionsEmpruntant la forme de l'utopie, dans un texte ou une image, imaginez un plan de circulation et d'échange dans la ville qui modèle une société ou les heurts seraient gommés. Votre choix se portera sur Rome ou Beyrouth. (Vous pourrez vous inspirer de l'architecture de Zaha Hadid réalisée au MACRO.)