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LE CNES & LA GUYANE Numéro Spécial 3 - Juin 2011 Latitude 5 Latitude 5

Le CNES et la Guyane

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Page 1: Le CNES et la Guyane

LE CNES& LA GUYANE

Numéro Spécial 3 - Juin 2011Latitude5Latitude5

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83 534 km² pour 230 000 habitants,soit 2,7 habitants/km² (1): un territoirede la taille du Portugal avec la densitédu Sahara ! La forêt couvre plus de 90%du territoire. PIB (Produit Intérieur Brut) 2008 : 3,2 Mds €, soit 13 913 €/habitant (1)

L'activité spatiale représente envi-ron 15% du PIB et génère près de9000 emplois directs et indirects,soit 12% de l'emploi global (1)

Une croissance démographiqueexceptionnelle : 3,8% par an (1)

Qui laisse présager d'une évolutionannuelle comme suit (prévisionssur 25 ans) :+ 10 000 habitants, 3 000 loge-ments, 3 500 emplois et 4 000scolaires par an

La population active augmentebeaucoup moins vite que la popula-tion

Taux de chômage : 20,5% (1) 2010 : 74 000 élèves scolarisés, duprimaire au lycée, et 2 500 étudiants 10% des élèves habitent sur lesfleuves Maroni et Oyapock

(1) Source INSEE 2010

La Guyane, une région atypique !

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Voir décoller une fusée au départ de Kourou ... un évènement inoubliable !

Vous pouvez télécharger ce dossier et consulter toutes les informationsémises par le CNES/CSG sur le site

http://www.cnes-csg.fr

Edito

Espace économique

Espace touristique

Espace citoyenRelier les HommesCitoyen dans l'âme

Espace pour tousTravailler au CSG, c'est possibleDonner le goût des sciences

Les Hommes de l'Espace

Sommaire

Numéro Spécial 3 du Latitude 5, magazine d'information du CNES au Centre Spatial Guyanais, Port spatial de l'Europe.Ce journal est réalisé par le Service Communication du CNES/CSG. Gratuit, Hors Série tiré à 4000 exemplaires.CNES/Centre Spatial Guyanais, BP 726, 97387 Kourou cedex. - Tél : 05.94.33.51.69 - Fax : 05.94.33.47.19Dépôt légal à la Préfecture de la Guyane Française. ISSN 0293-0072.Directeur de la publication : Yannick D'ESCATHA - Directeur de la publication adjoint : Joël BARRERédacteur en chef : Marie-Pierre JOSEPH-ALBERTONSecrétaire de rédaction : Karol BARTHELEMYPhotos : ESA/CNES Activité Optique Vidéo du CSG, sauf mention contraire.Photos Couverture : Antoine CERCUEIL - Oiseaux : Olivier TOSTAINRéalisation Maquette : CREADESK - Impression : CCPR

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Une enquête d’image d’envergure réalisée il y a deux ans auprès de la population guyanaise nous a montré qu’il était essentiel d’amé-liorer notre dialogue avec elle, ce que nous nous attachons à faire aumieux. Si les remarques traduisent une fierté commune de participerà la grande aventure spatiale, il apparaît que de nombreux à priorisubsistent. Aussi avons-nous choisi de nous appuyer sur les propresmots des citoyens guyanais pour dresser le portrait de la relation de plus en plus étroite que tisse le CNES, et plus largement le spa-tial, avec sa terre d'accueil. Bienvenue dans ce dialogue ouvert !

“La fusée, c’est le signe qu’on peutaller encore plus loin ”

Avec 15 à 20% de l'économie guyanaise, le spatial démontre son importancedirecte. Au-delà, nous contribuons au développement global, donc de façonplus indirecte, au travers des actions de la Mission Guyane et du déploiement de technologies spatiales : télémédecine,observation satellitaire, télécommunica-tions, aménagement du territoire, etc. Par ailleurs, nous travaillons beaucoupavec la jeunesse, première richesse de la Guyane, qu'il faut former pour qu'ellepuisse trouver du travail.

“Le CSG c’est l’image de la France en Guyane”, “Ils ont une très bonne

image dans le monde”Oui, le CSG est un atout stratégique et permet à la Guyane de rayonner dansle monde entier : c'est sur lui que reposel'autonomie d'accès à l'espace de la Franceet de l'Europe. Cet atout est lié à sonimplantation en Guyane qui lui offre uneproximité de l'Equateur, une façade mari-time permettant des lancements vers l'Estet vers le Nord, et une superficie d'instal-lation suffisante pour mener nos activitésen toute sécurité. Ceci nous permet depouvoir revendiquer le titre de l'une desmeilleures bases de lancement du monde.

“Même si on y est pour rien, c’est quand même un peu nous”

Ce ne sont pas eux au départ, mais ce sontde plus en plus eux ! L'effectif du CSG est local à 72%, une proportion en crois-sance constante dans toutes les catégoriesde salariés. Cette politique de promotionde l'emploi local s'est encore accentuéeces dernières années, j'en veux pourpreuve, à ce jour, le pourcentage de cadreset ingénieurs locaux qui représente 45%de l'effectif du CSG et plus de 60% de l'effectif du CNES au CSG.“Communiquer auprès des Guyanais,

c’est de leur responsabilité”Bien sûr. Nous devons faire savoir ce que nous faisons, comment nous le faisonset ce que cela apporte. Non pas pour nousjustifier, mais surtout pour montrer quenous opérons en toute sécurité. Nous pre-nons notamment de multiples précautionspour mesurer l'impact environnementaldes lancements, et s'assurer qu'il est maî-trisé et confiné à l'intérieur du CSG. Nouscommuniquons nos informations d’unepart pour donner à la population la trans-parence et la visibilité que demandent nos activités, d’autre part pour montrerque le CNES s’investit au mieux en faveurdu développement de la Guyane.

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Edito

Joël Barre, Directeur du CNES/CSGet Président de l'Union des Employeurs de la Base Spatiale

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croissance démographique exceptionnellede 3,8% par an que nous connaissons, il faut loger, équiper, désenclaver,développer. Or le CNES accompagne laRégion et l'Etat dans le développementéconomique au travers des ProgrammesOpérationnels, en particulier dans letourisme, l'agriculture -la Guyane est la seule région de France où se créent des exploitations agricoles- et la filièrebois, de l'exploitation forestière à latransformation finale.»

“[L’avenir sans le spatial] serait une catastrophe”

«Oui il y a vingt ans, moins aujourd'huiet encore moins demain» répond PierreZammit. «Le spatial représentait 28% du PIB de la Guyane et des emplois en 1990, 18% en 2003, 15% aujourd'hui en 2011 et nous avons une prévision de 5% en 2040. S'il ne faut pas oublier quele CSG possède deux unités de productionlocale avec les usines de Regulus et d'Air Liquide Spatial Guyane, cette partdu spatial dans l'économie diminueprogressivement car celle de la Guyaneaugmente inéluctablement, ce qui signifieque la région augmente ses richesses horsspatial» confirme Pierre.

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“En dehors du spatial et du BTP, il n’y a rien”, c’est “ le poumon

de la Guyane”«Il est vrai qu'aujourd'hui les deux filièresen croissance significative sont le spatial,avec une montée en cadence et l'arrivée de deux nouveaux lanceurs, et le BTPpuisqu'il y a des besoins énormes en infrastructures diverses» reconnaîtJoël Barre. «Ceci étant, il me semble que l'économie guyanaise progresse dansd'autres domaines. Je citerai par exemplela filière bois en plein développement, et surtout le tourisme. Ce dernierreprésente 7% du PIB guyanais -presquela moitié de l'activité spatiale- et nousvoyons bien le potentiel significatif dutourisme sur le littoral comme en forêt.»Selon Pierre Zammit, Directeur déléguéde la Mission Guyane, «c'est l'Etat, via la commande publique vers le BTP, qui est le poumon de la Guyane. Avec la

Espace économique

Le projet d’ouverture de la piste Matarony, devantpermettre un accès contrôlé aux sites de coupes de bois, bénéficie d’un co-financement CNES.

Pierre Zammit, nommé pardécret ministériel en qualité de Conseiller du Commerce

Extérieur de la France (CCEF)«Le CCEF», explique Pierre,«relève de l'expertise pouraccompagner la Guyane

au niveau de la coopération régionale et de l'export. Nous sommes dix chefs d'entre-prise bénévoles, et comme les 4000 CCEFrépartis dans le monde, nous mettons notreexpérience au service des entreprises fran-çaises, en l'occurrence guyanaises, pours'exporter. Dans ce cadre, j'ai notammentparticipé à l'atelier n°6 des Etats Généraux,à savoir l'intégration de la Guyane dans sonenvironnement.» De plus, la section Guyanes'efforce d'étendre son action au Guyana et Surinam voisins.

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“[Il faudrait] ne pas montrer que les lancements, car les gens voientles milliards qui tombent alors qu’il

n’y a pas d’impact pour la Guyane”«Nous avons effectivement un effort à faire en terme de communication,»avoue Joël Barre, «et nous le faisons pourexpliquer que nous ne nous contentonspas en Guyane de lancer des satellitespour les autres. Nous essayons de faire en sorte que cette activité soit la source la plus efficace possible de retombées pourl'économie et la population guyanaises. A chaque lancement, qui est un évène-ment en soi, nous communiquons dessusplutôt techniquement. Mais depuisquelques temps nous essayons de commu-niquer sur ce qui se passe à côté deslancements. Nous le faisons par la vidéo-transmission organisée pour chaquelancement par Guyane Première, avec des reportages sur nos diverses activités,mais aussi à travers d'autres supports à destination de la population comme le Mini-Mag, diffusé trimestriellementdans les boîtes aux lettres de Guyane.»

De plus, nous fabriquons un lanceur eneuros alors que nous le vendons en dollars.Or la parité euros/dollars actuelle nous estdéfavorable. Il n'y a donc pas de profit dansl'activité de lancement de satellites qui per-mettrait de générer des ressourcessupplémentaires. Il suffit de regarder les comptes de la société Arianespace,l'opérateur de lancement, et la nécessitépour les Etats européens de soutenir cetteactivité par des programmes de soutiend'exploitation, le dernier d'entre eux ayantété adopté en mars 2011» rappelle-t-il.

“Ils ne paient pas de taxes, ni d’octroi de mer, ils sont rentables”

Joël Barre s'inscrit en faux. «Nous payonsdes taxes qui contribuent aux ressourcesdes collectivités locales. Par exemple, la taxe professionnelle versée par les 36 entreprises de la Base spatiale consti-tue un apport de 20%, à la hauteur de notre part dans l'économie. Sur l'octroide mer, les statistiques montrent que cet apport est doublement supérieur. Il ne faut pas croire que nous générons des profits commerciaux qui permet-traient des taxations supplémentaires, du fait de notre situation économique. Je le rappelle, ce sont les Etats qui assu-rent l'équilibre de notre exploitation.»

“Ce n’est rien ce qu’ils font, pour eux c’est une goutte d’eau”

«Je ne suis pas du tout d'accord» s'in-surge Pierre Zammit. «Le spatial estsoumis à une très sévère concurrencemondiale et nous nous devons d'être com-pétitifs vis-à-vis des autres bases delancement, de plus en plus nombreuses.Dans ce contexte, le CNES consacre 5% de son budget annuel et 25% de soninvestissement au développement de laGuyane. Tout cela est loin d'être unegoutte d'eau.»

Vidéotransmission d'un lancement Ariane 5 à Cayenne

“Ils gagnent des milliards à chaque lancement”

«Non, malheureusement !» s'exclame le Directeur du CNES/CSG. «L'activité de lancement est très compétitive. Nousnous heurtons notamment à la concurrencerusse, avec des lanceurs fabriqués dansune économie très différente de la nôtre.

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«Par ailleurs», poursuit-il, «bien que ledéveloppement économique ne soit pasnotre rôle légitime, le CNES accompagnel'Etat et la Région, certes financièrement,mais aussi par la structure dédiée qu'est la Mission Guyane, ou encore par la mise à disposition d'experts de ses cœurs demétier pour réduire la fracture numérique(voir p 10) et développer les télétechnolo-gies au service du citoyen (voir p 15).Bientôt apparaîtra le télé-enseignement,sans compter un GPS disponible sous peu et adapté aux fleuves.Nous pouvons aussi parler des conventionsque le CNES a signées avec les communes,nous permettant de rencontrer les élus et d'aider le tissu associatif (voir p 13).D'ailleurs, avec l'ouverture du pont sur lefleuve Oyapock, le CNES a souhaité étendreson partenariat avec les communes de l'EstGuyanais, portant le nombre de conventionssignées à 12, et couvrant ainsi 20 communessur les 22 que compte la Guyane.

«C'est vrai» approuve Joël Barre.«Depuis que le spatial s'y est implanté, la Guyane ne cesse de croître de manièreconsidérable en termes démographique etéconomique. Cependant le développementde la Guyane ne passe pas que par lespatial, d'où notre action dans d'autresdomaines.»

“S’ils continuent tout ce qu’ils font déjà, ce sera un chouette département”

Parole d'économiste«Avec 15% du PIB régional, l'activité spa-tiale est un pilier de l'économie guyanaise.Au-delà de son activité au CSG, l'implicationdu CNES est un autre pilier pour la Guyane,ne serait-ce que par sa mise de fonds de 27 M€ dans les Programmes Opération-nels et le contrat de projets Etat/Région : sanscela, nous ne pourrions doter suffisamment

la contrepartie nationale indispensable à ces programmations budgétaires. Autreatout de poids, le savoir-faire du CSG

et particulièrement de la Mission Guyane, où chefs d'entreprises et porteurs de projetstrouvent des interlocuteurs qui parlent lemême langage qu'eux, celui de l'entreprise.Enfin, le CSG participe activement à valoriserl'image de la Guyane, et je pense que celle-ci a tout intérêt à utiliser ce levier économique et touristique, tout comme les capacités et compétences de ses ingénieurs pour créerdes entreprises dont la Guyane a tant besoin.»

Lionel Lemoine, Secrétaire Général pour les Affaires Régionales

Le CNES co-finance les projets de la filière agro-alimentaire, comme ici une petite structure

de production du typique poulet boucané.

«Ce n'est pas que nous !» rebondit PierreZammit. «C'est une équipe avec les élus.En tous les cas, cela fait plaisir à entendreet cela nous motive pour continuer à nousimpliquer dans de nombreux challengescomme la piste Papaïchton-Maripasoula.Pour moi, le fer de lance de la Guyane,c'est le tourisme.»

Au final, il existe un impact très fort pour la Guyane qui devient une vitrine du spatialet des télé-technologies. Enfin, rappelonsque le CNES accompagne les institutionnelsde Guyane lors de grandes manifestationshors du territoire pour valoriser notrerégion.»

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«La visite de la Base spatialeest totalement gratuite !Elle est d'ailleurs le seul

site industriel dans ce cas, lestouristes s'en étonnenttoujours» rétorque Jean-Philippe Zébus, chef duservice Communication

du CNES/CSG. «Nous considérons que c'est un juste retour des choses enversla Guyane qui doit s'approprier la Base, et nous attachons une grande importanceà cette fonction d'accueil. D'ailleurs, les visites intégreront dès juillet l'En-semble de Lancement Soyuz. Le circuit sera donc réamé-nagé par modules, unevisite complète seraittrop longue, sanscompter que certainsqui connaissent déjàla Base ne souhaite-ront voir que lesnouveautés !»«Par ailleurs,» pour-suit-il, «assister à unlancement est tout aussigratuit, seule la visite duMusée de l'Espace est payante.Au-delà des cinq sites d'observationqui accueillent invités [au sens propre du terme + les personnes ayant demandé

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Deux des trois sites touristiques les plusprisés de Guyane s'avèrent être sous laresponsabilité du CNES/CSG : le CentreSpatial Guyanais, site industriel, et les Ilesdu Salut, le Parc zoologique et botaniquede Macouria étant le 3ème site le plusattractif.

“Il faut payer pour visiter la Base et voir un lancement, ce n’est pas normal !”

à assister à un lancement] et scolaires, le site aménagé de la montagne Carapaest en accès libre à tout un chacun. Il nous

est cependant apparu nécessaire de délocaliser la diffusion

de la vidéotransmission via des écrans géants

sur des sites publics de Cayenne et Sinna-mary, pour que lapopulation puissesuivre toute la chro-nologie sans sedéplacer. Nous finan-

çons des animationssur place à l'attention

des enfants pour queceux-ci patientent en s'in-

téressant au spatial au traversd'activités ludiques. De la même

façon, l'Ouest guyanais devrait prochaine-ment bénéficier de la vidéotransmission.»

Les visites du Centre Spatial Guyanais,organisées du lundi matin au vendredimidi, sont totalement gratuites. L’offretouristique industrielle se décline pourtous les publics : résidents, touristes,scolaires, journalistes ou personnalités.Ils ont été près de 54 000 en 2010 à pousser les portes de la Base.La gratuité est également de mise pourobserver un lancement.

Espace touristique

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Présidée par le CNES, cette associationregroupe le CELRL (Conservatoire del’Espace Littoral et des RivagesLacustres), propriétaire du Musée desIles. «La richesse patrimoniale de ce sitedoit absolument être préservée etprotégée, ce que nous faisons avec la DAC(Direction des Affaires Culturelles) etl'Architecte des Bâtiments de France.» «De plus, nous sommes actuellement enphase d'ouverture aux collectivités localesconcernées» reprend Jean-PhilippeZébus : la Région pour le développementtouristique, la ville de Cayenne, dont lesIles du Salut dépendent sur le planadministratif au même titre que toutes lesîles au large de la Guyane, et la ville deKourou d'où part l'accès au trio ilien.«Nous souhaitons ainsi fédérer lescompétences et les décisions dans unelogique de développement durable. Nousréfléchissons notamment à un circuitpermettant une découverte progressive etsécurisée des ruines de Saint Joseph.»

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“Ils ont développé les Iles du Salut pour leur usage”«Non» dément Jean-Philippe Zébus,également Président de l'associationAGAMIS (Association pour Gérerl’Architecture et le Musée des Iles duSalut). «Les Iles accueillent de plus enplus de visiteurs, notamment locaux, quiy trouvent un dépaysement et un microclimat agréables. La découverte desvestiges du bagne se révèle en outre fortattractive pour les touristes.

Les Iles du Salut ont attiré près de 50 000visiteurs en 2010. Propriétaire des Ilesdepuis 1971, le CNES y investit 2 millionsd’euros par an. Il mène ainsi depuis 30 ansde multiples actions de rénovation du patri-moine historique (maison Dreyfus, carbetSeznec, cellules des condamnés, chapelle,auberge) et d'aménagements divers.

Rappelons que la propriété des Iles ayantété confiée au CNES en 1971, il a toujoursété important pour nous de favoriser leuraccès à la population. Nous nousattachons à aménager les Iles avecbeaucoup de sérieux et d'enthousiasme.Pour cela nous avons notamment crééAGAMIS qui assure la valorisation desIles du Salut et la gestion du musée.»

Classée monument historique en 1979, la chapelle del'Ile Royale et ses décorations sont peu à peu restaurées.

Agamis la tient à disposition de l'évêché.

Les anciens bungalows de bois ont été entièrementreconstruits pour augmenter la capacité d’hébergementde l’auberge. Une des améliorations menées par Agamisen 2010, avec la mise en place d'une usine dedésalinisation de l'eau de mer qui évitera à l'Ile Royaleles ruptures d'eau, ou encore l'installation d'un pontonsécurisant l'accès à l'Ile Saint Joseph.

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Ce chapitre «Tourisme» ne serait pascomplet sans aborder le partenariat du CNES/CSG avec le CTG (Comité du Tourisme de la Guyane). En effet, le CNES est membre de son Conseil d'Administration, via la MissionGuyane, et abonde au traversdes Programmes Opérationnelsau budget promotion du CTG.«Cela se traduit par une présence auxcôtés du CTG et, à sa demande, sur certaines opérations de promotion localesou extérieures. Le CNES participe parexemple à la médiatisation de la course à la rame “Bouvet Guyane” qui relie le Sénégal à la Guyane, et qui porte l'image

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Parole de KalukuliC'est un authentique havre de paix et de beauté qu'a construit Jocelyn Charlesavec l'aide de la Mission Guyane du CNES.Sur les terres amérindiennes de la Piste des Compagnons, aux portes de Kourou, “ le petit Kalukuli” propose aux visiteurs deux

gîtes écologiques parfaitement intégrés dansune nature exubérante en bord de crique.« J’ai voulu créer une activité qui intègre les valeurs de la culture amérindienne,

notamment de respect de l’environnement»explique Jocelyn. «Même si le montagedes dossiers reste complexe et assez lourd à gérer, les fonds européens que j'ai pu obtenirvia la Mission Guyane vont me permettre de construire de nouveaux gîtes et de financerun puits pour avoir l'eau potable sur le site.»

de la destination en dehors des frontières.L'image à donner reste de leur ressort,nous, nous faisons partie de la carte postaleGuyane ! » s'exclame le responsable Communication du CNES. «A l'inverse,

nous associons la Guyane à nos opérations dès que nous le pouvons, comme au Salon

du Bourget où nous organisonsune journée Guyane.»De la même façon, le CNES participe largement au financement de campagnesd’image, de produits ou d’évènements,avec pour objectif de donner une autreimage de la Guyane au public hexagonal.

"Nous faisonspartie de la cartepostale Guyane !"

Dans le registre des ré-habilitations patrimoniales,le CNES aide les com-munes qui choisissent cetaxe via les conventionsqui les lient (voir p 13).

Les maisons créoles nécessitentsouvent une opération de réhabili-tation, ce que la ville de Cayenne a mené sur 40 d'entre elles grâce à sa convention avec le CNES.

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munes et lieux-dits de Guyane. Le désen-clavement numérique change la viequotidienne pour les sites isolés : commu-nication avec tous et notamment avec les secours, consultations médicales à distance, et plus généralement, dévelop-pement d'une économie même en zonereculée.»«D'autres projets complémentaires sontmenés par la Région et le Départementpour installer une “autoroute” numérique

câblée sur tout le territoire etfaciliter les offres Internet car,si la solution satellitaire reste

parfois unique, elle est particu-lièrement onéreuse» explique Louis. «Parailleurs, nous intervenons dans tous lesprojets faisant appel aux nouvelles techno-logies, comme l'arrivée d'un 4ème opérateurde téléphonie mobile. Je suis à leur dispo-sition pour partager mon savoir et mesconseils, ce qui en l'occurrence est ici bienplus apprécié par nos interlocuteurs que de l'argent sonnant et trébuchant ! Il y a làune véritable volonté du CNES puisque je consacre pour ma part 30 heures parmois à ces projets. Nous avons d'ailleurs dû augmenter l'équipe pour assurer laprestation initiale sur la Base…»

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Environ 80% des satellitesqui décollent du CSG sontdits de télécommunication,donc qui permettent de

communiquer à distance.«Si les câbles permettentde pallier aux déficiences

des satellites, ces derniers restent incon-tournables pour certains sites isoléscomme chez nous» rappelle Louis Bierge,Expert Telecom du CNES/CSG. «L'Etatfrançais a pris la mesure del'enclavement numérique queconnaissent la Guyane et lesDOM, ce qu'il a formalisédans un plan gouvernemental baptisé“France numérique 2012. ” Le CNES a proposé au gouvernement d'apporter sa contribution pour mettre celui-ci en place et ainsi participer activement au développement numérique de laGuyane.» Pour cela, le CNES a intégrél'ICANT (Instance de Concertationd'Aménagement Numérique du Terri-toire). C'est « fondamental» selon Louis,car son objectif vise à «donner unedimension rationnelle à tous les projetspour fournir un accès à l'Internet et à la téléphonie mobile à toutes les com-

Espace citoyen

"Le désenclavementnumérique change la

vie quotidienne"

Relier les HommesSt Georges de l’Oyapock, exemple de l’isolement

des communes fluviales

“Ils envoient des satellites dans le ciel… ils pourraient au moins s’occuper de nous”

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“Il y a de gros problèmes sur le réseau”,“le débit est insuffisant pour Internet”

«Une grande partie du flux Internetpasse par le câble Americas2 qui traversel'Atlantique. Nous cherchons un autrecheminement par les pays voisins, unautre câble, etc. Par ailleurs, le routage estlargement responsable de l'engorgementdu flux puisqu'un mail de Guyane àGuyane va passer par la métropole ! Pourpallier à cela, le CNES participe au GIP(Groupement Inter Professionnel) de larecherche RENATER, qui a mis en placeun réseau de transport de données mélan-geant câble et satellite. Ce GIP prévoit lamise en place en 2012 d'un GIX (Global

Interconnection eXchange), appareiltriant la destination des messages pourles router correctement et ainsi désengor-ger l'Americas2. Dans ce projet, noussommes experts techniques et totalementneutres pour tous les opérateurs.»

“ C’est grâce à eux que j’ai mon téléphone portable à la main

et la TV câblée”«Effectivement» confirme Louis.«Aujourd'hui, le satellite reste incontour-nable, ne serait-ce que pour le GPS, la Météo, GMES (télésurveillance) etc.Or, pour avoir des satellites, il faut un accès à l'espace… d'où la nécessité du CSG !» résume l'Expert.

N'oublions pas que ce n'est pas notremétier ! Quant à la proximité du CSG,nous sommes certes sur un territoireétendu, mais l'ensemble de l'activité se concentre sur le littoral. Pour ma part,je dirai plutôt que nous contribuons au développement du territoire à sonrythme, en fonction de ses spécificités et de ses besoins.»Répondant à ses besoins et à ceux de la populationguyanaise, le CNES se fait parfois aménageur, comme ici pour la construction du pont de Kourou en 1967 (zoneportuaire en 1969), ou encore le financement à hauteur de 50% de l'aéroport de Rochambeau.

«Non, voués à une utilisation publique,ces moyens profitent à tous» réagitValérie Clery, chargée de DéveloppementEconomique à la Mission Guyane du CNES/CSG. «Bien sûr que nous avonseu besoin de ces infrastructures, maisnous en avons profité pour faire d'unepierre deux coups : les infrastructuressont placées là où elles doivent l'être etprofitent directement et immédiatement à la population et au territoire en général.

“Oui, ils ont amélioré les infrastructures : la nouvelle route, des télécom même imparfaits, l’aéroport, le port… mais seulement près de la Base

et dans leur propre intérêt”

Citoyen dans l'âme

Le CSG a cédé des terrains pour laconstruction de logements à Kourou oul’exploitation de terres agricoles à Matiti.Par rapport à son implantation d’origine, le CNES a cédé 30% de son emprise, pourne conserver aujourd’hui que la superficieminimale nécessaire à l’activité opération-nelle du CSG (moins de 70 000 ha, soit moins de 1% de la superficie de la Guyane).

Page 12: Le CNES et la Guyane

des compétences sous forme de soutientechnique, d'expertise et d'accompagne-ment» détaille Valérie.

“Ils donnent de l’argent audépartement, c’est bien”

«Il est vrai que nous contribuons aufinancement de projets aux côtés de l'Etatet des collectivités. Même si cela n'est pasnotre rôle légitime, il y a un attachementau département, eu égard à l'histoire duCNES : 40 ans aux côtés de la Guyane etde ses hommes, il y a forcément des coupsde cœur. Par ailleurs, il est nécessaire quele CNES apporte sa contribution là oùexistent des carences qu'il est en mesurede combler. Donc, au-delà des finance-ments, nous apportons dès que possible

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Le Centre Médico Chirurgical deKourou (CMCK) a été créé en 1965 en parallèle au centre spatial. Lagestion en est confiée à la Croix Rougeen 1984 puis la propriété en 2004. Le CNES abonde encore àhauteur de 500 000 € par an dans lescaisses du CMCK et fait partie de sonconseil de suivi et d’orientation, avecla Mairie. Cette année, ces fonds ontnotamment financé un échographe.

“Nous sommes abordables !”Installée sur la colline de

Montabo depuis 2000, laMission Guyane reçoit

tous les porteurs deprojets sollicitant l'aidedirecte ou indirectedu CNES. «On les

écoute, on les oriente, on les conseille»explique Valérie Clery. «Ces échanges sontles plus efficaces et les plus fructueux,c'est une histoire humaine. Les gensengagent leur vie sur un projet : on lesprévient ou on les rassure, mais quoi qu'ilen soit, quand ils repartent, nousvoulons qu'ils soient motivés pourpoursuivre. Nous sommes à Cayenne,proches des décisionnaires, et présentsdans tous les réseaux ; nous avons desinformations immédiates que nousn'hésitons pas à transmettre. Nous sommesune petite équipe, l'échange reste convivial,nous sommes abordables !»

Co-financement d’une plantation de Bois de rose à Sinnamary, essence précieuse et décimée sur le territoire guyanais.

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«La proximité passe en premier lieu parles conventions CNES/Communes dontl'objectif consiste à accompagner des pro-jets d'ordre socioculturel, sportif,touristique et tout ce que la communejugera profitable pour sa population.Nous couvrons ainsi 91% du territoire.»Toujours selon Valérie, «cette manne doitservir de levier : pour 1 € versé par leCNES, la commune contribue à la mêmehauteur, en espèces ou autre moyen, logis-tique, humain…» Par exemple, dansl'Ouest où la population grandissante estparticulièrement jeune, beaucoup de pro-jets d'associations culturelles et sportivesont vu le jour.

“Beaucoup de choses n’auraient pas été faites en Guyane sans eux”«Effectivement, nous accompagnons la Guyane sur tous les fronts.» Selon Valérie,«les résultats obtenus reposent sur deux stratégies distinctes : la proximité avec lapopulation et la mise en place de télé-technologies, soit l'application citoyennede technologies spatiales.»

“Ils font beaucoup de choses, ils sont partout”

«La Guyane a besoin de se développer sur tousles plans, avec des priorités sur lesquelles il fauts'impliquer dès que possible : développement dutourisme, valorisation de la biodiversité,structuration des filières bois et agriculture,émergence du secteur pêche actuellement engrande difficulté, développement de laformation professionnelle… Le tout avec unedémographie galopante et un flux étranger quel'on ne peut ignorer. Il faut construire laGuyane de demain, en partenariat avec lesprincipaux acteurs : communautés concernées,élus, professionnels, association, et bien sûr lapopulation» décline Valérie.

Paroles de Maires«Les conventions CNES/Communes sont

un investissement et un engagement sur l'avenir des territoires en devenir.»

Fabienne Mathurin-Brouard,Maire de St Georges de l'Oyapock

«Cet appui financier est une opportunitépour aider les associations locales

à s'équiper sans puiser nécessairementdans le budget de la collectivité. En cela, la Convention CNES concourt pleinementau développement de la vie citoyenne et

au rayonnement culturel de la commune.»Daniel Mangal, Maire d'Iracoubo

«Les conventions dont bénéficie chaqueannée la commune de Montsinery-Tonnégrande avec le CNES traduit la nécessité de mettre sur l'orbite

du développement nos communesrespectives de Guyane.»

Patrick Lecante, Maire de Montsinery-Tonnégrande

Crevettier. Le CNES co-finance les projets de la filière pêche,comme par exemple l’équipement en radio VHF des bateaux de pêche locaux.

"Il faut construire la Guyane de demain"

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de financements dans des projetsde proximité comme le renouvelle-

ment de la flotte de l'APCAT(Association des Pratiquants du

CATamaran) à Montjoly.»

«Puisque nous parlons de développementet de proximité» intervient Pierre Zam-mit, «signalons que le CNES estfondateur du GIP [Groupement InterProfessionnel] “Guyane Base Avancée”en vue de la Coupe du Monde de Footballen 2014 et des Jeux Olympiques de 2016au Brésil. Au-delà de l'aura générée parces manifestations, nous souhaitons finan-cer des équipements sportifs deproximité, directement pour les jeunes.»

L'église de Montsinéry a pu être réhabilitée grâce à la convention du CNES avec la commune.

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A Cayenne, le chef-lieu, le Maire a choiside diviser sa dotation en deux pour valo-riser le patrimoine architectural créole etpour des projets à vocation éducative : lafête du lait, un cycle de conférences surles grands personnages et faits deGuyane, le Kayenn Jazz Festival, etc… Dela même façon est née la désormais célè-bre “Biennale du Maronnage” à Matoury.A l'Est on privilégie plutôt des projetscommunaux comme deux jardins d'en-fants à Roura. «La liste des projets seraittrop longue à détailler. Ce qui est sûr, c'est qu'ils foisonnent.Les communes sont pleines de vie !» se réjouit Valérie. «Il est également arrivé quenous réinjections des reliquats

"A ce jour, 12 conventions

couvrent 20 des 22 communes

de Guyane"

Des actions concrètes et variées à Montsinéry-Tonnégrande

Les actions entreprises par Montsinery-Tonnégrande illustrent parfaitement toutela souplesse apportée par les conventionsdu CNES avec les communes pour mener à bien des projets de tous ordres, pour différents publics. Ainsi, en quelquesannées cette commune a-t-elle décidé de procéder à la réhabilitation du Centred’initiation aux activités de pleine nature.Autre rénovation, celle de l’église de Mont-sinéry avec des travaux assez lourds (clocher,menuiseries, ossature bois de l’église et tabernacle). Dans le même temps, un jeune architecte paysagiste local appor-tait son aide pour aménager le jardin de l’église. Enfin, sur le plan culturel, la muni-cipalité a soutenu le projet de mise souspresse d’un disque réalisé par un jeune de la commune, Jean-Paul Malac, de son nomd’artiste Ruud Daddy. Pour 2011, il estprévu de répondre aux besoins de la commune en équipements sportifs. Le choix s’est arrêté sur la constructiond’un boulodrome pour offrir aux habi-tants de Tonnégrande une activité douce et conviviale, accessible aux retraitéscomme aux plus jeunes.

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Les conventions CNES/Communes permettent la réalisation de nombreux projets essentiellement sociaux-culturels.

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L'autre grand volet d'un espace citoyenest bel et bien l'équipement du territoireen télé-technologies, dont la Guyanedevient une vitrine mondiale.L'un des tout premiers projets est la télé-médecine. «Le CNES a travaillé en étroitpartenariat pour développer des outils de télémédecine regroupés dans unevalise. Chaque valise renferme des outilsspécialisés et adaptés au bilan patholo-gique de chacune des 17 communeséloignées en bénéficiant.Plus de 3 000 téléconsultations ont étépratiquées en 8 ans : de 100 en 2002 nousen sommes à près de 500 par an en 2010»explique Valérie. Aujourd'hui, ces valisesde télémédecine sont en liaison avec le Centre Hospitalier de Cayenne pour un diagnostic à distance. «Outre la rapi-dité et la fiabilité du diagnostic, cela évite des évacuations onéreuses et des hospitalisations traumatisantes pources populations isolées et souvent nonfrancophones. Cela renforce également les liens avec les équipes médicales surplace et incite chacun à prendre soin de sa santé. Et cela favorise nécessairementune meilleure relation entre l'hôpital et la population autochtone.» Dans le mêmeesprit apparaîtra bientôt le télé-enseigne-ment, pour un enseignement à distancedans les zones isolées.

Valise de télémédecine au dispensaire de Trois Sauts

Parole de Médecin«Sans remplacer une conversation télépho-nique avec un confrère, la valisetélémédecine apporte une aide au diagnos-tic non négligeable, en particulier lorsque le support photo apporte un plus au diag-nostic et à la prise en charge du patient. Parexemple en dermatologie, en ophtalmologieou encore en cardiologie avec transmissiond'un électrocardiogramme. C'est un supportimportant pour de nombreux médecins,remplaçants ou non, qui arrivent de métro-pole et qui, comme moi au début de mapratique en centre de santé, se retrouventconfrontés à des cas jamais vus auparavant.L'avis de médecins spécialisés est alors trèsutile. Je pense également que l'échographievia la télémédecine, actuellement à l'essai,sera une grande avancée, surtout dans lespostes de santé des sites les plus isolés gérésuniquement par un infirmier. Autre grandpoint fort, le serveur utilisé est un moyen fiable pour communiquer des informationsconfidentielles qui requièrent le secretmédical. Du point de vue des habitants, la télémédecine permet un diagnostic spécialisé avec la mise en place d'un trai-tement adapté sur place, sans avoirbesoin que la personne ne se déplace sur Cayenne, trajet à la fois traumatisant,chronophage et cher.»

Docteur Benoit Delphine, Centre de Santé de Camopi

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Le désenclavement en Guyane passe aussi par la médecine à distance, ou télémédecine.

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Citons enfin l'implantation à Montabo de l'antenne SEAS (Surveillance de l'En-vironnement Amazonien par Satellite),financée à 70% par le CNES et exploitéepar l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement). «SEAS est un remar-quable outil offrant une visioncartographique de l'ensemble du terri-toire, et plus largement de l'Amazonie.Couplées à des données de terrain, ces cartes mettent en relief l'état deslieux ou l'évolution d'une thématique

donnée : suivi de la déforesta-tion, du développement agricole et urbain, surveillance épidé-miologique (dengue), évolutiondu littoral et de la biodiversité,etc. Tout devient possible !»s'exclame Valérie Clery.

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Autre merveille de technologie, le PSMAou Poste de Secours Médical Avancé.Regroupant les outils médicaux de première urgence, ce container est trans-portable en un temps record sur une zonesinistrée lors d'une catastrophe. «Enmoins de 20 minutes, il permet de rétablirun réseau de télécommunications localpour pallier à l'urgence, et internationalpour organiser les secours. C'est une réalisation typiquement CNES où la tech-nologie satellite est au premier plan»relate Louis Bierge. Rappelons qu'il a étéutilisé lors du séisme qui a frappé Haïti enjanvier 2010.

Hélitreuillable sur zone sinistrée, le PSMA rétablit un réseau de télécommunications en 20 minutes

et intègre des outils de premiers secours.

Le traitement d’une image satellite consistesouvent à mettre en évidence certainsphénomènes naturels ou anthropiques danstelle ou telle zone étudiée. Par exemple,cette fusion de 2 images Spot 5 de 2003 et 2006, montre l’érosion sur la plage de Zéphir (Cayenne) et l’accrétion sur le haut de la plage Montjoly. Le trait de côtede 2003 montré en rouge est incrusté dansl’image de 2006.

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“Pour aller dans le ciel, il faut être un génie...”«Non, pas besoin d'être un génie, il suffit de fairebeaucoup d'études !» sourit Mathilde Savreux, Correspondant Jeunesse et Acteurs de l'Educationpour le CNES/CSG. «Partir dans l'espace, c'estdevenir astronaute. L'ESA (Agence Spatiale Euro-péenne) organise ponctuellement des campagnes de recrutement auxquelles répondent des profils de type ingénieurs, militaires, pilotes de chasse….»

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«Nous n'avons pas encore évacué l'image d'une Base peuplée d'ingénieurs bidouillantdans leur coin, un peu secrets, extérieurs au territoire …» explique Jean-Luc Cardi-

nal, Responsable des Relations Sociales sur la Base.«Mais tout cela remonte aux années 1970, c'est trèsloin ! Très vite s'est imposée la nécessité de recourirà la main d'œuvre locale et donc de se reposer sur sescompétences. C'est devenu une politique, au pointqu'aujourd'hui 72% des effectifs du CGS sont dessalariés en contrat local à tous les niveaux de respon-sabilités.»

“Il faut être ingénieur pour travailler au CSG”

Espace pour tous

"Travailler au CSG, c'est possible". Tel est le message que diffuse Jean-Luc Cardinal avec l'aide du Bureau Local des Compétences du CSG

Mai 2011, à bord de l'A300 ZERO-G, Adrien Berteaux est le premier lycéen guyanais à vivre l'apesanteur

des 31 paraboles réalisées par l'Airbus.

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Travailler au CSG, c'est possible

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“Il y a très peu de salariés guyanais au CSG” ; “Au CSG, les Guyanais sont des gens qui font la cuisine et servent les clients lors des lancements”

«On entend malheureusement encorebeaucoup ce type de réflexions dans les écoles et lycées, ce contre quoile BLC (Bureau Local desCompétences) milite dans les forums métiers auxquels il participe. Aujourd'hui, travaillerau CSG pour un jeune guyanais, c'estpossible. Moyennant bien sûr quelquespré-requis comme travailler à l'école et obtenir au moins un BAC+2 de typeBTS (Brevet de Technicien Supérieur) ou DUT (Diplôme UniversitaireTechnique). Bien évidemment, desdiplômes comme un Master permettent

de plus grandes possibilités. Avec un peuplus de 1500 emplois, le CSG offre une

grande panoplie de métiers maisne fait pas non plus l'emploi de la Guyane à lui seul ! Force

est de constater que le chômageen Guyane fait surtout souffrir

les non diplômés» explique Jean-LucCardinal.

L'IUT de Kourou, créé en 1988 par le CNES

«Partenaire incontournable depuis vingtans, le CNES/CSG s'implique remarquable-ment dans l'IUT (Institut UniversitaireTechnique), tant au niveau financier quepour créer de nouvelles filières d'envergure,comme celle des Réseaux et Télécommuni-cations, créée en 2008 dans notreétablissement. D'ailleurs, depuis presque dixans, le Directeur du CNES/CSG présidenotre Conseil, participe à la définition desorientations stratégiques en terme de for-mation. Au-delà du financement, plusieurssalariés des entreprises de la Base intervien-nent dans nos cours en vacataires. L'on peutégalement mentionner un CNES très actifpour initier une diversification des types deformation, notamment l'apprentissage. Carun DUT en alternance, avec une rémunéra-tion, permet à des étudiants défavorisésd'accéder à un diplôme BAC+2.Toujours volontaire pour aller plus loin, leCNES nous accompagne également sur desopérations ponctuelles. En résumé, je diraique le CNES nous finance pour partie,nous encourage et nous motive.»

Ollivier Tamarin, Directeur de l'IUT Kourou

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«Nous commençons aussi à accueillir en apprentissage des jeunes BAC+2 en alternance, pour peu que leur profild’études corresponde à nos besoins. Par exemple, l’IUT de Kourou ouvre à la rentrée une section en apprentissagede Génie Electrique et InformatiqueIndustriel. Nous sommes également en relation avec le Centre de Formationd’Apprentis de la Chambre de Commerce(CCIG).

Enfin, le dispositif régional de pépinié-ristes constitue également un vivierintéressant de compétences que nousencourageons. C'est un peu le pot de terredans lequel nous plantons le pépin quipeut devenir CDI (déjà deux au CNES) !»s’exclame Jean-Luc.

Le CNES s’investit dans la formationsupérieure, en tant qu’expert et en cofinançant des projets comme le Pôle Universitaire de Guyane (PUG).

72% des salariésdu CGS sont descontrats locaux

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«C'est effectivement la réalité dece que nous faisons» approuveMathilde. «En expliquant à quoisert de lancer des satellites, nousutilisons l'espace comme supportd'enseignement, en espérant créerdes vocations scientifiques face à une désaffection évidente. Enrésumé, il s'agit d'être plusludique que sur un tableau noir !Depuis 2006, dans le cadre de laconvention avec le Rectorat,l'accueil des élèves de CM2 et de 3ème est devenu prioritaire. Le CNES/CSG prend en chargele transport routier et l'entrée au Musée de l'Espace.»

Parole de pépiniéristeC’est grâce au dispositifrégional IRIG DEFIS (1),et sa Pépinière desJeunes Diplômés deGuyane que DimitriSabayo, comme cer-tains jeunes diplômésau CSG, a pu faire sespremiers pas dans le

monde professionnel. «Le statut de pépi-niériste prévoit un contrat d’un an avecl’employeur. Cela permet surtout de se for-mer et de se faire connaître, de développerson réseau» explique-t-il. «C’est ainsi que j’aieu la chance d’être embauché au serviceSûreté Protection, dans l’unité de gestiondes systèmes, avant même la fin de moncontrat !»(1) IRIG DEFIS = Initiatives Régionales Interentreprises

Guyanaises pour le Développement de l'Emploi, de la Formation et des Innovations Sociales

Donner le goût des sciences

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“Ils font des animations dans les écoles et proposent des visites de la Base

pour des classes”

Au CSG, on se veut plus ludique que sur un tableau noir. Ainsi, bien expliquées, les basses températures, c’est facile !!!

Chapelet de satellitesconstruits par des enfants

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“Ils ont des super salaires”«Non, mais en moyenne la main d’œuvreest très qualifiée» rectifie Jean-Luc.«Nous disposons d’une convention de sitequi garantit à tous les salariés de la Basedes minima salariaux et des primesidentiques. Imaginons la cacophonie si ça n’était pas le cas. L’activité spatialepeut se montrer très contraignante, cen'est pas de tout repos : on demande auxpersonnels de la flexibilité, des horairesdécalés ou postés, il y a des astreintes…Il faut même travailler certains samedi. Il est normal qu’il y ait des contrepartiesqui permettent de répondre aux contraintesde production et d'exploitation de la basespatiale» explicite-t-il.

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ports nécessaires à une initiation auxsciences. Le CNES/CSG a notammentsigné en 2008 une convention avec le CRDP (Centre Régional de RessourcesPédagogiques) pour que le CDI du CSGtienne à disposition des enseignants plusieurs supports pédagogiques : mal-lettes scientifiques, expositions, supportsmédia, ouvrages» détaille Mathilde. De plus, une fois l'an, nous organisons«Les Mercredi de l'Espace» au CSG,journée à destination des enseignantspour une culture spatiale générale.

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Pour cela, de nombreuses personnes au CSG sont impliquées dans le dispositifd'éducation à l'espace. «L'opérateur des visites adapte le discours et le circuitau niveau scolaire de la classe en visite. Le Musée de l'Espace s'adapte égalementet présente des animations ponctuellesempruntées aux grands musées de culture scientifique et technique comme le Palais de la Découverte. L'objectifreste un élargissement aux sciences de façon générale» développe Mathilde.«Les animateurs du Musée mènent éga-lement des campagnes de micro fuséesavec les écoles, les métiers de la Base sontrégulièrement présentés, au CSG ou dansles établissements, par nos soins ou par le Bureau Local des Compétences (BLC),qui participe chaque année à plusieursforums des métiers et de l'emploi.»

“Ils donnent des conseils auxenseignants et du matériel éducatif”

«En effet, depuis 2008, nous mettons à la disposition des établissements en fai-sant la demande, du matériel réformé,surtout informatique. Vis-à-vis des ensei-gnants, nous proposons de nombreusesactions pour leur fournir tous les sup-

Un partenariat originalDans le cadre de sa convention avec le CRDP, le CDI du CNES/CSG a engagé fin 2010 un partenariat original avec le Lycée Professionnel Elie Castor de Kourou. Projet à la foisscientifique, technique et pédagogique, dix élèves en CAP Menuiserie se sont vus confiés la construction de dix rampes de lancement de fusées à eau pour une mise à disposition des enseignants de Guyane. Après sixmois de travail avec des professeursmotivés, les jeunes sont venus procé-der à la qualification opérationnelle de leurs rampes au CSG. Le CNES/CSGet le CRDP ont alors pu constater des réalisations pointues et de haute

qualité, avec un coffre de rangementen bois pour chaque rampe. Pour les remercier, le CNES/CSG les a accueillis en véritables VIP une journée entière.

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Mai 2011, Mathilde a accompagné dans l’Airbus A300ZERO-G le premier lycéen guyanais participant

au concours national «Parabole».

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Les enseignants font au mieux “avec les moyens du bord”

«Les enseignants se plaignent sou-vent de manquer de moyens pourmettre en place des ateliers. Or, nous n'avons pas toujours besoin de beaucoup de matériel : une fusée à eau ne nécessite que deux bou-teilles quand du papier suffit à construire le système solaire… Le CNES insuffle donc aux enseignantsde petits ateliers simples à réaliser,

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et leur dispense également des forma-tions plus élaborées, comme celles desballons stratosphériques ou des micro-fusées. Une fois la formation suivie,

nous mettons à disposition du Recto-rat tout le matériel pédagogiquenécessaire à la mise en place»expose Mathilde.«Nous affrontons aujourd'hui deux

principales difficultés : les maîtresdes écoles ont une formation généraleavec un bagage scientifique relative-

ment faible. Ainsi ils manquent deconfiance en eux pour enseigner les sciences, associé au fait que de nom-

breux jeunes élèves n'ont pas le françaispour langue maternelle. Or, on peut faci-lement contrer cette situation en utilisantles sciences pour apprendre le françaiscar, pour les petits, c'est un sujetattrayant, surtout lorsqu'il y a des expé-riences. Mais au lycée, la tendances'inverse : les professeurs enseignent déjàles sciences, et s'y sentent donc tout à faità l'aise, mais là ce sont les jeunes qui ne sont plus spécialement attirés par un domaine qu'ils considèrent cornélien !Notre stratégie consiste donc à rendre les sciences plus “sexy” : pour les profes-seurs en primaire et pour les élèves en secondaire ! L'autre grande difficultéest l'important turn-over des enseignants,nécessitant de reprogrammer les forma-tions.»

Dans la mesure du possible, le CNES colle à l'actualité. En 2008, pour l'année mondiale de l'astronomie, il a organisé un séminaire

de formation suivi par 40 enseignants et a fourni 12 lunettesd'observation au Rectorat. Depuis, plusieurs clubs

d'astronomie ont vu le jour dansle département, à l'initiative

des enseignants formés.

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Parole d'enseignant«Parmi les nombreuses animations quepropose le CSG au monde scolaire, macollègue et moi avons choisi l’activité“micro-fusées”. Celle-ci a été très bienorganisée : menée par deux animateurs du CSG dans notre école pour laconstruction des fusées, elle fut complétéepar une visite du Musée de l'Espace,doublée d'une animation sur le systèmesolaire dont nous avons apprécié la qualitédidactique. Afin de poursuivre nos activitésen classe sur ce thème, nous avons utilisé les outils pédagogiques prêtés par le CDI du CSG (expositions, mallette expérimentale,documents audiovisuels, documentation),outils dont nous avons pu constater la diversité et la pertinence. Pour conclure,nous ne pouvons que confirmer la richesse et l'intérêt de l'offre des actionset des matériels mis à disposition des enseignants par le CNES/CSG et en recommander l'utilisation.»

Laurent LEOGANE, enseignant en classe de CM1/CM2 à l’école Athis Latidine de Sinnamary

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et du Rectorat se déplacent en pirogue pourproposer des ateliers sur la thématique Espace.La 4ème édition de 2011 confirme des équipesdu Rectorat de plus en plus impliquées, autravers notamment de la sensibilisation et dela formation des enseignants avant la venuede la pirogue. Toutes ces rencontres ontdonné naissance à des vidéos de formationet des supports pédagogiques en ligne, aveccette année la création d'une newsletterdédiée à l'opération par l'équipe de la cir-conscription du Maroni.

Bref, le système fonctionne : les enseignants s'approprient ces ateliers scientifiques et techniques pour les restituer à leurs élèvescar, les professionnels de la pédagogie, ce sont eux !» résume Mathilde.

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«Effectivement, 77 bourses ont étéaccordées depuis 1984 à de jeunesguyanais souhaitant mener des étudessupérieures en filière scientifique, en ou hors Guyane» confirme Jean-ClaudeMaini. «Ces bourses sont accessibles

“Ils donnent des bourses pour les étudiants”sur dossier adressé au CNES, et en tantque représentant du service RessourcesHumaines du CNES, je rends visitechaque année à tous les lycées pourprésenter ce dispositif.»

Espace au fil du fleuve«La volonté du CNES est bel et bien quechaque jeune guyanais puisse bénéficier de cette opportunité incroyable d'avoir unebase de lancement dans son département»expose Mathilde Savreux. «Mais en Guyane,10% des élèves habitent sur les fleuvesMaroni et Oyapock, rendant l'accès auCSG beaucoup plus complexe. Pour les vi-sites du CSG, nous apportons une aide lo-gistique au transport, mais pour la majoritéd'entre eux, nous avons monté l'opération«Espace au Fil du Fleuve» pour aller à larencontre des jeunes. Et nous l'avons biensûr adaptée aux contraintes Guyanaises,puisque les animateurs de Planète Sciences

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“Ils arrivent en colonisateurs”

«C'est peut-être l'impressionque peuvent donner quelques

représentants du mondespatial, mais c'est uneinfime minorité. Je pense

qu'il existe surtout un décalage de modesde vie et de cultures» estime Marie-PierreJoseph Alberton, Responsable de la Com-munication Interne du CNES/CSG. «Ces gens viennent prendre des postes à responsabilité et, extrêmement pris par leur travail, n'ont que peu de temps et donc d'opportunité pour s'intégrer dans l'univers guyanais.»

“Ceux qui ne vont pas rester ne font pas l’effort de s’intégrer

aux Guyanais”«C'est faux» dénonce Marie-Pierre, éga-lement membre actif de l'associationamérindienne Kalawachi. «Quelles quesoient les personnes recrutées ou qui arri-vent pour un premier ou énième séjour,on s'aperçoit qu'ils contribuent beaucoup

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à l'activité associative dans tous lesdomaines : caritatif, social, culturel, spor-tif… Sans compter les conjoints qui netrouvent pas d'emploi sur place et qui s'in-vestissent du coup dans des associations.»

“C’est dommage car la Guyanepourrait capitaliser sur leur savoir”

Selon Marie-Pierre, «la Guyane capitalisedéjà sur leur savoir, et c'est ce que mescollègues expliquent tout au long de ce dossier. En prime, il y a tous ceux quiont décidé de quitter le monde spatialpour créer leur entreprise et participer de cette façon au développement de la Guyane. D'ailleurs le CNES encouragece type d'initiatives.»

“[Ceux qui restent] ont envie de découvrir une autre culture,

d’autres traditions”«Je pense que cela vaut pour tous, etmême, au contraire, ceux qui ne sont là que temporairement sont très dyna-miques pour découvrir un maximum de choses dans le laps de temps qui leurest imparti en Guyane.»

“Ils essaient de s’intégrer et font desefforts pour se faire accepter”

«On ne peut pas parler d'efforts» estimeMarie-Pierre. «Dans le monde entier, il y a des hommes et des caractères. C'estune ouverture d'esprit et une démarchepersonnelle qui font que l'on s'intègre ou pas, et non pas que l'on soit du spatialou pas ! Les gens du spatial sont nor-maux, avec tous types de caractères et deprofils. Ceci dit, il est vrai que parmi lessédentaires, rares sont ceux qui ne sontpas investis dans des organismes citoyenscomme la Croix-Rouge, les clubs commele Lions' ou le Rotary, Soroptimist...»

Les Hommes de l'Espace

Parole de bénévole«Humanisons la vie.» Telle est la devise de la Croix-Rouge française dont les rangscomptent 11 salariés du CSG, soit environ10% de ses bénévoles : «Nous luttonscontre toute forme de précarité, nous favo-risons l’insertion ou le retour à l’autonomie,nous portons secours au sens large, qu’il s’agisse de produits de première néces-sité, de matériel, de soutien psychologique…Je m’inspire du management professionnelet je m'imprègne du management de béné-voles ! Finalement, par mon engagementbénévole, je renvoie à la Guyane tout ce qu’elle me donne.»

Serge Leclerc, Président bénévole de la Croix-Rouge de Guyane et agent comptable du CNES/CSG

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De nombreux salariés du CSG s'impliquent dans tous les domaines du tissu associatif guyanais : caritatif, social, culturel, sportif…

Laurence DétaillerGrain d’Art

Christophe DupuyEnseignant au CNAM

Karl Jean-LouisAéroclub de Kourou

AlNurjadin KartadinamaLionspace

Sylviane RibardièreObjectif Pro

José Golitin Passionné d’astronomie

Heiko RinderleRotary Club

Stéphanie ColinRugby Club de Kourou

Landry KayaSalsa en llamas (Maison

de quartier Savane)

Auguste HorthAssociation Mo (carnaval)

Guillaume KouyouriT.Leuyu

Jean-Luc MauboussinKourou Accueil et Collectifdes Habitants de Kourou

Bernard HomontAkati’j

Serge LeclercCroix-Rouge Française

Frédéric MunosJudo Club de Macouria

Catherine Wang Soroptimist International

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