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Communications Le combat de coqs en tant que ludopathie addictive § The cockfight as addictive gambling Carlos Rojas Malpica * ,1 Departamento de Salud Mental, facultad de Ciencias de la Salud, universidad de Carabobo, Valencia, Venezuela Annales Me ´ dico-Psychologiques 172 (2014) 552–557 INFO ARTICLE Historique de l’article : Disponible sur Internet le 27 aou ˆt 2014 Mots cle ´s : Addiction Cas clinique Histoire Jeu pathologique Keywords: Addiction Clinical case History Pathological gambling RE ´ SUME ´ Il y a des mentions de combat de coqs qui datent de 3000 ans avant Je ´ sus-Christ ; on sait que Cle ´ opa ˆtre fut grand amateur de cette distraction, que Saint Augustin parla en des termes e ´logieux du coq de combat et l’on dit qu’Hernan Corte ´ s de ´ barqua avec ses coqs quand il arriva sur les co ˆtes du Mexique. Malgre ´ sa grande importance symbolique et psychopathologique, le combat de coqs est reste ´ hors du regard psychiatrique. Ce n’est que maintenant que l’on commence a ` reconnaı ˆtre les addictions sans drogue ou addictions sociales et que l’on pre ˆte attention a ` la ludopathie addictive. L’origine du pre ´ sent travail fut un patient qui consulta pour cette proble ´ matique. Cette communication se propose d’explorer l’expe ´rience vitale du patient au moyen de la me ´ thode phe ´ nome ´ nologique et l’analyse existentielle. Une observation sur le terrain fut ne ´ cessaire pour connaı ˆtre la dynamique et l’atmosphe ` re psychosociale de la « gallera » (gallodrome). Par conse ´quent, la description entreme ˆle le registre idiographique et l’herme ´ neutique symbolique dans un re ´ cit a ` mi-chemin entre la narration litte ´ raire et l’observation scientifique dans un texte organise ´ en se ´ quences line ´ aires, me ˆme si chacune d’elles peut contenir des oscillations temporelles. On corre `le aussi les donne ´ es de l’observation empirique avec celles des de ´ couvertes scientifiques de la recherche clinique et des neurosciences, ainsi qu’avec notre postulat selon lequel il y a dans la maladie mentale une perte de la liberte ´ et de la complexite ´ qui s’accompagne d’un enclavement en un comportement hautement pre ´visible qui, une fois engage ´ , ne permet que peu de modifications. Nous l’avons, dans d’autres travaux, nomme ´ maladie mentale en tant qu’ananke `. De la me ˆme manie `re, on met en e ´vidence les composantes symboliques et anthro- pologiques qui maintiennent dans l’histoire et dans la vie personnelle le comportement addictif du « gallero ». ß 2014 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. ABSTRACT There are records of the cockfight that date back to 3000 BC; Cleopatra was known to be very fond of that distraction. Saint Augustine has expressed in glowing terms about the cock, and it is said that Hernan Cortez landed with his roosters when he arrived on Mexican shores. Despite its symbolic importance and psychopathology, the cockfight has remained outside the psychiatric gaze. Social addictions or without drug addiction are now being recognized and attention is paid to the problem of addictive gambling. The initial motivation for this work came from a patient who consulted for this problem. The purpose of this paper is to explore the experiential world of the patient through the phenomenological and existential analysis. It took the field observation to determine the psychosocial dynamics and atmosphere of the cockpit. Therefore, the description requires a mixture of idiographic and symbolic hermeneutics record, with a story halfway between literary narrative and scientific observation, in a text organized in linear sequences, but each sequence may contain temporal oscillations. We also correlate data from empirical observation with scientific findings of clinical research and neuroscience, as well as a postulate of ours, holding that mental illness is a loss of freedom and complexity, which is accompanied by an interlocking highly predictable behavior, triggered once, § Communication lue par le Docteur Jean Garrabe ´. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected]. 1 Membre associe ´e ´ tranger de la Socie ´te ´ me ´ dico-psychologique. Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.07.005 0003-4487/$ – see front matterß 2014 Publie ´ par Elsevier Masson SAS.

Le combat de coqs en tant que ludopathie addictive

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Annales Medico-Psychologiques 172 (2014) 552–557

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

Communications

Le combat de coqs en tant que ludopat

hie addictive§

The cockfight as addictive gambling

Carlos Rojas Malpica *,1

Departamento de Salud Mental, facultad de Ciencias de la Salud, universidad de Carabobo, Valencia, Venezuela

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article :

Disponible sur Internet le 27 aout 2014

Mots cles :

Addiction

Cas clinique

Histoire

Jeu pathologique

Keywords:

Addiction

Clinical case

History

Pathological gambling

R E S U M E

Il y a des mentions de combat de coqs qui datent de 3000 ans avant Jesus-Christ ; on sait que Cleopatre

fut grand amateur de cette distraction, que Saint Augustin parla en des termes elogieux du coq de

combat et l’on dit qu’Hernan Cortes debarqua avec ses coqs quand il arriva sur les cotes du Mexique.

Malgre sa grande importance symbolique et psychopathologique, le combat de coqs est reste hors du

regard psychiatrique. Ce n’est que maintenant que l’on commence a reconnaıtre les addictions sans

drogue ou addictions sociales et que l’on prete attention a la ludopathie addictive. L’origine du present

travail fut un patient qui consulta pour cette problematique. Cette communication se propose

d’explorer l’experience vitale du patient au moyen de la methode phenomenologique et l’analyse

existentielle. Une observation sur le terrain fut necessaire pour connaıtre la dynamique et l’atmosphere

psychosociale de la « gallera » (gallodrome). Par consequent, la description entremele le registre

idiographique et l’hermeneutique symbolique dans un recit a mi-chemin entre la narration litteraire et

l’observation scientifique dans un texte organise en sequences lineaires, meme si chacune d’elles peut

contenir des oscillations temporelles. On correle aussi les donnees de l’observation empirique avec

celles des decouvertes scientifiques de la recherche clinique et des neurosciences, ainsi qu’avec notre

postulat selon lequel il y a dans la maladie mentale une perte de la liberte et de la complexite qui

s’accompagne d’un enclavement en un comportement hautement previsible qui, une fois engage, ne

permet que peu de modifications. Nous l’avons, dans d’autres travaux, nomme maladie mentale en tant

qu’ananke. De la meme maniere, on met en evidence les composantes symboliques et anthro-

pologiques qui maintiennent dans l’histoire et dans la vie personnelle le comportement addictif du

« gallero ».

� 2014 Publie par Elsevier Masson SAS.

A B S T R A C T

There are records of the cockfight that date back to 3000 BC; Cleopatra was known to be very fond of

that distraction. Saint Augustine has expressed in glowing terms about the cock, and it is said that

Hernan Cortez landed with his roosters when he arrived on Mexican shores. Despite its symbolic

importance and psychopathology, the cockfight has remained outside the psychiatric gaze. Social

addictions or without drug addiction are now being recognized and attention is paid to the problem of

addictive gambling. The initial motivation for this work came from a patient who consulted for this

problem. The purpose of this paper is to explore the experiential world of the patient through the

phenomenological and existential analysis. It took the field observation to determine the psychosocial

dynamics and atmosphere of the cockpit. Therefore, the description requires a mixture of idiographic

and symbolic hermeneutics record, with a story halfway between literary narrative and scientific

observation, in a text organized in linear sequences, but each sequence may contain temporal

oscillations. We also correlate data from empirical observation with scientific findings of clinical

research and neuroscience, as well as a postulate of ours, holding that mental illness is a loss of freedom

and complexity, which is accompanied by an interlocking highly predictable behavior, triggered once,

§ Communication lue par le Docteur Jean Garrabe.

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] Membre associe etranger de la Societe medico-psychologique.

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.07.005

0003-4487/$ – see front matter� 2014 Publie par Elsevier Masson SAS.

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it leaves little scope for change, which in other studies, we call mental illness as Ananke. Similarly,

evidence is the symbolic and anthropological components that keep the history and personal life,

gallero addictive behavior.

� 2014 Published by Elsevier Masson SAS.

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1. Introduction

Les addictions ne sont pas des phenomenes anhistoriques. Ellesapparaissent a certains moments sociaux qui les promeuvent. Cesont des expressions d’un mal-etre qu’accommode la culture dechaque moment. La grande expansion de la consommation dedrogues dans les annees mille neuf cents soixante-dix du siecledernier s’inscrivait dans un profond rejet du systeme et de sesvaleurs, d’enormes desirs de liberte, le questionnement mondialsur la guerre du Vietnam et le surgissement de la culture hippie. Laliberte sexuelle et la fuite de la realite par le voyage psychedeliquefurent caracteristiques de ces moments. Vinrent ensuite la cultureconsumeriste et l’addiction aux achats, et l’on parle aujourd’hui descyberaddictions dans leurs diverses versions [23]. Mais en outre, lamaladie s’exprime non seulement par des signes, mais aussi pardes symptomes qui ont une importante charge symbolique [1,9].Que peut-on dire de l’addiction aux combats de coqs [14] avec unehistoire qui remonte aux temps bibliques ? Affirmons d’embleequ’elle a autant d’ancien que de contemporain, mais soulignonsd’emblee son enorme charge symbolique.

L’histoire des combats de coqs semble remonter tres loin dansl’histoire de l’humanite. Trois mille ans avant Jesus-Christ, Hebreuxet Pheniciens voyaient un art dans l’elevage de ces coqs. La belleCleopatre fut une eleveuse passionnee de coqs. On dit qu’HernanCortes descendit de sa nef en portant quelques coqs, de sorte que lapresence du coq de combat en Amerique remonte a l’instant memede l’arrivee des caravelles iberiques. Le sens de la demandeformulee par Socrate peu avant de mourir reste enigmatique :« Criton, nous devons un coq a l’Asclepiade. Paie ma dette et nel’oublie pas. »

Ramirez ecrit : « Saint Augustin lui-meme a ecrit sur les combatsde coqs, ce qui peut paraıtre in audit mais qui prouve qu’outre lalitterature, ils ont a voir avec la philosophie et la theologie. Noustrouvons le texte dans son traite De Ordine ou le plus docte desdocteurs de l’Eglise explique l’ordre de l’univers cree par Dieu, unordre qui n’est pas etranger a la ferocite avec laquelle les coqscombattent pour sauver leurs vies. Voici le texte : nous avons vudes coqs se preparer au combat [. . .] les tetes pretes pour la bataille,les cretes dressees, leurs attaques, les habiles evitements. Pureaction animale sans esprit et cependant, quelle habilite danschaque mouvement, parce qu’un esprit superieur agit en eux,ordonnant tout. A la fin, le doit du vainqueur, un corps tendu parl’orgueil du pouvoir. Et le rite de la defaite, les ailes tombantes,l’image diminuee ; le tout coıncidant de maniere etrange, et par sonharmonie avec l’ordre naturel des choses, beau. . . » [24].

On entend dans les llanos du Venezuela chanter les coqs danstoutes les basses-cours. Ce ne sont pas tous des coqs de combat,mais il y a dans beaucoup d’endroits a la campagne des enceintespour les combats, des « galleras ». Il y en a aussi a la peripherie desvilles. Il existe un texte sur l’histoire des combats de coqs auVenezuela [22], mais nous n’avons aucun souvenir d’un article depresse ecrite ou televisuelle consacre a explorer ce monde, malgreson immense richesse anthropologique et de ce qu’il peut revelersur des coutumes immergees dans l’histoire, la tradition sociale etsouvent excellemment decrites dans la litterature [30].

Dona Barbara, le roman magistral de Romulo Gallegos, contientla meilleure penetration sur l’anthropologie de l’habitant desllanos, le « llanero », de la litterature venezuelienne. Le heros duroman, Santos Luzardo, fait partie d’une lignee d’authentiques

« llaneros » qui remonte a trois generations avec Evaristo Luzardo,le « cunavichero ». Sa mere part avec Santos pour Caracas dans lebut d’interrompre la chaıne de rancœurs et d’homicides qu’ellevoyait venir depuis que son mari, Jose Luzardo, avait mis fin a la viede son fils Felix. Ce meurtre avait ete precede d’une tentative deparricide de la part de ce dernier pendant une discussion a proposde la guerre entre l’Espagne et les Etats-Unis a la fin du XIX

e siecle,chacun ayant pris le parti d’un des camps opposes. « Il faut etrestupide pour croire que les fabricants de saucisse de Chicagopourront nous vaincre. Livide et begayant de colere, Felix fit face :– Il se peut que les Espagnols triomphent mais ce que je ne peuxtolerer c’est que vous m’insultiez sans raison. Don Jose le devisagead’un regard meprisant et eclata de rire. Le fils perdit la tete et tira lerevolver qu’il portait a la ceinture. Le pere s’arreta de rire et sansque sa voix change, sans bouger de son siege, dit tranquillementavec fierte :– Tire ! Mais ne me rate pas car je te cloue dans le murd’un coup de lance ! » [16].

Santos vecut cette scene quand il avait quatorze ans. Il est tueulterieurement lors d’un combat de coqs. Des lors, Don Jose Luzardodecide de s’enfermer dans la piece ou avait eu lieu la premierealtercation jusqu’a ce que la mort arrive, regardant fixement lalance meurtriere qu’il a scellee au mur. « On t’apporte ici Felix, jeviens de le tuer » dit en arrivant don Jose pour lui confier le cadavrequ’il apporte sur le dos d’un cheval. Ainsi, la question œdipienneest posee au centre meme du roman, mais aussi la valeursymbolique du coq de combat.

Dans le recit Como Dios d’Antonio Marquez Salas [19], lepersonnage Alceo Jico etrangle le coq des que celui-ci commence aclaironner l’annonce d’un nouveau jour car il ne supporte plus lavie depuis la mort de son fils Autilo. Le theme du coq joue aussi unefonction centrale dans Le colonel n’a personne qui lui ecrive de GarciaMarquez et dans El gallo dorado de Juan Rulfo dont nous extrayonsles fragments suivants :

� «

. . . les prix sont comme le hasard. Ils tournent toujours dans laroue de la vie ; certains les recoivent, d’autres non. Et au centre decette roue ou l’on se trouve, tournent la vie, la mort, la sante, lamaladie, le hasard, l’infortune et le bonheur qui alternativementse rapprochent de nous. Mais seules sont inexorables, dans cetteespece de serpent qui se mord la queue, la vie et la mort. . . ; � « . . . Le coq blanc se revela lache. Mis en face de son adversaire

mais lache dans l’aire, il se refugia devant les premieres attaquesdu dore dans un des coins. La, il se tint la tete baissee et les ailestombantes comme s’il etait malade. Malgre tout, le coq dore allachercher le combat la ou se tenait le blanc, les plumes du coudressees et marchant d’un pas lourd autour de l’aire. Le lache serefugia encore plus contre la cloture traduisant encore plus sacouardise et plus que tout son desir de fuir. Mais en se voyantcerne par le coq de Chihuahua, il fit un saut pour essayer de sesauver des attaques du dore et il retomba sur l’echine chatoyantede son adversaire. Il bougea avec force ses ailes pour se mainteniren equilibre et finalement reussit en voulant se delivrer de lasituation dans laquelle il etait tombe, couper avec la lame fixee ason eperon une aile du dore ;

� « L’elegant coq de Chihuahua, boiteux, attaqua sans pitie

l’ebouriffe qui se retirait dans son coin a chaque assaut ens’envolant a chaque fois a moitie quand il allait etre cerne. Ainsi,une fois et une autre jusqu’a ce que, ne pouvant resister ausaignement de sa blessure, le dore cloua le bec, se couchant sur le

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sol de l’arene sans que le blanc fasse la moindre tentative pourl’attaquer ;

� « De cette facon, cet animal couard gagna le combat, ce que

proclama Dionisio Pinzon en criant : – Le combat a ete court ! Leplus fort perd ! – et il ajouta tout de suite : Ouuu-vrez lesportes ! » [26].

Mais le gallero Dioniso Pinzon etait superstitieux. Il etaitconvaincu que tant qu’il aurait a ses cotes la Caponera, chanteusede foire qui l’accompagna jusqu’a la fin de sa vie en tant que femmeet amulette, il ne perdrait pas un seul pari. Il gagna de l’argent etacheta des proprietes grace a sa chance. Mais au cours d’une nuitpassee a jouer aux cartes, il commenca a perdre contre un autreparieur, mais il ne pouvait pas le croire jusqu’a ce qu’il eut toutperdu. Il partit chercher la Caponera et la trouva morte. Il se tua ense tirant une balle dans la tete. Il sortit avant les urnes ou ildemanda a etre enterre avec sa femme. C’etait la seule chose qui luiappartenait car il ne l’avait pas pariee.

2. Les faits et la clinique

C’est a la suite de la consultation par un malade age de 40 ans,A.P., qui vient, accompagne de son epouse, une femme de 35 ans,ingenieur agronome, a qui A.P. n’a pas permis d’exercer saprofession, que nous avons ete motives pour entreprendre cetteetude. Le patient est ne en Colombie ; son pere lui a appris a eleveret a soigner des coqs de combat. Il est venu au Venezuela a 20 ans eta commence a travailler dans une entreprise d’aliments pouranimaux, dont le proprietaire, egalement fanatique des combats decoqs, maintient une gallera sur des terrains de l’entreprise. De toutesa vie, A.P. n’a pas travaille a autre chose, il beneficie d’un grandprestige, merite en tant qu’un des meilleurs galleros du Venezuela.D’autres amateurs le consultent souvent avant d’acheter des coqsdans d’autres pays, car leur cout peut varier de huit a dix milleeuros en Espagne et qu’il faut etre un veritable expert pour ne passe tromper dans l’achat. Certains meurent pendant le voyage, cequi augmente le risque de l’inversion. Si l’un des descendants serevele peureux ou lache, il est sacrifie avec ses freres. L’epoused’A.P. a exige qu’il consulte car il se montre tres jaloux et violent,boit de l’alcool souvent jusqu’a l’ivresse. Il a frappe d’autresaficionados qui portaient atteinte a son prestige ou a sa dignite : « Jene suis pas un tricheur et je ne vends pas des coqs peureux, jen’accepte pas que l’on dise du mal de moi dans mon dos. » Il estconscient qu’il doit changer de conduite et il reconnaıt avoircommis des exces. Et surtout, il souhaite ameliorer sa relationconjugale.

Alonso-Fernandez [2] a caracterise le syndrome addictif social apartir des traits nucleaires suivants :

� o

rganisation existentielle centree sur une appetence incontro-lable de l’objet addictif ; � c onduite possessive de l’objet au moyen d’un acte pulsionnel,

c’est-a-dire, realisation d’une pulsion avec un avant et un apres ;

� r ecompenses, positive vecue comme une autorealisation, nega-

tive sous forme de relaxation, accompagnees d’un renfortdopaminergique ;

� r epetition de la conduite pulsionnelle a des intervalles pas trop

eloignes (ete) ; effets negatifs sur l’individu et son environne-ment sociofamilial.

Cet auteur propose une matrice addictive avec des dimensionsphysiologiques, phenomenologiques et psychodynamiques de laplus grande importance.

Le jeu pathologique est decrit pour la premiere fois dansle DSM-III comme categorie nosographique. Les efforts pour

caracteriser la personnalite du joueur pathologique ont donne desresultats contradictoires, sans doute parce qu’il n’y a pas unepersonnalite homogene, mais des traits divers qui se presententchez divers sous-types de joueurs [12]. C’est a partir du DSM-III del’APA que l’on reconnaıt le jeu pathologique en tant qu’entiteclinique, c’est pourquoi aussi bien le DSM-III de l’APA que la CIE-1Ode l’OMS donne des criteres cliniques pour son diagnostic [27]. Onaccepte aussi des situations d’association et de comorbidite du jeupathologique avec les troubles du controle des impulsions, lestroubles de la personnalite, le trouble obsessionnel compulsif,l’abus d’alcool et d’autres substances [21]. Parmi les instrumentspour affiner le diagnostic, on peut mentionner le Temperament and

Character Inventory-Revised (TCI-R), avec une version espagnole quiexplore diverses formes d’impulsivite, The Wisconsin Card SortingTest (WCST) considere comme un test neurocognitif tres sensibleau dysfonctionnement du lobe frontal, le Trail Macking Test partiesA et B (TMT) qui est tres facile a appliquer, suivi visuel etconceptuel qui implique la rapidite visuelle-motrice, ainsi quel’attention et la capacite entre categories cognitives (set-shifting).Le Iowa Gambling Task (IGT), versions ABCD et EPGH, est uneepreuve a la sensibilite prouvee pour la mesure informatisee de larecompense et de la punition, tant immediates que differees, ce quiest tres important dans la structure pathologique du joueurpathologique. Il semble que les sujets avec des lesions de la regionprefrontale ventromediane ont de mauvais resultats dans les deuxversions [3]. Certains traits comme l’impulsivite et la recherchepermanente de systemes d’aide ont ete utilises en tant qu’indi-cateurs pronostiques [29].

Le coq est symbole de vie et de mort, d’espoir qui commenceavec la naissance du jour et de passion enragee de voir verser lesang de l’adversaire a coups de bec et d’ergots. Dans le cirque ducombat se livre une bataille a mort ; il y a la une transmutation del’homme au coq et du coq a l’homme. Coq/homme et homme/coqqui vont, en miroir, de l’arene aux gradins, etre pris par la fureur,l’un et l’autre abandonnant le raisonnement et les bons sentimentspour laisser libre cours a la debauche d’energie et de ragecaracteristique de l’energumene en qui s’est transforme le parieur.A chaque coup d’ergot, croıt la tension qui doit mettre fin a la vie duplus faible. Comme l’a ecrit Neruda : « Ses pattes enfoncees dansdes bottes jaunes/laissaient briller les ergots/et en haut/la tetesuperbe/couronnee de sang/gardait toute la posture de la statue del’orgueil » [20]. Il se produit durant le combat une sorte de criseentropique qui s’empare de tous les moyens personnels du gallero,provoquant un retrecissement du champ de la conscience avecperte significative de la capacite de controle et d’autocritique. Amesure que se deroule le combat, les paris augmentent, ainsi queles expressions violentes qui peuvent en arriver au defi et al’agression physique. Le tout survient au milieu des vapeurs del’alcool. Jadis les parieurs portaient une arme a la ceinture et l’onpouvait compter parmi eux quelques femmes. . . et les passionsgrandissaient a chaque coup de bec. Voici un poeme d’Igor Barretoou l’on voit l’atmosphere feroce dans laquelle vit le gallero :

« Antonio Jose Orasmas resta la/vetu de kaki/debout/sousl’arbousier/avec un fusil et des cartouchieres de cinquanteballes/et un couteau a manche de corne et un chapeau avec uneplume d’epervier dans le ruban. Et dans le ravin le plus proche, lespassagers d’un vapeur qui tendaient les mains vers la rive pourcueillir des fruits resterent immobiles dans une brume engourdie »[4].

Quand son coq est vaincu, il fait le meme cauchemar qui letrouble depuis l’enfance. Son pere avec une tete de coq luidemande : sauve-moi ! sauve-moi ! pendant qu’un aigle enormelui creve les yeux a coups de bec et qu’il emporte entre ses griffes latete, laissant le corps decapite dans une arene sentant le sangchaud et les ergots de coqs ; cet aigle a les memes yeux diaboliquesque le corbeau qui se mit a croasser sur le toit quand son frere

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Ramon mourut de la morve du cheval. . . Il se reveille en sueur,tremblant et asphyxie, demandant a sa femme de lui masser ladouleur dans le dos et se blottissant dans ses bras. Il eut desnausees pendant plusieurs jours car il sentait l’odeur nauseabondedes becs des coqs. Il ne voudra ni manger, ni frequenter la gallerapendant un temps. Il est tourmente par l’image de son coq sansdefense attendant avec un regard terrorise la mort. Mais il yretourne toujours. . . Il aura sa revanche et l’alcool et l’odeur desepis de maıs l’aideront a oublier de si mauvais moments. « Cettefois-ci, j’y vais avec le roux raye de noir. . . il a un piege dans lesergots. . . son pic sent l’eau-de-vie, il a de la rage dans les yeux. . .

son pere fut un champion qui mourut de vieillesse et avec ceci je neperds pas. . . j’ai la sensation que je vais gagner. . . ca ne ratejamais. »

La culture des combats de coqs peut contribuer a la formationd’un type d’homme « macho » qui se renforce et se nourrit a chaquerencontre. D’une certaine maniere, elle contribue a la constitutionet a l’affirmation d’un self porteur de valeurs et de stereotypescomportementaux qui sont tres estimes et valorises commeexpression de virilite dans certains milieux sociaux. D’ou lafabuleuse expansion du Moi vecue par le vainqueur du combat,exacerbee par le prestige aupres de ses pairs et par leur admirationaugmentee par les effluves ethyliques et qui s’articule, du point devue social, avec une structure symbolique du pouvoir. Tout celacorrespond du point de vue neurophysiologique a une augmenta-tion de l’activite dopaminergique dans les circuits du plaisir et de larecompense centres dans le nucleus accumbens et le circuitamygdalien. Rage, passion et exaltation du moi se situent en unlieu de jouissance place Au-dela du principe du plaisir dont parlaitFreud [15].

Le neurophysiologue francais Jean-Pierre Changeux [7] n’ignorepas les debats philosophiques autour de la conscience, du sujet etde l’epistemologie meme du savoir. Il rappelle que Kant a reflechisur le Moi et ses attributs, cependant que Lamarck parlait d’unesorte de sentiment interieur commun a l’homme et aux animaux.Pour Changeux, le cerveau et ses reseaux neuronaux fonctionnentcomme un systeme auto-organise, ouvert et motive, capable des’activer par lui-meme. Cette relative autonomie fonctionne dansun equilibre thermodynamique avec l’exterieur qui rappelle lecomportement des structures dissipatives de Prigogine. L’auteurpropose que la conscience donne acces au present, au passe et aufutur au moyen de processus cognitifs de simulation et desupervision. Au milieu se trouvent les representations globalesprealables qui s’activent selon chaque situation qui le demande,mais pas de maniere automatique, sinon que la connaissance estacquise indirectement, c’est-a-dire, selectionnee a partir desrepresentations prealables ou schemas preliminaires deja exis-tants dans le cerveau. Il est possible qu’une instrumentationneuronale de la conscience ne soit pas aussi saugrenue qu’elleparaıt. En etroite relation avec cette affirmation est la question desqualia, c’est-a-dire, des etats subjectifs propres a chaque personne.Le chercheur mexicain J.L. Diaz, dans son effort pour superposer lesarchitectures cognitive et cerebrale, propose que les liaisonsneuronales responsables des processus conscients se fassentcomme dans les Reseaux de Petri, ou les evenements se produisentselon une association stochastique en des rythmes divers dereiteration temporelle et avec diverses expressions qualitativesdans le domaine spatio-temporel. La stochastique parvient aproduire des proprietes emergentes a travers des processus hyper-complexes, multidimensionnels, impossibles a reproduire par unordinateur, qui voyagent a travers le cerveau en coordonnant demultiples mecanismes de traitement de l’information sans lesquelsseraient impossibles la conscience et le comportement organise.Gerald Edelman [10,11] mentionne des zones conceptuellesproches de celles des auteurs deja cites. La reconnaissance duMoi, la conception complexe de la memoire et les phenomenes

stochastiques sont deja presents dans sa theorie selective desgroupes neuronaux qu’il developpe depuis 1978. Pour lui, lescaracteristiques de l’experience consciente sont l’integration, lacoherence, la differentiation (complexite), l’information (reductionde l’incertitude), la possibilite d’apprentissage et les reponsesrapides [13]. L’abondante production des neurosciences vise a laratification du sujet, de la singularite de sa vie mentale et de saconscience. La complexite et la diversite des processus stochas-tiques des evenements cerebraux et extra-cerebraux quiconduisent a la conscience ont ete confirmees par les auteursanterieurement cites. C’est le scolastique qui donne plasticite etfraıcheur au comportement sain. Il semble legitime d’etudier lasante et la maladie mentale a la lumiere d’une theorie de la liberte,comme l’a fait Alonso-Fernandez [2] et comme l’a propose Henri Eyen son temps. Il y a dans l’intimite biologique, un balancemententre le stochastique et l’anankastique (nous entendons ici paranankastique non pas au sens conventionnel en psychopathologiemais dans le sens grec originel, c’est-a-dire, ce qui se produitirremediablement par la necessite forcee de la physis, comme lesquatre saisons dans les zones temperees de la terre ou certainesregularites biologiques necessaires a la vie) [18]. Le chaos est unepart importante de la vie mentale, comme la mineralisation et latres haute predictibilite du comportement le sont de la maladiementale.

Pendant ce temps, le processus par lequel le parieur addict estpris par ce processus gigantesque qui le mene inexorablement aucombat de coqs paraıt etre dirige depuis un lieu de fonctionnementanachronique de la physis ; l’alteration de l’inhibition de la reponseet l’attribution emergente ou saillante (The Impaired Response

Inhibition and Salience Attribution) (I-RISA) dans le modele deGoldstein et Volkow (2002) definissent la pharmacodependancecomme un processus cognitif et emotionnel associe a un doubleprocessus de survalorisation des recompenses de la drogue et desous-valorisation des renforcements naturels, due a une dysregu-lation limbique accompagnee de deficits inhibiteurs par deteriora-tion prefrontale (deficience d’inhibition de la reponse) [17]. Parconsequent, l’usage compulsif de drogues serait les resultats deprocessus de reflexion mal developpes qui necessitent l’integritede la region prefrontale du cerveau, indispensable pour la fonctiond’execution, prise par un processus rapide d’impulsion motiva-tionnelle, qui part de l’amygdale, entre autres regions [8]. Dansnotre cas, bien qu’il ne s’agisse pas d’une addiction a une substancedeterminee, il y a bien une dependance a un objet addictif qui, de lameme maniere, annule la possibilite du controle qui permetd’evaluer et de conduire le comportement du sujet dans le jeupathologique. Schmaal et al., etudiant avec des techniques deResonance Magnetique par Spectroscopie (H MRS) et ResonanceMagnetique Fonctionnelle au repos (Resting State functionnal MRI(rs-fMRI), ont trouve des differences interessantes entre des sujetsavec un bas controle des impulsions et une faible capacite a differerles recompenses et un groupe temoin. Les resultats ont montre quel’incapacite a differer les recompenses etait associee tant avec leshautes concentrations du glutamate qu’avec la connectivite de laregion dorsale du cortex du cingulum central (en etat de reposfonctionnel) avec la zone mediane du cerveau y compris l’aire dutegmentum ventral et la substance noire, ce qui facilite le passagedu moment conatif de l’impulsion a sa conversion en conduiteexternalisee [28]. Pendant ce temps, le cortex prefrontal restesilencieux et le processus regulateur de la metacognition devientimpossible.

3. Conclusion

Le cerveau ne travaille pas seul. C’est un organe incomplet qui abesoin d’apports : proprioceptifs pour assurer la marche, la station

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et l’equilibre, visceroceptifs pour faire fonctionner la grandecomplexite des organes et des systemes, ainsi que de l’informationsensorielle qui lui parvient au moyen des sens et qui le met enrelation avec l’exterieur. Ce sont des signaux et quelques fois dessignes indispensables pour le fonctionnement organique. Mais lelangage humain requiert en outre des symboles capables d’activerde multiples systemes de significations et de generer des conduitestres complexes. Bartra a nomme ce courant de signification « exo-cerveau », car il assure et complete des fonctions similaires ducerveau dans l’ordre, indispensables pour le processus deconscience et noetique [5]. « Les symboles reunissent de l’affect,de l’emotivite, des traits de l’inconscient, de la libido et meme desarchetypes humains fondamentaux, ainsi que des significationsreligieuses [. . .]. C’est le signe le plus riche en signification, le pluscharge en contenu, que l’on interprete et dont le signifie ne s’epuisepas qui n’epuise [. . .], il est bifront [. . .], il a une face naturelle et uneautre culturelle [. . .], une de ses formes est le mythe [. . .], il requiertune hermeneutique speciale, symbolique et analogique, pouretudier son contenu » [6]. Dans le cas que nous etudions, le symboledu coq organise sa structure existentielle et convoque lesmecanismes neurobiologiques de l’addiction.

Les theoriciens qui etudient les relations entre chaos et santeproposent, a l’inverse de ce l’on a pense jusqu’a present, qu’il y adans la sante un haut degre d’incertitude, de meme qu’une absencede variabilite et de chaos physiologique et comportementalconduit a une mineralisation des possibilites d’existence avecdes emergences autrement previsibles qui, dans l’ensemble,correspondent a ce que dans d’autres articles nous avons nommela maladie mentale comme ananke [25].

Declaration d’interets

L’auteur declare ne pas avoir de conflits d’interets en relationavec cet article.

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Discussion

Dr Veyrat.– Cette communication m’evoque immediatementdeux films : un film de Claire Denis dont le titre est S’en fout la mort

(le nom du coq vedette d’un des protagonistes) dans lequel deuxbandes rivales – gitanes et africaines – se livrent des combats tresrentables par les paris, dans un sous-sol sordide pres de Rungis. Leheros y meurt dans une bagarre, comme son « champion » ; un filmdu Mexicain Arturo Ripstein, L’Empire de la fortune, ou le herossoigne son coq de combat blesse et part faire fortune ailleurs (cequi est d’ailleurs a rapprocher de l’importance des « piqures » dansla presque totalite des films de ce realisateur). Notons l’importancevitale de ces combats dans ces films, visant une population pauvre,et leur violence, comme il a ete dit dans cette communication.

Pr J.-M. Vanelle.– Le parallele a ete fait entre combat de coqs ettauromachie. Meme si certains points rapprochent ces spectaclesdu cote de l’assistance, du public, force est de reconnaıtre que la

confrontation de l’homme a l’animal paraıt plus « loyale » dans lacorrida. Dans son ouvrage Le Chaos et la nuit, Henry de Montherlantfaisait d’ailleurs de ce constat une metaphore de notre existence.Qu’en pensez-vous ?

De meme, quelle analyse societale faire du combat de chiensobserve dans nos banlieues ?

Dr D. Tesu-Rollier.– Existe-t-il une connotation thymique dans lecombat de coqs et surtout chez les perdants au cours de cescombats, ou encore une connotation depressive, voire suicidaire ?

Reponse du rapporteur, le Dr J. Garrabe.– Au Dr Veyrat : Lescombats de coqs ont en effet inspire de nombreux cineastes de tousles pays et pas seulement les Mexicains. On peut citer MichaelCimino qui, dans Heaven’s Gate (La porte du paradis), a tourne unescene impressionnante que l’on a pu voir recemment a Paris dans laversion restauree de ce film qui avait ete un echec commercial lors

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de sa sortie en 1980. Le roman de l’ecrivain mexicain Juan Rulfo El

gallo de oro etait au depart un scenario.Au Pr J.-M. Vanelle.– Si ce parallele entre la corrida et le combat

de coqs a ete fait, il est certain que dans la premiere, le toreroaffronte directement la mort que peut lui donner l’animal qu’il

DOI de l’article original :http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.07.005

0003-4487/$ – see front matter

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.07.006

combat, alors que dans le second, les hommes s’affrontent parl’intermediaire de leurs animaux.

Au Dr Tesu-Rollier.– Le proprietaire du coq vaincu risque dereagir, plutot que par une thymie depressive, par le desir de vouloirle venger en tuant le proprietaire du vainqueur.