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Le Comité organisateur - CSOB Le...R. Marie-Ève Arcand R. Lyne Ringuette R. Denyse Leduc R. Claudine Levesque Aux enseignantes et enseignants de français et d’arts plastiques

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Le Comité organisateur

Isabelle Langlais, enseignante

Mélanie Francoeur, enseignante

R. Denyse Leduc, Club Richelieu Fontaine

Christian Landry, directeur adjoint

Josée Lacasse, secrétaire

Les membres du jury

R. Diane Comeau

R. Sylvie Lafontaine

R. Mirenda Fillion

R. Sonia Lefebvre

R. Marie-Ève Arcand

R. Lyne Ringuette

R. Denyse Leduc

R. Claudine Levesque

Aux enseignantes et enseignants de français

et d’arts plastiques

Merci pour votre contribution à la promotion de cette activité.

Veuillez considérer que les textes sont écrits par des élèves du secondaire.

Leur façon d’écrire est celle de jeunes qui sont en apprentissage.

Nous avons voulu respecter le plus fidèlement possible leurs textes, tels qu’ils les ont écrits.

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La Plume Fontaine 2015-2016 3

Mot de la présidente du Club Richelieu-Fontaine

’est avec grand plaisir que le Club Richelieu-Fontaine renouvelle son

mandat de promouvoir l’utilisation correcte du français auprès des

étudiants de la polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or.

Par le biais du concours d’écriture La Plume Fontaine, les étudiants sont invités à

exposer leur talent d’auteur. Chaque année, nous découvrons de très beaux textes.

Depuis plus de 25 ans, le Club Richelieu-Fontaine de concert avec les professeurs

de français et la direction de la polyvalente Le Carrefour s’implique à faire rayonner

le français tout en suscitant la créativité des étudiants. Nous souhaitons ainsi

contribuer à développer leur goût pour la lecture et l’écriture.

Félicitations et merci à tous les participants. Merci aux professeurs de français et

d’arts plastiques.

Bonne lecture!

Denise Leduc Présidente Club Richelieu-Fontaine de Val-d’Or

C

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La Plume Fontaine 2015-2016 4

Mot du directeur adjoint du Carrefour

’est avec un grand plaisir que nous vous partageons pour une 22e année

consécutive le fruit de l’expression littéraire des lauréats du concours

d’écriture La Plume Fontaine.

C’est un très grand plaisir de voir année après année autant de jeunes vouloir

partager leur œuvre et leur créativité.

Dans cette édition, les jeunes auteurs avaient le défi d’inclure dans leur texte une

expression usuelle incluant un des mots suivants : encre, mot ou lettre. Encore

une fois, vous serez épatés par leur créativité, leur sensibilité et leur plume

extraordinaire. Une édition qui ne vous laissera pas sans mot…

Bravo à tous nos lauréats de cette 22e édition et un grand merci aux membres du

Club Richelieu Fontaine de soutenir le concours depuis les tout débuts.

Je vous laisse donc le plaisir de lire les œuvres de nos jeunes écrivains… toute

l’encre versée ne doit pas rester lettre morte!

Bonne lecture,

Christian Landry Directeur adjoint Polyvalente le Carrefour

C

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La Plume Fontaine 2015-2016 5

Mot de l’enseignante responsable

e concours Plume Fontaine est l’occasion pour les jeunes d’écrire ce qu’ils

ont réellement le goût d’écrire. Encore une fois cette année, plusieurs

élèves se sont réunis pour participer à cet après-midi d’écriture. Cette

année, les élèves devaient écrire un texte littéraire avec une expression contenant

le ou les mots LETTRE, ENCRE OU MOT.

Nous pouvons vous dire que cette journée-là, beaucoup d’encre a coulé, que les

mots ont tourné et que les lettres ont dansé. Environ 150 élèves ont tenté de

se distinguer. Le mystère, le bonheur et les émotions ont transpercé les textes de

chacun. L’imaginaire de tous a voyagé à travers les feuilles de papier.

Alors, chers lecteurs, nous vous laissons découvrir l’univers des élèves qui ont su se

faire remarquer.

Isabelle Langlais

Enseignante Mélanie Francoeur

Co-responsable du projet Plume-Fontaine Co-responsable du projet Plume-Fontaine

L

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Illustrations gagnantes

Illustration page titre

par Samantha Giroux 4e secondaire

Illustration page 7

par Amigaelle Paquette 5e secondaire

Illustration page 18

par Pascale Labranche 5e secondaire

Illustration page 28

par Patricia Morin 5e secondaire

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Textes gagnants

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Premières positions

Plateforme

par Daphnée Michaud 1re secondaire

Presque immortel par Charlotte Goulet-Poulin

2e secondaire

Toi

par Valérie Létourneau

3e secondaire

Le journal du suicide

par Katherine Leclair 5e secondaire

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La Plume Fontaine 2015-2016 10

Plateforme par Daphnée Michaud

1re secondaire

éa se réveilla et s’extirpa de son lit. Aujourd’hui,

c’était un jour qu’elle n’appréciait pas. C’était le jour

du héros Élias, celui qui avait sauvé tout le monde. C’est lui

qui avait construit le dôme où le reste de la population qui

avait survécu à l’explosion nucléaire qui avait ravagé la Terre

il y a cinquante ans. Maintenant, l’entière population était dans

une bulle sous l’eau.

Béa descendit en bas pour prendre son déjeuner. Elle prit un bol

de céréales et alla s’asseoir dans la salle à manger avec ses

parents. Une fois fini, elle mit son bol dans l’évier et alla se

préparer. Une quinzaine de minutes plus tard, elle redescendit

attendre ses parents dans l’entrée. L’avant-midi se déroula

commes les autres avant-midis du dimanche. Aller au monument

dédié à Elias, assister à la cérémonie en son honneur et puis

rentrer chez soi.

Une fois rentrée, Béa alla directement dans sa chambre se changer

en pyjama pour profiter du reste de sa matinée. Après s’être

changée, elle prit son livre et se coucha sur son lit. Quand elle

ouvrit son livre, elle se fit déjà déranger par des chuchotements

provenant de l’extérieur. Elle soupira et se laissa guider par

les chuchotements. Ceux-ci l’amenèrent sur son balcon. Béa

découvrit son meilleur ami en bas de celui-ci.

- Isaac! Qu’est-ce que tu fais ici? demanda-t-elle.

- Il faut qu’on se parle, descends, dit Isaac.

Elle retourna dans sa chambre et se changea en jeans et en

t-shirt. Béa prit ensuite son téléphone et descendit les marches.

Elle mit ses chaussures et sortit voir Isaac qui était sur le

trottoir devant chez elle. Elle lui adressa un grand sourire et

alla le rejoindre.

B’

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La Plume Fontaine 2015-2016 11

- On y va, dit Isaac d’un ton joyeux.

Béa hocha la tête et ils se dirigèrent vers le bois proche de

chez elle. Rendus à la cabane qu’ils avaient construite étant

jeunes, les deux adolescents allèrent s’asseoir sur le toit pour

parler.

- Tu ne trouves pas que la Plateforme s’est agrandi?

Commença Isaac.

- Oui. Est-ce que tu penses qu’on pourra bientôt sortir?

- Je ne sais pas.

Ils continuèrent à parler et élaborèrent un plan.

Depuis quelques années, Béa et Isaac s’intéressaient à une grosse

plaque rocheuse au-dessus du dôme et depuis peu, ils avaient

découvert une sortie.

Une semaine plus tard…

Comme tous les dimanches, les familles allèrent à la cérémonie.

Depuis leur discussion, Béa et Isaac sentaient que c’était cette

semaine qu’ils allaient sortir, mais un petit ou plutôt un gros

problème les inquiétaient. Un gros requin se promenait.

Les familles s’installèrent dans le monument peu à peu. Quand

tout le monde fut assis, la cérémonie commença. Béa stressait au

plus haut point. Elle voyait le requin par la vitre du monument.

Elle et Isaac se lançaient des regards. Tout à coup, le requin

percuta le dôme. Tout le monde se fit un sang d’encre. Pendant ce

temps, Béa et Isaac passèrent à l’action. Ils firent évacuer tout

le monde par la porte de la bulle. Tout le monde se dépêcha à

monter les marches. Petit à petit, les personnes découvrir un

nouveau monde. Une fois tout le monde en haut, sain et sauf, Béa

alla vers Isaac et lui dit :

- Une nouvelle vie commence.

Puis, la bulle éclata.

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La Plume Fontaine 2015-2016 12

Presque immortel par Charlotte Goulet-Poulin

2e secondaire

e me réveille un bon matin. J’ouvre lentement les yeux, un à

un. J’étire tranquillement tous les muscles de mon corps et

appelé pour mon déjeuner, je m’extirpe de mon lit douillet tout

en me léchant les babines. Mon déjeuner, identique à celui

d’hier, est toujours un régal. Je passe donc la journée à faire

cette routine : manger, dormir et parfois boire.

Après cette journée paisible pleine de repos, je décide d’aller

faire une promenade dehors, aux alentours de 23 heures. Pendant

le chemin du retour, je passe par la ruelle pour rentrer chez

moi.

À peu près au milieu de celle-ci, j’aperçois malencontreusement

un groupe s’approcher de moi. Méfiant, je fais demi-tour, mais

l’autre moitié m’attendait de ce côté. Ils s’approchent

dangereusement, puis m’attaquent sans aucune pitié dans les yeux.

J’ai peur. Je me défends comme je le peux, mais seul contre cinq,

ça devient de moins en moins évident : j’essaie de peine et de

misère de les blesser avec des coups ou encore de fortes

égratignures. Les minutes s’écoulent. J’ai mal. Je me fais un

sang d’encre pour ma vie. Je n’ai plus de forces, je suis faible.

Ils m’ont abattu : je me vide de mon sang. Je baigne même dans

celui-ci. Les yeux mi-clos, je souris. Je souris, car je me dis

que sur neuf, il me reste encore huit vies.

J

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La Plume Fontaine 2015-2016 13

Toi par Valérie Létourneau

3e secondaire

’ai toujours cru qu’à la fin, j’allais accueillir la mort

avec tranquillité. Je m’imaginais m’éteindre sereinement dans

tes bras. Te sentir près de moi m’aurait réconforté.

Pourtant, comme cela est arrivé trop souvent dans ma vie, rien ne

se passe comme je l’avais prévu. Tu m’as laissé ici sans un

regard d’adieu. À quelques secondes de ma fin, je repense à ma

vie avec toi.

Mes premiers souvenirs remontent à la nuit où tu m’as trouvé.

J’errais, perdu, dans un dépotoir. Quand je t’ai aperçu, j’ai cru

mourir de peur. Tu étais si grand! Mais, la faim qui me torturait

a pris le dessus sur ma panique quand j’ai senti une délicieuse

odeur émaner de ton sac. Tu m’as nourri et offert ce que je

n’avais jamais eu : de l’amour. J’ai alors compris que ma crainte

était injustifiée. Ton grand corps ne servait qu’à contenir toute

la gentillesse du monde. Tu m’as ramené chez toi et élevé comme

un fils pendant toutes ces années. J’adorais quand tu m’amenais

au parc et que tu me laissais me faire des nouveaux amis, mais ce

que je préférais, c’était nos moments à tous les deux. Quand tu

n’arrivais pas à dormir, occupé par de sombres pensées, tu

m’amenais prendre de longues marches dans la nuit d’encre. À

notre retour, tes problèmes semblaient disparus et tu dormais

profondément. Tout allait pour le mieux et je n’aurais pu être

plus heureux. Et puis, un jour, notre petit monde a été

chamboulé. Tu m’as fait marcher jusqu’au parc, comme à tous les

jours. Il y avait plus d’enfants qu’à l’habitude, ce qui m’a

rendu agité. Plus de nouveaux copains! Je m’amusais comme un fou

et tout allait bien jusqu’à ce que j’agrippe la jambe de l’un des

ces enfants. J’étais si joyeux que je l’ai serré fort, trop fort.

Le goût métallique du sang s’est répandu dans ma bouche au moment

où le gamin a hurlé. Ce n’était qu’un jeu. Je ne voulais pas le

J

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La Plume Fontaine 2015-2016 14

blesser, mais le mal était fait. Tu m’as pris par le cou tandis

que d’autres personnes accouraient vers le blessé. Sa jambe était

creusée de profonds sillons laissés par mes crocs. Autour du

membre blessé s’étalait une flaque de sang. Tu m’as ramené à la

maison d’où nous ne sommes pas pas sortis pendant plusieurs

jours. Tu ne voulais plus jouer ou sortir la nuit.

Au terme de ces sombres journées, tu m’as finalement accordé de

l’attention. Tu as déposé un baisé sur mon front et m’as amené

prendre une marche. Nous nous sommes arrêtés devant un bâtiment

tout blanc. Une femme en est sortie et m’a pris par le cou pour

me tirer à l’intérieur. Inquiet, j’ai voulu te regarder, mais tu

as détourné les yeux. Tu es reparti sans m’accorder un dernier

regard. Je me suis senti terriblement seul, comme si une partie

de moi avait disparu avec toi. La femme m’a trainé dans une pièce

étrange où régnait une écoeurante odeur de propreté. Elle a

planté une seringue dans mon cou puis le monde a commencé à

tourner.

Au terme de ma vie, mon seul regret est de ne pas avoir pu te

dire à quel point je t’ai aimé.

Adieu, humain!

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La Plume Fontaine 2015-2016 15

Le journal du suicide par Katherine Leclair

5e secondaire

‘homme est foncièrement méchant. C’est un fait. L’histoire le

prouve encore et encore. Il a continuellement le besoin de se

sentir supérieur, souvent au détriment d’une victime, que ce soit

un nègre, une femme ou un animal sans défense.

Je suis une victime. Seule, sans défense et complètement

impuissante face à cette masse liguée contre moi.

Il s’agit là d’un autre défaut de l’homme. Cette habitude de se

ranger aveuglément derrière celui qui parle le plus fort, celui

qui semble dominer, qu’il soit bon ou mauvais.

J’ai décidé de ne pas nommer qui que ce soit dans ce dernier

témoignage. Ils se reconnaitront bien. Si ce n’est pas le cas, il

n’y a plus rien à faire pour eux. Alors, voici mon dernier écrit,

mon témoignage du pouvoir des mots.

Voilà 468 jours, soit 1 an, 3 mois et 12 jours que tout a

commencé. Je le sais, c’était le jour de mon anniversaire. Pour

l’occasion, ma mère avait eu la gentillesse de quitter le bureau

pour m’apporter un gâteau à l’école. Ce geste, que j’avais trouvé

tellement gentil, est pourtant devenu le prétexte des autres pour

s’en prendre à moi. Je suis devenue « la petite fille à sa

maman », « bébé Suzi » ou encore la « no-friends girl ». Il ne

s’agissait que de petits surnoms au départ.

Puis les choses ont commencé à dégénérer. Ils se sont mis à

raconter des histoires, à me créer une vie remplie de drames

outrants. Ma mère avait-elle fait cela pour compenser le fait

qu’elle était alcoolique? Ou encore parce que mon père était en

prison pour trafic de drogue? Ma mère devait être battue, peut-

être que moi aussi. Un jour, j’ai entendu quelqu’un dire que le

fait que je sois battue pourrait expliquer mon visage. Celle-là

L

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La Plume Fontaine 2015-2016 16

m’a fait mal, vraiment. L’hilarité générale qui a suivi encore

plus.

Pour la première fois, je me suis détestée profondément. Chaque

jour était une épreuve atroce. Chaque insulte était comme mille

gifles. Chaque larme était une partie de moi qui mourrait à petit

feu.

Le temps avançait et leurs attaques empiraient. M’insulter ne

suffisait plus. Il leur fallait quelque chose de plus gratifiant.

Ils se mirent à me bousculer, à faire tomber mes livres, à

barbouiller des obscénités sur mon casier. C’est là que je me

suis mise à me cacher. Les toilettes et les dernières rangées de

la bibliothèque étaient mes seuls refuges.

En permanence, j’étais dans un état d’angoisse et de terreur. Les

larmes et la solitude étaient devenues mon quotidien. Pourtant,

on me forçait à revenir à l’école. Même le système d’éducation

était contre moi. Je me haïssais un peu plus chaque jour.

Pourquoi fallait-il que je vienne au monde ainsi? Pourquoi

n’étais-je pas jolie et populaire? Pourquoi étais-je aussi

stupide?

On parle d’intimidation à tout va. On le publicise, on dit qu’il

y a toujours de l’aide disponible. Mais ces gens, ces maudits

adultes, ne sont d’aucune aide, ils n’y comprennent rien! Il ne

suffit pas d’en parler pour que tout cesse! Il n’y a aucune

solution, aucune issue! Une fois qu’on est ciblé, une fois qu’ils

ont réussi à s’armer contre vous, c’est fini!

Fini

J’ai toujours cru que la vie consistait en une succession

d’épreuves visant à tester notre vivacité, notre désir à demeurer

en ce triste monde. Certains disent que Dieu n’envoie les plus

grandes batailles qu’à ses meilleurs soldats.

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La Plume Fontaine 2015-2016 17

Je n’ai jamais cru en Dieu. En fait, il y a longtemps que j’ai

cessé de croire en Dieu. En fait, il y a longtemps que j’ai cessé

de croire en quoi que ce soit.

468 jours. Pas un de plus. C’est ici que je m’arrête. Je n’en

peux plus, je ne peux plus vivre avec moi-même.

Ces mots étaient mes derniers.

Puisse ma mort vous faire réaliser tout le pouvoir des mots.

Suzie Hammer

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Deuxièmes positions

Où sont-ils?

par Léa Bolduc 1re secondaire

Encre sympathique

par Myriam Béland 2e secondaire

Lettre à maman

par Justine Mongrain Petit 3e secondaire

Le survivant

par Félix Auclair 4e secondaire

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La Plume Fontaine 2015-2016 20

Où sont-ils? par Léa Bolduc

1re secondaire

e me demande pourquoi tante Isabelle pleure comme ça.

Pourquoi sommes-nous ici? C’est si triste dans cette pièce.

Pourquoi personne n’est heureux ici? Voilà ce que Marie-Soleil, 6

ans se demande depuis presque 1 h 30 maintenant.

Tantôt, tante Isabelle et moi étions chez une de ses amies, Lili-

Rose. Je m’amusais bien avec sa fille. Nous jouions avec ses

poupées et nous faisions du bricolage. Tout à coup, tante

Isabelle reçut un appel. Elle n’eut même pas le temps de

raccrocher qu’elle me dit de m’habiller et d’entrer dans la

voiture tout de suite. Elle avait vraiment l’air inquiète.

Après quelques minutes de route, tante Isabelle se mit à pleurer.

Ne sachant pas pourquoi elle pleurait, je lui demandai :

- Tante Isabelle, pourquoi es-tu triste?

Ne répondant pas tout de suite, elle se mit à sécher ses larmes

et me dit alors :

- Pour rien Marie-Soleil, tout va bien aller.

Je ne comprenais pas trop ce qu’elle voulait dire. Qu’est-ce que

signifiait « tout va bien aller »? Je me rendis alors compte que

ce n’était pas le bon temps pour poser des questions.

Il est 15 h 47 et ça fait maintenant exactement 1 h 30 que tante

Isabelle et moi sommes arrivées dans cette pièce et que nous

attendons. Qu’est-ce que nous attendons? Je n’en sais rien.

Soudain, je me souviens qu’à 14 h 30, maman, papa et ma grande

sœur Ariane étaient supposés venir me chercher chez Lili-Rose.

Mais où sont-ils? Je demande alors à tante Isabelle :

J

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La Plume Fontaine 2015-2016 21

- Est-ce que maman, papa et Ariane savent que nous sommes

ici?

- Non, me répond-elle.

À ce moment, j’ai une idée. Peut-être qu’ils sont allés faire un

tour de licorne. Même si ma grande sœur me dit souvent que ça

n’existe pas (elle a tort), je sais que ça lui plairait bien.

Non, c’est impossible, s’ils avaient eu la chance de faire un

tour de licorne, ils n’y seraient pas allés sans moi.

Peut-être aussi qu’ils ont rencontré un loup-garou en chemin et

que papa a dû utiliser toute sa force pour le combattre et

protéger maman et Ariane. Ça leur aurait pris plus de temps pour

arriver. Ils auraient aussi dû arrêter à la crèmerie pour que

papa mange une crème glacée et reprenne des forces. Non, ça ne se

peut pas, ils ne seraient jamais allés à la crèmerie sans moi,

surtout quand la saveur du jour est banane.

Ne sachant vraiment pas où est ma famille, je demande à tante

Isabelle :

- Pourquoi maman, papa et Ariane ne sont pas là?

- Tu sais Marie-Soleil, parfois, les gens qu’on aime nous

quittent pour toujours. Ta famille a eu un accident. Moi

aussi je suis sans mot, mais quoiqu’il arrive…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’on entendit :

- Bip! Bip! Bip!

- Docteur, venez vite! Son cœur ne bat plus…

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La Plume Fontaine 2015-2016 22

Encre sympathique par Myriam Béland

2e secondaire

n beau jour d’été, dans une petite ville, une vieille femme

nommée Anne était assise comme à son habitude sur sa chaise

berçante située sur sa galerie. Elle vit alors le facteur qui la

salua et lui donna une lettre.

Anne la prit et lorsqu’elle vit le nom inscrit dessus, elle fut

très surprise, car il s’agissait de son ancienne amie d’enfance,

Sarah. La vieille dame ouvrit impatiemment la lettre, mais fut

déçue lorsqu’elle vit une feuille blanche. Elle l’observa en

espérant trouver au moins un seul mot, mais il n’y avait rien. La

femme âgée mit cette dernière au recyclage en se disant qu’il

s’agissait d’une blague de mauvais goût.

Anne était une vieille femme un peu seule, mais heureusement,

elle recevait régulièrement la visite de sa petite-fille. Une

semaine plus tard, lorsque celle-ci arriva, elle demanda à sa

grand-mère de lui faire de la limonade, car il faisait chaud

dehors et la recette de sa mamie était la meilleure. Anne se mit

alors au travail. Tandis qu’elle pressait des citrons, elle se

souvint qu’à l’époque, avec Sarah, elles s’échangeaient des

messages secrets écrits avec différentes substances qui

produisaient une encre invisible et qui se dévoilait avec la

chaleur d’une bougie allumée. Le jus de citron donnait une

écriture brunâtre, le vinaigre, une écriture rouge et le jus de

cerise, une écriture verte. Elles avaient fait des expériences

avec plein de produits.

Soudain, Anne pensa à la lettre qu’elle avait reçue la semaine

dernière. Elle alla la chercher dans le bac de recyclage et

pleine d’espoir, mit une flamme de bougie sous le papier. C’est

alors que le texte caché apparut. Le message était le suivant :

U

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La Plume Fontaine 2015-2016 23

« Bonjour Anne! Cela fait si longtemps que nous nous sommes

parlé. Je me demande combien de temps il t’a fallu pour

comprendre que j’ai écrit à l’aide d’encre invisible. Même après

tout ce temps, je savais que notre amitié n’aurait pas changé. Tu

me manques énormément, c’est pourquoi je t’écris cette lettre.

Pour moi, notre amitié est la chose la plus importante au monde.

J’ai décidé que j’irais te rendre visite dans environ deux

semaines, car tu sais que j’habite loin et que le voyage pour te

voir sera long. J’ai hâte de te voir. De ta meilleure amie

Sarah ».

Anne referma la lettre, émue, quand sa petite-fille vint la voir.

Elle lui demanda des informations sur la lettre et la vieille

femme lui expliqua l’importance de la véritable amitié. La grand-

mère lui montra comment écrire à l’encre invisible. La fillette

lui demande le nom de cette technique et Anne lui répondit :

« C’est l’encre sympathique ».

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La Plume Fontaine 2015-2016 24

Lettre à maman par Justine Mongrain Petit

3e secondaire

hère maman,

Il est devenu fréquent pour moi de t’écrire des lettres comme

celle-ci. J’ai demandé à papa pourquoi tu ne me répondais pas. Il

m’a dit que c’était parce que tu étais partie loin. Trop loin

pour pouvoir me dire les mots « Je t’aime ».

J’ai de bonnes nouvelles maman! Le médecin a appelé papa ce

matin. Il s’est mis à pleurer. J’ai alors pensé qu’il était

heureux de la nouvelle. J’étais tout excité de savoir ce qui se

passait alors j’ai demandé à papa de m’expliquer. Il m’a

seulement dit : « Alex, tu pourras bientôt revoir maman ».

J’étais tellement heureux maman! Je vais enfin pouvoir te voir!

Cela faisait si longtemps! Je ne t’ai plus vu depuis l’accident

de voiture l’an dernier. J’ai oublié la douceur de ton sourire,

la chaleur de ta voix et le réconfort de tes câlins.

Heureusement, nous nous verrons sous peu.

Mon anniversaire est dans exactement 2 mois. J’aurai enfin mes 7

ans! J’aime beaucoup papa, mais je voudrais passer cette fête

avec toi. Peut-être que l’an prochain, nous pourrons la fêter

tous ensemble!

Tu sais maman, il y a quelque temps, j’ai passé une soirée à

regarder les étoiles avec papa. On a même vu une étoile filante!

Papa m’a dit de faire un vœu. Sais-tu ce que c’était? Que l’on

puisse te revoir un jour. Je crois bien que ça a marché! Papa

aussi a fait un vœu. Il a souhaité qu’un miracle me sauve de ce

qu’on appelle « tumeurs ». D’ailleurs, qu’est-ce que ça veut

dire?

c

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La Plume Fontaine 2015-2016 25

Enfin, plus rien ne me dérange maintenant. J’ai désormais peine à

respirer. Papa se fait un sang d’encre pour moi. Ça me rend

triste. Je sais que je te rejoindrai bientôt, dans un endroit

appelé paradis. D’après papa, c’est là que les anges comme toi

attendent leur famille.

Je n’arrive plus à mouvoir mes doigts. C’est papa qui terminera

ma lettre. La chambre où je me trouve désormais n’est pas la

mienne. Celle-ci est blanche avec une toute petite fenêtre qui

donne une vue sur un parc où des enfants comme moi s’amusent.

Maintenant que je te rejoins, plus rien ne m’inquiète. J’entends

le « bip » des machines branchées à mon doigt devenir de plus en

plus lent. Papa pleure énormément depuis tout à l’heure. Je ne

l’ai jamais vu aussi chagriné. Chaque battement de cœur est plus

douloureux que le précédent. Chaque fois que je ferme les yeux,

ils deviennent de plus en plus difficiles à ouvrir. Tous mes sens

me quittent. J’entends les médecins arriver tandis que la machine

émet un son continu et que mes paupières restent closes pour

toujours.

Je t’aime maman!

Alex

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La Plume Fontaine 2015-2016 26

Le survivant par Félix Auclair

4e secondaire

epuis quelque temps, tous mes amis disparaissent autour

de moi. Sans me dire un adieu, sans même que je puisse

les revoir.

Au tout début, j’étais seul, puis plus les jours avançaient,

plus j’avais des amis. Mais, la période où nous étions heureux

tous ensemble s’est terminée brusquement au cours d’une

journée de pluie. La noirceur était partout, autant que l’eau.

La pluie était tellement intense lors de cette journée qu’elle

a emporté certains de mes amis et d’autres se sont noyés. Moi,

j’avais la chance d’être sous une bâche, en hauteur, loin des

rivières en crues et des lacs qui débordaient.

Plus les jours avancent, plus je me sens seul, plus je suis

seul. En effet, les gens sont joyeux, mais moi je suis triste

parce que tous ceux qui sont autour de moi disparaissent. Nous

ne sommes plus qu’une centaine, tous près les uns des autres

de peur d’être emportés par l’eau et de disparaitre à jamais,

loin de notre famille et de nos amis. Après tout, nous sommes

seulement une petite civilisation qui tentons de survivre face

à la menace constante du réchauffement climatique.

Aujourd’hui, ça fait une semaine que les crues et les

inondations ont commencé. Je n’aurais jamais cru voir mon

meilleur ami disparaitre. C’est la nuit passée, il n’y avait

pas de lune et beaucoup de nuages, j’aurais bien aimé pouvoir

l’aider et le secourir, mais un ravin est apparu entre nous

deux et il y avait de l’eau au fond. Donc, en essayant de

traverser, je me serais sûrement noyé moi aussi. À ce moment,

je me sentais triste, choqué et surtout impuissant de ne pas

pouvoir l’aider.

D

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La Plume Fontaine 2015-2016 27

Sans mes amis, je me sens seul, un peu comme une plume sans

encre, il me manque quelque chose. En fait, je suis le dernier

survivant, seul au monde. Tous mes amis se sont fait emporter

dans les pluies diluviennes ou les chaleurs extrêmes les ont

achevés. Mais, je crois que c’est maintenant mon tour,

quelqu’un m’a volé la bâche qui me protégeait des pluies et du

soleil. Mon corps commence à se désintégrer tellement le

soleil est puissant en cette journée de printemps. En fait,

c’est un cycle de la nature et je n’ai pas le choix de le

suivre. Donc, comme les autres flocons de neige, je laisse

place à l’été et je disparais.

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Troisièmes positions

La Menteuse

par Léane Ménard 1re secondaire

L’enlèvement

par Maude L’Écuyer 2e secondaire

Enlever les mots de la bouche

par Danaé Allain 3e secondaire

Lily

par Anny-Pier Lévesque 4e secondaire (Ex aequo)

Anomalie de la société

par Naomie Béland 5e secondaire (Ex aequo)

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La Plume Fontaine 2015-2016 30

La Menteuse par Léanne Ménard

1re secondaire

ela a commencé lors de l’été, durant une journée comme les

autres. Audrey et Félix étaient à la plage. Les deux cousins

ne savaient pas encore ce qui les attendait.

Au début, rien ne semblait différent. Le son des vagues berçait

les jeunes gens et le soleil couchant réchauffait leur peau. Un

calme magnifique régnait sur l’endroit. Malheureusement, il fut

brisé quelques instants plus tard. Des sanglots étouffés

arrivèrent à leurs oreilles brisant l’atmosphère de tranquillité.

Une adolescente pleurait, les pieds dans l’eau. Seul son dos

était éclairé par les lampadaires. Ses cheveux blonds

contrastaient avec la nuit d’encre. La jeune fille fixait

l’horizon, le regard rempli de tristesse. Ce fut Audrey qui

s’avança en premier. Elle essaya de communiquer avec

l’adolescente, mais celle-ci ne répondit pas. Le grand cœur

d’Audrey la poussa à donner refuge à la pauvre jeune femme. Elle

l’amena donc chez elle.

Le lendemain matin, lors du réveil d’Audrey, Félix était déjà

arrivé. Il était assis avec l’autre jeune fille, tentant de la

faire parler, toujours sans succès. Elle ne faisait que rire et

lui sourire, comme si elle ne comprenait pas le français. La

seule information qu’ils réussirent à lui tirer fut son nom,

Sasha. Soudain, un bulletin de nouvelles commença. Celui-ci

informait qu’une meurtrière était en liberté. Audrey et Félix ne

s’en préoccupèrent pas.

Quelques jours plus tard, la police cogna à leur porte. Cette

journée-là, Audrey était seule. Les officiers entrèrent dans le

vestibule pour questionner la jeune fille. Ils lui parlèrent

d’une personne recherchée en lui montrant une photo de Sasha.

Audrey nia avoir vu la jeune femme. Quelques heures plus tard,

Félix revint, mais aucune trace de Sasha. Ils commencèrent à

C

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La Plume Fontaine 2015-2016 31

s’inquiéter. Heureusement, leur amie revint un peu plus tard.

Tout était normal, excepté une coupure sur le bras de la jeune

fille. Elle fut soignée rapidement. Félix la questionna sur une

possible rencontre avec la meurtrière. Celle-ci secoua la tête de

gauche à droite en riant. Ce n’était pas la vérité! La soirée

continua tranquillement. Soudain, le regard de Sasha changea. Une

lueur de rage s’alluma dans ses yeux. Elle prit un vase et le

jeta sur le mur près de ses amis. Elle repartit en courant,

sanglotant.

Cela faisait environ un mois que Sasha habitait avec eux.

Parfois, Sasha avait des sautes d’humeur inquiétantes. Elle

brisait plusieurs choses puis redevenait souriante. Un jour, ils

décidèrent de se rendre à la plage. Le crépuscule décorait le

ciel de magnifiques couleurs. Tout se déroulait bien, lorsqu’un

malheureux incident arriva. Sasha posa le regard sur Félix et

celui-ci en eut des frissons. Des reflets de méchanceté et une

lueur cruelle brillèrent dans ses yeux. Elle fixa son ami en

ricanant méchamment. La jeune femme se jeta sur Félix en lui

griffant sauvagement le visage. Elle le frappa à répétition avec

une férocité sans égal. Tout à coup, Sasha redevint comme avant

douce et naïve. Cela dura l’instant d’un sourire. Son rire se

transforma rapidement en ricanement. C’était comme si elle était

deux personnes différentes. Elle s’approcha à une vitesse

étonnante. Une force maléfique émanait d’elle, Félix n’avait pas

la force de se défendre et il tomba inconscient.

Un peu plus loin Audrey avait assisté à la scène, clouée sur

place par la peur. Sasha s’arrêta près d’elle prête à frapper,

mais rien ne se passa. Elle s’était figée sur place, en regardant

Audrey d’un air doux. Elle sourit à son amie une dernière fois et

tomba au sol, inerte. Son cœur avait cessé de battre. Derrière

elle, un policier avait été alerté par le bruit et avait tiré sur

Sasha.

Celle-ci avait une double personnalité, ce qui lui causait de

poser des actes impardonnables. Ils furent conduits à l’hôpital.

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La Plume Fontaine 2015-2016 32

Quelques jours plus tard, Félix succomba à ses blessures. Audrey

en fut démolie. Elle se rendit à la plage et pleura durant un

long moment. Elle se jura de vivre sa vie pour son cousin et ce

n’était pas un mensonge.

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La Plume Fontaine 2015-2016 33

L’enlèvement par Maude L’Écuyer

2e secondaire

e son effréné des sabots percutant le sol humide se

répandait dans la forêt, faisant écho aux palpitations de

leur cœur. Riant aux éclats, Raven et sa sœur talonnaient leur

monture, chacune espérant gagner la course-poursuite engagée un

peu plus tôt. Puis, essoufflées, les deux jeunes filles

s’arrêtèrent peu à peu, tout sourire.

Leur père leur avait finalement offert une journée de repos loin

de la ferme, loin de tout problème. Que pouvaient-elles espérer

de mieux? Raven descendit doucement de sa jument et avec un

regard attendri, regarda sa sœur faire de même. Depuis la mort de

leur frère, Raven et Morgane étaient plus proches que jamais.

Malgré leur grande différence d’âge, les deux sœurs n’avaient pas

besoin de mots pour se comprendre. Toutes les deux avaient une

passion en commun; l’écriture. À chaque fin de journée, après

avoir travaillé jusqu’à l’épuisement total dans les champs ou à

nourrir les animaux, elles se rejoignaient dans la chambre à

coucher et commençaient à écrire. Écrivant des lettres pour

former des mots, pour en faire des phrases, des paragraphes, puis

une histoire. Cette sensation était pour elles si douce, leurs

plumes glissant doucement sur le parchemin, l’encre traçant

délicatement tout ce qu’elles voulaient. La forêt était pour

elles l’endroit idéal pour laisser place à l’imagination.

- Crois-tu à la magie Raven?

Cette dernière rit doucement.

- Pourquoi cette question petit cœur?

- Je ne sais pas.

Elle leva son regard vers le ciel bleu, l’air rêveur.

L

m

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La Plume Fontaine 2015-2016 34

Raven lui lança un regard amusé, mais ne dit rien, continuant

simplement de marcher.

Un craquement raisonna alors dans la clairière et elles

stoppèrent toutes les deux, nerveuses. Au loin, elles entendirent

leurs chevaux piaffer de peur et Raven courut dans leur

direction, tirant Morgane au passage. Lâchant la main de sa

petite sœur, Raven sauta sur sa monture et se prépara à partir.

- Raven!

Le petit cri de Morgane déchira la calme de la forêt et le cœur

de Raven par l’occasion. Retournant brusquement son cheval d’un

mouvement de bride, Raven découvrit avec effroi la scène qui la

hantera toute sa vie.

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La Plume Fontaine 2015-2016 35

Enlever les mots de la bouche par Danaé Allain

3e secondaire

était une fois, dans un royaume exilé du reste du monde, une

dame âgée, aigrie par le temps. Elle se nommait Marie-Louise,

mais elle se faisait couramment appeler Lou. Cette vieille dame

avait pour habitude de parler en tout temps. Elle exprimait

chacune de ses pensées à qui voulait bien l’écouter. Orpheline de

père comme de mère, elle avait dû s’épanouir par ses propres

moyens. Lou avait donc pris le métier de conteuse. Avec ce

métier, elle pouvait tout juste se mettre quelque chose sous la

dent.

Tout allait pour le mieux lorsqu’un jour, pendant qu’elle contait

son histoire favorite, une enfant prédit la fin de son récit

rocambolesque et lui enleva les mots de la bouche. Marie-Louise

était si profondément insultée qu’elle se leva d’un bon.

- Comment t’appelles-tu? lui demanda-t-elle en la pointant

du doigt.

- Zoé, murmura timidement l’enfant en baissant piteusement

les yeux.

- Tu regretteras de m’avoir enlevé les mots de la bouche,

Zoé! dit la vieille dame avant de partir prestement de la

place publique.

Marie-Louise se jura que plus personne ne lui couperait la parole

de cette manière. Ne sachant comment traiter avec la honte que

lui procurait les événements précédants, Lou partit vers les

bois, s’y réfugiant pour préparer sa vengeance.

Les saisons passèrent sans que personne n’entende parler de Lou.

Pourtant, celle-ci n’avait pas abandonné son idée de vengeance.

Dans la sombre et mystérieuse forêt, Marie-Louise rencontra une

I

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La Plume Fontaine 2015-2016 36

dame étrange, son visage paraissait sans âge, mais ses yeux

reflétaient de longues années de vie. La dame se présenta à

Marie-Louise sous le nom de Muriel. Muriel était une personne

hors de l’ordinaire, elle pratiquait la sorcellerie. Elle

enseigna son terrible art à Marie-Louise qui trouva dans ces

méthodes peu communes une façon de se venger de la petite Zoé.

Un soir de pleine lune, Marie-Louise, confiante de ses nouveaux

pouvoirs, décida que c’était l’heure des représailles. Elle

arriva au Royaume à l’aube. Grâce à une formule magique

incompréhensible, elle trouva la demeure de Zoé et entra.

Surprise, Marie-Louise s’aperçut qu’elle s’était absentée si

longtemps que Zoé était maintenant la mère d’une petite fille.

Zoé murmura quelques mots à sa fille, qui échappa à l’apprenti-

sorcière et l’enfant courut dehors. Maintenant seule avec sa

future victime, Marie-Louise avança lentement vers Zoé, savourant

le moment de vengeance tant attendu. Elle leva le bras pour

attaquer quand quelqu’un la prit par-derrière et la bâillonna

pour qu’elle ne puisse plus prononcer aucun mot.

Quelques jours plus tard, Marie-Louise se faisait brûler sur la

place publique pour sorcellerie. Depuis ce temps, tous les

habitants du Royaume chantonnent :

« Je sais pas si c’est vrai,

Je sais pas si c’est pas vrai,

Va donc savoir l’histoire de Marie-Louise! »

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La Plume Fontaine 2015-2016 37

Lily par Anny-Pier Lévesque

4e secondaire (Ex aequo)

ngourdi, épuisé, confus, voilà les états d’esprit qui

m’habitaient depuis je ne sais combien de temps. J’avais

étrangement perdu le fil, enfermé entre ces quatre murs d’un gris

terne et morose. Parfois, dans les pires moments, je me

surprenais même à me demander si une vie vécue ainsi en valait

vraiment la peine, s’il était vraiment nécessaire d’espérer

sortir de cet endroit misérable. Pourtant, on ne m’infligeait

aucune douleur physique, on ne me torturait pas. Certaines

journées, je profitais même d’un peu de compagnie. Malgré cela,

c’était comme si la solitude me rongeait jusqu’au plus profond de

l’âme, me laissant plonger dans l’ennui et la mélancolie pour

toujours.

Lorsqu’arrivaient les moments où je ne pouvais pas en supporter

plus, je replongeais dans l’unique souvenir que j’arrivais à voir

clairement dans mon esprit. Le souvenir d’un bonheur incroyable,

d’une tendresse à faire rêvasser. Lily. En fermant les yeux,

j’arrivais à voir sa longue tignasse blonde cascadant jusqu’à sa

taille, ses yeux noisette qui brillaient quand elle me regardait,

son sourire rayonnant qui aurait pu chasser les plus gros nuages,

ses mains délicates et minutieuses. Je me rappelais ces nombreux

voyages que nous avions faits ensemble, ces soirées sous les

étoiles, ces rires à gorge déployée, ces rêves d’avenir racontés.

Je me souvenais de notre amour inconditionnel.

Malheureusement, je devais tôt ou tard revenir à la réalité.

Retomber dans mon habituel ennui. Cet heureux souvenir me faisait

parfois plus de mal que de bien : j’en ignorais la fin. J’avais

l’impression qu’il s’était écoulé un certain nombre de mois,

d’années peut-être, depuis la dernière fois où j’avais réellement

vu Lily. Comment m’étais-je retrouvé ici aujourd’hui?

E

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La Plume Fontaine 2015-2016 38

Un peu plus tard, la porte de la pièce où je me retrouvais en

permanence s’ouvrit en grinçant. Par l’entrebâillement de la

porte, je vis apparaître une vieille dame tout à fait ordinaire.

Ne l’ayant jamais vue auparavant, je lui demandai son nom et ce

qu’elle prononça me fit l’effet d’une bombe. Lily. Exactement

comme ma bien-aimée. Évidemment, je n’étais pas assez sot pour

croire que j’avais devant mes yeux la femme de ma vie. Celle-ci

avait de longs cheveux blancs, des yeux noisette tristes et

fatigués, un sourire à peine perceptible et des mains toutes

ridées. Malgré tout, nous discutâmes un peu, mais il ne s’écoula

que quelques minutes avant qu’une dame habillée de blanc demande

à ma visiteuse de quitter la pièce, sous prétexte que les heures

de visite étaient terminées. Sur le pas de la porte, tout juste

avant de quitter, Lily se retourna vers moi et me regarda avec un

regard mélancolique, ce qui me parut étrange provenant d’une dame

que je venais tout juste de rencontrer. Elle semblait sans mot,

comme si elle avait voulu m’exprimer quelque chose qu’il m’était

impossible de comprendre.

Drôlement confus, regardant la porte se refermer devant moi, une

solitude trop familière me regagna.

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La Plume Fontaine 2015-2016 39

Anomalie de la société par Naomie Béland

5e secondaire (Ex aequo)

e me faisait du sang d’encre lors de ta naissance. J’écoutais

beaucoup les gens parler autour de moi et je n’entendais pas

de belles choses. On traitait les gens de ta génération de

robots, d’êtres surdoués dépourvus de sentiment et de créativité.

J’avais peur que tu deviennes ce qu’ils disaient, une

technologie. Je voulais que tu puisses vivre comme j’avais pu le

faire. Pour mon plus grand bonheur, tu as contredit tout ce que

j’avais pu entendre.

À 7 ans, tu refusais de t’asseoir devant un ordinateur toute la

journée et de faire le travail que tu avais à faire.

Comparativement aux autres enfants, tu préférais courir, aller

dehors et raconter des histoires. Tu étais toujours en train de

parler et tu refusais d’obéir.

À 10 ans, tu écrivais encore avec un bon vieux crayon de bois sur

de vieilles feuilles lignées, pour le plus grand malheur de tes

parents. Tu étais différente des autres enfants. Tu refusais la

technologie et tes parents détestaient cela. Quand ils t’ont

modifiée par ordinateur lorsque tu étais dans le ventre de ta

mère, ils ont choisi tes caractéristiques psychologiques pour que

tu sois comme les autres enfants. Sauf que cela n’a pas

fonctionné avec toi.

À 15 ans, ils ont voulu t’envoyer dans une école spécialisée pour

les anomalies, car tu as osé leur avouer que tu voulais devenir

écrivaine. Pour eux, ce n’était pas un métier assez prestigieux

pour une fille comme toi. Tu ne t’en souviens pas, mais j’ai dû

leur faire croire que tu faisais une crise d’adolescence. C’est

un truc que les adultes disaient par rapport aux jeunes quand

j’avais 16 ans. Moi, je savais très bien que c’était faux et que

J

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La Plume Fontaine 2015-2016 40

tu ne rentrerais jamais dans le moule de la société. Être

écrivaine, ce n’était presque plus considéré comme un métier,

mais je t’encourageais quand même.

À 20 ans, tu as publié ton premier roman. Évidemment, il n’a pas

été un succès, car tu l’as fait imprimer. Je te l’avais dit que

l’encre n’était plus à la mode et que c’était maintenant les

hologrammes sur tablette. Même les vieux comme moi ne lisent plus

de bouquins, mais je m’étais quand même procuré le tien.

Aujourd’hui, tu as 40 ans et tu es une écrivaine reconnue. Comme

moi, tu as fini par laisser la technologie rentrer dans ta vie,

car on finit par ne plus avoir le choix. J’aurais voulu t’écrire

cette lettre moi-même, mais je ne suis plus capable. Une chance

que tes parents m’ont acheté un robot, il est très pratique. En

parlant d’eux, tu devrais les texter pour prendre de leurs

nouvelles. Je suis sûr que tu les comprendrais mieux maintenant

que tu as vieilli. Maintenant, je n’ai plus besoin de me faire du

sang d’encre pour toi.

Ton grand-père

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Table des matières

Le Comité organisateur ______________________________________________ 2

Les membres du jury ________________________________________________ 2

Aux enseignantes et enseignants de français et d’arts plastiques _______________ 2

Illustrations gagnantes ______________________________________________ 6

Textes gagnants ___________________________________________________ 7

Premières positions _________________________________________________ 9

Plateforme _______________________________________________________ 10

Presque immortel _________________________________________________ 12

Toi _______________________________________________________________ 13

Le journal du suicide ______________________________________________ 15

Deuxièmes positions ________________________________________________ 19

Où sont-ils? _____________________________________________________ 20

Encre sympathique _______________________________________________ 22

Lettre à maman _________________________________________________ 24

Le survivant _____________________________________________________ 26

Troisièmes positions ________________________________________________ 29

La Menteuse ____________________________________________________ 30

L’enlèvement ____________________________________________________ 33

Enlever les mots de la bouche ____________________________________ 35

Lily _____________________________________________________________ 37

Anomalie de la société ___________________________________________ 39