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Le Courrier INSTITUT FRANÇAIS DE YOGA RÉGION MIDI-PYRÉNÉES MAI 2013 Pourquoi aller en Inde ?

Le Courrier - Ifymp · acheté une maison où il vivait avec ses parents et sa femme. J’ai très bien connu sa famille. Que représente l’Inde pour toi ? J’ai vécu 4 ans en

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  • Le Courrier

    INSTITUT FRANÇAIS DE YOGA RÉGION MIDI-PYRÉNÉES

    M A I 20 1 3

    Pourquoi al ler en Inde ?

  • Pour cette nouvelle édition denotre journal, nous avons choiside vous faire voyager en Inde, àla source du yoga.Pourquoi al ler en Indeaujourd'hui ? Des professeurs etpratiquants de yoga proposerontdes réponses à travers destémoignages sur leur vécu.Quelle que soit sa motivationpour entreprendre ce voyage,l 'Inde peut se révéler déroutante et nous faire perdrenos repères : spiritual ité exubérante, odeursenivrantes, bruits incessants, pauvreté parfoiscriante. . .Pour vivre au mieux cette expérience, la qualité àcultiver est sans doute le lâcher prise : accepter ce quise présente sans juger.Avec cet état d'esprit, ce voyage devient uneexpérience de vie intense et authentique qui nousamènera peut-être à dépasser nos l imites et surtout àcheminer au plus profond de soi.Bon voyage !

    Aurél ie Eav

    Pour découvrir l’IFY Midi Pyrénées : www.ifyrt.orgPour nous contacter : [email protected] Français de Yoga Midi Pyrénées 99 chemin de Tucol 31600 MuretComité de Rédaction : Joëlle Breuil, Muntsa Cosculluella, Aurélie Eav, MarieClaireGrange, Christine LemaireMaquette : Sylvie Rigal, Joëlle Breuil, Hugo VandeputteLe Courrier est une publication non commercialisée réservée aux adhérents de IFY Midi Pyrénées. Lesarticles sont placés sous la seule responsabilité de leurs auteurs et les lecteurs sont invités à juger pareuxmêmes de la justesse de leur contenu.Photos et Dessins : tous droits réservés.

    A la rencontre du tronc

    Élèves de Joëlle Breuil depuis maintenant quelques années,nous avons beaucoup apprécié le stage d'Hélène Lagouanellesur l'anatomie et la physiologie du mouvement dans le yoga.Si le yoga que l'on pratique met l'accent sur la respiration etle ressenti propre à chacun, ce stage nous a apportédes notions rationnelles et des images de la réalité de notrecorps en relation avec notre pratique : par exemple, notrediaphragme avec sa forme et ses attaches, ou encore, lagrande complexité du système musculaire avec ses différentescouches à l'avant et à l'arrière du tronc.Tout en amenant ses techniques et astuces pour fairetravailler les muscles, en particulier les couches profondes,Hélène nous a permis de mieux prendre en compte notreanatomie pour certaines postures.Grâce à l'utilisation de balles de tennis pour s'asseoir, nouspouvons apprécier la pince assise (plus difficile pour nous leshommes !). Nous avons aussi beaucoup apprécié l'équilibre àquatre pattes en fermant les yeux qui mobilise les musclesprofonds de soutien de la colonne vertébrale ou encore larelaxation avec le bâton ou les balles...

    Pierre Casel et François Brun

    Une matinée de yoga à Villeneuve Tolosane

    L'Institut Français de Yoga Midi Pyrénées (IFYMP) encollaboration avec l’Association Villeneuve Yoga (AVY) aorganisé, le 24 mars, une matinée sur le thème :« La posture de yoga, une expérience d’ouverture à l’instanttoujours neuf. »Ce stage a rassemblé une douzaine de participants et a étéanimé par Christine Lemaire et Muntsa Coscolluela. Muntsaa dirigé une première pratique, en insistant sur la consciencedu support, de la respiration et la présence du mental.Christine a ensuite présenté les yoga sutra qui parlent de laposture, puis a proposé une deuxième pratique qui a menévers un temps de méditation sur le thème « sthira sukham »,dualité entre fermeté, tonicité, stabilité et aisance, espaceheureux, bien-être. Ce stage s'est terminé par un repaspartagé avec ceux qui le désiraient.Ces stages de yoga ont pour objectif de permettre auxadhérents désireux d'approfondir leurs connaissances, departager un temps de pratique et d'étude, de rencontrer denouveaux enseignants et d'échanger avec des adhérentsd'autres associations de yoga.

    Les stages de IFYMP en 2013-2014- 16 et 17 novembre 2013Stage animé par Annick Liegl, formatrice de l'IFY- 1er et 2 férier 2014Stage animé par Martyn Neal, formateur de l'IFY

    Les thèmes pour ces deux stages sont à définir.

    2 Ed i to

    Actu de l ' IFYMPEditor ial

    Voyager en Inde

    2 Actu IFYMP3-7 Dossier, : Pourquoi aller en Inde?

    Un entretien "indien" avec Peter Hersnack

    De Rishikesh à Dharamsala

    S'engager en inde avec l'association Speed Trust

    Témoignage : retour en Inde 1 4 ans plus tard

    8–9 PratiqueDeux pratiques autour de la salutation au solei l

    1 0-1 1 SagesseIshvarapranidhana, l 'abandon confiant

    La danse de Shiva

    1 2 Enseignement,Les origines du yoga

    1 3 Actu IFYRéunion du collège des associations

    1 4 Coups de cœurAutour de la cuisine indienne

    1 5 Yoga dans tous ses étatsYoga et marche à pied

    1 6 Bien-êtreAyurveda, la connaissance de la vie

    Les mots du yogaAparigraha, désintéressement, non convoitise

    Sommaire

  • Au terme d'un séjour dedeux semaines au TamilNadu, parmi un groupe dedix personnes suivantl'enseignement de PeterHersnack, Mireille Schieléet Magali Pascaud ont euun entretien avec leformateur de l'InstitutFrançais de Yoga.Le thème de notre dossier, « Pourquoi aller en Inde ? », leur ainspiré quelques questions. Elles nous les font partager.

    Peter, peux-tu nous raconter tapremière rencontre avec le yogaet l’effet de cette rencontre ? Quelâge avais-tu ?

    Ma première rencontre avec le yogadate de 1967, j’avais alors 19 ans.Au mois de juillet, je me suis renduà Saanen en Suisse pour participer àquatre semaines de conférencesavec Krishnamurti. A l’époque, je nepensais pas que le yoga serait mavie ; quelqu’un m’a parlé d’un livreque B.K.S. Iyengar venait d’écrire :« Lumière sur le yoga ». Curieux, j’aidonc acheté ce livre et j’aicommencé à pratiquer en m’eninspirant. J’ai appris queKrishnamurti travaillait avec unjeune et bon professeur de yoga,T.K.V. Desikachar, fils de T.Krishnamâcharya. Je fusimpressionné que Krishnamurtipratique avec un jeune professeur. ASaanen, j’ai aussi rencontré FrançoisLorin qui m’a parlé de son étudeavec Desikachar et j’étais de plus enplus conscient que cela pouvait êtrebien pour moi aussi.

    Un mois plus tard, j’étais invité àparticiper à un groupe d’étudependant 8 mois à Londres et àCambridge avec David Bohm (1).Dans ce groupe, j’ai rencontré desgens passionnés par différenteschoses, mathématiques et physiquemais pas par le yoga. Ils me disaientcependant que le yoga les aidaitdans leur travail de création. Celam’a confirmé dans mon intentiond’étudier le yoga.

    Quelles furent les suites de ceteffet ?

    J’avais passé mon bac et, après monséjour londonien, j’ai suivi des coursà la faculté de Mathématiques etPhysique à Copenhague. J’ai toutd’abord pensé étudier avec DavidBohm mais cela n’était pas trèspratique pour moi. J’avais desfacilités dans cette matière et j’étaisaussi intéressé par les écolesalternatives, selon l’enseignementde Krishnamurti, je souhaitaistravailler avec lui plus tard àBrockwood Park (2). Durant cette

    Doss i er 3

    Un entretien " indien "avec Peter Hersnack

    Quand on pratique le yoga,

    c’est vers l’Inde qu’on se

    tourne si l’on veut trouver

    la source. Mais c’est ici, en

    Occident, que le yoga est

    vécu, expérimenté et

    partagé. Est-ce donc si

    important de se

    rapprocher des origines ?

    Nos enseignants, nos

    formateurs ne nous

    délivrent-ils pas l’essentiel

    de ce qu’il y a à connaître

    du yoga ? Est-il possible

    que nous rencontrions en

    Inde quelque chose d’autre

    ? Les témoignages réunis

    dans ce dossier apportent

    chacun à leur façon des

    réponses à ces questions,

    pleines des couleurs

    propres à leurs auteurs.

    Merci à eux de leur

    confiance et de leur parole

    que Le Courrier est

    heureux de vous

    transmettre !

    Peter avec Mireille et Magali

    Pourquoi aller en Inde ?

  • période, à deux moments successifs,j’ai ressenti une émotion très forteet faire du yoga s’est imposé commeune urgence pour moi. A l’époque,au Danemark, on pouvaitfacilement quitter la fac et lareprendre plus tard. J’ai donc écrit àDesikachar pour lui demanderl’autorisation de suivre sonenseignement et il a accepté dem’accueillir.

    A quand remonte ta premièrerencontre avec l’Inde ?

    C’était en 1970 à Madras (Chennai)avec Desikachar, mon premierprofesseur. Il n’enseignait pasdepuis longtemps, il avait 31 ans etmoi 21. J’ai été frappé par mapremière rencontre avec lui. Il n’yavait pas de barrière entre nous etnotre relation était très directe.Desikachar était en rechercheconstante, en exploration et j’ai eul’impression qu’il appréciait monautonomie et je me satisfaisais deses réponses à mes questions.Il me proposa d’étudier le sanskritavec son professeur pour que nouspuissions étudier ensemble les YogaSutras. Nous avons commencé toutde suite avec les textes. Il donnaitses cours dans un petit appartementqu’il louait à cet effet. Plus tard, il aacheté une maison où il vivait avecses parents et sa femme. J’ai trèsbien connu sa famille.

    Que représente l’Inde pour toi ?

    J’ai vécu 4 ans en Inde, puis 4 ansen Malaisie qui était plus moderneque l’Inde, mais à chaque arrivée àMadras, je me retrouvais chez moi.En Inde, mes revenus me suffisaientpour vivre. J’étais économe. J’ai vuplus tard le nord de l’Inde mais c’estdans le sud que je me sens le mieux.Le sud de l’Inde, comme Madras àcette époque, dégage une forteimpression d’humanité, desimplicité et est très vivant.

    Pourquoi organises-tu desvoyages en Inde avec tes élèves ?

    Des amis et collègues ont emmenédes élèves chez Desikachar aumandiram qui a été créé après mondépart. Longtemps, je n’ai pas vul’intérêt d’une telle démarche ; j’aicependant emmené des élèves pourfaire un travail en collaborationavec Desikachar en 2004 et 2005.Après la deuxième fois, je n’ai pluseu envie de continuer l’expériencecar je n’avais pas l’impression queces échanges étaient satisfaisants etqu’ils offraient l’occasion d’un vraipartage.J’ai donc décidé d’amener des élèvesen Inde pour suivre unenseignement qui me soit propre, enprise directe avec la nature et laculture indienne. Deux stages onteu lieu dans le Kerala, puis deuxautres dans le nord, le long du

    Gange et près des Himalayas, avantcelui-ci dans le Tamil Nadu.La formule me convient bien etsemble satisfaire les participants,c’est pourquoi je souhaite continuerencore quelques années. L’Indecombine le dépaysement etl’enseignement qui se fait proche dulieu d’origine du yoga et nousconfronte à la philosophie indienne.

    Pour quelqu’un qui veutapprofondir son étude du yoga,est-ce important d’aller en Inde ?

    A mon avis, le séjour en Inde n’estpas un passage obligé pourl’exploration du yoga. J’ail’impression qu’en Europe, nous ensommes vraiment au début duquestionnement : quelle peut être laplace du yoga aujourd’hui ? Je mesens très concerné par cettequestion. Il est important dedistiller autant que possible cequ’est le yoga pour trouvercomment on peut enseigner etpratiquer le yoga en Occident.Je vais plus loin encore. EnOccident, on peut creuser laquestion de ce qu’est le yoga et jene pense pas que nous soyonshandicapés pour cette recherche parrapport aux Indiens. Nous aussi,pouvons chercher, creuser,enseigner le yoga. Nous sommesaussi capables que les Indiens pourcette recherche. Le Yoga Sutra nedit-il pas que Ishvara, que je traduisici par la Vie, est le maître de tousles professeurs, de tous les temps ?Cette source, nous pouvons y avoiraccès partout dans le monde.En Europe, à l’extérieur de latradition, je pense que c’est unechance pour nous d’avoir d’autressupports et d’autres libertés.

    (1 ) David Joseph Bohm (1 91 7-1 992) est un

    physicien américain qui a effectué d'importantes

    contributions en physique quantique, physique

    théorique, philosophie et neuropsychologie. Il a

    participé au Projet Manhattan et conduit de

    célèbres entretiens filmés avec le philosophe

    indien Krishnamurti -The Ending of time

    (2) http://tinyurl.com/courrierifymp1

    4 Doss i er

    Le sud de l'Inde dégage une forte impressiond'humanité, de simplicité et est très vivant.

  • Pourquoi aller en Inde ? Un jour oul'autre, cette question se pose à nous,adeptes du yoga. Depuis bientôt trenteans que cette discipline m'accompagne,l'idée d'aller en Inde faire du yogam'avait traversé l'esprit plusieurs fois,sans l'avoir concrétisée jusqu'à l'étédernier où, prenant mon courage à deuxmains, je décidai de tenter l'aventure,seule.

    J'avais envie d'aller « là-bas » afin defrotter l'enseignement que j'ai reçu etque je reçois en France, au gros graindes origines. Est-ce qu'il résisterait àl'épreuve ? Et puis, je voulais faireretraite, abandonner, dans la mesure dupossible, mes préoccupations etidentifications, consacrer mon temps etmon énergie à la pratique du yoga, de laméditation, de l'étude. Laisser derrièremoi les « encombrements » de mapersonnalité, être à l'écoute, dans lesilence et la vacuité, de ce qui pouvaitémerger et advenir.Je voulais aussi me rapprocher defigures que j'admire pour leur humanité,leur tendresse et leur message de nonviolence : Gandhi et le Dalaï Lama.Enfin, j'aime voyager « pour la simplejoie de voir, d'apprendre etd'admirer…. » (Stefan Sweig, Magellan)et pour « frotter et limer notre cervellecontre celle d'autrui ... » (Montaigne,Essais) car « Il se tire une merveilleuseclarté, pour le jugement humain, de lafréquentation du monde. Nous sommestous contraints et amoncelés en nous, etavons la vue raccourcie à la longueur denotre nez. » (op. cit.).

    Je n'ai pas été déçue ! L'Inde exige denous que nous re-examinions nos façonsde faire et nos certitudes, tout nousoblige à l'adaptation, à la souplesse : lestaxis réservés, absents, les chambres,réservées elles aussi, occupées, les garesfourmillantes, les bus cahotants pendantdes heures sur des routes dangereuses,la foule colorée, bruyante,omniprésente, la misère qui s'étale aucoin des rues et dans les banlieues desgrandes villes, le mépris des classesmoyennes à l'égard de ceux qui lesservent, la curiosité des Indiens à notreégard, les rencontres avec des Anglais,des Américains, des Chinois, desJaponais... la ferveur des pèlerins, labienveillance des bouddhistes, lanourriture épicée, frugale, la chaleur dejuillet, les trombes d'eau de la mousson,les rues débordantes de piétons,voitures, rickshaws, camions, bus, taxis,

    motos, carrioles, vélos, animaux, sansoublier la langue, souvent étonnante ;tout nous bouscule, nous interpelle,remet en question nos certitudes et nosreprésentations.

    Au National Museum, à Delhi, dans lasection archéologie, dans une vitrineconsacrée à la civilisation Harappéene,trois figurines représentent des posturesde yoga : jânu shîrshâsana, dandâsanaet une posture assise, datant de 2700ans avant J. C. ! Je pris conscience de latradition dans laquelle nous nousinscrivons en pratiquant le yoga. Quelleforce n'a-il pas pour traverser l'histoireet rester vivant 4700 ans plus tard !Maillon dans une immense chaîne, jeme suis demandée pourquoi cettetransmission passait par moi, filled'ouvrier communiste du sud-ouest dela France et, sans réponse à cettequestion, je ressentis une grande forceme traverser, accompagnée d'humilité,de joie, d'émotion...

    A Delhi toujours, le Gandhi Smriti, oùGandhiji passa ses cent quarante-quatrederniers jours avant d'être assassiné, estconsacré à l'homme et à son message :l'ahimsâ et le svadeshi (servicedésintéressé aux plus humbles). Dansun coin du jardin, gravé sur un rocher,un hommage d'Albert Einstein auMahatma Gandhi !

    A Rishikesh, sur les rives du Gange,boueux et puissant, la foule des pèlerinsdéferla sur la ville pendant les huit joursde mon séjour à l'ashram. Ils viennenthonorer Shiva. C'est la bhakti, « religionde l'Inde fondée sur l'expérience d'unDieu personnel, toujours prêt à partagerson amour avec ses créatures... »(L'Inde, continent rebelle, Guy Deleury).Le début de la mousson est « le signe dela descente du divin dans la sociétéhumaine … le pèlerin s'ébranle et semet en marche pour aller à la rencontrede son Dieu descendu pour partager sonamour » ( op. cit. ).

    Le Niketan Ashram est un îlot deverdure et de calme sur les hauteurs deRishikesh, où je commençais la journéeà 5 h du matin, par une heure deméditation suivie par une séance deyoga, rituel renouvelé en fin de journée.Je consacrais la matinée à la lecture,dans la petite bibliothèque. Les repas,en silence, dans le réfectoire, nourriturefrugale et exclusivement végétarienne,

    A l'ashram de Ramana Maharshi

    De Rishikesh à Dharamsala par Geneviève Pellat-Gautin

    Doss i er 5

    suite page 7 . . .

    Même si j ’ai baigné dans un mil ieuspirituel depuis l ’enfance, j ’étaistoujours restée distante et sceptiquejusqu’à ce que je rencontrel ’enseignement de Ramana Maharshi(publié aux éditions Albin Michel) : pleind’humour, dépouil lé de toutes lesnotions inuti les, y compris cel le deDieu, i l va droit au but et y emmènedirectement ceux qui sont capables etdésireux de suivre. Cette rencontre achangé ma vie.

    La même année, 1 993, je suis al lée enInde pour la première fois, et j ’aiséjourné dans l’ashram qui a été fondéautour de Ramana ; bien entendu, lemaître, qui a quitté cette vie en 1 950,n’est plus là physiquement. Mais i l y ason Gourou : Arunachala, la col l inesacrée, dont on dit qu’el le est Shiva lui-même. Dans les petites grottescreusées à flanc de coll ine, laméditation s’avère étrangement aiséeet le calme intérieur s’établ it.

    La vil le deTiruvannamalai abeaucoup changé en20 ans, on y trouvede nos jours toutesles commodités dontles Occidentauxcroient avoir besoin.L’ashram cependant reste toujours lemême : un havre de paix, entouré dejardins où se promènent paons etsinges, où les journées sont rythméespar le chant des Vedas, les cloches etles flammes de l’arati , et où ladélicieuse (mais un peu épicée) cuisinede l’ Inde du Sud est servie sur desfeuil les de bananier. Chacun est l ibrede consacrer s’i l le souhaite tout sontemps à la méditation.I l est possible d’y séjourner,gratuitement, en faisant sa demandeplusieurs mois à l ’avance :http: //www.sriramanamaharshi.org/.J ’y retourne régulièrement et i l estégalement possible de venir avec moi :http: //www.yogavedanta.fr/.

    Anne Raisonnier

  • Philippe Malet n’est pas enseignant nipratiquant de yoga mais je l’ai rencontréà Chennai en novembre 2012, au coursd’un voyage d’étude sur l’enseignementde Krishnamacharya. Voici comment ilm’a gentiment mais fermementéconduite : « Très honnêtement, pour cequi me concerne, la question n'est pastellement " pourquoi aller en Inde? "mais plutôt " pourquoi y être resté ? " enl'occurrence, puisque j'y ai rencontrémon épouse indienne, Denise.Autrement dit, quelque chose de trèsbanal et qui ne mérite guère plus dedéveloppements... ».Visiblement, mon interlocuteur ne seconsidère pas comme un cas trèsintéressant. Mais la deuxième partie desa réponse fut plus à même de meréjouir : « Par contre, si d'aventure unarticle pouvait être consacré auxconductrices de rickshaws, là j'ai un peuplus de matière et c'est beaucoup plusintéressant ! D'autant plus que jusqu'àcette année, le programme de formationdes femmes et le financement desvéhicules a été soutenu par laFédération régionale de Midi-Pyrénéesdu Secours Populaire Français. » Qu’àcela ne tienne ! Voici les grandes lignesde cette histoire pleine d’enseignements.

    Comment est né ce projet ?

    L’association Speed Trust a été créée fin1999. C’est en voyant les duresconditions de vie des 18 000 habitantsdu bidonville Gandhi Nagar, situé sousune voie rapide, près de la gare centralede Chennai, que Philippe Malet a décidéd’agir. Les premiers parrainages defamilles ont commencé en 2001. 120

    familles reçoivent aujourd’hui cetteallocation. « Mais il s’agit de ne leurfournir que le strict nécessaire pourmanger à leur faim et envoyer lesenfants à l’école, afin d’éviter qu’elles nes’appauvrissent davantage. Nous nesommes pas pour le caritatif qui incite àla mendicité. » précise Philippe Malet.Des formations professionnelles, desaides à la scolarisation des enfants, desateliers de couture et d’artisanat et uneboutique ont été mis en place et, en2004, la formation des femmes à laconduite de rickshaws a commencé. Unecrèche a été installée pour que cesfemmes puissent aller travailler et lesplus âgés des enfants aller à l’écoleplutôt que de rester à la maison pourgarder les plus petits.

    Une priorité, les femmes

    Les veuves et les femmes abandonnéesont un sort particulièrement difficile enInde. Elles sont rejetées par leur belle-famille et tout leur village qui leur enfont porter la responsabilité. C’est ledébut d’un cycle infernal : empruntauprès d’un usurier pour régler lesfunérailles, taux d’intérêt exorbitant,remboursement quasiment impossible,saisie de la maison… Elles se retrouventsur un bout de trottoir avec leursenfants et viennent grossir la populationdes bidonvilles. L’association lesaccompagne pour qu’elles deviennentautonomes et que leurs enfantsapprennent à parler anglais etpoursuivent des études. La formationpour devenir conductrice de rickshawdure de trois à six mois. Elle est assuréepar une femme qui a été formée au toutdébut. L’argent est avancé par SpeedTrust pour l’achat de la licence et du

    véhicule qu’elles remboursent en troisou quatre ans. Conduire un petitvéhicule fermé et maniable, être seulmaître à bord, c’est pour ces femmes unmoyen très efficace pour retrouver laconfiance en soi, sortir du rôle devictime et offrir un avenir à leursenfants.

    Une émulation pour les jeunes dubidonville

    Ces femmes qui participent audéveloppement économique du payspeuvent envoyer leurs enfants étudierdans des écoles de langue anglaise.Certains font même des étudessupérieures, études d’infirmière,d’ingénieur informatique. Tout cela nese passe pas sans difficulté, reconnaîtPhilippe Malet : « Nous suivonségalement quarante jeunes dubidonville, qui poursuivent des étudessupérieures, la plupart sont nésintouchables. Ils avaient intégré lepostulat que des enfants de hors castesnés dans un bidonville n’avaient pas lescapacités pour réussir. Nous leur avonsdit : Apprenez, passez vos examens,obtenez vos diplômes, montez dans unavion ou entrez dans une banque etvous verrez, personne ne vousdemandera d’où vous venez. Ladifférence, elle est d’abord dans votretête. » Un message optimiste et réaliste,qui ne s’applique pas seulement aucontexte indien… A méditer et àtransmettre sans réserve autour denous !

    Marie-Claire Grange

    S'engager en IndePourquoi aller en Inde ? Nombreux sont les pratiquantsde yoga qui ont la curiosité de rencontrer la terre où estnée cette pratique. Pour Philippe Malet, fondateur del’association Speed Trust à Chennai, la question estplutôt : pourquoi être resté en Inde ? Rencontre avec unhomme engagé.

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  • Pourquoi al ler en Inde ? C’est vrai ça, pourquoi al ler en Indealors que c’est un pays où le voyage n’est pas facile. Levoyageur peut-être éprouvé par la pauvreté et les difficultésde vie de la plupart des habitants. Epreuve aussi du voyagesur place. Epreuve pour les sens.

    Pourquoi al ler en Inde ? Pourquoi quitter notre confort de vieoccidental ? Pour moi, ça a surtout été l ’envie d’al ler ai l leurs.Et c’est en Inde que j’ai décidé d’al ler, pour voir comment çase passe en-dehors de mon monde famil ier, connu. Aller versl ’ inconnu pour apprendre à me connaître un peu mieux, jepense.

    Premier voyage en 1 993, je me retrouve plongée dans unmonde où rien n’appartient au monde d’où je viens. Bien sûr i ly a les repères, i l y a du connu mais l ’ inconnu, comment çafonctionne ? Comment, par exemple, marcher dans une rueoù il y a un flot incessant de voitures, camions, vélos, vaches,piétons, où le chaos semble régner ? Pire encore, commentla traverser, cette rue sans feux tricolores et passagespiétons ? Ceci peut paraître anodin mais les personnes qui sesont déjà retrouvées au cœur d’une grande vil le indiennesavent de quoi je parle !

    Après une journée d’observation et d’adaptation, j ’ai comprisque si je voulais me déplacer, i l fal lait que je sois dans le flot,dans le moment, tous sens aiguisés. Première leçon. Et là, jeme suis sentie chez moi. Je me suis sentie vraiment chezmoi, en l ien avec ce pays fascinant, en l ien avec ces gens quiont si peu, qui travail lent dur avec des moyens limités, pas deconfort de vie, pas même parfois de quoi mangersuffisamment et toujours, toujours le temps pour un sourire.Leçon de vie.

    Et puis, i l y a la nature detoute beauté qui remplit lecœur de joie et de sérénité.J ’ai vécu pendant presque 5ans en Inde, le plus souventau plus près de la nature… etde ses habitants, des animauxqui du plus petit au plus granddemandent une grandevigi lance. Leçon d’humil ité,l ’homme n’est pas le toutpuissant !

    C’est en Inde que ma fi l le afait ses premiers pas dans lavie et moi mes premiers pasdans le yoga et là encore, jeme suis sentie chez moi, j ’étais à ma place, sentimentd’appartenance à un tout. Retour en France, le temps que lesenfants grandissent. I l y a quelques mois, je suis retournée enInde. En faisant mes bagages, j ’emportais avec moi unegrande joie de retrouver ce pays élu de mon cœur mais aussiquelques peurs. Peur de l’ inconnu, j ’al lais dans une partie del’ Inde que je ne connaissais pas. Peur aussi du connu ! Peurde cette Inde qui change, qui « émerge ».Alors j ’ai décidé d’emmener aussi avec moi la confiance etl ’ouverture. Ça a été le plus beau cadeau que je pouvaism’offrir ! J ’étais dans l ’accueil et l ’ouverture de ce que j’al laistrouver en Inde et l ’ Inde m’a totalement accueil l ie, m’offrant unvoyage rempli de belles surprises, de belles rencontres.Rencontre avec l’autre, rencontre avec moi.Pourquoi al ler en Inde ? Pour al ler vers l ’ inconnu afin demieux se connaître.

    Sophie Geulin

    servie dans de grands seaux enaluminium par des Indiens graves etfiliformes. Les singes, en bandescriardes, parfois agressifs, remplaçantnos chats sur les rebords des fenêtres.L'enseignement du yoga, exigeant forceet souplesse, sans aucune indication derespiration, délivré par de jeunesprofesseurs. L'ashram est « le lieu ou lapériode où on intensifie son effort »(op.cit. ). Et ce fut « tapas » ! J'inondaisle tapis de ma transpiration – je n'étaispas la seule – à chaque séance de yogaet je continuais de brûler pendant laméditation ! Je consumais ce quim'encombrait ?

    J'ai trouvé dans ces pratiques l'énergiede l'eau qui jaillit ! J'y ai puisé aussi lacertitude de l'authenticité del'enseignement délivré par mesprofesseurs en France. En effet, si jepeux affirmer que la source est là-bas,la carafe dans laquelle cette eau esttransportée infuse ses vertus et rendl'eau meilleure, comme un vin, issu d'unbon terroir, bénéficie d'un vieillissementen fût de chêne ! L'enseignementproposé ici par nos professeurs mesemble global, subtil, prenant encompte les trois éléments – « le corpsphysique, le souffle et le citta » (Yoga etsanté énergétique, Michel Alibert) – ausein même de la posture. Je ne trouvais

    pas cela dans les cours délivrés par nosjeunes professeurs, mais tant pis,n'étais-je pas venue à Rishikesh, pour« frotter ma cervelle à celle d'autrui » ?Aussi, j'acceptais toutes lespropositions... en y ajoutant larespiration adéquate et en observant lesrépercussions sur mon mental. Lerésultat fut salutaire, j'étais bien,sereine, pleine d'énergie, ouverte auxautres !

    A Dharamsala... la fraîcheur desmontagnes après la touffeur de la valléedu Gange, les Tibétains, majoritaires,me donnant l'impression d'être dans unautre pays, le potala ruisselant decompassion et de bienveillance, laméditation sur l'impermanenceentièrement guidée pendant une heure,le gouvernement provisoire du Tibetavec ses institutions gouvernementaleset parlementaires, des jeunes gens,perdus détruits, par la colle sniffée.

    Pour toutes cesraisons, etquelques autres,je reviendrai enInde pratiquerle yoga, je vousencourage àfaire de même !

    Mon retour en Inde 14 ans plus tard

    Doss i er 7

    La crèche accueille les enfants de 2à 4 ans. Certains de ces enfantsiront en école anglaise quand ilsseront plus grands. Outre lesactivités éducatives, Speed Trustassure chaque jour le repas desenfants, des assistantes maternelleset de quelques enfants des rues.L’objectif est de fournir au moinsune fois par semaine du poulet,des œufs ou du poisson, pourpallier les carences alimentaires desenfants mais il est difficile àréaliser, le coût des denréesalimentaires augmentant de jour enjour.Si vous souhaitez soutenir l’aideaux 50 tout-petits actuellementaccueillis dans la crèche dubidonville, contactez l’associationpartenaire de SPEED qui soutientce projet, «> HAPPY KIDS> » > :[email protected]

    Soutenir la crèche

    suite de la page 5

    Geneviève

  • Deux pratiques autour dela salutation au soleil

    8 Prati q ue

    La Salutation au Soleil (en sanskrit : sûryanamaskâra*) est un enchaînement depostures, dans lequel le pratiquant s'incline face au soleil levant.Il est possible de pratiquer la Salutation au Soleil à tout moment de la journée, lesmouvements dynamiques devant être effectués dans un certain ordre et, surtout, encorrélation avec la respiration. Il existe de nombreuses variantes de la Salutation auSoleil (on en recensait 17 différentes dans les années 90). La pratique courteproposée ci-dessous est une de ces variantes. Elle est suivie de deux mouvements decontre posture et d’une respiration contrôlée (prânâyâma). La pratique longuepermet de travailler chaque posture séparément et de préparer ainsi le corps à laSalutation au Soleil complète.Voici deux propositions de Sylvie Dalouche*Sûrya : soleil – Namaskâra : salutation

    Pratique courte

    2 fois minimum de chaque côté alterné. Peut se pratiquer 1 0 à 20 minutes sans arrêt

    Visualiser un solei l levant et s'imprégner de ses qualités

    Puis pratiquer 1 2 respirations en sûrya bedana :inspirer narine droite, expirer narine gauche

    4 à 6 fois

    1 )

    4)

    5)

    4 à 6 fois

    2)

    3)

    4 à 6 fois

    - Etire et revigore le corps tout entier- Renforce et tonifie tous les muscles- Développe la concentration, la coordination, l'équilibre,la force et l'enracinement

    - Tonifie le système digestif- Régularise le foie- Ravive et maintient la jeunesse et la joie

    Quelques bienfaits de la salutation au soleil :

  • Prati q ue 9

    Pratique longue

    La Salutation au Soleil est pratiquée avec des intentions différentes, depuis un simple exercicede gymnastique, purement physique, jusqu'à une pratique méditative complète dans laquelleles postures sont combinées avec le prânâyâma (respiration contrôlée) et l'utilisation demantra (répétition de sons).A l'origine, la Salutation au Soleil est un rituel du matin, en l'honneur du soleil qui va apporterson énergie à la terre et, pour de nombreux yogin en Inde, elle est un hommage à Sûrya, ledieu-soleil.Pratiquée quinze à vingt minutes par jour, la Salutation au Soleil est parfois considérée commeéquivalente à une séance de yoga complète.

    3 fois de chaque côté

    5)

    A rajouter à la suite del 'enchaînement précédent, quandle haut du corps est suffisammentrenforcé

    Visualiser un solei l levant et s'imprégnerde ses qualitésPuis pratiquer 1 2 respirations en Sûryabedana : inspirer narine droite, expirernarine gauche

    1 0)

    1 )

    4 à 6 fois

    2)

    3)

    6 fois

    4)

    6 fois

    6)

    6 fois

    7)

    8)

    6 fois

    9)

    6 fois

    4 à 6 fois

    si besoin

  • Ishvara c'est le Seigneur, le Gourou des gourous,Ishvarapranidhana c'est l'action de s'en remettreaux mains du Seigneur, d'accepter ce qui vient, delâcher prise, de se laisser aller dans un « abandonconfiant dans les suprêmes possibilités de l 'être »*.A première vue on pourrait prendre cela pour de larésignation. Mais si on examine de plus près lepremier sûtra du deuxième chapitre des Yoga Sûtraon constate que cette attitude n'est préconiséequ'après l'observation de deux autresprescriptions :Tapas : l'ascèse « étalée dans le temps, sansinterruption, faite avec soin, ferveur, persévéranceet sans attente particulière »*.Svadhayaya : la connaissance de soi, le travail sursoi pour découvrir et éliminer le blocagesémotionnels, les stratégies négatives qui noustiennent éloignés de la réalité et de notre êtreprofond.En d'autres termes nous pouvons nous reposer àregarder le blé pousser seulement après avoir bientravaillé le terrain et bien identifié et neutralisé lesmauvaises herbes.

    Pourquoi lâcher prise ?Parce que l'état de Yoga, le contact avec notre êtreprofond, ne peut pas être atteint par la volonté.Pour bien pousser, le blé a besoin aussi de bonnesconditions climatiques et nous n'avons aucuneprise sur le climat.

    Lâcher prise sur quoi ?Il n'est pas question d'abandonner lesresponsabilités qui sont les nôtre vis à vis de lasociété (parents, travail, association...). Par contrenous devrons apprendre à lâcher prise sur leshabitudes prises par notre égo (notre façon defonctionner), par exemple :• Sur notre désir de vouloir changer le monde.Nous avons pris l'habitude de penser que notrebien être est dépendant de notre environnementmais il est peut- être plus facile d'apprendre àchanger notre cadre de référence plutôt que de sebattre pour que notre conjoint se comporte commeon l'a toujours rêvé, nos enfants suivent la« bonne » voie, notre entourage nous donnetoujours raison, notre patron reconnaisse enfinnotre valeur...

    • Sur notre habitude à rendre les autresresponsables de nos émotions négatives.

    Pouvons nous prendre la responsabilité de nosémotions ? Les autres ne sont pas responsables denos réactions émotives, les blâmer est la plupart dutemps inapproprié et contre productif. Beaucoupd'énergie est ainsi dépensée inutilement alorsqu'elle pourrait être judicieusement utilisée pourmieux comprendre les blessures qui sont à l'originede nos émois.• Sur l'atteinte de nos objectifs.Dans la mesure où ils ne nuisent pas à autrui, il estintéressant de se fixer des objectifs. Cela structurenotre vie et lui donne du piment. Travailler (avecplaisir !) dans une direction donnée, constitue unexcellent entraînement pour progresser sur notrechemin de vie. Se donner un objectif c'est se mettrede tout son cœur à l'ouvrage, c'est aussi accepter etaccepter totalement qu'il puisse ne pas être tenu.Rester crispé sur un objectif non atteint risque denous masquer les nouvelles opportunités quipeuvent se présenter.

    La liste est loin d'être exhaustive !Contrairement à ce que nous pourrions penser, lelâcher prise est bien une attitude active. Ne pas selaisser embarquer par les mécanismes prééminentsde notre ego demande une vigilance de tous lesinstants. Ce dernier est puissant et n'aime pas lechangement. Pour entendre ce que dit notre cœur,nous devons apprendre à connaître et déjouer les« programmations » de notre ego, en particuliercelles de nos corps mental et émotionnel.

    La route n'est pas sansobstacles, elle n'en estpas moins passionnante.Apprenons à lâcher prise,lâcher prise sur tous cespoints qui nous épuisentet nous éloignent de laréalité sans jamaisperdre de vue que nousne lâcherons jamais prisesur notre désir dechangement.

    * Traduction Paule Mourrut

    Ishvarapranidhana,

    10 Sagesse

    l'abandon confiant

    Christian Torrell

  • On peut admirer à Chennai, dans la Galerie des bronzes du

    Government Museum, au coeur d'une collection splendide, une

    sculpture de Shiva-Nataraja dansant, le réconciliateur des

    diverses tendances de l'univers, le représentant de l'unité de

    toutes choses créées ou incréées. Ce bronze date du 11ème

    siècle et a été célébré par Rodin comme la représentation la plus

    parfaite de l'énergie vitale. Voici l'histoire de cette danse

    cosmique telle qu'elle est relatée dans un ouvrage publié en

    1951, La danse hindoue, par Srimati Usha, elle-même danseuse

    accomplie.

    Vishnou alla un jour au Mont Kailash, la demeure de Shiva, car

    il lui avait été dit que Shiva allait se mettre en route pour la

    forêt de Taragan afin d'y convertir des rishis qui lui étaient

    hostiles. Il accompagna donc ce dernier et assista à plusieurs

    combats duquel Shiva sortit vainqueur : contre un tigre, un

    énorme serpent et un nain appelé Muyalaga que Shiva écrasa de

    son pied. Il commença sa danse mystique jusqu'à ce que les

    rishis le reconnaissent pour leur dieu. Connue sous le nom de

    Nadanta, le motif de cette danse représente les cinq activités de

    Shiva réunies sous le terme de panchakritya : shristi, la création

    et l'évolution, sthiti, la conservation et la préservation, samhara, la destruction et la renaissance, tirobhava,

    l'incarnation des âmes, et anugraha, la délivrance du cycle du karma. « La vie ne commence que lorsque Shiva l'a

    insufflée dans le monde. L'univers entier vibre de son rythme... la danse de Shiva est partout, dans la courbe

    gracieuse d'un épi de blé, dans les rameaux fleuris du printemps, dans la chute délicate des feuilles d'automne, doux

    accents de Shiva, dans les rayons empourprés du soleil couchant ou dans les flots énormes qui battent les rivages... »

    Sagesse 11

    La danse de Shiva

    C'est ne plus s'agripper au passé,Mais s'ouvrir à l'instant présent.Ce n'est ni craindre, ni espérer en l'avenir,Mais construire celui-ci au présent.

    Lâcher prise c'est dénouer le fil de la peur,C'est dénouer le fil de toutes les peurs.C'est accepter de faire confiance,Faire confiance à la vieEt se faire confiance.

    Lâcher prise, c'est apprendre à agirEt non à réagir.C'est apprendre à aimerSans rien attendreEt s'ouvrir à ce qu'il y a de meilleur en l'autre.

    C'est savoir accepter que l'autre soit différentEt l'aimer tel qu'il est.

    Lâcher prise, c'est apprendre à pardonnerEt à se pardonner.C'est aller au delà des apparencesEt s'ouvrir à ce qu'il y a de meilleur en soi-même.

    Lâcher prise c'est naître et renaître à chaque inspiration,C'est apprivoiser le détachement à chaque expiration.C'est porter un regard sans cesse renouveléSur tout ce qui nous entoure.

    Lâcher prise c'est savoir écouter sans se croire obligéDe conseiller ou de diriger.C'est respecter l'autre et se respecter.

    Lâcher prise c'est savoir se tairePour vivre le silence.C'est apprivoiser le silence,Pour que naisse la paix.

    Lâcher prise

  • Si l'on se base sur les vestiges archéologiques de Mohenjo Daro etde Harappa, dans la vallée de l'Indus, le yoga était déjà présentvers l’année 1500 avant JC. Datant de cette époque, des sceauxportent la représentation d’une figure humaine en posture deméditation. Une tradition d’enseignement et de pratiquespirituelle était donc vivante dans la société indienne.

    De cette ancienne culture indienne datent aussi lesplus anciens récits de l’humanité : les Vedas.Considéré comme pilier de la pensée indienne, leVeda, qui en sanskrit veut dire vision ouconnaissance, est un ensemble de récits quiauraient été entendus par des sages en état deméditation. Cette forme de connaissance estappelée shruti, et les anciens sages, les rishis. LeVeda est composé de quatre grands ensembles detextes : le Rig Veda, écrit en majorité en vers,rassemble des récits dédiés à la prière, le SamaVeda des hymnes chantés, le Yajur Veda décrit desrituels, sacrifices et prières. L'Atharva Veda secompose d'un ensemble de recettes magiques, récitshistoriques, réflexions pré-scientifiques et pré-philosophiques.

    Le langage du Veda est à la fois poétique etsymbolique. Le Rig Veda, qui est le plus ancien textevédique, comporte des allusions au yoga, parexemple dans un poème nommé « l’hymne à celuiqui a les cheveux longs ». Il décrit un être libre dece qui enchaîne l’homme commun, et qui aurait

    développé des pouvoirsextraordinaires, des sidhis.Il contient la GayatriMantra, qui invoque lesoleil comme source devie et qui est chantée etutilisée encore de nosjours comme support deméditation. On y trouve

    des références à Surya Namaskara, la salutation ausoleil, connue de nombreux pratiquants de yoga.

    Le yoga présent dans quatre Upanisads

    Au fil du temps, les Vedas ont évolué et ont donnélieu à des textes connus comme les Brahmanas etAranyakas qui vont culminer entre 800 et 300avant JC avec l’apparition des Upanisads. Le motUpanishad signifie « être assis aux pieds du

    maître ». Les Upanisads sont nombreux et seprésentent comme des discours poétiques sur lacondition humaine offrant la possibilité de selibérer de tout ce qui oppresse l’esprit et detranscender les limitations normales de la conditionhumaine.Le yoga apparaît comme concept distinct dansquatre des Upanisads : Taittyria, Katha, Svestasvaraet Maitri.

    La Taittyria Upanishad, l'une des plus anciennes(vers 700 avant JC), est attribuée au maîtrevédique Tittiri qui en sanskrit signifie perdrix. L’êtrehumain y est représenté comme un oiseau dont lescinq corps sont en interrelation constante les unsavec les autres : anna maya, le corps de chair, denourriture, prana maya, le corps d’énergie etrespiration, mano maya, le corps de nos facultésmentales et capacités d’apprentissage, vijnanamaya, le corps de personnalité et système devaleurs et ananda maya, le corps de relation, siègede nos émotions et de la joie profonde. Chaqueoiseau est décrit ayant une tête, une queue, uneaile droite et une aile gauche. Dans la descriptionde vijnana maya, le yoga représente le corps del'oiseau, la tête est shraddha, la confiance, l’ailedroite rtam, la vérité absolue, l’aile gauche satyam,la vérité qui est dite et la queue est mahat, le grandau-delà d’où émerge notre intelligence. Selon lescommentateurs, le mot yoga fait ici référence à lacontemplation et à l’idée d’un mental pacifié. Danscette même upanisad se rencontre la notion deyogaksema, l’idée d’être persévérant dans lapratique et de prendre soin à ne pas perdre lesprogrès atteints.

    Des références de plus en plus nombreuses

    Dans la Katha Upanisad (entre 500 et 400 avantJC), une histoire relate la rencontre entre un jeunebrahmin, Niciketas, et Yama, dieu de la mort. Yamaconcède trois faveurs à Niciketas qui lui demande ce

    Les origines du yoga

    12 Ense i gnemen t

  • qui se passe après la mort. Yama est réticent à luirépondre : ce n’est que par la persistance dudemandant que d’une façon lente et progressivel’enseignement va être révélé. Pour la première foisdans l’histoire, une explication est donnée sur leyoga. « Quand ensemble les cinq sens et l’espritcessent (leur activité) et que le mental ne génèreplus de mouvement, alors c’est le plus haut desétats, considéré comme le yoga, le ferme contrôledes sens. ». D’autres aspects importants du yogasont présents dans cette upanisad, comme lanécessité d’étude et d’observation de soi, que nousconnaissons par le terme svadhyaya, qui estindispensable pour progresser dans la démarche.

    La Svestasvara Upanisad (entre 500 et 400 avantJC) donne des indications pour avancer sur lechemin du yoga. Par exemple, la nécessité d’unenvironnement adéquat pour pratiquer, la posturecorrecte pour la pratique du contrôle du souffle etla méditation. Les progrès dans le yoga se voientquand une meilleure santé et un esprit clairs'établissent. Enfin, une analogie est utilisée poursignaler quand le but est atteint : « L’âme, commeune lampe, brille d’une lumière éclatante. ». Alors,« nous sommes libres de toutes les entraves. ».

    Des correspondances avec le traité de Patanjali

    Dans la Maitri Upanisad, (vers 300 avant JC)apparaît l’idée que le yoga se base sur trois aspectsindissociables : connaissance, austérité etméditation. La même idée se retrouvera plus tarddans le traité de Patanjali, exprimée dans le kriyayoga qui comprend la discipline, tapas, l’étude etconnaissance de soi, svadhyaya et lareconnaissance d’un principe où d'une forcesupérieure, ishvarapranidhana.

    Dans cette même upanisad apparaît un modèle dedémarche plus complet, composé de six membres :pranayama, la maîtrise du souffle, pratyahara, lamaîtrise des sens, dhyana, la concentration, tarka,la contemplation et samadhi, la complèteidentification avec l’objet de méditation. Cesaspects vont resurgir plus tard dans le yoga deshuit membres, l'ashtanga yoga de Patanjali. Unedéfinition du yoga nous est donnée : « Unité entresouffle, esprit et sens ainsi que le renoncement àtout ce qui conditionne l’existence, tel est leyoga » . La grandeur du yoga s'exprime d'une façonpoétique: « Le chez soi, qui consiste en un espacetotal et merveilleux dans le cœur, tel est notre soi,tel est notre yoga aussi ».

    Cette upanisad conclut la section dédiée au yoga enénonçant les résultats obtenus : « Par la pratiquedu yoga on gagne en contentement, en enduranceface aux paires d’opposés et en tranquillité. ». Iciencore, on trouve des correspondances avec letraité de Patanjali puisque samtosha, lecontentement, est un des niyama, deuxièmemembre de l’ashtanga yoga. La non perturbation del’esprit par le tiraillement entre les paires d’opposésest le résultat de la pratique d’asana, troisièmemembre de l’ashtanga yoga.Nous sommes encouragés à ne pas dévoiler tropvite cet enseignement : « Ce mystère le plusprofond ne doit pas être mentionné à quiconquequi ne soit pas un fils, un disciple ou quelqu’un quine soit pas tranquille. On peut le transmettre àl’élève sérieux qui réunit les bonnes conditions. »

    Muntsa Cosculluela

    D'après l'article de Gill Loyd, "The origins of Yoga : from the Upanisads to

    Sutras" (texte original en anglais sur www.khyf.net)

    Actu I FY 13

    Dix régions étaient représentées etles échanges ont été trèsenrichissants.Bouleversant l 'Ordre du Jour, laséance s'est ouverte sur unediscussion animée autour del 'uti l isation des locaux du 2 rue deValois. Cette question, déjà traitéeen AG puis en CA de l'IFY, n'estpas encore réglée. Trois rapportsfournis au CA sont en cours desynthèse pour diffusion vers lesassociations régionales.Un tour de table a ensuite permis àchacun de se présenter et de faire

    part des activités, projets etquestions des régions. Une belledynamique se dégage, les régionsfaisant preuve de beaucoupd'initiative et d'original ité pourproposer des animations à leursadhérents ou pour se faireconnaître. Certains proposent uneconférence avant l 'AG ou un repasavec spectacle de danse indienneou encore un stage de yogaoffert. . . Pour améliorer un peu plusla cohésion dans l 'association,d'autres proposent en débutd'année une réunion de tous lesprofesseurs avec distribution desdocuments de rentrée. Celapermet de se retrouver et dediscuter des projets de chacun.Concernant le fonctionnement

    administratif des associationsrégionales, un point est fait sur lestatut des membres participant auxinstances de l'IFY (CDA, CA ouAG). Un dossier « AssociationsRégionales : mode d'emploi » esten cours d'élaboration. I l serafinal isé pour la rentrée prochaine. I ldevrait être d'une grande aide pourles bureaux des associationsrégionales.Un point est ensuite fait sur lessupports de communication dechacun. Les sites internet ou blogse développent bien et lesjournaux sont de plus en plusriches, preuve de la grande vital itéde notre institut.

    Joël le Breuil et Muntsa Cosculluela

    Réunion du Collège desAssociations

    Actu de l ' IFY

  • 500 g de farine de blé • 1 8 cl d’eau • 1 yaourt nature(brassé) • 4 c. à soupe d’hui le végétale • 1 c. à café desel • 1 c. à café de sucre • 2 pincées de levure chimique •8 g de levure boulangère (1 sachet) • 1 8 portions devache qui rit (3 par naans)

    Mélanger tous les ingrédients secs : farine, levurechimique, sel et sucre. Faire un puits dans cette farine, et

    ajouter les ingrédients l iquides : hui le,yaourt, levure boulangère + la moitié del ’eau.Pétrir la pâte, et ce, pendant 1 5 à 20minutes environ à la main ou 1 0 min avecun robot.Rajouter la moitié d’eau restante, au fur età mesure, jusqu’à obtenir une belle pâtel isse. Ne pas hésiter à réajuster en eau oufarine pour obtenir la consistance voulue.Recouvrir la pâte d’un torchon et la laisserreposer et lever dans un lieu sec voirechaud.Au bout de 1 h à 2 h, former 1 2 petitesboules avec la pâte.

    Disposer les petites boules sur un plan detravail saupoudré de farine afin decommencer à abaisser la pâte.Commencer alors avec la 1 ère boule, etl ’aplatir au rouleau afin d’obtenir un disquefin (3/4 mm) de la tai l le d’une assiette. En

    faire une deuxième toujours de la même tail le.Étaler une bonne cuil lère à soupe de Vache qui rit sur le1 er disque avec une spatule. Puis le recouvrir du 2èmedisque de pâte, et presser les bords délicatement.Faire cuire au four après préchauffage (environ 200°) ouavec une poêle à crêpes.

    350 g de lenti l les corail • 1 tomate • 1 gros oignon • 2gousses d’ai l • 80 g de ghee (beurre clarifié) ou 2 c. àsoupe d’hui le d’ol ive ou de sésame • 2 cm degingembre frais • 1 c. à soupe de curry • 1 c. à café decassonade • sel

    Couvrir les lenti l les d’eau froide dans une casserolejusqu’à 1 cm au-dessus de la surface. Cuire à couvertjusqu’à ce que leslenti l les soient tendres.Les égoutter s’ i l restetrop d’eau mais laconsistance doit restersouple.

    Eplucher le gingembre etle hacher menu. Peler etépépiner la tomate, lahacher.Peler et hacher l ’oignon.Eplucher l ’ai l et presserles gousses avec unpresse-ail .

    Faire suer l ’oignon avecla matière grasse dansune sauteuse.Saupoudrer de curry,ajouter la pulpe de latomate, l ’ai l pressé, lacassonade, les lenti l les et le gingembre. Saler et laissermijoter 5 mn à feu doux.

    Le dal se mange chaud de préférence mais c’est bonfroid aussi. Servir avec des galettes indiennes, naan,chapati ou papadum.

    J'ai découvert ce l ivre par hasard dans le rayon « géographie » de labibl iothèque de mon vil lage. La couverture haute en couleur et le titre m'ontinterpellée immédiatement en même temps que se posait la question « quevient faire un l ivre de cuisine au rayon géographie ? ». En fait i l s'agit biend'un récit de voyage et quel voyage ! !Dans le but d'al ler voir sur place à quel point l 'authenticité des aliments et dela cuisine peut survivre dans un pays très marqué par l 'immigration, ChitritaBanerj i a parcouru une douzaine de régions du continent indien et nousentraîne à sa suite dans un merveil leux voyage à la fois historique etcul inaire. On y apprend ainsi comment l 'infinie diversité de la cuisine indiennea été marquée par les différents envahisseurs ou conquérants qui ont occupéle continent indien par vagues successives, apportant avec eux de nouveauxproduits ou de nouvelles façons d'accommoder les multiples épices, légumes,poissons ou viandes qu'i ls découvraient. On découvre également à quel pointla nourriture fait partie d'une tradition encore vivante, comment el le symbolisela vie, l 'amour, la joie.Un récit qui se déguste avec les yeux, le nez et les papil les et qui vous metl 'eau à la bouche à chaque page !

    Joëlle Breuil

    Le festin indienChitrita BanerjiEditeur Hoebeke Collection Etonnants Voyageurs

    un livre ...

    Dal de lentilles corail

    deux recettes qui se marient bien ...

    Naan au fromage

    14 Coups de coeu r

    ... Autour de la cuisine indienne

  • Martyn Neal, enseignant de yoga formé par Desikacharet formateur de l’Institut Français de Yoga, aime aussimarcher. Il vit la marche à pied comme une affaired’amitié, une aventure humaine et spirituelle. Marie-Claire Grange lui a demandé de nous en parler.

    Yoga et marche à pied

    Yoga dans tous ses états 15

    Comment a démarré ton histoireavec la marche ?

    Il faut remonter aux années 80. J’airéuni avec moi deux amis : Jean-Yves Leloup, prêtre philosophe etconférencier et Philippe Forcioli,poète chanteur et lecteur, pourpartager quelque chose à partir denos pieds. Les premières baladesont démarré et nous avons eubeaucoup de monde. Jean-Yvesnous parlait du cheminementspirituel et de la marche, Philippelisait des textes. C’est le yoga quifaisait le lien, comme moyen dedétente après l’étape. L’aventure acontinué sans Jean-Yves mais ladimension spirituelle est restéeprésente. Cela nous correspondaitbien à Philippe et à moi. L’aventurehumaine est une dimensionessentielle de la spiritualité :comment je suis en relation avec lesautres, comment le rapport s’établitet permet de se connaître. Plus tard,j’ai supprimé les cours de yoga lorsdes balades, sauf quand lescirconstances étaient propices. Çame reposait de mon quotidien !Philippe et moi avons créél’association A Pied sous le Ciel en1991.

    Quel lien vois-tu entre yoga,spiritualité et marche à pied ?

    Quand on marche, par exemple, à lafin de l’été en Provence, ça chauffe !C’est tapas, un exercice qui purifie,qui rend malléable pour lechangement. Cela fait aussi ressortirdes crasses, purifie (shuddi)... Laspiritualité est une aventurehumaine qui consiste, entre autres,à partager des difficultés. Ce n’estpas une absence de conflit ou depeine ! La spiritualité est undomaine de désencombrement etd’identification de l’essentiel.

    Dans la marche, si on part tropencombré, quelque chose vaforcément claquer : notrepatience... un muscle... Un sac à dostrop lourd devient un handicapquand on marche toute la journée.La marche comme une méditationnous ramène à l’essentiel. C’est laquestion de vairâgyâ, ledétachement. Comme l’expliqueDesikachar, on doit modifier nospriorités, réorganiser le niveaud’importance des choses. Au début,mon sac à dos était trop lourd. Laquestion que j’ai dû me poser, c’est :qu’est-ce qui ne peut pas êtrelaissé ? Mais tant qu’on n’est pasprêt(e) à se passer de quelquechose, sa pince à épiler parexemple... eh bien, il faut laprendre ! À mes débuts en Inde, j’aiappris, à l’inverse, lors d’une baladedans les Nilgiri Hills (2600 m) quecheminer ne supporte pasl’improvisation. Je suis parti enshort et en débardeur... j’ai vite vuque je n’avais pas emporté lesbonnes affaires et compris manaïveté.

    Comment les choses ont évoluéau fil des marches ?

    Le chant s’est imposé, le chantgrégorien, sacré, les psaumes, et deschants païens aussi, et puisBrassens, les Beatles... Chanterconstitue un ferment émotionneltrès important qui touche le coeur.Quand on est engagé dansl’aventure de la marche, lafraternité « est ». On a labouré lecoeur avec les émotions portées parle chant, ensuite on chausse sesgodasses, on retravaille lesquadriceps, on transpire, on sepasse un bout de pain, quelquesamandes, un peu d’eau qui reste aufond d’une gourde... Il n’y a pas degrands mots.

    Qu’est-ce qui se passe quand tumarches avec un groupe ?

    Avant tout, on marche ensemble,sans chichi… Parfois, j’essayed’aider les personnes qui ont desdifficultés. Certains se fatiguentparce qu’ils gardent le même pasquelle que soit la pente. Leurrespiration ne tient pas, ils sontobligés de s’arrêter pour récupéreret marchent donc par à coups. Jeleur propose de garder la mêmerespiration et de modifier leur pas,moins rapide s’il y a une montée parexemple. Beaucoup ont vu qu’ilspouvaient garder un souffle plusrégulier en faisant attention à cela.Mais si samskâra, leconditionnement, reprend la main,la marche redevient forcée. En fait,c’est proche du yoga, à traversl’observation de la respiration et deses variations. La marche peut êtreaussi une expérience de laméditation, cet état d’attentionpaisible sur ce qu’on voit, ce qu’onressent. Lors de nos balades, chaquejournée commence avec une demi-heure de marche en silence : celapermet d’être à l’écoute dessensations et de se mettre en phaseavec soi-même, ses possibilités. Lematin tôt, cela permet d’entendredes choses superbes : le petit bruitdes pas sur la terre... On est avec lesautres. Mais nous ne restons pasmuets - le rire fuse aussi !

    Pour partager un bout de chemin avec A

    Pied sous le Ciel, contacter

    [email protected]

    Martyn Neal et Phil ippe Forciol i ,marcher "à pied sous le ciel",une histoire d'amitié

  • Bienêtre16

    En Occident, l’ayurveda émergedepuis quelques années et certainsont pu vivre des expériences« ayurvédiques » (sous forme demassages la plupart du temps) aucours d’un voyage en Inde. Maisfinalement peu de personnesconnaissent vraiment cettemédecine traditionnelle indiennenée il y a plus de 5000 ans.Reconnue par l’OMS, l’ayurveda estun système de santé holistique,c’est-à-dire qui prend enconsidération toutes les dimensionsde l’être humain : physique, mental,psycho - émotionnel et spirituel.Ayurveda est un mot sanskrit quisignifie littéralement science (veda)de la vie (ayur). Elle est basée sur legrand courant de connaissancevédique spirituelle, dont elle estl’aspect médical. Elle a été crééepour permettre une longévitémaximale aux personnes en quêtedu yoga et des buts sérieux de lavie.

    L’ayurveda considère que l’êtrehumain est un microcosme del’univers, composé comme lui descinq éléments que sont la terre,l’eau, le feu, l’air et l’éther (ouespace). En se combinant, leséléments vont former trois forcesfondamentales, les dosha ouhumeurs : vata (éther et air),pitta (feu) et kapha (eau et terre).La combinaison de ces trois doshaest unique pour chaque individu etdétermine sa nature sur les plansphysique, émotionnel, intellectuel etspirituel, c’est ce que l’on appelleprakriti ou constitution. Selonl’ayurveda, c’est le déséquilibre parexcès ou carence, d’un ou plusieursdosha qui crée une perturbationmétabolique, et ultimement, lamaladie.

    En comprenant la vie, c'est-à-direnous-mêmes, notre environnementau sens large (lieu de vie, travail,

    famille, amis,relations,saisons,rythmes...) etl’influence de cet environnement surnotre fonctionnement métabolique,psycho-émotionnel, mental etspirituel, l’ayurveda nous proposedes outils variés pour retrouver etgarder un équilibre harmonieuxdans notre vie. Parmi ceux-ci, le plusimportant est notre style de vie,comprenant notre alimentation, nosactivités quotidiennes, nos rythmes(lever, coucher, heure des repas…)et notre façon d’appréhender cela.D’autres outils peuvent être utilisésen fonction de chaque individu et dela nature du ou des déséquilibres,comme la phytothérapie,l’aromathérapie, mais aussi le yogaavec toutes ses dimensions :postures, respiration, méditation,chant, utilisation de mantras.

    Aparigraha est traduit également par non possessivité,non avidité, absence de cupidité mais aussidépouillement, simplicité. Littéralement c'est ne pastout accumuler, tout saisir. Cela donne l'idée de ne pass'agripper.Aparigraha est le 5ème précepte des disciplinessociales (Yama) du yoga aux 8 membres de Patanjali.Il est présenté après ahimsa (non violence), satya(authenticité), asteya (honnêteté), brahmacarya(tempérance au service d'un idéal absolu) – YS II30.Lorsque ces quatre qualités sont établies, alors ledésintérêt pour tout ce qui n'est pas indispensable peutémerger.Dans nos sociétés occidentales très orientées etconditionnées par le consumérisme, où la possessiond'un certain nombre de choses semble indispensable ànotre bonheur, il est très difficile de comprendre et delaisser éclore aparigraha.Aparigraha c'est ne pas retenir, ne pas agripper ous'agripper à un objet, à un autre que soi, à unsentiment, à une idée.Aparigraha c'est laisser de la place pour la mort dansla vie. C'est accepter que quelque chose puisse mourirpour qu'autre chose puisse vivre.

    « Pour pouvoir vraiment comprendre ce qu'est la vie, ilfaut qu'il y ait l'espace pour la mort dans notre vie ».P. Hersnack.C'est alors (lorsque le dépouillement, ledésintéressement est en place) que l'on peut accéder àune compréhension totale, une connaissance globalede la vie (YS II39)Aparigraha nous interpelle dans nos expériences dedeuil : accepter de laisser partir un être cher (décès,séparation), accepter de ne pas posséder le derniertéléphone à la mode sans avoir peur d'être mal vu,accepter de vendre la maison dans laquelle on a pleinde souvenirs parce que finalementce n'est pas si essentiel pour êtrece que l'on est...Aparigraha c'est accepter de sedépouiller de tout ce qui nousencombre et encombre notrerelation à l'autre pour donner del'espace à la vie en nous.

    « C'est lorsqu'on accepte de lâcherla vie que l'on comprend la vie ».M. Alibert

    Ayurveda,la connaissance de la vie

    Aparigraha,désintéressement, non convoitise

    Les mots du yoga

    Sarala Lucet

    Joëlle Breuil