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i UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------------------------ Domaine des sciences de la Société Mention ECONOMIE Parcours : AFFAIRES PUBLIQUES (L3) Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme de Licence en science économique Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME Présenté par : Numéro d’examen : 05 Hilala Elyno Enseignant : Mme lalao RAJAOSON Date de dépôt : 29 janvier 18 Année Universitaire : 2016-2017 Soutenu le 12 mars 2018

Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

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Page 1: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

i

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

------------------------

Domaine des sciences de la Société

Mention ECONOMIE

Parcours : AFFAIRES PUBLIQUES (L3)

Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme de Licence en

science économique

Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

Présenté par : Numéro d’examen : 05

Hilala Elyno Enseignant : Mme lalao RAJAOSON Date de dépôt : 29 janvier 18

Année Universitaire : 2016-2017

Soutenu le 12 mars 2018

Page 2: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

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REMERCIEMENTS

J'aimerais présenter ma profonde gratitude envers toutes les personnes qui m'ont soutenu tout au long de ce travail de recherche.

Je pense particulièrement à madame lalao RAJAOSON, notre encadreur que je remercie pour son soutien et ses conseils.

Je pense aussi à ma mère, que je tiens à remercier pour ses prières et ses encouragements. Je n'oublie pas tous les autres membres de ma famille, pour leur intérêt pour ce travail ainsi que leurs encouragements.

À tous mes amies, amis et connaissances, pour leur soutien et encouragement. Que le Seigneur vous le rende à toutes et tous au centuple.

Page 3: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

iii

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Google trends recherche « crowdfunding »

Figure 2 : Sources de financement externe des PME dont le siège se trouve en Europe.

Figure 3 : Perception des chefs d’entreprise concernant la facilité/difficulté à obtenir un

nouveau crédit ou à augmenter un crédit existant.

Figure 4 : Répartition en fonction du type de crowdfunding en fonction des montants apportés

Figure 5 : 05 étapes pour réussir une campagne de crowdfunding.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Opérationnalisation de l’intensité du signal d'identité

Tableau 2 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'attention

Tableau 4: Opérationnalisation de l’intensité du signal d'activation/camouflage

Tableau 5 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'imitation

Tableau 6 : Opérationnalisation de l'intensité du signal de besoin

Tableau 7 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'intention

Tableau 8 : Opérationnalisation de l’intensité du signal non intentionnel

Tableau 9 : Présentation des plateformes de financement participatifen Afrique

LISTE DES ANNEXES

ANNEXE A : Opportunités et chiffres clés du financement participatif

ANNEXE B : L’analyse SWOT du financement participatif

Page 4: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

iv

LISTE DES ABREVIATIONS

AMF : Autorités des marchés financiers

APD : Aide publique au développement

CF : Crowdfunding

ECN: European Crowdfunding Network

FP: Finance participative

FPF: Finance participative France

IFC : International financial corporation

PME : Petites et moyennes entreprises

P2P : Peer-to-peer

OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques

SEC : Securities and Exchange Commission UMC Union des marchés de capitaux

USD: United States Dollar

WB: World Bank

Page 5: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

v

SOMMAIRE

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . 1

PARTIE I : Approchethéorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CHAPITRE I : L’Univers du financement participatif dans son ensemble . . . . . .. . . . . . . . 4

SECTION I : Définitions et Objectifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

SECTION II : Définition d’une plateforme multi faces numérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

SECTION III : Contexte et raisons d’apparition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

CHAPITRE II : Modèles et méthodes de financement participatif. . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 15

SECTION I : Les différents types de financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . ... 15

SECTION II : Les méthodes appliquées au financement participatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

CHAPITRE III : Les Avantages et risques liés au crowdfunding. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

SECTION I : Le financement participatif : un levier de développement économique.. . . . . 20

SECTION II : Les risques liés au financement participatif.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

PARTIE II : Analyse empirique et qualitative du financement participatif en capital des PME

en Afrique : cas de Madagascar.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26

CHAPITRE I : Méthodologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

SECTION I : Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

SECTION II : Analyse de l’échantillon . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

CHAPITRE II : Un panorama des acteurs et des initiatives de financement participatif en

Afrique Subsaharienne (cas de Madagascar) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

SECTION I : Analyse du contexte socio-économique propice à la finance participative.. . 41

SECTION II : Présentation et caractéristique des plateformes de Crowdfunding dans les pays

en voie de développement.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

CHAPITRE III : Portée et limites de l’analyse empirique . . ………………………….... 47

Section I : Les défis à venir de la finance participative. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . 47

Section II : Etat d’avance des initiatives. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

Section III : Discussion et ouverture. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

CONCLUSION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

BIBLIOGRAPHIES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . 54

Page 6: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

1

INTRODUCTION

Le financement participatif en capital ou equitycrowdfunding a vu le jour grâce à l’émergence

des réseaux sociaux et des plateformes Web1.Depuis le développement du Web 2.0 au début

des années 2000, l’utilisation d’Internet a connu une expansion incroyable et offre

l’opportunité aux internautes de pouvoir interagir, partager et échanger des informations entre

eux de manière simplifiée. C’est ainsi que toute une série de personnes innovantes sont

parvenues à créer des applications économiques grâce à internet.

A l’origine ce mode de financement a été crée pour les artistes pour promouvoir leurs

projets que ce soit les films, les clips ou les bandes dessinées mais suite à la crise économique

et financière de 2009, le crowdfunding s’est même propagé vers le financement des petites et

moyennes entreprises (PME)2 car elles subissaient un resserrement du crédit de la part des

banques. Déjà populaire dans les pays développés et il s’inscrit dans un mouvement de

désintermédiation financière3, le financement participatif est la réponse à un réel besoin des

petites entreprises à trouver du financement à moindre coût. Aux États-Unis et en Europe par

exemple, c’est déjà par centaines que se comptent les plateformes de financement participatif

en capital. Madagascar n’échappe donc pas à ce mouvement et c’est dans ce contexte que les

Autorités concernées mettront sous peu de nouvelles règles en place pour encadrer cette

pratique sur le territoire Malgache.

Se situant dans ce qu’on appelle l « Economie Collaborative », le financement participatif

amène des bouleversements sur la société comme par exemple des changements sur la façon

d’agir ou de consommer…..etc.L’économiste autrichien Joseph Schumpeter parlait de «

destruction créative 4 » quand de nos jours on l’appelle souvent dans le numérique «

désintermédiation numérique » ou encore « ubérisation ». Dans les deux cas, ce sont des

1 L'ensemble des techniques, des fonctionnalités et des usages du World Wide Web qui ont suivi la forme originelle du web. 2 Une PME est une entreprise qui occupe moins de 250 personnes et dont le chiffre d'affaires annuel n'excède pas 50 millions d'euros ou dont le total du bilan annuel n'excède pas 43 millions d'euros. 3 Economie de l’innovation qui opte pour de nouvelles sources de financement. 4 SCHUMPETER J, Capitalisme, socialisme et démocratie. 1942. 368p.

Page 7: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

2

innovations majeures qui rendent obsolètes des pans entiers de l’activité et détruisent des

millions d’emplois. Ce mouvement naturel de l’économie qui n’a rien de nouveau, critiqué

par les uns, encensé par les autres, n’est que l’expression d’une société et d’une économie de

l’innovation qui avancent dans une sorte de jeu à somme nulle. Les emplois détruits dans

l’ancienne économie sont reconstitués dans la nouvelle. C’est dans ce contexte qu’il est

certain que son développement devrait créer un engouement de la part du public et contribuer

à l’essor économique de Madagascar.

Ainsi, c’est dans l’optique d’évaluer « Dans quelle mesure le financement participatif

contribuera-t-il au développement des PME à Madagascar ? » que nous avons entrepris un

projet de recherche sur le sujet.

Ce mémoire est divisé en deux parties. La première partie abordera l’aspect théorique

du financement participatif : nous expliquerons l’origine, sa définition, le contexte ou il a été

crée, son mode de fonctionnement et surtout ce qu’il implique pour les parties prenantes.

Dans la deuxième partie nous allons examiner si le « crowdfunding » ou financement

participatif présente un potentiel dans les pays en Afrique Subsaharienne comme Madagascar

et surtout répondre à la problématique posée.

Page 8: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

3

PARTIE I : APPROCHETHEORIQUE

Le but dans cette partie est de faire découvrir le concept du financement participatif, encore

peu connu à Madagascar. Dans un premier temps nous évoquerons le terme « financement

participatif » ou « crowdfunding » en anglais. Nous essayerons de synthétiser les définitions,

et les concepts en relation avec celui-ci et essayer de comprendre ses origines. Nous décrirons

également les différentes modes que le financement participatif comporte et enfin il est

important analyser tous les risques et avantages liés au crowdfunding.

Page 9: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

4

CHAPITRE I : L’Univers du financement participatif dans son ensemble.

Le financement participatif est une notion en ce moment vaste et la littérature scientifique

décrivant ce phénomène est encore peu nombreuse, sauf les articles dans les journaux et

quelques études. Ainsi, dans un premier temps, nous allons définir le concept de financement

participatif, décrire son contexte d’apparition puis nous décrirons également les différents

modes de financement qui existent et enfin nous parlerons des avantages et risques liés au

crowdfunding.

SECTION I : Définitions et Objectifs

Toutes les définitions du financement participatif sont dérivées de son nom original en

anglais, « crowdfunding ». Ce terme est composé des 2 mots : « crowd » (foule) et

« funding » (financement). Dès lors, on pourrait imaginer qu’il s’agit du financement par la

foule mais pour être plus précis, regardons de plus près des définitions plus approfondies.

La définition la plus répandue est celle qui figure dans le dictionnaire « Oxford

Dictionnaries »5 qui dit que : « Le financement participatif est une pratique de financement

d’un projet ou d’entreprise par la levée de beaucoup de petits montants d’argent auprès du

large nombre de personnes, typiquement via internet ».

Cela correspond à une définition similaire de Lambert et Schwienbacher 6:

« Crowdfunding implique un appel ouvert, pour la plupart via Internet, pour la provision des

ressources financières soit en forme de don, soit en échange de produit futur ou une forme de

récompense afin de soutenir les initiatives pour les buts spécifiques ».

Mais Schwienbacher simplifie cette définition en disant que le financement participatif est :

5 Oxford Dictionaries, Crowdfunding disponible sur : http://www.Oxforddictionaries.com (consulté le 10 décembre 17). 6 BELLEFLAMME P., LAMBERT T., SCHWIENBACHER A., « Crowdfunding : tapping the right crowd » (le 09 juillet 2013), Dans Journal of business venturing, 2014 disponible sur http://www.ssrn.com (consulté le 08 décembre 2017).

Page 10: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

5

« …le financement d’un projet ou une entreprise par un groupe de particuliers au lieu des

parties professionnelles (comme par exemple, les banques, les investisseurs en capital-risque

ou business angels) ».

A partir de ces définitions, nous pouvons dire que différents types de projets peuvent susciter

l’intérêt du crowdfunding: des projets artistiques des initiatives philanthropiques, des projets

publics ou des startups, pour en nommer quelques‐uns. Le crowdfunding existe

sous plusieurs formes, lequel vont d’une simple donation à une prise de participation dans

une entreprise que nous expliquerons plus tard. Plus précisément, le

crowdfunding s’organise grâce à un intermédiaire, une plateforme de crowdfunding, qui

opère sur Internet. Le but de cette plateforme est de permettre aux investisseurs et

entrepreneurs de se rencontrer et d’encadrer la levée des fonds.

L’objectif principal du crowdfunding est pour un entrepreneur de tirer profit de

l’effet de levier conséquent que peuvent représenter des petites contributions générées par

un nombre important de personnes qui sont en liaison sur ce qu’on appelle des plateformes

Web.

SECTION II : Définition d’une plateforme multifaces numérique.

La notion de plateforme multifacesnumerique désigne les sites internet de types web 2.0. Une

plateforme web 2.0 est un espace sur lequel l’utilisateur peut déposer du contenu et le

modifier, contribuant à améliorer le service qu’il utilise (Wikipédia). Les plateformes

multifaces numérique permettent la mise en relation des utilisateurs dans le cadre de la

commercialisation (Alibaba.com, eBay), de connaissances(Wikipedia), de vidéos

(Dailymotion, Youtube), de la recherche de solutions aux problèmes posés par des entreprises

(sites de crowdsourcing) et aussi dans le cadre de financement de projets (sites de

crowdfunding). Les plateformes de crowdfunding constituent donc des plateformes

multifaces, comme le souligne certains auteurs (Belleflamme et Lambert, 20147). De ce fait,

une opportunité d’affaires apparaît sur une plateforme multifaces dès que lors que trois

conditions sont réunies. En premier lieu, elles mettent en relation les entrepreneurs d’un côté

et les contributeurs de l’autre. En deuxième lieu, les contributeurs exercent un effet indirect

7 BELLEFLAMME P., LAMBERT T., SCHWIENBACHER A., « Crowdfunding : tapping the right crowd » (le 09 juillet 2013), Dans Journal of business venturing, 2014 disponible sur http://www.ssrn.com (consulté le 08 décembre 2017).

Page 11: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

6

sur les entrepreneurs et inversement du fait par exemple que les contributeurs ont tendance à

préférer les plateformes qui enregistrent plusieurs projets car ils pourront choisir parmi

plusieurs variétés. Les entrepreneurs vont préférer des plateformes qui enregistrent de

nombreux contributeurs afin d’augmenter leur chance de récolter les montants qu’ils

souhaitent. En troisième lieu, si les entrepreneurs peuvent récolter des fonds auprès de la

foule, c’est grâce à la plateforme qui leur met en relation.

Belleflamme et Lambert dans leur recherche en 2014 notent que les effets de réseau directs

sont, en partie, négatifs au niveau des entrepreneurs, car plus les projets sont nombreux, plus

la concurrence sera élevée. Par contre, ces effets sont positifs au niveau des contributeurs en

ce sens qu’un projet a plus de chance d’être financé si de nombreux contributeurs y

participent.

Malgré l’apparition de nombreuses plateformes de crowdfunding au fil du temps, nombreux

sont celles qui ne connaissent pas le succès. Nous verrons tout ceci en détail plus tard.

De plus, il faut noter toutefois que le « crowdfunding » est à différencier du

« Crowdsourcing » que nous avions énumérer précédemment ou du « Fundraising ». Le terme

« crowdsourcing » est composé des mots « crowd » (foule) et « outsourcing »

(externalisation) qui impliquent un nombre élevé de personnes dont les apports sont plutôt

pratiques, ainsi, les personnes sont impliquées dans le projet d’une manière créative tandis

que le financement participatif propose des contributions à des projets qui sont à but

financiers.

A propos de « fundraising » le dictionnaire « Oxford Dictionaries 8»dit que c’est : « La

recherche d’un soutien financier pour une charité, cause ou autre projet ». Donc

« fundraising » (collecte de fonds) est semblable au financement participatif mais la

différence principale réside dans le but du financement qui est destiné pour la charité.

8Oxford Dictionaries, « Fundraising » disponible sur: http: //www.oxforddictionaries.com.

Page 12: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

7

SECTION III : Contexte et raisons d’apparition

Cette section sera subdivisée en 2 parties, dont la première traitera de l’origine et les

évolutions du financement participatif à ses débuts et dont la seconde parlera des raisons de

son apparition.

III.1 Historique du « crowdfunding »

L’origine du crowdfunding Selon le site wordspy.com, est apparue pour la première fois en

2006 et n’a fait que se répandre depuis lors. Le concept du mot «crowdfunding » vient en

fait du mot «crowdsourcing » qui se réfère à l’utilisation de la population pour obtenir

des idées, du feedback et des solutions pour développer des activités d’entreprise.

La grande différence du « crowdfunding » par rapport à ce qui se passait

avant, réside dans l’utilisation de plateformes internet pour organiser le financement des

startups ou des PME. Le développement de l’informatique, mais aussi des réseaux de

communication puissants, ainsi que l’apparition de réseaux sociaux au sein d’une

grande partie de la population mondiale ont donné une nouvelle dimension au financement

participatif. Il était désormais possible de toucher un nombre élevé de personnes

beaucoup plus facilement (Belleflamme et Lambert). Et, Selon (Agrawal et al.

20119) l’internet permet de communiquer à faible coût sur de très grandes distances

et encourage dès lors la

disparité géographiques des investisseurs en surmontant les frictions

économiques liées à la distance.

Les premières plateformes de crowdfunding sont apparues aux Etats-‐Unis. Depuis lors,

le crowdfunding a connu un boom incroyable, avec un intérêt toujours grandissant.

L’application « Google Trends » nous montre en effet l’intérêt suscité par le mot «

crowdfunding ». On observe que l’intérêt commence tout doucement à se manifester à partir

de 2008 pour ensuite connaître une très forte croissance entre 2009 et 2014.

9 AGRAWAL AG., CATALINI C., GOLDFARB A., « Some simple economics of crowd funding » (2011), 46p. Disponible sur :http://www.nber.org.

Page 13: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

8

Figure 1: Google Trends 10recherche "crowdfunding"

A titre d’exemple, La plateforme américaine « Kickstarter11» est une des premières

plateformes de crowdfunding à avoir connu un large succès. Kickstarter a vu le jour à New

York le 28 avril 2009 et a depuis lors permis de financer plus de 62 000 projets pour un

montant total de plus de 1 milliard de dollars. Kickstarter est une plateforme sur laquelle des

projets créatifs sont soutenus par le biais de donations ou par le biais de la prévente de

produits innovants. Kickstarter a également fait la une des journaux en 2012 en détenant le

record du plus gros montant de financement pour un projet à l’instar de Pebble Smart Watch,

une PME qui a levé 10,1 millions de dollars, grâce à presque 70 000 contributeurs. Ce

montant est 100 plus élevé que les 100 000 $ que les entrepreneurs espéraient obtenir au début

du projet.

10 Google Trends, "crowdfunding" Source: http://www.google.com/trends/ (visité le 10 décembre 17) 11KICKSTARTER, source : http://www.kickstarter.com(visité le 11 décembre 17).

Page 14: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

9

III.2 Les raisons d’apparitions

Pour comprendre l’avènement du crowdfunding, il est crucial de comprendre comment les

petites et moyennes entreprises (PME) se financent, car ce sont elles principalement qui sont

intéressées par le Crowdfunding. Au jour d’aujourd’hui les grandes entreprises ne semblent

pas encore concernées par le crowdfunding. (PME Finance, 201412). Cela s’explique par le

fait que les montants récoltés sont généralement trop faibles pour attirer l’attention des

grandes entreprises sur ce type de financement.

Il existe deux axes à partir desquels les PME se financent. D’un côté il y a l’autofinancement.

Il s’agit de l’argent provenant des bénéfices mis en réserve et d’un fonds de roulement positif.

Cet argent est utilisé tant pour financer les activités courantes que pour financer l’éventuelle

croissance des PME. Si ce type de financement est le plus avantageux pour l’entreprise étant

donné qu’elle lui permet de maintenir son indépendance financière, il reste néanmoins

souvent insuffisant pour soutenir la croissance d’une PME. Elle fait alors appel au deuxième

axe de financement ; le financement externe. Ce type de financement est en particulier utilisé

par les start‐ups ou les PME en phase de forte croissance.

Il existe plusieurs sources de financement externe pour les PME. Voici un exemple d’image

(figure2) montrant l’importance de chaque source de financement externe pour les PME

ayant leur siège dans l’Union Européenne.

12 PME FINANCE. (2014). Financementparticipatifdesentreprises:Lamiseenplaced’uncadrerèglementairepropice

Page 15: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

10

Figure 2 : Sources de financement externe des PME dont le siège se trouve

en Europe. Source: PME Finance (2014).

III.2.1 Le rôle du crédit bancaire dans le financement des PME.

Il ressort de la figure 2 que le financement bancaire reste de loin la source de financement

externe la plus utilisée par les PME. 79% des PME faisaient appel à ce type de financement

en 2005. Une enquête publiée par le Centre de Connaissance du Financement des PME

(CeFiP) en 2012 confirme cette tendance. 64,5% des PME et 63,1% des micro‐entreprises ont

fait appel à un financement bancaire en 2012. Ceci n’est pas étonnant car pour une entreprise

qui veut obtenir la meilleure structure de capital possible, il faut, selon la théorie du WACC13

ou coût moyen pondéré du capital, tenter de minimiser le coût du capital. Etant donné que le

13 WACC : Weightedaveragecost of capital = (KE * E + KD * D * (1‐t))/ (D +E) où KE = Coût des fonds propres, E = Fonds propres, KD = Coût de la dette, D = Dette, t = taux d’imposition

Page 16: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

11

que le coût de la dette est généralement plus faible que le coût de l’utilisation des fonds

propres, la dette permet de minimiser le WACC et donc d’augmenter le rendement sur fonds

propres. (Krugman et al, 2008)14 C’est pour cela que la dette est considérée comme une

technique de levier importante.

Les banques commerciales jouent donc un rôle essentiel pour le développement de nos PME,

et de façon plus générale, pour la croissance et le dynamisme de l’économie du pays. Or c’est

justement là que se trouve le problème. De plus en plus de PME ont des difficultés à accéder

au financement bancaire. Le constat est encore plus flagrant pour les micro-entreprises, pour

lesquelles 23% ont vu leur crédit bancaire refusé en 2012, un chiffre qui est en augmentation

depuis 2008. Selon cette même enquête on remarque que la perception des chefs d’entreprise

concernant la facilité d’obtenir un nouveau crédit ou d’augmenter un crédit existant n’a

pratiquement fait que se dégrader depuis novembre 2008(figure 3).

Par ailleurs, il intéressant d’observer sur la figure 3 que les crédits pour les investissements

sont perçus comme plus facile à obtenir que les crédits pour les affaires courantes. Ceci paraît

logique étant donné qu’une PME qui investit est probablement en phase de croissance et donc

elle est perçue comme moins risquée comparé à une PME qui recherche un crédit pour ses

affaires courantes.

14 Krugman. P et al, Economie Internationale.3° édition 2001, Nouveaux Horizons.855p.

Page 17: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

12

Figure 3 : Perception des chefs d’entreprise concernant la facilité/difficulté

à obtenir un nouveau crédit ou à augmenter un crédit existant. (Source:

CeFiP15 2013).

Pour approfondir la connaissance de ce phénomène, il est intéressant d’analyser quelles sont

les raisons de refus de crédit bancaire.

III.2.2Les difficultés d’obtenir des crédits

Les arguments des banques pour refuser un crédit bancaire sont multiples. Les raisons les plus

souventcitéessont (CeFiP, 2013):

15CeFiP (2013). Baromètre17:accèsdesPMEaufinancementbancaire. Bruxelles.

Page 18: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

13

Le resserrement des conditions d’octroi de crédits suite aux accords de

Bâle.

Le taux de fonds propres ou d’apports propres trop faible.

La capacité de remboursement insuffisante.

Le manque de sûreté.

Pour expliquer la tendance du resserrement des conditions d’octroi de crédit, il faut se référer

aux accords de Bâle. L’accord de Bâle I est né en 1988 quand les gouverneurs des Banques

Centrales des principaux pays de l’OCDE se sont réunis à Bâle. Leur but était d’établir un

niveau minimum de fonds propres pour les banques par rapport aux encours de crédits

accordés. C’est ainsi que le ratio de Cooke est né, lequel stipulait que le rapport entre les

fonds propres et la totalité des crédits accordés ne pouvait pas être inférieur à 8% (Krugman et

al, 200816).

Ce n’est qu’en 2004 que les Accords de Bâle II ont vu le jour. L’objectif était de remplacer les

normes mises en place durant Bâle I en ajoutant une nouvelle variable dans l’équation, celle

du risque de crédit. Ce nouveau ratio porte le nom de McDonough17.

C’est ainsi qu’on a commencé à procéder au principe de la notation, mieux connu sous le nom

anglais de « rating » ou de « scoring ». « Une notation est une évaluation de la solvabilité

d’un créancier spécifique, c’est à dire, de la probabilité de voir l’emprunteur rembourser le

crédit contracté ». (Commission Européenne 2007).

En général, les PME présentent plus de risques que les grandes entreprises car elles sont plus

dépendantes des conjonctures économiques et présentent un taux de survie inférieur. Le risque

additionnel se traduit par un rating moins favorable et des conditions d’octroi de crédits plus

sévères.

Suite à la crise économique et financière de 2008‐2009, la réforme de Bâle III a été publiée le

16 décembre 2010. Cet accord n’est pas encore mis en œuvre, mais contient des propositions

ayant pour but de renforcer le système financier en développant de nouvelles

régulations bancaires. L’accord part du principe que la sévérité de la crise est en grande partie

16 Krugman. P et al, Economie Internationale.3° édition 2001, Nouveaux Horizons.855p. 17 William J. McDonough, président de la Réserve Fédérale de New York entre 1998 et 2003

Page 19: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

14

la conséquence de la croissance excessive des bilans et hors bilans bancaires par rapport aux

fonds propres.

Les accords de Bâle, bien qu’ils soient nécessaires suite aux abus qu’il y a eu avant la crise

financière, vont jouer en défaveur des PME. De plus, on constate que les frais et les garanties

exigées par les banques ont fortement augmentés. Cette observation est encore plus prononcée

pour les petites entreprises. (Cefip, 201318)

C’est ainsi qu’est apparu de nouvelles sources de financement pour les entreprises. Suivant

l’évolution du financement participatif, on remarque qu’il existe plusieurs modèles de

financement.

1818CeFiP (2013). Baromètre17:accèsdesPMEaufinancementbancaire. Bruxelles.

Page 20: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

15

CHAPITRE II : Modèles et méthodes de financement participatif

Dans la littérature, il existe plusieurs façons de subdiviser les différents types de financement

participatif. Ainsi dans ce chapitre nous développerons les principaux types de financement

participatif, puis nous parlerons des parties prenantes dans la réalisation de celui-ci.

SECTION I : Les différents types de financement

Suivant l’évolution du financement participatif, on remarque qu’il existe quatre modèles de

financement différents. Il s’agit des suivants : le financement par les dons, le financement par

les prêts, le financement sans contrepartie financière et le financement avec prise de

participation.

I.1 Le financement par les dons

Le don simple est un acte altruiste, où les gens donnent de l’argent à un projet sans que le

demandeur de fonds n’ait une quelconque obligation de donner quelque chose en échange.

Les montants récoltés avec ce type de campagne de crowdfunding sont généralement assez

faibles. Malgré ces petits montants, c’est le type de crowdfunding le plus utilisé dans le

monde. En effet, 62% des campagnes de crowdfunding sont basées sur le don simple. Les

projets soutenus ont collecté un total de 723 millions d’Euros en 2012.On remarque que,

contrairement à une collecte de fonds traditionnelle pour une ONG19, la levée de fonds via le

crowdfunding fonctionne particulièrement bien, parce qu’elle permet de soutenir un projet en

particulier.

Selon Belleflamme et al(2013)20 une levée de fonds qui soutient des organisations sans but

lucratif a plus de chances d’atteindre son objectif de financement. Ils observent qu’il est plus

19 ONG : Organisation Non Gouvernementale. 20 BELLEFLAMME P., LAMBERT T., SCHWIENBACHER A., « Crowdfunding : tapping the right crowd » (le 09 juillet 2013), Dans Journal of business venturing, 2014 disponible sur http://www.ssrn.com (consulté le 08 décembre 2017).

Page 21: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

16

facile d’attirer l’attention des donateurs lorsque le projet a pour but le bien commun de la

société, contrairement à un but purement financier.

I.2 Le financement par les prêts

Le prêt est un modèle de crowdfunding où les investisseurs on l’occasion de prêter leur

argent à des personnes en quête de financement pendant une période déterminée. Les

emprunteurs sont principalement des entrepreneurs ou des start‐up qui cherchent à financer

différents projets. Cela peut être tant des projets sociaux que des projets d’entreprises. Le prêt

peut avoir lieu avec ou sans intérêt (typiquement dans le cas de prêts sociaux) et les intérêts

peuvent être payés annuellement ou à terme de la période de prêt convenue semblable au prêt

bancaire.

Les campagnes de crowdfunding avec prêt réprésentent 44% des montants alloués au

crowdfunding à travers le monde. Ce qui en fait le type de crowdfunding qui attire le plus de

fonds. Une campagne de crowdfunding basé sur le prêt lève en moyenne 4500 €, ce qui est

largement supérieur à une campagne basée sur le principe de donation.

Etant donné que les plateformes ne sont pas des banques, il n’y a aucune garantie de dépôt qui

va assure que le prêteur récupère son argent dans le cas où l’emprunteur ne parvient pas à

rembourser son emprunt. (Commission européenne, 2013)

I.3 Le financement sans contrepartie financière ou « prévente »

Il s’agit du modèle le plus répandu au monde. Il est utilisé pour financer les projets créatifs

ou les nouveaux produits des PME et les contributeurs reçoivent des produits ou des services

réels liés au projet. Ce modèle permet aux porteurs de projets d’acquérir les fonds suffisants

pour la fabrication (produit) ou la réalisation (service) et de réaliser une étude de marché et de

tester la demande.

Page 22: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

17

Un représentant de ce modèle de financement participatif est le célèbre site KissKiss Bank

Bank21avec son slogan : « Libérons la Créativité !»

I.4 Le financement avec prise de participation

Le financement avec prise de participation ou encore appelé « équitécrowdfunding » est le

modèle le plus récent. Cela consiste à investir des actions dans une entreprise et alors à

devenir actionnaire et à participer aux décisions de l’entreprise. « L’investissement

participatif » autrement dit, propose une alternative pour les compagnies qui ont déjà été

refusées par les banques et autres investisseurs. Mondialement, les estimations montrent que

l’entrepreneuriat et les causes sociales sont les deux catégories qui font le plus souvent appel à

ce type de financement. On peut également observer que les campagnes d’equity

crowdfunding collectent de loin le plus d’argent par projet, c'est-à-dire 50 000 Euros en

moyenne.

En revanche, bien que les plateformes basées sur la prise de participation connaissent la plus

forte croissance, leur nombre reste le plus faible. Cela s’explique par le fait que l’equity

crowdfunding est le type de financement participatif qui demande de loin le plus de

démarches administratives. Il est également le plus complexe, tant pour les investisseurs que

pour les plateformes, car le risque est beaucoup plus élevé. Ce modèle fera l’objet d’une

analyse pointue dans la pratique.

Pour conclure voici un tableau qui nous donne une idée de la proportion des 4 grands types

de crowdfunding tant en nombre de projets financés qu’en montants apportés. Il ressort du

tableau que les projets basés sur le don simple dominent de loin le paysage du crowdfunding,

bien que les montants apportés soient en moyenne plus faible que les autres modèles. Il est

également intéressant de noter que bien que les projets d’Equity crowdfunding représentent

une infime partie des projets, les montants récoltés dans ce cadre sont les plus élevés. C’est

d’ailleurs le segment qui connaît la plus forte croissance actuellement. (PME, finance 2013).

21 KISSKISSBANKBANK-Libérons la créativité ! Disponible sur : www.kisskissbankbank.com.

Page 23: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

18

Figure 4 : Répartition en fonction du type de crowdfunding et en fonction

des montants apportés. Source: PME Finance

SECTION II : Les méthodes appliquées au financement participatif

Nous avons déjà vu quels modèles les sites utilisent. Désormais, on va s’intéresser aux

méthodes qu’elles appliquent pour traiter les contributions. En matière de mécanisme de

financement, on utilise généralement deux méthodes basiques, « garder tout » et « tout ou

rien », qui permet aux porteurs de projets de choisir leur méthode parmi les deux

(SCHWIENBACHER A et al, 2015). 22

II.1 Garder tout

La première méthode s’appelle « garder tout ». Avec cette méthode, l’entreprise peut garder

le montant entier qu’elle a encaissé pendant la période du financement même si le montant est

inférieur ou supérieur au montant final demandé. Ce sont les organisations sans but lucratif et 22 CUMMING Douglas J., LEBOEUF G., SCHWIENBACHER A., “Crowfunding models: Keep-It-All vs. All-or-Nothing”, le 23 mai 2015, pp 13-26. Disponible sur:http://www.ssrn.com(consulté le 11 décembre 2015)

Page 24: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

19

les projets sociaux tendent à exploiter plutôt ce modèle-ci. Par contre, « garder tout » n’attire

pas beaucoup de contributeurs que le « tout ou rien ». Alors ses compagnes sont moins

réussies que l’autre (Schwienbacher et al, 2013)

II.2 Tout ou rien

L’autre méthode nommée « tout ou rien » est utilisé pour les projets innovants. Le porteur de

projet fixe un montant butoir et s’il n’arrive pas à y parvenir, il ne garde pas de contributions.

Les montants butoirs sont statistiquement plus élevés que pour la méthode « garder tout »,

donc ils sont plus difficiles à atteindre. C’est pourquoi on demande au porteur de projet de

fournir le maximum d’informations pour attirer les contributeurs.

Ainsi, chaque modèle est soumis à une réglementation spécifique, et les plateformes sont

généralement spécialisées dans les différentes modèles et méthodes de levée de fonds.

Cependant, il faut noter que le financement participatif présent des avantages et certains

risques pour le contributeur.

Page 25: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

20

CHAPITRE III : Les Avantages et risques liés au crowdfunding

Le crowdfunding comporte de nombreux avantages. Pour mieux cerner ceux‐ci, il

est utile d’analyser les avantages liés au développement de l’économie d’un pays et des

contributeurs qu’ils utilisent, puis d’analyser les différents risques pour les parties prenantes.

SECTION I : Le financement participatif : un levier de développement

économique.

I.1 Le financement participatif pour le développement du territoire

Le financement participatif est incontestablement un outil de promotion puissant. Une

collectivité, ou tout autre animateur du territoire qui accompagne un porteur de projet dans sa

campagne d’appel à financement bénéficiera auprès du grand public d’une visibilité de son

propre engagement.

Concrètement, l’acteur territorial pourra augmenter sa propre visibilité de différentes

manières:

• en figurant parmi les partenaires évoqués par le porteur de projet sur la plateforme de

financement ;

• en « labellisant » la page de crowdfunding d’un projet issu de son territoire ;

• en créant et en alimentant ses propres pages sur les plateformes de financement

participatif ;

En créant son propre portail Internet de financement participatif ;

• en participant lui-même à la campagne de communication d’un projet situé sur son

territoire, via ses réseaux sociaux, ses publications, ses affichages et manifestations, etc.

Page 26: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

21

Cette visibilité, dans un premier temps « numérique », bénéficie par ailleurs de l’effet

« boule de neige » propre au web, permettant à la collectivité de propager son action dans les

différents cercles de lecteurs et de contributeurs :

• auprès d’un premier cercle d’internautes souvent issus du territoire, habitants et

usagers ;

• auprès d’un second cercle de lecteurs, via le bouche-à-oreille, les réseaux

sociaux, les médias locaux, les partenaires, le périmètre élargi, intercommunal, voire régional

;

• auprès d’un troisième cercle grand public offrant une visibilité nationale.

Le financement participatif est donc bien un moyen de communiquer auprès de ses

administrés et au-delà, de faire connaître ses actions et son territoire.

I.2 Un outil pour accompagner les entrepreneurs dans leur développement

Les entrepreneurs et dirigeants d’entreprises rencontrent tous des problématiques pour

financer leurs projets. Lorsque cela s’avère pertinent, les structures d’accompagnement ne

doivent pas hésiter à les orienter vers le financement participatif qui permet de compléter le

cas échéant les interventions des financeurs publics et privés. De nombreuses entreprises ont

ainsi réussi à recréer une dynamique économique sur leur territoire, notamment véhiculée par

la mobilisation des financeurs et la portée de leur campagne de dons, de prêts ou

d’investissement.

Véritable révolution du web 2.0, le Crowdfundingpermet de créer une véritable relation

interactionniste dans la sphère entrepreneuriale. Par exemple, En 2014, 152 millions d’euros

ont été collectés sur les plateformes françaises. Plus d’un million et demi de Français ont

quant à eux déjà soutenu un projet de Crowdfunding.

Par-delà l’aspect du financement participatif, qui est certes l’une des finalités originelles du

Crowdfunding, cet outil permet surtout de créer une nouvelle forme d’écosystème pour son

projet ou sa marque.

Page 27: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

22

Certes, il ne faudrait pas trop exagérer l’impact disruptif du Crowdfunding, et aller jusqu’à

postuler qu’à terme ce dernier serait à même de se substituer aux acteurs traditionnels du

monde de la finance. Le Crowdfunding revêt surtout un intérêt pour l’amorçage d’un projet.

Là où des banques, voire des sociétés de capital-risque, risquent d’être potentiellement

frileuses pour injecter des liquidités dans un projet ultra-innovant, ce nouveau paradigme

permet de pallier cette défiance. En témoigne la réussite de Lima, une start-up innovante

ayant créé un boitier à même de révolutionner le Cloud, qui a récolté plus de 1.2 million de

dollars sur Kickstarter. 23Cette société a ainsi pu lancer la phase de production grâce au

Crowdfunding, et le buzz engendré par sa campagne a permis de faire connaître la marque.

De ce fait, l’économiste autrichien Joseph Schumpeter parlait de « destruction créative »24

quand de nos jours on l’appelle souvent dans le numérique « désintermédiation numérique »

ou encore « ubérisation ». Dans les deux cas, ce sont des innovations majeures qui rendent

obsolètes des pans entiers de l’activité et détruisent des millions d’emplois. Ce mouvement

naturel de l’économie qui n’a rien de nouveau, critiqué par les uns, encensé par les autres,

n’est que l’expression d’une société et d’une économie de l’innovation qui avance dans une

sorte de jeu à somme nulle. Les emplois détruits dans l’ancienne économie sont reconstitués

dans la nouvelle. Il faut aussi noter qu’à la relation top-down qui caractérisait jusqu’alors les

logiques entrepreneuriales il permet au contraire de substituer une logique bottom-up. Le

backer, à savoir celui qui soutient un projet sur une plateforme comme KissKissBankBank25,

n’est pas un simple client passif, il est au contraire protéiforme : il contribue à la Co-

construction du projet, à son développement, à son rayonnement sur les réseaux sociaux.

N’en déplaise aux théoriciens des accords de Bâle II et III, avec le crowdfunding, il n’est plus

nécessaire de posséder des fonds propres pour prêter, ou de détenir des actifs pour investir,

puisqu’il suffit de mettre en contact ceux disposant de ressources avec ceux qui en

recherchent. Là encore, cet outil de financement ne possède pas d’argent. Cette révolution

crée des conséquences colossales dans le monde numérisé qui se construit sous nos yeux. Elle

est porteuse à la fois de grands espoirs pour le financement de l’activité et de grands risques

pour ceux et celles qui ne cerneraient pas les règles de son fonctionnement.

23www.Kickstarter.com 24 SCHUMPETER J, Capitalisme, socialisme et démocratie. 1942. 368p. Les classiques des sciences sociales. Disponible sur : http//bibliothèque.uqac.uquebec.ca/index.htm 25www.kisskissBankBANK.com

Page 28: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

23

SECTION II : Les risques liés au financement participatif.

Lorsqu’il s’agit d’un nouveau moyen de financement des PME, les risques sont présents pour

tous les agents.

II.1 Risques pour les investisseurs

Lesinvestisseurs font face au plus de risques pendant la période de lancement de processus et

une fois le processus fini.

Le risque le plus poignant est celui de la fraude. Dans les systèmes traditionnels de

financement, l’entrepreneur est forcé de maintenir une bonne réputation. Agrawal 26dit qu’en

cas de rencontre habituelle, même sur internet, le vendeur doit se former une réputation pour

signaler contre la fraude par exemple sur eBay ou Airbnb. Mais la quête sur une plateforme

d’investissement participatif est souvent faite en une seule fois. De ce fait, le besoin de se

comporter conformément à la loi est plus bas et le risque de la fraude augmente et sur

Internet, l’anonymat facilite l’usage de fausses informations. Et malgré les efforts des

plateformes pour découvrir les cas de manipulation, l’investissement participatif attire des

criminels professionnels.27

L’autre facteur qui encourage les escrocs potentiels est le fait quel’investissement participatif

diffère du mode de financement traditionnel par la taille des montants d’investissements

individuels. Tandis que les investisseurs qui contribuent parde larges sommes d’argent, ont

l’intention de ne pas perdre la somme en cas de fraudeet alors, ils poursuivent les fraudeurs en

justice. Dans le cadre de l’investissementparticipatif, il s’agit généralement de petits

investisseurs qui ne disposent pas d’assez demotivation pour le faire.

Dans la littérature, les auteurs suggèrent que la fraude peut être empêchée par des

vérifications nécessaires de la foule. Les investisseurs potentiels forment une communauté sur

le site d’investissement. Et en tant que « foule », les investisseurs sont associés au soi-disant

comportement grégaire. Cela veut dire que beaucoup d’investisseurs comptent sur l’idée que

l’accumulation de capital signifie la qualité. Et bien que l’accumulation de capital soit au

début souvent causée par les contributions de la part des familles et d’amis des porteurs de

26 AGRAWAL AG., CATALINI C., GOLDFARB A., « Some simpleveconomics of crowdfunding » (2011), 46p. Disponible sur :http://www.nber.org 27 Ibid

Page 29: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

24

projets, cela peut aussi signifier l’opinion qu’ils ont sur le porteur de projet (mais pas

nécessairement sur le projet-même. Les investisseurs tentent d'échanger des informations sur

le projet en ligne par les chaînes de communication. Mellick dit que le taux bas de fraude aux

États-Unis est dû à la capacité des investisseurs d’interagir entre eux et avec les porteurs de

projet.28Tous ces types de comportement constituent un phénomène que l’on appelle : «

sagesse de la foule ». L’autre risque est lié à l’incompétence des porteurs de projets. Ce risque

est assez semblable à celui de la fraude. Il se peut que les porteurs de projets les étalonnent

mal et que le projet attire quand même les premiers investisseurs, membres de la famille et

amis. Eux, ils investissent dans ces projets malgré le risque d’incompétence car ils

investissent de petits montants et en plus, ils diversifient leur investissement.

La régulation américaine mentionne que l’investissement participatif est susceptible de

blanchiment d’argent sale. « Exchange Act Release no. 70741 » dit que:

« Nous croyons que les sécurités offertes ... pourraient être susceptibles au blanchiment

d'argent sale car elles sont de prix bas, elles sont placées à l'offre qui est exemptée de

régistration et n'est pas le sujet de déposition d'un processus d'examen d'une offre registrée.

En plus, nous attendons que beaucoup d'émetteurs ... peuvent être des

Sociétés coquille, qui ont été associées avec un grand risque de blanchiment d'argent

Sale.29

II.2 Risques pour les entrepreneurs

Premièrement, il faut que les entrepreneurs choisissent une plate-forme convenable par

l’analyse du marché – le taux de succès de la plate-forme, la longueur d’une campagne et les

profils de compétiteurs. De plus, les entrepreneurs doivent se poser des questions : si de

pareilles campagnes se lancent à la même période sur un même site, et si cette plate-forme

dispose d’assez d’investisseurs qui pourraient potentiellement devenir actionnaires.

Deuxièmement, s’il s’agit d’un entrepreneur dont le plan d’affaires est novateur,

l’entrepreneur risque qu’en le montrant au public, sans avoir de brevet d’invention, l’idée soit

copiée. Avec les investisseurs traditionnels, l’entrepreneur peut appliquer une mesure

d’accord de confidentialité pour protéger son innovation. Aux États-Unis, ce risque est

28 MOLLICK E., « The dynamics of crowdfunding : An exploratory study » (le 26 juin 2013), in : Journal of business venturing vol, n°2, pp 8-19 disponible sur : http://ssrn.com 29 SEC, Exchange Act Release no. 33-70741, (le 23 octobre 2013), Disponible sur http://www.gpo.gov.com

Page 30: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

25

amplifié par « American InventsAct » qui dit que celui qui demande un brevet d’invention en

premier est le propriétaire de l’invention30.

Troisièmement, l’entrepreneur fait face au risque s’il choisit la plate-forme avec modèle «

Tout ou rien ». C’est un risque de ne pas atteindre le montant désiré pendantla campagne.

Dans ce cas, l’entrepreneur ne reçoit aucun investissement bien qu’il ait déjà eu des coûts de

préparation de la campagne31.

Quatrièmement, l’entrepreneur qui choisit de lancer sa campagne de l’investissement

participatif souffre de coûts d’opportunité. L’opportunité est, dans ce cas, le mode de

financement traditionnel car les investisseurs traditionnels peuvent aussi aider l’entreprise par

leur critique.

Ainsi, nous avons analysé le cadre conceptuel de financement participatif d’où découle

notre recherche et maintenant s’en suivra une analyse un peu plus approfondie dans la Dans

La deuxième partie de ce mémoire, où nous allons tenter, à travers une étude empirique, et

qualitative de déterminer si le crowdfunding représente une source de financement alternative

pertinente pour les PME Malgaches.

30TURAN SEMEN S., « Stakeholders in Equity-Based Crowdfunding: Respective Risks over the Equity Crowdfunding Lifecycle », In. Journal of Financial Innovation, Sao Paulo, 2015, vol.1, n°2 p 147. Disponible sur www.ibrif.org consulté le 03 janvier 2018. 31Ibid.

Page 31: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

26

PARTIE II : Analyse empirique et qualitative du

financement participatif en capital des PME en Afrique :

cas de Madagascar.

Après avoir analysé la littérature existante à propos du crowdfunding, il nous a paru essentiel

de pouvoir rencontrer des acteurs du crowdfunding pour mieux comprendre comment se

déroule ce financement en pratique. L’objectif principal de cette deuxième partie est de

répondre, à travers des interviews, à la question de recherche suivante : « Dans quelle mesure

le financement participatif contribuera-t-il au développement des PME à Madagascar ? ».

Nous commencerons par décrire la méthodologie utilisée pour effectuer cette analyse

empirique. Après cela nous exposerons et analyserons des études de cas des différents acteurs

et finalement, nous tenterons de répondre à la question de recherche tout en explicitant les

portées et limites de cette étude.

Page 32: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

27

CHAPITRE I : Méthodologie

Tout d’abord, en ayant analysé la littérature et les données accessibles à propos du

crowdfunding à Madagascar, nous avons observé qu’il était impossible de procéder à une

analyse quantitative du financement participatif. En effet, le crowdfunding étant un

phénomène relativement récent, il existe à ce jour encore trop peu de données pour permettre

d’effectuer une analyse quantitative relevant.

C’est pour cette raison que nous avons opté pour faire une analyse qualitative sur base

d’études statistiques structurées. Ces études se déroulées en analysant l’implantation du

financement participatif en Afrique Subsaharienne comme à Madagascar.

L’étude qualitative était spécifique mais ils suivaient tous un fil rouge, à savoir répondre à

la question de recherche: « Dans quelle mesure le financement participatif contribuera-t-il au

développement des PME à Madagascar ».

Finalement, pour obtenir un état des lieux plus global du crowdfunding à

Madagascar, nous sommes allés à la recherche d’organismes qui étaient confrontés.

Indirectement avec le crowdfunding à savoir la banque Mondiale, le BAD ou le PNUD.

SECTION I : Introduction

Il existe à Madagascar actuellement deux plateformes pratiquant le crowdfunding. Il nous a

dès lors paru judicieux de contacter une des plateformes à savoir Kapitalplusplus. Elle

pratique principalement le crowdfunding basé sur la prise de participations dans des PME et

offre la possibilité à des investisseurs de prêter de l’argent à des PME. Pour obtenir un état

des lieux plus global du crowdfunding, nous allons aussi analysé les plateformes de

crowdfunding dans le monde permettant de faire une comparaison exhaustive à celle mise en

place à Madagascar, puis, la recherche d’organismes qui étaient confrontés indirectement avec

le crowdfunding

Page 33: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

28

SECTION II : Analyse de l’échantillon

II.1 Choix de plateformes de crowdfunding

Avant de faire le choix des plateformes sur lesquelles nous pouvons nous baser pour notre

recherche, nous avons relevé des données sur l’une desplateformesprésentes sur le territoire

Malgache. Ainsi, laplateformedoit:

Être officiellement accessible aux Malgaches.

Être fonctionnelle et légalement constituée,

Être accessible aux producteurs de contenu créatif,

Avoir au moins une campagne ayant levé 3 000 $ou trois campagnes ayant

Levé1 000 $

Avoir au moins 6 projets financés avec succès au cours des 6 derniers mois32

En plus des plateformes issues du répertoire, nous avons intégré d'autres

plateformes retrouvées à travers le moteur de recherche Google et dans des articles traitant du

financement participatif. En tout, 34 plateformes ont été répertoriées en Afrique et en Europe.

Nous avons relevé les caractéristiques sur chacune des plateformes à savoir les règles de

gouvernance (sélectionne ou non des projets, nombre de jours de collecte fixé, etc.), le design

(type de financement), la structure des prix (tarification) et des données sur la performance de

la plateforme (nombre de projets financés par la plateforme depuis sa création, nombres

d'inscrits sur la plateforme). La localisation de chaque plateforme a également été spécifiée.

Sur les 34 plateformes, 11 n'étaient pas fonctionnelles ou étaient édictées dans

unelangueautreque le français ou l'anglais. En définitif, sur 34 plateformes, nous en avons

observé 23. Afin d'être plus à l'aise lors de la collecte de données, nous avonsjugéopportunde

nous concentrer sur des plateformes francophones.

32www.Kapitalplusplus.mg visité le 21 décembre 2018.

Page 34: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

29

Parmi ces dernières, Kisskissbankbank et Ulule étaient les plus performantes en termes de

nombre de projets financés dans le cadre du don avec contrepartie et Mymicroinvestdans le

cadre de l’investissement.Kisskissbankbankestune plateforme localisée en France et qui reçoit

des projets en quête de financement en échange de contrepartie. Il arrive que certains

participants fassent des dons simples, c'est-à-dire qu’ils contribuent au financement du projet

maissans choisir de contrepartie. La plateforme perçoit 5% de commissions et 3% de frais

bancaires sur le montant collecté, soit un total de 8% de charge est déduit sur la somme

collectée avant d'être reversée au porteur de projet33.

L'équipe kisskissbankbank effectue un travail de sélection des projets qu'elle reçoit et seuls les

projets acceptés sont présentés sur la plateforme. Tout comme Kisskissbankbank, Ulule est

une plateforme de dons avec contreparties où les participants reçoivent des récompenses en

échange de leurs dons financiers. La particularité sur Ulule est la possibilité d'opter entre deux

modes de collectes : le porteur de projet peut définir un objectif budgétaire, ou un nombre

d'objets/articles à vendre selon le moyen de collecte (carte bancaire). Toutefois, le taux de

commission est de 8% TTC pour les fonds collectés par carte bancaire inférieure à 100 000 €.

34Ulule est une plateforme généraliste qui reçoit une variété de projets, mais qui doivent être

soit créatifs, innovants, solidaires ou à portée citoyenne. Tous les projets soumis sur la

plateforme doivent faire l'objet d'un contrôle par l'équipe et seuls les projets éligibles sont

présentés en ligne. Contrairement à Kisskissbankbank et Ulule, Mymicroinvest est une

plateforme qui permet le financement de projets par la participation au capital et par le prêt.

Pour ta participation au capital, Mymicroinvest a mis en place une structure intermédiaire,

appelé MyMicrolnvest Finance SA. Cette structure rassemble l'ensemble des souscriptions

auprès des investisseurs de la plateforme et investit ensuite, en une fois, le total des montants

récoltés dans l'entreprise.

33 Conditions générales d'utilisation du site http://www.kisskissbankbank.com/fr/pages/terms 34 Conditions générales d’utilisation du site https://fr.ulule.com/about/terms/. Récupéré le 26 novembre 2018

Page 35: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

30

De cette façon, l'entreprise n'a qu'un seul actionnaire supplémentaire. MyMicrolnvest Finance

SA prélève une commission de 12% du montant souscrit par l’investisseur.35 Cette somme

correspond aux frais de gestion et de suivi de l'investissement sur une période moyenne de six

ans. L'entreprise qui sollicite le financement travaille en collaboration avec l'équipe de

Mymicroinvest afin de monter le projet de demande de financement en bonne et due forme.

Chaque plateforme comporte un espace forum qui permet aux participants d'échanger avec le

porteur de projet ou d'y poster des commentaires.

II.2 REUSSIR UNE CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF

Les risques et avantages présentés précédemment nous amènent à la question de l’importance

de la campagne de financement participatif afin qu’elle soit menée correctement et avec des

informations de qualité. Réaliser de bonnes campagnes en finance participative devient un

vrai métier, à la fois pour le porteur de projet lui-même (qui n’est pas toujours agile dans sa

stratégie de communication), et pour les plateformes qui peuvent (et ont intérêt) à apporter

leur meilleur support pour assurer le taux maximum de succès des campagnes. L’association

EuropeanCrowdfunding Network36 présente les 5 étapes clés pour réussir sa campagne, dans

un écosystème et contexte règlementaire donnés.

ETAPE 1 : SE FIXER DES OBJECTIFS CLAIRS

Montant nécessaire ?

Quand ?

Pourquoi faire exactement ?

Quel public de financeurs viser

ETAPE 2 : DEFINIR UN MONTANT REALISTE A ATTEINDRE

Fixer la durée (plutôt courte)

Fixer le montant de la collecte (plutôt modeste sinon risque de ne pas atteindre

l’objectif)

ETAPE 3 : BIEN ANALYSER SA « CIBLE » DE FINANCEURS

Lire les sondages sur le profil des crowdfunders

Adapter les messages clés / storytelling / récompenses à ce type de cibles

35 Conditions générales https://www.mymicro in vest.com/FR/terms. Récupéré le 26 novembre2018 36 Source: European Crowdfunding Network (ECN). « Financing in the digital age, how to finance your project with crowdfunding », Crowdfunding guide 2015.

Page 36: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

31

ETAPE 4 : METTRE EN EVIDENCE LA PLUS VALUE DE SON PROJET

Présenter de manière détaillée mais concise le projet

Raconter une histoire (« storytelling »), trouver une phrase d’accroche,

attacher des valeurs

Proposer des contreparties efficaces en étalant au maximum les paliers

ETAPE 5 : ETABLIR UN PLAN DE COMMUNICATION ET MARKETING

Bien choisir sa plateforme selon ses valeurs et les valeurs des futurs crowdfunders

Utiliser un beau visuel

Adopter une stratégie de médias sociaux Mobiliser activement son 1er cercle

de contacts

Ainsi, ces étapes sont illustrées dans ce schéma suivant :

Figure 4 : 05 étapes pour réussir une campagne de crowdfunding (source :

Bluebees)

Page 37: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

32

II.3 Technique de collecte et analyse des données

II.3.1 Technique de collecte des données

Nous allons maintenant observer ce qu’on appelle le mécanisme de signalement des projets

en adoptant une approche ethnographique virtuelle ou netnographique. La netnographie

consiste à utiliser les techniques de l'ethnographie pour étudier les cultures et les

communautés sur internet (Kozinets, 200237). Pour Hine (2000)38, le rôle de l'ethnographe

consiste à mener un travail d'observation, d'analyse et de documentations des pratiques en vue

de les présenter sous un nouveau jour. Pour les fins de notre recherche nous avons effectué

une récolte de donnée sur des projets sur trois plateformes différentes : kisskissbankbank,

Mymicroinvest et la plateforme Kapitalplusplus.

Une question s'est posée au moment de commencer la collecte des données. Il s'agissait de

savoir s'il fallait suivre le projet tout au long de la campagne de financement, du début jusqu'à

la fin, ou s'il fallait simplement observer des projets qui ont fini leurs campagnes de

financement. Finalement, nous avons fait un test en suivant d'un côté un projet dont la

campagne était en cours et un projet dont la campagne était terminée. Nous n'avons remarqué

aucune différence majeure entre les deux. Nous avons donc décidé d'observer des projets dont

les campagnes de financement sont déjà terminées. Le choix des projets a été fait de façon

aléatoire sur des projets ayant connu du succès de leur campagne de financement, et ceux

ayant connu un échec. Nous avons considéré comme campagne ayant connu un succès, un

projet qui a récolté 100% du montant initial ou plus. Les campagnes ayant échouées sont

celles dont les projets ont récoltés moins de 100% de leur objectif à la fin de la campagne de

financement ou qui ont récoltés zéro fonds. Comme exemple, le nombre de projets ayant

connu succès chez la plateforme malgache est de dix et le nombre de projets ayant connu

échec est de sept.

37Kozinets, R. V. (2002). The field behind the screen: Using netnography for marketing research in online communities. Journal of marketing research p, 61-72. 38Hine, C. (2000). Virtual ethnography.Londres, Sage.

Page 38: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

33

Pour Kozinets (2002), la netnographie est basée principalement sur l'observation des discours

textuels, ce qui est une différence fondamentale entre les discours et les comportements

observés lors de l'ethnographie traditionnelle. Afin d'alimenter les variables, nous avons lu

dans les détails et mené des observations sur les présentations des projets, les interactions

entre le porteur de projet et les participants ainsi que les mises à jour apportées dans le projet.

La récolte des données a consisté en un travail qualitatif au cours duquel nous avons décrit les

signaux présents dans les projets observés. Une partie du travail quantitatif consistait à

mesurer l'intensité des signaux. À cette fin, nous avons procédé à une opérationnalisation en

élaborant des codes basés sur les signaux. Les tableaux suivants présentent successivement

l'opérationnalisation de l'intensité de chaque type de signal.

Tableau 1 : Opérationnalisation de l’intensité du signal d'identité39

39 Dans un signal d’identité, le porteur de projet mentionne les diplômes qu’il détient ainsi que le ou les universités ou écoles dans lesquelles il a fait son parcours académique. Il mentionne aussi les entreprises dans lesquelles il a travaillé auparavant ainsi que les postes occupés.

Page 39: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

34

Tableau 2 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'attention

Pour ce qui concerne l’intensité du signal d’activation et de camouflage, nous avons établi le

coût comme base de mesure de ces signaux. Le signal d’activation active la qualité du

signaleur et le différencie de ses concurrents (Connelly et al. 2011)40. SelonConnelly et al.

(2011), plus le signal est coûteux, plus il sera rare. C'est également sur le coût que nous allons

mesurer le signal de camouflage, car ce signal vise à divertir l’attention du receveur sur un

40Connelly, L. B., Certo, T. S., Ireland, D. R., et Reutzel, C. R. (2011). Signaling theory: A review and assessment.Journal of Management, 37 (l), p 39-67.

Page 40: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

35

handicap potentiel. Son but est donc de retenir l’attention du receveur. De ce fait, nous

déduisons que plus le signal est rare, plus il aura l’attention du receveur.L'éducation est

considérée comme un signal coûteux (Spence, 197341). Il montre qu’il existe une corrélation

positive entre le nombre des investisseurs et le pourcentage des membres détenteurs d'un

Master dans l'équipe porteur du projet.

Tableau 3: Opérationnalisation de l’intensité du signal

d'activation/camouflage

41Spence, M. (1973).Job market signaling.The quarterly journal of Economies, 355-374.

Page 41: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

36

Tableau 4 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'imitation

Page 42: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

37

Tableau 5 : Opérationnalisation de l'intensité du signal de besoin 42

42 Dans le cas des projets présentés sur Mymicroinvest, le montant minimum est définit par la plateforme et le maximum est laissé à l'investisseur. Ce que la nouvelle plateforme Malgache à aussi pris comme référence.

Page 43: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

38

Tableau 6 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'intention

Page 44: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

39

Tableau 7 : Opérationnalisation de l’intensité du signal non

intentionnel

Page 45: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

40

II.3.2 Validité de la méthode

Afin d'assurer une validité de la méthode de récolte et de codage des données qualitatives,

après avoir décrit les signaux sur les différents projets, nous avons demandé à deux personnes

de donner leur avis sur le travail. Ces personnes ont reçu les signaux relevés des projets, ainsi

que les différentes définitions des signaux. Le but étant de concorder sur les types de signaux.

Par exemple, ce que nous avons identifié comme signal d'identité est-il vu comme tel par une

autre personne?

Ensuite, nous avons codé les intensités des signaux en nous référant aux différents tableaux

établis. Nous avons encore une fois demandé aux deux mêmes personnes qui ont vérifié les

signaux de coder les intensités. Des ajustements ont été faits en comparant les codes que nous

avons attribués et ceux des deux autres personnes.

Cette étude aborde le succès des campagnes de financement des projets du point de vue du

porteur de projet. Ce dernier a en sa possession, une idée dont la réalisation dépend des fonds

récoltés lors de la campagne de financement. Nous nous sommes intéressés à des plateformes

qui fonctionnent selon le principe du tout ou rien. Ce qui signifie que le porteur de projet doit

atteindre son objectif de collecte de fonds pour pouvoir entamer la réalisation de son projet.

De plus, Ce travail de recherche s'appuie sur un échantillon dont la taille est restreinte. La

méthode de récolte de données étant l'observation et en fonction de l'échéance fixée pour la

remise du travail, nous avons pu récolter des donnés sur un petit nombre de projets. Nous

sommes donc dans le cadre d'une étude exploratrice.

Après avoir analysé les succès de campagne de financement du crowdfunding que les

pays en voie de développement peuvent adopter, nous allons maintenant faire une analyse

qualitative des différents acteurs dans le crowdfunding.

Page 46: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

41

CHAPITRE II : Un panorama des acteurs et des initiatives de financement

participatif en Afrique Subsaharienne (cas de Madagascar).

La finance participative est un outil relativement adapté pour développer l’activité

économique à Madagascar et en Afrique subsaharienne au regard de la faible bancarisation

des populations (10%) et de l’utilisation croissante du mobile.43

Encore une majorité de plateformes de crowdfunding intervenant en Afrique reste

implantée en dehors du continent. On compte beaucoup de plateformes en France. Sur les 25

plateformes intervenant en Afrique, 13 interviennent sur le modèle du don, 2 en prêts et 6 en

equity (4 plateformes en cours de création n’ont pas encore choisi leur mode d’intervention).

L’Afrique du Sud et le Kenya sont les pays les plus dynamiques en terme de création de

plateformes avec une innovation notable au Kenya : l’utilisation du mobile pour payer

(mobile money) et lancer sa campagne (ex : plateforme M-Changa). Madagascar ne compte

qu’une plateforme de crowdfunding déjà opérationnel et finançant des PME dans leur

développement.

Face à la finance participative, les acteurs du financement plus classiques intervenant dans les

pays du Sud (banques, fonds d’investissement, bailleurs de fonds et acteurs de l’aide publique

au développement…) peuvent adopter 4 attitudes possibles : engager des partenariats avec ces

nouveaux acteurs, ignorer le phénomène, le rejeter, internaliser la pratique.

SECTION I : Analyse du contexte socio-économique propice à la finance

participative

Avec une population relativement jeune et innovante, l’Afrique a un fort potentiel en matière

de développement de l’entrepreneuriat, y compris pour développer son économie tout en

répondant aux défis sociétaux comme la sécurité alimentaire et la crise énergétique44.

Cependant, ce potentiel entrepreneurial nécessite un effort particulier car les entrepreneurs

africains rencontrent un certain nombre de difficultés empêchant la viabilité de leurs projets.

Parmi ceux-ci, on retrouve notamment la difficulté d’accès aux prêts et crédits mis en place

43Banque Mondiale, 2015, http://www.worldbank.org/en/news/press-release/2015/04/13/remittances-growth-to-slow-sharply-in-2015-as-europe-and-russia-stay-weak-pick-up-expected-next-year. 44Selon la Banque Mondiale, environ 60% des africains n’ont pas accès à l’électricité avec de fortes disparités régionales entre l’Afrique Subsaharienne (où 65% des habitants n’ont pas accès à l’électricité); contre 15% en Afrique du Sud et en Afrique du Nord

Page 47: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

42

par les banques privées africaines, et le peu d’attention aux projets de développement par les

banques africaines (sauf la Banque Africaine de développement).

Sans solution alternative (du type crowdfunding ou services financiers non-bancaires

offerts par la téléphonie mobile), lefaible taux de bancarisation de la population peut

constituer une barrière conséquente au développement des PME. Cette faible bancarisation

est notamment due au manque de confiance des épargnants envers les banques et à la faible

régulation bancaire en général (qui permet l’existence et le développement de pratiques

bancaires abusives). Pour remédier au faible accès au crédit, le financement participatif

semble s’adapter au contexte économique de l’Afrique, favorisant ainsi l’émergence des PME

: facteur de création d’emploi et de la croissance de l’économie - et par conséquent de la

réduction de la pauvreté. Dans ce contexte de politique de développement, cette étude vise à

recenser les initiatives de financement participatif à destination des pays en voie de

développement notamment à Madagascar.

SECTION II : Présentation et caractéristique des plateformes de

Crowdfunding dans les pays en voie de développement.

L’étude a tenté d’établir un panorama des plateformes de financement participatif intervenant

en 2016 en Afrique. Le secteur présentant des évolutions très rapides, ce recensement n’a pas

l’ambition d’être complet et exhaustif. Un certain nombre de plateformes ont toutefois été

identifiées et sont présentées ci-dessous (incluant les partenariats mis en place, les formes de

financement - don, prêt, prises de participation -, les thématiques concernées, les publics

cibles, les modalités de fonctionnement des appuis mis en place, les contraintes liées à la

réglementation, les critères de viabilité financière appliqués). Ce panorama a été réalisé en

partie grâce à un questionnaire envoyé aux différentes plateformes.

Dans le cas de notre recherche, les plateformes de financement participatif suivantes dédiées

majoritairement aux projets en Afrique ont été identifiées :

Page 48: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

43

Tableau 8 : Présentation des plateformes de financement participatif en

Afrique45

Parmi ces plateformes/initiatives de financement participatif, une partie d’entre elles sont

enregistrées en France : Afrikanfunding, Afrikwity, AREAS, Cofundy, DevHope, Fadev, It’s

about myAfrica, Lelapafund. Chacune de ces plateformes est présentée de manière plus

détaillée ci-dessous.

A noté que certains projets de plateformes en cours de création n’ont pas encore défini leur

typologie de soutien : JumpstartAfrica (USA), MelaCrowd (Sénégal), One PlanetCrowd

(Pays-Bas), Afrikanfunding.

Enfin, on trouve des plateformes plus généralistes qui peuvent intervenir

ponctuellement sur des projets en Afrique sous forme de prêts : Babyloan (France), Kiva

(USA) ou Arc Finance (USA), Bluebees (France), Lendosphère (France).

45http://www.fpmed.org (visité le 02 décembre 2018)

Page 49: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

44

Il est intéressant enfin de noter la création récente de la première plateforme de

financement Participatif à Madagascar, avec comme partenariat la banque BNI et qui

regroupe des experts du crowdfunding, des chefs de projets, de managers, d’analystes, de

marketeurs, de collaborateurs de formations diverses qui sont prêts à accompagner les PME.

Ainsi, leurs objectifs est de nourrir l’esprit entrepreneurial du plus grand nombre dans le but

de donner l’opportunité de réaliser les rêves car beaucoup ont des idées mais faute de moyen

doivent y renoncer.

II.1 QUELQUES PLATEFORMES ACTIVES EN AFRIQUE

IMPLANTEES AU NORD

Page 50: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

45

Page 51: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

46

II.2QUELQUES PLATEFORMES IMPLANTEES EN AFRIQUE

Il existe d’autres opérateurs et outils de crowdfunding en don ou en capital dans certains pays

comme à Madagascar, mais l’étude n’a pu les recenser de manière exhaustive. Pour l’instant,

ils financent principalement du don sur projet familial, personnel ou communautaire (mariage,

études, etc.), ils n’ont pas été à ce jour mobilisés pour la gestion des « communs » (eau,

énergies renouvelables produites à partir de ressources locales, environnement/écosystèmes,

biodiversité…).

Page 52: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

47

CHAPITRE III : Portée et limites de l’analyse empirique

Section I : Les défis à venir de la finance participative

Rappelons que le crowdfunding est une jeune industrie (moins de 10 ans d’existence),

innovante et en plein essor.

A ce titre, elle a plusieurs caractéristiques :

Les services offerts sont souvent encore peu connus par l’ensemble de la population,

et donc statistiquement également peu connues dans les institutions financières. Les

flux financiers concernés sont souvent encore faibles en proportion des flux

financiers totaux (et en montants unitaires, sur des projets ou investissements petits).

Elle apparaît donc peu à l’agenda des décideurs – qui peuvent se focaliser sur les «

gros sujets » et ne pas percevoir encore le potentiel multiplicatif de la foule dans le

domaine financier – et elle n’a pas encore de réalité tangible pour de nombreux pays

ou métiers financiers traditionnels.

Dans un univers bancaire très règlementé et relativement oligopolistique, une

innovation peut mettre plus de temps à se déployer que dans d’autres secteurs

économiques. Sur les dernières décennies, la dynamique du secteur s’est par ailleurs

focalisée sur le contrôle et transfert des risques (pour assurer la stabilité de ces

organisations financières) plus que sur une fonction orientée « client ou besoin » à

satisfaire. Le temps consacré à l’innovation de produit ou process est en proportion

très faible par rapport à d’autres industries.

Comme toute innovation, elle présente un caractère disruptif, car elle est fondée

sur un modèle plus horizontal (« par la foule ») qui peut à terme faire évoluer

significativement la gouvernance des « communs financiers »60 (création monétaire,

crédit, liquidité…) : Elle crée des circuits courts de financement, elle est largement

désintermédiée, elle permet à « la multitude » d’octroyer des crédits ou d’investir

directement dans des projets. Ce modèle peut bien sûr être utilisé en

complémentarité avec les outils de financement et organisations financières

existantes mais il est possible (ou vraisemblable selon les points de vue) que le

modèle du crowdfundingdéstabilisefortement certaines branches des activités

Page 53: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

48

bancaires et financières à terme, en particulier dans les pays qui ne disposaient pas

d’un système bancaire considéré comme mature (n’offrant pas une gamme complète

de services financiers aux ménages et entreprises). Pour preuve, la révolution

numérique et l’usage des réseaux sociaux ont déjà transformé radicalement certaines

industries (ex : Uber versus les taxis, AirBnB vs chaine hôtelières classiques,

Amazon vs librairies, etc), et l’application grandissante à travers le monde du concept

d’innovation frugale (« faire mieux avec moins », Co-innover avec peu de moyens,

théorisée par Navi Rajdou).

Les organisations qui voient arriver de tels nouveaux acteurs peuvent alors avoir

plusieurs attitudes :

« push » - Co-innové avec les nouveaux acteurs pour créer de nouveaux

services ;

« ignore » / « wait and see » en attendant éventuellement que les nouveaux

acteurs grossissent et proposent des schémas ou « paquets de solutions »

pouvant les intéresser ;

« rejeter » en maintenant/renforçant l’exclusion de ces acteurs sur leurs

marchés ;

« adopter rapidement en interne » en créant une nouvelle branche active sur

ces métiers pour se positionner sur un nouveau marché rentable ou répondre

à un nouveau besoin (pour le cas où les services sont nécessaires mais non

destinés à des cibles solvables/projets rentables).

Section II : Etat d’avance des initiatives

Pour les bailleurs et organisations étudiées, leur perception du crowdfunding (CF) et le

peu d’actions enclenchées en lien avec le CF nous indique que nous pouvons les situer

majoritairement dans la catégorie « ignore », et pour quelques-uns, dans la catégorie « wait

and see ».

Les résultats du sondage indiquent que les organisations étudiées n’ont pas de stratégie ou

plan d’action crowdfunding structuré. Certains sondés expriment le souhait de mieux

connaître le crowdfunding, de faire connaissance avec les acteurs, d’échanger des idées. Les

initiatives sont variées, mais les plus avancées concernent la finance participative « equity ».

Des entretiens menés à Madagascar font apparaître des besoins larges :

Page 54: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

49

Besoin de financement de l’économie « réelle » dans tous les secteurs, avec une

relative pénurie d’accès aux services financiers par le canal bancaire (crédit) pour des

jeunes entreprises assortie d’une certaine défiance pour une intervention en fonds

propres dans leur entreprise et une préférence pour des prêts.

Peu ou pas d’initiatives crowdfunding des bailleurs dans les champs « don» ou « prêt à

taux faible », qui pourraient satisfaire des besoins fondamentaux / vitaux, socle

indispensable d’un développement local pérenne. Les projets locaux à financer ont

souvent une rentabilité nulle à faible (et/ou un temps de retour long) mais néanmoins

indispensables, et pouvant bénéficier à un nombre plus large d’acteurs (partage de la

rente, même faible): soutien au développement de pratiques agricoles de type

agroécologie, gestion de la ressource eau, petites installations d’énergies

(biométhaniseur, etc.) autre que solaire photovoltaïque.

Section III : Discussion et ouverture

Certaines approches positionnent la finance participative « equity et prêt », sans

surprise, avec un potentiel de collecte de montants et d’efficacité assez important,

grâce à une meilleure connectivité via les réseaux sociaux. Elles restent toutefois assez

théoriques, car elles occultent la question de la nature et l’étendue de ces réseaux

sociaux (locaux/proches/familiaux jusqu’aux « cercles 3 ou 4 » de quasi-inconnus)

ainsi que la propension ou l’intérêt de ces cercles éloignés à s’intéresser ou soutenir

des projets qui leurs sont étrangers.

Rappelons que pour au moins deux raisons évidentes, la finance participative pour ces divers

projets doit se penser tant en Nord-Sud qu’en Sud-Sud :

pour des raisons financières, pour financer au moins partiellement les

actions/projets en monnaie locale et éviter les risques de changes, dans des

contextes où les monnaies locales sont loin d’être stables par rapport à l’Euro

ou le dollar ;

Et pour des raisons sociales, en s’appuyant sur l’usage des réseaux

sociaux locaux (physiques/proches et virtuels/en ligne) et en travaillantla

notion de partage de la rente (financière associée à certains projets, tels que la

production énergétique).

Page 55: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

50

Le développement d’approches en soutien à des start-up en privateequity est certes moteur

d’innovation, celles-ci doivent toutefois être diversifiées afin de répondre plus largement aux

besoins :

Pour favoriser un développement durable (dans tous les sens du terme :

économique, humain, environnementale), la redynamisation ou le

renforcement des productions vitales (agricoles, énergies), et donc

l’investissement ou le financement de ces secteurs « socles » dans une

direction « verte » et pérenne nous parait centrale, et cela contribue par ailleurs

favoriser un développement inclusif (ce que des modèles HighTech portés par

quelques urbains ne permettrait pas nécessairement).

Les flux financiers peuvent être préférentiellement adaptés à des modèles à

forte composante humaine (éventuellement léger en investissement en capital

physique, mais nécessitant de l’investissement en compétences), et/ou à des

besoins de financement (de type BFR, préfinancement d’achats/de matières)

plus que d’investissement en fonds propres.

Sur un secteur particulier (agroécologie), c’est l’approche qui a été retenue par la plateforme

Bluebees : prêts de durée assez courte, préfinancement, possibilité de « faire tourner » les

fonds rapidement avec le système de cagnotte, et donc possibilité pour le porteur de projet de

réemprunter. Il est nécessaire de poursuivre l’investigation des tissus locaux propres à chaque

pays, de sorte à :

identifier les acteurs moteurs et les systèmes d’acteurs et partenaires qui

pourraient créer un bon cadre de « capital confiance », de manière

différenciée par pays.

proposer des schémas déclinables selon les types d’acteurs (bailleurs,

entrepreneurs, investisseurs majoritaires, petits participants en finance

participative, habitants qui bénéficient de certains projets), sur les différents

croisements entre secteurs (énergies, eau, PME, etc.) et type de FP (don,

prêt, equity) seront mis en avant.

Page 56: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

51

Par ailleurs, les opportunités offertes par le financement participatif ne viennent pas sans

nouveaux défis, notamment pour les institutions publiques. Face à une adoption rapide des

technologies et face au caractère déterritorialisé de l’outil, les prérogatives nationales se

trouvent parfois contestées dans leur principe et leur applicabilité. Face à ces évolutions, les

gouvernements et administrations sont généralement peu préparés. Mal acclimatés aux enjeux

du numérique et aux changements parfois radicaux que la transition numérique peut

représenter pour leur population, pour l’économie ou pour l’environnement politique, ils se

trouvent souvent démunis.

Les régulateurs sectoriels doivent également monter en compétence, renforcer leur

indépendance et leur capacité d’action et savoir trouver un équilibre au service de l’intérêt

général entre le contrôle des usages et la promotion de l’innovation en matière de financement

participatif.

Nous pensons que le positionnement possible des bailleurs de fonds en appui à l’écosystème «

finance participative » peut être de : faire connaître le crowdfunding, appuyer les associations

représentatives du secteur, faire connaître la réglementation existante (dans certains pays au

Nord) et apporter une assistance au développement d’un cadre réglementaire, et enfin

construire des projets collectifs entre bailleurs pour assister cette nouvelle dynamique.

Page 57: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

52

CONCLUSION

Dans ce mémoire, nous avons étudié le concept de financement participatif. Nous avons

profondément analysé l’investissement participatif et nous avons illustré nos acquisitions dans

l’analyse du crowdfunding dans des pays d’Afrique Subsaharienne dont se trouve

Madagascar.

D’abord, nous avons étudié la notion de financement participatif. À partir de plusieurs

documents économiques, nous avons synthétisé une définition. Il s’agit alors d'une pratique de

financement de projets ou d’entreprises par la levée de beaucoup de petits montants d’argent,

soit sous forme de don, soit en échange de produits futurs ou selon une forme de récompense,

directement auprès d’un large nombre de personnes particulières, sans les intermédiaires

financiers habituels, de nos jours, typiquement, via Internet. Étant un financement participatif,

le « crowdfunding » diffère du « crowdsourcing » qui est une production participative. Le

financement participatif est un concept vaste qui comporte aussi du « fundraising », une

collecte de fonds. La collecte des fonds s’applique aux organisations à but non-lucratif. Le

financement participatif comprend 4 modèles de base : le financement par les dons, le

financement par les prêts, le financement sans contrepartie financière (prévente) et

l'investissement participatif. Chaque site de financement participatif applique une méthode de

collecte différente, soit « tout ou rien », ou « garder tout ».

Puis, on a vu que Le crowdfunding semble une alternative très intéressante car on

observe que les entrepreneurs ont de plus en plus de mal à lever des fonds via les voies de

financement traditionnelles. De plus le financement participatif permet à l’investisseur de

choisir librement dans quel projet il veut investir. (Larralde et Schwienbacher, 2010). On

parle ici de la désintermédiation des banques. Contrairement au schéma classique où les gens

déposent leur argent sur un carnet d’épargne et les banques décident ensuite de réinvestir cet

argent là où elles estiment que c’est le plus pertinent, le crowdfunding offre l’opportunité aux

entrepreneurs de s’adresser directement aux investisseurs. Il est intéressant d’observer que le

crowdfunding est bien

Plus qu’uniquement un accès à du financement. Il comporte

De nombreux avantages tel que le fait de facilement pouvoir évaluer si un produit est accepté

par le public, le fait de créer des ambassadeurs d’un produit qui vont renforcer le bouche-a

oreille, ou le fait que le crowdfunding favorise la création d’emplois.

Page 58: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

53

Mais, Les investisseurs font face aux risques de fraude, d’incompétence des porteurs

de projet, de manque de liquidité et de perte sur l’investissement. Les entrepreneurs courent

des risques concernant le choix de plate-forme, la perte de l’avantage de l’innovation, les

coûts d’opportunité d’autres modes de financement et la faillite de la campagne.

Dans la deuxième partie du devoir, nous avons fait une analyse du crowdfunding en

détail en analysant les choix de plateformes de crowdfunding et comment réussir une

campagne de financement. Sur ces plateformes, nous avons observé des projets à travers la

méthode de l'ethnographie virtuelle. Nous avons étudié chaque projet dans les moindres

détails (caractéristiques du porteur de projet, signaux présents dans la description du projet et

dans les échanges entre porteur de projet et contributeurs sur le forum du projet. En nous

servant de la description des signaux nous avons opérationnalisé la mesure de l'intensité des

différents types de signaux.

A l’issue de l’étude, il apparait que la finance participative peut devenir un précieux

outil complémentaire de l’aide au développement. L’étude a permis de faire ressortir les

points clés : opportunités, risques imaginés ou plus réels, leviers à saisir et moyens de se

positionner de manière robuste. Les bailleurs internationaux passent progressivement de

l’étude à l’expérimentation, et il serait donc à la fois légitime et plus efficace d’avancer

collectivement dans cette direction.

Finalement, étant donné que le crowdfunding est un phénomène récent qui est en

constante évolution, il est impossible d’affirmer comment il va se développer dans le long

terme. Cependant, nous n’observons que le concept, où quiconque peut soutenir tous types de

projets, est très fort valorisé par toutes les parties prenantes mais ne pourra pas remplacer les

modes de financement classiques, mais continuera à être utilisé en complément de ceux-ci.

L’equity crowdfunding séduira les startups qui sont en phase de lancement tandis que le prêt

est plus adapté aux PME plus matures qui n’ont

Pas l’intention d’ouvrir leur capital.

Page 59: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

54

BIBLIOGRAPHIE

I-Principauxouvrages

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II- Webographie

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Page 60: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

55

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Cairn : www.cairn.info, visité le 27 nov. 17. Dictionnaire Juridique, Définition de Société coopérative,

disponible sur : http://www.dictionnaire-juridique.com/définition/socièté-coopérative. visité le 26 nov.-17

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Page 61: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

56

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ..............................................................................................................................1

PARTIE I : APPROCHETHEORIQUE ...........................................................................................3

CHAPITRE I : L’Univers du financement participatif dans son ensemble. .......................................4

SECTION I :Définitions et Objectifs ...........................................................................................4

SECTION II : Définition d’une plateforme multifaces numérique. ...............................................5

SECTION III : Contexte et raisons d’apparition...........................................................................7

III.1 Historique du « crowdfunding » ...........................................................................................7

III.2 Les raisons d’apparitions .....................................................................................................9

III.2.1 Le rôle du crédit bancaire dans le financement des PME. ................................................ 10

III.2.2Les difficultés d’obtenir des crédits ................................................................................. 12

CHAPITRE II : Modèles et méthodes de financement participatif ................................................. 15

SECTION I : Les différents types de financement ..................................................................... 15

I.1 Le financement par les dons ................................................................................................. 15

I.2 Le financement par les prêts ................................................................................................. 16

I.3 Le financement sans contrepartie financière ou « prévente » ................................................. 16

I.4 Le financement avec prise de participation ........................................................................... 17

SECTION II : Les méthodes appliquées au financement participatif .......................................... 18

II.1 Garder tout ......................................................................................................................... 18

II.2 Tout ou rien ........................................................................................................................ 19

CHAPITRE III : Les Avantages et risques liés au crowdfunding ................................................... 20

SECTION I : Le financement participatif : un levier de développement économique.................. 20

I.1 Le financement participatif pour le développement du territoire............................................ 20

I.2 Un outil pour accompagner les entrepreneurs dans leur développement ................................ 21

SECTION II : Les risques liés au financement participatif. ........................................................ 23

Lorsqu’il s’agit d’un nouveau moyen de financement des PME, les risques sont présents pour tous les agents. .......................................................................................................................... 23

II.1 Risques pour les investisseurs ............................................................................................. 23

II.2 Risques pour les entrepreneurs ............................................................................................ 24

PARTIE II : Analyse empirique et qualitative du financement participatif en capital des PME en Afrique :cas de Madagascar. ......................................................................................................... 26

CHAPITRE I : Méthodologie ........................................................................................................ 27

SECTION I : Introduction ......................................................................................................... 27

Page 62: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

57

SECTION II : Analyse de l’échantillon ..................................................................................... 28

II.1 Choix de plateformes de crowdfunding ............................................................................... 28

II.2 REUSSIR UNE CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF .............................. 30

II.3 Technique de collecte et analyse des données ...................................................................... 32

II.3.1 Technique de collecte des données ................................................................................... 32

II.3.2 Validité de la méthode ..................................................................................................... 40

CHAPITRE II : Un panorama des acteurs et des initiatives de financement participatif en Afrique Subsaharienne (cas de Madagascar)............................................................................................... 41

SECTION I : Analyse du contexte socio-économique propice à la finance participative ............. 41

SECTION II : Présentation et caractéristique des plateformes de Crowdfunding dans les pays en voie de développement. ............................................................................................................. 42

II.1 QUELQUES PLATEFORMES ACTIVES EN AFRIQUE IMPLANTEES AU NORD ....... 44

II.2QUELQUES PLATEFORMES IMPLANTEES EN AFRIQUE ........................................... 46

CHAPITRE III : Portée et limites de l’analyse empirique .............................................................. 47

SECTION I : Les défis à venir de la finance participative .......................................................... 47

SECTION II : Etat d’avance des initiatives ................................................................................ 48

SECTION III : Discussion et ouverture ..................................................................................... 49

CONCLUSION ................................................................................................................................ 52

BIBLIOGRAPHIES.......................................................................................................................... 54

Page 63: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

I

ANNEXE A : Opportunités et chiffres clés du financement participatif

I) Pour les bailleurs et investisseurs : questions clés et opportunités associées

La finance participative peut-elle devenir un outil à part entière pour l’aide publique au développement ?

Pour les bailleurs, la finance participative est-elle une occasion de se saisir de la révolution numérique et de se réinventer ? Si oui, sur quelles zones d’interventions et sur quels secteurs d’activité est-ce pertinent : infrastructures énergétiques diffuses (énergies renouvelables et minigrid), préservation du capital naturel et agroécologie, soutien aux start-up, appui au commerce local et à l’export, etc. ? Comment cet outil peut-il s’intégrer au sein du réseau d’acteurs locaux ? Comment envisager la concurrence et les synergies avec le secteur bancaire local ? Avec d’autres acteurs de l’aide au développement (ONG, etc.) ?

Comment s’articuler avec la transformation numérique en cours dans certains pays du sud ? (banque sur mobile) Dans quelle mesure la finance participative peut-elle orienter une partie des transferts d’argent des diasporas («

rémittences »), en particulier celles installées au nord, vers les économies des pays du sud ? Quels sont les risques ? Comment prendre en compte les risques d’instabilité, de taux de change, de fraude, des transferts transfrontaliers dans les modèles de financement participatif ? Quels avantages inédits du financement « par la foule », par exemple pour soutenir les petites entreprises qui n’ont pas accès aux financements bancaires classiques ? II) Chiffres clés

Des montants encore faibles (35 Md$ dans le monde à fin 20152) mais une croissance exponentielle, et des

acteurs « poids lourds » comme Kickstarter : 1Md$ de fonds levés, sur 70 000 projets.

Des volumes qui vont essentiellement sur des activités de prêt, puis sur les segments dons et equity.

Des volumes levés et investis sur l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest (pour l’instant).

Page 64: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

II

SOURCE: Massolution Crowdfunding Report 2015

Des montants projetés à 2020 de l’ordre de 1000 Md$, soit 7,5 fois plus que le volume de l’APD ou du

microcrédit.

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III

Une explosion du nombre de plateformes dans le monde avec plus de 450 plateformes dans le monde en 2012

Page 66: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

IV

Page 67: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

V

ANNEXE B : Analyse SWOT46 du financement participatif

46 L’analyse SWOT est une abréviation pour les mots : Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats équivalent en français de : Force, faiblesse, opportunités, menaces. L’analyse SWOT est généralement utilisée en stratégie d’entreprise pour évaluer les options stratégiques envisageables pour un domaine d’activité. L’analyse SWOT conduit à faire un diagnostic en deux parties. Le premier est en interne tandis que le deuxième est en externe.

Page 68: Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME

VI

Résumé Analytique

Ce mémoire traite du financement participatif en capital ou equity crowdfunding qui a

vu le jour grâce à l’émergence des réseaux sociaux et des plateformes Web. Déjà populaire

dans certains pays, il s’inscrit dans un mouvement de désintermédiation financière et répond

par ailleurs à un réel besoin des petites entreprises à trouver du financement à moindre coût.

Dans les pays développés, c’est par centaine que se compte les plateformes de financement

participatif tandis que dans les pays pauvres, les initiatives sont encore réduites.

A l’issue de l’étude, il apparait que la finance participative peut devenir un précieux

outil complémentaire de l’aide au développement. L’étude a permis de faire ressortir les

points clés : opportunités, risques imaginés ou plus réels, leviers à saisir et moyens de se

positionner de manière robuste. Les bailleurs internationaux passent progressivement de

l’étude à l’expérimentation, et il serait donc à la fois légitime et plus efficace d’avancer

collectivement dans cette direction.

De plus, c’est dans ce contexte que cette nouvelle pratique permettra à des sociétés en

démarrage et à des petites et moyennes entreprises de se financer, il est certain que son

développement devrait créer un engouement de la part du public et contribuer à l’essor

économique des pays africains comme Madagascar.

Mots clés : crowdfunding, investissement participatif, plateforme de crowdfunding,

législation d’investissement, Acteurs internes et externes, typologie des signaux.