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Le Fotokino illustré n°10 Regards sur 40 ans de littérature jeunesse dans le monde arabe

Le Fotokino illustré n°10 Regards sur 40 ans de littérature ......Ahlan wa salhan L’équipe de Fotokino Qu’imagine-t-on en France à l’évocation d’une littérature pour

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  • Le Fotokino illustré n°10Regards sur 40 ansde littérature jeunessedans le monde arabe

  • Numéro 10Janvier 2013

    Comment est née cette bibliothèque éphémère?

    Studio Fotokino33 allées Gambetta Marseille 1er

    www.fotokino.org – 09 81 65 26 44

    Fotokino ouvre cette année de programmation exceptionnelle par la présentation d’une bibliothèque éphémère consacrée à la littérature jeunesse dans le monde arabe. Cette bibliothèque présente au sein du Studio Fotokino une sélection d’une centaine de livres jeunesse de création parus ces 40 dernières années en Égypte, au Liban, au Soudan, au Maroc… à voir et à consulter librement, en version originale.

    Le projet est conçu en collaboration avec Mathilde Chèvre et sa maison d’éditionLe Port a jauni qui édite des livres bilingues français-arabe.

    En accompagnement de cette présentation, nous invitons Samah Idriss et Walid Taher pour une rencontre avec le public le 24 janvier 2013 à l’Alcazar Bmvr.

    Avec le soutien de l’Île aux livres / Alcazar Bmvr, de la BNF - Centre national de littérature pour la jeunesse et des Instituts Français d’Egypte et du Liban.

    Alors que nous préparions en 2010 les 10 ans de notre manifestation indisciplinée Laterna Magica, en prévision de 2013, nous avons souhaité connaître un peu mieux les artistes et auteurs de livres jeunesse du monde arabe, dans l’espoir de pouvoir contribuer à faire découvrir cette création si proche de nous,et pourtant quasiment invisible en France.

    C’est un petit livre carré libanais des années 1970 intitulé La Maison, découvert par hasard chez l’artiste Yto Barrada, qui est à l’origine de cette bibliothèque éphémère. Ses dessins à priori enfantins défendaient la cause palestinienne et appelaient à la révolte. Son auteur en était Zakaria Tamer et son illustrateur un certain Mohieddine Ellabbad, nous apprit l’auteur et illustratrice Mathilde Chèvre, directrice de la maison d’édition Le Port a jauni à Marseille, qui travaillait déjà sur une thèse de doctorat consacrée aux livres jeunesse dans les pays arabes. Mathilde nous a fait découvrir les incontournables du livre jeunesse arabe, les principaux illustrateurs, les éditeurs ainsi que les acteurs qui ont contribué au soutien et à la conservation de ces livres, en France principalement.

    Le plus grand fonds d’ouvrages jeunesse du monde arabe est effectivement conservé à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, au sein du Centre national de la littérature pour la jeunesse - La Joie par les livres où travaille Hasmig Chahinian notamment, qui a écrit de nombreux articles sur la création éditoriale pour la jeunesse au Liban et sur Mohieddine Ellabbad justement, le directeur artistique de Dâr al-Fatâ al-’Arabî dans les années 1970. Les ouvrages anciens et contemporains sont consultables sur place, et peuvent être prêtés exceptionnellement mais à condition

    d’être exposés sous vitrine celée, comme tout ouvrage conservé par la Bnf.

    La meilleure façon de découvrir un livre c’est de pouvoir le lire, ou au moins de pouvoir l’ouvrir et le feuilleter. C’est ce qui nous a amenés à acheter tous ces ouvrages, afin de les laisser à la libre consultation des visiteurs du Studio Fotokino.

    Après avoir fait un bon tour d’horizon de la production éditoriale depuis les années 1980, il nous a fallu faire des choix pour représenter au mieux presque 40 ans de livres pour la jeunesse, de l’autre côté de la Méditerranée. Il nous semblait évident de rendre hommage à Monsieur millimètre, le faiseur d’images, alias Ellabbad, un des piliers de cette histoire qui, malgré sa disparition récente en 2010, reste très méconnu en Europe. Heureusement, la Fondation Ghassan Kanafani à Beyrouth possède encore quelques ouvrages de Dâr al-Fatâ al-’Arabî, disponibles à la vente.

    Pour choisir les autres ouvrages plus récents et les auteurs que nous aimerions présenter, nous avons été guidés par le thème de la rencontre publique prévue en partenariat avec l’Île aux livres - le département de conservation du livre jeunesse de la Bmvr-Alcazar : la place laissée à l’enfant dans les livres arabes, un des sujets d’études de Mathilde Chèvre.

    Associer à cette rencontre deux auteurs permettait de développer la discussion sur des enjeux contemporains : Samah Idriss pour son choix d’utiliser le dialecte beyrouthin dans ses albums pour la jeunesse et Walid Taher pour son point de vue depuis l’une des plus importante maisons d’édition

    égyptienne, et sa filiation avec Ellabbad dont il fut l’élève.

    Leurs livres sont donc présents dans notre bibliothèque, ils sont accompagnés d’un grand nombre d’ouvrages remarquables, classiques ou pédagogiques des égyptiens Hilmî al-Tûnî et d’Ellabbad, édités depuis les années 1990 au sein de Shorouk, au Caire, d’une bonne partie de la collection d’histoires de l’espiègle petite Farhana écrites et dessinées par Rania Hussein Amine, d’exemplaires de la toute petite maison d’édition soudanaise Tibar, dirigée par Salah al-Murr, d’un grand nombre d’ouvrages de la jeune maison d’édition Dâr Onboz au Liban, créée en 2005 et dirigée par l’auteur Nadine Tûma, qui aime autant que nous les images et les expérimentations … Nous avons ainsi réuni une centaine de livres, pour donner à voir au mieux la diversité de la production éditoriale de 1975 à nos jours, avec l’aide de l’Oiseau Indigo, diffuseur des éditeurs du monde arabe et africain, installé tout près à Arles, et de deux librairies - El Bourjà Beyrouth et Al-Balsam au Caire.

    Il ne vous reste plus qu’à les « lire ». Ouvrez-les de la droite vers la gauche. C’est aussi le sens d’écriture de la langue arabe.Chaque ouvrage est succinctement résumé en français. Ce dossier vous présente un petit historique et vous donne quelques repères, dont un mini-lexique français - arabe pour les plus curieux.

    Nous essaierons de faire circuler ces ouvrages inconnus au delà du 17 février 2013, si vous êtes intéressés, contactez nous.

    Bienvenue,Ahlan wa salhan

    L’équipe de Fotokino

  • Qu’imagine-t-on en France à l’évocation d’une littérature pour la jeunesse dans le monde arabe ? Ali Baba face à quarante voleurs, Schéhérazade alanguie mille et une nuits durant égrainant les contes pour endormir le roi Shahriar, une grand-mère entourée de ses petits tout ouïs ? De fait, jusqu’à un passé récent, la transmission du patrimoine des contes arabes était-elle principalement orale et féminine. À l’exception de quelques albums traduits, l’édition pour les enfants était un terrain nu.

    Au tournant des années 1950-60, les premiers imprimés destinés à la jeunesse arabe sont scolaires, quand les États à la souveraineté retrouvée s’emparent du projet éducatif, élaborent les programmes et impriment les manuels de leurs écoliers. Parallèlement se développent des revues pour enfants : Sindbad, Samir, Tintin et Mickey dont les noms rappellent que pour l’essentiel, elles proviennent de traductions occidentales.

    La littérature pour la jeunesse naît dans le monde arabe après la défaite de 1967 appelée « la catastrophe », la naksa, qui engendre une profonde remise en question identitaire, politique, intellectuelle, artistique. Des auteurs et illustrateurs d’Égypte, du Liban, du Moyen-Orient, s’engagent alors dans l’écriture et l’illustration pour enfants et ce faisant se décrivent et dessinent leur avenir idéalisé. Leur grand rêve est de former une génération d’enfants politisés et engagés pour bâtir un monde arabe meilleur. Les albums des années 70 sont profondément animés par le souffle idéologique de leur temps, mais ils établissent aussi les jalons structurels, thématiques et graphiques qui influencent et inspirent la production contemporaine.C’est la première fois en effet que des artistes arabes se posent des questions d’identité linguistique et graphique à travers le prisme de la transmission : quelle langue arabe doit-on écrire pour les enfants arabes ? Quelles histoires leur raconter qui fassent écho à leur quotidien ? Quelle illustration, ancrée dans un patrimoine visuel arabe, peut-on leur donner à voir ? Ce mouvement débouche sur la création de la première maison d’édition arabe spécifiquement dédiée à la jeunesse, Dâr al-Fatâ al-’Arabî née à Beyrouth en 1974.

    Le grand renouveau de la création en littérature jeunesse que connaît l’ensemble du monde arabe depuis l’an 2000 se situe dans la filiation de cette première maison et poursuit les réflexions identitaires, linguistiques et graphiques abordées par les pères fondateurs. Les auteurs des années 2000 sont à la recherche d’une écriture qui génère le plaisir de lire et encourage l’enfant à faire le pont entre l’arabe parlé et l’arabe écrit. Les illustrateurs vont puiser aux sources des miniatures arabes et de la calligraphie pour les mixer avec du design contemporain. Les idéologies frontales ont été délaissées au profit d’un questionnement sur la place de l’individu dans la société, sur le plan politique mais aussi philosophique et existentiel. L’enfant initialement présenté comme un petit soldat, petit adulte, jeune militant est devenu

    peu à peu une personne, douée d’intention et d’émotions qui expérimente le monde pour y trouver sa place.

    De Dâr al-Fatâ al-’Arabî à aujourd’hui, ce sont les albums issus de ce mouvement de création que nous avons choisi de vous montrer en posant un « Regard sur quarante ans de littérature jeunesse dans le monde arabe ».

    40 ans de littérature jeunesse dans le monde arabe.par MATHILDE CHèvRE

    > Image du sultan Baïbars, Egypte, 13ème siècle, tirée du Carnet du dessinateur d’Ellabbad

  • Dâr al-Fatâ al-’Arabî est la première maison d’édition arabe spécifiquement et uniquement dédiée aux enfants. Créée en 1974 à Beyrouth, elle est financée par l’OLP et des fonds privés palestiniens, son directeur artistique est égyptien, les auteurs et illustrateurs regroupés autour de ce projet phare viennent de l’ensemble des pays arabes. Le projet éditorial de Dâr al-Fatâal-’Arabî illustre combien la Palestine fut alors le moteur économique et idéologique de la création arabe en littérature pour la jeunesse. La forme même des albums fut pensée pour s’adapter au quotidien des enfants palestiniens : les petits albums carrés de la collection « Arc-en-ciel » mesuraient neuf centimètres de côté pour entrer dansles poches de tabliers des écoliers palestiniens réfugiés et scolarisés dans les camps depuis 1967.

    En 1975, Dâr al-Fatâ al-’Arabî publie d’un coup cinquante albums pour la jeunesse en deux collections d’une originalité, d’une puissance artistique, narrative et graphique sans précédent, dont beaucoup sont consacrés à la lutte pour la cause palestinienne ou à des thématiques politiques. Par la suite, la maison poursuit son chemin au gré des déplacements de l’OLP et quitte Beyrouth pour Le Caire. Elle publie des ouvrages de découverte scientifique illustrés et ludiques, des traductions d’œuvres littéraires dues à de grands poètes occidentaux et traduites par de grands écrivains arabes. Ainsi, les enfants d’Égypte ont-ils pu lire Prévert et Éluard dans une belle langue arabe.

    De par l’ampleur de son engagement collectif et idéologique, mais aussi du fait de son rôle précurseur sur le plan artistique, linguistique et littéraire, l’aventure de Dâr al-Fatâ al-’Arabî demeure une expérience éditoriale fondatrice et inégalée dans le monde arabe.

    Mohieddine Ellabbad (1940-2010) est un enfant du Caire, passionné d’images qu’il glanait dans la bibliothèque paternelle, chez le marchand de journaux du trottoir d’en face, au souk des soldeurs de livres à Ezbekiyya. L’ensemble de son œuvre de « créateur de livres » pour adultes et pour enfants, illustre sa passion pour les « petites choses » graphiques :

    « J’ai plus été formé par ces “ petites “ choses telles que les timbres, les publicités sur les objets et les boîtes d’allumettes, que par les Beaux-Arts. C’est pour cela que je tente de communiquer aux enfants ma propre expérience d’enfant devenu à l’âge adulte illustrateur et créateur. J’essaie de leur faire part de mon expérience, de tout ce qui a contribué à me former, à former ma mémoire, mon affect et tout le reste. »

    Mohieddine Ellabbad illustrateur, auteur, dessinateur, affichiste, graphiste, maquettiste, fut le premier directeur artistique de Dâr al-Fatâ al-Arabî et l’initiateur de nombre de projets éditoriaux dans le monde arabe.

    Il avait une culture visuelle sans frontière et militait néanmoins pour l’émergence d’une image narrative arabe, consciente de ses origines. Il s’intéressait à l’histoire du livre et de l’illustration, à l’élaboration d’un langage visuel, de signes, de symboles culturellement ancrés dans l’identité arabe. Ses livres pour enfants et pour adultes restent comme un témoignage de sa quête d’un Langage sans parole, de Remarques graphiques, d’un T-Shirt arabe et finalement d’un Regard ! acéré sur le monde et l’image contemporains.

    Dâr al-Fatâ al-’ArabîLa Maison du jeune arabe.

    Mohieddine Ellabbad

    > Al Baît – La Maison. Texte : Zakaria Tamer, dessins : Mohieddine Ellabbad.Editions Dâr al-Fatâ al-’Arabî, Liban, 1975 (échelle 1:1).

    > Nazar ! Regard ! Revue conçue, illustrée, écrite parMohieddine Ellabbad entre 1987 et 2005(El Arabi for publishing).

    > Al-nouqta al-souda’

    Né en 1969 Walid Taher, auteur et illustrateur de la jeune génération égyptienne, est diplômé de l’École des Beaux-arts d’Helwan. Ancien élève de Mohieddine Ellabbad, il est actuellement directeur artistique jeunesse pour les éditions Dar al-Shorouk au Caire. Il renoue avec la tradition arabe de donner corps et image au questionnement et au discours politique dans la littérature de jeunesse.

    Il réalise régulièrement des caricatures pour le quotidien Shorouk et de nombreuses couvertures de romans publiés par la même maison d’édition. Il a publié plus de 20 albums pour la jeunesse et a reçu plusieurs prix dont le prix d’honneur du Salon du livre jeunesse de Bologne en 2003 et le prix Etisalat au Sharjah (Emirat-Arabes-Unis) en

    les invités

    Walid Taher

    2010 pour son fameux livre La tache noire. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs pays.Quelques uns de ses livres présentésau Studio Fotokino :

    • Al-nouqta al-souda’ (La tache noire), texte et illustration de Walid Taher,Dar al-Shorouk, 2009.• Simsimya... bunduqiya - Ihtifalât misriya (Sésame et Noisette - Fêtes égyptiennes), texte de Randa Abû al-Magd et illustrations de Walîd Taher, Dar al-Shorouk, Le Caire, 2004.• Al-aghbiya (Les idiots) de Walid Taher, Shorouk, 2006.

    « Dans le livre de Walîd Taher publié en Égypte par Dar al-Shorouk (2009), un collectif d’enfants se résout à accepter l’existence d’une tache noire, énorme, au cœur de son aire de jeu […]. Marwan a les mains sur les hanches, il est prêt à se battre, deux pointillés rouges invitent à continuer la lecture… “ Il y a une solution, et ce n’est pas un jeu… ”. Alors Marwan cherche la solution. “ Il pense, il tente une réponse, il pense… ”, le texte tourne, telle une litanie de questions enchevêtrées dont n’émerge aucune réponse […] Marwan s’interroge en dialecte et en arabe littéraire, comme si la réflexion pouvait aboutir à des résultats divers selon qu’elle est menée dans l’une ou l’autre langue…Puis, de colère, Marwan trouve la solution : il frappe violemment l’ennemie et la tache s’effrite […]. » Extrait d’un article de Mathilde Chèvre, publié le 22 novembre 2010 dans Les Carnets de l’Ifpo.http://ifpo.hypotheses.org

  • Né en 1961, Samah Idriss fait des études de langue et littérature arabe à l’American University of Beirut avant d’obtenir un doctorat en langues et cultures du Moyen Orient à la Columbia University (New York). Il dirige depuis 1992 la revue Al-Adab et la branche jeunesse de la maison d’édition du même nom. Il est l’auteur de romans pour adolescents et de livres jeunesse, parmi lesquels le célèbre Conte de la courgette qui s’inscrivent dans une volonté de renouveler la littérature arabe à destination des enfants ainsi que dans une démarche politique d’invitation à la libération des esprits et à la remise en cause des normes sociales. Il est également l’auteur de nombreux articles et le traducteur d’ouvrages politiques (entre autres, de l’anglais vers l’arabe : The New Military Humanism de Noam Chomsky et The Holocaust Industy de Norman Finkelstein).

    Parmi ses ouvrages présentés :Dans la série « Histoires d’un enfant de Beyrouth » (cinq albums depuis 2003) :• Qisat al koussa (Le conte de la courgette), texte de Samah Idriss, illustrations Yasmine Taan, Dâr al-Adâblil-Sighâr, 2003.• Oum jadida (Une nouvelle mère), texte de Samah Idriss, illustrations Yasmine Taan,Dâr al-Adâb lil-Sighâr, 2004.• Al bint al-Chaqra’ (La Fille blonde), texte de Samah Idriss, illustrations Yasmine Taan, Dâr al-Adâb lil-Sighâr, 2004.• Taht al-sirir (Sous le lit), texte de Samah Idriss, illustrations Yasmine Taan, Dâr al-Adâb lil-Sighâr, 2004.

    > Oum jadida (Une nouvelle mère).

    Samah Idriss • Qissati (Mon histoire), texte de Samah Idriss, illustrations de Ranâ Zâhir, Dâr al-Adâb lil-Sighâr, 2010, qui sera lue le samedi 26 janvier au Studio par l’auteur lui-même.

    À propos des ouvrages de la série « Histoires d’un enfant de Beyrouth » :« Cette collection raconte les histoires d’un enfant de Beyrouth, dans une langue qui tente de se rapprocher de notre parler quotidien, loin de “la langue docte”, cette “homélie”, qui demeure le trait distinctif de la plupart des livres pour enfants. Cette collection essaie aussi d’alléger la perplexité des enfants (que ressentent avec eux la plupart des familles !) à l’approche de l’arabe. Cette aventure a commencé après vingt-deux années comme directeur de publication de la revue Al-Adâb, et après vingt ans de participation à la rédaction du plus gros dictionnaire arabe-arabe moderne (à paraître dans les années à venir). Pendant cette période, la soumission et la subordination de la langue arabe se sont révélées à moi. Puisque devant moi, se manifestait le puritanisme de la plupart des linguistes, ceux-là même qui travaillent à décrire l’arabe comme une langue “momifiée“, isolée de la vie quotidienne et des influences extérieures… en contradiction avec l’héritage du patrimoine littéraire arabe lui-même. » Samah Idriss

    Dâr al-Fatâ al-’ArabîLa Maison du jeune arabe.

    Mohieddine Ellabbad

    > Al Baît – La Maison. Texte : Zakaria Tamer, dessins : Mohieddine Ellabbad.Editions Dâr al-Fatâ al-’Arabî, Liban, 1975 (échelle 1:1).

    > Nazar ! Regard ! Revue conçue, illustrée, écrite parMohieddine Ellabbad entre 1987 et 2005(El Arabi for publishing).

    > Al-nouqta al-souda’

    Né en 1969 Walid Taher, auteur et illustrateur de la jeune génération égyptienne, est diplômé de l’École des Beaux-arts d’Helwan. Ancien élève de Mohieddine Ellabbad, il est actuellement directeur artistique jeunesse pour les éditions Dar al-Shorouk au Caire. Il renoue avec la tradition arabe de donner corps et image au questionnement et au discours politique dans la littérature de jeunesse.

    Il réalise régulièrement des caricatures pour le quotidien Shorouk et de nombreuses couvertures de romans publiés par la même maison d’édition. Il a publié plus de 20 albums pour la jeunesse et a reçu plusieurs prix dont le prix d’honneur du Salon du livre jeunesse de Bologne en 2003 et le prix Etisalat au Sharjah (Emirat-Arabes-Unis) en

    les invités

    Walid Taher

    2010 pour son fameux livre La tache noire. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs pays.Quelques uns de ses livres présentésau Studio Fotokino :

    • Al-nouqta al-souda’ (La tache noire), texte et illustration de Walid Taher,Dar al-Shorouk, 2009.• Simsimya... bunduqiya - Ihtifalât misriya (Sésame et Noisette - Fêtes égyptiennes), texte de Randa Abû al-Magd et illustrations de Walîd Taher, Dar al-Shorouk, Le Caire, 2004.• Al-aghbiya (Les idiots) de Walid Taher, Shorouk, 2006.

    « Dans le livre de Walîd Taher publié en Égypte par Dar al-Shorouk (2009), un collectif d’enfants se résout à accepter l’existence d’une tache noire, énorme, au cœur de son aire de jeu […]. Marwan a les mains sur les hanches, il est prêt à se battre, deux pointillés rouges invitent à continuer la lecture… “ Il y a une solution, et ce n’est pas un jeu… ”. Alors Marwan cherche la solution. “ Il pense, il tente une réponse, il pense… ”, le texte tourne, telle une litanie de questions enchevêtrées dont n’émerge aucune réponse […] Marwan s’interroge en dialecte et en arabe littéraire, comme si la réflexion pouvait aboutir à des résultats divers selon qu’elle est menée dans l’une ou l’autre langue…Puis, de colère, Marwan trouve la solution : il frappe violemment l’ennemie et la tache s’effrite […]. » Extrait d’un article de Mathilde Chèvre, publié le 22 novembre 2010 dans Les Carnets de l’Ifpo.http://ifpo.hypotheses.org

  • Fâdî ‘âdila

    Le syrien Fâdî ‘Âdila a d’abord travaillé en tant qu’illustrateur pour les revues « Ahmad » et « Tûta-Tûta » (Dâr al-Hadâ’iq, Beyrouth) dans lesquelles il publie encore occasionnellement ses textes et illustrations. Sur une adaptation de Nabîha Mhaîdlî, il illustre pour la même maison d’édition des recueils de contes. Après avoir travaillé avec la Direction de la culture de l’enfant au ministère de la Culture en Syrie, il se lance en 2007 dans une fructueuse collaboration avec la maison d’édition libanaise Dâr Qunbuz (Onboz). • Saba’a wa 7, Bête féroce et 7, texte de Nadine Tûma, Dâr Qunbuz, Beyrouth, 2008• Tâjir al-hind wa babaghâ’ al-sind, Le marchand d’Inde et le perroquet du Sind, texte de Nabîha Mhaîdlî, Dâr al-Hadâ’iq (Hadaek), Beyrouth, 2009

    MuhaMMad Sa’îd Ba’aBakî

    Né en 1974 à Beyrouth. Il vit et travaille entre Beyrouth et Berlin. Initialement formé à la peinture à l’école de Beaux-Arts de Beyrouth, Muhammad Sa’îd Ba’abakî donne forme à des livres très inspirés par les miniatures anciennes. Aujourd’hui ses recherches artistiques s’orientent plutôt vers la création multimédia et autour d’une réflexion sur le rapport entre œuvre d’art et contexte sociopolitique.• Najmat al-bahr, L’étoile de mer, Dâr al-Hadâ’iq, Beyrouth, 2003• Hurûf al-’abjadiya, Les lettres de l’alphabet, Dâr al-Hadâ’iq, Beyrouth, 2007

    auteurs

    Salâh al-Murr

    Né en 1966 à Khartoum (Soudan) où il vit et travaille. Également photographe, réalisateur et peintre, Salâh al-Murr a réalisé de nombreux livres pour enfants en arabe, français, italien, espagnol et allemand. Entre autres :• Abracadabra, Tibar, Khartoum, 2011 (trilingue arabe, anglais, allemand)• Fursân zamân, Les Cavaliers d’antan, Tibar, Khartoum, 2011 (Bilingue arabe, anglais) —

    rânia huSaîn aMîn

    Née en 1965 au Caire où elle vit et travaille Rânia Husaîn Amîn est une dessinatrice égyptienne. Elle a écrit et illustré plusieurs livres pour enfants dont une série qui a pour protagoniste Farhâna, petite fille maligne et impertinente. Nous présentons la collection complète de Farhâna éditée par Dâr Iliâs (Elias) au Caire.

    Janâ TrâBulSî

    Janâ est née et vit au Liban. Elle est plasticienne et illustratrice de livres pour enfants. • Hiya, humâ, hunna (illustration d’un texte de Nahla Ghandûr), Al-khayiat al-saghîr, Beyrouth, 2010, traduit en français : Elle et les autres, Le Port a jauni, Marseille, 2012

    > Le Cheval Lam Alif, texte de Nahid al-Said et illustrations de Salah al Murr, éditions TIbar, Khartoum, Soudan, 2011

    lîna MirhaJ (MerheJ)

    Née à Beyrouth en 1977 d’une mère allemande et d’un père libanais, Lîna Mirhaj a écrit et illustré plus de vingt albums pour enfants et fait partie de l’équipe fondatrice de Samandal, premier fanzine et éditeur de BD du monde arabe. Elle réalise également des courts-métrages d’animation. Quelques livres :• Promenade en bord de mer (texte, illustrations et maquette), avec Mathilde Chèvre, Le Port a jauni, Marseille, 2010• ‘A’taqid antan sanakû hadi’in…, Je pense qu’à la prochaine guerre, nous aussi on sera calme, Dâr Qunbuz, Beyrouth, 2006

    nadine TûMa

    Née en 1972 dans la vallée de la Bekaa. Elle vit et travaille à Beyrouth. Scénariste, réalisatrice, auteur et plasticienne, Nadine Tûma a participé à des expositions au Liban, en Egypte et dans plusieurs pays d’Europe. En 2005, sa volonté d’amener l’art dans la vie quotidienne des enfants se concrétise avec la création de la maison d’édition pour la jeunesse Dâr Qunbuz (voir après). • Tâbatî, Ma balle, texte de Nadine Tûma, illustrations Ladrâ Khûrî, Dâr Qunbuz, Beyrouth, 2010• Kharbacha, Gribouillages, texte de Nadine Tûma, illustrations Rena Karanouh, Dâr Qunbuz, Beyrouth, 2006

    FâTiMa CharaF al-dîn (CharaFeddine)

    Fâtima Charaf al-Dîn est née à Beyrouth où elle vit à nouveau aujourd’hui. Elle est l’une des auteurs jeunesse les plus prolixes du monde arabe avec une cinquantaine de titres. • Nûra wa qissatuha, L’Histoire de Nûra,ill. Hiba Farrân, Dâr Asâla, Beyrouth, 2008• Laû kunt tâ’iran, Si j’étais un oiseau,ill. Amal Karzây, Kalimât, Émirats Arabes Unis, 2009

    D’autres auteurs et éditeurs du monde arabe

    > Najmat al-bahr – L’Étoile de mer, texte de Nabîha Mhaîdlî et illustrationsde Muhammad Sa’îd Ba’abakî , Dâr al-Hadâ’iq, Beyrouth, 2003

  • Maisons d’édition

    dâr QunBuz (OnBOz)

    Dâr Qunbuz nait à Beyrouth de la passion pour la langue arabe, de l’amour pour les belles images et les belles histoires, et du désir de les transmettre aux plus petits comme aux plus grands. Fondée en 2005 par Nadine Tûma, Rayâ Khallâf et Sivine ‘Arîs, la maison d’édition publie aussi des livres en dialectes arabes parlés. Deux des ouvrages édités par Dâr Qunbuz ont été récompensés par la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne : Al-waqt târ, Le temps s’envole, et Tâbatî, Ma balle. www.daronboz.com/home_en.htm

    dâr al-ChurûQ (ShOrOuk)

    Fondée en 1968 en Égypte par Ibrâhîm al-Mu’allim, Dâr al-Churûq est l’une des plus prestigieuses maisons d’édition du monde arabe. Avec plus de 4000 titres, son catalogue comprend des livres de littérature, d’histoire, de politique et d’art mais aussi un grand nombre de livres destinés aux enfants. Car l’une des missions de la maison d’édition a été, depuis la naissance de sa branche jeunesse dans les années 90, de créer « des livres pour les enfants qui représentent l’identité du lecteur et expriment un sens de fierté nationale et culturelle ». www.shorouk.com

    hilMî al-Tûnî

    Né en 1934 à Banî Suîf (Égypte). Il vit et travaille au Caire. Illustrateur, peintre, graphiste, Hilmî al-Tûnî est aujourd’hui un artiste de renommée internationale dans le domaine de l’édition jeunesse. Publiés par des maisons d’édition en Égypte (Dâr al-Churûq) et au Liban (Dâr al-Hadâ’iq), ses livres sont une contribution de premier ordre à l’illustration de livres arabes et lui ont valu de nombreux prix nationaux et internationaux. Parmi ses ouvrages présentés : • Malik saphir wa kitâb kabîr, Petit roi et grand livre, Dâr al-Churûq (Shorouk), Le Caire, 2008• Ajmal hikayiât cha’biya, Les plus belles histoires populaires, Dâr al-Churûq, Le Caire, 2004

    ihâB Châkir

    Né en 1933 au Caire où il vit et travaille. Après avoir étudié les Beaux-arts à Alexandrie et à Rome, Ihâb Châkir commence à travailler comme peintre et illustrateur pour la presse. A la fin des années 60, il découvre le cinéma d’animation et réalise de nombreux films en Egypte et en France, où il a travaillé avec Paul Grimault.• ‘Andama raqasa al-’asad, Lorsque le lion dansa, Nahdat Misr, Le Caire, 2008 • Qissat hajar, L’histoire d’Hajar, Nahdat Misr, Le Caire, 2007

    RESSOURCES•Sites internet Institut Français du Proche-Orient, IFPO : www.ifporient.org

    Institut du Monde Arabe, IMA www.imarabe.org

    La librairie de l’IMA www.imarabe.org/page-sous-section/librairie-boutique-de-l039institut

    L’exposition itinérante Illustrateurs arabes de livres pour enfants proposée par l’IMA www.imarabe.org/expositions-itinerantes/illustrateurs-arabes-de-livres-pour-enfants

    Takam Tikou, la revue en ligne du livre etde la lecture des enfants et des jeunes www.takamtikou.fr

    L’exposition “ Kan ya ma kan, le Monde Arabe en 100 livres pour la jeunesse ”, disponible en arabe et en français, proposée par La Joie par les livres :www.lajoieparleslivres.com

    L’oiseau Indigo :www.loiseauindigo.fr

    Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, IREMAM :www.iremam.univ-provence.fr

    Blogs Les carnets de l’IFPO ifpo.hypotheses.org

    Lire le livre lirelelivre.hypotheses.org

    Read kutub kids readkutubkids.wordpress.com

    Kel shahr kteib kelshahrkteib.blogspot.fr

    Soura soorah.tumblr.com

    AUtRES ÉditEURS pRÉSEntÉS•Dâr al-Fatâ al-’Arabî, Beyrouth/Le Caire Dâr al-’Âdâb lil-sighâr, Beyrouth Dâr ‘Asâla, BeyrouthDâr al-Hadâ’iq (Hadaek), BeyrouthDâr al-Khayyat al-Saghîr, BeyrouthYuki Press, BeyrouthNahdat Misr, Le CaireDâr Iliâs (Elias), Le CaireDâr Salwâ, AmmanDâr ‘Asabi’ dhakiyya, DamasTibar, KhartoumKalimât, DubaïYanbow al-Kitâb, CasablancaMarsam, Rabat

    > Siyâm al-tha‘lab – Le Jeûne du renard, texte de Darwîch al-Nasret illustrations de Badr et Bahgat, Dâr al-Fatâ al-‘Arabî, Beyrouth, 1977

    > Tâbatî – Ma balle, texte de Nadine Touma et illustrationsde Ladrâ Khûrî, Dâr Onboz, Beyrouth, 2010

  • le Port a jauni —Née à Marseille au printemps 2002, la maison d’édition Le Port a jauni publie des albums jeunesse bilingues, imaginés et conçus pour jouer avec le double sens de lecture du français et de l’arabe. Parfois le livre tourne et retourne comme une roue (La Roue de Tarek), parfois il se lit comme un calendrier (Alifbata) ou comme un « palindrome linguistique », de droite à gauche et de gauche à droite (Le Chant du berger, La Lettre d’amour, Couleurs). Parfois encore, des histoires inventées dans deux ports de Méditerranée se retrouvent au centre de l’album (Promenade en bord de mer). Enfin, la maison d’édition traduit de l’arabe des livres jeunesse, dont le premier Elle et les autres (Liban, 2012) est consacré à la difficile appréhension de l’autre. Par ailleurs, Le Port a jauni anime des ateliers de réalisation de livres, d’illustration, de bande-dessinée avec des enfants et adolescents tout autour de la Méditerranée. Chacun développe un récit réel ou imaginaire, peint, écrit, collecte, coud, colle et confectionne un livre, qu’il emporte chez lui. leportajauni.free.fr

    A l’occasion de Regards sur 40 ans… nous présentons au Studio fotokino plusieurs ouvrages édités par Le Port a jauni, notamment leurs ouvrages bilingues français-arabe.• Alifbata, 2011• Couleurs, 2011• Promenade en bord de mer, Marseille – Beyrouth, 2010• Le Balayeur de poussière, 2002 ...

    la Joie par les livres—La Joie par les livres est une association née en 1965 à Paris, qui est devenue en 2008 le Centre national de la littérature pour la jeunesse - un service du département Littérature et art de la Bibliothèque nationale de France.L’association a notamment développé un fonds spécialisé sur le livre et la lecture des jeunes dans le monde arabe.Dans ce domaine, elle édite la revue annuelle Takam Tikou qui propose, dans ses différents numéros, une analyse de la production pour la jeunesse et a publié en 2007, en partenariat avec l’Institut du Monde Arabe Lire en V.O. Livres pour la jeunesse en arabe, une sélection commentée de titres en arabe. www.lajoieparles-livres.com

    PARtenAiRes

    Mathilde Chèvre —Mathilde Chèvre est illustratrice, éditrice et chercheur arabisante. Elle a fondé Le Port a jauni et dirige la maison d’édition. Elle prépare une thèse sur « La création arabe en littérature pour la jeunesse depuis 1967 : reflet et projet des sociétés (Égypte, Syrie et Liban) » sous la direction de Richard Jacquemond à l’IREMAM-Université de Provence, financée par l’IFPO- Damas/Beyrouth. Blogs de recherche : lirelelivre.hypotheses.orgifpo.hypotheses.org

    l’île aux livresBMVr alcazar—Lieu de rencontres et d’échanges, l’Île aux livres est un centre de ressources et de promotion dédié à l’édition et à la littérature jeunesse. Le service est situé au 1er étage de la Bibliothèque Municipale à vocation Régionale - Alcazar, à Marseille. Il accueille tous les publics, du chercheur spécialisé en littérature jeunesse au simple curieux, nostalgique d’un livre de son enfance.vous pouvez y découvrir : Un fonds de conservation, des dessins originaux, des revues spécialisées...www.bmvr.marseille.fr

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    > Promenade en bord de mer • Déjeuner sur l’herbe –Bombotiono, un livre de Mathilde Chèvre et Lena Merhej, Le Port a jauni, 2010

    > ’Ajmal al-hikâyât al-cha‘biya – Les plus beaux contes populaires,rassemblés par Ya‘qûb al-Chârûnî et illustrations de Hilmî al-Tûnî,Dâr al-Churûq, Le Caire, 2001

    > Lire en V.O, Livres pour la jeunesse en arabe, La Joie par les livres, Centre national du livre pour enfants, IMA, IBBY, 2007