Le Fric ou la Vie - Revue Causes Communes 21

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  • 8/8/2019 Le Fric ou la Vie - Revue Causes Communes 21

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    causes

    communesbimestriel des socialistesville de genve

    Le fricou la viedcembre 2010 21

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    Argent trop cher, la vie na pas de prix chantait le groupe rock franais Tlphoneen 1982. Le rappeur 50cent, vingt ans plustard, avec son deviens riche ou meurs enessayant marque lenterrement de luto-pie libertaire. Les gures caricaturales dessuccs plantaires, ruptions des modlesdominants, dessinent un consumrismerig en nouvelle religion. La volont pa-tronale de prolonger louverture des ma-gasins jusquau ux tendu 24h sur 24 estla concrtisation dun systme dans lequelltre consommateur remplace ltre hu-main.

    Dealer, trader, mme consommation

    Il ny a quun pas entre le concession-naire et le car jacking chante le rappeurBooba. Et, en eet, il ny a pas grand chosequi distingue le dealer du bas de la rue dutrader la Bourse. Ltendue de ce capita-lisme agressif dire, mais sinon, le prin-cipe reste le mme. Acheter, vendre, sefaire un maximum de bl, sans se soucier nide son prochain, ni de sa communaut, nides conditions de production ou des cotspour le systme social. Le trader et le dea-ler, lun comme lautre sont des parasitesinstalls dans des niches qui rpondent des demandes quils crent eux-mmes.

    Limpt nimporte quel prix?

    Les partis majoritaires en Suisse prten-dent que limpt na pas dodeur tant quilpermet de maintenir de la richesse. Leurpolitique aaiblit limpt en le diminuantet en stimulant linstallation dentreprisessocialement irresponsables. La majorit dedroite du Canton favorise larrive dentre-prises spculatives comme les hedge fundsqui crent des richesses virtuelles sanscrer demplois. Cest de limpt courtterme, de limpt temporaire qui se dlo-calisera au moindre frmissement nan-cier. Ces impts l ne permettent pas deconstruire une conomie locale solide et long terme. Pour dvelopper une politiquepublique forte et de qualit, les Socialistesmisent sur des impts thiques lis uneconomie relle et des entreprises quiassument leur rle social.

    Une initiative qui cre de lemploipour les jeunes

    Les socialistes en ville de Genve ont lan-

    c une initiative pour assurer lemploilavenir quil mrite avec Onex, Vernier etCarouge. Elle a pour objectifs de soutenirles entreprises qui crent de lemploi et defavoriser lengagement de jeunes appren-ti-e-s. Comme la Fondetec ( p.8 ) le fonds

    chmage municipal, le fonds de soutienaux intermittent-e-s ou lattribution desmarchs publics selon des critres sociauxet environnementaux, cette initiative(p.19 ) apporte des solutions concrtes aumanque de places dapprentissage.

    Mener le bal

    Nous ne connaissons pas encore les m-lodies qui feront un tabac durant les pro-chaines annes, mais nous continuerons travailler et nous mobiliser pour une villede Genve sans fausses notes o lthique,la solidarit et le partage seront notre lignedirectrice. Les Socialistes et leurs parte-naires ont deux mois pour runir 4000signatures pour augmenter le nombre deplaces dapprentissage, alors signons etfaisons signer cette initiative !

    AGENT,

    TOP CE !

    ITOIAL

    la daction :olivia Bessat, viginie Kelle,Flicien Mazzola, sylvain thvozillstation aloys

    causes

    communesBiMestiel dit pa le pati socialiste de la ville de genve

    15,ru v1205 g

    www.ps-geneve.chfelicien.mazzola@ ps-geneve.ch

    Coordination rdactionnelle :

    F M,o B,s t, vr Kr.Ont collabor ce numro : or amr,ib Brur,r d,J-luF,a-Mr hr, sm K,a l,or lr, ar pr,sr sr.

    Graphisme, maquette et mise en page : r ur,www.ur.Impression : imrmr n,g. Tirage : 3000 xmr ur r r.

    Largent na peut-tre pasdodeur, mais au-del de lasimple monnaie, largent estaussi un marqueur social. Ilserait certainement bien mal-honnte de dire que cest la

    aute lpoque, et quon na jamais autant couru aprs

    largent que maintenant.

    Prenons lexemple de la bien-nommerue vers lor. Au XIXe sicle, combiendhommes arpentaient tout ce que laCalifornie et le Klondike comptaient derivires la recherche dune ppite? Au-

    jourdhui, rien na chang. Pour illustrercela, le titre de lalbum de 50 Cent, rappeurcalifornien, et son lm ponyme Get richor die tryin*. Le vritable problme ne r-side pas dans la ncessit, relle ou perue,de senrichir. Ce qui est problmatique,cest que la folie des grandeurs actuelle est

    telle quon ne dsire plus avoir de largent,mais BEAUCOUP dargent. Les moyens desenrichir ont galement volu : les cher-cheurs dor du XIXe avaient pour outil destamis. Certain-e-s de nos contemporain-e-s donnent dans les gros calibres.

    Hannibal Lecter avait raison

    ans le Silence des agneaux, la jeune ins-pectrice Clarice Starling se met sur lestraces du tueur en srie Bualo Bill aveclaide du r annibal Lecter. Celui-ci luipermet de comprendre que le tueur agitpar convoitise, et que lon convoite cequon a sous les yeux. Essayons dappli-quer ce raisonnement pour comprendrepourquoi on veut toujours plus dargent,plutt que de se contenter du ncessaire.Jetons un coup dil aux publicits pourdes montres de luxe, des banques et de lahaute joaillerie qui ornent aussi bien les

    abris-bus que les pages de magazines. Unautre coup dil, cette fois-ci la tlvision,nous permet de voir des missions danslesquelles un adolescent reoit un gros 4x4de marque allemande pour ses seize ans.On peut toujours ricaner en se disant quetout cela est futile et sans consquence,que ce nest que du cinma et que dans lavraie vie, ce nest pas comme a. On ngli-gerait pourtant limpact que ces imagesont sur nous et les rapports que nous en-tretenons avec nos prochains. Lindustriedes media produit ce quon a sous les yeux,elle fabrique aussi du rve, un au-del durel, et par l veille cette convoitise dontparlait Lecter en construisant ou en re-layant des pratiques, qui leur tour gn-reront la cration de besoins nouveaux quine feront quencourager et prcipiter cepassage lacte quest lachat. Si tu nob-tiens pas ce que tu veux avec de largent,tu peux lobtenir avec beaucoup dargent!Cette rplique tire de Chat noir, chatblanc, lm dEmir Kusturica, illustre lim-moralisme des gros revenus. Et l, ce nestplus du cinma.

    Mon argent, mon assurance-vie ?

    Soyons justes : on ne peut pas armerque cest parce que lon passe devant unepublicit pour une voiture de luxe tous les

    jours que nous allons forcment vouloirla possder. Ce nest pas lobjet ni lachaten soi qui pose rellement problme, maisplutt les raisons qui le motivent, quellessoient conscientes ou inconscientes. ansun contexte o les tensions sociales sedveloppent et sexacrbent, lide queseule laccumulation des richesses soit levritable garant dune vie o le champ despossibles est inni est dangereuse. Cela re-viendrait dire quil nexiste quune formede pauvret, et quelle serait nancire. Ceserait nier lexistence dun prcariat social,culturel et aectif, o lindividualisme apris la place de la solidarit et de lentraide.Largent ne doit pas devenir lunique vec-

    teur de scurit, que lon accumule dansun compte en banque comme ma grand-mre accumulait les botes de farine pen-dant la guerre de peur de manquer...

    Le ric ait la orce

    Le sociologue Max Weber crivait quele pouvoir est toute chance de fairetriompher, au sein dune relation sociale,sa propre volont, mme contre des r-sistances ; peu importe sur quoi reposecette chance. Si largent amne le pou-voir, ou du moins y contribue largement,peut-il tre considr comme un moyende faire triompher sa propre volont, etdonc contient-il par essence les dviancesque sont la corruption, la menace et laviolence ? Le trop-plein dargent ou sonabsence font et dfont les groupementssociaux, nourrissent les tensions entreceux-ci, distendent les liens entre les indi-vidus en les amenant rompre le contratsocial qui les lie. Une chose est sre, le liensocial ne perdurera pas grce aux cartes dedlit des magasins. Il est plus que temps

    de stopper la disparition de nos valeursaectives, culturelles et sociales. Et toutlargent du monde ny pourra rien.

    * Get rich or die tryin, titre dunalbum et dun lm du rappeur 50 Cent.

    CONVOITE

    SOIS ICE,

    OU CVE EN ESSAANT

    E LE EVENI*olivia Bessat

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    dun durcissement considrable de la poli-tique en matire de chmage.

    Quel bilan faites-vous de la nouvelle loi surle chmage de Franois Longchamp, bien-tt trois ans aprs son entre en vigueur ?

    Le bilan est loin dtre brillant. Sur lesquelque 5000 chmeurs arrivs en n dedroit en 2009, 700 seulement ont bn-ci des mesures telles que lallocation deretour en emploi et des emplois de soli-darit. 500 chmeurs se trouvent actuel-lement en emploi-formation, contre en-viron 2000 anciens emplois temporairescantonaux. Et parmi les bnciaires desemplois de solidarit, sept personnes uni-quement ont retrouv un emploi en 2009.Sajoute cela que la politique cantonalede chmage est une vritable antichambrede la pauvret. eux tiers des bnciairesdes emplois de solidarit touchent pourun emploi plein temps 3000 francs parmois, alors que le placement en emploi for-mation dans les services publics ou insti-tutions subventionnes vise en premireligne substituer de vrais emplois par dela main duvre bon march. Il sembleque M. Longchamp ait surtout vis aug-menter la pression sur les chmeurs pourquils prennent nimporte quel emploi quelle quen soit la qualit ou la durabi-lit alors que les dispositifs daide ont trestreints ou sont en voie de disparition(notamment le MCAS, revenu minimumcantonal daide sociale). Faute dune rellevolont de rechercher des alternatives auchmage structurel, les mesures dinser-tion deviennent dans de nombreux casune forme de purgatoire du travail,de plus en plus rserves aux personnesdites proches de lemploi au dtriment

    de celles qui auront t values comme inemployables .

    A contrario, quelles sont les approchesprconises par les syndicats ?

    Le rsultat genevois de la votation contrela quatrime rvision de la Loi sur lassu-rance-chmage (LACI) cet automne nousconforte dans lide quune majorit de lapopulation partage la volont des syndi-cats dun changement de cap radical dansla politique du chmage. Ce changementdoit soprer sur deux axes. un ct, nousavons besoin dune prise en charge des de-mandeur-euse-s demploi qui en nisseavec le systme actuel de culpabilisation,de contrle, dobligation, de pnalisationet de sanction des victimes dun systmeconomique qui les jette au chmage.

    Pour cela, il faut transformer le droit au chmage en un vritable droit retrou-ver un emploi durable librement consenti,notamment en promouvant, dans le cadrede lassurance-chmage, la possibilit devraies formations qualiantes et requali-antes compltes et ociellement recon-nues. Il faut aussi redonner son vrai sens la mission des Oces rgionaux de pla-cement soit le conseil pour lemploi et laformation, et leur enlever la mission decontrle et de sanction. e lautre, nousavons besoin dune vritable oensivede cration demplois qui correspondentaux prols des chmeurs de longue du-re, notamment dans les services publicsde proximit (garde denfants et de per-sonnes ges), mais aussi dans le cadredune politique industrielle qui rompt avecla prdominance dun secteur nancier lo-cal hypertrophi.

    Les formations populistes rendent lesfrontalier-e-s responsables du chmage Genve, que leur rpondez-vous ?

    u point de vue de lemploi, il est dicilede vrier des eets de substitution de lamain duvre. Ce que lon peut par contreaisment constater, cest qu Genve,le chmage a particulirement frapp lepersonnel frontalier. En 2009, plus dunquart du chmage genevois est exporten France, avec les conditions dindemni-sation de la France. Un coup dil sur leslicenciements collectifs dmontre unemme tendance. Alors que les frontaliersfranais reprsentent environ 20% desemplois disponibles Genve, ils repr-sentent 30 45% des victimes des licen-ciements collectifs. Les eets de la librecirculation des personnes sur le march

    du travail local sont chercher ailleurs :dans la discrimination salariale que su-bissent notamment les frontaliers eux-mmes, dont le salaire mdian se situeaujourdhui 16,3% au-dessous de celui desSuisses. Cette tendance a t rcemmentconrme par une tude mandate par M.Longchamp, qui a mis en lumire une im-portante pression sur les salaires dans desbranches comme le gros uvre ou lh-tellerie-restauration. La rponse cela nepeut videmment pas se situer dans un re-pli xnophobe, mais dans le renforcementdes mesures de contrle du march dutravail et de sanction des employeurs quiprotent de la concurrence accrue. Cestpourquoi, au-del de loensive syndicalepour organiser les travailleurs frontaliers,nous nous battons aujourdhui pour unemeilleure protection des salari-e-s, tra-

    vers une rglementation plus stricte delattribution des marchs publics, plus demoyens pour les contrles, linterdictionde licenciements des dlgus syndicauxet lintroduction dun salaire minimum l-gal.

    Avec 400 000 salari-e-s en Suisse qui ga-gnent moins que 3800 francs par mois,linitiative pour le salaire minimum est-elleune priorit pour Unia?

    Elle correspond une ncessit, car nousavons aujourdhui en Suisse un triple pro-blme salarial. Jai dj parl du problmede la pression sur les salaires due laconcurrence accrue sur le march du tra-vail et le manque de protection ecace desconditions sociales. Il y a, deuximement,un problme de bas salaires. Le nombredemplois prcaires augmente, et avec ale nombre demploy-e-s, essentiellementdes femmes, qui narrivent plus joindreles deux bouts en n de mois. Troisime-ment, linitiative pose la question de la jus-tice salariale dans un pays o les ingalitssont parmi les plus importantes des paysindustrialiss.

    Les luttes syndicales nont cess damlio-rer les conditions de travail des salari-e-s.Aujourdhui, on a le sentiment de lutteruniquement pour dfendre des acquis.Est-ce dcourageant dtre syndicalisteaujourdhui ? Osez-vous rver encore denouveaux progrs sociaux ?

    Les luttes dfensives sont importantes. Ilsagit en eet non seulement de sauver lesacquis du pass, mais aussi de les tendreaux nouvelles catgories de travailleur-euse-s particulirement vulnrables. Mais

    ces luttes politiques dfensives ne peu-vent tre couronnes de succs que si lemouvement syndical arrive rattraper leretard accumul ces dernires dcenniesen termes denracinement sur les lieux detravail, dorganisation des nouvelles cat-gories de travailleurs (nouveaux immigrs,

    jeunes prcaires, etc.) et dune rinventiondun syndicalisme oensif de lutte et decombat.

    SE SNIQUE

    L CONOMIE, LEMPLOI

    ET LA ESPONSABILIT

    SOCIALE, UN LIEN ESSENTIEL !

    Mme les plus ardents den-seurs du libralisme sauvagelont avou lors de lexplosionde la dernire crise fnancireet conomique : les bnfcesfnanciers nont plus rien voir avec lconomie relledonc avec lemploi.

    Les syndicats et les partis de gauche d-noncent depuis plusieurs dizaines dan-nes une conomie virtuelle, base sur laspculation et les cotations en bourse. Uneconomie qui voit ses bnces amberlorsque des milliers de personnes sont li-cencies, lorsque les entreprises sont dlo-calises, lorsque les salaires baissent, quele travail sur appel se dveloppe, que lemarch mondial et sans frontires permet

    aux entreprises de pjorer les conditionsde travail et de fragiliser les travailleurs etles travailleuses.

    Les formations de gauche se trouvent face une contradiction paralysante. Com-ment dfendre les conditions de vie dessalari-e-s sans fermer les frontires, sansse replier sur la prfrence nationale etrsister aux mouvements populistes et x-nophobes. Nous rvions de mouvementsde luttes internationales pour contrer lamondialisation capitaliste et nous nous re-trouvons dans une posture dfensive quiconsiste tenter de prserver nos acquis.La lutte de la population franaise contrelallongement de lge de la retraite est unedmonstration forte. Aujourdhui, les sala-ri-e-s doivent se battre pour avoir le droit

    de travailler et cela presque nimportequel prix.

    es gnrations de syndicalistes ont u-vr pour lamlioration des conditionsde travail des salari-e-s : congs pays,retraites, droits sociaux, baisse du tempsde travail, scurit et sant, amliorationdes salaires. Chaque tape a chang desmillions de vies, permis lespoir dune so-cit plus juste et respectueuse de ceuxet celles qui travaillent et produisent desrichesses. Les crises conomiques, puisnancires, ont fragilis ces acquis car chaque fois que les bnces boursiers(ceux-l mmes qui ne sont pas imposs)ont baiss, ce sont les salari-e-s qui en ontpay le prix fort. Chmage, revenus mini-mum, assistance sociale, misre et exclu-sion, peuvent tre la rcompense dune viede travail.

    Alessandro Pelizzari, Secrtaire rgional du syn-dicat Unia, est intervenu au parti socialiste de laville de Genve, sur la situation de lemploi Ge-nve et les prochains combats mener.

    Virginie Keller : On entend partout quela Suisse a t pargne par la crise, voireque lconomie reprend et que le chmagediminue. Quelles volutions constatez-vous sur le terrain syndical ?

    Alessandro Pelizzari : Si lon sen tientaux statistiques ocielles, il est vrai quelaugmentation du chmage a t moinsbrutale que dans dautres pays europens.Or, au-del des biais que lon connat lenombre de personnes sans emploi est sys-tmatiquement sous-estim en Suisse les statistiques cachent une autre ralit.En eet, la crise a t le levier pour pr-cariser davantage les conditions de travail.Tant dans les branches qui ont t par-gnes par la rcession comme le btiment,que dans les secteurs plus fortement frap-ps comme lindustrie dexportation, onconstate une augmentation de contrats dure dtermine, demplois tempo-raires ou de la sous-traitance. un ct,le spectre des licenciements a fait que denombreux-euses salari-e-s ont t ame-n-e-s accepter des conditions revues la baisse. es exemples comme EP, uneentreprise dlectricit genevoise, o lesemploy-e-s ont russi aprs plusieurs se-maines de lutte maintenir leurs emploiset conditions de travail, ont t malheureu-sement rares. e lautre, les employeur-euse-s ont fait recours au chmage partielnon pas pour conserver les emplois, maispour restructurer leurs eectifs. Sajoutele fait que nous sommes confronts au-

    jourdhui un socle de chmeur-euse-sde longue dure qui risquent dtre dura-blement exclus du march du travail, et ceparticulirement Genve. Ces personnesau chmage ont t, durant la crise, la cible

    popos ecillis paviginie Kelle

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    UNE QUESTION

    E VOLONT

    Roger Deneys est dputau Grand Conseil genevois,il a ond et dirige ImagineRSotware.

    Flicien Mazzola : Pouvez-vous nous d-crire votre activit en quelques mots ?

    Roger Deneys : epuis 1994, ImagineSoftware ore une palette complte deprestations informatiques pour particu-liers, entreprises et associations. e laformation bureautique au dveloppe-ment dapplications de bases de donnessur mesure (centres de formation, de loi-sirs, associations, ludothques, etc.), enpassant par la vente de matriel (PC, ser-veurs, imprimantes, accessoires, etc.) etsurtout les dpannages et la maintenancedordinateurs.s le dpart, nous avons cherch conci-lier nos convictions, notamment colo-giques, avec notre travail, en recourant parexemple au vlo pour aller chez les clientssitus en ville, et Mobility Carsharingpour transporter du matriel ou se rendre lextrieur de la ville. Cette dmarche adailleurs t reconnue en 2000 par le Prixcantonal de lenvironnement, soit lanctredu prix du dveloppement durable !

    Quest-ce qui vous a pouss vous lancerdans un projet entrepreneurial ?

    Une envie de changement aprs 5 annespasses dans une petite entreprise in-formatique comme salari. Pourquoi tra-vailler pour un patron dont on ne partagepas les ides et les valeurs ? Pourquoi nepas essayer de concilier les comptencesprofessionnelles et la volont de faire autrement , en accord avec ses propresvaleurs ? Ctaient mes prin cipales mo-tivations pour vouloir essayer , sansdailleurs avoir vritablement bien prparle saut en question. Mais on sen rendmieux compte avec le temps.Entrepreneur et socialiste: cest possible ?Comment concilier valeurs sociales, dve-loppement durable et rentabilit cono-mique ?Entrepreneur et socialiste, oui, cest pos-sible. Pas toujours facile dans le parti o lestrotype du patron - proteur existe

    parfois chez certains camarades. Les so-cialistes connaissent souvent aussi mal laralit de lentreprise prive. Pas toujoursfacile non plus quand on est lu et surtoutmilitant, car la politique de milice et la vieassociative prennent un temps phnom-nal, souvent dailleurs sans rapporter lemoindre centime, donc aussi au dtrimentde la disponibilit pour lentreprise et lesclients. Ce qui pose problme quand on napas de salaire rgulier qui tombe la ndu mois.

    Pas toujours agrable non plus quand desclients ou des marchs vous chappentpour des questions de prix, surtout quanton a aaire des personnes quon pensetre de gauche . Pas non plus videntde grer des collaborateurs-trices, surtoutdans une petite bote , car il faut sanscesse passer du coq lne, sans avoir lesmoyens dengager des personnes pourgrer des tches spcialises, comme lessalaires ou les assurances sociales. Se posedonc vite la question de la taille de lentre-prise, soit pour grandir et donc adopterune structure plus hirarchique/capita-liste, soit pour chercher la simplicit ettendre vers lindpendance individuelle.Les questions cologiques sont relative-ment simples mettre en uvre dans unepetite structure, notamment en recrutantdes collaboratrices-teurs qui se reconnais-sent dans certains choix. Certain-e-s sesouviendront peut-tre dune annonce quenous avions publie et qui prcisait : comptences gales, prfrence sera don-ne un cycliste. Et les choix de fournis-seurs ou matriaux plus cologiques sontaussi assez simples mettre en uvrepuisque ce sont souvent des choix faits

    par cohrence. Cest une simple ques-tion de volont. Ceci explique dailleurs que

    je sois perptuellement aig par les dis-cours misrabilistes du type : cest tropcher, a va tuer les entreprises des ha-bituelles pleureuses patronales de la FE(Fdration des Entreprises omandes)et du CCIG ( Chambre du Commerce, dIn-dustrie et des services de Genve) lorsquilsagit de progresser sur ces sujets.Les questions sociales et de rentabilitsont plus dlicates, cest sans doute l que

    je me suis rendu compte que jtais deve-nu patron, plus que dans les questions degestion et dorganisation du travail, car lespetits patrons progressistes travaillent fa-cilement dans la cogestion, sans hirarchiearme, avec leurs collaborateurs.

    Entre mon idal dun partage quitabledes fruits du travail de toutes et tous; idalque je suis toujours prt revendiquer,et la ralit dun sens de lintrt collectiftrop souvent peu marqu mon sens, il y atoutes les questions lies aux salaires. Toutle monde est toujours daccord quand lessalaires pourraient tre la hausse, maison se retrouve avec un dmerde-toi, cesttoi le patron , lorsque la conjoncture de-mande des rajustements la baisse ou siune personne ne donne pas satisfaction.

    ans une socit o lexigence de rentabi-lit conomique est permanente et o larichesse humaine et la diversit ne sont deloin pas toujours valorisables , se posentaussi les questions de formations et deperformances, de dirences parfois im-portantes entre les potentiels dun colla-borateur et sa ralit conomique. Sanscompter que mes exigences personnellespeuvent encore compliquer les chosesJe me suis par exemple rendu compte querecruter un bon informaticien, mme cy-cliste, nest pas susant pour moi : il mefaudrait aussi une perle en orthographe !La rexion, aussi nourrie par lexpriencefort enrichissante du Conseil de fondationde la Fondetec, sur les freins systmiques lesprit dentreprise en Suisse et Ge-nve, a t pour moi trs constructive.Laccs aux capitaux est souvent li unesituation de fortune personnelle. La lo-gique mondiale de rentabilit excessive,inadquate dans une perspective de dve-loppement durable, les rentes iniques de laproprit prive sous forme de loyers abu-sifs, voire de congs prcoces, constituentle fond du systme conomique dans le-

    quel nous devons nous mouvoir mais quilfaut sans hsiter faire disparatre pourconstruire un systme conomique plus

    juste, plus social, plus cologique et doncplus sobre.Pas toujours vident, donc, mais en mmetemps, dicile de simaginer fonctionnerautrement.www.imaginer.ch

    ENTEPENE

    CATEUS E ICESSE

    UNE QUESTION

    ONNTET

    ET UCATION

    Jean-Louis Fazio travaille lebois et dirige la PME qui porteson nom.

    Flicien Mazzola : Pouvez-vous nous d-crire votre activit en quelques mots ?

    Jean-Louis Fazio : Mon entreprise tra-vaille dans la menuiserie et lagencement :cuisines, armoires, pose de fentres, fabri-cation de portes, volets, encadrements, r-novation dappartements, remplacementsde serrures et de vitrages.Jemploie deux collaborateurs xes et unemploy temporaire.

    Quest-ce qui vous a pouss vous lancerdans un projet entrepreneurial ?

    A ladolescence, jai d arrter mes tudessuite lopration dune tumeur au cer-veau, et entrer dans la vie active. eux pos-sibilits soraient moi, tre lAI et res-ter dans une situation prcaire toute mavie, ou me lancer dans une activit ind-pendante, puisqu cause de mes antc-dents de sants, aucun employeur ne pou-vait mengager. ailleurs, quand jai achetma camionnette 8000 francs, mme laBCGe a refus de me faire un crdit !

    Entrepreneur et socialiste: cest possible?Comment concilier valeurs sociales, dve-loppement durable et rentabilit cono-mique ?

    Pour moi, cest une question dhonntetet dducation, elle se pose de la mme fa-on pour un salari ou un haut cadre dansladministration publique. Pour moi, il nya pas de dirence. Pour ce qui est de laquestion du dveloppement durable dansune menuiserie, elle ne se pose pas direc-

    tement.Tous nos bois sont certis SFC, on nuti-lise que des colles et des peintures leau.Maintenant tout le monde sy est mis.; cenest plus une originalit !Quant la rentabilit conomique, commele disait notre minent camarade EmilioLuisoni, le systme est ainsi fait (taxes, as-surances, impts, emprunts) que lorsquelon est son compte, que les aairestournent, on vit bien, mais on ne senrichit

    jamais. La seule manire de senrichir, ceserait de tricher!

    Fazio et Cie, menuiserie-agencement,rue des Vollandes 26, Genve

    VE ET COIE

    CE QUE LON FAIT

    Olivier Amrein est coonda-teur, avec Guillaume Lambert,dEspace-terroir.

    Flicien Mazzola : Pouvez-vous nous d-

    crire votre activit en quelques mots ?

    Espace-terroir : Nous organisons la li-vraison domicile ou au travail de fruitset lgumes issus de lagriculture de proxi-mit.Nous souhaitons proposer une alternativeen nous positionnant entre les magasinsdalimentation et les initiatives contrac-tuelles, encore trop peu nombreuses etpas toujours adaptes aux besoins de cha-cun. Nous proposons toute lanne desfruits et lgumes de qualit issus de lagri-culture de proximit, et travaillons avectous les producteurs de la rgion, petits etgrands. Cest la garantie de pouvoir orirun choix de produits que nous souhaitonsde plus en plus large. Paralllement, nousorons aux producteurs un nouveau d-bouch tout en les incitant faire revivre

    des varits oublies particulirementbien adaptes notre rgion. Encouragerla diversit, cest donner durablement unechance lagriculture de proximit.

    Quest-ce qui vous a pouss vous lancerdans un projet entrepreneurial ?

    Je trouve la petite histoire assez drle.Aprs avoir travaill chez Unia comme se-crtaire syndical, je me suis demand quelgenre dactivit pourrait mapporter cedont javais envie et besoin. Lide de de-venir indpendant, sans rellement savoircomment faire, ma trs vite travers les-prit, avant de partir aussi vite.Peu de temps aprs, Guillaume ma pr-sent son ide et je suis parti tout de suiteavec lui. Nous avons commenc ensemblele 1er avril 2009 avec 8 paniers par semaineque nous concevions chez des amis mara-chers la ferme de Bud au Grand-Sacon-nex. Aujourdhui, nous sommes heureuxdavoir obtenu la conance des acteurs dumonde de la terre dans notre rgion, etnous produisons prs de 700 paniers parsemaine.

    Entrepreneur et socialiste: cest possible?Comment concilier valeurs sociales, dve-loppement durable et rentabilit cono-mique ?

    Cest dj plus simple en tant associavec une personne qui partage les mmesvaleurs, du moins dans les grandes lignes.Pour le reste, je ne sais pas vraiment, leschoses se font naturellement. En ce quime concerne, je suis beaucoup plus atta-ch la durabilit qu la rentabilit. Jereste un rveur qui pense que si lon croitvritablement ce que lon fait, quon yapporte tout le soin ncessaire et surtoutde la cohrence avec notre philosophie, ane peut que bien se passer. Lassociationet la collaboration avec Guillaume, commedans nimporte quel groupe de travail, meconvainquent que la complmentarit estfondamentale. Je pense que lessentiel estde ne jamais perdre de vue que tout celaest avant tout un travail dquipe.www.espace-terroir.ch

    popos eceillis paFlicien Mazzola

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    8 9IMPOST(E)INNOVE

    U BL

    ET ES SOUS !

    Votre chroniqueuse a choiside livrer vos rexions dumatriau brut, celui sur lequeltravaille lhistorien. En loc-currence, il sagit dextraitsdes Registres des conseils(lquivalent des mmoriauxdu Conseil dEtat et du GrandConseil actuels) et des fnancesen rapport avec les deniers

    publics et les moyens divers derenouer les caisses. La sa-veur de la langue de lpoqueest, dans la mesure du pos-

    sible, conserve !

    O lon voit que le bl, denre de base delalimentation, tait vendu un prix di-renci selon la fortune de la clientle !

    Finances O1, 24.5.1586 - On paie au tr-sorier 13 orins de plomb destin fa-briquer : 1250 marques rondes pourdistribuer aux povres an davoir le bled 18 orins la couppe (unit de capacitquivalant 77 litres) et 500 de carrespour les riches pour en avoir 22 orinsla couppe.

    egistre du conseil 119, f 196, 2.10.1620- Moyens daugmenter les revenus du pu-blic :Messeigneurs estant assemblez pourtrouver moyens et expdients pour sor-tir le public des debtes ont est faites lesproposites suyvantes pour estre ci aprsexamines.1 Premirement de doubler la gabelle dusel et de charger la gabelle de la chair.2 Que les habitants (cest--dire ceux quine sont ni citoyens ni bourgeois) payentlimpost du vin quils vendront en dtail.3 e restablir lun pour cent sur les mar-chandises.4 e doubler la gabelle de lentre du vinblanc, et mettre 3 orins par char sur lerouge.5 e vendre les maisons qui appartien-nent la Seigneurie, comme aussi les efs.

    6 e mettre un impost sur les chevaux delouage.7 e mettre un impost sur lentre dufoing.

    egistre du conseil 119, f 237, 1.12.1620 -Proposites pour trouver argent :Spectable Pierre Blandin propose dimpo-ser sur ceux qui prestent de largent in-terest.Spectable avid umbert propose que lesamendes de 25 orins soyent verses aupublic, et non pas aux juges.Jean Nol propose que chacun paye unpour cent de tout son bien.Cela fait, la compagnie, aprs avoir rendugrces ieu, sest retire.

    egistre du conseil 119, f 238 v, 4.12.1620- Le Conseil des eux-Cents refuse de dou-bler la gabelle de la chair :la plus grand voix a port quavant demettre des nouveaux imposts sur lepeuple on recherche tous autres moyenspour trouver argent promptement...

    Finalement, cest la gabelle du sel qui estdouble et un emprunt de 16.000 cus estcontract sur la promesse de cette nou-velle rentre scale.

    Quelques annes plus tard, on revientavec lide dun monopole tatique sur lepain et la viande !

    egistre du conseil 126, f 185 v,28.11.1627

    Ont est proposez divers moyens et ex-pdients pour trouver argent et sortir lepublic des debtes, entre autres a est pro-pos que la Seigneurie pourroit faire ungrand et notable prot en prenant soytoute la boulangerie et boucherie en tellesorte que nul ne puisse vendre dans la villedu pain et de la chair, sinon le commis es-tabli par la Seigneurie laquelle gagnera ceque gagnent les bouchers et boulangers, etle peuple sera soulag en tant que ces den-re luy seront bailles prix raisonnable.

    Mais en ralit, rien ne se ralisera saules augmentations ponctuelles dimpts !!!

    isaBelle Bniehistoienneconseille Mnicipale

    LES SEPT VALEUS E LECONOMIE

    SOCIALE ET SOLIAIE (ESS).

    La prsente charte trouve ses racinesdans les valeurs et pratiques dacteurs etdactrices de terrain ancrs dans la r-gion genevoise et runie linitiative de lachambre de lconomie sociale et solidaire- APRES- cre en 2003.

    1. Bien-tre social : tre plutt quavoirLes acteurs et actrices de lESS visent construire une conomie qui arme laprimaut de la personne sur le capital. Ilsreconnaissent limportance de dimensionsimmatrielles (esthtiques, motionnelles,spirituelles, etc.) ncessaires au fonction-nement de la socit et lpanouissementde ses membres.

    2. Citoyennet et dmocratie participa-tive : chacun a une voix qui compteLes acteurs et actrices de lESS participentde manire libre, galitaire et responsable la construction dune socit assurant ledveloppement des personnes et lintrtcollectif. Ils appliquent la dmocratie par-ticipative en favorisant le partage de lin-formation, des responsabilits, de la prisede dcision et la reconnaissance du rle dechacun.

    3. Ecologie : produire pour vivre et nonvivre pour produireLes acteurs et actrices de lESS reconnais-sent linterdpendance des processus so-cio-conomiques et cologiques. Ils senga-gent privilgier un systme conomiquequi respecte les processus et quilibrescologiques dans un souci dquit intra etinter- gnrationnel.

    4. Autonomie : autonomes mais pas indi-vidualistesLes acteurs et actrices de lESS valorisentles comptences et renforcent les moyensdagir des personnes (salaris, bnvoles,membres, usagers, investisseurs) au sein

    de leur organisation. Ils recherchent uneplus grande autonomie de fonctionne-ment de celle-ci, ainsi que de lESS lgarddu secteur public et des autres acteurs dusecteur priv.

    5. Solidarit : 1 + 1 > 2

    Les acteurs et actrices de lESS privilgientla recherche de lintrt collectif sur le seulprot individuel. Ils valorisent la crationde lien social dinterdpendance au plan lo-cal, rgional et international.

    6. Diversit

    Les acteurs et actrices de lESS senga-gent comprendre, respecter et valoriserles dirences entre les personnes et lespeuples, prohiber toute forme de discri-mination et rechercher les complmen-tarits pour apprendre ensemble.

    7. Cohrence : dire ce quon ait et aire cequon dit

    Les acteurs et actrices de lESS seorcentdappliquer de faon cohrente lensembledes valeurs ci-dessus tous les niveaux deleur fonctionnement. La cohrence entreles valeurs prnes et le vcu est essen-tiel la crdibilit et au dveloppement delESS.

    www.apres-ge.ch,

    LIE Capitalisme, dsir et servi-tude , dernier essai de lco-nomiste Frdric Lordon.

    Frdric Lordon analyse, dans ce livrebref et percutant publi La fabrique,le changement qui sest opr depuis lacoercition brute du salari dcrite par lesauteurs marxiens, jusquau capitalismedes aects qui voudrait des employ-e-scontents dont les dsirs se conformeraientau capitalisme qui les emploie.

    Lordon montre que lenrlement du tra-vailleur-euse nen est que plus puissant.

    Les notions dalination, dexploitationet de domination gardent toute leur per-tinence pour dcrypter la ralit dau-

    jourdhui.

    Ce livre est lire de toute urgence commeoutil de prise de conscience et de possiblersistance, lheure o les entreprises uti-lisent les aects et nous bombardent demessages libidinaux, faisant appel au dsiret la sexualit.

    Frdric Lordon, Capitalisme, dsir etservitude. Marx et Spinoza ,d. La abrique, 2010

    Flicien Mazzola

    FONETEC

    Cre en 1997, la Fondation communalepour le dveloppement des emplois et dutissu conomique en Ville de Genve est unoutil essentiel de stimulation dune cono-mie de proximit durable et innovante.

    ObjectisLa FONETEC a pour objectifs de promou-voir de nouvelles entreprises cratricesdemplois, de soutenir et dvelopper lesentreprises existantes et de stimuler lin-novation en Ville de Genve.

    Prestations

    Pour cela, elle dveloppe ses activits viaun systme de prt (microcrdit) et de cau-tionnement, mais apporte aussi une exper-tise en terme de gestion (aide la restruc-turation), lorsque cest ncessaire.

    Promotion dune conomienovatrice et durable

    le essentiel pour la diversit du tissuconomique genevois, la FONETEC per-met dapporter un nancement lorsque lesbanques font dfaut, par exemple dans lecas du microcrdit (moins de 200000CF).Elle permet galement la promotion duneconomie durable, travers une srie decritres dintervention qui vont de la via-bilit conomique de lentreprise lgalithomme-femme, en passant par le respectdes meilleures conventions collectives detravail pour lentreprise mais galementses sous-traitants.

    INVENTE LCONOMIE

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    SANINE SALENO,

    LA PASSION U BIEN

    COMMUN

    Sandrine Salerno est la Mairesocialiste de Genve. Elle sen-gage ortement aux cts de lapopulation dans les domainesdu logement et de la crationdemplois locaux. Lgalit, ladiversit et lintgration seconcrtisent dans son dpar-tement. Pour elle, Genve est la ois la capitale des droitshumains et une ville o la qua-lit de vie et le respect de seshabitant-e-s sont au centredes proccupations politiques.

    Causes Communes : Sandrine, peux-tu nous parler un peu de ton enance ?

    Sandrine Salerno : Je suis ne Genveen 1971 dun pre italien, tailleur, et dunemre franaise, secrtaire de directiondans une banque. Mon frre et ma sursont ns peu aprs, en 1974. Suite au pre-mier choc ptrolier, lpoque tait mar-que par la crise conomique. Cette crisedurcissait les dbats sur la migration. Leclimat tait xnophobe, et les initiativesde lextrme droite (notamment lancepar Schwarzenbach) stigmatisaient lestravailleurs immigrs. Pour endiguer lechmage, la Suisse choisissait de faire par-tir les trangers, et invitait les femmes

    rester la maison. Cest dans cet environ-nement social que jai vu le jour.

    Ces tensions ont-elles pouss ta famille migrer en Italie ?

    Oui, en partie. Cest en 1975 que ma famillequitte la Suisse pour la Sicile. Jai alorsquatre ans. Comme nous y allions rguli-rement en vacances, je ny ai rien trouvdanormal. Je retrouvais mes grands-pa-rents, il y avait de la joie. Ce nest que plustard que jai saisi les vritables raisons dece dpart. Jy ai dbut ma scolarit en ita-lien, nous y avons pass quelques annes,mais il ny avait pas de travail. La familleest alors partie en France, Nice, la ville dema grand-mre. La famille, toujours, orien-tait les choix.

    Mais nalement, aprs cet exil au Sud,vous revenez en Suisse ?

    Oui. La situation socio-politique avaitchang. A la n des annes septante, la re-prise conomique favorise limmigration.La Suisse a de nouveau besoin de main-duvre. Mes parents trouvent alors dutravail sans dicult et obtiennent un per-mis B. Ils entament ensuite les dmarchespour la naturalisation. Il faut savoir qulpoque, pour devenir Suisse, il fallait re-noncer sa nationalit dorigine et eec-tuer donc un vritable deuil dune partiede son identit. En fait, il fallait renoncer une culture pour devenir une bonne pe-tite Suissesse, un bon petit Suisse. Ctaitviolent.

    Au milieu de tous ces mlanges, ces in-uences diverses, comment tes-tu com-pose une identit propre ?

    Tout dabord, et trs fortement, je me sen-tais franco-italienne. Cest lattachement mes grands-parents italiens et franaisqui dominait (la famille encore, donc). Aufootball, jtais une supportrice incondi-tionnelle de lquipe italienne. Et puis, en1981, alors que javais dix ans, Mitterrand at lu, et je me suis sentie tellement reet tellement franaise. Comme nous habi-tions au Lignon, tous nos copains taientde diverses origines, espagnole, italienne.La cit tait multiculturelle, jai grandi aveca dans le sang. evenir Suissesse, ctaitune chance de plus, et cela reprsentaitqui jtais, mais je ne voulais pas que cela

    crase le reste, le fasse disparatre.

    Comment se passaient les rapports entreSuisses et trangers lcole ? Les enfantssont cruels.

    Au cycle, entre gamins, ctaient entre les benetts (style Benetton) et les autresquil y avait des conits, pas sur des ques-tions dorigine ou didentit. Les codes ves-timentaires taient importants, ils jouaientun rle de reconnaissance. Les marques denos boguets (vlomoteurs) nous dmar-quaient. Il fallait choisir le camp du Ciaoou du Maxi Puch, mais lethnicit des unset des autres, cest les adultes qui en fai-saient des problmes. Nous, on customi-sait nos boguets avec des drapeaux, maisnous vivions dans une innocence de ce que

    ENCONTE COUTE

    cachaient ces codes. Ce nest que bien plustard que jai compris le contenu politiquede ces direntes armations.Mes parents avaient une stratgie com-mune aux immigrant-e-s : tout faire poursadapter, tout supporter sans rien dire.

    Tu es devenue Suissessse ladolescence.Le jour de ta naturalisation a-t-il t unmoment spcial pour toi ?

    Javais en eet 15 ans quand je suis de-venue Suissesse. Jtais une jeune ado-lescente rvolte, ctait lge de linsou-ciance. Je ne comprenais pas vraimentlenjeu, mais je sentais que le moment taitgrave. Nos parents insistaient sur la pro-tection et la libert de choix que le passe-port croix blanche nous amnerait. Moi,

    jtais au collge en latine, et je trouvaiscette discussion trange. Je ne ressen-tais pas de discrimination ni de danger. Jevoyais que mes parents navaient pas enviede renoncer leur nationalit dorigine, nide renier leur famille et leur culture. Pour-tant, en mme temps, ils faisaient toutpour quon se naturalise. Profond para-doxe de limmigr ! Jy ai souvent repensquand jai travaill au Centre de ContactSuisses-Immigrs (CCSI).Ctait comme un puzzle reconstruire,des mots mettre sur des motions et destraces du pass. Mais dix-sept ans, jaid subir le dcs de mon pre. Toutes lespices avaient t mlanges, et il a fallupatiemment les retrouver et les identier.Cela a pris du temps.

    A quel moment la passion du politique ta-t-elle emporte ?

    Mon intrt pour la chose publique sestconstruit, dabord au collge Voltaire. Il yavait l-bas un mouvement de lutte an-ti-apartheid, nous manifestions devantles banques. A luniversit, jai tudi les

    sciences politiques. Nous tions une su-per quipe, engage au sein de la CUAE(Confrence universitaire des associationsdtudiant-e-s) et nous avons bataill entreautre contre linstauration des taxes uni-versitaires. Christian Lopez et Sami Ka-naan taient de tous les combats, ils nousreprsentaient lUnion Nationale destudiant-e-s suisses (UNES). Cette exp-rience politique ma appris le plaisir du tra-vail collectif, du partage et des rencontresintenses.

    Tu te projetais dj comme politicienne ?

    Non, car si jobtiens ma licence en 1995,rien ne va de soi. Cest le dbut dune fortepriode de chmage en Suisse, et je myinscris, car cest un passage oblig pour

    entrer dans le monde du travail (lEtatpayait une partie de notre salaire lors dunengagement). Je trouve alors un poste auCETIM (Centre Europe Tiers Monde), auxNations Unies, travaille sur la question desdroits sociaux, conomiques et culturels.Je perfectionne ma connaissance de les-pagnol. Je suis ensuite engage au CCSI(Centre de Contact Suisses Immigrs)comme coordinatrice. L, jacquiers unesolide connaissance des rseaux sociaux etsanitaires, une expertise sur les questionsde la migration, du traitement des enfantset des familles de clandestins. Jassurele lien avec les milieux des rfugi-e-s, lelobbying pour les subventions auprs des

    dput-e-s et du Conseil municipal et jeralise le journal Carrefour qui tait publidans Le Courrier. Tous ces engagementssenchanent dune manire assez natu-relle, selon une logique interne, celle de lapassion et du refus des injustices.

    Ce travail favorise t-il ton engagement po-litique chez les Socialistes ?

    Oui, car je rencontre de nombreuses etnombreux militant-e-s de diverses forma-tions. Je choisis alors le Parti socialiste car

    je sens trs vite que je peux my exprimerlibrement, que jy suis pleinement bien-venue. Je my investis alors fortement etaccepte la proposition dapparatre surune liste multiculturelle pour llectionau Conseil municipal. A lpoque, on pen-

    sait quavec un nom consonance tran-gre, on avait moins de chance dtre lu-e.Pourtant, contre toute attente, je lai t.Ma vie de conseillre municipale commen-ait alors et jai ador a. Je suis devenuechee du groupe et commissaire aux -nances avec lincontournable rapport surle budget. A vingt-sept ans, jouvrais rel-lement les yeux sur la complexit de cetteville pour ses propres habitant-e-s, maisaussi sur les extraordinaires moyens dac-tions dont disposait le politique pour am-liorer leurs situations. Il fallait mettre toutcela en mouvement.

    Etre lue est une chose, mais les vritables

    dicults commencent lors de la prise defonction, non ?

    En eet. Il ny a pas de prparation lex-cutif. On lutte pour tre lu et puis aprson travaille dur pour raliser ce pour quoion a t lu. Pour mettre cela en exergue,la lgislature qui sachve a t place sousdes rapports de force continus. s le d-part, la rpartition des dpartements at lobjet dun conit et dalliances. Lessocialistes ont t minoriss tout au longde la lgislature. Les projets de mon dpar-tement ont t rgulirement bloqus. Jenavais jamais connu une telle violence auConseil municipal. Il faut sarmer de pa-tience, dnergie, et continuer de lutter.eureusement, jai t soutenue par Ma-nuel Tornare.

    popos eceillispa la daction

    photos Flicien Mazzola

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    12 13PATAGE ACCUEILLI

    Tu as aussi une vie familiale panouie.Comment fais-tu pour mener de front en-gagement professionnel et vie prive ?

    En 2003, lorsque jai rencontr monconjoint actuel, Carlo Sommaruga, jtaisdj trs investie. La politique est au coeurde notre histoire damour. Il ma choisieavec ce projet et il ma soutenue. Quandma lle Sophie est ne en 2005, je nai pasremis en question ce choix. Je faisais par-tie dune bonne quipe, la section socialistetait forte. Cette dynamique ma aide nepas douter et continuer daller de lavant.

    Pour la naissance de tes lles, tu as pris uncong maternit, ce qui tait un acte poli-tique fort. Tu as montr que lon peut tremre et occuper un poste responsabili-ts pour autant quil y ait des moyens etdes amnagements mis disposition. Au-ourdhui, comment tes lles peroivent-

    elles la vie publique de leur maman ?

    Je ne crois pas quIlaria, qui na que deuxans, sen rende compte. Sophie en apresque cinq, elle me raconte ses journesdcolire, imite mes tics, prend sans cessee tlphone portable. Pour jouer, elle

    place des tas de papiers dans son sac et faita lle qui a des rendez-vous, est trs occu-

    pe. Cest plus drle que de jouer la pou-pe ! Elle pense que Micheline Calmy-eyest la chee de son papa et quand papa estabsent, il est Berne pour travailler. anssa perception, mon engagement se traduitpar beaucoup parler et porter des pa-piers , elle en a fait un jeu, ce qui est aussistimulant pour moi, me permet parfois derelativiser (sourires).

    Tu as maintenant travaill presque quatreans comme Conseillre administrative,quel bilan tires-tu de tes actions au-ourdhui ?

    Cest une trs vaste question. Tout dabord,il fallait traiter lenjeu du logement social,qui tait prserver et dvelopper dansune ville qui subissait et subit toujours laspculation de plein fouet. Nous lavonsfait. Cela a t au cur de ma lgislature,tout comme le relogement des artistesdArtamis pour lesquels jai trouv des so-lutions concrtes et rapides. La rformede la gestion et des attributions des ta-blissements publics tait raliser, je laieectue. Sous mon impulsion, au seinde mon dpartement, nous avons beau-coup travaill pour dvelopper la crationdemplois en Ville, rformer le fonds ch-mage, favoriser lengagement dapprenti-e-s, rorganiser les ressources humaines.Nous avons ngoci le nouveau statut dupersonnel et dvelopp des politiquestransversales dans les domaines de lga-lit, de la diversit, de lintgration et delAgenda 21. Tout cela avec des comptesbien portant et une dette en diminution.Aujourdhui, je suis trs re du travailralis, mais je sais aussi que les gens enattendent plus, et quil y a encore beau-coup faire.

    Quels sont les projets que tu nas pas puconcrtiser ?

    Celui dune maison de la famille, projet por-t avec Manuel, sur la rive droite, qui auraitregroup les associations qui accompa-gnent la parentalit. Jai galement voulucrer un centre des droits humains, lieude rencontre des ONG et de la population,qui aurait mis en valeur la Genve interna-tionale. On le sait, mais on loublie parfois :Genve est une ville multiculturelle et plusde 40000 personnes travaillent dans lesorganisations internationales. Si lon sou-haite rester la capitale des droits humains,il faut sen donner les moyens. Pourtant,ces projets novateurs nont pas t sou-

    tenus par la majorit actuelle du Conseiladministratif, ce qui pose la question desa capacit saisir les enjeux pour Genveaujourdhui et du manque de vision de cer-tains de ses membres.

    Quelles seront tes priorits pour lavenir ?

    Je vais continuer travailler pour faireavancer les projets sur lesquels monquipe planche. Que ce soit le nouveaustatut des fonctionnaires de la Ville quientrera en vigueur le premier janvier ou lamise en place des conditions pour stimulerla cration dentreprises au niveau local, cene sont pas les chantiers qui manquent !e plus, nous devons rester attentifs auxdicults conomiques qui sannoncent.Nous sommes bien conscients que la po-pulation soure du cot de la vie levet parfois abusif (logement, assurances),de la dgradation des conditions de tra-vail. Nous voulons que notre Ville resteabordable et accueillante pour toutes ettous. e plus, il faut lavoir en tte, noussommes en priode lectorale. En juin,nous aurons un nouveau Conseil munici-pal. Nous allons travailler pour que les so-cialistes et leurs allis soient majoritairesen Ville et que nous ayons des lu-e-s ca-pables de travailler ensemble, de soutenirles projets et de faire des propositions col-lectives. Si la population soutient les Socia-listes, nous pourrons alors, avec Sami Ka-naan, tre deux pour mener de nouveauxcombats. Je connais trs bien Sami, nousallons vritablement uvrer ensemblepour une ville de Genve moderne, sociale,et qui ne laissera personne sur le carreau.Pour cela, nous avons besoin du soutien dela population, nous allons maintenant allerle chercher.

    Le Centre Social Protestant(CSP) dispose dun service so-cial qui accueille, lors de per-manences, des personnes endicult sociale. Ce service

    sest toujours intress aux problmatiques de surendet-

    tement, tout en vitant de sespcialiser uniquement dansce domaine, puisque les ques-tions dargent dpassent sou-vent les considrations pure-ment fnancires. Anne-Marie

    Hirt et Olivier Lozeron, tousdeux assistants sociaux, nousclairent sur les enjeux et les

    pratiques de leur lutte contrele surendettement.

    Sylvain Thvoz : Quel est concrtementvotre rle et comment le remplissez-vous ?

    Anne- Marie Hirt: Nous assurons despermanences chaque lundi et mercredi:une permanence daccueil de 13h30 16h30 et simultanment une permanencetlphonique de 14h 16h30. Ainsi, les per-sonnes peuvent sadresser directement un assistant social, pour demander un ren-seignement ou exposer leur situation. Lesproblmatiques sont trs souvent nan-cires. En eet, les gens qui viennent noustrouver le font, en gnral, pour des pro-blmes nanciers et plus particulirementde dettes (environ 50%). Nous sommesgalement comptents en matire dassu-rances et de droits sociaux ; par exemplepour la dfense de dossiers auprs dinsti-tutions ocielles.

    Il y a donc tout un travail daiguillage, derorientation qui est eectue lors de lapermanence ?

    AMH: Le travail vise comprendre lasituation et les problmes attenant, etdterminer quel service ou organisme(tels que Pro inrmis, Pro Senectute, In-fo-Jeune, lospice Gnral) serait le plusappropri pour la traiter. On veille bien sr tlphoner et baliser le parcours. Un cer-tain nombre de dossiers sont traits parnos services directement, comme le sonttypiquement les problmes nanciers depersonnes surendettes. Mais nous nevoulons pas faire que cela. Pour aborderles problmes nanciers, une certainepolyvalence est necessaire, an de ne pastre dconnect.

    Les personnes rencontrant ces problmessont-elles orientes vers vous par le rseausocial ?

    AMH : Oui. abord par lentourageproche, mais aussi dautres services so-

    ciaux, les centres de quartier, les admi-nistrations (oce des poursuites, servicedes prestations complmentaires, lAdmi-nistration scale cantonale, le tribunal depremire instance, etc). Nous bncionsdune reconnaissance sur la place publiquepour tout ce qui a trait au surendettement.

    Avez-vous les moyens de faire face toutesces demandes ?

    Olivier Lozeron : Notre quipe, consti-tue de 3.6 postes dassistants sociaux, agr plus de 800 dossiers en 2009. Vu lataille modeste de notre service, rpondre la forte demande est toujours un enjeu. e-puis le dbut de cette anne, notre quipeest renforce par un poste temporaire 50%, ce qui nous permet de faire face laforte augmentation des dossiers qui repr-sente prs de 40% en dix ans. En outre, lessituations sont toujours plus complexes.

    Nous ouvrons aussi bien des dossiers quipeuvent reprsenter quelques heures detravail que des situations plus lourdes quenous suivons sur plusieurs annes.

    Quand et pourquoi les personnes viennentvous consulter ?

    AMH: En gnral, les gens prennent unpeu de retard dans le rglement de leursfactures, mais se disent quils vont serattraper. Le mois daprs, dautres fac-tures arrivent. Ils commencent jongler,en esprant que la situation samliorerabientt. Un facteur extrieur vient parfoisaggraver la situation. Une fois quelles au-ront puis toutes leurs ressources per-sonnelles, les personnes demanderont delaide. La rception dun commandementde payer de lOce des poursuites, voireun avis de saisie provoque souvent la de-mande de rendez-vous en urgence. Leursituation est souvent complexe, car instal-le depuis longtemps au moment o ellesviennent nous voir. Les personnes atten-dent un bilan rapide, alors quil est nces-

    saire deectuer une valuation globalequi prend du temps. Il faut comprendreque les dettes ne seront pas rgles en unentretien.

    OL : Souvent, les gens viennent poussspar dautres membres de la famille, desconnaissances, lemployeur...Les gens parent ce qui leur semble leplus urgent en laissant de ct le fonda-mental. Nous constatons que les imptssont souvent les principaux impays.Entre le premier acompte provisionnelet la sommation, il peut scouler prs dedeux annes. Les arrirs dassurance ma-ladie sont aussi courants. Les primes sontchres et certains usagers ne voient pastoujours la ncessit de les payer en prio-rit. Les prestations dassurance maladiepeuvent tre suspendues en raison des ar-rirs, ce qui limite laccs aux soins. Par-fois, mme le loyer nest plus pay, ce qui

    LUTTE CONTE

    LE SUENETTEMENTpopos eceillispa sylvain thvoz

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    14 15ACCOMPAGNE SOUTENI

    peut entraner une rsiliation de bail voireune vacuation du logement. Le crdit serapay ou la poursuite an dviter une sai-sie, mais ils se trouvent ensuite dans dessituations inextricables. Ajoutez cela uneperte demploi ou une sparation, et toutbascule.

    AMH: Les personnes luttent pour sensortir, mais sont souvent submerges etperdent le sens des priorits. Sy ajoute latrs forte pression de certains cranciers.Un organisme bancaire qui veut que vousremboursiez votre crdit n e sadresse pas vous comme ladministration scale. Lapremire tape de notre travail consiste tablir avec la personne un budget courantan de stabiliser sa situation. Les charges

    ncompressibles comme le loyer et las-surance-maladie doivent tre payes et jour et aucunes nouvelles dettes faites.En parallle, nous listons les cranciers etdterminons la capacit de rembourse-ment suivant le budget. Cette priode debilan est souvent faire accepter par lapersonne qui est centre sur ses dettes etattend une action immdiate.

    OL : Nous remarquons que les gens paientplutt les anciennes dettes que les fac-tures courantes. Ils jonglent, essaient dergler leurs dettes et se serrent tellementa ceinture quils nont plus assez dargent

    pour se nourrir jusqu la n du mois. Ontravaille avec eux pour quils revoient lagestion de leur budget et que leur mini-mum vital soit respect.

    Peut-on dire que vous aider vos bn-ciaires en quelque sorte apprivoiser leurdette ?

    AMH: En quelque sorte. Suivant les si-tuations, nous pouvons conseiller aux usa-gers de vivre avec leurs dettes, car pourcertains il sera impossible dassainir leursituation. Les dettes peuvent tre conge-les loce des poursuites, par exemplelorsquil y a des actes de dfaut de biens.Notre travail est alors de centrer la per-sonne sur la gestion du quotidien an devivre avec son minium vital, sans le rduire.

    OL : ans certaines situations, nousconseillons aux personnes de laisser alleraux poursuites, et de vivre avec ce mini-

    mum vital, ce qui parfois les soulage. Ilspeuvent vivre alors avec 1200.- par mois,alors quavant ils jonglaient avec troisfois rien. Ils taient bout, dans un tatdpuisement incroyable. ans certainessituations, nous conseillons la faillite per-sonnelle mme si elle nest pas la meilleuredes solutions. Elle permet certains derespirer et de repartir sur des bases plusclaires.

    AMH: La faillite nest pas un moyen das-sainir ses dettes, mais un moyen de souf-er. Elle est proposer avec parcimonie,car il faut que les gens soient aptes as-surer leur gestion courante. Sils narriventpas grer toutes leurs charges et refontune dette, la procdure ordinaire de saisiereprendra.

    OL : On fait un bilan psychosocial et doncpas seulement comptable avant de sat-taquer aux dettes. Il faut tre dans unesituation stabilise. On regarde ainsi long terme ce que lon peut faire pouramliorer la situation de la personne. Ondemande donc aux gens de nous donnerlentier de leur situation an den avoir unevision claire.

    AMH : Parfois, les personnes arriventavec des sacs de factures, ouvertes ou non.Nous comptons environ trois mois pourclarier une situation, contacter les cran-ciers, voir o en sont les dettes, et com-ment stabiliser le budget. Certaines per-sonnes ont de la peine exposer la totalitde leur situation. Il peut y avoir un senti-

    ment de honte. Une relation de conancedoit sinstaller an quelles ne se sententpas jugs. Pour un bilan de situation, nousavons besoin de tous les lments consti-tuant les revenus et les charges. Etablirun budget, cest entrer dans la vie privedes gens. vler o va notre argent, cestsignier qui nous sommes. Nous pouvonsainsi mettre le doigt sur des situationsdlicates. Il faut prendre du temps pourcela, car avant mme de faire un travail dedsendettement, car cest toute la situa-tion de la personne qui doit tre prise encompte.

    On ne parle donc pas que dargent ?

    AMH : Eectivement, non. Il existe dessocits dassainissement but lucratif quine travaillent que sur des aspects nan-

    ciers. On voit parfois des publicits pources socits qui ne traitent quun dossieradministratif, sans prendre en compte lasituation psychosociale de la personne. Ilnous arrive dtre consult par des per-sonnes ayant eu une mauvaise exprienceavec ces organismes.

    OL : Leurs honoraires sont levs et lespremires mensualits verses servent couvrir leurs frais.

    Quelles sont les statistiques du surendet-tement ?

    AMH : Il ny a pas de statistiques o-cielles ni dObservatoire de lendettement.Nous appartenons une association fa-tire, ettes Conseil Suisse (CS) (www.dettes.ch) qui rcolte des donnes avecpeu de moyens pour les analyser. IntrumJusticia (www.intrum.ch), qui est une mai-son de recouvrement internationale, pro-duit des statistiques sur les contentieuxquelle gre.

    OL : Une trentaine dassociations dassai-nissement de dettes est membre de CS.Chaque association rcolte des donneset CS a pour tche de les runir. ienque pour notre service les chires sontimpressionnants. En 2009 nous comp-tabilisons 8 millions de francs de dettespour 174 nouvelles situations ! Cest direlampleur des montants. En chire moyen,cela reprsente 45 000.- de dettes par si-tuation. Mais il est dicile pour nous desaisir la dimension du surendettement un niveau global.

    Ce manque de statistiques et dintrt dupouvoir public pour en avoir, commentlinterprtez-vous ?

    AMH : Cest un mlange de plusieurschoses. Il est dj dicile de reconnatrequil y a des pauvres en Suisse, donc silfaut en plus y ajouter des problmes desurendettement cela remet en cause toutun systme socital et nancier. Avoir deschires sur lendettement et le surendet-tement au niveau fdral, cest dj la re-connaissance du problme et amorcer desbauches de lutte contre le phnomne.Nous sommes l dans des choix politiques.Par exemple, la loi sur les poursuites nereconnait pas dans le calcul du minimumvital lobligation de payer des impts,alors que cette charge est incompressibleau mme titre que le loyer ou lassurancemaladie. Or, dans notre pratique, nousconstatons souvent que cette part dimptcorrespond peu prs la part saisissable

    dans un budget. Ainsi, compter les imptsdans le minimum vital, ferait que locedes poursuites dlivrerait encore plusdactes de dfauts de biens.

    Et les personnes saisies nauraient doncplus assez dargent pour rembourser desbanques ?

    AMH: Exactement. La quotit saisissableserait insusante et ne permettrait plusle remboursement dautres cranciers, parexemple, les organismes de crdit.

    OL : Le crdit bancaire est facile obte-

    nir. Ensuite, la quasi totalit des prts estrembourse, car les banques mettent unenorme pression pour obtenir le paiementdes mensualits dues.

    Il y a-t-il un prol spcique des personnesque vous rencontrez ?

    AMH: Ce sont autant des hommes quedes femmes, principalement dans latranche dge de 30 50 ans. Pour lanne2009 nous avons tout de mme 33 dos-siers ouverts pour les moins de 30 ans.Lendettement touche de plus en plus les

    jeunes.

    Avez-vous des programmes pour travailleren amont, avant que le surendettement nesurvienne et quil ne soit trop tard ?

    AMH: Oui. Nous faisons aussi de la pr-vention. Avec le thtre Camlon, nousavons mont le spectacle A la poursuitedu dcouvert, qui tourne dans certainescoles depuis 2004. Nous avons galementmis en place un atelier budget pour sensi-biliser les jeunes par rapport largent. Apriori, la gestion nancire sapprend ausein de la famille, mais cette transmission

    ne se fait pas toujours facilement. Parailleurs, les sollicitations extrieures pous-sent davantage la consommation et aucrdit. Pour atteindre le public jeune et lessensibiliser cette problmatique, lcolereste un lieu privilgi. Il est primordialde prvenir le surendettement, pour nepas avoir le gurir quand il sera dj bientard.

    Ouvert toutes et tous, le Centre SocialProtestant est un service priv daide so-ciale destin des personnes en dicult.Cest un service indpendant qui ore un

    soutien polyvalent avec des ressources va-ries.

    Quatre secteurs principaux : Social, juri-dique, rfugis, consultation conjugale.

    Son budget annuel slve 5 millions defrancs. Les subventions reprsentent 10 12% de ce budget. Les 80% restant sontassurs par des dons, quils soient mon-taires ( hauteur de 30% du budget total),mobiliers ou dobjets divers. Ces derniersreprsentent 50% du budget total.

    Plus de cinquante collaborateurs y tra-vaillent, ainsi quelques 200 bnvoles.Lquipe est complte par des personnesau bnce de contrats demplois de soli-darit, des contreprestataires de lospiceGnral, ainsi que des stagiaires.

    es ateliers (Galie), un vestiaire social,des activits bel ge, lorganisation detransport pour des personnes mobilitrduite, enles, boutiques, etc.

    le centre social Protestant

    14, rue du village suissecP 171-1211 genve 8

    022.807.07.00

    [email protected]

    www.csP.ch

  • 8/8/2019 Le Fric ou la Vie - Revue Causes Communes 21

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    16 17LUTTE

    Sami Kanaan, 46 ans, est candidatsocialiste au Conseil administratif de laville de Genve. omme de convictionet dengagement, il cherche toujours enpremier lieu lintrt commun, le dialo-gue et les solutions quilibres.

    origine suisse allemande et libanaise,polyglotte et voyageur, il est un Genevoisde son temps, profondment attach saville et ses quartiers, ses habitanteset habitants, sa culture et sa diversit.

    iplm en physique et en sciencespolitiques, il a dabord travaill dans lecadre de la coopration universitaire eu-ropenne, puis rejoint un bureau dva-luation des politiques publiques, avant

    de devenir directeur adjoint et ensuitedirecteur du dpartement de la cohsionsociale, de la jeunesse et des sports.

    omme de conviction. Il a lutt ac-tivement pour les questions de mo-bilit (prsidence de lATE durant denombreuses annes), a soutenu tout leprocessus dlaboration du CEVA (co-fondation du Comit unitaire ProCE-VA). Luttant contre les prjugs et lescloisonnements, il sest engag dans denombreuses associations, dont le GroupeSIA Genve (quil a prsid) et la Mai-son de Quartier des Eaux-Vives.

    Membre du parti socialiste genevois de-puis 1988, il a t conseiller municipal,

    dput et membre de la direction de sonparti durant plusieurs annes. Engag lo il vit, vivant l o il sengage, Sami atoujours travaill pour le bien commun.Le choix du parti Socialiste Genevois laplac sur le devant de la scne ; sa re-tenue est devenue prestance et sa sen-sibilit un style, limage dune Genveurbaine et cosmopolite rsolument ou-verte sur le monde et prte saisir lesds qui demandent de la poigne maisaussi de la modration, de la vision etsurtout, des comptences.

    LA SUPE-ICESSE

    CE LA PAUVETsaMi Kanaancandidat a conseiladMinistatiF de la villede genve

    Lexplosion des super-riches Genve est lune des inorma-tions les plus rappantes issuede ltude rcemment publieen matire de revenus et deortune en Suisse, reprise dansldition du 11 novembre de laTribune de Genve. Sous cettecatgorie, on classe les per-sonnes dclarant plus de 10millions de ortune...

    Ainsi, la fortune globale dclare Genvea augment, notamment en raison de laforte croissance du nombre des super-

    riches. oit-on sen rjouir? Une ractionsupercielle pourrait conduire rpondrepositivement cette question, car cettevolution reprsente des recettes s-cales supplmentaires et une capacit deconsommation accrue, gnrant ainsi duchire daaires et donc de lemploi. Enralit, cette lecture est trompeuse, carfrappe danglisme.

    Plus de super-riches et plus de super-pauvres

    Ce que ces chires montrent surtout, cestune augmentation la fois nette et conti-nue des disparits de revenus en Suisse, etplus particulirement Genve. Commelcrit Christian Bernet dans la Tribune deGenve: A Genve, lcart entre les riches

    et les pauvres se creuse, inexorablement. En clair, la croissance des revenus a sur-tout bnci aux hauts revenus. Ainsi laproportion entre les plus hauts salaires etles bas salaires est passe dun taux de 3 un taux de 3.6 en 10 ans, avec une nettetendance lacclration. Genve est deve-nu le canton de Suisse avec les plus fortesdisparits sociales.

    Cette volution peut tre qualie de n-faste. Sans tomber dans le clich simpliste anti-riches , cette dislocation progres-sive de lchelle des revenus en gnral,et celle des salaires en particulier, induitaussi une dislocation de la cohsion so-ciale. Lune des rgles du jeu pour assurerune bonne cohsion sociale est dassurerune homognit des revenus et de rpar-tir au mieux les richesses produites. Laug-

    mentation des disparits conomiquesva de pair avec des disparits sociales, etengendre notamment une prcarisationaccrue.

    Les classes moyennes ragilises

    La prcarisation ne touche pas seulementles personnes revenus trs modestes,souvent dj compltement prcarises,mais aussi la partie infrieure de la classemoyenne qui a de plus en plus limpressionde ramer , sans perspect ive autre quede russir, de justesse, boucler les nsde mois et desprer viter laccident devie qui les prcipiterait dans la prcarit(maladie grave, chmage, divorce, etc.). Or,labsence de perspectives positives, quelle

    soit justie ou non, a beau tre un sen-timent trs subjectif, elle constitue unpoison social important si elle saccom-pagne du sentiment quune autre frangede la population vit dans une opulencecroissante, et ceci sur un petit territoirecomme le ntre, o la richesse sous toutesses formes est trs visible.

    Les impts spculatis

    Mme largument des recettes scalesaccrues peut tre largement remis enquestion. Non seulement la capacit soustraire, lgalement ou non, des reve-nus au sc crot exponentiellement avec lerevenu mais, de plus, on peut se poser desquestions quant lapport de ces richesses la sant conomique et sociale collec-

    tive. En particulier, on peut se demandersi ces richesses sont produites et ensuiteutilises dune manire qui contribue rel-lement lintrt collectif, en termes decration demplois durables et de lien so-cial. Quelle proportion de ces richesses d-coule de lconomie spculative, base surdes bulles nancires malsaines, commecelle qui a explos en 2008? Ou quelleautre proportion sauto-alimente sousforme de revenus dcoulant de laccumula-tion de fortune et de laugmentation du pa-trimoine individuel, sans investissementconsquent dans lconomie relle?

    Les baisses dimpt qui proftent auxriches

    En 2004, la population genevoise sest lais-se sduire par les sirnes populistes dela droite et a aboli la plus grande partie delimpt de succession, une dcision qui b-ncie avant tout aux fortunes majeureset qui soustrait lconomie relle des res-sources importantes.

    Enn, dans une collectivit de taille rela-tivement modeste comme Genve, laug-mentation des disparits dans le cadredune croissance conomique dbrideinduit aussi des cots directs et indirectstrs substantiels: saturation du march dulogement, excs de trac motoris, distor-sions importantes sur le march de lem-ploi. Ces eets pervers contribuent aussi

    saboter lentement mais srement la co-hsion sociale.

    Le chmage est une bombe sociale

    Le fait quil y ait Genve entre 25000et 30000 personnes qui souhaiteraienttravailler mais qui ny arrivent pas, toutescatgories confondues, et ceci face desstatistiques sur la cration demplois quifont de lagglomration genevoise une desplus envies dEurope (sic !), reprsenteune bombe sociale dont les eets se fontdj sentir, commencer par le succs dediscours politiques bass sur la haine, la di-vision et le rejet.

    Lune des missions principales des poli-tiques publiques est videmment de mi-nimiser les eets pervers des ingalitssociales, mais il ne faut pas rendre leur

    mise en uvre impossible, en diminuantles recettes scales (baisse des barmes,suppression de limpt sur les successions,suppression annonce de la taxe profes-sionnelle, etc.) et augmenter en parallleles besoins ! Or, cest trs exactement latendance qui se manifeste Genve. Ge-nve est une mosaque passionnante maisbeaucoup trop dlicate pour supportercette tendance terme, qui met en dangerses fondements.

    Monaco-sur-Lman pour les riches

    Une partie de la droite genevoise semblevouloir poursuivre un projet politiqueconsistant faire de Genve une sorte deMonaco-sur-Lman, misant sur une co-nomie de casino. Cest un projet politiqueeectivement tout fait compatible avec

    les besoins des super-riches ... sauf quilsagit dune ngation complte des ralitsgenevoises et que ce projet est sociale-ment indcent et politiquement suicidaire!

    Alors que le Canton semble glisser danscette direction, la Ville de Genve et lesautres communes urbaines avec une forteprsence des forces de gauche assumentleurs responsabilits pour maintenir etrenforcer un tissu conomique local, quisoit la fois sain et durable.

    Le rle de la Ville pour une conomiehumaine

    Il est important de rappeler le rle essen-tiel de la Ville et des communes en matireconomique, mme sil est subsidiaire. LaVille de Genve a ainsi cr la Fondetecpour soutenir la cration et le maintien

    demplois dans le tissu conomique deproximit. La Ville fait voluer sa poli-tique dachats et soutient activement leseorts entrepris par lconomie sociale etsolidaire. Par ailleurs, la Ville recourt rgu-lirement des entreprises dites socialesan de donner une place aux personnesqui pour des raisons souvent indpen-dantes de leur volont ne peuvent orir lamme productivit que la moyenne. ansle mme ordre dides, la Ville a dvelopple fonds chmage, qui soutient des initia-tives conomiquement viables tout enorant une perspective dinsertion despersonnes au chmage.

    Enn, linitiative pour la promotion desplaces dapprentissage, que viennent delancer les Socialistes, constitue aussi uneaction dans ce sens, car elle mise sur le

    partenariat avec les entreprises localesan de renforcer lore de formation pro-fessionnelle pour les jeunes.

    Laugmentation du nombre de super-riches Genve, nest pas une bonnenouvelle. La multiplication de la super-ri-chesse saccompagne aujourdhui dunecroissance des ingalits. Ceux qui la favo-risent prennent une lourde responsabilit.A nous les Socialistes de contrer ecace-ment cette drive et de proposer une ri-chesse raisonnable et partage !

    SAMI KANAAN, UN GENEVOIS E SON TEMPS.

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    Les soussign-e-s, lectrices et lecteurs dans la Commune de Genve, en vertu des articles 68A et 68B de la Constitution dela Rpublique et Canton de Genve du 24 mai 1847, de larticle 36 lettres b et c de la loi sur ladministration des communes du13 avril 1984 et des articles 85 94 de la loi sur lexercice des droits politiques du 15 octobre 1982, demandent aux autoritsmunicipales linstauration de mcanismes fnanciers soutenant la cration de places dapprentissage dans les entreprises sisesen Ville de Genve qui orent, sur la base des accords entre partenaires sociaux et de standards dfnis par la Ville de Genve,de bonnes conditions de travail aux apprenti-e-s.

    Peuvent signer linitiative, les citoyennes et citoyens domicilis en Ville de Genve, y compris les ressortissants trangers domicilis en Ville de Genve et tablis en Suisse depuis plus de huit ans.

    Celui qui appose une autre signature que la sienne ou plus dune signature est passible dune amende administrative pouvant slever Fr. 100.. Les signatures obtenues par un procd rprim par la loidoivent tre annules (art. 87, al. 1, lettres b et 91 de la loi sur lexercice des droits politiques, du 15 octobre 1982, art. 91).

    Le retrait total et sans rserve de linitiative peut tre dcid la majorit des lecteurs suivants ormant le comit dinitiative : Carasso Grgoire, rue Cavour 7, 1203 Genve. Frigenti Empana Jannick,rue de la Prairie 5, 1202 Genve. Romano Maria Vittoria, rue Muzy 11, 1207 Genve. Deshusses Grard, avenue Peschier 4, 1206 Genve. Kanaan Sami, rue du 31 Dcembre 24, 1207 Genve. Thvoz Sylvain,rue John-Rehous 2, 1208 Genve. Studemann-Wathier Virginie, rue Rothschild 42, 1202 Genve.

    Le service des votations et lections certife la validit de signatures.

    Le contrleur : Genve, le

    Nom(n majuscul)

    Prnom usulAnn dnaissanc

    Cantondorigin

    Domicil(adrss complt)

    Signatur

    1

    2

    3

    4

    5

    Crons Des plaCes Dapprentissage pour nos enfants !

    GeNve, ve fACeEn 2009, 1961 contrats dapprentissage ont t signs Genve. Ladministration municipale a elle doubl le nombre de places

    oertes. Les entreprises, les syndicats et ltat de Genve travaillent une ormation proessionnelle de qualit.

    ANqe DeS PACeS !Nanmoins, de nombreux jeunes peinent trouver un apprentissage et se retrouvent sans perspectives proessionnelles et

    sociales. Le manque de places est particulirement important pour les apprentissages destins aux lves en dicult.

    SeN eS eNePSeS CAeS fACeSNous proposons, par cette initiative, dapporter un soutien fnancier aux entreprises locales qui crent des placesdapprentissage. Ainsi, nous renorons la ormation de nos jeunes et orons une aide directe lconomie relle, prouve par

    la crise fnancire.

    GAAN De bNNeS CNDNS De AvALe soutien fnancier sera accord aux entreprises qui orent, sur la base des accords entre partenaires sociaux et de standardsdfnis par la Ville de Genve, de bonnes conditions de travail aux apprenti-e-s. Cette initiative sinscrit dans loptique dundveloppement durable de Genve.

    www.ps-geneve.Ch

    Notre bilan, nos projets

    causes

    communes

    abcdaire

    Oseille : Substance liquide ou plastique sans couleur ni

    odeur, extrmement volatile et toxique. Mortelle hautes

    doses.

    POursuites : Priode brutale de sevrage impose au rede-

    vable par des cranciers en manque.

    PrivatisatiOn : Manuvre visant faire eectuer un

    prix rduit des prestations moindres et dvalorises.

    salaire : Contre-prestation dvaluable au don de sa per-

    sonne.

    stern : Tant va la cruche leau.

    trader : Franc-tireur ou homme de main, hypercardiaque

    en puissance.

    trOc : Mcanisme o limportance de la relation est au

    moins gale au bien chang.

    turbOcaPitalisme : Est lconomie de march ce que la

    clystrophilie est au bain de pieds.

    ubs : Pompe fric du parti libral. ecapitalise par les

    pommes hauteur de 6 milliards.

    usure : acolage lgal ( utiliser jusqu la corde).

    ZOug-schwytZ-aPPenZell : Trio recomposant le pacte

    fdral de la nance par un serment des rstis. Les omands

    peuvent se le carrer dans los.

    actifs tOxiques : Les propritaires de chiens ramassent

    leurs crottes. Pas les banquiers.

    amnistie fiscale : ernire trouvaille des dputs de

    droite pour faire un cadeau aux plus riches.

    banque : Espace priv o lon siphonne pour des soires

    prives les bas-de-laine des pquins.

    bOnus : Prime larnaque. Plus cest gros, plus a passe.

    caPital : Plus-value accumule que lon se rele de gnra-

    tions en gnrations ou que lon pique son voisin.

    crdit : Grave addiction encourage des ns commer-

    ciales.

    faillites : 6000 cette anne en Suisse, record absolu.+15,6%. Compens par un nombre gal de crations dentre-

    prises. Le capital sentre-dvore.

    fisc fucking : Pratique hauts risques dont les adeptes

    du barebacking social sont friands.

    gOlden Parachute : Equivalent de la golden shower. Le

    risque est toujours pour ceux qui sont en-dessous.

    hiler : Promoteur des edge Fund Monaco sur Lman.

    imPts : (seule faon de redistribuer )

    kerviel : Ospel, Stubli, Krer; la roulette, chacun a sa

    chance !

    march : Monopoly. Case prison et ds supprims.

    mOnnaie : Qui sen soucie ?

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    11/11

    Parti socialiste Ville de Genve

    Rue des Voisins 15

    1205 Genve

    Nicht frankierenNe pas affranchir

    Non affrancare

    Geschftsantwortsendung Invio commerciale-risposta

    Envoi commercial-rponse