Le futur du Web : le Web est mort ?

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  • 8/8/2019 Le futur du Web : le Web est mort ?

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    Stphane PERES Master Hypermdia CENActualit du multimdia II

    Les nouvelles visions du Web

    M. RIEDERUNIVERSITE PARIS 8 Octobre 2010

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    "Facebook", "Twitter", "Google" tels sont les mots clefs incontournables dInternet en 2010. Le Web esten pleine expansion, certains parlent de mutation , dautres de mort . Ce nouveau mdia deprdilection est certes en train dvoluer rapidement, cependant quelles sont les causes de cette explosionde cette nouvelle bulle Internet ? Comment le Web de demain va til se dessiner et quels en sont les enjeux ?

    Tim OReilly, en septembre 2005, nous dfinit la notion du Web 2.0 dans son ouvrage Quest-ce que le Web2.0 ? : Modles de conception et daffaires pour la prochaine gnration de logiciels . Il reviendra dessus cinqans plus tard avec le journaliste Johan Battelle dans son article Le Web la puissance 2 publier enseptembre 2009. Cependant, Chris Anderson et Michael Wolff voquent un renversement des tendancesdans leur ouvrage Le Web est mort, vive Internet paru en avant premire en septembre 2010 sur le siteWeb dnomm Wired .

    Nous verrons tout dabord comment le Web 2.0 a boulevers notre faon de communiquer, de partager etde travailler avec le Web. En un second temps nous comprendrons, par le biais de la vision des nouveauxacteurs du Web, pourquoi nous avons atteint les limites du Web actuel et quels sont les nouvellesplateformes de consommation de linformation.

    Comme Tim OReilly lexplique, lappellation de Web 2.0 prend tout son sens lheure actuelle. Eneffet, ce dernier est un vrai centre de gravit pour reprendre les mots de lauteur ; ainsi le Web estvraiment prendre en compte comme une plateforme comme lillustrent les pionniers DoubleClick etAkamai. Rome ne sest pas construit en un jour, pour le web cest un peu la mme chose, ce sont lesnouveaux services et la facilit de grer des donnes qui ont contribu au success stories du Web 2.0 . Onpeut constater que le Web a eu 3 grandes phases, comme le montre le schma ci-dessous :

    1990 2000 :

    Le site Web

    2000 2010 :

    Google et lerfrencement

    2010 20XX : Les rseaux sociaux

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    Tim OReilly recommande de tirer parti de lintelligence collective . Selon lui limplication desutilisateurs dans le rseau est le facteur-cl pour la suprmatie sur le march . De nos jours, que seraient lesmarques sans une communication directe et constructive avec les utilisateurs/clients sur les rseauxsociaux ! Le phnomne des blogs, cette nouvelle voie de communication de particulier particulierentre 2000 et 2008, est une grande particularit du Web 2.0. Nanmoins Chris Anderson en 2010, nuance ceconstat. En effet les blogs nont pas rellement dcoll comme lont fait les rseaux sociaux tels queFacebook et Twitter. La notion de simplicit des interfaces et dergonomie est donc prendre en compte. LeWeb doit aussi voluer avec un certain sens de linnovation et dinterface utilisateur intuitive, utilisant de latechnologie asynchrone (ajax) : Gmail de Google en est lexemple parfait.

    Tim OReilly et John Batelle exposent les principes essentiels qui rgissent la dmarche du Web. Cedernier est avant tout un rassembleur de donnes et un mobilisateur dinnovations. Il peut se dfinir alorscomme un outil puissant dapplications et de services. Leur vision en octobre 2004 de lvolution du Web setrouve ainsi vrifie. Tim OReilly explique que le Web est rassembleur de donnes : en effet, les donnes

    gnres par les utilisateurs en temps rel alimentent les applications de cette intelligence collective (gestion, comprhension et exploitation de cette abondante matire premire ). Les sous-systmes dedonnes (localisation, identit des personnes, lieux, produits ) sont la source mme des sous-systmes du systme Internet.Il dmontre aussi que le Web est mobilisateur dinnovations : le logiciel est conu de manire stimuler lintelligence collective et en utiliser le bnfice pour servir la communaut des utilisateurs (ex : deGoogle et Amazon Wikipedia, eBay et Craiglist). Les incontournables Youtube, Facebook et Twitter, ontrapidement embot le pas. Lexploitation de lintelligence collective est la base de la dmarche du Web2.0 .

    En dfinitive, le Web se rvle tre un outil puissant : la mission du Web tait de devenir uneplateforme accessible une gnration dapplications et de services informatiques capables de transformernotre environnement culturel. De nos jours, si la seule source de donnes ft pendant longtemps celles tapes sur un clavier par lhomme, il apparat ce jour le rle grandissant des capteurs tels que lestlphones et appareils photos qui sont autant de sources dinformation partages, prsentes etexploites en temps rel. Ainsi les capteurs de mouvement ou de localisation sont capables dindiquer notreposition gographique, ce que nous faisons, etc ... comme le souligne Tim OReilly. On ne peut non plusparler simplement de croissance arithmtique des possibilits du Web mais de croissance exponentielle.

    Le Web nest plus aujourdhui une simple juxtaposition dinformations collectes qui dcrivent desvnements dans une srie de pages. Il est beaucoup plus que cela : une vision du monde la plus compltepossible, construite partir dune mine de donnes exploites de faon intelligente et pouvant servir desapplications en rseau. On peut dsormais parler propos du Web dintelligence collective et non plusdun simple rseau externe. Lindividu nen est pas seulement un utilisateur externe, il en est aussi acteur. Ilsenrichit grce ces utilisateur-acteurs qui permettent un meilleur ajustement du rsultat final dutraitement des donnes par leur simple contribution (avis, choix des meilleurs lments dinformation, dedonnes pertinentes, etc ).

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    Cependant, pour Chris Anderson, le directeur du magazine spcialis amricain Wired , lavenirdInternet est compromis car il considre que les internautes auraient dpass le stade de la recherche, etquil ny aurait donc pratiquement plus de surf sur le Web. Il faudrait plutt parler lavenir de "visionnaged'applications". Le Web serait-il en train de devenir "ringard" ?

    Chris Anderson distingue bien Internet et le Web par un argumentaire clair dmontrant que le Web est unvolet dInternet. Il montre que nous utilisons de plus en plus Internet grce larrive grandissante desnouveaux terminaux et ce, au dtriment du Web et autres anciens navigateurs desktop . Lapparitionrcente du smartphone et ses applications conviviales (musique en streaming, discussions sur Skype,messageries instantanes avec MSN ) en sont un exemple difiant.Daprs lui, cest avec lappareil mobile et non plus avec lordinateur que la majorit des gens accdera Internet, et ce, chance de 5 ans. Loptimisation des petits crans (simplicit, rapidit et convivialit)permet dj de disposer dapplications de qualit. Certains sites peuvent devenir incontournables (unesorte de prise de pouvoir ). En effet on remarque quaujourdhui, aux Etats-Unis, les dix sites les pluspuissants du Web totalisent 75 % des vues globales contre 40% en 2006.

    En se rfrent lhistoire industrielle, Chris Anderson porte un jugement trs pertinent lorsquil crit : {}Une technologie est invente, elle se rpand, mille bourgeons fleurissent et quelquun trouve le moyen deles acqurir, en empchant les autres den cultiver de nouvelles. Cela arrive chaque fois confirme ChrisAnderson.

    Chris Anderson se pose en fait la question dune fin possible du Web, sans doute avec une volontdexagration pour insister sur le ct ferm du modle (absence douverture aux nouvelles applications et la crativit). Le Web reste cependant incontournable puisque sans lui les applications sur mobile ou lemodle conglomral de Facebook ne peuvent pas fonctionner comme lapprouve Tim OReilly. Dailleurs unsimple clic sur un lien ramne instantanment la source Web (exemple : les liens partags sur Twitter,renvoie obligatoirement la source Web).Tim OReilly semble rejoindre Chris Anderson qui considre que nous nassistons pas la fin du Web maissimplement sa transformation. Il estime en effet : Le dfi majeur nest pas de garder le Webcompltement ouvert mais de le garder suffisamment ouvert pour quil continue gnrer de nouvellesopportunits. Les deux auteurs saccordent penser quune sorte de compromis est possible au niveau du modle etpermettant justement cette ouverture ncessairement contrle. ce titre Chris Anderson dclare dailleurs: La fin du Web universel grand ouvert est quelque chose de dangereux, une perte des standards ouvertset des services qui sont gnratifs qui permettent aux gens de leur trouver de nouveaux usages . Puis iltermine sur une vision optimiste en disant : A la fin, quoique ce soit qui fonctionne dans tous les domainesgagnera. Comme le Web passe de ladolescence sa phase adulte, lidalisme est naturellement sacrifipour le pragmatisme.

    En conclusion, les deux auteurs se refusent parler de la fin du Web mais considrent quunetransformation du Web est indispensable pour garantir sa survie en tant que phnomne culturel mais que le phnomne commercial a peut-tre atteint ses limites selon Chris Anderson. Le mobile estlexemple parfait dune relle mutation du Web.

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    Pour ma part, je pense quil sagit dune volution logique de lutilisation de lInternet. En effet leshabitudes de consommation de linformation changent en raison notamment de larrive de tous cesnouveaux terminaux mobiles. Les jeunes internautes nont-ils pas une nette prfrence pour les SMS et lamessagerie instantane au dtriment de lemail un peu trop lent. Le Google Wave qui associe les deuxest une heureuse initiative de Google mais dommage que la mise en pratique soit mal conue (preuve enest que lergonomie des interfaces est un point clef).On peut remarquer que les applications iPhone et iPad reprsentent une nouvelle habitude dutilisationdInternet (remarquons au passage que les japonais ne visent que par les applications mobiles). Steve Jobsles voit comme une illustration idale de linformatique notamment quand il parle de standard dequalit , mme si elles ont une connotation un peu restrictive alors que pour le web, celle-ci peut trequalifie de plus ouverte. Dans sa keynote de juin 2010, ce mme auteur explique que les PC {Maccompris} vont devenir des camions ! , car lutilisation et les fonctionnalits ne sont pas les mmes entre uneapplication sur mobile et une application desktop . De ce fait, on est plus face la consommation delinformation que face la cration de contenu.

    Enfin, les applications sont indniablement plus simples que leur quivalent Web (si utilises en simpleapplication) et dune utilit incontestable. Par ailleurs, ny aurait-il pas intrt packager des sites Web enapplications (HTML5, CSS3 et jQuery) ? Mais cette dmarche est telle une relle solution ? Le mobile va-t-ilaussi dtrner lordinateur ? Autant de questions que lon peut se poser en termes de perspectives