38
TEMPS FORTS Assemblée Générale de l’ONU ____________________________________________________________________________________ p.7 Ban Ki-moon : «Le monde est en droit d’attendre davantage des Nations unies» Mali/Conflit ____________________________________________________ p.5 L’envoi de troupes compliquerait l’acheminement de l’aide L’annonce attendue d’envoi de troupes au nord du Mali suscite la crainte des ONG, qui rencon- trent déjà beaucoup de difficultés à venir en aide aux populations. Tchad/Inondations _________________________________ p.6 Mobilisation en faveur des victi- mes des inondations Pouvoirs publics, anonymes et partenaires in- ternationaux s’activent à secourir les popula- tions sinistrées. Guinée/Economie ________________________________ p.31 La Guinée obtient le statut de PPTE La Guinée a atteint le point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endet- tés (PPTE), ce qui lui confère un allègement d’environ les deux-tiers de sa dette extérieure. CONFLIT EN RD CONGO Des milliers de déplacés hors de portée _____________________________p.2 A chaque communauté son groupe armé _________________________ p.3 Les enfants payent le prix fort _____________________________________________________ p.4 ACTUALITE PAR THEMES Enfance/Niger ________________________________________ p.19 Diminution significative de la mor- talité infantile Le Niger a presque réduit de moitié le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans depuis 1998. Alimentation/Guinée _________________________p.15 Une nouvelle variété de riz pour réduire les importations Dans le sud du pays, des riziculteurs uti- lisent une nouvelle variété de riz, à cycle très court. Société/Rwanda ____________________________________ p.28 Le débat sur la dépénalisation de la prostitution relancé Reconnaître les prostituées permettrait de les sortir de la clandestinité et de lut- ter contre les IST, selon des activistes. Femmes/Sénégal _________________________________ p.25 Des femmes se regroupent pour freiner l’émigration clandestine Un collectif mène des activités généra- trices de revenus et des campagnes pour dissuader les candidats à l’émigration. Energies/Tchad p.35 Le Tchad ambitionne d’électrifier tout son territoire Avec des financements chinois, le gouver- nement tchadien s’attèle à l’électrification de tout le territoire. Démocratisation/Guinée ______________ p.22 Divisions sur la composition de la Commission électorale L’opposition et la société civile ne par- viennent pas à désigner leurs représen- tants au sein de la Commission. Tourisme/RDC _______________________________________ p.33 Des hôtels qui font fuir les clients Devant les prix élevés et le manque de services des hôtels du Sud-Kivu, des cli- ents préfèrent loger au Rwanda voisin. Afrique subsaharienne francophone DEVELOPPEMENT SOCIETE ECONOMIE #5 - Vendredi 28 Septembre 2012 BéninBurkina FasoBurundiCamerounCongo BrazzavilleCongo RDCCôte d’IvoireDjiboutiGabonGuinéeMadagascarMaliMauritanieNigerRépublique Centre-AfricaineRwandaSénégalTchadTogo La Revue Indépendante des Professionnels du Développement Infrastructures _________________________ p.36 Faire de Niamey une ville «coquette» Le Niger a entamé un ambition projet : avec 644 milliards de francs CFA, faire de la capi- tale Niamey, la ville où il fait bon vivre, et dont tous les Nigériens rêvent, à l’horizon 2030. Les fonds arrivent. Les travaux ont commencé. Le Secrétaire général des Nations unies a exhorté les Etats membres à aider “d’urgence” le Sahel, à redoubler d’efforts pour résoudre les crises qui se multiplient dans un monde “troublé”, et à “changer de cap” dans leur utilisation des ressources naturelles.

Le Journal du Développement #5 · Dans le sud du pays, des riziculteurs uti-lisent une nouvelle variété de riz, à cycle très court. Société/Rwanda _____ p.28 Le débat sur

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TEMPS FORTS

Assemblée Générale de l’ONU ____________________________________________________________________________________ p.7

Ban Ki-moon : «Le monde est en droit d’attendre davantage des Nations unies»

Mali/Conflit ____________________________________________________ p.5

L’envoi de troupes compliquerait l’acheminement de l’aideL’annonce attendue d’envoi de troupes au nord du Mali suscite la crainte des ONG, qui rencon-trent déjà beaucoup de difficultés à venir en aide aux populations.

Tchad/Inondations _________________________________ p.6

Mobilisation en faveur des victi-mes des inondations

Pouvoirs publics, anonymes et partenaires in-ternationaux s’activent à secourir les popula-tions sinistrées.

Guinée/Economie ________________________________ p.31

La Guinée obtient le statut de PPTELa Guinée a atteint le point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endet-tés (PPTE), ce qui lui confère un allègement d’environ les deux-tiers de sa dette extérieure.

CONFLIT EN RD CONGODes milliers de déplacés hors de portée _____________________________p.2

A chaque communauté son groupe armé _________________________ p.3

Les enfants payent le prix fort _____________________________________________________ p.4

ACTUALITE PAR THEMESEnfance/Niger ________________________________________ p.19

Diminution significative de la mor-talité infantileLe Niger a presque réduit de moitié le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans depuis 1998.

Alimentation/Guinée _________________________p.15

Une nouvelle variété de riz pour réduire les importationsDans le sud du pays, des riziculteurs uti-lisent une nouvelle variété de riz, à cycle très court.

Société/Rwanda ____________________________________ p.28

Le débat sur la dépénalisation de la prostitution relancéReconnaître les prostituées permettrait de les sortir de la clandestinité et de lut-ter contre les IST, selon des activistes.

Femmes/Sénégal _________________________________ p.25

Des femmes se regroupent pour freiner l’émigration clandestineUn collectif mène des activités généra-trices de revenus et des campagnes pour dissuader les candidats à l’émigration.

Energies/Tchad p.35

Le Tchad ambitionne d’électrifier tout son territoireAvec des financements chinois, le gouver-nement tchadien s’attèle à l’électrification de tout le territoire.

Démocratisation/Guinée ______________ p.22

Divisions sur la composition de la Commission électoraleL’opposition et la société civile ne par-viennent pas à désigner leurs représen-tants au sein de la Commission.

Tourisme/RDC _______________________________________ p.33

Des hôtels qui font fuir les clientsDevant les prix élevés et le manque de services des hôtels du Sud-Kivu, des cli-ents préfèrent loger au Rwanda voisin.

Afriquesubsahariennefrancophone

DEVELOPPEMENT SOCIETE ECONOMIE#5 - Vendredi 28 Septembre 2012#5 - Vendredi 28 Septembre 2012

Bénin•Burkina Faso•Burundi•Cameroun•Congo Brazzaville•Congo RDC•Côte d’Ivoire•Djibouti•Gabon•Guinée•Madagascar•Mali•Mauritanie•Niger•République Centre-Africaine•Rwanda•Sénégal•Tchad•TogoBénin•Burkina Faso•Burundi•Cameroun•Congo Brazzaville•Congo RDC•Côte d’Ivoire•Djibouti•Gabon•Guinée•Madagascar•Mali•Mauritanie•Niger•République Centre-Africaine

La Revue Indépendante des Professionnels du Développement

Infrastructures _________________________ p.36

Faire de Niamey une ville «coquette»Le Niger a entamé un ambition projet : avec 644 milliards de francs CFA, faire de la capi-tale Niamey, la ville où il fait bon vivre, et dont tous les Nigériens rêvent, à l’horizon 2030. Les fonds arrivent. Les travaux ont commencé.

Le Secrétaire général des Nations unies a exhorté les Etats membres à aider “d’urgence” le Sahel, à redoubler d’efforts pour résoudre les crises qui se multiplient dans un monde “troublé”, et à “changer de cap” dans leur utilisation des ressources naturelles.

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2 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

T E M P S F O R T S

Des milliers de déplacés hors de portée

Un convoi de camions du PAM, à Masisi, Nord-Kivu

PAM

RD Congo

Depuis l'arrivée de la saison des plu-ies, bon nombre de routes ne sont plus

praticables et de larges popu-lations sont privées d'aide. Laura Parker du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies cite en exemple un convoi de véhicules envoyés par le PAM dans le territoire de Walikale de la province du Nord-Kivu au début du mois de septembre, qui a mis 11 jours pour parcourir 250 km.

Le PAM a essuyé une série de revers dans ses tentatives de venir en aide aux personnes déplacées à l'intérieur de leur pays (PDI) à Walikale.

“En février, nous avons été avertis que 86.000 nouveaux déplacés avaient besoin d'aide dans le territoire”, raconte Mme Parker. “Nous avions déjà com-mencé à préparer nos camions, mais à cause des conditions de sécurité et des conditions clima-tiques, nous n'avons pas pu les acheminer avant juillet, et les récentes précipitations sont un obstacle important”.

L'agence essaye désormais de trouver d'autres solutions de transport jusqu'à Walikale. Mme Parker a indiqué que le transport aérien pourrait être une solution, mais une solution coûteuse. Le convoi de camions ira jusqu'à Kisangani, à environ 600 km à l'Ouest, et pourra en-suite ravitailler Walikale.

Manque d'aide

Les agences des Nations unies s'inquiètent également de la présence des quelque 129.000 déplacés récemment identifiés qui ont fui les massa-cres dans le territoire de Masisi au cours de ces derniers mois. Le PAM prépare des opérations afin de venir en aide à ce groupe de déplacés très prochainement, selon Mme Parker.

La plupart d'entre eux se sont installés sur des “sites spon-tanés” à Masisi, et non pas dans les camps officiels. Certains de

ces sites sont accessibles en camion depuis la capitale pro-vinciale Goma.

Des déplacés interrogés par les journalistes d'IRIN le 15 septembre à Rubaya, à environ 50 km de Goma, ont indiqué qu'ils n'avaient pas reçu d'aide

depuis leur arrivée le 23 juillet. Bon nombre d'entre eux sem-blaient souffrir de malnutrition et être en mauvaise santé. “Nous vivons comme des oiseaux”, se lamente Charles Matito, un porte-parole des PDI. “Ce sont les habitants de Rubaya qui nous aident, qui nous donnent quelques pommes de terre de temps en temps”.

Des huttes faites de bois et d'herbe étaient en construc-tion dans un champ proche du campement principal. Certains de ces abris étaient recouverts de bâches en plastique récu-pérées par les PDI dans un autre camp à Katoyi, selon M. Matito. Bon nombre des PDI de Rubaya ont quitté ce camp après les attaques et les pillages menés par la milice Raïa Mutomboki en juillet.

Certains des déplacés pas-saient la nuit dans des salles de classe ou dans une église, mais n'avaient pas d'abri pour se pro-téger de la pluie le jour. Devote Nyiranziza, qui est enceinte de six mois au moins, a indiqué qu'elle avait peur d'accoucher dans ces conditions.

Le site spontané de Kibabi se trouve à environ 7 km à l'ouest

de Rubaya. Le 15 septembre, Innocent Bahati, un porte-parole des PDI, a indiqué qu'ils n'avaient ni nourriture, ni abris. Les agences d'aide humanitaire étaient venues sur place, avaient distribué des coupons pour des fournitures d'urgence et

construit huit latrines, mais au-cune autre aide n'a été fournie depuis, a-t-il dit.

IRIN a depuis appris que l'organisation non gouverne-mentale CARE a distribué des produits alimentaires à 3.900 ménages installés dans les camps de Rubaya, de Kibabi et d'un autre site à Kinigi.

Atteindre les sites spontanés

Selon les derniers chiffres disponibles, le PAM fournit une aide alimentaire à 265.000 PDI sur une population totale d'environ 680.000 déplacés dans le Nord-Kivu.

Les distributions de produits alimentaires ont été effectuées en priorité dans les 31 camps de la province qui sont officielle-ment reconnus par le gouverne-ment et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

La plupart des déplacés se trouvent à Rutshuru et Masisi, des zones densément peuplées où les mouvements de popula-tion sont fréquents. Seules deux de ces zones sont situées dans le territoire de Walikale.

Il est plus facile pour les agences d'aide humanitaire de fournir de l'aide aux personnes installées dans les camps of-ficiels, mais bon nombre des personnes récemment dépla-cées se sont rassemblées sur des sites spontanés.

“Il y a de nombreuses ex-plications à cette situation”, explique Mme Parker. “Il peut s'agir de la proximité de leur village d'origine ou de la com-position ethnique du site ou des camps organisés. Fournir de l'aide à ces personnes cons-titue un véritable défi, car elles ne suivent pas les processus d'enregistrement officiels ; il est donc très difficile de se procurer un chiffre exact du nombre de déplacés”.

Christophe Beau du HCR est le coordinateur du Cluster Protection du Nord-Kivu, un réseau humanitaire ; pour lui, bon nombre de PDI se rendent dans les zones qu'ils connais-sent, car ils n'ont pas suffisam-ment d'informations sur les conditions de sécurité dans les camps officiels, dont plusieurs ont été attaqués au cours des derniers mois.

“Il est important que les PDI sachent, et aussi vite que pos-sible, où ils peuvent retrouver la sécurité, et que les autorités sachent où ces conditions de sécurité peuvent être offertes”, a-t-il dit.

Le PAM essaye désormais de trouver un moyen de se rendre dans les sites spontanés. L'état des routes est plus inquiétant que la sécurité, selon un mem-bre du personnel.

Au cours des derniers mois, les travailleurs de l'agence n'ont pas été pris pour cible par les groupes armés: seule une équipe a été retenue pendant quelques heures par l'Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), un groupe armé qui contrôle une partie de l'ouest du territoire de Masisi.

IRIN

Les conditions climatiques et l'insécurité persistante entravent les efforts des agences d'aide humanitaire qui peinent à atteindre les centaines de milliers de personnes déplacées par le conflit armé dans l'est de la République démocratique du Congo.

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3 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

Sud-Kivu : A chaque communauté son groupe armé

ces bandits étrangers et ensuite nous les poursuivrons jusque dans leurs derniers retranche-ments”, hurle, celui que ses hommes appellent Comman-dant Zéro-Zéro.

C’est en avril-mai 2012 que la situation a dégénéré dans la région : massacre du 14 mai, perpétré à Kamananga par les FDLR, qui aurait fait 40 morts, suivi par l’attaque du camp de la Monusco par les Raia Mutomboki qui a fait une dizaine de blessés, dont certains grièvement du côté des Casques bleus.

“Assurer notre survie comme communauté”

“Les FDLR sont nos en-nemis. Dès lors que nos frères hutu avec qui nous avons eu

des bonnes relations depuis toujours, se sont unis à eux avec leur milice Nyatura, nous les traitons comme des FDLR et avons l’obligation historique de nous en débarrasser par tous les moyens”, martèle un notable proche de Raia Mutomboki à Bunyakiri.

“Nos frères batembo ne nous acceptent pas, ils nous traitent comme des ‘moins’ nationaux et veulent toujours nous domi-ner”, constate Sengiyunva Jean, notable hutu, à Lumbishi, dans les hauts-plateaux de Kale-he. “C’est pour protéger nos frères, nos troupeaux, fermes et champs que nous avons pris les armes”, insiste un comman-dant de Nyatura, pantalon de camouflage et bottines noires en caoutchouc, s’appuyant sur (Suite page suivante)

T E M P S F O R T SRD Congo

Bulambika, à 85 km de Bukavu, la capitale du Sud Kivu, en ter-ritoire de Kalehe, un

vendredi soir de septembre, une file d’une centaine d’hommes traverse l’artère principale. Vêtus de raphia, ils portent des peaux d’animaux sauvages et une profusion de gris-gris. Lances, machettes, fusils cali-bre 12 (des armes de chasse) et kalachnikov à la main, ils partent se battre dans les hauts plateaux de Kalehe à près d’une centaine de kilomètres de là. Ce sont des Raia Mutomkobi (Citoyens en colère) prêts à tout pour défendre les leurs contre les FDLR.

Dans la file, on remarque une bonne vingtaine d’enfants âgés de 10 à 16 ans. “Mukubwa, unisaidiye hata na za cigarette”

(Grand-frère, aidez-moi, même avec un petit rien, que je me paye une cigarette), lance un enfant de la même taille que son vieux calibre 12. “Lorsque les ennemis nous attaquent, ils ne font pas de distinction entre enfants et adultes, ils tu-ent même les fœtus”, répond-il à notre question sur son jeune âge, avant de rejoindre, au pas de course et la cigarette à la bouche, ses frères d’armes.

L’un d’entre eux, considé-ré comme dirigeant de cette unité, nous déclare qu’ils vont secourir leurs frères des hauts-plateaux contre les Nyatura (Qui écrasent tout sur leur pas-sage), qu’il qualifie d’éléments étrangers en connivence avec les FDLR. “Notre objectif est de nettoyer tout notre territoire de

sa longue canne, protégé par six gardes dont quatre armés de kalachnikov et deux de mi-traillettes lourdes. “Nous ne sommes pas un mouvement politico-militaire jusque-là, il est juste question d’assurer notre survie comme commu-nauté”, ajoute-t-il.

Trafic d'arme et de minerais

“Nous nous battons avec des armes que nous récupérons auprès de l’ennemi. Notre plus grande arme, c’est notre déter-mination à protéger les nôtres”, affirme-t-il. Un chef d’une localité des hauts-plateaux de Kalehe, sous contrôle des Nyatura, témoigne : “La popu-lation fait des collectes de vivres et parfois d’un peu d’argent pour aider nos frères dans leur combat”.

Pourtant, selon des sour-ces locales, une vaste plaine, aux environs de Numbi, à une cinquantaine de kilomètre de Kalehe-centre, servirait de piste d’atterrissage à de petits avions et hélicoptères autres que ceux de la Monusco. Ils assureraient l’approvisionnement en armes et l’évacuation de minerais exploités dans cette partie du Sud-Kivu, notamment le coltan, l’or, tourmaline, etc.

Plusieurs tentatives de mé-diation entre les deux commu-nautés ont été initiées. Toutes ont accouché d’une souris. Le dernier rendez-vous, organisé à Bukavu en juin dernier, sous l’égide du gouverneur de pro-vince du Sud-Kivu, a regroupé les représentants de ces deux communautés (hutu et batem-bo) et d’autres vivant dans le territoire de Kalehe. De simples déclarations de bonne volonté ont sanctionné ces assises.

“Parmi ceux qui se réunis-sent pour de soi-disant mé-diations pour une cohabitation

pacifique, certains nous sou-tiennent et nous ravitaillent”, reconnait un commandant de Nyatura. “Où pensez-vous que je pourrais trouver ce téléphone ?”, nous demande-t-il, brandis-sant son téléphone satellite encore neuf.

Selon des analystes, des notables, fils et filles du ter-roir, alimenteraient ce conflit. “Nous sommes en parfaite collaboration avec les leaders de notre communauté et nous avons leur appui”, renseigne un commandant de Raia Mu-tomboki de l’axe Kambegeti, à Bunyakiri. Certains craignent une proche récupération politi-cienne de la situation. “A l’allure où vont les choses, ces groupes, aujourd’hui sans véritables structures, ne tarderont pas à s'en doter. De la protection de leurs communautés, comme ils le disent, on assistera à des véritables rébellions visant à prendre part aussi au partage du gâteau, les négociations venues”, craint Jossart, ensei-gnant d’université.

L'armée très critiquée

Les habitants soutiennent chacun leurs groupes armés et manquent de confiance en l’armée et même en la Monusco. “Depuis des dizaines d’années les FDLR occupent nos terres et nous font souffrir. Notre armée est incapable de les chas-ser, devrions-nous continuer à mourir ?”, s’interroge un nota-ble de Kambegeti, à Bunyakiri. Pour ce septuagénaire, tous les fils devraient intégrer les Raia Mutomboki et constituer ainsi des forces de réserve. “Six cen-tres d’initiation (qu’on appelle dans la langue d’ici ‘yando’) sont déjà opérationnels dans ce secteur et nous y allons en grand nombre”, nous informe un jeune, motocycliste de son

Les Nyatura pour les Hutus et les Raia Mutomboki pour les Batembo : dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu, chaque communauté a désormais son groupe armé qui veut en découdre avec l'autre pour assurer sa sécurité. Personne ne compte sur les militaires congolais, souvent jugés corrompus. Reportage.

“Ces groupes, aujourd’hui sans véritables structures, ne tarderont pas à s'en doter. De la protection de leurs communautés, comme ils le disent, on assistera à des véritables rébellions visant à prendre part aussi au partage du gâteau, les négocia-tions venues.”

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4 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

état, qui vient de passer une se-maine dans l’un de ces centres. Il soulève son tricot pour nous montrer un gris-gris attaché à son biceps gauche. Beaucoup d'entre eux croient que ces gris-gris les rendent invulnérables aux balles.

Ici, presque toute la popula-tion, les jeunes en particulier, est dans cette milice. “Je suis un véritable Raia Mutomboki,

le jour où ça barde, je rejoindrai les autres au front. Il faut que certains se battent et d’autres continuent à travailler, sinon, ils mourraient de faim”, nous explique Masumbuko, la ving-taine révolue, tenancier d’une petite boutique dans la cité de Bulambika à Bunyakiri.

L’action de l’armée est très critiquée dans cette contrée. “Ils sont plus commerçants et exploitants miniers que mili-taires, s’insurge un activiste de la société civile. “Pour les

Sud-Kivu(Suite de la page précédente)

T E M P S F O R T S

“Les enfants sont pris dans les i m p o r t a n t s mouvements

de population signalés dans l’est de la RDC alors que des familles entières fuient des conflits multiples. Nos hôpitaux ont opéré des enfants bles-sés dans des échanges de tirs. Certains enfants emmenés à l’hôpital tardivement sont at-teints de paludisme grave, de malnutrition et d’infections respiratoires”, témoigne Jan-Peter Stellema, responsable des opérations pour Médecins sans Frontières (MSF).

“Bon nombre [des dépla-cés] se cachent dans les forêts impaludées à l’intérieur des terres pendant des jours ou des semaines : ils ne reçoivent pas de soins médicaux et sont difficiles à atteindre. D’autres sont accueillis par des familles congolaises, souvent des per-sonnes qu’ils ne connaissent pas, mais qui partagent leur nourriture et leur logement avec les personnes en fuite”, poursuit-il.

L’insécurité a entraîné une interruption de la fourniture de soins de santé organisée par MSF, et les cliniques mobiles de certaines organisations ont été fermées, ajoute M. Stellema. “Les membres de notre person-nel national qui ne se sentaient pas en sécurité ont fini par partir ; dans certaines zones,

les projets sont portés par des équipes réduites”.

Des enfants sont également confrontés au risque de recrute-ment forcé par les groupes insurgés installés dans le Nord-Kivu, y compris le M23 – un

groupe composé d’anciens sol-dats de l’armée nationale de la RDC (FARDC) qui se sont mutinés en avril – et des mi-lices étrangères et congolaises, comme les milices Maï Maï et les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).

Dans une déclaration datée du 19 septembre, une coalition d’ONG présentes en RDC ont indiqué: “Les enfants sont non seulement directement exposés au risque réel de recrutement

et de re-recrutement, mais leur vulnérabilité est également aggravée par la diminution des activités des organisations chargées de la protection des enfants qui souffrent de la situ-ation sécuritaire”.

La déclaration a souligné que le redéploiement des FARDC visant à contenir le M23 a “donné toute latitude” aux milices d’auto-défense et aux groupes armés pour utiliser les enfants.

Retour de l’insécurité au Sud-Kivu

Dans la province du Sud-Kivu, l’enseignement a été sus-pendu, car des dizaines de salles de classe ont été détruites. Cer-

taines écoles sont surchargées en raison de l’arrivée d’enfants déplacés, ou hébergent tem-porairement des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI), selon un rapport d’OCHA.

Dans la région des Hauts Plateaux de Kalehe, située au nord du Sud-Kivu, les affronte-ments sont fréquents entre les groupes armés qui incendient les maisons et pillent les habi-tants, ajoute OCHA. Fin août, au moins 500 ménages ont fui la région de Kitopo à la suite des combats entre les FDLR et la milice des Raïa Mutomboki.

“Les populations civiles sont confrontées à un niveau de vio-lence armée élevé et sans précé-dent en raison du militantisme renouvelé des groupes armés dans la province”, a indiqué Florent Mehaule, Chef d’OCHA dans la province du Sud-Kivu.

“Le caractère explosif de la situation sécuritaire entraîne un rétrécissement de l’espace humanitaire, empêchant les tra-vailleurs humanitaires d’aider plus de 15.000 personnes dans le besoin”.

Dans la seule province du Sud-Kivu, plus de 374.000 per-sonnes ont été déplacées entre janvier et août, provoquant une augmentation des besoins de produits alimentaires, de produits non alimentaires, d’eau et d’hygiène, a souligné M. Mehaule. IRIN

Les enfants payent le prix fort du conflitRD Congo

Les enfants vivant dans les provinces du Kivu, sont non seulement pris entre les violences qui se poursuivent dans la région, mais sont également confrontés aux risques sanitaires, au recrutement forcé dans des milices locales et étrangères, et à l’interruption de leur scolarité, indiquent des responsables.

minerais, ils sont prêts à tout. Ils vendent même leurs armes et munitions en échange d’or, de cassitérite ou de coltan”, s’indigne-t-il.

“Certains officiers transigent avec les FDLR, notamment, et aident ces derniers à évacuer leurs matières premières vers les villes”, révèle un lieute-nant Fardc. “Le business avant tout, la guerre c’est une affaire de politiciens, ce sont eux qui l’initient et l’entretiennent”, avoue-t-il.

“Nous n ’avons pas de problèmes avec les FARDC”, explique un Raia Mutomboki en tenue traditionnelle, Kalach-nikov à l’épaule, au marché de Bunyakiri, serrant la main à un militaire FARDC.

Les res-ponsables militaires classent pourtant ce groupe armé et tous les autres de la ré-gion dans la catégorie de “forces négatives” à démanteler...

Jean Chrysostome Kijana, Syfia

ON

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5 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

T E M P S F O R T S

Bien avant le début de la rébellion dans le nord du Mali en janvier et le coup

d'État à Bamako en mars, les faibles précipitations de 2011 avaient déclenché des alertes annonçant l'imminence d'une crise alimentaire au Mali. Si les précipitations ont été plus abondantes cette année, les avertissements concernant l'insécurité alimentaire et la malnutrition demeurent in-quiétants, surtout dans le nord du pays.

“Nous sommes confrontés à une grave crise alimentaire, humanitaire et sécuritaire”, insiste le président de la Croix-Rouge malienne Abdourah-mane Cissé. “Beaucoup a été fait, mais ce n'est pas suffisant. Des promesses ont été faites, mais combien d'entre elles ont été tenues ? Les gens sont frustrés.”

Les opérations de secours qui sont en cours dans le nord

du pays se déroulent dans un contexte de spéculation concer-nant une éventuelle interven-tion militaire. Il se peut en effet que les troupes de la Commu-nauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) viennent prêter main-forte à une armée malienne rajeunie afin de s'attaquer aux différents mouvements islamiques qui contrôlent Gao, Tombouctou et Kidal.

Les organisations de secours évoquent le besoin d'examiner différents scénarios et Oxfam émet la mise en garde suivante: “Toute action militaire doit être soigneusement planifiée afin de ne pas provoquer de nouvelles souffrances pour les

Mali : L'envoi de troupes compliquerait l'acheminement de l'aide

civils maliens.” Pour le moment toutefois, la priorité demeure la distribution de vivres et la fourniture de soins médicaux. La résilience de la population malienne a été ébranlée par les vagues de déplacements, les graves pénuries de nourriture et les traumatismes et les incerti-tudes d'un pays profondément divisé.

Difficultés d'accès aux communautés

Selon Médecins du Monde (MDM), qui est active dans le nord du pays depuis plus de dix ans et compte maintenant 250 employés répartis dans plus de 20 établissements, incluant l'hôpital de Kidal, les ONG doivent aller au-delà des villes et villages principaux et se rendre dans les communautés plus vulnérables situées dans les régions éloignées.

“Les ONG qui ont repris leurs opérations mobiles sont

rares. C'est pourtant ce genre d'opération dont on a besoin pour venir en aide aux plus vulnérables”, constate Olivier Vandecasteele, directeur des opérations de MDM au Mali.

La campagne massive de vaccination menée au début du mois par MDM dans la région de Kidal, qui s'est aussi accompagnée d'une opéra-tion de dépistage et de soutien nutritionnels, représente un changement d'orientation en faveur des populations vivant à l'extérieur des villes et n'ayant pas accès à des centres de santé établis, selon M. Vandecasteele. Une seconde campagne de vac-cination et de dépistage nutri-tionnel devrait bientôt débuter

dans la région de Ménaka, près de Gao.

Action Contre la Faim (ACF) a indiqué que la situ-ation sécuritaire avait limité ses opérations de dépistage et de traitement nutritionnels aux hôpitaux et aux centres de santé de la région de Gao, et qu'elle se sentait seulement capable de poursuivre ses pro-jets de travail communautaire dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, selon Abdias Ogobara Dougnon, le directeur du programme de nutrition d'ACF à Bamako.

Plusieurs ONG et agences des Nations unies, et notam-ment le Programme alimentaire mondial (PAM), ont considé-rablement réduit leurs inter-ventions dans le nord du pays depuis que les rebelles ont pris le contrôle de la région.

Le PAM a réussi à distribuer des vivres à 148.000 personnes au cours des derniers mois et prévoit d'intensifier de nouveau ses opérations.

Selon M. Cissé, de la Croix-Rouge, la situation sanitaire et nutritionnelle est beaucoup plus critique dans les cen-tres de santé communautaires (CESCOM), qui sont dispersés dans les régions souvent inac-cessibles du nord, que dans les hôpitaux situés dans les centres des villes. “Le CESCOM est la seule option pour la plupart des gens”, souligne-t-il. “Mais il y a une pénurie de personnel médi-cal dans ces établissements.”

Des taux de malnutrition multipliés par deux

Il ajoute qu'il est impossible d'avoir une idée précise du nombre de personnes décédées pendant la crise en raison des difficultés d'accès aux régions isolées.

Les indices de santé sont alarmants. Selon une récente étude réalisée par MDM à

Kidal, les taux de malnutrition aiguë globale atteignent 13%, même dans les communautés d'éleveurs nomades, qui sont généralement plus résistantes. C'est plus du double du chiffre de 2011-2012. “C'est quelque chose que nous n'avions jamais vu auparavant”, témoigne M. Vandecasteele. “La combinai-son malnutrition-paludisme est souvent mortelle, en particulier chez les enfants”.

Selon les estimations des Nations unies, 4,6 millions de Maliens, dont 1,6 million dans le nord, sont toujours à risque d'insécurité alimentaire. M. Cissé répète les avertissements formulés par d'autres respon-sables d'organisations au sujet des pénuries chroniques d'aide alimentaire dans le nord du pays. “Nous devons donner plus de vivres aux habitants : du riz, du sucre, de l'huile.”

Négocier avec les rebelles

Malgré un dialogue per-manent avec les leaders des principaux mouvements isla-miques dans le nord - Ansar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) -, M. Cissé a laissé entendre que l'accès et les activités de la Croix-Rouge étaient compromis par l'hostilité envers son insigne. “Nous n'avions jamais eu ce problème auparavant au Mali, mais les islamistes n'aiment pas la croix : ils la considèrent comme un symbole chrétien.”

Il ajoute que les organisa-tions du Croissant-Rouge du Qatar et de l'Algérie ont été beaucoup mieux accueillies.

De son côté, M. Vande-casteele rapporte que son or-ganisation a toujours pu aller là où elle le souhaitait et que la circulation de ses camions d'approvisionnement n'a ja-mais été entravée.

IRIN

Les organisations humanitaires rencontrent déjà beaucoup de difficultés à venir en aide aux populations du nord du Mali, sujettes à l’insécurité alimentaire. L’annonce attendue d’envoi de troupes pour mettre fin au conflit suscite la crainte chez les ONG.

“Toute action militaire doit être soigneusement planifiée afin de ne pas provoquer de nouvelles souffrances pour les civils maliens.”

Mali

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6 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

Après une tournée dans les dix arrondissements de la capitale, le 13 sep-

tembre, le maire de N’Djamena Djimet Ibet a comptabilisé 18 décès, 64 blessés et plus de 6.000 maisons écroulées et inondées des suites des inon-dations.

Au plan national, 17 ré-gions ont été touchées, avec 542.123 personnes affectées, des dizaines de milliers de maisons détruites et 255.719 hectares de cultures inondés, ainsi que des écoles, des centres de santé, des routes, des ponts et des digues détruits, selon les estimations officielles rendues publique au début du mois.

Dans beaucoup de localités où l’eau a tout envahi, des équipes de secours se sont dé-placées en pirogue motorisée pour acheminer du matériel de première nécessité aux sinis-trés: du savon, de l’eau de javel,

des moustiquaires, du chlore, des bâches en plastique, des pulvérisateurs, des sachets de purification d’eau, etc.

Sur instruction du président Déby Itno, le gouvernement a débloqué un milliard F CFA pour voler au secours des sinis-trés sur l’ensemble du territoire national. Sur cette enveloppe, 250 millions F CFA ont été remis aux communes les plus touchées de la capitale.

Les autorités municipales de la capitale ont pris l’ initia-tive d’organiser une opération dénommée “coup de coeur” en faveur des sinistrés. L’opération a été lancée jeudi 20 septembre sous le parrainage de Mme Hin-da Déby Itno. La Première dame du Tchad a montré l’exemple en remettant 1.000 nattes et 500 couvertures.

D’autres personnalités et des anonymes l’ont suivie. À chaque donateur est remis un reçu

Tchad : Mobilisation en faveur des victimes

portant le sceau de la mairie, ce qui lui permet ainsi de contrôler l’effectivité du transfert sur le compte de la commune. Au total, plus de 59 millions F CFA ont été collectés ce jour-là.

Opération “coup de coeur”

L’opération “coup de coeur” s’est poursuivi à l’hôtel de ville jusqu’au 27 septembre 2012. Les dons pouvaient être faits en espèces, en chèque ou en nature.

“Il est des moments qui ras-semblent parfois les hommes de toutes les couches sociales, les appelant ainsi à la soli-darité nationale. La quantité de l’assistance importe peu, mais le geste console et réconforte”, a déclaré le Premier ministre, Emmanuel Nadingar.

La Première dame a invité tous les fils et toutes les filles

des régions touchées par les inondations à poser cet acte citoyen: celui de s’organiser au niveau local pour assister leurs parents victimes de cette calamité. Elle a également appelé les promoteurs des secteurs publics et privés et les partenaires au développement à apporter leur concours aux sinistrés.

La Chine, par le biais de 19 entreprises chinoises présentes dans le pays, a remis vendredi 21 septembre un chèque de 51 millions F CFA au gouverne-ment tchadien.

Mi-septembre, des agences des Nations unies (dont UNI-CEF, PAM, OMS et OCHA), ont mené une mission commune dans trois des régions inondées. Un rapport devait être transmis au siège des Nations unies pour une intervention rapide en faveur des sinistrés.

Xinhua

Niger: 88 morts et 500.000 sinistrés

T E M P S F O R T S

Le débordement du fleuve Niger et de ses affluents a provoqué dans les communes de Malanville et de Karimama, au nord

du Bénin, la mort de quatre personnes dont trois enfants et un adolescent, et de nombreux dégâts matériels, a annoncé samedi 22 septembre la ministre béninoise de la Famille, des Affaires So-ciales, de la Solidarité nationale, des Handicapés et des Personnes du Troisième Age, Mme Fatouma Amadou Djibril.

Les eaux ont ravagé plus de 10.000 hectares de cultures vi-vrières, notamment 7.000 hectares de rizières, 3.025 hectares de

Le dernier bilan des inondations au Niger fait état de 88 morts et plus de 500.000 sinistrés, a indiqué la présidente du Comité

technique chargé de la gestion des inondations et Conseillère spéciale du Premier ministre pour les Affaires humanitaires et sociales, Saadatou Malan Barmou, citant des chiffres du 15 sep-tembre.

Dans un entretien avec l'hebdomadaire gouvernemental Sahel Dimanche, Mme Saadatou a indiqué que “d'importants dégâts sont enregistrés sur les structures socio-économiques de base et autres biens essentiels à la survie des populations. Il en est ainsi des champs de cultures, des rizières, des points d'eau, des écoles, des centres de santé, des routes, des ponts et des digues”.

Selon elle, toutes les huit régions du Niger sont touchées par les inondations avec une très grande ampleur dans celles de Tillabéry, Dosso et Niamey.

S'agissant de la prise en charge des sinistrés, grâce à la solidarité nationale et la coopération internationale, les besoins en vivres sont couverts avec pour 45 jours, a-t-elle ajouté.

Inondations

Les pluies, très abondantes cette année au Tchad, ont causé d’énormes dégâts humains et matériels dans plusieurs localités du pays. Pouvoirs publics, anonymes et partenaires internationaux s’activent à secourir les populations sinistrées.

Bénin: 4 morts, 10.000 sinistrés

Paris aide les écoles sénégalaisesLa France va engager 150.000 euros pour “contribuer à la re-

mise en état de salles de classes, alors que la rentrée scolaire approche”, a indiqué mercredi 26 septembre un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères.

maïs, 1.154 hectares de sorgho, 512,25 hectares de petit mil et plus de 62 hectares de cultures maraîchères, a-t-elle déploré, précisant que plus de 2.000 habitations se sont effondrées créant ainsi plus de 10.000 sans-abris.

Face à l'ampleur des dégâts matériels et humains, a-t-elle expliqué, le gouvernement a distribué des nattes, des feuilles de tôle, du ciment et du maïs.

Directeur de la Publication: Sébastien DransLe Journal du Développement est publié par l’association Information et Développement (I&D)1, rue des Mésanges22 170 Plerneuf - FranceE-mail: editions@lejournaldudeveloppement.comwww.lejournaldudeveloppement.com

Le Journal du Développement est un hebdomadaire électronique à destination des professionnels de l’humanitaire, de la coopération et de l’économie en Afrique subsaharienne.

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7 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

Ban Ki-moon : "Le monde est en droit d'attendre davantage des Nations unies"

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a rappelé mardi 25 septembre dans son

allocution d’ouverture du débat général de la 67ème session de l’Assemblée générale, que le monde fait face à d’immenses défis pour garantir son avenir alors que de précieuses res-sources qui devraient servir au développement économique et à l’atténuation des changements climatiques sont gaspillées dans des armes meurtrières.

“Cette année, je lance un appel urgent face à la direction prise par la famille humaine. Nous nous trouvons dans une époque troublée faite de trans-formations et de transitions, une époque où le temps n’est pas de notre côté”, a souligné M. Ban.

“Notre usage des ressources pousse la planète à la limite de ce qu’elle peut supporter. Pour certains écosystèmes, cette limite est sur le point d’être atteinte. Selon les meilleurs scientifiques du monde, nous devons changer de cap avant qu’il ne soit trop tard”, a-t-il ajouté.

De nombreux chefs d’États et de gouvernement sont à New York cette semaine pour le débat général qui se poursuivra jusqu’au 1er octobre.

M. Ban a salué d’importants progrès, notamment dans le domaine de la lutte contre l’extrême pauvreté, qui a été réduite de moitié depuis 2000, les transitions démocratiques en cours au Moyen Orient, au Myanmar et dans plusieurs au-tres pays du monde. En outre, s’est-il encore félicité, l’Afrique connaît actuellement la crois-sance la plus rapide au monde et l’Asie et l’Amérique du Sud font des avancées considérables en ce sens.

“Cependant, nous devons repousser nos ambitions. Nous devons attendre davantage

de chacun d’entre nous et le monde est en droit d’attendre davantage des Nations unies”, a indiqué le secrétaire général.

M. Ban a rappelé qu’il reste à peine trois ans jusqu’à la date-butoir que les États membres se sont fixés pour la réalisation des

Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). “Nous devons redoubler d’efforts pour éliminer la misère. La crise économique ne peut servir d’excuse pour revenir sur des engagements qui concernent les besoins fondamentaux de tous”, a-t-il plaidé.

“Cela étant, même si nous atteignons les OMD, il restera beaucoup à faire. La Conférence

Rio +20 a ouvert la voie, notam-ment à l’adoption d’un ensem-ble d’objectifs de développe-ment durable post-2015”.

Évoquant la Syrie, où plus de 18.000 personnes ont été tuées depuis le début de la crise il y a 18 mois et près de 2,5 millions

de Syriens ont urgemment be-soin d’une aide humanitaire, M. Ban a déploré une détérioration de la situation “de jour en jour” et la menace qu’elle représente pour la stabilité du Moyen-Orient.

“La communauté inter-nationale ne devrait pas se détourner d’une violence in-contrôlable”, a-t-il lancé, enjoi-gnant les membres du Conseil de sécurité et les pays voisins de la Syrie à soutenir les efforts du représentant spécial de l’ONU et de la Ligue des États arabes, Lakhdar Brahimi, pour trouver une solution pacifique et négo-ciée au conflit.

“Des violations brutales des droits de l’homme continuent d’être commises, en premier lieu par le gouvernement, mais également par des groupes d’opposition. De tels crimes ne peuvent rester impunis. Il n’y a pas de prescription pour une telle violence”, a rappelé M. Ban.

Quant au conflit israélo-pal-estinien, le secrétaire général a souligné que le peuple pales-tinien doit pouvoir réaliser son droit à un État viable après des décennies d’occupation sévère et de restrictions humiliantes.

“Le peuple israélien doit pouvoir vivre en paix et en sécurité, sans avoir à craindre des menaces. La solution des deux États est la seule solution viable”, a insisté le secrétaire général, faisant référence au plan de paix de la communauté internationale qui prévoit un État israélien et un État pales-tinien coexistant en paix et en sécurité.

“Cependant cette option devient de plus en plus difficile à envisager. L’expansion con-tinue des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés sape considérablement les efforts en faveur de la paix. Nous devons absolument sortir de cette impasse dangereuse”, a-t-il souligné en conclusion.

Agence Chine Nouvelle

T E M P S F O R T S

ON

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Ban Ki-moon, lors de son discours d’ouverture de la 67ème Assemblée générale de l’ONU, mardi 25 septembre

Le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, dans son discours d’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU, a exhorté les Etats membres à redoubler d’efforts pour résoudre les crises qui se multiplient dans un monde “troublé”, et à “changer de cap” dans leur utilisation des ressources naturelles.

AG de L’ONU

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8 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

ON

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T E M P S F O R T SAG de L’ONU

À l'occasion du débat gé-néral de l'Assemblée gé-nérale des Nations unies,

le président du Bénin, Boni Yayi, qui occupe également la présidence tournante de l'Union africaine, a déclaré mardi 25 septembre que le continent africain était confronté à de nombreux défis qu'il ne peut, à lui seul, relever. Il a également souhaité que l'Afrique trouve un siège à sa mesure au sein d'un Conseil de sécurité réformé.

“Nous espérons que l'atten-tion plus importante accordée, depuis la dernière session, par l'Assemblée générale à l'épineuse question des conflits et de leurs règlements par des moyens pacifiques, permettra d'aider l'Afrique à trouver les solutions appropriées, afin de lui permettre de consacrer ses ressources et ses énergies au développement durable de ses États et au bien-être de ses po-pulations”, a déclaré M. Yayi.

Les contraintes majeures au développement et au progrès social de l'Afrique sont, selon le président béninois, la circula-tion illicite et massive des armes légères et de petit calibre, la recrudescence des actes terror-istes dans le Sahel, les activités

Le président béninois demande davantage d'aide et de considération pour l'Afrique

liées à la criminalité transna-tionale, la piraterie et les vols à main armée, la persistance du

chômage, la malnutrition chro-nique dans de nombreux pays, la dégradation et l'érosion des sols, la récurrence des catastro-phes naturelles et la mauvaise gouvernance dans les relations économiques internationales.

M. Yayi a tout de même trou-vé des raisons de se réjouir en évoquant les différents scrutins qui ont eu lieu dans plusieurs États africains en 2011 et 2012.

Il a aussi évoqué la diligence dont a su faire preuve la Com-munauté économique des États

d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), appuyées par l'Union africaine, “pour régler les graves crises sécuritaires et institutionnelles intervenues notamment au Mali et en Guinée-Bissau”.

Le président du Bénin a noté les efforts entrepris par les pays de la région des Grands Lacs, en vue de mettre fin rapidement aux combats dans l'est de la République démocratique du

Congo (RDC). Enfin, il a salué le peuple somalien pour sa ca-pacité de résilience qu'illustre l'élection du nouveau président, Hassan Cheick Mohamoud.

M. Yayi est revenu sur les autres difficultés en évoquant la propagation des idéologies fon-damentalistes et les agissements des tenants de ces idéologies. À ses yeux, tout cela témoigne des crises qui secouent également le système de gouvernance mon-diale. C'est ainsi qu'il a souhaité l'aboutissement de la réforme du Conseil de sécurité pour en faire un organe inclusif “où aura été réparée l'injustice historique faite à l'Afrique”.

Selon M. Yayi, 80% des ques-tions débattues par le Con-seil concernent des dossiers africains. Ces réformes doivent être complétées par un dis-positif offrant à la jeunesse et aux femmes l'opportunité de s'impliquer davantage dans la vie des Nations unies.

Le président a enfin mis en garde contre le fait que les soulèvements en Afrique du Nord et les crises et conflits dans plusieurs États avaient impacté la faible croissance économique du continent en 2011.

Xinhua

Boni Yayi, lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, mardi 25 septembre

Le Gabon souhaite briguer un nouveau mandat au Conseil de sécurité des Nations unies

Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a annoncé, au cours de son allocution à l’Assemblée générale des Nations unies, son souhait de voir le Gabon briguer un quatrième

mandat en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies dès janvier 2013, selon un communiqué officiel du gouvernement gabonais.

“Le Gabon est une voix africaine qui compte et doit compter beaucoup plus dans le futur. Nous sommes acteurs sur la scène diplomatique internationale. Notre mission doit continuer”, a an-noncé le chef de l’Etat gabonais.

Le président a dit souhaiter “rendre plus équitables et plus démocratiques la gouvernance et les institutions globales”, avec une plus juste représentation de l’Afrique au sein d’un Conseil de sécurité réformé.

Le chef de l’Etat gabonais a par ailleurs appelé à améliorer le dialogue et la coopération entre les Etats pour lutter plus efficace-ment contre la criminalité transnationale, et à mobiliser davantage de ressources en faveur des Etats en sortie de crise.Xi

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T E M P S F O R T S

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Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a apppelé lundi 24 septem-

bre à davantage d'engagements visant à réaliser l'accès univer-sel à l'énergie renouvelable, en annonçant la nomination d'une nouvelle direction pour l'initiative Energie renouvelable pour tous.

“L'accès universel à l'énergie renouvelable pour tous pourrait être l'opportunité majeure du XXIe siècle”, a déclaré M. Ban dans son discours à une réunion de haut niveau, en marge de l'Assemblé générale de l'ONU, et au cours de laquelle la nomi-nation de Kandeh Yumkella en tant que chef exécutif de l'initiative a été confirmée.

M. Yumkella occupe actuel-lement le poste de directeur gé-néral de l'Organisation des Na-tions Unies pour le développe-ment industriel (ONUDI).

“L'énergie renouvelable est l'élément qui établit un lien

L'accès universel à l'énergie renouvelable: "Une opportunité majeure du XXIe siècle"

AG de L’ONU

entre croissance économique, égalité sociale, respect de l'environnement et lutte contre les changements climatiques. L'initiative mobilise gouverne-ments, secteur privé et société civile dans le cadre d'un parte-nariat capable de créer des ré-sultats”, a expliqué M. Ban.

L'initiative a pour objectifs d'assurer un accès universel à l'énergie renouvelable et de multiplier par deux l'efficacité énergétique mondiale ainsi que la proportion de l'énergie renouvelable dans le mélange énergétique global.

“Je me félicite que Dr. Yum-kella et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, aient accepté de prendre la direction de cette initiative importante. Le développement durable est une priorité pour les Nations unies et la Banque mondiale, et je salue notre proche collabora-tion. Des partenariats entre plusieurs parties prenantes

comme celui-ci indiquent la voie à suivre pour surmonter les défis du monde”, a affirmé M. Ban.

“Nous continuerons de tra-vailler avec l'ensemble des parties prenantes pour réaliser l'accès universel à l'énergie re-nouvelable et traduire les ob-

Kandeh Yumkella, nouveau Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’énergie renouvelable pour tous

jectifs en actions réelles sur le terrain. Des actions capables de transformer des vies, des communautés, des économies et l'environnement”, a assuré le nouveau Représentant pour l’initiative énergie renouvelable pour tous, Kandeh Yumkella.

Xinhua

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé mer-credi 26 septembre à un soutien international urgent pour la région du Sahel, où la crise alimentaire empire.

“La région se trouve à un carrefour critique”, a déclaré le secrétaire général lors d'une réunion sur le Sahel, organisée en marge du débat annuel de l'ONU à New York.

“Les troubles politiques, les conditions climatiques extrêmes et les économies fragiles sont combinés pour créer une tempête parfaite de vulnérabilité”, a-t-il déclaré, ajoutant que le peuple et les gouvernements de la région nécessitent “un soutien inter-national urgent”.

D'après M. Ban, il existe une augmentation particulièrement troublante de l'extrémisme, et les violations des droits de l'homme sont répandues. Le trafic humain est en hausse, tout comme le trafic de drogues et d'armes.

Le développement est menacé, a-t-il poursuivi, citant les chocs

environnementaux tels que les inondations, les sécheresses et les nuées de sauterelles, combinés à la volatilité des prix mondiaux de la nourriture.

“Cette année seulement, une crise alimentaire et nutrition-nelle a affecté plus de 18 millions de personnes et 1,1 million d'enfants sont menacés de malnutrition aigue sévère”, selon le chef de l'ONU.

Il a fait savoir que l'ONU développait actuellement une Stra-tégie régionale intégrée sur le Sahel qui renforcera les capacités régionales pour combattre l'insécurité, empêcher et répondre aux crises de grande ampleur et promouvoir la gouvernance démocratique et le respect des droits de l'homme.

La stratégie aidera les pays du Sahel à endiguer la menace ter-roriste, combattre le crime organisé et contrôler la prolifération d'armes, a-t-il dit.

Xinhua

Ban appelle à soutenir d'urgence le Sahel

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10 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

I N I T I A T I V E S

A l’appel de son nom, Rékia Djibo, 42 ans, se détache du groupe de

femmes rassemblées devant une classe d’école, dans une localité du Niger, avance d’un pas rassuré vers la salle pour retirer 32.500 francs CFA (en-viron 61 dollars) offerts par le Programme alimentaire mon-dial (PAM).

Djibo fait partie de la liste des bénéficiaires établie par le PAM pour le “cash transfert” dans le quartier Toula, dans la périphérie de Tillabéri, une ville du sud-ouest du Niger, un pays sahélien d’Afrique de l’ouest, dont plusieurs régions sont menacées par la famine.

“C’est le troisième transfert d’argent que nous recevons; avec cette somme qu’on vient de me remettre et qui revient à toute ma famille, nous allons d’abord faire nos provisions de vivres et de condiments pour mener les travaux champêtres en toute quiétude”, déclare Djibo.

Première épouse d’un foyer polygame de six enfants, Djibo a été choisie pour recevoir le transfert, “mais c’est en con-certation avec mon mari et ma coépouse que nous ciblons les dépenses prioritaires, ce qui fait qu’il n’y a aucun problème par rapport la gestion de l’argent”, affirme-t-elle.

Zalika Hado, 39 ans, mère de deux enfants, figure aussi parmi les bénéficiaires du “cash transfert” du quartier Toula. “Dès que nous recevons cet argent, la priorité, c’est l’achat

de nourriture pour laquelle il est d’ailleurs destiné; mainte-nant, s’il reste quelque chose, on achète certains produits de première nécessité comme le savon, le sucre et des ha-bits pour les enfants”, indique Hado.

“Dans la commune urbaine de Tillabéri, 1.436 ménages sont touchés par ce transfert monétaire par le biais du télé-phone mobile”, selon Oumarou Harouna, technicien du PAM chargé de la supervision de l’opération sur le terrain.

Le transfert monétaire est un programme initié par le bureau du PAM à Niamey, la

capitale du Nigér, pour soute-nir le plan d’urgence élaboré par le gouvernement nigérien en vue de juguler la grave crise alimentaire consécutive à la mauvaise campagne agricole 2010-2011. Elle s’était sol-dée par un déficit céréalier de quelque 610.000 tonnes de céréales sèches, d’après le Dispositif national de préven-tion et de gestion des crises alimentaires.

“L’opération a débuté en mai dernier pour se poursuivre jusqu’en septembre prochain

et consiste à transférer, sans aucune conditionnalité, à la fin de chaque mois, la somme de 32.500 FCFA à des familles ni-gériennes très pauvres afin que celles-ci puissent acheter de la nourriture sur les marchés lo-caux”, explique Giorgi Dolidze, responsable du programme “cash transfert” au PAM, à Niamey.

“Traditionnellement, le PAM fournit des vivres, mais nous avons décidé de diversi-fier notre mode d’intervention, en donnant directement de l’argent dans les zones où les marchés fonctionnent bien pour permettre aux bénéfici-

aires d’acheter eux-mêmes ce qu’ils veulent manger”, ajoute Dolidze.

Pour la mise en œuvre de l’initiative, le PAM travaille en partenariat avec des organisa-tions non gouvernementales (ONG) internationales et lo-cales, des institutions de micro-finance et une compagnie de téléphonie mobile, indique Midou Bawa Youssifi, un agent du PAM.

“Nous sommes une agence d’exécution et à ce titre, nous établissons les listes des béné-

Au Niger, le PAM transfère de l'argent aux démunis par le téléphone portable

ficiaires qui sont identifiés par un comité local dans les zones couvertes par l’opération. Nous sensibilisons aussi les bénéfi-ciaires sur l’usage de l’argent et supervisons l’opération de distribution à chaque fin de mois”, explique Illo Mamou-dou, un agent d’Oxfam, l’ONG partenaire dans la commune urbaine de Tillabéri.

“Sur les 36 départements du pays, nous distribuons l’argent dans 21 départements, au niveau de 84 communes dont trois urbaines - Agadez, Tahoua et Tillabéri - où nous utilisons la téléphonie mobile pour le transfert. Mais dans les com-munes rurales, c’est avec les institutions de micro-finance que nous travaillons pour faire acheminer l’argent aux bénéfi-ciaires”, souligne Youssifi.

“L’opération touche 158.000 ménages totalisant quelque 1.166.000 personnes, à qui nous distribuons à chaque fin de mois la somme de 5.136.432.500 FCFA (environ 9,7 millions de dollars)”, ajoute-t-il.

Selon Dolidze, 99% des per-sonnes qui reçoivent l’argent pour le compte des ménages sont des femmes, et “une étude post-distribution que nous avons effectuée a relevé que jusqu’à 95% de l’argent est ef-fectivement consacré à l’achat de nourriture”, souligne-t-il.

“Cet argent que le PAM nous distribue est une véritable bouf-fée d’oxygène. Lorsqu’il arrive, c’est la joie dans nos familles qui trouvent à manger et même à régler d’autres petits besoins”, témoigne Hassana Alzouma, 47 ans, une bénéficiaire du quartier Toula et mère de six enfants.

“C’est une manne tombée du ciel: avec l’argent que je viens de recevoir, je vais de ce pas au marché pour acheter du maïs, du mil et des condiments car nos provisions sont épuisées depuis plusieurs jours”, ren-chérit Djoumassi Ali, une autre bénéficiaire du transfert.

Ousseini Issa, IPS

“Nous avons décidé de diversifier notre mode d’intervention, en donnant directement de l’argent dans les zones où les marchés fonctionnent bien pour permettre aux bénéficiaires d’acheter eux-mêmes ce qu’ils veulent manger”

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11 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

L I V R E S

Vous relatez dans votre livre les difficultés que rencontre un chef de projet à l’ONU au Congo RDC qui tente de faire de son mieux malgré la bureaucratie, notamment dans l’acquisition d’un nombre très important de médicaments. Dans votre livre, décrivez-vous davantage les lourdeurs de l’ONU ou plutôt celles de la coopération et des grandes agences en général ?

Dire que l’ONU est une bu-reaucratie est un pléonasme. Mais dire que c’est la seule se-rait un mensonge. Etant tout de même et avant tout favorable au mandat des Nations unies - qui

peut se targuer d’être contre la Charte qui veut garantir la paix, l’accès à l’éducation et à la santé pour tous, entre autres ? - on se permet dans cette pièce, issue du roman “Onu soit qui mal y pense”, de se moquer des inepties de cette nébuleuse, en effet.

Quels sont, selon vous, les plus gros handicaps que ces agences rencontrent aujourd’hui ? Que faudrait-il pour que l’ONU soit plus efficace, plus en phase avec la réalité du terrain, ses besoins et ses urgences ?

Je pense que les agences de l’ONU n’ont en fait pas les moyens de leurs ambitions. Quand on sait que le budget de l’OMS est à peu près le même que celui de l’hôpital cantonal de Genève, on peut se poser des questions. L’ONU, c’est aussi et avant tout le reflet de ceux qui l’ont constituée, c’est-à-dire les pays membres. Une meil-leure visibilité sur les financements est nécessaire. Aujourd’hui, le deuxième contributeur de cette même OMS est la Fondation Bill Gates... Merci Bill Gates!

Mais aussi, je pense que l’ONU devrait être davantage un in-strument de politique internationale, un foisonneur d’idées avec force de proposition, un levier pour les Etats membres, plus qu’un opérateur qui met en oeuvre des programmes.

Vous avez vous-même été dans la peau d’un chef de projet de l’ONU en Afrique, entre autres activités professionnelles. Jusqu’à quel point ce roman est-il basé sur votre propre expérience ?

En effet, alors que j’étais en poste au Programme des Nations unies pour le Développement en charge d’un grand projet de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, j’ai été soupçonné d’avoir été à la tête d’une vaste escroquerie. Ayant été lâché en rase

Roberto Garcia Saez est l’auteur du roman “ONU soit qui mal y pense”, sorti en janvier 2012 et adapté au théâtre sous le nom “Transparence”, dont les représentations sont actuellement données à Paris. Plus de 2.000 spectateurs ont déjà assisté à la pièce.

Garcia Saez y raconte les obstacles que rencontre un directeur de projet de l’ONU au Congo, pour distribuer aux populations 250 millions de dollars de médicaments. Après avoir tenté de griller des étapes dans les procédures pour parer à l’urgence, le personnage est traqué par Scotland Yard qui l’accuse de fraude. Entretien avec l’auteur.

Roberto Garcia Saez, auteur du roman "ONU soit qui mal y pense":

"La nébuleuse onusienne et humanitaire est très mal connue du grand public"

ONU SOIT QUI MAL Y PENSE. Editions des Etoiles. Disponible en librairies et sur les sites Internet habituels.

TRANSPARENCE, actuelle-ment au Vingtième Théâtre, 7 rue des plâtrières, 75 020 Paris.

campagne par le PNUD auprès de la police anglaise, j’ai attaqué cette agence auprès du Tribunal des Nations unies et eu gain de cause, incluant des indemnités. J’ai décidé par la suite de raconter cette histoire sous forme de fiction, pour le grand public.

Comment l’idée de faire de votre roman une pièce de théâtre vous est-elle venue? En quoi ce sujet se prêtait-il au théâtre ?

Pour le roman, il s’agissait d’abord d’un exutoire qui s’est pro-gressivement transformé en un plaisir. Je me suis rendu compte que cette nébuleuse humanitaire et onusienne était très peu et mal connue du grand public, et donc, qu’il fallait ouvrir cette brèche. Puis, la rencontre avec l’auteur de théâtre et metteur en scène Benoît Guibert, qui a trouvé l’histoire intéressante, a fait le reste pour que le tome I devienne une pièce de théâtre, “Transparence, Comédie onusienne”. C’est une pièce dans laquelle un fonction-naire de l’ONU atypique, un peu flambeur mais diaboliquement efficace, se bat pour que son programme humanitaire aille vite pour servir les populations. Alors qu’il malmène la mammouth onusien bureaucratique, il fait la rencontre d’un policier anglais, en charge de traquer les profiteurs de la compassion humanitaire. Ce dernier est persuadé que notre héro n’est autre qu’un impsteur... et il le traque. Dans cette pièce, on se permet le burlesque, la musique, les chansons, les claquettes. Pas de morale à deux balles...

Vous avez annoncé que ce roman était le premier volet d’une trilogie. Quand les livres prochains sortiront-ils, et quels sujets aborderont-ils ?

Après l’épreuve qui s’est transformée en roman puis en pièce, on finalise actuellement avec mon ami Pierre Gillette les suites des aventures de Patrick Roméro et de son flic Paul Harrisson, qui le poursuit encore et encore, dans un tome II. Le tome III est en gestation. Et puis, il y a aussi la préparation d’un long métrage! A suivre, donc!

Propos recueillis par Sébastien Drans

Roberto Garcia Saez

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12 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

Une fondation hollandaise offre des soins orthopédiques aux enfants du CongoLa fondation hollandaise

“Sur un pied d’égalité” et le ministère congolais

des Affaires sociales ont or-ganisé du 14 au 22 septembre à Dolisie (troisième ville du Congo) une opération spéciale de soins orthopédiques pour les enfants vulnérables de zéro à 16 ans.

Après huit jours de travail, l’équipe médicale composée de quatre spécialistes hollandais en chirurgie orthopédique et en kinésithérapie et leurs col-lègues congolais ont consulté 129 personnes, dont 41 ont subi des interventions chirurgicales, 19 ont été appareillées, quatre plâtrées et un enfant s’est vu fixé des prothèses. Plusieurs autres enfants ont subi des soins appropriés susceptibles d’améliorer leur mobilité.

Le Congo ne compte pas plus de cinq spécialistes en chirurgie orthopédique (deux spécialistes seulement au CHU

de Brazzaville, le plus grand établissement du pays).

La plupart des personnels formés à la faculté de santé de Brazzaville prennent le chemin des pays riches à la recherche de meilleures perspectives de carrière.

Objectif: améliorer la mobilité de

200 enfants par an

Les familles, souvent pau-vres et sous-informées, laissent peu de chance à la lutte contre les malformations invalidantes. Et pourtant, celles-ci sont nom-breuses, surtout après les épi-démies de poliomyélite et des catastrophes comme l’explosion du dépôt d’armements et muni-tions à Brazzaville le 4 mars dernier.

D’autres malformations ac-quises sont dues aux injections intraveineuses mal faites contre d’autres maladies comme le

paludisme.Le partenariat entre le

gouvernement du Congo et l’association hollandaise per-met désormais d’organiser deux campagnes spéciales de soins orthopédiques par année pendant les cinq prochaines an-nées. L’objectif est d’améliorer la mobilité d’au moins cent patients au terme de chaque campagne.

“Durant toute la campagne nous travaillons ensemble avec les médecins et les personnels d’appui congolais. Nous faisons les consultations de malades ensemble, discutons sur les malades (...) sans doute il y a un transfert de connaissances dans les deux sens”, a estimé le docteur hollandais Jan Bos qui dirigeait l’équipe médicale.

Cependant, pour la ministre congolaise des Affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité, il faut étendre ce volet formation, en impliquant

les départements de la santé et de l’enseignement supérieur du gouvernement. Car, a-t-elle renchéri, les besoins de la popu-lation en soins orthopédiques et en rééducation fonctionnelle sont immenses.

La fondation “Sur un pied d’égalité” est présente au Congo depuis plus de 30 ans à travers un centre d’appareillage ortho-pédique et un atelier de fabri-cation de tricycles. Elle aide aussi à la formation dans les domaines de l’orthopédie.

Selon les données officielles, au Congo 6,7% de la population, soit plus de 637.700 personnes sont handicapées, sur une po-pulation totale de près de 3,7 millions recensée en 2007.

Les données inquiètent d’autant plus qu’il manque souvent de prise en charge précoce susceptible de sauver les enfants malformés dès leur naissance.

Xinhua

S A N T E

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13 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

S A N T E

L'instabilité politique entrave les progrès dans la santé maternelle

L’instabilité politique, les guerres civiles et les crises humanitaires en Afrique ont au cours des dernières décennies in-versé d’innombrables avancées dans la santé maternelle sur le conti-nent, préviennent des ex-perts en santé.

“Les pays africains ayant de bonnes statistiques sur la

santé maternelle sont générale-ment ceux qui ont une stabilité politique à long terme. Cela montre que la stabilité est une base fondamentale pour le développement. Si elle n’existe pas, d’autres priorités prennent le dessus”, explique Lucien Kouakou, directeur régional de International Planned Parent-hood Foundation (Fondation pour une paternité interna-tionale planifiée - IPPF) en Afrique.

Le Nigeria et la République démocratique du Congo, par exemple, riches en ressources naturelles mais ravagés par des conflits, continuent à se battre avec des taux élevés de mortalité maternelle atteignant 1.000 décès pour 100.000 nais-sances vivantes, selon les statis-tiques 2011 de Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans des pays déchirés par la guerre comme la Somalie, la mortalité maternelle est en-core plus élevée, plus de 1.200 décès pour 100.000 naissances vivantes.

“Des régions comme l’Afrique occidentale et centrale, qui con-naissent beaucoup d’instabilité politique, ont les plus faibles indicateurs pour la santé mater-nelle sur le continent, malgré le fait que la plupart d’entre eux sont riches en termes de ressources naturelles”, précise Kouakou.

En conséquence, plus de 550 femmes meurent en couches tous les jours en Afrique sub-saharienne, selon l’OMS, contre cinq décès par jour dans les

pays à revenu élevé. Le risque qu’une femme dans un pays en développement meure d’une cause liée à la grossesse est 36 fois plus élevé par rapport à une femme vivant dans un pays industrialisé.

Si une mère meurt, toute la communauté ressent l’impact négatif du vide qu’elle laisse. “Une mortalité maternelle élevée a de graves conséquences non seulement pour les fa-milles, mais aussi pour les com-munautés”, indique Dr Edith Boni-Ouattara, la représen-tante nationale adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en Côte d’Ivoire.

Comme les mères sont gé-néralement les principales pourvoyeuses de soins, leur état de santé, et en particulier leur décès, sont en corrélation directe avec le bien-être de leur famille immédiate et él-argie. “La mort d’une mère a un impact négatif sur tous les aspects de la vie d’un enfant, notamment la nutrition, la santé et l’éducation”, souligne la représentante de l’UNFPA.

Des pays essuient même des revers économiques au plan national lorsque les mères meurent, ajoute Boni-Ouattara: “Au niveau mondial, nous per-dons 15 milliards de dollars de productivité par an à cause des décès maternels”.

Mais malgré ces indica-teurs, la santé maternelle est loin d’être considérée comme une priorité nationale dans des pays africains. Dès que les gouvernements sont confrontés à des menaces politiques ou à

des urgences humanitaires, les investissements dans la santé maternelle et infantile ainsi que dans le planning familial sont les premiers à être coupés, selon Kouakou.

Plus d’un tiers des femmes en Afrique subsaharienne n’ont accès à aucun service de santé prénatale, tandis que 70% ne bénéficient d’aucun soin post-natal, selon l’UNFPA. En Af-rique occidentale et centrale, moins de 15% des femmes ont accès à la contraception et au planning familial.

Malheureusement, les bud-gets d’Etat sont orientés de manière disproportionnée vers la défense, dénonce Kouakou,

ajoutant que “la plupart des hôpitaux publics ont du mal à fournir des services de santé et continuent d’être à court de médicaments; mais si vous visitez un camp militaire dans ce même pays, vous verrez les armes les plus récentes”.

En deuxième position sur la liste des priorités des gouverne-ments, se trouve généralement la lutte contre la pauvreté et la faim, qui est aussi le premier des huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) de l’ONU que les nations se sont engagées à atteindre d’ici à 2015.

En Afrique subsaharienne, la proportion de personnes vi-vant avec moins de 1,25 dollar par jour a seulement diminué légèrement au cours des deux dernières décennies, de 58% en 1990 à 51% en 2005, selon les dernières statistiques de la Banque mondiale.

Tant que les nations afri-

Les hôpitaux publics continuent d’être à court de médicaments; mais dans les camps militaires, vous verrez les armes les plus récentes.

- Lucien Kouakou, International Planned Parenthood Foundation

caines demeureront pauvres, les investissements dans la santé maternelle, la reproduc-tion et la sexualité resteront minimes, estiment des experts. Beaucoup de pays auront donc du mal à atteindre les trois objectifs liés à la santé - l’OMD 4 (la réduction de la mortalité infantile de deux-tiers chez les enfants de moins de cinq ans), l’OMD 5 (réduire la mortalité maternelle de trois quarts et réaliser l’accès universel à la santé de la reproduction) et l’OMD 6 (combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies) – au cours des trois prochaines années.

“La plupart des pays se con-centrent sur l’éradication de la pauvreté et la faim, alors que la santé maternelle est négligée. C’est une question de priorités”, déclare El Allassane Baguia, spécialiste des OMD au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Côte d’Ivoire.

Peu de gouvernements sont assez conscients du lien étroit entre la santé maternelle et la pauvreté, estime-t-il. Il faut un leadership fort au niveau national pour changer ces pri-orités et dépenser plus sur la santé maternelle et infantile, et une mise en œuvre plus ef-ficace des politiques et accords internationaux, ajoute-t-il.

Le droit au planning familial et, par conséquent, les droits en matière de sexualité et de repro-duction, ont été par exemple inclus dans le cadre des droits humains des Nations unies depuis 1974. Mais ces services ne sont pas jusqu’aujourd’hui inclus dans la fourniture des soins de santé publique dans plusieurs pays africains.

“Pourtant, les services de planning familial pourraient réduire la mortalité maternelle et infantile d’un cinquième. L’accès aux soins médicaux qualifiés pourrait réduire les décès au cours du processus d’accouchement de 75%”, dé-plore Boni-Ouattara. IPS

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La FAO en aide aux zones touchées par le cyclone Giovanna

La Banque africaine de développe-ment (BAD) et l’Organisation des

Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) ont accordé au Sénégal vendredi 21 septembre un don de 3,5 milliards FCFA (environ 6,9 millions de dollars) pour l’aider à soutenir son monde rural frappé de déficit alimentaire, consécutif à la mauvaise campagne agricole de l’année dernière.

Dans ce montant global, la BAD a accordé au Sénégal un million de dol-lars (environ 555 millions de FCFA) et la FAO a elle mobilisé auprès des partenaires techniques et financiers du Sénégal, une enveloppe financière d’environ 3 milliards de FCFA.

Ce don “permettra de contribuer à la mise en oeuvre adéquate du programme d’urgence d’assistance au monde rural en vivres de soudure et aliments de bétail et de prise en charge de la malnutrition”, a déclaré

La BAD et la FAO donnent 7 millions de dollars au Sénégal

le ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, Amadou Kane.

Selon lui, l’appui financier de la BAD “permettra l’élaboration du plan d’urgence initié par l’Etat du Sénégal et dont l’exécution est en cours, à travers la distribution de vivres de soudure pour résorber le déficit céréalier estimé à 238.108 tonnes”.

Cette aide, a-t-il assuré, permettra également la prise en charge d’environ 120.000 enfants touchés par la mal-nutrition. Il a rappelé que la BAD a octroyé au Sénégal depuis le début de leur coopération plus de 500 milliards FCFA pour le financement d’une soi-xantaine d’opérations.

Le ministre sénégalais a souligné que l’appui de la FAO “vient en com-plément de l’effort financier interne de l’Etat d’un montant de 34,2 milliards FCFA, pour faciliter l’accès des produc-teurs aux semences et engrais”.

L’Organisat ion des Nations unies pour l’alimentation et

l’agriculture (FAO) va apporter un ap-pui technique et financier de 380.000 dollars sur deux ans aux zones de Madagascar affectées par le cyclone Giovanna à la mi-février.

L’objectif du projet, dont l’accord a été signé lundi 24 septembre, est de contribuer à préparer les populations à faire face aux catastrophes et à les rendre moins vulnérables aux effets néfastes des cyclones.

Le projet travaillera au renforce-ment de capacités en matière de Ré-duction de Risques et Catastrophes (RRC) des parties prenantes, à la

redynamisation des systèmes de pro-duction agricole et horticole en milieux urbain et périurbain, ainsi qu’à la mise en place de jardins scolaires “intégrés” en appui aux cantines scolaires.

Les districts de Moramanga, Brick-aville et Vatomandry (à l’est) sont concernées par ce projet.

Le cyclone Giovanna a affecté les pe-tits producteurs situés dans ces zones de la côte est de Madagascar, qui se trouvent actuellement très vulnérables face à l’insécurité alimentaire.

Selon le dernier bilan du Bureau na-tional de gestion des risques et catas-trophes (BNGRC), le cyclone Giovanna a fait plus de 246.000 sinistrés.

A L I M E N T A T I O N

Bénin : Alliance d’ONG pour la sécurité alimentaire

COTONOU - Une coalition de cinq ONG béninoises, partenaires de ICCO, organisation inter-églises de coopération au développement, se sont constituées en alliance pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en vue de faire, au cours des deux prochaines années (2012-2014), du plaidoyer pour le droit à l’alimentation dans les communes du Bénin, a annoncé vendredi 21 septembre à Cotonou le coor-dinateur national de cette alliance, Roger Agbakli.

Ces ONG sont l’AFAP (Association Foi à la providence), le BUPDOS (Bureau des projets et des oeuvres sociales), le CEBEDES (Centre béninois pour l’environnement et le développement économique et social), le DEDRAS (le développement durable, le renforcement et l’autopromotion des structures communautaires) et enfin le GABF (Groupe d’action pour l’amour du bien-être familial).

“Les missions de cette alliance pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont, entre autres, de promouvoir le droit à l’alimentation et à une nutrition adéquate des populations béninoises et de rendre les populations capables et aptes à défen-dre ce droit”, a expliqué le coordinateur national.

Selon les résultats de l’analyse Pro-files effectuée récemment au Bénin, les problèmes essentiels de nutrition sont notamment, le faible poids de naissance (13% en 2006), l’insuffisance pondérale (17,3% en 2009, contre 23% en 2006), le retard de croissance (37%) , la déficience énergétique chronique chez les femmes en âge de procréer (9% en 2006 comme en 2009), les carences en micronutriments (anémie ferriprive, avitaminose A, troubles dus à la carence en iode).

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A L I M E N T A T I O N

Les variétés de riz NER-ICA (un acronyme ve-nant de l’anglais 'New Rice for Africa', un

Nouveau riz pour l’Afrique) sont des variétés améliorées adaptées aux conditions de cul-ture dans ce pays, et en Afrique de l’ouest en général.

En Guinée, l’Agence na-tionale de promotion rurale et de conseil agricole a mis 500 tonnes de semences de riz NERICA à la disposition des paysans du pays dans le cadre d’un projet dont le coût global s’élève à sept milliards de francs guinéens (environ un million de dollars).

“Cette variété de riz est le fruit du croisement de deux espèces africaine et asiatique. Riche en protéine, elle est prisée par les consommateurs gui-néens dont le riz reste l’aliment de base”, déclare Ali Condé, directeur de l’agence.

Selon un rapport du minis-tère de l’Agriculture, le déficit en approvisionnement du pays en riz a atteint 244.118 tonnes, soit 25% de sa consommation annuelle estimée à 1,262 million de tonnes en 2010. La Guinée importe le complément de sa consommation de la Thaïlande et du Vietnam.

“Il est temps que nous com-mencions à réévaluer notre dépendance vis-à-vis des im-portations de riz. Nous devons nécessairement augmenter la

production locale”, a déclaré aux journalistes, Jean-Marc Tellia-no, ministre de l’Agriculture.

A Kérouané, une ferme avec un groupement de 17 paysans cultive du riz NERICA sur une superficie de 130 hectares. Cette terre leur a été cédée par la com-munauté parce que dans cette contrée, les terres cultivables ne manquent pas et profitent à ceux qui peuvent les mettre en valeur.

“Ici, nous pratiquons la rizi-culture pluviale dans la mesure où l’alimentation en eau des plantes est assurée uniquement par les eaux de pluie”, explique Abdoulaye Sangaré, un tech-nicien agricole de la région.

Le riz récolté par le groupe-ment, à la fin de juillet 2012, est stocké dans des sacs de 100 kilos, dans un grand magasin. Une partie de la récolte sert à l’autoconsommation tandis que la plus grande partie est revendue aux collecteurs qui viennent de toutes les régions du pays.

Deux récoltes par an; une troisième en projet

“Nous avons réussi à récolter environ 645 tonnes de riz paddy (brut); ce qui équivaut à 6.450 sacs de 100 kilogrammes de riz”, indique Mohamed Diou-baté, le chef de la coopérative de Kérouané.

Selon Dioubaté, le sac de

riz est vendu 300.000 FG (42 dollars), et la vente a permis aux groupements d’engranger environ 270.000 dollars après trois mois de culture.

Baisse des prix sur le marché

“L’introduction ici, en 2012, de cette variété de riz est une aubaine pour nous. Aujourd’hui, nous pouvons faire deux récol-tes par an, ce qui n’était pas possible auparavant”, affirme Dioubaté qui envisage même trois récoltes par an.

“Il est possible de faire trois récoltes par an puisque le cycle de ce riz est réellement de 90 jours”, assure le technicien agricole.

Selon Sangaré, ce nouveau riz est parfaitement adapté au faible niveau de fertilisation des terres de riziculture pluviale dans la mesure où ces paysans manquent de moyens pour ir-riguer et apporter de l’engrais et des pesticides à leurs cultures.

“Avec le NERICA, le prix du riz a diminué dans notre région. Le kilogramme se né-gocie aujourd’hui entre 3.000 et 4.000 FG (moins d’un dollar) alors que son prix se situait en-tre 5.000 et 6.000 FG (environ un dollar) les années passées”, reconnaît Sarata Keita, une commerçante de riz à Kérou-ané.

Dans la préfecture voisine

de Beyla, une ferme du district de Gblangba est exploitée par Kafoumba Koné, 49 ans, et 24 autres jeunes paysans. Au début du mois d’août 2012, ils ont récolté près de 700 tonnes de riz NERICA et obtenu environ 294.000 dollars, affirme Koné.

Comme à Kérouané, les fermiers de Gblangba ont ouvert un compte à la caisse du Crédit rural de la localité après avoir remboursé les divers emprunts qui avoisinent un tiers du chif-fre d’affaires réalisé au cours du trimestre.

“Nous avons fini une première récolte, et nous nous préparons à lancer une nouvelle campagne agricole”, déclare, joyeux, Koné qui ajoute: “Pendant ce temps, les autres paysans qui n’ont pas encore expérimenté le riz NERICA se préparent pour leur seule récolte de l’année”.

T o u t e f o i s , l e s p a y -sans déplorent le manque d’équipements et de machines agricoles pour travailler plus rapidement et plus efficace-ment, notamment pour la récol-te et le traitement du riz brut.

“Nous faisons la récolte du riz avec des faucilles, le battage et le nettoyage du riz à la main. Nous serions plus heureux si nous avions des décortiqueuses et d’autres machines agricoles”, ajoute Samouka Kourouma, un paysan de la région.

Moustapha Keita, IPS

Guinée : Une nouvelle variété de riz pour réduire les importations

La production rizicole nationale ne couvre pas les besoins actuels de la population guinéenne estimée, à quelque 10 millions d’habitants. A Kérouané et Beyla, dans le sud-est de la Guinée, des riziculteurs utilisent une nouvelle variété de riz (le NERICA) à cycle très court pour produire plus.

Les éditions précédentes du Journal du Développement sont disponibles

sur notre site Internet :www.lejournaldudeveloppement.com

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En bref...Côte d'Ivoire : Appel à la lutte contre l'analphabétisme Togo : Analphabétisme

LOME - 43,1% des Togolais de 15 ans et plus sont analphabètes, a fait savoir jeudi 20 septembre la Direction de l’Alphabétisation, à l’occasion de la Journée Internationale de l’Alphabétisation (JIA).

Dans cette catégorie, 35% de la popula-tion de 15 à 45 ans n’ont pas de compé-tences liées à l’alphabétisation de base. Les filles et femmes rurales sont les plus touchées par l’analphabétisme.

Togo : Rentrée reportéeLOME - Le gouvernement a décidé,

mercredi 19 septembre, le report au 8 oc-tobre de la rentrée scolaire, au lieu du 24 septembre sur tout le territoire et dans tous les établissements.

Ce report intervient alors que quelque 3.000 enseignants menacent de perturber la rentrée scolaire sur fond de revendica-tions pour de meilleures conditions de travail.

Cameroun : Projet de lycée agricole

YAOUNDE - La Chine a signé mardi 25 septembre un accord de don d’un montant de 12,9 millions de dollars, en vue de la construction d’un lycée technique agricole, le premier du genre au Cameroun, près de Douala.

Le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire a estimé que ce projet permettra le passage à une agriculture de deuxième génération, faite, entre autres effets induits, de création d’emplois et de nouveaux mé-tiers agricoles.

La directrice du Service autonome d’alphabétisation (SAA) Mama

Ouattara a appelé jeudi 20 septem-bre à Abidjan les acteurs sociaux ivoiriens et les partenaires au déve-loppement à se mobiliser davantage contre l’analphabétisme.

Mme Ouattara qui accordait un entretien à la presse a fait état de l’importance d’informer, de sensibi-liser et de mobiliser les uns et les autres autour de la question qui selon elle se pose avec acuité.

“La Côte d’Ivoire compte plus de 51% d’analphabètes avec 72% de femmes, dont 96% se trouvent dans le monde rural”, a-t-elle révélé.

“La lutte contre l’analphabétisme constitue une action majeure pour le

gouvernement qui veut faire de la Côte d’Ivoire un pays émergeant à l’horizon 2020”, a souligné la responsable du SAA.

A en croire celle-ci, plus de 360 agents ont été déployés sur le terrain ces derniers mois pour prodiguer des conseils en alphabétisation auprès de différentes cibles.

De l’avis de Mama Ouattara, ce com-bat acharné contre l’analphabétisme permettra au pays de sortir de “l’obscurantisme”.

“Il faut noter que l’alphabétisation est un facteur de réconciliation et de paix car elle permet de vivre en-semble, de se tolérer et de s’accepter mutuellement”, a-t-elle souligné par ailleurs.

Niger : La paix, la tolérance et la non-violence enseignées à l'écoleLancée officiellement samedi 23

septembre, la première édition de la quinzaine nigérienne de la non-violence et de la paix se poursuit à Niamey, sous le thème “Enseigner la paix, la tolérance et la non-violence à l’école”.

A l’initiative de la coordination ni-gérienne pour l’éducation à la non-vi-olence et à la paix (CONEN-VP), cette manifestation entre dans le cadre de la célébration, le 2 octobre, de la journée internationale de la non-violence.

A cette occasion, ont été organisées des conférences-débats et des activités culturelles. Il est prévu, dans le même cadre, des séances de sensibilisation et de formation, dans la capitale et à

l’intérieur du pays.Le choix de ce thème, selon le

Coordonnateur de CONEN-VP, M. Al-moustapha Moussa, n’est pas fortuit: “l’éducation pour la paix est devenue désormais un passage obligatoire pour toute société, dans un monde qui enregistre chaque jour de nouveaux conflits, aboutissant à des pertes en vies humaines et en matériels notam-ment”.

“La promotion d’une culture de la paix et de la non-violence apprendra aux enfants à vivre ensemble de façon pacifique et en harmonie, et con-tribuera à la consolidation de la paix et la coopération internationale”, a-t-il poursuivi.

E D U C A T I O N

Les responsables du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), occupant le cercle d'Ansongo dans

la région de Gao au nord du Mali, ont fermé les classes une heure après la rentrée, a-t-on appris mardi 25 septembre auprès des habitants d'Ansongo.

Des habitants de la ville ont indiqué à Xinhua que “les gens du Mujao ont fermé toutes les écoles à 9 heures, après la reprise des cours, au motif qu'il n'y aura plus d'écoles mais des medersa”.

Par contre, à Gao (la capitale régionale dont relève Ansongo), la reprise a été effective, selon des habitants.

Par ailleurs, à Tombouctou, une des trois villes du nord du Mali vivant sous occupation d'Ançar Dine d'Iyad Ag Ghali, la reprise

Mali : A Asongo, le Mujao fait fermer les classes, une heure après la rentrée

“n'est pas l'ordre du jour”.“Chez nous à Tombouctou, la rentrée des classes n'est pas

à l'ordre du jour. Il y a seulement les élèves candidats du DEF (Diplôme d'études fondamentales) et du baccalauréat qui pren-nent des cours de rattrapage pour la session spéciale d'octobre prochain”, ont indiqué des habitants.

Pour rappel, plusieurs missions effectuées récemment au nord du pays par la Coalition pour le Mali et l’Association Ginna Dogon, auprès des nouveaux pouvoirs à Gao, Tombouctou et Kidal, indi-quaient que “les élèves allaient reprendre les cours, mais à condition que les filles et les garçons soient séparés dans la salle de classe, selon les engagements pris par les différents occupants”.

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17 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

La rentrée coûte cher, à ConakryLes élèves vont reprendre le

chemin de l’école le 3 octo-bre prochain sur toute l’étendue du territoire nationale, a-t-on appris de sources officielles jeudi 20 septembre.

Mais cette rentrée scolaire va se dérouler avec des difficul-tés pour de nombreux parents d’élèves affectés par la cherté des prix, comme le reconnaît Mamady Kouroumah, adminis-trateur civil et père de 4 enfants, tous scolarisés dans des écoles privées.

“Je ne sais où donner de

la tête avec cette rentrée, car les fournitures sont devenues inaccessibles pour les maigres bourses, sans oublier les frais de scolarité qui montent en flèche”, témoigne notre inter-locuteur.

Pour ce fonctionnaire dont le revenu cumulé n’excède pas 3 millions de francs guinéens soit 400 dollars, assurer la scolarité de 4 enfants avec en moyenne 125.000 francs guinéens soit 18 dollars par enfant et par mois devient compliqué.

De plus, certaines écoles

E D U C A T I O N

Les élèves et les enseig-nants des écoles secon-daires, premier cycle,

devaient reprendre le chemin de l'école dans la matinée du jeudi 27 septembre, après trois mois de vacances.

Cette année, ils sont 52.184 élèves dont 16.737 filles, parmi lesquels 18.828 nouveaux, qui accèderont à l'enseignement moyen.

Dans un message livré, mer-credi, à cette occasion, la min-istre nigérienne en charge de la Formation professionnelle, Mme Ngadé Nana Hadiza Noma Kaka, assurant l'intérim de son homologue de l'Enseignement moyen, a invité tous les parte-naires de l'école à poursuivre collectivement leurs actions pour que l'école nigérienne re-trouve ses lettres de noblesse.

Niger : Les enfants seront-ils présents pour la rentrée?

“A la date d'aujourd'hui, les huit régions du pays ont reçu les fournitures scolaires qui couvriront la moitié des besoins annuels”, a-t-elle rassuré.

A cela s'ajoute la délégation de crédits pour la construction des classes, la réhabilitation des bâtiments des établissements scolaires et la confection des tables bancs.

Par ailleurs, pour satisfaire les besoins en ressources hu-maines, il a été procédé à un recrutement d’enseignants contractuels.

Cette rentrée scolaire au niveau de l'enseignement se-condaire, avait été initialement prévue pour le 17 septembre, mais reportée au 27, du fait de l'occupation des établissements scolaires par les sinistrés des dernières inondations qui dure-

ment ont frappé le Niger.Si le ministère semble prêt,

reste à savoir si les élèves, eux, seront bien tous au rendez-vous.

Campagnes de sensibilisation

La préoccupation des au-torités par rapport à la rentée est d’autant plus fondée que les récentes inondations sont intervenues après une année de sécheresse ayant eu comme conséquence un important déficit céréalier de plus de 600.000 tonnes, suivi d’une crise alimentaire dans de nom-breux villages du Niger.

A cela sont venues s’ajouter les crises libyenne et malienne, deux Etats voisins, qui ont cau-sé des déplacements de familles

et leurs enfants scolarisés, occa-sionnant une instabilité dans le système scolaire national.

Le gouvernement a donc décidé de lancer plusieurs cam-pagnes de communication pour inciter les élèves à retrouver les bancs des écoles.

C’est ainsi que la veille de la rentrée, le ministère nigérien en charge de l’Education nationale, en partenariat avec l’UNICEF, le Cluster de l’éducation et les partenaires de l’école nigé-rienne, a lancé une “campagne d’inscription et de retour de tous les enfants à l’école”, sous le haut patronage du Premier ministre Brigi Rafini.

En prélude à cette campagne, une caravane de mobilisation a sillonné, mardi, les artères de la capitale.

D’après Xinhua

privées ont revu à la hausse leurs frais de scolarité, passant de 125.000 francs guinéens à 150.000 voire 175.000 francs guinéens pour le secondaire.

Un fondateur d’école privée qui a requis l’anonymat nous a confié que, bien que la rentrée scolaire soit proche, les élèves et leurs parents ne se bouscu-lent pas devant les portes des écoles pour se faire inscrire ou réinscrire.

A ces dépenses, il faut aussi ajouter les manuels scolaires et les uniformes, dont l’achat et les

frais de couture coûtent au bas mot 50.000 francs guinéens, soit près de 7 dollars.

Chez les commerçants, en revanche, on se frotte les mains, comme le confirme Rokiatou Camara, vendeuse de tenues et de fournitures scolaires.

“Je pense faire de belles affaires avec cette rentrée sco-laire qui pointe à l’horizon. J’ai investi mon capital dans les fournitures scolaires dans le but d’en récolter des dividendes”, assure-t-elle, l’air confiant.

D’après Xinhua

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18 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

Les Béninois préfèrent acheter leurs manuels dans les "librairies par terre"

E D U C A T I O N

Face à la hausse des prix des denrées alimentaires et des frais de santé,

nombreux sont les Béninois à bouder les librairies classiques. Ils préfèrent fouiller dans les “librairies par terre”, des stands improvisés dans la rue, pour s'équiper en manuels scolaires et universitaires d’occasion.

“Je suis venu acheter des manuels scolaires pour ma fille aînée qui va se présenter en juin prochain au Baccalauréat série scientifique. Avec 10.000 francs CFA (environ 20 dollars) seulement, je me suis procuré quatre livres contre 25.000 francs si j'allais à librairie dans le formel”, se réjouit Cyprien Gbaguidi, un enseignant à la retraite.

Pour Firmin Hounkpatin, inspecteur de police rencontré Place de l'Etoile Rouge de Co-tonou, quelques livres à la main en prévision de la prochaine rentrée de ses quatre enfants, le coût des manuels scolaires est plus abordable dans les librairies par terre que dans les librairies officielles.

“J'ai préféré acheter les four-nitures de mes enfants, surtout les manuels scolaires dans les librairies par terre qu'à la li-

brairie officielle, où ils coûtent forcément plus cher”, a-t-il indiqué.

Le dictionnaire Petit Robert de la langue française coûte 18.000 francs CFA (environ 36 dollars) chez les bouquinistes contre 23.500 FCFA (environ 47 dollars) dans les librairies officielles.

Des prix très avantageux

Le livre de lecture du cours élémentaire, deuxième année, La Famille Diavara de Davers, se vend à 2.500 FCFA (environ 5 dollars) dans les librairies par terre contre 6.900 FCFA (environ 13,8 dollars) dans les librairies officielles.

Ainsi, installés sur la chaus-sée dans les rues de la capitale économique béninoise, de nom-breux commerçants vendent des manuels scolaires d'occasion et soulagent les portefeuilles de parents.

“Affronter les dépenses pour la scolarité de nos enfants en ces temps de crise économique n'est pas une mince affaire. Mais les librairies de l'informel nous soulagent beaucoup à faire face à ces dépenses”, confie Benja-min Landégbé, un éleveur de

volaille installé à Cotonou.De notre enquête, il ressort

que la plupart des bouquinistes s'approvisionnent non seule-ment sur le territoire béninois mais aussi dans les pays de la sous-région.

“Ces manuels scolaires nous proviennent non seulement des pays de la sous-région, notam-ment de la Côte d'Ivoire, mais sont aussi collectés auprès de certains parents d'élèves qui nous vendent à des prix réduits les manuels usagers de leurs enfants”, explique Victorin Adjovi, détenteur d'un stand au grand marché de Dantokpa de Cotonou.

Troc et échange

En dehors de la vente, la spécificité des librairies par terre réside dans le troc ou d'échange de manuels entre les clients et les vendeurs.

“Chaque année, je viens ici pour échanger les livres de mes enfants qui passent en classe supérieure, moyen-nant quelques billets”, a laissé entendre Félicien Bossou, un infirmier d'Etat en poste au Centre national hospitalier et Universitaire de Cotonou.

Avec cette orientation des Béninois vers les bouquinistes, l'ambiance bruyante observée jadis dans les librairies of-ficielles, à chaque veille de rentrée académique au Bénin, a laissé place pour cette rentrée à une accalmie totale.

“En principe, c'est à la veille des rentrées des classes que nous réalisons de gros chif-fres d'affaires, compte tenu de l'affluence de nos visiteurs”, précise Paula Bocovi, une li-braire de Cotonou.

“Mais depuis plus de deux mois déjà, c'est tout à faire le contraire que nous observons. Les parents d'élèves et les étu-diants viennent seulement pour s'informer des prix des manu-els”, déplore-t-elle.

Par ailleurs, la vente des matériels scolaires procure d'énormes bénéfices aux librai-res de l'informel.

“J'exerce ce commerce depuis 1980 et grâce à ce mé-tier, je subviens chaque jour aux besoins de ma famille et j'ai aussi construit ma maison”, a noté Pierre Vihoutou, déten-teur d'un stand sur la Place de l'Etoile Rouge de Cotonou.

Xinhua

A quelques jours de la prochaine rentrée scolaire et universitaire, prévue pour le 1er octobre au Bénin, les parents d'élèves se bousculent devant “les librairies par terre” - des stands informels - des grandes villes du pays, notam-ment à Cotonou, pour s'approvisionner en manuels scolaires et universitaires d’occasion au moindre coût.

Le secrétaire exécutif national de la Fédération des syndicats de l'éducation nationale du Bénin, Eustache Zinzindohoué, a ap-

pelé les enseignants, samedi 22 septembre à Cotonou, à boycotter la rentrée scolaire du 1er octobre, en vue d'obtenir une amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

“J'invite les enseignants béninois, notamment ceux de la mater-nelle, du primaire et du secondaire, à une grande mobilisation pour réussir le boycott de la prochaine rentrée des classes, fixée au 1er octobre prochain en vue d'exiger et d'obtenir du gouvernement béninois la satisfaction de nos différentes revendications”, a déclaré Eustache Zinzindohoué.

Les revendications des enseignants comprennent notamment une augmentation de 25% des indices de traitement sur la période 2011-2014 pour les enseignants du secondaire, du primaire et de la maternelle, la résolution des problèmes liés à la formation des enseignants contractuels de l'Etat, et la rétrocession des sommes défalquées en mars, avril et mai 2012.

Grogne des syndicats d'enseignants béninoisDans un communiqué reçu jeudi 27 septembre, le Front

d’actions des syndicats des trois ordres de l’enseignement du Bénin s’est montré moins intransigeant.

Il a invité les enseignants béninois à effectuer la rentrée du 1er octobre prochain, mais à toutefois demeurer mobilisés pour les actions à venir.

“Pour montrer à nouveau sa détermination à sortir l’école béni-noise de la spirale de crise permanente, le Front s’est engagé depuis quelques semaines dans une série de contacts, lesquels se poursui-vent actuellement (...) A cette veille d’une nouvelle rentrée, le Front constate que le gouvernement n’a respecté aucun des engagements qu’il a publiquement pris malgré les incessantes relances et alertes des responsables du Front”, souligne le même communiqué.

Le Front a assorti cette décision de reprise des cours d’un ultimatum qui prend fin le 30 novembre, indique encore le com-muniqué.

D’après Xinhua

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19 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

PAM

Niger : Diminution significative de la mortalité infantile

Selon l’étude publiée jeudi 20 septembre par The Lancet, entre 1998 et 2009, le taux

de mortalité est passé de 226 à 128 par 1.000 naissances vivantes, ce qui représente une diminution annuelle de 5,1%. Le pays a ainsi dépassé la cible du quatrième Objectif du Millé-naire pour le développement (OMD), qui est de réduire la mortalité infantile de deux tiers entre 1990 et 2015. L’étude note également que la performance du Niger est bien meilleure que celles de ses voisins d’Afrique de l’Ouest.

La prévalence des retards de croissance dus à la malnutrition a légèrement diminué chez les enfants âgés de 24 à 35 mois. L’émaciation a été réduite de près de 50%, et les diminutions les plus importantes ont été enregistrées chez les enfants de moins de deux ans. La fourni-ture de moustiquaires traitées, l’amélioration du statut nutri-tionnel, la supplémentation en vitamine A, le traitement de la diarrhée, du paludisme et de la pneumonie infantile, et les campagnes de vaccination ont également permis d’améliorer la survie des enfants, a indiqué l’étude.

“La recherche démontre le succès de la stratégie mise en oeuvre par le gouvernement et ses partenaires. C’est un pas important vers le bien-être de la population du Niger”, a déclaré Agbessi Amouzou, l’un des au-teurs de l’étude.

Dans une récente déclara-tion, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a cependant indiqué que le Niger était le pays du Sahel qui comptait le plus grand nombre d’enfants souffrant de malnutri-tion en 2012 et que les niveaux d’insécurité alimentaire y étaient particulièrement élevés. Selon l’organisation, plus de 330.000 enfants de moins

de cinq ans sont à risque de malnutrition. Plus de 18 mil-lions d’habitants du Sahel sont menacés de famine à la suite d’une grave sécheresse et d’une flambée des prix des denrées alimentaires.

À partir du milieu des an-nées 1990, le gouvernement a déployé des efforts pour offrir aux femmes et aux enfants un accès universel aux soins

de santé primaires. L’objectif principal était de renforcer les mesures destinées à prévenir les décès dus au paludisme, à la pneumonie, à la diarrhée et à la rougeole. Il a également formé du personnel de santé et construit de nouveaux centres dans les régions éloignées. Selon l’étude, intitulée Reduc-tion in child mortality in Niger: A Countdown to 2015 country case study (Réduction de la mortalité infantile au Niger : une étude de cas du Compte à rebours 2015), l’aide publique au développement (APD) a augmenté de 77% entre 1998 et 2010 pour atteindre 744,5 millions de dollars.

Efforts du gouvernement

Avant que le Niger ne prenne des mesures pour renverser la tendance, la pneumonie, le paludisme et la diarrhée étaient responsables de près de 60%

des décès chez les enfants de moins de cinq ans, explique M. Amouzou, du département de la santé internationale de l’École de santé publique Bloomberg de l’Université Johns Hopkins.

“De nombreux décès dus à ces causes sont maintenant évités. Mais cela signifie aussi que des proportions plus im-portantes de décès surviennent pour des causes qui ne sont pas

encore traitées, notamment chez les nouveau-nés. Nous savons comment prévenir les décès dans le premier mois de vie. Le gouvernement nigérien et ses partenaires, encouragés par le succès obtenu jusqu’à présent, prévoient de mettre en oeuvre des programmes encore plus efficaces pour les nouveau-nés”, explique M. Amouzou.

Rhéal Drisdelle, directeur de Plan International au Ni-ger, estime que les résultats de l’étude sont “extrêmement réconfortants” dans le contexte de la crise alimentaire qui sévit au Sahel, mais que les taux de malnutrition demeurent élevés chez les enfants.

“Les chiffres de la malnutri-tion sont encore extrêmement élevés, mais nous avons remar-qué que les enfants souffrant de malnutrition sévère étaient moins nombreux. C’est tout de même une bonne nouvelle que la mortalité due à la malnutri-

tion ait diminué”, s’est-il réjoui, ajoutant que le paludisme et la malnutrition sont les princi-pales menaces à la survie des enfants au Niger.

Des soins gratuits pour les moins de 5 ans

“Les progrès importants qui ont été accomplis ont permis de rapprocher les soins de santé des personnes qui en ont be-soin. Nous ne sommes pas là où nous devrions être, mais il y a eu des avancées. Il y a aussi eu des changements dans la manière dont les personnes considèrent les soins de santé.”

Le représentant adjoint de l’UNICEF au Niger Isselmou Boukhary a rapporté que de nouveaux centres de santé avaient été construits sur l’ensemble du territoire et que le ratio population-centre de santé était passé de 30.000 pour 1, à 5.000 pour 1.

“Les soins médicaux sont gratuits pour les enfants de moins de cinq ans. C’est quelque chose dont nous som-mes témoins”, a souligné M. Boukhary. “L’Afrique subsa-harienne est souvent associée aux images d’enfants souffrant de malnutrition. Mais au Niger, le programme [d’amélioration de la santé] est une véritable réussite.”

L’étude indique que le Niger a “réussi à réduire de manière significative la mortalité infan-tile en répondant énergique-ment aux occasions et aux con-traintes dans leur contexte”.

“Les principes de base - c’est-à-dire offrir à une proportion élevée de mères et d’enfants les interventions qui peuvent leur sauver la vie et utiliser les stra-tégies permettant d’offrir des services au niveau de la com-munauté - peuvent et doivent être appliqués dans d’autres pays”, a conclu M. Amouzou.

IRIN

E N F A N C E

Selon une récente étude, le Niger a presque réduit de moitié le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans depuis 1998. Cette diminution significative met en lumière les bénéfices de la gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes et les enfants et de l’augmentation des sommes allouées à la santé par les bailleurs de fonds.

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En bref...Togo : Nouveau parti politique

LOME - Le parti “Santé du Peuple”, une nouvelle formation qui se réclame de l’opposition, s’est déclaré samedi 22 sep-tembre.

Le nouveau parti, d’idéologie socio-démocrate, et qui entend apporter sa contri-bution au rétablissement d’un climat serein dans la vie politique togolaise, est dirigée par Georges William Kouessan.

Djibouti : Nouveau parti politique

DJIBOUTI- Le Centre des Démocrates Unifiés (CDU) est devenu dimanche 23 septembre le neuvième parti politique en République de Djibouti.

Le président du CDU est M. Omar Elmi Khaireh, ancien membre du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) et ancien parlementaire.

Burkina : Une députée quitte le CDP

OUAGADOUGOU - Une députée burki-nabé a décidé le 25 septembre de quit-ter le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir), se plaignant de l’indiscipline et l’impunité au sein du parti.

Saran Sérémé, députée de la province du Sourou (Tougan), a vu son domicile in-cendié et ses militants blessés par d’autres militants qui s’opposaient à sa troisième candidature aux élections couplées du 2 décembre prochain.

Selon elle, la crise politique à Tougan qui a conduit à l’incendie de son domicile “a été planifiée, orchestrée, mise en oeuvre et soutenue par un groupe de ‘camarades’” mécontents de leur positionnement ou du positionnement de leurs proches” en vue des élections.

“Il est tout à fait insolite, déplorable et inconcevable” que les personnes qui ont sac-cagé et incendié son domicile “ne reçoivent ni avertissement, ni blâme”, a-t-elle indiqué dans la lettre.

Gabon : L'opposition exige une conférence nationaleLa coalition de l’opposition gabo-

naise, l’Union des Forces du Changement (UFC), a exigé la tenue d’une conférence nationale d’ici le mois d’octobre, lors d’un meeting or-ganisé samedi 22 septembre.

“Nous exigeons du pouvoir en place l’organisation d’une conférence nation-ale souveraine d’ici le mois d’octobre”, a déclaré Pierre Claver Manganga Moussavou, président du Parti social démocrate (PSD, opposition).

Le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, avait refusé de dialoguer avec l’opposition sur la conférence nationale lors de son discours devant

les députés et les sénateurs gabonais réunis en congrès le 12 septembre dernier, annonçant qu’il ne dialoguera pas avec des personnes “qui ne respec-tent ni les institutions, ni ceux qui les incarnent”.

L’opposition gabonaise a également lancé un appel solennel au peuple à se mobiliser et à répondre à tous les mots d’ordre qui seront lancés pour l’aboutissement de ces exigences.

Cette réunion politique, qui a été au-torisée par le ministère de l’Intérieur, a regroupé des milliers de citoyens au carrefour Rio, un quartier populaire, et s’est déroulée sans incident.

D E M O C R A T I S A T I O N

Le gouvernement malgache vient de débloquer une enveloppe de 1,780

milliard d'Ariary (890.000 dollars) pour la Commission Electorale Na-tionale Indépendante pour la Transi-tion (CENIT), indique un communiqué du ministère malgache des Finances et du Budget de la transition reçu jeudi 20 septembre.

La somme va supporter les charges inhérentes à la formation concer-nant les opérations de recensement électoral qui va être effectuée par les démembrements de la CENIT, des agents recenseurs et des chefs de quartiers.

Selon le communiqué, le finance-ment de cette formation incombe à la communauté internationale, mais

Madagascar: L'Etat verse 900.000 dollars pour les élections

comme le Projet d'appui au cycle électoral 2012-2014 à Madagascar (PACEM) n'est pas encore signé et se trouve toujours au niveau des Nations unies pour aval, la partie malgache a décidé d'avancer cette enveloppe financière.

Les opérations de recensement électoral doivent démarrer le 1er octo-bre, suivant le calendrier déjà adopté par la CENIT.

Selon le projet de budget électoral étudié par l'ONU et la CENIT, Mada-gascar aura besoin de 71 millions de dollars pour organiser les prochaines élections.

L'Etat Malgache a décidé d'apporter 8 millions de dollars sur la totalité du budget.

Les élections municipales et ré-gionales censées clore, après les

scrutins présidentiel et législatif, le processus électoral entamé en Côte d'Ivoire en 2010, auront lieu le 24 février, a annoncé le gouvernement mercredi 26 septembre.

“Les élections municipales et ré-gionales couplées auront lieu le 24 février 2013”, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, à l'issue d'un Conseil des ministres.

La date des élections a été décidée sur proposition de la Commission électorale indépendante (CEI), a-t-il

Les élections ivoiriennes auront lieu le 24 février

souligné.Ce couplage des deux scrutins

répond au souci de “gagner du temps” pour une mise en oeuvre “diligente” de la politique de décentralisation du gouvernement, a ajouté Bruno Koné.

Les élections de février permettront d'élire 197 conseils municipaux et 30 conseils généraux.

Le nouveau découpage adminis-tratif de la Côte d'Ivoire comprend 14 districts dont deux autonomes (Abidjan et Yamoussoukro), 30 ré-gions, 96 départements et 498 sous-préfectures.

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22 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

Guinée : La classe politique et la société civile divisées sur la composition de la CENI

Depuis l ’adoption de la nouvelle loi sur l’organisation et le fonctionnement

de la nouvelle Commission électorale nationale indépen-dante (CENI), la société civile et la classe politique guinéennes sont plus que jamais divisées sur le quota de représentativité des uns et des autres.

Cette loi organique, adoptée le 18 septembre par le Conseil national de Transition (CNT, organe législatif de la transi-tion), a fixé au nombre de 25 les commissaires de la CENI pouvant constituer le bureau exécutif de l’organe électoral.

Dix places ont été accordées à l’opposition guinéenne, et dix places à la mouvance présiden-tielle regroupée autour du parti au pouvoir (RPG-arc-en-ciel). Trois places ont étés accordées aux organisations de la société civile guinéenne et deux pour l’administration publique.

Pour la désignation des dix membres de l’opposition, rien ne semble être facile, car les leaders de cette opposition se lancent actuellement dans un véritable tiraillement à travers les médias.

Les membres du collectif et de l’ADP, deux blocs principaux

de l’opposition, ont claire-ment annoncé que, selon les dispositions juridiques sur les partis politiques, les forma-tions politiques du centre ne sont pas considérées comme de l’opposition, car cette position n’est pas définie par les lois du pays.

Quels partis peuvent-ils prétendre être de

“l’oppostion”?

Le porte-parole de l’oppo-sition radicale Aboubacar Sylla a annoncé que les dix places de l’opposition reviennent de facto aux membres du collectif et de l’ADP, qui se sont battus afin d’obtenir une recomposition paritaire de la CENI et le départ de son président Lounsény Camara.

Les leaders du Front uni pour la démocratie et le progrès (FDP) ont fustigé les “propos d’exclusion” de l’opposition radicale et ont estimé que le collectif et l’ADP n’ont pas le monopole de l’opposition.

Selon le coordinateur du FDP Mamadou Bah Baadiko, “le statut de l’opposant ne se décrète” pas, mais il s’acquière à travers les textes de lois et les textes juridiques qui règlemen-

tent la vie politique.Lors d’une sortie média-

tique, M. Bah a déclaré que son alliance appelle tous les acteurs guinéens de l’opposition à re-nouer le dialogue et le consen-sus afin de pouvoir designer leurs répondants au sein de la nouvelle CENI et y jouer le jeu démocratique dans l’intérêt des électeurs.

Le coordinateur du bloc de l’opposition constructive (BOC) Ibrahima Sory Diallo a pour sa part revendiqué un certain nombres de places à la CENI pour son bloc, et déclare être de l’opposition au même titre que les leaders du collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition.

Pour M. Diallo, aucune for-mation politique ne doit exclure une autre dans la composition de la nouvelle CENI qui, au nom de la loi organique, doit avoir une composition paritaire entre toute l’opposition et la mouvance présidentielle.

“Je pense que les leaders de l’opposition doivent être as-sez mûrs pour trouver le juste milieu dans le partage égal des dix places entre tous les partis à vocation d’opposition dans le pays”, a dit Ibrahima Diallo.

Le club des Républicains,

appartenant aussi à l’opposition avec une tendance plutôt cen-triste, réclame également des places à la CENI.

Au niveau du mouvement social guinéen, la désignation d’un représentant par sept centrales syndicales guinéennes a été contestée par un certain nombres de syndicalistes, qui scande une désignation non consensuelle de celui qui doit porter la voix des syndiqués dans la nouvelle CENI.

Divergences au sein de la société civile

Du coté de la société civile guinéenne, des divergences ont également été signalisées dans le mode de sélection de ses représentants au sein de la nouvelle CENI.

Le conseil nationale des or-ganisations de la société civile guinéenne (CNOSCG), l’une des premières structures de la so-ciété civile du pays, se donne le droit de désigner un représen-tant parmi les trois candidats déclarés en son sein.

Toutefois, cette façon de procéder a été contestée par d’autres structures de la société civile, qui seront en phase de procéder à des désignations internes.

Mamady Keita, coordinateur de la Confédération nationale des organisations de la société civile (CONASOC) a déclaré que les autres membres de la société doivent se retrouver à l’interne pour définir les critères de choix des personnes qui doivent répondre au nom de la société civile guinéenne, afin d’éviter les frustrations et les cas d’exclusion.

A l’allure actuelle, la compo-sition d’une nouvelle CENI, avec des représentants de toutes les composantes de la société gui-néenne, pourrait devenir une tâche assez ardue et une réelle problématique politique.

Xinhua

D E M O C R A T I S A T I O N

La nouvelle loi prévoit, pour constituer la Commission électorale, 10 sièges à l’opposition, 10 à la mouvance présidentielle, 3 aux organisations de la société civile et 2 à l’administration publique. Mais opposition et société civile ont du mal à désigner leurs représentants.

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23 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

D E M O C R A T I S A T I O N

“Nous regrou-p o n s n o s m e m b r e s effectifs et

partisans en vue de reprendre nos activités politiques. Nous devons préparer les prochaines élections à la députation pro-vinciale. Malheureusement, peu répondent à nos appels”, se lamente André Balibuno, secré-taire exécutif du parti politique Solidarité congolaise pour la démocratie (SCODE).

Dans les rues de Goma et ail-leurs dans la province du Nord-Kivu, calicots et pancartes de certains partis réapparaissent depuis la publication, en juin dernier, du calendrier des élec-tions provinciales prévues le 25 février 2013. Les élus d’hier se préoccupent de nouveau de leur image, et les candidats malheureux veulent retenter leur chance.

Les recettes sont les mêmes que pour les élections législa-tives de novembre 2011 : pour attirer l’attention des habitants, certains initient toutes sortes de petits travaux, rebouchage de nids-de-poule dans les routes, réparation de caniveaux…

D’autres s’improvisent bien-faiteurs et font des dons : leur charité est médiatisée par les médias locaux. Les habitants, eux, ne cachent pas leur dépit devant les résultats du mandat qui s’achève. “C’est toujours durant les périodes préélecto-rales que vous faites signe de vie. Vous croyez tromper la vigilance des populations. En cinq ans, vous n’avez rien fait de spécial pour les électeurs qui vous ont choisi”, lance un habi-tant du quartier Mabanga Sud à un parlementaire venu avec un camion-benne rempli de graviers pour boucher quelques trous d’eau stagnante.

Les parlementaires ainsi interpellés disent toujours la même chose : ils promettent

qu’ils feront mieux durant le prochain mandat, pourvu qu’on leur fasse confiance. “C’était une première législature, nous apprenions encore beaucoup à travers des débats et ateliers de formation organisés par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et les autres partenaires inter-nationaux. Nous espérons être rôdés pour le prochain mandat”, se défend Kenda Kenda, député provincial de Goma.

Las, la population reste mé-fiante. “Les membres effectifs ne versent plus leurs cotisations et nous ne recevons presque plus de nouveaux membres adhérents. Or ces cotisations témoignaient de la détermi-nation des membres, de leur attachement au parti et con-tribuait en partie à son fonc-tionnement”, indique Oscar Ramazani, membre effectif du Rassemblement des Congolais pour la démocratie (RCD), chargé du recrutement de mili-tants et des relations avec les autres partis.

Déçus par un bilan négatif

Les citoyens ne comprennent pas pourquoi les parlementaires n’ont pas voté les lois provin-ciales à propos d’un certain nombre de problèmes sociaux. Par exemple, concernant la réglementation et la fixation des diverses taxes infligées à la population.

Depuis 2006, peu de lois ont en effet été votées. Beaucoup de propositions et de projets ont été abandonnés en cours de route. “Au cours des plénières, les parlementaires étaient sou-vent divisés à cause de leurs intérêts privés et matériels. Les intérêts de la population étaient ignorés. Ils étaient souvent occupés à lancer des motions contre tel ou tel gestionnaire de la chose publique. Quand

ils y trouvaient leur compte, les dossiers n’étaient plus suivis, déplore Djenton Maungu, ac-tiviste des droits de l’homme et président urbain de la société civile du Nord-Kivu. Ainsi, le Nord-Kivu stagne par rapport à d’autres provinces comme les deux Kasaï ou la Province-Orientale où plus de lois ont été votées.”

Des excuses qui passent mal

Certains élus ne sont plus apparus dans leur circonscrip-tion depuis leur élection pour s’enquérir des problèmes de leurs électeurs. “Lors de sa campagne en 2006, l’un de nos élus nous avait demandé de constituer des dossiers ad-ministratifs afin de demander à la hiérarchie que nos salaires soient pris en charge, relate un enseignant du territoire de Masisi. Depuis, nous ne l’avons plus revu, même pendant les vacances parlementaires, et nos problèmes n’ont pas changé.”

“Notre rôle, affirme Kenda Kenda, député provincial de Goma, n’est pas de construire

des routes, des hôpitaux, des écoles, etc. Nous devons trans-mettre les besoins et relayer les plaidoyers de la population auprès du gouvernement. Si l’exécutif ne fait pas son travail, cela ne doit pas être placé à notre actif.”

Beaucoup de parlementaires défendent ce point de vue. Pour l’Exécutif provincial, c’est le non-respect du principe de ré-trocession par le gouvernement central de 40% des recettes réalisées par la province qui l’empêche d’avoir les moyens de sa politique. “Faute de moyens, les travaux de grande envergure, par exemple les routes, tardent à se réaliser”, ajoute-t-il.

A quelques mois de la fin de leur mandat, pour preuve de leur bonne volonté, les députés viennent de suspendre les mem-bres dirigeants de leur bureau pour incompétence. Une nou-velle équipe est en place, mais la population est incrédule : “Tout ce qu’ils n’ont pas pu faire pendant cinq ans, ils ne vont pas le faire maintenant…”, estime Djenton Maungu, président de la société civile.

Désiré Bigega, Syfia

RDC : Les élus provinciaux en campagne, face à la déception des électeurs

Depuis que la date des élections provinciales, le 25 février 2013, est officielle, les élus reviennent sur le terrain pour tenter d’amadouer les électeurs. Mais ceux-ci, déçus et critiques, ne sont pas prêts à leur faire à nouveau confiance pour cinq ans.

La co-médiation internationale pour la crise de la RDCongo, composée de l’ancien président ghanéen John Kufuor et du

révérend Jean-Paul Moka, a proposé lundi 24 septembre de nom-mer plusieurs ecclésiastiques parmi les membres exécutifs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Ainsi, la co-médiation s’est prononcée en faveur d’un leader ec-clésiastique politiquement modéré et internationalement reconnu à la présidence de la CENI. Elle a par ailleurs souhaité voir siéger, dans le cadre des deux postes prévus pour la société civile, un représentant de l’Eglise catholique, et un autre membre qui sera choisi par le synode des chefs religieux.

La co-médiation a par ailleurs conseillé à la présidence de la CENI de préserver son caractère de “modération et de sensibilité politique centriste”, afin de renforcer la confiance entre les cinq membres de la majorité et les quatre de l’opposition qui siégeront en son sein.

Des ecclésiastiques à la tête de la CENI?

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24 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

En bref...Burundi : Le Président promet des progrès

BUJUMBURA - Le président burundais Pierre Nkurunziza a profité de l’ouverture de la rentrée judiciaire pour promettre une amélioration de la justice burundaise selon les standards internationaux.

“Le gouvernement s’attèle à faire en sorte que la justice burundaise réponde aux stan-dards internationaux. Pour ce faire, notre soutien est sans réserve pour toute initiative qui viendrait soutenir cet idéal”, a déclaré le président Nkurunziza le 24 septembre.

Il a insisté sur le fait que les pratiques de corruption, de népotisme, de clientélisme et autres doivent être bannies à jamais des parquets, cours et tribunaux burundais.

Il a également demandé aux magistrats de se garder de traîner dans le traitement des dossiers car, leur a-t-il rappelé, “c’est dans des circonstances de lenteur que la population préfère souvent se faire jus-tice”.

La rentrée judiciaire se fait au lendemain d’une mesure de grâce présidentielle dont plus de 7.000 prisonniers ont bénéficié. Une loi modifiant certaines dispositions vient elle aussi d’être promulguée afin de promouvoir des peines alternatives à l’emprisonnement, en particulier le travail d’intérêt général.

Le colonel Abdoulaye Cherif Diaby, ancien ministre de la Santé dans

le gouvernement de Moussa Dadis Camara, a été inculpé par la justice guinéenne, pour “sa responsabilité présumée dans les événements du 28 septembre 2009 et des jours sui-vants”, selon un communiqué diffusé vendredi 21 septembre par la FIDH et son organisation membre en Guinée, l’OGDH.

La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH) “se félicitent de cette inculpation survenue à la veille du troisième anniversaire du massacre du 28 septembre 2009”.

Cette nouvelle inculpation qui date en réalité du 13 septembre est perçu comme “un nouveau signal important pour la lutte contre l’impunité en Guinée”.

La FIDH et l’OGDH appellent à cette occasion les autorités politiques et judiciaires “à poursuivre et renforcer leurs efforts en faveur de la lutte contre l’impunité, condition essentielle de l’Etat de droit et de la réconciliation nationale”.

D’après ce communiqué, “il lui est reproché d’avoir délibérément en-travé la prise en charge médicale des blessés. Abdoulaye Cherif Diaby avait été mis en cause par la commission d’enquête internationale des Nations unies comme étant l’une des personnes

Guinée : Nouvelle inculpation dans les massacres de 2009

impliquées dans les graves violations des droits de l’homme commises au stade le 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi”.

Le 8 février 2010, le Procureur général de la Cour d’appel de Conakry avait saisi trois magistrats d’une in-struction visant “Aboubakar Diakité alias Toumba et tous autres”, ancien aide de camp de Dadis, afin “d’établir les responsabilités individuelles dans les événements du 28 septembre 2009 au cours desquels plus de 157 personnes ont été tuées, des dizaines de femmes ont été violées et ont subi d’autres crimes sexuels, plus d’une centaine de personnes ont disparu et des centaines d’autres ont été blessées et traumatisées”.

Dans cette procédure, “la FIDH et l’OGDH, aux côtés des associations de victimes, se sont constituées parties civiles et soutiennent les 250 victimes qui ont été entendues à ce jour dans ce dossier, afin de contribuer à la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves”.

Le lieutenant colonel Moussa Tieg-boro Camara, secrétaire général chargé de la lutte contre la criminalité, le narcotrafic et le terrorisme avait été le premier à être inculpé le 1er février 2012 dans le cadre de cette affaire, en tant qu’ancien membre de la junte, soupçonné d’avoir joué un rôle dans les massacres.

Xinhua

J U S T I C E

Un tribunal rwandais a rejeté lundi 24 septembre la demande

de liberté sous caution du suspect de génocide Jean Uwinkindi, transféré à Kigali, par le Tribunal pénal inter-national des Nations unies pour le Rwanda (TPI-R).

M. Uwinkindi a été arrêté en juin 2010 en Uganda et a été par la suite transféré au centre de détention de l'ONU à Arusha en Tanzanie. Il a été envoyé au Rwanda le 19 avril, et il est la première personne transférée au Rwanda par le TPI-R dans le cadre de la stratégie d'achèvement du tribunal de l'ONU.

Le juge de Haute cour Antoine Muhima a déclaré dans son verdict que la demande de M. Uwinkindi n'était

pas étayée de véritable preuve des raisons avancées dans sa demande de liberté sous caution. Dans sa demande d'appel, M. Uwinkindi avait déclaré être victime d'une erreur d'identité, déclarant s'appeler Jean Uwinkindi et non Jean “Bosco” Uwinkindi.

Toutefois, le juge a estimé qu'il s'agissait d'une “faute de frappe” et que “les autres informations correspon-dent exactement à celles données par M. Uwinkindi au tribunal”.

M. Uwinkindi est un ex-pasteur de l'Église pentecôtiste de l'Est du Rwanda. Le Parquet rwandais l'accuse d'avoir livré aux auteurs de massacres des milliers de réfugiés tutsi, dont des membres de sa paroisse, pendant le génocide.

Rwanda : La liberté sous caution refusée à un suspect de génocide

Dansl’urgence,donner lespremierssoinswww.msf.chCCP 12-100-2

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25 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

F E M M E S

L’objectif du Collectif des femmes contre l’émigration clan-destine (COFLEC)

est de combattre l’émigration clandestine, notamment à Thi-aroye-sur-mer, une localité de pêcheurs fortement touchée par le drame. L’émigration clandes-tine vers l’Espagne avait fait au Sénégal en 2006 des centaines de morts, plusieurs détenus et de nombreux rapatriés.

Des statistiques de cette as-sociation indiquent que dans cette aventure hasardeuse, 156 jeunes Sénégalais de cette localité avaient trouvé la mort, laissant 88 orphelins, tandis que 374 mineurs étaient déte-nus en Espagne et 210 jeunes rapatriés d’Espagne, du Cap-Vert et du Maroc.

“Eu égard à tout cela, j’ai décidé, après les cérémonies funéraires, d’organiser les femmes qui ont perdu leur mari ou leurs fils ou frère lors de cette traversée, et de créer une association de lutte contre ce fléau”, déclare Yayi Bayam Diouf, présidente du COFLEC.

Depuis lors, son collectif, avec ses 375 membres, s’est illustré dans des activités gé-

Sénégal : Des femmes se regroupent pour freiner l'émigration clandestine

nératrices de revenus et des campagnes de sensibilisation pour dissuader les éventuels candidats à l’émigration.

L’association s’est ainsi lan-cée dans la transformation de fruits de mer en poisson fumé, séché, poisson braisé, crevette séchée, et vend trois tonnes de produits par an, pour environ 10 millions FCFA (20.000 dollars), indique Diouf.

Le collectif transforme égale-ment des fruits et légumes en jus, avec une production de huit tonnes par saison: le Ditakh, les mangues, les mades, le citron, les oranges, le bissap (l’oseille), et le gingembre. Cette produc-tion leur rapporte quelque quatre millions FCFA (8.000 dollars), ajoute-t-elle.

Le COFLEC produit aussi du savon à base de produits locaux (huile de palmiste, huile de palme, soude acoustique, beurre de karité, et huile de

nime) pour un total de trois tonnes la saison, vendues à huit millions FCFA (16.000 dollars).

Les céréales locales (mil, maïs, niébé), transformées en couscous et brisure de mil pour une production annuelle de cinq tonnes, leur rapportent deux millions FCFA (4.000 dollars).

Tous ces produits, affirme la présidente du COFLEC, estimés

au total à environ 30 tonnes par saison, sont vendus sur le mar-ché local, mais aussi au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en France, en Espagne, en Italie et aux Etats-Unis, notamment lors des foires.

Le collectif a initié en outre un système de microcrédit et débloque chaque année 10 millions FCFA au profit de ses membres, mais aussi des rapatriés d’Europe. En plus, le COFLEC a financé l’achat de deux pirogues bien équipées à 50 millions FCFA pour 50 anciens passeurs dans le but de les recycler dans la pêche, explique Diouf.

“Nous avons réuni ce mon-tant grâce à nos propres cotisa-tions et à un financement de la fondation française BENETOU. La coopération espagnole nous a aussi appuyées sous forme de crédit”, souligne la présidente du COFLEC.

Abiboulaye Diouf, le chargé des projets et programmes de la Fondation Habitafrica (un des partenaires financiers du CO-FLEC), basée à Dakar, a rappelé la collaboration entre les deux organisations, qui a commencé au lendemain des funérailles des victimes de l’émigration clandestine.

Après cinq ans d’activités, Diouf juge positives les actions des femmes dans leur lutte contre l’émigration clandes-tine, marquée par une forte campagne de sensibilisation, mais aussi par la création d'une centaine d'emplois, grâce à la mise en place d'unités de production. Il salue également la création d'une mutuelle de crédit ainsi que la formation et l'encadrement de plus d'une centaine de femmes et de jeunes filles grâce au COFLEC.

Doudou Ndoye est pêcheur, habitant Thiaroye-sur-mer. Il était passeur lors de la vague d’émigration clandestine, avant de se reconvertir dans la lutte contre ce fléau, grâce au CO-FLEC. Il se souvient aujourd’hui avec amertume de la perte des dizaines de jeunes compatriotes qui rêvaient d’un avenir plus radieux en Europe.

“C’est un ami pêcheur qui m’avait introduit dans ce tra-vail de passeur qui consistait à recruter des candidats pour des piroguiers qui assuraient la navette entre les îles Canaries (Espagne) et les côtes mau-ritaniennes”, affirme Ndoye. “Nos clients déboursaient entre 200.000 et 300.000 FCFA (entre 400 et 600 dollars) par personne, à raison de 96 pas-sagers par pirogue”.

“Personnellement, j’ai sept cousins portés disparus en haute mer. Ils n’ont plus fait signe de vie. Dans mon seul quartier, sept autre jeunes ont péri en mer, deux rapatriés après avoir été capturés par les gardes-côtes marocains”, raconte Ndoye, la voix cassée par l’émotion.

Ndoye rappelle aussi la mé-moire de son ami et ancien com-plice, disparu en mer, alors qu’il embarquait à son tour dans une pirogue dans l’espoir de trouver l’Eldorado en Europe.

Souleymane Gano, IPS

Le Collectif des femmes contre l’émigration clandestine (COFLEC) de Thiaroye-sur-mer, dans la banlieue de Dakar, au Sénégal, se retrouve, cinq ans après sa création en 2007, avec un chiffre d’affaires de 35 millions francs CFA (environ 70.000 dollars) annuel grâce à plusieurs activités.

Le collectif mène des activités génératrices de revenus, organise des campagnes de sensibilisation, et gère un système de microcrédit

Une Burundaise primée pour des émissions de radio sur les enfantsLa Burundaise Christine Ntahe, qui oeuvre dans la protection

des droits des enfants des rues dans son pays, s'est vu accorder un prix par l'ONG suisse Foundation for Subjective Experience and Research (SER), le 21 septembre.

Ce prix vient récompenser un série d’émissions de radio produites sur les enfants du Burundi, par l'association Bon Geste qu’elle

dirige. “Dans mes émissions, tous les enfants sont traités de la

même façon. Le milieu d’origine et le statut social des enfants qui s’expriment ne jouent aucun rôle. Les enfants y apprennent l’importance du dialogue et de la patience dans une atmosphère paisible”, a expliqué Mme Ntahe.

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F E M M E S

"Un effort plus grand est nécessaire pour sauver les femmes enceintes"

Il y a trois ans, l’Union afri-caine a lancé une campagne à l’échelle continentale

afin de réduire le nombre de femmes qui meurent pendant la grossesse ou en couches.

Elle est dénommée Cam-pagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique, et son slogan est “L’Afrique n’est pas indifférente: aucune femme ne doit mourir en donnant la vie”. Cela a été largement salué puisque de nombreuses sociétés africaines donnent à la mater-nité un statut spécial.

Cependant, la triste vérité est que donner la vie est une cause majeure de décès des femmes et des filles en Afrique. Et au cours des 20 dernières années, peu de pays africains, en particulier ceux d’Afrique subsaharienne, ont fait assez de progrès en diminuant le nombre de décès maternels.

Les données publiées le 16 mai par les Nations unies mon-trent que le nombre de femmes dans le monde, qui meurent de complications liées à la grossesse et à l’accouchement, a presque diminué de moitié au cours des 20 dernières années. Le rapport intitulé “Tendances de la mortalité maternelle: de 1990 à 2010”, montre que le nombre annuel de décès mater-nels a chuté de plus de 543.000 à 287.000, soit une baisse de 47% au niveau mondial.

Bien qu’il y ait eu une réduc-tion de 41% en Afrique subsa-harienne, les progrès sont lents et inégaux. En outre, la région représentait plus de la moitié, 56%, des décès maternels dans le monde en 2010. Une femme sur 39 en Afrique subsaha-rienne meurt en couches, com-parativement à une sur 3.800 dans le monde développé, et une sur 290 en Asie.

Au cours des trois dernières années, j’ai interrogé des cen-taines de femmes et filles au Kenya, en Afrique du Sud, et au Soudan du Sud sur la grossesse

et l’accouchement. Leurs ex-périences sont au cœur de la raison pour laquelle l’Afrique traîne derrière.

Leurs histoires étaient large-ment similaires. Elles m’ont dit qu’elles avaient une mauvaise connaissance de la sexualité et peu d’informations et de services concernant le planning familial, et qu’elles n’avaient pas d’argent ou le moyen de transport dont elles avaient besoin pour obtenir de l’aide quand elles étaient en travail.

Leurs histoires portaient sur des installations de santé en manque de personnel et mal équipées sans aucune capacité à traiter les complications obs-tétricales, sans ambulances

pour transporter les femmes vers des centres où elles pour-raient être aidées et le manque d’argent pour louer des moyens de transport privés.

Elles ont parlé du coût élevé de l’accouchement dans une installation sanitaire, en par-ticulier lorsque l’on a besoin de soins spécialisés. Et elles se sont plaintes d’être maltraitées et négligées par les profession-nels de santé mêmes qui étaient censés prendre soin d’elles, et du manque d’informations sur les mécanismes pour affronter tous les obstacles aux soins de qualité.

Les histoires de ces femmes

révèlent également de fla-grantes inégalités sociales fon-dées sur le statut économique, l’origine ethnique, la situation géographique, l’éducation, l’âge et le statut d’immigration, pour ne citer que quelques facteurs. Ces inégalités mettent les soins de santé de la reproduction et de maternité loin de la portée de beaucoup de femmes, et ex-pliquent pourquoi les femmes et filles pauvres, analphabètes, ou rurales courent un risque plus élevé de mourir en couches que les femmes et filles plus privilégiées.

Un effort plus grand est d’urgence nécessaire pour sau-ver des femmes enceintes. Les gouvernements africains

doivent investir dans des sys-tèmes de soins de santé solides et assurer qu’il y a suffisamment d’installations sanitaires qui peuvent fournir des soins obs-tétriques d’urgence, distribuer équitablement les fournitures et médicaments appropriés, et employer un nombre suffisant de professionnels de santé bien formés, y compris ceux qui ont des compétences en obstétrique.

Pour éviter les décès mater-nels, il est également important de prévenir des grossesses non désirées et précoces. Les gou-vernements devraient prioriser l’éducation sexuelle globale

afin que les filles et les garçons aient des connaissances fiables sur la santé de la reproduction pour opérer des choix éclairés concernant le sexe et la repro-duction.

Les gouvernements devraient étendre les informations et services de planning fami-lial, notamment l’offre d’une gamme variée de méthodes contraceptives et l’accès aux avortements sécurisés.

Il est tout aussi important de corriger les inégalités sociales et économiques sous-jacentes qui favorisent ce problème. Ces questions comprennent le statut inférieur des femmes, le manque d’éducation pour les filles, le mariage précoce, la malnutrition, la pauvreté, et les pratiques traditionnelles néfastes, telles que la mutila-tion génitale féminine.

Bien que beaucoup de gou-vernements expliquent la forte mortalité maternelle par un manque de ressources, il est clair que bon nombre d’entre eux pourraient faire beaucoup plus avec les ressources dont ils disposent.

Une mesure simple serait de se concentrer sur la respon-sabilisation du système de santé afin que les échecs de fourniture de soins de santé, qui con-duisent aux mauvais résultats de santé maternels, puissent être identifiés et corrigés par des systèmes de supervision et de surveillance.

Une reddition de comptes efficace favorise en réalité la responsabilité financière et peut assurer l’utilisation la plus efficace des ressources grâce à une surveillance et un examen constants de la façon dont les services de santé font leur travail.

Pour éviter les décès maternels, il est également important de prévenir des grossesses non désirées et pré-coces. Les gouvernements devraient prioriser l’éducation sexuelle globale afin que les filles et les garçons aient des connaissances fiables sur la santé de la reproduction pour opérer des choix éclairés concernant le sexe et la reproduction.

L’auteur de cette tribune, Agnes Odhiambo, est cher-cheuse à Human Rights Watch

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Niger : Audit général de l'administration publique Mauritanie : 8 millions

d’euros de l’UE pour sa stratégie migratoire

NOUAKCHOTT - L’Union européenne va apporter un appui financier “sans con-trepartie” de 8 millions d’euros à la Mau-ritanie en soutien à son projet de stratégie de migration.

Selon une convention signée mercredi 26 septembre à Nouakchott, ce projet vise, entre autres objectifs, à “offrir une meilleure connaissance statistique des personnes entrant et sortant du territoire mauritanien, à lutter contre le trafic hu-main, assurer la protection des plus faibles et le respect des règles internationales des droits à l’asile”.

Au cours de la cérémonie de signature de cette convention, le représentant de l’UE Hans-Georg Gertenlauer a souligné que la position de “pivot entre l’Afrique et le Maghreb de la Mauritanie pose à ce pays le défi de maintenir sa tradition de pays d’accueil tout en assurant la nécessaire stabilité et protection de son territoire et ses habitants”.

“L’Etat mauritanien a mis en oeuvre [en 2011] des efforts importants afin de doter le pays de la première stratégie migratoire de son histoire, qui fait figure de référence dans la sous-région”, a-t-il rappelé.

“La gestion des frontières et la protec-tion du territoire sont intrinsèquement liées aux actions de lutte contre le terro-risme, ce qui est pertinent dans le contexte sécuritaire régional actuel”, a conclu le diplomate européen.

Pour sa part, le ministre mauritanien des Affaires économiques Sidi OuldTah a déclaré que son pays “ est confronté à une pression migratoire qui met en difficulté les mécanismes traditionnels de régulation des flux migratoires mis en place depuis l’indépendance”.

En 2011, la Mauritanie s’est dotée d’une stratégie nationale de gestion de la migra-tion et des frontières. Au-delà de l’aspect sécuritaire, cette stratégie prévoit une meil-leure compréhension de la migration et sa contribution au développement du pays.

Plus de 60 postes de contrôle fronta-liers ont été mis en place avec l’assistance technique et financière de l’Union euro-péenne.

Le rôle joué par la Mauritanie dans la réduction du flux migratoire vers l’Europe a été salué par les pays européens, notam-ment par l’Espagne.

Xinhua

Le Premier ministre nigérien, Brigi Rafini, a annonce vendredi

21 septembre un audit général de l’administration publique visant à mettre en place un “organigramme-cible” pour mieux gérer les ressources humaines dans les services publics.

Lors du Conseil des ministres, Brigi Rafini a relevé que l’administration ne fonctionne pas selon “les canons attendus des services publics”.

“Cet organigramme-cible permettra de mieux gérer les ressources hu-maines avec, entre autres, un recrute-ment efficient, un plan de formation, des règles rationnelles d’affectation des ressources du niveau central au niveau local”, précise le communiqué du Conseil des ministres.

Selon le texte, des instructions “idoines” ont été données aux minis-tres en tant que premiers responsables

de leurs administrations respectives afin qu’ils veillent personnellement à ce “que le respect des horaires soit une réalité dans leurs services, mais aussi que tout retard ou toute faute dans l’exécution des missions dévo-lues à chaque agent soit sanctionné énergiquement”.

Ils ont été également instruits de “mettre en place des mécanismes de motivation, d’encouragement et de valorisation en direction des agents méritants”.

L’administration nigérienne est souvent critiquée pour son manque de moyens, ou pour la présence en ses rangs de fonctionnaires nommés pour des raisons purement partisanes. Certains fonctionnaires font fi de la ponctualité, voire n’hésitent pas à abondonner leur poste de travail pen-dant de longues périodes.

Guinée : Transparency lance une étude sur la corruption

efforts des nouvelles autorités, reste le pays le plus corrompu d’Afrique de l’ouest et le 18e pays le plus corrompu dans le monde.

Selon elle, les décideurs guinéens doivent encore faire des efforts pour lutter contre la corruption, à travers la mise en place d’institutions fortes et efficaces.

Selon les conclusions d’une récente étude, les ménages et les opérateurs économiques rapportent que le paie-ment de pots-de-vin pour mettre à jour des situations fiscales, obtenir des contrats publics et demander des services publics est une pratique très répandue en Guinée.

L’enquête indique que lorsqu’un responsable d’entreprise traite avec l’Etat, il paie l’équivalent de 20% de la valeur du contrat en pots-de-vin. Par ailleurs, 29% des contrats d’approvisionnement s’accompagnent de dessous de table.

De plus, les montants payés sous forme de pots-de-vin varient suivant la taille de l’entreprise : les petites entreprises paient en moyenne 18% de la valeur du contrat, alors que pour les moyennes et grandes entreprises, les pots-de-vin s’élèvent à 21%.

L’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC), en col-

laboration avec les experts de Trans-parency International a lancé mardi 25 septembre une enquête nationale pour la réalisation d’une étude de percep-tion du phénomène de la corruption au sein des entreprises publiques de Guinée.

Cette étude vise à identifier les principaux cas de corruption et les facteurs aggravant ce phénomène dans les entreprises de service public, à travers le sondage de plus de 2.400 ménages. Ce qui, à terme, devrait permettre de doter le gouvernement d’une boussole pour entreprendre des politiques concrètes de lutte contre la corruption et un programme adéquat de sa mise en oeuvre.

“La lutte contre la corruption est un combat citoyen qui doit interpeller chacun et tous”, a déclaré le directeur de l’ANLC, François Falcon, qui a plai-dé pour le soutien du gouvernement, des organismes publics, des médias et de la société civile guinéenne.

Dans son intervention, Mme Ange Marie Kalenga, chargée de programme à transparency International à Berlin, a souligné que la Guinée, malgré les

S O C I E T E

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28 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

A l’occasion de la semaine dédiée aux personnes handicapées, l’Union des personnes handicapées du Burundi (UPHB) a réclamé mardi 25 septembre leur inclusion dans les

politiques de développement, ce que ces personnes considèrent comme une base légale de leur protection et de promotion de leurs droits.

“Le Burundi n’a ni législations, ni politiques ou programmes spécifiques aux personnes en situation de handicap (...) La con-ception d’une politique nationale claire sur la promotion des personnes handicapées serait une condition pour leur participa-tion à la société burundaise”, a souligné Seberege Pierre Claver, président de l’UPHB.

Il a ajouté que le Burundi est le seul pays au niveau des pays membres de la Communauté est-africaine (EAC) qui n’a pas de représentation des personnes handicapées dans les instances de prise de décision.

L’UPHB demande à être intégrée dans les travaux de la révision du code électoral et de la Constitution, qui a été annoncée par le chef de l’Etat le 26 août dernier.

“A ce titre, il faudrait une représentation des personnes handi-capées comme il est déjà prévu pour d’autres catégories comme les femmes et les batwa (ethnie la plus minoritaire du Burundi, ndlr)”, a suggéré le président de l’UPHB.

Les handicapés burundais veulent participer aux prises de décisions

S O C I E T E

“Plus de quinze pros-tituées tuées froi-dement en un seul

mois dans la ville de Kigali, c’est trop !”, s’alarme un activiste des droits de l’homme de la capitale rwandaise.

Depuis fin juillet, au moins 18 femmes qui vendent leurs corps, dont six du même sect-eur de Gatsata, à Kigali, ont été trouvées mortes à leur domicile. Presque toutes ont été tuées de la même façon : étranglées ou poignardées. Les témoignages des voisins des victimes concor-dent : les assassins se seraient fait passer pour des clients.

La police a ouvert une en-quête mais n'a pas réussi à mettre la main sur les auteurs de ces meurtres en série.

“Si les tueurs se font passer pour des clients paisibles avant de laisser derrière eux des corps sans vie, il est très difficile pour les forces de l’ordre de con-trôler”, estime un responsable

de la sécurité dans le district de Gasabo.

La prostitution reste illégale au Rwanda. Le code pénal rwan-dais sanctionne les différentes formes de prostitution d’un emprisonnement allant de trois mois à sept ans et d'une amende maximale de 5 millions de Frw (près de 8.200 dollars).

La prostitution est passible de peines

d’emprisonnement

“Comme la prostitution est combattue au Rwanda, les femmes qui en vivent sont obli-gées de s’exporter vers les pays voisins, surtout en Ouganda et au Burundi”, témoigne cet activiste des droits de l’homme. Selon lui, une bonne partie de prostituées traversent la frontière pendant les week-ends et rentrent en début de la semaine. “De l’autre côté, elles exercent leur travail sexuel sans

aucun souci d’être reconnues”, constate-t-il.

Au Rwanda, en revanche, rares sont celles qui peuvent se déclarer ouvertement. Elles restent dans la clandestinité et sont nombreuses le soir dans les hôtels et boîtes de nuit pour chercher des clients.

“Travailler dans la clandes-tinité nous cause beaucoup de pertes, confie une femme de Gasabo. Nos clients sou-vent refusent de nous payer et nous ne savons pas comment revendiquer nos droits car nous ne sommes pas reconnues par la loi.”

Même si elles opèrent dis-crètement, les prostituées sont soupçonnées d'être souvent complices des bandits qui ent-retiennent l'insécurité dans cer-tains quartiers des villes. C'est pourquoi les autorités lancent régulièrement des opérations contre ces professionnelles du sexe, le but étant de les

chasser des principaux centres urbains.

Certains Rwandais, dont une partie des prostituées, estiment qu'il vaudrait mieux officialiser la prostitution pour limiter les maladies sexuellement trans-missibles, dont le VIH.

“C’est un métier comme les autres; il faut nous laisser travailler et y mettre un peu d’ordre. Par exemple, nous don-ner des cartes, nous examiner régulièrement, accepter qu’on paie les taxes comme les autres personnes qui font du com-merce, etc., car on ne peut pas éradiquer la prostitution com-plètement”, estime une femme de Matimba, l’un des quartiers de Kigali abritant beaucoup de prostituées.

Une position pour l'instant à rebours de la culture rwandaise et de la loi.

Albert-Baudoin Twizeyimana, Syfia

Rwanda : Des crimes relancent le débat sur la dépénalisation de la prostitution

Une récente vague d’assassinats de prostituées relance le débat sur la dépénalisation de cette activité, illégale au Rwanda. La reconnaissance des prostituées permettrait de les sortir de la clandestinité, et de limiter la propa-gation des IST dont le VIH, avancent ses défenseurs.

Il a souhaité que le gouvernement ratifie comme les autres pays de l’EAC la Convention relative aux droits des personnes handicapées qui a été adoptée par l’Assemblée Générale de l’ONU le 13 décembre 2006. “La ratification et la mise en oeuvre de cette Convention aideront à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement envers lesquels tous les pays dont le Burundi se sont engagés”, assure P.C. Seberege.

Il reconnaît tout de même les efforts du gouvernement burun-dais pour améliorer les conditions de vie des personnes handica-pées et permettre aux aveugles de passer pour la première fois dans l’histoire du pays le concours national qui a permis l’admission de quatre enfants aveugles à l’école secondaire.

Un projet de loi portant cadre organique des droits des per-sonnes handicapées est au Secrétariat général du gouvernement depuis l’année dernière et attend d’être envoyé au parlement pour adoption.

D’après le recensement général de la population de 2008, plus de 360.000 vivent avec un handicap majeur, soit 4,5% de la population burundaise. Mais en s’appuyant sur les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé, et en considérant tous les types de déficiences plus ou moins sévères, l’UPHB estime légitime de penser que le nombre de personnes handicapées au Burundi va au-delà de 1,2 million de personnes. Xinhua

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29 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

En bref...Guinée : 20 millions de dollars de la Banque mondiale L’UE remet 16 millions

d’euros au Sénégal

DAKAR - L’Union européenne a accordé au Sénégal une aide globale de 16 millions d’euros pour le financement de la réforme de sa gestion du foncier urbain, de la mo-dernisation de son état civil et la gestion durable de ses pêcheries, a-t-on mercredi 26 septembre.

Selon communiqué officiel, 7 millions seront affectés à la réforme de la gestion du foncier urbain, 5 millions à la mo-dernisation de l’Etat civil et 4 millions à l’aménagement durable des pêcheries.

Avec ces trois nouveaux projets, la coo-pération Sénégal-UE aura déjà mobilisé 162 milliards de FCFA sur les 223 milliards FCFA prévus au titre du programme indi-catif national du 10ème Fonds européen de Développement 2008-2013.

Les conventions concernant ces finance-ments ont été signées par M. Amadou Kane, ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, et Dominique Dellicour, chef de délégation de l’UE au Sénégal.

Le Togo adopte la plate-forme Boost

LOME - La plate-forme Boost, un sys-tème de bases de données de budget des Etats, mis en place par la Banque mondiale pour une lisibilité dans les dépenses publi-ques, a été lancée jeudi 21 septembre, fai-sant du Togo le premier pays francophone à le mettre en place en Afrique de l’Ouest.

Cet instrument devra rendre les bud-gets publics “compréhensibles avec une lisibilité des dépenses de fonctionnement, du personnel et d’investissement ainsi que des dépenses de chaque ministère et les sources de financements des bailleurs de fonds”, a-t-on expliqué au ministère de l’Economie et des Finances.

Djibouti : E-Gouverne-ment

DJIBOUTI - Le gouvernement dji-boutien a adopté mardi 25 septembre un projet de décret portant sur la création du comité national de coordination du projet E-Gouvernement.

L’E-Gouvernement a pour objectifs de moderniser le fonctionnement de l’administration et d’offrir un service public de qualité en terme de coûts et de délais, avec davantage de transparence pour les usagers.

Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé

mardi 26 septembre “une subvention de l’Association internationale de développement (IDA) d’un montant de 20 millions de dollars américains destinée à aider la Guinée à améliorer la gestion du boom minier du pays dans la bauxite et le minerai de fer”, selon un communiqué de l’institution publié sur son site.

A cette occasion, Jamal Saghir, directeur régional du développement durable de la Banque mondiale pour la région de l’Afrique a déclaré que “améliorer la gestion des ressources en minerai de fer et en bauxite est in-dispensable au développement durable du secteur de l’exploitation minière en Guinée”.

Jamal Saghir a ajouté que “les activités du projet contribueront non seulement à améliorer les perspec-tives de développement économique, mais auront également des retombées sur les plans environnementaux et sociaux, lesquelles auront un impact positif sur la vie de chaque Guinéen”.

Le même communiqué rappelle que “la Guinée possède les plus grands gisements de bauxite et de minerai de fer au monde, ainsi qu’un poten-

tiel conséquent d’exploitation d’or, d’uranium et de diamants”.

Et que “ce projet apportera un ap-pui aux réformes visant à améliorer l’efficacité et la responsabilisation des organismes gouvernementaux qui contrôlent le secteur de l’exploitation minière et couvrira l’ensemble des sous-secteurs de l’exploitation minière, notamment les impacts environnemen-taux et sociaux, l’accès aux ressources minérales, la perception et distribution des revenus, ainsi que la transparence d’une manière qui profite aux habi-tants des communautés minières et aux Guinéens en général”.

Pour sa part, Ousmane Diagana, Directeur des opérations pour la Gui-née de la Banque mondiale a souligné le fait que “le secteur de l’exploitation minière de la Guinée stagne depuis quelque temps, et aucune nouvelle mine n’a été ouverte au cours des dix dernières années”.

“Le projet apportera un appui au développement des ressources mi-nérales et aura des retombées posi-tives sur l’économie en générant des revenus nouveaux, et en créant et en conservant les emplois”, a déclaré quant à lui, Boubacar Bocoum, chef du projet.

Salon international sur la relance de l'économie ivoirienne

la presse, le promoteur Stéphane Lohouri.

M. Lohouri annonce entre 5.000 et 8.000 visiteurs pour une centaine d’exposants.

Le salon est dédié aux entreprises exploitant les plates-formes portuaires et aéroportuaires, aux prestataires de service à l’import et à l’export et aux institutions et organisations profes-sionnelles oeuvrant à la promotion du commerce extérieur.

La Tunisie est l’invité d’honneur de cette deuxième édition à laquelle sont également invités le Mali et le Burkina Faso.

Quelque 15.000 entreprises exer-cent dans l’import-export ivoirien qui représente 90% du PIB du pays.

La relance et la redynamisation de l’économie ivoirienne post-

crise seront au centre d’un salon in-ternational de l’import-export en Côte d’Ivoire prévu en novembre.

La contribution des infrastruc-tures portuaires au développement du commerce extérieur des pays de l’hinterland, les conséquences né-fastes des tracasseries routières sur le commerce, la place stratégique du deuxième port ivoirien, celui de San Pedro, pour l’économie des pays de la sous-région, sont les thèmes qui seront débattus lors de ce salon qui aura lieu du 21 au 23 novembre à Abidjan.

“Ce salon sera pour nous l’occasion de réfléchir particulièrement sur les stratégies pour booster l’exportation depuis l’Afrique”, a souligné devant

E C O N O M I E

Envoyez vos communiqués de presse à : [email protected]

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30 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

La BEAC et la BCEAO se disent optimistesE C O N O M I E

Au cours de leur réunion annuelle de concertation achevée le 19 septembre

dans la capitale tchadienne, le gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), Lucas Abaga Nchama, et son homologue de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Tiémoko Meyliet Koné, ont declaré que, malgré un environnement peu favorable, les perspectives ma-croéconomiques de leurs deux zones, au titre de l'année 2012, apparaissent bien orientées.

Dans l 'espace UEMOA (Union Economique et Moné-taire de l'Afrique de l'Ouest), le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) réel res-

sortirait de 5,3%, après une réalisation de 0,6% en 2011. “Le taux d'inflation devrait mainte-nir sa tendance baissière et se situerait, en moyenne, au terme de l'année, autour de 2,1% contre 3,9% en 2011”, a estimé Tiémoko Meyliet Koné.

En zone CEMAC, la crois-sance économique devrait res-sortir, en termes réels, à 5,7 %, en 2012 contre 5,1%, en 2011. Le taux d'inflation se situerait autour de 3,0% en fin 2012, contre 2,7%, en 2011.

Selon Lucas Abaga Nchama, pour préserver ces perspectives, il a été convenu de la nécessité, pour les économies des deux zones, d'accélérer la mise en oeuvre des réformes structurel-

les propres à consolider les bases d'une croissance forte et inclusive.

Intensifier la coopération entre les deux Banques

Concernant la coopération entre les deux banques cen-trales, les deux gouverneurs se félicitent des actions mises en oeuvre et se sont engagés à les poursuivre et à les accélérer. Pour l'année 2013, est d’ailleurs prévu un programme d'actions visant notamment à appro-fondir l'intégration financière entre l'UEMOA et la CEMAC, la surveillance du secteur finan-cier des deux zones, le partage d'expériences dans le domaine

de la politique monétaire des deux banques centrales, ainsi que le renforcement des ca-pacités des administrations économiques et financières.

Selon les deux gouverneurs, le rapprochement de leurs deux institutions permettra de mieux contribuer et remplir leur mis-sions respectives pour le bien des peuples des deux zones.

“Ce rapprochement de posi-tions est la volonté de nos plus hautes autorités, dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Il consiste à la recherche d'une monnaie stable. Il permet aussi aux citoyens des deux zones, de tirer les avantages sur les échanges économiques”, a pré-cisé M. Abaga Nchama. Xinhua

La persistance de la crise financière et la faible croissance économique

à l'échelle mondiale freinent le développement des pays les moins avancés (PMA), dont la moitié risque désormais de ne pas réaliser leurs objectifs de développement à temps, a prévenu l'ONU dans un nou-veau rapport.

Intitulé “Permettre la gradu-ation des pays les moins avan-cés”, et publié vendredi 21 septembre par la Conférence des Nations Unies pour le com-merce et le développement (CNUCED), le rapport s'appuie sur l'étude spécifique des cas de trois pays: la Zambie, le

Les PMA menacés par la crise mondialeBénin et le Cambodge. Il révèle que la poursuite de la crise économique a sérieusement ralenti et, dans certains cas, in-versé les progrès économiques accomplis par les 48 États clas-sés comme PMA.

Le directeur de la Division de l'Afrique, des PMA et des programmes spéciaux de la CNUCED, Taffere Tesfachew, a indiqué qu'en Zambie, les re-cettes du gouvernement avaient diminué de près de 22% du fait des pertes estimées dans le secteur minier et de la baisse des exportations entre 2009 et 2010. En outre, entre juin 2008 et juin 2009, l'emploi dans le secteur minier zambien a chuté

de 30,4%.“La crise économique et

financière de ces dernières an-nées a considérablement affaibli la capacité de nombreux PMA à maintenir à un niveau stable les revenus et les dépenses”, a déclaré M. Teschafew.

Il a ajouté que les constats ef-fectués par son équipe au Cam-bodge – où près de 63.000 em-plois ont été perdus entre juin 2007 et juin 2008– révèlent également une tendance gé-nérale à la baisse parmi les États classés comme PMA.

Selon le rapport, le Bénin a également connu une tendance négative, la proportion de per-sonnes en situation d'extrême

pauvreté passant de 33,4 à 34,4% entre 2007 et 2009.

La Quatrième Conférence des Nations unies sur les PMA, qui s'est tenue l'an dernier en Tur-quie, avait abouti à l'adoption d'un Programme d'action pré-voyant notamment qu'au moins la moitié de ces pays puissent sortir du groupe d'ici à 2020.

Seuls trois d'entre eux– le Botswana, le Cap Vert et les Maldives – y sont parvenus depuis la création de cette liste il y a 40 ans. Les Samoa devraient en sortir en 2014, mais un nou-vel État, le Soudan du Sud, doit rejoindre les rangs des PMA, portant leur nombre à 49.

Xinhua

Les éditions précédentes du Journal du Développement sont disponibles

sur notre site Internet :

www.lejournaldudeveloppement.com

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31 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

La Guinée obtient le statut de PPTEE C O N O M I E

La Guinée vient d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative des pays pau-

vres très endettés (PPTE), ce qui lui confère un allégement de sa dette extérieure équivalant à 2,1 milliards de dollars, sur un montant total de 3,1 milliards de dollars.

Selon un communiqué de la représentation de la Banque mondiale en Guinée, le fonds monétaire international (FMI) et l’Association internationale de développement (IDA) de la BM ont décidé d’appuyer un allégement de la dette équiva-lant à 2,1 milliards de dol-lars en faveur du pays, ce qui représente une réduction de 66% du futur service de sa dette extérieure sur une période de 40 ans.

Au terme de leurs conclu-sions, les deux institutions

financières internationales ont estimé que la Guinée avait accompli des progrès satisfai-sants pour réunir les conditions requises pour atteindre le point d’achèvement dans le cadre de l’initiative PPTE, stade auquel l’allégement de la dette de-vient irrévocable et le pays est admis à bénéficier de l’Initiative d’allégement de la dette multi-latérale (IADM).

“Une grande réussite”

“Pour la Guinée, attein-dre le point d’achèvement de l’initiative PPTE est une grande réussite. Cela illustre les progrès majeurs accomplis dans la ges-tion économique à la suite des premières élections démocra-tiques en décembre 2010,” a déclaré M. Harry Snoek, chef de mission du FMI pour la

Guinée.“L’allégement complet de

la dette est une extraordinaire opportunité de développe-ment pour la Guinée car il aidera le pays à atteindre la stabilité économique et à con-sacrer davantage de ressources à la réduction de la pauvreté,” a déclaré pour sa part, Ousmane Diagana, directeur de la Banque mondiale pour la Guinée.

Sur le total de la réduction d’environ 2,1 milliards de dol-lars, environ 70% proviendront de créanciers multilatéraux et le reste de créanciers bilatéraux et commerciaux. L’allégement au titre de l’IADM fourni par l’IDA de la Banque mondiale et le Groupe de la Banque africaine de développement ferait écono-miser à la Guinée 964 millions de dollars au titre du service de la dette sur 40 ans.

Le gouvernement gabonais a adopté une loi de finances

rectificative qui porte le budget de l'Etat pour 2012 à 2.759 milliards de FCFA (environ 5,3 milliards de dollars) contre 2.453 milliards de FCFA (en-viron 4,7 millards de dollars) initialement prévus, a annoncé un communiqué du Conseil des ministres, publié vendredi 21 septembre.

Cette performance s'explique par une très légère hausse de 1,8% de la production pétrolière

Le président Alpha Condé, suite à cette atteinte du point d’achèvement, est monté en première ligne mercredi pour saluer les progrès accomplis par son pays.

Profitant d’une visite dans une agence de micro-finance, Alpha Condé a attribué ces bons résultats à “la mobilisation de tout le peuple, notamment les femmes, qui sont les premières à se lever tous les matins, et les dernières à se coucher”.

Le président guinéen a tenu à indiquer à ce groupe de femmes de la capitale que “le PPTE annule notre dette mais ne nous donne pas d’argent. Nous avons démontré que l’effort est payant”.

Une victoire pour le nouveau gouvernement

Invitant ses compatriotes “à produire ce qu’ils consomment et à consommer ce qu’ils pro-duisent”, le président guinéen a précisé que la Guinée avait là une chance historique à saisir, avec ce retour dans les grâces des bailleurs de fonds.

La Guinée était en quête de ce PPTE depuis 1997. Mais le manque de rigueur dans la gestion des finances publiques avait condamné le pays à revoir ses ambitions à la baisse.

Avec cet allégement de la dette guinéenne, le nouveau gouvernement vient de réus-sir là où ses prédécesseurs ont échoué.

Alpha Condé ne peut que se frotter les mains, après avoir arraché au forceps ce fameux PPTE, qui va permettre aux bailleurs de fonds d’ouvrir les vannes, pour renflouer les fi-nances de son pays.

La Guinée est le 34ème pays à atteindre le point d’achèvement dans le cadre de l’Initiative PPTE. Le point d’achèvement marque la fin du processus de l’initiative qui a débuté en 2000 lorsque les Conseils d’administration du FMI et de l’IDA de la Banque mondiale sont convenus que la Guinée avait réuni les conditions requi-ses pour atteindre le point de décision. Xinhua

Gabon : Le nouveau budget de l'Etat porté à 2,7 milliards FCFA

qui s'établirait à 12,323 millions de tonnes à la fin décembre.

Les ressources propres sont en nette progression par rapport au cadre budgétaire initial, pas-sant de 2.353 milliards de FCFA (4,5 milliards de dollars) à 2.511 milliards de FCFA (environ 4,8 milliards de dollars), soit 158 milliards de FCFA de plus par rapport au budget initial.

Les recettes pétrolières aug-mentent de 1.312 milliards de FCFA (environ 2,5 milliards de dollars) à 1.460 milliards de

Le secrétaire général de la confédération syndicale gabonaise (COSYGA), Martin Allini, a appelé mercredi 26 septembre à la mise en place d’un Conseil national du dialogue social (CNDS), qu’il

considère comme un instrument complémentaire de la démocratie.“Le CNDS sera la mémoire de la République, car il y a malheureusement de nombreuses recom-

mandations et décisions issues des sommets des chefs d’Etats, des conférences, des forums, d’autres états généraux et séminaires qui ne sont jamais suivies d’effet”, a expliqué M. Allini.

Selon lui, le CNDS sera un organisme catalyseur pour la concrétisation des résolutions, des re-commandations, afin que certaines conventions et de nombreux textes de loi soient régulièrement appliqués.

M. Allini a estimé aussi que ce mécanisme pourraît favoriser le rattrapage du pouvoir d’achat des consommateurs.

Xinhua

FCFA (environ 2,8 milliards de dollars), grâce à la très bonne tenue des cours du baril et à la légère hausse de la production.

Le PIB de l'économie gabo-naise progresse de 7,4% en termes réels à la fin décembre 2012 contre 5,6% prévus ini-tialement.

Cependant, le Gabon enre-gistre une baisse de la produc-tion de manganèse qui connaî-trait une diminution de 11,1% par rapport à l'objectif initiale-ment fixé. Xinhua

Les syndicats gabonais réclament un Conseil national du dialogue

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32 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 5 - Vendredi 28 Septembre 2012

E C O N O M I E

Séba

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Selon le Premier ministre togolais, la contribution de l’artisanat à l’éssor

des économies africaines doit être plus significative et doit aller au-delà de sa contribu-tion actuelle de près de 20% au PIB au sein de l’espace de l’Union économique et moné-taire ouest-africaine (Uemoa).

Ahoomey-Zunu Sélagodji, a fait cette déclaration à l’occasion de la conférence des ministres chargés de l’artisanat de la zone ouest-africaine du Comité de Coordination pour le Dévelop-pement et la Promotion de l’Artisanat africain (CODEPA), la semaine dernière.

La rencontre de Lomé a re-groupé les ministres des pays ouest-africains de l’Artisanat et des représentants de ce secteur, qui commence à bénéficier de plus d’intérêt dans la relance des économies et la lutte contre

le chômage dans ces pays.Des experts ont relevé des

problèmes d’ordre institution-nel, organisationnel, technique et financier, doublés de manque d’informations et de données statitiques fiables, comme prin-cipaux freins à l’essor du secteur en Afrique de l’ouest.

Le Premier ministre togolais a estimé urgent que le sec-teur de l’artisanat soit “porteur de croissance” dans la zone Uemoa, pendant que les dif-férents pays de ce regroupe-ment ont entrepris une relance pluridimensionnelle de leur économie.

Au Togo, le secteur de l’artisanat est en plein proces-sus de restructuration pour une plus grande contribution à l’économie du pays, actuel-lement de l’ordre de 18% du PIB.

Le Comité de coordination

pour le Développement et la Promotion de l’Artisanat af-ricain (CODEPA) a été créé en 1999. Cette organisation intera-fricaine est chargée d’établir une concertation étroite et per-

manente entre les Etats mem-bres pour mener des réflexions et entreprendre des actions de promotion de l’artisanat.

Xinhua

Le Togo plaide pour un plus grand rôle de l'artisanat dans l'économie régionale

La zone franche industrielle du Togo devrait compter au moins 65 entreprises et 12.000 employés à la fin de cette année, selon

les prévisions du gouvernement.Les autorités ambitionnent de porter à 80 le nombre d’entreprises

en activités en 2015 et à 15.000 le nombre d’emplois directs.Des sources du gouvernement ont confié que des dispositions

sont déjà prises pour l'application du nouveau Code des investisse-ments, qui inclut des mesures incitatives pour le développement des investissements.

De plus, pour booster la croissance économique, le Code crée par ailleurs l'Agence de promotion des investissements de la zone franche (API-ZF) qui a pour mission d’exercer la fonction de guichet unique pour l'ensemble des démarches administratives liées à l'implantation et à l'exploitation des sociétés.

La zone franche prévoit 65 entreprises et 12.000 emplois

Un audit de certification de l'aéroport international général Gnassingbé Eyadèma, à Lomé, a débuté mercredi 26 septem-

bre pour s'achever le 8 octobre, à la demande de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). L’audit contribuera à la mise en conformité de cet aéroport aux exigences internationales.

L'aéroport de Lomé est en pleine modernisation et extension de ses infrastructures aux coûts de 150 millions de dollars, sur financement de China Eximbank.

Suivant les plans de développement et les prévisions de trafic pour les années à venir, la capacité de l'aéroport atteindra 1,5 mil-lion de passagers d'ici 2020.

Audit de l'aéroport de Lomé

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T O U R I S M E

Le gouvernement béninois envisage de se doter d'un plan stratégique de développement de l'écotourisme, en vue d'accroître les revenus de l'Etat pour financer le développe-

ment du pays pour la période allant de 2012 à 2020, a annoncé le 13 septembre à Cotonou le ministre béninois de la Culture, de l'Alphabétisation, de l'Artisanat et du tourisme, Jean Michel Abimbola.

“L'objectif général de ce plan stratégique national de dévelop-pement de l'écotourisme est de développer l'écotourisme et d'en faire un instrument de développement durable et de réduction de la pauvreté”, a expliqué le ministre Jean Michel Abimbola.

De façon spécifique, il s'agit de développer un environnement favorable à l'écotourisme, de développer et promouvoir les produits et prestations écotouristiques.

Selon lui, l'écotourisme constitue un secteur clé pour le dévelop-pement socio-économique du Bénin et contribue à l'accumulation de la richesse nationale ainsi qu'à la réduction de la pauvreté.

“Malgré ce rôle primordial, son développement est con-fronté à un certain nombre de problèmes liés, entre autres, à l'inexistence d'un document de stratégie pour le développement de l'écotourisme, à l'inexistence d'un cadre institutionnel, juridique et réglementaire, et au faible aménagement des sites et leur accès”, a déploré le ministre.

Le Bénin possède des réserves naturelles, des attraits culturels variés et diversifiés, lesquels participent au développement de l'écotourisme, une forme de tourisme transversal qui prend en compte simultanément la nature, la culture, la gastronomie, l'histoire et l'artisanat. Xinhua

Le Bénin veut miser sur l'écotourisme

La nuit tombée, dans un hôtel de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, un employé passe, de

chambre en chambre, pour distribuer des bougies.

“Nous obtenons le courant tous les jours impairs aux en-virons de minuit’’, explique-t-il aux clients, en leur présen-tant des excuses au nom de l’établissement. Le seul petit générateur disponible n’est allumé que deux heures par jour (18h30-20h30) et tombe souvent en panne.

Voilà un des nombreux problèmes constatés dans plu-sieurs hôtels de la ville. Mais, il y en a bien d'autres : “Pas de parking pour les véhicules, pas de connexion internet, ni de salle de réunion, un personnel peu professionnel…”, énumère le client d'un établissement de la place. “Dans d’autres, on ne trouve même pas de téléphone dans les chambres ni à la récep-tion, déplore Thierry Muteba, agent au CICR. Le système de climatisation dans le hall et dans les chambres fait défaut, les chambres ne disposent ni de douches, ni de toilettes, et par-fois sans sécurité incendie.”

Dormir au Rwanda

De nombreux clients, per-sonnel des ONG, travailleurs humanitaires ou coopérants en mission, touristes, se plaignent. Depuis, quelques mois, avec la libre circulation aux frontières jusqu’à des heures tardives, certains visiteurs, vont passer la nuit à Cyangugu, la ville rwandaise voisine de Bukavu. “Nous y trouvons des hôtels, parfois à un prix moins élevé qu’à Bukavu, et avec un service de qualité, notamment internet sans fil et à haut débit dans les chambres”, raconte Marietta, une Hollandaise venue faire ses recherches doctorales à Bukavu.

Pourtant, les hôtels sont chaque jour plus nombreux dans la capitale du Sud-Kivu.

RDC : Des hôtels qui font fuir les clientsDans les nombreux hôtels de Bukavu, au Sud-Kivu, malgré des prix élevés, l’équipement et les services laissent

souvent à désirer. Certains visiteurs préfèrent passer la nuit à Cyangugu, au Rwanda voisin. Un manque à gagner pour l’économie de la province.

De nombreux propriétaires de grands immeubles préfèrent les utiliser comme hôtels, res-taurants et salles des fêtes pour les mariages et autres grandes manifestations. Mais, “ils construisent sans tenir compte des normes”, se plaint l’ingénieur Zeus, un architecte de Bukavu. Rares sont ceux qui y répondent et, estime Innocent Cokola, venu d’Europe pour ses vacances, le prix d’une chambre est très élevé : entre 60 et 250 dollars la nuit, selon le standing de l'hôtel.

Factures de l’Etat impayées

L e s r e s p o n s a b l e s d e l’association des hôteliers et restaurateurs de Bukavu ex-pliquent ces problèmes par les tracasseries des services publics. “Avec tout ce que nous subissons comme taxes, une vingtaine au total, à combien voulez-vous qu’on fixe le prix d’une chambre dans un hôtel à trois étoiles, par exemple ?, s’interroge Déo Maregane, de l’hôtel Mont Kahuzi de Bukavu. Pour une chambre à 60 dol-lars, taxes et impôts à prélever représentent 40 dollars.”

Les hôteliers dénoncent aussi de nombreuses factures impayées depuis des années par l’Etat congolais. “Des bons de logements nous sont présen-tés quotidiennement par les autorités politico-administra-tives, policières et militaires et lorsqu’on leur présente des fac-tures, la mention ‘au compte de l’Etat’ y est seulement apposée. Mais, comment refuser lorsque ces bons émanent des plus hautes autorités”, s’interroge l’un d’eux.

“Ces manques à gagner poussent beaucoup d'hôtels à fermer et empêchent d’autres de fournir des services à la hauteur des attentes de leurs clients”, affirme Milabyo Mughima du patronat congolais au Sud-Kivu. “Plusieurs dossiers de recouvre-ment ont été déposés auprès

des autorités, tant provinciales que nationales, mais sans suites positives”, désapprouve-t-il.

“Trois hôtels ont dû fermer leurs portes et d’autres risquent de devoir le faire à cause de tous ces problèmes. Dans ces cas là, tout le personnel renvoyé est au chômage”, regrette Déo Maregane.

Pour sa part, la division provinciale du Tourisme ne reconnaît que trois taxes, à savoir l’agrément technique (autorisation de construire un hôtel selon certains critères); la licence d’exploitation qui est payable une seule fois et dont le montant dépend de la capacité d’accueil de l’hôtel; la taxe d’homologation payable chaque année qui dépend de la catégorie de l'hôtel. Les autres taxes et impôts relèvent des autres services de l’Etat.

“Nous devons assainir le milieu et lutter contre la concur-rence informelle”, estime quant à lui Nestor Samitamba, chef de la division provinciale du Tourisme. Il déplore l’existence de certains établissements, à caractère non lucratif, comme les Eglises, qui n’ont pas vo-cation hôtelière, mais offrent des services sans pour autant payer taxes et impôts. “L’Etat devrait tout mettre en œuvre pour favoriser l’émergence de ce secteur. Avoir de bons hôtels à des prix raisonnables créerait des emplois et attirerait la cli-entèle dans notre province à caractère touristique”, plaide Elize Mudimbe, vice-présidente de la Fédération des entreprises du Congo et directrice de Wit-ness House, un établissement hôtelier de Bukavu.

Jean Chrysostome Kijana, Syfia

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A G R I C U L T U R E

Le Sénégal veut accroître sa production de rizLe ministre sénégalais de l'Agriculture, Benoît Sambou a fait

part mardi 18 septembre de l'ambition de son pays de produ-ire 1.080.000 tonnes de riz blanc d’ici à 2018, pour satisfaire les besoins d'une population estimée à 14,6 millions d'habitants.

“Le Sénégal vient de procéder à la révision de son Programme national d'autosuffisance en riz (Pnar) en portant l'objectif de production nationale de riz blanc à 1.080.000 tonnes, équivalent à 1.600.000 tonnes de paddy, à l'horizon de 2018”, a-t-il annoncé.

“Le Sénégal dépend à plus de 75% de l'étranger pour le riz qu'il consomme. Sur les 800.000 tonnes de riz consommées par an, moins de 200.000 tonnes sont produites localement. Dans les ménages vivant en milieu urbain, le riz représente 56% de la con-sommation céréalière et 19% de leurs dépenses totales”, a indiqué le ministre sénégalais.

Selon lui, les importations de riz pèsent sur le budget, et cette situation de dépendance “fragilise beaucoup” le pays.

Le Tchad dispose de plus de 800.000 ki-lomètres carrés de terres arables, selon

le ministère de l'Agriculture. Et il exploite du pétrole depuis 2003. Mais en dépit des res-sources financières engrangées, la famine frappe chaque année la partie sahélienne du pays (au nord et à l’est) depuis 2010.

Le président tchadien Idriss Déby Itno, dont le 4ème mandat entamé en 2011 est placé sous le signe du monde rural et de la jeunesse, ambitionne de mettre fin à ce qu’il appelle “le cycle infernal de la famine”. Mais depuis 2010, le déficit céréalier annuel est de plus de 500.000 tonnes.

Une usine de montages de tracteurs a vu le jour à N’Dja-mena en 2009.

Le gouvernement tchadien, à travers le Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), a mis à la disposition des pay-sans de différentes régions du pays des tracteurs pour booster la production de la campagne agricole 2012-2013. Au bout de deux mois et demi, 451.125 hectares seront labourés et une production de 900.000 tonnes de céréales en est attendue.

Les recettes générées par les

labours s’élèveront à plus de 4,5 milliards de francs CFA (envi-ron 8,4 millions de dollars) qui serviront de fonds de roulement de l’opération, a déclaré Yaya Mahamat Outman, chargé du suivi-évaluation du PNSA, au lancement de la campagne ag-ricole en avril 2012. Au total 914 tracteurs ont servi à labourer les champs à raison de 10.000 FCFA (19 dollars) par hectare.

N’Djamena-Fara, une lo-calité située à 40 kilomètres au nord-ouest de N’Djamena, la capitale, est l’une de ces zones agricoles par excellence. Si la pêche et l’élevage constituaient les principales activités des ha-bitants de N’Djamena-Fara, la donne a changé avec l’arrivée des tracteurs.

L’entretien des tracteurs pose problème

“Avec le tracteur, même le plus paresseux cherche à avoir un champ”, ironise Othniel Djimadoumngar, l’un des trac-toristes affectés dans la zone. En tout, cinq tracteurs sont affectés dans la zone agricole de N’Djamena-Fara. Avec le tracteur, il laboure entre sept et huit hectares par jour alors que manuellement ou avec les

bœufs d’attelage, il faut mettre plusieurs jours pour labourer un hectare.

Cependant, l ’entret ien des tracteurs pose problème. “Lorsqu’un tracteur tombe en panne, nous nous débrouil-lons nous-mêmes pour le ré-parer, et lorsque nous appelons N’Djamena, personne ne nous répond. Même pour avoir les intrants, des engrais de fond qu’on appelle NPK, ce n’est pas facile, parfois il faut aller à Douguia, localité située à 30 kilomètres plus loin pour les acheter”, déplore Patrice Al-larabaye, chef de sous-secteur agricole de N’Djamena-Fara.

Gisèle Bénaïdara Djasnab-eye, conseillère agricole, ex-plique que son rôle dans la zone est d’accompagner les producteurs afin de réaliser de meilleurs rendements.

“Ce que vous voyez-là, c’est une parcelle de démonstra-tion. Ici, nous apprenons au producteur comment repiquer le riz, il faut toujours repiquer en ligne 25, sur 25 centimètres ou 20 sur 20 cm à l’aide d’une corde graduée. Avec une telle technique, lorsque la rizière est bien sarclée et entretenue, l’agriculteur peut récolter même jusqu’à 90 sacs de riz paddy de 100 kilos à l’hectare”, affirme Djasnabeye.

La fin-août marque aussi la fin des labours à N’Djamena-Fara comme dans tout le Tchad. Quelque 400 hectares de terres ont été labourés cette année à l’aide des tracteurs, et les pay-sans ont payé cash pour cela. La pluviométrie est également bonne. Selon les prévisions, avec cette superficie, les agricul-teurs de la localité réaliseront environ 36.000 sacs de riz paddy pour la saison.

En plus de l’Office national de développement rural qui est la plus grande et la plus ancien-ne structure gouvernementale qui soutient le monde rural depuis les années 1960, le PNSA est un projet présidentiel qui

appuie aussi les agriculteurs.Ce programme déploie des

conseillers agricoles et des ingé-nieurs agronomes sur le terrain pour appuyer les agriculteurs. Chaque année, il réalise des stocks de vivres en achetant directement auprès des agricul-teurs des céréales qu’elle revend à toute la population en période de soudure ou de famine à des prix subventionnés.

Le PNSA a stocké cette an-née plus de 200.000 tonnes de sacs de céréales de 100 kilos. La période de soudure va générale-ment de fin-juin à la mi-août, la deuxième quinzaine d’août marquant la sortie des pre-mières récoltes au Tchad.

Faute de routes, les produits sont écoulés

au Cameroun

Hormis la pêche, l’élevage et la culture du riz, la localité de N’Djamena-Fara est une grande zone de production de cultures maraîchères et fruitières. On y trouve en toute saison, grâce au fleuve Logone qui la traverse, plusieurs légumineuses: choux, concombres, épinards, carottes, mais aussi des fruits variés.

Mais, N’Djamena-Fara, comme plusieurs localités tcha-diennes, manque de routes pour écouler les produits vers la capitale dont elle est proche. La plupart des produits sont livrés aux marchands du Cameroun qui traversent le fleuve Logone qui sépare N'Djamena-Fara de Goulfé, la ville camerounaise frontalière.

Mahamat Moussa Kach, sous-préfet de N'Djamena-Fara, déclare: “Nous sommes au nez de la capitale, à 40 km, mais paradoxalement, nous sommes coupés du reste du Tchad”. Il espère que le tronçon de 18 km de route non goudron-née sera bitumé, comme promis par le gouvernement, pour leur permettre d'écouler leurs produits vers N'Djamena.

François Djékombé, IPS

Jusqu’en 2009, le labour à l’aide de la houe et des bœufs d’attelage restait le seul mode de développement de l’agriculture. Mais depuis 2010, l’introduction des tracteurs dans le monde rural est vue comme une grande ré-forme malgré les difficultés que cette mécanisation provoque.

Les tracteurs révolutionnent le Tchad

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Le Tchad ambitionne d'électrifier tout son territoire, sans délestages

E N E R G I E S

Le mois dernier, un arrêté du ministre du Commerce et de l'Industrie, Allahou

Taher, a fixé les nouveaux tarifs de l'électricité produite et dis-tribuée par la Société nationale d'électricité (SNE), en baisse d’environ 37% par rapport à l’ancienne tarification.

Selon Mahamat Senoussi Chérif, directeur général de la Société nationale d'électricité (SNE), même un Tchadien qui gagne un salaire inférieur au minimum interprofession-nel garanti (60.000 F CFA par mois), peut accéder à l'électricité.

“Le gouvernement a pris cette mesure drastique de rédu-ire de 37% le coût de con-sommation de l'électricité, non seulement pour permettre l'accès de toute la population à l'énergie, mais aussi pour lut-ter contre le fraude”, explique Mahamat Senoussi Chérif.

Rendre la fourniture d’électricité plus régulière

Selon lui, les raccordements frauduleux sur les lignes, dans la capitale représentent envi-ron 80% de la consommation d'électricité. Pour réduire le taux de fraude, la SNE veut vulgariser l'utilisation du comp-

teur prépayé.Mais même réduits de 37%,

les prix sur l'électricité au Tchad sont toujours chers, au regard de ceux pratiqués dans les pays voisins. Mais le gros problème du secteur électrique au Tchad reste la régularité de la four-niture. Il peut arriver que les consommateurs soient privés de courant électrique et d'eau pendant plusieurs jours, voire des mois.

Le besoin en énergie élec-trique de la capitale tchadienne tourne autour de 100 mégawatts, contre 80 mégawatts produits, affirme Mahamat Sénoussi Chérif. Or, jusqu'en 2010, la disponibilité de l'électricité à N'Djaména était de 25,2 mé-gawatts, contre 53 mégawatts dans tout le Tchad.

Selon le directeur général de la SNE, plus de 80% de la pro-duction d'électricité, d’origine thermique, est consommée par N'Djaména. Une dizaine de villes et centres secondaires disposent de réseaux indépen-dants, mais il n'y pas de réseau interconnecté dans le pays. Le taux d'accès à l'électricité ne dépasse guère 3 à 4% de la population du Tchad qui, en 20 ans, a doublé pour atteindre les 11 millions d'habitants.

“Le système de câblage de la société et les installations des

équipements étaient dimension-nés au besoin de consommation d'il y a trente ans. Maintenant que la situation a évolué, il faut de nouvelles installations”, ex-plique M. Mahamat Sénoussi Chérif. Ainsi, seuls deux des sept groupes de la centrale de Farcha, dans le quartier indus-triel de la capitale, sont mis en marche.

“Sur les 60 mégawatts que produit la centrale de Farcha, nous n'utilisons que 16 mé-gawatts. Il nous faut d'autres câblages pour pouvoir distribu-er toute cette énergie”, insiste le directeur général de la SNE.

En dépit de ces problèmes, M. Mahamat Sénoussi Chérif promet que le délestage sera bi-entôt un lointain souvenir. Car le gouvernement est en train de déployer des efforts colossaux pour fournir l'électricité partout et en tous temps.

Financements chinois

Un accord de financement de 130 millions de dollars ob-tenu d'Exim Bank de Chine permet de financer le transport de l'énergie de la raffinerie de Djarmaya jusqu'à Lamadji, pour sa distribution dans la ville de N'Djaména.

La raffinerie de Djarmaya, mise en activité le 29 juin 2011

à 80 km au nord de la capitale tchadienne par la compag-nie chinoise CNPCI et le gou-vernement tchadien (à hau-teur de 60% et 40%), produit de l'essence sans plomb, du kérosène, du gazole, du poly-propylène, du GPL et du fuel, mais également 20 mégawatts à mettre à la disposition de N'Djaména.

Dans un package de pro-jets d'infrastructure, d'énergie et d'agriculture, qui seront exécutés avec un autre crédit d'Exim Bank de Chine de 1.040 milliards F CFA (environ 2 mil-liards de dollars) il est prévu la construction d'une centrale de gaz à Sédigui, dans la région du Lac.

“Avec la capacité du bassin pétrolier de cette localité, la centrale pourra produire 2.000 barils de pétrole par jour pen-dant 17 ans, ainsi que 100 mé-gawatts d'énergie électrique”, déclare Mahamat Kasser, di-recteur général de la Société tchadienne des hydrocarbures (SHT).

L'énergie produite par la cen-trale de gaz de Sédigui servira à alimenter N'Djaména, mais également quatre villes secon-daires situées le long de la ligne de transfert.

Xinhua

Le gouvernement tchadien vient de baisser les prix d'électricité de 37% pour la rendre plus accessible et lutter contre la fraude. Par ailleurs, des efforts importants sont en train d'être fournis pour électrifier tout le pays, où le courant est cher et rare, avec le soutien de financements chinois.

Le gouvernement nigérien a annoncé, à l'issue d'un Conseil des ministres vendredi 21 septembre, une réduction prochaine de

39 FCFA sur le prix des hydrocarbures à la pompe, sur l'ensemble du territoire national.

Selon cette décision, dont la date de prise d'effet n'a pas été précisée, le litre d'essence sera désormais vendu 540 FCFA à la pompe, contre 579 F, et celui du gasoil, à 536 FCFA, au lieu de 570 F, le prix actuel.

Le Collectif des syndicats du secteur du transport au Niger, s'en est félicité, mais appelle ses militants à redoubler d'efforts jusqu'à l'aboutissement de la réduction de 35% demandée.

Cette décision intervient après plusieurs mois de mésentente en-tre les syndicats du secteur des transports et le gouvernement, et a été à l'origine de grèves dans le secteur des transports au Niger.

Niger : Baisse prochaine des prix des carburants

Le Journal du Développement recherche des agents commerciaux

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I N F R A S T R U C T U R E S

“Niamey Nyala” (Niamey la c o q u e t t e , e n l a n g u e

zarma) est un programme am-bitieux qui résulte d'un engage-ment personnel du président de la République Mahamadou Issoufou, qui vise à redonner une attractivité et une vocation internationale de premier plan à la capitale nigérienne.

Il porte sur plusieurs do-maines d'intervention urbains (bâtis, espaces publics, équipe-ments publics...), économiques (industrie, commerce, artisa-nat...) et sociaux grâce au déve-loppement socio-économique des quartiers qui en résulte-raient.

L'ensemble des réalisations sera étalé sur une période de 20 ans, pour un coût global estimatif de 644 milliards de FCFA.

C e v a s t e p r o g r a m m e comprend, entre autres , l'aménagement du plateau de Saguia, situé à la rive droite du fleuve Niger, pour une meil-leure intégration du fleuve au tissu urbain, l'aménagement des corniches Yantala et Gam-kalé (sur la rive gauche du fleuve Niger), la réhabilitation

des villages urbains (Gamkalé et Saga), l'aménagement de la ceinture verte (un espace boisé de 1 000 ha réalisé pendant les années 70 pour servir de brise-vent à la capitale), celui d'une nouvelle zone industrielle, la construction de logements sociaux, le développement du réseau de transport et la cons-truction d'échangeurs.

Cet ambitieux programme qu’une certaine presse qualifi-ait d'”utopique”, commence en réalité à prendre forme.

L'une des principales compo-santes de ce vaste programme est assurément celle relative à la rénovation du centre-ville, avec comme objectifs la moder-nisation du centre-ville, la création d'un profil urbain harmonieux, et surtout la créa-tion d'un quartier d'affaires à l'emplacement actuel du quartier Zongo ; un quartier constitué d'un ensemble de taudis, en face de l'hôtel de ville, en plein centre-ville.

Les études sont terminées, les maquettes disponibles, et les négociations ont déjà com-mencé avec les partenaires pour sa réalisation, selon le ministre en charge de l'urbanisme et de l'assainissement, Bako Abdoul-

karim, dans un exposé fait de-vant l'assemblée nationale. La durée de mise en œuvre de cette composante est de 15 ans.

L'autre composante est la ré-

novation de la zone administra-tive. Ici, l'objectif visé, selon le maître d'œuvre (le ministère ni-gérien en charge de l'urbanisme et l'assainissement), est la mo-dernisation et la valorisation de la zone administrative à travers la promotion, la construction en hauteur et l'amélioration de l'aspect architectural. Il sera érigé une série de six im-meubles pour abriter certains ministères dont le cabinet du Premier ministre.

Le chantier qui a déjà dé-marré, sera supporté par les privés nigériens et étrangers.

Vendredi 15 septembre, le gouvernement nigérien et le groupe allemand Realimar ont signé un contrat de construc-tion de trois immeubles ad-

ministratifs, d’un coût global de 33,4 milliards de francs CFA.

Il s’agit à travers ce projet de faire face à l’insuffisance des bureaux que connait l’administration nigérienne, mais aussi de mettre les agents de l’Etat dans des meilleures conditions de travail.

Le projet concerne la con-struction de trois immeubles composés de bureaux admin-istratifs dont un de 10 niveaux pour abriter les services du premier et ministre, et les deux, composés de 8 niveaux cha-

644 milliards de francs CFA pour faire de Niamey une ville "coquette"

Faire de la capitale nigérienne, Niamey, la ville où il fait bon vivre, dont tous les Nigériens rêvent, à l'horizon 2030, est l'ambitieux programme que se sont fixé les autorités de la 7ème République du Niger, et dont elles s'attèlent avec acharnement à la réalisation.

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Un programme d’abord jugé “utopique”, mais qui commence à prendre forme

Les rives du fleuve Niger, à Niamey

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I N F R A S T R U C T U R E S

cun pour abriter les départe-ments ministériels.

Conformément aux termes de la convention, le groupe construit les immeubles clés en main, et l’Etat du Niger procède au paiement des investisse-ments sans intérêt, sur une durée de 15 ans.

Enfin, la composante relative à l'opération d'assainissement qui consiste à la réhabilitation du réseau de drainage des eaux de pluies existant et la réactua-lisation du schéma directeur élaboré en 2001, la réalisation d'un réseau d'égouts et celle de collecteurs d'eaux et une bonne organisation de la gestion des ordures ménagères.

“C'est ce que Niamey de-viendra, à l'horizon 2030, si tous ensemble nous y croyons”, a dit tout simplement le prési-dent de l'Assemblée nationale Hama Amadou, émerveillé par les différentes maquettes.

“Cela contribue également

à l'amélioration des conditions de vie de la population, et crée de nouveaux emplois”, a-t-il ajouté.

D'ores et déjà, les travaux de réalisation de plusieurs de ces infrastructures ont été of-ficiellement lancés par le chef de l'Etat et se poursuivent nor-malement, au grand bonheur de la population de Niamey.

Brigi Rafini conquis

Il s'agit, entre autres, de la réalisation de la route intercom-munale Est/Ouest et surtout du premier échangeur de Niamey, à savoir celui du rond-point avenue Mali Béro et avenue du Zarmaganda, tous exécutés par des entreprises chinoises.

Le Premier ministre nigérien Brigi Rafini n'a pas caché son émerveillement devant les mo-yens mobilisés et le rythme des travaux.

“La qualité des ouvrages me rassure. Les travaux ont bien démarré et avec du sérieux”, a-t-il déclaré en visitant le chan-tier de construction du premier

Niamey(Suite de la page précédente)

échangeur, fin juillet. Le coût de construction de

l'échangeur est estimé à 12 mil-liards de francs CFA, financés sur fonds propres de l'Etat. Et la fin des travaux est prévue pour le 18 mars 2013.

Au nombre des travaux qui ont déjà démarré s'ajoutent également la rénovation, en partie, de la zone adminis-trative, la construction des 1.000 logements sociaux, et

la réhabilitation de la ceinture verte de Niamey.

D'autre part, selon les initia-teurs du programme, les études techniques relatives à la réalisa-tion de la route Goudel/Tondib-ia, dans le premier arrondisse-ment, ainsi que des trois autres échangeurs (Rond-Point de l'Armée, Rond-Point Kennedy et Rond-point Boukoki, sont d'ores et déjà terminées.

Xinhua

Un expert burundais a déploré jeudi 13 sep-tembre que les pro-

fessionnels du bâtiment de son pays ne maîtrisent pas parfaitement les aspects envi-ronnementaux et énergétiques pendant la construction des ouvrages et des infrastructures, avec pour effet pervers la dégra-dation de l'environnement en milieu urbain.

Le Burundi n'est pas encore doté d'une technologie lui per-mettant de détecter en temps réel les effets néfastes de la dégradation écologique et sani-taire, consécutive notamment à

des constructions renfermant des fibres d'amiante, a déclaré Athanase Ndihokobwayo, ingé-nieur civil burundais qui pilote la direction de la recherche à l'Ecole Normale Supérieure (ENS), en marge d'un atelier de formation sur les défis de la transition énergétique

L'atelier a rassemblé la se-maine dernière une trentaine de cadres burundais oeuvrant dans le secteur de l'aménagement ur-bain, de la construction et du bâtiment, et s'inscrivait dans le cadre des “initiatives fran-cophones pour la promotion des villes durables en Afrique”

portées par l'Organisation In-ternationale de la Francophonie (OIF) à travers son organe sub-sidiaire, l'Institut de l'Energie et de l'Environnement de la Francophonie (IEPF), basé au Québec.

Le risque de l’amiante

M. Ndihokobwayo a rap-pelé que le Burundi avait frôlé une catastrophe en 2006 avec un projet d’importation de maisons préfabriquées en provenance de Turquie, sur lesquelles pesaient des soup-çons de présence d'amiante.

L'ingénieur burundais a souligné que dans un monde en perpétuelle mutation pour “un mieux vivre ensemble dans un environnement durable”, il faudrait que le slogan en vogue sous le vocable “développement durable” rime avec la construc-tion de bâtiments écologiques au Burundi.

L’expert a par ailleurs estimé que le Burundi ne dispose pas encore d'équipements adéquats et suffisants pour mesurer la qualité des matériaux utilisés dans le domaine du bâtiment, des travaux publics et de la ges-tion des villes. Xinhua

Le Burundi ne sait pas construire écologiquement, selon un expert

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