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Le Journal du Louvre mai 2017 n o 1 HORS-SÉRIE 2016 LA RECHERCHE AU MUSÉE DU LOUVRE

Le Journal du Louvre · 2018-10-25 · au premier plan, LA’moursefasiantunarc de la massue d’Hercule 1750, marbre, 173x75cm. Coll. musée du Louvre. rencontre avec le professeur

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Page 1: Le Journal du Louvre · 2018-10-25 · au premier plan, LA’moursefasiantunarc de la massue d’Hercule 1750, marbre, 173x75cm. Coll. musée du Louvre. rencontre avec le professeur

Le Journal du Louvre

mai 2017 – no 1

HORS-SÉRIE

2016

LA RECHERCHE

AU MUSÉE DU LOUVRE

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20DESSINS

Edme Bouchardon(1698-1762)

Tête d’ange [détail]Vers 1724-1725, sanguine.

Inv. 24212 recto.

4 Avant-propos du président-directeur du musée du Louvre6 Rencontre avec Salvatore Settis, président du conseil

scientifique

DIX PROJETS DE RECHERCHEÉTUDES MUSÉALESLES PUBLICS

10 Quelle valeur socio-économique du Louvre sur son territoire?Anne Krebs

ÉTUDES DES COLLECTIONSARTISTES

20 L’œuvre dessiné d’Edme Bouchardon (1698-1762)Juliette trey

CONTEXTE ET PROVENANCE28 Les temps protohistoriques de Susiane (Iran).

Nouvelles études sur la céramique de SuseFrAnçois bridey

40 Les carreaux iraniens à décor de lustre métallique des xiiie

et xive siècles : «Medieval Kâshi Project»delphine Miroudot

CORPUS50 Le Répertoire d’iconographie méroïtique (RIM)

vincent rondot

CATALOGUE62 Les peintures italiennes du xviiie siècle

stéphAne loire

PHILOLOGIE72 Les manuscrits de Delacroix

doMinique de Font-réAulx

FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES80 Les colonies grecques de mer Noire. Missions archéologiques

en Roumanie et en BulgarieAlexAndre bArAlis

ÉTUDES DES MATÉRIAUX ET TECHNIQUESMATÉRIAUX

90 L’utilisation de l’albâtre dans la sculpture française entrele xive et le xvie sièclepierre-yves le pogAM

TECHNIQUES DE CRÉATION100 CRISTALLO. Recherche sur les verres émaillés et dorés

vénitiens de la RenaissanceFrAnçoise bArbe et isAbelle biron

SOMMAIRE

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40CARREAUX IRANIENS

Carreau de revêtement,prov. Damghan (?), Iran, céramique

à décor de lustre métallique,diam. 20 cm. OA 6319.9.

Legs C. Piet-Lataudrie, 1909.

62PEINTURES ITALIENNES

Francesco Guardi (1712-1793)Le Doge de Venise sur le Bucentaure, à SanNicolò di Lido, le jour de l’Ascension [détail].

Vers 1775-1780, huile sur toile. INV 319.Saisie révolutionnaire de la collection

du comte de Pestre de Seneffe, 1797.

28CÉRAMIQUE DE SUSEBoisseau à décor d’arceaux et de soleils [détail]Suse I (4200-3800 av. J.-C.), prov. nécropoledu tell de l’Acropole, terre cuite peinte.Sb 3146. Fouilles Jacques de Morgan.

100VERRES VÉNITIENSGobelet sur pied orné de deux portraits [détail]Fin du xve – début du xvie siècle (?), prov. Venise,verre bleu transparent, émaux polychromes, or.OA 7562. Legs baronne Salomonde Rothschild, 1922.

50ICONOGRAPHIE MÉROÏTIQUEGobelet peint de cobras protecteurs uræuscoiffés du disque solaireier-iiie siècle apr. J.-C., prov. Méroé (ville),terre cuite. AF 12839.

Le Journal du Louvre

LA RECHERCHEAU MUSÉE DU LOUVRE 2016HORS-SÉRIE

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AVANT-PROPOS

Plus grand musée du monde, le Louvre est aussiun important lieu de recherche scientifique. Dèsma prise de fonctions, j’ai voulu réaffirmer cettevocation, qui figure à l’article 2 du décret du22 décembre 1992, en répondant aux questionssuivantes : quelle est, au xxie siècle, la responsa-bilité du Louvre vis-à-vis de la communautéscientifique? Comment définir la spécificité desa recherche? Comment rendre à celle-ci cohé-rence et visibilité ? Avec l’aide des chefs dedépartements et de la nouvelle direction de laRecherche et des Collections, nous croyonsavoir formulé une réponse pertinente pour ins-crire la recherche au Louvre au sein d’un réseaufrançais et international. Il nous est apparu fon-damental, en effet, d’articuler la recherche surles collections, menée par les départements deconservation désormais tous dotés d’un serviced’études et de documentation équipé d’unebibliothèque de proximité, avec la recherche surle palais, les jardins et le musée, dont la coordi-nation est confiée à la direction de la Rechercheet des Collections. Cela permet d’offrir à la com-munauté des chercheurs deux entrées possiblesdans les champs d’étude sur le Louvre, en com-plément des programmes sur la matérialité etles techniques des œuvres menés avec les labo-ratoires dépendants du ministère de la Cultureet de la Communication (C2RMF, LRMH,IPANEMA, entre autres), et de ceux conduitspar nos partenaires naturels au sein du ministèreque sont l’École du Louvre et l’INHA.

LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU LOUVREpar Jean-Luc Martinez—Pr ésident-dir ecteur du musée du Louvr e

dir ecteur de La PubLication

Lieu de recherche depuis sa création, le muséedu Louvre a appris à mieux formaliser sa poli-tique de la recherche sous l’influence du modèleacadémique et en raison de l’obligation qui estla nôtre de définir des programmes. Mon prédé-cesseur, Henri Loyrette, dont je salue l’heureuseinitiative, avait ainsi créé un premier conseilscientifique et fait adopter un premier plan de larecherche au musée du Louvre pour les années2010-2015. Grâce à l’aide de son conseil scienti-fique, dont je remercie le président, M. SalvatoreSettis, ainsi que les membres anciens et plusrécents, le Louvre a publié en 2016 son deuxièmeplan de recherche pour les années 2016-2020.Ce document stratégique, qui s’inscrit en cohé-rence avec son projet scientifique et culturel,détermine trois axes de recherche prioritaires :les études muséales, qui traitent des questionsrelatives à l’histoire des collections, des musées,des présentations ainsi que de l’art des jardinset de la connaissance du public ; l’étude des col-lections, qui regroupe les recherches sur lesartistes, les ateliers et les écoles, le contexte etla provenance, les corpus d’œuvres et les cata-logues de collections, l’épigraphie et la philolo-gie, et les fouilles ; enfin l’étude des matériauxet des techniques qui, s’appuyant sur les analysesphysiques et chimiques conduites par notre prin-cipal partenaire en la matière, le C2RMF, portesur la conservation préventive, la compréhensionmatérielle des œuvres ainsi que les recherchesappliquées à la restauration des dessins. Sur la

base de ces trois axes, le musée, toujours avecl’aide de son conseil scientifique, a sélectionnéplus de deux cents projets de recherche, soitdeux fois plus qu’il y a sept ans. Ces projets, denatures très différentes, affichent une ambitioncommune: celle de documenter les collectionsdu Louvre, en les reliant à leurs origines phy-siques, historiques et géographiques, celle ausside faire du Louvre un lieu de réflexion sur lesmissions et enjeux d’un musée au xxie siècle.

Si l’inauguration, le 5 juillet 2016, duCentre Dominique-Vivant Denon inscrit« physiquement » dans ses murs l’ambitionscientifique du Louvre, l’autre enjeu essentielconcerne la diffusion des connaissances que seschercheurs produisent. Au Louvre, commedans tous les musées, la recherche est bien sûrd’abord visible dans l’accrochage des collec-tions permanentes comme dans la politiqued’expositions temporaires, tant il est vrai quela recherche appliquée aux collections s’ex-prime d’abord en montrant les œuvres, en lesclassant et donc en les étudiant. Pour autant,le Louvre peut compter sur d’autres outils dediffusion : la programmation de l’Auditorium,l’organisation de journées d’étude, le siteinternet du musée ou encore l’ambitieusepolitique d’édition attestent la présence perma-nente de la recherche dans la vie du musée.Le musée peut notamment compter sur la qua-lité de ses éditions, dont la moitié des publica-tions s’adresse au public scientif ique. Les

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expositions du Louvre et du musée nationalEugène-Delacroix ainsi que les grands événe-ments de la vie du musée font l’objet d’un cata-logue. D’autres publications, comme les titres dela collection «Solo», les ouvrages édités hors col-lection ou les catalogues sommaires et raisonnés,permettent de rassembler des connaissancesactualisées sur les collections. À ces ouvragesj’ai voulu ajouter une autre publication, plussouple et synthétique, pour rendre compte del’actualité de la recherche au Louvre. Après lesbulletins La Recherche au musée du Louvre,publiés de 2010 à 2014 mais peu diffusés, j’aisouhaité qu’elle prenne la forme d’un hors-sériedu magazine Grande Galerie, le Journaldu Louvre, une manière de signif ier quechaque grand événement du musée – exposition,rénovation de salle, restauration – se fonde surun travail scientifique de longue haleine. Sonformat ne permet certes pas de rendre comptede la totalité des quelque deux cents projets que

le Louvre conduit, mais ce nouveaurendez-vous sera l’occasion pour les chercheursde rendre compte eux-mêmes chaque année dedix projets présentés au conseil scientifique duLouvre, qui offrent un aperçu fidèle de la diver-sité et de la richesse de l’activité scientifique dumusée. Tout en garantissant un haut degré derigueur et d’exigence, la ligne éditoriale et lamise en page dynamique de ce hors-série enassureront, je l’espère, une diffusion aussi largeque possible auprès de la communauté scienti-fique et du public amateur.

Magazine d’information scientif ique, cehors-série est aussi un outil au service des cher-cheurs, destiné à les aider à relayer l’actionscientifique du musée auprès de leurs collègueset partenaires, en complément du plan de larecherche au musée du Louvre. Il offre en outreune tribune supplémentaire à celles et ceux qui,souvent dans l’ombre, écrivent la passionnantehistoire du Louvre.

Le Centre Dominique-Vivant Denon, inauguréle 5 juillet 2016. Il est situé au deuxième étagede la cour Carrée, du côté de la porte des Arts,à la place de l’ancienne Bibliothèque centrale desmusées nationaux (lire Grande Galerie nos 35 et 37).Contact : [email protected]

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ENTRETIEN AVEC SALVATORE SETTIS

Dans un premier temps, pouvez-vous nousrappeler votre parcours et notamment votreconnaissance du monde des musées?Salvatore Settis: J’ai toujours travaillé au seind’universités et d’instituts de recherche. J’ai com-mencé par me former à la philologie classique,à l’histoire antique et à l’archéologie grecque etromaine, avant de m’intéresser à d’autres sujetsde recherche, d’abord à l’histoire de la traditionclassique, puis, de plus en plus, à l’histoire de l’art.Au-delà de la spécialisation dans une périodeparticulière, je m’intéresse à l’analyse du fonc-tionnement des instruments cognitifs à l’œuvrelorsque nous sommes confrontés à des contextesculturels et à des artistes divers. Par exemple,quelles sont les similitudes et les divergencesentre l’approche philologique et cognitive quel’on adopte face à un monument antique, commela colonne Trajane, et celle que requiert

l’observation d’une œuvre moins éloignée dansle temps, comme La Tempête de Giorgione ouencore les vidéos de Bill Viola?

Je n’ai jamais occupé de poste pérenne dansun musée, mais j’ai passé beaucoup de temps àles visiter et à discuter avec celles et ceux qui ytravaillent afin de comprendre leur mode defonctionnement. À certaines périodes de ma car-rière, j’ai été en contact plus étroit avec le travailquotidien de grands musées. De 1994 à 1999,j’ai dirigé le Getty Research Institute de LosAngeles, une entité distincte du J. Paul GettyMuseum mais très proche d’un point de vue à lafois topographique et institutionnel. Cette expé-rience m’a été très utile car elle m’a donné à réflé-chir sur les convergences et les écarts entre larecherche dans les musées et celle qui a lieu dansles milieux académiques ou dans les instituts derecherche comme celui que je dirigeais alors.Pendant des périodes plus brèves mais tout aussiinstructives, j’ai été chargé de diriger des cyclesde conférences, les Isaiah Berlin Lectures àl’Ashmolean Museum d’Oxford en 2000, puisles Mellon Lectures à la National Gallery of Artde Washington en 2001. Aucune autre expé-rience similaire ne s’est présentée au cours desdix années qui ont suivi, pendant lesquelles je mesuis entièrement consacré à mes fonctions dedirecteur de l’École normale supérieure de Pise.

Après avoir quitté ce poste en 2010, j’ai occupépendant un an la chaire du musée du Prado – làaussi une expérience d’«immersion» dans la vied’un grand musée. Toutefois, la présidence duconseil scientifique du musée du Louvre, en plusd’être un grand privilège, reste pour moi la meil-leure occasion de réfléchir sur ces sujets.

On oppose souvent recherche académique ouuniversitaire et recherche ou étude des œuvresdans les musées. Quelles sont pour vous lesspécificités de chacune de ces recherches etcomment s’enrichissent-elles mutuellement?S. S. : Cette opposition était particulièrementvivace aux États-Unis à l’époque où je travaillaisau Getty. Une opinion largement partagée, queje qualifierais volontiers de «superstition», vou-lait que la recherche académique ait une vocation«théorique», tandis que la recherche dans lesmusées aurait une portée éminemment «pra-tique». On sous-entendait que la théorie, plusproche de la pensée philosophique, était, d’unecertaine manière, plus sophistiquée, voire plusnoble. Je n’ai jamais cru à ces hiérarchies artifi-cielles et, si tant est qu’il faille en établir une,j’aurais personnellement tendance à donner laprimauté à la recherche dans les musées, celle-ciétant davantage liée aux œuvres, aux probléma-tiques qu’elles recèlent, à leur matérialité, à

Page de droiteVue d’une salle de

l’exposition «EdmeBouchardon (1698-1762).

Une idée du beau»(du 14 septembre au

5 décembre 2016au Louvre, puis du

10 janvier au 2 avril 2017au J. Paul Getty Museum

de Los Angeles) avec,au premier plan,

L’Amour se faisant un arcde la massue d’Hercule

1750, marbre,173 x 75 cm.

Coll. musée du Louvre.

rencontre avec le professeur salvatore settis, président du conseil scientifique

propos recueillis par Marie claire Guillard-le Bourdellès

Salvatore Settis préside le conseil scientifique du Louvre depuis sa création en 2011. Il revient sur sonrôle à la tête de ce conseil et l’évolution de la politique de recherche au cours des six dernières années.

« J’ai toujours pensé qu’un muséecomme le Louvre était forcémentun haut lieu de la recherche»

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l’histoire dont elles sont un condensé. Lorsque,comme moi, on a passé sa vie de chercheur àl’université ou en institut de recherche, on peuttrès bien (c’est même indispensable) adopter unedémarche comparable à la mienne et se rappro-cher de la recherche dans les musées; de la mêmemanière, on peut travailler dans un musée touten portant un vif intérêt aux questions théo-riques. Il est tout à fait possible d’aborder lesproblèmes théoriques à travers l’étude de casconcrets et de «faire parler» les œuvres égale-ment sous l’angle méthodologique ou théorique.Reste toutefois une différence de taille: les cher-cheurs universitaires peuvent en général choisirlibrement leur objet d’étude (même si une auto-risation est nécessaire pour observer de près unesculpture ou une peinture et la « toucher dudoigt»), tandis que la recherche dans les muséesest souvent orientée par les impératifs de conser-vation, les nouvelles installations, les expositionsà venir ou les catalogues à publier; une contrainte«extérieure» qui, selon moi, constitue un terreautrès fertile pour la recherche.

Vous êtes depuis 2011 le président du conseilscientifique du musée du Louvre. Quelle idéeaviez-vous de la recherche menée au musée duLouvre quand vous avez été nommé?S. S. : En tant que visiteur fidèle et assidu du

musée du Louvre, notamment au cours de monannée d’enseignement à la IVe section del’École pratique des hautes études (1992-1993), j’ai toujours pensé qu’un musée commele Louvre, aux dimensions et aux ambitionsexceptionnelles, était forcément un haut lieu dela recherche, mais je ne m’étais jamais posé laquestion cruciale qui allait ensuite, au sein duconseil scientif ique, engendrer de passion-nantes discussions : comment créer un f ilconducteur entre les divers projets de recherchemenés par de nombreux acteurs, tout en pré-servant, dans une certaine mesure, l’indépen-dance et l’autonomie de chacun? Pour illustrerma pensée par une métaphore tirée de l’operaseria, je voyais alors la recherche menée aumusée du Louvre comme une série d’arias etde récitatifs, avec quelques duos et quelquesquatuors, mais sans les chœurs.

Comment voyez-vous le rôle du conseil scien-tifique et votre rôle en tant que président dansla stratégie de la recherche du Louvre?S. S. : Lorsque Henri Loyrette m’a proposé deprésider le conseil scientifique du musée duLouvre, ce fut pour moi une heureuse surpriseet un grand honneur, sentiment qui s’est renou-velé lorsque Jean-Luc Martinez m’a confirmédans ces fonctions. Naturellement, j’ai évoqué

avec chacun d’eux les potentialités qu’offre unconseil scientifique comme le nôtre, mais aussises limites, et j’ai fait de mon mieux pour qu’ilsoit utile à la vie du musée. Bien évidemment,un conseil scientifique n’a pas vocation à se subs-tituer, ne serait-ce qu’en partie, au bouillonne-ment quotidien d’une institution aussi complexeque le Louvre; il est important d’avoir consciencede cette limite, qui correspond à une réalité.En revanche, dans les musées comme dans lesinstituts de recherche, un conseil scientifiquecomposé de membres extérieurs à l’institutionpeut, par définition, proposer à ceux qui y tra-vaillent tous les jours un regard extérieur surleur mission; il s’agira sans doute d’un regardplus naïf et moins au fait des détails, mais aussiplus libre de faire émerger des questions que laforce des habitudes aurait reléguées à la marge.

Au cours de ma carrière, j’ai été membre deplusieurs conseils scientifiques et, dans certainscas (au Getty Research Institute et à l’École nor-male supérieure de Pise), j’ai observé leur travailen tant que directeur de l’établissement. Avec lerecul, j’énoncerais cinq principes, en apparencetrès simples mais difficiles à appliquer pleine-ment dans les faits, pour qu’un conseil scienti-fique puisse être utile :1. veiller à ce que la composition du conseilsoit équilibrée entre membres extérieurs à

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ENTRETIEN AVEC SALVATORE SETTIS

l’institution et membres de droit, de façon quela diversité des rôles nourrisse l’échange d’in-formations ;2. choisir les membres extérieurs pour leurscompétences et leur dynamisme culturel, maisaussi pour leur aptitude à la discussion collé-giale et leur curiosité intellectuelle ;3. adopter un mode de discussion qui permetted’évoquer tous les sujets et de poser toutes lesquestions, y compris celles qui peuvent paraîtrecandides ou gênantes ;4. inscrire à l’ordre du jour des discussions unnombre limité de sujets sélectionnés pour leurpertinence ;5. créer un fil conducteur entre les différentesréunions, dans la mesure où elles sont espacéesde plusieurs mois, et maintenir ce fil conduc-teur en cas de renouvellement des membresdu conseil.

Le rôle du président d’un conseil scienti-fique doit se limiter à garantir son bon fonc-tionnement, en stimulant la discussion et enfaisant progressivement ressortir les points lesplus susceptibles de donner lieu à des dévelop-pements. En ce qui concerne le conseil scienti-fique du Louvre, il me semble que ces principesde bon fonctionnement (mais aussi de bonsens) ont été respectés, en parfaite entente avecle président-directeur.

Depuis six ans, constatez-vous une évolutiondans la stratégie de la recherche au musée duLouvre?S. S.: Permettez-moi de reprendre la métaphoreopéristique que j’ai utilisée précédemment pourposer la question en d’autres termes : outre lesarias, parfois des plus virtuoses, interprétées parchaque chercheur du musée, peut-on direaujourd’hui que le Louvre s’engage vers uneexpression chorale de son infini potentiel ?

Avant de répondre à cette question, jesouhaite rappeler un point évoqué à plusieursreprises dans nos discussions. Plus que toutautre musée, le Louvre, par ses dimensions, larichesse et la qualité de ses collections, sa fré-quentation et surtout son histoire unique, aune responsabilité particulière. C’est le musée-monde par excellence : tout ce qui s’y passesuscite immédiatement un écho planétaire. Ilfaut bien avoir à l’esprit que, sans forcément levouloir, le Louvre f init toujours par avoirvaleur d’exemple. Il suffit de penser à AlexandreSokourov qui, dans son f ilm Francofonia(2015), choisit le Louvre comme point de vueprivilégié pour réfléchir à la signification de lamémoire culturelle, mêlant les événementshistoriques de la Seconde Guerre mondiale àun futur dystopique imaginaire (lire GrandeGalerie no 33). C’est pourquoi, au Louvre,

toute chose – y compris les activités du conseilscientifique – doit être pensée dans l’objectifde servir sa mission historique de musée-monde(ou de musée-modèle). C’est peut-être plusfacile à dire pour moi qui ne fais pas partie dupersonnel du musée !

Cela dit, j’aimerais ajouter que, ces dernièresannées, la constellation des projets de recherchemenés au musée du Louvre a non seulementcontinué de croître, mais qu’elle s’est aussiengagée dans la voie de l’expression «chorale»,ce qui est souhaitable mais toujours difficilepour un musée de cette ampleur, où chaquedépartement est à lui seul plus grand que biendes musées. Je voudrais également préciser que,quand je parle de «choralité», je ne me réfèrepas seulement, comme on le fait souvent, auxtechnologies de l’information (qui en consti-tuent une condition nécessaire mais non suffi-sante), mais aussi à l’esprit d’une communicationentre les départements eux-mêmes et entre lesprojets de recherche qui y sont conduits.

Dans ce numéro de Grande Galerie dédié àla recherche, on peut découvrir dix projetsqui ont été présentés au conseil scientifiqueen 2016. Quels sont les conseils et remarquesque vous pouvez faire sur les sujets abordés?S. S. : La diversité des projets présélectionnés

Ci-contreFrancesco Guardi

(1712-1793)La Procession du doge

de Venise à San ZaccariaVers 1775-1780, huilesur toile, 68 x 101 cm.

INV 324.Saisie révolutionnaire dela collection du comte dePestre de Seneffe, 1797.

Aile Denon, 1er étage,salle 23.

Page de droite, à gaucheApollonia du Pont

(Bulgarie). Vue aérienne dusite de Messarité 4,

475-275 av. J.-C. (dir.A. Baralis, K. Panayotova).

Page de droite, à droiteGobelet sur pied orné de

motifs d’écaillesFin du xve – début du

xvie siècle (?), prov. Venise,verre bleu transparent,

émaux polychromes, or,15,8 x 9,6 cm.

OA 7560.Legs baronne Salomon de

Rothschild, 1922.Aile Richelieu, 1er étage,

salle 18.

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me semble en soi représentative de la recherchemenée au musée du Louvre. Sans juger de laqualité de tel ou tel projet, je voudrais soulignerleurs caractéristiques communes : qu’ils soientissus d’une exposition temporaire, comme lesdessins d’Edme Bouchardon, ou de fouillesarchéologiques, comme le monde colonial grec

de mer Noire, ces projets se donnent pour objec-tif ambitieux de susciter le dialogue avec ce quele monde de la recherche offre de meilleur, enapportant aux chercheurs de toutes spécialités

une nouvelle matière à réflexion, sous forme decorpus ou de catalogues (c’est le cas des antiqui-tés méroïtiques, de l’albâtre en France, des verresvénitiens, des peintures italiennes du xviiie siècleou encore des manuscrits de Delacroix), ou bienen mettant en lumière les problématiques decontexte et de provenance (pour ce qui est de la

céramique de Suse et du Medieval KâshiProject). Tous ces projets de recherche se carac-térisent par une approche à la fois exploratoireet systématique, y compris l’étude sur la valeur

socio-économique du Louvre sur son territoire,plus directement liée à « l’actualité».

Ces projets de recherche, qui offrent déjà uneriche palette de réflexions, sont à la fois intime-ment ancrés dans les collections du musée etpleinement adossés à la recherche scientifiqueactuelle. En ce sens, les discussions au sein duconseil scientifique témoignent de la tendanceactuelle, qui, selon moi, doit être encouragée, àconsidérer tous ces sujets à travers le doubleprisme de la qualité et de la méthodologie. En cequi concerne la qualité, chaque projet de recherches’apprécie selon les usages de son domained’étude; sur le plan méthodologique, en revanche,ces projets peuvent constituer des sources d’ins-piration mutuelle. Mon souhait le plus vif estque le travail du conseil scientifique continue àinciter la recherche à emprunter ce chemin.

«(...) ces projets se donnent pour objectif ambitieuxde susciter le dialogue avec ce que le monde de la

recherche offre de meilleur (...)»

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ÉTUDES DES COLLECTIONS/CORPUS

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LE RÉPERTOIRED’ICONOGRAPHIE MÉROÏTIQUE

Vue des pyramides de Begrawiya Sud(actuel Soudan), nécropole royale près del’ancienne capitale du royaume de Méroé.

par Vincent rondot, directeur du département des antiquités égyptiennes

En septembre 2016, le département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre,associé à l’université Paris-Sorbonne et au Labex RESMED1, a lancé le projet de Répertoire

d’iconographie méroïtique (RIM). Programme de dimension internationale, il a pour ambitionde produire et de publier un ouvrage encyclopédique faisant le point sur notre connaissance

de l’iconographie du royaume de Méroé. Les civilisations antiques du Soudan sont un domainede recherche dans lequel le Louvre a choisi de s’investir dès 2007, avec l’ouverture d’une fouille

dans «l’île de Méroé». En 2010, l’exposition «Méroé, un empire sur le Nil» permettait augrand public de découvrir cette aventure archéologique (lire Grande Galerie no 11).

Le musée du Louvre jouera de nouveau un rôle important dans l’étude de cette civilisationen accueillant en 2018 la 14e Conférence internationale des études nubiennes,

puis, en 2020, en organisant avec le British Museum et le Museum of Fine Artsde Boston une exposition consacrée à l’histoire du royaume de Napata.

1. Ce projet bénéficie du concours du Labex RESMED (ANR-10-LABX-72) dans le cadre du programme Investissements d’avenir ANR-11-IDEX-0004-02.

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ÉTUDES DES COLLECTIONS/CORPUS

L a civilisation méroïtique (300 av. J.-C.– 350 apr. J.-C.), dernier avatar des

royaumes kouchites installés le long de la valléedu Nil moyen, est la plus ancienne civilisationd’Afrique subsaharienne dotée d’une écriture.C’est aussi, en Afrique, la plus méridionale descultures à avoir été en contact avec les mondeshellénistique et romain par l’intermédiaire deson voisin septentrional, l’Égypte ptolémaïquedevenue ensuite province impériale. Depuis laplus haute antiquité, en effet, elle en avait enpartie intégré ce fonds culturel par des contactsrépétés. Placé aux limites géographique etchronologique de ce processus, le royaume deMéroé présente ainsi l’occasion d’observer unsyncrétisme unique, aboutissement de rela-tions permanentes entre une société culturel-lement africaine et une Égypte plurimillénairepar laquelle transitent désormais massivementles inf luences du monde méditerranéen. LeRépertoire d’iconographie méroïtique (RIM) sefixe pour objectif d’analyser et de décrire lesmodalités selon lesquelles le royaume méroï-tique s’est approprié tout un vocabulaire deformes exogènes, qu’elles soient égyptiennes,hellénistiques ou romaines, pour l’intégrer àson propre répertoire.

L’iconographie est en effet la source do-cumentaire la plus à même de répondre auxquestions d’acculturation et de transmissionqui sont posées de longue tradition historio-graphique et qui, désormais, tiennent uneplace importante dans la recherche. Du signeethnique sur une céramique à la scène d’of-frandes sur la paroi d’un temple, elle est deloin la forme d’expression qui manifeste leplus clairement l’hybridation de la cultureméroïtique. Cette documentation demandeaujourd’hui à être compilée et commentée ausein de l’outil de recherche collaboratif quese propose d’être le RIM. Son apport seraitd’autant plus utile que, en attendant que soitdéchiffré le méroïtique (l’écriture du royaumede Méroé), notre connaissance de l’histoireet de la culture de ce royaume africain dé-pend presque exclusivement aujourd’hui desinformations fournies par l’archéologie et laculture matérielle.

Il faut préciser que, si la matière documen-taire est volumineuse, elle reste adaptée à uneapproche exhaustive. S’agissant, par exemple,des reliefs des temples, les complexes religieux

LES COLLECTIONS MEROÏTIQUESDU MUSÉE DU LOUVRELe département des Antiquités égyptiennes dumusée du Louvre conserve une collection d’objetsméroïtiques constituée au cours du xxe siècle, àla faveur de plusieurs dons et achats. Elle fut inau-gurée par l’acquisition en 1909 d’une statuetted’ApédémakengrèsaunomdusouverainTaneyida-mani et provenant des fouilles de John Garstang àMéroé. Un lot provenant des mêmes fouilles futensuite acquis par Bénédite à Londres en 1913 eten 1928. Essentiellement composé d’objets encéramique fine et en faïence, il comprend égale-ment deux tables d’offrandes en grès inscrites encursive méroïtique, dont l’une est décorée d’unescène de libation. En 1996, le gouvernement sou-danais procéda au dernier partage de fouilles enfaisant don au Louvre d’un ensemble provenant delanécropoleméroïtiquedeSedeinga:desverreries,de nombreux objets en céramique, des pointes deflèches en fer, un anneau de cheville en bronze etdeux têtes de «statues-ba» (statues d’hommes-

oiseaux, le ba étant la partie spirituelle de l’individu)en grès sont ainsi venus enrichir ses collections.Mentionnons enfin des pièces d’origine inconnue,telles deux têtes de statues-ba (de Basse-Nubie?),ou encore des statuettes fragmentaires du dieuAmon en serpentinite.

Bibliographie : Vandier (J.), « La vie des musées. Nou-velles acquisitions, musée du Louvre, département desantiquités égyptiennes », La revue du Louvre, 1966, 4-5,p. 236 ; Berger (C.), «Un enrichissement notable des col-lections d’archéologie nubienne au musée du Louvre »,La revue du Louvre, 1999, 2, p. 31-34 ; Sackho-Autissier(A.), «Quelques remarques sur le bloc Louvre E 25562»,RdE, 56, 2006, p. 260-263 ; Sackho-Autissier (A.), « LeSoudan au musée du Louvre : un aperçu de la collection »,in B. Gratien (éd.), Mélanges offerts à Francis Geus,CRIPEL, 26, 2006-2007, p. 313-322 ; Baud (M.), dir.,Méroé.Un empire sur le Nil, Paris, Louvre, 2010 ; Sackho-Autis-sier (A.), « Les faïences d’époque méroïtique conservéesau musée du Louvre. Technologie et production : les pré-mices d’une recherche », Dotawo, 3, 2016, p. 29-39.

Le dieu à tête de lion ApédémakVers 100 av. J.-C., grès

9 x 7,1 x 4,55 cm.Inscrit dans le dos en caractères

méroïtiques au nom du roi Taneyidamani.E 11157 B.

Coll. musée du Louvre,aile Sully, 1er étage, escalier du Midi.

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L’empire de MéroéCarte extraite de Méroé. Un empire sur le Nil,cat. exp., Paris, Louvre, 2010, carte I.Dessin Nathalie Couton-Perche et Michel Baud.

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LES CYLINDRES DE MÉROÉLe cylindre en faïence siliceuse conservé au musée du Louvre (E 11522)fait partie d’un ensemble de trois objets de forme comparable décou-verts par John Garstang à Méroé en 1914 et qui étaient probablementdestinés à gainer le fût d’une colonnette. Leur décor, divisé en quatrepanneaux, relève des deux iconographies égyptienne et hellénistique.Selon le canon pharaonique, les quatre panneaux du cylindre aujourd’huià Toronto (ROM 921.4.1) sont organisés en deux paires : une paire ornéede deux béliers passants affrontés, l’autre, de deux lions sous un disquesolaire, également passants et affrontés, et qu’accompagne, rampantà côté d’eux, un grand cobra en position d’attaque. Reconnaître lesdieux représentés par ces couples de béliers et de lions ne va pas desoi ; Amon pour les premiers et Apédémak ou Mahès pour les secondsdoivent rester des conjectures provisoires.Le deuxième cylindre (Montréal, Redpath Museum of the McGill Uni-versity, RM 2023.02.I.) conserve trois de ses quatre panneaux, euxaussi ornés, selon le canon pharaonique, des déesses Satis, Anoukis etMout, toutes trois ailées. Le troisième – celui du Louvre – figure, selonle canon hellénistique, cette fois, les scènes d’une danse, dionysiaqueen l’occurrence, à en juger par la présence d’un dieu Pan.

Nous commençons seulement à comprendre les motifs et les thèmesqui décorent ces trois objets, et les figures reproduites ici illustrent lesprogrès qui restent à faire, avec l’aide du RIM, dans l’élaboration et ladescription de cette riche iconographie.

Bibliographie : Garstang (J.), Phythian-Adams (W. J.) et Sayce (A. H.), «Fifth Interim Reporton the Excavations at Meroe in Ethiopia», LAAA, 7, 1914-1916, p. 13-14 ; Wenig (S.), Africain Antiquity: The Arts of Ancient Nubia and the Sudan. The Catalogue, Brooklyn, 1978, p. 91,fig. 76; Hofmann (I.), «Die glasiert Saülenfragmente von M200 (Meroe-Stadt)», BzS, 4, 1989,p. 107-132; Török (L.), «Kush and the ExternalWorld»,Meroitica, 10, 1989, p. 133-134, fig. 105;Trigger (B. G.), «The John Garstang Cylinders from Meroe, in the Redpath Museum at McGillUniversity», in C. Berger, G. Clerc et N. Grimal (dir.), Hommages à Jean Leclant, Le Caire, IFAO,BdE, 106/2, 1994, p. 390-396 ; Török (L.), Meroe City: An Ancient African Capital. John Gars-tang’s Excavations in the Sudan, Londres, 1997, p. 99-101, pl. 61, 67; Caubet (A.) et Pierrat-Bon-nefois (G.), Faïences de l’Antiquité. De l’Égypte à l’Iran, Paris, 2005, p. 190, no 508; Pierrat-Bon-nefois (G.), «Tambour ornemental à scènes bacchiques», inM.Baud (dir.),Méroé. Un empire surle Nil, Paris, Louvre, 2010, p. 123; Török (L.), Hellenizing Art in Ancient Nubia 300 BC – AD 250and its Egyptian Models: A Study of «Acculturation», CHANE, 53, 2011, p. 135-139; Sackho-Autissier (A.), «Les faïences d’époque méroïtique conservées au musée du Louvre. Technologieet production: les prémices d’une recherche», Dotawo, 3, 2016, p. 34, no 14.

Tambour de colonneorné de scènes

de danse et de musiqueet déroulé de ses quatre

panneaux réalisé parChristian Décamps.

Prov. Méroé, faïencesiliceuse, 41,5 x 34 cm.

E 11522.Coll. musée du Louvre,

aile Sully, 1er étage,escalier du Midi.

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Relevé du tambour en faïence du Louvre E 11522(B. G. Trigger, in Hommages à Jean Leclant, Le Caire, Institut français d’archéologieorientale, Bibliothèque d’étude, 1994, p. 395, cylindre III).

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méroïtiques dont nous connaissons le pro-gramme décoratif complet sont seulement aunombre de cinq : Grand Enclos M 100 ettemple du Lion M 1000 à Mousawwarat es-Soufra, temple à Amon N 100, temple N 200et temple du Lion N 300 à Naga. L’autreensemble important est représenté par lesparois intérieures des chapelles des pyramidesdes nécropoles royales, à Begrawiya et auDjebel Barkal, soit un total approximatif detrente-deux petits monuments, décorés pourla majorité sur deux de leurs murs. Les autresgrandes séries présentant une iconographieriche et exploitable sont facilement classablesen un nombre limité de documents : stèlesroyales et privées, statuaire divine, royale etprivée, statuaire animale, glyptique desbagues-sceaux, décors peints, estampés ou aupeigne sur les céramiques, etc. Certains de cesdomaines ont déjà fait l’objet d’étudestopiques dont plusieurs sont indiquées dansla bibliographie.

Le musée du Louvre au centre d’un réseauinternationalLe musée du Louvre, son départementdes Antiquités égyptiennes avec sa sectionNubie-Soudan, est l’institution centrale dudispositif d’élaboration du RIM. En tant queporteur du projet, le Louvre organisera autourdu RIM la collaboration des institutionspartenaires, à commencer par celle des muséespossédant des collections méroïtiques : le

Relevé du tambouren faïence de Méroéconservé au Redpath

Museum, McGillUniversity, à Montréal

(B. G. Trigger, inHommages à Jean

Leclant, Le Caire, IFAO,Bibliothèque d’étude,

1994, p. 393, cylindre II).

Sudan National Museum de Khartoum, leMusée égyptien du Caire, le British Museumde Londres, l’Ashmolean Museum d’Oxford,la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague,le Museum of Fine Arts de Boston, pour nementionner que les plus importants. LaSection française de la direction des antiquitésdu Soudan (SFDAS), l’Institut français d’ar-chéologie orientale du Caire, les universitésqui font la promotion de l’archéologie souda-naise (Paris-Sorbonne, université de Lille 3)et le CNRS seront, dans le système acadé-mique français, les institutions partenairesles plus proches.

Un comité scientifique international a étécréé et a constitué un réseau de chercheursrenommés dont le statut facilite les liens avecles institutions internationales. Il compte à cejour treize membres : Abdel Rahman AliMohamed Ahmed (directeur général dela National Corporation for Antiquities andMuseums), Charles Bonnet (membre del’Institut), David Edwards (University ofLeicester), Ghalia Garelnabi (directrice desmusées du Soudan), Pascale Linant deBellefonds (CNRS – UMR 7041), ClaudeRilly (CNRS – LLACAN UMR 8135), SabahSadikh (directrice du Musée égyptien duCaire), Neal Spencer (British Museum), PierreTallet (université Paris-Sorbonne), LászlóTörök (Académie hongroise des sciences),Simone Wolf (Deutsches ArchäologischesInst itut, Berlin), Janice Yell in (Babson

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Les quatre panneauxdu tambour de colonneorné de deux bélierset deux lions affrontésProv. Méroé,faïence siliceuse.ROM 921.4.1.Coll. Musée royalde l’Ontario, Toronto.

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Gobelet avec scènede musique et de danse

Terre cuite,11,7 x 8,5 cm.

E 11378, E 27493.Don Schottlander :

E 27493.Coll. musée du Louvre.

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College, Wellesley, Massachusetts) et MichaelZach (Universität Wien).

S’il s’appuie en premier lieu sur des cher-cheurs confirmés, qu’il s’agisse des membresdu département des Antiquités égyptiennesou des autres institutions, ce projet souhaiteégalement jouer un rôle important dans lapromotion des jeunes chercheurs et dans laformation des futurs cadres de la discipline.Ainsi le RIM fait-il appel à des docteurs ou àdes étudiants auxquels il offre une premièreexpérience de recherche ainsi que de suivid’un projet scientifique. C’est dans ce cadreque l’École du Louvre est également sollicitée,notamment pour la réalisation de travaux de

recherches en Masters 1 et 2 ; actuellement, letrésor de la candace (reine, chez les Kouchites)Amanishakhéto, dont les bijoux sont trèsriches en iconographie divine, fait l’objetd’un mémoire de recherche de deuxième cycleadapté aux objectifs du RIM.

Un projet scientifique aux applicationsmultiplesLa publication, prévue en 2022, prendra deuxformes complémentaires : une version papieret une version numérique, à l’exemple de cequi a été fait pour le Lexicon IconographicumMythologiae Classicae (LIMC), projet qui adonné lieu à la publication d’un ouvrage

GOBELET AVEC SCÈNE DE DANSELe gobelet du Louvre E 11378, tant par son histoire que par l’originalité de sondécor, est emblématique des progrès que l’étude de l’iconographie méroïtiqueva bientôt favoriser; la scène de danse qui orne ce gobelet est reproduite icipour la première fois grâce aux techniques d’imagerie disponibles aujourd’hui.Trouvé par John Garstang à Méroé, le musée en fit l’acquisition à Londres en1913. Quatre-vingts ans plus tard, un tesson lui appartenant (E 27493) fut identi-fié chez un collectionneur privé qui en fit don au musée, et un deuxième tesson(E 8384, Liverpool) vint compléter en 1994 cette scène de danse funéraire. Sagestuelle pourrait trouver un écho dans le folklore soudanais actuel et rappelle lamoderne «danse du cou» (raqaba), réservée aux femmes. Composition, style(rendu de la musculature des torses, par exemple) ou encore sûreté du trait neconnaissent que peu d’équivalents et la scène paraît être la synthèse de ce quele décor incisé d’un grand bassin en bronze provenant du tumulus princier VId’el-Hobagi (SNM 26313), au IVe siècle, développe avec plus de détails1.

1. Voir Lenoble (P.), Dissaux (R. P.) et Reinold (J.), «A Funerary Dance of Political Meaning atMeroe», in E. Dagan (dir.), The Spirit’s Dance in Africa: Evolution, Transformation and Continuity inSub-Sahara, Montréal, Gallery Amrad African Art Publication, 1997, p. 36-41.

Bibliographie : Kendall (T.), « Ethnoarchaeology in Meroitic Studies », Meroitica,10, 1989, p. 658-666 ; Török (L.), « Meroitic Painted Pottery: Problems of Chronologyand Style », BzS, 2, 1987, p. 86-87 ; Pierrat (G.), « Peintres potiers d’Assouan du IVe

au VIe siècle apr. J.-C. », La revue du Louvre, 1995, 5/6, p. 39-40, fig. 21 ; Kendall (T.),« Fragments Lost and Found: Two Kushite Objects Augmented », in P. Der Manuelian(dir.), Studies in Honor of William Kelly Simpson, Boston, 1996, p. 461-476 ; Török(L.), Meroe City: An Ancient African Capital. John Garstang’s Excavations in theSudan, Londres, 1997, p. 261, fig. 128, x-25, pl. 221-222 ; Sackho-Autissier (A.),« Les représentations de Bès et de Satyres à l’époque méroïtique : syncrétisme ouconfusion des emblèmes ? », in I. Caneva et A. Roccati (dir.), Acta Nubica, Rome,2007, p. 309, fig. 3-4 ; Sackho-Autissier (A.), « Un aspect de la religion méroïtique :vin et culte dionysiaque », in M. Baud (dir.), Méroé. Un empire sur le Nil, Paris,Louvre, 2010, p. 206 ; Török (L.), Hellenizing Art in Ancient Nubia 300 BC – AD 250and its Egyptian Models: A Study of « Acculturation », CHANE, 53, 2011, p. 270-273,pl. 106-107 ; David (R.) et Evina (M.), « La fine ware méroïtique, marqueur d’unecivilisation », Égypte, Afrique et Orient, 78, 2015, p. fig. 7.

Déroulé du gobelet avecscène de musique et dedanse réalisé parChristian Décamps.E 27493.Coll. musée du Louvre.

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encyclopédique, d’une part, à la mise en lignede ses sources et à l’augmentation de ses cor-pus, d’autre part. Cette publication réunirasous forme de notices classées par ordrealphabétique (par exemple, « Apédémak »,«candace», «costume royal», «cheval », «cro-codile », « prêtre », « soldat », etc.) les descrip-tions analytiques des différentes composantesde l’iconographie du royaume de Méroé.L’ouvrage fournira en outre un commentairesynthétique sur l’origine d’un motif, l’évolu-tion de son iconographie, ses principes decomposition et l’explication qui peut en êtredonnée. Une version numérique multilingueoffrira un accès aux collections muséales etarchéologiques qui ont servi de support àl’élaboration des entrées du RIM, ainsi qu’unlien vers les notices numérisées de la publica-tion. Cette base de données sera réalisée encollaboration avec les musées abritant descollections méroïtiques, dans l’objectif decréer des liens entre leurs bases respectives.Les missions archéologiques opérant auSoudan seront également mises à contributionpour le matériel publié ou inédit dont elles

disposent. Alors que l’encyclopédie impriméesera destinée aux chercheurs, la base de don-nées numériques du RIM aura égalementvocation à s’ouvrir à un public plus large : enmettant à sa disposition pour la première foisles créations d’une civilisation encore trop peuconnue, elle fonctionnera et pourra être uti-lisée comme un musée virtuel.

En actualisant et en homogénéisant unedocumentation pour le moment dispersée, leRIM constituera une étape, tant pour sa dis-cipline que pour les autres champs de recherchesur l’Antiquité. Parce qu’il renouvellera un étatde la question qui a récemment connu desprogrès importants, le RIM donnera à l’Anti-quité soudanaise le statut scientif ique quipourrait sembler pour le moment lui fairedéfaut. Cette « mise à niveau » documentaire,par la synthèse qu’elle offrira, viendra remé-dier au manque de diffusion scientif iqueau sein même de la discipline comme à l’inten-tion des disciplines connexes. Il y a là un pointsur lequel il faut insister : le rôle de désencla-vement voulu pour le RIM est entendu prin-cipalement auprès de disciplines autres que

la soudanologie et auprès des non-spécialistes,à savoir les égyptologues, les antiquisants clas-siques de l’ensemble du Bassin méditerranéen,les africanistes, etc.

La retombée scientifique attendue et natu-relle du RIM sera un accès rapide et synthé-tique à l’ensemble des sources iconographiquesd’une même culture antique d’Afrique subsa-harienne. Les différents aspects qui formentle fonds culturel méroïtique y seront analyséset richement documentés. La version numé-rique et la publication, étroitement liées l’uneà l’autre, offriront deux moyens différents etcomplémentaires de dif fusion de cetteconnaissance. Chaque notice commentée del’encyclopédie, en fournissant une synthèsescientifique sur le sujet considéré, présenteraun état de l’art. La version numérique, outilde fabrication du RIM et collection virtuelle,continuera à générer de nouveaux sujets etrestera une référence que les nouvelles décou-vertes alimenteront. Nous formons le vœu quele fort potentiel de recherche du RIM contri-bue à une avancée capitale dans notre connais-sance du royaume de Méroé.

ÉTUDES DES COLLECTIONS/CORPUS

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVEChapman (S.) et Dunham (D.), «DecoratedChapels of the Meroitic Pyramids at Meroeand Barkal», in The Royal Cemeteries of Kush,vol. 3, Boston, Museum of Fine Arts, 1952.Dittmar (J.) et Gamer-Wallert (I.), DerLöwentempel von Naq‘a in der Butana(Sudan) III. Die Wandreliefs, Wiesbaden,L. Reichert, 1983.Hofmann (I.) et Tomandl (H.), «DieBedeutung des Tieres in der meroitischenKultur», Beiträge zur Sudanforchung,suppl. 2, Universität Wien, Institut fürAfrikawissenschaften, 1987.Rondot (V.), «L’empereur et le petit prince.Les deux colosses d’Argo. Iconographie,symbolique et datation», in F. Alpi, V. Rondotet F. Villeneuve (dir.), La Pioche et la Plume.Autour du Soudan, du Liban et de la Jordanie.Hommages archéologiques à Patrice Lenoble,Paris, Presses universitaires Paris-Sorbonne,2011, p. 413-440.Rondot (V.), «Égypte», in Thesaurus cultuset rituum antiquorum, vol. 8, Los Angeles,J. Paul Getty Museum, 2012, p. 314-331.Török (L.), The Royal Crowns of Kush: A Studyin Middle Nile Valley Regalia and Iconographyin the 1st Millennia BC and AD, Oxford, BritishArchaeological Reports, 1987.Török (L.), «The Costume of the Rulerin Meroe: Remarks on its Origins andSignificance», Archéologie du Nil moyen,vol. 4, F. Geus, 1990, p. 151-202.Török (L.), «Iconography and Mentality:Three Remarks on the Kushite Way ofThinking», in V. W. Davies (dir.), Egyptand Africa: Nubia from Prehistory to Islam,Londres, British Museum Press, 1991, p. 195-204.Török (L.), Hellenizing Art in Ancient Nubia300 BC-AD 250 and its Egyptian Models:A Study in «Acculturation», Culture and Historyof the Ancient Near East, vol. 53, Leyde,E. J. Brill, 2011.Wenig (S.), Untersuchungen zur Ikonographieder Darstellungen der meroitischen Königs-familie und zu Fragen der Chronologie desReiches von Meroe, Internet-Beiträge zurÄgyptologie und Sudanarchäologie, vol. XVII,Berlin, 2015.

Ci-contreDétail du busteet de la tête du dieu-lionTemple du Lion N 300à Naga (Soudan).

Page de gaucheRelevé du décor du vasede bronze HBG VI/1/21= SNM 26313.Scène de danse funéraire.Extrait de P. Lenoble,El-Hobagi, une nécropolede rang impérial auSoudan central. Deuxtumulus sur sept(à paraître), fig. 88.

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Grande Galeriele Journal du LouvreLARECHERCHEAULOUVRE 2016HORS-SÉRIE

Dominique Poulot, professeur spécialisédans l’histoire du patrimoine et desmusées, université Paris I Panthéon-SorbonneBénédicte Savoy, professeur, spécialiséedans l’histoire des collections,Technische Universität Berlin

GestionAdministratrice déléguéeMarie-Hélène Arbus, Beaux Arts& Cie SASGrande Galerie, le Journal du Louvreest une publication coéditée parle musée du Louvre et Beaux Arts& CieSAS.

Pour le musée du LouvrePrésident-directeur Jean-Luc MartinezAdministrateur généralKarim MouttalibAdministratrice générale adjointeValérie Forey-JaureguiDirecteur de la Médiation etde la Programmation culturelleVincent PomarèdeSous-directrice de la Productionet de l’Édition Laurence Castany

Pour Beaux Arts & Cie SASPrésident Frédéric JoussetDirectrice générale Marie-Hélène Arbus

Qui sont les collaborateursde ce numéro?Alexandre Baralis est archéologue audépartement des Antiquités grecques,étrusques et romaines; Françoise Barbeest conservatrice en chef audépartement des Objets d’art ; IsabelleBiron est responsable des études sur leverre au Centre de recherche et derestauration des musées de France(C2RMF); François Bridey estconservateur au département desAntiquités orientales ; Dominique deFont-Réaulx est directrice du muséenational Eugène-Delacroix; AnneKrebs est chef de service adjointe duCentre Dominique-Vivant Denon etresponsable de l’unité des études et desrecherches socio-économiques à ladirection de la Recherche et desCollections; Marie ClaireGuillard-Le Bourdellès estcoordinatrice des moyens de larecherche et chef de service du pilotageadministratif à la direction de laRecherche et des Collections ; Pierre-Yves Le Pogam est conservateur en chefau département des Sculptures;Stéphane Loire est conservateur généralau département des Peintures; DelphineMiroudot est chargée des collections del’Iran médiéval au département des Artsde l’Islam; Vincent Rondot estdirecteur du département desAntiquités égyptiennes; Salvatore Settisest président du conseil scientifique dumusée du Louvre, ancien directeur del’École normale supérieure de Pise etprofesseur d’archéologie grecque etromaine; Juliette Trey est conservatriceau département des Arts graphiques.

Nous tenons à remercierDjamella Berri, Catherine Dupont,Virginie Fabre, Moira Filiol, MarieFradet, Aline François-Colin, ElisabetGoula-Iglesias, Cyrille Gouyette,

Musée du LouvreDMPC/Grande Galerie,le Journal du Louvre75058 Paris cedex 01T [email protected]

RédactionDirecteur de la publicationJean-Luc MartinezÉditeurs Violaine Bouvet-Lanselle,musée du Louvre,et Claude Pommereau, Beaux Arts& Cie SASRédactrice en chefValérie CoudinGraphiste Cécile CastanyIconographe Laurène FlinoisSecrétaire de rédactionLucie NiccoliRelecteur Christophe Parant

Conseil scientifiqueSous la présidence de Salvatore SettisMembres du LouvreJean-Luc MartinezKarim MouttalibValérie Forey-JaureguiMarielle PicVincent RondotFrançoise GaultierYannick LintzSophie JugieJannic DurandSébastien AllardXavier SalmonDominique de Font-RéaulxAnne-Solène RollandVincent PomarèdeAnne-Laure BéatrixMembres extérieursÉtienne Anheim, directeur d’étudesà l’EHESSPatrice Bourdelais, directeurde l’INSHSÉric de Chassey, directeur généralde l’INHAPhilippe Durey, directeur de l’Écoledu LouvreDominique Garcia, présidentde l’INRAP, archéologueXavier Greffe, professeur émérite ensciences économiques, université Paris IPanthéon-SorbonneMarie Lavandier, directrice du muséedu Louvre-LensVincent Lefèvre, conservateur en chefdu patrimoine, sous-directeurdes collections (service des muséesde France, direction générale desPatrimoines, ministère de la Cultureet de la Communication)Jacqueline Lichtenstein, ancienprofesseur d’esthétique et de philosophiede l’art, université Paris IV SorbonneNeil MacGregor, directeur honorairedu British MuseumIsabelle Pallot-Frossard, directricedu C2RMF

Frédérick Hadley, Sophie Labbé-Toutée,Marie Claire Guillard-Le Bourdellès,Chrystel Martin, Stéphanie Orlic,Florent Petit, Isabelle Raffray, DavidRomain, Benjamin Rouxel, AminataSackho-Autissier, Édouard Solier, MagaliTeissier, Audrey Viger.

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ISSN: 1959-1764Ce numéro hors série ne peut être venduDépôt légal : mai 2017Droits de reproduction texteset illustrations réservés pour tous pays.©Grande Galerie, le Journal du Louvre.

Date de sortie du prochain numéro:mai 2018

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUESCouverture: © 2009 Yann Arthus-Bertrand / ALTITUDE /musée du Louvre; © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Michel Urtado; © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / FranckRaux ; © 2012 musée du Louvre / Philippe Ruault;© musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Georges Poncet(vue d’ensemble) et © musée du Louvre, dist. RMN-GrandPalais Christian Descamps (déroulé) • p. 3 : © musée du Louvre,dist. RMN-Grand Palais / Laurent Chastel; © RMN-Grand Palais(musée du Louvre) / Franck Raux; © musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Hughes Dubois; © musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Christian Décamps; © RMN-Grand Palais (muséedu Louvre) / Franck Raux; © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Stéphane Maréchalle • p. 4 : © musée du LouvreF. Brochoire • p. 5 : © 2016 musée du Louvre / Antoine Mongodin• p .6 : © DR • p. 7 : © 2016 musée du Louvre / AntoineMongodin • p. 8 : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Franck Raux • p .9 : © Cl. Loïc Damelet, Centre Camille Jullian(AMU-CNRS); © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Stéphane Maréchalle • p. 10-11 : © 2013 musée du Louvre /Antoine Mongodin • p. 12 : © DR • p. 13 : © 2009 Yann Arthus-Bertrand / ALTITUDE / musée du Louvre • p. 14-15: © DR• p. 16 : © Antoine Mongodin - musée du Louvre ; © 2015 muséedu Louvre / Florence Brochoire • p. 17 : © 2015 musée du Louvre-AP-HP / Éric Garault • p. 18-19 : © musée du Louvre / OlivierOuadah • p. 20-21 : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Michel Urtado • p. 22 : © musée du Louvre, dist. RMN-GrandPalais / Suzanne Nagy • p. 23 : © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Michel Urtado • p. 24 : © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Michel Urtado • p. 25 : © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Mathieu Rabeau ; © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Michel Urtado • p. 26 : © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Michel Urtado ; © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Adrien Didierjean • p. 27 : © Juliette Trey • p. 28-29:© Valérie Coudin • p. 30 : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Gérard Blot • p. 31 : © DR • p. 32 : © Valérie Coudin • p. 33:© Documentation du département des Antiquités orientales ; © DR• p. 34 : © Documentation du département des Antiquitésorientales; © François Bridey • p. 35 : © François Bridey • p. 36:© François Bridey • p. 37 : © DR; © Valérie Coudin ; © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Droits réservés ; © ValérieCoudin ; © RMN-Grand Palais (musée du Louvre); © RMN-GrandPalais (musée du Louvre) / Franck Raux ; © Valérie Coudin;© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Christian Larrieu• p. 38 : © François Bridey ; © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Franck Raux • p. 40-41 : © Eric Lafforgue • p. 42 : © DR• p. 43-44 et 45 : © musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais /Hughes Dubois • p. 46 : © 2006 musée du Louvre / ClaireTabbagh / Collections Numériques ; © Delphine Miroudot • p. 47:© Delphine Miroudot • p. 48 : Morandi Tuul et Bruno / hemis.fr;© Delphine Miroudot • p. 49 : © Delphine Miroudot • p. 50-51:© Stan Neumann 2009 • p. 52 : © musée du Louvre, dist.RMN-Grand Palais / Christian Décamps • p. 53 : © DessinNathalie Couton-Perche & Michel Baud • p. 54-55 : Montagephoto © musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / GeorgesPoncet (vue d’ensemble), © musée du Louvre, dist. RMN-GrandPalais / Christian Descamps (déroulé) • p. 55: © David Rose(dessin) • p. 56 : © David Rose (dessin) • p. 57: With permissionof the Royal Ontario Museum © ROM. • p. 58-59: © musée duLouvre, dist. RMN-Grand Palais / Christian Décamps (vued’ensemble et déroulé) • p. 60 : © D. R. • p. 61: Aminata Sackho-Autissier / Mission Mouweis – département des Antiquitéségyptiennes • p. 62-63 : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Franck Raux • p. 64: © Stéphane Loire • p. 65 : © RMN-GrandPalais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau • p. 66 : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux • p. 67 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet • p. 68 :© Valérie Coudin ; © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Thierry Le Mage • p. 69: © RMN-Grand Palais (musée duLouvre) / Franck Raux • p. 70-71 : © RMN-Grand Palais (muséedu Louvre) / Mathieu Rabeau • p. 72-73 : © RMN-Grand Palais(musée du Louvre) / Adrien Didierjean • p. 74 : © RMN-GrandPalais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda • p. 75 : © 2012musée du Louvre / Harry Bréjat • p. 76 : © RMN-Grand Palais(musée du Louvre) / Adrien Didierjean • p. 77: © RMN-GrandPalais (musée du Louvre) / Franck Raux • p. 79: © 2012 musée duLouvre / Harry Bréjat • p. 80-81 : © Cecil Mathieu • p. 82 :© D. R. • p. 83: © Loïc Damelet, Centre Camille Jullian (AMU-CNRS)• p. 84: RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / HervéLewandowski • p. 85 : © Pascal Lebouteiller, Atelier cartographiquede l’Institut français d’études anatoliennes • p. 86 : © AlexandreBaralis / musée du Louvre ; © Cl. Loïc Damelet, Centre CamilleJullian (AMU-CNRS) • p. 87-88 : © Loïc Damelet, CentreCamille Jullian (AMU-CNRS) • p. 89: © AlexandreBaralis / musée du Louvre • p. 90-91 : © Cecil Mathieu • p. 92 :© musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier• p. 93: © Cecil Mathieu • p. 94 : © The Cleveland Museum of Art.• p. 95-97 et 98 : © Cecil Mathieu • p. 99: © photo CICRP /Odile Guillon • p. 100-101 et 104-105: © Martin Argyroglo• p. 103 : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux• p. 106 : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / MartineBeck-Coppola ; © C2RMF / Anne Maigret; © Françoise Barbe• p. 108 : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux;© 2012 musée du Louvre / Harry Bréjat; RMN-Grand Palais(musée du Louvre) / Hervé Lewandowski © Cecil Mathieu;© Martin Argyroglo.

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