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LE LEXIQUE

Que mettre en place pour l’élève en difficulté ?

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« Le développement du lexique pour permettre à chacun d’exprimer ses idées au plus près de

sa pensée et entrer efficacement dans l’écrit, la lecture, l’écriture. » Alain Bentolila

Le décalage linguistique s’installe quand deux interlocuteurs vivent sur le même territoire,

qu’ils partagent la même langue maternelle et éprouvent des difficultés à se comprendre, à

communiquer à cause de leur manière de parler. Le décalage linguistique doit être pris au

sérieux, il est indispensable de construire des ponts entre les élèves et le système scolaire.

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1. Observations de l’élève.

Manifestations des difficultés à produire un message oral.

× Refus de parler, de lire.

× Difficultés à être compris à l’oral, mots incompréhensibles, syntaxe erronée,

volume sonore bas…

× Retrait, absence de participation.

× Blocage lorsqu’il s’agit de répondre à une sollicitation.

× Absence de motivation, ennui, provocation.

× Décalage dans le vocabulaire usuel, dans les registres de langue.

Manifestations des difficultés à recevoir un message oral.

× Absence d’interaction, d’échange.

× Compréhension partielle, erronée ou lacunaire d’un langage oral.

× Comportement inadapté suite à une sollicitation orale.

× Triche.

× Lenteur d’éxécution.

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Hypothèses :

Déficit auditif- Retard de langage, de parole - Trouble du langage oral, dysphasie en émission ou réception

(diagnostiquée par un professionnel) - capacités de traitement limitées - Mémorisation phonologique à

court terme fragile ou déficitaire - Absence d’un enseignement explicite du vocabulaire – Absence d’une

reprise systématique du langage oral > les erreurs de langue orale ne sont pas corrigées ou corrigées avec

un écart trop éloigné de ce que l’élève est capable de produire – Manque de sollicitations orales, de

stimulations – Vocabulaire usuel, syntaxe de l’élève différents de l’école – Absence de stimulation sociale,

intellectuelle, culturelle – Volonté d’appartenir à un groupe et refus d’utiliser les codes sociaux – Langue

maternelle différente de la langue de scolaristation : conflit conscient, inconscient entre les deux langues…

Impact du lexique dans les apprentissages.

× Dans le langage oral :

Les phrases sont mal construites, mauvaise ou non utilisation des pronoms, des connecteurs.

Le vocabulaire est pauvre et l’élève ne peut exprimer ce qu’il veut, ce qu’on lui demande.

Peu de mots sont maitrisés, la pensée est exprimée de manière approximative. Des mots

peuvent être utilisés à la place d’autres mots. L’élève n’arrive pas à se faire comprendre.

La compréhension orale est faible. L’élève ne réagit pas, ou parfois avec un temps de latence.

Les consignes ne sont pas respectées. Elève qui communique très peu avec l’adulte.

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× Dans le langage écrit :

Le langage écrit est plus complexe que le langage oral.

Lorsqu’il y a déficit en vocabulaire, cela perturbe gravement

l’apprentissage de la lecture puisque le déchiffrage permet de donner

accès au dictionnaire mental des mots oraux. Or le déficit de vocabulaire oral empêche l’élève

d’accèder au sens des mots écrits, il n’a pas ce mot dans son dictionnaire mental : « Il n’y a pas d’abonné au numéro demandé… »

Les élèves qui ont un stock lexical pauvre sont également ceux qui fixent le plus difficilement

les nouveaux mots rencontrés dans les lectures. Car pour fixer le vocabulaire, il faut pouvoir

inférer et ces élèves en difficulté rencontrent trop de mots inconnus pour pouvoir inférer.

Ils n’ont pas de stratégies efficaces pour déduire le sens des mots et les mémoriser.

La lecture ne peut pas être la seule activité pour enrichir le vocabulaire.

× Dans l’attitude, la mobilisation :

On remarque chez de nombreux élèves une certaine passivité en classe chez les élèves qui

manquent de lexique. Ils ne sentent plus concernés, ils se sentent dépassés, peu de choses

prennent sens pour eux dans les activités scolaires. Ils se mettent en retrait, ne participent

pas oralement. Ils ont besoin de l’adulte pour que la consigne soit reformulée, comprise.

Le manque d’implication, de compréhension, peut amener l’élève à se distraire,

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provoquer, s’agiter… Cela peut aussi provoquer des colères chez l’enfant qui n’arrive

à se faire comprendre ou qui ne comprend pas ses pairs…

2. Que mettre en place pour l’élève en difficulté ?

× Mobiliser l’élève passif

✓ La métacognition : Un élève en échec aura beaucoup de difficulté à parler de la manière dont il apprend ou il travaille… On

n’apprend pas bien quand on sait peu comment on apprend. Comment parler de la façon dont on apprend

quand on n’apprend pas… C’est aider l’élève à développer la compréhension, l’acquisition des capacités

d’autorégulation.

> Solliciter l’élève à chaque séance, dans des activités ritualisées. Lui proposer de

reformuler avec ses mots à lui ce qu’il a compris. Utiliser la représentation mentale.

> Des questions métacognitives à l’adresse de l’élève en gardant une bienveillance accrue face

aux difficultés à verbaliser de l’élève : « Penses-tu avoir réussi ? Qu’est ce qui te fait dire ça ? Comment tu t’y es pris pour réussir ? »

« Quelles difficultés as-tu rencontrées ? Comment as-tu fait pour les surmonter ? »

« Qu’est ce qui t’aurait été utile pour faire ce travail ? »

« Penses-tu réutiliser plus tard ce qu’on vient d’apprendre ? »

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✓ L’enseignement explicite et structuré du vocabulaire :

> Choix du corpus, de l’univers de référence : album, projet, environnement proche de l’élève…

> Définir explicitement le vocabulaire avant de lire une histoire (mais pas nécessairement

selon l’activité proposée), démarrer une leçon, un problème mathématique.

> Activités de prononciation des nouveaux mots, mimer, légender, dessiner, illustrer

ces nouveaux mots.

> Reconvoquer régulièrement ce nouveau vocabulaire (Cf activités/jeux pour mémoriser)

> Laisser une trace des apprentissages lexicaux (cf des outils pour structurer les apprentissages

lexicales)

> Intégrer les mots et expressions dans d’autres activités.

> Recontextualiser, produire un écrit.

Point d’explicitation : verbaliser les buts des tâches scolaires (ce que l’élève a à faire) ; les

apprentissages (ce que l’on va apprendre) ; les procédures utilisées, les savoirs mobilisés ; les

progrès réalisés.

La pratique de la compréhension au cours de la lecture induit plus sûrement l’acquisition du

lexique.

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× Des stratégies pour augmenter son stock lexical

✓ La mémoire :

La mémoire à long terme : est

complexe.

mémoriser c’est percevoir*,

encoder, acquérir puis stocker

et restituer.

u

La mémoire à court terme de

travail : c’est le maintien d’une

information pour en faire

quelque chose. Elle est active

et demande beaucoup de

concentration, d’efforts

* percevoir :

l’attention est un

préalable à la

perception :

sans attention,

pas ou peu de

perception.

La mémoire se teste avec le test

de Corsi : on calcule un empan

de suite de lettres, chiffres…

Le journal des apprentissages :

je redis ce que j’ai appris

aujourd’hui : post it dans la

classe.

La mémoire à long terme est

efficace si on fait au moins

deux passages en moins de

24h.

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La mémorisation :

Avoir en mémoire du vocabulaire sous entend qu’on comprenne le mot lorsqu’on le rencontre,

en réception, vocabulaire passif et qu’on puisse utiliser ce vocabulaire, en émission,

vocabulaire actif. Pour passer d’un vocabulaire passif à un vocabulaire actif, il faudrait

avoir rencontré le mot entre 5 et 10 fois. Le stock de vocabulaire passif est souvent plus

important que le stock de vocabulaire actif.

Mémoriser de nouveaux mots exige que l’élève ait saisi le sens propre du mot. On se

souvient du mot le plus souvent dans le premier contexte où on l’a rencontré.

L’apport du contexte est indispensable dans la compréhension du mot. L’analyse

morphologique également.

Avoir une action pédagogique consciente et explicite pour la mise en mémoire : « la mémoire

est une boite dans laquelle on va ranger les nouveaux mots. » (S Cèbe)

Car du point de vue de la mémoire, une information est d’autant plus facile à retenir qu’elle

est reliée à d’autres, surtout lorsqu’il s’agit d’un savoir existant (M Cellier) :

boutons

verrues

la mise en relation des mots sur le plan syntaxique,

plan sémantique (contraire, synonymes…), de la forme

(dérivés), de l’histoire va favoriser la mise en

mémoire tout comme la catégorisation.

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× Des outils pour soutenir et structurer cet apprentissage :

Se constituer un trésor commun avec des traces écrites individuelles ou collectives. Que ce trésor commun

puisse voyager entre l’école, la maison, dans l’école.

Mur de mots

Boites à mots

Book creator.

Carnet de mots

Sacs polysémiques

Familles de mots

Fleurs lexicales

Cartes mentales

Grilles sémiques

Dessins légendés

Affichage sur cintre pour suivre

la classe. Dans le cahier de vocabulaire, une page dédiée aux mots que

l’élève a adoré, détesté > mémoire libre liée à l’affectif, aux

rencontres de l’élève. Sources internet

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x Des jeux, des activités pour structurer cet apprentissage :

Le jeu permet à l’élève de se lancer dans l’activité scolaire avec moins d’appréhension quant à

sa réussite. Même s’il est parfois résistant à l’activité, une fois le jeu commencé, l’élève a plus

de facilité à se lancer dans le jeu que dans une activité purement scolaire.

✓ Manipulations autour du vocabulaire :

- Les verbes : Constituer des grappes de mots en relation à la fois sémantique et

syntaxique… Mais aussi toutes les natures et fonctions de mots : adjectifs…

Les feuilles changent de couleur en automne. L’automne fait changer les couleurs des feuilles. Le

changement de couleur des feuilles intervient en automne. La couleur des feuilles est changeante en

automne.

- Partir du mot ; faire l’inventaire de ce qu’on peut dire avec ce mot : battre les œufs, battre un

camarade à un jeu de cartes, battre la campagne, battre à plate couture, battre son score...

- Catégoriser par mot étiquette ou par fonctionnalité du mot :

Mouton se range avec les animaux ou à la ferme.

✓ Pour réutiliser le vocabulaire nouveau, rencontré, aider à la mise en mémoire

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- « Seul contre tous » > sur une demi journée, l’ensemble des élèves est invité à réutiliser les

nouveaux mots. S’ils sont utilisés correctement, la classe marque un point, s’ils sont utilisés

incorrectement, le maitre, la maitresse marque un point.

- « Seul contre tous » dans le cadre d’une leçon particulière (sciences, découverte du monde temps-

espace, étude de la langue, mathématiques, EPS, raconter une histoire que l’on a lu ensemble…) >

reprendre le nouveau vocabulaire en contexte. De la même manière, si la classe réutilise un mot

nouveau un point pour la classe. Dans le cas contraire, la maitresse, le maitre marque le point.

- Pour évaluer si la mémorisation est bonne : les deux font la paire : la classe est partagée en deux.

Une moitié de classe à des étiquettes avec les mots, l’autre moitié a l’explication des mots. Il faut

refaire les paires.

- Les deux font la paire, en autonomie également, avec des étiquettes à manipuler seul.

- Vérifier le réemploi lors d’activités de rappels successifs vers les élèves les moins alertes.

- Vérifier la compréhension en aidant les élèves à développer une conscience lexicale, en les amenant à

devenir stratégiques dans leur demande d’aide :

Le jocker : L’élève a deux jetons. Lorsqu’on lit une histoire, l’élève peut utiliser ses deux jetons

seulement pour demander les mots qu’il ne comprend pas. On peut alors l’amener à prendre conscience

que certains mots qu’on ne connait pas se comprennent en contexte.

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3. Grille d’observation de l’élève avec ses besoins. Observation Besoins éventuels de l’élève Outils/stratégies

Parler

Ne parle pas

A des difficultés d’élocution (lenteur,

prononciation…)

phrases complexes phrases simples

connecteurs pronoms

Lexique :

familier, pauvre

Sollicitation bienveillante

Outils de communication

Rééducation du langage (orthophoniste)

Expression culturelle ou artistique

Developper le lexique, De (ré)assurance

Situations d’échanges

Cadre bienveillant, rassurant,

Pictogrammes, supports visuels, gestes Borel

Maisonny pour l’articulation

Travail en petit groupe, ateliers, mise en place de

situation de communication

Dualité avec l’adulte

Percevoir le message oral

a des difficultés à comprendre le

message oral

a des difficultés à recevoir le langage

écrit

Donner une consigne monotâche, claire

Se mettre à hauteur de l’élève, choisir ses mots

tout en restant simple et accessible.

Développer des connaissances, de culture, de

lexique

Modes et/ou supports de présentation différents

Inviter à reformuler pour évaluer la

compréhension :

Qu’as-tu compris (as-tu compris) ?

Traces écrites pour stocker le nouveau lexique

Utiliser des supports visuels (pictos) pour les

consignes, de vocabulaire, supports visuels, de

références

Mémoriser

Ne mémorise pas à long terme

Ne mémorise pas à court terme

Mémoire phonologique fragile

Rééducation par un professionnel

Soutenir la mémoire de travail avec des

techniques et supports de mémoire, consignes

visuelles, pictos

Jeu des sardines

Jeux de mémory – Kim

Seul contre tous/ les deux font la paire,

Les contraires.

Travail sur la mémoire phonologique…

Affichage de classe du vocabulaire nouveau.

Gestion de la difficulté d’apprendre/ autonomie

ne donne pas de sens à son travail

Nie les difficultés fuit les difficultés

se renferme abandonne,

Etayage fort, d’activités ritualisées

Sécurité, de reconnaissance de ses compétences

Définir l’attendu : nous avons appris …

Afficher le contenu de la séance, les étapes à

réaliser, timer.

Visualiser les progrès

Points d’appuis de l’élève (voir également grille compète de l’élève complète)

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Conclusion :

Le déficit de vocabulaire, le manque de lexique, place l’élève en difficulté de compréhension à l’oral, comme

à l’écrit.

Combler ce déficit est un apprentissage sur du long terme, néanmoins, plusieurs leviers sont accessibles

pour replacer l’élève dans une dynamique d’apprentissage et de réussite.

Gochgagarian Laure - espace tribu Rased Oisans.

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Bibliographie :

Eduscol : le vocabulaire et son enseignement :

Le vocabulaire pour dire et lire. A. Bentolila

Lexique et vocabulaire : quelques principes d’enseignement à l’école. J. Picoche

Comment enseigner le vocabulaire en maternelle. P. Boisseau

Des outils pour structurer l’apprentissage du vocabulaire. M. Cellier

Dépasser les difficultés d’apprentissage. A. Brunbrounck

Mémoire, langage et apprentissages. P. Boisseau ; R goigoux et S. Cèbe ;

Apprendre et comprendre. JM Zakhartchouk ; S. Cèbe ;

Cours Cappéi sur le langage, la mémoire, la métacognition,

paramètres générateurs de difficultés scolaires.