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Le luxe français est-il délocalisable ? Les effets négatifs de la délocalisation de la fabrication ou du design pour les marques françaises du luxe Maxime Koromyslov * Professeur associé ICN Business School Nancy-Metz Björn Walliser Professeur des Universités ISAM-IAE de Nancy (Université de Lorraine) *13 rue Michel Ney, 54000 Nancy, [email protected], (+33) 3 83 17 37 70 Les auteurs tiennent à remercier les deux lecteurs anonymes pour leurs remarques construc- tives ayant permis d’améliorer le présent manuscrit.

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Le luxe français est-il délocalisable ? Les effets négatifs de la délocalisation

de la fabrication ou du design pour les marques françaises du luxe

Maxime Koromyslov *

Professeur associé

ICN Business School Nancy-Metz

Björn Walliser

Professeur des Universités

ISAM-IAE de Nancy (Université de Lorraine)

*13 rue Michel Ney, 54000 Nancy, [email protected], (+33) 3 83 17 37 70

Les auteurs tiennent à remercier les deux lecteurs anonymes pour leurs remarques construc-

tives ayant permis d’améliorer le présent manuscrit.

Le luxe français est-il délocalisable ? Les effets négatifs de la délocalisation de la fabrica-

tion ou du design pour les marques françaises du luxe

Résumé :

En comparant deux étapes de la chaine de valeur (design ou fabrication), deux niveaux de luxe

(accessible ou intermédiaire), deux types de pays de délocalisation (acceptable et inacceptable)

et deux marques (Dior et Hermès), cette recherche constitue une des premières validations

empiriques des effets de la délocalisation pour les marques françaises du luxe. Menée sur un

échantillon de 555 consommateurs de marques de luxe, les résultats montrent que le transfert

du design ou de la fabrication de la France vers l’étranger provoque des conséquences

négatives pour les marques de luxe en affectant la qualité perçue et l’évaluation globale des

marques. Aucun effet sur l’intention d’achat n’a pu être révélé.

Mots-clés : effet « pays d’origine », délocalisation, luxe, made in France

Can We Relocate French Luxury Goods Abroad? The Negative Effects Of Relocating

Manufacturing Or Design Of French Luxury Brands Abroad

Abstract :

Comparing two different stages of the international value chain (design and manufacturing),

two levels of luxury products (accessible and intermediary luxury), two types of countries

(acceptable or unacceptable) and two brands (Dior and Hermès), this research provides the

first empirical validation of the consequences of relocation of French luxury brands. According

to a sample of 555 consumers of such brands, any relocation leads to less favorable brand

evaluations than production in France. Effects are negative for the perceived quality and the

overall brand evaluation, but the relocation does not affect the intention to purchase. Managers

learn how much and under which conditions their brands suffer from relocation.

Key-words: Country-of-Origin Effect, Relocation, Luxury brands, Made in France

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Le luxe français est-il délocalisable ? Les effets négatifs de la délocalisation de la fabrica-

tion ou du design pour les marques françaises du luxe

Introduction

Pour beaucoup de personnes et depuis bien longtemps (Nagashima, 1977), la France est

synonyme de luxe et le luxe représente la vitrine de la France. Or, de plus en plus de managers

des marques françaises de luxe évoquent la délocalisation d’une partie de leur processus de

production à l’étranger. Même si le recours à cette option stratégique est souvent gardé secret,

de nombreux articles de presse révèlent au grand jour les pratiques des entreprises du secteur.

Un des derniers en date est le dossier « spécial luxe » du magazine « Capital » de janvier 2011

(Béghin, 2011) qui fait état, entre autres, de la délocalisation d’une partie du prêt-à-porter

Kenzo et Givenchy en Pologne. Les entretiens exploratoires menés avec les professionnels du

secteur du luxe révèlent deux principales raisons d’une délocalisation : la réduction des coûts

de main-d’œuvre et la recherche des savoir-faire particuliers (Koromyslov, 2007). Alors que la

première raison conduit les entreprises françaises du luxe vers des pays à faible coût de main-

d’œuvre, la recherche des savoir-faire spécifiques rend possible la délocalisation à proximité :

certains pays offrent, dans une certaine mesure, ces deux avantages, telle l’Italie en ce qui

concerne la fabrication des articles de maroquinerie.

Les recherches sur l’effet « pays d’origine » (Country-of-Origin Effect) ont certainement été

des plus nombreuses en marketing international depuis ces quarante dernières années

(Papadopoulos et Heslop, 2002 ; Usunier, 2006) révélant les motivations, perceptions et autres

conséquences de l’effet « pays d’origine ». Plusieurs méta-analyses présentent une synthèse des

effets (par exemple, Verlegh et Steenkamp, 1999 ; Peterson et Jolibert, 1995). Plus

récemment, la revue de la littérature de Pharr (2005) a résumé les antécédents, les modérateurs

et les résultats des effets du « pays d’origine ».

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Or, très peu de recherches dans ce domaine se sont intéressées aux produits de luxe (Usunier,

2006). Ces études ont principalement montré l’image de la France en tant que fabricant et celle

des produits français ; ces derniers ont été perçus comme beaux, uniques, chers, créatifs,

destinés à des classes sociales élevées et luxueux (Nagashima, 1977 ; Darling et Kraft, 1977 ;

Lillis et Narayana, 1974). D’autres auteurs ont limité leur analyse à l’étude des associations

entre les images des pays et le luxe. Là aussi, la France est ressortie comme le meilleur pays

pour le luxe du point de vue des répondants français et allemands (Dubois et Paternault, 1997).

Ainsi, l’objectif de cette étude est d’évaluer empiriquement les conséquences de la

délocalisation du luxe sur les évaluations des consommateurs en termes de qualité perçue,

évaluation globale et intention d’achat des marques françaises. Dévalorisent-ils

systématiquement la production étrangère ou reconnaissent-ils, dans certains cas, sa supériorité

par rapport à la production domestique ? Basée sur les études antérieures menées dans d’autres

secteurs industriels ainsi que la recherche qualitative exploratoire, la présente communication

s’intéresse au design et à la fabrication comme étapes de la chaîne de valeur pouvant connaître

une délocalisation, deux différents niveaux de luxe et deux différents types de pays de

délocalisation. Les tests ont été effectués sur deux marques représentatives du luxe français

auprès d’un échantillon de vrais consommateurs et non d’étudiants, contrairement à la plupart

des travaux sur l’effet « pays d’origine ».

1. Revue de la littérature et développement des hypothèses

L’effet « pays d’origine » (Country-of-Origin Effect, COO) possède une multitude de facettes

dont les plus importantes renvoient à l’effet du pays de fabrication (Country-of-Manufacture,

COM), celui du pays de conception ou du design (Country-of-Design, COD), celui du pays

d’origine des composants (Country-of-Parts, COP) ou alors l’effet du pays d’assemblage

(Country-of-Assembly, COA). Notre étude s’intéresse aux seuls effets du pays de design

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(COD) et de fabrication (COM), car ils constituent les options stratégiques les plus souvent

évoquées par les managers des marques de luxe et sont en même temps les éléments

d’information primordiaux pour le consommateur de cette catégorie de produits. La plupart

des étiquettes mentionnant l’origine des produits de luxe précisent le pays de fabrication seul

ou associé au pays de conception ou de design du produit (figure 1).

Figure 1. Exemples d’étiquettes mentionnant l’origine des produits pour une robe

Courrèges et un jean Dior

Insch et McBride (1998) ont distingué l’effet du pays de design, celui du pays d’assemblage

(ou de fabrication) et celui du pays de composants sur la qualité de plusieurs catégories de

produits. Ils ont montré que les trois facettes du pays d’origine (pays de design, de composants

ou d’assemblage) affectaient les perceptions de la qualité des produits. Les résultats variaient

en fonction de la catégorie de produits concernée. Par exemple, les pays de design et

d’assemblage s’avèrent importants pour les chaussures de sport mais pas le pays d’origine des

composants, à la différence des téléviseurs dont la perception de la qualité dépend tout d’abord

du pays d’origine des composants, suivie du pays d’assemblage et sans aucune influence signi-

ficative du pays de design. Par ailleurs, Li et al. (2000) montrent que l’impact négatif du pays

de design, lorsqu’il est mal choisi par l’entreprise, ne peut en aucun cas être compensé par un

pays d’assemblage positif ou un supplément de garantie. En revanche, l’inverse est possible :

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un bon pays de design peut atténuer l’impact négatif du pays d’assemblage. Or, Chao (1993)

n’a détecté aucune interaction significative entre le pays de design et le pays d’assemblage, ce

qui signifie que les mauvaises perceptions en termes de qualité associées avec un pays

d’assemblage négatif ne peuvent en aucun cas être compensées par un pays de design positif.

Notons cependant que malgré la richesse des études évoquée, la question de l’importance rela-

tive de l’une ou l’autre des facettes du pays d’origine demeure ouverte.

Les marques de luxe proposent des produits irréprochables en termes de qualité (Dubois et al.,

2001), et cette qualité est partout : depuis les matières premières employées jusqu’à l’acte de

vente (Roux, 2009). La délocalisation du luxe est susceptible de semer un doute dans l’esprit

du consommateur quant au respect des normes de qualité pour un produit dessiné ou fabriqué

en dehors de son pays d’origine. Deux autres caractéristiques, et non des moindres, concernent

l’intemporalité des produits de luxe (Lipovetsky et Roux, 2003) et le rêve engendré à la simple

évocation de ces produits (Dubois et Paternault, 1995). L’intemporalité renvoie au fait que les

produits de luxe traversent les époques tout en préservant leur part identitaire. Autrement dit,

ils ont une longue histoire et leur élaboration s’effectue dans le respect des traditions. Si l’on a

du mal à imaginer que l’on puisse rêver des produits de luxe délocalisés, la délocalisation du

luxe constitue, quant à elle, une rupture avec le passé des maisons de luxe.

Jaffé et Nebenzahl (2001) précisent que la perception des marques pour les produits de pres-

tige ou de statut est fortement liée à l’image de leur pays d’origine, ce qui rendrait impossible

toute décision en matière de délocalisation des produits proposés par ces marques. Il convient

également d’ajouter que même si la nouvelle clientèle du luxe apparaît moins fidèle à la marque

et au comportement plus volatil (Roux, 2009), elle est très bien informée à travers Internet et

particulièrement exigeante vis-à-vis des marques.

Si l’état actuel des recherches ne permet pas de conclure de façon unanime sur l’importance de

l’effet du pays de design par rapport à l’effet du pays de fabrication pour expliquer les évalua-

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tions des consommateurs, intuitivement, dans notre recherche, les consommateurs devraient

accorder probablement plus d’importance à l’étape de fabrication d’un produit de luxe compa-

rativement au design. En effet, la fabrication repose sur des critères plus objectifs, plus tan-

gibles, alors que le design tient compte des critères plus subjectifs, plus intangibles. De même,

beaucoup de créateurs actuels dans les maisons de luxe françaises sont étrangers (par exemple,

l’allemand Karl Lagerfeld chez Chanel ; le britannique John Galliano ayant travaillé chez Dior

pendant des années) et, qui plus est, le fait de délocaliser le design (la création) pourrait tout

simplement amener des idées nouvelles. Par conséquent, à notre avis, une fabrication délocali-

sée présenterait probablement un risque plus grand pour les marques dont l’effet se répercute-

rait sur l’ensemble des produits proposés par celles-ci et affecterait par là-même les attitudes

des consommateurs. Ces constats nous conduisent à poser notre première hypothèse :

H1 a) Quelle que soit l’étape concernée (design ou fabrication), la délocalisation d’un

produit de luxe de la France vers un autre pays entraîne des conséquences négatives pour

les marques concernées, à savoir une baisse en termes de qualité perçue, évaluation glo-

bale et intention d’achat.

H1 b) Les conséquences négatives sont plus grandes en cas de fabrication délocalisée

qu’en cas de design.

Les études sur l’effet « pays d’origine » ont également pris en compte la capacité perçue des

pays à dessiner, fabriquer ou assembler des produits ou alors à fournir des composants de qua-

lité. Cette capacité jouera sur l’image de ces pays en tant qu’acteurs dans la chaine internatio-

nale de valeur. Ainsi, convient-il de différencier l’impact de la délocalisation en fonction des

pays vers lesquels on s’oriente. Certains peuvent en effet être perçus comme étant plus ca-

pables que d’autres à dessiner ou à fabriquer des produits de luxe. Les travaux sur l’effet

« pays d’origine » ont étudié la cohérence « pays – catégorie de produits » ((in)cohérence fa-

vorable/défavorable) (Roth et Romeo, 1992). Obermiller et Spangenberg (1989), quant à eux,

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avaient avancé que l’évaluation d’une robe pouvait être affectée négativement par le « Made in

Germany » comparativement au « Made in Italy ». Ainsi, il n’y a aucune raison de croire qu’un

tel raisonnement ne puisse pas s’appliquer aux produits de luxe. Par conséquent, nous postu-

lons que :

H2. Les conséquences négatives de la délocalisation du design ou de la fabrication sur

les évaluations des marques (baisse en termes de qualité perçue, évaluation globale et

intention d’achat) seraient moins importantes (plus importantes) lors du transfert dans

un pays ayant (n’ayant pas) la capacité perçue à dessiner ou fabriquer les produits de

luxe.

Certains travaux ont pris en compte l’impact du niveau d’implication du consommateur (élevé

versus faible) sur l’ampleur de l’effet « pays d’origine » (Gurhan-Canli et Maheswaran, 2000).

Dans ces études, les produits impliquants étaient ceux qui affichaient des marques connues

et/ou vendus à des prix élevés (Samiee, 1994). Il semblerait que l’effet « pays d’origine » soit

plus fort pour les produits impliquants que les produits non impliquants (Ahmed et d’Astous,

1993). En effet, plus le risque perçu lié à l’achat est élevé, plus les consommateurs sont impli-

qués, et plus ils auront tendance à mettre du temps pour rechercher des informations sur le

produit (Balabanis et al., 1996). Globalement, les produits de luxe peuvent être considérés

comme étant des produits fortement impliquants. Ils portent des marques connues et/ou sont

vendus à des prix élevés (Samiee, 1994). Mais nous ne pouvons pas parler de l’ensemble des

produits de luxe de façon homogène car les prix peuvent varier de 100 € (par exemple, pour un

parfum) à plus de 10 000 € (pour une robe Haute Couture). Allérès (2005) distingue trois ni-

veaux de luxe : (1) le luxe « suprême » ou « inaccessible » qui correspondrait à quelques pro-

duits fabriqués en toutes petites séries ou à l’unité et qui relèvent de l’artisanat (par exemple,

une robe Haute Couture) ; (2) le luxe « intermédiaire » qui constitue la première déclinaison du

luxe inaccessible, dont les produits sont plus abordables en termes de prix, même si ce dernier

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demeure élevé (par exemple, le prêt-à-porter de luxe, la bagagerie, les montres, etc.) et, enfin,

(3) le luxe « accessible » dont les produits sont fabriqués en grande série et parfois entièrement

automatisés (par exemple, les accessoires de mode). Si la délocalisation ne concerne pas le ni-

veau inaccessible du luxe, les deux autres niveaux (intermédiaire et accessible) sont suscep-

tibles de connaître la délocalisation (Koromyslov, 2007). Etant donné la différence en termes

de prix entre ces trois niveaux de luxe, on peut s’attendre à ce que l’implication du consomma-

teur varie en conséquence et influence de fait les évaluations des consommateurs. Ainsi, la der-

nière hypothèse avance que :

H3. Les conséquences négatives de la délocalisation sur les évaluations des marques

(en termes de qualité perçue, évaluation globale et intention d’achat) sont plus grandes

pour le luxe intermédiaire qu’accessible.

2. Méthodologie

L’expérience mise en place repose sur un plan factoriel incomplet asymétrique avec quatre at-

tributs : pays d’origine (France / pays acceptable / pays inacceptable), étape de délocalisation

(fabrication / design), niveau de luxe (luxe accessible / luxe intermédiaire) et marque

(Hermès / Dior).

Plusieurs pré-tests effectués auprès des consommateurs de produits de luxe et des managers

des marques de luxe nous ont permis de choisir les marques, les produits et les pays adéquats.

Ainsi, nous avons sélectionné les marques Hermès et Dior comme représentatives du luxe fran-

çais et deux produits différenciés en fonction du niveau de luxe : le foulard Hermès (prix : 250

€) ou le portefeuille Dior (200 €) pour le luxe accessible, et le sac à main Hermès

(4100 €) ou la robe de soirée Dior (3500 €) pour le luxe intermédiaire. Ces choix respectent les

critères du luxe accessible et intermédiaire cités ci-dessus (Allérès, 2005).

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Pour la sélection des pays de délocalisation, nous avons réalisé une pré-enquête dans laquelle

nous demandions aux répondants de mesurer la capacité perçue d’un certain nombre de pays à

dessiner ou fabriquer les produits de luxe. Ainsi, l’évaluation de l’Italie est ressortie comme la

plus proche du score de la France (supérieure à 6 sur une échelle en 7 points) alors que le Ban-

gladesh (pour les produits en tissu) ou Taiwan (pour les produits en cuir) étaient les moins bien

évalués (score proche de 2 sur une échelle en 7 points).

Pour mesurer les conséquences de la délocalisation du luxe, nous avons procédé en deux

temps. Dans un premier temps (en t 0 ), chaque répondant recevait un premier questionnaire où

il devait évaluer deux produits d’une même marque (produits accessible et intermédiaire) en

dehors de tout contexte de délocalisation (produits dessinés et fabriqués en France). Ces éva-

luations constituaient notre base de référence. Environ un mois plus tard (en t1), les répondants

recevaient un second questionnaire dans lequel on leur présentait les mêmes produits mais cette

fois-ci délocalisés (cf. annexes 1 et 2 : exemples de planches utilisées en t 0 et en t1). Au mo-

ment de la première enquête, les répondants ne savaient pas qu’ils seraient interrogés une deu-

xième fois. Concernant l’effet de la délocalisation, nous testions, d’une part, l’impact du design

délocalisé des produits de luxe avec le maintien de la fabrication en France et, d’autre part,

l’impact de la fabrication délocalisée avec le maintien du design en France. Cette situation où

seule une étape de la chaine de valeur connaissait la délocalisation était le plus proche de la

réalité du terrain.

La collecte des données s’est déroulée sur Internet grâce à l’utilisation des adresses e-mails des

personnes à interroger. Pour limiter les traitements destinés pour un individu précis, chaque

répondant n’était soumis qu’à deux cas de délocalisation relatifs aux produits d’une même

marque : un traitement pour le produit de niveau accessible et un autre pour le produit de ni-

veau intermédiaire. L’ordre de présentation des produits de niveau accessible et intermédiaire

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était inversé pour la moitié des questionnaires (aucun effet d’ordre n’a été détecté lors des ana-

lyses).

2.1. L’échantillon

L’échantillon utilisé se compose de diplômés d’une école de commerce en France. Nous avons

eu accès à une base de données de 4000 adresses mails valides. Au final, 555 répondants (278

pour Hermès et 277 pour Dior) ont accepté de participer aux deux étapes de l’étude (en t 0 et

t 1), soit un taux de 14 % environ. Leurs caractéristiques sociodémographiques nous permettent

de les rapprocher de la cible du luxe (conformément à l’étude IPSOS 2007) avec un salaire

médian de 45500 euros annuels. Par ailleurs, l’échantillon était exclusivement constitué de per-

sonnes qui connaissaient les marques évaluées et qui ont déjà eu l’occasion de consommer ou

de recevoir en cadeau un produit de luxe. Tous les répondants ont été affectés aléatoirement à

chaque traitement. L’ensemble des groupes de répondants ainsi constitués se sont révélés ho-

mogènes en termes de caractéristiques sociodémographiques (test du Chi² non significatif) et

de familiarité avec la marque étudiée (p>0,05).

2.2. Mesure des variables

Les méta-analyses de Peterson et Jolibert (1995) et de Verlegh et Steenkamp (1999) font res-

sortir trois variables qui ont été intégrées dans la plupart des travaux sur l’effet « pays

d’origine » : il s’agit de la qualité perçue, l’évaluation globale et l’intention d’achat. Nous les

avons également retenues dans notre recherche pour appréhender les conséquences des déloca-

lisations. D’après les méta-analyses, l’impact du pays d’origine semble le plus jouer sur la qua-

lité perçue et dans une moindre mesure sur l’évaluation globale. En revanche, aucun effet signi-

ficatif n’a été démontré pour l’intention d’achat. Toutefois, ces méta-analyses n’ont pas inté-

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gré de recherches sur les produits de luxe. Tenant compte du fait que l’impact sur l’intention

d’achat des produits de luxe est plus fortement ressorti comparativement aux produits « non

luxe » (Piron, 2000), nous souhaitons analyser les effets au niveau des trois variables attitudi-

nales, y compris l’intention d’achat. Le tableau 1 présente la mesure des variables dépendantes.

Variable Items et échelles Verbatims (t0, t1) Sources

Qualité

perçue de

la marque

Un item, échelle en

7 points allant de

« très mauvaise

qualité » à « très

bonne qualité »

En t0 : « Que pensez-vous de la qualité du

[produit marqué] ?

En t1 : « Que penseriez-vous de la qualité du

[produit marqué] s’il était commercialisé

avec les caractéristiques énoncées dans

l’encadré ?

Adapté de

Batra et al.

(2000), Han

(1990)

Evalua-

tion glo-

bale de la

marque

Un item, échelle en

7 points allant de

« très bonne » à

« très mauvaise »

En t0 : « Cochez la note entre 1 et 7 qui cor-

respond le mieux à l’opinion générale que

vous avez de la marque X »

En t1 : « Quelle serait votre opinion générale

de la marque X qui commercialiserait un

produit aux caractéristiques énoncées dans

l’encadré ? »

Adapté de

Han (1990)

Intention

d’achat de

la marque

Un item, échelle de

Likert en 7 points

En t0 et en t1 : « Si je devais acheter un ar-

ticle de luxe en cuir (maroquinerie) / en tissu

(vêtement ou accessoire), j’achèterais pro-

bablement un produit de la marque X ».

Michel

(2004)

Tableau 1. Mesure des variables dépendantes

3. Résultats

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Les hypothèses ont été testées à l’aide d’une MANOVA à mesures répétées qui montre un

effet significatif (à la fois au niveau de la qualité perçue et de l’évaluation globale, mais pas

pour l’intention d’achat) du pays d’origine et de l’étape de délocalisation, mais pas d’effet

significatif du niveau de luxe. Nous constatons également un effet d’interaction entre le pays

d’origine et l’étape de la délocalisation. Les résultats pour les deux marques étant à une

exception près très similaires, nous présentons par la suite, pour des raisons d’espace, ceux

pour la marque Hermès. Les résultats de la MANOVA étant significatifs, nous avons par la

suite effectué une ANOVA pour chaque variable dépendante afin d’identifier les différences

potentielles. Le tableau 2 présente les moyennes des variables dépendantes pour l’ensemble des

cas de délocalisation.

DELOCALISATION DU DESIGN DELOCALISATION DE LA FABRICATION

Luxe accessible Luxe intermédiaire Luxe accessible Luxe intermédiaire

Pays ac-

ceptable

Pays in-

acceptable

Pays ac-

ceptable

Pays in-

acceptable

Pays ac-

ceptable

Pays in-

acceptable

Pays ac-

ceptable

Pays in-

acceptable

Qualité

perçue de

la marque

5,58 4,55 5,62 4,25 5,26 3,60 5,11 3,38

Evaluation

globale de

la marque

5,47 4,37 5,59 3,88 4,94 3,39 4,84 3,17

Intention

d’achat de

la marque

4,6 3,66 4,37 3,48 4,24 3,51 3,68 2,98

Tableau 2. Scores moyens des variables dépendantes en cas de délocalisation

(mesures en t1 pour la marque Hermès)

H1a postule que, quelle que soit l’étape délocalisée, la délocalisation entraine des consé-

quences négatives sur les évaluations des consommateurs, à savoir une baisse de la qualité per-

çue, de l’évaluation globale et de l’intention d’achat des marques. Cette hypothèse est confir-

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mée pour la qualité perçue et l’évaluation globale, mais pas pour l’intention d’achat. Les diffé-

rences en termes d’évaluations entre les origines française et étrangère sont statistiquement si-

gnificatives (pour la qualité perçue : F1,521=621,9, p<0,0001; pour l’évaluation globale:

F1,521=318,3; p<0,0001). Le score moyen de la qualité perçue (évaluation globale) pour

l’origine française se situe à 6,24 (5,73), tandis qu’il est de 4,67 (4,46) en cas d’origine par-

tiellement étrangère.

La délocalisation de l’étape de fabrication résulte dans une dégradation plus forte de la qualité

perçue (MQualité=4,32 vs. MQ=5,01; p<0,001) et de l’évaluation globale (MGlobale=4,84 vs.

MG=4,06; p<0,001) que la délocalisation du design. Ainsi, l’hypothèse 1b est également con-

firmée pour la qualité perçue et l’évaluation globale. En revanche, nous rejetons l’hypothèse 1b

au niveau de l’intention d’achat.

Les effets de la délocalisation tant du design que de la fabrication ressortent plus négatifs en

cas de départ dans un pays jugé inacceptable qu’un pays acceptable pour qualité perçue

(F1,521=88,7; p<0,0001) et pour l’évaluation globale de la marque (F1,521=66,9; p<0,0001), mais

pas pour l’intention d’achat. A titre d’exemple, la délocalisation vers le Bangladesh ou Taiwan

entraine automatiquement une baisse de 2 à 3 points au niveau de la qualité perçue ou de

l’évaluation globale de la marque. L’abandon de l’origine française au profit de l’Italie apparaît

comme le moindre mal, avec des dégradations qui demeurent limitées. Ainsi, l’hypothèse H2

est confirmée tant pour la qualité perçue que pour l’évaluation globale de la marque et rejetée

pour l’intention d’achat.

En ce qui concerne la qualité perçue et l’évaluation globale, les conséquences de la délocalisa-

tion sont dans la plupart des cas plus négatives pour le luxe intermédiaire que pour le luxe ac-

cessible. Toutefois, les différences ne sont pas statistiquement significatives (qualité perçue :

F1,521=1,1; p=0,29; évaluation globale : F1,521=0,74; p=0,39 ; intention d’achat : F1,521=0,72;

p=0,3). De plus, sur ce point, les évolutions dans les attitudes vis-à-vis d’Hermès et de Dior ne

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vont pas dans le même sens. Par conséquent, l’hypothèse H3 est rejetée pour l’ensemble des

variables attitudinales.

Nous constatons également un effet d’interaction – non attendu - entre le pays d’origine et

l’étape de la délocalisation (F1,521=3,9; p=0,049) en ce qui concerne la qualité perçue. Pour

l’Italie en tant que pays acceptable pour une délocalisation, la différence entre la qualité perçue

du design (MDacc.=5,6) et la fabrication (MMacc=5,19) est relativement plus petite que pour les

pays n’étant pas perçus comme acceptables (MDinacc.=4,37 ; MMinacc.=3,49).

Conclusion, implications managériales et limites

Notre étude montre que les consommateurs de produits de luxe valorisent l'origine de ces pro-

duits. Globalement, les évaluations des marques de luxe sont plus positives quand leurs pro-

duits sont dessinés et fabriqués dans leur pays d’origine (i.e., la France en ce qui concerne les

marques françaises). Dans le cas contraire, les délocalisations ont un impact moins dramatique

si elles concernent l’étape de la conception (design) plutôt que la fabrication, et si elles ont lieu

dans des pays qui sont perçus favorablement en tant que pays de design ou de fabrication des

produits de luxe (effet « pays d’origine » positif). Les consommateurs semblent donc prendre

en compte chaque situation spécifique et évaluer dans quelle mesure le contexte étranger pour-

rait s’avérer préjudiciable (ou bénéfique) pour la marque. Alors qu'un pays comme l'Italie est,

dans certains cas, considéré comme équivalent à la France, des pays comme le Bangladesh ou

Taiwan ne le sont manifestement pas.

Fait intéressant, dans cette recherche, les résultats pour les deux types de produits de luxe ont

été similaires. Il se pourrait que, contrairement à nos attentes, l’implication des consommateurs

pour un produit de luxe accessible ou intermédiaire soit de même niveau. Une marque de luxe

le reste, qu’elle soit associée à un produit dont la valeur unitaire est très élevée ou modérée.

Mais plus encore, la relation du consommateur à la marque demeure, peut-être même, plus

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forte dans la mesure où le luxe accessible s’adresse aussi à une cible de clientèle dont le pou-

voir d’achat est plus faible. Par conséquent, les exigences vis-à-vis des marques de luxe restent

les mêmes, quel que soit le niveau de luxe. Une autre explication pourrait être liée à l'approche

méthodologique choisie. Cette recherche a porté sur la perception finale des marques de luxe

et non sur le processus d'évaluation menant à cette perception. Dans notre étude, les consom-

mateurs ont été explicitement informés des changements dans la provenance des produits ma-

nipulés. Par conséquent, leur degré d’implication pour les deux marques et pour les deux ni-

veaux de luxe a probablement été comparable, ce qui aurait pu conduire à des évaluations simi-

laires. Or, en réalité, la situation pourrait être différente. Il est possible que les consommateurs

ne recherchent pas toujours des informations sur la provenance des produits, ou, du moins, ne

le font pas de la même manière pour les produits de luxe accessible et intermédiaire.

Par ailleurs, l’analyse des trois variables attitudinales donne un autre résultat intéressan. Dans

toutes les situations et pour les deux marques, l'impact de la délocalisation sur la qtualité per-

çue est plus fort que sur l'évaluation globale de la marque. De même, quelle que soit la manipu-

lation, l’impact sur l'évaluation globale de la marque est, dans la plupart des cas, plus fort que

sur l'intention d'achat. Il semblerait que même pour les produits de luxe, les perceptions de la

qualité et l’évaluation globale soient plus « primitives » que l’intention d’achat (Peterson et Jo-

libert, 1995) ; pour ce dernier, l’impact du pays d’origine en tant qu’attribut informationnel

demeure plus faible (Fishbein et Ajzen, 1975). Comme l’intention d’achat ne semble pas affec-

tée par la délocalisation, on peut se demander dans quelle mesure ne joue pas une certaine

croyance du consommateur sur la nécessité des délocalisations. En effet, on peut imaginer une

forme d’acceptation de celles-ci qui, même si elles nuisent à l’image, n’affectent pas l’achat fi-

nal. Notons que l'ampleur de l'impact sur la qualité perçue de la marque varie en fonction du

type de délocalisation mais il est toujours négatif. En ce qui concerne l'évaluation globale de la

marque, les consommateurs semblent prendre en compte d'autres éléments qui atténuent la dé-

15

gradation de cette mesure. Ces résultats rejoignent ceux des méta-analyses (Peterson et Joli-

bert, 1995 ; Verlegh et Steenkamp, 1999).

Implications managériales

Même si, dans l’ensemble, nos résultats mettent en évidence une dégradation de la qualité per-

çue et de l'évaluation globale des marques de luxe en cas de délocalisation, la situation n'est pas

la même pour les différentes étapes de la chaîne de valeur. Par exemple, l’évaluation de la

marque Dior dont les produits seraient dessinés en Italie est aussi positive que lorsque ses pro-

duits auraient été dessinés en France. Ces résultats semblent indiquer que la délocalisation des

produits de luxe constitue véritablement une option stratégique pour les entreprises. Bien que

la France bénéficie actuellement d'un avantage sur les autres pays en tant que pays de design ou

de fabrication des produits de luxe, dans des circonstances particulières d’autres pays pour-

raient assumer un rôle similaire. Aujourd’hui, l'Italie est en mesure de remplir partiellement ce

rôle ; demain, d'autres pays pourraient le faire.

Beaucoup de consommateurs sont aujourd’hui habitués au rôle joué par les créateurs/designers

étrangers dans les maisons françaises de luxe. Sans doute, ils ont contribué en grande partie au

succès mondial des marques concernées. Mais en même temps, l’intégration, voire la mise en

valeur systématique des talents créatifs étrangers aurait pu favoriser une meilleure acceptation

de l'origine étrangère des marques de luxe françaises. Le fait d’employer des créa-

teurs/designers étrangers en France peut constituer la première étape du processus de délocali-

sation ; le transfert du design à l’étranger peut en être la deuxième, et la fabrication la dernière.

Lorsque les décisions de délocalisation sont rendues publiques, elles sont susceptibles

d’entraîner de l’incompréhension de la part des consommateurs, voire des réactions des pou-

voirs publics. Telle fut la situation de la maison britannique Burberry pour laquelle la délocali-

sation des polos de l’usine de Treorchy vers la Chine a entrainé une vague de contestations au

16

point que le président de la marque et sa directrice générale ont dû s’expliquer devant le Par-

lement sur les raisons qui poussaient cette entreprise à délocaliser la production (Challenges,

2007). Cette décision compromettait ainsi le « made in England » auquel les consommateurs

de la marque étaient et sont toujours attachés. Par conséquent, les marques de luxe doivent an-

ticiper de telles réactions et bien justifier leurs décisions.

Limites et prolongements

Selon Roux (2009), la clientèle du luxe d’aujourd’hui attache de l’importance aux valeurs sûres

et à l’authenticité de l’offre. Ainsi, l’arbitrage ne se ferait pas en fonction de la relation habi-

tuelle qualité-prix mais en fonction du raisonnement valeur-prix (value for money). Ces élé-

ments n’étaient pas tous pris en compte dans cette recherche. Par exemple, le concept

d’authenticité perçue des produits de luxe et sa probable remise en cause pourrait être étudié

dans un contexte de délocalisation (Beverland, 2005).

Par ailleurs, notre analyse se limite aux seules étapes de design ou de fabrication et ne distingue

que des pays les plus favorables et les plus défavorables à une délocalisation. Il serait intéres-

sant d’intégrer d’autres étapes ainsi que des pays « intermédiaires » qui ont un certain savoir-

faire dans la mode et constituent de fait des options réelles pour la délocalisation, tels que par

exemple la Tunisie, le Maroc, voire la Chine. L’approvisionnement en composants (matières

premières) mériterait également d’être pris en compte à l’avenir. Dans notre étude, les con-

sommateurs français constituent un échantillon biaisé, dans le sens où ils évaluent des produits

« domestiques ». Les recherches montrent que les évaluations de la marque et la perception du

pays d’origine varient en fonction de l’origine du consommateur.

Nonobstant les limites évoquées, cette étude est la toute première à analyser la perception de la

délocalisation des produits de luxe français. Ainsi, elle devrait intéresser tant les chercheurs que

les praticiens. Le fait d’avoir analysé les effets de deux marques différentes, pour différents ni-

17

veaux de produits de luxe et pour différents éléments de la chaîne de valeur, permet aux mana-

gers de mieux anticiper les effets de leurs décisions.

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Annexe 1 - Exemple de planche utilisée en t 0 :

le cas du carré Hermès dessiné et fabriqué en France

Voici le descriptif d’un carré Hermès.

CARACTERISTIQUES DE CE PRODUIT :

Carré en twill de soie, roulotté à la main

Dimension : 90x90

Commercialisation : points de vente exclusifs Hermès

Prix de vente : 250 euros

Dessiné en France, Fabriqué en France

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Annexe 2 - Exemple de planche utilisée en t 1 :

le cas du sac à main Hermès dessiné en France mais fabriqué à Taiwan

HERMES TRANSFERE LA FABRICATION DE SES SACS A MAIN

A TAIWAN

NOUVELLES CARACTERISTIQUES DU PRODUIT :

Sac à main, modèle Birkin

Composition : 100 % cuir

Couleur : noir

Commercialisation : points de vente exclusifs Hermès

Prix de vente : 4100 euros

Dessiné en France, Fabriqué à Taiwan