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LE MAHDI A TRAVERS LE CORAN ET LA SOUNAH SELON LA CROYANCE SUNNITE. Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des Mondes. Et que le salut soit sur notre Seigneur Mohamed, Le dernier venu des prophètes, et l'imam des envoyés. Dieu a envoyé Mohamed (PSL) son messager en lui donnant pour ses sujets l'islam comme religion de vérité et le Coran comme livre de chevet. Les croyants se référant à la doctrine mohammadienne mèneront une vie meilleure sur terre tout en espérant le Paradis une fois morts à l'Au-delà. Le Coran et la Sunna dès lors permettent une vie meilleure dans les deux mondes, aussi de régler les litiges et problèmes naissant entre les croyants. Leur importance est telle qu'en quittant le bas monde, Mohamed (PSL) avait dit, "je vous ai laissé deux choses, vous ne vous égarerez point tant que vous y tiendrez solidement : le livre de Dieu et ma tradition". De ce fait, en parlant de l'avènement du Mahdi qui est sujet à caution, on ne peut que s'appuyer sur le Coran et la Sunna. 1. SIGNIFICATION DU MAHDI Étymologiquement le Mahdi signifie celui qui est bien guidé. Le mot dérivé d'un verbe trilitère1 : "Hada" qui signifie guider. Le prophète Mohamed (PSL) s'est servi de ce mot dans son sens littéral quand il dit, "je vous recommande ma tradition et la tradition de mes khalifes orthodoxes et bien guidés après moi." C'est pourquoi, ABU NOU'IM rapporte qu'IBRAHIM IBN MAYSARA dit un jour à Taous « Oumar IBN ABDOUL AZIZ (celui qu'on désigne comme étant le 5e Calife) est le Mahdi Tous lui répondirent c'est un bien guidé, mais il n'est pas le Mahdi car il n'a pas parfaitement rempli toutes les conditions de l'équité. » En pratique, dans le vocabulaire religieux (ISTILAHAN) le Mahdi désigne « un homme de la famille du Prophète (PSL) qui viendra à la fin des temps, remplira la terre de justice et d'équité après qu'elle aura été remplie d'injustice et d'iniquité. » La détermination du mot Mahdi par l'article défini (la ALIF et le LAM) montre clairement qu'il s'agit d'une personne déterminée et non d'un signe ou d'une réforme. Elle montre également que le Mahdi symbolise le bien comme Dajjal symbolise le mal. 2. LE MAHDI DANS LE CORAN. Le Coran livre de chevet pour nous croyant est d'après Virgil Gheorghui « l'expression verbale d'une écriture, tracée par la Puissance Divine en 1

Le Mahdi a Travers Le Coran Et La Sounah Selon La Croyance Sunnite

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le Mahdi d'après l'Afrique

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LE MAHDI A TRAVERS LE CORAN ET LA SOUNAH SELON LA CROYANCE SUNNITE.

Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des Mondes. Et que le salut soit sur notre Seigneur Mohamed, Le dernier venu des prophètes, et l'imam des envoyés.

Dieu a envoyé Mohamed (PSL) son messager en lui donnant pour ses sujets l'islam comme religion de vérité et le Coran comme livre de chevet. Les croyants se référant à la doctrine mohammadienne mèneront une vie meilleure sur terre tout en espérant le Paradis une fois morts à l'Au-delà.

Le Coran et la Sunna dès lors permettent une vie meilleure dans les deux mondes, aussi de régler les litiges et problèmes naissant entre les croyants. Leur importance est telle qu'en quittant le bas monde, Mohamed (PSL) avait dit, "je vous ai laissé deux choses, vous ne vous égarerez point tant que vous y tiendrez solidement : le livre de Dieu et ma tradition".

De ce fait, en parlant de l'avènement du Mahdi qui est sujet à caution, on ne peut que s'appuyer sur le Coran et la Sunna.

1. SIGNIFICATION DU MAHDI 

Étymologiquement le Mahdi signifie celui qui est bien guidé. Le mot dérivé d'un verbe trilitère1 : "Hada" qui signifie guider. Le prophète Mohamed (PSL) s'est servi de ce mot dans son sens littéral quand il dit, "je vous recommande ma tradition et la tradition de mes khalifes orthodoxes et bien guidés après moi."

C'est pourquoi, ABU NOU'IM rapporte qu'IBRAHIM IBN MAYSARA dit un jour à Taous « Oumar IBN ABDOUL AZIZ (celui qu'on désigne comme étant le 5e Calife) est le Mahdi Tous lui répondirent c'est un bien guidé, mais il n'est pas le Mahdi car il n'a pas parfaitement rempli toutes les conditions de l'équité. »

En pratique, dans le vocabulaire religieux (ISTILAHAN) le Mahdi désigne « un homme de la famille du Prophète (PSL) qui viendra à la fin des temps, remplira la terre de justice et d'équité après qu'elle aura été remplie d'injustice et d'iniquité. »

La détermination du mot Mahdi par l'article défini (la ALIF et le LAM) montre clairement qu'il s'agit d'une personne déterminée et non d'un signe ou d'une réforme. Elle montre également que le Mahdi symbolise le bien comme Dajjal symbolise le mal.

2. LE MAHDI DANS LE CORAN.

Le Coran livre de chevet pour nous croyant est d'après Virgil Gheorghui « l'expression verbale d'une écriture, tracée par la Puissance Divine en une matière éternelle, en lettres d'or, sur une étoffe merveilleuse, qui fut montrée à Mohamed par l'ange Gabriel. »

Et la controverse née de l'avènement du Mahdi existe dans le Coran. Cela ne devrait surprendre guère personne pour deux raisons :

Dieu à travers le Coran parle sous forme de paraboles à ses sujets d'où la nécessité pour les croyants d'user de leur intelligence pour comprendre certains phénomènes surtout que les auteurs de fait ne sont pas toujours nommés.

Ainsi quand Dieu dit dans la Sourate 62 (le Vendredi) verset 2 «  c'est lui qui a envoyé chez les incultes un prophète issu d'eux.  »

Dans la Sourate 80 versets 1 et 2 «  il s'est renfrogné et a tourné le dos excédé qu'un aveugle vint le trouver  ».

Cet aveugle n'est autre qu’Abdallah Ibn Mahtoum qui était venu questionner le prophète au moment où il s'entretenait avec les notables de La Mecque.

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Aussi quand Dieu dit dans la Sourate 33 (les Coalisés) verset 37 «  quand Zayd ne la désire plus nous te la donnâmes comme épouse  ». Cette épouse de l'avis de tous les érudits n'est autre que Zaynab Bint Jah'chin (Que Dieu soit satisfaite d'elle).

L'autre raison est que, puisque Allah par l'intermédiaire de son messager en lui donnant le livre de chevet, a pris la peine de faire de ce livre un ouvrage complet pour toutes les générations. Dieu n'a rien omis dans son livre.

Allah dit dans le coran  « nous n'avons rien omis dans ce livre » Sourate 16 (les Abeilles) Verset 28.

Et puisque le Mahdi est un phénomène islamique annoncé par Mohamed, on peut affirmer qu'il est mentionné dans le coran.

Allah dit dans le coran «  nous avons fait descendre vers le livre qui éclaire toute chose et qui est une guidée, une miséricorde et une bonne nouvelle pour les hommes  » Sourate 16 (les Abeilles) Verset 89.

Et puisque le Mahdi est le Calife d'Allah il est par son Seigneur de là à dire qu'il fait partie de ce « tout », il y a qu'un pas à franchir.

Texte complexe, le Coran avait besoin d'être expliqué et interprété par le messager de Dieu aux fins de permettre aux croyants de saisir la portée des Paroles Divines. Le Prophète ainsi s'exprimait par la révélation et non pas par passion ou inspiration comme l'auraient fait les saints.

A ce propos imam Ghazali explique que l'inspiration des saints et la révélation des prophètes semblent appartenir toutes les deux à l'inspiration au sens large du terme, et ne diffère que par un degré : un charisme de plus est donné dans la révélation.

L'explication et la compréhension des textes coraniques par le prophète constitue la SUNNA et toutefois le besoin d'une rénovation religieuse se fait sentir dans l'islam, on a recours à la SUNNA. Dès lors on peut se poser la question suivante. Quel est le point de vue de la Sunna par rapport à l'avènement du Mahdi

 

3. LE MAHDI DANS LA SUNNA DU PROPHETE

Contrairement au Coran, les hadiths sont nombreux et sont parfois sujets à caution. Ainsi une classification est faite par les Oulémas entre les authentiques et les faux. Parmi les authentiques cinq(5) des six (6) livres ont mentionné le Mahdi dans leurs écrits. Il s'agit de Boukhari, Mouslim, Tirmizi, Abou Daoud et Ibn Mjjah. Seul Nassai n'en fait pas état.

Boukhari dans son livre «  Le Retour de Issa Ibn Mariama » note cette parole du prophète qu'on tient d’Abou Hourayra "dans quelle situation serez-vous quand le fils de Mariama descendra sur vous et votre Imam sera parmi vous?".

Mouslim rapporte : " il y aura toujours une partie de ma communauté qui combattra ouvertement dans la voie de la vérité jusqu'à la fin des temps. Issa, le fils de Mariama, descendra. et le Commandeur de ses croyants lui dira : viens diriger notre prière et Issa répondra : non! Continue à diriger la prière, car vous de la communauté de Mohamad, (PSL) chacun peut présider la prière de l'autre. "

Abou Daoud  : Dans « le Livre du Mahdi » rapporte un hadith d'IBN MASS'OUD où le prophète dit «  s'il ne restait au monde qu'un seul jour Dieu le prolongerait jusqu'à ce qu'il envoie un homme de ma famille qui remplira le monde de justice et d'équité comme il avait rempli auparavant d'injustice et d'inquiétude. »

Ce hadith est authentifié par IBNOUL KHAYIM (Al Minaroul Mounif), par Ibn TAYMIYYA (Minhajou Sunna) et par ALBANI (Tahrijoul Ahadith).

Tirmizi dans « ce qu'on rapporte du Mahdi » note qu'il tient d'IBN MASS'OUD ce hadith  «  un homme de ma famille viendra, son nom correspondra à mon nom ».

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Il rapporte aussi d’ABI HOURAYRA «s’il ne restait qu’un seul jour dans ce monde Dieu le prolongerait jusqu'à ce qu'il vienne’.

IBN MAJJAH rapporte ce hadith qu'il tient de ALIOU ABI TALIB « le Mahdi est de ma famille, Dieu répandra ses grâces sur lui en une nuit (ou acceptera son repentir en une nuit) ».

A la lecture de ces hadiths, on remarquera que le Mahdi est bien mentionné dans la SUNNA de Mohamed (PSL). Et si tous les cinq (5) livres authentiques ont annoncé sa venue, le nom donné par les uns et les autres au Mahdi n'est pas le même. Mais tous recouvrent en décryptant ces noms (Imam, Commandant Mohamed) à une personne hors pair guidée par le BON DIEU pour mener une mission salutaire pour les croyants et qui aura les attributs de Mohamed (PSL) et à une période où le Bien n'est pas séduisant et le Mal n'est pas repoussant.

ABI SAHID AL KHOUDRI lui donne les traits physiques du Mahdi dans un hadith rapporté du prophète (PSL) « le Mahdi est de moi son front est large (ou clair) son nez aquilin, il remplira la terre de justice et d'équité comme elle avait été rempli auparavant d'injustice et d'iniquité ».

Les hadiths des plus grands traditionalistes suffisent pour croire que la mission du mahdi est annoncée par le prophète (PSL) et que dès son appel sonnera, tous les croyants doivent adhérer à sa mission la croyance au Mahdi est un acte de foi.

En plus de ces hadiths irréfutables, d'autres oulémas sunnites de la première (devanciers) comme la seconde génération (contemporains) ont écrit sur le Mahdi, on peut citer entre autres :

CHEIKH MANSOUR dans Al Jami'oul (5e partie) - IBN TAYMIYYA dans Minhajou Sunna - SOUYOUTI - IBN HA JAR AL MAQIYYI « Propos résumés sur les signes du Mahdi attendu » - MOHAMAD ALIOU SABOUNI «  Le Mahdi et les Signes de l'heure » - CHEIKH AL JAZAIRI : Auteur de nombreux ouvrages et Professeur de Sciences Religieuses et Prêcheur dans la Sainte Mosquée du Prophète. - ABDOUL MOUHSSIN. Professeur d'université et de « Rejet de celui qui nie les Hadiths authentiques sur le Mahdi » et de « la Foi des Sunnites au Mahdi.

Il est certain que beaucoup de personnes se déclareront être le Mahdi tant attendu par la Communauté Islamique. Car notre époque est marquée par le relâchement et l'éclipse des Sciences Religieuses. Ce qui fait qu'il nous sera difficile de reconnaître le Vrai Mahdi du faux. Cependant on peut se référer en plus de ses traits physiques décrits par ABI AL SAHID AL KHOUDRI à la présence à ses côtés d'ISSA IBN MARYAMA. Ce qui signifie qu Issa se sera présent durant son appel et adoptera sa philosophie comme règle de conduite.

CONTEXTE HISTORIQUE DE L'AVENEMENT DU MAHDI

Yoff, paisible village de pêcheurs, situé à douze kilomètres de Dakar, sur la côte Nord de la presqu'île du Cap-Vert, avait rien de particulier par rapport aux autres bourgades, sinon qu'il pouvait s'honorer d'être l'une des plus anciennes agglomérations créées par des migrants venus du Djolof. C'est au milieu du XVIe siècle que ces ancêtres des lébous quittèrent cette région Nord-est du Sénégal, descendirent vers le Sud -Ouest et s'établirent d'abord dans le Djander à l'entrée du Cap-Vert. D'autres vagues de migrants suivirent, au fil des siècles, nourries par des vagues successives de réfugiés. Partis de chez eux pour des raisons diverses entre autres les tensions politiques et l'insécurité, ils vinrent finalement de toutes les régions du Sénégal.

Au départ ils formaient des groupes épars sans liens organiques. Avec l'augmentation rapide de leur nombre, toutes les couches de la population du Sénégal et presque toues, les ethnies furent représentées dans ces peuples, bien que les Lébous y furent largement majoritaires. Des villages naquirent le long des côtes.

S'adonnant à la pêche et l'agriculture, ils jouissaient d'une certaine prospérité économique, d'autant que des caravanes qui venaient chercher chez eux du poisson sec, du sel ... leur apportaient les produits qui leur manquaient.

En plus, des marchandises européennes leur parvenaient régulièrement par les bateaux qui longeaient la côte occidentale de l'Afrique.

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Périodiquement agressés par les soldats du Damel, roi du Cayor, ils durent s'organiser pour résister. Quelques batailles qui tournèrent à leurs avantages les rendirent indépendants du Damel qui cherchait à étendre son autorité sur eux. C'est ainsi que naquit en 1790 la République des Lébou de la presqu'île du Cap-Vert.

Comme tous les autres villages du Cap-Vert, Yoff prit son destin en main, organisa ses activités économiques, politiques, sociales et administratives sous la conduite de responsables élus par le peuple, appelés: Djaraf, Ndeye-ji-rêw, saltigué...

Si chacun des villages jouissait ainsi d'une autonomie locale lui permettant de régenter ses affaires, les élus de la plus grande agglomération, firent assez rapidement figures de chefs qui coiffaient toute la collectivité, avec un président de la république (Serigne Ndakarou) assisté de ses ministres (Djaraf, Saltigué, Imam, Ndeye-ji-fré). À leurs côtés siégeaient deux autres grands dignitaires, (détenteurs de pouvoirs politico administratifs) qui limitaient ceux du président; ce sont le Ndeye-ji-rêw, sorte de Premier ministre et le Ndèye Jambour président de l'Assemblée Nationale des vieux sages, tous deux directement élus par le peuple

Les Lébous vécurent ainsi, jouissant d'une pleine autonomie dans la gestion de leurs affaires et de leur territoire, maîtres de leur destin pendant plus d'un demi-siècle (1790-1857), période riche de tensions internes et externes qui mirent en évidence l'héroïsme et la capacité des Lébous à se gouverner. Ils durent s'organiser pour mettre en échec les velléités annexionnistes des Damels du Cayor (fermeture de l'entrée de la Presqu'île par la construction d'un mur formé de blocs de pierre), puis d'un autre mur, au-delà du premier pour protéger leurs champs.

Ils entretenaient des relations suivies, ponctuées de crises avec les français établis à l'île de Gorée, située à 3 Km de la côte Sud de la Presqu'île. C'est d'ailleurs la volonté de résoudre ces crises qui les conduisirent à signer avec eux les traités du 10 Octobre 1826 et du 22 Avril 1830 qui fixa entre choses les redevances que devaient payer les bateaux qui accostaient à Dakar. Claude Faure ancien archiviste du gouvernement général de l'Afrique Occidentale Française, écrit à ce propos:   « Pendant quarante ans les relations entre Gorée et la presqu'île du Cap-Vert furent celles qui existent entre deux puissances étrangères » . Évidemment, durant toute cette période, les Français mûrissaient le projet d'envahir la presqu'île. C'est le 25 Mai 1857 que le commandant Protêt débarqua à Dakar avec les marins de la Jeanne d'arc pour occuper la presqu'île. Ce jour, les lébous qui étaient occupés à fêter la fin du mois de ramadan(carême musulman), crurent que les Français, qu'ils considéraient comme des amis, étaient venus leur souhaiter une bonne fête.

Ils n'eurent donc aucune réaction. C'est plusieurs jours après qu'ils s'aperçurent qu'ils venaient de perdre leur souveraineté, lorsque les Français refusèrent de payer les redevances fixées d'un commun accord dans les traités précités.

Les Lébous vécurent par la suite sous l'autorité française, en citoyens qui se feront enrôler pour faire la guerre en Europe et ailleurs dans les rangs des soldats français, et qui aussi enverront au Parlement un premier député en 1914 (Blaise Diagne) et d'autres par la suite. Malgré tout, les Lébou ont conservé l'essentiel de leurs traditions, continuant à élire les membres de l'ancien gouvernement qui jusqu'à nos jours leur patrimoine particulier et les représentant auprès de l'Etat sénégalais.

Dès la naissance de la république Lébou en 1790, l'Islam constitua une religion d'état omniprésente dans toutes les activités des lébous. Non seulement l'Imam, chef de culte musulman, qui jugeait ses concitoyens selon les lois islamiques, était un membre influent du gouvernement, mais encore le Président lui-même porte le titre de Serigne, c'est-à-dire de maître en islamologie.

Les premiers missionnaires chrétiens qui arrivèrent sur la Presqu'île ont mentionné l'attachement des Lébou à l'islam, et la grande tolérance qu'ils manifestèrent à leur égard. Monseigneur Benoît Truffet, écrivait le 30 novembre 1847, quelques mois après son arrivée à Dakar, dans une lettre adressée à l'archevêque du diocèse de Chambéry : "...Le Cap-Vert où Dieu a fait placer la première maison apostolique, est la contrée où l'islamisme a des adeptes les plus vigoureux et les plus sincères en général. Il y a cinquante ans, elle se sépara violemment du royaume du Cayor, parce que le Roi du Cayor était quelque peu indifférent aux pratiques d'Alcoran. Et depuis la Presqu'île du Cap-Vert a formé un royaume théocratique et indépendant qui a pour capitale ndakaarou où je réside actuellement. C'est la République ou le royaume des marabouts, le Roi et tous les chefs sont marabouts,

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tous les pères de familles influents sont marabouts. Ils passent la moitié de leur vie à lire l'Alcoran, à en réciter les prières et à en faire les cérémonies...

La droiture, la probité, le respect pour le mariage, la soumission des enfants aux parents, leur affection pour leur mère, l'hospitalité patriarcale des wolofs contrastent avec les moeurs des Européens. Le meurtre, le vol et la fraude sont des choses presque inouïes dans la Presqu'île du Cap-Vert...

En prêchant à ces hommes calmes et religieux, on n'a pas besoin de leur prouver que Dieu les a placés en ce monde pour sauver leur âme : tous vivent dans cette persuasion et leur fanatisme en est une conséquence.

Ces noirs nous aiment beaucoup parce qu'ils savent que nous prions..." (Le texte intégral de cette lettre se trouve aux pages 92, 93 et 94 de " Histoire de la Presqu'île du Cap-Vert et des origines de Dakar" par Claude Faure)

Ce missionnaire chrétien était sans doute en contact avec une élite cultivée et fortement attachée à une parfaite orthodoxie musulmane, car au niveau de la grande masse des Lébou musulmans régnait un syncrétisme religieux qui leur faisait assumer, à côté des, rites islamiques, les rites du culte des génies appelés Rab ou Tour. Jusque vers la fin du XIXe siècle, chaque famille Lébou, à peu d'exception prés, entretenait dans sa maison un autel consacré au génie protecteur de la famille depuis des générations, comme chaque village avait un génie titulaire auquel on rendait un culte public.

Certes, ce culte n'avait plus l'envergure d'une religion, les relations entre les Rab et leurs protégés étant réduits à des pratiques purement utilitaires : on s'attirait les bonnes grâces du Rab en lui faisant des offrandes périodiques (lait, boule de farine de céréale, sang d'une bête immolée, versés sur l'autel... ), et en échange le Rab fournissait aux devins des informations sur l'avenir, ou intervenait pour la guérison d'un malade, ou la prospérité d'une entreprise, ou pour que les pluies fussent abondantes. Certaines cérémonies revêtaient un aspect impressionnant pour tout spectateur, notamment les danses publiques et l'immolation d'une bête au cours d'une cérémonie du Ndeup, organisée pour obtenir du Rab la guérison d'un malade.

Mais loin d'être uniquement sécurisantes, les relations des Rab et des hommes, constituaient une sorte d'épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. En effet ceux qui plaçaient beaucoup d'espoir en la protection d'un Rab vivaient dans la hantise d'une répression déclenchée contre eux par le Rab. Il arrivait en effet que ce dernier qui n'aimait pas qu'on négligeât les offrandes et les actes d'allégeances qui lui sont dus infligeât une punition sévère aux fautifs.

Cet état d'esprit amenait d'ailleurs les individus à interpréter, les calamités naturelles, les maladies, la sécheresse, l'échec d'une entreprise, comme étant une manifestation du mécontentement du Rab de la famille ou de celui du village. Les devins consultés, disaient alors ce que réclame le Rab pour apaiser sa colère, et l'on se précipitait pour lui donner satisfaction.

Ces pratiques magiques s'adressant à une sorte de divinité capable d'intervenir en bien ou en mal dans les affaires des hommes, sont assez éloignées de l'orthodoxie musulmane.

Celle-ci exige qu'en toute circonstance, on n'adresse des prières qu'au Dieu unique détenteur exclusif du pouvoir de satisfaire nos besoins, rien ne pouvant se réaliser sans qu'il le veuille, ainsi Lui seul mérite qu'on Lui voue un culte.

Yoff était un centre actif du culte du Rab (génie) et des connaissances magiques; il entourait de soins, son Rab protecteur, du nom de Mame Ndiaré comme le faisait Dakar pour Leûk Dâwour, le village de Ngor pour Gorgui Bassé, Rufisque pour Mame Koumba Lambaye...

Ce n'est donc pas hasard si c'est à Yoff que va retentir l'appel du Saint Maître Seydina Limamou Laye, ce dimanche ler Châbân 1301 de l'hégire (Dimanche 24 Mai 1884) (Selon l'ordinateur que nous avons consulté c'est le 24 Mai 1884 qui correspond au ler Châbân de l'hégire 1301).

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Se déclarant prophète, messager de Dieu, il conjura ses concitoyens et tous les hommes et même les djinns de répondre à l'appel de Dieu.

Il les invita à Lui vouer un culte pur et sincère, à ne placer leur espoir qu'en Lui, à pratiquer soigneusement les rites islamiques (ablutions, prières, l'aumône appelée zakat, justice sociale, invocation constante de Dieu, prière pour le Prophète Mohammad ...)

Contexte ne pouvait être plus défavorable à l'homme qui osa lancer un tel appel face à l'ampleur qu'avait prise le culte des Rab, à certains lettrés musulmans qui vont lui opposer une farouche contestation, à la division de la société Wolof en castes hiérarchisées et surtout, face à la réaction des colons français qui craignaient que la présence française ne fût combattue par Seydina Limamou.

On devine aisément la rudesse et l'ampleur des obstacles qui vont simultanément se dresser contre lui, et qu'il affrontera avec constance et confiance en Dieu, supportant avec courage et sérénité toutes sortes de souffrances physiques et morales, devenues son lot quotidien. Il n'était pas homme à flancher devant les épreuves qu'il savait inévitables.

Mais ce qui le faisait souffrir le plus, c'était de voir ses concitoyens qu'il chérissait du fond de son coeur s'éloigner du message salutaire qu'il leur apportait. À tel point qu'il lui arrivait de chantonner s, assis tout seul dans un coin "ô mon peuple, viens à moi, je suis véritablement le messager de Dieu ".

SEYDINA LIMAMOULAHI FONDATEUR DE LA CONFRERIE

Il n'existe pas de photo de Seydina Limamou. Selon le témoignage unanime de ses compagnons, il était impossible de fixer son image sur une plaque photographique. Plusieurs tentatives de le photographier ont échoué. Le Pr. Assane Sylla a fouillé en vain la photothèque des archives nationales françaises à Paris (section outre-mer) où sont conservées des photos très anciennes.

Limamou Thiaw fils d’Alassane Thiaw et de Coumba Ndoye naquit à Yoff en l'an 1261 de l'hégire (1843), au beau milieu d'un paganisme triomphant qui déployait ses activités sous le regard impuissant d'un islam superficiellement assumé.

Le nom prédestiné que son père lui donna (Limamou = AI imam = le guide) lui vint du marabout Toucouleur Mouhamadou Bâ dit Limamou d'Ouro-Mahdi (village du Fouta, région Nord du Sénégal) (Il s'appelait plus précisément Ahmadou Hamet Bâ. Il est le père d’Ahmadou Cheikhou, héros de la guerre sainte, qui mourut au cours de la bataille de Samba Sadio, le 11 Février 1875). Selon certains témoignages parmi lesquels celui de Cheikh Abdoulaye Sylla, des Lébou, de la Presqu'île du Cap-Vert s'étaient rendus à Ouro-Mahdi, auprès de l'éminent Saint. Celui-ci aurait dit à ces visiteurs parmi lesquels se trouvait le père de Limamou : "le Mahdi attendu descendra parmi vous, son nom est Limamou, donnez ce nom aux garçons qui naîtront dans vos foyers...". Finalement, sur quatorze garçons qui portèrent ce nom seul Limamou Thiaw vécut jusqu'à l'âge adulte.

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Son enfance se déroula sans incident majeur, cependant il ne manqua guère d'attirer l'attention de son entourage par son comportement sociable, sa promptitude à rendre service, ses qualités morales, sa piété, son amour de la propreté, son sens de l'hospitalité.

Quelques faits miraculeux sont relatés par d'anciens compagnons de Limamou. Le célèbre Saint homme de Rufisque, Tafsir Ibrahima Mbengue raconta, plus d'une fois, publiquement, sous serment devant Dieu, que durant leur enfance lui et Limamou furent surpris, en brousse par des anges qui le retinrent immobile, et étendirent Limamou par terre. Ils lui déchirèrent la poitrine, y firent quelques interventions, avant de refermer la plaie et de les libérer tous les deux.

Limamou lui demanda après, de garder secret ce qu'il venait de voir. C'est ce qu'il fit jusqu'après le rappel à Dieu de Limamou.

Dés qu'il fut en âge de gagner sa vie, il orienta ses activités vers la pêche et l'agriculture comme tous les adolescents de son milieu. La saison des pluies les fixait au village, dans les travaux champêtres, tandis qu'en saison sèche, il leur arrivait souvent d'aller vers d'autres rivages où le poisson mordait mieux à Saint Louis, à Banjul (Gambie)...). Il ne fréquenta aucune école et demeura illettré.

Rien de visible ne permettait, en dehors des qualités morales susmentionnées, de prévoir l'événement qui mûrissait en lui et qui allait éclater à Yoff comme un tonnerre dans un ciel serein.

Cependant quelques signes, ou événements avant-coureurs intervenaient de temps à autre comme par exemple les faits suivants relatés par Thierno Sarr compagnon de pêche de Limamou. Nous étions dit-il à Banjul (capitale de la Gambie) où la pêche nous avait retenus. Un jour que nous nous reposions après le travail, une vieille personne du nom de Kéba Mansali, s'approcha du groupe de mes compagnons et dit qu'il sollicitait une aide pour fendre du bois. Limamou s'offrit et ils s'éloignèrent. Il laissa Limamou marcher devant lui. Arrivé chez lui, il présenta à Limamou un plat bien garni et lui dit : " mange, voici le travail que je voulais faire accomplir, j'ai découvert celui que je cherchais", il ajouta: "je voyais chaque nuit une lumière pointer au-dessus de la case où vous dormez, toi et tes compagnons. Cette lumière vous accompagnait en mer, et je viens de la voir avec toi, lorsque je t'ai laissé marcher devant moi. Sache Limamou que Dieu va te charger d'une mission prophétique, dans le prolongement de celle de Mohammad (P.S.L), tu agiteras le monde". Limamou ému ne put manger. De retour auprès de nous, Limamou me dit: "Thierno, va chez Kéba Mansali, tu y trouveras le bois à fendre". A mon arrivée, le vieux mystique me présenta le même plat d'aliments succulents. J'eus deux bouchées lors qu'il me dit: " Sache que Dieu chargera Limamou d'une mission prophétique d'ici un mois et dix jours ... "Emu à mon tour, je ne pus continuer de manger. Ainsi lorsque nous rentrâmes à Yoff, j'attendis le moment indiqué..."

Limamou venait d'atteindre ses quarante ans. Il perdit sa Sainte mère, une éminente servante de Dieu, dont la générosité et la piété étaient bien connues. Deuil cruel qui le frappa le 27 du mois lunaire Rajab. Après trois jours de mutisme et d'isolement, que l'entourage attribua au bouleversement qu'il venait de subir, Limamou sortit ce dimanche matin ler Châbân 1301 (24 Mai 1883), superbement drapé de trois pagnes blancs: l'un autour de la taille, l'autre sur les épaules, le troisième lui servant de turban. Il venait de tenir ce discours à la soeur de son père Adama Thiaw : "ô ma tante, recouvre-moi, de deux couvertures blanches et sache que Dieu t'a donné un fils qu'il n'a jamais donné à personne au monde ", à sa cousine Ndiaye Diaw, il avait dit: "recouvre-moi de deux couvertures neuves et sache que Dieu t'a donné un cousin qu'il n'a jamais donné à personne au monde ".

A ses deux épouses, il avait tenu un langage similaire, en ces termes : " ô toi chaste Fatima, et toi la vertueuse Farma, soyez patientes. Dieu vous a donné un mari qu'il n'a jamais donné aux autres femmes. Je vous fais savoir que votre ancien compagnon Limamou est différent de celui-ci, car Dieu a fait ce qu'il a voulu. Par sa volonté, Il m'a placé au-dessus des créatures. Il m'a chargé d'appeler (les hommes et les djinns) pour les guider vers Lui.

Enveloppé dans ses pagnes, il déambula sur les collines, dans les ruelles et places publiques, tel un pèlerin arpentant la distance de La Mecque à Arafat, appelant à haute voix ses concitoyens, en une langue Wolof teinté d'un accent Lébou : "Répondez à l'appel de Dieu, venez à moi, je suis le messager de Dieu, je suis le Mahdi qu'on attendait .... ", et il ne cessa plus de glorifier nuit et jour, publiquement et en privé, le Créateur Suprême prononçant constamment ses noms et attributs.

Surprise et consternation l'accueillirent partout comme le chantera le poète Libasse Niang :

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"Je suis l'Envoyé de Dieu, s'écria-t-il à Yoff L'Appel lancé, tous en furent consternés".

Ce changement subit de comportement, d'aspect et de langage, de cet homme, qui auparavant jouissait de l'estime de tous était bien de nature à bouleverser les esprits. Ce fut un spectacle insolite, suivi par un attroupement de curieux, qui grossissait à mesure que la nouvelle se répandait dans le village et à travers le pays. On l'écoutait, on le dévisageait, partagé entre le rire et la pitié.

C'est sûrement un possédé, un malade sous l'emprise d'une sanction punitive infligée par les Rab, disaient les uns, tandis que d'autres penchaient plutôt vers l'approbation de ses paroles qui, bien que, amères et critiques à l'égard de certaines moeurs, n'en étaient pas moins sensées. Lui, sérieux et imperturbable, continuait sa prestation, passant du discours à la démonstration pratique: regardez, disait-il, comment on prie, et le voilà qui mimait avec précisions les gestes rituels de la prière islamique. Par moments, terrassé par la puissante inspiration qui bouillonnait en lui, il demeurait quelques instants dans l'agitation et l'extase.

Sa voix se faisait insistante et pathétique :"ô mes frères, ô mes soeurs ne vous éloignez pas de moi, je suis pour vous une aubaine que Dieu vous offre, suivez mes conseils, respectez les commandements de Dieu, imitez le comportement et les actes du modèle que je suis. Dieu a mis en moi l'âme de Muhammad. Que la coloration noire de ma peau ne vous induise point en erreur. Ma peau blanche, d'hier, à La Mecque, a noirci aujourd'hui.

Cela n'est point un prodige au-dessus de la puissance de Dieu. Il vous arrive vous-mêmes de teindre vos habits blancs en noirs...»

Aux discours de ce genre s'ajoutaient des injonctions à la droiture morale, à la solidarité par l'amour et l'entraide.

Les réactions fusèrent de partout. Tout d'abord ses proches parents furent sommés, par l'entourage, de soigner Limamou, considéré comme étant un malade qui mérite d'être entouré de soins. Naturellement, on pensa faire appel aux compétences des guérisseurs détenteurs d'autel de Rab, pour guérir celui qui précisément avait la mission de détruire ce culte païen et tout ce qui d'une manière ou d'une autre pouvait éloigner les hommes de l'adoration saine du Dieu unique.

Seul Dieu peut me guérir, Lui seul sait ce qui est, en moi, je prends appui sur Lui, Il me suffit, répliqua Limamou, à son oncle qui se présenta à lui pour le persuader d'accepter des soins. Et Limamou de lui raconter mot à mot ce que ses compagnons de groupe d'âge lui avaient dit, en privé, sur lui. Ebahi son oncle n'en crut pas ses oreilles et dû renoncer.

Pour mettre fin à ses supplications Limamou lui avait dit : " Si tu veux me connaître, prépare une provision de voyage et va à La Mecque. En ce lieu, tu diras aux érudits: j'ai un neveu âgé de quarante ans, à l'extrême occident, il se dit messager de Dieu... ".

Limamou continua donc de prêcher.Une première satisfaction baigna son coeur meurtri par la vague de contestation : des membres de sa famille adhérèrent à sa doctrine.

Momar Bineta Samb fut le premier disciple de Seydina Limamou. Dés qu'il lança son appel, du haut d'un monticule de sable, il alla à sa rencontre et veilla à protéger le Saint Maître. Il s'implanta devant la porte de la chambre où Limamou demeura quelques jours, avant de circuler parmi ses concitoyens.

Nul n'osait s'approcher de lui, avec des intentions malveillantes car Momar Bineta était un gaillard bien bâti que personne n'osait affronter.

Ce fut le tour de Thierno Sarr Thiome qui, pour aller répondre à l'Appel du Saint Maître et se ranger à ses côtés, fut obligé de déjouer la vigilance de ses proches parents qui s'opposaient fermement à ce projet. Il feignit de voyager vers Ngor. Mais dés qu'il sortit du village, il prit un chemin détourné et alla vers Limamou. Momar Bineta le laissa entrer, et Limamou lui dit aussitôt : "Thierno tu es venu, certes Dieu n'a pas manqué à sa promesse ". Thierno Sarr lui offrit un superbe boubou que Limamou accepta. Il enleva les pagnes blancs qui l'enveloppaient, porta le boubou et dit à Thierno Sarr : "Tu es la personne, qui, le premier me fait porter un vêtement après mon Appel, je te ferais porter ce que nulle personne ne possédera ".

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Thierno Sarr Thiome qui guettait le moment où devait intervenir l'Appel, depuis qu'il fut averti par le vieux Kéba Mansali, avait passé la nuit précédant le jour de l'Appel, assis dans la cour de sa maison.

Et selon son fils le vieux sage Gothé Biti, (ancien compagnon d'arme du président Léopold Sédar Senghor) Dieu lui a permis de voir les quatre anges qui sont descendus cette nuit sont rentrés chez Limamou, l'ont conduit au bord de la mer pour lui transmettre l'ordre divin de lancer l'Appel....

D'autres savants en islamologie, de grande réputation s'étaient soumis à l'homme illettré, parmi eux :

- Tafsir Ndialanda Gueye de Rufisque, il fût Imam de Rufisque

- Tafsir Abdou Gaye, éminent grammairien et exégète du Coran, qui deviendra le secrétaire de Limamou, rédigeant en arabe ses sermons et sa correspondance qu'il exprimait en langue Wolof.

- Cheikh Matar Lô, auteur d'un ouvrage rédigé en arabe sur la vie et l'oeuvre de Seydina Limamou (La traduction française de cet ouvrage se trouve dans le bulletin de l'IFAN, n° 3 série B de Juillet 1972, et dans l'ouvrage Le Mahdi Seydina Mouhamadou Limamou Lahi... du Professeur Assane Sylla).

- Tafsir Abdoulaye Diallo, exégète du Coran, qui exerça les fonctions d'interprète dans l'administration coloniale française. Il sera arrêté et interné à l'île de Gorée, en même temps que Seydina Limamou.

- Tafsir Djibril Gaye, exégète du Coran père de l'Imam Sakhir Gaye grand érudit... (On trouve une longue liste d'autres personnalités converties à la doctrine de Limamou dans l'ouvrage de Cheikh Mamadou Mboup intitulé le Diwan des laines, (texte en arabe, déposé au Département de l'islam de l'IFAN))

A mesure que les conversions se multipliaient, accélérées par la réputation d'homme d'une grande sainteté de Limamou, des réactions franchement hostiles surgissaient de partout. Ses beaux-parents lui arrachèrent ses deux épouses Faty Mbengue et Farma Diop.

La première brisa toutes les contraintes que ses parents lui imposèrent et rejoignit son foyer.

Le succès grandissant de Limamou ne pouvait laisser indifférents les maîtres et maîtresses du culte des Rab. Non seulement il condamnait les pratiques de ce culte, mais encore, des malades qu'ils ne parvenaient pas à soigner avec succès, guérissaient lorsque Limamou leur imposait ses saintes mains. Informés de ces faits, les Français diront dans leurs correspondances qu'il était doué de magnétisme (Lettre du 4 Septembre 1887, adressé par Cléret au Directeur de l'intérieur.).

En plus de la guérison des malades, Limamou chassait les démons qui subjuguaient les possédés. Selon Cheikh Mahtar Lô, on entendait les démons s'éloigner en déclinant leur identité.

L'inquiétude grandissait chez les officiants du culte des Rab, puisqu'on constata que Limamou ne se contentait pas de combattre par la parole et par sa puissance spirituelle ce culte et ses serviteurs. Il alla plus loin, en faisant agir ses adeptes, qui détruisirent la "pierre fétiche" de Mpal (Mpal est un village situé dans le Nord du Sénégal à 200 Km environ de Dakar). Cette pierre fétiche s'appelait Mame Kantar) objet d'un culte païen. Sa destruction est mentionnée par le Français qui était directeur des affaires politiques à Saint Louis dans une correspondance adressée le 21 Juillet 1890 à l'Administrateur principal des Cercles de Dakar et Thiès. Il dit en substance : "Limamou, marabout de Yoff, a dans Cercle de Saint Louis, un certain nombre de partisans qui font parler d'eux. Récemment ils enlevaient, la pierre fétiche de Mpal au grand émoi de la population...".

En peu de temps, Yoff connut une grande affluence d'hommes, de femmes, d'enfants, attirés, les uns par la curiosité, les autres par la piété. Chacun voulait voir, entendre approcher le Saint Maître. Peu nombreux sont ceux parmi eux qui rentraient chez eux, les autres décidaient de rester auprès de lui. Sa maison devin étroite pour contenir ces hommes et femmes épris de Dieu.

L'étroitesse des lieux se fit sentir avec acuité, lorsqu'une nuit les vagues furieuses de la mer, propulsées par une marée haute pénétrèrent brusquement dans les chambres, inondant toute la maison.

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Les plaintes de ses hôtes furent entendues, puisque le lendemain Limamou se rendit au bord de la mer, accompagné de plusieurs adeptes. Il traça une ligne sur la plage y fit planter des bouts de branches d'arbres, puis s'adressant à la mer, il lui intima l'ordre de ne plus franchir cette barrière. A ses adeptes émerveillés, il dit: "La mer ne me désobéira pas, car elle me connaît, elle connaît mon grade auprès de Dieu; d'ailleurs elle n'était entrée dans la maison que pour en nettoyer les souillures... ".

Occasion ne fut pas plus belle pour les contestataires, de trouver dans ce dialogue avec l'océan, une preuve supplémentaire de la folie de Limamou. Par contre, pour ses adeptes qui venaient de gagner sur la nier, un nouvel espace habitable, ce fut plutôt un regain de confiance et de foi.

L'effervescence gagnait donc les esprits, chauffés d'un côté par un potentiel de sympathie pour le Prophète, et de l'autre, par l'intensité de l'hostilité à son égard. Cela ne pouvait laisser indifférents les colons français, qui vont intervenir intempestivement, d'abord par inquiétude pour la présence française, ensuite parce que des personnalités Lébous ont réussi à dresser la puissance française contre Limamou, pour satisfaire leurs propres ambitions. L'un d'eux sera nommément cité par les Français dans leurs correspondances.

"... je sais que je mourrai quand le terme en sera venu, mais si je meurs avant d'avoir accompli ce que Dieu m'a ordonné, ce garçon achèvera mon oeuvre" Seydina Limamou

Né à Yoff, en 1876, Issa fils de Seydina Limamou et de la sainte Fatimata Mbengue passa une enfance calme et studieuse.

Il apprit ses premières notions coraniques chez Tafsir Ndiaga Gueye qui comptait parmi ses élèves un garçon qui deviendra le grand érudit Tafsir Ibrahima Mbengue, bien connu à Rufisque. Celui-ci raconta qu'il fut chargé par leur maître de faire connaître au jeune Issa les premières syllabes du texte coranique : Bâ Sîn Mîm. Mais dit-il, Issa s'évanouissait chaque fois qu'il répétait Bâ Sîn Mîm. Tafsir Ndiaga informa alors Seydina Limamou et se déclara incapable d'instruire son enfant.

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Seydina Limamou posa, alors, sa sainte main sur la tête de Issa et lui dit, par trois fois :"Issa va apprendre, celui qui est appelé à être l'imâm du monde entier doit apprendre".

A partir de cet instant, Issa put prononcer les syllabes coraniques sans s'évanouir.

Cette première prédiction, concernant l'apostolat futur de Issa, sera réitérée par Seydina Limamou (P.S.L) dans d'autres circonstances, et notamment le 10 septembre 1887, jour où le Serigne Ndakarou Diali Beuk et d'autres notables Lébou se rendirent à Yoff en médiateurs, cherchant à réconcilier Limamou et les Français. En conclusion de la réponse qu'il leur fit, Limamou, leur dit en leur montrant Issa "... je sais que je mourrai quand le terme en sera venu, mais si je meurs avant d'avoir accompli ce que Dieu m'a ordonné, ce garçon achèvera mon oeuvre".

Jusqu'à l'âge adulte, Issa vécut sous l'autorité ferme et vigilante de son vénéré père, et mena des jours paisibles assombris de temps à autre par les rudes épreuves qui frappaient son père et sa communauté. Il passait le plus clair de son temps, à lire divers ouvrages, si les travaux champêtres ne le retenaient pas à l'extérieur de la maison.

Les choses allèrent de soi, jusqu'au jour où un petit incident l'opposa à son père. Il était alors âgé de trente ans environ. Il s'était simplement étonné d'apprendre que son père avait décidé le mariage de sa petite soeur Aïta Sène Thiaw, sans lui en parler. Selon celle-ci, qui nous a raconté l'incident, Seydina Issa n'apprécia pas le choix du mari qu'elle devait épouser, et quitta de lui-même le toit paternel. Selon d'autres versions C'est Limamou qui fut mécontent de la réaction de Issa et lui demanda de s'en aller. Mais les connaisseurs des réalités spirituelles sous-jacentes affirmaient que cet incident n'était que la couverture apparente d'un processus spirituel arrivé à maturité : le moment était venu d'une séparation nécessaire de deux "lumières" dont la cohabitation en un lieu devenait difficile.

L'exil s'imposa à lui, cet exil que subissent généralement les grands apôtres au début de leur mission, et qui semble avoir pour eux une valeur initiatique, une épreuve à franchir pour parfaire le niveau de maturité qu'exigent les lourdes charges qui les attendent.

Seydina Issa quitta donc le toit paternel. C'était en 1906 ou 1907, et séjourna successivement auprès de grands disciples de Seydina Limamou : à Dakar chez Youssou Bamar Gueye, à Pout chez le grand saint Mor Wade. On raconte que celui-ci le fit asseoir sur ses frêles jambes, bien que paralytique, et le soupesa pour lui dire qu'il ne faisait pas encore le poids spirituel, niais, il lui prédit que la maturité et la majesté l'attendaient au bout de l'exil. Seydina Issa poursuivit son chemin. Son vieux compagnon Libasse Mboup, décédé en 1987, nous a raconté que Seydina Issa le trouva chez son père à Ngây Mékhé. C'est ainsi que dit-il "je partis avec lui et ses compagnons vers d'autres lieux. Nous nous arrêtions deux à trois jours chez un hôte pour repartir, jusqu'au jour où nous nous fixâmes à Ngâkham chez le saint Mamour Diakhaté".

En ce lieu, Seydina Issa resta deux à trois ans avec ses compagnons : Aliou Wane, Libasse Dione et Libasse Mboup. Ce dernier raconte que Seydina Issa passait son temps à lire le Saint Coran et à psalmodier à haute voix la formule de l'unicité de Dieu : "La ilâha illa lâhou". Il lui arrivait dit-il de répéter cette formule jusqu'à ce que du sang apparaisse dans ses crachats.

Selon le vieux Libasse Sall, chef de village de Gossas, Seydina Issa eut une vision qui semblait lui annoncer le rappel à Dieu prochain de son père. C'était dit-il vers le dixième jour du mois de ramadan de l'année 1909 à Ngâkham. En plein jour, Issa tomba près de la mosquée en poussant des soupirs. On se précipita sur lui, le releva et le ramena dans sa chambre. Quand il revint à lui, sa femme Khady lui dit :"qu'est-ce qui t'est arrivé tu nous as fait peur, comment ceci peut-il arriver à une personnalité comme toi ?" Seydina Issa répliqua :"Vous auriez certainement fait comme moi, si vous aviez vu le spectacle qui s'est offert à moi : j'ai vu d'un seul coup, le ciel couvert d'anges montés sur des chevaux sur toute l'étendue du pays, de Ngor à l'extrême Est tous, d'une blancheur éclatante, volaient formant une sorte de vaste tente".

Un mois après cet incident, un émissaire du nom de Massaër venu de Yoff dit à Seydina Issa :"je suis chargé de te faire savoir que ton père est très malade, si tu veux le voir rentre vite" Seydina Issa lui répondit "tu n'es pas un fidèle messager, car tu ne dis pas ce que tu devrais dire". Massaër se résigna alors à dire la vérité :"Oui ton père est décédé ".

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Seydina Issa savait bien avant l'arrivée du messager ce qui était survenu, car la veille, il vit l'image du soleil s'enfoncer dans sa tête. Il s'était alors levé de bon matin fit ses ablutions, recouvrit sa tête d'un turban et alla à la mosquée.

Serigne Mamour Diakhaté qui d'habitude dirigeait la prière raconte que ce matin-là, Seydina Issa l'avait devancé dans la mosquée et se tenant à la place de l'imâm, il dirigea la prière qu'ils faisaient ensemble. Après cette prière, Seydina Issa s'était évanoui.

Serigne Mamour le laissa là, dans la mosquée. C'est, un moment après qu'arriva l'émissaire Massaër venu lui annoncer la rappel à Dieu de son père. Lorsqu'il reprit ses esprits, il dialogua avec Massaër, et après l'échange de propos déjà mentionné ci-dessus, il ajouta :"va, je viendrai, mais prenez garde, qu'on n'enterre pas mon père avant mon arrivée".

Le Saint Maître Limamou Lahi venait de rendre l'âme, ce vendredi 2 Novembre 1909.

La stupeur et la frayeur frappèrent alors les esprits. La nouvelle se répandit vite. La communauté layène cruellement endeuillée attendit le retour de Seydina Issa qui tarda à arriver à Yoff. Son jeune frère Mandione Lahi s'opposa fermement à ce qu'on enterrât son père en l'absence de Seydina Issa. Revenu à Yoff, Massaër le messager qui était allé à Ngâkham annoncer la nouvelle, laissa entendre que Seydina Issa allait arriver incessamment. On dépêcha à la gare de Yarâkhe (Hann), Mâli Mbaye, célèbre compositeur de merveilleux poèmes religieux, pour l'accueillir. Seydina Issa ne vint ni par le train de vendredi, ni par celui de Samedi.

Mâli Mbaye retourna à la gare le dimanche et trouva dans l'environnement immédiat une animation inhabituelle due à la présence de prêtres, de soeurs catholiques et de leurs élèves, tous vêtus de blanc. Selon l'explication qu'on lui fournit sur leur présence, tout ce monde s'attendait à la descente de Jésus-Christ en ce lieu.

Coïncidence ou pas c'est par le train de ce Dimanche qu'arriva, celui qui était devenu pleinement, depuis quelques jours, Seydina Issa Rouhou Lahi, accompagné de Serigne Mamour Diakhaté, Massamba Ndiaye, Libasse Mboup et de Yoro Ndéla, ce dernier ayant pris le train à Rufisque. Cheikh Abdoulaye Gueye fit le déplacement de Dakar à Yarâkhe pour se joindre à eux. Après les salutations d'usage, Seydina Issa s'éloigna un peu avec Mâli Mbaye et le questionna :"où est mon père, l'a-t-on enterré ?" Non répondit Mâli Mbaye, nul n'ose l'enterrer avant ton retour. "Que disent les gens ?" reprit Issa. "Les notables disent que si Issa veut bien on ira enterrer Limamou à Cambérène, puisque les habitants de Yoff, son village natal ont rejeté son message".

Non ! répliqua Seydina Issa :"on enterre toujours un prophète à l'endroit où il est mort, c'est la chance des habitants de ces lieux. Or mon père est un Envoyé de Dieu et moi Issa je suis aussi un Envoyé de Dieu". Il demanda aussi ce que sont venus faire les blancs à Yarâkhe. Ils attendent parait-il Issa ibn Mariama (nom musulman de Jésus) répondit Mâli Mbaye.

Seydina Issa monta sur le cheval Mânatou, que Mâli Mbaye lui avait apporté, quitta Yarâkhe avec ses compagnons et arriva à Yoff après la prière du crépuscule. Lundi matin, il présida la prière mortuaire en présence d'une foule nombreuse, puis le Saint Maître de l'époque Seydina Limamou, le Mahdi fut enterré à Diamalaye, endroit situé au bord de la mer, à une dizaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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de mètres du rivage, là où il aimait s'isoler pour prier et méditer.

Quelques jours avant son rappel à Dieu, de passage en ce lieu, il avait dégagé le sable, d'un geste de pied, et de l'eau apparut dans le trou. On creusera après un puits sur ce point d'eau, puits peu profond situé juste en face de son mausolée. Son eau demeure jusqu'à nos jours, douce et inépuisable.

Après l'enterrement du Saint Maître, le cortège funèbre revint à la maison et s'installa dans la cour. Le grand Saint Ibrahima Mbengue, (celui là même qui fit apprendre à Seydina Issa les syllabes coraniques), prit la parole pour mettre en garde les dignitaires, leur conseillant d'avoir beaucoup de respect et considération à l'égard de Seydina Issa malgré son jeune âge. Il était alors âgé que de trente-trois ans, âge que son père avait lorsqu'il naquit.

Prenant la parole à son tour, Seydina Issa fit un sermon émouvant. Rappelant la présence éternelle de Dieu, il renouvela les exhortations habituelles de son père, invitant les fidèles à servir Dieu avec constance et sincérité, à s'adonner à des oeuvres pieuses et à éviter le mal.

Les esprits s'apaisèrent alors, chacun voyant en lui un nouveau Limamou. Aussi le poète Libasse Niang lui dira-t-il

"Fekkoon nga mboolem gëm yi jooy ba jéex Sa taxawaay tax na ba seeni xol fééx"

"Tous les fidèles avaient pleuré jusqu'à l'épuisement Grâce à ta présence leur cour revint à l'apaisement."

 

 

 

 

 

 

Seydina Issa veilla scrupuleusement au respect des enseignements de son père, et selon le témoignage unanime de tous ceux qui ont vécu à ses côtés, il fut un guide intègre, vigilant et d'une grande fermeté lorsqu'il s'agissait de réprimer les manquements aux préceptes religieux. Doué d'une grande prestance physique et d'une autorité naturelle, il exerçait sur toute personne, qui se trouvait en sa présence un réel ascendant. Et pourtant il était affable, accueillant et courtois à l'égard de tous. Seules les violations des commandements de Dieu pouvaient soulever sa colère, et dans ces cas, il sévissait sévèrement, allant jusqu'à faire bastonner les délinquants.

Il était accessible à toute heure de la journée, il suffisait d'entrer dans la cour de sa maison qu'aucun portail ne fermait ni le jour, ni la nuit pour le trouver assis sur le perron.

Tout comme fait l'actuel Khalife général des Layènes, il recevait immédiatement tout visiteur qui se présentait à l'improviste, sans aucune espèce d'entrave ni de protocole.

 Il parlait peu, aimait le calme, la tranquillité, si bien qu'il séjournait beaucoup plus à Yoff et à Cambérène qu'à sa maison de Dakar. Il aimait l'ordre à tel point qu'il veillait lui même au bon alignement des maisons de Cambérène et exigeait que les gens ne circulassent pas la nuit au-delà d'une certaine heure. Par contre, il se promenait en pleine nuit, dans les rues du village, et répétait à ceux qu'il rencontrait à des heures tardives :"allez vous coucher, la nuit appartient à d'autres créatures".

Le vieux grand père Ousmane Bâ, raconte qu'une fois il fut réveillé en pleine nuit par les bêlements intenses de ses chèvres. Il se leva et se dirigea vers la bergerie.

Arrivé près de la bergerie, il trouva là Seydina Issa qui lui dit :"qu'est ce qui te prend et te fait circuler en pleine nuit ? Rentre chez toi, ne vois-tu pas là-bas ce qui t'attend pour te dévorer? ne circule plus à une heure aussi tardive".

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Ainsi le Saint Maître veillait à tout, et surtout à la bonne éducation des enfants et des jeunes gens. Cela d'ailleurs son père Limamou l'avait prédit, en insistant sur la sévérité de ses méthodes d'éducation. En effet selon Abdoulaye Mbaye Thiané, Seydina Limamou disait à ses disciples : "Eduquez vos enfants car le futur Maître (Seydina Issa) sera ferme et dur; et si vous n'éduquez pas vos enfants dès maintenant, vous risquez un jour d'avoir le coeur meurtri lorsqu' il le fera à votre place".

En particulier, il ne cessait d'exhorter au travail et n'aimait guère voir des oisifs rester au village aux heures de travail.

Il ne tolérait aucune déviation, pas même dans les litanies religieuses que les jeunes entonnaient en choeur pour glorifier Dieu, et son Prophète Muhammad et les Saints. Lorsque les louanges insistaient trop sur les noms des guides et de lui même, il se révoltait, et selon le vieux Libasse Mboup et la mère Kheury Thiaw il leur disait :"Vous ne bénéficiez d'aucune bénédiction, vous vous fatiguez à crier pour rien. Il faut surtout mentionner Dieu le Très Haut et son Prophète".

L'accession de Seydina Issa au "Khalifat, c'est-à-dire à la succession de Seydina Limamou à la tête de la confrérie layène, constitua non seulement une confirmation des prédictions de ce dernier, mais surtout une preuve supplémentaire pour les layène, de la véracité de la mission divine de ces deux Saints Maîtres. Pour eux le Mahdi annoncé par Muhammad (P.S.L), étant Seydina Limamou, son successeur ne pouvait être, comme déjà prédit par Muhammad, que Jésus-Christ (Issa pour les musulmans) revenu en une seconde mission.

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