32
AVEC SOUTIEN DE RÉSUMÉ ANALYTIQUE LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST Etat des lieux, tendances, opportunités et enjeux actuels

LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, [email protected] Hannah Schiff, [email protected] Laura Gustafson, [email protected] Équipe

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

AVEC SOUTIEN DE

RÉSUMÉ ANALYTIQUELE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUESTEtat des lieux, tendances, opportunités et enjeux actuels

Page 2: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

ACRONYMES

ADEPME Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises

AIE Agence Internationale de l’Energie

AMSCO African Management Services Company

APC All Progressives Congress

APIX Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux

ASG Actifs sous gestion

ASS Afrique Sub-saharienne

AT Assistance Technique

BAD Banque Africaine de Développement

BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest

BIO Société belge d’Investissement pour les pays en Développement

BMN Bureau de Mise à Niveau

BOAD Banque Ouest Africaine de Développement

BoP Base de la Pyramide

CACS Commercial Agriculture Credit Scheme

CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

CNCAS Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CR Capital risque

CTIC Conseil en Technologies de l’Information et de la Communication

DEG Société Allemande d’Investissement et de Développement

ESG Environnement, Social and Gouvernance

FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine

FinTech Financial Technology

FMI Fonds Monétaire International

FMO Société Financière Néerlandaise pour le Développement

FONGIP Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires

FONSIS Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques

GAIN Ghana Angel Investor Network

GIIN Global Impact Investing Network

GIMPA Ghana Institute of Management and Public Administration

GIPC Ghana Investment Promotion Center

GVEP Partenariat pour l’énergie du village planétaire

I&P Investisseurs et Partenaires

IDE Investissement Direct Etranger

IDH Indice de Développement Humain

IFD Institution Financière de Développement

IFU Fonds d’industrialisation pour les pays en développement

IMF Institutions de Microfinance

IPRES Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal

LAN Lagos Angel Network

MCF Medical Credit Fund

MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord

MEST Meltwater Entrepreneurial School of Technology

NFSP Programme national de sécurité alimentaire

OCI Organisation de la Conférence Islamique

OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

ONG Organisation Non-Gouvernementale

OPIC Société de promotion des investissements privés à l’étranger

PIB Produit Intérieur Brut

PME Petite et Moyenne Entreprise

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PSE Plan Sénégal Émergent

R&D Recherche et Développement

RH Ressources Humaines

SFI Société Financière Internationale

SIG Système d’Information de Gestion

SMEDAN Agence pour le développement des petites et moyennes entreprises au Nigéria

TIC Technologies de l’Information et de la Communication

TRI Taux de Rentabilité Interne

UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

REMERCIEMENTSCe projet a été financé avec l’aide du gouvernement du Royaume-Uni, à travers la mise en œuvre du Programme d’Impact élaboré par le Département pour le Développement International. Le Programme d’Impact vise à impulser le marché de l’investissement d’impact en Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud.

www.theimpactprogramme.org.uk

Ce rapport a été établi grâce à la collaboration de nombreuses personnes, tant en Afrique de l’Ouest qu’ailleurs. Nous souhaitons tout d’abord, remercier toutes les personnes interviewées lors de cette étude, qui ont offert de leurs temps, organisations et savoir-faire. Vos différents apports ont considérablement aidé éclairer un sujet complexe. Nous remercions également les membres de l’équipe du GIIN pour leurs précieux conseils, reçus tout le long du processus d’élaboration du présent rapport. Nous tenons enfin à remercier Jessica Johnson et Aida Ndiaye pour leurs brillantes participations à la recherche et à la collecte de données.

Équipe Consultative du GIIN Amit Bouri, [email protected]

Susan Balloch, [email protected]

Abhilash Mudaliar, [email protected]

Hannah Schiff, [email protected]

Laura Gustafson, [email protected]

Équipe de Rédaction de Dalberg Naoko Koyama, [email protected]

Carlijn Nouwen, [email protected]

Matthew MacDevette, [email protected]

Julia Shen, [email protected]

John Bazley, [email protected]

Mark Burke, [email protected]

JUIN 2016

Page 3: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

IV • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST

AVANT-PROPOSCHERS LECTEURS,

Le Global Impact Investing Network (GIIN) est ravi de publier le présent rapport intitulé « Le marché de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest ». Il a été établi en collaboration avec Dalberg Global Development Advisors et avec le soutien du gouvernement du Royaume-Uni dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’Impact du Département pour le Développement International.

Troisième parmi ceux élaborés sur les marchés régionaux, ce rapport fournit une analyse du paysage de l’investissement d’impact et couvre quinze états d’Afrique de l’Ouest. Trois d’entre eux ont fait l’objet de chapitres spécifiques : le Nigéria, le Ghana et le Sénégal. Les précédents rapports concernent des études menées dans les régions d’Asie du Sud et d’Afrique de l’Est, portant sur la même problématique. Ils sont disponibles sur thegiin.org. A travers ces études, le GIIN cherche à collecter le plus de données possibles sur l’investissement d’impact dans les économies émergentes.

Notre coopération avec Dalberg Global Development Advisors, un cabinet de conseil mondial bénéficiant d’une présence en Afrique de l’Ouest, nous a permis de faire un état de la situation qui prévaut dans la région cible. Le rapport traite des investissements effectués à ce jour, des défis et opportunités présents pour les investisseurs, des besoins des entreprises, des principaux freins à leur accès aux capitaux, mais également, de l’impact de la réglementation en vigueur.

L’Afrique de l’Ouest est la seconde zone économique en forte croissance du continent. Cet état de fait est dû à l’expansion économique du Nigeria et du Ghana. Ces deux pays ont bénéficié de plus de la moitié des capitaux injectés dans la région Ouest Africaine. Par ailleurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont susceptibles d’attirer plus d’investisseurs dans les temps à venir, en raison respectivement, de la stabilité politique et de l’économie en croissance. Cependant, la région Ouest Africaine demeure sous-développée. Elle représente ainsi une opportunité à saisir par les investisseurs en vue de générer un impact significatif. D’ores et déjà, un certain nombre de secteurs attractifs ont été identifiés. L’énergie, les marchés financiers et l’agriculture en font partis.

Nous souhaitons vivement faire naître, à travers ce rapport, un intérêt particulier pour la zone ciblée et pousser à l’investissement et à l’innovation. Les opportunités de placements substantiels restent nombreuses. Ces investissements généreront une productivité et une rentabilité qui, elles-mêmes, sous-tendront l’amélioration des conditions de vie des populations. En outre, les incubateurs, les fournisseurs d’assistance technique et les associations industrielles locales pourront soutenir le renforcement de l’écosystème de l’investissement d’impact.

Nous espérons accentuer l’afflux de capitaux profitables aux populations grâce à cet état des lieux du marché de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest.

Cordialement,

Amit Bouri

Directeur du Global Impact Investing Network

Page 4: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 1

RÉSUMÉ ANALYTIQUE

TABLE DES MATIÈRESRÉSUMÉ ANALYTIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

1. INTRODUCTION, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE . . . . . . . . . . 8Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2. VUE D’ENSEMBLE AU NIVEAU RÉGIONAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12Bref contexte historique et politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12Structure et Performances Économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Climat des Investissements et Moteurs des Investissements Directs Etrangers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Taux d’Intérêt et Inflation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Facilité à Faire des Affaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

3. OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT . . . . . . . . . . 18Estimation des Capitaux d’Impact Mobilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Principaux Obstacles et Opportunités en Matière de Mobilisation des Capitaux d’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35Approches et Outils de Mesure de l’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Au-delà de l’Investissement d’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

4. DEMANDE EN CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACT . . . . . . 42Contexte de Développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42Types et Répartition des Acteurs de la Demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la Demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

5. ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47Politiques et Règlements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47Efforts Visant à Soutenir le Marché de l’Investissement d’Impact . . . . . . . . . . 48

CONCLUSION : POSSIBILITÉS D’INTERVENTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

ANNEXE: LISTE DES PERSONNES INTERVIEWÉES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

Page 5: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 3

TABLE DES FIGURESFigure i : Montant des investissements directs totaux des IFD par pays,

de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Figure ii : Montant des investissements directs totaux des autres types

d’investisseurs que les IFD par pays, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Figure 1 : Contribution sectorielle au PIB de l’Afrique de l’Ouest, 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Figure 2 : Les entrées d’IDE par pays en Afrique de l’Ouest, de 2004 à 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . 16Figure 3 : Investissements d’impact directs des IFD en Afrique de l’Ouest par année,

de 2005 à 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Figure 4 : Répartition des investisseurs d’impact selon leur présence locale et leur type,

Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Figure 5 : Montant des investissements directs totaux des IFD par pays,

de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23Figure 6 : Montant des investissements directs totaux des autres types

d’investisseurs que les IFD par pays, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24Figure 7 : Répartition sectorielle des investissements directs des IFD,

de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Figure 8 : Répartition sectorielle des investissements directs des autres types

d’investisseurs que les IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Figure 9 : Montant total des investissements directs des IFD en fonction

de l’importance de la transaction, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28Figure 10 : Montant des investissements directs totaux des autres types d' investisseurs

que les IFD en fonction de la taille de la transaction, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . 28Figure 11 : Montant total des investissements des IFD en fonction de l'instrument utilisé,

de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Figure 12 : Montant des investissements totaux des autres types d'investisseurs que les IFD

en fonction de l'instrument utilisé, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31Figure 13 : Comparaison entre les investissements directs totaux et les investissements indirects

des IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34Figure 14 : Comparaison entre les investissements directs totaux et les investissements indirects

des autres types d'investisseurs que les IFD, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . 34Figure 15 : Montant des investissements totaux provenant des autres types d’investisseurs d’impact

que les IFD et des investisseurs d’impact secondaires, de Janvier 2005 à Juillet 2015 . . . . . . . 42Tableau 1 : Indices de Développement Humain de l’Afrique de l’Ouest en 2013 . . . . . . . . . . . . . 43Figure 16 : Institutions de microfinance selon le nombre, les clients actifs et le portefeuille

de prêts bruts, 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46Figure 17 : Les acteurs de l’écosystème en Afrique de l’Ouest, Juillet 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

RÉSUMÉ ANALYTIQUEÀ PROPOS DU PRESENT RAPPORT

Ce rapport fournit des informations capitales sur le paysage de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest. Il comporte quatre chapitres. Le premier traite des différents constats et conclusions tirés des études menées, au niveau régional. Les trois autres présentent les résultats spécifiques du Nigéria, du Ghana et du Sénégal. Ces chapitres sont articulés autour de quatre sections :

1. « Aperçu » fournit un panorama du climat politique, économique et d’investissement de la région ou du pays.

2. « Offre » présente les enseignements relatifs au volume des capitaux d’investissement d’impact mobilisés et ventilés en fonction du secteur, des techniques utilisées et de l’ampleur des transactions. Les principaux obstacles et opportunités identifiés et soulignés par les investisseurs d’impact interrogés dans le cadre de cette étude y sont également décrits. Cette section expose par ailleurs, les différents indicateurs et méthodes en matière de mesure de l’impact et d’établissement de rapports.

3. « Demande » décrit les principales caractéristiques des bénéficiaires d’investissements d’impact tout en relevant leurs besoins et les obstacles perçus vis-à-vis de l’accès aux capitaux.

4. « Écosystème » décrit le cadre réglementaire de l’investissement d’impact et des principaux acteurs impliqués dans l’appui aux entreprises et aux investisseurs.

Outre les principaux pays que sont le Nigeria, le Ghana et le Sénégal, des informations sur quatre autres pays sont présentées dans le chapitre dédié à la région de l’Afrique de l’ouest (Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo et Bénin) sous forme de tableaux.

Le Marché de l’Investissement d’Impact en Afrique de l’Ouest est la troisième édition d’une étude de marchés régionaux publiée par le Global Impact Investing Network (GIIN). Cette étude vise à combler le manque de données disponibles sur l’investissement d’impact dans les économies émergentes. La première édition de ces rapports a traité de l’Asie du Sud, la deuxième, de l’Afrique de l’Est et la prochaine traitera de l’Afrique australe.

PRÉSENTATION DE LA RÉGION CIBLÉE

L’Afrique de l’Ouest compte 15 pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Nigéria, Niger, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Ces états forment la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Huit d’entre eux sont membres de l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)1 et partage ainsi une monnaie commune arrimé à l’Euro.

1 Les huit pays membres de l’UEMOA sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

Page 6: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

4 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 5

La stabilité politique varie en fonction du pays. Néanmoins, une forte amélioration a été notée dans la zone. Au cours de la dernière décennie, le Sénégal, le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Gambie et le Togo ont tous relativement joui d’une stabilité politique, entérinant ainsi tous accès de violence. Le Libéria, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire ont été récemment victimes d’une guerre civile. Par ailleurs, le Mali, le Niger, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Nigéria sont des pays constamment confrontés aux risques d’insécurité liés soit à la violence politique, soit au terrorisme.

L’Afrique de l’Ouest constitue la deuxième économie du continent avec une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de la région, estimée de 6% en 2014.2 Les pays tels que le Nigéria et le Ghana restent stables économiquement. Le Burkina Faso, le Niger, le Libéria et la Côte d’Ivoire devraient, selon les prévisions, occuper une place économique de plus en plus importante. D’ailleurs, la Côte d’Ivoire atteindra en 2016, le troisième rang dans le classement des pays à croissance économique rapide en Afrique.3

La facilité à faire des affaires en Afrique de l’Ouest reste à améliorer. Des lacunes considérables sont notées en matière d’approvisionnement en énergie et d’infrastructures. Cette situation porte entrave à la mobilité des biens et des services mais également à la productivité de la zone. Pour les investisseurs, le manque de ressources humaines rend difficile le recrutement de personnel local qualifié. Par ailleurs, les coûts élevés de la vie (notamment au Nigéria) empêche le maintien de leur présence dans ces pays. Néanmoins, la facilité à faire des affaires en Afrique de l’Ouest s’est quelque peu améliorée au cours des dernières années selon certains indicateurs clés de mesure.4

OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACT

Le secteur de l’investissement d’impact sort à peine de sa coquille en Afrique de l’Ouest, mais a un fort potentiel de croissance. On note 40 investisseurs d’impact actifs dans la région, dont 14 Institutions Financières de Développement (IFD)5. Ce rapport présente des informations relatives aux investissements d’impact directs réalisés par 11 IFD et 26 autres investisseurs de différents types, installés dans la région et ayant procédé à un investissement total de 6,8 milliards de dollars entre 2005 et mi- 2015 (voir figures I et II). Cette somme investie en Afrique de l’Ouest reste faible en comparaison à celle dont l’Afrique de l’Est a bénéficié. En effet, cette dernière est la seule autre région d’Afrique où l’investissement d’impact a pu être mesuré. Durant

2 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.

3 Statistiques, African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics.

4 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.doingbusiness.org/rankings.

5 En raison du caractère unique et de la grande taille des institutions financières de développement (IFD), les auteurs de ce rapport ont analysé leurs activités séparément de celles des autres types d’investisseurs d’impact, et présentent ces analyses distinctes le cas échéant.

la même période6, l’Afrique de l’Est a reçu, en termes d’investissements d’impact, un montant total estimé à 9,3 milliards de dollars. Pourtant, le PIB de cette région d’Afrique est deux fois plus petit que celui de l’Afrique de l’Ouest7. En outre, on estime à 97%, mobilisé par les IFD, du montant total des capitaux d’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest. Depuis 2005, ces investissements des IFD ont connu un taux de croissance annuel composé de 18%, passant ainsi de 190 millions de dollars en 2005 à 852 millions de dollars en 2014.

Plus de la moitié (54%) des capitaux d’investissement d’impact sont injectés au Nigéria et au Ghana. Le Nigéria, représente à lui seul 80% du PIB de la région, et a bénéficié de la plus grande part de capitaux d’investissement d’impact (29%). L’attrait majeur de ce pays pour les investisseurs réside en l’accès à un large marché, facilement exploitable et en forte croissance. Le Ghana capitalise presque autant d’ investissements d’impact (25%) que Le Nigéria bien qu’il ne représente que 5% du PIB de l’Afrique de l’Ouest. Cette situation est due aux politiques et règlements mis en place dans le pays, propices aux échanges commerciaux. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire ensemble, regroupent 21% des capitaux d’investissement d’impact mobilisés.

FIGURE i : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD PAR PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

*Certains projets des IFD ont été regroupés dans la catégorie «Région de l’Afrique de l'Ouest» et n’ont pas précisé le pays.Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés divisés par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Total 16,6Nigéria 20,2Ghana 27,8

Côte d’Ivoire 17,9Sénégal 10,1

Togo 16,1Guinée 31,8

Burkina Faso 7,5Niger 8,2

Mali 5,6Bénin 5,8

Libéria 6,0Sierra Leone 4,9

Cap-Vert 4,1Guinée-Bissau 1,1Non spécifiés* 37,9

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

6 5451 860

1 615879

535353

1911211151131119054

123

493

39492

5849

5322

616

142019

1511

33

13 n = 11 investisseurs

6 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html.

7 Ibid.

Page 7: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

6 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 7

FIGURE ii : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD PAR PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

n = 26 investisseurs

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Total 0,9Nigéria 0,9Ghana 0,9

Sénégal 0,8Côte d’Ivoire 1,1

Bénin 1,0Mali 0,8

Sierra Leone 1,1Burkina Faso 0,8

Togo 0,6Niger 1,0

Libéria 0,3

25289

8421

101012

777

32

22179

7516

111010

8543

0.6

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobil-isés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Trois transactions directes au Ghana dont le volume est inconnu, sont également incluses. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD

Les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des infrastructures et des services financiers ont attiré d’importants capitaux d’investissement d’impact. En effet, les IFD ont investi 65% des capitaux de leurs portefeuilles dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des infrastructures. Les autres types d’investisseurs ont massivement investi dans le secteur des services financiers, notamment dans les institutions de microfinance.

Les IFD et les autres types d’investisseurs injectent la majorité de leurs capitaux sous forme de prêts. Cette forme d’investissements représente 84% des capitaux des IFD et 60% de ceux des autres types d’investisseurs. Les IFD utilisent généralement des fonds propres et des garanties (respectivement à hauteur de 6% et 7% des capitaux mobilisés) et utilisent dans une moindre mesure les quasi-fonds propres (3% des capitaux mobilisés). Les autres types d’investisseurs ont plus recours aux fonds propres et aux quasi-fonds propres (respectivement à hauteur de 23% et 13% des capitaux mobilisés).

Les principaux obstacles perçus à l’investissement d’impact sont: une absence de volonté d’investissement de la part des entreprises, une instabilité macroéconomique et politique ainsi que des difficultés à lever des capitaux (pour les gestionnaires de fonds). En outre, la dénomination « investissement d’impact » suscite un fort scepticisme en Afrique de l’Ouest ; de nombreux investisseurs considérant ces termes comme étant une philanthropie d’un nouveau genre plutôt qu’un investissement à rentabilité financière.

Les principales opportunités d’investissement perçues résident dans les secteurs clés de l’énergie, de la technologie financière8 et de l’agriculture. Géographiquement, le Nigéria demeure un marché intéressant. Par ailleurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire attirent de plus en plus l’attention des investisseurs en raison respectivement, de la stabilité politique et d’une forte croissance. Certains investisseurs perçoivent également des opportunités au Ghana, alors que d’autres restent assez perplexes, du fait de l’actuelle instabilité économique. D’autres opportunités sont identifiées à travers le renforcement des liens entre les investisseurs locaux et étrangers et les entreprises en vue d’attirer le plus de fonds possibles et de privilégier le financement mixte (combinaison des fonds et des investissements subventionnés). Cette collaboration a pour but d’attirer des investissements privés.

La mesure de l’impact social reste un défi, du fait de l’hétérogénéité notée dans la région. Les IFD et les fondations fournissent des rapports généralistes. Concernant les autres investisseurs d’impact, leurs mesures sont plus spécifiques.

LA DEMANDE D’INVESTISSEMENT D’IMPACT

L’Afrique de l’Ouest est une région certes en pleine croissance, mais encore sous-développée. Selon l’Indice de Développement Humain (IDH), la plupart des pays de la région sont bien en deçà des moyennes mondiales et sont caractérisés par une pauvreté et des inégalités généralisées.

Les entreprises sociales, souvent de petite taille, et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont de grands besoins en financement. La plupart de ces entreprises ne sont pas assez informées sur les différentes options de financement existantes, répondent difficilement aux exigences des banques et des investisseurs, manquent de mécanismes opérationnels et de gouvernance performants et sont généralement confrontées à des coûts d’exploitation élevés, freinant ainsi la rentabilité.

L’ÉCOSYSTÈME

Bien que les barrières réglementaires ne constituent pas la plus grande préoccupation des investisseurs, certaines méritent toutefois d’être soulignées. Ces barrières réglementaires sont occasionnées par un niveau élevé d’incertitude politique, une réglementation inadaptée de la faillite et des restrictions en ce qui concerne les investissements institutionnels dans les fonds d’investissement privés.

L’écosystème des organisations d’appui aux entreprises et aux investisseurs est dynamique, mais encore reste sous-développé. Au cours des dernières années, cet écosystème a été marqué par une croissance et des investissements solides avec des incubateurs, des associations et des prestataires d’assistance technique. Il n’est cependant pas suffisamment développé pour répondre aux besoins de la région. Son expansion est entravée par une absence de sensibilisation des investisseurs et des entreprises, sur l’importance de la mise en place de mesures de soutien. Les

8 La technologie financière fait référence à des combinaisons innovantes de services financiers alliés à la technologie, tels que les paiements mobiles.

Page 8: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

8 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 9

investisseurs considèrent les systèmes de gestion d’entreprises peu développés, comme étant un réel frein à la mobilisation des capitaux. Il est alors essentiel d’augmenter le nombre d’incubateurs afin de soutenir la croissance du secteur de l’investissement d’impact.

1. INTRODUCTION, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

IntroductionL’investissement d’impact est une pratique qui connait de plus en plus de succès du fait des objectifs définis en vue de relever les principaux défis en matière de développement. Ces défis concernent le plus souvent le manque de possibilités d’investissements importants dans les marchés mal desservis.

L’Afrique de l’Ouest représente l’exemple typique d’une région où les défis empêchent l’exploitation correcte des opportunités. En effet, la région est confrontée à d’importants problèmes liés à la pauvreté, à la santé, à l’éducation et à la nutrition. Les taux de pauvreté de la population de la région sont trois fois plus élevés que la moyenne mondiale9, tandis que ceux de mortalité des enfants de moins de cinq ans restent deux fois plus élevés que la moyenne mondiale.10 Pourtant, l’Afrique de l’Ouest est la deuxième économie régionale du continent et affiche une forte croissance de son PIB (6% en 2014)11 après l’Afrique de l’Est et abrite le pays le plus peuplé et à la plus grande économie de tout le continent, le Nigéria.12 Par ailleurs, les domaines de l’énergie, de la production agricole et des infrastructures nécessitent un investissement de taille, doublé d’une innovation poussée.13

9 Une moyenne de 46% de la population dans tous les pays en Afrique de l’Ouest vit avec moins de 1,25 dollar / jour, par rapport à la moyenne mondiale de 15%. Dernières données disponibles utilisées pour chaque pays. “World Development Indicators” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators .

10 Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique de l’Ouest est de 93 décès pour 1000 naissances vivantes, par rapport à une moyenne mondiale de 46 décès. “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

11 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.

12 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

13 “Investing and Doing Business in West Africa: Key Drivers and Perspectives,” Ecobank (2012). Disponible sur : http://www.ecobank.com/upload/201310070945043375138jvpXfC2pg.pdf.

Du fait de la multitude d’opportunités y existant, l’Afrique de l’Ouest est une cible attrayante pour les investisseurs cherchant à créer un impact social et environnemental durable tout en générant une forte rentabilité financière. Néanmoins, il est difficile pour ces investisseurs de mobiliser des capitaux suffisants pour la région. Ces difficultés sont entre autres d’ordre structurel. Par exemple, l’on observe d’une part que les principaux besoins en infrastructures et en énergie entrainent une augmentation des coûts d’exploitation ; d’autre part, l’incertitude de l’environnement politique et les barrières réglementaires compliquent le processus d’investissement. Le manque d’informations est également un facteur déterminant. L’Afrique de l’Ouest n’est pas une zone aisément compréhensible. Les dynamiques culturelles, religieuses, économiques et politiques varient considérablement d’un pays à un autre mais également au sein d’un même pays. De plus, comme rappelé précédemment, il existe peu de données sur la situation actuelle et les potentialités ouvertes à l’investissement d’impact dans la région.

L’un des principaux buts de ce présent rapport est de remédier à ce manque d’informations. En ce sens, il fournit des données très utiles relatives à l’implémentation des investissements d’impact dans la région Ouest Africaine en ciblant des secteurs en particulier et en présentant les différents instruments utilisés dans le déploiement d’une telle pratique d’investissement. Par ailleurs, ce rapport expose les défis auxquels sont confrontés les investisseurs d’impact actifs dans la région ainsi que les opportunités qui leur sont offertes. Il présente également les principales caractéristiques et les perspectives des entreprises bénéficiaires d’investissement tout en identifiant les différents acteurs engagés à l’appui effectif à ce type d’investissement.

DéfinitionsOFFRE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Le GIIN définit les investissements d’impact comme « ceux destinés aux entreprises ou aux organisations visant à créer un impact social et environnemental, tout en générant une rentabilité financière”.14 Les investisseurs d’impact présentent trois caractéristiques :

1. prévision d’une rentabilité financière positive sur la durée de vie de l’investissement ;

2. intention de créer un impact social et environnemental positif ;

3. engagement à mesurer et à suivre l’impact social et / ou environnemental.

Les investissements d’impact sont réalisés dans un grand nombre de secteurs et à l’aide de divers instruments. Plusieurs types d’investisseurs sont actifs dans le secteur de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest, notamment les IFD15, les fondations, les entreprises familiales, les banques, les investisseurs institutionnels et les gestionnaires de fonds.

14 Le site web du Global Impact Investing Network, www.thegiin.org.15 Les IFD sont définies comme des institutions financières soutenues par le gouvernement, et qui

accordent un financement au secteur privé (et dans certains cas au secteur public) en vue de réaliser des investissements favorisant le développement.

Les investissements d’impact sont destinés aux entreprises ou aux organisations visant à créer un impact social et environnemental, tout en générant une rentabilité financière.

LE GLOBAL IMPACT INVESTING NETWORK, WWW.THEGIIN.ORG

Page 9: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

10 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 11

À PROPOS DES PORTEFEUILLES DES IFD

La définition utilisée dans cette étude de l’investissement d’impact repose sur l’intention des investisseurs de générer des retombées positives pour les bénéficiaires. Les auteurs savent cependant, que cette intention peut se traduire par différentes stratégies d’investissement. Du fait du caractère unique et de la taille des IFD, les auteurs de ce rapport analysent leurs activités indépendamment de celles des autres types d’investisseurs d’impact et font ainsi les analyses adaptées. (Ce rapport mettant l’accent sur le développement du secteur privé, les fonds accordés directement aux gouvernements ne sont pas pris en compte dans l’analyse.)

Une segmentation des portefeuilles des IFD en “investissements d’impact” et en “autres investissements” aurait pu être intéressante. Elle n’a malheureusement pas pu être adoptée pour cette étude. La perception du portefeuille d’investissement des IFD a beaucoup évolué. D’aucuns considèrent tous leurs investissements comme étant à fort impact, d’autres segmentent leurs activités en plusieurs catégories. Toutefois, la majorité de ces IFD ne communique pas publiquement sur le caractère à fort impact ou non de leurs investissements. Vu la diversité des opportunités de création d’impacts sociaux et / ou environnementaux, il a été jugé inapproprié pour cette étude de procéder à la segmentation des portefeuilles. En revanche, l’analyse en elle-même est structurée de manière à permettre aux différents lecteurs du rapport d’interpréter les données dans leur contexte.

Les investisseurs d’impact investissent à la fois directement dans des entreprises et des projets et, indirectement par le biais d’intermédiaires financiers (par exemple, les gestionnaires de fonds). En effet, une proportion inconnue des investissements indirects agit comme une source d’investissement direct et les données les concernant sont insuffisantes. Les intégrer pourrait résulter en un double emploi. Le rapport présent met l’accent sur les investissements directs. Cependant, ces investissements indirects sont traités de façon détaillée dans la section 2 du présent chapitre.

Seuls les capitaux mobilisés ont été pris en compte dans cette étude. Les fonds engagés mais non encore mobilisés ont été retirés de l’analyse. Toutes les références à « capitaux mobilisés » et « capitaux d’impact » renvoient à l’investissement d’impact, sauf indication contraire. Les données disponibles correspondent à la période 2005 à mi- 2015 ; toutes les références à « capitaux mobilisés à ce jour » renvoient à cette période.

DEMANDE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Les investisseurs d’impact touchent les grandes comme les petites entreprises. Les IFD ont tendance à favoriser les grandes entreprises en raison de leur capacité à mobiliser et utiliser des capitaux importants. Cette section traite de la demande de deux catégories d’entreprises : les entreprises sociales d’une part, et d’autre part, des PME16 qui représentent 90% du tissu économique de la région.

Dans le présent rapport, les entreprises sociales sont définies comme celles qui :

• expriment un objectif fondamental de créer un impact social ou environnemental positif, et

• cherchent à atteindre la viabilité et la pérennité financière.

16 Les entreprises sociales en Afrique de l’Ouest sont presque exclusivement des PME.

La définition précise d’une PME varie selon les pays. De manière générale, sont dénommées PME, les entreprises qui comptent moins de 250 employés.17 Les dirigeants de PME interviewées pour les besoins de cette étude ne précisent ni le revenu, ni le nombre d’employés de leurs entreprises au cours des discussions. Il est nécessaire de souligner que de nombreuses entreprises sociales sont des PME.

Les entreprises sociales et les PME sont les potentiels bénéficiaires d’investissement d’impact en raison de leur rôle primordial dans la création d’emplois et la fourniture de biens et services aux populations mal desservies. Cependant, elles font face à d’importants obstacles pour accéder aux capitaux et pour générer de la croissance. L’expérience de ces entreprises révèle donc les principaux obstacles à l’accès aux capitaux d’impact ainsi qu’à leur mobilisation.

ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME

Les acteurs de l’écosystème de l’investissement d’impact soutiennent activement les investisseurs ou les entreprises. Il s’agit notamment des types d’organisations suivantes :

• Incubateurs /accélérateurs 18

• Prestataires d’assistance technique (y compris les prestataires de services en conseil)

• Services de notation de crédits

• Réseaux et associations d’industries

• Institutions de recherche

• Concours de plans d’affaires

MéthodologieDes informations ont pu être collectées durant cette mission grâce à plus de 50 entretiens physiques et téléphoniques avec des investisseurs d’impact, des acteurs de l’écosystème, des entrepreneurs et des dirigeants d’entreprises en Afrique de l’Ouest. Les entretiens physiques ont eu lieu dans les principaux pays cibles que sont: le Nigéria, le Ghana et le Sénégal, tandis que les entretiens téléphoniques ont été réalisés avec des parties prenantes localisées en dehors de cette région ou actifs dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.19 La liste des personnes interrogées figure en annexe.

17 “Micro, Small, and Medium Enterprises around the World: How Many Are There, and What Affects the Count?” International Finance Corporation (2010). Disponible sur : http://www.ifc.org/wps/wcm/connect/9ae1dd80495860d6a482b519583b6d16/MSME-CI-AnalysisNote.pdf?MOD=AJPERES.

18 Les incubateurs permettent aux PME de s’installer et de se développer grâce à une combinaison de services d’appui aux entreprises (par exemple : le mentorat, le coaching et la formation en gestion comptable), au financement et à la mise à disposition d’un espace physique et / ou de machines. Les incubateurs soutiennent les PME en phase de démarrage et celles en phase de croissance.

19 Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, Bénin, Burkina Faso, Cap - Vert, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger et Togo.

Page 10: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

12 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 13

Afin de compléter les renseignements tirés des entretiens, une recherche documentaire a été menée sur les portefeuilles d’investissement d’impact et les dynamiques d’investissement en vigueur dans cette région. Cette recherche s’est faite à travers l’exploitation d’études universitaires, de bases de données ouvertes au public, d’anciens projets de Dalberg, de rapports des IFD et des investisseurs, de rapports gouvernementaux ainsi que de sites web et de supports publicitaires des entreprises. Les données présentées exposent généralement les transactions effectuées par 13 IFD et 27 autres investisseurs d’impact.

2. VUE D’ENSEMBLE AU NIVEAU RÉGIONALBref contexte historique et politique

LES PAYS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST

MALI

NIGER

NIGÉRIA

BÉNINTOGO

GHANACÔTE D’IVOIRELIBÉRIA

SIERRA LEONE

GUINÉE

GUINÉE-BISSAU

GAMBIE

SÉNÉGALBURKINA FASO

Pays membres de l’UEMOAPays hors zone UEMOA

CAP-VERT

L’Afrique de l’Ouest compte 15 pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Nigéria, Niger, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Ces états forment la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui facilite la libre circulation des biens et des personnes et ainsi, la coopération économique entre ses États membres. Parmi eux, huit États

sont membres de l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)20 et partage ainsi une monnaie commune, le Franc CFA (FCFA) arrimé à l’Euro. La langue officielle des pays membres de l’UEMOA, qui est le Français, permet de les distinguer des autres pays frontaliers anglophones.21

L’Afrique de l’Ouest regroupe des pays aux dynamiques linguistiques, religieuses et culturelles, etc. très variées. Au-delà même de ces divergences, les risques d’instabilité politique diffèrent considérablement entre les pays et même parfois, au sein du même pays. Au cours de la dernière décennie, le Sénégal, le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Gambie et le Togo ont tous relativement joui d’une stabilité politique, entérinant ainsi tous accès de violence. Le Libéria, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire ont été récemment victimes d’une guerre civile. Par ailleurs, le Mali, le Niger, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Nigéria sont des pays constamment confrontés aux risques d’insécurité liés soit à la violence politique, soit au terrorisme.

L’Afrique de l’Ouest fait face à d’importants défis en matière de développement et de croissance économique. Les crises récentes survenues sur bien des plans ne lui ont pas permis de les surmonter. En 2014, cette région d’Afrique a subi la plus grande épidémie d’Ébola de l’histoire de l’humanité. La Guinée, la Sierra Leone et le Libéria ont été particulièrement touchés. Près de 28 000 cas d’Ébola ont été noté faisant plus de 11 000 morts.22 Cette épidémie a eu, en plus des pertes en vies humaines, des effets dévastateurs sur les systèmes de santé et de gouvernance déjà fragiles de ces pays affectés. Elle a également catalysé d’importants investissements dans la région Ouest Africaine. En guise d’exemple, une collaboration entre NetHope (un consortium d’organisations humanitaires internationales) et Facebook a permis de mettre sur pied des infrastructures permettant l’accès à une connexion internet convenable dans le but d’aider les intervenants dans les zones touchées par le virus Ébola en Sierra Leone, au Libéria et en Guinée. Ce genre d’événements met en lumière le manque de réactivité des autorités de la région. L’épidémie a permet aussi bien à ces derniers qu’aux investisseurs, de réfléchir à des solutions efficaces et durables en vue d’éviter la récurrence de pareils évènements. C’est dans ce cadre que bon nombre d’infrastructures sanitaires ont été ou sont en cours de construction et d’implémentation, avec à leur disposition des dispositifs technologiques plus solides et plus résistants. 

Structure et Performances ÉconomiquesLe Nigéria domine l’économie de l’Afrique de l’Ouest, représentant près de 80% du PIB de la région. Sur les 20% restants, le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent respectivement 5,4% et 4,8% du PIB régional suivi du Sénégal avec 2,2% et de la Gambie avec 0,11%. 23

20 Les huit pays membres de l’UEMOA sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

21 Sauf pour le Cap-Vert qui parle portugais.22 “2014 Ebola outbreak in West Africa : Case counts,” Centre pour le contrôle et la prévention des

maladies (2015). Disponible sur : http://www.cdc.gov/vhf/ebola/outbreaks/2014-west-africa/case-counts.html.

23 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

Page 11: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

14 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 15

L’économie régionale repose sur le secteur des services qui compte pour près de 60% du PIB (Figure 1). L’agriculture occupe une place très importante dans les économies de nombreux pays, notamment en Sierra Leone, au Mali, au Togo et en Guinée-Bissau. Ce secteur est le plus grand pourvoyeur d’emplois.24 Compte tenu de la forte dépendance de la région aux importations de produits alimentaires, notamment de riz, il est urgent d’améliorer la croissance et la productivité de ce secteur.25 Outre le secteur des services et de l’agriculture, les industries minières et extractives continuent à jouer un rôle important dans les pays tels que le Nigéria, le Ghana et la Guinée. En effet, l’exploitation minière représente 26% du PIB de la Guinée et 95% de ses recettes d’exportations. 26 

FIGURE 1: CONTRIBUTION SECTORIELLE AU PIB DE L’AFRIQUE DE L’OUEST, 2014 *

RégionNigéria

Ghana

Côte d’Ivo

ire

Sénégal

Burkina F

aso MaliBénin

Niger

Guinée

Sierra L

eoneTogo

Libéria

Cap-Vert

Guinée-Bissa

u

Gambie

720 569 39 34 16 13 12 9 8 7 5 5 2 2 1 1PIB en milliards de dollars

Industrie

Agriculture

Services 57% 59% 50% 57% 59% 52%35%

50% 44% 42%32% 41% 49%

76%43%

64%

22% 20%21%

22% 17% 22%42%

36%37%

20%62% 42% 36%

8%44%

22%

21%21% 30% 21% 24% 26% 23% 14% 6% 14%14%16%16%17%38%

20%

* Les données de l’année 2014 ne sont pas toujours disponibles : les chiffres de la Gambie datent de 2013, et ceux du Mali de 2012. Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque Mondiale (2015)

L’Afrique de l’Ouest constitue la deuxième économie du continent et affiche une forte croissance. La zone a enregistré une croissance annuelle moyenne de son PIB de 6,4 % entre 2006 et 2010 et de 5,5% entre 2011 et 2014 (6% en 2014, malgré les conséquences de l’épidémie d’Ébola).27 Les pays tels que le Nigéria et le Ghana restent stables économiquement. Le Burkina Faso, le Niger, le Libéria et la Côte d’Ivoire devraient, selon les prévisions, occuper une place économique de plus en plus importante. D’ailleurs, la Côte d’Ivoire atteindra en 2016, le troisième rang dans le

24 “Regional Agricultural Policy for West Africa,” CEDEAO (2008). Disponible sur : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/01_ANG-ComCEDEAO.pdf.

25 “Investing and Doing Business in West Africa: Key Drivers and Perspectives,” Ecobank (2012). Disponible sur : http://www.ecobank.com/upload/201310070945043375138jvpXfC2pg.pdf.

26 “Guinea : Trade Policy Review,” OMC (2012). Disponible sur : http://www.wto.org/english/tratop_e/tpr_e/s251_sum_e.pdf.

27 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.

classement des pays à croissance économique rapide en Afrique.28 Les principaux moteurs de la croissance sont : l’agriculture (Nigéria, Côte d’Ivoire et Sierra Leone), la production pétrolière (Ghana), les services (Nigéria et Côte d’Ivoire) et les exportations de minerais (Sierra Leone). Le pétrole a été un facteur essentiel de croissance au cours des dernières décennies au Nigéria. Actuellement, ce secteur est en déclin en raison du vol de gazoduc, de l’incertitude politique et des faibles niveaux d’investissements.29 

Il convient de noter qu’une part importante de l’économie de l’Afrique de l’Ouest repose sur le secteur informel.30 Bien qu’il soit difficile d’obtenir des données relatives à ce secteur, tout porte à croire que les entreprises informelles (grandes comme petites) sont au moins aussi nombreuses que les entreprises formelles et constituent une part importante de la productivité et de l’emploi dans la région.31 Au Sénégal, par exemple, on estime que le secteur informel contribue à environ 40% du PIB du pays.32

Climat des Investissements et Moteurs des Investissements Directs ÉtrangersL’Afrique de l’Ouest représente une part importante des Investissements Directs Étrangers (IDE) en Afrique subsaharienne et y a attiré en moyenne 35% des flux d’IDE entre 2004 et 2013.33 Le Nigéria regroupe environ la moitié de ces flux et est actuellement le troisième pays bénéficiaire d’IDE en Afrique subsaharienne (derrière l’Afrique du Sud et l’île Maurice).34 

Alors que les IDE avaient été multiplié six fois entre 2004 et 2011,35 passant de 3 milliards de dollars à 19 milliards de dollars, ils ont entre 2011 et 2013 diminué de 37%, passant de 19 milliards de dollars à 12 milliards de dollars (Figure 2). Ce déclin résulte en grande partie de la baisse des entrées d’IDE au Nigéria, même si les IDE dans presque tous les pays de la région ont également enregistré une baisse entre 2011 et 2013 (à l’exception du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Ghana).36 

28 Statistiques, African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics.

29 “African Economic Outlook 2014: Global Value Chains and Africa’s Industrialization,” African Economic Outlook (2014). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/E-Book_African_Economic_Outlook_2014.pdf.

30 L’économie informelle est constituée d’entreprises et d’activités économiques qui ne sont pas réglementées et qui échappent à l’impôt.

31 “The Informal Sector in Francophone Africa: Firm size, productivity and institutions,” Banque mondiale (2012). Disponible sur : https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/9364/699350PUB0Publ067869B09780821395370.pdf?sequence=1.

32 “Skills for Employability: The Informal Economy,” Dalberg and Results for Development (2012). Disponible sur : http://www.resultsfordevelopment.org/sites/resultsfordevelopment.org/files/resources/Skills%20for%20Employability%20in%20the%20Informal%20Economy.pdf.

33 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

34 Ibid. Dernières données à partir de 2013.35 La baisse en 2009 et 2010 peut vraisemblablement être attribuée aux répercussions de la crise

économique de 2008.36 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.

org/data-catalog/world-development-indicators.

Page 12: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

16 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 17

FIGURE 2: LES ENTRÉES D’IDE PAR PAYS EN AFRIQUE DE L’OUEST, DE 2004 À 2013

Reste de la région*SénégalMaliBéninCôte d’IvoireBurkina FasoNigerLibériaGhanaNigéria2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

3

6 7

10

14 14

12

19

15

12

* Comprend la Guinée-Bissau, la Gambie, le Cap-Vert, le Togo, la Guinée, et la Sierra Leone Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque Mondiale (2015)

La baisse des entrées d’IDE est entre autres liée à celle de la productivité et des investissements dans le secteur pétrolier au Nigéria,37 à la chute des prix des produits de base et aux conflits régionaux.38 Le lancement de la production de pétrole au Ghana et en Côte d’Ivoire, ainsi que le maintien de la stabilité politique et de la sécurité au Bénin et au Burkina Faso contribuent à accroître leur capacité à attirer des IDE dans un contexte de déclin régional.39

Taux d’Intérêt et InflationLes pays de l’UEMOA ont une monnaie (le Franc CFA Ouest Africain) arrimée à l’Euro et une banque centrale (la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, BCEAO) communes. Ces pays opèrent donc dans un environnement macro-économique nettement différent de celui des autres pays de la région. En guise d’exemple, on note que les pays de l’UEMOA font face à des taux d’inflation et d’intérêt inférieurs à ceux des pays hors zone UEMOA.40

37 “OECD Investment Policy Reviews : Nigéria 2015,” Organisation de coopération et de développement économiques (2015). Disponible sur : http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/finance-and-investment/oecd-investment-policy-reviews-Nigéria-2015_9789264208407-en#page1.

38 “World Investment Report 2015,” Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) (2015). Disponible sur : http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/wir2015_en.pdf.

39 Selon le rapport de la CNUCED : “Les investissements directs étrangers en Afrique conservent une dynamique soutenue par les flux intra-africains” Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (2014). Disponible sur : http://unctad.org/en/pages/PressRelease.aspx?OriginalVersionID=189.

40 Pour plus de précisions sur la relation entre les taux de change fixes, l’inflation et les taux d’intérêt, veuillez consulter le document ci-après : “Does the Exchange Rate Matter for Inflation and Growth ?” Fonds monétaire International (1997). Disponible sur : http://www.imf.org/external/pubs/ft/issues2/.

Le taux d’inflation moyen entre 2009 et 2014 était d’environ 1% pour les pays de l’UEMOA et de 9% pour les pays hors zone UEMOA. Les écarts sont faibles entre les pays de l’UEMOA mais les taux d’inflation des pays hors de cette zone varient considérablement. Par exemple, entre 2009 et 2014, le Cap-Vert a eu un taux d’inflation de 1,9% contre 13% pour la Guinée. Les taux d’intérêt présentent une situation similaire.41 Le taux interbancaire moyen de l’UEMOA sur la période 2009-2014 était d’environ 4%,42 contre 18% pour les pays hors zone UEMOA.43

Malgré le caractère hétérogène des différents pays de cette zone UEMOA, on y note un climat macroéconomique plus stable accompagné néanmoins d’une croissance économique plus faible. En effet, la croissance moyenne du PIB dans les pays de l’UEMOA, entre 2010 et 2014, est passée de 1,9% à 5% ; celle des pays hors zone UEMOA était comprise entre 1,2% et 9,4%.44

Facilité à Faire des AffairesL’Afrique de l’Ouest est une région où il n’est pas aisé de faire des affaires. Des lacunes considérables sont notées en matière d’approvisionnement en énergie et d’infrastructures. Cette situation porte entrave à la mobilité des biens et des services mais également à la productivité de la zone. Pour les investisseurs, le manque de ressources humaines rend difficile le recrutement de personnel local qualifié. Par ailleurs, les coûts élevés de la vie (notamment au Nigéria) empêche le maintien de leur présence dans ces pays.

D’après le rapport Doing Business de la Banque Mondiale, qui classe 189 pays en fonction d’indicateurs liés à la facilité à faire des affaires, la région Ouest Africaine occupe la 152ème place. Alors que le Ghana est classé parmi les 100 premiers pays (70ème), le classement du reste de la région reste entre la 122ème (Cap-Vert) et la 179ème place (Guinée-Bissau).45 Ces résultats découlent principalement des difficultés liées au paiement des impôts (taux d’impositions élevés et charges administratives y afférent lourdes), à l’accès à l’électricité, à la durée d’obtention de permis de construction et à la durée d’enregistrement de propriété. Les personnes interrogées dans ce cadre ont également fait état des niveaux élevés d’incertitude politique, ne permettant pas de définir clairement et facilement les réglementations devant s’appliquer aux investisseurs.

Les tendances sont toutefois portées à l’amélioration. En effet, entre 2013 et 2014, huit pays de la région ont enregistré des progrès sur les indicateurs relatifs à la facilité

41 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

42 “West African Economic and Monetary Union: Staff report on common policies for member countries,” Fonds monétaire international (2014). Disponible sur : https://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2014/cr1484.pdf.

43 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

44 Ibid.45 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://

www.doingbusiness.org/rankings.

Page 13: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

18 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 19

à faire des affaires, 46 quatre d’entre eux ayant amélioré leurs classements et ayant gagnés près dix places. 47 Quatre des cinq premiers pays d’Afrique subsaharienne ayant enregistré les progrès les plus importants sont localisés en Afrique de l’Ouest (le Mozambique étant le cinquième pays).48

Des initiatives telles que la mise en place de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) jouent en faveur de l’amélioration des systèmes de réglementation de la région. En effet, l’OHADA vise à améliorer l’environnement réglementaire pour les investisseurs en Afrique Occidentale et Centrale49 et comprend neuf États d’Afrique de l’Ouest.50 D’importants investissements ont été effectués par les IFD en vue de combler les lacunes en matière d’approvisionnement en énergie et d’infrastructures dans la région.

3. OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Estimation des Capitaux d’Impact MobilisésÉTAT DES LIEUX ET CROISSANCE

Il existe 46 investisseurs d’impact en Afrique de l’Ouest, dont 14 IFD et 32 autres investisseurs d’impact de types différents. Les recherches menées ont permis d’obtenir des informations relatives aux investissements d’impact directs effectués par 11 IFD et 26 autres investisseurs d’impact. Ces investissements ont été d’environ 6,8 milliards de dollars dans la région entre 2005 et 2015. On estime à 97% le pourcentage, déployé par les IFD, du montant total des capitaux d’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest, indiquant un manque de participation du secteur privé. Pour l’Afrique de l’Est, la seule autre région d’Afrique disposant de données sur la question, l’ensemble du marché de l’investissement d’impact est négligeable. Durant la même période,51 l’Afrique de l’Est a reçu, en termes d’investissements d’impact, un montant total estimé à 9,3 milliards de dollars. Pourtant, le PIB de cette région d’Afrique est deux

46 Gambie, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Sénégal, Guinée et Nigéria.47 Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Sénégal.48 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale 2015). Disponible sur : http://

www.doingbusiness.org/rankings.49 OHADA (2015). Disponible sur : http://ohada.org.50 Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.51 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible

sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html.

fois plus petit que celui de l’Afrique de l’Ouest52. Les raisons justifiant la petite taille de ce marché seront examinées plus en détails dans les chapitres suivants, mais elles traduisent déjà un environnement immature et moins propice aux investissements.

Les investissements d’impact effectués à la fois par les IFD et les autres investisseurs d’impact dans la région, ont néanmoins augmenté. Avant 2014, les investissements directs des IFD enregistraient une tendance à la hausse (Figure 3). Les capitaux mobilisés ont connu une forte croissance annuelle de 18%, passant de 190 millions de dollars en 2005 à 852 millions de dollars en 2014 (bien qu’ayant baissé en 2013).

FIGURE 3: INVESTISSEMENTS D’IMPACT DIRECTS DES IFD EN AFRIQUE DE L’OUEST PAR ANNÉE, DE 2005 À 2014

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

21,1 10,9 12,8 14,8 18,7 24,0 14,6 16,9 16,0 15,8

5550454035302520151050

900800700600500400300200100

0

190

316

435385

748816

670

894800

852

VALEUR MOYENNE DES TRANSACTIONS

(EN MILLIONS DE DOLLARS)

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS)

NOMBRE DE TRANSACTIONSn = 11 investisseurs

Total des capitauxNombre de transactions

Remarque: Des investissements inconnus (408,6 millions de dollars ) ainsi que les investissements correspondant à la période Janvier-Juillet 2015 (20,5 millions de dollars ) ne sont pas inclus. Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés, divisés par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Les données des portefeuilles des IFD ; analyses de Dalberg

Les données disponibles sur les investissements effectués annuellement par les autres types d’investisseurs sont cependant limitées. Néanmoins, celles des années précédentes disponibles indiquent une croissance générale de 0,2 millions de dollars mobilisés en 2008 à 17 millions dollars mobilisés en 2013,53 ce qui permet de noter une concordance avec les informations recueillies des personnes interrogées. Les cinq dernières années ont été marquées par une recrudescence de gestionnaires de fonds dans la région Ouest Africaine, notamment au Nigéria. Sahel Capital Partners et Doreo Partners sont deux exemples illustrant cette émergence. Alitheia Capital été jusqu’en 2010, la seule entreprise active en Afrique de l’Ouest.

52 “The impact investing landscape in East Africa,” Global Impact Investing Network (2015). Disponible sur : http://www.thegiin.org/cgi-bin/iowa/resources/research/698.html.

53 Les données annuelles pour 2014 et 2015 sont très limitées. Bien que les estimations indiquent une baisse des capitaux mobilisés de 18 millions de dollars à 13 millions de dollars en 2014, les personnes interrogées déclarent que cela ne reflète nullement la réalité et que les investissements d’impact effectués par les autres types d’investisseurs ont augmenté au cours des deux dernières années.

Page 14: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

20 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 21

Une autre tendance notée est l’apparition de plus en plus fréquente de fondations en tant que pourvoyeurs de capitaux d’impact. Les entrevues ont permis de souligner d’une part, la forte croissance de ces investissements en Afrique de l’Ouest ; d’autre part, le rôle démonstratif de ces fondations, mettant en exergue les possibilités d’investissement dans les marchés jugés à haut risque par les investisseurs traditionnels. De nombreuses fondations sont présentes dans les pays aux économies fragiles et, au-delà de la fourniture de subventions, cherchent à apporter des solutions aux problèmes locaux. Les fondations intègrent de plus en plus dans leurs mécanismes de fonctionnement et leurs outils d’aide au développement, la dynamique de l’investissement d’impact. Elles visent la réduction des risques sur les marchés, perçus par les autres investisseurs comme dangereux ou non viables. L’objectif de la Fondation Lundin par exemple est d’atteindre les marchés les plus mal desservis. Dans ce cadre, cette fondation a orienté ses investissements vers des pays tels que le Niger et le Burkina Faso. Cordaid est également une fondation qui a pour mission de lutter contre la pauvreté dans les pays sortant d’un conflit politique ou civil, ou d’une épidémie. Ainsi, cette fondation a investi en Sierra Leone et compte également investir au Libéria et en Guinée. Au-delà de ces fondations, il existe d’autres acteurs également engagés à l’aide à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. Broad Cove est un investisseur d’impact au Libéria et au Ghana. Le but de cette organisation est de construire des logements et des infrastructures connexes, conformément à sa mission de pénétration des marchés les moins stables.

PRÉSENCE LOCALE ET SOURCES DE FINANCEMENT

En termes de présence locale, les investisseurs d’impact se retrouvent au Sénégal (10 bureaux), au Nigéria (huit bureaux) et au Ghana (sept bureaux ; Figure 4). La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)54 et la Banque Africaine de développement (BAD) sont les plus grands investisseurs régionaux. La plupart de leurs bureaux sont implantés en Afrique de l’Ouest (respectivement sept et 12 bureaux nationaux) mais ont plutôt leur siège social au Togo (BOAD) et en Côte d’Ivoire (BAD). Vingt-six investisseurs, dont neuf IFD, ne disposent pas d’une présence physique permanente dans la région.

54 Banque Ouest Africaine de Développement.

FIGURE 4: RÉPARTITION DES INVESTISSEURS D’IMPACT SELON LEUR PRÉSENCE LOCALE ET LEUR TYPE, JUILLET 2015

Répartition des investiseurs d’impact par pays

Types d’investisseurs d’impact

Avec présence permanente

Sans présence permanente Total

IFD 5 9 14Autres types d’investisseurs 15 17 32• Gestionnairs de fonds 24• Fondations 6• Investisseurs institutionnels 1

46 Investisseurs d’impact

20Avec présence

permanente

26Sans présence permanente

Mali2 0

Nigéria3 5

Ghana4 5

Bénin2 0

Togo2 0

Guinée2 0

Sierra Leone2 0

Libéria2 0

Guinée Bissau2 0

Côte d’Ivoire4 0

Sénégal5 5

Burkina Faso2 0

Niger1 0

# Nombre de IFD sont présent dans le pays

# Nombre d'Investisseurs autres types d'investisseur sont présent dans le pays

Remarque : Le nombre de pays n’est pas égal au total indiqué, certains investisseurs étant présents dans plusieurs pays. Source: Analyses de Dalberg

La majorité des investisseurs étant des IFD, les gouvernements étrangers constituent donc la principale source de mobilisation de capitaux d’impact. Pour les IFD, la majorité des capitaux directs mobilisés proviennent des acteurs régionaux et internationaux. La Société Financière Internationale (SFI), la BOAD et la BAD ont mobilisé ensemble 4,8 milliards de dollars, représentant 74% de l’investissement des IFD en Afrique de l’Ouest. Les fondations qui reposent sur des capitaux provenant des personnes à valeur nette élevée et des entreprises, ont généralement leur siège social en dehors de la région Ouest Africaine. Les gestionnaires de fonds (qui représentent la majorité des autres types d’investisseurs) basés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la région, disposent de capitaux provenant principalement des investisseurs issus des marchés développés. Comme examiné plus loin de manière plus approfondie, les gestionnaires de fonds basés dans des pays d’Afrique de l’Ouest, déclarent avoir de grandes difficultés à accéder aux capitaux locaux et dépendent plutôt des IFD, des fondations et d’autres acteurs régionaux qui représentent ainsi leurs principales sources de financement.

Page 15: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

22 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 23

RÉPARTITION PAR PAYS

En Afrique de l’Ouest, l’investissement d’impact se concentre principalement au Nigéria et au Ghana qui ensemble représentent plus de 50% des capitaux mobilisés dans la région. Les IFD et les autres investisseurs mobilisent la majeure partie de leurs capitaux au Nigéria (voir figures 5 et 6). En ce qui concerne la part des investissements des IFD et des autres types d’investisseurs dans le PIB, le Ghana est de loin la principale destination pour les investissements d’impact.

Sur les 6,5 milliards de dollars de capitaux mobilisés par les IFD, 1,9 milliards de dollars (28% de l’ensemble des capitaux mobilisés) ont été injectés au Nigéria grâce à 92 investissements directs. Le Ghana a pour sa part reçu 1,6 milliards de dollars (25% de l’ensemble des capitaux mobilisés) à travers 58 investissements directs. Alors que le Nigéria occupe le premier rang en termes d’investissements d’impact, le Ghana à la vue de son PIB, est quand même le principal bénéficiaire. Les investissements d’impact mobilisés en 2014 représentent 0,07% du PIB du Nigéria et 0,27% de celui du Ghana. Cette situation est probablement due au positionnement politiquement stable et favorable aux investisseurs du Ghana.

La Côte d’Ivoire et le Sénégal, deux puissances francophones, sont également d’importants bénéficiaires et capitalise ensemble 22% des investissements d’impact mobilisés par les IFD. Cette situation reflète la taille et le niveau de sophistication des économies de ces pays par rapport au reste de l’Afrique de l’Ouest. Pour le Sénégal, son positionnement géographique comme point d’entrée aérien et maritime pour l’Afrique occidentale francophone lui confère sa particularité.

FIGURE 5 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD PAR PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

*Certains projets des IFD ont été regroupés dans la catégorie «Région de l’Afrique de l'Ouest» et n’ont pas précisé le pays.Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale aux capitaux mobilisés affichés divisés par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche, sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Total 16,6Nigéria 20,2Ghana 27,8

Côte d’Ivoire 17,9Sénégal 10,1

Togo 16,1Guinée 31,8

Burkina Faso 7,5Niger 8,2

Mali 5,6Bénin 5,8

Libéria 6,0Sierra Leone 4,9

Cap-Vert 4,1Guinée-Bissau 1,1Non spécifiés* 37,9

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

6 5451 860

1 615879

535353

1911211151131119054

123

493

39492

5849

5322

616

142019

1511

33

13 n = 11 investisseurs

Les investissements d’impact directs mobilisés par autres types d’investisseurs que les IFD constituent beaucoup moins capitaux que ceux des IFD. Ils représentent 3% des capitaux d’impact mobilisés. Il est intéressant de noter que l’attraction de ce type de capitaux, est plus portée vers le Ghana et le Nigéria, recevant à eux deux près de 80 millions de dollars. Les causes de cet état de fait sont traitées de manière exhaustive dans les chapitres consacrés aux pays. Néanmoins, on note qu’elles tiennent aux coûts nettement plus faibles des transactions commerciales ainsi qu’au climat politique plus stable du Ghana.

Page 16: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

24 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 25

FIGURE 6: MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD PAR PAYS, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Total 0,9Nigéria 0,9Ghana 0,9

Sénégal 0,8Côte d’Ivoire 1,1

Bénin 1,0Mali 0,8

Sierra Leone 1,1Burkina Faso 0,8

Togo 0,6Niger 1,0

Libéria 0,3 n = 26 investisseurs

25289

8421

101012

777

32

22179

7516

111010

8543

0.6

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobil-isés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Trois transactions directes au Ghana dont le volume est inconnu, sont également incluses. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD

SECTEUR

Les investissements des IFD impulsent la croissance de secteurs à forte attractivité de capitaux tels que les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des infrastructures. Les autres types d’investisseurs concentrent leurs capitaux sur les secteurs exigeant relativement moins de capitaux tels que les services financiers et l’agriculture.

Les IFD investissent principalement dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des infrastructures, qui ne bénéficient pas de nombreux investissements en Afrique de l’Ouest (Figure 7).55 Les capitaux mobilisés dans ces secteurs sont estimés à 4,2 milliards de dollars, soit 65% de l’ensemble des capitaux mobilisés par les IFD. La taille des transactions est beaucoup plus importante dans ces secteurs et dans celui des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), où les investissements ont porté sur le développement des infrastructures de télécommunications fixes et

55 Comme indiqué dans la section consacrée aux Définitions, il existe un débat quant à la question de savoir s’il convient d’inclure tous les investissements des IFD, étant donné que les IFD investissent dans plusieurs entreprises et projets sans actions prioritaires apparentes ; c’est le cas des banques commerciales, des projets immobiliers et des sociétés minières. Bien que nous reconnaissions l’importance de segmenter les portefeuilles des IFD en investissements d’impact et en d’autres types d’investissements, les IFD n’indiquent actuellement pas lesquels de leurs investissements sont considérés comme investissements d’impact.

ENCADRÉ 1. L’INVESTISSEMENT D’IMPACT DANS LES PAYS MEMBRES ET HORS ZONE UEMOA

Les pays membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont en commun des politiques macroéconomiques et une monnaie, le Franc CFA Ouest Africain, arrimé à l’Euro. Il existe donc des différences entre les situations des pays membres et des pays hors zone UEMOA. La comparaison de ces états de fait permettra de souligner les différences entre les profils face à l’investissement d’impact.

Les pays hors zone UEMOA ont des activités d’investissement d’impact beaucoup plus importantes, tant en termes de nombre d’investisseurs (34 contre 22 dans les pays membres de l’UEMOA) qu’en capitaux mobilisés (4,5 milliards de dollars contre 2,3 milliards de dollars pour les pays membres de l’UEMOA). La taille du marché des pays hors zone UEMOA, principalement du Nigéria, permet de justifier cette situation. Les pays hors zone UEMOA disposent d’un PIB six fois plus élevé que celui des pays membres (623 milliards de dollars contre 97 milliards de dollars pour les pays membres de l’UEMOA).

Les IFD dans les deux types de pays (membres et non membres) représentent environ 97% des capitaux d’impact mobilisés en Afrique et concernent des investissements réalisés davantage dans le secteur de l’énergie. Les investissements dans ce secteur sont de 36% et 27% du total des capitaux mobilisés respectivement dans les pays membres et non membres de l’UEMOA. Les investissements dans le secteur des infrastructures représentent une part plus importante des capitaux mobilisés par les IFD dans les pays membres de l’UEMOA (23% contre 9% pour les pays hors zone). Le secteur des industries quant à lui représente une plus grande part des investissements dans les pays hors zone UEMOA (24% contre 13% pour les pays membres). Les autres types d’investisseurs dans les pays membres et hors zone se concentrent sur les services financiers qui représentent respectivement 60% et 50% des capitaux mobilisés. L’investissement agricole apparaît comme une problématique commune, bien que plus marquée dans les pays de l’UEMOA (25% des capitaux mobilisés contre 9% pour les pays hors zone).

Les états membres de l’UEMOA mobilisent une plus grande part des capitaux des IFD et des autres investisseurs, sous forme de prêts. Une faible part est perçue sous forme de fonds propres. Cette situation est probablement due à des taux d’intérêt nettement plus élevés dans les pays hors zone, encourageant ainsi l’utilisation d’instruments et de mécanismes autres que les prêts.

POURCENTAGE DES CAPITAUX MOBILISÉS PAR LES INVESTISSEURS D’IMPACT DANS LES ÉTATS MEMBRES ET HORS ZONE UEMOA

UEMOA Hors UEMOA UEMOA Hors UEMOAIFD Autres investisseurs

Prêts 92% 80% 78% 54%Fonds propres 5% 6% 12% 27%Quasi-fonds propres 3% 3% 8% 14%Garanties Néant 11% Néant Néant

Remarque : La somme des pourcentages peut ne pas correspondre à 100% en raison de l’exclusion des transactions effectuées par le biais de mécanismes inconnus.

PAYS MEMBRES DE L’UEMOA

• Bénin• Burkina Faso• Côte d’Ivoire• Guinée-Bissau• Mali• Niger• Sénégal• Togo

PAYS HORS ZONE UEMOA

• Cap -Vert• Ghana• Guinée• Nigéria• Liberia• Sierra Leone• Gambie

Page 17: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

26 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 27

mobiles permettant aux populations d’avoir accès à la connectivité téléphonique et à Internet. Le plus grand nombre de transactions est réalisé dans le secteur de l’agriculture, ce qui témoigne de son importance et du potentiel de croissance et de génération d’emplois dudit secteur.

FIGURE 7 : RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Énergie 39,5Industrie 27,4

Infrastructure 16,5Services financiers 11,3

TIC 29,0Agriculture 6,7

Minéraux 17,9Tourisme 10,9

Éducation 4,2Eau et assainissement 6,5

Santé 4,3Autres* 6,1Inconnu 5,7

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

51

51

53

20

7

10

19

12

12

12

25

72

50

2 017

1 371

842

597

580

480

125

109

79

78

52

73

143 n = 11 investisseurs

* «Autres» comprend le commerce de détail, la construction/l’immobilier, le transport, et le recyclage.Remarque: la valeur moyenne des transactions peut ne pas être égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD

Les autres types d’investisseurs que les IFD en Afrique de l’Ouest concentrent 50% de leurs capitaux aux services financiers (Figure 8). Les institutions de microfinance engrangent la majorité de ces investissements du fait des problèmes d’inclusion financière de la région. Les personnes interviewées ont indiqué que les investissements dans ce secteur ont commencé à se stabiliser en raison d’un plafonnement des taux d’intérêt dans les pays de l’UEMOA et d’une forte volatilité des devises au Ghana. Les logements (au Ghana), les TIC (au Nigéria) et l’agriculture (au Nigéria, au Ghana, au Sénégal et au Burkina Faso) apparaissent comme des secteurs à forte croissance pour les investisseurs.

S’agissant des autres types d’investisseurs, l’agriculture, après les services financiers représente le plus grand nombre de transactions. La moyenne des transactions dans ce secteur est faible. La plupart des entreprises bénéficiaires d’investissements dans le secteur de l’agriculture sont de petites entreprises, qui font face à des problèmes de grande envergure dans la chaine de valeur agricole et ne capitale qu’une faible productivité. Cette situation rend difficile la résilience des agriculteurs et la

croissance des entreprises agroalimentaires. Le logement, en revanche, nécessite des investissements de capitaux fixes plus importants et à plus long terme. Néanmoins, on peut déjà noter une valeur moyenne des transactions relativement élevée de 2,5 millions de dollars.

FIGURE 8: RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Services financiers 1,4Agriculture 1,0Logement 2,5

TIC 1,5Santé 1,2

Industrie 0,6Transport 1,7

Services 0,5Commerce de détail 1,4

Construction / immobilier 0,9Indéterminé* 0,4

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 26 investisseurs

110

30

15

8

5

2

2

2

1

1

46

77

31

6

5

4

4

1

4

1

1

115

* Ces investissements sont effectués dans les PME des secteurs suivants: éducation, industrie, santé, services aux entreprises, transport, commerce de gros et de détail et agro-industrie. Cependant, la ventilation par secteur n'a pas été possible.Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Trois transactions dont le montant des investissements est inconnu, dans le secteur de l'énergie, ont été exclues.Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs

TAILLE DES TRANSACTIONS

Les transactions des IFD ont tendance à être plus grandes, traduisant l’importance accordée au financement de projets d’envergure en matière d’énergie, d’industrie et d’infrastructures. En outre, lorsqu’il s’agit de petites transactions, les procédures et la bureaucratie des IFD rendent les coûts des transactions très élevés. En revanche, les transactions des autres types d’investisseurs ont tendance à être plus petites, en raison à la fois de leurs structures organisationnelles plus légères et de la demande provenant de leur marché cible, les PME.

Les IFD investissent près de la moitié de leurs capitaux dans les transactions supérieures à 50 millions de dollars (voir figure 9). Cette pratique est adaptée à leurs secteurs cibles que sont l’énergie, l’industrie et les infrastructures, qui nécessitent généralement des investissements plus importants en capitaux fixes. Le plus grand

Page 18: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

28 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 29

nombre de transactions est cependant compris entre 1 et 5 millions de dollars. Dans cette fourchette, l’agriculture enregistre le plus grand nombre de transactions (22), suivie par les services financiers (15) et les infrastructures (14).

FIGURE 9: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX DIRECTS DES IFD EN FONCTION DE L’IMPORTANCE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

< 1m 0,51-5m 2,6

5-10m 6,810-20m 13,620-50m 29,9

> 50m 97,0

68

99

70

69

55

33

31257

474936

1 6433 203

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 11 investisseurs

Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD

Les autres investisseurs font de bien plus petites transactions en raison de leurs structures organisationnelles plus légères et de la demande provenant de leur marché cible, les PME (Figure 10). En outre, les gestionnaires de fonds actifs en Afrique de l’Ouest effectuent de plus petites transactions conformément à leur stratégie d’atténuation des risques, répartissant ainsi leurs fonds et réussissant à effectuer un grand nombre de transactions, petites certes, mais en nouant des partenariats avec d’autres investisseurs. En ce qui concerne les fondations, les transactions de plus petites tailles traduisent une préférence pour les prêts de faibles montants souvent accordés sur une courte période (un à deux ans).

FIGURE 10: MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D' INVESTISSEURS QUE LES IFD EN FONCTION DE LA TAILLE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

< 1m 0,41-5m 1,8

5-10m 7,1

182

66

4

75

118

28

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 26 investisseurs

Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs

ENCADRÉ 2. SIERRA LEONE

En 2013, la Sierra Leone comptait parmi les économies les plus dynamiques dans le monde. Après dix années de guerre civile qui a pris fin en 2002, le climat politique s’est stabilisé et le PIB enregistré

a permis de noter une croissance de 20%. Cette croissance est due aux exportations de fer et de minerais, à l’agriculture, mais également, à la construction.1 Depuis 2006,

un certain nombre d’investisseurs d’impact ont commencé à investir dans le pays, notamment quatre IFD et six autres types d’investisseurs. Les IFD se sont concentrées sur les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et de l’industrie, tandis que les autres investisseurs, eux, se sont concentrés sur le secteur en pleine croissance de la microfinance. Bien que la Sierra Leone ait bénéficié des plus faibles taux d’investissement des IFD en Afrique de l’Ouest, les investissements

provenant des autres types d’investisseurs ont été plus importants. Le PIB du Bénin par exemple, étant deux fois supérieur à celui de la Sierra Leone ; les deux

pays ont quasiment bénéficié des mêmes montants d’investissements issus des investisseurs autres que les IFD (10 millions de dollars au Bénin par rapport à 7,8 millions

de dollars en Sierra Leone).

Toutefois, en 2014, le pays a connu une épidémie d’Ébola, qui a coûté la vie à près de 4 000 personnes.2 Les répercussions économiques ont été rudes. La baisse du tourisme et la perte de productivité dans les secteurs ont contribué à la chute du PIB de la Sierra Leone qui a vu sa croissance passer de 20% en 2013 à 17,5% en 2015. Les entretiens menés ont indiqué que plusieurs investisseurs ont été contraints de cesser leurs activités dans le pays. L’économie devrait cependant se redresser avec une croissance prévue de 2,8% en 2016.3 Par ailleurs, les investisseurs portent à nouveau leur attention sur la Sierra Leone afin d’aider le pays à reconstruire son système de santé déjà fragile. En guise d’exemple, en Juillet 2015, les donateurs se sont engagés à hauteur de 3,4 milliards de dollars pour faciliter la restructuration sanitaire des pays touchés par l’épidémie Ébola, y compris la Sierra Leone.4

1 “African Economic Outlook 2014: Global Value Chains and Africa’s Industrialization,” African Economic Outlook (2014). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/E-Book_African_Economic_Outlook_2014.pdf.

2 “2014 Ebola outbreak in West Africa : Case counts,» Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (2015). Disponible sur : http://www.cdc.gov/vhf/ebola/outbreaks/2014-west-africa/case-counts.html.

3 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics/.4 “Pledges of $3.4 billion for Ebola recovery made at United Nations,” Reuters (2015). Disponible sur : http://www.reuters.

com/article/2015/07/11/us-health-ebola-un-idUSKCN0PL00B20150711.

Page 19: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

30 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 31

INSTRUMENTS D’INVESTISSEMENT UTILISÉS

Les IFD favorisent les prêts dans la mesure où ils présentent moins de risque, nécessitent une gestion moins active et donne une vision de l’émergence beaucoup plus claire. Les autres types d’investisseurs favorisent également les prêts, même s’ils utilisent une plus grande variété de mécanismes comparés aux IFD. Les gestionnaires de fonds préfèrent une approche pratique de gestion de leurs investissements, favorisant les mécanismes de financement sur fonds propres et quasi-fonds propres. Les fondations quant à elles ont tendance à préférer les prêts et les quasi-fonds propres.

La quasi-totalité des investissements directs des IFD dans la région Ouest Africaine se présente sous forme de prêts (Figure 11). Ces investissements comprennent 84% de tous les capitaux mobilisés et reflètent d’importants prêts accordés dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des infrastructures. Les taux de rendement attendus ont tendance à baisser et à se fixer entre le taux du marché et légèrement en dessous, habituellement entre 13% et 17%. Bien que les données sur la durée des prêts soient limitées, la taille et la nature de nombreux projets des IFD (notamment la construction de centrales électriques et l’expansion d’infrastructures de téléphonie mobile) indiquent que ces prêts durent entre 10 et 15 ans.56 Les IFD utilisent autant les fonds propres que les garanties (respectivement 6% et 7% des capitaux mobilisés), mais utilisent moins les quasi-fonds propres (3% des capitaux mobilisés).

FIGURE 11 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD EN FONCTION DE L'INSTRUMENT UTILISÉ, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Dettes 17,5Fonds propres 7,6

Quasi-fonds propres 8,4Garanties 76,7

Inconnu 0,5

314

48

25

6

1

5 508

366

211

460

0.5

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 11 investisseurs

Remarque : Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des IFD

56 “Project focus: Takoradi, Ghana,” Private Infrastructure Development Group (PIDG) (2015). Disponible sur : http://www.pidg.org/news/project-focus-takoradi-ghana ; “Africa’s ICT Infrastructure : Building on the mobile revolution,” Banque Mondiale (2009). Disponible sur : http://siteresources.worldbank.org/INFORMATIONANDCOMMUNICATIONANDTECHNOLOGIES/Resources/AfricasICTInfrastructure_Building_on_MobileRevolution_2011.pdf.

Les autres types d’investisseurs favorisent également les prêts, avec 60% des capitaux d’impact mobilisés. Vingt-trois pourcent des capitaux sont constitués par les fonds propres et 13% par les quasi-fonds propres (Figure 12).57 Cela est dû en partie à l’importance accordée par ces investisseurs, aux Institutions de Microfinance (IMF). La valeur moyenne des transactions sous forme de prêts est généralement moins importante. Elle est estimée à 0,7 millions de dollars par rapport à une moyenne d’environ 2,5 millions de dollars pour les fonds propres et les quasi-fonds propres. Cela peut s’expliquer par la facilité avec laquelle les fondations accordent des prêts aux institutions actives dans les secteurs des IMF et de l’agriculture. Les plus grandes transactions en matière de fonds propres et de quasi-fonds propres concernent les activités des gestionnaires de fonds qui nécessitent des participations importantes. Les attentes quant au rendement des fonds propres varient. La plupart des gestionnaires de fonds visent des rendements compris entre 20% et 24%. D’autres ne se contentent que de rendements légèrement inférieurs à ceux du marché, compris entre 13% et 17%.

FIGURE 12: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D'INVESTISSEURS QUE LES IFD EN FONCTION DE L'INSTRUMENT UTILISÉ, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Dette 0,7Fonds propres 2,5

Quasi-fonds propres 2,3Inconnu 0,8

208

20

12

12

133

50

28

10

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 26 investisseurs

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; les données des portefeuilles des autres types d’investisseurs

Outre les investissements effectués dans le but de percevoir un rendement financier, les IFD et les autres investisseurs d’impact, dans le cadre leurs stratégies d’investissement, ont souvent utilisé, soit des dons d’assistance technique, soit des subventions. Les autres investisseurs d’impact ont plutôt tendance à fournir une assistance technique de manière informelle, par le biais d’appuis non financiers aux entreprises et d’orientations. L’assistance technique est principalement fournie dans le but de mettre en place des systèmes de gestion adaptés et de renforcer la capacité de gouvernance des entreprises cibles bénéficiaires d’investissement. C’est un volet essentiel de l’investissement dans la région Ouest Africaine. Selon les termes d’un investisseur : «Si je devais lever un fonds d’investissement d’impact sans un dispositif d’assistance technique, je ne l’aurais probablement pas fait.»

57 Environ 4% des capitaux provenant des autres types d’investisseurs sont mobilisés par le biais d’instruments inconnus.

Page 20: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

32 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 33

DÉSENGAGEMENTS

Il existe très peu d’informations disponibles sur le désengagement des investisseurs (participations détenues par les investisseurs vendues afin de leur permettre de récupérer leurs investissements) notamment de la part des investisseurs d’impact autres que les IFD. Au cours de cette étude, un ensemble de 49 désengagements ont été identifié (46 provenant des IFD et s’élevant à 665 millions de dollars et six issus des autre types d’investisseurs d’une valeur estimée à 19 millions de dollars). Les entrevues ont permis de souligner en outre que ce dernier montant est très probablement sous-estimé. La plupart des désengagements des IFD ont eu lieu au Ghana et au Nigéria dans les secteurs des industries et des services financiers ; tandis que les désengagements de la part des autres types d’investisseurs ont tous eu lieu au Ghana dans les secteurs des services financiers et du logement.

INVESTISSEMENTS INDIRECTS

Les investissements indirects se produisent lorsque les investisseurs mobilisent des capitaux par le biais d’intermédiaires financiers (gestionnaires de fonds et banques commerciales) qui utilisent ensuite ces capitaux pour les investir directement dans des entreprises ou des projets. Une proportion inconnue d’investissements indirects constitue une source de capitaux pour les investissements directs. Par conséquent, afin d’éviter un double comptage (et en raison de très insuffisantes données sur la nature des investissements indirects), les investissements indirects ont été exclus de l’analyse ci-dessus. Toutefois, étant donné que les investissements indirects représentent une proportion importante des investissements, notamment pour les IFD, il conviendrait de les examiner dans la mesure des données disponibles.

Les investissements indirects réalisés par les IFD s’élèvent à 3,3 milliards de dollars et représentent 34% de l’ensemble des capitaux mobilisés (voir figure 13). En ce qui concerne les autres types d’investisseurs, les investissements indirects s’élèvent à 29 millions de dollars, représentant 12% de l’ensemble des capitaux mobilisés (voir figure 14). Malgré des données limitées sur les investissements indirects, deux tendances sont notées :

• Les IFD concentrent généralement les investissements indirects sur les banques commerciales aux fins de rétrocession à des PME, ainsi que sur les gestionnaires de fonds d’investissement d’impact et les fonds de capital-investissement. L’accent mis sur les banques commerciales traduit la volonté des IFD de renforcer le système des banques commerciales et accroître leur capacité à faire des prêts à des clients nécessiteux (comme les PME). En revanche, la présence de sociétés de capital-investissement dans les portefeuilles d’investissement des IFD est en partie due au nombre limité de gestionnaires de fonds d’investissement d’impact dans la région. Pour reprendre les termes de la Banque Africaine de Développement, c’est également dû au fait que les IFD reconnaissent que « les acteurs dynamiques et en nombre croissant du capital-investissement sur le continent africain contribueront de manière importante à son développement économique et social ».58

58 “Private equity investments,” Banque Africaine de Développement (BAD) (2015). Disponible sur : http://www.afdb.org/en/topics-and-sectors/sectors/private-sector/areas-of-focus/private-equity-investments.

ENCADRÉ 3. CÔTE D’IVOIRE

Après plus d’une décennie de conflits violents, notamment deux guerres civiles, la Côte d’Ivoire est de nouveau en train de devenir une destination clé pour les investissements. La croissance économique a

fait un bond, atteignant environ 8% en 2015. D’ici 2016, le pays devrait être la troisième économie d’Afrique à la plus forte croissance.1 Le climat des affaires s’améliore aussi

rapidement et la Côte d’Ivoire figure parmi les dix premiers états sur le classement mondial des pays qui ont enregistré des progressions notables selon le rapport Doing Business de la Banque Mondiale de 2015.2 La stabilité politique s’est accrue, incitant la Banque Africaine de développement (BAD) à ramener en 2014 son siège à Abidjan, capitale de la Côte d’ivoire. Ce retour de la BAD à son siège d’Abidjan a permis au pays de se positionner comme un centre

politique et d’investissements pour l’Afrique occidentale francophone.

Les investisseurs d’impact connaissent le potentiel de la Côte d’Ivoire. Le pays est le troisième plus grand bénéficiaire de capitaux d’impact, après le Nigéria et

le Ghana, accueillant sept IFD qui ont mobilisé 880 millions de dollars et cinq autres types d’investisseurs qui ont mobilisé 11 millions de dollars dans le pays. Les IFD mobilisent la plus grande partie de leurs capitaux sous forme d’importants prêts dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures, tandis que les autres types d’investisseurs se concentrent principalement sur les opérations de prêts et de fonds propres au profit des secteurs de l’agriculture et des services financiers. Les entretiens indiquent que le secteur de l’investissement d’impact de la Côte d’ivoire poursuivra sa croissance et demeurera la première destination en matière d’investissement d’impact en Afrique occidentale francophone.

1 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics/.2 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.doingbusiness.

org/rankings.

Page 21: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

34 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 35

• Les autres types d’investisseurs concentrent les investissements indirects sur les banques rurales offrant une gamme de services financiers aux habitants et PME des régions rurales, bien qu’il existe l’exemple d’une fondation ayant investi sur un gestionnaire de fonds d’investissement d’impact ainsi que celui d’un gestionnaire de fonds d’investissement d’impact investissant dans une société de capital-investissement. La préférence des autres types d’investisseurs pour les banques rurales reflète leur connaissance des nombreux problèmes en matière d’accès aux services bancaires formels dans les zones rurales, ainsi qu’en matière d’adéquation entre l’offre des investisseurs et la demande des banques rurales pour de petites transactions.

FIGURE 13: COMPARAISON ENTRE LES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX ET LES INVESTISSEMENTS INDIRECTS DES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Directs 16,6Indirect 23,2

394

143

6 545

3 319

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 13 investisseursRemarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Ces données incluent trois transactions de volumes inconnus. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

FIGURE 14: COMPARAISON ENTRE LES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX ET LES INVESTISSEMENTS INDIRECTS DES AUTRES TYPES D'INVESTISSEURS QUE LES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Directs 0,9Indirects 1,2

252

25

221

29

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 27 investisseurs

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Ces données incluent trois transactions de volumes inconnus. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

Il y a un certain nombre de raisons pour lesquelles les investisseurs de l’impact réalisent des investissements indirects, soit par le biais de fonds ou d’institutions financières. La première raison concerne la volonté d’établir une présence locale en passant par les différents acteurs de la zone. Les marchés d’Afrique de l’Ouest sont très hétérogènes et sont caractérisés par une asymétrie des informations. Les personnes interrogées ont souligné la nécessité d’une connaissance de l’environnement et du marché local et de la création de liens avec les parties

prenantes et les populations en vue d’obtenir des investissements d’impact. La deuxième raison tourne autour de la mise à contribution des réseaux existant de banques commerciales locales. Le Medical Credit Fund (MCF) en est une illustration. Il a pour but de fournir des fonds aux banques commerciales qui les prêtent de nouveau aux PME évoluant dans le secteur de la santé. En collaborant avec un certain nombre de partenaires locaux, le MCF est en mesure d’atteindre une cible beaucoup plus large. Par ailleurs, en sous-traitant aux banques locales existantes les activités d’évaluation du risque-client et les procédures de décaissement des fonds, le MCF est en mesure de réduire considérablement ses frais d’exploitation et d’octroyer des prêts initiaux d’au moins 5 000 dollars. La troisième raison justifiant l’investissement dans des fonds est la réduction des coûts de transaction. Les investissements dans des fonds permet aux grands investisseurs (tels que les IFD et les investisseurs institutionnels) de déléguer les décisions d’investissement à des experts locaux qui pourront conclure de plus petites transactions, ce qui s’avère particulièrement utile pour les IFD cherchant à accorder des prêts aux PME.

Principaux Obstacles et Opportunités en Matière de Mobilisation des Capitaux d’Impact

PRINCIPAUX OBSTACLES PERÇUS À LA MOBILISATION DES CAPITAUX D’IMPACT

L’Afrique de l’Ouest pose des défis importants pour les investisseurs qui cherchent à mobiliser des capitaux. Le secteur est encore peu connu, avec peu d’investisseurs d’impact actifs à l’échelle régionale. Les principaux obstacles sont les suivants :

• Ouverture aux capitaux des entreprises ayant des besoins en investissements : De nombreuses personnes interrogées ont cité le manque d’ouverture à l’investissement de la part des entreprises comme étant un obstacle majeur à l’investissement. Plusieurs éléments entrent en ligne de compte. Premièrement, les problèmes liés à la gouvernance et à la gestion. Par exemple, les personnes interrogées ont déclaré avoir observé la nomination de proches des chefs d’entreprise au conseil d’administration et aux postes de direction, plutôt que du personnel ayant suivi une formation appropriée et qualifiée. Il est également difficile d’embaucher du personnel dûment qualifié. Deuxièmement, les entreprises manquent de systèmes administratifs liés à la gestion financière solides. Elles manquent aussi de ressources humaines et opérationnelles, ce qui rend difficile pour les investisseurs l’évaluation de leur rentabilité ou de leur viabilité. Ces lacunes sont plus fréquentes dans les PME et les petites entreprises en zones rurales. Troisièmement, de nombreuses entreprises sont réfractaires au changement et rechignent à modifier leurs structures et pratiques pour les remplacer avec ce qu’ils voient comme des normes imposées par les investisseurs.

• Difficulté à obtenir des capitaux : Par rapport aux normes mondiales, l’Afrique de l’Ouest se distingue par des marchés de capitaux peu actifs et de faibles niveaux de financements nationaux. Les gestionnaires de fonds locaux ont déclaré dans les entrevues que la mobilisation de capitaux nationaux constitue un défi de taille

Page 22: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

36 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 37

ENCADRÉ 4. TOGO ET BÉNIN

TOGO

La situation du Togo s’améliore progressivement. Après un régime dictatorial dès la fin des années soixante et suite à une élection présidentielle contestable en 2005, le Togo a organisé des élections démocratiques

crédibles en 2013 et en 2015.1 La croissance économique est passée d’environ 4% en 2006 à près de 6% en 2015 et devrait demeurer forte en 2016.2 Le climat des affaires s’améliore

également. Le Togo figure parmi les dix premiers pays du monde avec les classements les plus améliorés selon le rapport Doing Business de 2015. 3 Sur le plan politique et réglementaire, le gouvernement met en œuvre une série de réformes fiscales visant à lutter contre la mauvaise administration et la corruption. Tout le monde n’a cependant pas bénéficié de ce progrès ; il existe d’importantes disparités régionales en matière de revenus et d’accès aux services de base, avec la majorité des pauvres du Togo vivant

dans les zones rurales.

Le Togo est l’un des plus importants bénéficiaires de capitaux des IFD après le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Cinq IFD ont mobilisé un total de 353 millions de dollars

(presque le double de la Guinée qui a bénéficié de 190 millions de dollars). Les IFD concentrent leurs capitaux dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures, qui représentent ensemble environ 85% des capitaux mobilisés. Les IFD investissent principalement sous forme de prêts (91% des capitaux mobilisés), même si environ un tiers des transactions sont réalisées sous forme de capitaux propres. Les autres types d’investissements sont modestes. Ils s’élèvent à 4 millions de dollars et se concentrent presque exclusivement sur les institutions de microfinance.

BÉNIN

Le Bénin a joui depuis les années 90 d’une grande stabilité politique, alors que la croissance économique a nettement augmenté depuis 2010 et devrait atteindre 6% en 2015. Bien qu’il existe toujours des défis

considérables en matière de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté, le gouvernement béninois met en œuvre un « programme d’investissements structurels » visant à mobiliser

les investissements publics et privés dans le but d’améliorer les résultats sociaux dans le pays. Parallèlement, le climat des affaires s’est considérablement amélioré : le Bénin figure parmi les dix premiers pays du monde ayant les classements les plus améliorés selon le rapport Doing Business de 2015.4

Le Bénin est l’un des principaux bénéficiaires de capitaux provenant des autres types d’investisseurs après le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Cinq

investisseurs d’impact ont mobilisé un total de 10 millions de dollars dans le pays, les investissements étant effectués sous forme de prêts au profit du secteur des services

financiers (86% des capitaux mobilisés) et de celui de l’agriculture (14% des capitaux mobilisés). Les investisseurs voient dans ces secteurs des perspectives de développement dans les

domaines de la microfinance, de l’agro-industrie et de l’accès aux marchés agricoles ; perspectives favorisées par l’utilisation de nouvelles technologies.

1 “US Relations with Togo,» Département d’État américain (2015). Disponible sur : http://www.state.gov/r/pa/ei/bgn/5430.htm.2 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics/.3 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.doingbusiness.org/rankings.4 Ibid.

pour leurs activités. Ils comptent presque uniquement sur les capitaux étrangers provenant des IFD et des fondations, plus difficile à identifier, étant donné que plusieurs bailleurs de fonds internationaux ne sont pas représentés dans la région. De plus, l’obtention de financement de fonds de roulement auprès des banques commerciales s’est révélée difficile pour leurs sociétés en quête d’investissement, même avec des bilans post-investissement renforcés.

• Difficulté à se désengager des participations au capital : La question des désengagements continue de préoccuper les investisseurs en fonds propres et quasi-fonds propres. Au cours de cette étude, très peu d’exemples de réussite de désengagements des participations au capital ont été trouvés, à l’exception notable d’ExpressLife au Ghana, que Leapfrog Investments a cédé à Prudential en 2013. En l’absence de marchés secondaires59 dans la majeure partie des pays d’Afrique de l’Ouest, d’autres solutions ont été examinées. Outre les rachats d’entreprises, les personnes interrogées ont essayé de passer des arrangements, où les entreprises paieraient soit un pourcentage des recettes annuelles (redevance) ou un forfait annuel en contrepartie des investissements.

• Instabilité macroéconomique et politique : Au cours des dernières décennies, l’Afrique de l’Ouest a souffert d’une forte instabilité économique et politique. Si de grands progrès ont été réalisés en ce sens, plusieurs questions restent à résoudre. Tout d’abord, l’instabilité monétaire, notamment au Ghana, a renforcé le climat d’incertitude. Une tension est apparue entre les investisseurs internationaux qui préfèrent accorder des prêts en dollars ou en euros, et la volonté des entreprises à obtenir un financement en monnaie locale afin d’éviter les risques de change. Deuxièmement, les questions de sécurité restent préoccupantes pour les investisseurs, notamment au Nigéria en raison du conflit actuel avec Boko Haram dans le nord du pays. Enfin, la fragilité des économies des pays ayant été affectés par une épidémie constitue également un problème. Comme indiqué, l’épidémie d’Ébola a eu de nombreuses incidences sur le commerce dans la région, affectant de façon significative les pays sortant d’un conflit tels que la Sierra Leone et le Libéria.

• Réglementation imprévisible : La plupart des personnes interviewées ont cité quelques obstacles réglementaires à l’investissement dans la région. Ces personnes étaient plus préoccupées par le manque généralisé d’une législation claire et mise à jour que par les difficultés à ne prévoir des orientations politiques que par des réglementations restrictives. Le Liberia est caractérisé par différents partis politiques préconisant l’adoption de réglementations tout aussi différentes. D’autre part, les entrevues ont permis de noter que la plupart des personnes déplorent les lois commerciales obsolètes de la Sierra Leone datant des années soixante et ne correspondent plus aux pratiques commerciales actuellement en vigueur. Les personnes interrogées ont toutefois signalé des obstacles réglementaires sectoriels, notamment dans le secteur de la microfinance en Afrique occidentale francophone. Les IMF dans ce domaine sont réglementées comme les banques formelles, ce qui leur impose des conditions strictes pas forcément adaptées et ralentit la croissance du secteur. Par ailleurs, la BCEAO a baissé le plafond

59 Les marchés secondaires impliquent la négociation des investissements existants dans une entreprise donnée.

Page 23: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

38 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 39

des taux d’intérêt de l’UEMOA de 27% à 24% en 2014. Bien qu’ayant limité les comportements abusifs en matière de prêts, ce plafonnement impose des contraintes aux IMF accordant des prêts dans des zones à haut risque et souvent dans les zones rurales.

• Difficultés de perception : Certains gestionnaires de fonds locaux ont refusé d’être associés aux termes « investisseurs d’impact », bien que leurs fonds soient conformes aux critères de tels investisseurs c�est-à-dire, la volonté de créer un impact et à l’engagement à mesurer cet impact. Cela est en grande partie dû au stéréotype qui veut que les investissements d’impact n’entrainent que de faibles rendements financiers60 et ne diffèrent pas de la philanthropie. L’investissement d’impact lutte pour gagner en crédibilité, en raison du scepticisme qui entoure les nouvelles plateformes d’investissement, sachant que les fonds de pension de la région hésitent à investir dans les fonds de capital-investissement, par exemple, compte tenu en partie du manque de compréhension et de confiance en son potentiel et en ses objectifs. 61 Un certain nombres d’investisseurs régionaux autres que les IFD se sont notamment montrés préoccupés par le fait que les attentes placées dans l’obtention par l’investissement d’impact de rendements du marché ou supérieurs au marché minent davantage la confiance. Ces acteurs ont estimé que le rendement élevé ou pas de l’investissement d’impact est spécifique au contexte. Vu les défis et les coûts de transaction élevés ainsi que l’investissement dans la région, ces investissements ne devraient pas être considérées comme classiques.

PRINCIPALES OPPORTUNITÉS PERÇUES À LA MOBILISATION DES CAPITAUX D’IMPACT

Malgré ces défis, les personnes interrogées ont mis en évidence plusieurs opportunités pour la croissance et l’expansion de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest. Les principales opportunités perçues sont les suivantes :

• Secteurs clés : Énergie, services financiers et agriculture : Bien que des défaillances du marché en matière d’offre de biens et de services publics et d’accès aux services financiers persistent au niveau régional, de nombreuses possibilités d’intervention s’offrent toutefois aux investisseurs d’impact. Le secteur de l’énergie demeure l’une des priorités des IFD et des autres investisseurs. Les premiers se concentrant sur des projets de grande envergure favorisant l’électrification nationale, tandis que les autres portent un vif intérêt aux projets à moindre échelle favorisant ainsi la promotion des solutions énergétiques hors réseau. Les investisseurs sont également de plus en plus intéressés par des combinaisons novatrices de la technologie et des services financiers (FinTech) tels que le paiement mobile (mobile money). Ils souhaitent également étendre leur offre de

60 Une étude récente publiée par le GIIN et Cambridge Associates a montré des rendements financiers de 51 fonds d’investissement d’impact privé, qui sont en grande partie conformes à l’univers de comparaison des fonds d’investissements privés sans intention de créer un impact. Voir le rapport à : http://www.thegiin.org/knowledge/publication/introducing-the-impact-investing-benchmark.

61 “Pension Funds and Private Equity: Unlocking Africa’s Potential,” Emerging Markets Private Equity Association (EMPEA) (2014). Disponible sur : http://empea.org/newsroom/empea-news/pension-funds-and-private-equity-unlocking-africas-potential.

services au-delà du domaine de la microfinance ; c’est le cas par exemple de la micro-assurance qui protège les petits exploitants agricoles contre les mauvaises récoltes. L’Afrique de l’Ouest dispose de grandes étendues de terres disponibles pour la production agricole, mais souffre de faible productivité agricole. Le secteur de l’agro-alimentaire est en particulier considéré comme une occasion importante d’introduire la mécanisation et l’utilisation de techniques modernes, mais également d’élargir l’accès aux marchés nationaux et internationaux.

• Zones géographiques : Nigéria, Côte d’Ivoire, Sénégal, Liberia et Sierra Leone : Le Nigéria est considéré comme un « géant endormi » pour les investisseurs, toutefois capable de créer un impact et de générer un rendement financier incomparable sur le continent. Paradoxalement, les pays affectés par l’épidémie d’Ébola devraient attirer une part de plus en plus grande des capitaux, des organismes de développement s’efforçant d’utiliser l’investissement d’impact pour la reconstruction d’infrastructures de santé, de télécommunications et de gouvernance. Alors que les défis macroéconomiques au Ghana restent au cœur des préoccupations des investisseurs, le Sénégal et la Côte d’Ivoire suscitent un intérêt croissant, en raison de l’amélioration d’une forte croissance économique. La Banque Africaine de Développement a en 2014 occupé de nouveau son siège à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Sa présence devrait contribuer à accroître la confiance des investisseurs et à catalyser les activités de développement dans le pays.

• Mise en relation des acteurs locaux et étrangers : L’élargissement de partenariats entre les acteurs locaux et étrangers sera déterminant pour le développement de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest. Pour les entreprises étrangères, les partenariats avec les entreprises locales permettent de débloquer des capitaux étrangers. Par exemple, Broad Cove agissant en tant que partenaire américain pour des organisations locales au Ghana et au Libéria a obtenu un financement de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC, Société américaine de promotion des investissements privés à l’étranger). Pour les investisseurs étrangers, des partenariats avec des investisseurs locaux peuvent étendre le champ d’action des investissements d’impact et réduire les coûts de transaction associés à la recherche d’opportunité d’investissements.

• Capitaux diversifiés : La disposition tactique des capitaux diversifiés (utilisation complémentaire des fonds subventionnés et axé sur le taux du marché) peut attirer les investissements privés en réduisant les risques élevés associés aux marchés vulnérables et frontaliers. Les fondations qui cherchent des rendements inférieurs à ceux du marché peuvent par exemple s’associer aux investisseurs en quête de rendements du marché et utiliser leurs attentes moins élevées de rendement pour inciter les investisseurs à l’esprit plus commercial à passer des accords qu’ils auraient jugés trop risqués. En outre, les capitaux diversifiés peuvent aider à accroître l’offre des gestionnaires de fonds d’investissement d’impact en supportant les coûts de frais de gestion. Les personnes interrogées ont noté que les fonds ne sont généralement pas viables jusqu’à ce qu’ils franchissent le cap des 60 à 70 millions de dollars, mais comme souligné précédemment les gestionnaires de fonds peinent à lever des fonds. En revanche, la collecte de fonds plus modestes exerce des pressions sur les gestionnaires de fonds qui imposent des frais de gestion de 2% et l’augmentation des frais de gestion risque d’entraîner un désaccord de la part des investisseurs. Les subventions de fondations permettant de couvrir les coûts de gestion peuvent combler cette lacune et catalyser la formation de fonds plus modestes.

Page 24: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

40 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 41

Approches et Outils de Mesure de l’Impact Les indicateurs et les cadres de mesure de l’impact diffèrent largement entre les acteurs, mais des rapports relativement sont établis annuellement et mis à la disposition du public. La Banque Africaine de Développement publie la «Revue annuelle sur l’efficacité du développement», qui résume sa performance en fonction d’un certain nombre d’indicateurs d’impact, lesquels sont restés stables depuis la première revue en 2011.62 Les IFD préfèrent recueillir les données relatives à l’impact au niveau des gestionnaires de fonds plutôt qu’au niveau des entreprises. Ils ont également une préférence pour la collecte de données plus sur l’impact des gestionnaires de fonds plutôt que sur les entreprises.

Les méthodes de mesure et d’établissement de rapports divergent pour les autres types d’investisseurs que les IFD. Les grands investisseurs internationaux et les fondations utilisent généralement des mesures et des rapports exhaustifs. Par exemple, l’ONG Cordaid fournit des rapports cohérents sur son impact social au moyen d’IRIS,63 le catalogue d’indicateurs standardisés gérés par le GIIN. Le Medical Credit Fund adhère au cadre des normes fondamentales relatives aux soins de santé de SafeCare,64 qui mesure les résultats des petits et moyens établissements de santé auxquels il accorde des prêts et permet ainsi d’effectuer des comparaisons entre les différentes régions géographiques.

En revanche, les gestionnaires de fonds locaux ont des mesures d’impact spécifiques et assujetties aux demandes individuelles de leurs investisseurs (IFD par exemple). Les plus petites entreprises dans lesquelles ces gestionnaires de fonds investissent, n’ont souvent pas la capacité d’assurer le suivi et de rendre compte des indicateurs sociaux et financiers, ce qui rend difficile la collecte de données. Il faut ajouter que de nombreux gestionnaires de fonds n’ont pas la capacité nécessaire pour recueillir et regrouper ces données pour plusieurs secteurs et entreprises dans lesquels ils investissent. Par conséquent, un seul ensemble d’indicateurs de base est généralement suivi. Les indicateurs les plus communément évoqués sont : le nombre d’emplois créés, le nombre de clients servis et les revenus des clients.

Des progrès ont cependant été enregistrés récemment quant à la capacité des autres types d’investisseurs à évaluer leur l’impact. Les investisseurs ont signalé des progrès significatifs au cours des cinq dernières années dans les systèmes d’information de gestion (logiciels permettant la collecte, la structuration et le compte rendu des données) qui permettent aux organisations de mieux suivre les indicateurs, notamment ceux relatifs à l’impact social. Il est également important de noter que selon certains investissements dont l’impact est inhérent aux activités économiques principales, la mesure de l’impact social risquerait d’être un double emploi. C’est le cas avec les entreprises sociales, le paiement mobile et la micro-assurance. Pour de tels investissements, le suivi de base des indicateurs financiers a été considéré comme suffisant.

62 “Development Effectiveness Reviews,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.afdb.org/en/topics-and-sectors/topics/quality-assurance-results/development-effectiveness-reviews.

63 IRIS est le catalogue de mesures de performance d’impact qualitatives et quantitatives généralement acceptées et géré par le Global Impact Investing Network. Disponible sur : www.iris.thegiin.org.

64 SafeCare vise à aider les prestataires de soins de santé dans les régions où les ressources sont limitées. Disponible à : http://www.safe-care.org/.

Au-delà de l’Investissement d’ImpactDe nombreuses personnes interrogées ont indiqué que dans une région aussi peu développée que l’Afrique de l’Ouest, de nombreux investisseurs sans y prêter gare, pourraient probablement effectuer des investissements créant un impact en raison de leur contribution à l’accroissement des entreprises locales mais également à celui des flux de capitaux dans la région. Les personnes interrogées ont souligné que de tels investissements occultent les investissements d’impact des autres types d’investisseurs. Les investissements en fonds propres en Afrique de l’Ouest par exemple, se sont élevés à 298 millions de dollars rien qu’en 2012 (contre 242 millions de dollars en Afrique australe)65 et croissent à un rythme soutenu : 84% de tous les capitaux privés investis dans la région depuis 2004, ont été réalisés entre 2012 et 2014.66

Au cours de cette étude, l’équipe de recherche a également rencontré plusieurs investisseurs qui, bien que ne correspondant pas à notre définition de l’investisseur d’impact en raison d’une absence d’intention de créer et / ou de mesurer un impact, sont toutefois susceptibles d’entrainer un plus ou moins important dans la région. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, ils investissent souvent dans des entreprises disposant de solides résultats sociaux. Certains investissent par exemple dans des institutions de microfinance qui peuvent relever les défis posés par l’inclusion financière. Deuxièmement, ils investissent souvent en partenariat avec d’autres investisseurs d’impact. Adlevo Capital a par exemple investi en partenariat avec Omidyar Network et Acumen Fund67 dans la société Paga, opérateur de paiement mobile au Nigéria. Troisièmement, ils bénéficient d’investissements provenant d’investisseurs d’impact, notamment des IFD, qui les considèrent comme pouvant contribuer fortement à l’instauration d’un climat d’investissement sain dans la région.

Les données disponibles indiquent que les « investisseurs d’impact secondaires » disposent d’une influence considérable. Les capitaux mobilisés par seulement deux investisseurs secondaires s’élèvent à 138 millions de dollars, tandis que l’ensemble des capitaux mobilisés par les autres types d’investisseurs d’impact s’élèvent à 221 millions de dollars (Figure 15). Leur profil d’investissement est en phase avec celui des autres types d’investisseurs d’impact. La plupart des investissements sont effectués dans les secteurs de la microfinance et des TIC, les quasi-fonds étant privilégiés en tant qu’instrument.

65 “East Africa private equity confidence survey,” Deloitte (2015). Disponible sur : http://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/za/Documents/finance/za_private_equity_confidence_survey_may2015.pdf.

66 Into Africa: the rise of private equity,” Freshfields Bruckhaus Deringer (2014). Disponible sur : http://www.freshfields.com/uploadedFiles/SiteWide/News_Room/News_/01795_MKT_WWW_PE_Growth_In_Africa_INTERACTIVE_AW.PDF.

67 Liste des investisseurs, Paga (2015). Disponible à : https://www.mypaga.com/paga-web/customer/static/company/investors.

Page 25: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

42 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 43

FIGURE 15: MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX PROVENANT DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS D’IMPACT QUE LES IFD ET DES INVESTISSEURS D’IMPACT SECONDAIRES, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Investisseurs d’impact* 0,9

Investisseurs secondaires** 5,5

252

25

221

138

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

*n = 26 investisseurs **n = 2 investisseurs

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Ces données incluent trois transactions de volumes inconnus. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

Ces investisseurs, bien que n’étant pas investisseurs d’impact proprement dit, peuvent se révéler de précieux partenaires et alliés dans les efforts visant à accroître le nombre et la taille d’investissements à fort impact au cours des prochaines années en Afrique de l’Ouest.

4. DEMANDE EN CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACTContexte de DéveloppementL’Afrique de l’Ouest a connu une croissance économique au cours des cinq dernières années. Malgré les effets de l’épidémie d’Ébola en 2014, la région a enregistré une croissance du PIB de 6%.68 Les progrès en matière de développement humain n’ont cependant pas été aussi impressionnants. En 2013, l’Afrique de l’Ouest affiche un faible Indice de Développement Humain (IDH) estimé à 0,426, se trouvant en dessous de la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui a elle, un IDH de 0,502 et bien en dessous de la moyenne mondiale qui a quant à elle un IDH de 0,702. Les pays de la région ont connu une croissance plutôt lente à partir de 2012 (Table 1).69 La proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté de 1,25 dollar / jour est trois fois supérieure à la moyenne mondiale (moyenne de 46% pour les pays d’Afrique de l’Ouest contre 15% au niveau mondial). Le Nigéria comptabilise à lui seul environ 100 millions de personnes vivant dans la pauvreté. 70

68 “African Economic Outlook 2015: Regional development and spatial inclusion,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/PDF_Chapters/Overview_AEO2015_EN-web.pdf.

69 “Human Development Reports,” PNUD (2015). Disponible sur : http://hdr.undp.org/en/data.70 “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.

org/data-catalog/world-development-indicators.

TABLEAU 1 : INDICES DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN DE L’AFRIQUE DE L’OUEST EN 2013

Pays* Indice IDH, 2013 Classement IDH, 2013Variations dans le

classement depuis 2012Nigéria 0,504 152 1Sénégal 0,485 163 -3Bénin 0,476 165 0Togo 0,473 166 1Côte d’Ivoire 0,452 171 0Gambie 0,441 172 0Libéria 0,412 175 0Mali 0,407 176 0Guinée-Bissau 0,396 177 0Guinée 0,392 179 -1Burkina Faso 0,388 181 0Sierra Leone 0,374 183 1Niger 0,337 187 -1

* Données non disponsibles pour le Cap-Vert et le Togo. Source: Indice de Développement Humain, 2013

Le taux d’alphabétisation de l’Afrique de l’Ouest figure parmi les plus faibles au monde. Parmi les 10 pays enregistrant les plus bas taux d’alphabétisation des adultes en 2009, 7 sont issus d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Guinée, Mali, Niger, Sénégal et Sierra Leone.71 Sur le plan sanitaire, la région a enregistré au cours des deux dernières années une baisse des taux de mortalité des moins de cinq ans, passant de 197 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 132 décès en 2011. Toutefois, ces taux restent toujours en deçà de l’Objectif du Millénaire pour le Développement de réduire de deux tiers d’ici 2015 le taux de mortalité infantile.72 La mise en place d’infrastructures hospitalières est nécessaire. On compte moins d’un lit d’hôpital pour 1000 citoyens dans toute la région, contre plus de 11 lits dans les pays développés.73 L’épidémie d’Ébola a contribué à affaiblir les systèmes de santé de la région, mais représente également une occasion unique de les reconstruire leur permettant ainsi d’être plus solides et plus résistants dans les années à venir.

71 Les données plus récentes ne sont pas disponibles. “West Africa Literacy Rates,” IRIN (2009). Disponible sur : http://www.irinnews.org/report/84052/west-africa-combating-world-s-lowest-literacy-rates.

72 “African Leadership for Child Survival,” USAID. Disponible sur : http://www.usaid.gov/sites/default/files/documents/1860/Africa%20Key%20Facts%20and%20Figures.pdf.

73 The World Factbook, CIA. Disponible sur : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/fields/2227.html.

Page 26: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

44 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 45

Types et Répartition des Acteurs de la DemandeComme indiqué dans la section « Définitions », ce rapport se concentre essentiellement sur deux groupes d’acteurs de la demande : les entreprises sociales et les PME commerciales. Les deux groupes d’acteurs sont des bénéficiaires potentiels de capitaux d’impact en raison de leur rôle dans la création d’emploi et la fourniture de biens et services aux populations mal desservies. Contrairement aux grandes entreprises, les deux font face à de plus importants obstacles à l’accès aux capitaux à la croissance. 

Aux fins de la présente étude, les entreprises sociales définies comme celles cherchant à la fois à devenir financièrement autonome et à disposer d’une volonté explicite de créer un impact social / environnemental, semblent être des cibles idéales pour les investissements d’impact. Cependant, il existe peu d’entreprises de ce type en Afrique de l’Ouest. Parmi les exemples tirés des entretiens, figurent la Laiterie du Berger et Nest for All au Sénégal, Paga et Andela au Nigéria, Toyola au Ghana (bien que Toyola soit aussi active dans 6 autres pays d’Afrique de l’Ouest), et Liberty et Justice Apparel au Libéria. Un paysage récent des entreprises sociales au Ghana utilisant une définition plus précise du terme («des entreprises créées pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux concentrant leurs efforts sur le réinvestissement des bénéfices dans l’entreprise et / ou dans la communauté») a identifié 24 autres de ces entreprises se consacrant essentiellement à l’agriculture, l’éducation, la santé et la technologie propre.74 Le faible nombre d’entreprises sociales identifiées est en partie dû au manque de données disponibles, mais est également lié au fait que le concept d’«entreprise sociale» est peu connu en Afrique de l’Ouest. De nombreuses entreprises de prestations de biens et de services semblables aux entreprises sociales ne se définissent pas comme telles.

Selon les données recueillies au Ghana, les investisseurs d’impact ont encore à jouer un rôle prépondérant dans le financement des entreprises sociales. L’étude a révélé que le financement de la majorité de ces entreprises provient à la fois de subventions des donateurs et fondations que des contributions de la famille et des amis.75 Les données recueillies des entretiens corroborent cet état de fait. Par exemple, un incubateur axé sur les entreprises sociales au Nigéria a souligné qu’aucunes des entreprises qu’il avait rencontrées ne savaient ni ce qu’était l’investissement impact, ni que des investisseurs d’impact existaient dans le pays. D’autre part, le fondateur d’une entreprise sociale au Ghana a noté avoir finalement obtenu un investissement d’impact provenant d’un investisseur américain. Il n’a pu le trouver qu’au bout de 5 ans de recherche d’options différentes : « J�étais un pauvre homme qui voulait servir les pauvres et les employer pour faire de même... alors personne ne voulait me donner de l’argent. » Alors que les entreprises sociales de renom et très médiatisées (par exemple Paga) attirent les investissements d’impact, d’autres sont soit inconnues des investisseurs d’impact, ou ne sont pas considérées comme suffisamment solides pour bénéficier des investissements.

74 “Social enterprise landscape of Ghana,” Overseas Development Institute (2014). Disponible sur : http://www.britishcouncil.org/sites/britishcouncil.uk2/files/social_enterprise_landscape_in_ghana_report_final.pdf.

75 Ibid.

Les entreprises sociales dans la région étant peu nombreuses, les PME commerciales constituent également une cible importante pour les investissements d’impact. En Afrique de l’Ouest, les PME représentent environ 90% de toutes les entreprises et contribuent à environ 30% au PIB,76 bien que variable selon les pays. Au Ghana par exemple, les PME représentent environ 92% de toutes les entreprises et fournissent 80% de l’emploi.77 La plupart des PME de la région sont concentrées au Nigéria et au Ghana78 et sont axées sur les secteurs des services financiers, de l’agriculture et des services. 79

Les IMF, dont beaucoup sont des PME et / ou des entreprises sociales, méritent d’être mentionnées car elles représentent une cible importante des investissements d’impact. En 2013, 112 IMF en Afrique de l’Ouest ont communiqué avec le MIX Market, qui collecte des données relatives aux activités des institutions de microfinance à travers le monde.80 Elles disposent ensemble d’un portefeuille cumulatif de prêts brut de 1,5 milliards de dollars répartis entre 2,1 millions de clients actifs (Figure 16). D’après ces données, le Sénégal compte le plus grand nombre d’IMF (30) et occupe ainsi la première place en termes de portefeuille de prêts bruts (402 millions de dollars), suivie de près par le Nigéria (351 millions de dollars). La majorité des clients actifs (56%) se trouvent au Nigéria, dont les 11 IMF accordent des prêts à environ 1,2 millions de personnes.81 La moyenne des prêts varie considérablement dans cette région, passant par environ 150 dollars en Sierra Leone jusqu’à 4 000 dollars au Sénégal. Cela s’explique probablement par le fait que des IMF dans certains pays allouent une part plus importante au financement aux PME ou à celui d’entreprises informelles plutôt que des prêts à la consommation personnelle.

76 “La Finance au Service de l’Afrique,” BAD (2012). Disponible sur : http://www.mfw4a.org/fileadmin/data_storage/documents/MFW4A-documents/Soutien_MFW4A_De__veloppement_PME_dans_l_UEMOA__Fr__Final.pdf.

77 “Growing the Global Economy Through SMEs,” Edinburgh Group (2012). Disponible sur : http://www.edinburgh-group.org/media/2776/edinburgh_group_research_-_growing_the_global_economy_through_smes.pdf.

78 “Document de Stratégie d’Intégration Nationale, Pour l’Afrique de l’Ouest 2011-2015, ” BAD (2011).

Disponible sur : http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Policy-Documents/DSIR%20pour%20l’Afrique%20de%20l’Ouest%20-%20REV%202.pdf.

79 Ibid.80 Dernières données à partir de 2013.81 “Africa market profile,” MIX Market (2015). Dernières données à partir de 2013 : http://mixmarket.

org/mfi/region/Africa?order=series_multimedian_3&sort=desc.

Page 27: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

46 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 47

FIGURE 16: INSTITUTIONS DE MICROFINANCE SELON LE NOMBRE, LES CLIENTS ACTIFS ET LE PORTEFEUILLE DE PRÊTS BRUTS, 2013

PORTEFEUILLE DE PRÊTS BRUTS (EN MILLIONS DE DOLLARS) EMPRUNTEURS ACTIFS (EN MILLIERS)

Sénégal 30Nigéria 11

Togo 11Bénin 16

Burkina Faso 6Ghana 8

Mali 4Côte d’Ivoire 4

Niger 10Sierra Leone 1

Libéria 1

971 185

161243

108

15971

16322112

402351

182162161

10677

5931

3

2

Nombre d’IMF

Remarque : Les données ne tiennent compte que des institutions de microfinance qui ont communiqué leurs données de 2013 à MIX Market Source: MIX Market (www.mixmarket.org)

Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la DemandeMalgré d’importantes disparités selon les pays, les personnes interrogées ont permis de relever une série de défis communs qui touchent toute la région. Il s’agit notamment des défis suivants :

• Manque d’options de financement en dehors des banques commerciales : Les marchés des investisseurs potentiels, des capitaux de risque et des capitaux privés demeurent fort modestes en Afrique de l’Ouest. Il n’existe également qu’un petit nombre d’investisseurs d’impact actifs dans la région. Compte tenu de cette situation, les entreprises ont du mal à identifier des sources formelles de financement au-delà des banques commerciales. S’il existe d’autres sources de financement, elles restent toutefois méconnues, en particulier dans les pays comme le Burkina Faso et la Sierra Leone, qui disposent de très peu de données d’analyse de marché disponibles. Peu d’entreprises sont au courant de l’existence des investissements d’impact, du lieu où de tels investisseurs se trouvent et du fait qu’ils cherchent activement à élargir leur réseau d’entreprises où investir. En conséquence, les entreprises considèrent l’accès au capital comme étant largement synonyme d’obtention de prêts auprès des banques commerciales.

• Exigences élevées de garanties pour les prêts : Les banques en Afrique de l’Ouest sont peu disposées à prendre des risques, et n’adaptent pas leurs produits ou services aux besoins des PME ou des entreprises sociales. Elles n’accordent généralement des prêts qu’aux clients pouvant fournir un grand nombre de garanties sous forme d’actifs et d’épargne, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de PME et entreprises sociales. Ces exigences strictes en matière de garanties constituent pour les entreprises des difficultés d’accès au financement.

• Lacunes en matière de capacités : Les entreprises sont confrontées à d’importants défis de maintien de systèmes administratifs solides concernant la conservation des données financières, la gestion des ressources humaines, la gouvernance et le marketing. Il est donc difficile pour elles de répondre aux attentes des investisseurs, même dans des domaines essentiels tels que la présentation des ventes et du chiffres d’affaires. En outre, les entreprises éprouvent également des difficultés à embaucher du personnel qualifié pour aider à la mise en �uvre et la gestion des opérations. La Société des services de gestion pour l’Afrique (AMSCO) présente dans la région, a été mise en place dans le but de résoudre ce problème.82

• Coût élevé des affaires : En raison d’infrastructures peu développées dans la région, il est difficile de lancer les produits sur le marché. Le manque d’infrastructures routières par exemple, rend difficile le transport de marchandises, tandis que l’insuffisance des infrastructures de télécommunications entrave la communication et la sensibilisation des clients. Cela constitue un problème supplémentaire pour les entreprises qui luttent déjà pour la protection de leurs clients et le développement de leurs activités et limite leur capacité à générer les bénéfices nécessaires pour susciter l’intérêt des investisseurs.

• Difficulté à répondre aux différentes exigences des investisseurs : Lorsque les investisseurs sont identifiés et leur attention attirée, ils présentent des exigences différentes et parfois lourdes. Bien que cela ne constitue pas un obstacle majeur, cette situation peut contribuer à augmenter le coût relatif à la recherche d’investissements.

5. ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT

Politiques et RèglementsCertains gouvernements en Afrique de l’Ouest, tels que le Nigéria et le Ghana, encouragent activement les investissements et préconisent des mesures incitatives telles que des « congés fiscaux » et des exonérations des droits à l’importation pour certains secteurs. Tandis que les barrières réglementaires sont un sujet très peu abordé dans les entretiens, les investisseurs d’impact ont souligné les difficultés suivantes :

• Restrictions aux investisseurs institutionnels locaux : Les règlements dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest empêchent les investisseurs institutionnels tels que les banques et les fonds de pension, d’investir dans des placements privés, constituant un important facteur de renforcement et de croissance des entreprises

82 Site web d’AMSCO : http://www.amsco.org.

Page 28: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

48 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 49

dans les marchés développés.83 Le Nigéria a récemment accompli des progrès en permettant aux fonds de pension d’investir 5% de leurs actifs sous gestion (ASG) dans des « classes d’actifs différentes dont les placements privés. D’autres pays de la région devraient suivre cet exemple.

• Réglementation incohérente : Plusieurs investisseurs d’impact internationaux effectuent des investissements dans divers pays de la région. Cependant, ces investisseurs soulignent que les environnements réglementaires et économiques varient fortement selon les pays, si bien qu’il est difficile de maintenir un portefeuille d’investissements diversifié. Alors que les neuf pays de l’OHADA84 progressent vers une harmonisation du droit des affaires, il existe un manque de cohérence entre les pays non membres de l’OHADA. L’incertitude politique, même dans un pays donné, constitue une autre difficulté.

• Inadéquation et désuétude des règlements en cas d’insolvabilité : La résolution de l’insolvabilité des entreprises constitue un défi majeur en Afrique de l’Ouest, provenant en grande partie des lacunes dans la législation sur les faillites et des processus intervenant dans leur mise en œuvre. Dès lors que l’entreprise devient insolvable, ces lois sont alors nécessaires pour clarifier et appliquer les procédures de remboursement des créanciers et de gestion des actifs. L’indicateur de résolution de l’insolvabilité du rapport Doing Business mesure la performance des pays dans ce domaine. La performance de l’Afrique occidentale est faible ; le classement moyen de la région est 136ème sur 189 pays. La Guinée-Bissau et le Cap-Vert sont classés respectivement dernier et avant-dernier du classement ; et la résolution de l’insolvabilité d’une entreprise au Niger peut prendre jusqu’à 5 ans. Cependant, la Sierra Leone a récemment assoupli les procédures en promulguant une nouvelle loi sur les sociétés et en mettant en place une juridiction appliquant des procédures accélérées pour les affaires commerciales. 85

Efforts Visant à Soutenir le Marché de l’Investissement d’Impact

LES TYPES D’ACTEURS

Dans toute la région, il existe peu d’acteurs soutenant les entreprises et les investisseurs, la plupart étant regroupés au Ghana, au Nigéria et au Sénégal. Comme indiqué sur la figure 17, il existe plusieurs catégories d’acteurs à considérer.

83 “Pension Funds and Private Equity: Unlocking Africa’s Potential,” EMPEA (2014). Disponible sur : http://empea.org/newsroom/empea-news/pension-funds-and-private-equity-unlocking-africas-potential.

84 Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.85 “Doing Business Regional Profile: CEDEAO,” SFI (2014). Disponible sur : http://www.ihk-krefeld.de/

de/media/pdf/international/doing-business/westafrika-doing-business-in-the-economic-community-of-west-african-states-2014.pdf.

FIGURE 17: LES ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME EN AFRIQUE DE L’OUEST, JUILLET 2015

* Également présents dans d’autres pays d’Afrique de l’OuestSource: Recherche documentaire ; entretiens

INCUBATEURS PRESTATAIRES D’ASSISTANCE TECHNIQUE RÉSEAUX ORGANISMES DE RECHERCHE

CONCOURS DE PLANS D’AFFAIRES

YouWin!

Jiggen ci TIC

EFinA

OnFrontiers

SSG Advisors

Novametrics LLC

Performances Management

Consulting

Global Village Energy Partnership

(GVEP) International

Bureau de mise à niveau du

Sénégal (BMN)

Agence de Développement

et d’Encadrement des PMEs

(ADEPME)

Agence de Promotion des Investissements et des Grands

Travaux (APIX)

Lagos Angel Network

Enterprise Development

Centre: Pan-Atlantic

University

Ghana Institute Of Management

and Public Administration—

Centre for Impact Investment

CcHub

iDEA

L5Lab

Passion Incubator

SPARK

Wennovation Hub

Initiative Development

Ghana

The African Private Equity and

Venture Capital Association*

Ghana Angel Investor Network

SME Development

Agency of Nigéria

Nigérian Investment Promotion

Commission

African Management

Services Company (AMSCO)*

Ghana Investment Promotion

CentreMeltwater Entrepreneurial

School of Technology

Incubateur et accompagnateur

de croissance TIC (CTIC)

ServLed

Dalberg

Enablis

Synapse Center

Jokkolabs*

iLab Libéria*

Innovate Salone* Sierra LeoneLibériaSénégalGhanaNigéria

Les incubateurs et les prestataires d’assistance technique sont les plus nombreux. Le nombre d’incubateurs a récemment augmenté pour accueillir le nombre croissant de PME à soutenir. La majorité se concentre sur la technologie (Co-creation Hub et iDEA au Nigéria ; Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) au Ghana). Cela reflète le rôle important de l’utilisation de la technologie, en particulier de la technologie mobile, dans de nombreux aspects de la vie en Afrique de l’Ouest.

Page 29: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

50 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 51

Les faibles coûts d’investissement associés à de nombreux services axés sur la technologie, favorisent la croissance du nombre des PME dans les centres urbains.

Les prestataires d’assistance technique sont bien représentés ; ils sont largement répartis entre les organismes d’appui gouvernementaux axés sur le développement des PME et la promotion des investissements, et les cabinets de conseil privés chargés de fournir des services de conseils aux entreprises et aux investisseurs. Il est encourageant de constater qu’au cours des dernières années, un certain nombre de réseaux, axés sur le développement de milieux d’investisseurs en capitaux propres, sont apparus. Les entretiens avec ces réseaux indiquent qu’il existe une forte volonté de la part de ces investisseurs de trouver de nouvelles et meilleures façons de collaborer.

Deux organismes de recherche ont été identifiés : le centre de l’investissement d’impact du Ghana Institute of Management and Public Administration (GIMPA) et le Enterprise Development Center (EDC, Centre pour le développement de l’entreprise) à l’Université Pan Atlantic du Nigéria. Le Centre du GIMPA a pour but de fournir des informations sur le plaidoyer et la sensibilisation à la pratique des investissements d’impact au Ghana. Ce centre a publié plusieurs rapports sur la situation du secteur.86 L’EDC mène, quant à lui, des recherches sur l’écosystème du développement des entreprises au Nigéria, assure le renforcement des capacités des entreprises et organise des activités de réseautage en vue de réunir les investisseurs et les entreprises.

PRINCIPALES CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

L’écosystème de l’investissement d’impact dans la région est encore émergent. Par conséquent, les acteurs des organismes de recherche aux incubateurs sont limités. Les personnes interrogées ont relevé les défis suivants :

• Concentration de l’écosystème : Les acteurs se trouvent bien souvent dans les grands centres urbains de Lagos, Accra et Dakar. Cela convient aux organisations d’appui aux investisseurs, étant donné que les investisseurs locaux sont principalement situés dans ces centres urbains, et que les investisseurs internationaux peuvent se déplacer plus facilement vers eux. Toutefois, il est absolument indispensable d’assurer une plus grande répartition géographique de l’appui aux entreprises, notamment dans les zones rurales. De plus, il est nécessaire de développer l’incubation d’entreprises au-delà de l’accent actuellement mis sur la technologie.

• Manque de sensibilisation des investisseurs au potentiel de l’appui à l’écosystème : Le soutien aux investisseurs est encore en cours de construction et son efficacité en Afrique de l’Ouest reste encore à prouver. Il est donc difficile pour ces acteurs d’avoir la crédibilité nécessaire pour agir comme une solide structure d’appui. Par exemple, un incubateur a signalé qu’il s’est démené pour mobiliser les investisseurs et les intéresser au potentiel des incubateurs à générer un réseau d’entreprises où il est possible d’investir. Un organisme d’appui aux investisseurs a quant à lui déploré le fait que peu d’investisseurs, tant locaux

86 Consulter http://gcii.gimpa.edu.gh pour plus de détails.

qu’étrangers étaient conscients des incitations à l’investissement qui avaient été annoncées. Les entretiens ont également indiqué que les organisations sont peu sensibilisées aux programmes d’appui aux entreprises, tant publiques, que privés.

• Manque de ressources : Compte tenu de l’absence de systèmes administratifs et de gouvernance professionnelle dans les entreprises, l’incubation et l’appui aux entreprises constituent un processus fastidieux et coûteux. C’est la raison pour laquelle les incubateurs affirment qu’ils ne peuvent accueillir qu’un nombre limité d’entreprises à la fois, soit une infime partie des entreprises qui ont besoin d’une certaine forme d’appui.

Malgré ces contraintes, les acteurs de l’écosystème étaient optimistes quant à la trajectoire de l’investissement d’impact dans la région. Ils ont pris soin de souligner que comme le secteur de l’investissement d’impact est encore très jeune, il est compréhensible qu’il soit confronté à des lacunes et à des problèmes associés à l’agrandissement rapide. Tout comme les investisseurs, ils ont également identifié les débouchés s’ouvrant dans des secteurs tels que l’agriculture, l’énergie, la technologie et les services financiers. En outre, ils ont indiqué que compte tenu du développement des marchés des capitaux privés et des capitaux-risque dans la région, un cercle vertueux pourrait apparaitre dans le secteur, entrainant une augmentation des investissements et incitant les entreprises à développer des systèmes administratifs permettant de répondre aux besoins des investisseurs. De meilleurs systèmes administratifs permettent aux entreprises d’attirer plus facilement des capitaux et aux investisseurs de trouver des entreprises en quête d’investissements, sachant que plus les investissements stimulent la croissance, plus l’afflux de capitaux est important.

CONCLUSION : POSSIBILITÉS D’INTERVENTIONBien que plusieurs personnes interrogées étaient optimistes quant aux perspectives de croissance du secteur de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest de croissance, d’autres ne l’étaient pas encore. La capacité des investisseurs d’impact à générer un rendement financier important suscite beaucoup de scepticisme. En outre, vu que nombre d’entre eux sont dans la région considérant que « l’impact » se présente sous toute forme d’investissements et contribuant à renforcer les capacités nationales (même dans des domaines tels que le pétrole et du gaz), l’engagement des investisseurs d’impact à créer un impact social ou environnemental devient moins avantageux.

Compte tenu de ce contexte, il est important que les investisseurs d’impact ainsi que les organismes d’appui soient proactifs dans le développement du secteur de l’investissement d’impact. Les entretiens ont révélé ce qui suit comme étant des interventions prometteuses :

• Sensibiliser à l’investissement d’impact : De nombreux investisseurs en Afrique de l’Ouest, ne savent pas ce qu’est l’investissement d’impact, ou le

Page 30: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

52 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 53

considère comme un nouveau type de philanthropie. Dans les deux cas, le terme « investissement d’impact » n’a pas été accueilli avec enthousiasme dans la région. La sensibilisation s’avère donc utile. Cela pourrait se présenter sous la forme de publications et de diffusions de travaux de recherche, de développement de réseaux plus solides d’investisseurs d’impact dans le but de renforcer la visibilité collective et de permettre aux investisseurs d’impact de sensibiliser les investisseurs commerciaux.

• Capitaliser sur les africains et les sociétés africaines les mieux nantis : Relativement à l’intervention susmentionnée, il est particulièrement important de solliciter et de mobiliser les africains à valeur nette élevée comme nouvelles sources de financement. Les entretiens ont indiqué que plusieurs africains à valeur nette élevée désirent investir leurs capitaux dans des initiatives à des fins à fort impact.87 Il est temps d’aborder avec eux le potentiel de l’investissement d’impact, en vue de représenter une nouvelle vague de philanthropie africaine à la fois percutante et financièrement viable. Parallèlement, il existe beaucoup de grandes sociétés qui se développent dans la région et qui pourraient se servir des investissements d’impact pour leurs chaînes d’approvisionnement. Les personnes interrogées ont signalé que comme les personnes à valeur nette élevée, ces sociétés manquent de sensibilisation et de compréhension du concept d’investissement d’impact.

• Renforcer l’écosystème des incubateurs : L’un des messages constamment répétés, transmis par les investisseurs concerne l’extrême difficulté à trouver des entreprises où il est possible d’investir. Celui des incubateurs concerne les difficultés à mobiliser les investisseurs. Cette situation est particulière, étant donné que les incubateurs fournissent l’appui qui permettra aux entreprises de développer un réseau pour les investisseurs. De toute évidence, il existe des lacunes dans la collaboration. Afin de combler cette lacune, deux mesures s’imposent : il est nécessaire d’assurer le développement de l’écosystème des incubateurs et de renforcer les liens entre les investisseurs et les incubateurs. Pour atteindre ces objectifs, les investisseurs d’impact peuvent :

• Établir des relations avec des incubateurs individuels pour les aider à comprendre les types d’entreprises recherchées, les indicateurs les plus importants lorsqu’il s’agit d’investir ainsi que les besoins futurs probables des réseaux d’investisseurs ;

• Investir dans des incubateurs afin de les renforcer en nombre et en capacité ;

• Travailler avec les incubateurs pour développer un réseau plus solide d’associations de soutien qui établiront les relations entre les investisseurs et les sociétés et mobiliseront les gouvernements.

• Sensibiliser et mobiliser les entreprises sur la valeur des capitaux propres grâce à des partenariats locaux : Les investisseurs estiment généralement que les investissements en capital s’avèreraient plus efficaces que les prêts. Il

87 See the following for an interesting debate on the issue: “Are Africa’s wealthiest doing enough to help the continent?” The Africa Report. Available at: http://www.theafricareport.com/The-Question/are-africas-wealthiest-doing-enough-to-help-the-continent.html.

s’agit de stimuler la croissance des entreprises, puisque les capitaux propres permettent aux investisseurs d’adopter une approche plus interventionniste et de recourir à leur expertise pour assurer la gestion des entreprises, souvent en siégeant au conseil d’administration. Toutefois, les entreprises en Afrique de l’Ouest hésitent à accepter les investissements en capital, par crainte de perdre le contrôle de leurs entreprises. Un des moyens d’y remédier consiste à établir une présence locale. Les entretiens ont indiqué que les propriétaires et gestionnaires d’entreprises attachent de l’importance à la prise de contact physique et sont beaucoup plus susceptibles d’accorder leur confiance à des investisseurs qui sont à la fois présents et connus de leurs communautés. Pour les investisseurs qui ne peuvent pas agir de la sorte, trouver des partenaires locaux ou investir indirectement par l’intermédiaire des gestionnaires de fonds locaux constitue également une option envisageable. Ceux qui ont déjà une présence locale devraient, bien sûr, continuer à insister sur leur rôle en tant que partenaires aux entreprises.

• Élaborer un bilan de succès au moyen de mesures plus cohérentes : Il est difficile pour les investisseurs de mettre en adéquation un ensemble de paramètres et d’indicateurs d’impact, notamment parce qu’ils traitent avec diverses entreprises ayant des profils d’impact différents. Pourtant, des mesures internes plus efficaces et cohérentes, ainsi que les rapports externes permettent d’identifier les moteurs de réussite et d’échec, en dotant enfin le secteur d’une meilleure trajectoire de croissance. Une plus grande utilisation des SIG pourrait faciliter le processus de suivi des mesures internes et rendre plus facile la diffusion des résultats.

Le bilan de la croissance économique rapide en Afrique de l’Ouest, ainsi que la présomption qu’une telle croissance se poursuivra, est à l’ordre du jour de nombreux investisseurs locaux et internationaux. Les investisseurs d’impact ont récemment commencé à se focaliser sur la région. Bien que le secteur soit actuellement de petite taille, il y a de grandes possibilités de croissance. Ces possibilités ne peuvent cependant être exploitées sans des efforts rapides et coordonnés dans l’ensemble du secteur de l’investissement d’impact.

Page 31: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

54 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST RÉSUMÉ ANALYTIQUE • 55

ANNEXE: LISTE DES PERSONNES INTERVIEWÉESNote: Les acteurs ci-aprés denommés "Offre" ne sont pas necessairement investisseurs d'impact.

Catégorie d'acteur

Endroit de l'entrevue Organisation Type

Offre Ghana Acumen Fund Gestionnaire de fonds

Offre Ghana JCS Investment Limited Gestionnaire de fonds

Offre Ghana Lundin Fondation Fondation

Offre Ghana Venture Capital Trust Fund Fonds gouvernemental

Offre Nigéria Alitheia Capital Gestionnaire de fonds

Offre Nigéria Doreo Partners Gestionnaire de fonds

Offre Nigéria International Finance Corporation (IFC) IFD

Offre Nigéria Sahel Capital Partners Gestionnaire de fonds

Offre Sénégal Banque Nationale de Developpement Economique (BNDE) Gestionnaire de fonds

Offre Sénégal The West African Development Bank (BOAD) IFD

Offre Sénégal Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce (BSIC) Investisseur institutionnel

Offre Sénégal CGF Bourse Investisseur institutionnel

Offre Sénégal Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) Investisseur institutionnel

Offre Sénégal Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) Gestionnaire de fonds

Offre Sénégal Fonds Souverain d’Investissement Stratégiques (FONSIS) Gestionnaire de fonds

Offre Sénégal International Finance Corporation (IFC) IFD

Offre Sénégal Investisseurs et Partenaires (I&P) Gestionnaire de fonds

Offre Sénégal Root Capital Gestionnaire de fonds

Offre Sénégal Sen Finances Gestionnaire de fonds

Offre Sénégal Teranga Capital Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Accion Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Adlevo Capital Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Africinvest Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Alterfin Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Broad Cove Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Cordaid Investments Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Netherlands Development Finance Company (FMO) IFD

Offre Téléphonique Injaro Investments Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Leapfrog Investments Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Medical Credit Fund Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique MicroVest Capital Funds Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Oikocredit Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique Shell Fondation Fondation

Offre Téléphonique Teranga Capital Gestionnaire de fonds

Offre Téléphonique TIAA-CREF Investisseur institutionnel

Offre Téléphonique Whole Planet Fondation Fondation

Demande Ghana Initiative Development Ghana Incubateur

Demande Ghana Sinapi Aba Trust Enterprise

Demande Ghana Toyola Enterprise

Demande Nigéria Africa Exchange Holdings (AFEX) Enterprise

Demande Nigéria Africa Training and Management Services (ATMS) Fondation/ Africa Management Services Company (AMSCO)

Prestataire d’assistance technique

Demande Nigéria Andela Enterprise

Demande Sénégal Mutuelle d’Epargne et de crédit du Djoloff (DJOMEC) IMF

Demande Sénégal Enablis Enterprise

Demande Sénégal Laiterie du Berger Enterprise

Écosystème Ghana Ghana Angel Investor Réseau Réseau

Écosystème Ghana Ghana Investment Promotion Centre (GIPC) Prestataire d’assistance technique

Écosystème Ghana Ghana Institute of Management and Public Administration (GIMPA) Center for Impact Investing

Organisme académique/de recherche

Écosystème Ghana Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) Incubateur

Écosystème Ghana Servled Incubateur

Écosystème Nigéria Co-creation Hub (CcHUB) Incubateur

Écosystème Nigéria Enterprise Development Center, Pan-Atlantic University Organisme académique/de recherche

Écosystème Nigéria Information Technology Developers Entrepreneurship Accelerator (iDEA) Incubateur

Écosystème Nigéria Lagos Angel Réseau Réseau

Écosystème Sénégal Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Enterprises (ADEPME)

Prestataire d’assistance technique

Écosystème Sierra Leone Innovate Salone Incubateur

Page 32: LE MARCHE DE YTIQUE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN … · Abhilash Mudaliar, amudaliar@thegiin.org Hannah Schiff, hschiff@thegiin.org Laura Gustafson, lgustafson@thegiin.org Équipe

À PROPOS DU GLOBAL IMPACT INVESTING NETWORK

Le Global Impact Investing Network (GIIN®) est une organisation à but non lucratif dévouée à augmenter l’échelle et l’efficacité des investissements d’impact. Le GIIN édifie l’infrastructure essentielle et soutient des activités, de l’éducation, et de recherche qui aident l’accélération du développement d’une industrie cohérente des investissements d’impact. Pour en savoir plus, visite www.thegiin.org.

30 Broad Street, 38ème étage, New York, NY 10004, Etats Unis +1.646.837.7430 | [email protected] | www.thegiin.org