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Le marronnage ou la résistance a l'esclavage Sur les chemins de la liberté "Soutenir le devoir collectif de mémoire"

Le marronnage ou la résistance a l'esclavage · Introduction L'inauguration - le 10 juin 2008 - de la statue « Les Marrons de la Liberté », par le président de la Région Antoine

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Le marronnage ou la résistance

a l'esclavage

S u r l e s c h e m i n s d e l a l i b e r t é" S o u t e n i r l e d e v o i r c o l l e c t i f d e m é m o i r e "

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Repères historiques

1685 : Publication du Code noir1789 : Déclaration des droits de l'homme et du citoyen1791 : Insurrection d'esclaves à Saint-Domingue1794 : Première abolition de l'esclavage par la Convention (4 février)1802 : Rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte 1804 : Indépendance d'Haïti1834 : Création de la Société française pour l'abolition de l'esclavage1848 : Deuxième abolition de l'esclavage par Victor Schoelcher (27 avril)1946 : Création des départements d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe,

Guyane, Réunion)1998 : Cent cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage2001 : Loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme crime contre

l'humanité 2008 : date nationale de commémoration de l'abolition

de l'esclavage (10 mai)

S u r l e s c he mi n s de la l iberté

Sommaire

fPréface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2fIntroduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3fLa statue des Marrons de la Liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4-5fQu’est-ce que le marronnage ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6-9fQuelles sont les formes de marronnage ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10-13fQui sont les Marrons de Guyane ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14-21fQuel héritage du marronnage ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22-23

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Le marronnageou la résistance

a l’esclavage

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Introduction

L'inauguration - le 10 juin 2008 - de la statue « Les Marrons dela Liberté », par le président de la Région Antoine Karam, areprésenté un temps fort des manifestations du 160e anni-versaire de l'abolition de l'esclavage. Cette œuvre monumen-tale, érigée au beau milieu du rond-point Adélaïde Tablon àRémire-Montjoly, rend hommage aux esclaves qui entrèrenten résistance contre la traite négrière et l'esclavage reconnuspar l'État français, en 2001, comme crime contre l'humanité.

Parmi toutes les luttes contre l'asservissement, le marron-nage est l'expression la plus originale de cette légitime

volonté de liberté.

Ce livret propose une présentation du fait demarronnage dans son contextehistorique à partir d'une oeuvre

contemporaine accessible à tous.

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Préface

Soutenir le devoir collectif de mémoire

L'initiative d'éditer ce livret s'inscrit dansla volonté exprimée par la Région de sou-tenir le devoir collectif de mémoire, réac-tivé depuis la loi mémorielle du 21 mai2001 (loi Taubira) qui reconnaît la traitenégrière et l'esclavage comme crimecontre l'humanité. La collectivité régio-nale a souhaité inscrire cette reconnais-sance dans l'espace en érigeant une sta-tue des Marrons de la Liberté sur le terri-toire de la commune de Rémire-Montjoly.

Le présent support a, dans ce contexte,une valeur pédagogique. Il constitue unessai non exhaustif de vulgarisation del'histoire de la Guyane sur l'esclavage etson abolition. Il se propose de réunifier lesens de ces « nœuds » historiques ets'adresse à tous les publics. Il s'agit de per-mettre à chaque citoyen de s'approprierpleinement notre histoire et de l'inscriredans un rapport constructif au présent.

Le devoir de mémoire que je revendiquepour tous les Guyanais, à partir de signesmatériels tangibles, est fait pour rassembler

toutes celles et tous ceux qui, progressistes,humanistes, démocrates, sont attachés àl'émancipation de l'homme et aux valeursuniverselles de dignité, de respect et dejustice pour tous.

L'esclavage est un fait tragique del'histoire de l'humanité. C'est un sys-tème injuste fondé sur la négationde l'autre. Il établit une inégalité defait entre Noirs et Blancs et autorise lesseconds à avilir les premiers. Il est aussi,plus largement, un ferment du colonia-lisme, de l'asservissement du NouveauMonde par les puissances européennes. Lemarronnage ne peut pas être regardécomme une forme ordinaire de rébellion.

Il suggère la contestation ouverte d'unordre social, économique et politique quipromeut la recherche de profits. Le marron-nage est bien la forme la plus expressive dela protestation des esclaves contre leur ins-trumentalisation. Il est consubstantiel à laliberté et renvoie à des valeurs de primautéde l'être. La Guyane se devait d'ériger unbien mémoriel digne de ce nom.

Antoine KaramPrésident de la Région Guyane

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L a s t a t u e d e s M a r r o n s d e l a L i b e r t é

Les Marrons de la Liberté

« une OEUVRE symbolique »

Lobie Cognac, l'artiste et son œuvreLauréat du projet initié par la Région en 2006, Lobie Cognac,artiste peintre et sculpteur, vit et travaille en Guyane (Macouria).« Les Marrons de la Liberté », cette statue de bronze de 5 mètres

de hauteur, fut réalisée en Chine où l'artiste est connu pour avoirséjourné et livré une œuvre monumentale, « Kabugu Uma »,

qui orne depuis 2004 le Parc international de la sculpture deChangchun (province de Jilin). Ses toiles dépeignent son envi-

ronnement proche où se mêlent les croyances traditionnellesbushinengué. Artiste d'art contemporain, Lobie Cognacexpose dans différents pays de par le monde.

L i b è r e - t o i t o i - m ê m e !B a s i f u e d e n a e d e s e e f i !

« La réalisation de cette œuvre symbolique est essen-tielle du point de vue historique et pour la construc-tion d'une identité régionale capable de fédérer tou-tes les composantes de la communauté guyanaise. »

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Un symbole de paix et de libertéCette statue représente un couple de résistants àl'oppression. Une femme en tenue d'abattis, unpagne autour des reins, lâchant un oiseau, symbolede paix et de liberté. Un homme les bras et poingslevés, brisant ses chaînes, signe de victoire etgarant de la paix.

« Mon parti a été de garder cette vision communecorrespondant à une réalité historique. J'ai ajoutéune femme, car elles ont aussi subi la traite. Cesdeux personnes représentent l'humanité. »

Sur le socle de ce monument, un tembémontre deux oiseaux en vol reliés à d'au-tres éléments. Au milieu, l'étoile repré-sente l'évolution de l'être humain et lesécritures en alphabet Afaka (signescabalistiques) évoquent la liberté.

Les signes zoomorphes (tortue, ser-pent) et anthropomorphes (êtrehumain) - que l'on retrouve sur cer-taines roches gravées de Guyane -évoquent la présence amérindienne,en hommage aux premières victi-mes de l'esclavage.

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Le marronnage est un mode de résistance que lesesclaves noirs et amérindiens adoptèrent pour échap-per à toutes les brutalités et aux mauvaises condi-tions de vie qu'ils subissaient sur les plantations. Ilséchappaient ainsi au manque de nourriture, au fouetou à la mort et bravaient tous les dangers pour retrou-ver leurs familles ou tout simplement leur liberté.

Le commerce triangulaire

La traite négrière et l'esclavage concernaient l'achat et le transport d'esclavesnoirs d'Afrique par les Européens. Ce commerce, dit triangulaire, se déroulaiten 3 étapes entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. La traite atlantique, commeon l'appelle aussi, s'est développée avec l'accroissement des plantations et unemain-d'œuvre amérindienne devenue insuffisante. Les esclaves noirs étaienttransportés à bord de bateaux appelés « négriers » et revendus ou échangésen Amérique contre des produits tropicaux. Du XVIe au XIXe siècle, la Francecomptait environ 1,5 million d'esclaves déportés. Ce trafic favorisait la prospé-rité des différents ports européens comme Liverpool, Lisbonne, Bordeaux, LaRochelle ou encore Nantes, considéré comme le principal port négrier français.

Q u ’ e s t - c e q u e l e m a r r o n n a g e ?

Une RÉSISTANCE

a l’esclavage Charleston

La Havane

Carthagène

Caracas

Vera Cruz

Saldavor de Bahia

Rio de Janeiro

Ouidah

Gorée

Marrakech

CordoueLisbonne

BordeauxNantes

Alger

LuandaBRESIL

ETATS-UNIS

OCEANATLANTIQUE

OCEANPACIFIQUE

La NouvelleOrléans

GUYANE

« Le mot marron vient de l'espagnol « cimarrón » et signifie « fuir, s'échapper ».Ce terme, emprunté aux Arawaks, désignait d'abord les animaux domestiquesqui devenaient sauvages. En français, le mot s'étendit d'abord aux engagés quifuyaient leurs mauvaises conditions de travail. À partir du XVIe siècle, le termedésigna également les esclaves fugitifs des plantations. »

L'île de Gorée, située àproximité des côtes deSénégambie, et occupéesuccessivement par lesPortugais, les Hollandaispuis les Français,devient au XVIIe siècle le plus grand comptoirde la traite d'esclavesdes côtes africaines.

« I l y e u t d e s m a r r o n s d è s q u ' i l y e u t d e se s c l a v e s » , Victor Schoelcher

Régions d’achat des esclaves en AfriqueTraite interne à l’AfriqueRégions de revente des esclavesPorts et places impliqués dans la traite

Marchandises de traite venantde l’EuropeTraite occidentale d’esclavesProduits tropicaux destinés àl’Europe

Les traites des noirs du VIIe auXIXe siècle

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Q u ’ e s t - c e q u e l e m a r r o n n a g e ?

Dès les premières années de la traite, les planteurs comme les négriers ontdû faire face aux différentes révoltes des esclaves. Le marronnage aconcerné toutes les colonies, qu'elles soient françaises, britanniques, portu-gaises, espagnoles ou hollandaises. Il est commun sur le plateau desGuyanes, aux Antilles et dans l'océan Indien. Ces actes de marronnage ontdébouché sur la création de sociétés organisées en marge du systèmeesclavagiste.

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Glossaire

Adélaïde Tablon : figure emblématiquede la révolte des communes contre unedécision du pouvoir colonial en 1892, quiprivait les communes rurales du pouvoir

de s'administrer. Jeannette AdélaïdeTablon fut arrêtée et jugée avec d'autres

habitants de Roura d’où elle était originaire.

Victor Schoelcher (1804-1893) : sous-secré-taire d'État à la Marine et aux Colonies dans le

Gouvernement provisoire de la IIe Républque et pré-sident de la Commission d'abolition de l'esclavage.

Arawak : Amérindiens de la forêt amazonienne. Lenom désigne surtout une famille linguistique à

laquelle se rattachent de nombreuses populationsd'Amazonie, dont les populations Kali'na.

Napoléon Bonaparte (1769-1821) : successivement général,Premier consul, puis Empereur des Français.

Loi Taubira (Mme Christiane Taubira, Députée de Guyane) : loin°2001-434 du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de latraite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité.

À propos de la loi Taubira

C'est à partir d'une propositionde loi de la députée deGuyane, Christiane Taubira,que le gouvernement français

est conduit à reconnaître « latraite et l'esclavage comme

crime contre l'humanité ». Ce texte préconise par ailleurs,

dans son article 2, l'inclu-sion de ce fait historique

dans les programmes sco-laires et, dans son article 4,

le choix d'une date de com-mémoration nationale, en

l'occurrence le 10 mai.

Article 1

« La République françaisereconnaît que la traitenégrière transatlantique ainsique la traite dans l'océanIndien d'une part, et l'escla-vage d'autre part, perpétrés àpartir du xve siècle, auxAmériques et aux Caraïbes,dans l'océan Indien et enEurope contre les populationsafricaines, amérindiennes,malgaches et indiennesconstituent un crime contrel'humanité. »

Négresse esclavechargée d’un poids

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Le marronnage pouvait être maritime ou continental. Quelques faits de mar-ronnage par la mer à l'aide de canots ou de bateaux ont été recensés. Le mar-ronnage à pied consistait, quant à lui, à longer le littoral en empruntant leschemins qui reliaient les habitations entre elles ou à remonter jusqu'enamont le réseau fluvial, comme celui de la Comté, dans la région de Roura.

Q u e l l e s s o n t l e s f o r m e s d e m a r r o n n a g e ?

Petit et grandMARRONNAGE

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Le petit marronnage

Il s'agissait d'une fugue occasionnellequi durait quelques jours en dehorsde la plantation. Il pouvait être le faitd'individus isolés ou d'un groupe d'es-claves. Ce petit marronnage ne met-tait pas en péril l'ordre établi.

Le grand marronnage

Cette fuite se faisait sans esprit deretour et aboutissait à la formationde bandes de Marrons qui vivaient dela chasse, de la pêche, de la cueilletteou encore du pillage des habitationsqu'ils incendiaient parfois. Le grandmarronnage mettait en danger le sys-tème esclavagiste, d'où l'organisa-tion, par le gouvernement colonial,de véritables expéditions militairespour punir les fugitifs.

Marche à travers un marais

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Le marronnage réprimé : le Code noir

Le Code noir de 1685 fixe le statut juridique des escla-ves. Il présente ces derniers comme des « meubles »(article 44) que le maître peut vendre. Il prévoit également des sanctions à l'encontre de leursactes de révolte.

L'article 38 sur le marronnage dispose :« L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un moisà compter du jour que son maître l'aura dénoncé en jus-tice, aura les oreilles coupées, et sera marqué d'une fleurde lys sur une épaule, et s'il récidive un autre mois, àcompter pareillement du jour de la dénonciation, il aurale jarret coupé et sera marqué d'une fleur de lys sur l'au-tre épaule, et la troisième fois il sera puni de mort. »

Q u e l l e s s o n t l e s f o r m e s d e m a r r o n n a g e ?

12 dates de l'esclavage en Guyane

1613 : Colonisation de la Guyane1652 : Arrivée des premiers esclaves, notamment d'Afrique

de l'Ouest1700 : Actes de marronnage aux alentours de Cayenne 1704 : Application des dispositions du Code noir en Guyane1742 : Installation d'une bande de Marrons sur la

Montagne Plomb 1790 : Révolte d'esclaves, sur l'Approuague, contre les colons1802 : Marronnage des chefs marrons Simon, Adome et Pompée1822 : Arrestation du chef Pompée1838 : À l'initiative d'Anne-Marie Javouhey, installation

d'esclaves noirs à Mana1848 : Promulgation du décret d'abolition en Guyane (10 juin)2008 : Inauguration de la statue des Marrons de la Liberté

(10 juin)2009 : Inauguration de l'aménagement du rond-point

Adélaïde Tablon (10 juin)

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Esclave Samboé

Glossaire

Le Code noir est un recueil de textes régissant la vie desesclaves noirs dans les colonies françaises. Élaboré parColbert et promulgué en 1685 par Louis XIV, il est applicableen Guyane à partir de 1704.

Les dates de l'abolition de l'esclavage dans les coloniesfrançaises

Le décret du 27 avril 1848 proclame l'abolition de l'esclavage dans les colonieset possessions françaises ainsi que l'organisation de la liberté. Martinique : 23 mai 1848 - Guadeloupe : 27 mai 1848 - Guyane : 10 juin 1848 -Réunion : 20 décembre 1848

LES MARRONS CONNUS : LEVEILLE - TERRASSON - GEORGES - PAULIN - BERTHIER

- CHARLEMAGNE - CUPIDON - ANTOINE - LINVAL - ATTENTION - POMPEE - SIMEON

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Iraco

ubo

Counamama

Sinn

amar

y

Kour

ou

Comté

Approuague

CAYENNECAYENNEMontjolyMontjolyParoisse de RémireParoisse de Rémire

MacouriaMacouria

Bourg de KourouBourg de Kourou

Montsinéry-Montsinéry-TonnégrandeTonnégrande

TonnégrandeTonnégrande

Paroisse de RouraParoisse de Roura

Quartier d'ApprouagueQuartier d'Approuague

Bourg de KawBourg de Kaw

GuisambourgGuisambourg

Canal de KawCanal de Kaw

Canal de TorcyCanal de Torcy

Quartier du Canal Quartier du Canal de Torcyde Torcy

CAYENNEMontjolyParoisse de Rémire

Macouria

Bourg de Kourou

Bourg de Bourg de SinnamarySinnamary

CounamamaCounamamaBourg d'IracouboBourg d'Iracoubo

Bourg de Sinnamary

CounamamaBourg d'Iracoubo

Montsinéry-Tonnégrande

Tonnégrande

Paroisse de Roura

Quartier d'Approuague

Bourg de Kaw

Guisambourg

Canal de Kaw

Canal de Torcy

Quartier du Canal de Torcy

D’après Marie-José Jolivet

Localisation des habitations au XVIIIe siècle

Q u i s o n t l e s M a r r o n s d e G u y a n e ?

Les COMMUNAUTÉS

marronnes

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Nègre rebelle en faction

Les communautés marronnes deGuyane se sont progressivementconstituées entre le milieu du XVIIe siè-cle et la fin du XVIIIe siècle. Les esclavesfuyant le régime servile étaient issusdes habitations situées, pour les plusprospères, dans l'île de Cayenne et sesalentours ainsi que dans les quartierséloignés tels que Oyapock,Guisambourg, Kaw, Sinnamary,Iracoubo et Mana. La discipline etaittrès stricte sur ces grandes plantations(sucreries, fabriques de Roucou). Sousle contrôle permanent des régisseurs,économes et commandeurs, chacundes manquements des esclaves etaitsuivi de punitions infligées « pourl'exemple ».

Zone de colonisation au XVIIIe siècle

Polders aménagés sous l’influence de Guisan

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Gabriel, chef amérindien populaire

Le marronnage d'une cinquantaine d'esclaves (noirs et amérindiens) de l'habi-tation de Gennes, dans la région de l'Oyac à Roura, est l'une des premièresrévoltes d'esclaves en Guyane vers les années 1700.

Emmenés par Gabriel, esclave marron d'origine amérindienne, une vingtained'entre eux sera capturée et punie. En 1706, le chef Gabriel vivra dans la forêt

durant 6 ans avec ses compagnons avant d'êtrede nouveau attaqué par les esclavagistes en1712.

Ils se réfugièrent sur la montagne Gabriel où ilsrésisteront aux assauts des colons jusqu'en1730. Ces faits de résistance ont été relatés danstoute la colonie. L'une des montagnes de la com-mune de Roura porte le nom de ce héros.

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Q u i s o n t l e s M a r r o n s d e G u y a n e ?

La bande de la Montagne Plomb

Le « Quartier général » est le nom donné au site où s'était éta-blie une bande de Marrons sur la Montagne Plomb, en amont dela rivière Tonnégrande.

Avec à sa tête le chef André, cette communauté comptait environsoixante-douze personnes dont le rôle et la vie étaient bien orga-nisés. Ils y cultivaient du manioc, du maïs, du riz, des patates, de lacanne à sucre…

Le camp fut attaqué en 1748 par les troupes de Préfontaine. La plu-part des Noirs réussirent à s'enfuir, sauf Louis, un garçon de 15 ans.La bande regagna alors le haut cours dela rivière de Kourou où elle fut rattrapée.Seuls les chefs réussirent à s'échapper.

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Q u i s o n t l e s M a r r o n s d e G u y a n e ?

Pompée de nation Macoua

Dès le rétablissement de l'esclavage en 1802, lechef Pompée, de nation africaine Macoua,entre en résistance. Il emporte avec lui desoutils aratoires et une arme à feu volée dansl'habitation du maître Sigoigne.

Il rencontre à « Changement » Simon Froissard etCharlemagne. Ils fondent les établissements « BoisFer », « Jolie Terre » et « Trou Couleuvre ». Le camp

est attaqué par les troupes de Victor Hugues en1807. Pompée s'installe d'abord à « Trou Biche ».Il s'échappe ensuite avec les siens, dont sa femmeGertrude, sur la branche droite de la rivièreComté dénommée « Couri Mo ». Ils s'enfoncentensuite dans les terres jusqu'au sud-est du SautBrodel où il établit le camp « Maripa ».

Au bout d'une vingtaine d'années de marron-nage, Pompée est arrêté le 5 août 1822 à 11heures. Condamné à mort, il est gracié par leroi Louis XVIII sur la base d'une ordonnancecoloniale du baron de Laussat, quiaccorde le pardon aux Noirs marronsqui se rendent volontairement.

Glossaire

Aratoire : outil servant àlabourer le sol.

Victor Hugues (1761-1826) : gouverneur de laGuadeloupe de 1794 à1798, il fut envoyé enGuyane où il rétablit l'es-clavage et devint gouver-neur en 1817.

Les M

arro

ns du Surinam

Ces fugitifs desplantations de la

colonie hollandaise(Surinam) se sont

réfugiés dans la forêtet installés en amont

des fleuves Suriname,Saramaka, Cottica, Maroni

et Tapanahony.

Repères

1765 : Première guerre Boni au Surinam1789 : Deuxième guerre Boni

1776 : Arrivée des premiers Marrons bushinenguesur les rives de Guyane

1793 : Mort de Boni

Carbet traditionnel

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Q u i s o n t l e s M a r r o n s d e G u y a n e ?

Les Marrons du Brésil« Quilombos » de Palmarès

Ce refuge d'esclaves marrons (quilom-bos en portugais) des plantations decanne à sucre du Pernambouc (Nordestedu Brésil) est l'un des territoires autono-mes d'esclaves le plus organisé durant leXVIIe siècle. Située aux alentours de lamontagne Barriga, la communautécomptait jusqu'à 30 000 personnes.Cette société a duré 150 ans. Les quilom-bos ont généré une culture forte baséesur la préservation de l'identité afri-caine, et qui se manifeste au traversde la Capoeira.

20 21

Les « Bushinengue » ou les hommes de la forêt

Sous le commandement du chef Boni, ils ont mené de nombreusesluttes armées contre les expéditions militaires organisées pour lescapturer.Les communautés bushinengue représentent six groupes distincts :les Saramaka et les Ndjuka, les Aluku et les Paramaka, les Matawaïet les Kwinti dont les descendants vivent aujourd'hui dans les com-munes de Maripasoula, Papaïchton, Grand Santi et Apatou.Une convention franco-hollandaise de 1860 a officialisé la pré-sence de ces Marrons sur les rives françaises. Ils vivent en interac-tion avec le milieu naturel (chasse, pêche, abattis, canotage…) etcréent un modèle de société basé sur les traditions africaines.

Glossaire

Bushinengue : désigne l'en-semble des peuples descen-dants d'esclaves déportés auSurinam pour travailler dansles plantations.

Quilombos do Curiaù (État d'Amapa)

Fête sur le rythme marabaixo

Abolition de l’esclavage au Surinam : 1er juillet 1863

Abolition de l’esclavage au Brésil : 13 mai 1888

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Le manioc demeure la basealimentaire des trois commu-

nautés fondatrices de Guyane autravers de produits comme le couac et la cassave,à côté de plats riches en viande, légumes et épicesdiverses (colombo, bouillon d'awara, calalou…).

L'artisanat amérindien :La vannerie est une activitéréservée aux hommes, notam-ment chez les Amérindiens waya-nas (Maroni). Elle est pratiquéepar les Amérindiens, les Créoleset les Bushinengue. La lianed'arouman est la fibre naturellequ’ils utilisent. Elle sert à fabri-quer les objets utilitaires relatifs aux activités de sub-sistance comme la couleuvre, le manaré (tamis) ser-vant à la transformation du manioc ou liés à l'élé-gance créole tels que le pagra (pochette) et le

catoury (chapeau).

Dans ces sociétés autonomes, se sont développés des modes de vie enrelation avec le milieu naturel et échangés des savoirs et savoir-fairereconnus comme les techniques de chasse, de pêche, de canotage sur lesfleuves et rivières, la construction de carbets... La rencontre historiqueentre cultures noires africaines, amérindiennes et européennes a façonnéune identité guyanaise plurielle qui se caractérise notamment à traversles croyances, les danses, la gastronomie et l'artisanat traditionnels :

La sculpture et l'art tembé bushinengue : La sculpture sur bois et l'art tembé bushinengue se caractérisentpar la singularité des motifs. Il s'agit d'un entrelacement de cour-bes et de lignes colorées que l'on retrouve sur de nombreux

objets usuels. Ces ornements servent à délivrer des messagesd'amour et sont empreints de philosophie.

Les danses et cuisines créoles traditionnelles :Les danses se déclinent en plusieurs tableaux. Le Camougué dépeint la vie etle travail dans les abattis lors de mayouris. Cette danse, au rythme saccadéet aux pas glissés, s'exécute au son d'un tambour allongé, le Youngwé.

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Q u e l h é r i t a g e d u m a r r o n n a g e ?

SAVOIR-FAIREet TRADITIONS

Tabouret sculpté

Manaré, tamis servant àpasser la farine de manioc

Glossaire

Abattis : surface agri-cole pour la récolte deproduits.

Mayouri : entraide col-lective.

Manioc (Manihot escu-lenta) : arbuste de lafamille des Euphorbiacéescultivé dans lesrégions tropicales.

Couac : farine demanioc en grain.

Arouman (Ischonisiphonarouma) : espèce végé-tale réputée pour sasolidité.

Couleuvre : tube servant àfiltrer le jus de manioc.

Cuisson de cassaves (galettes de manioc)

Danse du Camougué

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Remerciements

Marie-Paule Jean-Louis, Conservatrice du Musée des Cultures Guyanaises

Jean-Pierre Ho-Choung-Ten, Historien, Principal de collège honoraire

David Redon, Historien, Commissaire de l'exposition Pierre Verger

Eugène Épailly, Historien spécialiste de l'esclavage

Patricia Blerald, Enseignante, Présidente du groupe Wapa

Lobie Cognac, Artiste-plasticien

Dépôt légal : juin 2009

Région GuyaneCité Administrative RégionaleRelations Publiques et Communication TerritorialeMarthe Panelle-KaramRodrigue Croisic

Fil Rouge CommunicationSophie MazetTextes : René-Claude MinidoqueGraphisme et illustrations : Anne-Cécile BoutardIconographies : Collection du Musée des Cultures Guyanaises - Cayenne (gravures et photoshistoriques), Sébastien Linarès (Abattis Cottica), Christophe Chat-Verre (quilombos), CélineRonsseray (carte localisation des habitations au XVIIIe siècle, d'après Marie-José Jolivet - IRD)

Sources bibliographiquesLa Guyane française (1715-1817), Aspects économiques et sociaux, Contribution à l'étudedes sociétés esclavagistes d'Amérique - Ciro Flammarion Cardoso - Ibis Rouge Éditions

Deux siècles d'esclavage en Guyane, 1652-1848, Marchand Thébault et Serge Mam-Lam-Fouck - Éditions L'Harmattan

Les Marrons - Richard Price et Sally Price - Éditions Vents d'ailleurs

Esclavage & résistance en Guyane française - Une page de l'histoire de l'esclavage enGuyane : ses révoltes atlantiques, ses luttes continentales et maritimes - Eugène Épailly

Cent cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage 1848-1998, France-Guyane - supplémentédition du 20 mai 1998

Un pont au-dessus de l'Atlantique, Regard sur les cultures afro-américaines du plateau desGuyanes et de l'Amazonie (Fondation Pierre Verger - mai 2009)

S o u r c e s

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Cité Administrative Régionale

Carrefour Suzini - 4179, route de MontaboBP 7025 - 97307 CAYENNE CEDEXTél. 0594 29 20 20 - Fax 0594 31 37 96E-mail : [email protected]

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