Le middleware, tour de contrôle du laboratoire

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  • gestion | informatique

    20 OptionBio | Jeudi 24 novembre 2011 | n 463

    Le middleware, tour de contrle du laboratoire

    En fonction de la taille et de lorganisation du laboratoire, lintgration dun middleware (MW) au cur du systme informatique du laboratoire peut tre envisage. Le MW fait alors interface entre les diffrents logiciels de gestion et les automates ainsi que les rfrentiels. Le MW fait office de tour de contrle entre lentre des donnes, les phases analytiques et la validation des rsultats. Il en garantit la traabilit de faon centralise. Mais comme pour tout systme informatique, une solution de secours est indispensable en cas de panne pour ne pas bloquer lintgralit du laboratoire.

    on du middleware on du middlewareDfinitioDfinitio(MW)(MW)

    La composante informatique a toujours t omniprsente dans lexercice de la bio-logie mdicale des dernires dcennies. Middleware (MW) est un de ces mots nouveaux qui tmoignent de limportance plus grande encore de cette composante dans le fonctionne-ment du laboratoire de demain, depuis la saisie du dossier patient dans linformatique centrale du laboratoire jusqu la transmission du rsultat.

    Que signifie middleware (MW) ?Classiquement un laboratoire de biologie mdi-cale possde un systme informatique de labo-ratoire (SIL). Ce SIL assure schmatiquement la gestion administrative du dossier patient, la prise en compte de la prescription, la validation biologi-que et la transmission des rsultats. Si ce labora-toire travaille dans un tablissement de soins, son SIL pourra tre connect au systme informatique hospitalier (SIH). lintrieur du laboratoire exis-tent dautres systmes informatiques : informa-tique embarque sur les diffrents automates, logiciel de gestion des contrles qualit, logiciel de gestion des tempratures des enceintes ther-miques, logiciel de gestion documentaire qualit et amlioration continue, logiciel de suivi des

    maintenances, ventuellement informatique embarque sur la robotique pranalytique (de centrifugation, aliquotage, srothque, etc.) ou LASs... Tous ces logiciels constituent lenviron-nement actuel de lacte de biologie mdicale (figure 1).Le middleware (MW) est, comme ses origines anglo-saxonnes le laissent supposer, un sys-tme informatique intermdiaire, pivot entre les diffrents autres logiciels. Il assure le pilotage du processus du laboratoire : il est interface dentre entre les donnes issues du SIL et la ralisation des phases pranalytique et analytique, et il est interface de sortie entre validation biotechnique et validation biologique, avec retour au SIL. Un peu comme la tour de contrle dun aroport.

    Les fonctions multiples du MWLes connexions aux automates analytiques et au systme informatique de laboratoireAu lieu dune connexion directe entre le SIL et les automates, les donnes des patients vont transiter par le MW. Cette indpendance vis--vis du SIL donne plus de souplesse et de rapidit de mise en route en cas de changement dautomate par exemple. (La synchronisation des rfrentiels comme le dictionnaire des analyses est une des tapes pralables indispensables pour viter lusine gaz).De la mme manire, la rcupration des rsultats est prise en charge par le MW. Lintgration des graphes sur le MW, en hmatologie, par exemple, permet leur consultation par lensemble des bio-logistes de tous les sites.Le MW pourrait-il alors devenir le back-up du SIL ?

    Linterface avec la robotiqueSi le laboratoire possde une chane robotique, le paramtrage du MW, en fonction des capaci-ts des automates et des flux de tubes, permet une gestion de la grande routine, un adressage

    vers tel ou tel automate, la prise en compte des urgences et des ajouts dexamens, le reroutage en cas de panne dautomate.Selon le degr dinformatisation de la phase pra-nalytique, le MW permet, ou pourra permettre, dassurer la traabilit trs en amont, par suivi du colisage. partir de la saisie du dossier patient dans le SIL, il est ou sera alors alert en cas de dpassement de temps ou de temprature lors du transport intersite vers le plateau technique.

    La gestion des contrles qualitLautomate transfre au MW, non seulement les rsultats bruts des patients mais galement ceux des contrles internes qualit (CIQ) qui sont alors galement grs au niveau du MW. Lindpen-dance vis--vis des automates peut donner plus de souplesse et surtout permet de centraliser, de standardiser la validation des CIQ : les valeurs acceptables (moyenne, cart type), les rgles de Wesgard y sont paramtres pour tous les niveaux de contrles, tous les analyseurs, poste par poste. Le calendrier de passage des contrles qualit, le transfert des donnes des contrles qualit vers des logiciels externes pour lappro-che de la justesse sont possibles, l encore de manire centralise.

    Un outil de validation biotechniqueLes alarmes sur chantillons gnres par les automates (hmolyse, lipmie...) sont rcup-res et traites au niveau du MW. Des rgles dexpertise (tests rflexes, repasse, dilution, delta check...), les alarmes et alertes correspondantes sont paramtrables en fonction des analyses, voire des types de patient. Le technicien visualise ces informations de manire centralise, poste par poste, partir de la fentre de validation : gestion des alarmes, accs direct aux contrles qualit, position des tubes, validation automatique selon des critres tablis et connus, par automate, par bilan, ajout possible de commentaires, accs lantriorit...

  • informatique | gestion

    21OptionBio | Jeudi 24 novembre 2011 | n 463

    Validation ValidationValValogiquegiquebiologiqbiologi

    Marquage du PRV

    Dbouchage

    Transport au laboratoire

    Tri

    Rception et contrle

    Vrification des volumes et index

    Prtri

    Aliquoter

    PRV

    CentrifugationTemps analyse

    Vrification

    Stockage chantillon

    Delta check

    Check QC

    Calibration

    Prparation ractifs

    Programmation

    A

    nne

    Gru

    son

    - C

    H A

    rras

    La traabilit et larchivageLes numros de lots des ractifs, calibrants, contrles, lidentit des oprateurs sont tracs, les valeurs des contrles et des patients, les dates et heures des maintenances, les diffrentes actions menes... la traabilit de tous les lments dis-ponibles et ncessaires lors dun audit de traa-bilit ou dune ractovigilance, est accessible et archive sur le MW.

    Un outil de suivi oprationnel3RXUXQSDWLHQWGRQQ, il est possible de reprer tout moment le cheminement dun tube, depuis son arrive sur le plateau techni-que jusquau rsultat de lexamen et la sro-thque de lchantillon, voire depuis ltape de prlvement.3RXUXQHDQDO\VHGRQQH, il est possible de visualiser en temps rel le degr davancement de la technique.3RXUOHIRQFWLRQQHPHQWJQUDOGXSODWHDXWHFKQLTXH, il est possible de surveiller et adap-ter si besoin lorganisation des postes, grce aux indicateurs de temps (temps pranalytique et analytique), aux indicateurs de charge (flux des tubes, voie des urgences...).Enfin, lexploitation statistique de lensemble de ces donnes permet au plateau technique de connatre en temps rel son TAT (turn around time), cest--dire son dlai de rendu de rsultat par origine, site, analyse... cet outil, prcieux pour sassurer et apporter la preuve que les pres-tations du laboratoire rpondent aux besoins des prescripteurs et patients et aux besoins organi-sationnels internes (objectif qualit), sajoute, par exemple, lexploitation rtrospective du taux de survenue de non-conformits sur les chantillons (hmolyse, quantit insuffisante...) indispensable une dmarche efficace damlioration continue.Le MW pourrait-il remplacer le logiciel qualit ?

    Les points sensibles du MWIl doit exister un contrat spcifique au MW qui aborde les modalits et traabilits daccs, de maintenance et toute autre intervention ou volution du logiciel. La problmatique du chan-gement de MW doit tre envisage : comment grer la priode intermdiaire ncessaire ce changement ?Que se passe-t-il si la tour de contrle dun aro-port nest plus fonctionnelle... En cas de crash du serveur MW, cest la paralysie complte du plateau technique ! Il faut donc obligatoirement disposer dune solution de secours efficace. Une den-

    tre elles est de disposer dun deuxime serveur paramtr avec la mme configuration, associ la copie en temps rel de toutes les donnes du MW premier. Ce serveur et le support des donnes sont installs distance, ils doivent tre utilisa-bles immdiatement en cas de problme. Une autre solution de secours peut tre de disposer de connexions de secours sur le SIL, il faudra alors sassurer que ces connexions seront adaptes au volume trs important de donnes. niveau de risque moindre, il est important de prvoir des postes clients de secours.Les lments de protection, dintgrit des don-nes sont soumis aux exigences communes tous les logiciels du laboratoire. Les preuves et modalits apportes par les fournisseurs doi-vent garantir une architecture efficace, fluide et scurise. Le corollaire est alors de disposer au sein du laboratoire dune puissance suffisante ! Cette puissance, lment externe au MW, pourrait finalement savrer un facteur limitant important.

    MW, oui ou non ?Il est vident que lintrt dun MW est directe-ment li la taille, lorganisation et lquipement du laboratoire. II est le plus souvent propos par les socits fournisseurs dautomatisation, il peut ltre galement par les fournisseurs de SIL ou par des socits indpendantes. Il devra, au vu des exigences daccrditation, faire lobjet dun marquage CE ou dune certification.

    Parmi les fonctionnalits disponibles ou en dve-loppement sur les MW, certaines existent dj sur les autres logiciels du laboratoire, par exemple : lantriorit du patient sur le SIL, la gestion du contrle interne qualit (CIQ) sur les automates, la traabilit des maintenances sur le logiciel qualit... Dans la rflexion pralable lacquisi-tion dun MW, le laboratoire devra donc concevoir lorganisation forcment nouvelle autour du MW, et analyser la pertinence dutiliser tout le MW et de tout centraliser ou, au contraire, de rpartir les rgles entre les diffrents logiciels disponibles pour un mme besoin.Les dveloppements sur le MW ne sont pas encore termins, limage des dveloppements en robotique. Et pour rester dans les nouvelles dnominations, si vous mettez en uvre lensem-ble des fonctionnalits du MW dans une organi-sation robotique forte, votre MW prendra plutt le qualificatif de WAM ou Work area manager. |

    ROSE-MARIE LEBLANCconsultant biologiste, Bordeaux (33)

    [email protected]

    Lauteur na pas dclar de conflit dintrts en lien avec cet article.

    SourceCommunications dA. Gruson et J.M. Gandois, lors du 40e Col-loque national des biologistes des hpitaux, Angers (49), septembre 2011.

    Figure 1. Principales tapes de lacte de biologie mdicale. |

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