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Date : 08/09 JUIL 17 Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331 Page de l'article : p.44-45 Journaliste : FRANÇOIS- XAVIER GOMEZ Page 1/2 ZULMA 8609481500508 Tous droits réservés à l'éditeur «Le mie ecnu aux caraïbes esr la séduction» Entretien avec Mayra santos-Febres et plongée dans le monde trans Par FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ 1 1 a fallu attendre dix-sept ans pour accéder en françai s à un li- vre majeur de la littérature des Caraïbes, un ouvrage qui ravira à la fois les militant-e-s queer, les antico- lonialistes, les féministes, les coeurs d'artichaut et les fans d'Almodovar. Pre- mier roman de la Portoricaine Mayra Santos-Febres. née en 1965, Sirena Se- lena est une fresque acide (et souvent drôle) du transmonde. Qui mêle le gla- mour et le cynisme, pose du fond de teint sur les hématomes, recouvre de paillettes le sang séché. Un jeu de mi- roirs, de vrais et de faux-semblants : le genre, la couleur, l'âge, le statut social... A IS ans. Sirena Selena connaît de lon- gue date le monde de la prostitution. Mais elle a aussi un physique séraphi- que et la voix qui va avec. Martha la ra- masse sur le trottoir et l'introduit dans son antre, le Danubio Azul, un cabaret où les travestis chantent des boléros et racolent le client : les métiers d'artiste et de prostituée ne font qu'un. A la fois Pygmalion et maquerelle, Martha va polir cette perle, la transfigurer en une femme envoûtante, qui provoquerala perdition de ceux qui s'en approchent. «Selena est une sirène qui par son diant faitnaufragerlesmarins, décritMayra Santos-Febres. c'est un garçon-fille qui vient de la rue, elle n'est ni blanche ni noire, ni enfant ni adulte. Cette indéter- mination est sa seule façon de vivre dans le désir de l'autre.» Placard. L'écrivain était invitée en France le mois dernier par le Marathon des mots à Toulouse. «Noire, femme biologique, mére de deux garçons», c'est ainsi qu'elle se définit. Elle avait 25 ans quand elle a entamé la rédaction de Sirena Selena, dix de plus à sa parution. Et les détours qui l'ont amenée à s'inté- resser auxbas-fonds de San Juan sont dignes eux aussi d'un roman. «A 19 ans, confie-t-eHeJ'flvfl/s un fiancé qui, peu après, est sorti du placard. J'étais éper- dument amoureuse de lui, lui éperdu- ment amoureux d'un médecin.» Nous sommes dans les années SO, quand le sida fait des ravages. «Je l'ai accompa- gné dans son parcours d'activiste auprès des travestis prostitués de San Juan. Nous leur parlions de prévention, di- sions de ne pas partager les seringues, Mayra Santos-Febres, le 27 juin, à Paris. PHOTO MA] Jim BRAUN

«Le mie ecnu aux caraïbes esr la séduction» Entretien avec Mayra … · 2021. 3. 3. · lui dessine une voie, les frontières sont parfois ténues de la misère à la grande vie,

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Page 1: «Le mie ecnu aux caraïbes esr la séduction» Entretien avec Mayra … · 2021. 3. 3. · lui dessine une voie, les frontières sont parfois ténues de la misère à la grande vie,

Date : 08/09 JUIL 17

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 73331

Page de l'article : p.44-45Journaliste : FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

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«Le mie ecnu aux caraïbesesr la séduction» Entretienavec Mayra santos-Febres etplongée dans le monde transPar FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

11 a fallu attendre dix-sept anspour accéder en françai s à un li-vre majeur de la littérature desCaraïbes, un ouvrage qui ravira à

la fois les militant-e-s queer, les antico-lonialistes, les féministes, les cœursd'artichaut et les fans d'Almodovar. Pre-mier roman de la Portoricaine MayraSantos-Febres. née en 1965, Sirena Se-lena est une fresque acide (et souventdrôle) du transmonde. Qui mêle le gla-mour et le cynisme, pose du fond deteint sur les hématomes, recouvre depaillettes le sang séché. Un jeu de mi-roirs, de vrais et de faux-semblants : legenre, la couleur, l'âge, le statut social...A IS ans. Sirena Selena connaît de lon-gue date le monde de la prostitution.Mais elle a aussi un physique séraphi-que et la voix qui va avec. Martha la ra-masse sur le trottoir et l'introduit dansson antre, le Danubio Azul, un cabaretoù les travestis chantent des boléros etracolent le client : les métiers d'artisteet de prostituée ne font qu'un. A la foisPygmalion et maquerelle, Martha vapolir cette perle, la transfigurer en unefemme envoûtante, qui provoqueralaperdition de ceux qui s'en approchent.«Selena est une sirène qui par son diantfaitnaufragerlesmarins, décritMayraSantos-Febres. c'est un garçon-fille quivient de la rue, elle n'est ni blanche ninoire, ni enfant ni adulte. Cette indéter-mination est sa seule façon de vivre dansle désir de l'autre.»

Placard. L'écrivain était invitée enFrance le mois dernier par le Marathondes mots à Toulouse. «Noire, femmebiologique, mére de deux garçons», c'estainsi qu'elle se définit. Elle avait 25 ansquand elle a entamé la rédaction deSirena Selena, dix de plus à sa parution.Et les détours qui l'ont amenée à s'inté-resser auxbas-fonds de San Juan sontdignes eux aussi d'un roman. «A 19 ans,confie-t-eHeJ'flvfl/s un fiancé qui, peuaprès, est sorti du placard. J'étais éper-dument amoureuse de lui, lui éperdu-ment amoureux d'un médecin.» Noussommes dans les années SO, quand lesida fait des ravages. «Je l'ai accompa-gné dans son parcours d'activiste auprèsdes travestis prostitués de San Juan.Nous leur parlions de prévention, di-sions de ne pas partager les seringues, Mayra Santos-Febres, le 27 juin, à Paris. PHOTO MA] Jim BRAUN

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Date : 08/09 JUIL 17

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 73331

Page de l'article : p.44-45Journaliste : FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

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puisque tous étaient toxicos.» Etudianteen linguistique, elle enregistre ses ren-contres avec les personnages de la nuit.Elle en a fait bon usage : le langage vipé-rin des créatures, leur imagination,dans la tendresse comme dans la mé-chanceté, sont un des plaisirs que ré-serve la lecture du roman. «Beaucoupd'entre elles apparaissent dans le livresous leurvrai nom d'artiste, commeLui-sito Cristal. Mais il n'y avait pas que lestravestis chanteuses, derrière elles j'aidécouvert l'univers de celles qui récupé-raient des vêtements dans les poubelleset les brodaient pour en f aire des robessublimes, celles qui donnaient une nou-velle vie aux vieilles perruques...»Un autre personnage du roman, DonaAdelina, qui fait de sa grande maisonun home d'accueil pour ados gays, a luiaussi existé. «J'ai connu cette maison oùvivaient des pensionnaires d'entre 12 et20ans. La plupart venaient de la cam-pagne, où ils étaient battus comme plâ-tre pour leur apprendre à devenir deshommes.»Avant de rédiger Sirena Selena, Mayraa fait le tour de la littérature queer. Pourparvenir au constat qu'à cette époque,les années 90, il n'y a presque rien depublié en langue espagnole. «Les Argen-tins Manuel Puiget Nestor Perlongher,l'Uruguayenne CristinaPeri-Rossi, lesCubains Reinaldo Arenas et Severn Sar-duy, ça s'arrêtait là. J'ai laissé de côtelésAnglo-Saxons et j'ai plongé dans JeanGenêt, le maître absolu, puis Pasolini,Cavafy, Kawabata...» L'homosexualité,uniquement tolérée la nuit, dans desenclaves dédiées au divertissement, seconjugue avec la question raciale.«Vous, Européens, ne prêtez pas atten-tion à ces nuances, poursuit la roman-cière, mais chez nous elles sont capitales.Nous vivons dans unepigmentocratie :plus on s'élève dans l'échelle sociale, pluson a la peau claire. Plus on descend, pluson est sombre. Les travestis de cabaretse maquillent pour s'éclaircir le teint, etpour se donner un nez plus effilé.» Labeauté, c'est la blancheur.Les genres et les rôles mouvants sontpour Mayra Santos-Febres un autre traitcaractéristique des îles des Antilles.«J'ai grandi dans une famille presqueexclusivement composée de femmes.Toutes avaient un métier: institutrice,

comptable, avocate. Une situation cou-rante à Porto Rico.» Où étaient les hom-mes alors? «Partis travailler aux Etats-unis. Ou en prison.» Dans ce milieu fé-minin se mettent en place des mécanis-mes de solidarité très forts : «Toutes mesétudes ont été payées par mes tantes. El-les étaient neuf.»

Drapeaux. Autre lecture du livre : lamétaphore de la situation que vit PortoRico, ni nation indépendante, ni Etat àpart entière des Etats-Unis. Commentle définir? «C'est une colonie, trancheMayra. Tous les matins, depuis centquinze ans, nous nous réveillons avecdeux drapeaux sous les yeux. Hy a quèl-ques semaines, un référendum sur l'ave-nir de l'île s'est soldé par une forte majo-rité en faveur du rattachement auxEtats-Unis. Ils ont voté pour s'intégrerdans l'Amérique de Trump, vous lecr oyez? Mais ce scrutin n'a aucune va-leur, l'abstention a été massive: 77%.»Les indépendantistes ont souvent parlédîle prostituée, et Sirena Selena est uneprojection de cette obligation de se con-former au désir de l'autre, quand votresurvie en dépend. La romancière, quienseigne la littérature à l'université deRio Piedras, analyse : «Nous, pays desCaraïbes, vivons de l'économie des visi-teurs. Dans le monde développé, Hy ades richesses, de l'emploi, mais aussibeaucoup de solitude. Il doit exister unendroit où on peut jouir de la vie et êtresoi-même. Nos contrées ensoleillées oc-cupent cette f onction dans l'imaginairede la planète. Dans la division interna-tionale du travail, le rôle qui nous estéchu est celui de la séduction.»Aujourd'hui, l'auteure jette un regardlucide sur l'engouement dont a bénéfi-cié Sirena Selena à sa parution,en 2000. «J'étais la seule écrivainenoire de langue espagnole. Je corres-pondais à un manque. J'ai rempli unquota.» Cinq livres plus tard, l'argu-ment ne tient plus. Mayra Santos-Fe-bres a bâti une oeuvre qu'on espère voirparaître en français dans les annéesqui viennent. -*•

MAYRA SANTOS-FEBRES SIRENASELENA Traduit de l'espagnol(Porto Rico) par François-MichelDurazzo. Zulma, 329pp., 20,50 €.

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Date : 28JUIN / 04 JUIL17

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 292548

Page de l'article : p.102

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ZULMA 0902471500501Tous droits réservés à l'éditeur

DE

C U L T U R E

\IBRAIRIE'E'EXPRESS

LE CHOIX DE MAZARINE PINGEOT

Par-delà toutesles frontières

ll, elle? Sirena? Selena? Sirena Selena,adolescent à la voix enchanteresse, ha-

billé en diva, fait danser l'écriture de ceroman portoricain. On le remercie, ainsi que

les éditions Zulma, parce qu'il n'y en a pas beau-coup, des romans qui nous arrivent de l'île desCaraïbes. Et pourtant, Mayra Santos-Febres, quien a écrit une douzaine, est bien connue en sonpays. Ce premier roman vient d'un autre temps.La mythologie que les draq-queens tissent, àbrasser les histoires plus vite que les passes, estuniverselle. Elle a beau prendre des accents ca-ribéens, elle va chercher dans les bas-fonds,dans les tréfonds de nos corps, à cet endroit queles sociétés laissent à la marqe : la poésie enguise d'identité. Le récit et le chant, qui disentune mémoire effacée des manuels scolaires.

Avec Sirena, avec Léocadio, on voyage desdancings underground des travestis portoricainsà une enfance misérable, où l'abandon estpresque un acte d'amour, où les enfants, très vite,se prostituent, et adoptent de nouvelles familles,des gens cabossés, exubérants, des gens qui seracontent et cousent des paillettes sur des habitsde lumière, pour briller dans une nuit qui a sou-vent raison d'eux. Mais Léocadio a une voix quilui dessine une voie, les frontières sont parfoisténues de la misère à la grande vie, parce que, àla lisière de ces mondes, les fantasmes jouentleur partition et qu'ils n'ont que faire des limiteset des identités. Accomplir son genre, mais ac-complir sa vie, deux ambitions pour des êtressortis du ruisseau, qui nous interpellent de leurgouaille. On entend leur chant, de loin, quimonte et submerge la mémoire des définitions.

SIRENA SELENAPAR MAYRA SANTOS-FEBRES. TRAD. DE L'ESPAGNOL PARFRANÇOIS-MICHEL DURAZZO. ZULMA, 336 p., 20,50 €.

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Date : 16 JUIN 17

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire

Page de l'article : p.3Journaliste : AR. S.

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ZULMA 4030461500524Tous droits réservés à l'éditeur

Le Marathon des mots«Tout un monde». Rencontreavec Mayra Santos-Febres,David Toscana et Martin Solares,Centre culturel Bellegarde,samedi 24 juin, 16 h 30.

Mayra Santos-Febrescélèbreles Caraïbes queerPilier de la scène drag-queende Porto Rico, Martha Divine

Maym Santos-Febres. ZULMA trouve une perle en la personnede Sirena Selena : un jeune gar-çon à la voix d'or, prostitué, dont

les boléros, appris de sa grand-mère, enchantent quiconque lesécoute. Pour échapper aux lois restrictives de son île en matièrede travail des mineurs, elle emmène son protége se produiredans les hôtels de République dominicaine. Là, le garçon selancera dans un jeu de séduction avec un riche homme d'affai-res, à l'étroit dans sa vie conjugale. Avec une mélancolie parfoisteintée d'humour tendre, Mayra Santos-Febres dépeint lequotidien des travestis, contraints de vendre leur corps poursurvivre. Abondant en personnages blessés (drogués, orphelins,enfants abandonnés, transgenres...), qui tous aspirent à une viemeilleure, son récit est une célébration des exclus caribéens,un chant obsédant. • AR. s.+• Sirena Selena (Sirena Selena vestida dè pena), de Mayra Santos-Febres,traduit de l'espagnol (Porto Rico) par François-Michel Durazzo,Zulma, 330 p., 20,50 €.

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CANARD ENCHAINEDate : 14 JUIN 17Pays : France

Périodicité : Hebdomadaire Page de l'article : p.6Journaliste : N. P.

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Sirena Selenade Mayra Santos Febret

(Zulma)

« DU REGARD, Martha cherchd d'où venait cette voix Elletrouva C'était de la gorge d'unadolescent, drogue au delà del'inconscience, qui chantait encherchant des canettes » Cegamin, c'est Sirena Selena, quipeu a peu va « se transformeren celle qu'il était vraiment >,une diva, de celles vêtues de« robes de strass enveloppées delumieres »

La romancière portoricaine,dans ce roman publie en 2000,enfin traduit en français, meten scene l'univers des travestisentre Porto Rico et Saint-Domingue D'une île a l'autre,d'un genre a l'autre, ses prota-gonistes - reunies pour cer-

taines par < la brigade de drugqueens pour la defense duglamour » — cherchent leurplace et leur identité « Pournous, l'essentiel a toujours etede nier la réalité grossière quinous entourait » Se déguiserpour se trouver, car « ainsi vala vie dans ce bouillon d'îles oumijotent la faim et l'envie devivre en accord avec une autreréalité »

Le beau titre espagnol, « Si-rena Selena vêtue de peine », aete raccourci , qu'importé, lerécit est aussi flamboyant queles divas qui le peuplent N. P.

• Traduit de l'espagnol (PortoRico) par François Michel Durazzo336 p 2050€

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Date : JUIN 17

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 52113

Page de l'article : p.46-48Journaliste : Alexandre Fillon /Baptiste Liger / Lenka Hudakova/ Christine Ferniot / HubertArtus / Estelle Lenartowicz

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CE QUE LA LŒRATURE DOIT AUX FEMMES

auteuresÀ DECOUVRIR CE TE TE

Hannah TINTI44 ans, Etats-Unis

H annah Tmti aime relever desdéfis La Bostonienne établie àNew York a d'abord fait parler

d'elle avec un épatant recueil de nou-velles, Bête à croquer (Gallimard, 2005),un intriguant volume dont chaque his-toire faisait intervenir un animal Toutaussi réussi était son premier roman, LeBon Larron (Gallimard, 2009), où elles'amusait à remonter au temps de laconquête de l'Ouest, pour y faire évoluerune galerie de personnages qu'on auraitdits tout droit sortis de chez Dickens ' Etvoila aujourd'hui que pour Les DouzeBalles dans la peau de Samuel Hawley, ladame s'est mis en tête de revisiter à samanière les douze travaux d'Hercule '

Son héros est un homme quine sort jamais sans une arme àfeu et qui en possède d'ailleursune sacrée quantité Privédu lobe de l'oreille gauche,Samuel Hawley a égalementle corps lardé de cicatrices Lessouvenirs de tous les mauvaiscoups auxquels il a participédurant sa folle jeunesse. Celuides douze balles qui sontentrées tour à tour dans sapeau sans pourtant jamaisl'envoyer au ciel Guèresociable, monsieur a fait bonnombre de petits boulotsavant de devenir pêcheur decoquillages II eleve seul sa

fille, Loc. depuis que sa femme, Lily, estmorte noyée accidentellement dans unétang Leo, son père lui a appris à tirer àl'âge de 12 ans La gamme nee sous lesigne du Scorpion n'a jamais cessé d'êtretrimballée d'un endroit à un autre, de voirson géniteur charger leurs maigres affairesdans sa camionnette et décamper du jourau lendemain sans demander son restePour l'heure, pere et fille viennent de s'ins-taller dans une vielle maison au bord del'eau A Olympus, dans le Massachusetts,d'où était originaire Lily Là où habitetoujours la grand-mère de Loo, MabelRidge, qui n'a pas l'air ravie de les voirdébarquer dans les parages Les autreshabitants du coin les regardent de travers.

Pas grave, ils ont l'habitude CommeSamuel, Loo n'est pas du genre à se laisserfaire Plutôt a rendre les coups qu'on luidonne avec la plus grande fermeté .Hannah Tmti opère des allers et retoursdans le temps D'un chapitre à l'autre, laromancière balade habilement le lecteurentre le présent et l'époque où SamuelHawley avait une vingtaine d'annéesLorsqu'il n'avait pas peur de jouer dan-gereusement avec le feu et la mort

L'écnvame rend immédiatement incar-nés ses deux héros qu'on ne quitte pasd'une semelle Un Samuel taiseux etaimant qui emmène sa fille à la fête foraineet qui veille à ce qu'elle nemanque jamais de rienUne Loo qui a appris à seforger une carapace et àavancer sans une mere àses côtés pour l'aider à seconstruire Emouvant ethaletant à la fois, LesDouze Balles dans la peaude Samuel Hawley est unwestern moderne qui vautautant par son histoire quepar la manière dontHannah Tmti la raconteTambour battant, avec untalent éclatant En prenantle soin de parfaitementdoser l'action et l'émotionChapeau bas '

Alexandre Fillon

***Les Douze Ballesdans la peau deSamuel Hawley(The TwelveLives of SamuelHawley)par Hannah Tint!,traduit de l'anglais(Etats-Unis)par Monade Pracontal,448 p,Gallimard, 23 €

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Date : JUIN 17

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 52113

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Julia LEIGH

•*•**Avalanche Unehistoire d'amourpar Julia Leigh,traduit de l'anglais(Australie) parLaurence Kiefe144 p ChristianBourgois 12 €

crivame, scénariste et réalisatrice, JuliaLeigh s'est illustrée avec deux courtsromans aussi puissants que marquants,

Le Chasseur (Actes Sud, 2000) st Ailleurs (Christian Bourgois,2008) L'Australienne signe cette fois un récit poignant,Avalanche, qui a pour sous-titre Une histoire d'amour

Julra Leigh y détaille les différentes etapes d'un long et peni-ble parcours du combattant entame a l'âge de 38 ans, lorsqu'ellecommence a chercher activement a avoir un enfant avec PaulTous deux se sont rencontres quand ils étaient étudiants Ilsse sont aimes, perdus de vue et retrouves plus tard Avant dese marier puis de divorcer Au depart, Paul est a ses côtesquand elle se lance dans la procréation medicalement assisteeet commence le dur protocole de la fécondation in vitro Ensuite,apres leur separation, elle doit affronter seule les vagues et lescoups L'attente et la deception Les echographies et les prisesde sang Le regard des autres et les questions existentielles

Avalanche vaut par sa grande sobriété et son absence depathos, par le regard et l'écriture de Julia Leigh dont l'abne-gation frappe page apres page le lecteur C'est peu dire queson texte lumineux touche au cœur A.F.

LucieDESAUBLIAUX

C 'est Gustave Flaubert qui l'a dit, dans saCorrespondance « Ce qui me semblebeau, ce que je voudrais taire, c'est un livre

sur rien » Pour ses débuts littéraires, LucieDesaubhaux a relevé le defi en proposant un (pre-mier) roman sur pas grand-chose II ne se passe ainsi rien d'ex-traordmaire dans La nuit sem belle Ils sont trois, Arek, Ivan etTodd C Douglas, reunis dans un appartement Pour eux,demain, c'est le grand jour celui de cette expédition, imaginéedepuis bien longtemps La destination "> Rien de déterminePeut-être les « hautes chaînes de montagnes d'Amérique duSud » Ou les Galapagos, maîs il faut se mefier des dragonsEnfin, sûrement ailleurs En attendant non pas Godot maîsI heure du depart, les trois potes dissertent Parmi tant d'autressonges, Todd C Douglas conseille notamment a ses comparsesde ne pas « se laisser "engoudronner" par les souvenirs [car] ilssont comme les personnes âgees Ils racontent ce qui lesarrange » Aussi, entre deux aphonsmes, nos voyageurs du sur-place boivent Du the et du cafe, maîs aussi de la biere, du vmet du whisky Et si c'était ça, l'aventure ' Conjuguant habile-

-*•* La nuit serabelle par LucieDesaubhaux,192 p Actes Sud1850€

ment art romanesque et techniques théâtrales (en cinq actes et un épilogue),La nuit sera belle séduit par son écriture au scalpel et ses dialogues imparablesqui illuminent cette fable existentielle dont les heros, glandeurs dans l'âme,s'avèrent plus « productifs » qu'il n'y paraît Baptiste Liger

SamantaSCHWEBLIN

L es phrases de Samanta Schwebhn,auteure montante de Buenos Aires,irradient et instaurent un climat fié-

vreux des leurs premiers mots Construitcomme un dialogue, Toxique est envahid'une chaleur peu rassurante qui serépand comme un mal insidieux, « commedes vers, partout » Cette image effrayantenous conduit tout au long de ce bref récitdont les contours demeurent volontaire-ment flous, entre rêves, hallucinations etsouvenirs lancinants, a moins que ce nesoit la réalité Amanda, jeune mere, ago-nise a l'hôpital a cause d'une intoxicationet parle avec David, un enfant agenouillea côte de son lit II souffre de la mêmemaladie, contractée dans la campagneargentine, qui l'a transforme en « mons-tre » Quèlques jours auparavant, avantde tomber malade, Amanda avait croisela mere de l'enfant, Caria, qui lui avaitraconte son histoire Unmalaise profond s'installe, etla narration alterne entre laconscience confuse d'Amandaet les commentaires de Davidqui la poussent a s'interrogersur la source de leur mysté-rieuse intoxication C'est ainsique le paysage argentin semêle a l'intrigue, avec seschamps de soja a perte de vueaux semences bizarrement tra-fiquées Rapide et déroutant,ce premier roman, en lice pourle prix international ManBooker, s'avale d'une traite,puis reste un moment en tra-vers de la gorge

lerika Hudakova

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Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 52113

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MelanieBENJAMIN

B55 ans, Etats-Unis

abe Paley a cette façon inoubliablede repousser son manteau endécouvrant une épaule puis l'autre

Avec ses amies - Shm, Paniela, Gloria etMarella, celles qu'on appelle les « cy-gnes » -, elle se promené, la demarchesurnaturelle et la silhouette majestueuse,dans le dernier tailleur Givenchy ouBalenciaga Son élégance, sa beauté res-semblent à une œuvre d'art, maîs sontégalement l'objet d'un travail quotidienpour tutoyer la perfection Car Babe vientde lom Elle n'est pas nee avec une cuil-

lère en argent dans labouche et elle avance

i masquée dans la hauteI societé new-yorkaiseI qui la célèbre commei une icône Trumanf Capote, légendaire

écrivain, excentrique^^^ et mystérieux, entre

l^^( I dans la vie de Babef*" I I tel un miracle, dechr-\ jr i rent son ennui, ses\ I journées aussi répé-

titives que parfaitesPour ces deux êtresd'exception, c'estl'amitié immédiateet la £m de la soli-

tude Babe trouve chez cethomme bizarre un doubleimpossible et l'extravaganceintellectuelle qui lui man-quait Truman pénètre grâceà elle dans une haute sociétéfascinante et inaccessibleMaîs Les Cygnes de la Cin-quieme Avenue est égale-ment une tragédie, mêlantréalité et fiction avec untalent qui ne cherche jamaisl'esbroufe L'auteure, Mela-nie Benjamin, ne se contentepas de dresser le portrait dedeux personnalités vulnéra-bles elle unit la fragilitéintime et la folie mondaine,

***Les Cygnesde la Cinquieme

Avenue (TheSwans of Fifth

Avenue)par Melanie

Benjamin, traduitde l'anglais

(Etats Unis) parChristel Gaillard-

Pans 432 pAlbin Michel, 22 €

la névrose et la création, dans un livrequi pétille comme du champagne, avantl'acidité de la trahison

Christine Fermot

Robin

MACARTHUR39 ans, Etats-Unis

L es filles rêvent de partir le plus lom possible,maîs on les retrouvera, des années plus tard,dans le même mobile home ou la même

cabane de pêcheur posée sur des parpaings et truffée d'isolantLeurs meres soignent une dépression chronique dans l'alcool etleur tour de taille s'en ressent Pour les hommes, c'est un peu lamême chanson Certains sont revenus de la guerre dans un saleetat, d'autres pratiquent encore leur métier de bûcheron, attachésà l'odeur de la resine, au froid qui gelé les doigts A tous, ilmanque une femme pour supporter la sauvagerie de la natureet redémarrer chaque matin leur vieux camion.

Robin MacArthur nous plonge dans sa région du Vermont àtravers des nouvelles aiguisées comme ses personnages, des soli-taires au caractère bien trempé Leur vie n'est pas nante, maîsils ne sont pas prêts a quitter ces coms rocheux, préférant leurcaravane humide a l'inconnu Pas de longues descriptions de pay-sages, pas de plongée psychologique chichiteuse dans ces textescourts à l'écnture serrée Pourtant, ses héros, victimes ou rebelles,se dressent bien vivants devant le lecteur On s'installe avec euxsur le ponton pour contempler le coucher d'un soleil mandarine,

on ouvre une bière avant que la lune apparaisse derrière les puis du CanadaII est temps de rejoindre Maggie, Rich ou Nelson au bar de Sara et de mettreun vieil Otis Redding dans le juke-box C'est bon pour la nostalgie C.F.

***ie Cœursauvage (Maif

Wild) par RobinMacArthur,

traduit de l'anglais(Etats-Unis)par France

Camus-Pichon,220 p, AlbinMichel 19 €

Sophie PUJAS

C 'est la carrière d'une femme « avide,vivante », qui « chute d'avoir trop ri »Clara Bow (1905-1965), icône du cinema

hollywoodien des années vingt, modèle des « gar-çonnes » durant les Années folles, collection-neuse de fiancés et d'amants - parmi lesquels leréalisateur Victor Fleming, l'acteur Gary Cooper ou le croonerHarry Richman Dans son troisieme livre, la journaliste SophiePujas retrace la trajectoire, aussi heurtée que fulgurante, decette star du cinema muet qui déclina a l'heure du parlant Ellele fait en trois parties, révélatrices de la vie et de l'œuvre de« sa » star Maîs Le Sourire de Gary Cooper dépasse le simplehommage, car la romancière tisse des liens poétiques entre elleet son sujet « Sans y songer, Clara s'est battue pour que ma viesoit douce, je veux dire, pour que les femmes choisissent leurplace dans le monde [ ] Pour que mes histoires d'amour soientpossibles, il a fallu Clara et ses sœurs II a fallu son insoucianceet son courage Oui, j'ai une dette » Jonglant brillamment entredistance et empathie, Sophie Pujas s'amuse de l'art du romancomme des ficelles du storytellmg « Je licencie le destin et sessales tours de passe-passe [ ] Ce qui a existé est gagne pourtoujours » Une liberté qui fait, aussi, la littérature Hubert Artus

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***Le Sourirede Gary Cooperpar SophiePujas, 112 pGallimard/L'Arpenteur,11,50 €

Page 9: «Le mie ecnu aux caraïbes esr la séduction» Entretien avec Mayra … · 2021. 3. 3. · lui dessine une voie, les frontières sont parfois ténues de la misère à la grande vie,

Date : JUIN 17

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 52113

Page de l'article : p.46-48Journaliste : Alexandre Fillon /Baptiste Liger / Lenka Hudakova/ Christine Ferniot / HubertArtus / Estelle Lenartowicz

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ZULMA 0177441500502Tous droits réservés à l'éditeur

ElenaLAPPIN

63 ans, Israel et Royaume-Uni

a surprise, c'est parfois simple commeun coup de fil Quelle ne fut pas cellede l'écnvame et éditrice Elena Lappin

lorsqu'un soir de février 2002, le télephone retentit chezelle A l'autre bout du combiné, un inconnu a une grandenouvelle a lui annoncer, en russe • « Schneider, c'était lenom de votre vrai père C'est avec cet autre hommequ'était votre mère avant votre pere » Celui qui n'estautre que son oncle par alliance lui apprend dans la fouléeque son grand-père était espion et que son géniteur résideaujourd'hui à New York II n'en faut pas plus pourqu'Elena Lappm décide d'en savoir davantage sur cet

individu « de petite stature, agile,aux cheveux bruns (maintenantargentés) » Cette odyssée des on-;mes amènera cette native deMoscou à découvrir sa véritable his-oire familiale, l'amenant a aller dea Russie à Ottawa en passant parïambourg ou les kibboutz d'IsraëlLa vie écrit des scénarios que les

romanciers essaient souvent d'imiter », et on comprendpourquoi le récit Dans quelle langue est-ce que je rêve ?s'avère plus palpitant et riche que bien des fictions Atravers son parcours personnel - et la réflexion psycha-nalytique qui en découle -, Elena Lappin décortique intel-ligemment révolution des rapports Est-Ouest et relate,à travers de brefs chapitres bien ciselés et agrémentes dephotos, l'histoire de tant d'exilés nous rappelant que lemonde est, par essence, cosmopolite Baptiste Liger

quelle langue est-ee que je rêve ?(What LanguageDo I Dream ln ?)par Elena Lappin,traduit de l'anglaispar MatthieuDumont, 384 pEditions del'Olivier, 23 €

ClémentineMÉLOIS

May r aSANTOS-FEBRES

A vez-vous déjà, en patien-tant à la caisse du super-marché, scanné d'un œil

curieux les emplettes que votrevoisin disposait sur le tapis rou-lant9 Et peut-être, a mesure queles objets défilaient, imaginé à quoi pouvait bien res-sembler la vie de cet inconnu ' Le contenu de nospaniers en dit beaucoup sur qui nous sommes • catégoriesociale, goûts et mode de vie, rapport à l'argent, autemps Fascinée par le potentiel fictionnel des listesde courses, Clémentine Mélois, artiste plasticienne etcollectionneuse aguerrie, conserve depuis des annéescelles qu'elle trouve dans la rue Dans ce livre originalet malicieux, elle en a rassemble une centaine, griffon-nées par des anonymes sur un com d'enveloppe, unpost-it, au dos d'un bout de facture déchirée Pouraccompagner chacune, un court monologue nousplonge dans la tête de celui ou celle qui l'a rédigée.

Drôles et intrigants, excessivementsérieux ou complètement loufoques, cesdiptyques de microfictions tissent unétonnant kaléidoscope, chambre à échosou resonnent ensemble une multitudede voix intérieures Des « pastilles pourdentier » à la « tapette à mouche » enpassant par la « grappe de raisin pas tropgrosse », le « manger chat », les « tripesà la mode de Caen », ou la « lotion antichute cheveux », leure commissions sontle charmant alphabet d'une poésie duquotidien Estelle Lenartowicz

** Sinon l'oubliepar ClémentineMelois, 240 p,Grasset, 16 €

L es accros aux télé-crochets ne le saventque trop • les voix des chanteurs ou deschanteuses sont parfois aussi envoû-

tantes que trompeuses Ainsi, lorsqu'ellechante ses boléros qu'elle maîtrise à mer-veille, Sirena Selena éblouit toutes celles ettous ceux qui sont à ses côtés Maîs avantde devenir cette créature si admirée, celle-ci avait une autre identité, un autre nom :Leocadio Gamin des quartiers pauvres dePorto Rico, il a ete éleve - sa mere étant ""~« partie sans laisser d'adresse » - par sa grand-mère A la mort de cette dernière, il a « preféréfaire de la rue son foyer » aux côtés des prosti-tue(e)s II y aura les passes, bien sûr, maîs aussi unebonne fée (ou sorcière) • l'excentrique Miss MarthaDivine va être séduite par l'etrangeté androgynede ce garçon et le pousser à devenir, grâce a savoix enchanteresse, une diva des hôtels de luxeL'occasion pour Leocadio/Sirena de découvrirpeut-être la passion, en la personne d'un certainHugo Graubel qui lui déclare • « Je t'aimerai [ ]comme je n'ai jamais aimé aucune femme »

Premier roman traduit en France de la Porto-ricaine Mayra Santos-Febres, Sirena Selena estune fable baroque sur la confusion des genres - àplus d'un titre -, qui séduit grâce à ses imagesluxuriantes, à sa construction intelligemment écla-tée et à la musicalité de la langue, correspondantparfaitement aux desseins de ses personnagesMême si on regrette de ne pas entendre le chantde cette Sirena . BI.

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AXELLEDate : JUIN 17Pays : Belgique

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.37Journaliste : S.P.

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ZULMA 9246061500504Tous droits réservés à l'éditeur

SIRENA SELENASirena SelenaMayra Santos FebresZulma2017 336 p 20 50 eur

Récit des transformations, despassages Sirena Selena est uneexplosion permanenteentretenue par l'omniprésence

de la violence, avec la salvation pourhorizon et des éclairs de joie quiperforent, parfois, la tramedramatique du roman Mis en tensionpermanente par la langue magnifique

de l'ecrivame et poétesse portoricaine Mayra Santos-Febres,les personnages sont intenses, brosses a la fois dans toute leurpuissance et dans toute leur detresse En particulier SirenaSelena elle/lui-même, affolant e drag-queen a la voix de cristalayant survécu dans le milieu de la prostitution, incarnationde l'enfance bousillée, de l'adolescence sauvage, de la révoltemagnifique, du strass et des haillons Lin texte inoubliable [ S P ]

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QUE TAL PARIS?Date : JUIN 17Pays : France

Périodicité : Mensuel

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ZULMA 4137451500509Tous droits réservés à l'éditeur

Sirena Selena

Et MayraSantos-Febres creaSirena Selena ou Sirenita, la sublimediva des quartiers gays de Porto RicoSirena Selena ensorcelle grâce asa beaute sauvage androgyne etsa voix divine Oui, Selena chanteles boleros comme personne d'autreElle est arrivée a Porto Ricoaccompagnée de Miss Martha,propriétaire du Danubio Azul,qui compte faire de sa protégéeune star reconnue dans toutes lesCaraïbes Le chemin de Selena croiseun riche entrepreneur qui tomberafollement amoureux d'elle et fera toutpour la conquérir A partir de ce récitprincipal, l'ecnvame portoricainenous dévoile progressivementun passe volontiers sordide quia profondement marque la jeuneadolescente prostitution, drogue,pauvrete, errance AvecS/renaSelena, Mayra Santos-Febres signeun roman a la fois ensoleille etdéchirant qui met l'accent sur lasituation des travestis et des gaysdans les Caraïbes

[MAYRASANTOS-FEBRES]

Sirena Selena (Zuima)traduit de l'espagnol (Porto Rico)par François-Michel Durazzo> 336 pages 2050€

COIN CULTURE

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