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week-end Samedi 1 er octobre 2011 - 67 e année - N˚20744 - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,20 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,20 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, A insi, il ne fallait pas désespé- rer d’Angela Merkel. On a suffisamment pointé ici l’attentisme, le manque de souf- fle, les hésitations de la chanceliè- re allemande dans la crise de l’euro pour ne pas saluer sa perfor- mance politique, jeudi 29 septem- bre, au Bundestag, la Chambre des députés, à Berlin. M me Merkel obtient un vote massif, presque l’union nationale, pour que la zone euro se dote d’un instrument renforcé de stabi- lisation. La chancelière assure sa survie politique, qui était en jeu, en ralliant sur ce scrutin la quasi- totalité des membres de sa coali- tion (démocrates-chrétiens et libé- raux). Bonne nouvelle pour elle, et, surtout, première bonne nouvelle depuis longtemps dans l’intermi- nable crise que traverse l’union monétaire européenne du fait de l’insondable irresponsabilité d’un de ses membres, la Grèce. Un vote positif mais acquis dans des condi- tions difficiles, jeudi, à Berlin, aurait fragilisé un plus encore la devise européenne. Techniquement, il s’agissait pour le Bundestag d’approuver l’extension des prérogatives du Fonds européen de stabilité finan- cière (FESF). Dotée d’une force de frappe de 440 milliards d’euros, l’institution pourra dorénavant se livrer à trois types d’interven- tion : acheter des obligations émi- ses par les Etats membres de l’eu- rozone pour financer leur dette ; aider à une recapitalisation des banques ; accorder des crédits aux Etats en difficulté. C’est un début de Fonds moné- taire européen pour permettre à l’union monétaire de faire face aux situations de crise. Politiquement, ce fut pour Angela Merkel l’occasion de réaf- firmer que l’Allemagne n’enten- dait pas abandonner un membre de l’eurozone. La chancelière avait laissé place au doute – et ainsi faci- lité le déchaînement des marchés qui spéculent sur un défaut de la Grèce. Une fois de plus, les élus alle- mands ont fait leur choix – dans le bon sens. Le soutien à l’euro a réuni jeudi 523 voix sur 620. L’en- semble des sociaux-démocrates et des Verts ont voté avec les démocrates-chrétiens et les libé- raux. Situation quasi unique dans l’eurozone, qui voit une écrasante majorité d’élus prendre le risque de l’impopularité : à en croire les sondages, plus de 70 % des Alle- mands rechignent à aider la Grè- ce. M me Merkel a su convaincre. Elle a martelé : l’euro est dans l’in- térêt de l’Allemagne, et ce qui se joue aujourd’hui avec la monnaie unique, ce n’est rien de moins que l’avenir de l’Europe. Quatre pays sur dix-sept – l’Autriche, Malte, les Pays-Bas et la Slovaquie – doivent encore voter sur l’extension des missions du FESF. C’est sur les bancs de l’As- semblée slovaque qu’on est le plus réticent. La bataille n’est pas gagnée. Il faudra d’autres votes pour sauver la Grèce et enrayer les effets de contagion. Tant que les marchés ne seront pas convaincus, ils conti- nueront leur travail de sape. Mais la détermination affichée à Berlin est indispensable pour que lesdits marchés soient finalement remis à leur place. p Lire p. 5-6 et Débats p. 16 Les adieux de la « jument du siècle » t Alors que Goldikova sera à Longchamp, sa petite sœur court son premier Arc de triomphe Supplément Sport & forme Galikova, la sœur de Goldikova, lors d’un entraînement, mardi 27 septembre, à Chantilly. VINCENT LELOUP/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE » Entretien Le président sortant de la seconde Chambre analyse le « message politique » des grands électeurs. P.8 Conjoncture La consommation des ménages qui a été l’un des moteurs de l’économie française devrait rester durablement atone, après les chiffres d’août. Page 12 A Paris, samedi 1 er octobre, la Nuit blanche investit la rive droite, des Batignolles à l’Hôtel de Ville, pour y célébrer l’art contemporain. En quelques années, cet événement parisien a conquis d’autres villes, de Metz à Bruxelles, de Bologne à Kyoto. p Lire page 19 Editorial Un scandale hors normes éclabousse la police judiciaire Le 1 er octobre je pense aux personnes âgées www.lesfleursdelafraternite.org Gérard Larcher tire les leçons du passage à gauche du Sénat La croissance n’a plus le soutien des consommateurs SPORT & FORME Nikola Karabatic et l’argent Confidences de la star mondiale du handball SUPPLÉMENT Peter Lindbergh et la garçonne M LE MAGAZINE DU «MONDE» UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE, BELGIQUE ET LUXEMBOURG La Nuit blanche, 10 e édition, de Paris à Kyoto Découvrez vite les Des galeries lafayette Dans ce numéro COUP DE TORCHON BERTRAND TAVERNIER SÉRIE Nº 15 - DVD Nº 4 5,90 ¤ EN PLUS DE « M » LE MAGAZINE DU « MONDE » UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE SCIENCE & TECHNO La chirurgie à l’heure des robots Ces automates guidés par la main de l’homme envahissent les blocs SUPPLÉMENT CULTURE & IDÉES Le genre humain selon Judith Butler Entretien avec la philosophe américaine sur une polémique très française SUPPLÉMENT Face à la crise de l’euro, le bon choix de Berlin t Policier apprécié, le n o 2 de la PJ lyonnaise a été mis en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour corruption et trafic de stupéfiants 3,20 ¤ ou 9,10 ¤ avec le DVD (en France métropolitaine uniquement). Ne peut être vendu sans « M ». M ichel Neyret, 55 ans, n˚ 2 de la police judiciaire de Lyon, a été placé en gar- de à vue, jeudi 29 septembre, dans le cadre d’une enquête pour cor- ruption, trafic international de stu- péfiants et blanchiment d’argent. Cette affaire, sur laquelle des juges parisiens et la police des polices enquêtent depuis plusieurs semai- nes, pourrait éclabousser d’autres policiers et devenir un scandale de grande ampleur. Selon une source proche du dossier, l’épouse du commissaire Neyret, qui tient un établissement hôtelier de luxe dans la région, a également été pla- cée en garde à vue, ainsi que trois trafiquants de drogue présumés. Preuve de la gravité du dossier, le directeur central de la police judi- ciaire, Christian Lothion, s’est ren- du à Lyon jeudi. p Lire page 10 Le regard de Plantu

Le monde 01.10.11

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Le monde 01.10.11

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week-endSamedi 1er octobre 2011 - 67e année - N˚20744 - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,20 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,20 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

A insi, il ne fallait pas désespé-rer d’Angela Merkel. On asuffisamment pointé ici

l’attentisme, le manque de souf-fle, les hésitations de la chanceliè-re allemande dans la crise del’euro pour ne pas saluer sa perfor-mance politique, jeudi 29 septem-bre, au Bundestag, la Chambre desdéputés, à Berlin.

Mme Merkel obtient un votemassif, presque l’union nationale,pour que la zone euro se doted’un instrument renforcé de stabi-lisation. La chancelière assure sasurvie politique, qui était en jeu,en ralliant sur ce scrutin la quasi-totalité des membres de sa coali-tion (démocrates-chrétiens et libé-raux).

Bonne nouvelle pour elle, et,surtout, première bonne nouvelledepuis longtemps dans l’intermi-nable crise que traverse l’unionmonétaire européenne du fait de

l’insondable irresponsabilité d’unde ses membres, la Grèce. Un votepositif mais acquis dans des condi-tions difficiles, jeudi, à Berlin,aurait fragilisé un plus encore ladevise européenne.

Techniquement, il s’agissaitpour le Bundestag d’approuverl’extension des prérogatives duFonds européen de stabilité finan-cière (FESF). Dotée d’une force defrappe de 440 milliards d’euros,l’institution pourra dorénavantse livrer à trois types d’interven-

tion : acheter des obligations émi-ses par les Etats membres de l’eu-rozone pour financer leur dette ;aider à une recapitalisation desbanques ; accorder des crédits auxEtats en difficulté.

C’est un début de Fonds moné-

taire européen pour permettre àl’union monétaire de faire faceaux situations de crise.

Politiquement, ce fut pourAngela Merkel l’occasion de réaf-firmer que l’Allemagne n’enten-dait pas abandonner un membrede l’eurozone. La chancelière avaitlaissé place au doute – et ainsi faci-lité le déchaînement des marchésqui spéculent sur un défaut de laGrèce.

Une fois de plus, les élus alle-mands ont fait leur choix – dansle bon sens. Le soutien à l’euro aréuni jeudi 523 voix sur 620. L’en-semble des sociaux-démocrateset des Verts ont voté avec lesdémocrates-chrétiens et les libé-raux.

Situation quasi unique dansl’eurozone, qui voit une écrasantemajorité d’élus prendre le risquede l’impopularité : à en croire lessondages, plus de 70 % des Alle-

mands rechignent à aider la Grè-ce. Mme Merkel a su convaincre.Elle a martelé : l’euro est dans l’in-térêt de l’Allemagne, et ce qui sejoue aujourd’hui avec la monnaieunique, ce n’est rien de moins quel’avenir de l’Europe.

Quatre pays sur dix-sept –l’Autriche, Malte, les Pays-Bas et laSlovaquie – doivent encore votersur l’extension des missions duFESF. C’est sur les bancs de l’As-semblée slovaque qu’on est leplus réticent.

La bataille n’est pas gagnée. Ilfaudra d’autres votes pour sauverla Grèce et enrayer les effets decontagion. Tant que les marchésne seront pas convaincus, ils conti-nueront leur travail de sape. Maisla détermination affichée à Berlinest indispensable pour que lesditsmarchés soient finalement remisà leur place. p

Lire p.5-6 et Débats p.16

Lesadieuxde la«jument dusiècle»t Alors que Goldikova sera à Longchamp,sa petite sœur court son premierArc de triomphe Supplément Sport &forme

Galikova, la sœur de Goldikova,

lors d’un entraînement,

mardi 27 septembre, à Chantilly.

VINCENT LELOUP/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE »

EntretienLe président sortant de la seconde Chambreanalyse le « message politique» des grands électeurs. P.8

Conjoncture La consommation des ménages qui a étél’un des moteurs de l’économie française devrait resterdurablement atone, après les chiffres d’août. Page12

A Paris, samedi 1er octobre, laNuit blanche investit la rivedroite, des Batignolles à

l’Hôtel de Ville, pour y célébrerl’art contemporain. En quelquesannées, cet événement parisien aconquis d’autres villes, de Metz àBruxelles, de Bologne à Kyoto. p

Lire page19

Editorial

Unscandale horsnormes éclabousselapolice judiciaire

Le 1er octobre

je pense auxpersonnes âg

ées

www.lesfleursdelafraternite.org

GérardLarchertirelesleçonsdupassageàgaucheduSénat

Lacroissancen’apluslesoutiendesconsommateurs

SPORT & FORME Nikola Karabatic et l’argent Confidences de la star mondiale du handball SUPPLÉMENT

Peter Lindberghet la garçonneM ● LEMAGAZINEDU«MONDE»UNIQUEMENTENFRANCE MÉTROPOLITAINE,BELGIQUEETLUXEMBOURG

LaNuit blanche,10eédition,deParis àKyoto

Découvrez vite les

Des galeries lafayetteDans ce numéro

COUP DETORCHONBERTRAND TAVERNIERSÉRIE Nº 15 - DVD Nº 45,90¤ EN PLUS DE « M »LE MAGAZINE DU « MONDE »

UNIQUEMENTEN FRANCE MÉTROPOLITAINE

SCIENCE & TECHNO

La chirurgie à l’heure des robotsCes automates guidés par la main

de l’homme envahissent les blocs SUPPLÉMENT

CULTURE & IDÉES

Le genre humain selon Judith ButlerEntretien avec la philosophe américaine

sur une polémique très française SUPPLÉMENT

Face à la crise de l’euro, le bon choix de Berlin

t Policier apprécié, le no 2 de la PJ lyonnaise a été mis en garde à vuedans le cadre d’une enquête pour corruption et trafic de stupéfiants

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M ichel Neyret, 55 ans,n˚2 de la police judiciairedeLyon,aétéplacé engar-

de à vue, jeudi 29 septembre, dansle cadre d’une enquête pour cor-ruption,trafic internationaldestu-péfiants et blanchiment d’argent.Cette affaire, sur laquelle des juges

parisiens et la police des policesenquêtentdepuis plusieurs semai-nes, pourrait éclabousser d’autrespoliciers et devenir un scandale degrande ampleur. Selon une sourceproche du dossier, l’épouse ducommissaire Neyret, qui tient unétablissement hôtelier de luxe

dans larégion, a également été pla-cée en garde à vue, ainsi que troistrafiquants de drogue présumés.Preuve de la gravité du dossier, ledirecteur central de la police judi-ciaire, Christian Lothion, s’est ren-du à Lyon jeudi.p

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Leregard dePlantu

Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz

Secrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue (« M Le magazine du Monde »)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateur Pascal GalinierDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

0123est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.

Rédaction 80,boulevardAuguste-Blanqui, 75707ParisCedex13Tél.:01-57-28-20-00;télécopieur:01-57-28-21-21Abonnements partéléphone:de France32-89(0,34¤ TTC/min);de l’étranger:(33)1-76-26-32-89ouparInternet:www.lemonde.fr/abojournal

page deux

Avant, quand Sœur Marie-Josèphe ouvrait sa boîtemail, une fenêtre avec un jeude billard virtuel s’imposaitsubrepticement. Fan dutapis vert depuis ses années

en école d’ingénieurs, la religieuse bernar-dine se laissait parfois tenter. Elle décidadonc de changer de messagerie. « J’ai choi-si de me retirer du monde et quand le mon-de propose de nouveaux éléments, je doistoujours me demander si ce que je fais medévie ou bien facilite ma connexion àDieu », explique cette sœur de 43 ans auxyeux bleus et au sourire généreux, cadettedu monastère Notre-Dame-de-la-Plaine.

Dans ce couvent de la banlieue lilloise,l’arrivée du World Wide Web n’a eu de ces-se de questionner la vie monastique et laclôture–séparationdu mondeautant phy-sique que symbolique – qu’elle implique.Le Net qui ne connaît ni le bien ni le mala-t-il sa place dans un monastère, allégo-rie du paradis sur terre ?

Partout en France, les communautésreligieuses tâtonnent pour faire d’Inter-net un outil au service de la foi et de leurchoix. Les sœurs bernardines de Lille par-ticipent pleinement à ce mouvement.Depuis l’an 2000, elles perfectionnentleur site Internet et le WiFi a été installé àl’hôtellerie ainsi que dans la partie dumonastère qui leur est strictement réser-vée. Comme Marie-Josèphe, quelques-unes ont, du fait de leur fonction, un ordi-nateur personnel mais la majorité des reli-gieuses partage une « salle Internet » avecdeux ordinateurs connectés et une feuilled’émargement. Elles y consultent leurmessagerie (@bernardine.org etd’autres) et font quelques recherches: l’ac-tualité sur les sites des journaux, l’histoi-re monastique, les couleurs des pelotesde laine sur Phildar.fr, des documenta-tions catholiques, les résultats de Wimble-don… les appétits sont divers mais tou-jours pondérés.

Les monastères jouissent d’une impor-tante indépendance vis-à-vis du Vaticanetla gestion d’Internetest laisséeà leurdis-crétion. « Nous faisons confiance à nosSœurs.Ellesne vontpas sur des sitesdiaboli-ques, pornographiques, dit sans ambagesSœurMary-Helen, prieuregénérale de l’or-dre des bernardines. Je connais des monas-tères où l’on a mis un contrôle parental… Jen’en vois pas la nécessité. C’est à chacunede se contrôler. C’est la vie qu’on a choisie. »

La cloche tinte l’heure de l’office de tier-ce. Sœur Marie-Jo – ainsi nommée dans

les couloirs du monastère – se rend à l’égli-se. D’une voix cristalline, elle chante avecses sœurs les louanges d’un dieu éternel.« Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit/Au Dieu, qui est, qui était et quivient/Pour des siècles et des siècles.Amen », psalmodient-elles ensemble.Leurs coules, d’amples robes blanches,bruissent et, dans une volée d’étoffes, tou-tes s’inclinent. Leurs chants et leurs ges-tes paraissent immuables.

Depuis des siècles, des hommes et desfemmes font vœux d’obéissance, de chas-teté et de pauvreté pour consacrer leur vieà Dieu. Pourtant, le monastère qui les abri-te est loin d’être imperméable au monde.Il le suit comme un berger suit son trou-peau. A bonne distance. « Je n’ai pas peurdu monde, je ne m’en méfie pas », expli-que Marie-Jo, consciente d’avoir fait lechoix d’une vie souvent sujette à l’incom-préhension. « Seulement, nous sommesen retrait, car on ne prend pas tout ce qu’ilprésente. Le Web, ajoute-t-elle, est une ten-tation comme une autre. Je peux tomberdans le péché de gourmandise commeavoir de la gourmandise Internet ! »

Internet est le dernier avatar du cortè-ge des nouvelles technologies qui onttoqué à la porte du monastère. « On étaitbeaucoup plus cloîtrées au début », se sou-vient Sœur Marie-Francis, 91 ans dont 66au couvent. Elle a vu débarquer la voiture,le fax, le téléphone portable, mais, avecInternet, elle a la ferme impression de per-dre son temps, et peut-être un peu de saraison d’être. « Je ne me sens pas le droit dem’amuser à aller partout », confie-t-elle.Comme les autres sœurs, elle sent bienque le Web, invisible et omniscient, fait,encore plus que les autres technologies,pénétrer le monde au cœur du couvent.L’époque où la mère supérieure lisait leslettres destinées aux sœurs, où il fallaitdemander la permission pour télépho-ner, où l’on ne pouvait pas se rendre auchevet d’un parent à l’agonie n’est pas siloin – les sœurs doyennes s’en souvien-nent –, mais il est révolu.

« Nous allons chez le médecin, acheternos chaussures, nous rendons visite à nosfamilles, nous sortons !, s’exclame SœurChristine qui, malgré ses 61 ans, est l’unedes plus jeunes sœurs du couvent. Moi, jene me sens pas en décalage avec le monde.La clôture est mon milieu de vie et il aplein de fenêtres. » Assises en cercle dansla salle de communauté, les plus âgéesfroncent le sourcil… Elles ont une concep-tion de la clôture un peu plus tradition-nelle et regardent avec une sage circons-pection le temps passé.

« Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit/Au Dieu, qui est, qui était et quivient/Pour des siècles et des siècles.Amen. »

«Internet est le moyen qui peut nous fai-re aller vers l’extérieur tout en restant à l’in-térieur, avance Sœur Marie-Jo avecenthousiasme, il m’évite des sorties etm’aide à rester dans le cadre de vie que j’ai

choisi. » Consulter des comptes bancaires,acheter des billets d’avion pour les reli-gieuses qui se rendent – du Burkina Fasoau Japon – dans les sept autres commu-nautés de l’ordre, communiquer avec lessœurs à l’étranger, passer des comman-des pour la boutique, prendre les réserva-tions des hôtes et les « googliser » en casde doute sur leurs motivations, organiserdes réunions par Skype pour se préserverdes déplacements, au quotidien, Internetest devenu incontournable. Une panned’électricité au monastère ou une décon-nexion plongeraient les sœurs dans unembarras angoissé. Mais les religieusesvont au-delà de ces pratiques utilitaires :elles façonnent l’outil à leur image etselon leurs besoins.

Dès l’arrivée du Net au monastèreNotre-Dame-de-la-Plaine, il a été ques-tion de la présence du couvent sur le Web.Aujourd’hui, toutes les communautés del’ordre des bernardines ont un site sobreet informatif où l’ontrouve leurs coordon-nées, l’horaire des offices et une présenta-tion en texte et en images de la commu-nauté. « Nos sites ne servent pas à appâterles gens. Ils sont des points de contact, pré-cise Marie-Jo. Il y a trente ans, on pouvaitencore rencontrer des religieux dans larue, aujourd’hui, ça n’est plus le cas. Com-ment penser à cette vie religieuse si on nevoit personne qui la mène ? Internet est unlieu de croisement pertinent. »

Avec, en France, moins de 3 700 monia-les et une relève d’à peine 170 professestemporaires, la crise des vocations a faitsortir le monastère de ses gonds. Pour tou-te l’Eglise, confrontée à une crise des voca-tions et de la foi en général, Internet estune aubaine communicationnelle. Lepape et la hiérarchie de l’Eglise encoura-gent régulièrement l’usage de cet instru-ment d’évangélisation hors pair à l’adres-se des jeunes en particulier. Avec unetrentaine d’autres monastères de touteobédience, les bernardines participent àl’élaboration d’un portail intitulé Vie-monastique.com qui se veut une présen-tation dynamique de leur engagement.

Marie-Jo, plutôt autodidacte, y postedes petites vidéos des sœurs qu’elle atournées et montées elle-même. « C’estplus percutant !, souligne-t-elle. On sentainsi que les sœurs ne sont pas des person-nes figées, dans un lieu figé. » Mais le Netest le médium d’un premier contact : il neremplace en rien une véritable rencon-tre. Le couvent Notre-Dame-de-la-Plainen’a pas de boutique en ligne mais donnel’adresse du magasin du monastère, lesite de l’ordre propose des « plongéesmonastiques » qui n’ont rien de virtuel,Vie-monastique.com se veut non exhaus-tif pour susciter la curiosité et débouchersur une visite…

« Le Christ s’est incarné, l’Eglise doitdonc être avec les hommes, explique SœurMary-Helen. Il est normal qu’elle se soitadaptée à la culture cyber. » « Cependant,nuance-t-elle, ça n’est pas le rôle des reli-gieuses d’être sur les réseaux sociaux ousur les blogs. On pourrait entrer dans unmonde virtuel qui risquerait de nous isolerde la vie quotidienne et, si je puis dire, denous excommunier. »

Pour elle, comme pour beaucoup desœurs, il est clair aujourd’hui que la clôtu-re inhérente à la vie monastique est deve-nue bien plus intérieure qu’un mur demonastère. C’est l’heure des vigiles. Marie-Jo envoie un dernier mail, se déconnectede Skype et ferme son PC. Elle descenddans la salle des scapulaires, enfile sa cou-le, se signe face au tabernacle et prend pla-ce sur les bancs au milieu de la commu-nauté. Sa communauté. p

Elisa Mignot

n Sur Lemonde.frRetrouvez à partir du samedi 1er octobre le web-documentaire « Notre-Dame du Net, cliquezpour nous »

«Le Webest unetentationcomme uneautre.Je peux tomber

dans lepéché degourmandisecomme avoir

dela gourmandise Internet!»Sœur Marie-Jo

«Jeconnaisdesmonastères

oùl’on a misuncontrôle parental…»

Sœur Mary-Helen

Sœur

Marie-

Nicole au

monastère

Notre-

Dame-

de-la-

Plaine.

CLAIRE BURGAIN/

SAPIENSAPIENS

POUR

« LE MONDE »

Reportage Les moniales bernardines d’un monastère de la banlieue lilloise,bien décidées à vivre avec leur temps, se sont approprié Internet.Elles sont les «héroïnes» d’un webdocumentaire diffusé sur Lemonde. fr

Dessouris et desnonnes

MilitantsNPA recherchentparrainagesdésespérément

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN0395-2037

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12, rue Maurice-Gunsbourg,94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

A nizy-le-Château, Lizy, Mer-lieux-et-Fouquerolles. Lesvillages de l’Aisne se succè-

dent, et c’est toujours le mêmescénario. Pour les deux militantsdu Nouveau Parti anticapitaliste(NPA) partis à la chasse aux par-rainages, mardi 27 septembre,l’après-midi n’est pas à la fête. Lesmaires, qui souvent travaillent,ne sont pas là. L’accueil, courtois,peut aussi s’avérer glacial. « C’estlong et fastidieux », avait prévenuThibault Blondin, 32ans, chargédes élections au NPA. Il avait rai-son. Quand on a peu ou pas d’éluslocaux, trouver les 500 signatu-res relève de la galère.

Dans la voiture, les deux hom-mes soignent leur plan d’attaque.Avant de partir, le trajet a été repé-ré, les communes répertoriées, lesmaires listés et l’argumentairepréparé. Pour le moment, le NPAdit avoir engrangé une centainede signatures. Mais le temps file.«On rame dur», lancera ThibaultBlondin à un maire. Cette année,l’exercice est d’autant plus compli-qué que les municipales sont pas-sées par là et que les élus quiavaient parrainé Olivier Besance-not en 2007 ne sont plus forcé-ment en place. Autre difficulté: lecandidat lui-même, Philippe Pou-tou, un inconnu qui plafonne à0,5% dans les sondages, et qui nefait pas l’unanimité dans le parti.

«Notre porte d’entrée, c’est laquestion démocratique, expliqueThibault Blondin. On leur ditqu’on représente un parti politi-que qui prend part à toutes les élec-tions et qu’eux seuls peuvent nouspermettre de participer à celle-ci. »En revanche, rarement le nom duNPA est prononcé d’emblée :«Communiste, c’est déjà un grosmot. Alors LCR [Ligue communisterévolutionnaire] ou anticapitalis-

te, vous imaginez!», déplore-t-il.Dans les rues désertes de ces

petits villages de campagne, diffi-cile de trouver son chemin. «Auniveau national, on pourrait inves-tir dans un GPS, non?», lâche Pier-re, un retraité de 64ans, quiaccompagne le chargé des élec-tions. Parfois, la chance sourit auxdeux militants; ils tombent parhasard sur le maire de Montba-vin, Jean-Guy Naury. Mais la fortu-ne peut aussi tourner : l’élu leurdit rapidement qu’il n’est pas«chaud». En 2002, il avait donnésa signature à Jean-Marie Le Pen(FN). Les parrainages étantpublics, il affirme avoir vécudepuis «une véritable chasse auxsorcières».

«Schivardi, il me plaît bien»Il est temps de filer au seul ren-

dez-vous calé à l’avance, à Bran-court-en-Laonnois. Une rencontresur laquelle misent les deux hom-mes, le maire ayant donné son par-rainage en 2007 à José Bové. «Jedois vous le dire, Schivardi, il meplaît bien», finit par déclarer l’élu,Francis Koch. Soutenu par le Partides travailleurs, celui qui se pré-sentait en 2007 comme le «candi-dat des maires» n’a pourtant pasencore fait part de ses intentionspour 2012. Encore raté. «La derniè-re semaine, avant la clôture desparrainages, faites un coucou à lasecrétaire de mairie», glissequand même l’édile. «On est tropjuste pour ne pas avoir de mémoi-re», lui répond Thibault Blondin.

Bilan de l’après-midi : zéro par-rainage. Sept heures et 300 kilo-mètres plus tard, ils sont enfin deretour à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Dur métier que celui demilitant.p

Raphaëlle Besse Desmoulières(Aisne, envoyée spéciale)

0123Samedi 1er octobre 2011

international

AlgerEnvoyée spéciale

C ’est une course de vitesse.L’Etat algérien distribue unepartie du produit de la rente

pétrolière pour contenir le mécon-tentement social, mais voit fondrepresqueaussitôtlerésultatescomp-té sous l’effet de l’inflation. Avec,pour les autorités, cette hantisecroissante de ne pas se laisserentraîner dans un «printemps ara-be» qu’elles ne maîtriseraient pas.« A tout moment, le cas algérienpeut éclater», estime le sociologueNourredine Hakiki, directeur dulaboratoire du changement social àl’université Alger-II.

L’effort engagé par l’Etat dans ledomaineéconomiqueetsocial«estunechance dont disposeencore l’Al-gérie au milieu d’un environne-ment économique internationaltenduet incertain», a déclaré le pre-mier ministre Ahmed Ouyahia, eninaugurant, jeudi 29 septembre,une conférence prévue sur deuxjours entre l’Etat, le patronat etl’Union générale des travailleursalgériens (UGTA) – la deuxième dugenreenàpeinesixmois.« Unenvi-ronnement, a cependant reconnuM. Ouyahia, dont nous ne sommesni isolés ni à l’abri.»

Après avoir augmenté les salai-res de nombreuses catégories pro-fessionnelles, dans des propor-tionsdéfiant touteconcurrence, lesautorités algériennes continuentde mettre l’accent sur le pouvoird’achat. La réunion tripartite, qui aexclu tous les syndicats autono-mes, pourtant de plus en plus audi-bles en Algérie, devrait aboutir aurelèvement du salaire minimumfixé jusqu’ici à 1 500 dinars (150euros au change officiel).

Cette mesure intervient aprèsbien d’autres, comme «l’opérationcartable » – la fourniture gratuite

de matériel scolaire lancée à la ren-trée, début septembre, pour veniren aide aux familles –, les plansd’aide à l’emploi, les programmesmassifs de logement et la subven-tiondeproduitsdegrandeconsom-mation.

«La politique sociale n’est pas lacharité», dénonce l’ancien premierministre Ahmed Benbitour, auteurd’une « Lettre programme à tousceuxquiont àcœurdesauverl’Algé-rie», et qui milite aujourd’hui pourun «changement négocié » de régi-

me. Jusqu’ici, « la réponse du pou-voir, ajoute-t-il, a consisté à essayerd’améliorer l’efficacité de la répres-sion sans violence, en désarmant lespoliciers, à vendre des réformes cos-métiques et à agrandir le cercle descourtisans en distribuant la rente».« Cela fait gagner du temps, pour-suitM.Benbitour,mais nerienfairepar rapport à la perte de la moralecollective, à la pauvreté et à la cor-ruption généralisée, c’est aller toutdroit vers une explosion sociale.»

Le filet social mis en place par le

pouvoir algérien a contenu lacontestation qui n’a débouché suraucun mouvement d’ampleur,même si, chaque jour, des émeutessontsignaléesdanslepays.Maisilaun coût : 8,2 milliards de dinars dedépense publique inscrits dans laloi de finances complémentaire2011, avec pour conséquence lecreusement du déficit budgétaire,évaluéà 33,9% duproduit intérieurbrut (PIB). Les importations de pro-duits alimentaires ont atteint unniveau record. Et l’inflation galope.

Lecoûtdulogement,horsprogram-me social, s’est envolé, même pourles plus modestes. Selon le quoti-dien ElWatan, le prix d’une «bara-que » à Kerrouche, l’un des plusgrands bidonvilles du pays à 40kilomètresd’Alger,adoubléenqua-tre ans, passant de 150 000 à300000 dinars.

Entre août et septembre, les prixdes fruits et légumes ont flambé.Classique après la période de rama-dan, l’augmentation de certainsproduits alimentaires a atteint, cet-

te année, une « ampleur inégalée»,selon Amir, un marchand de pri-meurs installé dans la Basse Cas-bah d’Alger. «Je ne sais pas ce qui sepasse, mais avant, il y avait une dif-férence entre les produits locaux etimportés, maintenant c’est pareil»,ajoute-t-il en désignant sur son étaldes poires locales à côté d’autresvenues d’Argentine. Un peu plusloin, sur le marché du quartier de laplaceauxMartyrs,LeïlaHabba,unemère de famille, scrute les étiquet-tes,unsacàlamain.«Çafaitunedif-férence tout de même, soupi-re-t-elle. En ce moment, je n’achèteplus ni haricots ni salade.»

L’absenced’uneoppositionfortedansdespaysoùonteulieudessou-lèvements, comme la Tunisie oul’Egypte, a convaincu les autoritésalgériennes qu’elles n’étaient pas,elles non plus, à l’abri, mais qu’ellespouvaient utiliser la rente deshydrocarburescommeunrempart.La chute, en Libye, du régime ducolonel Kadhafi, et ses implicationsrégionales, est venue renforcer lesentiment de l’urgence. « Au som-metdel’Etat,c’estlapaniquegénéra-le, ildonne, et l’Algérien ne veut plus,analyse Nourredine Hakiki. Il n’y apas d’autre solution pour s’en sortiretéchapperauxmouvementsdevio-lence que de mettre en place un pro-cessus démocratique, avec des éluschoisis par les citoyens et capablesde leur tenir un discours de vérité,mais la génération qui a accaparé lepouvoir depuis l’indépendance neveut pas le comprendre.» p

Isabelle Mandraud

«Atout moment,lecas algérienpeutéclater»

Nourredine Hakikisociologue

EnAlgérie, une course pourcontenir la colèreLe pouvoir algérien multiplie les annonces d’aides publiques, mais l’inflation annihile en grande partie leur effet

Le coût du logement s’est envolé. Ici, une vue de la Casbah, le quartier historique d’Alger, le 28 septembre. LAHCÈNE ABIB/SIGNATURES POUR « LE MONDE »

New York (Nations unies)Correspondante

L esdiplomates européenss’ar-rachent les cheveux au siègedel’ONU.Leurnouvelleinitia-

tive,en débutde semaine, pour fai-re adopter par le Conseil de sécuri-té une résolution imposant dessanctions à Damas, est à deuxdoigts de tourner au fiasco.

Six mois de répression sanglan-te en Syrie n’y ont rien fait. Le bilande plus de 2 700 morts avancé parl’ONU elle-même, non plus, alorsque les ambassadeurs de France et

des Etats-Unis à Damas ont été vio-lemment pris à partie par des mili-tants favorables au régime, le 24 etle 29 septembre. Sur le dossiersyrien, les 15 pays membres sontpassés maîtres en procrastination.

Pour la deuxième fois en deuxjours,ilssesontréunis,jeudi29sep-tembre, sans parvenir à se mettred’accord sur l’adoption d’une réso-lution ne prévoyant plus que lamenace de sanctions contre laSyrie. Pas moins de trois versionsamendéesdutexteoriginal,avancéen août par les Européens, ont déjàcirculé. Une quatrième, rédigée par

la France, avec l’aide de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et du Por-tugal, devait être présentée auxautres pays membres, vendredi,laissant peu d’espoir de voir unvote intervenir avant le week-end.

«Nous avons trop attendu»L’oppositiondelaRussie, impor-

tant fournisseur d’armes de laSyrie, à toute sanction contreDamas est à l’origine de cet enlise-ment. Avec la bénédiction du Bré-sil, de l’Inde, de la Chine, de l’Afri-que du Sud) et de l’Inde, tous mem-bres du Conseil.

Les Russes, qui disposent d’undroit de veto, bloquent depuis sixmois l’adoption de tout texte sus-ceptible, selon eux, de conduire àun « scénario à la libyenne ».

Unemenacequi amené les Occi-dentaux à préférer l’option dudébatpublicauprintempsouenco-re celle de l’adoption d’une déclara-tion présidentielle, début août,moins contraignante qu’une réso-lution. «Nous avons trop attendu»,faitremarquerl’ambassadeurfran-çais, Gérard Araud. « La question estclaire et nette: serons-nous solidai-res des Syriens ou de leurs oppres-

seurs ? », interrogeait le présidentaméricain Barack Obama, unesemaine plus tôt face à l’Assembléegénérale des Nations unies, aprèsavoir appelé les 15pays membres àsanctionnerlerégimesyrienetesti-mé que « ne pas agir est inexcusa-ble».

Le texte européen, maintes foismodifiéafin de rallier les Russes,nedevrait pas être parrainé par lesAméricains.«Pasassezferme»,esti-ment-ils. La dernière mouture de larésolution européenne, qui, initia-lement, prévoyait des sanctionsimmédiates, indique désormais

queleConseildesécuritéconsidére-ra l’adoption de « mesures prisessous article 41, chapitre VII, de laChartedesNationsunies», si lesvio-lences n’ont pas cessé d’ici à trentejours. Lesquelles mesures, en jar-gon de l’ONU, ne sont autres quedessanctions.«Purequestiondefor-mulation», reconnaît un diploma-te occidental, avant d’ajouter :« Mais nous ne pourrons aller plusloin, nous avons fait un maximumde concessions et nous ne pouvonspluscontinuerd’envoyerdesmessa-ges inoffensifs à la Syrie.» p

Alexandra Geneste

A l’ONU,les Européens ne parviennentpasà faire adopter dessanctions contre laSyrieMoscou, soutenu par les autres BRICS, menace de mettre son veto à tout texte susceptible de mener à un «scénario à la libyenne»

30123Samedi 1er octobre 2011

Yémen

Leprésident Ali Abdallah Salehécarteun départ du pouvoirSANAA. Le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, a affirmé, jeudi29 septembre, qu’il ne quittera pas le pouvoir si ses anciens alliés deve-nus ses opposants sont autorisés à participer à des élections, estimantque cela mènerait à une guerre civile. Dans une interview au Time et auWashington Post, M. Saleh a affirmé que le plan présenté par les monar-chies du Golfe pour une transition pacifique prévoit que « tous les élé-ments» qui causent des tensions au Yémen soient supprimés et a avertique cela provoquerait une guerre civile si ça n’était pas le cas.Le président yéménite faisait allusion au général dissident Ali MohsenAl-Ahmar, qui a rejoint le mouvement de contestation du pouvoir, et àla puissante tribu des Ahmar (sans lien avec le général).Il s’agissait de la première prise de parole du président depuis sonretour surprise le 23 septembre, à Sanaa, après une absence de plus detrois mois pour des soins en Arabie saoudite à la suite d’une attaquecontre son palais. – (AFP.) p

Turquie Deux soldats tués dans des accrochagesavec les rebelles kurdesDIYARBAKIR. Deux soldats ont été tués, jeudi soir 29 septembre, dansdes combats avec les rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie, ontaffirmé vendredi des sources locales. L’accrochage s’est produit àBeytüssebap, dans la province de Sirnak, riveraine de l’Irak, où un grou-pe de rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a attaqué uneunité des forces de sécurité, selon ces sources, précisant que trois per-sonnes ont été blessées.Les attaques du PKK contre des objectifs militaires se sont multipliéesdepuis le début de l’été dans l’est et le sud-est de la Turquie, peuplés enmajorité de Kurdes, certaines opérations se soldant par la mort decivils. – (AFP.)

Australie Un paramilitaire serbe extradéSIDNEY. La justice australienne a rejeté, vendredi 30septembre, l’appeld’un ancien paramilitaire serbe, Dragan Vasiljkovic, accusé par Zagrebde crimes de guerre et qui voulait éviter son extradition vers la Croatie.Cet homme de 56 ans, qui a aussi la nationalité australienne, est l’an-cien chef de l’unité paramilitaire des Bérets rouges. – (AFP.)

New YorkCorrespondant

A près des mois de guérillaprocédurière menée auCapitole, et en dehors, par le

parti républicain et des groupesconservateurs pour invalider laréforme de la santé et imposer àl’Etatfédéraldes loissur l’immigra-tion que Barak Obama récuse,celui-ci a décidé de s’en remettre àlajustice pour imposer la constitu-tionnalité de ses décisions et réaf-firmer ses prérogatives.

SelonleWashingtonPostduven-dredi 30 septembre, le ministèreaméricain de la justice a décidé depoursuivre l’Etat de l’Alabama, oùunjugefédéralavaitvalidé,mercre-di, des éléments d’une loi sur l’im-migration que la Maison Blancheestimeillégaux.Ilporteaussiplain-te contre l’Arizona et envisage depoursuivre quatre autres Etats(Géorgie, Caroline du Sud, Indianaet Utah) qui ont tous adopté deslois anti-clandestins que l’adminis-tration conteste. La loi signée par legouverneur de l’Alabama assimilela présence illégale sur son territoi-re à un délit d’ordre criminel et

autorise la force publique à contrô-ler les identités sans motif.

La Maison Blanche estime quela politique migratoire est de sonseulressort, le contrôledes frontiè-resdu pays étant uneresponsabili-té de l’Etat fédéral. Depuis que lagouverneure de l’Arizona, la pre-mière, a engagé le fer avec Wash-

ington sur ce thème, les actions enjustice se sont multipliées, entrepartisans des deux camps, avecdes victoires pour chacun.

En plus des six Etats précités,17 autres, sous égide républicaine,envisagent d’adopter des lois simi-laires. L’engagement de l’adminis-tration dans des procédures juridi-ques est inhabituel, vu le dépôtpréexistant de nombreux recourspar diverses associations de droits

civiques. Mais M. Obama, s’expri-mant mercredi devant des respon-sables hispaniques, avait estiméqu’«on ne peut avoir un patchworkde 50 Etats avec 50 lois migratoiresdifférentes». L’affaire devrait finirpar aboutir devant la Cour suprê-me des Etats-Unis.

C’est déjà le cas pour la réformede la santé. Mercredi, pour en finiravec les innombrables tentativesde bloquer sa mise en œuvre, laMaison Blanche a demandé à laCour suprême de trancher. Lancéedès le lendemain de son adoption,la vague des recours juridiquess’est peu à peu focalisée sur unenjeu clé : l’obligation faite par laloiàtoutAméricain,àterme,de dis-poser d’une assurance-maladie.

Ses adversaires jugent que cettedisposition contrevient au droitconstitutionnel à la liberté indivi-duelle. Dans sa requête, la MaisonBlanche fait référence à de grandsantécédents (les lois sur la couver-ture retraite et l’assurance chôma-ge, les droits civiques ou le vote desNoirs) qui tous ont fait l’objet derecours des conservateurs pourinconstitutionnalité. Elle affiche sacertitudequelaCoursuprêmedon-

nera de nouveau raison au progrès.Rien n’est moins sûr, celle-ci

étant aujourd’hui très divisée, avecune majorité conservatrice de cinqcontre quatre. D’où les interroga-tions sur les objectifs de M. Obama.A la veille d’une élection présiden-tielle difficile, une décision favora-ble lui serait extrêmement utile.

Un revers serait un camoufletretentissant, mais pas forcémentnéfaste électoralement. Démocra-tes et progressistes sont de plus enplus exaspérés par le positionne-ment de la Cour suprême. Celle-cipourrait se prononcer d’ici juin.Gagnant ou perdant, M. Obamapeut espérer remobiliser soncamp, salariés et Hispaniques enparticulier, en lui montrant com-bien le retour au pouvoir des répu-blicains serait lourd de menaces.

Comme pour lui donner raison,ceux-ci, majoritaires à la Chambre,ont instantanément promu, jeudi,un projet de loi interdisant àM. Obama de financer sa reformetant que la Cour suprême n’a pastranché. L’idée n’a aucune chancede passer au Sénat, mais la guérillase poursuit. p

Sylvain Cypel

BeyrouthCorrespondance

S ix mois après l’écrasementde la révolte qui a secouéBahreïn entre le 14 février et

le 16 mars, un Parlement acquis aupouvoir royal devrait voir le jourdans la petite monarchie du Golfe,à l’issue du second tour des élec-tions législatives partielles, same-di 1er octobre.

Boycotté par la majeure partiede l’opposition, le scrutin laissepeu de place au suspense. Il vise àpourvoir, au sein de la Chambre dequarante députés, les dix-huit siè-ges laissés vacants par la principa-le force de l’opposition. Les élus duWifaq, formation islamique chiitemodérée, avaient démissionné enfévrier, suite à la répression san-glante des premières manifesta-tions pacifiques appelant à desréformes politiques et sociales,dans la capitale, Manama.

Les élections se déroulent same-di dans neuf districts du royaume.Les neuf autres députés ont étéélus au premier tour. Ce scrutinravive les relations conflictuellesentre le pouvoir et l’opposition.Les autorités, critiquées sur la scè-ne extérieure pour la répressionde la contestation, souhaitent don-ner des gages de leur engagementdémocratique. « 75 candidats sesont présentés pour les 18 postes enlice. Les citoyens qui ont voté aupremier tour forment plus de 50 %des électeurs [le taux de participa-tion officiel a été de 51,4 %]. Cesindicateurs témoignent de la vitali-té du jeu politique », avancecheikh Abdul-Aziz ben MoubarakAl-Khalifa, conseiller du ministrede l’information.

« En l’absence de l’opposition, leParlement ne peut être légitime. Lamajorité de la population n’est pasreprésentée», rétorqueMatar Ebra-him Matar, député démissionnai-re du Wifaq, en référence à la com-munauté chiite, qui constitueentre 60 % et 70 % des Bahreïnis.

Dans son tour d’horizon du« printemps arabe » devant lesNations unies, le 21 septembre, leprésident Barack Obama avaitloué les efforts entrepris « versdes réformes » à Bahreïn. Les élec-tions se tiennent cependant dansun climat délétère. Jeudi 29 sep-

tembre, une cour militaire acondamné à mort un jeune chiitepour le meurtre d’un policier.Trois membres des forces de sécu-rité avaient été tués lors de larévolte, tandis que la répression afait plus de trente morts parmi lesprotestataires, selon le Centrebahreïni des droits de l’homme.Des peines de prison allant decinq à quinze ans ont été pronon-cées à l’encontre de vingt méde-cins, pour avoir été « en posses-sion d’armes » et avoir diffusé des« nouvelles mensongères ». Cesderniers travaillaient à l’hôpitalpublic de Manama. Au plus fortde la répression, le 16 mars, lesaccès de la structure avaient étébloqués par les forces de sécurité,indiquant que le bâtiment étaitinfiltré par des « terroristes ».

La justice ne s’est pas montréeplus clémente, dans le procès enappel, le 28 septembre, de 21oppo-sants et militants. Les peines pro-noncées en première instance ontété confirmées. Les deux princi-paux dirigeants de l’oppositionradicale, Abulwahab Hussain, chefde Wafa’, et Hassan Machaimaa,dirigeant du Haq, reconnus coupa-

bles en juin de « complot » contrele pouvoir royal par le biais d’un« groupe terroriste » et d’« espion-nage » pour un pays étranger –c’est-à-dire l’Iran –, ont vu leurcondamnationàperpétuité confir-mée. « C’est un procès politique,estime maître Jalila Sayed, l’un desavocats de la défense. Le message

adressé par le gouvernement et sonallié, Washington [Bahreïn abritela Ve flotte américaine], est clair. Lacritique n’est tolérée que jusqu’à uncertain seuil. » Les opposants radi-caux avaient appelé, en mars, àl’instauration d’une République,alors que le Wifaq plaidait pourune monarchie constitutionnellesur le modèle britannique.

Si la campagne d’arrestations,les condamnations ou les licencie-

ments ont étouffé la révolte degrande ampleur des mois defévrier et de mars, la contestationn’est pas morte. Des manifesta-tions continuent de rassemblerrégulièrement des milliers de pro-testataires, à l’appel du Wifaq.

Mais le pouvoir royal, fort del’appui du Conseil de coopérationdu Golfe (CCG) dont les troupes,saoudiennes principalement etémiraties, étaient intervenues enmars, n’a rien lâché. La seule ins-tance élue reste le Parlement,contrôlé par une Chambre hautedésignée par le roi Hamad ben IssaAl-Khalifa. En accusant l’Iran demanipulerlesmanifestants, essen-tiellement chiites, contre lafamille royale, sunnite, les autori-tés ont donné une lecture confes-sionnelle à la révolte et balayé lesdemandes de réformes.

Les mesures adoptées par lepouvoir (dialogue national, com-mission d’enquête, ouvertured’un fonds d’indemnisation desvictimes des forces de sécurité)n’ont pas apporté la détenteescomptée. La sortie de crise sem-ble encore lointaine. p

Laure Stephan

international

Lesautoritésontdonnéune lecture

confessionnelleàla révolteetbalayé

lesdemandesderéformes

L e sultanat d’Oman n’est pasaux avant-postes du « prin-temps arabe ». La contesta-

tion y a été moins violentequ’ailleurs, la répression moinssanglante – elle a causé au moinstrois morts –, mais ni l’une nil’autre ne se sont arrêtées. Le21 septembre, un journaliste,Youssef El-Haj et son rédacteur enchef, Ibrahim El-Maamari, ont étécondamnés à cinq mois de prisonpour diffamation et insulteenvers le ministre de la justice ain-si que son bras droit. Leur journal,le quotidien Azzaman, a étécondamné à un mois de fermetu-re. Ils ont fait appel et ont été lais-sés en liberté avant le jugementattendu le 15 octobre. Le journalpeut paraître d’ici là.

L’affaire peut sembler anodine,mais elle vient s’ajouter à un prin-temps agité par des manifesta-tions à Sohar, la ville industrielledu Nord, Mascate, la capitale, etSalalah, le grand port du Sud et lacapitale administrative de la tur-bulente province du Dhofar, enproie à une guérilla séparatiste etmarxiste de 1964 à 1976.

« Les revendications, purementéconomiques, sont devenues au fildutempsdeplusen plussociopoliti-ques, explique le chercheur MarcValeri,enseignant en sciences poli-tiques à l’université d’Exeter(Royaume-Uni).On a vu desbande-roles dénonçant la corruption etinterpellant le sultan, ce qui n’avaitjamais été le cas. » Les manifesta-tions sur la voie publique, perma-nentes à Sohar, hebdomadaires àSalalah et Mascate, ont culminéavec des rassemblements ralliantjusqu’à 5 000 personnes. Dujamais-vu dans un pays qui necompte que 2,7 millions d’habi-tants et loué pour la gestion répu-tée éclairée de son dirigeant, le sul-tan Qabous ben Saïd, au pouvoirdepuis 41 ans.

Marc Valeriy voit l’effetdel’arri-vée à maturité d’une générationdejeunesprofessionnels, plusédu-qués et critiques envers le népotis-me des grandes familles alliées à lacour du sultan. Le ministre de la

justice et le procureur général, ain-si que le gouverneur de Salalah,sontainsidevenusla cible delavin-dicte des manifestants et du quoti-dien Azzaman, seul titre à oserébrécher l’omerta dans la presse.

ArrestationsLe 26 février, au lendemain des

premiers morts dans les rangs desmanifestants à Sohar, le sultanannonce un remaniement sanseffet. Une semaine plus tard, illimoge douze ministres, dontceux du commerce et de l’indus-trie, de l’économie nationale et,surtout, de la cour royale. Ce der-nier portefeuille était détenudepuis quinze ans par Ali MajidEl-Maameri, personnage le pluspuissant après le sultan. Mais lacontestation se poursuit.

A Mascate, les manifestants,bien que très minoritaires, veu-lent des réformes politiques : ledroitdeformer despartis,unparle-ment doté de pouvoirs réels. Dansson discours annonçant le rema-niement, lesultan apromisdemet-tre en place un comité de réflexionsur la réforme des prérogatives duMajlisAl-Choura, le Conseilconsul-tatif de 83 membres, élu au suffra-ge universel depuis 2003 maissans aucun pouvoir.

Craignant de perdre le contrô-le, le sultan ordonne la fin du mou-vement. La police disperse violem-ment les manifestants à Sohar,fin mars, quelques jours seule-ment après l’entrée des troupesdu Conseil de coopération du Gol-fe qui regroupe les pétromonar-chies de la péninsule arabique – àBahrein.

C’est au tour de Salalah mi-mai.Les arrestations se multiplient :200 à Sohar, une centaine à Sala-lah et autant dans la région du Jaa-lan (Est), où des jeunes auraientbrûlé l’effigie du sultan. « Aucunemonarchie du Golfe n’est prête àaller plus loin que quelques limo-geages et des déblocages defonds », analyse Marc Valeri.Depuis, il n’est plus question deréformer le Majlis Al-Choura. p

Christophe AyadInscriptions à la gloire de deux figures de l’opposition, Ebrahim Charif, condamné à 5 ans de prison,

et cheikh Mohammed Habib Moqdad, à la prison à perpétuité, dans le village chiite de Malkiya. H. JAMALI/AP

ABahreïn, des condamnations sévèresdécimentl’opposition au pouvoir royalLes principales formations chiites boycottent des élections partielles organisées dans l’archipel

Lacontestationcouve toujoursausultanat d’OmanLes revendications d’abord sociales ontévolué vers des demandes plus politiques

«On nepeutavoirunpatchwork

de50 Etatsavec50 loismigratoiresdifférentes»Barack Obama

Harcelé par les républicains, M.Obamacontre-attaquesurles thèmes de l’immigration et de la santéLe président des Etats-Unis choisit le terrain judiciaire pour défendre son bilan et ses prérogatives

4 0123Samedi 1er octobre 2011

international & europe

faconnable.com

C’EST FAÇONNABLE.

paris / cannes / monaco / st tropez

CÔTED’AZUR

BerlinCorrespondant

D epuis des semaines, seulecontre tous, Angela Merkelse disait confiante sur l’is-

sue du vote du Bundestag, jeudi29 septembre. Les faits lui ont don-né raison. L’instinct de survie desdéputés de la majorité a prévalu.Non seulement le Bundestag aadopté, comme prévu à une trèslarge majorité (523 oui, 85 non,3abstentions), le renflouement duFonds européen de stabilité finan-cière (FESF), mais Angela Merkeln’a pas eu besoin des voix de l’op-position pour obtenir ce feu vert.

226 députés de la CDU-CSU (sur237) ont approuvé ce projet de loi.Dix ont voté contre et un s’est abs-tenu. Chez les libéraux du FDP,89 élus (sur 93) ont égalementapprouvé la loi. Trois ont votécontre et un s’est abstenu. Dansson propre camp, la chancelière adonc recueilli 315 voix. Or, commela droite dispose de 330 élus sur les620 que compte le Bundestag, tou-te la question était de savoir si, ausein de sa coalition, la chancelièrepouvait ou non compter sur aumoins 311 députés. Ce fut le cas.

Lespartisde gaucheont euenco-re moins d’états d’âme. Sur les146 députés sociaux-démocrates,un a voté contre, un s’est abstenuet trois n’ont pas pris part au vote.Chez les Verts, 67 députés ont votépour le texte et un a voté contre.En revanche, au sein du parti de lagaucheradicale DieLinke, 70dépu-tés ont voté contre et six n’ont paspris part au vote.

«On n’ira pas plus loin»La chancelière a donc gagné la

première manche et la gauche neva pas pouvoir réclamer des élec-tions anticipées, arguant que lachancelière ne dispose plus d’unemajorité pour gouverner. Au-delàdu soulagement des ténors de lacoalition au pouvoir, l’approba-tion massive des mesures déci-dées le 21 juillet par les chefs d’Etatet de gouvernement européensest une bonne nouvelle pour ceuxqui s’inquiétaient d’une dériveeurosceptique de l’Allemagne.

Dès le résultat du vote connu,plusieurs pays dont la France, laGrèce, mais aussi le Brésil se sontfélicités de cette approbation mas-sive. Une bonne nouvelle n’arri-vant jamais seule, on apprenait,jeudi matin, que le chômage avaitbaissé en septembre et atteignaitle taux le plus bas (6,9 %) depuis laréunification.

Pourtant, comme le disent lesAllemands, une hirondelle ne faitpas l’été. Le répit pourrait n’êtrequede courte durée.Le fondspour-ra bien recevoir de l’Allemagne,son principal contributeur devantla France, 88 milliards supplémen-taires, ce qui portera la contribu-tion de Berlin de 123 à 211milliardsd’euros. L’intensité du débat enAllemagne montre toutefois qu’ilva être difficile à la chancelière de

demander à l’avenir au Bundestagd’aider la Grèce ou d’approuver lemécanisme permanent de stabili-téfinancière.Horst Seehofer,prési-dent de la CSU bavaroise, le partifrère de la CDU, a d’ailleurs mis engarde : « On n’ira pas plus loin »,a-t-il dit. Malgré le vote de jeudi, lacoalition au pouvoir est loin d’êtreunanime sur l’avenir de l’euro etde l’Europe.

Si le Parti libéral est rentré dansle rang et a fait taire, à quelquesexceptions près, ses critiques àl’égarddel’aideàla Grèce,cela sem-

ble surtout dû à des considéra-tions tactiques. Crédité de seule-ment 2 % des voix dans les sonda-ges, le FDP n’a aucune envie derepasser rapidement devant lesélecteurs.

La CDU non plus car, si elle res-te le premier parti, elle n’a, du faitde la quasi-disparition du FDP,plus d’allié. Le Parti social-démo-crate et les Verts ont annoncéqu’ils souhaitaient gouvernerensemble et se refusent pour lemoment de servir de force d’ap-point à la CDU. Le SPD a tiré les

leçons du passé. Suite à la grandecoalition CDU-SPD de 2005 à2009, il a obtenu, à l’automne2009, le plus mauvais score deson histoire : 23 %. Gregor Gysi,président du groupe parlementai-re de Die Linke, le parti de la gau-che radicale, a prophétisé qu’« il yaura des élections en 2012 » et nonen 2013 comme prévu. L’hypothè-se paraît pourtant nettementmoins probable aujourd’huiqu’avant le vote même si la fragili-té de la majorité reste patente. p

Frédéric Lemaître

Georges Papandréouà Paris, vendredi

Rencontre

GuatemalaEnvoyé spécial

F rancisco Dall’Anese ne cachepas l’ampleur et les dangersde sa tâche. Ancien procureur

général du Costa Rica, il a été nom-méàlatêtede laCommissioninter-nationale contre l’impunité auGuatemala (Cicig), en août 2010.Cet organisme sui generis a étécréé par les Nations unies en 2007pour démanteler les « corps illé-gaux et les appareils clandestins desécurité » intégrés au sein de l’ap-pareil d’Etat au Guatemala, l’undes pays les plus violents de la pla-nète,devenuun sanctuaire des car-tels mexicains de la drogue.

« J’ai présenté un programme ensept points, qui doivent être appli-qués si le Guatemala ne veut pasperdre la guerre contre le crimeorganisé », expliquait au MondeM. Dall’Anese, à la mi-septembre.

Parmi ses propositions, l’épura-tion du ministère public et de lajustice, le renforcement de la poli-ce scientifique et des écoutes télé-phoniques, la mise en place d’unebase de données policières et d’unprogramme de protection detémoins. « Le pouvoir judiciairedoit être épuré pour devenir indé-pendant, la corruption de la justiceest le principal obstacle à la luttecontrel’impunité », martèle M.Dal-l’Anese, rappelantque 98 % des cri-mes restent impunis.

La création de la Cicig a donnélieu à de vifs débats. Son mandat aété renouvelé deux fois et courtjusqu’en septembre 2013. Lesdeux candidats au second tour del’élection présidentielle prévu le6 novembre, le général du cadrede réserve Otto Pérez Molina etl’avocat Manuel Baldizon, conti-nueront-ils à appuyer la Cicig ?« Les deux se sont prononcés publi-quement en sa faveur, nous ver-rons s’il y a une réelle volonté politi-que de mettre en œuvre nos propo-sitions », répond M. Dall’Anese.

Sous la direction de son pre-mier commissaire, le magistratespagnol Carlos Castresana, laCicig a remporté d’importantesvictoires. « L’affaire Rosenberg apermis à la Cicig de montrerqu’avec des techniques d’investi-gation modernes on pouvaitdécouvrir la vérité aussi incroya-ble apparaissait-elle, dit M. Dall’A-nese. L’intervention rapide de laCicig dans cette affaire a permisd’éviter la chute du gouverne-ment et de maintenir la démocra-tie au Guatemala. »

L’assassinat en mai 2009 del’avocat Rodrigo Rosenberg avaitprovoqué une vague de manifes-tations réclamant la démissiondu président Alvaro Colom. Dansune vidéo diffusée après sa mort,l’avocat accusait le président etson épouse d’être responsables deson assassinat. L’enquête de laCicig a démontré que Rosenbergavait planifié son propre meurtre,mettant fin à la crise politique.

Très présent dans les médias,Carlos Castresana « a joué un rôle

pédagogique importantpour mon-trer au public que la lutte contrel’impunité était possible », souli-gneHelenMack,figureemblémati-que de la lutte pour les droits del’homme au Guatemala. Mille septcents policiers, dont une cinquan-taine de commissaires et un direc-teur général, ainsi que plusieursjuges, accusés de corruption, ontété destitués à sa demande.

Dénonçant « les attaques systé-matiques » contre la Cicig, M. Cas-tresana a démissionné enjuin 2010, peu après la nomina-tion au poste de procureur généralde Conrado Reyes, un avocat qu’ilaccusait de liens avec le narcotraficet les réseaux d’adoption illégale.

Le coup d’éclat du magistratespagnol a contraint le présidentColom à faire machine arrière et àremplacer M. Reyes par ClaudiaPazy Paz, une juriste dont l’intégri-té est saluée par les ambassades etles organisations civiques.

L’arrestation de l’ancien prési-dent Alfonso Portillo (2000-2004),accusé d’avoir détourné 15 mil-lions de dollars (11 millions d’eu-ros) de fonds publics, est une autrevictoire de la Cicig, selon M.Dall’A-nese. « Même si deux juges corrom-pus ont tranché en sa faveur sur labase d’arguments absurdes pourlesquels un étudiant de droit depremière année aurait été collé »,tempère-t-il. La Cicig a fait appelde ce jugement et les Etats-Unisont demandé l’extradition de l’an-cien président guatémaltèquepour blanchiment d’argent.

« L’affaire Pavon [du nom de laprison où sept détenus ont ététués par balles le 25 septembre2006] est un autre exemple pathé-tique de corruption judiciaire »,affirme M. Dall’Anese, en mon-trant les photos établissant que lesdétenus ont été victimes d’exécu-tions extrajudiciaires.

Un juge a rejeté les argumentsde la Cicig qui demandait que l’an-cien ministre de l’intérieur CarlosVielman, présent au moment desfaits, soit traduit devant les tribu-naux. Les milieux d’affaires etune partie de la classe politiqueont pris la défense de M. Vielman,qui s’est réfugié en Espagne, et lan-cé une virulente campagne contrela Cicig et son chef.

LaCicig est parvenue à « briser lemur de l’impunité » dans plusieursaffaires, mais « cette tendancen’est pas irréversible », selon l’orga-nisation non gouvernementaleInternational Crisis Group (ICG).Les institutions étatiques sont tou-jours infiltrées par les organisa-tions criminelles, les citoyens neleur font pas confiance et laculture de la peur continue de pré-valoir. « La Cicig a fourni desbéquilles, le système judiciaire doitmaintenant apprendre à marchertout seul », suggère Mark Schnei-der, le vice-président de l’ICG.p

Jean-Michel Caroit

Nicolas Sarkozy recevra vendre-di après-midi 30septembre lepremier ministre grec, GeorgesPapandréou, «afin de faire lepoint avec lui de la situation queconnaît actuellement la Grèce»,«alors que la mission conduitepar le FMI, la Commission et laBCE vient de retourner à Athè-nes», a annoncé, jeudi, la prési-dence française. M. Papandréoua rencontré la chancelière alle-mande Angela Merkel mardi. Leprésident français s’est parailleurs entretenu avec Mme Mer-kel et «l’a vivement félicitée duvote positif intervenu (…) à unetrès large majorité au Bundes-tag», a indiqué la présidence.– (AFP.)

La chancelière allemande Angela Merkel, entourée de députés avant le vote sur l’élargissement du

Fonds européen de stabilité financière (FESF) au Bundestag, le 29 septembre à Berlin. MICHAEL KAPPELER/AFP

AngelaMerkel obtient le soutiendesa majoritésur le plan d’aide à la GrèceDette A Berlin, le Bundestag a voté l’élargissement du Fonds européen de stabilité financière

Océan Pacifique

GUATEMALA

HONDURAS

SALVADOR

BEL IZEFlores

Antigua

MEXIQUE

Guatemala

Quezaltenango

Puerto Barrios

100 km

AuGuatemala,l’appareild’Etatreste infiltré parlecrime organiséUne commission créée par les Nations uniestente de marquer des points contre l’impunité

«Lepouvoirjudiciairedoitêtre épuré

etindépendant,lacorruption dela

justiceest leprincipalobstacleà cettelutte»

Francisco Dall’Anesecommissaire de la Cicig

50123Samedi 1er octobre 2011

europe

PragueCorrespondant

A près l’approbation par leBundestag allemand, jeudi29 septembre, du nouveau

plande sauvetagedel’euro, la pres-sion est encore montée d’un cransur la petite Slovaquie, qui n’a tou-jours pas fixé la date du vote auConseil national (Parlement) niadopté une position claire.

Alors que les dirigeants slova-ques avaient obtenu de ne pas par-ticiper au premier plan d’aide à laGrèce à l’été 2010 pour ne pas blo-quer la mise en place du Fondseuropéen de stabilité financière(FESF), ils se déchirent aujour-d’hui sur le nouveau volet du sau-vetage de l’euro.

A l’instar des quelque 75 % deSlovaques interrogés sur le sujet,les hommes politiques à Bratisla-va, tous partis confondus, sontmajoritairement opposés à touteaide supplémentaire à la Grèce.Néanmoins, une partie d’entreeux, emmenés par la premièreministre Iveta Radicova, ne veu-lent pas que la Slovaquie soit le fos-soyeur de la Grèce et de l’euro.

« La Slovaquie doit approuver lerenforcement du FESF si nous vou-lons que quelqu’un en Europe nousserre encore la main », a-t-elle lan-cé à l’adresse de ses partenaires dela coalition gouvernementale decentre-droit, qui rechignent àvoter pour.

Aussi, pour se donner du temps,Mme Radicova et son ministre desfinances, Ivan Miklos, s’étaientfixés, dès les jours suivant le som-met européen du 21 juillet qui adécidé le renforcement du FESF, deratifier le document « en dernier »et d’ici à «la fin de l’année». Ce stra-tagème masquait aussi un vœusecret : permettre à un autre paysde saborder le plan de sauvetage etainsi de dispenser la Slovaquie detout vote. De fait, jusqu’à la mi-sep-tembre, le gouvernement slova-que, divisé, s’est comporté commesile vote n’interviendrait qu’à la findel’année,malgrélesappelsetpres-sions répétés de Bruxelles et desprincipales capitales européennes.

La semaine noire des Bourseseuropéennes et sa rencontre avecle président américain, BarackObama, le 22 septembre, ont fina-lement eu raison de l’attentismede Mme Radicova, qui a décidé d’ac-célérer le processus de ratifica-tion. Mais c’était sans compteravec le président du Parlement,Richard Sulik, farouche adversai-

re du FESF et chef du parti Libertéet Justice(SaS), ladeuxième forma-tion de la coalition.

Alors qu’il répète qu’il ne vote-ra pas pour le renforcement duFESF, tout en étant prêt à un com-promis, M. Sulik s’est appuyé surla procédure parlementaire slova-que pour fixer le débat et le voteau « mardi 25 octobre à 9 heures ».Trente jours doivent en effets’écouler entre le dépôt officield’un projet de loi gouvernementa-le au Parlement et la discussion enséance plénière. Le ministre desfinances n’a transmis la demanded’adoption qu’en fin de semainedernière…

Mme Radicova a aussitôt contre-attaqué et réclamé que le Parle-ment se prononce avant le som-met européen des 17 et 18 octobre.« Je ne peux pas laisser le sommetsans réponse, quelle que soit cetteréponse », a-elle déclaré avantd’ajouter : « La position de la Slova-quie doit être clarifiée avant le som-met, sinon le sommet ne pourradébattre de rien. »

Alors que les discussions vontbon train sur une solution viablepour résoudre ce problème de pro-cédure, Mme Radicova a aussi pro-gressé dans ses négociations avecle SaS pour obtenir son soutien,sans avoir à recourir à un vote deconfiance ou à quémander l’appuide l’opposition de l’ancien pre-mier ministre populiste RobertFico. Ce dernier n’est prêt à voterpour le FESF que si la coalition gou-vernementale entière l’approuve.

Mme Radicova aurait présenté auSaS, mercredi 28 septembre, unprojet d’accord qui satisfait lesdeux conditions posées par le partide M.Sulik pour ratifier la décisioneuropéenne: « La Slovaquie ne doitpas bloquer le renflouement duFESF, mais cela ne doit pas coûterun seul centime aux contribuablesslovaques. » Les deux partenairesont refusé de communiquer pourl’instant les détails de l’artifice,mais une des hypothèques pesantsur l’attitude slovaque vis-à-vis duFESF pourrait être enfin levée. p

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BruxellesBureau européen

P lus que trois ! Le rythme deratification de l’accord du21 juillet sur le second plan

d’aide à la Grèce s’est accéléré cettesemaine, offrant un peu de répit àla zone euro. Ce sont 14 des 17 Etatsdel’Union monétaire qui, vendredi30 septembre, devaient avoirapprouvélecompromis négociédehaute lutte cet été. La Finlande, quiexige toujours des garanties de lapart d’Athènes, s’est prononcée unjour avant l’Allemagne, l’Estonie asuivi de peu le vote du Bundestag.

Mais le processusn’est pas enco-re terminé. Tandis que l’Autrichedevait ratifier l’accord vendredi, laSlovaquie, les Pays-Bas et Maltemanquent encore à l’appel. DesEtats que Nicolas Sarkozy et AngelaMerkel ont incité jeudi soir, dansun communiqué, « à mener à ter-me ce processus dans les plus brefsdélais ». « C’est la mise en œuvrerésolue des décisions prises au som-met du 21 juillet qui permettra desurmonter les difficultés que traver-se actuellement la zone euro», a faitsavoir l’Elysée. M. Sarkozy devaitrencontrer le premier ministregrec Georges Papandréouvendrediaprès midi.

L’objectif est d’avoir achevé lesratifications avant le prochainConseil européen, les 17 et 18 octo-bre. La zone euro espère ensuiteenclencher au plus vite le secondplan d’aide à la Grèce (160 mil-liards d’euros) : l’élargissementdes missions du Fonds européende stabilité financière, au cœur del’accord agréé en juillet, est eneffet indispensable avant de met-tre en œuvre le défaut partiel de laGrèce, c’est-à-dire une restructura-tion modeste de sa dette.

Levote de laSlovaquie est consi-déré comme le plus incertain. Her-man Van Rompuy, le président duConseil européen, devait rencon-trer Iveta Radicova, la premièreministre slovaque, vendredi à Var-sovie en marge du sommet avecles voisins orientaux des Vingt-Sept, pour l’encourager à hâter lepas. Le gouvernement espéraitune ratification dès le 11 octobre,mais le président du Parlementprivilégie le 25 octobre.

Le comportement des autoritésslovaques agace à Bruxelles,même si tout le monde comprendqu’un pays moins riche que la Grè-ce éprouve des difficultés à soute-nir cet effort inédit de solidarité.Aucune date n’est par ailleurs pré-vue aux Pays-Bas, où le gouverne-

ment minoritaire de Mark Ruttecompte surson opposition sociale-démocrate pour approuver le tex-te, contre l’avis du dirigeant d’ex-trême droite Geert Wilders.

Les préparatifs du second pland’aide sont d’autant plus comple-xes qu’ils surviennent dans uncontexte doublement tendu.D’une part, la poursuite du pre-mier programme de soutien estlaborieuse, les créanciers interna-

tionaux, dont l’Allemagne, s’impa-tientant des retards pris par la Grè-ce en termes de privatisations etde réformes.

La mission de l’Union euro-péenne, de la Banque centraleeuropéenne et du Fonds monétai-re international a fait jeudi sonretour à Athènes, dans un climatde fronde contre les mesures qu’el-le cherche à imposer au gouverne-ment. La décision sur le déblocage

de la prochaine tranche d’aide –8 milliards d’euros – ne sera paspriseavant une réunion extraordi-naire des ministres des financesde la zone euro, le 13 octobre.

D’autre part, les avis divergentsur les mesures supplémentairesqui devraient être mises en placeen raison de l’aggravation de la cri-se cet été. Angela Merkel a faitsavoir à M. Papandréou qu’ellen’excluait pas de « renégocier »l’accord du 21 juillet, en fonctionde la situation de son pays.

En position de force au sein dela zone euro, l’Allemagne et sesalliéss’opposent encore àune nou-velle augmentation de la force defrappe des fonds de sauvetagemais plaident, contre l’avis de laFrance, pour une restructurationplus forte encore de la dette grec-que. « Aller en ce sens serait com-me se jeter dans le précipice », dit-on à Bruxelles.

La question de la recapitalisa-tion des banques européennes res-te, enfin, un sujet ultra-sensible.L’ensemble de ces questions seradiscuté par les grands argentiersde la zone euro les 3 et 4 octobre auLuxembourg. Sans qu’aucunedécision ne soit attendue à ce sta-de. p

Philippe Ricard

Leshommespolitiquesà Bratislavasontmajoritairement

opposésàtouteaidesupplémentaire

àla Grèce

Leplandesauvetagedel’eurodivisela SlovaquieDetteLa première ministre Iveta Radicovaespère un vote au Parlement avant le 17octobre

Lesavis divergentsurles mesures

supplémentairesquidevraientêtre misesenplace enraison de

l’aggravation dela crise

Les Pays-Bas, laSlovaquie et Malte doiventencoreratifier le plan d’aide à la GrèceDette L’Allemagne plaide pour une restructuration plus importante de la dette grecque

Union européenne

LaBiélorussie ne participe pasausommetsur le Partenariat orientalVARSOVIE. La Biélorussie a décidé, vendredi 30septembre, de ne pasparticiper à un sommet du Partenariat oriental réunissant l’Union euro-péenne (UE) et six pays de l’ex-URSS, a annoncé la présidence polonaisede l’UE. La veille, l’UE avait fermé la porte à toute forme de coopérationavec la Biélorussie sans libération des opposants politiques dans cepays. « Nous ne pourrons réengager pleinement le processus de rappro-chement [avec Minsk] sans des progrès manifestes vers la démocratisa-tion et le respect des droits de l’homme», avait déclaré à la presse le prési-dent du Conseil européen, Herman Van Rompuy. « Cela signifie la libéra-tion immédiate, la réhabilitation de tous les prisonniers politiques »,avait-il ajouté. M. Van Rompuy et le premier ministre polonais, DonaldTusk, avaient rencontré une dizaine d’opposants politiques. – (AFP.) p

Italie Bruxelles menace Rome de sanctionsdans la crise des déchets à NaplesBRUXELLES. La Commission européenne a donné deux mois à l’Italie,jeudi 29 septembre, pour régler, sous peine de sanctions financières, lesproblèmes de traitement des déchets à Naples et dans sa région. La Com-mission a ouvert en 2007 une procédure d’infraction aux règles euro-péennes à l’encontre de l’Italie. « Il y a encore 6 millions de tonnes devieux déchets dans des décharges temporaires qui attendent d’être trai-tés », a déploré la Commission. – (AFP.)

6 0123Samedi 1er octobre 2011

planète

51501

218

5RCSParis-Photo

©VincentBourdon.

là où tout commence

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Quand vous serez là, nous irons à larencontre des grandes pyramides de Gizeh,surgies des sables du désert,plus belles encore que dans vos rêves

Gamal El Gabry, 36 ans,chamelier excursionniste à Gizeh

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Le Chinois plus pollueur que le Français

Etats-Unis

Etats-Unis UE(France 330)

Inde Russie Japon

Australie Japon France Chine

Chine

Inde

ÉMISSIONS DE CO2 PAR HABITANT, en tonnes LES PRINCIPAUX ÉMETTEURS DE CO2 EN 2010,en millions de tonnes

SOURCE : PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT

1990 2000 2010

19,720,8

16,916

9,5

6,9

0,8

18,6

10,1

6,9

2,9

1

18

9,2

5,96,8

5 250 4 0501 840 1 750 1 1608 950

1,52,2

O ù va la négociation climati-que ? L’image d’une ambu-lance du SAMU lancée dans

une course aveugle est peut-êtrecelle qui résume le mieux la situa-tion.L’urgenceesttoujoursclairon-née – les émissions mondiales degaz à effet de serre ont atteint unnouveau pic en 2010 –, mais aucunmédecin n’est là pour prendre encharge le malade.

Ni même lui dire la vérité: aucu-ne thérapie n’est à ce jour disponi-ble, et il est fort probable qu’il failleencore attendre quelques annéesavant que les principaux pollueursde la planète – vieux pays riches etnouveaux émergents – s’enten-dent sur la part du fardeau qui

revient à chacun pour limiter lahaussemoyennedes températuresà 2 ˚C, comme le recommandentpar prudence les scientifiques.

Après les espoirs déçus deCopenhague (2009) et l’éphémèreéclaircie de Cancun (2010), la négo-ciation s’est à nouveau enfoncéedans des eaux incertaines, éclip-sée sur la scène mondiale par la cri-se financière et les déboires del’Union européenne confrontée àson endettement.

A Panama, où les négociateursde la convention cadre des Nationsunies sur le changement climati-que (CCNUCC) se réunissent dusamedi 1er au vendredi 7 octobrepour une ultime séance de soins

intensifsavantlaconférenceminis-térielle de Durban, fin novembre, ilne faut donc pas escompter undébut de rémission. Les fonction-nairesqui, depuisprèsd’unan,cou-rent de réunion en réunion pourrendreopérationnel le«jeu dedéci-sions» adopté au Mexiquen’en onttout simplement pas les moyens.

Echec durableIls parleront de l’architecture

du Fonds vert pour le climat, desméthodes d’évaluation et de suivides politiques nationales de luttecontre le changement climatique,des transferts de technologie…Mais ils n’ont aucune prise sur cequ’il adviendra du protocole de

Kyoto au-delà du 31 décembre2012, date d’expiration du seulaccord international contraignantles pays développés à réduire leursémissions de CO2.

Or l’avenir de Kyoto demeurel’un des principaux verrous desdiscussions. « Nous pouvons fairedes choses utiles, mais il n’est pasen notre pouvoir de résoudre lesquestions existentielles », recon-naissait avec fatalité un négocia-teur en partance pour Panama.

Le sort de Kyoto sera scellé parles ministres, certainement auxdernières heures du sommet deDurban. Le Japon, le Canada et laRussie ont depuis des mois annon-cé la couleur : ils refuseront desouscrire à une deuxième périoded’engagement sans la perspectived’un accord global engageant lesprincipaux pollueurs – Chine etEtats-Unis.

Ces derniers, qui n’ont jamaisratifié le protocole, considèrentplus que jamais que ce débat n’estpasleleur. Et lesEuropéens,toutense montrant les plus volontaires,ne sont pas non plus d’une clartétotale sur leurs intentions. En face,les pays émergents continuent derenvoyer les pays industrialisés àleur « responsabilité historique ».Tout en rappelant la faiblesse deleurs émissions par habitant.

Cet argument, valable pour l’In-de et le Brésil, l’est de moins enmoins pour la Chine, dont les «per-

formances»sontdésormaisidenti-ques à celles de l’Italie – 6,8 tonnesde CO2 par habitant et par an – etsupérieures à celles de la France etde l’Espagne, selon une étude del’Agence néerlandaise d’évalua-tion environnementale publiée le21 septembre. Les émissions parhabitant de la Chine ont été multi-pliées par deux depuis 2003.

Tout cela préfigure une belleimpasse que l’activisme des négo-ciateurs ne saurait dissimuler.«Auvudu travaildéjà accomplicet-te année, je crois que nous pouvonsparvenir à des avancées constructi-ves à Panama qui prépareront unsuccès à Durban », a cherché à ras-surer la secrétaire exécutive de laCCNUCC, Christiana Figueres,avant le début de la séquence sud-américaine. Chacun sait cepen-dant qu’il en faudra beaucoupplus pour mettre la négociation àl’abri d’un échec durable. p

Laurence Caramel

Les négociationssurle climatau borddu comaLes discussions pour préparer le sommet de Durbanreprennent, alors que les Etats ne parviennent pasà s’entendre sur la suite à donner au protocole de Kyoto

Lapollution ducielasiatique réduirait lamousson enInde

L’OMSs’inquiète de la réapparitionde casde poliomyélite en ChineEn voie d’éradication, la maladie avait disparu du pays depuis 1999

AU COURS DE LA SECONDE moitiédu XXe siècle, les précipitationsmoyennes annuelles en Inde ontchuté de 4 % à 5%. En cause: lamousson asiatique, qui semble fai-blir. Pourquoi? Démêler les capri-ces de la nature des effets des acti-vités humaines est d’une redouta-ble complexité. Des chercheursaméricains s’y sont confrontés etpublient, jeudi 29 septembre,dans la revue Science, une étuded’attribution de cette tendance àdavantage d’aridité.

Cette réduction tendancielledes précipitations sur le sous-continent indien serait principale-ment due aux activités humaines,mais, pour une fois, les fameuxgaz à effet de serre n’y seraientpas pour grand-chose.

La coupable serait plutôt la pol-lution atmosphérique – issue dela circulation automobile, desfumées industrielles ou des rési-dus de combustion –, c’est-à-direles aérosols, ces particules en sus-pension dans l’air qui réfléchis-

sent une part du rayonnementsolaire. Pour parvenir à cetteconclusion, Yi Ming, de l’Agenceocéanique et atmosphérique amé-ricaine, et ses coauteurs ont menéplusieurs simulations numéri-ques en faisant varier divers para-mètres et en comparant les résul-tats de ces modélisations aux don-nées disponibles.

Assèchement« Nos résultats suggèrent que

les particules aérosols anthropi-ques ont substantiellement mas-qué l’augmentation des précipita-tions qui se serait produite sur lazone de mousson en réponse à laseule augmentation des gaz àeffet de serre », écrivent lesauteurs. Ces derniers suggèrentque le nuage de pollution qui obs-true le ciel de l’Asie du Sud pertur-be localement le cycle de l’eau,conduisant à des conditions plussèches sur le nord de l’Inde centra-le – c’est-à-dire la plaine du Gange– et la majeure part de l’Asie du

Sud-Est. Assèchement partielle-ment contrebalancé par des condi-tions légèrement plus humidesau Pakistan.

Pour Hervé Le Treut, spécialistede modélisation climatique etdirecteur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL), ces travaux,« très sérieux » mais ne reposantque sur un unique modèle, don-nent des éléments de réponsesans parvenir à eux seuls à tran-cher la question.

Si, comme le suggère cette étu-de, l’oblitération de la moussonindienne est liée à l’augmentationde la pollution atmosphérique, ilserait relativement aisé de mettreen place des politiques de qualitéde l’air pour réduire l’influencehumaine sur les précipitationslocales. « Mais il faudrait alors voirl’envers du problème, qui est celuide l’impact global de ces aérosols,précise M. Le Treut. Car ces der-niers atténuent une part de l’aug-mentation des températures dueaux gaz à effet de serre. »

Favoriser la mousson asiatique– cruciale pour l’agriculture –ferait ainsi, de manière collatéra-le, grimper les températures. Decombien de degrés ? « C’est l’unede nos plus grandes incertitudes»,répond M. Le Treut. p

Stéphane Foucart

L a poliomyélite a fait sa réap-paritionenChine,pour la pre-mière fois depuis 1999, a

annoncé, mardi 20 septembre,l’Organisation mondiale de la san-té (OMS) : neuf cas ont été signalésdepuis deux mois dans la provinceoccidentale du Xinjiang. Ils sontdus à une souche génétiquementliée à celle qui circule au Pakistan,qui aurait traversé la frontière grâ-ce à des individus porteurs duvirus. Un événement qui renforce,aux yeux de l’OMS, la nécessité depoursuivre l’éradication de lamaladie par la vaccination.

Contractée par le biais d’ali-ments ou d’eau de boisson conta-minéspardesexcréments, lapolio-myélite provoque une fois surdeux cents une paralysie irréversi-ble, touchant généralement lesmembres inférieurs. De 5 % à 10 %des enfants frappés par la paralysiemeurent en raison de l’atteinte desmuscles respiratoires.

Après la disparition, en 1977, dela variole, la poliomyélite est entête de la liste des maladies qu’ilest possible d’éradiquer, selonl’OMS. Le nombre de cas recensésdans le monde a spectaculaire-ment chuté : il est tombé de

350 000à 1 604 entre 1988 et 2009.En 2010, seuls quatre pays au

monde – Afghanistan, Inde, Nige-ria et Pakistan – connaissaientencore une situation d’endémie,avec une transmission de la mala-diequin’ajamaispu être interrom-pue. Elle subsiste dans des pochesdans le nord de l’Inde et du Nigeriaet à la frontière entre l’Afghanis-tan et le Pakistan.

«Finir le travail»La persistance de zones d’endé-

mie explique la réapparition, sousforme de flambées épidémiques,de la poliomyélite dans des zonesqui en étaient exemptes. De cepoint de vue, la résurgence de cas«neconstituepasvraimentunesur-prise », remarque le professeurFrançois Bricaire, chef du servicedes maladies infectieuses et tropi-cale à la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

En outre, la souche de « poliovi-rus sauvage » en cause dans lesinfections détectées en Chine estde type 1, considérée comme plus« mauvaise » que celle de type 3.« Elle provoque un taux élevé deparalysies et laisse beaucoup d’en-fants avec des séquelles », précise ledocteur Bruce Aylward, directeur

général assistant de l’OMS pour lapoliomyélite, les urgences et la col-laborationentrelespays.«Lesauto-rités pakistanaises sont totalementconscientes du problème, esti-me-t-il. Et tant le président que lepremier ministre ont demandé àrencontrer à ce sujet le directeurgénéral de l’OMS.»

Le partenariat internationalpublic-privé Initiative mondialepourl’éradicationdela poliomyéli-te (IMEP) – qui rassemble l’OMS,l’Unicef, le Rotary International etles Centres de contrôle des mala-diesaméricains –tente de dévelop-per des réponses spécifiques poursurmonterles obstacles locaux à lavaccination, qui vont des préjugésà des situations d’insécurité, touten mettant au point de nouveauxvaccins.

Bruce Aylward tire deux ensei-gnements du retour de la maladieen Chine : « Cela renforce notreconviction qu’il faut finir le travailet éradiquer la poliomyélite. Celadevrait être un signe pour lesacteurs financiers, notamment lesgouvernements, qu’il faut s’en don-ner les moyens, sans quoi le virusreparaîtra là où il avait disparu.» p

Paul Benkimoun

70123Samedi 1er octobre 2011

france

SelonM.Larcher, «les élus necomprennent pas toujours» lechef del’Etat

A près la « folle journée » dudimanche 25 septembre, leSénat devrait connaître,

samedi 1er octobre, une élection deson présidentplus paisible. Lagau-che, qui a remporté 95 des 170 siè-ges à pourvoir lors du renouvelle-ment sénatorial, est désormaismajoritaire au Palais du Luxem-bourg avec 177 sièges, contre 171 àla droite et au centre.

Elleprésentera un candidatuni-que : Jean-Pierre Bel, sénateur (PS)de l’Ariège, le président du groupesocialiste, pour qui cette troisièmecandidature au « plateau » devraitêtre la bonne. Il devrait, en toutelogique, être élu dès le premiertour de scrutin. Il deviendra lesixième présidentdu Sénat depuisle début de la Ve République, en1958,et le premiersocialiste àaccé-der à ce poste.

Le présidentsortant, GérardLar-cher (UMP), présente sa candidatu-re, mais assure n’avoir aucune-ment l’intention de voler sa victoi-re à la gauche. « C’est une nouvellemajoritéqui assumera la responsa-bilité de conduire le Sénat », assu-re-t-il dans l’entretien qu’il aaccor-dé au Monde, excluant toute tenta-tive de « compromis » ou de « com-promission » pour se maintenir àla présidence.

En décidant de présenter égale-ment une candidate à la présiden-ce, l’ancienne ministre ValérieLétard (Nord), les sénateurs dugroupe Union centriste ont, d’unecertaine manière, dissipé l’éven-tualité d’une mise en minorité parsurprise du candidat de la gauche.

Tout au long de la semaine, pas-sé l’euphorie de la prise du Palaisdu Luxembourg, M. Bel s’est

employé à « caler » un accord demajorité avec ses partenaires de lagauche. L’exercice n’a pas été detoutrepos. Legroupe desélus com-munistes et du Parti de gauche(CRC-SPG), conduit par Nicole Bor-vo-Cohen-Seat (PCF), revendiquesa place de « deuxième groupe dela majorité » et entend être recon-nu comme tel. Selon DidierGuillaume et François Rebsamen,principaux lieutenants de M. Bel –l’un des deux devrait lui succéderà la présidence du groupe socialis-te –, les pourparlers avec les alliésdu groupe CRC-SPG n’ont pas

conduit à des surenchères.Les discussions se sont révélées

beaucoup plus « compliquées »avec Europe Ecologie-LesVerts, quicompte désormais dix élus. Nou-vel élu dans l’Essonne, Jean-Vin-centPlacé s’estmontré unredouta-ble négociateur, soufflant le chaudet le froid. Ayant obtenu du PS l’en-gagement d’abaisser le seuil deconstitution d’un groupe de 15 à10membres, il a posé de nouvellesprétentions, en laissant planer ledoute,successivement,surleratta-chement des élus écologistes augroupe socialiste, puis sur leur ral-

liementdèslepremiertourdescru-tin à la candidature de M. Bel.

Vendredi matin, encore, alorsque l’ensemble des partenaires dela gauche devaient se revoir dansl’après-midi pour ratifier un« accord de législature », M. Placén’excluait pas de se porter candi-dat. « Je souhaite qu’il y ait de l’éco-logie au Sénat », expliquait-il aumicro de RTL.

M. Bel et ses amis ont dû, enoutre, prendre acte de l’éviction, àla présidence du groupe RDSE(composé en majorité de radicauxde gauche), d’Yvon Collin, proche

allié et soutien de la candidaturede François Hollande à l’électionprésidentielle.Le présidentdu Par-ti radical de gauche (PRG), Jean-MichelBaylet, sénateurdu Tarn-et-Garonne, tout comme M. Collin, etlui-même candidat à la primairepour l’élection présidentielle, aimposé Jacques Mézard (Cantal) àla tête du groupe.

Les RDSE, qui comptent en prin-cipe 16 membres, sont cependantmenacés d’être quittés par deuxd’entre eux, qui iraient rejoindreles rangs de l’Union centriste. Pas-sant alors sous la barre des quin-

ze membres, le RDSE ne pourraitse maintenir comme groupe tantque cette barre ne sera pas abais-sée. A moins que les socialistes neleur donnent un coup de main…

Encore faut-il pour le nouveauchef de la majorité sénatoriale –Catherine Tasca ayant renoncé àlui disputer l’investiture à la prési-dence – contenter aussi les atten-tes des siens. Nombreux sont ceuxetcelles qui, dansla fouléeduchan-gement de majorité, escomptentdes postes de responsabilité. Il n’yen aura pas pour tout le monde. p

Patrick Roger

Jean-Pierre Bel et ses partenaires Didier Guillaume, François Rebsamen, Catherine Tasca (PS), Nicole Borvo-Cohen-Seat (PCF) et Jean-Vincent Placé (EE-LV). PHOTOS AFP/MAXPPP/SIGNATURES

Lagauche organise saprise de contrôle du SénatFutur président, le socialiste Jean-Pierre Bel négocie un «accord de majorité» avec le PCF, les Verts et les radicaux

Entretien

Président du Sénat depuis 2008,Gérard Larcher (UMP, Yvelines)estime que, le 25septembre, lesgrands électeursont adressé « unmessage politique» en donnant lamajorité à la gauche.Reconnaissez-vous la victoirede la gauche au Sénat aprèsles élections du 25septembre?Bien entendu. La gauche a fait unscore plus important que celuiauquel nous nous attendions,dans un scrutin sans doute pluspolitisé que nous ne l’avions esti-mé. Les grands électeurs sont deve-nus des «grands citoyens» ; ils sesont faits la chambre d’écho del’état d’esprit des citoyens. Les élec-tions sénatoriales ont permisavant tout d’adresser un messagepolitique.Quelle interprétation faites-vous de ce message?Lors des nombreux déplacementsque j’ai effectués, les élus m’ontd’abord parlé de questions natio-nales et européennes, puis de laréforme des collectivités. Ce quiressort, ce sont de profondes incer-titudes, la peur de la récession.Une sorte d’incompréhension,aussi, par rapport à certainesréformes. Je suis frappé, enfin, desquestions qui m’étaient adressées

par les élus sur l’action du prési-dent de la République, qu’ils necomprennent pas toujours. Nousdevons y être très attentifs.Dans les derniers jours, la possibi-lité que le Sénat bascule dans l’es-carcelle de la gauche est ainsidevenue un enjeu national. Il y abien sûr d’autres facteurs, quiont été analysés, mais le premierfacteur de cette défaite est essen-tiellement politique. Ce qui, fina-lement, est plutôt sain quand ils’agit d’élire une chambre du Par-lement.N’avez-vous pas commisune erreur psychologiqueen affirmant jusqu’au derniermoment que la majoritéconserverait une avance nette?Nos prévisions se sont totalementvérifiées, à l’unité près, dans lesdépartements à la proportionnel-le. La surprise est venue du scrutinmajoritaire. C’est cela qui est révé-lateur de l’état d’esprit du pays. Per-sonne n’avait vu la mutation politi-que de cette élection. De ce pointde vue, c’est un échec qui rejaillitsur l’ensemble de la majorité. J’enassume toute ma part, mais cen’était pas une guerre psychologi-que: je croyais sincèrement qu’onconserverait la majorité de quel-ques sièges.Concevez-vous que, dans ces

conditions, l’opinion percevraitmal que la présidence du Sénatreste à droite alors que la majori-té a changé?Bien sûr. Ma candidature est unecandidature de devoir. Personnene m’a dicté ma conduite. Cettedécision, je l’avais prise dès diman-che soir et j’en ai informé d’abordle premier ministre. J’ai réuni monéquipe, lundi matin, pour lui direque ma candidature serait sanscompromis ni compromission.C’est pour cela que ça m’a un peufait sourire, mardi midi, quand j’ailu ici ou là que la consigne m’avaitété donnée d’accepter la défaite.C’est une candidature totalementloyale et républicaine. C’est unenouvelle majorité qui assumera laresponsabilité de conduire leSénat.Il y a simplement un messageauquel je tiens dans ma candidatu-re. La situation de crise internatio-nale va imposer des efforts d’am-pleur, qui ne pourront se faire bloccontre bloc, en opposant les Fran-çais et les territoires les uns auxautres. Il va falloir montrer que, auSénat, un accord républicain estpossible; il en va de l’intérêt denotre pays.Qu’attendez-vous dela prochaine présidence?Au cours de ces trois ans de man-

dat, je crois que nous avons répon-du à la question: «A quoi sert leSénat?» Le Sénat a marqué sonautonomie et il a compté sur dessujets importants. Il est plus indé-pendant. Et ce n’était pas faciled’être indépendant tous les jours!Parfois, nous avons été les seuls ànous opposer.Cette autonomie, il faut la préser-ver. Le Sénat n’est pas un supplé-tif. Il est resté vigilant sur les liber-tés fondamentales, face à une pres-sion parfois forte. Il a joué son rôlesur les collectivités territoriales,sur la réforme des retraites. On aengagé une réorganisation inter-ne, parfois difficile mais indispen-sable. Il appartiendra au nouveauprésident de l’achever.Je n’ai pas à dicter quoi que ce soità mon successeur. Simplement, sion ne préserve pas une approchede respect de tous par tous, je croisque le Sénat régressera. Je penseaussi qu’il faut aller plus loin dansle domaine de l’éthique et de la pré-sence des parlementaires. Là, onn’est qu’en chemin. Le Sénat a tropsouffert de cette incompréhensiondes Français sur des sujetsmatériels…Incompréhensions qui ne sontpas levées. On l’a vu, cet été, àpropos des révélations sur lesindemnités de représentation

du questeur Jean-Marc Pastorou du rattrapage pour les indem-nités des sénateurs, décidéavant d’être annulé…Je vous rappelle que le questeurPastor appartient au groupe socia-liste, qui l’avait désigné pour ceposte. Par ailleurs, il a pu y avoirdes fautes, des insuffisances. C’estpourquoi je pense qu’il faut allerencore plus loin en matière d’éthi-que. Pour l’indemnité sénatoriale,peut-être que j’aurais dû dire nonplus tôt au conseil de questure. Jen’ai peut-être pas été assez atten-tif.Allez-vous endosser le costumede chef de file de l’oppositionsénatoriale?Pour moi, c’est la fin d’un cycle. Jevais aller à la commission des affai-res étrangères et de la défense, nonpas pour être dans un cimetièredes éléphants, mais parce que jeveux donner un prolongement àce que j’ai entrepris, pendant maprésidence en matière de relationsinternationales, de la frontière duPakistan au pourtour de la Méditer-ranée. Et j’ai bien l’intention de fai-re de la politique, pas forcémentlimitée au champ du Sénat. J’aime-rais que la France ne soit pas ten-tée uniquement par le zappingélectoral en 2012. p

Propos recueillis par P. Rr.

Q uand les Verts français ren-contrent les puissantsGrünen allemands, cela res-

semble un peu à une réunion defamille où se côtoient le promet-teur cousin de province et celuiqui affiche son insolente réussitedans la capitale. Les deux mouve-ments se sont retrouvés à l’Assem-blée nationale, vendredi 30 sep-tembre, pour une journée de tra-vail en commun.

Les Grünen sont passés, en tren-te ans, d’ungroupuscule à lapilosi-téincontrôléeetaux thèses pacifis-

tes affirmées à un parti puissant,présentdanstous lesLänder d’Alle-magne. Ils sont même aux com-mandes du cœur industriel dupays depuis qu’ils dirigent le Bade-Wurtemberg. Leur victoire la plusspectaculaire, à ce jour, est la déci-sion prise par la chancelière Ange-la Merkel de sortir du nucléaire.

Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) n’en est pas là, même si sesrésultats électoraux, depuis 2009,suiventunecourbe flatteuse. Pour-tant, si on y regarde bien, les deuxmouvementssuiventdes trajectoi-

res parallèles, l’un ayant simple-ment quelques années de retardsur l’autre.

La clé de l’émancipationLes Grünen se sont longtemps

déchirés entre radicaux, les « Fun-dis », et pragmatiques, les « Rea-los », les seconds l’ayant emportésur les premiers depuis le milieudes années 1980. « Les Verts fran-çais ont eux aussi tranché ce débat,et dans le même sens, mais dix ansplus tard », estime l’eurodéputéDaniel Cohn-Bendit.

L’embourgeoisement d’EE-LV,qui s’installe au Sénat et y revendi-que un groupe, évoque celui desGrünen, coqueluche des classesmoyennesaisées.«A Berlin, lesélec-tionsquiviennentdesedérouler ontpermis aux écologistes d’obtenir17% des voix, mais ils ont perdu unepartie de leur électorat traditionnel,quilestrouvedésormaistropraison-nables, trop installés », analyseM.Cohn-Bendit.Voilàdoncunepre-mièrepistederéflexionpourEE-LV.

Ensuite, les Verts doivent fairecommeles Grünen:s’adapter.«Sur

la dette, il faut oser bousculer lesdogmes, tirer des leçons de la crise,dire que la dette est l’ennemie del’écologie parce qu’elle empêchetout volontarisme politique », esti-me l’eurodéputé franco-allemand.

EE-LV est aujourd’hui un partiancré à gauche, soucieux de sesaccords avec le PS, tandis que lesGrünen sont sans tabou : ils peu-vent gérer avec les sociaux-démo-crates, à Francfort, comme avec ladroite, à Hambourg. « Mais il n’estpas inscrit dans l’ADN des Vertsfrançais, cet ancrage à gauche, esti-

me« Dany ». C’est le système électo-ral français, très simplificateur, quil’impose. Les écologistes françaispeuvent évidemment travailleravec des centristes, ou avec des per-sonnalités comme Michel Barnierou Nathalie Kosciusko-Morizet. »

« Les Verts français ne doiventjamais oublier que la concessionmajeure qu’ils doivent obtenir dessocialistes, c’est l’introduction de laproportionnelle. Leur véritableémancipationpasse parlà»,martè-le le grand frère francfortain. p

Anne-Sophie Mercier

Lesdiscussionssesontrévélées

«compliquées» avecEuropeEcologie -

LesVerts,quicomptedésormais 10 élus

Lesconseils de DanielCohn-Bendit aux écologistes françaispour devenir grandsAlors que les Grünen et les Verts se sont réunis à Paris pour une journée de travail, l’eurodéputé franco-allemand compare leur évolution

8 0123Samedi 1er octobre 2011

politique

L e document fait quatre pages.Sur les deux dernières, desinformations pratiques sur la

primaire. En page 2, les proposi-tions de Martine Aubry. En une, untexte de Michel Destot, le maire deGrenoble,expliquantpourquoiil lasoutient.D’iciau9octobre, leshabi-tants de la ville en trouveront undans leur boîte aux lettres.

A huit jours de la primaire,M.Destot enestconvaincu:«Beau-coup d’électeurs veulent voter,mais ne savent pas encore pourqui. Or, nous les maires, sommesgénéralement très écoutés. Il estdonc capital que, dans la dernièreligne droite, nos administréssachent qui nous soutenons. »

Parmi les maires qui vont affi-cher leur soutien à Mme Aubry, ontrouve Jean-Claude Antonini àAngers, ou Claude Dilain à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).« Pour une élection inédite, rien nevaut un courrier personnalisé »,affirme Jean-Luc Fichet, maire deLanmeur (Finistère), 2 000 habi-tants. Car l’opération pro-Aubryconcerne aussi de petites villes.

Ailleurs, en plus des tradition-nels tractages sur les marchés, queles « aubrystes » multiplient à ladifférence des « hollandais »,d’autres initiatives seront prises. AMontpellier et à Paris, plusieurs« cafés citoyens » seront ainsi orga-nisés à la veille du scrutin. En Pro-vence, des « aper’Aubry » sont pré-vusàl’heure dupastis. Dans leSud-Ouest, la tradition des banquetsrépublicains sera réactivée.

« On est dans une phase où onmobilise nos troupes, et c’est notreforce par rapport aux autres candi-dats, explique Jean-Marc Ger-main, directeur de cabinet deMme Aubry. Nous, nous sommesénormément soutenus par les éluslocaux qui, dans la dernière lignedroite, sont en train de mobiliser.Tout ça se déclenche maintenant.»La mobilisation de terrainfera-t-elle mentir les sondages ?« Ce ne sont pas des initiatives quifont bouger les enquêtes d’opinion,maisqui fontbougerles votes, assu-re M.Germain. Ça peut représenter500 000 voix. »

L’équipe de Martine Aubry,

adepte de la méthode Coué, en estpersuadée : « On sera devant aupremier tour.» Pour cefaire, la mai-re de Lille va tenter de ratisser sursa gauche. « Nous devons conforterune marque, une identité person-nelle et une ligne politique, estimeGuillaume Bachelay, chargé desdiscours de Mme Aubry. Ce n’est pasle concours Lépine du “coup” ! »

Dans un sursaut, la gauche duPS, derrière Benoît Hamon, vientainsi, sur le site Mediapart, de lan-cer au « sympathisant écologiste,communiste, front de gauche,républicain », au « syndicaliste » etau « militant associatif, altermon-dialiste, humanitaire, engagé dansle combat pour les droits de l’hom-

me et la lutte contre le recul deslibertés fondamentales », un appelà voter Aubry « qui n’oublie pasqu’elle est socialiste avant d’êtregestionnaire».

« Nous avons une légitimité trèsforte dans la gauche, grâce à notreprésence dans la lutte contre le TCE[traité constitutionnel européen]ou dans les mouvements sociaux,explique M. Hamon au Monde.Nous voulions rappeler que lesgaranties sur les services publics,les salaires, l’ordre public social,seront beaucoup plus fortes si Mar-tine Aubry est présidente. »

Pas sûr, néanmoins, que lesliens tissés à la gauche du PS suffi-sent à assurer la mainmise de Mar-tineAubry surcesegment del’élec-torat. Mercredi, après le deuxièmedébat télévisé de la primaire, Jean-Luc Mélenchon, sur son blog, a faitpart de sa « sympathie spontanée »pour deux candidats PS. Mais ils’agissaitde Ségolène Royalet d’Ar-naud Montebourg, les deux seulsqui, selon lui, « ont parlé dru». p

David Revault d’Allonneset Thomas Wieder

Des propositions, du fond,mais aussi quelques coupsde griffe… Ségolène Royal a

défendu ses chances en inaugu-rant, jeudi 29 septembre, les chatsvidéo organisés par Le Monde avecDailymotion. Interrogée par lesinternautes du Monde.fr, la candi-date à la primaire socialiste acondamné les méthodes repro-chées à Jean-Noël Guérini, ancienpatron de la fédération des Bou-ches-du-Rhône. « Le parti ne doitpas tolérer ce genre de comporte-ment, estime-t-elle, mais ça fait desannées qu’il le fait. Il n’y a pas queMartine Aubry, il y a son prédéces-seur aussi. Pourquoi ? Parce que çajouait dans les congrès, etc.»

Pourla concurrentemalheureu-se du congrès de Reims, en 2008,« c’est une forme de faiblesse defonctionnement du parti, de conni-vence, avec des enjeux clientélistes

à l’intérieur du parti (…). Parce quedans ces fédérations-là, en plus, leparti est verrouillé, pour que leschefs de ces fédérations puissentcontrôler l’ensemble des votes, voi-là ce qui se passait (…). Dans le Pas-de-Calais ça fonctionne commecela aussi, en Seine-Saint-Denis çafonctionne comme cela aussi. Lesmêmesqui n’ontquelemotrénova-tion à la bouche… » Ces mots durscontrastent avec la cordialité affi-chée lors du deuxième débat entrecandidats, mercredi.

Sur le non-cumul des mandatségalement, Mme Royal a fustigé le« manque de courage politique »des adversaires, renvoyant dos àdos Martine Aubry et François Hol-lande, qui ne l’appliquent pas toutde suite: « Tous les cumulards sonttranquilles ! Pourquoi ça n’a pas étéappliqué aux sénatoriales? » p

Samuel Laurent

L’équipedela candidate

veut«faire bougerlesvotes» plutôtque

«faire bougerlesenquêtesd’opinion»

Mme Aubry mobilise son réseau d’élusTracts, appels à la gauche, les partisans de la candidate se lancent dans un sprint final

L ongtemps, il y a eu un malen-tendu entre nous. Longtemps,nous avons donné le senti-

ment de vous regarder en ennemis.Longtempsnousn’avonspassupar-ler, trouver les mots (…). Longtemps,nous avons commis l’erreur de pen-ser que vous étiez complices ou pas-sifs face à la destruction de l’école.Pour l’immense majorité d’entrevous, c’était une erreur et cette épo-que est révolue. » C’est ainsi, encondamnant implicitement lesattaques contre les professeursqu’affectionnaient son père, queMarine Le Pen s’est adressée « auxenseignants de France », jeudi29 septembre, lors du colloque surl’éducation d’Idées Nation, le clubde réflexion dirigé par le numéro2du Front national, Louis Aliot.

«Les hussards noirs»Pour l’occasion, les « prises »

républicaines et souverainistes– Bertrand Dutheil de La Rochère,issu du MDC chevènementiste,Paul-Marie Coûteaux, souverainis-te de droite, et Christian Le Cheva-lier,deDeboutlaRépublique,lepar-ti de Nicolas Dupont-Aignan – sontintervenues pour exposer leurvision de l’école. Une vision d’uneécole « sanctuarisée», qui s’accordeavec les propositions de MarineLe Pen en ce domaine, et s’axentautour de la discipline, de la «méri-tocratierépublicaine» et du respectde l’enseignant. Avec des résonan-ces très « IIIe République ». « Lesenseignants devront être les hus-sards noirs de notre Républiquefrançaise du XXIe siècle », a notam-

ment lancé Marine Le Pen. Elleavait déjà évoqué ces thèmes, enfévrier2010, dans une lettre ouver-te aux «enseignants et aux parentsd’élèves» passéealors relativementinaperçue.

Une des cibles de Mme Le Pen est« le pédagogisme », le « Jack-Lan-guisme et toutes ces salades ». Avecelle, il faudra, entre autres, « respec-ter la discipline» et « les punitions– pas les châtiments corporels –seront autorisées ». Les « parentsdémissionnaires » seraient aussisanctionnés,lecollègeuniqueaban-donnéetl’enseignementdesmatiè-res manuelles ou technologiquesrevalorisé.

Encequiconcernel’écoleprimai-re, un nouvel établissement publicserait créé et doté de la personnali-té juridique. Il aurait une «autono-mie administrative et financière »,avec à sa tête un directeur « mana-ger » qui impulserait « le projetpédagogique»del’école.Unemesu-re qui entre en contradiction avecla ligne « républicaine » et étatistedéveloppée par ailleurs parMme Le Pen, puisqu’un tel statutreviendraitde faitàavoirdes écolesplus riches que d’autres et entredans une vision très libérale – ausens économique – de l’école.

Au chapitre des dépenses,Mme Le Pen craint les « fausses pro-messes ». « Je ne vous dirai pas quel’on rétablira les 70000 postes sup-primés», a-t-elle déclaré. Et d’ajou-terqu’elle s’engageaità «remplaceràpartirdelarentréede2012l’ensem-ble des départs à la retraite». p

Abel Mestre

MarineLePen veut fairela paixavec les enseignantsLa candidate a présenté son projet sur l’éducation,axé sur la discipline et la «méritocratie»

Le chat vidéo Ségolène Royal a ouvert notresériede débatsavec lescandidatsà la primaire

«Desfédérationsverrouilléesau PS»

Religion Selon Elisabeth Badinter, Marine Le Penest désormais seule à défendre la laïcité« En dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la laïcité », déplo-re la philosophe Elisabeth Badinter dans le numéro de septembre duMonde des religions. « Au sein de la gauche, ajoute-t-elle, le combat a étécomplètement abandonné, si ce n’est par Manuel Valls. » « Je ne peux queme féliciter de la lucidité exprimée par Elisabeth Badinter », a déclaré, jeu-di 29 septembre, la présidente du Front national.

PS François Pupponi quitte l’équipe de campagnede Martine AubryFrançois Pupponi, le député-maire de Sarcelles (Val-d’Oise), a quitté, jeu-di 29 septembre, l’équipe de campagne de Martine Aubry, où il était res-ponsable des questions de sécurité. Une démission due à l’enquêtemenée par la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), dans lecadre d’une enquête touchant à des cercles de jeu parisiens.

UMP M.Juppé aidera «sans ambiguïté» M.SarkozyLe ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a assuré, jeudi 29 sep-tembre, sur France 2, dans l’émission « Des paroles et des actes», qu’ilaiderait « sans ambiguïté » Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de2012, tout en précisant : « s’il est candidat… » « Il peut y avoir des circons-tances qui font que… mais il sera candidat».

90123Samedi 1er octobre 2011

U npolicierde hautrang atra-hi. Il est passé du côté desbandits. Certains de ses col-

lègues pourraient l’avoir suivi etdes magistrats seraient égalementdans le collimateur des enquê-teurs. Vendredi 30 septembre,Michel Neyret, 55 ans, directeuradjoint de la police judiciaire deLyon, était toujours en garde à vueà Paris.

Interpellé la veille à son domici-le dès 6 heures du matin, il a étéaussitôt transféré dans la capitalepour être interrogé dans les locauxde l’inspection générale des servi-ces (IGS), la police des polices pari-sienne. Sept autres personnes,dont l’épouse de M. Neyret, pré-nommée Nicole, ont égalementété prises dans ce coup de filet ten-du conjointement par les hom-mes de l’IGS et de la police judiciai-re de la préfecture de police (PJPP) :quatre à Lyon et trois à Paris.

Une autre partie de l’opération

s’est déroulée à Saint-Tropez oùun bandit a été arrêté.

Parallèlement,des comptesban-caires financés par l’argent de ladrogue ont été mis au jour à Genè-ve où des perquisitions ont eu lieu.Selon une source policière, l’IGSdevait procéder dès ce vendredi àdes interpellations supplémentai-res dans les rangs de la police lyon-naise et grenobloise. D’autresrebondissementspourraientenco-re intervenir dans cette affaire queplusieurs responsables policiersqualifient déjà de « séisme ». Ellepourrait s’étendre au-delà de larégion rhodanienne.

C’est peu dire que cette nouvel-le a provoqué une onde de chocchez les policiers. Tant parmi lesgardiens de la paix et les officiers,qu’au sein de la hiérarchie, MichelNeyret était l’un de ces flics respec-tés, jouissant d’une grande autori-té auprès de ses collaborateurs. Ilavait de nombreux amis à la direc-tion centrale de la police judiciaire– notamment son directeur, Chris-tian Lothion, lui-même ancienpatron du service régional de lapolice judiciaire (SRPJ) de Lyon(2003-2006),dépêché dans la capi-tale des Gaules avant l’opérationdès jeudi 29septembre. Il était aus-si estimé à la PJPP, au fameux36 quai des Orfèvres, sur l’île de laCité, en plein cœur de Paris – lesaint des saints de la police –,notamment par son directeur,Christian Flaesch.

Michel Neyret, qui devrait êtreprésenté au juge d’instructionPatrick Gachon, de la juridictioninterrégionale spécialisée (JIRS) deParis d’ici au samedi 1er octobrepour être mis en examen, seraitmêlé à une grosse affaire de traficde stupéfiants.

Quel était précisément sonrôle? Pour l’heure, peu d’élémentsont filtré de ce dossier. Ce qu’onsavait vendredi en milieu de mati-née,c’estqu’il est impliquéencom-pagnie de malfrats issus de la cri-minalité organisée, connus pourleurs états de service incontestésdans le milieu du grand banditis-me. Ainsi, parmi les prises de ven-dredi figurerait Michel Saragosa,un célèbre caïd de la région lyon-naise. Agé d’une cinquantained’années, cet ancien braqueurs’était reconverti dans des affairesdiverses. Il s’occupait d’une socié-té de location de voitures.

L’affaire commence il y a dixmois dans un quartier huppé auxportes de Paris, en bordure du boisde Boulogne à Neuilly-sur-Seine(Hauts-de-Seine). Dans la nuit du26 au 27 novembre 2010, les poli-ciers de la brigade des stupéfiantsréalisent une saisie de cocaïne audomicile d’un particulier. Centonze kilos de drogue contenusdans des valises et dans un coffresont dissimulés dans un apparte-ment en chantier qu’un trafiquantutilise depuis plusieurs semaines.

A la revente, cela représente envi-ron 7 millions d’euros.

Dans le même appartement, lesenquêteurs découvrent 170 000euros en liquide. Entendus par lespoliciers, les propriétaires de l’ap-partement, une famille originairedu Moyen-Orient, sont mis hors decause. En revanche, deux hommes– un Iranien et un Vénézuélien – etune femme sont appréhendés.Deux autres personnes prennentla fuite. Parmi elles, Gilles Tépié, 38ans, un criminel connu de la jus-tice, en cavale depuis 2005,condamnéen son absence en 2008par le tribunal de Meaux pour saparticipation à un meurtre. Lui etson complice ont finalement étérattrapés ; l’un d’eux à Caracas etl’autre s’est constitué prisonnier.

C’estdans le cadredes investiga-tions menées pendant de longsmois dans cette affaire que la PJ deParis s’est aperçue qu’un haut res-ponsable de la police lyonnaiseentretenait des liens avec cetteéquipe, particulièrement avecGilles Tépié ainsi qu’avec MichelSaragosa. A plusieurs reprises, cedernier a été vu à Lyon aux côtésde Michel Neyret, même si, seloncertaines informations, les deuxhommes étaient brouillés depuiscesderniers mois. Des écoutestélé-phoniques et des déclarationsrecueillies lors des gardes à vueont confirmé les soupçons.

Alertée il y a près de cinq mois,l’IGS commence à surveillerMichel Neyret et d’autres poli-ciers, tandis que la PJ, de son côté,

poursuit l’enquête sur ce traficinternational de drogue qui laconduit notamment à Dubaï.Selon nos informations, certainspoliciers mis en cause détour-naientune partiedessaisiesdedro-gue effectuées. Le faisaient-ilspour leur propre commerce oupour fournir leurs informateurs ?C’est ce que l’enquête devra déter-miner.

Le volet de l’affaire mettant encause les policiers est resté secretjusqu’au tout dernier moment.Mêmeau sein de la hiérarchie poli-cière, mis à part Christian Lothion,le directeur central de la PJ, peu decadres ont été informés que l’IGSvisait le numéro 2 de la PJ de Lyon.« Cette enquête a été conduite dansla plus totale discrétion. Il n’y a eu

aucune fuite », se réjouit un res-ponsable policier qui veut y voir lapreuve de la volonté à aller jus-qu’au bout de cette affaire.

Les policiers de l’IGS devrontdésormais déterminer les motiva-tions de Michel Neyret et de seséventuels complices. Ont-ils reçudes sommes d’argent en échangedequelques services?Ont-ils parti-cipé directement à l’organisationde certains trafics ? Peuvent-ilsavoir été manipulés par des hom-mes du milieu, dans le cadre d’uneenquête ? A ce stade, il est difficiled’évaluer le niveau de corruptionqui pèse sur le numéro 2 de la PJ deLyon, ni de savoir précisémentcomment et pourquoi le grand flicest devenu un simple voyou. p

Yves Bordenave

société

COLOMBE SCHNECKSamedi 15hLes liaisons heureusesAvec la chroniquede Raphaëlle Rérolle du journal

franceinter.fr

Le numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, en 2009, lors du démantèlement d’un réseau de fabricants de faux dinars. PHILIPPE MERLE/AFP

Portrait

LyonCorrespondant

Mardi 27 septembre, Michel Ney-ret, 55 ans, a fait une apparitionau tribunal correctionnel de Lyon,en observateur discret, au fondd’une salle d’audience. Le commis-saire de police a toisé le box desprévenus, scruté le public, croiséles avocats, discuté avec un magis-trat pendant l’interruption desdébats. Le procès portait sur unréseau typique d’importation dedrogue, avec vols de voitures enSuisse et « go fast» (transport dedrogue à bord de grosses cylin-drées et à grande vitesse) à desti-nation de l’Espagne.

Fidèle à ses habitudes, le numé-ro deux de la police judiciaire (PJ)lyonnaise est allé au contact, pourentretenir ses relations, actualiserle Bottin du banditisme qu’ilconnaît sur le bout des doigts. Cos-tume bien taillé avec ruban rougeau revers, chemise blanche ouver-te, sa silhouette faussementdécontractée fait partie du paysa-ge judiciaire lyonnais. A la barredes tribunaux ou des cours d’assi-ses, il a été sollicité d’innombra-bles fois pour exposer ses enquê-tes, avec le soutien des magistratsdu parquet.

Face aux avocats, il justifiaitinlassablement les méthodes del’antigang, qui consistent à sur-veiller des équipes afin de les sur-

prendre en des flagrants délits oud’établir des dossiers d’associa-tion de malfaiteurs, quitte àlâcher du lest et à susciter despolémiques.

Trente-cinq ans de carrièredans la police judiciaire ont tailléune solide réputation à cet hom-me porté au rang d’icône dans lemilieu des enquêteurs. L’annoncede son arrestation, jeudi 29 sep-tembre, dans une enquête pourcorruption présumée a provoquéun véritable séisme à Lyon.

Car personne n’arrive à croireque le directeur adjoint de la poli-ce judiciaire a pu se laisser empor-ter au-delà de la frontière haute-ment toxique où s’affrontent lesflics et les voyous. Pour une bon-ne raison: ce commissaire, qui adirigé la brigade de recherche etd’intervention (BRI) de Lyondurant près de vingt ans, passaitpour un maître dans l’utilisationdes indicateurs utiles.

A sa sortie de l’école des com-missaires de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône), en 1981, après unpassage à Versailles, il a été pro-pulsé à Lyon, dès 1983, patron dela toute première brigade anti-gang créée en province. Il est àl’origine de très nombreuses affai-res qui ont marqué la réussite dela police judiciaire, notammentdans le domaine de la lutte contreles stupéfiants.

Spécialiste des bons tuyaux, ilpasse pour un homme d’actionproche de ses troupes. Parmi ses

nombreux faits d’arme, il a été enpremière ligne dans l’arrestationde malfaiteurs impliqués dansl’évasion de Pascal Payet, un bra-queur multirécidiviste. Démarréeà la frontière suisse, une filatureavait mené la brigade de recher-che jusque dans la Drôme, dansdes conditions périlleuses.

Cet épisode, ajouté à ses étatsde service, lui a valu la Légion

d’honneur, décernée enavril 2004. Le commissaire et seshommes avaient été reçus PlaceBeauvau par le ministre de l’inté-rieur de l’époque, Nicolas Sarko-zy.

La même année, nommé divi-sionnaire, Michel Neyret prend ladirection de la police judiciaire deNice. A l’époque, sa hiérarchie luiconfie des missions de confiance.Ce qui l’a amené à effectuer plu-sieurs audits internes à la police,notamment en Corse.

De retour à Lyon depuis quatreans, son poste de directeuradjoint l’a éloigné des planques etdes filatures, tout en lui procu-rant une exposition médiatiqueplus importante.

Le 4 septembre, dans l’émis-sion « Zone interdite » sur M6, onle voit évoquer la traque d’unenouvelle génération du banditis-me lyonnais, impliquée dans unesérie d’attaques de bijouteries,aux méthodes brutales. Ironie del’histoire, deux autres commissai-res de Lyon et de Grenoble, pré-sents dans le reportage, sontaujourd’hui convoqués dans l’en-quête qui le vise.

En 2010, en préparant son der-nier film à Lyon, Les Lyonnais (sor-tie prévue fin novembre), lecinéaste Olivier Marchal est tom-bé sous le charme du commissai-re hors norme, dernier survivantdes flics à l’ancienne, aussi peuadministratifs qu’engagés physi-quement dans leur métier. MichelNeyret a directement inspiré unpersonnage de flic incarné par l’ac-teur Patrick Catalifo.

Jeudi, bien loin du cinéma,Christian Lothion, directeur cen-tral de la police judiciaire, estvenu personnellement rueMarius Berliet, au siège lyonnaisde la PJ, où il fut directeur régio-nal. Il a réuni les services pourannoncer que le numéro deuxlyonnais était en très mauvaiseposture. p

Richard Schittly

L’affairecommenceennovembre 2010,

quandlabrigade desstupéfiantssaisit

111kilosde cocaïnechezun particulier

A Genève, des «réseauxd’argent» liés à M. Neyret

ALyon, la chute d’un superflicsecoue la policeMichel Neyret, numéro deux de la police judiciaire locale, serait impliqué dans un trafic de stupéfiants

Uneicône dumilieu des enquêteurs, policier àl’ancienne,réputé pour sa connaissancedu Bottindes bandits

En2010,en préparantsondernierfilm,

quidoitsortirfinnovembre,

Olivier Marchalesttombésous lecharme.

MichelNeyret adirectementinspiré

unpersonnage

Des perquisitions d’une grandeampleur ont été menées, jeudi29septembre, à Genève, dans lecadre de l’interpellation lematin même de Michel Neyret,chef adjoint de la direction inter-régionale de la police judiciairede Lyon.Une importante documentationa été saisie dans plusieurs éta-blissements bancaires et socié-tés financières de la place.Contacté, le procureur genevoisJean-Bernard Schmid a expli-qué avoir mené cette actiondans le cadre d’une demanded’entraide judiciaire française.Travaillant depuis plusieurssemaines sur le dossier, le pro-cureur était épaulé par plu-sieurs enquêteurs de la brigadefinancière genevoise. Il confir-me «l’existence à Genève deréseaux d’argent » liés à MichelNeyret.A Genève, une source proche dudossier estime que l’enquêtepour corruption, trafic interna-tional de drogue et blanchimentconcerne «toute une équipe…un réseau de personnes».

10 0123Samedi 1er octobre 2011

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L ajustices’intéresseàune opé-ration immobilière douteuseréalisée par d’anciens diri-

geants d’Adoma (ex-Sonacotra),l’un des plus gros bailleurssociaux de France. Le parquet deParisaouvertune enquêteprélimi-naire à la suite de révélations fai-tes, le 25 mai, par un commissaireauxcomptes.Durantl’été, le minis-tère public a joint à cette procédu-re une plainte contre X déposée le10 juin par la nouvelle équipe dedirection d’Adoma. La brigadefinancière est chargée des investi-gations sur de possibles faitsd’« abus de biens sociaux et recel ».

Adoma est une société d’écono-mie mixte (SEM), dont la missionpremière consiste à loger les tra-vailleurs migrants. Ses principauxactionnaires sont l’Etat – 57 % – etla Société nationale immobilière(SNI) – 28,6 %.

En butte à d’importantes diffi-cultés, Adoma est soumise, depuisle début de l’année, à de profondesrestructurations : changement degouvernance, plan de départsvolontaires… La gestion dubailleur a été reprise en main parla SNI, qui a installé de nouveauxresponsables à la tête de la SEM.

Quelques mois après leurentrée en fonction, ceux-ci ont

découvert qu’Adoma possédait unfoyer d’étudiants à Avignon quiprésentait de nombreuses malfa-çons tout en étant occupé à moinsde la moitié de ses capacités d’ac-cueil. Intriguée, la direction de lasociété a demandé à un consultantd’analyser les conditions dans les-quelles ce bien avait été acquis.

«Y a-t-il escroquerie?»Son rapport, remis en mai et

dont Le Monde a pris connaissan-ce, pointe de nombreuses « zonesd’ombre ». Il constate qu’Adoma aaccepté,enseptembre2007,de ver-ser 8,69 millions d’euros pourdevenir propriétaire d’un immeu-ble que le vendeur avait acquis àun prix inférieur de 2 millionsd’euros, en janvier de la mêmeannée. Pour sa part, l’administra-tion des domaines avait estimé lavaleur du bien dans une fourchet-te comprise entre 7,4 millions et7,9 millions d’euros.

La directrice financière de laSEM avait pourtant adressé un« courriel d’alerte » à plusieurshauts cadres, dont le président del’époque, Michel Pélissier : « Est-onsûr de vouloir poursuivre ? »,demandait-elle, en signalant queles recettes locatives risquaientd’être moins élevées que prévu ini-

tialement. Le rapport d’audit s’in-terroge également sur une facturede 107 000 euros réglée par Ado-ma au vendeur et dont la justifica-tion pose problème. « Y a-t-il escro-querie ? », écrit le consultant, enajoutant : « Ces faits caractérisentdes lacunes particulièrement gra-ves dans le contrôle hiérarchique, lecontrôle budgétaire, le contrôleinterne.»

Enfin, le rapport évoque l’hypo-thèseduversementd’unecommis-sionde320000eurosdont le desti-nataire n’a pu être identifié.

Le syndicat SUD, qui avaitdénoncé cette transaction dans untract en juin, a l’intention de seconstituer partie civile dans le dos-sier.

M.Pélissier, qui a quitté Adomaen 2008, a ensuite été nomméconseiller maître en service extra-ordinaire à la Cour des comptes.Aujourd’hui, il n’a plus que le sta-tut de « rapporteur extérieur »,d’après un porte-parole de la hau-tejuridiction. Il est par ailleurspré-sident du conseil de surveillancede la SA d’HLM Logirep.

Sollicité à plusieurs reprises parLe Monde, M. Pélissier n’a pas don-né suite à notre demande d’entre-tien. p

Bertrand Bissuel

L’anciennedirectiondel’ex-SonacotramiseencausedansuneopérationimmobilièreLe parquet a ouvert une enquête pour de possibles faits d’«abusde biens sociaux et recel» lors de l’achat d’un immeuble en 2007

BordeauxEnvoyée spéciale

I ls ont voyagé dans le mêmeavion. Benoist, Martine, Fran-çois et Jean-Louis… tous étaient

là, jeudi 29 septembre, au congrèsde l’Union sociale pour l’habitat(USH), à Bordeaux. Le premier,Benoist Apparu, secrétaire d’Etatau logement, espérait un accueilmoins hostile que celui qu’il avaitreçu en 2010, lorsque l’Etat avaitdécidé de ponctionner la trésoreriedes organismes HLM de quelque245 millions d’euros. Les troisautres,potentielscandidatsàlapré-sidentielle, sont venus courtisertous les acteurs de la politique dulogement.

Le parc des expositions ad’abord accueilli Martine Aubry,accompagnée de Marie-Noëlle Lie-nemann, présidente de la Fédéra-tion nationale des coopérativesHLM, ancienne ministre du loge-ment et nouvelle sénatrice.Mme Aubry est en terrain ami : lemouvement HLM penche plutôt àgauche. De bonne humeur, aprèssa prestation dans le deuxièmedébat des primaires, la veille, ellerevendique son expertise sur lelogement. « Il n’a pas été facile defaire adopter dans le programmesocialiste des mesures comme l’en-cadrement des loyers, ou l’engage-ment de construire, dans chaqueprogramme immobilier, un tiers delogement privé, de logement socialet un tiers en accession à la proprié-té», explique-t-elle. «Je me suisbat-tue et je sais que cette mixité socialepeut marcher, car je l’ai testée dansma ville », martèle la maire de Lille.

Sur les autres mesures pharesdu programme PS, la constructionde 150 000 logements sociaux cha-que année, le seuil de logementssociaux porté à 25% par communeau lieu de 20 % aujourd’hui, et lerenforcement des pénalités en casde non-respect de la loi, « tout lemonde était d’accord », convientMme Aubry.

La maire de Lille multiplie lesarrêts dans les stands « amis ».Celui du monde HLM, mais aussi

celui de la Fondation Abbé Pierreou des associations de défense deslocataires. Un représentant de laFête des voisins lui offre un tee-shirtdédicacé«AMartine,notrevoi-sine la plus solidaire.» Tout sourire,

elle n’oublie pas Jean-Louis Borloo,avec qui elle a discuté dans l’avion.« Je l’aime bien parce que c’est unhomme fragile et qu’en politique,un homme fragile qui douteparfoisde lui, c’est quand même un bonpoint», commence Martine Aubry.«Mais je lui en veux beaucoup, car ils’est tu à des moments où il n’auraitjamais dû se taire, ajoute l’ancien-ne patronne du PS. On ne peut passe présenter comme humaniste

quand on a accepté la réforme del’impôt sur le revenu, le bouclier fis-cal, la casse des services publics.»

A cinq mètres l’un de l’autre, leprésident du Parti radical et la can-didate socialiste font semblant dene pas se voir. « J’avais en tête devenir faire un petit tour discrète-ment», feintM.Borloo.Sesproposi-tions en matière de logement ? Ilest en train de les rassembler dansun ouvrage : « Il faut investir massi-vement dans des opérations fonciè-res pour construire 600 000 loge-ments par an [contre 360 000aujourd’hui], mobiliser des terrainspublics et parapublics pour réaliserune opération d’intérêt nationaldans chaque grande métropole.»

Il est près de 13 heures quandMme Aubry se décide à laisser lavedette à François Hollande. Lefavoridessondagesestimeque, surla question du logement, il y a« consensus» entre les candidats àla primaire socialiste. Le hall 1 s’estvidé,pause repas oblige. Au fil de savisite, il signe quelques pétitionscontrel’exclusion,lemal-logemen-

t… avant de filer dans le Lot-et-Garonne pour une visite d’usine etun meeting.

Depuis le matin, Benoist Appa-ru s’est fait discret et tout le mondesemble l’avoir un peu oublié. « Oùest le ministre? », interpelle ThierryRepentin, le président de l’USH, parailleurs sénateur PS de Savoie. ABordeaux, ce jeudi, la page sem-blait déjà s’être tournée. p

Catherine Rollot

Lesprétendants à laprésidentiellecourtisentle monde HLM àBordeauxMartine Aubry et Jean-Louis Borloo ont testé leur popularité, François Hollande a effectuéune visite éclair au congrès et le secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, a été éclipsé

Justice

Affaire Bettencourt: nouvelleenquêtepour abus defaiblesseLe parquet de Bordeaux a chargé, jeudi 29 septembre, les juges d’ins-truction qui instruisent les divers volets de l’affaire Bettencourt d’en-quêter sur les abus de faiblesse dont serait encore victime Liliane Bet-tencourt de la part de son entourage. Dans un communiqué laconi-que, le procureur Claude Laplaud indique que les conclusions du rap-port d’expertise médical de l’héritière de L’Oréal, commandé par lesjuges, « déterminent le ministère public à étendre la saisine des jugesd’instruction à des faits d’abus de faiblesse dont celle-ci pourrait avoirété victime entre le mois de septembre 2006 et le mois de septem-bre 2011 ». Jusqu’à présent, les accusations d’abus de faiblesse portéesdans ce dossier avaient concerné essentiellement le photographe Fran-çois-Marie Banier, ami de longue date de Mme Bettencourt. – (AFP.) p

Trente ans de réclusion pour deux hommesayant enterré vivant un couple d’homosexuelsLa cour d’assises du Cher a condamné Claude Juillet, 55 ans, et Christo-phe Rayé, 39 ans, à trente ans de réclusion criminelle, jeudi 29 septem-bre, pour le meurtre de Luc Amblard et Guy Bordenave, un couple d’ho-mosexuels enterrés vivants en 2009 à La Charité-sur-Loire (Nièvre).

500000 euros d’amende requis contre Canal+dans l’affaire d’espionnage de Bruno GaccioLa procureure a demandé, jeudi 29 septembre, la condamnation deCanal+, en qualité de personne morale, à 500000euros d’amende, esti-mant que «c’est pour le compte et l’intérêt» de la chaîne que les délits d’at-teinte à la vie privée, violation ou recel de violation du secret des corres-pondances et du secret professionnel ont été commis à l’encontre deBruno Gaccio et d’un ex-salarié, Michel Rocher. Elle a requis contre GillesKaehlin, ex-patron de la sécurité, une peine d’un an ferme assortie d’uneamende de 45000 euros et cinq ans de privation des droits civiques.

Confrontés, Dominique Strauss-Kahn et Tristane Banoncampent sur leurs positionsL’ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI), confronté, jeudi29 septembre à Paris, par les policiers, à l’écrivaine Tristane Banon, quidit avoir été victime d’une tentative de viol en 2003, a maintenu sesdénégations. Tristane Banon est également restée sur sa position. Inter-rogée sur TF1, jeudi soir, elle a regretté que, lors de leur confrontation,DSK n’ait, pas « osé [la] regarder ». M. Strauss-Kahn a réagi en affirmantque son accusatrice avait « menti » à propos de la confrontation. – (AFP.)

Karachi : Brice Hortefeux entendu comme témoinBrice Hortefeux devait être entendu, vendredi 30 septembre, commetémoin par la police dans l’enquête ouverte pour violation du secretprofessionnel. Cette audition fait suite à la révélation (Le Monde du24 septembre) de conversations téléphoniques entre Brice Hortefeuxet Thierry Gaubert, l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy mis en examendans l’enquête sur le volet financier de l’affaire de Karachi.

Acinq mètres l’undel’autre, leprésident

duParti radicaletlacandidate socialiste

fontsemblantdene passevoir

Martine Aubry au congrès de l’Union sociale pour l’habitat, à Bordeaux, le 29 septembre. R. DUVIGNAU/REUTERS

110123Samedi 1er octobre 2011

économie

I l n’y a pas eu de miracle ! Laconsommation des ménagess’est stabilisée cet été. Mais elle

est loin d’avoir retrouvé sesniveaux d’avant la crise. Aprèsavoir reculé de 0,2 % en juillet, lesdépenses des ménages en biens,qui représentent la moitié de leurconsommation totale, ont aug-menté d’autant au mois d’août, aannoncé, vendredi 30 septembre,l’Institut national de la statistiqueet des études économiques (Insee).

La légère baisse de juillet s’expli-que principalement par une dimi-nution des achats d’automobiles,imputable au recul du marché del’occasion, et par de moindresachats de biens d’équipement dulogement. A contrario, c’est unereprise des achats de voitures et laprogression des dépenses d’éner-gie qui ont nourri la légère haussede la consommation en août.

« Avec le contre-coup de l’arrêtdela primeà lacasse, rappellel’éco-nomiste Eric Dubois de Insee, laconsommation des ménages enbiens avait reculé de 1,9 % audeuxième trimestre 2011. Depuis,les dépenses d’automobiles ont ces-sé de baisser.»

En l’absence d’évolutions trèsmarquées, sauf peut-être dans lesachats de textile-cuir (– 2,3 % enaoût après la fin des soldes), la sta-bilisation des achats de biens cetétélaisse penserque la consomma-tion totale des ménages va redeve-nir positive. « Elle devrait être enligne avec la reprise d’activité, quireste relativement modérée parrapport à une sortie habituelle derécession», explique M. Dubois.

« Cette stabilisation n’est pasune très bonne nouvelle », analysepoursa partMathieu Planede l’Ob-servatoire français des conjonctu-res économiques (OFCE). « On necompensera pas les pertes dudeuxième trimestre. On a perduune marche d’escalier. En l’absence

de dynamisme, la consommationtotale des ménages devrait resteratone. Nous comptons sur un petit+ 0,1 %.»

Alexandre Mirlicourtois, direc-teurdes études de Xerfi, plus pessi-miste, évoque une « panne de lon-gue durée ». « La consommationdevrait progresser de seulement0,6% en 2011 et en 2012 ». Soit troisfois moins qu’au début des années2000.

Cette « contre-performance »est due, explique-t-il, à des fac-

teurs aussi bien conjoncturels questructurels. Au nombre des pre-miers, l’économiste de Xerfi faitfigurer le chômage, l’inflation, lesmoindres revalorisations salaria-les et le resserrement du crédit.

Les 4,7 millions de demandeursd’emploi inscrits à Pôle emploi,toutes catégories confondues, neconsomment ni autant ni de lamême manière que s’ils avaientun travail, observe M. Mirlicour-tois. Et chez les actifs occupés, lacrainte de perdre son emploi, dans

un pays où le chômage est massif,peut aussi inciter à restreindre lesdépenses.

Taux d’épargne en hausseLeniveau élevédes prix des pro-

duits alimentaires et du carburantn’a rien arrangé, même si la haus-se générale des prix est restée« limitée » après son pic du moisd’août (+ 2,2 %). Les moindres reva-lorisations salariales, les haussesannoncées de la fiscalité (taxationaccrue de l’épargne salariale, taxe

sur les mutuelles…), ainsi que leralentissement des crédits à laconsommation jouent dans lemême sens.

Leséconomistes deCoe-Rexeco-de font une analyse assez proche.« Les ménages ne sont pas en mesu-re d’accélérer sensiblement leursdépenses, sauf à imaginer un francrecul de leur taux d’épargne, asso-ciéà une réductionpérenne du défi-cit public », ont-ils fait observerdans leurs Perspectives économi-ques 2011-2012, présentées le

26 septembre. « Nous ne privilé-gions pas cette hypothèse », ajou-taient-ils, prudents.

Bienleuren apris!Le28septem-bre, l’Insee a annoncé qu’audeuxième trimestre, le tauxd’épargne a bondi de 1,1 point,pour atteindre 17 %, soit le niveauleplus élevédepuis letroisièmetri-mestre 2009, en pleine récession.Ce n’est pas sur la consommationqu’il faudra compter en 2011 et en2012 pour ranimer la croissance. p

Claire Guélaud

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EnhausseHollister – La marque californienne deprêt-à-porter, propriété d’Abercrombie &Fitch,ainauguré, jeudi 29septembre, sa première bou-tique en France dans le centre commercial CarréSénart (Seine-et-Marne). D’autres ouvrirontàVélizy2, Strasbourg et Rouen cet automne.

EnbaisseRIM – L’action du groupe canadien ResearchIn Motion (RIM), fabricant du téléphone multi-fonctions BlackBerry, a chuté de plus de 3 %,jeudi 29 septembre, après l’annonce du départd’un de ses vice-présidents, Tyler Lessard, et desrumeurs d’abandon de sa tablette PlayBook.

Alimentaire

Automobiles

Energie

Juillet 2011

Juillet 2011

Juillet 2011

Août 2011

Août 2011

Août 2011

SOURCE : INSEE

CONSOMMATION MENSUELLEDES MÉNAGES EN BIENSDonnées corrigées des variationssaisonnières, en milliards d’euros

DÉPENSES DE CONSOMMATIONDES MÉNAGESen millards d’euros

14,56

4,65

6,50

14,57

4,69

6,66

41,71

40

41

42

Septembre 2010 Août 2011

Laconsommation des Français reste atoneLeurs dépenses ont baissé de 0,2% en juillet et progressé d’autant en août. Les experts n’anticipent pas de rebond

Les achats sontenbaisse, leprêt-à-porter féminin déprime Moindreprogressiondesdépenses publicitaires

UN ATTERRISSAGE en douceur.C’est ainsi que les publicitairesvoient, pour l’instant, évoluer lemarché français jusqu’à la fin del’année. Même si des signes deralentissement sont perceptibles,il n’y a pas eu de décrochage bru-tal des investissements des annon-ceurs après un été secoué par lacrise financière.

Selon les chiffres publiés parl’IREP et France Pub, vendredi30septembre, les recettes publici-taires des grands médias (presse,télévision, radio, affichage, Inter-net) ont progressé de 2,1 % sur lepremier semestre, à 4,7 milliardsd’euros. Une hausse moins forteque celle enregistrée sur la mêmepériode un an plus tôt (+ 4,6 %).

En 2010, le marché avait rebon-di après le plus fort plongeonjamais enregistré à la suite de lacrise financière qui avait secouél’économie en 2008. « Il y a eu unereconstruction structurelle du mar-ché publicitaire qui a repris peu àpeu de la valeur », estime XavierGuillon, de France Pub (groupeHersant Média).

Le premier semestre 2011 s’ins-crit dans cette dynamique. Lasituation des médias est toutefoiscontrastée. La croissance profited’abord à Internet, dont les reve-nus progressent de 15 %. La télévi-sion voit aussi ses recettes croître(+3,9%), tout comme la presse gra-tuite d’information (+11,3 %). La

tendance reste défavorable pourla presse quotidienne nationale(–5,7 %) et la presse gratuite d’an-nonces (–11 %). L’affichage est sta-ble (0,4 %).

Avec la crise financière de cetété, chacun s’interroge sur la sui-te. France Pub a élaboré deux scé-narios. Dans le premier, dit « derésistance à la crise», le marchéralentirait au second semestre,mais les dépenses des annonceursprogresseraient de 1,4 % sur l’en-semble de l’année. Dans le second,dit « de contagion », elles fléchi-raient de 0,5 %.

«Le scénario de résistance est leplus probable », assure M. Guillon.«L’année va se terminer douce-ment, avec une stabilisation, maispas de coupes brutales. Les indus-triels ne constatent pas de baissede la consommation», affirmeCorinne Pessus, directrice généra-le de l’agence d’achat d’espacespublicitaires Starcom.

Tout en indiquant maintenirses investissements de communi-cation, Loïc Tassel, président deProcter & Gamble France, ditconstater, « depuis trois mois, unléger décrochage, entre un volumede ventes en croissance nulle etune hausse en valeur de 2 % due àl’inflation ». « S’il se poursuivait ceserait inquiétant », dit-il. De cetteévolution dépendra la conjonctu-re publicitaire en 2012. p

Laurence Girard

Lescoursdu jour ( 30/09/11, 09h41 )

En août, après la fin des soldes, les Français ont restreint leurs achats de vêtements. LINUS HOOK/BLOOMBERG/GETTY IMAGES

LES NUAGES s’amoncellent sur letextile-habillement en France.Pour la quatrième année consécuti-ve, les ventes pourraient être enrepli en 2011, pronostique GildasMinvielle, responsable de l’Obser-vatoire économique de l’Institutfrançais de la mode (IFM). Le débutde l’année avait démarré sous debons auspices, avec une orienta-tion positive sur les cinqpremiers

mois (+ 0,4%) grâce à une météofavorable en avril et mai.

Cette embellie aura été de cour-te durée. Le contexte a changé aucours de l’été, avec le renforce-ment de la politique de rigueurdes Etats en Europe et le plus mau-vais chiffre du chômage annoncéen août en France depuisfévrier 2000 (2,75 millions dedemandeurs d’emploi).

La campagne de soldes a égale-ment été décevante et les ventestextile-habillement ont plongé etsont désormais orientées à la bais-se (–1,4% en valeur) pour les septpremiers mois de 2011. En volume– c’est une tendance récente –, lenombre de vêtements venduscontinue de fléchir.

«Manque de visibilit黫 Pour la première fois, nous

sommes confrontés à un réel man-que de visibilité. C’est un phénomè-ne partagé : la consommation estaussi très molle dans les autrespays européens », affirme Fran-çois-Marie Grau, délégué généraladjoint de l’Union française desindustries de l’habillement(UFIH). «Nous ne sommes pas opti-mistes, nous devrions finir moinsbien qu’en 2010 (– 1,8 %) », confir-me Jean-Pierre Mocho, présidentde la fédération française deprêt-à-porter féminin.

Les ventes de prêt-à-porter ontconstamment augmenté de 1945 àla guerre du Golfe. Après un courtrepli, elles étaient reparties à lahausse pendant près de vingtans.«Même si les vêtements ne repré-sentent plus que 4% du budget desménages, contre 6% dans lesannées 1960», assure M.Grau.

Signe encourageant? M. Mochoveut croire que la mode «reste unachat plaisir». Pour preuve, seulsles articles à prix très bas se sontmal vendus au cours des dernierssoldes. «Sans doute parce qu’on entrouve toute l’année », dit-il.

Toutefois, de nombreux fac-teurs contribuent à fragiliser enco-re le secteur du prêt-à-porter. Lahausse des coûts des matières pre-mières a été principalement absor-bée «par les marges des distribu-teurs, qui ont parfois baissé de moi-tié, selon M.Mocho. Au point d’at-taquer les réserves de ces sociétés».

Les phénomènes de spéculationsur les fibres, plus particulière-ment le coton, ont pénalisé la filiè-re. « La demande chinoise est tellequ’il existe des problèmes de dispo-nibilité», selon M.Grau.

A ses yeux, la pénurie devientstructurelle. En 2010, les intempé-ries dans certaines des principaleszones de production (Texas, Pakis-tan) ont déstabilisé les mar-chés.Seule consolation, si le prixdu coton – fibre la plus utiliséedans le textile – augmente, les culti-vateurs en planteront de nouveau,ce qui aura pour effet de calmer unpeu les cours.

Dans une ambiance de polémi-que, créée au cœur de l’été parGreenpeace à propos de la dangero-sité de certains textiles (Le Mondedu 27août), la profession s’unitpour lancer, fin octobre, un évalua-teur de risques en ligne permet-tant à tous les fabricants de déter-miner la conformité à la directiveeuropéenne Reach des substancesutilisées dans chaque modèle devêtement. Un moyen de rassurerles victimes de la mode, sans pourautant résoudre leur problème depouvoir d’achat.p

Nicole Vulser

Euro 1euro 1,3615 dollar(achat)Or Once d’or 1 613,00 dollarsPétrole Lightsweet crude 82,21 dollarsTauxd’intérêt France 2,603 (à dix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 1,925 (à dix ans)

12 0123Samedi 1er octobre 2011

économie

Conjoncture

Ladette publique dela Frances’estaccrue de46,5milliards d’eurosaudeuxième trimestreLa dette publique de la France s’est accrue de 46,4 milliards d’euros audeuxième trimestre par rapport à la fin mars pour s’établir à 1 692,7 mil-liards d’euros, soit 86,2 % du produit intérieur brut (PIB), a annoncé l’Ins-titut national de la statistique et des études économiques (Insee), ven-dredi 30septembre. Il s’agit d’une progression de 1,7 point par rapportàla fin du premier trimestre. L’augmentation de la dette publique obser-vée au deuxième trimestre résulte de la hausse de la dette de l’Etat, quia grimpé de 52,6 milliards d’euros. A l’inverse, les administrations publi-ques locales et de sécurité sociale se sont désendettées. – (AFP.) p

Le PIB des Etats-Unis est révisé en légère hausseL’activité économique a accéléré aux Etats-Unis au deuxième trimestre,même si la croissance est restée faible, selon les données publiées, jeudi29 septembre, par le département du commerce. Le PIB a progressé de1,3 % en rythme annualisé par rapport au premier trimestre, soit0,3point de mieux que l’estimation publiée fin août. Le moteur de l’éco-nomie a été l’investissement privé hors logement, qui a apporté prèsd’un point de croissance. – (AFP, Reuters.)

Consommation Les ventes de détail en Allemagneont chuté en aoûtLes ventes de détail ont chuté outre-Rhin de 2,9 % sur un mois en août,selon un chiffre provisoire publié, vendredi 30septembre, par l’Officefédéral des statistiques. Le chiffre est plus mauvais qu’attendu. – (AFP.)

Energie Bruxelles va poursuivre certains paysLe commissaire européen à l’énergie, Günther Oettinger, a annoncé jeu-di 29 septembre, l’ouverture d’une procédure d’infraction contre dix-huit pays – dont la France – qui n’ont pas transposé dans leur droitnational toutes les directives de l’Union sur l’électricité et le gaz.

New YorkCorrespondant

P lus grande banque d’affairesau monde, Goldman Sachs(GS) a récemment réduit la

taille des gobelets de la cafétéria deson siège social de 34 à 28 centili-tres. En ces temps de disette, il n’yapas de petites économies. La clôtu-re des comptes du troisième tri-mestre devait avoir lieu vendredi30 septembre et GS devrait vrai-semblablementannoncer une per-te nette lors de la publication descomptes, le 17 octobre.

Pour la plupart des analystes,sauf improbable surprise, les jeuxsont faits. Ce serait son premierbilan négatif depuis le dernier tri-mestre 2008 (2,1 milliards de dol-lars de perte, soit 1,6 milliard d’eu-ros), juste après le déclenchementde la crise financière. L’année2008 avait été son unique exercicedéficitaire depuis l’introductionen Bourse, en 1999.

Cetété,Goldman Sachsaannon-cé une réduction de ses coûts opé-rationnels de 1,2 milliard de dol-lars et une contraction d’effectifsde 1 000 personnes (sur 30 000)d’ici à la mi-2012. La firme pourrait

porter ses coupes à 1,45 milliard,supprimer encore plus de postes,rogner les rémunérations, réduireles frais professionnels et la partvariable des salaires (primes, com-missions, etc.).

Le cas de Goldman jette unelumière crue sur les difficultés desbanques américaines, confron-tées à un « environnement finan-cier qui se détériore clairement »,comme l’a écrit Andrew Tilton,l’un des économistes phares decette banque, dans une récentenote de conjoncture.

Les marchés sont tendancielle-ment en baisse. EFPR Global, unebanque de données financières, acalculé, par exemple, que, sur lapériode de juin à août, 1 992 mil-liards de dollars avaient été retirésdes fonds en actions par les inves-tisseurs internationaux, qui mani-festent leur défiance croissanteenvers les produits de long terme.Le volume d’affaires ralentit : lesfusions-acquisitions, en particu-lier, sont retombées après dessignes de reprise il y a un an.

Enfin, les conséquences judi-ciaires de l’explosion de la bullefinancière sont loin d’être termi-nées. Les deux « supermarchés »bancaires, Citigroup et Bank ofAmerica (BoA), y sont particulière-ment exposés. La structure de lapremière est jugée incohérente. Laseconde garde le plus haut niveaud’exposition aux titres de dettetoxiques.

Exemples récents : Citigroupest poursuivie pour « fraude » parIKB Deutsche Industriebank pour4,2millionsde dollars sur une tran-

saction de titres hypothécairespourris.

Jeudi 29 septembre, BoA aaccepté de dédommager le syndicde faillite de Lehman Brothers de356 millions de dollars pour lemême motif. A un niveau propre-ment gigantesque : dans uneplainte en nom collectif, un grou-pe d’actionnaires importants deBoA, emmené par la caisse deretraite des fonctionnaires del’Ohio, lui réclame… 50 milliardsde dollars !

Motif : ses dirigeants connais-saient la réalité des pertes sur lesproduits dérivés de la banque d’af-faires en faillite Merrill Lynch lors-qu’ils l’ont acquise le 1er janvier2009. Mais ils la leur ont cachée et,deux semaines après le rachat, ilsannonçaient que ces pertes attei-gnaient 15,31 milliards de dollars.

Depuis, la capitalisation de BoAa perdu 50 milliards de dollars. Sises dirigeants ont menti par omis-

sion aux actionnaires, l’affairepourrait signer leur perte, et cellede la banque.

Déjà, des experts financiersdemandent de « démembrer » cesdeux mastodontes embourbésque sont Citigroup et BoA, dont lesactions ont respectivement chutéde 16,5 % et 24,6 % depuis un mois.

En attendant, toutes les ban-ques prennent des mesures pré-ventives. JP Morgan Chase entendrogner 3 000 postes, Barclays éga-lement.BoAsouhaite couper 5 mil-liards de dollars par an sur sesdépenses de fonctionnement et seséparer de 30000 salariés.

Parallèlement, les banquesveulent aller chercher de nouvel-les recettes. BoA a annoncé, jeudi,une commission mensuelle de5dollars dès l’an prochain sur l’uti-lisation des cartes de crédit de sesdéposants sur leurs comptescourants. p

Sylvain Cypel

CréditPhoto:DigitalVision/gettyimagesFNMF-OrganismerégiparleCodedelamutualité-RNM304426240

June,TwentyFirst

“Un impôt sur notre santé ?C’est non !”Non à la dégradation de l’accès aux soins.

Le gouvernement a décidé de doubler la taxe sur les contrats santé solidaireset responsables ! Les mutuelles sont des organismes à but non lucratif.Elles ne versent pas de dividendes à des actionnaires.Taxer les mutuelles, c’est créer un nouvel impôt sur la santé.

C’est dangereux : de plus en plus de nos concitoyens renoncent aux soinspour des raisons financières.

C’est injuste : avoir une mutuelle est aujourd’hui essentiel pour chaque foyer.

Bénéficier d’une mutuelle n’est ni un privilège, ni un signe extérieur de richesse.

Votre santé mérite mieux qu’une taxe,la santé doit être au cœur du débat électoral de 2012 !Contactez votre mutuelle et rejoignez nous sur www.mutualite.fr/petitionpour signer la pétition contre l’impôt sur votre santé.

sur www.mutualite.fr/petition

Lesconséquencesjudiciaires

del’explosiondela bulle financière

sontloind’être terminées

RomeCorrespondant

C ’est un peu comme à Drouotavant une vente aux enchè-res. Sauf que là, il n’y a rien à

voir, seulement à écouter – pour lemoment. Jeudi 29 septembre, leministrede l’économie, GiulioTre-monti, a réuni un parterre de plusde 150 investisseurs, dirigeants desociétés immobilières et représen-tants de banques italiennes etétrangères pour leur faire miroiterce qui sera mis plus tard dans lavitrine,donnant ainsi le coup d’en-voi d’une grande opération de ces-sion de son patrimoine public.

«Une grande réforme structurel-le pour la réduction de la dette, lamodernisation et la croissance dupays est lancée aujourd’hui », s’estfélicité M.Tremonti.

L’Italie n’a pas le choix. Deuxplans de rigueur successifs, enjuillet et août (pour un total supé-rieur à 100 milliards d’euros), nesont pas parvenus à redonnerconfiance aux marchés.

La dette (1910milliards d’euros),la faible croissance (+ 0,7% en 2011,+ 0,3 % en 2012) et les incertitudespolitiques ont semé le doute sur lacapacité du pays à conjurer le ris-que d’un défaut.

La note italienne a été abaisséed’un cran lundi 19 septembre parStandards & Poor’s et le coût dufinancement de la dette a encorebondi, jeudi, lors d’une émissionobligataire.

Le patrimoine italien (immobi-lier, participations, concessions,infrastructures) s’élève à 1 815 mil-liards d’euros. Si les sociétés straté-giques (défense, énergie) ne serontpas mises à l’encan, il n’en va pas de

même des milliers de sociétés deservice public contrôlées par lesmunicipalités.

Le gouvernement envisage aus-sidevendreunepartiede sonpatri-moine immobilier, estimé à500 milliards d’euros, estimantpouvoir dégager ainsi rapidementjusqu’à 40milliards d’euros.

L’ensemble de ces mesures per-mettrait de réduire de façon struc-turelle le déficit de 9,8milliards paran.

Nouvelle cure d’austéritéCet inventaire avant liquidation

fait suite aux nombreuses criti-ques émises à l’encontre des deuxplans d’austérité destinés à parve-nir à l’équilibre budgétaire en 2013.

Reposant principalement surune hausse des taxes (impôts etTVA), sur des coupes budgétaires etsur une lutte hypothétique contrel’évasionet la fraudefiscales, ilaétésévèrement jugé par la Confindus-tria. L’équivalent italien du Medeflui reproche l’absence de mesuresen faveur de la croissance. Le syndi-cat patronal s’apprête à lancer unesérie de propositions afin de fairepression sur le gouvernement.

Le Corriere della Sera a publié,jeudi, la lettre, jusque-là secrète,envoyée le 5 août au gouverne-mentitalien par les présidents de laBanque centrale européenne (BCE)et de la banque d’Italie, Jean-ClaudeTrichet et Mario Draghi. Dans cettemissive,quiaconduitRomeàadop-ter en toute hâte une nouvelle cured’austérité, les signataires insis-taient, dès les premières lignes, surla nécessité de « privatisations àgrande échelle». Le gouvernements’est exécuté.p

Philippe Ridet

L’Italieengagelavented’unepartiedesactifspublicspourréduiresadetteRome compte diminuer le déficit budgétairede 9,8 milliards d’euros par an

Déficitaire,Goldman Sachs illustrelemarasmedusecteurbancaireaméricainLa plupart des banques suppriment des emplois et réduisent leurs dépenses de fonctionnement

130123Samedi 1er octobre 2011

économie

BruxellesCorrespondant

L a Belgique figure, selon leRapport sur la stabilité finan-cière mondiale du Fonds

monétaire international (FMI)publiéle 21septembre, dans la listedes pays européens les plus « à ris-que», compte tenu de l’expositionde ses banques à la dette de la Grè-ce et d’autres Etats en difficulté.

L’événement, désagréable pourdes gouvernants qui tentent demettre en place une coalition prèsde 500 jours après les élections, nepouvait être tu. Il n’a toutefois pasagité outre mesure une classe poli-tique toute à ses problèmes et descitoyens résignés. Les uns et lesautres espèrent simplement quecette nouvelle mise en garde hâte-ra la conclusion des débats poli-tico-institutionnels et la mise enplace d’un gouvernement. De quoiapaiser les marchés.

Jusqu’ici, le vide politique et ladette de la Belgique (98 % du pro-duitintérieur brut)étaient lesprin-cipaux points faibles du royaume.Le FMI a ajouté la situation de sesbanques.

Selon son estimation, la crise dela dette souveraine sur le VieuxContinent fait peser depuis 2010sur les banques européennes unrisque de 300 milliards d’euros. Enl’occurrence, l’organisation inter-nationale a listé six pays dont lesystème financier pourrait êtremis à mal par un défaut de paie-ment au sein de la zone euro : laGrèce, l’Italie, l’Irlande, l’Espagne,le Portugal et… la Belgique.

Les banques belges doivent-elles être recapitalisées ? Aucunen’a échoué aux tests de résistanceorganisés en juillet 2011. Et le FMIlui-même leur avait, en avril, déli-vré des bons points : leur capitalestgénéralement élevéetleursper-tes sur prêt sont faibles.

Mais la forte baisse des indicesboursiers ces dernières semainesinquiète. Tout comme la situationde BNP Paribas, maison mère de

l’ex-Fortis Banque. Et c’est pour-quoi le gouvernementfédéral d’af-faires courantes a mandaté la ban-qued’affairessuisseUBS pourscru-ter en profondeur le secteur ban-caire national et reprendre le prin-cipe des stress tests pour mesurersa solidité.

Le cas de Dexia, la banque fran-co-belgedes pouvoirs locaux, sem-ble aujourd’hui le plus délicatcompte tenu du niveau de sonexposition àla dette grecque –offi-ciellement 4,5 milliards d’euros. Laprovision complémentaire quecet établissement devrait consti-tuer s’élèverait à 1,55milliard d’eu-ros. Une menace réelle pour sesfonds propres qui devront peutêtre, dans la foulée, être accrus.

Selon le président de Dexia,Jean-Luc Dehaene, tout scénariode scission entre les branches bel-ge (Dexia Banque Belgique) etfran-çaise (Dexia Crédit local, DCL) estaujourd’hui exclu.

Une négociation semble toute-fois bel et bien engagée, parce queles autorités belges s’inquiètentde voir 30 milliards d’euros glisserde Paris vers Bruxelles pour finan-cer DCL, affirmait, jeudi 29 sep-tembre, le journal Le Soir. Uneséparation, même partielle, seraitbel et bien à l’ordre du jour, aprèsque Dexia a logé une centaine demilliards d’actifs litigieux dansune bad bank.

Le groupe KBC a d’autres soucis.Les agences de notation doutentde sa capacité à rembourser dansles temps – en 2013 – l’aide de 7 mil-liards d’euros que lui ont apportéeles pouvoirs publics. Le groupe,exposé aux créances douteuses enEurope de l’Est et en Irlande, pour-rait être contraint d’effectuer denouvelles provisions. Le bancassu-reur espère,dans l’immédiat, trou-ver des acquéreurs pour ses actifsen Pologne.

ING Belgique, filiale du groupenéerlandais qui a survécu grâceà une aide de 13 milliards d’eurosdu gouvernement des Pays-Bas,a limité les risques vis-à-vis de laGrèce mais est handicapé par desengagements à hauteur de 4,7 mil-liards d’euros en Italie. Sa situa-tion semble toutefois stable.

Comme celle de BNP ParibasFortis. Les synergies nées de lafusionont étébénéfiques àla bran-che belge. Mais il détient encore800millionsd’euros d’actifs expo-sés à la Grèce. p

Jean-Pierre Stroobants

P our calmer les esprits desinvestisseurs échauffésdurant l’été par la crainte

que l’Espagne, dans le collimateurdes marchés, ne fasse appel à l’aidefinancière européenne, le paysamis les bouchées doubles.

Parmi les divers chantiers enga-gés figure celui des caisses d’épar-gne – celles-ci avaient jusqu’auvendredi 30 septembre pour ter-miner leur processus de recapitali-sationouaccepter unenationalisa-tion partielle. Dans la foulée, laBanque d’Espagne publiera lemontant des besoins de son systè-me financier, achevant ainsi unlong processus de consolidationqui a permis de ramener le nom-bre des caisses d’épargne de 47 à 14.Un objectif : rassurer les marchésetles institutionsfinancièresmon-dialessurlasolidité dusecteurban-caire espagnolet, au-delà, surl’éco-nomie du pays.

Cet été, l’Espagne, tout commel’Italie, à qui Standard & Poorsa depuis enlevé son AAA, se sontretrouvées dans une spirale infer-nale, voyant leurs taux d’em-prunts s’envoler. Et ce, bien quel’ampleur de leur endettementsoit sans commune mesure. Unedette de 650 milliards d’eurospour l’Espagne, soit 60 % de sonproduit intérieur brut (PIB) ; et deplus de 1 900 milliards d’eurospour l’Italie (120 % du PIB).

En pleine crise grecque, les mar-chés se sont focalisés sur ces deuxpays, les enjoignant de résoudreau plus vite leurs difficultés. Crois-sance en berne, endettementlourd, banques mal en point…Tous les ingrédients d’un cocktailexplosif étaient réunis.

Mais après avoir été mis dans lemême panier, les deux pays ontpris des trajectoires différentes.L’Italie s’est empêtrée dans ungrand chaos politique, tandis quel’Espagne a mis tout en œuvrepourcontractersesdépensespubli-ques. Au-delà même de ce qu’elleavaitinitialementprévupour com-penser sa faible croissance.

Ainsi, en septembre, le gouver-nement socialiste, présidé par JoséLuis Rodriguez Zapatero, a été l’undes premiers à introduire enurgence la « règle d’or » de l’équili-bre budgétaire dans sa Constitu-tion pour afficher sa détermina-tion à limiter le déficit.

« On constate, mois après mois,une amélioration du déficit public,relève Jesus Castillo, économistechez Natixis. Le plan de consolida-

tion budgétaire apparaît suffisam-ment crédible pour que le paysatteigne son objectif d’un déficit de6% fin 2011 », contre 9,2% en 2010,et 11,3 % en 2009.

Sous pression européenne,Madrid a multiplié les mesures.Ces derniers mois, le marché dutravail a été réformé pour plus deflexibilité et 49 % des aéroportsont été privatisés. Auparavant, en2010, le gouvernement espagnolavait déjà augmenté l’âge de laretraite de 65 à 67 ans, gelé lesretraites et baissé le salaire desfonctionnaires de 5 %.

Lepays amis en placeune « poli-tique assez drastique qui a com-mencéà portersesfruits», juge Céli-ne Antonin, économiste à l’Obser-vatoire français des conjonctureséconomiques (OFCE). Autre fac-teur positif, selon Jesus Castillo :l’évolution du déficit courant –l’ensemble des flux avec le restedu monde. Il est passé de 10,6 % enjuin 2008 (son maximum) à 4,2 %en juin 2011. En se contractant, ilréduit d’autant les besoins definancement extérieurs de l’Espa-gne, à l’image de l’Irlande, qui, elle,a renoué avec les excédents.

Pour autant, l’Espagne n’est pastirée d’affaire. Il reste des pointsnoirs, à commencer par la dettedes collectivités locales qui a aug-menté de 23 % en un an, pour

atteindre, au deuxième trimestre2011, un nouveau record de 133 mil-liards d’euros, soit 12,4 % du PIB.L’agence de notation Fitchad’ailleurs baissé, le 14septembre,la note de cinq communautés decommunes : la Catalogne, la Com-munauté de Valence, l’Andalousie,les Canaries et Murcie.

Pour faire face à leur problèmede dette, les régions se sont enga-gées dans de douloureuses réfor-mes. Les dernières en date concer-nent les Baléares qui ont suppri-mé, mercredi 28 septembre, 92 deleurs 168 entreprises publiques. LaCatalogne de son côté, a réduit sonbudget de 10 %; la Castille-La Man-che, de 20 %…

Des doutes sur le pays persis-tent toutefois sur les marchésfinanciers, notamment à caused’une croissance qui reste atone :au deuxième trimestre, la richessenationale s’est accrue de seule-ment 0,2 %.

Mercredi, d’ailleurs, le gouver-nementespagnol adûreporterl’in-troduction en Bourse de 30 % desloteries nationales. « Les condi-tions adéquates garantissant desrecettes qui reflètent leur valeur nesont pas remplies », explique-t-il,ajoutant que les 7 milliards d’eu-ros attendus de cette privatisationpartielle n’avaient pas été compta-bilisés dans ses prévisions deréduction des déficits. Qui plusest, les taux d’emprunt du pays,après avoir baissé ces dernièressemaines et s’être démarqués deceux accordés à l’Italie, augmen-tent de nouveau, l’écart entre letaux du Bund allemand et le tauxespagnol atteignant 3,21 %.

Lundi, M. Zapatero a soulignéqu’il n’avait pas l’intention deprendrede nouvelles mesures éco-nomiques avant la fin de son man-dat, le 20 novembre, sauf « si celaétait nécessaire ». « Nous sommesdans un contexte européen diffici-le, conséquence de l’incertitude quiplane autour de la Grèce, maisnotre prévision est que la crédibili-té de l’Espagne sur les marchésinternationaux et dans les institu-tions internationales se renforce »,a-t-il déclaré. p

Sandrine Morel(Madrid, correspondance)

et Cécile Prudhomme(avec Cécile De Corbière)

Jusqu’ici, le videpolitiqueet ladettepubliquedupays

étaientlesprincipauxpointsfaiblesduroyaume

Souspression,l’Espagne amultipliélesréformes, mettanttouten œuvrepour

contractersesdépenses publiques

Dans lecollimateur des marchés cetété,l’Espagnebénéficie désormais d’un répitMalgré la persistance de zones d’ombre, M.Zapatero juge l’action de son gouvernement crédible

Les mairiesespagnoles paient… à 300 joursMadridCorrespondance

La Catalogne a annoncé, mercredi28septembre, qu’elle « congèlera»durant deux mois, et faute de liqui-dités, le paiement des subventionsaux hôpitaux, aux résidencespour personnes âgées et aux cen-tres pour handicapés de la région.

Dans le même temps, on appre-nait que Madrid, qui doit 945mil-lions d’euros à ses prestataires deservices, demandait 286millionsd’euros à l’Institut de crédit offi-ciel (ICO), un organe de finance-ment public, afin de payer les fac-tures antérieures au mois d’avril.

Quant à la ville de Parla, en ban-lieue de la capitale espagnole, ellea dû licencier 190 employés muni-cipaux pour faire face à une dettede 80 millions d’euros auprèsd’une entreprise de nettoyage.

Lundi, la Fédération des entre-prises pharmaceutiques espagno-les (FEFE) demandait à l’adminis-tration centrale de prendre encharge d’urgence les impayés desrégions autonomes de Murcie, deCastille-La Manche et des Baléa-res, qui « doivent actuellementprès de 500millions d’euros à quel-

que 2 000 pharmacies », selon Fer-nando Redondo, son président.

Quelques jours plus tôt, c’est laville d’Albacete (Castille-La Man-che), qui faisait les gros titres, victi-me de coupures d’électricité dansdeux gymnases et une bibliothè-que, faute d’avoir payé une factu-re d’un million d’euros à la compa-gnie Iberdrola.

Le laboratoire pharmaceutiqueRoche, qui a coupé l’approvision-nement en médicaments de la Grè-ce, a pour sa part averti l’Espagnequ’elle pourrait subir le mêmesort, alors que les régions autono-mes du pays mettent entre 600 et700 jours, voire 900jours, à réglerleur facture.

«Au total, les impayés des admi-nistrations publiques s’élèventà 43 milliards d’euros et sont entrain de mettre en difficulté lespetites et moyennes entreprises,en particulier celles des secteurs dela construction, de la gestion desdéchets, de la conservation desparcs et jardins, du transport etdes médicaments », prévient Car-los Ruiz, directeur d’économie etinnovation de la Confédérationespagnole de petites et moyennesentreprises (Cepyme).

Bien conscient du problème, legouvernement espagnol a faitvoter en 2010 une loi portant pro-gressivement le délai de paie-ment de l’administration publi-que de 60 jours en 2010 à 30 joursen 2013. En théorie, en 2011, l’admi-nistration publique devrait ainsipayer à 55 jours.

Endettement recordMais la pratique est bien diffé-

rente. « Il s’agit sans doute de la loila moins respectée», s’insurged’ailleurs Lorenzo Amor, prési-dent de la Fédération nationaledes associations de travailleursindépendants (ATA). Selon lui, lesmairies espagnoles paient enmoyenne à 300 jours, les commu-nautés autonomes du paysà150 jours et l’administration cen-trale à 90 jours.

« Ce sont des délais similairesà ceux de la Grèce, et ils sont déjàresponsables de la faillite de prèsde 270 000 travailleurs indépen-dants et de micro-entreprises – demoins de cinq salariés – ces troisdernières années, soit près de700 000 chômeurs de plus. L’ad-ministration publique est deve-nue l’une des principales responsa-

bles de la destruction d’emplois »,poursuit M. Amor.

Confrontées à un endettementrecord de 133 milliards d’euros,soit 12,4 % du produit intérieurbrut, et à un accès au crédit limité,les régions espagnoles paient enpriorité les salaires des fonction-naires et les services essentielstels que l’électricité ou l’eau. Lesfournisseurs et prestataires de ser-vices viennent en dernier.

Quant aux mairies, qui se finan-çaient largement grâce aux taxesliées à la construction, à la ventede terrains municipaux et auximpôts fonciers, tous réduitsàpeau de chagrin avec l’éclate-ment de la bulle immobilière,elles sont souvent au bord dugouffre. Le 13 septembre, le mairedu village de Cacabelos (Castille-et-Leon) a annoncé, en larmes,avoir acheté un billet de loterie desa poche pour sauver le village dela faillite. « Les administrationsont compris que leurs revenusétaient limités et qu’elles devaientprésenter des budgets réalistes. Jus-qu’à présent, elles vivaient large-ment au-dessus de leurs moyens »,conclut M. Ruiz. p

S. M.

LaBelgique, pays«à risque»selonleFMI, auscultesesbanquesLe gouvernement a mandaté UBS pour auditeren profondeur le secteur financier national

Une manifestante proteste contre la politique d’austérité engagée par le gouvernement espagnol,

lors d’un rassemblement d’« indignés », à Barcelone (Catalogne), le 2 septembre. JOSEP LAGO/AFP

14 0123Samedi 1er octobre 2011

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 30/9 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 19,98 28/9

Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 15,56 28/9CM-CIC SELECT.PEA 6,52 28/9CM-CIC MID EUROPE 18,24 28/9CM-CIC TEMPERE C 162,83 28/9CM-CIC DYN.EUROPE 29,17 28/9CM-CIC FRANCE C 26,30 28/9CM-CIC EQUILIBRE C 65,72 28/9CM-CIC DYNAM.INTLE 24,43 28/9CM-CIC OBLI C.T.D 132,74 29/9CM-CIC MID FRANCE 29,89 28/9

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SICAV ET FCP

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3017,26 30/9 -0,34 4169,87 16/2 2693,21 23/9 8,50

ALLEMAGNE DAX Index 5556,70 30/9 -1,47 7600,41 2/5 4965,80 12/9 8,60

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5133,45 30/9 -1,22 6105,77 21/2 4791,01 9/8 8,20

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 11153,98 30/9 1,30 12876,00 2/5 10597,14 22/9 10,70

Nasdaq composite 2480,76 30/9 -0,43 2887,75 2/5 2331,65 9/8 14,80

JAPON Nikkei 225 8700,29 30/9 -0,01 10891,60 17/2 8227,63 15/3 12,80

LES BOURSES DANS LE MONDE 30/9, 9h41

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2011 2011

(Publicité)

VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 20,46 20,57 -0,53 -38,54 36,20 19,21 0,62 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 87,52 87,90 -0,43 -7,52 100,65 80,90 2,35 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 2,29 2,30 -0,61 4,95 4,47 2,06 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 25,36 25,43 -0,24 -29,17 45,32 22,70 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 12,29 12,38 -0,36 -54,27 28,55 10,46 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 10,17 10,29 -1,12 -18,31 16,16 7,88 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 31,54 31,14 1,28 -33,75 59,93 22,72 2,10 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 25,25 25,45 -0,77 -21,70 35,05 20,88 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 25,82 25,92 -0,39 -26,08 43,38 22,55 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 17,26 17,36 -0,60 -35,96 31,98 14,65 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 5,51 5,40 2,00 -42,03 12,92 4,01 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 45,78 46,15 -0,79 -2,63 53,16 41,92 1,30 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 21,30 21,59 -1,34 22,13 25,39 17,55 0,19 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 22,14 22,14 n/d -27,89 32,75 17,89 0,58 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 53,93 54,50 -1,05 11,95 57,72 46,60 0,83 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 12,23 12,31 -0,69 -21,58 16,65 11,12 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 22,74 22,94 -0,87 -15,31 30,05 18,32 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 26,02 26,11 -0,33 -44,53 48,76 22,29 1,00 T FR0000120537L’OREAL ............................ ◗ 72,66 73,57 -1,24 -12,54 91,24 68,83 1,80 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 99,85 103,20 -3,25 -18,89 132,65 97,67 1,40 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 46,06 46,90 -1,78 -14,23 68,54 41,20 1,78 T FR0000121261PERNOD RICARD ............... ◗ 58,89 60,44 -2,56 -16,30 72,78 56,09 0,67 A FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 16,54 16,66 -0,78 -41,80 33,60 15,12 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 100,30 103,80 -3,37 -15,71 132,20 98,30 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 31,92 32,09 -0,55 -18,15 41,84 29,10 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 25,50 26,02 -1,96 -41,37 50,53 23,04 0,30 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 24,00 24,07 -0,27 -9,43 30,50 21,45 0,50 T FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 29,38 29,50 -0,42 -23,70 47,64 26,07 1,15 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 49,16 49,85 -1,38 2,75 56,82 42,85 2,50 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 40,58 40,50 0,20 -27,54 61,83 35,94 3,20 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 20,89 21,08 -0,90 -48,06 52,70 14,31 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 4,95 4,98 -0,64 -36,04 9,73 3,96 0,09 A NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 10,53 10,59 -0,57 -31,88 15,99 10,02 0,65 T FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 61,97 62,49 -0,83 -10,32 78,14 53,63 1,45 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 32,79 32,97 -0,53 -17,30 44,55 29,40 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 134,30 134,60 -0,22 -9,26 162,95 124,05 2,70 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 45,42 45,81 -0,85 -42,21 89,58 45,06 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 11,45 11,39 0,53 -47,65 24,30 9,38 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 32,72 33,12 -1,24 -19,58 45,48 29,49 1,15 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 15,27 15,38 -0,75 -24,43 22,07 14,10 1,40 T FR0000127771

Vendredi 30 septembre 9h30Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

La Poste Les deux tiersdu courrier seront,à terme, livrés en 48heuresLes lettres distribuées sous 48heu-res, affranchies avec le timbre à0,57 euro mis en vente à partir desamedi 1er octobre, représenterontles deux tiers des volumes de cour-rier d’ici 3 à 5 ans, a affirmé le PDGdu groupe, Jean-Paul Bailly, dansLes Echos de vendredi 30 septem-bre. Ce timbre se place entre ceuxà 0,60 euro (pour une lettre de20 grammes délivrée en France àJ + 1) et 0,55 euro (J + 4).

Luxe Hermès acquiert32,5% de Joseph ErardHoldingVia sa filiale La Montre HermèsSA, le groupe Hermès a acquis ven-dredi 30septembre 32,5 % du capi-tal du fabricant suisse de boîtiersde montres, Joseph Erard Holding– un sous-traitant avec qui il tra-vaille depuis 1978. « Ce rapproche-ment permet de consolider notrecapital et d’assurer la pérennité de

notre entreprise familiale, » adéclaré Florence Erard, présidentedu conseil d’administration de cet-te PME suisse de 60 personnes.Hermès détient aussi, depuis2006, 21% de la manufacture demouvements horlogers Vaucher.

Internet Gregory Blattsuccède à Marc Simoncinià la tête de MeeticGregory R. Blatt a été nommé pré-

sident du conseil d’administra-tion du groupe Meetic, en rempla-cement de Marc Simoncini, et Phi-lippe Chainieux devient directeurgénéral a annoncé jeudi 29 sep-tembre Meetic. Greg Blatt, anciendirecteur général du site de ren-contres Match.com, avait rempla-cé le magnat américain BarryDiller, au poste de directeur géné-ral du groupe internet InterActive-Corp (IAC), en 2010. (AFP.)

EnergieL’argentin Nucleoeléctricava lancer sa troisièmecentrale nucléaireLa présidente argentine, CristinaKirchner, a inauguré, mercredi28 septembre, la troisième centra-le nucléaire du pays, qui doitentrer en service dans six à huitmois. Le gouvernement a annon-cé la construction d’une quatriè-me centrale, même si Greenpeaceindique que 70 % de la populationest hostile à l’atome. (AFP.)

SocialDes salariés bloquent uneusine de LyondellBasellà Fos-sur-MerDes salariés de LyondellBasell blo-quaient vendredi 30 septembreune usine du groupe à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), aprèsavoir fait de même sur le sitepétrochimique voisin de Berre-L’Etang en raison du projet de fer-meture de la raffinerie annoncémardi 27septembre. (AFP.)

Marchés

Lavie desentreprisesSocial

Arrêtde la grèvede la faimdesdouze salariéschezLafargeLes douze salariés de Lafarge, en grève de la faim depuis dix jours pourprotester contre la fermeture de leur usine à Frangey (Yonne), ont décidé,jeudi 29 septembre, d’arrêter leur mouvement. « La direction s’est enga-gée à maintenir une activité pour 35 personnes, le temps de trouver unrepreneur», a précisé Sylvain Moreno, délégué CGT. Sur les 74employésdu site, cinq partiront à la retraite et 34 seront reclassés, avec de « grossesmesures d’accompagnement», a indiqué Laurent Carrilero, responsablesyndical CFDT. Les salariés ont bénéficié du soutien de nombreux éluslocaux – le maire de Frangey, Jean-Claude Galaud, ou le président(Nouveau Centre) du conseil général de l’Yonne, André Villiers. p

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

économie & médias

Nokia

V ent de panique sur lesbords des lacs finlandais.Le champion européen du

téléphone mobile, Nokia, aannoncé jeudi 29 septembre unnouveau programme de réduc-tion d’effectifs de 3 500 postes. Leprécédent, au début de l’année,portait sur 4 000 postes. Mieuxvaut pour un groupe industriels’adapter rapidement à son envi-ronnement. Mais modifier sastructure de production tous lessix mois traduit au mieux uneincapacité à anticiper son mar-ché, au pire un manque de visionà moyen terme.

Comble de ces à-coups, l’usinede Cluj en Roumanie va devoir fer-mer d’ici à la fin de 2011, alors quela production y a démarré il y a àpeine trois ans. Le fabricant detéléphones mobiles avait alorsinvesti pour ouvrir et développercette nouvelle usine (1 900 sala-riés) vers laquelle était transféréeune partie de la production de sonsite allemand de Bochum, qu’ils’agissait de fermer pour cause decoûts salariaux trop élevés.

Mais le problème de Nokian’est pas aujourd’hui une affairede coûts salariaux. C’est un pro-blème commercial. S’il parvient àse maintenir numéro un des ven-tes dans le monde en nombre detéléphones mobiles vendus, ilperd du terrain à grande vitesse.Ecrasé dans le haut de gammepar Apple qui est désormais lenuméro un du marché en valeur,il est également attaqué dans les

premiers prix par des fabricantsasiatiques, tel le taïwanais HTC.

Stephen Elop, arrivé il y a toutjuste un an pour redresser le grou-pe, n’avait pas de baguette magi-que. Le premier nom finlandais àdiriger ce fleuron nordique n’adonc pas fait de miracle. Il est entrain de secouer Nokia commejamais, notamment en le raccro-chant aux logiciels pour mobile deMicrosoft, son ancien employeur.

Un pari technologique dontM.Elop ne pourra mesurer la perti-

nence avant 2012 quand arriveraune première gamme de smartpho-nes fonctionnant avec WindowsPhone. En sabrant dans ses investis-sements de recherche et développe-ment, Nokia a mis partiellementson avenir entre les mains deMicrosoft qui n’a pas encore faitses preuves face aux deux grandsécosystèmes qui s’affrontent dansle mobile connecté à Internet: l’i-Phone et le système d’exploitationAndroid, développé par Google.

Nokia sera-t-il encore une gran-de marque de mobile le jour oùWindows Phone décollera, s’ildécolle? Une inconnue qui résu-me le grand écart opéré parM.Elop, un pied sur une baseindustrielle et commerciale qui seréduit, et l’autre sur un avenirencore dans les limbes. p

M. Elop,arrivéilya tout justeun an,

n’avaitpasdebaguette magique

Pertes et profits | Chroniquepar Jean-Baptiste Jacquin

Grand écart

StockholmCorrespondance

L ’annonce, jeudi 29 septem-bre, du licenciement de3500 salariés dans le monde

ébranle à nouveau Nokia, le géantfinlandais de la téléphonie mobile,qui paye cher d’avoir raté le viragedes mobiles « intelligents » face àApple, Samsung, ou Google.

Selon les estimations du cabinetGartner, Nokia détenait 22,8 % dumarché mondial des téléphonesmobiles au deuxième trimestre2011, contre 30,3 % en 2010. La chu-te est plus sensible encore pour lestéléphones intelligents, où la partdes appareils fonctionnant sousSymbian,lesystèmeNokia,esttom-bée en un an de 40,9% à 22,1%.

L’essentiel des suppressionsd’emplois(2200)résulteradelafer-meture de l’usine de Cluj, en Rou-manie. Nokia n’a pas caché qu’ilanalyse le rôle futur des sites deSalo (Finlande), Komarom (Hon-grie) et Reynosa (Mexique). Plusd’informations sont attenduesdurant le premier trimestre 2012.

« Ces mesures sont tristes, maisinévitables pour adapter l’activitéaux exigences futures», a expliquéStephen Elop, le PDG canadien deNokia. « Quand Nokia semble per-dre sur le marché des téléphonesbon marché en Asie, on pourraitpenser qu’il serait d’autant plusimportant de miser sur les télépho-nesintelligentspourlesquelslacom-pétence est en Finlande », critiquePerttiPorokari,présidentdelaFédé-ration des ingénieurs finlandais,inquiet pour le site de Salo.

Nokia cherche à rapprocher lafabrication de ses appareils de sesfournisseurs et marchés-clés afinde faire des économies. Quelque

7 000 postes ont déjà été suppri-més en Finlande depuis ce prin-temps, tous liés à l’abandon pro-gressif de la plate-forme maisonSymbian.

Depuissaprisede fonctions,voi-ci un an, M. Elop a profondémenttransformé la façon de travailler deNokia. Nombre de responsablesont quitté la société, qui souffraitd’une trop grande bureaucratie.

Revenir dans la courseBeaucoup de questions se

posent toutefois quant aux chan-cesdeNokiaderevenirdanslacour-se. L’entreprise a tout misé sur sonmariage avec Microsoft, dontM. Elop a été l’un des dirigeants,entre début 2008 et son arrivéechez Nokia, en septembre2010.

M. Elop a annoncé, en février,que Nokia allait cesser de miser surson système Symbian pour lui pré-férer Windows Mobile, de Micro-soft. Cette annonce a laissé lesexperts sceptiques et s’est traduitepar une baisse de moitié de lavaleur boursière du groupe.

« Je peux promettre que nousdéveloppons des innovations et despropriétés sur lesquelles nousn’avonsencore riendit au marché »,aassuré M.Elop, jeudi. L’objectifestde reprendre la place de numéroundans les téléphones intelligents.Les premiers appareils sous Win-dows sortiront juste avant Noël.

Si le choix de Windows, au détri-ment du concurrent Android deGoogle, a refroidi les analystes endébut d’année, le rachat, cet été, deMotorola Mobility par Google n’estpas forcément une mauvaise nou-velle : Google va concurrencer sespartenaires fabricants de télépho-nes mobiles utilisant Android.p

Olivier Truc

E nannonçant,jeudi29septem-bre,leremplacementde Nico-lasBeytoutàla têtedugroupe

Les Echos par Francis Morel, anciendirecteurgénéralduFigaro,legrou-peLVMH,actionnairedutitre,corri-ge tout d’abord une erreur de cas-ting. Car si Bernard Arnault neconteste pas les qualités d’éditoria-listedeM.Beytout,lePDGdeLVMHconsidère qu’il a échoué à redresserles comptes, qui seront encore endéficit cette année de 5 millionsd’euros, pour un chiffre d’affairesd’une centaine de millions d’euros.M. Beytout est d’ailleurs nommééditorialiste pour l’ensemble destitres du groupe.

« Le profil de l’arrivant[M.Morel] est celui d’un gestionnai-re de presse », confirme un bonconnaisseur du dossier, tandis queM.Beytoutétaitunjournalistedeve-nu manager. »

A la tête du Figaro de 2004 àdébut2011,M.Morelamenélegrou-pe sur la voie de la diversification,en particulier dans le numérique, àcoups d’acquisitions. Le groupe aracheté des sites Internet commeAdenClassifiedspourcompenserladisparition des annonces sur le

papier. Il s’est également diversifiéavec des sites comme La Chaînemétéo,lesiteculturelEveneetceluide vente de billets de spectacles Tic-keTac.

Charte éthiqueCette politique dynamique a été

menée en tandem avec PierreConte, directeur général adjoint dugroupe Le Figaro, qui pourraitd’ailleurs, selon la Lettre de l’Expan-sion, quitter le boulevard Hauss-mann pour prendre la direction del’agence de conseil Aegis MediaFrance.

Silequotidienperdencore4mil-lions d’euros par an, le groupe LeFigaro est bénéficiaire et réalise20% de son chiffre d’affaires sur lenumérique,l’objectifétantd’attein-dre les 50% d’ici trois ans.

Est-ce cette stratégie queM. Arnault souhaite voir mise enœuvre au groupe Les Echos en fai-sant appel à M.Morel? Longtemps,on a prêté au patron du groupe deluxe l’intention de se défaire duquotidien économique aprèsl’échéance de l’élection présiden-tielle de 2012.

Il est vrai que LVMH a payé Les

Echos très cher : 240 millions fin2007. Depuis, le groupe ne cesse deperdre de l’argent, alors qu’il engagnait lorsqu’il était la propriétédu britannique Pearson.

Si Bernard Arnault avait pu êtretentéd’utiliserlequotidiencommeunvecteurd’influence, la rédactionyamisleholà, enimposantau nou-vel actionnaire la création d’unesociété des journalistes (SDJ) etl’adoption d’une charte éthiquedéfinissant « les relations entre lesactionnaires et les journalistes».

Une rumeur veut que le groupeDassault, propriétaire du Figaro,pourrait se porter acquéreur duquotidien économique en 2012. Del’aveu même d’Etienne Mougeotte,directeur de la rédaction du Figaro,son employeur s’est intéressé à unrachat des Echos, au cours de l’été2010, sans finalement donner sui-te.

Cet épisode semble d’ailleursavoir été l’une des raisons du ren-voi de M.Morel par Serge Dassault,en janvier 2011. L’avionneur auraitmal supporté que son directeurgénéral prenne trop d’initiativespersonnelles, en particulier sur cedossier des Echos.

« Si Bernard Arnault voulait trai-ter avec Le Figaro, il n’aurait pasfait appel à Francis Morel, les rela-tions de ce dernier avec Serge Das-sault étant mauvaises », souligneun expert. Paradoxalement, lanomination d’un patron qui a uneimage positive de développeursigne peut-être le retour de LVMHdans la presse.

« Même en redressant les comp-tes, le groupe de luxe ne retrouve-ra jamais l’argent qu’il a investidans Les Echos, constate Jean-Clé-ment Texier, banquier spécialistedes média. Cependant, le journalpeut être une tête de pont pourprendre des initiatives dans lenumérique. »

L’information économique etfinancièreest l’un des raresdomai-nes, avec l’information sportive,pour lesquels les internautes sontprêts à payer en ligne.

En outre, les difficultésde La Tri-bune – qui n’aura plus que 1,2 mil-lions d’euros en caisse en décem-bre et pourrait se trouver en dépôtde bilan la semaine prochaine –pourraient servir les intérêts desEchos. p

Xavier Ternisien

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0123LA BOUTIQUE

Du lundi au vendredi9 h 30 à 18 h

Samedi 10 h à 14 h

L’arrivéede Francis Morel aux «Echos»signele retour de LVMHdans les médiasNicolas Beytout restera éditorialiste au sein du quotidien économique

Nokialicencie,fermeuneusine en Europeetmise sur MicrosoftLes premiers téléphones «intelligents»utilisant Windows Mobile sortiront avant Noël

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CONVERTIBLES POUR COUCHAGE QUOTIDIEN

Le scrutin sénatorial du 25sep-tembreesthistorique:ilconsti-tueunévénementd’ordrepoli-tique et institutionnel dansl’histoire de la Ve République.Toutefois, la rupture n’est pas

tout à fait consommée. Le basculementde la majorité sénatoriale en faveur de lagauche ne s’est pas accompagné d’uneaméliorationde la représentativité de cet-te Assemblée. Au contraire. Le portraittype du sénateur est inchangé. Il présentetoujours les mêmes traits caractéristi-ques : celui d’un homme blanc, âgé deprès de 65 ans et issu des couches socialessupérieures. Les tendances lourdes de lacrise de représentativité de notre classepolitique et la thèse de l’inégalité d’accèsaux fonctions électives sont ainsi confor-téesparcescrutinsénatorialqu’onprésen-te comme révolutionnaire.

Malgré l’existence d’un dispositif dequotas en vue d’assurer une égalité politi-que réelle entre hommes et femmes, leprincipe de la parité n’a pas permis d’opé-rerlarévolution despratiqueset des men-talités. Sur les 170 sièges soumis aux votesdes grands électeurs, seules 49 femmesont été élues lors de ce renouvellementpartiel de la Chambre haute. Ainsi, sur348 sièges, le Sénat ne compte plus que77sénatrices.Leurnombrerecule(troissiè-ges en moins), leur proportion aussi.

En cela, les partis politiques françaissontencoreloindejouerlejeudelaparité,principe qu’ils ont pourtant consacrésouslaformelégislative!Despartispoliti-quesquiperçoiventlaparitépartropcom-me une contrainte juridique, alors qu’ils’agit d’une exigence politique. L’enjeudémocratique n’est pas encore saisi.

Que dire des candidats « issus de ladiversité »… Le Palais du Luxembourgdemeure un palais interdit, à l’exceptionde quelques figures symboliques. Alors

queleSénatseprésentesurleplaninstitu-tionnel comme le garant de l’expressionde la diversité des territoires, il est loin derefléter la réalité de la société. Le dernierscrutin confirme un sentiment désagréa-ble:lefaitd’êtrevisiblementissud’unseg-mentparticulierdelasociétéestunesour-ced’illégitimitéou d’incapacitéàincarnerla représentation nationale.

Le problème n’est pas propre au Sénat.Les femmes représentent à peine 19% desdéputés à l’Assemblée, et c’est parmi ellesque l’on compte la seule personne «issuede la diversité » (George Pau-Langevin).Un symbole aussi fort que l’accueil fait àla candidature de Catherine Tasca àla pré-sidence du Sénat… Les partis politiquessont les premiers responsables de la pré-gnance de ces réflexes conservateurs quiaboutissent à une situation d’« homogé-néité pathologique» de nos Assemblées.

Autoreproduction socialeAvant même que le suffrage ne puisse

s’exprimer, une présélection des candi-dats à la compétition électorale a en gran-de partie tranché l’issue du scrutin. Lesinvestitures et/ou la fixation des listessont déterminantes. La responsabilitédespartis est d’autant plus lourde que, dansles circonscriptions où sont élus 4 séna-teurs et plus (soit 112 sièges), l’élection alieu à la proportionnelle et leur laissedonc une plus grande marge de décision.Or,le déficitde volontarismepolitique estpatent. Les états-majors ont déployé lorsde ce scrutin de véritables stratégies pourcontourner l’« obligation paritaire».

La méritocratie élective est encoreréservée à une fraction de citoyens. L’en-trée au Palais du Luxembourg demeureplus sélective pour certains que pourd’autres. Si l’existence d’une « élite élue »n’est pas en soi critiquable, son caractèrehomogène et monolithique pose problè-me. Les appareils partisans participent àl’autoreproduction sociale. La crise deconfiancedanslapolitiquen’estpasétran-gèreàlacrisedereprésentativitédenoséli-tes élues. Dans ces conditions, sauf à secomplaire dans une forme d’oligarchieinstitutionnalisée, l’alternance en 2012doitrimeravec«diversification»etrenou-vellement du personnel politique. p

Sansalternative parSerguei

CemOzdemirCoprésident

des Verts allemands

Trente milliards d’euros dedéficit en 2010 pour l’assu-rance-maladie ! Le « trou dela Sécu » fait partie du paysa-ge français. Chacun hausseles épaules en se résignant. Il

faut bien qu’il y ait une contrepartie au« meilleur système de santé au monde »,le prix de la santé pour tous… Cette naïve-té confine à l’irresponsabilité car ce défi-cit, au lieu de protéger de l’inégalité del’accès aux soins, y contribue.

Les plus pauvres sont ceux qu’on accu-seralespremiersdefraude,ilssontdefaci-les boucs émissaires, où sont ceux qui nedemandent même pas l’accès à leursdroits (20% des personnes qui ont droit àla CMU ne la demandent pas). Alors queles vrais responsables sont chacun d’en-trenous.Nousavons«droit»àuneambu-lance pour effectuer une radiothérapie à70 km de notre résidence secondaire, àune chimiothérapie à 100 000 eurospour tenter un dernier traitement pluspsychologiquequ’efficace,aurembourse-ment des soins sans limites pour une ten-dinite liée à un jogging excessif.

Droit à… tirer des traites sur des res-sourcesquenousn’avonspasenemprun-tant sur les marchés publics étrangers dequoi combler notre insouciance, uniqueen Europe.

Libre ànousdejeter lesmédicamentsàla poubelle, de demander une ordonnan-ce de précaution avant d’aller au soleil ou

à la montagne, de faire une échographiepourvoirsitoutvabien,defaireuncheck-up de conjuration du futur, de consom-mer des médicaments à service jugéinexistant, remboursés à 15 % pour ne pasdésespérer ceux qui les fabriquent, demaintenir un petit hôpital sans maladespour ne pas faire de peine au maire, libreà nous de danser sur le trou. Simplementnous achetons une certaine forme depaix sociale en empruntant de l’argentque nous ne pourrons pas rembourser.

L’assurance-maladie clame qu’ellen’a pas à juger de l’efficience de ses enga-gements et reste indifférente à l’évalua-tion de ceux-ci. Mais depuis soixante-dix ans, la médecine a changé et conti-nuera de changer. Les attitudes del’après-guerre de construction d’une soli-darité sont désuètes.

Il est bien étrange que l’on continue des’interroger sur telle ou telle niche fiscale,sur l’aménagement de la TVA sur la res-tauration et que l’on ne fasse rien pouradapter les cotisations personnelles deSécurité sociale. Celles-ci devraient êtreindexées sur les revenus réels et non pla-fonnées au nom de je ne sais quel égalita-risme à l’envers qui favorise les plusriches qui consomment d’ailleurs le plus.

La prévention, parent si pauvre de lamédecine française, est de fait réservée àceux qui en ont le moins besoin. Pour-quoi ne pas vouloir être plus rigoureuxsur des usages si laxistes ? L’argentpublic que nous empruntons est tropprécieux pour satisfaire les angoisses oules désirs de chacun. L’affaire du Media-tor nous empêche de voir la réalité dugouffre qui nous attend et personne neviendra essuyer nos larmes de crocodile.L’éthique pour une fois serait bonneconseillère.p

décryptages DÉBATS

Une grave crise tou-che l’Europe. Celafait consensusentrelesEtatsmem-bres de l’UE, un desrares points sur les-

quels ils sont d’accord. Sur les solu-tions à apporter, c’est la valse-hési-tation. Pourtant, plus que jamais, ilfaudrait que les politiques repren-nent la main face aux marchés.

Mais comment y arriver ? Unpoint-clé pour répondre à cettequestion réside sans doute dans lesrelations franco-allemandes. Dansle passé, l’axe franco-allemand ajoué un rôle moteur et décisif dans

nombre de situations de crise. Etaujourd’hui ? Bien sûr, NicolasSarkozy et Angela Merkel multi-plient les sommets au cours des-quelsilsnemanquentpasdes’auto-congratulerdeleurprétenduvolon-tarisme. Mais à y regarder de plusprès, les résultats politiquesconcrets laissent à désirer. Ils nesont pas à la hauteur.

Après le dernier sommet deParis, les deux chefs d’Etat se sontgargarisés de l’installation d’ungouvernement économique pourrenforcerla coordination de la poli-tique économique et financière ausein de la zone euro. Cette mesureétait un premier pas dans la bonnedirection. Un petit pas, certes – leuridée procède en effet d’une logiqueintergouvernementale plutôt quefédérale. La proposition Sarkozy-Merkel opère en effet un déplace-ment de pouvoir des Parlementsnationaux vers les exécutifs.

Or, pour sortir de la crise écono-mique et politique, il nous fautaller vers plus d’intégration euro-péenne. Il est nécessaire de créerunvéritable gouvernement économi-que européen, qui doit être forméauseindelaCommissionetcontrô-lé par les députes européens despaysde lazone euro.Cettenouvelleétape de la construction européen-ne vers une meilleure intégration

politique au niveau européen estnécessaire. Cette crise montrequ’une monnaie commune sansunepolitiqueéconomiquecommu-ne ne fonctionne pas. Je n’ai aucundoute que François Mitterrand etHelmut Kohl auraient comprisquel chemin suivre face à une crisecomme celle qui nous menace.

M.SarkozyetMme Merkelnemar-queront l’histoire ni par leur visionni par leur courage. Même les timi-des avancées qu’ils proposent nesont pas suivies d’effets. Quelquesjours après la proclamation com-mune d’un gouvernement écono-mique, la porte-parole du gouver-nement allemand a expliqué queWirtschaftsregierung, le mot alle-mandpour«gouvernementécono-mique», ne serait qu’une « faute detraduction ». L’idée proposée neserait, en réalité, qu’une forme decoopération renforcée.

Ce recul était une réaction delâcheté d’une chancelière de plusen plus affaiblie face aux récrimi-nations exprimées par les alliés desa coalition conservatrice (la CSU,le parti conservateur de Bavière, leFDP, le parti libéral, et la CDU elle-même). Elle est critiquée dans sonpropre camp et la CSU et le FDP semontrent réticents à mener desactions nécessaires pour aider laGrèce et pour sauver l’euro. Il enrésulte une situation politiqueassez absurde : c’est grâce au sensdes responsabilités de l’opposition– les Verts et les sociaux-démocra-tes – que la chancelière a pu fairevoterleplande sauvetagedela Grè-ce par le Bundestag.

Le moteur franco-allemand estgrippé. Le gouvernement alle-mand n’entretient pas de relationsassez étroites avec la France, notreplus important partenaire politi-queetéconomique.Ilnousfautren-forcer l’intégration européenne, etil est plus que jamais nécessaireque le moteur franco-allemandredémarre. p

LeSénat passe àgauchemais reste trop homogène

Une «règled’or»pour l’assurance-maladie

BélighNabliMaître de conférences en droit public

à l’université Paris-Estet à Sciences Po Paris

Didier SicardPrésident d’honneur du Comitéconsultatif national d’éthique

M.Sarkozy et Mme Merkelnemarqueront l’histoireni parleurvision ni par leur courage

¶Membre

fondateur,

en 2007,

du Conseil

européen

des relations

étrangères,

un think tank

dédié à la

politique

étrangère de l’UE

Lemoteur franco-allemand enpanne

16 0123Samedi 1er octobre 2011

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décryptages ANALYSES

I l y a des sondages qui sont dévastateurs.Selon une enquête réalisée par TNS-Sofres,du 23 au 26septembre, pour Canal+, 72% des

personnes interrogées jugent que les élus et lesdirigeants politiques français sont « plutôt cor-rompus» (7 points de plusqu’en 1992). Ce sonda-ge a été cité par Manuel Valls, lors du deuxièmedébat télévisé, mercredi 28 septembre, entre lessix candidats à la «primaire citoyenne». Le mai-re d’Evry (Essonne) aurait pu aussi rappeler leverdict du dernier baromètre sur la « confianceen politique », réalisé par OpinionWay, du 7 au22décembre 2010, pour le Centre de recherchespolitiques de Sciences Po (Cevipof) : 56 % desFrançais ne font confiance ni à la droite ni à lagauche pour gouverner.

En ces temps de crise financière, sur fondd’une kyrielle d’affaires politico-judiciairesqui ruinent chaque jour un peu plus le créditdes politiques, il est donc urgent de réhabiliterla parole politique. C’est à cette mission que lessix candidats à la primaire des 9 et 16 octobre– Martine Aubry, Jean-Michel Baylet, FrançoisHollande, Arnaud Montebourg, SégolèneRoyal et Manuel Valls – se sont attelés avecsérieux le 28 septembre. Dopés par l’impopula-rité croissante de Nicolas Sarkozy et par la vic-toire de la gauche au Sénat – où pour la premiè-re fois un socialiste, Jean-Pierre Bel, pourraitprésider le Sénat et devenir le deuxième per-sonnage de l’Etat –, ils ont tous mis un tigredans leur moteur de campagne.

Pour réhabiliter la parole politique, tous lescandidats ont soigné leur crédibilité et se sontretrouvés peu ou prou sur la même nécessité de«dire la vérité » : si le Parti socialiste gagne l’élec-tion présidentielle en 2012, ce sera dur. Il faudra«affronteruncontextecommejamais»,amarte-lé M. Hollande, tout en apportant la preuve de« sa capacité à lever une espérance ». « L’effortquedevront faire lesFrançais, arenchériM.Valls,sera aussi important que celui de la France aprèsla seconde guerre mondiale. » Le PS ne prometpas (ou plus) un champ de roses.

Cetteposture commune, beaucoup plus affir-mée que lors du premier débat télévisé, a

conduit les cinq candidats socialistes à dépasserle projet socialiste pour 2012,voire à le mettre decôté, l’aggravation de la crise ayant changé ladonne à partir de laquelle ils l’avaient adopté, àl’unanimité, le 28 mai. Mme Aubry est restée plusfidèle à un projet qu’elle incarnait alors, commepremière secrétaire du PS, mais elle a reconnu lanécessité de «l’enrichir».

Dans ce contexte, chacun a fait entendre sapetite musique, M. Baylet étant à cet égard leplus libre puisqu’en tant que président du Partiradical de gauche il n’est pas lié par le projetsocialiste.Chaquecandidatamarquésadifféren-ce. La confrontation a ainsi donné lieu à quel-queséchangesàfleuretsmouchetés.Pluspugna-ce, Mme Royal a cultivé son image de « présidentedes solutions». Mme Aubry a soigné sa gauche, enproclamant que « la modernité, c’est de changer

le système, pas de le rafistoler ». Et M.Hollandes’est efforcé de consolider sa stature présiden-tielle – et de favori des sondages – en campant,avec son « contrat de génération », critiqué partoussesconcurrents,surlapriorité àla jeunesse.

Atravers cette confrontation, leclivage, tradi-tionnel au sein du PS, entre « étatistes » et réfor-mistes bon teint a resurgi. Mme Royal a prôné un« Etat stratège », selon une formule figurantdans le projet socialiste, entrant dans le capitaldes banques et des « entreprises stratégiques »et « fixant le cap de la révolution écologique ».La présidente de la région Poitou-Charentes aimposé un débat sur l’« interdiction des licencie-

ments boursiers », tout en jugeant « beaucouptrop bureaucratiques » les solutions judiciairespréconisées par Mme Aubry pour contrer lesdélocalisations. M. Montebourg, partisand’une « loi de mise sous tutelle des banques »,n’a pas hésité à mettre en avant ses conniven-ces avec Mme Royal.

En face, M.Valls, piqué au vif par les attaquessur son idée de TVA sociale – « personne n’a lemonopole de la gauche », a-t-il répliqué àM.Montebourg –, s’est positionné en réformistemoderne, hostile aux « idées qui nous font reve-nir en arrière ». Et Mme Aubry et M. Hollande sesonttrèshabilementplacésaucentreenrassem-bleurs,œcuméniques,àl’écoutedeleursconcur-rents. « Je parle au nom de nous tous», a affirméla maire de Lille à propos de la régulation finan-cière. « En mai 2012, a insisté le député et prési-dent du conseil général de Corrèze, nous gouver-nerons tous ensemble.»

Les six candidats ont fait en sorte que leurconfrontation ne vire pas à l’affrontement,qu’un débataniméne se transformepas en foired’empoigne. On a assisté non à une cacophoniemortifèremaisàunepolyphonieoùlesdifféren-ces assumées ne mettaient pas en péril l’harmo-nie d’ensemble. Jeudi 29 septembre, BertrandDelanoë est sorti de sa discrétion pour assurer,surRTL,que Mme Aubry« a degrandes chances degagner». Le maire de Paris s’est dit « assez fier »des six candidats, ne doutant pas «qu’ils serontrassemblés », car on aura besoin d’« utiliser lesqualités et les idées de chacun».

Nul ne peut encore dire si le 28 septembre lespostulants à l’investiture socialiste ont réhabili-té une parole politique si mal en point. Mais ilsont joué la carte de la crédibilité. Et ils ont donnéle sentiment que quel(le) que soit le (la)gagnant(e) de la primaire, ils arriveraient à gou-vernerensemblesilagaucheemportesapremiè-re présidentielle depuis celle de 1988. FrançoisMitterrand parlait alors de « France unie ». Lessocialistes unis en 2012 ? Il ne s’agit encore quede paroles. Le plus dur reste à faire.p

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S i Nicolas Sarkozy parvient àse faire réélire en 2012, il ne ledevra qu’à lui-même. Trois

défaites électorales en cinq ansont creusé la distance entre lui etla droite qu’il avait su souder etgalvaniser en 2007. Municipalesde 2008, régionales de 2010, séna-toriales de 2011, l’addition est saléeet la défiance palpable.

Le craquement se lit à la base,dans la multiplication de candi-dats dissidents aux sénatoriales,que les admonestations présiden-tielles combinées à celles de Fran-çois Fillon et de Jean-FrançoisCopé ont été impuissantes àcontrer. « A moins de les faire tousentrer au gouvernement, il étaitimpossible de les faire renoncer», aadmis le premier ministre, signi-fiant par là la totale impuissancede l’exécutif à faire régner l’ordredans le parti majoritaire. Le cra-quement se lit aussi au sommetde l’UMP, où tout le monde, sauf leprésident, est entré en campagne,mais dans le plus grand désordre,sans que l’on sache si cette débau-che d’énergie sert à meubler 2012ou à prendre date pour 2017.

François Fillon vante chaquejour la rigueur dont Nicolas Sarko-zy récuse pourtant le terme. AlainJuppé défend les quatre E (éduca-tion, emploi, environnement,Europe). La droite populaire courtaprès le Front national, la droitesociale tente de rattraper le centre.L’UMP écartelée ressemble à uncanard sans tête. Et pendant cetemps, de jeunes loups aux dentslongues cultivent leurs réseaux.

Bruno Le Maire, François Baroin,Valérie Pécresse, Nathalie Koscius-ko-Morizet, Laurent Wauquiez,Xavier Bertrand, une pléthored’ambitions pour plus tard.

Le roi est nu, mais il n’est pasencore mort. Car, dans cet étrangeballet de prétendants, il ne s’entrouve aucun pour lui disputer laplace. Alain Juppé qui avait bougéun cil après la défaite aux régiona-les se tient coi. Il est au gouverne-ment, associé au bilan commetous les autres, qui doutent mais

restent enchaînés à celui qui les afait gagner en 2007. « Il n’y a pasd’espace pour la nuit des longs cou-teaux», dit un ministre. NicolasSarkozy n’a plus la confiance deson camp, mais il n’a pas à luttercontre lui. Son sort dépend dedeux choses : de la crise qu’il n’estpas parvenu à dompter, mais quis’annonce si grave qu’elle relègueau rang d’accessoires les autresprocès; de l’évolution du Partisocialiste, dynamisé par la primai-re, mais qui a encore à prouver sacrédibilité tant paraît osée l’idéed’un grand choc fiscal, quand lesprélèvements obligatoires absor-bent déjà plus de 43% de la riches-se nationale. p

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L es égouts débordent. Deux tiers desFrançais croient déjà leurs politiques«plutôt corrompus». On peut souhai-

ter que chacun garde son calme et s’expri-me avec discernement pour ne pas aug-menter la défiance. Mais il faudra bien net-toyer les écuries des affaires, par principe,et pour ne pas laisser le balai à l’extrêmedroite.

Rien ne serait pire que de renforcer lesentiment d’impunité. Dans un pays oùl’on parle beaucoup de sécurité pour luttercontre la petite délinquance et si peu pourlutter contre la délinquance financière.Que des hommes politiques fréquententdes émissaires peu ragoûtants n’est pasillégal. La France vend malheureusementdes armes, ce qui suppose de composeravec des hommes de l’ombre. Est-ce uneraison pour transformer cet affairisme enamitié, au point de passer des vacancesaux frais de ces émissaires ? Terrible ima-ge. Défiance garantie envers des politiquesdéjà soupçonnés de ne pas prendre les bon-nes décisions face à la crise à cause du lob-bying des milieux de l’argent.

Bien sûr, il faut continuer à faire la partdes choses. Entre les soupçons et les faitsétablis. Entre les commissions légales etles rétrocommissions. Entre les billetsvenant de fonds secrets et ceux qu’on vachercher en Suisse. Entre ceux qui ontpeut-être contourné la loi pour financer lacampagne d’Edouard Balladur et ce qui acausé la mort de Français à Karachi.

Le gouvernement le dira, le martèleramême. Il aura raison. Mais ce serait fairesemblant de ne rien comprendre aux rai-sons du malaise. La question n’est pas tantde savoir si le nom du chef de l’Etat est cité,

ou non, dans un dossier. La colère estailleurs. Dans cette manie de concentrertous les pouvoirs. De sembler prêt à toutpour s’en servir et se protéger. Tel unpalais de l’Elysée qui n’a jamais renoncé àla Place Beauvau.

Des services de renseignements fusion-nés et dirigés par des hommes dévoués àNicolas Sarkozy. Un procureur Courroye,surnommé «Courroye-de-transmission»,imposé malgré l’avis défavorable duConseil supérieur de la magistrature. Quin’a rien fait pour faciliter le travail de lajuge Isabelle Prévost-Desprez dans son ins-truction sur l’affaire Bettencourt. Maisautorise le contrôle des fadettes d’un jour-naliste du Monde… Sans parler du nouveaucoup de force pour imposer une procureu-re à Bordeaux, où s’instruit la même affai-re. Ni du coup de fil de Brice Hortefeuxrévélant qu’on suit ces dossiers de près.

Il existe un contre-pouvoir : l’enduran-ce de certains juges d’instruction. On a vou-lu les fragiliser, les entraver, les supprimermême. Ils ont survécu et le font savoir.Tant mieux. Sur leurs épaules repose ledernier fil de confiance qui relie les Fran-çais à leur Etat de droit. Ils ont besoin–nous avons tous besoin – d’être rassurés.

Rassurez-nous Monsieur le président,nous ne sommes ni à Palerme ni à Mos-cou? La France ne serait pas devenue unimmense territoire perdu de la Républi-que? Ou plutôt ne dites rien. Prouvez-nous que la justice peut passer. Que l’Etatde droit est plus fort que les logiques declan et de pouvoir. Réformez le statut duparquet pour garantir son indépendance.Mettez fin à l’inceste qui menotte notreséparation des pouvoirs.p

AnalysePar Michel Noblecourt

Editorialiste

Nicolas Sarkozyn’aplus laconfiance de

soncamp, maisil n’apasà lutter contrelui

Lescandidats àl’investituresocialisteontdonné le

sentiment qu’ilsarriveraientàgouverner ensemble

Politique | Chroniquepar François fressoz

L’homme seul

Sans détour | Chroniquepar caroline Fourest

La République aux mains sales

Une primaire en polyphonie

Rectificatifs&précisions

¶Essayiste etjournaliste ,

rédactrice en chef

de la revue

«ProChoix »,

elle est l’auteure

notamment de

«La Dernière

Utopie »

(Grasset, 2009)

et de « Marine

Le Pen »

avec Fiammetta

Venner

(Grasset,

400p., 20 ¤).

Cameroun Les deux Etats limi-trophes au sud et au sud-est duCameroun sont le Gabon et leCongo et non le Congo et la Répu-blique démocratique du Congo(RDC) comme indiqué par erreur

dans la carte «Langues et ethnies :un pays divisé » (Le Monde daté25-26 septembre dans le cahier«géo&politique »).

Sénat Contrairement à ce que

nous avons fait figurer sur la car-te des résultats des électionssénatoriales publiée dansLe Monde du mardi 27 septembre,la gauche a gagné un siège en Loir-et-Cher.

Facebook contre les ripouxCela faisait bien longtemps que l’on n’avait vu pareille unanimité!Faut-il, comme le préconise l’association Osez le féminisme, supprimerle mot «mademoiselle » du vocabulaire administratif ? Son emploi obli-gerait la femme à exposer une situation qui, somme toute, ne regardequ’elle. Et puis oblige-t-on les hommes à choisir entre « monsieur » et«damoiseau », voire « jeune puceau » ? Foin de ces arguties, le faitmême de poser la question vous hérisse. « Arrêtez le “féminintégris-me”! », suppliez-vous unanimement.Habitués à devoirdésamorcer les conflits les plus explosifs, nous enserions presque désemparés. Et nous ne sommes pas au bout de nos sur-prises : même sur les sujets politiques, cette semaine est celle de l’unionsacrée. Point d’invectives militantes, pas de débats enflammés sur lafinance folle. Le début de la semaine avait bien été marqué par l’alter-nance au Sénat, mais, passées les premières passes d’armes, un pragma-tisme désabusé a vite repris le dessus : « Cela fera-t-il baisser le prix de labaguette ? », « Combien cela rapporterait de supprimer le Sénat? »La voilà, cette union sacrée: un sentiment partagé de méfiance enversla politique et ses institutions et de désillusion cynique que nousavions déjà senti monter, la semaine dernière, au plus fort des « affai-res ». Alors, si l’on ajoute à ces Karachi, Bourgi et Cie la mise en cause deFrançois Pupponi – un socialiste, cette fois, maire de Sarcelles – dansune affaire touchant au banditisme, l’amertume se fait dégoût. « Pan-tins», « ripoux », les qualificatifs fusent et une conclusion s’impose :«Tout ça c’est la même mafia. » Et lorsqu’on vous fait remarquer que cet-te petite musique du « tous pourris » a de forts relents populistes, vousnous rétorquez : « Votre populisme, c’est le peuple qui ne va pas dans lebon sens… celui du poil. » Oui, Mesdemoiselles, du poil. p

Benoît Vitkine

Toutes les chroniques du webmédiateur sur http://rezonances.blog.lemonde.fr/

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Qui aime bien châtie bien, paraît-il. Nos lecteurs doivent nousaimer très fort… Pas moins de148 d’entre eux ont pris leurplume (et leur clavier) cettesemaine pour nous faire part

de leur avis – mitigé – sur la nouvelle offredu Monde du week-end. Ils se sont lâchés.Parfois avec talent. Et sur tous les tons.

Ironique: «Le Figaro existe déjà, ce n’estpas la peine de le réinventer… Mais, bon, lejournal est rentable, c’est l’essentiel. Fêtonscela. Au Fouquet’s?» (Olivier Diebold, Ober-nai). Poétique: «Il faut le dire tout de go: cenouveau magazine “M” n’est pas du toutun magazine comme on l’M…» (Jean-LucHubert, Veneux-les-Sablons). Colérique:«Votre magazine m’insulte à toutes lespages!» (Jeanne Bertrand, «lectrice etactionnaire du Monde»). Economique: «Jetiens à remercier les concepteurs de cenuméro de nous avoir indiqué avec autant

de clarté ce que Le Monde est devenu: uneenseigne pour les grandes marques…»(Jean Beaujouan, Paris).

Emphatique: «Au lieu de courir derrièrele souvenir perdu du “Grand Quotidien duSoir de Référence”, suivez le chemin humblede l’honnêteté. Fuyez la boursouflure, l’em-phase qui finalement prennent le lecteur dehaut» (Philippe Dias, Avignon). Empathi-que: «Bien, la nouvelle formule week-end.(…) Ça a de la main et de la gueule…» (Jac-ques Bouzerand, Paris). Argotique: « Vingtdieux, qu’il est lourd! (…) Mais je crois que jesuis un vieux con et que c’est la raison pourlaquelle la “Merveille” ne m’a pas emballé»(André Levavasseur, Sotteville-lès-Rouen).

Sceptique: «Perdre son âme pour quel-ques dollars/euros de plus et les beaux yeuxde Gucci, Rolex, Bulgari et consorts, quelletristesse!» (Didier Ehretsmann, Asnières).Pragmatique: «Comme toute entreprise,vous devez faire bouillir la marmite… »

(Didier Armenier, Lansargues). Apoplecti-que: «J’ai cru lire Le Figaro Madame ! ! !»(Ray Heim, Saint-Genis-Laval). Dramati-que: «Vous voulez la mort du Monde?»(Martine Nicolas, Nantes). Lunatique: «J’ai20ans et, depuis mes 13ans, j’ai aimé décou-vrir Le Monde 2, puis Le Monde Magazine.(…) Que reste-il aujourd’hui?» (ClémentineSchneidermann, Vevey, en Suisse).

Technique: «Par pitié, je n’ai quetroisheures par jour pour vous lire, alorstrois suppléments supplémentaires… Pen-sez à nos yeux qui vous ont si souvent lu…»(Paul Helms, Barr). Amérique: « Je suggèreun article en anglais par numéro (commeau temps du New York Times), des car-toons humoristiques comme ceux du NewYorker, une fiction, une petite nouvelle oude la poésie inédite…» (Jacques D’Anglejan,Versailles).

Nostalgique: « Lectrice du Mondedepuis Hubert Beuve-Méry, j’ai adopté tou-tes les modifications, pas toujours opportu-nes, apportées à ce journal» (Simone Tel-lier, Clermont-Ferrand). Politique: « CeMonde “bling-bling” est probablementcelui de vos nouveaux actionnaires, mais jecrains pour vous qu’il ne soit pas celui de lamajorité de votre lectorat» (Patrice Dumou-chel, Chantilly). Antique: «Quo vadis LeMonde? » (Pascal Pempie, Buthiers).

«Ah! Non! C’est un peu court, jeunehomme!» Sans se prendre pour le Cyranod’Edmond Rostand, notre directeur, ErikIzraelewicz, répond ainsi aux critiquesexprimées: «Relativisons. Tous les change-ments de formule suscitent des réactions de

lecteurs bousculés dans leurs habitudes,dans leur rendez-vous avec leur journal…Nous avons accru l’offre éditoriale de façonspectaculaire. Beaucoup de lecteurs se plai-gnaient de la perte de substance du Monde,ils ne peuvent pas dire qu’on ne les a pasécoutés!»

C ertes, mais les critiques sont particu-lièrement sévères à l’encontre deMle magazine du Monde. «Bobo et

bling-bling», tranche Georges Peyrard, àBourg-en-Bresse (Ain). «Glacé, glaçant»,pour Jean-Pierre Le Quentrec, de Bouin(Vendée). «50pages sur 130 de publicité surpapier glacé pour des objets de luxe desti-nés aux gens friqués! Trop, c’est trop!», s’ex-clame Paul-Emile Perrin, de Francheville(Rhône). Le Monde serait-il en train de tra-hir ses valeurs? Le débat n’est pas nou-veau. Un ancien nous rappelle ce quedisait Hubert Beuve-Méry: «Les moyensde vivre ne doivent pas l’emporter sur lesraisons de vivre.»

«J’assume sans états d’âme l’objectifd’accroître nos recettes, affirme Erik Izrae-lewicz. Le Monde n’a pas, sur le marchépublicitaire, le poids correspondant à sapart de marché sur le lectorat. Notre nouvel-le offre illustre notre choix d’une presse dequalité, indépendante, qui n’est viable quesi nous avons des recettes économiquesimportantes et équilibrées entre lecteurs etannonceurs.» Fermez le ban. Avis, donc, àla population des lecteurs et des annon-ceurs: Le Monde change!

« Je sais qu’on s’adresse à des lecteurs

publiphobes et même “modophobes”.C’est une spécialité très française, estimeMarie-Pierre Lannelongue, la rédactriceen chef du nouveau magazine. Je peuxcomprendre cela de la part des lecteurs duMonde. Mais cela ne doit pas occulter lefait qu’il y a de vrais articles dans M, faitspar de vrais journalistes, ceux du Mondeen l’occurrence. »

Côté chiffres, «le journal daté samedi,qui proposait pour la première fois nostrois nouveaux cahiers et M le magazine duMonde, enregistrerait des ventes en progres-sion de plus de 20%», se félicitait dès lundi26septembre Louis Dreyfus, le présidentdu directoire, dans un mail interne. Touten prenant soin de préciser que «ce résul-tat mérite d’être confirmé au cours des pro-chaines semaines».

Et les lecteurs, dans tout ça? D’aucunsredoutent que le nouveau Monde ne laisseen rade ceux de l’ancien. «Dans ce mondeinteractif qui donne la possibilité à la rédac-tion parisienne de délocaliser la rédaction,ne serait-il pas intéressant de nous donnerplus d’espace, dans le respect de la charteéditoriale bien entendu?», nous interpellel’un de nos graphomanes les plus fidèles,Igor Deperraz (Paris).

Vous ne croyez pas si bien dire, cher lec-teur. Le courrier des lecteurs ne disparaîtpas, il se numérise lui aussi. Un blog va êtrecréé dès cette semaine sur Lemonde.fr :«Le Monde des lecteurs ». Le médiateurvous y attend. A vos plumes! p

[email protected]

Politique

PouvoiretvertuLes vagues de scandales, crapuleux ou de mœurs, qui déferlent depuisquelques mois dans les sphères de la politique, n’ont, à la vérité, rien denouveau. Certes, «la République est un régime populaire fondé sur la ver-tu» écrivait, il y aura bientôt trois siècles, Montesquieu, mais noussavions bien que la réalité est souvent moins cristalline que les principes.Nous devons le déplorer. Il faut s’en accommoder!Pourtant, un pic semble atteint ces dernières semaines! L’avènement dela République «irréprochable » qui nous était promise par la plus hauteautorité de l’Etat semble bien compromis. Sans doute ne s’agissait-il qued’un «engagement» parmi d’autres. On pouvait néanmoins penser quecompromission et corruption n’étaient pas à ce point enkystées et rami-fiées dans les cercles proches du pouvoir, que les denses réseaux deconseillers étaient aussi au service de la nation et du pays, qu’ils ne seconsacraient pas seulement à entretenir les feux partisans et à fairebouillir les marmites. Il faut déchanter! Mise au jour, la réalité est aussiinquiétante que cruelle. Elle est d’autant plus inquiétante que ces turpitu-des enrichissent avec une belle constance le terreau fertile sur lequel s’épa-nouissent les idéologies antidémocratiques et les populismes réducteurs.Il suffit à leurs partisans d’attendre, d’observer, de dénoncer. Bref, d’ap-puyer où ça fait mal, de persifler, puis de se proposer pour nettoyerles écu-ries d’Augias! Lorsque l’on découvre en effet à quel point nos élites pren-nent leur aise avec la loi ordinaire et la morale commune, on ne peut quecraindre que se réalise l’aphorisme d’Hannah Arendt: «Les Républiquesmeurent du rire et du mépris des peuples pour leurs dirigeants.»

Bernard Duquesnoy, Donneville (Haute-Garonne)

décryptages DIALOGUES

CourrierEducationArrêtez de tirersur l’ambulance!Quand finira-t-on de considérerl’école comme un asile dont lamission serait d’abriter les problè-mes de société ? De « la prisonpour mineurs récidivistes» au col-lège, pourquoi le professeur neserait-il pas ce « maton » idéal,capable de se substituer auxparents défaillants et à une socié-té de plus en plus inégalitaire ? Aoublier que l’enseignant s’adres-se d’abord à une classe et ne peutà la fois enseigner collectivementet dans le même temps remédierindividuellement ; à vouloir leretenir à temps plein dans deslieux où il n’est pas prévu qu’ilpuisse travailler ; à dénaturer samission en le transformant enassistant social, on passe par per-tes et fracas le temps nécessaire àla préparation des cours et auxcorrections de copie ! Faut-il queles professeurs continuent tou-jours plus à jouer « les supe-rhéros », travailleurs supposésinfatigables diurnes et demainnocturnes, tout en restant en pre-mière ligne des problèmes desociété ?Les femmes et hommes politi-ques feraient bien de réfléchirdeux minutes avant de clamerhaut et fort leurs projets de réfor-mes qui prolifèrent comme desirruptions cutanées. Au momentoù les comparaisons européen-nes montrent que les profes-seurs, en France, sont payés aminima (33 % de moins que leursvoisins allemands, par exemple)et que leurs salaires sont geléspour la deuxième année consécu-tive, il ne faudrait pas avoir le ver-be plus haut que ses ressourcesfinancières et avoir la modestiede ne pas reporter sur l’école desproblèmes qui n’ont vraimentrien de scolaire.

Valérie Prévost

Paris

ExpressionDéfense et illustrationBravo à M. Régnier qui, dans soncourrier « Une nouvelle époque »(Le Monde du 29 septembre), ditson fait au maire d’Angers qui acru bon de choisir comme « mar-que de territoire » l’appellationanglaise de « Loire Valley ». Quelautre grand pays de culture serenierait ainsi ? Notre Val de Loire,propriété sentimentale de tousles Français, n’est-il pas justementle berceau de notre langue com-mune, et tout particulièrementde ces « jeunes hommes en colère »qui, autour de Ronsard, Du Bellayet quelques autres, s’étaient, auXVIe siècle, levés pour la « défen-dre et illustrer » contre l’hégémo-nisme à la mode d’alors (celui del’italien en l’occurrence). Com-ment les édiles angevins, compa-

triotes aussi de Rabelais, peuvent-ils les renier ainsi et nous faire simal? C’est ridicule, blessant,contre-productif, propre à nousridiculiser à l’étranger, nul.

Jean Hourcade, L’Etang-la-Ville

(Yvelines)

PolitiqueClairvoyanceL’article de Françoise Fressoz«Bruit de bottes » (Le Monde du24 septembre) confirme qu’il y aaujourd’hui, parmi les élites politi-ques et culturelles françaises,beaucoup de « patriotes », de géo-politiciens va-t-en-guerre et destratèges en chambre. Cela appel-le, à mon sens, une question: com-bien d’entre eux ont seulementconsenti à effectuer leur servicemilitaire, quand l’occasion leur ena été offerte ? En effectuant lemien, au début des années 1970,j’ai pu mesurer à quel pointétaient naïves et simplistes lesidées que j’avais auparavant surla vie militaire, l’organisation et lefonctionnement des armées,leurs missions, etc. A ma trèsmodeste place, j’étais encore trèsloin de pouvoir apprécier toute lacomplexité et toute la difficultédes opérations militaires mais aumoins ai-je pu commencer à lesdeviner. Je doute que tous nos«décideurs », conseillers et autresprétendus responsables qui n’ontjamais endossé l’uniforme aientacquis le même début de clair-voyance.

Jean-Claude Larrat

Paris

SantéDéficitL’augmentation du déficit de laSécurité sociale doit probable-ment empêcher de dormir denombreux responsables politi-ques aujourd’hui. Je me permetsde leur proposer une façon simplede le diminuer en facilitant l’adop-tion des génériques par les Fran-çais. Ayant 75 ans, je commence àprendre chaque jour des généri-ques que mon pharmacien mepropose mais que mon médecinne me propose pas. Le pharma-cien marque donc sur les boîtesde génériques le nom du médica-ment préconisé, mais parfois passur toutes les boîtes. Il m’arrivedonc de temps en temps d’avoirquelques difficultés lorsque jerecherche un médicament. Je pen-se que ces difficultés disparaî-traient si les fabricants de généri-ques imprimaient sur leurs boîtesle nom du médicament initial ; cene serait d’ailleurs qu’une recon-naissance envers le laboratoirequi a mis au point le médicament.Ainsi, le laboratoire à l’origine dumédicament profiterait de cettepublicité, les laboratoires qui fabri-quent les génériques verraientleur chiffre d’affaires augmenter,

et la Sécurité sociale verrait dimi-nuer ses remboursements.

Bernard Combe

Vincennes (Val-de-Marne)

Théâtre«Bérénice»?Comment est-il possible que leshéritiers de l’Hôtel de Bourgogneaient à ce point oublié que la tragé-die classique était du grand opéra,et que le vers tragique était unchant? Que cette langue si relevée,dite sur le ton de la conversation,devenait inintelligible? Que desconfidences susurrées, dos aupublic, à une colonne, fût-elle defaux marbre, étaient inaudibles? Al’heure où l’art lyrique baroque estrestauré dans toute sa grandeursur toutes les scènes de France,comment est-il possible que la tra-gédie, qui est au cœur de tout langa-ge et de toute culture, soit à cepoint perdue chez nous, mêmechez ceux qui ont pour mission dela transmettre et de la faire vivre?Le vendredi 23septembre au Fran-çais, ce n’était que Racine, expédiéen deux heures, comme si on enavait honte et parce qu’il faut biense conformer aux statuts de laComédie Française – et pourgagner ses subventions. C’était lapremière d’une nouvelle mise enscène de Bérénice, sans doute leplus beau poème tragique fran-çais: dans l’histoire de l’âme fran-çaise l’événement aurait dû êtreconsidérable. Mais non, c’était unsoir de routine, où les alexandrins

de 11, 13 ou 14 pieds pleuvaient dru,où les trous de mémoire béaient.Le public a, quand le rideau est tom-bé, applaudi, comme pour se rassu-rer. Aurait-on applaudi un concer-to de Mozart où le pianiste auraitjoué à contre-tempo et à contre-sty-le, accumulé les fausses notes etmanqué la moitié d’une cadence?Applaudirait-on au Japon un Nôdit sur le ton et au rythme du boule-vard intimiste? Comment la Fran-ce a-t-elle pu perdre à ce point lamémoire du grand rituel poétiquequi est au cœur de son génie? Laqualité des ressortissants de Com-magène, Antiochus avec son justeinstinct d’acteur, Arsace par sonsolide métier, n’ont pas pu sauverRome du désastre, où flottait l’om-bre morte d’une Bérénice sensible,mais égarée dans cette mise en scè-ne absurde, où le corps même dupoème, le langage, était perdu. Et lamise en scène était due à l’héritiè-re, en ligne directe, de Molière.L’âme française serait-elle à cepoint malade? Ou déjà morte?Et si une résurrection était encorepossible? Après tout, qui auraitcru, il y a seulement quarante ans,à la résurrection de Lully, avantl’Atys de Christie et de Villégier?On ne saurait trop conseiller auThéâtre français, pour restaurer latragédie classique, de regarder unpeu ce qui se passe à l’Opéra Gar-nier, à l’Opéra-Comique ou au Théâ-tre des Champs-Elysées.

Jean-Pierre Darmon

Paris

MédiateurPascal Galinier

18 0123Samedi 1er octobre 2011

culture

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XIIeXVe

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XeIXeIXIIIXXe

VeIVIVIVIVeVe

MONTMARTRE

AUTOURDE L’HÔTELDE VILLE

NOUVELLE-ATHÈNES

DEBATIGNOLLESÀ PIGALLE

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Le programme à Paris

Fabrice Hyber, « Arrghh, Boïng, ... ZZZZZ »Square des Batignoles, place Charles-Fillion, 17e

Pierre Ardouvin, « Purple Rain »Hôtel d'Albret, 31, rue des Francs-Bourgeois, 4e

Miroslaw Balka, « Heaven »Musée d'art et d'histoire du judaïsme,71, rue du Temple, 3e

Hanté par le souvenir de l’occupation nazie,l’artiste polonais bouleverse la cour decet hôtel particulier en y installant Heaven,des tubes de Plexiglas en guise de lumineuxplafond. Un paradoxal paradis,dont le visiteur s’échappe pour découvrir,dans la courette attenante, une vidéomontrant des daims affolés dans un paysageenneigé, clos de barbelés. Glaçant.

En 2004, sur de nostalgiques airs de pop,Ardouvin avait fait danser les badauds deNuit blanche sous la neige. C’est désormaisla giboulée qui tombe sur son œuvre :inspirée par le chanteur Prince, une « pluiemauve » assaille un plateau de tournage surlequel on vient se promener, parapluie enmain. Le tout en musique, comme toujourschez ce plasticien français qui sait si bienjouer de nos mélodies collectives.

Il a un visage d’ange et de démon : tout pourplaire au plasticien Douglas Gordon, qui raffoledes doubles, duels et duos. Henry Hopper, filsde Dennis et héros du dernier film de Gus VanSant, est au cœur de la toute dernièreinstallation vidéo du fameux plasticienécossais. Le coauteur avec Philippe Parrenodu film Zidane, un portrait du XXIe siècle,s’est trouvé la muse idéale en ce jeune acteur.Il filme son corps gracile presque nu, en proieaux émotions les plus extrêmes, saisi dansdes transes contradictoires. Beauté du diable.

Cette jeune artiste américano-suisse réveilleavec humour le fantôme des Trois Baudets :avant d’être converti en salle de spectaclesconsacrée à la chanson, ce fameux cabaret dePigalle accueillait les danses les plus lascives.Désireuse d’interroger la question de genre etla construction de l’identité féminine,la vidéaste a choisi d’y présenter un court filmoù l’on voit un panda en peluche exécuter desuggestifs mouvements autour d’une barre depole dance. Erotique ? Pas vraiment. Maiscertainement hilarant.

Dans la vitrine de cet hôtel réputé sexy,une vidéo montre l’artiste japonaisedéguisée en mariée en quête d’un époux,essayant de persuader de ses talents depeintre. En parallèle, elle réaliseune performance en hommage àsa concitoyenne Yayoi Kusama : allongéesur un lit couvert de gerberas, elle prendla pose et se laisse submerger parles sentiments. Un déconcertant bed-in,pour tenter de retrouver une paixintérieure.

INFOGRAPHIE : LE MONDE

Ils danseront toute la nuit. Professionnelset amateurs, ils se laisseront prendre parl’ivresse du tango, du rock ou du frenchcancan. Pourtant, aucune musique.Les danseurs ont juste un casque audiosur les oreilles pour guider leurs pas.L’artiste allemande propose ainsi un drôlede petit bal perdu, où se mêlentd’éclectiques mélodies en sous-sol.Au fil de la nuit, le public est invité àparticiper à la performance collective,jalonnée de cours de rock, hip-hop oudanse orientale.

Il suffit parfois d’un rien : une bandemagnétique, quelques ventilateurs. Grâce àces deux objets si quotidiens, l’artistelituanien a fait le tour du monde des musées.Portée par le vent artificiel, la bande s’animedans les airs de zigzags et de circonvolutions.Un instant de grâce, qui devrait saisir la nefde l’église de sa poésie minimale.

La Sonate au clair de lune s’est offertun voyage sur sa planète mère. Envoyé encode morse vers la surface de notresatellite, le morceau de Beethoven en estrevenu tout émoustillé : il a perduquelques notes au passage, s’est vuaffligée d’un son granuleux et de pausesinattendues. Une version lunatique,par l’artiste britannique du moment ...

Superman surgissant d’un buisson,Sherlock Holmes errant au milieudes canards mandarins et des pigeons,Blanche-Neige faisant causette avec HarryPotter autour de l’étang… Fabrice Hyber alâché les héros dans la ville. Featuring alsoHello Kitty, Karl Lagerfeld et le fameuxavatar de l’artiste, son Ted-hyber, nounoursde plastique transparent. Quelques nuages de brume et des notes

d’accordéon lui suffisent pour nous emmeneren voyage vers ses obsessions. Après avoirvendu son âme au diable en offrant sesdernières années à la télésurveillanced’un collectionneur de Tasmanie, l’artiste meten scène d’invisibles pythies, qui livrent leursoracles dans l’arrière-scène. Dans la lignée deses interrogations sur le futur, il embarque noscertitudes.

Vous voilà projeté le 1er octobre 2111. Le ciel estclair, les étoiles resplendissent. C’est cettefiction qu’imagine le plasticien français, dansle prolongement d’une performance réaliséeà Rome pour les 400 ans de la présentationpar Galilée de son télescope. Posée surla pelouse du square, 500 bougies s’allumentune à une, jusqu’à refléter la voute céleste.Pourvu qu’aucun nuage ne vienne perturberce miroir…

Douglas Gordon, « Henry Rebel Drawing »La Machine, 90, boulevard de Clichy, 18e

Christian Boltanski, « Demain le ciel sera rouge »Théâtre de l'Atelier, 1, place Charles-Dullin, 18e

Renaud Auguste-Dormeuil, « I Will Keep a Light Burning »Square Louise-Michel, rue du Cardinal-Dubois, 18e

Drôle de procession : partie du centre d’artde Brétigny, qui coproduit l’événement,une caravane humaine rejoint les arènes deMontmartre par le RER. Dans les brasdes participants, des fauves en porcelaine,de ceux dont raffolent les restaurantschinois. 70 porteurs anonymes et 35 tigres,pour une performance participative quibalance le souvenir de Tarzan dans la jungleurbaine, principale source d’inspiration dece plasticien venu des faubourgs de Milan.

Marcello Maloberti, « Tarzan noir »Arènes de Montmartre, rue saint-Eleuthère, 18e

Mélanie Manchot, « Dance »Lycée Edgar-Quinet, 63, rue des Martyrs, 9e

Tsuneko Taniuchi, « Micro-événement »Hôtel Amour, 8, rue Navarin, 9e

Katie Paterson, « Earth-Moon-Hearth »Théâtre ouvert, 4 bis, cité Véron, 18e

Zilvinas Kempinas, « Big 0 »Eglise Sainte-Marie des Batignolles,77, place du Docteur-Félix-Lobligeois, 17e

Elodie Pong, « Je suis une bombe »Les Trois Baudets, 64, boulevard de Clichy, 18e

LaNuit blanche urbi et orbiSamedi 1er octobre, l’art contemporain investit la rive droite à Paris et essaime dans le reste du monde

I l y a deux ans, ils produisaientune des meilleures Nuits blan-ches depuis la création de l’évé-

nement, en 2002. Alexia Fabre,directriceduMAC/ValdeVitry-sur-Seine (Val-de-Marne), et FranckLamy, chargé des expositions dansce même musée, reviennent à l’at-taque avec l’aide d’une trentained’artistes du monde entier.

Pour cette 10e édition, c’est à laquestion du temps qu’ils s’atta-chent. Ils sont forts de leur premiè-re expérience et d’un budgetde1,2milliond’euros(cequiestplu-tôt faible sur un budget municipalde 7 milliards d’euros, rappelaitChristophe Girard, adjoint à laculture, lors de la conférence de

presse).Pleinsfeuxsurla RiveDroi-te : des Batignolles à Montmartre,en passant par Pigalle, le nord-ouest de Paris est investi pour lapremière fois, en plus de quelquesprojets autour de l’Hôtel de Ville.Eglises, théâtres, cours de lycée,cabarets, gymnases, les lieux lesplus divers sont invités à entrerdans la danse, avec une météo quipromet d’être clémente.

Au fil des quatre parcours, onpourraentendreàLaCigalelechan-teur Tricky, saisi en pleine répéti-tion par le vidéaste SteveMcQueen; s’émouvoir du sort desexilés de Lampedusa avec la vidéod’Isaac Julien, dans la cour de l’Hô-tel de Ville ; s’étonner des lampes

cristallisées de sel de la mer Mortepar Sigalit Landau à l’église Saint-Jean ; s’effrayer des 30 000papillons noirs envoyés par CarlosAmorales dans le lycée Jacques-Decour… Sans oublier les dizainesd’événements off inventés par lesgaleries, associations et musées.

Détour conseillé à la FondationKadist, qui présente au 21, rue desTrois-Frères (18e) d’hilarantesvidéosde JohnWoodet PaulHarris-son; et, pour les bambins, au Cent-quatre, 104, rue d’Aubervilliers(19e),oùLeandro Erlichet AnnVero-nica Janssens mettent en scène desmoments de poésie accessibles àtout âge. A noter l’effort particulierréalisé pour le public handicapé,

en termes d’accessibilité. Situé àSaint-Georges, l’InternationalVisual Theatre propose des visitesen langue des signes, et l’associa-tion Action Passeraile offre unaccompagnement personnalisé.

De Blandy-les-Tours à OrlyAu fil des ans, la Nuit blanche

séduit toujours plus. Les Parisiensd’abord, qui étaient environ deuxmillions à arpenter les ruesen 2009 et 2010 (pour échapperaux queues, une nouvelle applica-tion mobile permet notammentde connaître l’affluence sur cha-cun des sites). Mais aussi les villesde province (Metz, Charleville-Mézières) et les métropoles étran-

gères: Buenos Aires et Kyoto vien-nentderejoindreBologne,Amster-dam, Bruxelles, Ramallah, Singa-pourouVanuatu danslalonguelis-te des organisateurs de Nuits blan-ches.

Au sein d’un réseau européen,certaines coproductions d’œuvressontainsi réalisées afinde minimi-ser les coûts. Les villes de banlieue,enfin: deBlandy-les-ToursàOrly,àla galerie Manet de Gennevilliersou à l’espace Khiasma aux Lilas, 28d’entre elles proposent des événe-ments jusqu’à l’aube. Particulière-ment recommandé, le plateau téléproposé à la Maison pop’de Mon-treuil par le collectif Art orientéobjet, qui met en scène un débat

autour de la survie d’un lac austra-lien rarissime ; le Concerto pourorchestre de chambre, invité parl’artiste Mircea Cantor au Crédacd’Ivry, et toute une série de perfor-mances, tours de chants et théâtrede papier au Générateur de Gen-tilly. p

Emmanuelle Lequeux

Nuit blanche, dans la nuit du 1er au2 octobre, de 19 heures à l’aube.Quatre points d’information : parvis del’Hôtel de Ville, métro Pigalle (sur le ter-re-plein), square des Batignolles et pla-ce Suzanne-Valadon.Ouvertes toute la nuit, les lignes 14 et 12(seulement de Madeleine à Porte-de-la-Chapelle). Nuitblanche.paris.fr.

190123Samedi 1er octobre 2011

Andrews, chant, trompette, trom-bone, et sa bande (section de saxrudimentaire, batteur enclumeurpour la joie des petits et desgrands) à La Maroquinerie. Haut-lieu d’un Ménilmontant très net-tement post-Maurice Chevalier.Mettons que vous ayez 25 ans, pra-tiquiez la muscu, soyez né à LaNouvelle-Orléans, connaissiez lamusique comme la poche devotre producteur, et ayez desidées sur la question.Mettons que vous vous mettiezLenny Kravitz, Jeff Beck et quel-ques autres gonzes bien rodésdans votre dernier album (ForTrue). Mettons que vous veniezd’emballer les scènes de tous lesmondes habités. Mettons pourfinir que vous nommiez votre sty-le le « Suprafunkrock ». Emballé,c’est pesé. La Maroquinerie bour-rée comme une assiette de hari-cots rouges en Louisiane, 120˚Fa-hrenheit dans la salle (environ50˚Celsius), 120 décibels dans lesesgourdes (distribution gratuitede tampons auditifs), ça roule.Question énergie, surchauffe,sudations et public sur – jouant latranse napolitaine, rien à dire. Un

géant aux airs de Christ sévillanen plus cool, à son pote : « Tu vois,à mon âge, question chaleur,niveau, machin, je ne peux plustenir jusqu’au bout…» Comme onest sorti juste un peu plus tôt, bou-lot, boulot, on s’enquiert : « Monâge? 33 ans, pourquoi ? » Ouf. Plusde gêne. Juste le plaisir. Auréoléde clichés – New Orleans, le ryth-me dans la peau, la ville – musi-que, tout ça – Trombone Shortyfait le job.

Redescendant, un rien secoué,vers Belleville, on tombe sur LesLauriers. Petit bar très calme, ruedes Couronnes, où se réunissent,le jeudi soir, quelques amateursde «roda de choro» (jam à la brési-lienne). Avec, côté voix, Yesser,Dudu, Alé Kali, autour de Thierryà la sept – cordes. Thierry assure labasse. Certes, « celui qui ne sedemande jamais : “Mais qu’est-ceque je fous là?”, est en péril » (JeanOury). Pourtant, les deux jeunesChinois de Belleville au tambou-rin brésilien n’ont pas l’air de seposer la question. Trombone Shor-ty non plus, vous me direz. Toutva bien. p

Francis Marmande

Instantané Musique

Patrimoine

Brasdefer entre les Archivesnationaleset le ministèredela cultureTrois fonctionnaires syndicalistes des Archives nationales (AN) à Parisont reçu une lettre recommandée avec accusé de réception de la directri-ce générale de cette institution, Agnès Magnien, leur signifiant qu’uneprocédure disciplinaire était en cours à leur encontre. Il s’agit de BéatriceHérold (CFTC), conservatrice générale du patrimoine, en charge de lamise en place du nouveau système d’information archivistique, d’ElianeCarouge (CFDT), conservatrice en chef du patrimoine, chargée de la biblio-thèque historique des AN, et de Wladimir Susanj (CGT). «Il nous est repro-ché d’avoir tenu, devant le public, le vendredi 17mai, une conférence depresse de l’intersyndicale dans la cour de l’hôtel de Soubise, afin de contes-ter l’implantation de la Maison de l’Histoire de France sur ce site», indiqueBéatrice Hérold. En précisant: «La cour de Soubise est toujours ouverte aupublic et nous nous sommes exprimés de façon contrôlée en respectant lasécurité des personnes.» La commission administrative paritaire duministère de la culture tranchera. La fronde des personnels, du conserva-teur au manutentionnaire, contre ce projet d’implantation annoncé, il ya un an, par Nicolas Sarkozy, s’était apaisée, fin janvier. Les boucliers sontde nouveau levés. Une assemblée générale des personnels est convoquéemardi 4octobre.p Florence Evin

Manifestation d’agents des monuments nationauxEnviron 150 agents du Centre des monuments nationaux (CMN) se sontrassemblés, jeudi 29septembre, devant le ministère de la culture pourprotester contre leurs conditions de travail. Les manifestants, qui ontréclamé «l’intervention » du ministre de la culture s’estiment confrontésà «un management autoritaire et à des cas de souffrance au travail», adéclaré Thomas Pucci, de la CGT monuments historiques. «Depuis l’arri-vée de la nouvelle présidente, Isabelle Lemesle, en 2008, il y a un turnovertrès important, une pression permanente et une surcharge de travail»,affirme Michèle Le Barzic, représentante CFDT-CMN. Fin mai, le ministè-re a demandé à l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) de sepencher sur les conditions de travail au CMN à la suite du rapport ducomité d’hygiène et de sécurité qui avait mis en évidence un ou plusieurscas de souffrance au travail. Le rapport de l’IGAC doit être présenté par leministère aux organisations syndicales le 5octobre, précise-t-on rue deValois. Les syndicalistes demandent la présentation « in extenso, sans êtreédulcorée» de ce rapport. – (AFP.)

SAGACITÉ

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G85

culture

C e devait être l’événement dela 3e saison de Nicolas Joël àla tête de l’Opéra de Paris : le

Faust, de Gounod, est un flopmagistral. L’affaire a été, il est vrai,

mal embouchée dès le début. Il y ad’abord eu la démission du chefd’orchestre Alain Lombard unesemaine avant la première aprèsun différend avec le ténor Roberto

Alagna (voir Le Monde du 23 sep-tembre). Echanges d’amabilitésentre les deux parties jusqu’à lapremière du 22 septembre devantun public dépité, une grève destechniciensayant réduità unesim-ple version de concert le spectaclemis en scène par Jean-Louis Marti-noty, d’autant plus attendu qu’ilétait censé mettre fin aux quasitrenteans de règne de la version de1975 de Jorge Lavelli, emblémati-que de l’ère Liebermann.

Conventionnel crétinIl a donc fallu attendre le 28sep-

tembre pour découvrir l’ampleurdes dégâts. Comment le directeurd’opéra et metteur en scène Nico-las Joël, qui a lui-même montéFaust aux Chorégies d’Orange en2008, a-t-il pu cautionner ce salmi-gondis lourdingue et prétentieux ?Une telle gabegie de gadgets, decouleurs, de références, une telledébauche de laideurs spectaculai-res et d’effets spéciaux, sans avoireu son mot à dire sur la façon donton dépense l’argent public à l’Opé-ra de Paris ?

Car cette production est indi-gne. Elle est à la fois d’un conven-tionnel crétin, d’une impudeurchoquanteetd’unmanque totaldepoésie. Rien ne nous est épargné,des draps tachés du dépucelage de

Marguerite, du meurtre du bâtardpoignardé dans l’église, de la têtede la malheureuse roulant sous lecouperet – puis portée en triom-phe comme une relique dans unechâsse.

Noyés dans un décor surdimen-sionné, les chanteurs ne sont pasplus que le public à la noce. Côtévocal, même si on l’a connu plussolaire et frémissant, Roberto Ala-gna reste un Faust de belle classe.De même Inva Mula, Margueriteplus précieuse qu’émouvante et leMéphistophélès de Paul Gay, bary-tonbasseàlafrançaise,sans fanfre-luches. La direction d’Alain Altino-glu, qui a remplacé Alain Lombard,est juste et avisée, privée de foliecomme de sensualité. Les chœurs,quand ils sont ensemble, chantentdroit. Et ce diable de Martinoty quinous promettait un « opéra dudésir » ! p

M.-A. R

Faust, de Charles Gounod. Opéra Bas-tille, Paris 12e. M˚ Bastille. Jusqu’au25 octobre. Tél. : 0892-89-90-90. De 5 ¤à 180 ¤.Le lundi 10 octobre, à 20 h 30, à l’Audito-rium du Louvre. Tél. : 01-40-20-55-00.De 12 ¤ à 25 ¤ (retransmis en direct surFrance3 ; et, à 19 h 30, dans plus de 200salles de cinéma en France et en Europe(liste sur France3.fr). Operadeparis.fr

Opéra

La RéunionEnvoyée spéciale

L es hasards de l’histoire – lagrande et la petite – sont par-fois facétieux : le samedi

1eroctobre, le sénateur Paul Vergès,86 ans, doyen d’âge, présidera lapremière assemblée historiqued’un Sénat passé majoritairementà gauche. Le soir même, il sera, surla scène du Théâtre Jean-Vilar deVitry-sur-Seine (Val-de-Marne), lehéros du premier opéra réunion-nais,Chin,présentépourla premiè-re fois en France.

Le 13 mai, c’est au siège du jour-nal Témoignages, à La Réunion,quenousavons rencontréPaulVer-gès. Un vieux monsieur en bras dechemise, simple et affable, quiparle vite, d’un ton monocorde ets’arrête devant l’un des portraitsdu mythique «Docteur Papa », sonpère, Raymond Vergès, fondateurdu journal en 1944 et, l’année sui-vante, du Comité républicain d’ac-tion démocratique et sociale avantde devenir un élu communiste.

Difficile d’imaginer sous la frêlesilhouette, nonobstant l’acuité duregard, Chin le Rouge, héros del’opéra produit par le Théâtre Vol-lard en 2010 et présenté le 11 maisalle Gramoune-Lélé à Saint-Benoît. Car c’est bien le fils de Ray-mond et frère de l’avocat JacquesVergès, surnommé dans sa jeu-nesse « Chin » ou « le Chinois » enraison de ses origines asiatiques,qui fit le coup de force en 1955 ens’alliant avec le sucrier René Payetpour sauver l’usine du Quartierfrançais (dans l’opéra, il s’agit deMonsieur Roger et de l’usine BelAir).

« Tout nous opposait : il étaitcatholique, d’extrême droite, avaitété maire pétainiste de Sainte-Suzanne. C’était en outre un enne-mi de mon père contre lequel ils’était présenté aux élections de1936, l’accusant de s’être réfugié enIndochine pour échapper à la Gran-de Guerre, se souvient Paul Vergès.Maisc’étaitaussiuningénieuragro-nome visionnaire, qui avait moder-nisésonusineetproposaitauxplan-teurs de meilleures conditions queles autres. Il s’était endetté au pointde se placer lui-même en redresse-ment judiciaire. C’est alors que lesbanques, de mèche avec ses concur-rents, s’étaient liguées contre lui,

refusantle moindreprêtafindel’ac-culer à la faillite.»

Bâti comme un thriller, le livretconçuparEmmanuelGenvrinrela-te comment Paul Vergès, alorsjeune secrétaire de la fédérationréunionnaise du PCF, engagé dansles Forces française libres à 17 ans,fit alliance avec Payet pour créerun comité de défense de l’usine.« Tous les travailleurs étaient cégé-tistes, donc solidaires », s’anime

Paul Vergès. « Du 18 au 29 juillet, ona organisé de grands meetingsdans toute La Réunion pour mobili-ser petits et moyens planteurs etsyndicats ouvriers. Le jour de l’as-semblée des créanciers au tribunalde commerce de Saint-Denis, le pré-fet a annoncé à la radio son reportau 5 août. Les banques se sont ali-gnées : un délai de sept ans a étéaccordé pour rembourser les dettes,assorti d’un prêt inespéré à 3,5%! »

L’usine sauvée, Paul Vergès,alias«BonDieula terre »,remportedans la foulée les législatives de

1956, transformant trois ans plustard la fédération locale du ParticommunistefrançaisenParticom-muniste réunionnais (PCR).

Devenir un «personnage d’opé-ra» n’est pour Paul Vergès qu’unetribulation de plus, hors la ques-tion sentimentale. Le vieil hommea en effet moyennement appréciéque le livret fasse état d’une liaison– inventée de toutes pièces, dit-il –deChinavecMichelinePayet(Elisa-beth dans l’opéra), la fille dupatron. D’ailleurs, partagé entre labourgeoise blanche et Héva la mili-tante, Chin, qui couche avec lesdeux, finira par s’enfuir avec lajeune ouvrière cafrine-malabarai-se. « Chin va réveiller les souvenirsdes plus âgés et apprendre aux jeu-nes leur histoire », souligne PaulVergès. Une histoire qui prend unrelief particulier dans ce pays où« 51 % de la population vit en des-sous du seuil de pauvreté», à l’heu-re où « le système européen a abou-ti à la fermeture de 12 des 14 usines àsucre de l’île » et où ne restent que5 000 des 23 000 planteurs del’époque du Quartier français.

C’est précisément cette réalitésociale et culturelle de l’histoirecréole fondée sur l’esclavagisme etle colonialisme que le librettiste etmetteur en scène Emmanuel Gen-vrin, arrivé sur l’île en 1979 pour yfonderleThéâtreVollard,s’estingé-nié depuis trente ans à mettre en

mots, en musique et en images.Son credo ? « Créer un théâtre réu-nionnais» en rupture avec les pro-ductions formatées de la métropo-le et les spectacles populistes créo-lescréésspécialementpourlesRéu-nionnais.

AvecChin, coécritaveclecompo-siteur Jean-Luc Trulès, le ThéâtreVollard passe un nouveau cap. Lamusique et les 57 participants decet opéra chanté en français et encréole, mimétiques de la sociétéréunionnaise, marient leclassique,lemaloya (musiqueafro-malgachedes anciens esclaves), les mélodiescréoles, asiatiques et indiennes, lesinstruments de l’orchestre sym-phonique aussi bien que le violonchinois (erhu). Quant aux musi-ciens, ilsviennentdemétropole,deLa Réunion, Madagascar, Guade-loupe, Martinique, et aussi deChine (le rôle-titre est tenu parHeng Shi). La fin de l’opéra laisseseul l’enfant métis d’Elisabeth etde Chin: « Héritier des deux camps,et d’un lourd passé, il est l’avenirincertain de La Réunion », affirmeEmmanuel Genvrin. p

Marie-Aude Roux

Chin, d’Emmanuel Genvrin et Jean-LucTrulès. Théâtre Jean-Vilar à Vitry-sur-Seine (94). Le 1er octobre à 21 heures, le2 octobre à 16 heures.Tél. : 01-55-53-10-60. De 5 ¤ à 12,50 ¤.Theatrejeanvilar.com

PaulVergès, du Sénat à lascèneSurnommé «Bon Dieu la terre», le sénateur de La Réunion a inspiré «Chin», opéra créole

«Faust»damné par Jean-Louis MartinotyLes outrances du metteur en scène de l’Opéra de Paris rendent infernale l’œuvre de Gounod

Troy«Trombone Shorty»,laNouvelle-Orléans à Ménilmuche

Devenirun«personnage

d’opéra»n’estpourPaul Vergès

qu’unetribulationdeplus

Un opéra chanté en français et en créole, mariant classique et musiques traditionnelles. PHILIPPE MOULIN

20 0123Samedi 1er octobre 2011

& vous

NicolasGhesquière, chez Balenciaga,Guillaume Henry, chez Carven,et OlivierRousteing, chez Balmain, portent haut le savoir-faire hexagonal

L’école française défend sescouleurs

PARIS 2e

OLD JAWAD« Voyages culinaires garantis, pour lesamateurs de gastronomie indienneet pakistanaise. Une fine cuisine, ausubtil mariage des épices est servieavec style dans un cadre élégant»

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BOUILLONRACINE

Paris prêt-à-porter printemps-été 2012

Il fut une époque où le dra-peau britannique flottaitau-dessus des maisons decouture parisiennes, avecAlexander McQueen, direc-teur artistique de Given-

chy, John Galliano chez ChristianDior et Stella McCartney chezChloé (1996-1997). Dans lesannées 1980, c’est l’école belgequi donnait le ton avec « les sixd’Anvers», parmi lesquels les créa-teurs Ann Demeulemeester etDries Van Noten.

Pourquoi ne parlerait-t-on pas,en 2011, d’une école française ? Jeu-di 29 septembre, les défilés pari-siens ont fait la part belle à cestalents peu connus du grandpublic, qui redonnent de l’élan àdes griffes vénérables.

Ainsi, Nicolas Ghesquière (néen 1971 à Comines dans le Nord-Pas-de-Calais), directeur artisti-que de Balenciaga, ne fait riencomme les autres. Tout a com-mencé, à 10 heures, avec l’effon-drement des bancs où un publictrié sur le volet se serrait cou-de-à-coude. C’est donc debout

que Catherine Deneuve, sa filleChiara Mastroianni, CharlotteGainsbourg, Isabelle Huppert…,de même que François-HenriPinault, le PDG du groupe fran-çais PPR, propriétaire de la griffe,et son épouse, la productrice etactrice Salma Hayek, ont regardépasser les modèles…

Un défilé magique qui voustransporte aux confins du futur,avec des vestes graphiques cou-pées loin du corps sur des shortsde footballeur passés par la case« haute couture » avec plissés,broderies et brillances, Les robesbicolores, juxtaposition de crêpede soie et de cuir noir qui se zip-pent aux hanches, succèdent auxblouses de soie imprimées devitraux, selon un motif tiré desarchives de la maison, datant de1960.

Les pantalons marqués à lataille, en jean devant et toile desoie derrière, rebrodés pour don-ner un effet ottoman, fascinent.Ils se portent avec des bijoux bra-celets en verre transparent dépo-li, et des escarpins aux talons en

forme de goutte colorée, réaliséeen python repeint.« Je voulaisretravailler sur l’esprit Balencia-ga, avec un vêtement qui flotteautour du corps et ne semble repo-ser que sur les épaules des manne-quins », a expliqué dans les coulis-ses Nicolas Ghesquière.

Un drôle de chapeau noir, déca-lotté comme une visière, est inspi-ré d’une coiffe très emboîtée surle crâne portée par une mariée,

dans une collection de 1967. L’ac-trice Chiara Mastroianni est sédui-te : « Je suis très intriguée par cecouvre-chef, j’aimerais bien l’es-sayer », lance l’actrice en sortant.

Chez Carven, le directeur artis-tique Guillaume Henry (né en

1978 à Chaumont, Haute-Marne)a su séduire dès 2009 les ache-teurs de la planète, avec sa modepensée pour la « Parisienne », fraî-che et pimpante. Jeudi, pour leretour de Carven sur les podiums,il n’a pas déçu. Ses jupes corollessous des gilets de cuir tournesol,ses tailleurs en laine bouclée cou-leur berlingot et ses robes de den-telle fuchsia, apportent pour l’été2012 un vent de fraîcheur.

Le créateur s’est inspiré duvoyage, avec ces mannequinsjouant les jolies nomades, brace-lets-grelot au bras, sandales depaille tressée aux pieds (réaliséesavec Robert Clergerie) et besacesen jacquard (une collaborationavec Upla). Le trait « folklorique »est léger, presque poétique. « Voi-là des tenues si charmantesqu’une jeune fille pourrait les por-ter tout autant que moi, à monâge », se rassure une rédactrice demode. « J’en suis ravi, c’est monobjectif… », rétorque, affable,Guillaume Henry.

A 25 ans, le Bordelais OlivierRousteing a peut-être la chance

des débutants. Sa première collec-tion chez Balmain, après le départde Christophe Decarnin au prin-temps, est réussie : dans la lignéeglam rock du créateur précédent –qui avait redonné du souffle à lamaison –, mais plus chic.

Jupe longue de cuir noir sousune chemise en jean délavé, mini-robe blanche parsemée d’or sousveste de toréador et pantalontaille haute en lamé… Ces vête-ments mi-western, mi-habits delumière pour grands soirsdevraient trouver leur public.« J’ai travaillé cet été sur les archi-ves de Balmain, j’ai ressorti desdétails plus couture datant del’époque où Oscar de la Renta enétait le directeur artistique », expli-que Olivier Rousteing qui avaitfait ses débuts chez Roberto Caval-li. « Les silhouettes sont celles duLas Vegas du début des années1960. »

De quoi séduire les starsd’aujourd’hui, dont l’actrice etprincesse de Savoie, Clotilde Cou-rau, partie féliciter le créateur. p

Véronique Lorelle

ArgentinsetCoréens font aussi leur show àParisUNE Fashion Week peut en cacherune autre. La semaine de la modeparisienne, qui attire journalisteset acheteurs venus du mondeentier, est l’occasion pour un nom-bre croissant de pays de faire lapublicité de leurs créateurs.Jeudi 29 septembre, l’Argentine aainsi organisé au premier étagede la tour Eiffel un défilé de45 minutes regroupant sept stylis-tes qui s’est révélé plutôt décon-certant.A une exception près qui puiseson inspiration dans le folklorelocal, les couturiers argentins vusdans la capitale proposent de lon-gues robes de soirée ressemblantétrangement à celles que créent

leurs homologues libanais, char-gées en broderies et paillettes scin-tillantes…

On est aux antipodes de lamode de la Corée du Sud dont onpouvait avoir un aperçu mardi27septembre au Musée des artsdécoratifs. La ville de Séoul a faitvenir les créations de dix stylistesdu pays. Peu de couleurs, un tra-vail sur les volumes et les décou-pes : la mode coréenne essayed’imposer son style épuré. EtSéoul a une grande ambition :devenir une des capitales de lamode.

Même les pays qui organisentune Fashion Week en vue vien-nent à Paris. Depuis trois ans, le

British Fashion Council installe àParis un showroom. Cette année yest présenté le travail de plusd’une vingtaine de jeunes talentsbritanniques.

En dehors des Etats-UnisLes États-Unis aussi sont repré-

sentés à Paris. L’initiative « Ameri-cans in Paris» doit permettre d’of-frir une vitrine mondiale pour dixdesigners américains. Tous sontlauréats du CFDA/Vogue FashionFund, un prix créé par l’équiva-lent de la chambre syndicale pari-sienne de la couture et du magazi-ne de mode. « Nous voulons aiderles designers du Fashion Fund àdévelopper leurs activités à l’inter-

national et à renforcer leur présen-ce en dehors des États-Unis, deuxatouts indispensables à leur suc-cès», déclare Steven Kolb, le prési-dent-directeur général du CFDA.

Le créateur Tommy Hilfiger estassocié à cette opération. Il com-mercialise dans sa boutique ami-rale des Champs-Elysées (ainsiqu’à Milan et New York) dix cabasvendus près de 100 euros l’unitéet réalisés par les créateurs sélec-tionnés sur le thème « Les Améri-cains à Paris». Les bénéfices de cet-te opération iront auCFDA/Vogue Fashion Fund. Unmoyen astucieux de financer lacréation américaine… p

Joël Morio

Desshortsdefootballeur

passéspar lacase«haute couture»

avecplissés,broderiesetbrillances

Chez Ann Demeulemeester,

le noir est omniprésent, éclairé

de blanc. PATRICK KOVARIK/AFP

Pour Balmain, des tenues

inspirées du Las Vegas des

années 1960. THIBAULT CAMUS/AP

Imprimés folkloriques

et bracelets grelots chez Carven.

BENOÎT TESSIER/REUTERS

Nicolas Ghesquière revisite

les archives de la maison

Balenciaga. DR

210123Samedi 1er octobre 2011

Coquilles en stock« La Fête de la coquille aura lieu dans un mois », les samedi 22 etdimanche 23 octobre. C’est Clotilde Cassot, directrice de l’office du touris-me de Villers-sur-Mer (Calvados), qui l’annonce dans les colonnes deOuest-France (tinyurl.com/438r44l). Pourquoi attendre Clotilde, alorsque la coquille – sans saint-jacques – se déguste déjà dans ma boîte mail ?«Erreur de composition en typographique (…), initialement dans lesouvrages imprimés, et, par extension, sur support dactylographique etinformatique, où l’on parlera de faute, d’erreur de frappe ou de saisie »,me rappelle Wikipedia. A commencer par ce communiqué de pressepour une « plate-forme de consomation collaborative qui permet de loueret mettre en location tout type d’objet ». Un « m » manque à l’appel, celafait désordre, mais ne fait pas de tort au sens du message. Y a-t-il quelquelecteur généreux pour louer un « m » excédentaire à ce site ? Un autrecommuniqué, cette fois pour des repas du midi bio: dans l’objet commedans le corps du mail, mon œil tombe en arrêt sur un étonnant « Com-ment déjeuner sein le midi au bureau ? ». Un lapsus qui associe un repassain à celui de la tétée ? J’aimerais croire que cette coquille est à dessein.Et le verbe «détesser», l’aimez-vous? Ce verbe du premier groupe nedéroge pas aux lois grammaticales, et au présent de l’indicatif donne « Jedétesse, tu détesses, il détesse, nous détessons, vous… »(tinyurl.com/3oe9l59). Le site Leconjugueur.com prévient toutefois l’in-ternaute que « ce verbe peut ne pas exister, la conjugaison est donnée àtitre d’exemple ». On ne « détessera » pas cet avis.D’autres coquilles, celles-ci «célèbres et curieuses», se retrouventen ligne dans le Dictionnaire de l’argot des typographes (1883) d’EugèneBoutmy (tinyurl.com/43p453r). A la « rubrique peu respectueuse» intitu-lée « Aneries », on savourera cette « pêche au chocolat » qui détrône celleau « cachalot » ou encore ce « Traité pratique de gastrotomie », impitoya-ble avec la « gastronomie ». Vieux mot en rire qu’en fleurir, non ? p

a Live Coupe du monde de rugbySuivi en direct des principaux matches,assorti de chroniques et d’analyses dispo-nibles sur les blogs « Deux Pakehas dansle pack », «Contre-pied », « Nice rugby »et « Ovalibédé ». (PHOTO AFP)

http://www.lemonde.fr/coupe-du-monde-rugby/

a Nouveau «M», le magazinedu «Monde»Un numéro spécial mode avec notam-ment les portfolios de Stella Tennant parPeter Lindbergh et de « La petite Parisien-ne » par Serge Leblon, une enquête sur«Qui a le pouvoir dans la mode ».http://www.lemonde.fr/m/

A ne pas manquer sur 0123.fr

C’est tout Net! Marlène Duretz

Vendredi30septembre

TF1

20.45 Koh-Lanta.Episode 4. Divertissement.22.25 Secret Story.Episode 13. L’After. Télé-réalité U.1.05 Premier amour. Télé-réalité (67 min).

FRANCE2

20.35 Un flic.Pink Panthers. Téléfilm. Patrick Dewolf. AvecAlex Descas, Marie-Gaëlle Cals (Fr., 2011) U.22.05 Un jour, un destin.Madame Signoret. Magazine.0.55 Journal, Météo (20 min).

FRANCE3

20.35 Faut pas rêver.Au Népal. Magazine présenté par Tania Young.Au sommaire : Le Train du Teraï ; La Valléedes briques ; Les Déesses vivantes...22.30 et 1.35 Météo, Soir 3.23.00 Vendredi sur un plateau !Invité : Jean d’Ormesson (120 min).

CANAL+

20.50 L’Italien pp

Film Olivier Baroux. Avec Kad Merad, ValérieBenguigui, Roland Giraud (France, 2010).22.30 600 kilos d’or purFilm Eric Besnard. Avec Clovis Cornillac,Audrey Dana, Patrick Chesnais (Fr., 2010) U.0.10 Jour de rugby. Magazine (40 min).

ARTE

20.40 Occupation.Téléfilm. Nick Murphy. Avec Stephen Graham,James Nesbitt. [1 et 2/2] (GB, 2010).23.35 Grand format - L’Ame en sang.Documentaire. Olivier Morel (France, 2010, v.o.).1.10 Court-circuit.Carte postale. Au sommaire : « Plume »,de Barry Purves ; Making of de « Plume » ;« Robin », d’Hanno Olderdissen... (60 min).

M6

20.45 NCIS.Série. Ennemis intimes (saison 8, 9/24, inédit) ;Une affaire de famille. Les Frontières de notredestin (S7, 6 et 7/24) U. Le Cheval de Troie(saison 4, 23/24) U. Avec Mark Harmon.0.00 Sons of Anarchy.Série. Pacte avec le diable. L’union fait la force(saison 3, 5 et 6/13, inédit, 105 min) V.

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

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Jours suivants

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Amiens

Metz

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Caen

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Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

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Samedi 1er octobre 201101.10.2011

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“NALGAE” LE TYPHON TOUCHE LE NORD DES PHILIPPINES SAMEDI

En Europe12h TU

La puissante et vaste zone de hautespressions centrée sur le nord del'Allemagne continuera de nousapporter un temps bien ensoleillé etchaud sur l'ensemble du pays. Seulsquelques brumes ou brouillardsmatinaux seront présents sur lesplaines du Nord-Est à Rhône-Alpes etdu Roussillon à la Garonne. Un légervoile évoluera également vers laManche.

Sainte ThérèseCoeff. demarée

LeverCoucher

LeverCoucher

Conditionsestivales

Aujourd’hui

météo & jeux écrans

Samedi1er octobreTF1

20.45 Les Enfants de la télé.Invités : Benoît Poelvoorde, Valérie Lemercier,Franck Dubosc, Isabelle Huppert, Omar Sy...23.15 Los Angeles police judiciaire.Série. Le Prédateur. Les Petites Victimes(saison 1, 7 et 4/22, inédit) U.0.50 New York, section criminelle.Série. La Mort au bout du couloir. Derniersrecours (saison 1, 10 et 8/22, 100 min) U.

FRANCE2

20.35 Sing-off... 100 % vocal.Divertissement présenté par Alexandre Devoise.22.30 On n’est pas couché. Talk-show.Présenté par Laurent Ruquier (185 min).

FRANCE3

20.35 Midi et soir.Téléfilm. Laurent Firode. Avec Roland Magdane,Daniel Russo, Sophie Mounicot (France, 2011).22.05 Les Frileux.Téléfilm. Jacques Fansten. Avec MaruschkaDetmers, Frédéric Pierrot (France, 2009).23.55 Soir 3 (25 min).

CANAL+

20.50 Bad Lieutenant :escale à La Nouvelle-Orléanspp

Film Werner Herzog. Avec Nicolas Cage,Val Kilmer, Eva Mendes (Etats-Unis, 2009) V.22.50 Match of Ze Day. Magazine.23.00 Jour de foot. Magazine (60 min).

ARTE

20.40 L’Aventure humaine.Le Mystère de « L’Oiseau-Blanc ». Documen-taire. Louis-Pascal Couvelaire (2010).21.35 Les Incroyables Machines volantesdu professeur Oehmichen. Documentaire.22.25 BazarFilm Patricia Plattner. Avec Bernadette Lafont,Pio Marmaï (Fr. - Sui., 2009, audiovision).0.10 Metropolis. Magazine (45 min).

M6

20.45 Medium.Série. La Main au collier. Où étiez-vous quand...(S7, 5 et 6/13, inédit) U. Deux visions valentmieux qu’une. In extremis (S5, 18 et 19/19) U.0.00 Enquêtes extraordinaires.Ils sont revenus de la mort ! Magazineprésenté par Stéphane Allix (105 min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et sudoku.

Sudoku n˚11-234 Solution du n˚11-233

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

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Motscroisés n˚11-234

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8 2 9 4Realise par Yan Georget (http://yangeorget.blogspot.com)

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Tres difficileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Les espaces événementielsdu 123

0123 met à disposition son auditorium

(capacité de 150 places), avec possibilité de projection,

ainsi que son hall d’accueil

pour l’organisation de vos

manifestations. Paris, 13 e arr.

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Lesjeux

Horizontalement Verticalement

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VII

VIII

IX

X

Solution du n° 11 - 233HorizontalementI. Procédurière. II. Régale. Occis.III. Emmêlées. Ost. IV. Va. Nissart.V. ENA. PS. Io. Am.VI.Nivôse.Rumba.VII. Terre. Petiot.VIII. In.Risi. Ni. IX.Oulemas. Niño.X.Nasses. Yémen.

Verticalement1. Prévention. 2. Remanie. Ua.3.OGM. Avrils. 4. Caen. Ornés.5. Ellipse.Me. 6.Déesse. Ras. 7. Es.Pis. 8. Rosaires. 9. IC. Routine.10. Ecot.Mi. Im. 11. Ris. Abonné.12. Estimation.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1. Aime la vie, aime l’amour. 2.Dela poésie et du jaune dans lesbouquets. Sur la portée. 3. Protègeune extrémité. Bienmal sapé.4. Plutôt chère. 5. Cours africain.Bouscule le petit monde boursier.6. Finissent par lasser. Personnel.7.Grande nappe. Mis à plat. 8. Pastrès folichonne. Capitale pour leLetton. 9.Ouverture de gamme.Coup de crayon. 10. Conduit à lavessie. Négation. 11. Référencepour les huiles. Passé à l’huile.12. A commencé à travailler enfaisant La Grève.

I. Avec pas grand chose, elle sedébrouille pour que çamarche.II.Gland ou noisette. Cours duNord. Petit filet. III. Règle surtable. Que l’on a pu clarifier.IV.Ont occupé tout unepéninsule. Facilite le placement.V. A beaucoup perdu. Zone delibre-échange. A fait la belle à lacour de Russie.VI. Préparé àl’officine. Deviennent de plus enplus sélectifs.VII. Entre Thaïlandeet Vietnam. Couvrent la plante.VIII. Fait du neuf. Fit l’innocent.Personnel. IX.Osé à contresens.Facilite les échanges à l’étranger.X.Nouveau calcul sur denouvelles bases.

22 0123Samedi 1er octobre 2011

230123Samedi 1er octobre 2011 carnet

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AU CARNET DU «MONDE»

NaissancesJoie de l’arrivée d’un second petit-fils

qui a déjà deux sœurs, cousin, cousine,

Gaspard,

né le 1er septembre 2011,

fils deJuliette et Cédric JOSSE.

Annemarie et Dominique Léger-Jamet,La Mouillière Champien,89200 Avallon.

Gisèle PERCEVAL,en communion avec

Georges (†),ont le bonheur d’annoncer la naissance deleur petit-fils

Louis,

fils deFlorence PERCEVAL

et Francisque DEMEURE,frère de

Jules PERCEVAL-DEMEURE,neveu de

Dominique PERCEVAL,

le 21 septembre 2011, à Annecy.

Chloé et Damien

ont l’immense joie de faire part de lanaissance de leur fils,

Matéo,

le 16 septembre 2011, à Athènes.

Périgueux. Paris.

Odile et Yannick MONSEAU

sont heureux d’annoncer la naissance deleur petite-fille,

Rose,

le 25 septembre 2011, à Paris,

chezCarole GUILLON

et Jean-Emeric MONSEAU.

DécèsVanessa Barth,

entourée de ses proches,

a l’immense tristesse d’annoncer le décès,survenu le 22 septembre 2011, de sa mère,

Ana BARTH,fondatrice de Calligrane,

papeterie d’art et de création.

Elle sera incinérée le mardi 4 octobre,à 15 h 30, au cimetière du Père-Lachaise,Paris 20e.

Ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Fernand BERSET,acteur et auteur,

nous a quittés le 15 septembre 2011.

Lise,son épouseEt tous ses amis,

sont dans une profonde tristesse.

L’inhumation a eu lieu dans l’intimité.

8, rue du Mesnil,91310 Longpont-sur-Orge.

Nous avons la tristesse de faire part dudécès de

M. Jean-Louis FABRE,

notre père, beau-père, grand-père, parentet ami, qui a rejoint son épouse

Yvette FABRE,née DIENY,

le 24 septembre 2011,dans sa quatre-vingt-troisième année.

La cérémonie religieuse a été célébréedans l’intimité le 28 septembre.

Cet avis tient lieu de faire-part

3, rue d’Ypres,67000 Strasbourg.

Michelle Marquais,son épouse,Sarah et Carlos Roqué Alsina,Antoine Lesieur,Manuelle et Sylvain Missonnier,

ses enfants,Jérémy, Charlotte, David, Seymour,

Natasha, Cécile,ses petits-enfants,Armand et Mathilde,

ses arrière-petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Pierre LESIEUR,artiste peintre,1922-2011.

Une cérémonie aura lieu le mardi4 octobre, au crématorium du Père-Lachaise, Paris 20e, salle de la coupole,à 15 heures.

Mme Marguerite Lignon,son épouse,M. et Mme Germain Lignon

et leurs enfants,M. et Mme Gillibert,

leurs enfants et petits-enfants,M. et MmeRené Lignon,

ses frère et belle-sœuret leur fille,

ont la douleur de faire part du décès de leurpère, grand-père et frère,

M. Jean LIGNON,ancien élève de l’École polytechnique,ingénieur au ministère de l’Industrie,chevalier de la Légion d’honneur,

décédé le 27 septembre 2011, à Caen,dans sa quatre-vingt-douzième année.

Ses obsèques auront lieu le 1er octobre,à 15 heures, en l’église de Courniou-les-Grottes (Hérault).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Arlette,son épouse,Ses enfants

et leurs conjoints,Ses petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Jean-Claude MEILLER,ancien élève de l’ENS Saint-Cloud,

agrégé d’histoire,professeur en classes préparatoires HEC,

survenu le 13 septembre 2011.

Inhumé dans l’intimité, un hommage luisera rendu en la chapelle du lycée privéSainte-Geneviève, à Versailles, le samedi15 octobre, à 18 h 30.

Nimes. Rousses. Paris.

Robert MEYNADIER,

a refermé le livre de sa vie,le mercredi 28 septembre 2011.

Il était dans sa quatre-vingtième année.

Il allait fêter ses cinquante-cinq ansde mariage.

Notre peine est très profonde.

De la part deJacqueline Meynadier,Bruno Meynadier,Véronique et Gérard Caillat,Vladimir, Aurore et Ludmila Caillat,Josette et Jean-René Paulin,

sa filleule et ses filleuls,Les familles Meynadier, Gautier, Fabre,

Eymard, Brugueirolle et GalzinEt ses nombreux amis.

La cérémonie religieuse aura lieu àRousses (Lozère) au cimetière familialce samedi 1er octobre, à 14 h 30.

« Quand les montagnes s’effondreraient,Quand les collines chancelleraient,

Mon amour ne s’éloignerapoint de toi... »Esaï, 54, 10.

9, impasse Bonfils,30900 Nîmes.

Ewa Held,Remi Gérard,

ses parents,

Simon Gérard,son frère,

Sa grand-mère, ses oncles et tantes,ses cousins et cousines, ses petits-cousinset cousines,L’ensemble des familles Held

et Gérard, sa belle-mère et sa famille,Ses amis,

ont l’immense douleur de faire part de ladisparition de

Nathanaël GÉRARD-HELD,

qui nous a quittés le 27 septembre 2011,à l’âge de vingt-sept ans.

Un hommage lui sera rendu le mardi4 octobre, à 10 h 30, salle de la Coupoleau crématorium du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e.

L’inhumation aura lieu en présence desproches dans le caveau familial, aucimetière de Boncourt (Aisne).

Ewa Held,188, Grand Rue,86000 Poitiers.Remi Gérard,41, avenue Pierre Brossolette,94400 Vitry-sur-Seine.Simon Gérard,4, rue de la Gare,49100 Angers.

Marie-Jo PAYENnée Lucien-BRUN,

nous a quittés le 28 septembre 2011,à l’âge de quatre-vingts ans.

Une messe d’adieu sera célébrée lesamedi 1er octobre à 15 heures, en l’églisede Gordes, suivie de l’inhumation aucimetière de Gordes (Vaucluse).

De la part deJean Payen,

son époux,Bruno, Guillaume, Mathias,

ses enfants,Agathe, Nathan, Serge,

ses petits-enfants.

La Motte Servolex (Savoie).Saint-Léger-sous-Beuvray (Saône-et-

Loire).

Sa famille,Ses amis français et marocains,

ont la tristesse de faire part du décèssurvenu le 23 septembre 2011 de

Guy PERRIOT,inspecteur honoraire

de l’Education nationale.

Axel Kahn,président de l’université Paris Descartes,Sylvette Maury,

doyenne de la Faculté des scienceshumaines et sociales - Sorbonne,Régine Sirota,

directrice du département des sciences del’éducation,Ses collègues,

ont la profonde tristesse de faire part dudécès de

Georges SNYDERS,

ancien élèvede l’Ecole normale supérieure,

agrégé de philosophie, docteur ès lettres,ancien directeur

de l’UER de sciences de l’éducation,professeur honoraire,

croix de guerre 1939-1945,médaille de la Résistance,

chevalier de la Légion d’honneur.

Les obsèques auront lieu le lundi3 octobre 2011, à 15 heures, en la salle dela coupole du crématorium du cimetière duPère-Lachaise, Paris 20e.

RemerciementsCayenne. Angers.

Agathe et Charles Desflots,ses enfants,Antoine

et sa famille,Sa chère Catherine,Les familles Desflots, Monin,

Désormeaux,

remercient toutes les personnes qui ontmanifesté sympathie et soutien lors dudécès de

Camille, Grégoire DESFLOTS,architecte DESA,urbaniste ENPC,

survenu le 31 août 2011,à l’âge de cinquante-huit ans.

Desflots-Monin,27, rue de Tunis,49000 Angers.

CommémorationsAu Mémorial de la Shoah,

dimanche 2 octobre 2011, à 10 h 15,Hazkarah.

Cérémonie dédiée aux victimessans sépulture de la Shoah.

Allocution par Elisabeth de Fontenay,philosophe, maître de conférences

à Paris-Sorbonne 1,puis Kaddish

par le rabbinMévorah Zerbib.

Mémorial de la Shoah,17, rue Geoffroy-l’Asnier, Paris 4e.

Conférences

Dans le cadre de ses conférences,l’Institut Pierre Mendès France

organise,

le lundi 10 octobre 2011, à 18 heures,une conférence avec Alfred Grosser,

à propos de son livreLa joie et la mort - Bilan d’une vie,

sur le thème :la place de Pierre Mendès France,

au Collège de France,3, rue d’Ulm, Paris 5e.

Inscription au 01 44 27 18 80ou [email protected]

Grande Loge de France

Cycle de conférences« Condorcet-Brossolette »,

Maîtriser la vie, maîtriser sa vie,par Francis Dorfiac,

le samedi 8 octobre 2011,à 14 h 30.

Grand Templede la Grande Loge de France,8, rue Puteaux, Paris 17e.

Communication diverseRentrée académique de la Faculté librede théologie protestante de Parislundi 3 octobre 2011, à 20 heures

Leçon publique donnée par le professeurCorinne Lanoir (IPT Paris)« Affronter le chaos. »

Amphithéâtre - IPT Faculté de théologieprotestante de Paris

83, boulevard Arago, Paris 14e,entrée libre.

Savoirs professionnels,hautes écoles, universités :

quelle légitimité pour la rechercheen/dans/sur le travail social ?journée d’études organisée

par le Cnamvendredi 14 octobre 2011de 9 h 30 à 17 heures

Conservatoire national des arts et métiersAmphi Paul-Painlevé, accès 11292, rue Saint-Martin, Paris 3eInscriptions et renseignementsauprès de [email protected] savoir plus : www.cnam.fr

Lettrede BirmanieAntoine Clapik

A la santéde l’amitiéRangoon-Pyongyang

C e ne fut pas une mince affaire pourtrouver le restaurant. On avait beautourner dans les rues d’un quartier

chic de Rangoon, impossible de localiser cesatané Pyongyang Koryo Restaurant. Enjuillet, venait-on juste d’apprendre, un res-taurantdeCoréeduNordavaitouvert, ilfal-lait voir s’il méritait le détour.

L’établissement ressemblait un peu àune clinique. Aucune indication ne révélaitla nature de l’estaminet. Les néons du pla-fond dispensaient une lumière crue sur destables de style réfectoire. L’accueil fut cha-leureux: badge à l’effigie du drapeau nord-coréen épinglé à la poitrine, des jeunesfilles, aussi charmantes que peu polyglot-tes, s’affairèrent avec empressementautour de ces clients un peu tardifs.

LaprésenceàRangoondecetétrangeres-taurantvenudu froidet gérépar desressor-tissants du pays le plus fermé de la planèten’est pas purement anecdotique: elle s’ins-crit dans l’amélioration constante des rela-tions entre le Myanmar – nom officiel de laBirmanie – avec l’autre grand pays paria dela planète, le régime du « cher dirigeant »Kim Jong-il.

Les relations avaient été rompues en1983,quandunegrandepartied’unedéléga-tion gouvernementale sud-coréenne futdécimée au cours d’un attentat attribuéaux Nord-Coréens. Le 9 octobre de cetteannée-là, une bombe explosa à Rangoondevant le monument des Martyrs, peuavant le début d’une cérémonie où étaitinvitée la délégation. Le président sud-coréen Chun Doo-hwan, qui était le pre-mier visé, eut de la chance : il arriva enretard et échappa au massacre. Tel ne futpas le cas du ministre sud-coréen des affai-

res étrangères, de son collègue de l’écono-mie et de celui du commerce et de l’indus-trie. En tout, vingt et une personnes péri-rent dans l’explosion.

Trois suspects nord-coréens furentappréhendés, et l’enquête de la police bir-mane détermina qu’ils avaient débarquéd’unbateaudansleportdeRangoon.Lerégi-me nord-coréen fut aussitôt accusé d’avoirvoulu se débarrasser du président de laCoréeduSud.Rangoonrompitalorslesrela-tions diplomatiques avec Pyongyang.

Il aura fallu attendre 2007 pour que lesdeux dictatures finissent par se retrouveret procèdent à l’échange d’ambassadeurs.Mais, depuis 1993, selon les affirmations dedifférents experts, des techniciens nord-coréens avaient régulièrement commencéà faire des séjours en Birmanie à des fins decoopération militaire.

En juin 2010, un documentaire réaliséparlaDemocratic Voiceof Burma(DVB),unpetit groupe de médias dirigés par des Bir-mansenexilbasésàOslo,affirmaquelaBir-manie s’efforçait de développer sa proprebombe atomique avec l’aide de la Corée duNord.

S’appuyant sur les informations d’untransfuge de l’armée birmane qui avait faitdéfection,ledocumentairesoutenaitqu’un

« programme nucléaire clandestin» exis-tait en Birmanie. En octobre2010, à l’invita-tion du Club des correspondants étrangersde Thaïlande, un ancien responsable del’Agence internationale de l’énergie atomi-que(AIEA),Robert Kelley,confirmales diresdu transfuge après avoir examiné les docu-ments de ce dernier. « Ce programme n’enestqu’àsesdébutset jepensequ’ilnesedéve-loppe pas très bien», remarqua cependantKelley devant les journalistes. Mais il ajou-ta:«Siunautrepaysquipossèdelatechnolo-gie et la connaissance nécessaires entre enscène, cela pourrait accélérer ce program-me.» Il conclut en disant: «Quand je parled’un autre pays, je pense à la Corée duNord»…

Des câbles diplomatiques datant de2009 et récemment révélés par WikiLeaksont cité des télégrammes de l’ambassadeaméricaine à Rangoon selon lesquels la Bir-manie aurait exporté quelque 20000 ton-nes de riz vers la Corée du Nord en échanged’armements. En novembre2010, un rap-port des Nations unies a affirmé que laCorée du Nord, ainsi que la Syrie et l’Iran,avait fourni des équipements nucléaires etbalistiques interdits au Myanmar.

Dans un tel contexte, l’ouverture d’unrestaurant nord-coréen à Rangoon semblenégligeable au regard de ces autres enjeux.Mais Pyongyang fait feu de tout bois: aprèsavoir ouvert deux restaurants au Cambod-ge,àSiemReappuisàPhnomPenh,laCoréeduNordjouerait-elle lacartede lagastrono-mie?Selon HeinLatt,un auteur birman quia écrit un livre sur le dirigeant Kim Jong-il,«le nouveau restaurant de Corée du Nord àRangoon est une officine de l’ambassadenord-coréenne, qui l’utilise pour des rencon-tres discrètes à des fins de renseignement».

Pour Bertil Lintner, spécialiste de la Bir-manie basé en Thaïlande, « le restaurantnord-coréen de Rangoon sert à l’ambassadede Corée du Nord pour faire des profits»…

Ce soir-là, au Pyongyang Koryo, on nousservitdukimchi, lechoufermentétradition-nel, des anguilles grillées, de la soupe depoulet pimenté, le tout arrosé d’un tord-boyaux «made in North Korea». A la fin, onne pu que lever son verre à l’amitié retrou-vée entre la Birmanie et la Corée du Nord.p

[email protected]

C ’est une phrase qu’on pose commeça, sur le plateau d’un 20heures, etqui vous est resservie toute votre

vie. Se doutait-il, Alain Juppé, en venantdire sur TF1 un soir de juillet1995 «Je restedroit dans mes bottes» que ses inter-vieweurs en seraient toujours, seize ansaprès, à vérifier? Comme ce jeudi 29sep-tembre où le ministre des affaires étrangè-res et européennes est l’invité, sur France2,de l’émission «Des paroles et des actes».

Il faut dire que l’expression lui va,mieux que des bottes, comme un gant. Lesphotos d’enfance montrées au début del’émission l’attestent. Même sur la plage,le petit Alain n’a pas l’air du genre à se dan-diner. Ça ne s’arrange pas en grandissant :la doc de France 2 a retrouvé sa premièreapparition télévisée – on se croirait dans«Les Enfants de la télé » –, et on ne peutpas dire qu’il crevait le petit écran… jus-qu’à ce 6juillet 1995 donc. «Il vaut mieuxêtre droit dans ses bottes que mou dans sesbaskets», tente-t-il de conclure.

Aujourd’hui, il a encore moins de che-veux, mais moins de soucis aussi. Appeléau Quai d’Orsay en février, l’ancien pre-mier ministre semble s’y trouver commedans des pantoufles. Combien de foisdira-t-il : «On fait un bon boulot»? On luimontre encore des images quasi compro-mettantes: une cérémonie de la secte desadorateurs de la tête de veau – «C’étaitpour faire plaisir à Jacques Chirac» –, undéhanchement un peu mécanique dansune fête locale – «Je me trouve assez déten-du, là…». Il finit par lancer: «On m’aime ouon m’aime pas, je vais pas me débouton-ner.» Oh non, se délacer, tout au plus, maisc’est vrai que tout semble concourir à le fai-re sortir, sinon de ses bottes, un peu de sesgonds.

D’abord, c’est le polémiste Eric Zem-mour qui vient débattre avec lui de politi-que étrangère. Au bout de quelques échan-ges, le ministre, pas dupe, se tourne versPujadas et demande: «Il pose des ques-tions ou il défend ses thèses? » Ensuite, ilreste stoïque devant Harlem Désir, pre-mier secrétaire du PS par intérim, dont leportable toujours allumé crée des interfé-rences au point qu’on vérifie si ce n’est passon propre téléphone qui s’entend jusquesur le plateau de France2. Enfin, interrogésur ses «rêves», et notamment celui deposer ses bottes à l’Elysée, Alain Juppé

répond qu’il se contentera d’aider NicolasSarkozy, avec lequel il «s’entend bien ». Lapreuve? «Je lui dis “monsieur le président”,et je lui dis : “Là, t’as pas raison.”»

Seule l’évocation de sa condamnationdans le procès des emplois fictifs du RPRlui ôte son sourire, crispe sa mâchoire etmouille son regard. On peut être droit dansses bottes, et avoir un talon d’Achille.p

Vite vu. Jeudi 29septembre, le téléspecta-teur a eu presque autant de travail qu’unjuge. A 19heures, sur BFM TV, il doit enten-dre Ziad Takieddine, «homme de l’om-bre», qui répond sur un coin de canapéaux questions de Ruth Elkrief. Puis Trista-ne Banon dépose au «20heures» de TF1, etaccuse à nouveau Dominique Strauss-Kahn. Si on était juge, on demanderait àréentendre DSK.

Aprèsavoirouvertdeuxrestaurants

auCambodge, laCoréeduNordjouerait-elle

lacarte dela gastronomie ?

AlainJuppéfinitparlancer:«On m’aime ouonm’aimepas, je vaispasme

déboutonner»

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C’est tout vu ! | Chronique télépar Isabelle Talès

Bien dans ses bottes

pTirage du Monde daté vendredi 30 septembre 2011 : 371 602 exemplaires. 1 2 3

24 0123Samedi 1er octobre 2011