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V ivre l'informatique comme un service que l'on paie à la demande ou via un abonnement, un peu à la manière des forfaits télécoms, telle pourrait se résumer la promesse du Cloud Computing (informatique dans les nuages). Grâce notamment à des techno- logies de virtualisation, les ressources informatiques (applications, infrastruc- tures et plates-formes de développement) sont mises à disposition des utilisateurs (entreprises, mais aussi administrations et collectivités locales), via Internet. Le changement est important puisqu'il signifie notamment qu’il est possible de s'affranchir des investissements lourds nécessaires pour maintenir à jour un système d'information. Avec le Cloud Computing, une entreprise loue des ressources informatiques selon ses besoins. Si elle souhaite des serveurs supplémentaires, sur la période de fin d'année par exemple, pour absorber un pic d'activité saisonnier, il lui suffit désormais de louer cette puissance de traitement auprès d'un prestataire en Cloud Computing (SSII, opérateurs té- lécoms, etc.). Elle ne doit ni acheter des équipements qui lui serviront de façon temporaire, ni les installer, les maintenir ou les mettre à jour. L'autre changement tient au mode de financement de ce service : l'informatique se consomme sous forme d'un abonnement auprès du prestataire qui loue la puissance informatique nécessaire. L'informatique n'est plus vécue comme une série d'im- mobilisations venant alourdir le bilan : le passage au paiement par abonnement permet de transférer une grosse partie de ses coûts en frais de fonctionnement, ce qui change la donne. Retour à la flexibilité Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les directions informatiques n'ont pas été les premières à s'intéres- ser aux services offerts par le Cloud Computing. « Des départements comme le marketing, les achats ou les ressour- ces humaines ont voulu avoir accès à des applications métier verticales », explique Sylvie Chauvin, directrice du cabinet d'études Markess International, « Avec les solutions proposées par des acteurs tels que Google ou Amazon - pionniers du Cloud Computing, ces entités ont pu acheter à l'extérieur un service répondant à une de leurs préoc- cupations quotidiennes ». Et c'est donc tout naturellement le secteur des appli- cations à la demande, SaaS (Software as a Service) qui occupe la plus grande part de ce marché, 80% selon Markess International. « Depuis, les directions informatiques ont repris le flambeau et ce sont elles qui portent désormais une part de la croissance d'un autre domaine du Cloud Computing, celui des infrastructures (IaaS, Infrastructure as a Service) », poursuit Sylvie Chauvin. Le cabinet Markess International estime le marché français associé aux services de Cloud Computing (IaaS, PaaS et SaaS) à 1,5 milliard d’euros en 2009. D’ici 2011, ce marché devrait connaître une croissance à deux chiffres sur tous les segments pour atteindre près de 2,3 milliards d’euros. Le segment IaaS, évalué à moins de 100 millions d’euros en 2009, devrait figurer parmi les plus dynamiques des trois segments et qua- siment être multiplié par cinq. Changement de comportement Avec le Cloud Computing, les DSI retrouvent la flexibilité perdue : elles ne subissent plus la complexité des déploiements de nouveaux matériels ou applications, elles transfèrent cela à des prestataires spécialisés. Le déploiement du Cloud Computing connaît tout de même certains freins : l'un d'eux relevant de la dématérialisation de l'informati- que. Ici, l'entreprise ne possède plus ses équipements, elle ne sait pas toujours précisément où sont stockées les données sauvegardées chez son prestataire. C’est pourquoi les questions de sécurité occu- pent la plus grande part des discussions entre prestataires et entreprises clientes : comment s'assurer de la confidentialité d'un serveur partagé entre plusieurs en- tités ou de données stockées « quelque part dans le monde » ? Par ailleurs, certains analystes s'inter- rogent : n'assiste-t-on pas avec le Cloud Computing et l'engouement qu'il génère, à une nouvelle bulle, à l'instar de celle d'Internet quelques années auparavant, avec tous les risques d'éclatement que cela comporte ?. « Il est vrai que beau- coup d'intervenants se positionnent sur ce marché », reconnaît Sylvie Chauvin « pour autant, la crise évite les embal- lements. Clients comme prestataires se montrent prudents et attentifs ». Quoi qu’il en soit, le Cloud Computing se positionne désormais comme une véritable alternative à l'informatique traditionnelle. Le Gartner Group classe d'ailleurs cette technologie parmi les 5 tendances clés qui « influenceront les stratégies informatiques des gouverne- ments jusqu'en 2015 ». *chiffre 2009, source Markess International. ANNE LEJEUNE-LORENZINI n CAHIER DU « MONDE » DATÉ DU 29 SEPTEMBRE 2010, N° 20429. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT Les Cahiers de la Compétitivité spécial Cloud Computing (PUBLICITE) Les ambitions de SFR sur le marché du Cloud Computing Entretien avec Paul Corbel, Directeur Général de SFR Business Team Acteurs du numérique Des repositionnements nécessaires LA RÉDACTION DU MONDE N’A PAS PARTICIPÉ À LA RÉALISATION DE CE SUPPLÉMENT. POUR TOUTE INFORMATION : [email protected] PAGE II PAGE III PAGE IV Vers une offre complète de Cloud Computing français Entretien avec Nathalie Kosciusko-Morizet LES CAHIERS DE LA COMPETITIVITE, datés du 29 septembre 2010, sont édités par l’Agence Média Thème. Directeur général : Deror Sultan - Rédacteur en chef : Eric Saudemont - Chef de rubrique : Christian Jacques. Ont participé à la rédaction de ce numéro : Michel Blanchot, Caroline Duprés, Philippe Fort, Anne Lejeune-Lorenzini - Secrétaire de rédaction : Lucas Granjean - Studio graphique : DG studio – Publicité : Média Thème Publicité : 92, boulevard Victor Hugo - 92110 Clichy - Tél. : 01 70 15 03 11 - www.mediatheme.fr - Contact : [email protected] (La rédaction du Monde n’a pas participé à la réalisation de ce supplément) Cloud Computing, une réalité désormais incontournable Longtemps le Cloud Computing est resté un concept présenté par les services marketing des prestataires informatiques. Aujourd’hui la technologie se démocratise, le marché pèse 1,5 milliard d’euros et est en passe de modifier en profondeur la place de l’informatique dans les entreprises. INTERVIEW « Une révolution aussi importante que celle de la micro-informatique » L’informatique, tant du côté de ses fournisseurs que de celui des utilisateurs, entame une mutation en profondeur de son mode d’exploitation avec l’avènement des modèles Cloud Computing. C’est en tout cas l’opinion de Pierre-José Billote, président d’EuroCloud France. À quel stade de maturité se situe le marché du Cloud Computing ? Certains analystes sont tentés de distinguer les trois composantes de ce marché (voir encadré) et de concentrer leurs commentaires sur la partie applicative de ce secteur, dont tout le monde s’accorde à penser qu’elle est arrivée à maturité. En réalité, il me semble que ce débat est d’ores et déjà dépassé. L’adoption du Cloud Computing par les four- nisseurs informatiques comme par les utilisateurs - entreprises ou particuliers, est désormais inéluctable. On assiste déjà au basculement de certains grands comptes, comme Valéo, qui re- tiennent une architecture Cloud Computing pour leur messagerie au niveau mondial. À leur image, d’autres entreprises vont suivre, préférant payer un abonnement à un service - ce que propose le Cloud Computing, plutôt que d’investir massivement dans des équipements et des applications comme l’impose l’informatique traditionnelle. Est-ce un modèle réservé aux seuls grands comptes ? En aucun cas. En donnant accès à des applications métiers ou à des infrastructures haut de gamme à un coût plus abordable que l’informatique traditionnelle, le Cloud Computing se démocratise très rapidement du grand compte à la TPE. A titre d’exemple : les start-up en sont généralement consommatrices. Ces entrepri- ses à développement rapide veulent accéder aux dernières innovations technologiques sans disposer du temps nécessaire à leur déploiement, ni du budget imposé par ce type d’investis- sement. Elles trouvent avec le Cloud Computing une infor- matique qui sait s’adapter aux fluctuations de leur activité : une flexibilité nouvelle qui répond à des vrais besoins. La sécurité constitue une des clés de la réussite du Cloud Computing, comment s’assurer de la confidentialité, de la sau- vegarde des données exploitées sous ce modèle ? La question de la sécurité est essentielle effectivement, mais là encore, ce débat ne doit pas constituer un frein à l’adoption de ces nouvelles technologies. Si j’établis un parallèle avec la sécurité bancaire par exemple, aujourd’hui plus personne ne met son argent dans un coffre- fort caché au fond de sa cave et de plus en plus d’individus possèdent un compte en ligne, en toute confiance. Même chose pour les communications té- léphoniques. Nous utilisons tous des réseaux télécoms pour communiquer sans savoir exac- tement quel itinéraire utilisent nos échanges. Il faut considérer le Cloud Computing de la même manière. Ce n’est pas parce que les données ne sont plus stockées dans une salle informatique au sous-sol de l’entreprise qu’elles sont en danger. Au contraire, le Cloud Computing permet le dé- ploiement de nouveaux services (sauvegarde, redondance, etc.) qui autorisent une protection accrue des ressources informa- tiques. Quelles missions se fixe EuroCloud ? EuroCloud doit répondre à deux enjeux majeurs : la reconnais- sance d’une profession et le développement d’une offre in- dustrielle au niveau européen. La reconnaissance, cela signifie donner à des entités comme la Commission européenne ou les Etats, une structure représentati- ve des professionnels européens du Cloud Computing. C’est un point essentiel quand on parle de normalisation, de standar- disation, etc. En moins d’un an d’existence, EuroCloud est une structure présente dans 22 pays européens et nous comptons 500 sociétés membres. Par ailleurs, le Cloud Computing impose aux fournisseurs euro- péens de travailler ensemble : les utilisateurs attendent une interopérabilité totale des ap- plications entre elles . Ici le défi est d’importance. Les Etats européens se donneront-ils les moyens de créer une offre de Cloud Computing d’envergure européenne ? En France, nous n’avons pas réussi à favoriser l’émergence de prestataires in- formatiques ayant une dimension internationale. Nous avons vu que le Cloud Computing occupait une place dans le Grand Emprunt lancé par l’Etat, je ne suis pas sûr que cela suffise à créer un secteur industriel. Or les parts de marché se prennent aujourd’hui. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE LEJEUNE-LORENZINI n Pierre-José Billote. DR DR Trois segments pour le Cloud Computing Les offres de Cloud Computing permettent l’accès via Internet à des ressources informatiques. Le consommateur (entreprise ou particulier) paie un abonnement selon son utilisation. On distingue trois grands segments de marché. Tout d’abord, le plus important : SaaS (Software as a service, Application à la demande) au tra- vers duquel l’utilisateur s’abonne à une application. Depuis quel- ques moins, on voit se dévelop- per les offres d’Infrastructure (IaaS, Infrastructure as a Service) par lesquelles les entreprises se déchargent de leurs opérations de sauvegarde, réseau, stockage, gestion de base de données, etc. Enfin, le dernier segment PaaS (Platform as a Service) est encore restreint et devrait permettre aux entreprises d’accéder à des plate-formes de développement mutualisées.

Le Monde - Cloud Computing - Sept 10

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Cahier sur le thème du "Cloud Computing" diffusé en supplément du quotidien Le Monde le 29 septembre 2010.

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Page 1: Le Monde - Cloud Computing - Sept 10

Vivre l'informatique comme un service que l'on paie à la demande ou via un abonnement, un peu à

la manière des forfaits télécoms, telle pourrait se résumer la promesse du Cloud Computing (informatique dans les nuages). Grâce notamment à des techno-logies de virtualisation, les ressources informatiques (applications, infrastruc-tures et plates-formes de développement) sont mises à disposition des utilisateurs

(entreprises, mais aussi administrations et collectivités locales), via Internet. Le changement est important puisqu'il signifie notamment qu’il est possible de s'affranchir des investissements lourds nécessaires pour maintenir à jour un système d'information.Avec le Cloud Computing, une entreprise loue des ressources informatiques selon ses besoins. Si elle souhaite des serveurs supplémentaires, sur la période de fin

d'année par exemple, pour absorber un pic d'activité saisonnier, il lui suffit désormais de louer cette puissance de traitement auprès d'un prestataire en Cloud Computing (SSII, opérateurs té-lécoms, etc.). Elle ne doit ni acheter des équipements qui lui serviront de façon temporaire, ni les installer, les maintenir ou les mettre à jour. L'autre changement tient au mode de financement de ce service : l'informatique se consomme

sous forme d'un abonnement auprès du prestataire qui loue la puissance informatique nécessaire. L'informatique n'est plus vécue comme une série d'im-mobilisations venant alourdir le bilan : le passage au paiement par abonnement permet de transférer une grosse partie de ses coûts en frais de fonctionnement, ce qui change la donne.

Retour à la flexibilitéContrairement à ce que l'on pourrait penser, les directions informatiques n'ont pas été les premières à s'intéres-ser aux services offerts par le Cloud Computing. « Des départements comme le marketing, les achats ou les ressour-ces humaines ont voulu avoir accès à des applications métier verticales », explique Sylvie Chauvin, directrice du cabinet d'études Markess International, « Avec les solutions proposées par des acteurs tels que Google ou Amazon - pionniers du Cloud Computing, ces entités ont pu acheter à l'extérieur un service répondant à une de leurs préoc-cupations quotidiennes ». Et c'est donc tout naturellement le secteur des appli-cations à la demande, SaaS (Software as a Service) qui occupe la plus grande part de ce marché, 80% selon Markess International. « Depuis, les directions informatiques ont repris le flambeau et ce sont elles qui portent désormais une part de la croissance d'un autre domaine du Cloud Computing, celui des infrastructures (IaaS, Infrastructure as a Service) », poursuit Sylvie Chauvin. Le cabinet Markess International estime le marché français associé aux services de Cloud Computing (IaaS, PaaS et SaaS) à 1,5 milliard d’euros en 2009. D’ici 2011, ce marché devrait connaître une croissance à deux chiffres sur tous les segments pour atteindre près de 2,3 milliards d’euros. Le segment IaaS, évalué à moins de 100 millions d’euros en 2009, devrait figurer parmi les plus

dynamiques des trois segments et qua-siment être multiplié par cinq.

Changement de comportementAvec le Cloud Computing, les DSI retrouvent la flexibilité perdue : elles ne subissent plus la complexité des déploiements de nouveaux matériels ou applications, elles transfèrent cela à des prestataires spécialisés. Le déploiement du Cloud Computing connaît tout de même certains freins : l'un d'eux relevant de la dématérialisation de l'informati-que. Ici, l'entreprise ne possède plus ses équipements, elle ne sait pas toujours précisément où sont stockées les données sauvegardées chez son prestataire. C’est pourquoi les questions de sécurité occu-pent la plus grande part des discussions entre prestataires et entreprises clientes : comment s'assurer de la confidentialité d'un serveur partagé entre plusieurs en-tités ou de données stockées « quelque part dans le monde » ?Par ailleurs, certains analystes s'inter-rogent : n'assiste-t-on pas avec le Cloud Computing et l'engouement qu'il génère, à une nouvelle bulle, à l'instar de celle d'Internet quelques années auparavant, avec tous les risques d'éclatement que cela comporte ?. « Il est vrai que beau-coup d'intervenants se positionnent sur ce marché », reconnaît Sylvie Chauvin « pour autant, la crise évite les embal-lements. Clients comme prestataires se montrent prudents et attentifs ».Quoi qu’il en soit, le Cloud Computing se positionne désormais comme une véritable alternative à l'informatique traditionnelle. Le Gartner Group classe d'ailleurs cette technologie parmi les 5 tendances clés qui « influenceront les stratégies informatiques des gouverne-ments jusqu'en 2015 ».

*chiffre 2009, source Markess International.

Anne Lejeune-Lorenzini n

CAHIER DU « MONDE » DATÉ DU 29 SEPTEMBRE 2010, N° 20429. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

(PUBLICITE)

Les Cahiers de la Compétitivités p é c i a l Cloud Computing

(publicite)

Les ambitions de SFR sur le marché du Cloud Computing

Entretien avec Paul Corbel, Directeur Général de SFR Business Team

Acteurs du numérique

Des repositionnements nécessaires

La rédaction du Monde n’a pas participé à La réaLisation de ce suppLéMent. pour toute inforMation : [email protected]

PAGE II PAGE III PAGE IV

Vers une offre complète de Cloud Computing français

Entretien avec Nathalie Kosciusko-Morizet

Les cahiers de La coMpetitiVite, datés du 29 septembre 2010, sont édités par l’agence Média thème.Directeur général : Deror Sultan - Rédacteur en chef : Eric Saudemont - Chef de rubrique : Christian Jacques. Ont participé à la rédaction de ce numéro : Michel Blanchot, Caroline Duprés, Philippe Fort, Anne Lejeune-Lorenzini - Secrétaire de rédaction : Lucas Granjean - Studio graphique : DG studio – Publicité : Média Thème Publicité : 92, boulevard Victor Hugo - 92110 Clichy - Tél. : 01 70 15 03 11 - www.mediatheme.fr - Contact : [email protected]

(La rédaction du Monde n’a pas participé à la réalisation de ce supplément)

Cloud Computing, une réalité désormais incontournable

Longtemps le Cloud Computing est resté un concept présenté par les services marketing des prestataires informatiques. Aujourd’hui la technologie se démocratise, le marché pèse 1,5 milliard d’euros et est en passe de modifier en profondeur la place de l’informatique dans les entreprises.

inTERViEw

« Une révolution aussi importante que celle de la micro-informatique »L’informatique, tant du côté de ses fournisseurs que de celui des utilisateurs, entame une mutation en profondeur de son mode d’exploitation avec l’avènement des modèles Cloud Computing. C’est en tout cas l’opinion de Pierre-José Billote, président d’EuroCloud France.

À quel stade de maturité se situe le marché du Cloud Computing ?Certains analystes sont tentés de distinguer les trois composantes de ce marché (voir encadré) et de concentrer leurs commentaires sur la partie applicative de ce secteur, dont tout le monde s’accorde à penser qu’elle est arrivée à maturité. En réalité, il me semble que ce débat est d’ores et déjà dépassé. L’adoption du Cloud Computing par les four-nisseurs informatiques comme par les utilisateurs - entreprises ou particuliers, est désormais inéluctable. On assiste déjà au basculement de certains grands comptes, comme Valéo, qui re-tiennent une architecture Cloud Computing pour leur messagerie

au niveau mondial. À leur image, d’autres entreprises vont suivre, préférant payer un abonnement à un service - ce que propose le Cloud Computing, plutôt que d’investir massivement dans des équipements et des applications comme l’impose l’informatique traditionnelle.

Est-ce un modèle réservé aux seuls grands comptes ?En aucun cas. En donnant accès à des applications métiers ou à des infrastructures haut de gamme

à un coût plus abordable que l’informatique traditionnelle, le Cloud Computing se démocratise très rapidement du grand compte à la TPE. A titre d’exemple : les start-up en sont généralement consommatrices. Ces entrepri-ses à développement rapide veulent accéder aux dernières innovations technologiques sans disposer du temps nécessaire à leur déploiement, ni du budget imposé par ce type d’investis-sement. Elles trouvent avec le Cloud Computing une infor-matique qui sait s’adapter aux fluctuations de leur activité : une flexibilité nouvelle qui répond à des vrais besoins.

La sécurité constitue une des clés de la réussite du Cloud Computing, comment s’assurer de la confidentialité, de la sau-vegarde des données exploitées sous ce modèle ?La question de la sécurité est essentielle effectivement, mais là encore, ce débat ne doit pas constituer un frein à l’adoption de ces nouvelles technologies. Si j’établis un parallèle avec la sécurité bancaire par exemple, aujourd’hui plus personne ne

met son argent dans un coffre-fort caché au fond de sa cave et de plus en plus d’individus possèdent un compte en ligne, en toute confiance. Même chose pour les communications té-léphoniques. Nous utilisons tous des réseaux télécoms pour communiquer sans savoir exac-tement quel itinéraire utilisent nos échanges. Il faut considérer le Cloud Computing de la même manière. Ce n’est pas parce que les données ne sont plus stockées dans une salle informatique au sous-sol de l’entreprise qu’elles sont en danger. Au contraire, le Cloud Computing permet le dé-ploiement de nouveaux services (sauvegarde, redondance, etc.) qui autorisent une protection accrue des ressources informa-tiques.

Quel l e s mis s ions s e f i xe EuroCloud ?EuroCloud doit répondre à deux enjeux majeurs : la reconnais-sance d’une profession et le développement d’une offre in-dustrielle au niveau européen. La reconnaissance, cela signifie donner à des entités comme la Commission européenne ou les

Etats, une structure représentati-ve des professionnels européens du Cloud Computing. C’est un point essentiel quand on parle de normalisation, de standar-disation, etc. En moins d’un an d’existence, EuroCloud est une structure présente dans 22 pays européens et nous comptons 500 sociétés membres.Par ailleurs, le Cloud Computing impose aux fournisseurs euro-péens de travailler ensemble : les utilisateurs attendent une interopérabilité totale des ap-plications entre elles . Ici le défi est d’importance. Les Etats européens se donneront-ils les moyens de créer une offre de Cloud Computing d’envergure européenne ? En France, nous n’avons pas réussi à favoriser l’émergence de prestataires in-formatiques ayant une dimension internationale. Nous avons vu que le Cloud Computing occupait une place dans le Grand Emprunt lancé par l’Etat, je ne suis pas sûr que cela suffise à créer un secteur industriel. Or les parts de marché se prennent aujourd’hui.

ProPos recueiLLis PAr Anne Lejeune-Lorenzini n

Pierre-José Billote.

DR

DR

Trois segments pour le Cloud

Computing

Les offres de Cloud Computing permettent l’accès via Internet à des ressources informatiques. Le consommateur (entreprise ou particulier) paie un abonnement selon son utilisation. On distingue trois grands segments de marché. Tout d’abord, le plus important : SaaS (Software as a service, Application à la demande) au tra-vers duquel l’utilisateur s’abonne à une application. Depuis quel-ques moins, on voit se dévelop-per les offres d’Infrastructure (IaaS, Infrastructure as a Service) par lesquelles les entreprises se déchargent de leurs opérations de sauvegarde, réseau, stockage, gestion de base de données, etc. Enfin, le dernier segment PaaS (Platform as a Service) est encore restreint et devrait permettre aux entreprises d’accéder à des plate-formes de développement mutualisées.

Page 2: Le Monde - Cloud Computing - Sept 10

- 29 septembre 2010 -IV

(PUBLICITE)

Les cahiersAdobe Garamond Pro

Le monde de la compétitivité - Cloud Computing(PUBLICITE)

Le Cloud Computing est aujourd’hui une réalité incontournable. Les entreprises IT françaises, notamment les éditeurs de logiciels, devront saisir l’opportunité que constitue le Cloud Computing pour proposer des services adaptés à leurs clients soucieux d’améliorer leur compétitivité.

Le développement du Cloud Computing est une évidence tant le modèle écono-mique qu’il propose est attrayant. Le paiement « à l’usage » remplace des dépenses d’investissements parfois lourds et souvent incertains. Bien que certains acteurs ne soient pas directement concernés par cette mutation pour des raisons de sécurité ou des besoins en applications trop spécifiques, le Cloud Computing se propage déjà à travers la plupart des secteurs de l’économie.Si les différents modes de Cloud Computing se développent à des ryth-mes différents - lentement pour l’Iaas (Infrastructure as a Service), de façon plus soutenue pour le PaaS (Plateforme as a Service), l’offre SaaS (Software as a Service) arrive à maturité. En témoignent les chiffres relevés outre-Atlantique : 40% des entreprises américaines ont eu

recours au SaaS en 2009 contre 15 % en 2006, selon Gartner.« En tant que nouveau mode de consom-mation de la ressource informatique, le Cloud Computing génère des scénarios d’usage multiples, selon le degré de contrôle que souhaite s’arroger l’entre-prise utilisatrice sur son informatique interne, explique Loïc Rivière, délégué général de l’AFDEL (Association fran-

çaise des éditeurs de logiciels). Pour les acteurs du numérique, les chaînes de valeurs sont donc bousculées. Certains sont contraints à des repositionnements stratégiques, chacun essayant de se positionner là où la création de valeur est maximum ou, pour ceux qui le peu-vent, sur tous les métiers à la fois, de l’infrastructure au service », Ainsi, les hébergeurs « secs » devraient offrir plus de services liés aux technologies Cloud. Les SSII seront également forcément im-pactées. En effet, l’émergence du Cloud Computing devrait réduire les besoins de développements informatiques et d’adaptation de logiciels chez leurs clients. La plupart d’entre elles verront leur marché se contracter. Certaines de-vront probablement se repositionner en opérateur de data center, que celui-ci leur appartienne ou qu’il soit la propriété de leur client ou d’un spécialiste. D’autres enfin évolueront en devenant elles-mê-mes éditeurs.

Anticiper les changementsEn France, chez les éditeurs, pour les nouveaux entrants comme pour les jeunes sociétés « nativement Cloud Computing », cette évolution peut consti-tuer un véritable accélérateur de crois-sance. Et cela pour de multiples raisons : un marché en pleine expansion allié à des coûts réduits par rapport aux acteurs historiques, peu d’investissements lourds

en matériels, l’externalisation de certains services qui ne relèvent pas de leur cœur de métier, l’optimisation des ressources employées, voire une perspective éco-responsable… En revanche, les acteurs majeurs, déjà positionnés sur le marché, doivent déplacer leurs outils vers des infrastructures et les rendre « Cloud ready ». L’écosystème des éditeurs s’avérera primordial. En effet, le choix des plate-formes sur lesquelles seront distribuées les applications aura proba-blement un effet structurant. Restera à résoudre la question des prix de vente, les éditeurs devenant eux-mêmes des clients de Clouds en mettant à disposition leurs outils sur des infrastructures qui ne leur appartiennent pas. Une tarifica-tion en fonction du trafic, de l’offre et de la demande avec des prix spot* est à prévoir.En tout état de cause, les fournisseurs de services Clouds doivent anticiper ce qui sera la prochaine évolution, la trans-formation du circuit de distribution. Les

prévisions de Gartner sont éloquentes : 20% des entreprises n’auront plus d’ac-tifs informatiques en 2012 et seront donc consommatrices de services Cloud. Les poids lourds des nouvelles technologies américains l’ont compris en intégrant ou en proposant des services Clouds. Amazon, Microsoft et Google, et dans une moindre mesure Salesforce, sont aujourd’hui les seuls positionnés comme des «Cloud providers», dont l’offre est présente sur les différents couches du Cloud. Le Cloud Computing est une réelle opportunité pour les entreprises IT françaises à condition d’anticiper les changements nécessaires sur un marché où les Indiens seront très pré-sents. Gartner prévoit que d’ici 2012, les sociétés de services IT indiennes représenteront 20 % des leaders mon-diaux d’agrégateurs Cloud.

*établissement d’un prix de marché pour une transaction immédiate

PhiliPPe Fort n

Spécialiste des produits innovants, logiciels et systèmes de stockage, NetApp propose des solutions qui allient efficacité et flexibilité : deux atouts essentiels pour la performance des Data Centers. Interview de Marc Montiel, directeur général de la filiale française.

Comment NetApp répond aux enjeux du « Cloud Computing » ?La révolution du Cloud Computing s’explique au travers de deux grands facteurs, économique et technologique. Tout d’abord, les entreprises proposant des services Cloud doivent s’appuyer sur un modèle économique rentable et donc proposer à leurs clients une infrastruc-ture mutualisée se devant d’être perfor-mante et flexible, pour répondre à leurs contraintes économiques (réduction des investissements, niveaux de services exigeants, réduction du temps de mise sur le marché des produits, etc.). Cette évolution a été rendue possible grâce au saut technologique de la vir-tualisation qui replace la donnée au cœur du système d’information des entreprises et au cœur des préoccu-pations des Directions Informatiques. Ensuite, les entreprises ont également une responsabilité technologique « green » ce qui implique la réduction de la consommation d’énergie, l’optimisa-tion de l’espace et des ressources dans les Data Centers. Le Cloud Computing promet un nouveau modèle de services

informatiques qui engendre de nom-breux challenges. NetApp accompagne aujourd’hui ses clients et ses partenaires dans cette démarche en leur permettant de simplifier et de rationaliser la gestion de leurs données.

Quelles sont les atouts des solutions offertes par NetApp ?Aujourd’hui, de grandes infrastructures Cloud reposent sur les solutions de stockage NetApp. Si vous achetez de la musique ou des billets d’avion sur Internet, faites partie d’un réseau social, ou utilisez une messagerie hébergée, il est fort probable que vous soyez l’un des millions d’utilisateurs accédant

déjà à des services Cloud basés sur des solutions NetApp. Nous répondons au mieux à la façon de gérer la donnée nu-mérique, désormais au cœur du système d’information de l’entreprise. NetApp propose des solutions qui allient efficacité et flexibilité, deux atouts essentiels pour la performance des Data Centers. Notre approche « IT-as-a-Service » extrê-mement innovante est basée sur l’automa-tisation de la gestion des données, ce qui accélère la mise en ligne des applications, leur protection et leur évolution, ainsi que sur l’optimisation du stockage : stocker plus de données sur moins de disques. De nombreux clients enregistrent des gains significatifs qui sont des indicateurs importants de performance : T-systems dispose aujourd’hui d’une efficacité et d’une fiabilité maximale, Oracle On Demand a réduit de 60 % ses coûts de stockage, enfin, Navitaire propose une large gamme de services haute disponi-bilité grâce à NetApp.

Quelle est la force de NetApp ? Nos liens historiques avec les grands opérateurs de télécommunications expli-quent aujourd’hui notre présence dans la majorité des grandes infrastructures Cloud mondiales. Notre avancée est liée à notre investissement technologique mais aussi à notre capacité à développer des alliances technologiques clés avec des acteurs comme Cisco, VMware, Microsoft, Citrix, BMC, CA, etc. Ce qui nous permet de fournir ensemble des infrastructures mutualisées de bout en bout.

ProPos recueillis Par Michel Blanchot n

innOVATiOn

« NetApp simplifie et rationalise la gestion des données numériques »

Marc Montiel.

DR

DR

Des repositionnements nécessaires pour les acteurs du marchébusiness mOdel

eVOluTiOns

« Nous permettons aux entreprises de déployer, dans des délais très rapides, des applications et des processus métiers parfaitement intégrés à leur système d’information », précise Matthieu Hug, Président de RunMyProcess. Basé sur des services Cloud, RunMyProcess est une plate-forme « as a service » qui faci-lite la gestion de processus inter-entre-prises dans le Cloud tout en permettant de relier les applications SaaS au reste

du parc applicatif de façon simple et intuitive. Ses solutions de workflow et d’intégration font de RunMyProcess un complément incontournable de Google Apps pour les entreprises. En mai der-nier, RunMyProcess a été sélectionnée comme l’une des 100 entreprises inno-vantes en Europe (RedHerring Europe 2010).

caroline duPrés n

IELO, un opérateur Internet, hébergeur et expert en technologies libres. Dans un souci de rationaliser ses infrastructures, IELO a développé NiftyName, une plate-forme de Cloud Computing distribuée sous licence libre. Cette solution permet de virtualiser des infrastructures d’hé-bergement (serveurs, stockage, réseau) sur un mode HaaS/IaaS, et de constituer ainsi des datacenters virtuels. IELO propose sa solution en mode hébergé ou accompagne ses clients dans la mise en

place d’un Cloud privé. NiftyName inclut également redondance géographique et réplication multi-sites. Ces fonctionnali-tés sont un atout pour élaborer des plans de continuité ou de reprise d’activité (PCA/PRA). IELO, membre de la Free Cloud Alliance, est avec NiftyName un des pionniers des solutions de Cloud Computing libre. http://ielo.net/cloud

PhiliPPe Fort n

OPen sOuRCe

PROCessus méTieRs

RunMyProcess, un Français à la pointe de l’innovation dans le Cloud

Les services Cloud avec des applications en ligne pour le grand public devraient largement se répandre dans le futur. En témoigne la bataille annoncée entre les deux géants, Microsoft et Google, qui ont opté pour deux modèles économiques différents. D’un côté, Microsoft compte développer sa nouvelle génération d’ap-plications bureautiques proposées dans le cadre de sa stratégie S+S (Software & Services). Cette nouvelle génération permet ainsi en achetant un logiciel Microsoft de l’installer sur son ordinateur en local et de l’utiliser en se connectant sur une plate-forme avec un autre terminal. Disponibles grâce au Cloud, les Office Web Apps seront intégrés à Hotmail-Live avec une version pour smartphone, Windows Phone 7.

Pour contrer son concurrent, Google propose ses Google Apps et un nouveau système d’exploitation, Chrome OS, gra-tuit. Installé dans un premier temps sur des appareils électroniques de type netbooks, téléviseurs, boxes Internet, disques dur multimédia, cet OS permettra d’accéder à des données en lignes, notamment par l’intermédiare du Chrome Web Store, la plateforme de téléchargement des applications. Google ouvre sa plate-forme et commer-cialisera des applications développées par d’autres acteurs. Google, en tant qu’opérateur du Cloud, recevra 5 % du prix des applications vendues.

PF n

Le Cloud, aussi pour les particuliers

NiftyName, le Cloud libre

Le Cloud, déjà mobile…La 3G a permis à la mobilité de se

concrétiser. Depuis 2009, le trafic des données a d’ailleurs dépassé celui de la voix. Avec la 4G, notamment les technologies LTE (Long Term Evolution) en cours de déploiement dans plusieurs pays, le très haut débit sans-fil accroîtra encore l’interactivité des terminaux mobi-les. Cette évolution des réseaux constitue un relais de croissance important pour les opérateurs de téléphonie mais aussi, entre autres, pour les acteurs du Cloud Computing. En effet, le développement de la mobilité n’est plus un problème de terminal ou de système d’exploitation mais d’architecture réseau permettant de mettre des contenus à la disposition des utilisateurs. Cette masse de données ne pourra plus être stockée sur un ter-minal ou dépendre de la plate-forme de l’opérateur télécoms. Elles devront être accessibles à tout moment. La solution du Cloud mobile apparaît donc comme la plus pertinente.Essentiellement réservés pour l’ins-tant aux professionnels, les services de Cloud mobile devraient s’étendre dans le futur aux particuliers. Une étude du cabinet ABI Research prévoit que d’ici 2015 plus de 240 millions d’utilisateurs professionnels accéderont à des services Cloud via des terminaux mobiles contre 42 millions aujourd’hui. Pour les particu-liers, ABI Research estime que le Cloud mobile touchera 19% des souscripteurs d’offres mobiles d’ici 2014, soit près d’un milliard de personnes dans le monde. Aux Etats-Unis, Avon va donner la possibilité

à ses 150.000 agents commerciaux de se connecter via leurs PC et smartphones à une plate-forme Cloud. De son côté, Coca-Cola équipe 40 000 collaborateurs, des chauffeurs de poids-lourds jusqu’aux commerciaux, de PDA. En France, Alstom a récemment choisi Microsoft et son offre Cloud pour ses 60 000 postes de travail dans le monde mais aussi pour 4 400 terminaux Blackberry.

PhiliPPe Fort n

DR

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- 29 septembre 2010 - III

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Les cahiersAdobe Garamond Pro

Le monde de la compétitivité - Cloud Computing(PUBLICITE)

Start-up française à la pointe de toutes les technologies du Cloud Computing, Convertigo propose différentes solutions à ses clients - des grands comptes, sur un marché mondial en pleine croissance.

« A l’origine Convertigo est un éditeur de logiciels classique mais nous avons senti l’intérêt et le

futur du Cloud Computing. Nous avons alors décidé de capitaliser sur l’innovation et de développer un important programme de recherche sur ces tech-nologies », explique Olivier Picciotto, fondateur et directeur général de cette start-up reconnue. Le métier de Convertigo est de proposer une PaaS (Platform as a Service) sur laquelle sont intégrées des applications composites. En effet, les grands comptes ont généralement des grandes applications monolithiques. L’intérêt pour les entreprises est maintenant non seulement de les faire cohabiter mais aussi de les faire communiquer. Or, la diffi-culté de ce modèle est d’intégrer ces applications hétérogènes aux technologies variées et achetées à des moments différents.

Des coûts très inférieursCela a un prix, nécessite une maîtrise techno-logique et un temps de développement impor-

tants. Le produit, appelé Convertigo Enterprise Mash-up Server, permet de le faire beaucoup plus rapidement et à des coûts nettement infé-rieurs. « Aujourd’hui, nous rencontrons notre marché. Les entreprises recherchent un modèle de fonctionnement plutôt qu’un modèle d’inves-tissement. Les économies pour nos clients dépen-dent bien évidemment du nombre d’applications qu’elles ont à intégrer », affirme Olivier Picciotto. Pour illustrer ses propos, cet expert des technolo-gies de l’information depuis 15 ans évoque deux de ses clients, sans les nommer, confidentialité oblige. Pour le premier, la solution Convertigo est 6 fois moins chère qu’un développement clas-sique avec l’intégration de 3 applications. Pour le second, elle est 15 fois moins chère pour 30 applications.

Un futur en toute sécuritéLa principale critique à l’encontre des Clouds est la sécurité, les données transitant sur Internet et sur des serveurs externes à l’entreprise qui est ainsi dépendante de la fiabilité de son presta-taire. « Nous avons une parfaite étanchéité des données sur notre plate-forme entre nos clients et nous avons choisi Amazon Elastic Cloud (EC2) comme infrastructure pour notre offre. Avec le SLA (Service Level Agreement), nous garantissons un niveau de performance, de contrôle et de sé-curité. Cependant, nous avons une vision hybride et, pour nos clients qui le souhaitent, Convertigo Mash-up peut être déployé sur une offre classi-que non Cloud », précise Olivier Picciotto. Convertigo est prête pour les deux révolutions qu’elle voit se profiler, l’intégration d’applica-tions hétérogènes sous la forme d’un service Cloud à destination des RIA (Rich Internet Ap-plications) et des smartphones. Il est probable que nous bénéficierons tous de la technologie Convertigo, une des entreprises leaders sur un marché mondial estimé à près d’un milliard de dollars dans les trois ans qui viennent, sur nos écrans et téléphones, sans même le savoir.

PhiliPPe Fort n

Véritable outil d’optimisation des coûts et de modernisation des relations Etat-citoyen, le Cloud Computing doit trouver sa place dans les réformes budgétaires en cours. Interview de Jérôme Brun, directeur des nouveaux services au sein d’Atos Origin.

Comment une architecture in-formatique peut-elle contribuer aux réductions de coûts initiées par l’Etat ?En lissant les pics de charge, le Cloud Computing allège les in-vestissements informatiques. Des équipements comme les serveurs peuvent ainsi être utilisés à 80% de leurs capacités (20 % en mode non Cloud). A traitements iden-tiques, la réduction en matériel, puissance électrique et mètres carrés est donc très significative. En mode Cloud Privé, on pourrait créer des « hôtels numériques »

afin de mutualiser les ressources (matérielles, logicielles) entre services ou ministères, entraî-nant une autre réduction des dépenses.

De quels nouveaux services ad-ministratifs, le Cloud Computing peut-il favoriser l’émergence ?On peut citer l’e-administration, l’e-santé, ou l’e-éducation qui seront typiquement des Clouds Publics, bien identifiés dans le

Grand Emprunt. Le rôle de l’Etat se situe dans la mise à disposition de ces services aux citoyens. En s’appuyant sur des prestataires tels Atos Origin, disposant de plates-formes sécurisées Cloud Computing sur le territoire natio-nal, l’Etat peut déployer rapide-ment et de façon volontariste ces nouveaux services.

Quelle est l’expérience d’Atos Origin en la matière ?Atos Origin couvre tout le spectre des services Cloud, du conseil au transfert d’expertise et services opérationnels pour l’Etat comme le site e-Bourgogne (réalisé en Par-tenariat Public-Privé) pour les ser-vices dématérialisés de la Région, le Dossier Pharmaceutique ou le Dossier Médical Personnel.

ProPos recueillis Par anne lejeune-lorenzini n

INFRASTRUCTURE S.I A LA DEMANDE

Olivier Picciotto, directeur général.

Jérôme Brun.

Paul Corbel.

DR

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AppLICATIFE-ADMINISTRATIoN

vEILLE

« Le Cloud Computing doit contribuer à la modernisation de l’Etat »

Convertigo, l’intégration du Cloud Computing au service des entreprises

Paul Corbel, Directeur Général de SFR Business Team, a annoncé le 29 juin dernier le lancement de l’offre « Infrastructure SI à la Demande », qui s’appuie sur une infrastructure HP. Lors de notre rencontre, Paul Corbel nous explique les ambitions de SFR sur le marché du Cloud Computing et comment construire une offre simple et rassurante qui répond aux attentes du marché.

Vous lancez une offre de Cloud Computing à destination des entreprises. Pourquoi et quelle est votre légitimité sur cette activité ?SFR Business Team est une structure de SFR dédiée aux services pour les entreprises. Nous sommes présents sur tous les segments des services Telecom fixes et mobiles. Nous voulons désormais accompagner nos clients là où il y a une convergence entre l’informatique et les télécoms : les communications unifiées avec la messagerie, la vidéoconférence et la téléphonie IP, la sécurité et l’héber-gement Informatique en sont les grands axes. Aujourd’hui, la plupart des serveurs sont reliés au réseau IP d’un opérateur et cette activité est un prolongement naturel de nos services Internet ou de VPN IP MPLS. Ce mouvement vers des offres informatiques n’est pas nouveau. Avec l’intégration de Jet Multimedia France, nous sommes déjà des spécialistes de l’infogérance, de la location de serveurs dédiés ou virtualisés, et plus générale-ment de l’hébergement, et comptons des clients prestigieux comme Priceminister, Canal+, France Télévision ou TNT.Le développement du Cloud Computing sur le marché américain le prouve. Il y a aujourd’hui une maturité sur ce marché et une demande pour ce type d’environ-nement, à condition d’être clair sur les services proposés. Notre approche est

pragmatique : les notions de simplicité et d’offre directement compréhensible pour le client sont essentielles. Le modèle éco-nomique du Cloud Computing est basé sur une facturation selon la consommation et permet de diminuer les investissements d’infrastructures au profit de dépenses d’innovation. Cette nouvelle offre propose un premier niveau de service, une IaaS (Infrastructure as a service).

Vous mettez des plates-formes à dis-position de vos clients. Pouvez-vous développer ce point ?Les clients activent eux-mêmes sur la plate-forme SFR Business Team les ressources serveur et stockage dont ils ont besoin et y mettent très simplement leurs applications. SFR Business Team n’est pas une SSII. Nous souhaitons d’ailleurs travailler avec celles-ci pour ap-porter une réponse globale à nos clients. Aujourd’hui, notre offre est adaptée aux différents besoins d’infrastructure, que ce soit pour de nouveaux projets ou des extensions, des délestages de charges ou des plans de reprise d’activité par exemple. L’effet de levier financier repose sur la mutualisation des expertises et de

ressources techniques. Ce qui n’est pas dépensé en infrastructures est dispo-nible pour d’autres investissements. À condition, évidemment d’évoluer dans un environnement sécurisé, cloisonné et de bénéficier d’un service rapide et optimum.

Comment faites-vous pour assurer ce niveau de service ?SFR Business Team maîtrise les infras-tructures de bout en bout, ce qui nous permet de nous engager sur une per-formance forte. De plus, nos serveurs installés dans nos 6 Datacenters sont tous situés en France, avec une mise en service et des activations de nos services complètement automatisées. Nous proposons différents SLA (Service Level Agreement). Pour le déploiement, nous garantissons un environnement sécurisé en 15 jours, l’activation d’un serveur ou de stockage supplémentaire se fait ensuite en moins d’une heure. Nous proposons un taux de disponibi-lité de 99,95 %. Nous avons une gestion homogène du réseau et de l’infrastruc-ture. Les données sont répliquées dans deux de nos sites. Notre offre de Cloud

« Infrastructrure SI à la Demande » est proche de notre savoir-faire d’opérateur Telecom, où une grande proximité avec le client est également nécessaire dans la durée. L’offre Cloud est ainsi logi-quement un de nos axes stratégiques de développement.

Comment comptez-vous procéder pour convaincre vos clients et prospects de la pertinence de votre offre Cloud ?L’image du Cloud Computing est long-temps restée assez floue. Nous sommes actuellement dans une phase où la tech-nologie devient concrète et le modèle éco-nomique est mature. Pour en convaincre nos interlocuteurs, nous développons

une démarche pédagogique, notamment autour des sujets de la sécurité et de la réversibilité. Les données hébergées chez nous sont localisées en France, avec un haut niveau de disponibilité, et auditables. Le client, s’il le souhaite, peut récupérer l’intégralité de ses données, à tout moment et de manière autonome. Là aussi, nous le garantissons. Deux maîtres mots conduisent notre démarche : clarté et simplicité. Le client comprend tous les avantages de faire appel à nos servi-ces : une mutualisation qui génère une baisse des coûts dans un univers sécurisé, accompagné par des professionnels sen-sibles à leurs préoccupations.

ProPos recueillis Par PhiliPPe Fort n

SFR Business Team : une offre Cloud simple et pragmatique

SFR est le 1er opérateur alternatif de télécommunications en Europe avec 12,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2009 et près d’un Français sur deux utilisateurs de ses services. Opérateur global, SFR est à même de répondre aux besoins de ses clients grand public, professionnels, entreprises ou encore opérateurs, que ce soit pour des services mobile, fixe ou Internet. Propriétaire de ses infrastructures mo-biles et fixes et doté d’une expertise reconnue dans les domaines de l’IP (Internet Protocol), SFR a les moyens de ses ambitions : être un acteur ouvert et responsable qui facilite la vie numérique de chacun, en apportant toujours plus de simplicité, d’innovation utile et de qualité de service.Elle offre également toute une palette de services liés aux technologies de l’information et de la communication aux entreprises à travers sa filiale, SFR Business Team. Son métier historique lui a permis de développer un réseau et une

infrastructure informatique situés phy-siquement en France. C’est aujourd’hui un avantage considérable pour son offre Cloud. En effet, SFR Business Team exploite pour ses clients plus de 3 000 serveurs informatiques, ainsi que 20 000 m² de DataCenters répartis sur 6 sites (Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg Rennes, et Bordeaux). SFR Business Team est ainsi en mesure de garantir la localisation des données qu’elle héberge. Pour les entreprises prospects et leurs DSI, soucieuses de la sécurité des données et des flux, c’est atout indéniable. L’offre Cloud de SFR Business Team a d’autant plus de chances d’être une réussite qu’elle peut se reposer sur un parc clients important : 140 000 entreprises lui ont fait confiance, et SFR Business Team travaille déjà avec 90% des entreprises du CAC 40 et 80% des entreprises françaises de plus de 500 salariés.

P.F.

SFR : une entreprise française, apportant sécurité et proximité

Vincent Hauguel a lancé, fin 2009, un blog sur le Cloud Computing, cloud-buzz.com, après

avoir quitté une PME de 1200 personnes pour monter TechnoConseil.fr et offrir ses services de consulta-tion en matière de technologies de l’information. Il estime que si le Cloud Computing n’est qu’une évolution pour le monde informatique, il est une révolution quant à son mode de distribution et de consommation. Les technologies Clouds représentent un gisement d’économies pour les petites et moyennes structures grâce au paiement à la consommation tout en étant un accélérateur, les solutions utilisées pouvant être testées et mises en œuvre dans des délais très courts. « C’est beaucoup moins risqué, à des prix abordables grâce aux éditeurs qui ont réussi à mutualiser leurs logiciels », constate Vincent Hauguel. « Est-ce le métier de l’entreprise de faire

ses propres développements informatiques puis d’assurer le support technique et la maintenance des infrastructures associées ? Peut-être pour des applications stratégiques, en tous les cas pas pour les autres », affirme-t-il. Encore faut-il que les PME en soient conscientes et soient informées des outils disponibles. D’où l’idée de cloud-buzz.com qui leur est destiné. « J’assure une veille technologique sur le Cloud Computing et je mets en ligne des synthèses ou des liens vers d’autres sources. Ma démarche est neutre, toute information intéressante est prise ». Vincent Hauguel en profite pour lancer un appel à candida-ture : « J’aimerais que cloud-buzz.com devienne un espace collaboratif et j’accueillerai avec plaisir les personnes qui voudront me rejoindre ».

PhiliPPe Fort n

Cloud’buzz : le blog du Cloud

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- 29 septembre 2010 -II

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Le monde de la compétitivité - Cloud Computing(PUBLICITE)

Le recours aux services de Cloud Computing est aujourd’hui une tendance de fond pour les entreprises. La maîtrise de cette innovation technologique est du ressort des directions des systèmes d’information (DSI). Celles-ci doivent gérer les conséquences multiples générées par l’utilisation de ces services en ligne.

Le Cloud Computing permet de transformer des dépenses d’inves-

tissement en dépenses de fonctionne-ment en achetant à des prestataires des services informatiques à travers un ré-seau extérieur à l’entreprise. Un Cloud interne est toujours possible, mais il réduit au sein de l’entreprise les avan-tages qu’offrent les services de Cloud Computing : mutualisation de ressour-ces, paiement à l’usage, modularité et standardisation des fonctions propo-sées. Selon ses besoins, l’entreprise peut se tourner vers trois types de ser-vices disponibles. Un premier niveau, l’Infrastructure as a Service (IaaS) per-met d’externaliser ses serveurs et ses réseaux. Le Platform as a Service (PaaS) ajoute une couche supplémentaire : un environnement informatique applicatif spécifique mais les entreprises conti-nuent à développer leurs propres ap-plications. Enfin, le Software as a Ser-vice (SaaS) offre une informatique ap-plicative standardisée. « Les avantages des services de Cloud Computing sont tout d’abord l’agilité et la simplicité. La facturation se fait à l’usage, en fonction de l’augmentation ou de la diminution de l’utilisation des services », explique Bernard Duverneuil, DSI d’Essilor et co-pilote d’un groupe de travail qui a rédigé un rapport(1) sur ce sujet pour le CIGREF.

Agir avec discernementGeorges Epinette, DOSI Groupement des Mousquetaires, autre co-pilote du

groupe de travail du CIGREF, précise : « Il faut plutôt parler de flexibilité pour les IaaS et les PaaS, l’agilité concerne surtout les SaaS. Les temps de mises en service des applications sont réduits de quelques semaines à quelques jours puisque les environnements de test et de pré-production disparaissent au sein de l’entreprise ». L’émergence du Cloud Computing et de ses services est

une véritable mutation pour les entre-prises. « Elle se traduit par des modè-les économiques différents et des offres nouvelles qui ont un impact important sur l’écosystème des systèmes d’infor-mation des entreprises. Elle transforme non seulement les fonctions et les rôles des DSI mais aussi les relations avec les fournisseurs et les utilisateurs », explique Georges Epinette. « Du côté utilisateur, le progrès est évident puis-que l’enrichissement est progressif et incrémental ». En revanche, côté SI, les écueils à éviter sont nombreux pour bénéficier pleinement de ces nouvelles technologies. Le rapport du CIGREF sur l’impact du Cloud Com-puting dresse un premier état de lieux. « Si la tendance du Cloud Computing en raison des avantages qu’il procure est inéluctable, il faut cependant agir avec discernement », résume Bernard Duverneuil. « Si l’écosystème des PaaS et des Iaas se définit et ne devrait pas trop bouger, le marché des SaaS, avec l’émergence de nombreuses start-up, n’est pas encore mature », explique Georges Epinette. « Actuellement, les fournisseurs doivent acquérir des in-frastructures et des compétences en logiciels pour proposer une offre struc-turée, cela se traduit dans les prix. La mutualisation n’est pas toujours réper-cutée sur le client et ne se reflète pas dans modèles financiers ».

Guide des bonnes pratiquesLe recours au Cloud Computing est également confronté au phénomène de rupture. Avant de se lancer dans l’aven-ture, il faut tenir compte des investisse-ments déjà réalisés et de leurs amortis-sements. La pertinence du Cloud Com-puting est liée à divers paramètres, un rapport entre la durabilité et l’intensité des services proposés et leurs coûts est indispensable.Néanmoins, le principal risque du Cloud Computing réside dans les pro-blèmes de sécurité et de réversibilité(2). S’il existe des contrats définissant dif-

férents niveaux de sécurité, il n’existe aucune garantie. Bernard Duverneuil estime qu’il faudra dans le futur trou-ver une régulation. Pour le problème de la réversibilité, les deux co-pilotes du groupe de travail préfèrent le terme de « transferabilité ». En effet, le risque existe de devenir dépendant, voire pri-sonnier de son fournisseur de services Cloud. Les SI doivent donc être très vigilants sur ce point et prévoir des contrats spécifiques permettant le cas échéant de changer de prestataire. Tous deux estiment qu’un guide des bonnes pratiques est indispensable. En atten-dant la maturation du marché, ce do-

cument devra s’appuyer sur les retours d’expérience mais aussi capitaliser sur ce qui a été fait en matière d’externa-lisation et d’infogérance. Leur rapport est d’ailleurs la première pierre de cet édifice important qui reste à bâtir.

(1) « Cloud Computing - Impact du Cloud Computing sur la fonction SI et son écosystème - Rapport d’étape et témoignages d’entreprises »(2) la possibilité de reprendre ou faire reprendre l’exploitation des fonctions externalisées lors de l’expiration du contrat, que celui-ci soit résilié ou arrive à son terme normal.

PhiliPPe Fort n

Fidèle à sa volonté de fournir aux entreprises des outils pratiques, le syndicat professionnel Syntec informatique met en ligne un exemple de contrat visant à encadrer les prestations en mode SaaS.

Quand une entreprise recourt au Cloud Computing, c’est dans 80%

des cas pour utiliser des applications à la demande, via Internet. Données stockées à l’extérieur de l’entreprise, serveurs délocalisés, externalisation de la maintenance, tous ces points peuvent inquiéter certains utilisateurs et les ame-ner à hésiter. Conscient du problème, Syntec informatique a réalisé, et mis en ligne, le « Guide Contractuel SaaS », comprenant un modèle de contrat liant le prestataire et l’entreprise cliente. « Le Cloud Computing soulève des ques-tions juridiques complexes », explique Olivia Flipo, avocate associée au sein du cabinet Staub&Associés, auteur du Guide Contractuel Saas. « En éditant ce document, le Syntec entend attirer

l’attention des entreprises comme celle des prestataires sur l’importance que revêt une formalisation juridique de ces prestations », poursuit Olivia Flipo.Parmi les points importants certains doivent faire l’objet d’une vigilance toute particulière. Ainsi le prestataire doit-il indiquer clairement le lieu où sont implantés les serveurs contenant les données de l’entreprise qui fait appel à ses services de Cloud Com-puting. « Toute entreprise française devant fournir cette information à la Cnil, on ne peut transiger sur cette question », affirme Olivia Flipo. Autre point essentiel : prévoir les clauses de réversibilité, c’est-à-dire la façon dont l’entreprise pourra reprendre la main sur ses données à la fin du contrat de services. Enfin Olivia Flipo suggère également de formaliser, dès la signature du contrat, une réévaluation possible du mode de calcul des abonnements versés par l’entreprise afin de les adapter réellement à sa consommation.

Anne lejeune-lorenzini n

entretien

Bernard Duverneuil

Georges Epinette

Nathalie Kosciusko-Morizet.

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juridique

entrePriSeS

Maîtriser les services de Cloud Computing

Alors que la récente consultation publique sur le volet « contenus et usages numériques » des investissements d’avenir a connu une forte mobilisation, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, réaffirme notamment son « attachement au regroupement de nombreux d’acteurs autour des projets de Cloud Computing ».

Les technologies du Cloud Computing sont bien souvent présentées comme une « nouvelle révolution de l’infor-matique ». Qu’en pensez-vous ?Je ne sais pas si on peut parler de révo-lution mais il s’agit à n’en pas douter d’une évolution majeure, qui va structu-rer le marché de l’informatique pour les années à venir. Concrètement, le Cloud Computing signe la fin progressive de l’informatique personnelle telle que nous l’avons connue jusqu’à aujourd’hui. La puissance, le stockage de données, et, bien entendu les applications vont être en quelque sorte externalisés. C’est la raison pour laquelle les géants de l’informatique, américains notamment, investissent plusieurs milliards de dol-lars dans l’informatique en nuage et c’est pourquoi il est essentiel d’accompagner le développement d’une offre complète de Cloud Computing français.

La récente consultation publique sur le volet « contenus et usages numériques » dans le cadre du Grand emprunt a reçu plus de 400 contributions. Etes-vous sa-tisfaite de cette participation et quel bilan faites-vous de cette consultation ?Nous avons déjà atteint le premier

objectif que je m’étais fixé : mobiliser l’ensemble des acteurs de la société numérique, les entreprises - de la TPE à la multinationale - mais également les pôles de compétitivité, les collectivités territoriales, les universités et même les particuliers. Cette consultation a permis en particulier d’impliquer les PME. Au-delà des grands groupes et opérateurs, il était essentiel que les TPE et PME innovantes mettent un pied dans la porte et fassent entendre leurs voix, et de ce point de vue c’est une réussite.

Avec 47 contributions, le développement de l’informatique en nuage apparaît comme l’un des thèmes prioritaires pour les acteurs du numérique. Comment avez-vous sélectionné celles qui feront l’objet d’appels à projets ?Premièrement, les appels à projets ne s’appuieront pas sur des contributions particulières. L’objet de la consultation était de faire émerger les axes straté-giques d’investissement. Les appels à projets seront donc élaborés à partir de la synthèse des contributions. Le Cloud Computing a ceci de particulier qu’il touche l’ensemble des acteurs économiques du numérique, à savoir les équipementiers, les opérateurs, les SSII, les entreprises du logiciel, libre et propriétaire. Le fait qu’il ait suscité le plus grand nombre de propositions n’est donc pas étonnant en soi. En revanche, cela renforce notre volonté de ne pas nous limiter au financement d’un seul projet porté par un consortium de gran-des entreprises, mais bien de privilégier les alliances incluant des acteurs plus modestes mais extrêmement innovants. Le grand emprunt est un outil unique pour consolider l’ensemble de la filière numérique française, et je redis ici tout mon attachement au regroupement de nombreux d’acteurs autour des projets de Cloud Computing.

L’informatique dans les nuages est présentée comme très porteuse d’inno-vations mais aussi comme un facteur de maîtrise ou d’optimisation des coûts pour les entreprises. Des questions se posent néanmoins en termes de sécu-rité ou de protection des données. Ces questions sont-elles abordées dans le cadre de votre réflexion sur la neutra-lité du Net ?Pour moi, neutralité du Net et sécu-risation des données sont deux ques-tions distinctes. En ce qui concerne la protection des données, il nous revient en effet de mettre en place des standards minimaux de sécurité et de confidentialité, les travaux sont en cours à l’ANSSI(1) et à la CNIL. Par ailleurs, les investissements d’avenir contiennent un volet « sécurité et ré-silience des réseaux » afin d’accélérer la mise à niveau des infrastructures en terme de sécurité. L’enjeu de la créa-tion d’un Cloud Computing français est d’ailleurs précisément de s’assurer que nos standards de protection seront bien respectés.

En France, les différents acteurs qui composent la filière du numérique sont-ils suffisamment présents et impli-qués dans les technologies du « Cloud Computing » et du SaaS ?Le SaaS est une activité qui se dévelop-pe en France depuis plusieurs années. Notre véritable défi aujourd’hui est plutôt de réussir à valoriser l’ensemble des solutions applicatives françaises. L’enjeu est de disposer d’une offre de Cloud à la française, à la fois complète et compétitive afin de faire face à la concurrence américaine notamment.

Un développement massif de ces tech-nologies implique le déploiement de nouvelles infrastructures, comme les centres de données ou les réseaux de

transports. La situation de ces infras-tructures en France, vous paraît-elle satisfaisante ?La France est bien placée en Europe en termes d’accès au haut débit, mais nous devons aller plus loin. C’est pourquoi le Gouvernement consacre 2 milliards des investissements d’avenir au déve-loppement du très haut débit. Nous disposons par ailleurs d’un réseau de grande qualité en ce qui concerne les centrales de données. C’est le fruit des investissements de grands acteurs – tels qu’Orange ou IBM – comme de plus petits, à l’image d’Ikoula, une PME que j’ai visitée à Reims et qui travaille dans le Cloud Computing. Encore une fois, ce que nous voulons, c’est démultiplier l’offre en aidant tous ces acteurs à travailler ensemble, et en investissant directe-ment dans leurs projets.

Compte tenu des enjeux techniques et financiers, des initiatives européennes sont-elles nécessaires ?Oui, je pense que le Cloud Computing est un défi à l’échelle de l’Europe. Nous en avons d’ailleurs discuté avec Nellie Kroes(2). Je suis convaincue que si la France investit plusieurs centaines de millions d’euros dans ces technologies, elle trouvera des partenaires pour l’ac-compagner. Nous pouvons déjà avancer avec des pays qui ont une industrie à faire valoir dans le Cloud Computing, et je pense à nos voisins allemands notamment.

ProPos recueillis PAr cAroline duPrés n

(1) ANSSI : Agence nationale de sécurité des systèmes d’information

(2) Commissaire européenne à la société numérique et vice-présidente de la Commission européenne

« L’enjeu est de disposer d’une offre de Cloud à la française, à la fois complète et compétitive »

Formaliser un contrat pour une plus grande transparence

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