Le mouvement étudiant québécois – son passé, ses revendications et ses luttes (1960-1983) - Chapitre 1

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    Le mouvement tudiant qubcois connat un nouvel essorFaire enqute et prendre la parole

    Naissance du syndicalisme tudiantCration de l'UGEQ

    Du corporatisme au syndicalisme

    Les journaux tudiants : des veilleurs de conscienceUne conjoncture bien mouvemente

    Une premire manifestation d'envergure nationaleLa reine visite ses sujets

    L'action sociale tudiante : Une formule pour aider les plus dmunis-es et... les tudiants-es

    Le mouvement tudiant qubcois connat un nouvel essora socit qubcoise connat, ds le dbut des annes '60, de nombreux et profonds changements. Identifies laontinuit, ces transformations reprsentent un ajustement aux besoins d'une socit qui acclre son

    = Un mot du conseil central de l'ANEQ 1965-1967 : Entre la collaboration et la confrontation =>

    1960-1964

    1960

    -Juin : Le Parti libral du Qubec (PLQ) remporte, sous le signe du changement, les lections provinciales.-Juillet : Plusieurs associations gnrales tudiantes de niveau universitaire commencent dfendre l'ide du syndicalisme tudiant. Un mmoire est

    produit par des associations tudiantes universitaires revendiquant, auprs du nouveau gouvernement qubcois, la gratuit scolaire.

    -Septembre : Le Rassemblement pour l'indpendance nationale (RIN) voit le jour.

    1961

    Le journal Vie tudiante, organe officiel de la jeunesse tudiante catholique (JEC), lance une campagne pour le droit de vote 18 ans. -Mars : Cration, par le gouvernement qubcois, d'une Commission royale d'enqute sur l'enseignement au Qubec (Commission Parent).-Septembre : Les tudiants-es adhrent aux principes de la Charte de Grenoble qui reconnat l'tudiant comme un jeune travailleur intellectuel.

    1962

    -Avril : La Presse tudiante nationale (PEN) convoque la premire journe syndicale laquelle participent les syndicats tudiants des collges et desuniversits.-Aot : Congrs annuel de la PEN. Les dlgus-es parlent de la ncessit de s'organiser selon les principes du syndicalisme tudiant.

    -Novembre : Fondation de l'Organisation gnrale des tudiants de l'enseignement spcialis du Qubec (OGEESQ).-Dcembre : Manifestation contre les dclarations anti-francophone et racistes du prsident du Canadien National, Donald Gordon. Des centainesd'tudiants-es y participent.

    1963

    -Fvrier : Fondation du Front de libration du Qubec (FLQ) et, trois mois plus tard, de l'Arme de libration du Qubec (ALQ). -Mars : l'initiative de l'Association gnrale des tudiants de l'universit de Montral, une premire journe syndicale d'information est organise auCentre social de l'universit de Montral. Les sujets l'ordre du jour : fondation de l'Union gnrale des tudiants du Qubec (UGEQ) et lection du

    premier excutif provisoire de la future centrale syndicale tudiante. -Mai-juin : Cration de la FAGECCQ, de l'AIE et de la FNQ.-Septembre : A l'Universit de Montral, en opposition la hausse des prix, les tudiants -es organisent le boycottage de la caftria.-Octobre : l'Universit Laval, l'association tudiante (AGEL) revendique la cogestion.

    1964

    -Avril : Marche Qubec de 3 000 tudiants-es des collges et des universits pour appuyer les revendications nationalistes du gouvernement Lesage.-Mai : Cration par le gouvernement qubcois du ministre de l'ducation et du Conseil suprieur de l'ducation (loi 60). -Octobre : L'AGEUM appuie les journalistes de La Presse en grve. Le Quartier Latin publie alors l'intrieur de ses pages La ... libre, le journal desgrvistes. Manifestation des tudiants-es contre la venue de la Reine au Qubec.-Novembre : Fondation de l'Union gnrale des tudiants du Qubec (UGEQ). -Dcembre : Premier reportage sur l'opration 55 (cration des 50 Commissions scolaires rgionales) dans le Quartier Latin et Le Carabin. Lestudiants-es se disent favorables au projet qui permet la mise en chantier de plusieurs polyvalentes.

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    ndustrialisation, et par le fait mme, son dveloppement. C'est ainsi que le 22 juin 1960, l'quipe du tonnerre deean Lesage succde 18 annes, presque conscutives, du rgime de Maurice Lenoblet Duplessis. Le Qubec de

    grande noirceur allait vivre des heures un peu plus clairantes. C'est le temps que a change affirme tout hautfameuse quipe librale. La rvolution tranquille est en marche. Rapidement le Qubec se dote d'un vritable

    ppareil d'tat beaucoup plus sophistiqu et technocratis. L'tat devait aussi se lancer, au cours des annes 60, crivaient deux chercheurs de l'Universit Laval,ans des transformations importantes des structures acadmiques et du contenu des programmes d'enseignement. Ces mutations de structures et de programmescadmiques visaient essentiellement reprendre le retard que connaissait le Qubec, par rapport aux principales provinces canadiennes (...). La main d'oeuvreubcoise ne prsentait pas de standard de qualification trs lev, ni de niveaux d'instruction jugs satisfaisants (1). toutes ces grandes transformations ducation, s'ajoute de plus le discours allchant et trs individualiste des libraux qui prtendent que s'instruire c'est s'enrichir. Bien que les jeunes sont et serontavorables au dveloppement de l'instruction publique, il n'en demeure pas moins qu'ils favorisent et favoriseront des solutions plus collectives leurs problmes que deouloir tout prix s'enrichir personnellement.

    insi au niveau de l'ducation, des modifications importantes se pointent l'horizon. La responsabilit de ce secteur est confie nul autre que Paul Grin Lajoie, alorsministre de la jeunesse. Celui-ci fait appel aux bons offices d'une Commission royale d'enqute pour tudier plus fond l'organisation et le fonctionnement de

    nstruction publique dans la belle province.

    uite aux recommandations de cette Commission, prside par Mgr Alphonse Marie Parent, le gouvernement qubcois adopte, le 19 mars 1964, une loi (le bill 60)fin de crer officiellement le ministre de l'ducation. C'tait du neuf et tous les espoirs taient maintenant permis. Les libraux n'avaient -ils pas, de plus, promislargir l'accs l'ducation, jusque-l restreint une lite, en instaurant la gratuit scolaire tous les niveaux de l'enseignement, y compris celui de l'universit , de

    mme que la gratuit des manuels scolaires dans tous les tablissements sous juridiction du dpartement de l'instruction publique (2).ue rservait donc l'avenir?

    Faire enqute et prendre la parole

    galement cette poque, le mouvement tudiant qubcois s'organise, se structure et prend dfinitivement la place qu'il lui revient. Les tudiants tentent depuisuelques annes de se mler de leurs affaires, lit-on dans une publication produite par l'Association gnrale des tudiants de l'Universit de Montral (AGEUM) (3).Le milieu tudiant qubcois est sorti d'une longue priode d'inertie. Ce mouvement soudain des esprits, explique Michel Vaillancourt, militant de l'AGEUM, n'a pas sans surprendre et parfois heurter. Ds la cration de la Commission Parent, poursuit-il, les tudiants ont senti que le moment tait venu pour eux de prendre laarole (4).

    n 1961, c'est l'initiative de trois associations tudiantes universitaires, soient celles de Montral, Laval et Sherbrooke, qu'une enqute est commande sur les originesociales des tudiant-es de niveau universitaire. Cette enqute sociologique fut dirige par M. Jacques Brazeau, assistant-directeur du dpartement de sociologie deUniversit de Montral. Pour les besoins de la cause, une quipe de travail est rapidement mise sur pied et distribue, dans les universits francophones, unuestionnaire plus de 2 000 tudiant-es. Les rsultats furent divulgus publiquement au dbut de l't 1962 (5).

    Mais pourquoi ce travail d'enqute? D'abord, il appert qu' cette poque presqu'aucune enqute srieuse n'avait t mene sur l'accessibilit l'ducation, sur lapartition des classes sociales l'universit ainsi que sur les problmes financiers que vivaient les jeunes qubcois -es. Il y avait donc une pnurie de statistiques etette situation tait, selon les militants-es, injustifiable. Il fallait, par ncessit, produire un portrait aussi exact que possible de la ralit.

    rs rvlatrice, cette photographie sociologique permet de comprendre, de faon trs scientifique, comment les portes des universits francophones se fermentapidement aux jeunes d'origine ouvrire. Tandis que pour les jeunes en provenance de bonne famille - lire d'origine bourgeoise - elles sont toutes grandes ouvertes.cole n'est-elle pas accessible pour tous et toutes? Les pratiques scolaires, en particulier au niveau universitaire, sont- elles discriminatoires? Les rponses ne tardrentas venir. N'est-il pas plutt alarmant de constater que le revenu familial joue un rle de slection quant au nombre d'enfants qui pourront `faire des tudes', peut -onre dans le document de l'AGEUM intitul Le milieu tudiant : ses origines sociales. L'ducation n'est pas un chance : elle est un droit, affirme -t-on, et ce droitevrait aussi s'appliquer l'enseignement suprieur, suivant les possibilits intellectuelles de la jeunesse et non suivant ses moyens matriels et ce qui est pire, sonppartenance sociale (6).

    insi pour les associations tudiantes universitaires, ce travail statistique n'est pas inutile, bien au contraire. Il permet aux leaders tudiant -es d'laborer une srie deevendications se rapportant directement la condition financire des tudiant -es. Puis, on revendique avec insistance la gratuit scolaire telle que promise par lesoliticiennes. Il faudra peut-tre, dans ce but, demande l'AGEUM, rejoindre l'entreprise prive sa contribution l'ducation parait actuellement bien faible. Nousommes bien conscients, explique-t-on, d'autre part, qu'il y a d'autres problmes d'ordre conomique et social dans notre socit. Mais nous sommes persuads que

    s vritables solutions longue chance ne peuvent tre appliques sans investir au dpart dans le domaine ducationnel (7).

    n bref, le mouvement tudiant revendique, la lumire de ses analyses, la dmocratisation de l'enseignement, et cela, tous les niveaux de la socit

    ubcoise.

    Naissance du syndicalisme tudiant

    ar ailleurs, il apparat que c'est au dbut des annes '60 que le mouvement tudiant qubcois se tourne dfinitivement vers le syndicalisme comme mthode deonctionnement et de pense. Ainsi, et c'est un fait assez significatif, l'AGEUM adopte en 1961 sa charte de l'tudiant universitaire qui s'inspire largement desrincipes de la charte de Grenoble (labore, en 1947, par l'Union Nationale des tudiant-es de France-UNEF). Cette charte dfinit l'tudiant comme un jeuneavailleur intellectuel; elle a ceci de remarquable qu'elle dtermine, par surcrot, des droits et des devoirs pour l'tudiant, crit Michael McAndrew, un militantudiant l'AGEUM. L'tudiant, poursuit-il, cesse d'tre un parasite de la socit revendiquant uniquement pour son confort personnel il se donne un rle social uer (8). Donc ds cette priode, l'avnement de ce syndicalisme tudiant, tout nouveau fut -il, tait contraire, voire mme l'oppos des associations tudiantes plusaditionnelles et gnralement, tendance corporatiste dont les revendications taient strictement tudiantes. Les militantes tudiant-es, avec ces conceptions nouvelles,herchent de plus en plus se dmarquer des associations tudiantes de service ou de partys. Les nouvelles ides qui apparaissent sur l'organisation et lesevendications du mouvement tudiant prennent par consquent, au dpart, une orientation beaucoup plus militante et combative elles se situaient, selon Louisalardeau, deux grands niveaux : en mme temps qu'ils revendiquaient la gratuit scolaire, un recteur laque, un meilleur systme d'ducation, les tudiants

    M. Jean Lesage, Premier ministre du Qubec de 1960 1966, celui que l'on appelait le pre de larvolution tranquille. Archives CSN.

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    manifestaient avec les travailleurs en grve, contre les dclarations racistes de Gordon et rclamaient l'accessibilit l'ducation (9).

    idle cette nouvelle orientation du mouvement tudiant, en avril 1962, les tudiants et tudiantes de l'Universit de Montral appuient avec beaucoup d'clats, enaisant la grve, les employs-es du Centre social qui dsirent se syndiquer. Cette grve, prcise dans son analyse McAndrew, est le premier geste de solidarit inter-yndicale entre tudiants et les ouvriers du Qubec (10). Elle sera galement le prlude plusieurs appuis concrets que le mouvement tudiant donnera au mouvementuvrier et mme de nombreuses luttes populaires (Nous y reviendrons plus loin).

    Cration de l'UGEQ

    UGEQ, c'est l'Union gnrale des tudiants du Qubec. Officiellement, cette association tudiante nationale est fonde, entre la priode du 12 au 15 novembre 1964,

    rs d'une runion nationale qui se tenait au Centre social de l'Universit de Montral et qui regroupait plus de 200 dlgu -es. Une campagne nationale avait t auralable organise afin de faire connatre le projet et ainsi de le faire ratifier par les associations gnrales et les fdrations dj existantes - la base quoi!

    a cration de ce nouveau regroupement suscite beaucoup d'intrt ds sa premire anne. L'anne suivante, la centrale tudiante compte prs de 55 000 membresenant de tous les coins du Qubec. C'est un bon dpart!

    ncourageante et enthousiasmante, la naissance de l'UGEQ n'est pas le rsultat d'un simple mouvement spontan. C'est grce un patient et long travail de rflexion etorganisation chez les militant-es des associations locales, des collges et universits, que cette association unitaire voit le jour.

    Mais pour bien saisir toute la dynamique qui a prcd la cration de l'UGEQ, retournons quelque peu en arrire et passons en revue les grands moments qui ontmarqu les organisations tudiantes cette poque.

    Les journaux tudiants : des veilleurs de conscience

    nitialement ce sont certains journaux tudiants qui, au dbut des annes '60, jouent le rle d'veilleurs de conscience au sein de la population tudiante. Des journauxudiants tels Le Carabin de l'Universit Laval, le Quartier Latin de l'Universit de Montral et le McGill Daily de l'Universit McGill commencent s'intresseravantage aux problmes agitant la socit qubcoise. La situation politique, le dveloppement du mouvement nationaliste, l'ducation et les revendications tudiantestiennent la une des journaux tudiants dont la rputation, pour plusieurs d'entre eux, dborde ls cadres mme des universits et des collges. La ncessit d'un

    egroupement de journaux l'chelle nationale ne faisait plus aucun doute. C'est ainsi que nat en 1962 la Presse tudiante nationale (PEN), anciennement laCorporation des Escholiers Grifonneurs. Donc, c'est travers une information qui se rapproche de plus en plus du professionnalisme que la PEN en arrive largir

    on noyau de journaux tudiants elle se consolide rapidement et travaille galement la cration de nouveaux journaux tudiants qui contribuent solidifier ses propresangs. En 1964, la PEN a le vent dans les voiles; elle compte 112 publications membres. Mais ce n'tait pas tout. En fait, dj en avril '62, une premire runion avait appele par cet organisme dans le but de discuter plus en dtails des problmes spcifiques du milieu tudiant. De nombreux -euses journalistes et militantesudiant-es participent cette rencontre. En aot de la mme anne, soit durant la priode estivale, la PEN organise une session d'tude dont le thme porte sur le rleu journalisme tudiant. Cette activit est d'une grande importance les journalistes tudiant-es s'entendent sur la ncessit de mettre sur pied des structures plusouples qui permettraient la collectivit tudiante de participer plus activement la vie intellectuelle, sociale et politique du Qubec.

    n seul choix logique, en lien avec cette dmarche, se posait pour les journaux tudiants locaux et la PEN : prner publiquement l'ide du syndicalisme tudiant. Unouveau pas tait donc franchi!

    Une conjoncture bien mouvemente

    e choix politique effectu par les media tudiants a et aura des rpercussions extrmement importantes pour la mise sur pied de nouvelles associations tudiantes. Enovembre '62, soit quelques mois seulement aprs cette runion de la PEN qui dfinissait cette orientation combative du journalisme tudiant, une nouvelle associationudiante est, sous l'enseigne du militantisme, cre. Son nom : l'Organisation gnrale des tudiants de l'enseignement spcialis du Qubec (OGEESQ).

    Du corporatisme au syndicalisme

    Avant les annes '60, le mouvement tudiant se manifestait principalement travers des activits sportives et / ou scolaires et tait passablement coup dureste du monde. On tait des tudiants-es et pas autre chose il n'existait pas encore de prise de conscience collective sur les problmes sociaux et / ou

    politiques de la socit qubcoise. Cette situation semblait bien normale : les tudiants-es se devaient d'tudier, et les autres groupes sociaux... A ceteffet on peut faire remarquer, crivait Michael McAndrew, avec un peu d'ironie, qu'encore aujourd'hui l'AGEUM est incorpore en tant que clubrcratif (1). Cependant, l'adhsion de l'AGEUM, en 1961, aux principes de la Charte de Grenoble, qui dfinit l'tudiant comme un jeune travailleurintellectuel, reprsentait une nette coupure avec les tendances prcdentes et identifies au corporatisme. Dsormais, le mouvement tudiant qubcoisse tourne vers le syndicalisme tudiant proprement dit et tente de rompre dfinitivement avec ces vieilles conceptions qui refusent aux tudiants-es le rlede citoyens part entire. La fondation de l'UGEQ, en novembre 64, constituait, pour les adhrents-es au syndicalisme tudiant, un aboutissement et unerupture. Elle complte la structuration organisationnelle et politique du milieu tudiant et officialise la nouvelle conception de l'tudiant-citoyen : les basesdu syndicalisme tudiant sont donc plus solidement tablies et permettent, en partie, de contrer le corporatisme.

    (1)- Le syndicalisme tudiant qubcois, op. cit., p. 19.

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    'autre part, en dcembre, les tudiants-es, de mme que l'ensemble de la communaut qubcoise, accueillent plutt froidement les propos racistes et chauvins dursident du Canadien National (CN), M. Donald Gordon. A Montral, des manifestations sont organises pour le dnoncer publiquement. C'est la premire grande

    utte politique, qui n'est pas spcifiquement tudiante, et contre l'oppression nationale, laquelle participent des organisations tudiantes. Les activits entourant cetteaffaire sont planifies conjointement avec d'autres regroupements, dont le Rassemblement pour l'indpendance nationale (RIN) fond en septembre 1960.

    n fvrier '63, la jeunesse qubcoise est appele jouer, sur la scne politique, un nouveau rle. En effet, Qubec, les parlementaires adoptent une loi qui accordedroit de vote aux personnes ayant dix-huit ans rvolus. L'ide de l'obtention du droit de vote 18 ans avait t lance en 1961 par les militant-es de la Jeunesse

    udiante catholique (JEC) dans leur journal Vie tudiante. Rapidement les journaux tudiants et mme... la presse professionnelle s'accaparrent l'ide ilsexploitrent suffisamment pour en faire un thme politique, forant les politicien-nes et les personnalits publiques du Qubec se prononcer sur ce sujet. Tractations,u de coulisses Lysianne Gagnon, dans un texte qu'elle produisit sur le mouvement tudiant, rsume la situation en ces termes : Au journal du parti libral, Laforme, se trouve un ancien camarade de Garipy (responsable de Vie tudiante - NDLR), Michel Lapalme... qui, son tour, aborde le thme du vote 18 ans.endant ce temps, les initiateurs de la campagne font un travail de persuasion dans les coulisses des partis politiques, aids par l'un des fils de Daniel Johnson. On

    ussit convaincre le parti de l'opposition, l'Union nationale, d'en faire l'un de ses chevaux de bataille pour s'attirer la faveur de la jeunesse. Le premier ministre Lesagest averti par Michel Lapalme (qui est le fils de Georges-mile) que l'UN compte prsenter un projet de loi en ce sens. Lesage dcide de `couper l'herbe sous le pied on adversaire... et passe lui-mme l'action. Dsormais, on aura droit de vote partir de 18 ans. Or, pendant toutes ces manoeuvres, pendant qu'ils jouaient learti libral contre l'UN et vice-versa, les initiateurs de cette campagne faisaient en priv le calcul suivant : les jeunes voteront RIN aux prochaines lections... (11).

    e calcul des libraux est bien diffrent des jeunes militant-es tudiantes pro-RIN. Avec les rformes qu'ils / elles ont accomplies, les dirigeant-es du PLQ considrentvote des jeunes comme quelque chose d'acquis tout jamais, et qu'il serait bien difficile de perdre compte tenu des positions conservatrices et anti-rformistes de

    on principal opposant, l'Union Nationale. C'est un trs mauvais calcul! Cet idalisme politique lui vaudra aux lections de '66, une belle... dfaite!

    lectorat tudiant devient, si conscience il y a, une force politique extrmement importante. La gauche nationaliste commence prendre de plus en plus de place dansotre socit. Les revues nationalistes et socialistes (Parti-Pris, Rvolution qubcoise) circulent passionnment dans les milieux intellectuels et, dans une large

    mesure, contribuent dterminer les orientations de l'intelligentsia tudiante. De plus, le Front de libration du Qubec (FLQ) et Arme de libration du QubecALQ) revendiquent pour la premire fois des vols et l'explosion de plusieurs bombes. La panique commence s'installer chez les milieux d'affaires anglophones et

    mme francophones du Qubec.

    n mars 1963, une premire journe syndicale est convoque par l'AGEUM. Les reprsentants-es des Associations gnrales des tudiants-es des Universits LavalAGEL), de Sherbrooke (AGEUS) et de Montral (AGEUM) annoncent la cration du Comit provisoire de l'Union gnrale des tudiants du Qubec (UGEQ). Lersident de ce Comit provisoire est nul autre que M. Serge Joyal.

    e Comit est le premier grand jalon dans l'chafaudage de la future association nationale. Invites se joindre individuellement cette nouvelle structure, les autresssociations tudiantes non-universitaires dcident de se regrouper en plusieurs fdrations distinctes le but tant de conserver une plus grande autonomie par rapportux associations tudiantes universitaires. Ce fut le dbut du mouvement des fdrations. Ainsi de avril mai, soit seulement deux mois tout juste aprs la formation duomit provisoire de l'UGEQ, trois autres regroupements sont forms : la Fdration des associations gnrales des tudiants des collges classiques (FAGECCQ),

    Association des tudiantes infirmires (AIE) et la Fdration des normaliens du Qubec (FNQ - pour la formation des professeurs).

    e ces trois associations, c'est principalement la FAGECCQ, cette fdration tudiante de collges classiques, qui marquera le plus ou davantage le mouvementudiant. A sa naissance, cet organisme rejoint au-del de cinquante associations tudiantes. Bien structure, la FAGECCQ est cre, tout comme les autres

    drations, d'un parfait accord, avec les autres associations tudiantes universitaires. A brve chance, ces regroupements autonomes doivent devenir le fer de

    nce de la future Union gnrale. Les reprsentants des collges classiques (...) ont jug qu'il serait prfrable de structurer les collges classiques en associationsvant de les incorporer dans une structure nationale, crit Robert Petrelli, du journal Le Trait-d'Union du collge Ste-Croix, et poursuit-il, partir de cela, on peut doncffirmer que l'Union gnrale des tudiants du Qubec se fera en trois phases formation d'associations tudiantes dans les collges classiques sur le modle desssociations tudiantes universitaires runion de ces associations dans la Fdration nomme FAGECCQ et, dans quelques annes, lorsque notre Fdration sera bienablie, union avec les associations gnrales universitaires pour former l'ventuelle union des tudiants du Qubec (12).

    ans un mme souffle, en 1963, les associations tudiantes du Qubec de niveau universitaire ainsi que quelques collges classiques quittent officiellement le Canadiannion of Students (CUS). Plusieurs raisons semblent tre l'origine de cette dfection comme le prcisent avec tant d'loquence Pierre Bdard et Claude Charron,eux militants tudiants de cette belle poque, dans un document qu'ils publirent un peu plus tard sur le mouvement tudiant : Or, la vague montante duationalisme allait obliger, tant les organismes universitaires que les associations de gros collges, remettre en cause cette affiliation. Dj la fin de 1963, ajoutent -ils,ertains organisateurs du milieu songeaient crer un organisme national ce besoin tait motiv d'une part par le dsir de quitter les Unions pan -canadiennes maisautre part par la ncessit de ngocier, l'chelle nationale, avec le ministre de l'ducation ( cette poque en voie de formation), et qui semblait vouloir prendre en

    main les divers moyens d'enseignement travers le Qubec (13).

    Une premire manifestation d'envergure nationale

    Les tentatives du gouvernement fdral de s'ingrer au niveau de l'enseignementuniversitaire contribuent, malgr les politiciens-nes Ottawa, hausser le niveau de

    politisation de la jeunesse et renforcer, de ce fait, les associations tudiantesexistantes l'poque. Les militants-es des associations tudiantes des collges, desuniversits et de la Presse tudiante organisent une marche, le 1er avril 1964, Qubec, l'occasion d'une confrence Fdrale-provinciale sur la fiscalit. Cette

    manifestation, la premire d'envergure nationale, devant le parlement qubcois, se veut un appui aux revendications autonomistes du gouvernement Lesage, quiemande au Fdral de donner aux provinces ce qui leur revient en matire d'ducation. Les tudiants-es mobiliss-es et qui sont plus de 3 000 ne reconnaissent pas leroit au gouvernement fdral de s'immiscer en ce domaine de juridiction provinciale. Aussi expriment-ils / elles leur amertume devant les propositions de ce pallier de

    ouvernement d'instituer des prts pour les tudiants-es universitaires. Notre statut de jeunes citoyens part entire nous oblige nous sentir solidaires desclamations de notre gouvernement. Nous devons manifester notre appui nos dirigeants, souligne Robert Tessier, rdacteur en chef du journal le Trait -d'Union, etur rappeler qu'ils auront des comptes nous rendre. Il y a beaucoup de moyens, ajoute-t-il, par lesquels nous pouvons manifester tangiblement cet appui; la

    manifestation en est un (14).

    e 1er avril, plus de 4 000 tudiants-es manifestaient Qubec afin de soutenir, enatire d'ducation, les revendications autonomistes du gouvernement Lesage. On en

    rofite galement pour lancer l'opration gratuit scolaire.

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    ar ailleurs, M. Serge Joyal, prsident de la FAGECCQ, a insist sur le fait que cette marche devra se faire dans l'ordre, rapporte le Trait-d'Union, ce qu'il nousaut, a-t-il expliqu, c'est de manifester la faon des tudiants Torontois lors de la dernire confrence Fdrale -provinciale (15).

    ette mobilisation permettra de lancer l'opration gratuit scolaire. Avec cette revendication, les tudiants -es visaient ce que le gouvernement du Qubec assume latalit des cots de l'ducation en abolissant les frais de scolarit et en instaurant un vritable rgime d'aide financire pour les tudiants et tudiantes. videmment,

    objectif de cette opration est de raliser l'accessibilit gnrale l'ducation. Nous n'aurons de repos que le jour o nous aurons obtenu que nos milliers demembres moraux, tous ceux-l qui par manque d'argent, affirme le prsident de lAGEUM, Pierre Marois, sont confins aujourd'hui grossir les rangs des sans

    avail et des chevaliers du pic et de la pelle, aient leur banc d'cole, car nous savons trop qu'il y va de l'avenir du Qubec (16).

    La reine visite ses sujets

    n 1964 galement, la Reine d'Angleterre visite ses sujets. Empreints des tendances anti-colonialistes, des tudiants-es manifestent dans les rues de la vieilleapitale en chantant ironiquement Nous sommes heureux et nous dbordons de joie!. Le gouvernement Lesage, par l'entremise de son ministre de la Justice,laude Wagner, fait matraquer, par la police, les jeunes manifestants- es. C'est la journe dite du samedi-de-la-matraque.

    a Rvolution se tranquilise et la dception s'installe. Chez les jeunes, qui sont dsabuss des discours saveur lectoraliste, des courants nationalistes radicauxaffirment. On aspire des changements rels et non phmres. L'UGEQ apparat donc dans ce tourbillon d'vnements. La jeunesse qubcoise voudra, elle aussi,s ce moment, exprimer collectivement ses aspirations. La nouvelle union, dfinie comme le syndicat tudiant non confessionnel, dmocratique et libre des tudiantsubcois, explicite la nouvelle idologie tudiante. Le corporatisme associ au statut privilgi de l'tudiant, au folklore et la non responsabilit fait place, concluaient

    messieurs Paul Blanger et Louis Maheu, au syndicalisme qui dfinit l'tudiant comme un jeune travailleur intellectuel ds lors, l'UGEQ exige de l'tudiant une prise deonscience de ses responsabilits sociales et politiques et revendique pour lui la participation aux affaires tudiantes. La dmocratisation de l'ducation par la disparitiones frais de scolarit et la cration de nouvelles institutions publiques, ainsi que la participation des tudiants, demeureront les principaux axes de l'UGEQ (17). Voiln gros comment les tudiants-es, dans un contexte de changements et de nouveaut, se sont impliqus-es dans la socit qubcoise de 1960 1964.nestimables, leurs contributions au dveloppement de notre socit, cette belle poque , aux niveaux ducationnel, social et politique, influenceront invitablement

    s analyses, les actions et orientations du mouvement tudiant pour les vingt prochaines annes.

    L'action sociale tudiante :

    Une formule pour aider les plus dmunis-es et les tudiants-es

    Qu'est-ce que l'action sociale tudiante? Devant le dsir de s'impliquer davantage dans le dveloppement de la socit qubcoise et de donner unedimension nouvelle l'action tudiante, en septembre 1964, l'AGEUM prsentait au gouvernement du Qubec un mmoire qui dfinissait une formuled'action sociale tudiante en regard au relvement des rgions les plus dfavorises du Qubec. Le gouvernement Lesage fut trs favorable cette ideselon laquelle des tudiants-es s'engageraient, contre une rmunration financire par l'tat, faire un travail qui contribuerait pallier certaines ingalitsrgionales, et du mme coup, des ingalits sociales.

    Dans son projet, l'AGEUM soulignait alors que l'tudiant a besoin d'un travail d't, qu'il dsire influencer le gouvernement pour acclrer la rvolutiontranquille, et qu'il veut une nouvelle politique soucieuse des classes moins favorises. Et elle appuie sa suggestion sur le programme politique mme duParti libral et sur les objectifs dfinis par certains ministres information sur la rgionalisation scolaire, ducation des Esquimaux, loisirs auprs des jeunes,etc (1).

    Ainsi l't 1965, avec l'aide de fonctionnaires du gouvernement du Qubec, un premier projet, dans le cadre de l'action sociale tudiante, est mis surpied avec la participation de 48 tudiants-es. Le but de ce projet tait de faire participer la jeunesse et la population un renouveau social du Qubecet de complter, par ce travail estival, la formation des tudiants-es par une exprience concrte tout en les intgrant la socit.

    Il faut se souvenir que les tudiants-es qubcois-es, sous l'influence particulire de l'AGEUM, avaient adhr aux principes de la Charte de Grenoblecharte qui dfinissait l'tudiant comme un jeune travailleur intellectuel et dont la fonction tait de servir davantage la collectivit. L'action socialetudiante se situait exactement dans cette perspective. Toutefois, ces expriences d'immersion d'tudiants-es, que l'on nomme les travailleurs tudiants

    du Qubec (TEQ), faisaient en sorte que la jeunesse tudiante tait de plus en plus colle une dure ralit sociale : l'exploitation de la classe ouvrire.Cette exploitation est ouvertement dnonce par ces travailleurs tudiants qui parlent mme de travailler conscientiser politiquement cette classeouvrire que l'on dit exploite par le systme capitaliste. Les politiciens -nes commencent s'inquiter...

    Le gouvernement, par cette situation, tait donc lui-mme dpass par ses propres politiques et dj l'action sociale tudiante ne correspondait plus, et deloin, ses objectifs initiaux. Politiquement ce n'tait plus rentable et rapidement des tensions apparaissaient entre les travailleurs tudiants du Qubec(TEQ), qui avaient l'autonomie la plus complte quant la dfinition et la ralisation des projets, et les reprsentants du gouvernement. Aprs deux ansd'activits, soit en 1967, l'ASE, jusque l dirige par un Comit conjoint tudiants-gouvernement, devient sous le nom d'Action Sociale Jeunesse (ASJ)un service administratif du Ministre de l'ducation. Cette transformation indique une tentative de rcupration : des objectifs de dveloppement socio-conomique et de renouvellement des lites locales, comme la mise sur pied d'une structure, de consultation en vue de la participation au dveloppementrgional, remplacent ceux de l'animation auprs des travailleurs, de chmeurs ou des assists-sociaux (2).

    Mais l'action des TEQ se poursuit, malgr les tentatives rcupratrices de l'tat, par l'implication de plusieurs groupes de jeunes politiss soit autour duFront libration populaire (FLP) ou encore en formant d'autres groupes politiques de gauche refltant toutes les tendances. Dans leur travail, ces jeunes

    cherchaient toujours rester en troite liaison avec les classes dfavorises. Le plus souvent ce travail a contribu la formation de groupes derevendication (association de locataires, comits de citoyens...) dans divers quartiers et l'organisation de services contrls par les participants eux-mmes : cliniques mdicales et juridiques, maisons de chmeurs, coopratives d'alimentation, etc. Ces groupes participent aussi plusieurs luttesouvrires grves, campagnes de syndicalisation... (3).

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  • 8/2/2019 Le mouvement tudiant qubcois son pass, ses revendications et ses luttes (1960-1983) - Chapitre 1

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    Notes

    1)- BELANGER, Paul, MAHEU, Louis, Pratique politique tudiante au Qubec, in Recherches sociographiques, dpartement de sociologie, Universit Laval, vol.III, no 3, 1972, p. 310.

    2)- ROY, Jean-Louis, Les programmes lectoraux du Qubec, 1931-1966, T II, d. Lmac, p. 379.

    3)- Le Milieu tudiant : ses origines sociales, mars 1964, rdig par Pierre Beausoleil, pour le Comit d'ducation de lAGEUM, p. 6.4)- La Situation financire de l'tudiant, 1964, rdig par Michel Vaillancourt, pour le Comit d'ducation de lAGEUM, p. 20.5)- BRAZEAU, Jacques, Les rsultats d'une enqute auprs des tudiants dans les universits de langue franaise au Qubec, dpartement de sociologie, Universite Montral, 1962.6)- Op. cit., p. 22-23.

    7)- La Situation financire de l'tudiant, p. 66.8)- McAndrew, Michael, Le Syndicalisme tudiant qubcois, Parti Pris, vol. 2, no. 6, fvrier 1965, p. 20.9)- Falardeau, Louis, Le Pouvoir en France et au Qubec, Socialisme '68, oct.-dc. '68, no. S, p. 84. Ici prcisons que Gordon tait prsident du Canadienational [CNI, une compagnie sous le contrle du gouvernement fdral. Il avait affirm en 1962 que les canadiens franais taient incapables d'assumer des postes deirection dans les entreprises.

    10)- Op. cit., p. 20.

    1)- Gagnon, Lysiane, Bref historique du mouvement tudiant au Qubec : 1958-1971, mai 1971, p. 7 [le texte ne fut jamais publi malheureusement. Par contreuelques copies tranent ici et l.].2)- La FAGECCQ, Le Trait d'Union, journal tudiant du collge Ste-Croix, vol. XXIV-2, du 15 septembre au 2 octobre 1963, p. 2.

    3)- Bdard, Pierre, Charron, Claude, Les tudiants qubcois - la contestation permanente, ditions spciales de la revue Noir et Rouge, octobre 1969, p. 12.4)- Oui la marche Qubec, Le Trait d'Union, vol. 24 no. 7, mars 1964, p. 1.5)- Ibid, p. 2. M. Joyal tait, jusqu' tout rcemment, Ministre dans les cabinets de MM. Trudeau et Turner. 6)- La Situation financire de l'tudiant, p. 5. L'introduction de la brochure est signe par Pierre Marais, ancien ministre dans le cabinet Lvesque. 7)- Blanger, Paul, Maheu, Louis, Recherches sociographiques vol XIII, no 3, 1972, p. 327.

    Ce texte est publi sous une licence Creative Commons, certains droits rservs.Auteurs originaux : Pierre Blanger, Association Nationale des tudiants et tudiantes du Qubec (1984)

    Numrisation :Franois Blanger(2004)

    De l'autre ct de la frontire... Ottawa, des projets similaires l'action sociale tudiante (et plus tard l'action sociale jeunesse) sont mis sur pied pourstimuler l'unit nationale...pan canadienne. A cet effet, en mai 66, le gouvernement fdral annonce la formation de la Compagnie des JeunesCanadiens (CJC) qui a pour but de canaliser l'nergie et les talents des jeunes de ce beau et vaste pays pour amliorer le progrs conomique et social,tant au Canada qu' l'tranger. Les activits de la CJC ressemblent trangement aux objectifs de l'action sociale tudiante et rapidement le travail de laCJC entre en conflit avec l'action sociale tudiante. Plusieurs raisons peuvent, selon un document sur l'action jeunesse, expliquer ces frictions s'exerantdans les mmes domaines et sur le mme territoire, elle (la CJC) risque de provoquer des duplications et des chevauchements. Elle draine des fonds etdes ressources humaines qui pourraient servir l'action sociale. Elle porte sur les domaines de l'ducation et du bien -tre social qui sont de juridictionprovinciale et sur des projets qui par leur nature et leurs effets locaux relvent des provinces. Enfin, elle dbouche sur le plan international dans desdomaines, dit-on, prcisment (culture et ducation), o le Qubec entend dsormais agir pour son propre compte (4).

    Mais quoi qu'il en soit les deux organismes devront vivre cte cte tout au long de leur existence... aussi courte fut -elle.

    (1)- Pratique politique tudiante au Qubec, op. cit. p. 334-335.(2)- Ibid., p. 336.

    (3)- Ibid., p. 336.

    (4)- Le document intitul Action-Jeunesse n'est pas identifi et n'a aucune date prcise. Disponible l'ANEQ. Ajoutons que l ASJ et la CJC nedpassrent pas les annes '70.

    = Un mot du conseil central de l'ANEQ 1965-1967 : Entre la collaboration et la confrontation =>

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