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LEPARTI ANTF-R1WOLUTIONNAIRE &T CONFESSIONNEL .

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LE PARTI

ANTF-R1WOLUTIONNAIRE

&T

CONFESSIONNEL .

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LE PARTI

ANTI-REVOLUTIONNAIREET

CONFESSIONNEL

DANE

L'EGLISE REFORMFE DDS £4YS .BAS.

ETUDE D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

PAR

Mr. G . GROEN VAN PRINSTERER.

AMSTERDAM,H. HOVEKER.

PAR! S,Ch. MEIJRUEIS et Cie .,

GRASSART,174 rue de Rivoli.

3 rue de la Paiz .GENEVE,

EMILE BEROUD .

1860.

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PREFACE.

En publiant cet ecrit , mon desir est de donner a nos amischretiens , en Suisse , en France et ailleurs , quelques renseignementssur la situation actuelle de 1'Eglise Reformee des Pays-Bas etparticulierement sur les opinions et les efforts du parti auquel jetiens a honneur d'appartenir et qu'on designe par le nom departi conjes8ionnel, souvent aussi par les noms de parti anti-revolutionnaire et orthodoxe .

S'il para4t impossible , du moms pour le moment , de porterremede a la confusion qui refine parmi noun , et aux consequencesdeplorables qui en resultent pour les interets religieux et morauxde la nation , cette impossibilite , a mon avis , est le fruit engrande partie des graves dissentiments sur la nature de 1'Eglise,entre ceux qui, unis par le lien de la foi, longtemps marcherentde concert et daps un fraternel accord .

En 1856, an plus fort de la crise qu'avait amenee l'organisationde l'enseigneraent primaire , au moment meme o tout semblaitpresager . un succes prochain , noun fQmes delaisses par plusieursde ceux qui auparavant faisaient avec nous cause commune . Lesconsequences de cette scission deplorable ne se firent guere atten-dre. Une annee plus tard, en 1857, la loi qui, bannissant toutchristianisme positif de 1'ecole pubhque, organise l'ecole mixteet proclame sa stricte neutralite envers toutes les religions exis-tantes ou imaginables , vint tromper nos esperances et rendreinutiles tons nos efforts .APr un pareil mecompte , mis hors de combat et centre imme-

diatemett daps la vie privee, je me suis borne a des travauxd'histoire , heureux de poursuivre avec un redoublement d'ardeurJa publication des Archives de la Maison d'Qrange,, et m'abste-

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nant soigneusement de toute poh mique . Une aussi triste experiencepent , me disais j e , en menant a resipiscence, devenir un moyende rapprochement et noes tourney a profit. Mais , pour atteindre cebut , et afin de parvenir a une appreciation reciproquement equi-table de notre conduite et de nos motifs , it fallait event toutne pas se relancer dens les ardeurs de la lutte . Il fallait eviterles reproches et les recriminations passionnees, se donner et dormera ses antagonistes le temps de la reflexion serieuse et calme , etaspirer ainsi a considerer ses propres demarches et celles desautres avec l'impartialite severe du juge et avec le coup-d'oeilsur de l'historien .Du tote de ceux qui, a l'heure decisive, nous ont quittes, on

n'a pas cmu devoir suivre cette voie. Au contraire ; plus les conse-quences de la disunion se soot developpees , plus on s'est eflorced'en faire peser la responsabilite tout-entiere sur le parti confessionnel .La reaction irreligieuse, dont de tons cots les envahissements nousmenacent , n'est , assure-t-on , que le produit naturel et inevitable denotre exageration , de noire etroitesse , de noire intolerance , denos vues surannees, de noire esprit retardataire, de nos nombreuxdefeats , de la maniere dont nous aeons engage le combat et pour-suivi la lutte , de noire attachement a un symbole que la force deschoses a depuis longtemps aboli , de noire penchant a confondre lareligion et la politique. La disunion, ajoute-t-on, est regrettable sansdoute ; mais perseverer ensemble dens un faux et dangereux systemeeuat ete biers plus funeste. Des que nous hasardions une plainte,s'etonnant de noire humeur indocile, on s'est eerie : ce n'est quepar une franche disapprobation de vos principes et de vos actes,que vos ands, mieux eclaires, out pu , en faisant taire liarssympathies , se garantir et nous garantir vows-meme d'une pluscomplete disgrace , et sauvegarder les chances de l'avenir.

A ces insinuations, a ces attaques repetees, it ne semblait pasiecessaire de donner une reponse immediate. Nous etions en droitde compter sur la memoire de nos compatriotes , a meme decomparer les revues retrospectives de toute couleur avec le te-moignage de liars propres et recents souvenirs . Ii n'en est plusainsi , depuis que , d'une maniere indirecte , franchissant les limitesde noire pays, on donne sur nos opinions et nos desseins desidees inexactes a ceux qui ne peuvent juger par eux-mimes etqui seraient enclins a interpreter a noire desavantage l'obstinationnde noire silence .

C'est pourquoi , malgre ma repugnance a rentrer clans la lice,

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VII

j'ai cru ne pouvoir me dispenser de prendre enfin la plume , al'occasion du jugement ports sur nous daps un article dont on astd gsnsra1ement surpris : Quelque8 mots sur l'etat religieux de laHollande, publie par le Ckretien EvangiUq&e du 19~ eiecle, jour-nal de Lausanne, le 25 octobre 1859 .

Cet article est de M. Trottet, pasteur a La Haye depuis 1858 .Ii., s'y exprime ties-defavorablement sur le parti orthodoxe daps1'glise RReformee des Pays-Bas, sur la fraction ultra-orthodoxede la communaute wallonne de La Haye , enfin sur mss tendancesparticulieres , sur mon attachement opiniatre a un systems incom-patible avec les besoins de notre epoque , sur 1'affinite de mss idlesavec le puseisme , sur mon incapacits a entrer daps la voie de ssrieuxprogres , enfin sur mon refus a examiner toutes choses , afin deretenir ce qui est bon. Ayant pleine confiance daps ses intentionset daps son caractere, j'aurais prefers patiemment attendre qu'uneconnaissance plus approfondie vint engager l'auteur lui-meme amodifier publiquement son opinion. A peine arrive daps un pays,ayant hate de rendre compte d'une situationi religieuse extreme-ment compliquse , on est excusable en commettant des erreursgraves ; en oiitre j'iuclinais croire que , s'apercevant de ccque , meme a son point de vue , ses appreciations ont d'exagereet d'injuste, it s'empresserait d'en faire l'aveu. i Voici cc qui m'a

! Je regrette de ne rien trouver qui ressemble a un tel aveu dens lapremiere partie d'un travail plus etendu de M . Trottet daps la Revue ChreBorne du 15 mai intitule la question religieuse en Hollande . A mon avis, itaurait du saisir l'oecasion de faire amends honorable a une partie de sacommunaute. Du rests je me plais a y reconnaitre, beaueoup plus quodaps Particle precedent, la crainte d'etre injuste a mon egard. Quart auxobservations que j'aurais a faire, je ne pourrais guere que repeter ce quej'ai dit par avance dens 1'ecrit pie je viens soumettre an public chretien . Jeme flatte que l'on revoquera en doute ce quo M. Tr. affirms ; savoir quo leparti qui, dit-il , me compte encore dam ses tangs, et qu'il nomme lafraction orthodoxe pure, „forms, sans nul doute, un parti retrograde, qniGoncourt, pour sa part, a augmenter les perils de la situation, en provo •quart de facheux excel en sons contraire ." -- Je n'ai quo deux remar •ques a ajouter. La premiere concerns mss opinions sur la question sidebattue des rapports entre l'Eglise et 1'Etat. „ M. Groen incline mainte-nant a penser quo les temps nouveaux rendent necessaire, en Hollande, laseparation complete. On pourrait done croire qu'il renferme en lui deuxhommes, on plutot deux systemes, qui no sort pas encore har onises."' Jeme permets de rappeler que je n'ai jamais proclame Punic i~, eomme mverit6 absolue et universelle, que depuis longtemps j'ai demands uue sparation teens et l'emancipation de l'Eglise Reformee, deplorablement assu-jettie a l'arbitraire administratif (voyez ci-apres, p . 7), et quo, xi Chali orsn'etait inconsequent, par ce que, defenseur de l'union, it deviat fo tour de

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determine , en relisant son compte-reudu , a y apporter quel-ques rectifications . A qui , me suis j e demand, qui , ne con-naissant ni les faits, ni les circonstances, ni les hommes , nila langue, l'auteur s'est-il adresse pour obtenir les renseignementsqu'il se proposait de transmettre a ses compatriotes ? Ii est aise dele savoir. Ii n'a pas apparemment pris ses informations chez ceuxqu'il condamne ; ni chez les orthodoxes, ni chez les rationalistes , ni a1'ecole antique de Dordrecht, ni aux ecoles de Groningue on de Leide .Ii n'a pu s'adresser qu'a ceux dont en effet son jugement exprimela maniere actuelle de voir , a nos anciens freres d'armes , a ceuxqu'il indique , en disant : li je pourrais cater des lalques '(je mepermets d'ajouter ee des pa$teur$) distingues de ce parti , qui,s'apercevant enfin qu'ils faisaient fausse route, sont resolumententres dons une vole plus evange'lique et plus eclairee. u Attentifa ce passage significatif , j'ai estime que la chose prenait un carac-tere infiniment plus serieux , et je me suis decide, en me servantde Particle comme d'un point de depart a presenter, d'un pointde vue plus general , quelques considerations historiques sur lapart d'influence et de responsabilite que nous avons eue daps lesevenements qui ont agate et qui agitent encore 1'Eglise Reformeedes Pays-Bas .

J'ai reuni ce que j'avais a dire, en trois chapitres . Le premier,

1'Eglise libre d'Eeosse, ni M, de Rougemont, parce que, ayant ecrit, „1'au-tonomie de 1'Eglise ne suppose point sa separation de 1'Etat," i1 dit presqu'aumeme endroit : „si la captivate de 1'Eglise devenait un eselavage, 1'Eglises'evanouirait sons la main qui l'ecrase, pour reparaitre libre et indepen-dante." Ma seconde remarque est relative a noire cher et illustre' amiM. da Costa, dont la perte recente, pour ceux qui font apprecie, equi-vaut a une calamite publique. Apres avoir desapprouve nos demarches, en1842 et 1843, contre 1'eeole de Groningue, demarches par lesquelles nousavons, selon lui puissamment contribue a soutenir tin credit qui commencaita baisser, M . Trottet ajoute : „Toutefois, un poete de grand talent, M . da Costa,juif converti et theologies laique, choisissant mieux son terrain, attaqua lesdoctrines de cette ecole du point de vue de la piete . Mais l'espece de me-pris avec lequel les theologiens de profession accueillirent sa critique, irritason ame impressionnable, et le rejeta du cote dune orthodoxie toute legale .Aussi le vat-on, des lors, s'efforcer d'introduire, avec une sorte de passion,le judaisme daps le christianisme, chose d'autant plus facheuse qu'il exerraitune grande influence ." Je ne saurais, je le repete, en vouloir a M. Trottet,qui aspire a etre fidele aux devoirs de rapporteur, mais j'ai peine a m'expli-quer comment ceux aupres de qui on pent raisonnablement supposer qu'ila pris des informations, lui out fait ecrire, sur fame impressionnable etl'orthodoxie toute legale de M. da Costa, des lignes qu'apparemment per-sonne ne voudrait signer .

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stir la nature et les tendances du parti conf'essionnel ; le second,stir le principe anti-revolutionnaire daps ses rapports avec 1'Evan-gile ; le dernier , stir notre opposition parlementaire de 1849 a 1857 .

J'aurais aimd ajouter (en consith rant cette Etude comme tineespece d'introduction) tin recit plus suivi et plus details desdifferences phases de la lutte que nous avons du souvenir pourle maintien de la verite evangelique daps 1'Eglise et dens l'ensei-gnement primaire . J'ignore s'il me sera permis d'entreprendre cetravail ; mais it me semble qu'ici deja les faits et les reflexionsviennent a l'appui de la these daps laquelle cette histoire , selonmoi , se resume. La veritable source de noire faiblesse et de noiredisgrace, la cause principals du triomphe de l'indifl'erence et del'incredulite , git daps l'influence des opinions individualistes,qui , singulier et crisis melange de la foi chretienne avec l'espritet les doctrines de la Revolution, tendent a dissoudre les institu-tions religieuses et politiques et a interrompre le cours de la vienaturelle et historique de la societe darts son organisms divin .

Avant de terminer cette preface , it me serait dour de rendrehommage a ceux dont, a cause de leer merits , de leers talents,de leer constance daps des moments difficiles, noire parti penta juste titre s'enorgueillir. Mais cc n'est pas a moi qu'il appartientde faire leer slogs . Ce serait d'ailleurs superflu . Leers noms sontiriseparables du souvenir de nos luttes parlementaires et ecclesias-iiques. Et puffs it me serait trop penible , en les citant, de passersoils silence plusieurs , dont la bienveillance et la cooperation rtes'effaceront jamais de ma memoirs, mais qui rte se soucieraientguere aujourd'hui d'etre enveloppes, plus oil moms , par msslouanges, daps tine malencontreuse responsabilite .

Ii rte me Eeste done qu'a donner quelques mots d'explication,dirai je d'exegese, pour ecarter, s'il est possible, la defaveur qui s'atta-che a la triple epithets : anti-revolutionnaire, confessionnel, orthodoxe .Nous sommes le . parti anti-revolutionnaire ; c'est-a-dire nous

combattons la plus fondamentale des erreurs a la fois religieuseset , politiques ; la doctrine qui , en mettant a la place de la ventsrevelee et de 1'autorite divine la souverainete de la raison et dela . volonte individuelle, renverse l'Etat et 1'Eglise et detruit lesfondements de, la morale et de la societe .

Nous sommes le parti confe$sionncl ; c'est-a-dire nous estimonsque touts Eglise doit avoir tine doctrine et pouvoir se rendrecompte de soi esperance et de sa foi, et que 1'Eglise Reformee

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des Pays-Bas, autrefois si illustre et si fidele, ne saurait pro-clamer une liberte d'enseignement illimitee, sans renier sa confession, sa foi, son histoire, et sans briser les liens qui la ratta-cheat a la Reformation du seizieme siecle et a la sainte Egliseuniverselle.Nous sommes le parti orthodoxe ; c'est-a-dire, nous professons

'Cs verites que les - Eglises evange' iques oat exprimees , avec unadmirable accord, daps leurs livres symboligues : u les verites parlesquelles on est chretien, hors desquelles on ne Pest pas, leaverites dont la profession franche , en paroles et en actes , sigualeet signalers toujours, aux yeux de tous les chretiens, un veritablefrere en Christ, les verites dont pas une ne pourrait etre sup-prime sans que le christianisme en ,fat blesse au coeur, u !

Oui , certes, nous sommes le parti confe&sionnel et ort iodoxe.Voici noire premier article fondameutal : Jesus-Christ est noireDieu-Sauveur, mort pour nos offenses et ressuscite pour noirejustification ; l'agneau de Dieu qui porte les peches du monde .Il y a, selon nous, //quelques articles de la same doctrine, dontla connaissance est tellement necessaire que personae ne doit lesignorer ni en douter , comme etant des principes certains et indu-bitables et les points fondamentaux du christianisme ; comme,par exemple, qu'il y a un seal Dieu ; que Jesus-Christ est leFils de Dieu et Dieu meme ; que noire salut consiste en sa seulcmisericorde et autres choses semblables.n 3 Un individu dolt avoirle sentiment de sa continuite et de son identite ; de meme , disonswbus , en doit-il etre pour 1'Eglise . ii L'Eglise des Apotres, 1'Eglisedes Iteformateurs, a possede 1'Evangile de Jesus-Christ, ret en aexpose avec purete les doctrines . . C'est la un legs qui nous atransmis et dont it est impossible que nous ne tenions pas compte .Sans doute , it peat y avoir de nouveaux develappements , naffstoujours en partant des ides premieres et fondamentales. Le probgres daps un edifice consiste a l'elever toujours plus sur ses fon-dements , et non pas a en renverser les murailles." En dehors dela doctrine de la grace toute gratuite, qui confesse Jesus-Christcomme vrai homme et vrai Dieu , et qui accepte sa mort commeune expiation reelle pour le peche , it n'y a pour nous ui EgliseReformee, ni Eglise Chretienne . s Selon nous aussi, irla contem-plation de Jesus-Christ qui donne le courage de se charger de sacroix et de le suivre , c'est celle qui voit en lui non seulement

+ 1/inst .

2 Luther .

5 Calvin.4 Merle d'Aubigne,

5 .d. Monod .

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I M. Lareheveque (Revue Chretienne du 15 mai 1860 .)2 Questions Eccdesk stiques, p . 134 .

xY

le modele ideal, mais l'unique Sauvew ; non seule nt ml martyreublime, mail a victime divine ; non -seulement le ils de t kommeveritabiemet honjine , mail le Fil c - de Dieu veritablement Dieu .Lest ' ene~ quir a fai les Saint-Jean,' les Saint-Paid, les Luther,les Calvin, les Coligny, les Wilfierforce ; tans les humbles et vail-lants soldats de Jesus-Christ , les ' martyrs de tens les siecles. Pourfaire de tell chretiens, it fallait un tel Christ, et it le fatidratoujourss, '

Quel est le reproche capital que noun adressent , en - appuyantsur le thot de confessionnel , ceux qui se so>lt detaches de nous,et qui, meme en nous desapprouvant, devraient mieux nous con-iiaItre ? Quel est , en dernier resume, le ' grief auquel leurs obser-vations defavorables aboutissent a C'est que nous penchons versl'intolerance, c'est que les droits de la conscience ne nous sootpas sacra ; c'est que nous aspirons a restreindre la liberte de1'indivir a ~n matiere de religion. L'injustice de cette accusation,toujours eproduite , sera evidence a ceux qui se donneront lapeine de lire mou ecxit apologetique . Toutefois it ne sera passuperflu de faire une remarque prealable ; savoir, que lorsque nousmaintenons que la liberte des opinions daps l'Eglise a des limites,noire pretendue intolerance est exactement la m hie pie cellede dean ecrivains , illustres parr i les avocats de la liberte etdont los cotttradicteuts aiment a titer' le moignage, M. Vinetet : T4aboulaye.M. Vinet d sire la liberte des cultes et la manifestation ties

convictions ' zeligieuses ; naais ; autant et plus que nous pent-titre,it est eonfessiomiel. mire utie infinite de passages j'en prends anhasard u , seal : a }3 disant que i'~oxthodoxie ne se restaure point

coups d'autorite, je n'ai pas p$tendu ga'il fillip , ' daps le seind'une Eglise, ne rien, faire pour le maintien des doctrines. Je crois,an contraire, que la notion de confession de foi est inseparablede la notion d' glise, et pie le miinistre est lie a la confessionde foi.a Remarquez ' que ' M. Vinet recom ande le symbole et' laregle daps l'interet de la liberte. ii Ne voulant pas s'enraciner dapsune confession de foi, it faut qu'on s'affermisse daps le monopoleet qu'on se defende par l'arbitraire. On reviendra tot on card 'auxvrais principes ; on aura un symbole ; et par cette regle on servirala liberte . n '

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M. Laboulaye ecru : "C'est un crime des qu'on en appellea la force, c'est opprimer une ame qui n'appartient qu'a Dieuet sur laquelle les hommes n'ont aucun droit . Ce qui estvrai de l'individu est aussi vrai de 1'Eglise ; elle n'a d'armeslegitimes que la persuasion . M'imposer un symbole que ma foirepousse , on m'obliger a me faire , c'est m e faire violence ; aufond, c'est nier la conscience humaine ; car la conscience n'existequ'a condition d'etre libre et de parley . ii Puis , faisant la distinc-tion, Si simple et si constamment negligee par nos censeurs, M. La-boulaye aj oute : ii Une Eglise est-elle done desarmee P Non sansdoute; mais e11e n'a de juridiction que daps son empire ; sonautorite tie s'etend que sur les fideles qui reconnaissent ses loin .La elle est souveraine , la elle commando , la elle juge , la ellea le droit d'excommunier, c'est-a-dire d'exclure de son seinquiconque n'accepte pas la croyance et la regle qu'elle a etablie ;la elle a le devoir d'etre intolerance et de poursuivre 1'infldelite . u 1

Ii se pent qu'il y air , daps certaines circonstances , des obstaclesa l'accomplissement de cc que M. Laboulaye appelle un devoir ;mais cc qu'on devra touj ours desapprouver daps le changementd'opinion et de conduite de nos amis, c'est qu'ils mettent leprincipe memo en oubli ; c'est qu'ils ne favorisent pas a l'espritprotestant reform e, evange'lique ; l'esprit ecch siastique, historique,traditionnel, national ; l'esprit fidele aux principes que proclame-rent nos pores et nos Eglises de la R forme . ii C'est qu'ils nes'opposent pas a ~~ l'esprit qui part de la science independante,de la critique absolue , et qui , faisant tout passer par le creusetde la conscience on de la raison erigee en tribunal supreme,aboutit , sons nos yeux , a tout attaquer , a tout ebranler eta tout dissoudre." C'est qu'ainsi , nonobstant lour foi et lourzele pour l'avancement du regne de Dieu , le courant d'espritevange'lique qui relevait les croyances , la foi et 1'Eglise de nospores, est, en grande partie par lour faute, a en danger d'aller seperdre daps les sables arides et deserts d'un subjectivisme sansfrom qui amoindrit et abaisse la Bible et le Christ, et qui enerveet pulverise la foi et 1'Eglise . u 2

La Haye, join 1864 .

1 La liberle reliyie2ese (Paris ,1858), p. 6 .

L'.E$perance du 15 fevr,1860.

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CHAPITRE PREMIER.

LE PARTI ORTHODOXE ET CONPESSIONNEL.

Fraction ultra-orthodoxe de is commnnante wallonne de La Haye. -- Mon portrait . -Parti confessionnel dana 1'E~glise Reformee. - Sea principes h regard des livres sym-holiques. -- Orthodoaie de Dordrecht. - Notre attitude envers la dissidence, le ratio-nalisme dana 1' glise, lea F cultes de theolagIe, et 1'enseignement primaire . - Natureet portde de noire defense des droits de l') ;glise daps lea tats •Gdndranx.

I .

Voici le tdmoignage de Mr. Trottet , sur l'esprit des fraciion8ultra-ortkodoxee de 1'Eglise R~formde en genrsral et sur celle dela communautd wallonne de la Haye en particulier.

„L'esprit des canons de Dordrecht anime toujours lea fractions ultra •orthodoxes de l'Eglise comme celle de la communaute wallonne de LaHaye, qui, demeurant ferm~e a tout element de progres, s'isole de plusen plus du people et se prive des moyens d'exercer quelque action surlui. Ainsi prend naissance cette pit to de salon, ce christianisme a l'eau derose, dont lea fruits no sont quo trop des fruits de serre chaude. C'estque ce parti, car c'en eat un, se refusant a 1'examen des questions qui seposent, pour n'etre pas trouble daps sa douce quidtude, appuie moms surla vie on la foi pie sur le dogma traditionnel on la crayance . L'importanta sea yeux, semble-t-il, e'est de r&iter sans rture son credo ; et it n'estpas si rare de voir qu'on pr6fere 1'orthodoxe tranchant sans amour auchr6tien pieux quo ni 1'Evangile, ni sa conscience n'autorisent a signer1'dtroit formulaire."

Le tableau n'est pas flatteur. Avant de l'examiner , it y auraitlieu peat-~tre a des questions de competence et d'opportunite.Une ann~e de s~jour soft-elle pour se prononcer sur des matieresSi ddlicates d'une manure si positive P ne fallait-il pas s'ab-stenir encore , d'un arret ddfinitif ? la prudence, la charite mane,

lea c onvenances sociales , que le chrdtien eat tenu de respecterdana an esprit vang&ique , ne devaient-elles pas Mconseiller iun pasteur de ddnoncer ainsi unc partie de la communaut~an monde chr~tien P fallait-il d~j considerer ces membres du

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troupeau comme incorrigibles P la publication d'un pareil articleallait-elle faciliter le moyen de les ramener au bercail? Mais jene veux pas m'arreter a des considerations de ce genre, persuadeque M. Trottet regrette sa demarche precipitee et sent combien ,s'adressant au Redacteu± du juinalo ,' ii avait raison d'ecriren Je devrais pent-titre , pour mieux repondre a votre desir,,attendre d'avoir eu le temps d'acquerir uric eonnaissanee pluscomplete des hommes et des choses dont j'ai a vows entretenir. N

Le tableau est-il fidele? Je ne pretends pas tracer un pane-gyrique de mes amis , mail je suis h eureux de pouvoir , en fai-sant appel a la bonne foi de ceux qui m'entourent , opposes ades paroles , sinceres sans doute , mais irreflechies , un d~menti formel .

Un etroit formulaire , l'antique orthodoxie de Dordrecht, est,scion M. Trottet , le credo et l'idole de la fraction qu'il attaque .Un examen plus attentif pourra le detromper du moms a cetegard. Elle no s'est pas formee a l'ecole du Synode de Dordrecht,elle nest pas, a ma connaissance, tres-verse daps les ecrits deses doeteurs . Elle doit beaucoup a la predication et aux enseigne-ments evange'liques de mon excellent et digne ami, M . le pasteurSecretan. Elle s'est nourrie des ecrits de Newton et de Chalmers,de 1lochat et de Gaussen , de Grand-Pierre et d'Adolphe Monod , deMerle d'Aubigne et de Vinet. Elle s'edifie aux sermons pleins d'onctionet de vie d'un e'leve distingue de Neander et de Tholuck , M. Kogel,ministre de la communaute allemande, qui certes nest pas ultra-reform. Elle apprecie notre belle confession de foi , le catechismede Heidelberg et taut d'autres monuments admirables de lavivante orthodoxie dune epoque ol la grandeur des sacrificesrendait temoignage a la sincerite du coeur ; elle s'empressede confesses les doctrines capitales proclamees an seizieme sieclepar les Eglises protestantes , et an dix-neuvieme , par exemple , dapsla declaration de l'Ecole theologique de Geneve en 1831 et daps laconfession de l'Eglise libre du canton de Vaud en 1846 .

La deplorable influence de notre dogmatisme outre nest selonM. Trottet, que trop evidente; it reconnalt le mauvais arbrea ses tristes fruits . Pay de progres , pas de vie , pas d'action suples alentours, pas de charite surtout, nulle sympathie, si ce nestpour l'orthoaoxe , a tranchant sans amour, qui n naivement hardi,e se fait aucun scrupule de signer des formulaires dont le sens

et la portee lui echa,ppent. Je desire ici distinguer soigneusement

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entre un avertisse tt salutaire. et june critique plus ou momsam~re et qui me semble . immeritee, Au I certes noun aeons, grantau manque de vie et de charit6, de gttoi nous humilier tonslei Nous panic pons largenimrt eette ti*dear, a ce chris-t fliBmE facile, . tons ces defauts qui put-titre caract4risentparticulierement notre epoque et ,qui somt doublement reprehen-aibtbs chev les chretien& Mais it s'agit de savoir si M . Trottet esten droit d'indiquer l'absence d'activit6 chr6tienne comme traitdistinct f de la fraction ultra-orthodoxe, comme preuve irr~fragablede la faiblesse de sa vie et de sa foi P - Si, epees un examencalme et impartial , it pent en conscience lui adresser un reprocheexceptionnel et .declarer que c'est elle qui , par un triste con-trasts avec le reste du troupeau , ne se souvient ni des pauvres,ni de 1'euseignement populaire , iii des suttee oeuvres chretiennes,soft ici, soil daps lee pays circonvoiains.

Quoi , done I pammi ceux qu'il range daps la categoric ultra-orthodoxe, M. Trottet n'a t-il rencontre que des gene dare etatrabilaires, abondants en belles paroles et steriles en fruits dela charite P tons. les hommes dedaignent-ils de s'employer a l'avan-cement du regne de Dieu P toutes lee femmes ; indiferentes a ce quine centre pas . dens le petit cercle des i riots domestiques, croient-elles avoir satisfait lent mission .sue la terre en s'acquit#nnt de leersdevoirs de famille P Un tel resume des exp6rienaes qu'il a faitesest de nature m'ejnbarrasser. Car enfin it ne me si6rait guetede combattre as 1eombre- peinture }sax line galerie de notices bio-graphiques. Je lie pads me constituer le pan6gyriste de mss amis .Je ne me aens pas fibre de r6v r, entre les femmes chretiennes,celles qui i par le spulagement des miss humaines , nous 6di=fient et nous r.6jouissent. -Heureusement , j'ose croire que la fractionultra-orthodoxe de la communaute wallonne de La Haye n'etantpas entierement inconntue ? plusieurs de nos coreligionnaires enFrance et en Saisse, surtout aiissi i~ Genwe et daps le pays deValid, . ids n'auront pas ajont6 anti foi implicite aux impressionsque M: Trottet a rues et qu'il s'est° trop h&te de consigneepar 6cr t.Je me permettrai encore uue observation ; pour apprecier un

arr t, fact tenir corn to du point de sue of le juge eat p1ae6.La ra ultra-orthod+oxe : qu'e ce I dire' la signification del'adj ectif d6pend de Forth

a do M. ' e%tet .Je me garde de p~

c r; mail; . scion des personnee l'opi-

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nion desquelles j'attache du prix, cette orthodoxie aurait un ca-xactere asset vague et incertain. Ii suf6ra de transcrire quelquespassages des, Archives du Chriatianiame et du Chretien Evangelique du ,19e eiecle sur 1'onvrage capital de Mr. Trottet , publieen 1856 , .Lea granda Joir8 de l'Egtcae apoatolique, ouvragesnit suet soin, le fruit de beaucoup de meditations, H ouvrage, 'idit-il lui-meme, 'i de conviction et que j'ai longtemps ports dansmon coeur.,"

Dans les Archives du 30 aoflt 1859 , Mr. le pasteur Pozzysnit. ii Ii noun serait biers difllcile de repondre a qui noun de-manderait ce que croft M . Trottet sur la misers de l'homme et surlA rsdemption, ces deux poles du systems evange'lique . Nous avouonsmeme qu'a ce point de vue it y a des pages qui nous ont attrists,non que la verite yy soft attaquse directement ou indirectement,mais ells y est certainement meconnue . ,, Et , malgre une lettre desix grander pages in-4° , que , pour refuter ce jugement , M. Trot-tet lui adresse, M. Frederic Monod snit le 30 sept . : N Pourle moment, nous maintenons simplement Particle de M . Pozzy.. . .Ii est loisible a chacun de lire le livre en question, de lire lacritique serieuse et de tout point convenable et bienveillante deM. Pozzy, pour j uger par lui-mime si cette critique est aussi dsnueede fondement que l'auteur le pense . ii -- Bans le Chretien Evan-gelique M, d. Panchaud ne s'exprime guere dune fawn plusavantageuse . N Tie pecks, le sentiment du psche, le pardon enChrist et par la foi en cc pardon, la communication de la vieeternelle , qui est la source de 1'amour scion l'esprit , voila cettegenese de la crsature nouvelle que nous aurions voulu voir plusaecentuse daps un ouvrage destine a nous presser a la chants."Puffs, en abordant la question de la vertu expiatoire de la mort duSeigneur, it ajoute : ii la page qui devrait titre la page capitals, nouspara~t biers faible , biers pale . Si , par les svenements et daps les Ecri-tures , Dieu a parle sans doute de maniere a titre entendu , M. Trottetn'a pas parts de maniere a titre compris de ses lecteurs encorestrangers a 1'Evangile. Il ne 1'a pas fait non plus de maniere asatisfaire les chrstiens de vieille rocks, et je crams au contrairequ'il nsit satisfait ceux qui combattent l'orthodoxie evange'lique.En tout car , sans me permettre de dsduire de cette page ladoctrine de l'auteur , j e doffs cependant lui faire remarquer qu'onpourrait titer, des lacunes de set ouvrage, et de cette lacune enparticulier , des conclusions qui seraient severer, a

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Ce n'est pas ; rnoi ,qui m'empresserai d'insister sur ces lacunas etd'en bier des conelus s -suet line sevtrit4 qui, de ma part et sanstitre plus amplem nt iriforme, serbit deplacee ; loin de la,j'aime bienplutSt aroire, ju8qu'a preuve du c train, qu'au fond noun sommesplus 4'aceord quo M. -Trottet lui-mama no le ru se. Mais it resultede ces observations qu'il ne reussit pas toujours a s'exprimeraver precision et clarte ; que, sa predication u dill imposer a stirauditeurs la- Cache de se tenir en garde contra des malentendus(Cache , selon M. Panchaud , qui pent dormer l'image de la de-fiance la f Mdlite), qu'une certaine gene et froideur a d in vi-tablement surgir entre lui et la fraction ultra-orthodoxe, et quepar consequent it ~tait doublement nkessaire de se mefier deses impressions premieres et de ne pas lea communiquer avantqu'un examen plus refb chi les of t fait mf1rir. Esperant rece-voir de lui-meme, sur les doctrines vitales de 1'Evangile, desexplications plus conformer aux desirs legitimes des chr6tiens devieille roche, noun n'aurons pas trop a noun inquieter du reproched'etre, a son avis, des ultra-orthodoxes, east-a-dire plus ortho-doxes que lui .

II .

Au tableau rdu parti ultra-orthodoxe M . Trottet. a prix la peinede joindre mon portrait .

„ Ce parti possede . an homme distingue par .le caractere et le talent, dapsM. Groen van Prin$e er, ancien membre des tats.G.eneraux. Esprit amoureuxdu parse, it s'est attache,,aver anti aorta d'opiniatrete, au systeme ecclesiaatiqueque representent MM. Stahl et Hengstenberg en Allemagne, en le modifianttoutefois daps le sans de 1' glise r~formee ; de some qu'on peat le Consi-derer comma le Stahl de la Hollande. Son parti prix, it parait n'avoir luies +ouvrages Grits dana' l'autre' camp qut p nr en ehercher lea cots faibles .Ce n'est certainement pas ainsi qu'on pent entrer dens la voie de seri+euxprogress et it eat ties-probable que si oct ardent adversaire de la sep'ara-tion 1'Eglise et de l' tat 6tait n6 dens l' g1i$e anglicane, it se remit vulogiquement conduit par son principe an pusdisme . Son inviolable f3delitea ce principe et la force de son caractere ont exert¢, sons divers rapports,anti bonne influence. Mais it n'en a pas moms contribue a isoler le partiorthodoxe; et, en se refusant, pour son compte et pour celui des autres,a . exaaiiner °toutes chosen afin de retenir ce qui eat bon, it a de plies enplus travai le a restreindre son influence persounelle ."

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u ne m'appartient pas de juger de la ressemblance, ni de cOn-tester la justesse de ces observations psychologiques . Si reellementje n'ai lu les ouvrages de mes adversaires que pour y decouvrirle defaut de la cuirasse , M . Trottet a raison : n cc n'est pas ainsiqu'on pent entrer dens la voie de serieux progres . a Si jeme refuse a tout examen attentif, it en conclut tres-sensementencore que , par une obstination si deraisonnable , je me trouveraibientot abandonne de tons dens une si mauvaise voie . Seulementj'affirme n'avoir pas agi de propos delibere. J'ai desire, dens1'interet de la discussion, rendre justice pleine et entiere a mesantagonistes ; j'ai t&che de mettre en pratique un eclectisme chretien,ayant pour pierre de touche la Parole de Dieu .

Mais , s'il convient de girder le silence sur des assertions decc genre, je ne pretends pas me refuser a des explications de .prmcipes .

Je suis amoureux du passe . Oui , certes . Je ne crois pas qu'onpuisse rompre avec le passe ; je crois que toute opinion qui a del'avenir , est enracinee daps le passe .

Je me suis opiniatre a la defense du systeme ecclesiastique querepresentent en Prusse les hommes . distingues auxquels on attribueun penchant irresistible vets le puseisme. Qu'est-ce a dire ? M . Trottetfait-il allusion an maintien de la doctrine ? alors it est inutile d'alleren Allemagne ; en France et en Suisse it y a asset de noms connusavec lesquels la-dessus je suis egalement d'accord . On biers , est-cel'organisation ecclesiastique qu'il a en vue P je crois titre , en cecidu moms , pour ceux qui me connaissent , a 1'abri de tout soupcon .Je me suis constamment oppose au systeme hierarchique, introduitdepuis t816 dens noire Eglise ; personae n'a ate plus pie moipartisan des droits de la communaute, de 1'egalite des pasteurs, de 1'in-fluence des laiques, du sacerdoce universal .-- /L'Eglise, n dit M .Vinet,ace soot les fideles ; 1'Eglise doit se gouverner elle-mama ; les pre-dicateurs de l'Evangile n'en soot pas les seuls ministres ; it n'y apas proprement de clerge dens une Eglise evangelique : east toute1'Eglise qui est le clerge, 1'heritage du Seigneur, le patrimoine deJesus-Christ. -- Ce sont 1a les maximes presbyteriennes ; cc sontcelles que je professes evidemment je cours moms risque dedevenir puseiste que de devenir puritain .

Je suis un ardent adversaire de la separation de l'Eglise et de1'Etat.-- Pas aussi ardent que M. Trottet se 1'imagi e. C'est de M.Vinetqu'on pourrait dire qu'il est panegyrists ardent . Je me range parmi

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ses admirateurs les plus siiiceres ; mail en proclarnant la separationabsolue, comme une vrit universelle, en l'elevant la hauteur d'uiidogme, it a coinmis, je n'oserais le nier, une grave erreur. Carenfin it y a eu bien des poques oi\ , daps 1'interet de laIibert religieuse, it a faflu restreindre l'exercice des droits poli-tiques aux membres dune lEglise d'Etat . On bien faflait-il peut-tre, du temps de la St . Barth1emy,, ou de la Tigue, ou de laguerre de Trente-aris, ou de la revocation de l'Edit de Nantes,oil des persecutions atroces contre les Eglises du desert, fallait-il,lorsque les guerres de religion et de conqute taient entrelace'es,proclamer dens les Mats protestaiits une galit parfaits et s'aban-donner, en touts scurit , t la droiture scrupuleuse et aux bonnesgraces des catlioliques reconilaissants P ou bien encore, en Angle-terre, a la memorable e'poque de 1688 , Guillaume III s'est-iltromps, lorsque, appe1 a poser les bases d'une libert re'elle , iin'a pas consenti titre la dupe des 1ans de tolerance des Stuarts?Par la force des circonstances, l'union de 1EgIise et de 1ltat att , et pent devenir encore , ncessaire on avantageuse. Te

premier des axiomes, en droit ecclisiastique, n'est pas la separa-tion , mais l'inde'pendance . ii Insistons sur 1'indpendance , ' disait,it y a longternps dj , M. de Gasparin, u au lieu d'insister sur laseparation . L'independance est un dogme serif a cheque page de laBible ; la separation n'y est &rite nulls part . ii Maintenir l'ind&pendance daps l'ordre spirituel , c'est, pour tine Eglise, son devoiren tout pays et en tout temps . Fidele a ce devoir, on apprecieles avantages de l'union, et , s'il le faut , des qu'il le faut , (nousl'avons vu en Ecosse et daps le pays de Vaud ,) on les sacrifie , enretenant le principe , aux intrets de la vrite . Apologists de l'unionet toutefois fondateur de 1g1ise libre, le docteur Chalmers, sansrenier la regle , a sanctionn l'exception par son exemple. On sotromps, fort en supposant quo je plaids , do nos fours, en favour deCe quo M. Trottet emend par l'union . Jo no vise point au rta-blissement d'une Eglise privile'gie'e. A rues yeux l'galit poli-tique , sans distinction d'opinions religieuses , est un progres .Dens la situation actuelle et dapres les theories prdominantes,j e crois quo ce qui rests encore do l'ancien ttat do choses , sansavoir los avantages quo l'union pouvait offrir autrefois , a do tres-graves iuconvnients . Pour 1'Eglise Reforme en particulier, c'ostune separation re1le quo j'ai depuis longtemps demande ; uneemancipation de l'Eglise, de'plorablement assujettie a l'arbitraire

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administratif. Pas de caesaro-papie , pas de jus in sacra , sur-tout pas de religion civile , rien qu'un droit de surveillance ettin devoir de protection. Avec M . Guizot, je veux " la separationde 1'ordre spiritual et de 1'ordre temporal , maintenant des degreedivers de clarte et d'avancement , l'un des caracteres essentials,

peat-etre le caractere le plus essential des societes modernes ; laseparation de 1'etat religieux et de 1'etat civil, et 1'illegitimitede toute intervention de la force daps 1'ordre spiritual, mama auservice de 1a verite ; a mail , aver lui aussi , et daps le sans qu'ilindique , j'ajoute : a pas la separation de l'Eglise et de l'Etat,grossier expedient qui lee abaisse et lee aflaiblit l'un et l'autresoul- pretexte de lee afi'ranchir 1'un de l'autre . a Ce qua je veux,east 1'etat laique , mais chretien , en opposition a l'Etat qui nereconnalt pas l'autorite divine ; 1'Eglise et 1'Etat distincts et agis-sant , chacun daps sa sphere et de concert , pour 1'avaneementdes interets lee plus chars de la nation . Est-ce trop demanderencore? l'Etat chretien vows semble-t-il arse chimera? eh-biers,veuillez au moms m'accorder 1'union naturelle, indissoluble , cellequi existe entre tin people et see croyances ; east pourquoi,i'Etat etant tenu de conformer see institutions et see loin auxinterets et aux besoins religieux de la nation, lee gouvernementsen Europe doivent se souvenir qu'ils regnant stir des peopleschretiens. Cette union , la seule dont, man avis, it n'est jamaispermis de se departir, est subordonnee, salon moi, a des conditions,qui soot precisement celles auxquelles Vinet attache le plus deprix ; separation nette entre la qualite de croyant et celle decitoyen , autonomic et souverainete de chaque Eglise daps l'etenduede see droits essentials et legitimes , respect de la conscience indi-viduelle daps see manifestations pratiques.M. Trottet compare mes opinions , sons quelques rapports , cellos

de MM. Hengstenberg et Stahl . Ce sont deux noms illustres etqui m'inspirent une profonde veneration. A des epoques ot\ it fallait',dans toute la force du terme , avoir le courage de son opinion,la Gazette evangelique de Berlin a rendu des services inappre-ciables a la cause de l'Evangile, et je ne onnais personae qui sitegale M. Stahl dans la demonstration scientifique qua la veritereve'lee est la condition premiere et indispensable de la liberte et duprogres . Etre appele n le Stahl de la Hollande,'i serait pour moitin exces d'honneur, si je ne savais pas qua cette designation , anlens de ceux qui en font usage, n'est tiers moms qu'un eloge ;

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quo pourS beaucaup dc nor emir en Suisse et en France, graceI des prere~tions opiniatres, .ce r nom est -devenu un veritable6pouvautail ; quo,-des qu'on est cue assembler MM. Hengsteaberget ;Stahl, tout est dit: on et jug6, eondamne, on appartient au.parti, le . plus retrograde , le . plus intolerant, et dont chacun secroit autorise a parlor avec une espy de declaim , aver une critique1 gore et degagee, qui fete l'etonnement de la portents. En voici tinnexample, daps le memo nume o du C4retien Evangelique, qui contientParticle de M. Trottet. M. Stahl a recemment publie un travailsur 1'Eglise Luth r ieune et l'Union , admire memo par des antago-nist's commas MM. Nitech et Hoilmann et d'autres illustrationstheologiques de 1'Allemagne . .Le Chretien EvangeUgue n'est pasde lour avis. Il s'en debarrasse d'un trait de plume. "Le puseismeprussien vient de faire explosion clans un ecru du celebre docteurStahl, ouvrage sans valour scientifique ni theologique. a PauvreM. Stahl ! Qui se souciera desormais de jeter un coup-d'oeil dapsses ecnts , sachem par avance qu'ils n'ont aucune valour 1 Il estvrai qu'un ecrivain clout le tenaoignage a quelque prix, M. Vinet,ayant donna, daps som .Eesa1 our la separation, matiere desreflexions critiques . de sa part, s'exprimait d'une fawn moms ca-valii re. Dams la seconds edition, it persists daps son opinion,mais , en lui repondant, it ajoute : " nous aeons . lu avec tine atten*tioa respectuense les -observations de M . Stabl "

En }Iollande, d'apres lea renseignements de M. Trottet, l'inCrd-dulite d¢it remportei des succor faciles ; -car rien ne lui resists,Si ce nest precia ment cette fraction, sans vie, sans amour, sansfoi agissante, , la fraction qui n'a pout appui et pour raBiemeiitquo lea formulaires , la fraction du temps jaths , en tin mbt, la

fraction ultra-orthodoxe. Trois grander tendanees theologiques ,,dit-il, se disputant le terrain , 1'~cole de Groningue, sans principenettement determine, et qui ne voit en Jesus-Christ quo l'educa-teur par excellence ; 1'ecole ode Leide , . qui substitue 1'Evangiletine nouvelle formula et n'a plus de place pour ce qu'on nomme lepeche. Et la troisi~me tendance , la . fondants qui forms oppositionaces ilangereux systems$ , quells est-ells P est-ce le parti de la vdritedens de nombreuses nuances S non c'est uniquement 1'antiqueorthodoxie-de Dordrecht. D'un cots, le rationalism', et tout cc qui

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s'y xattacbe ; de l'autre la foi morte et le dogma traditionnel . Yoilaune statistique bieu inexa,cte. C'est meconna1tre entierement l'origine,la nature , les forces et la diyersite du parti +~vange'lique. C'estignorer 1e Rt veil. C'est ne pas savoir qu'en Hollande , commaailleurs , depuis 1813 et 1815 , apres les maux de la revolutionet de la guerre et les bienfaits de la delivrance , surtout aussiapres les orages de 1830 , le souf le vivifiant de 1'Esprit a faitBolo*7e un cluristianisme

rel.Amene ainsi directemetit la connais-sauce de 1'Evangile, on se rencontrait sur le terrain des granderrealit€s bibliques, avec le hombre encore tres-considerable de per-sonnel qui, daps l'Eglise Reform e , avaient conserve, avec plusou moms de fid&ite . et de vie , _le . bon depot de la foi ; mais,par lui-memo , le Raved ne fut ni calviniste , ni lutherien , nimennonite, it fut cliretien . Ii n'avait pas l'antique orthodoxie deDordrecht pour etendard ; mais le drapeau de la Reforme , maisla Parole de Dieu ; et s'il retrouvait avec bonheur la doctrine dusalut admirablement exprimee dens nor livres symboliques , s'ilappreciait une regle d'enseignement si conforme aux Saintes Ecritures,s'il opposait aux envahissements du rationalisme la doctrine de1'Eglise et le devoir de ses ministres , it ne songeait guere aacceptor on a imposer le joug absolu .et littoral des formulairesavec line anxiete absurde , et puerile. Un esprit de fraternite chre-tienne predominait sur de pareilles velleites. La plupart des hommesdistingues qui furent en benediction , -- qu'il me soft permis d'en titerun , c1ui offre le type de ces dispositions genereuses et dont le nomact grave daps moll coeur, M . de Clercq, qu'on n'aura pas oubliea Geneve et chez qui la f i la plus simple et la plus sincere venaits'unir aux plus beaux, idous d . sou lent et de l'intelligience ---ces hoinmes , dig je, conoiliereut avec lour ardour pour la samedoctrine le desir sincere de ne pas eutraver l'union fraternelle enattachant trop d'importance .a des divergences secondaires , reelleson appareutes. De memo le poete incQmparsble , qui , par la varietedie ses :talcnts et de ses travaux , et plus encore par 1'ene gie-de son earact re , a ~u un ascendant esi considerable sur lajeunesse contemporaiae, le eelebre Bilderdijk, malgr cc qu'il yavait quelquefois d'e c~sslf sans le colons de sos paroles , etaltincapable d'oublier quo le but et la borne de Ee clusisnne , cbretienest de sauvegarder le foods de verite commun a toes les vraiscroyants ; et , memo en tendant la main aux plus zeles sectateursde Dordrecht, ses disciples, en general , se rappelerent l'exemple

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de lens maitre, chez qui ce qu'il y avait de dur daps les formesoll se revelait son genie, stmt venu s'assouplir souvent aux in-spirations de la charite . Le plus illustre representant de son stole,mon ami da Costa, qui a exerts sur un tres-grand nombre dechretiens , a bon droit , une tres-grand e influence , repoussa con-stammerlt tout ce qui pourrait tendre a interposes une autoritequelconque entre la conscience de l'homme et la Parole de Dieu .Enfin la meprise de M. Trottet, se plaisant a renfermer tons lesorthodoxes daps l'etroite enceinte du formulaire le plus precis etle plus abstrait du Synods de 1619 , ofire , de 1105 jours surtout,1111 contrasts bizarre aver la tendance qui, mains parmi les chre-tiens , menace de devenir universelle , et qui , deviant de plus enplus vers un individualisme completement libre duns toutes sesallures , n'a aucun souci de l'Fglise Reformee et de l'unite his-torique de sa foi .

Sans doute , it y a eu , et it exists encore , daps beaucoup de1105 eglises reformees , des fractions plus on moms considerablesqui , quelquefois en meritant , souvent aussi sans meriter , le reproched'orthodoxie moms, inclinent a faire de la fide'lite scrupuleuse ala formula contra-remontrante un trait caracteristique et neces-saire du signalement chretien . Mais cc parti, asset nombreux parla sympathie des classes populaires, non seulement n'a pas influepuissamment sur la marche des aff thres , mais s'est souvent pratea nos conseils et a nos desirs. C'est ainsi qu'il a renonce plusd'une fois a un dogmatisme inopportun. Car la malencontreuse idesde faire des canons de Dordrecht le schibboleth de notre epoque,teas ides , salon M. Trottet , noire ides dominants , a rencontrechez nous une vine opposition .

Eh quoi, objectera-t-on, n'etiez-vows pas tense sire a la fetedu parti eonf essionnel et juridique ? Vous avez approuve , vousavez partage, vous avez anise teas ardeur pour le dogma etle symbols. Vous avez proclame l'autorite normative de la Confes-sion Reformee ; vous avez dit , et cent fois repete , qua chaquemembre de l'Eglise devait s'evertuer a faire prevaloir sa doctrine .

Depuis bien longtemps par un malentendu obstine ou invo-lontaire, on reproduit ces assertions, et l'on nous condamne . Oui,testes , it y a eu un parti distinct confessional , proclamant ledroit et le devoir de l'Eglise de maintenir sa foi ; un parti dontj'ai ate appeh , par un contours de circonstances , I etre quel-quefois , daps des moments difficiles , un des organes . Mais le

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-reproche d'exageration imprudence et passionnee s'evanouira , j'osele croire, du moms aux yeux de plusieurs, des qu'on voudra bienetre attentif au point de vue of nous noun sommes places . Ii s'agitici d'explieation , et nullement de desaveu.

Appartenant a une Eglise qui ne le cede a aueune autre , nipar la beaute de son origin , ni par 1'eclat de ses luttes , nipar les lumieres de ses pieux docteurs , ni par le devouement deses martyrs, ni par la purete de sa foi, appartenaut tine Eglisenationals encore par le nombre, par l'influence, par les souvenirs, it fal-lait, selon nous , en la voyant en butte aux attaques de 1'incredulite ,ne pas negliger les avantages de la position donnee , ne pas mettreen oubli les bases et la continuite de la croyance historique et tra-ditionnelle , ne pas perdre de vue que cheque membre de 1'Eglise,pasteur on laIque , est tenu de maintenir ses croyances et sonautonomic, afin d'assurer ainsi a une nation , formee et reformeepar la I3onne Nouvelle , les privileges inestimables d'un peoplechretien .

IV .

RRien d'excessif , rien d'extraordinaire. Notre systems n'est autreque celui qui a toujours etc jugs inseparable de la notion memed'une Eglise. Entre ceux qui se reunissent it feat un accord denature a former la base d'une adoration commune . C'est le systemsle plus simple et le plus modere ; tel que de nos fours it a etcconstamment defendu par des chretiens qu'on ne soupconnera pasd'intolerance ; notamment par Adolphe Monod, daps ses 'discoursd'EExclusisme, et Pourquoi je demeure Bans l'Bglise etablie,et par Vinet (ainsi qu'on peat le voir daps le recueil .Libertereligieuse et questions ecclesiastiques) a toutes les epoques de sacarriers.

Constatons ici , en pea de mots , noire principe , sa portee , sanecessite, ses consequences pratiques .

Le principe est inseparable de fides d'un cults common, ToutsEglise a une doctrine ; c'est la son caractere, sa vie, son essence,le lien moral qui forms la realite et l'unite du corps ecclesias-tique. Cette doctrine est de notoriete publique ; ells apparait dapsson histoire , elle est consignee dens ses livres symboliques , •saliturgic , sa confession de foi , regle d'enseignement librementaeceptee par l'adhesion expresse ou tacite de ses membres .

Une

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confession est indispensable ; ells exists , memo avant d'etre formel-lement redigee ; ii en supposant, par impossible, qu'une Eglise z1'eutrien de ce qu'on pent appeler symbole si quelque scission gravese manifesto daps son seen , elle se versa daps la necessite d'ecrireses coutume8 . ' . Le symbole etant supprime , l'Eglise ne seretrouve plus . ii 2

Maintenant queue est la portee du principe et daps quel sonsen avons-nous demands l'application P Nous n'avons pas attribuea la confession une force propre, active et independante maisnous avons resists a son abrogation tacite nous avons insistssur sa valour permanents , comme traits d'alliance defensive , commesigns de ralliement , comme point d'appui utile a retrouver , commedocument precieux invoquer. 3 Le maintien des grandes verites duhristianisme a ete noire point de depart, des verites de l'Evangile

et de la Reforms ; c'est a ces verites quo nous avons attribue undroit exclusif de bourgeoisie daps l'Eglise, et, en nous fondant surla confession et sur les autres temoignages de la foi collective , nousavons fait appel a la conscience , a la loyaute memo des antago-nistes, centre url subjectivisme sans frein qui detruit 1'Eglise pouren conserves l'ombre et la form .

La necessite de cot appel est evidence . -- Autrement 1'Eglisedisparait , ou ne merits plus le nom d'Eglise .

La Bible , dit-on , suit. La Bible, invoquee a la foil par desopinions qui s'accusent mutuellement d'etre antibibliques , ne pentserver de symbole a personne. " L'invoquer pour terminer des debats,cc serait en ouvrir de nouveaux . Ce serait mettre aux prises toutesles variante8 de la foi et presque toutes cellos de l'incredulite .

Que pent avoir de grave , dit-on, l'abolition d'un document apeine aperc u , a peine senti, presque oublie ? -- 'i Ii est trop daisqu'on ne songs a l'abolir quo paste quo sa presence est semiset qu'elle devient genante : on n'attaque pas les morts, on laissemourir les mourants . 'i

Otez a l'Eglise touts doctrine qui rallie et par la memo exclut,proclamez les opinions fibres et egales, aneantissez le symbole, quodeviendra 1'Eglise ? Elle n'existe plus ; la religion n'est purementet sim jlement qu'un departement de l'administration. Vous verrezl'Etat center de rassembler autour d'un centre cette Eglise desor-

i Vinet, p. 212 .

Q l. 1, p . 217.

3 1. 1, p . 206,4 1. 1. p . 211 .

5 1 . 1, p. 225,

6 1, 1, p . 213 .7 1. 1 . p . '229 .

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Le peuple dens 1'Eglise est livre ~, tout vent de doctrine. Ii41's a plus de gaiantie que 1'Evangile lui sera annonce . n Ot\ estla libertd des paroisses , oit est la liberte du croyant , si , anlieu de recevoir pour pasteurs les hommes d'un symbols , on estobligd de recevoir les hommes de 1'opinion dominants ?

Mais it y a hien plus encore. En n'exeluant aucune opinion , par lameme on ex Slut touts opinion exclusive ; la vd its, l'Evangile ne sau-raient avoix place dens ce syncretisme . La tolerance a leer egard nepent titre que pirovisoire , e~ceptionnelle ; car la olt 1'on admet l'erreur,,la verite est fun germs de d~sordre et ne pent trouver place qu'acondition de renier ses devoirs et sa nature, en laissant l'erreuren pair.

De ces rappo is naturels et necessaires d'une Eglise avec sadoctrine decoulaient pour noun des consequences pratiques .

Ii fait nester dens 1'Eglise . +~ La foi orthodoxe est, quoi qu'onen puisse dire , l'unique foi de noire eglise. C'est un fait incon-testable ; . . . La doctrine evangelique est a la base de noire eglise ;ells en est la doctrine historique , legale , normale ; bref, ells atons les titres pour ells, tandis que l'heterodoxie et le latitudi-narisme n'en out aucun . Des lors, nous pouvons dire et nousdisons Nous sommes chez nous ; cc n'est point a nous de sortird'ici , et nous n'en sortirons que chasses. " a Ii fait y nester ,afin, ineme si 1'on est chasse, de ne sortir qu'avec les honneursde la guerre et remportant , daps la defaite , un succes reel ; apresavoix mis la veritable question en evidence, apres avoix averti eteclairs les masses , apres avoix grandi daps 1'Eglise etablie etprepare ainsi une de ces retraites collectives , qui emportent, commedisait M . de Gasparin, les institutions et le drapeau .

II fait nester daps 1'Eglise, mais pour y litter . La lutte doits'etablir, non pas inintelligente et precipitee, mais duns un espritd'energie et d'infiexibilite ; sans compromis , sans relache , jnsqu'ace que le but soft atteint, et que l'Eglise ait triomphe, softqu'elle se reorganise sir ses immuables bases, soft que, cedanta 1'injusti~e et a la force, elle se degage de former desormaismensongeres , pour reparattre libre et independante avec unevigueur nouvelle. 'De deux chores Tune : on l'on amenera dou-

v 1. 1 . p . 220 .

2 l. l • p• 225 .

14

ganisee qui s'eco1ile de toutes parts constituer finite adminis-trative 1 oil mazique finite de doctrines, a 1

Ad. Moliod, Pourquoi je demeure duns l'Jg1i.ce e cblie, p . 3O 28 .

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J

cement, mils rrr~srstlblement, une or a.uisatron qui , m e de lei.vie, s'adaptera exactement aux besoins et a la mesure de la vie ;oil Men, si le mat est sans remede, of se rends impossibledaps 1'Eglise et foil s'eil fern expulser ; car, victorieuse on into-lerable , telle est la glorieuse alternative de la vie chretienne ausein de 1'Eglise visible. ii

Tel etai.t noire point de vue j&ridiqite ; en meme temps c'etaitun point de vue moral.

Rien de plus immoral que de sparer le droit de la morale .Rien de plus immoral que de substituer adroitement a la foi

de 1'Eglise des opinions qui la reriversent .Rien de plus immoral que d'abuser des pouvoirs que 1'Eglise

confie, et de s'en armer contre cue , pour la combattre en cequ'elle a de plus fondamental .

On pent, direz-vows, faire valoir des droits incontestablesd'une maniere mesquine et puerile ; sccmrnum jus, summa injuria .Sans doute ; mais ici du moms it n'y a pas lieu d'appliquer cetadage. Noire devise a etc in necessaries unitas , in rlubio libertas,in omniln&$ caritas . Cette devise, conforme a l'esprit evange'lique,bus l'avons adoptee en entier . Ii y a done des verites nmcessaires ;des verites a l'egard desquelles toute transaction est illicite ; desverites done l'Eglise, sans abandonner sa foi, ne saurait admettreou tolerer les contradicteurs .

Mais cc systeme, irreprochable, pechait-i1 pent- itre par la pra-tique ? nos exigences portaient-elles , nous le nom de verites fon-damentales, sur des articles qui n'ont qu'une mediocre valourtheologique on religieuse , et qui peuvent , sans trop d'lncorlve-nlents, former dins l'Eglise un objet de doute et de controverse?

Biers an contralto. Nous nous solnmes constamment tomescc qui , non pas dins les siecles passes , mais de nos fours ,partout oli it y a en reveil chretien , a ete consider comme leminimum de l'unite evangelique. En relisant nos declarations sue-cessives et multipliees, je puffs les resumer , par exemple , dapsla confession que j'ai dej a cite , la confession populaire , unani-mement adoptee en 1846 , comme expression de 1'unite dogma-,tique de 1'Eglise du canton de Vaud .

L' +'disc litre se rattache, par 1'unite do sa foi,

l'Eglise apostolique,aux T1ises de tons les temps qui out profess~~ la doctrine du salut gratuit

I l . l • p 4 t .

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par le sang de Christ ;, elle se rattache ainsi aux Eglises evangeliques qui,an seizieme siecle, ont exprime leur foi avec un accord si admirable densleers livres symboliques, et en particulier daps la confession de foi helvc-tique. Elle proclame avec dies l'inspiration divine, l'autorite et 1'entiere suf-fisance des Saintes Ecritures de l'ancien et du nouveau Testament. Elloprofesse la foi en un seal Dieu, Pere, Fils et Saint-Esprit, et reeonuaitque, daps l'etat de chute, de peehe et de condemnation de 1'homme, itn'y a pour lei qu'un seal moyen de salut, savoir la foi vivante en Jesus-Christ,Dieu manifests en chair, veritablement Dieu et homme, seal Mediateurentre Dieu et les hommes, et Sacrificateur de la nouvelle alliance, mortpour nos offenses et ressuseite pour noire justification, eleve a la droite deDieu , d'ou it exerce tout pouvoir daps les cieux et sur la terre, d'ou itcommunique aux fideles et a l'Eglise, par le Saint-Esprit qu'il envoie dela part de son Pere, toutes les graces n~cessaires a la regeneration et a la-pratique des bonnes oeuvres, et d'ou it reviendra pour ressusciter les morts,pour juger le monde avec justice et pour mettre les siens en possession dela vie eternelle ; puissant, en un mot, pour sauver parfaitement tons ceuxqui s'approchent de Dieu par lei . -- Tel eat, aux yeux de l'Eglise, le centreet le fondement de la verite chretienne ."

Exiger, au nom de 1'Eglise , en faisant appel a sa confessionet a son histoire , de la resistance an renversement systematiquede ces verites centrales et rallier ainsi les membres fideles autourdes fondements de sa foi ; d'un autre tote combattre les entral-nements , selon nous , ultra-orthodoxes , et tenir compte des besoinset de la situation de 1'epoque , telle etait la voie quo le particonfessionnel s'etait trace. Voyons s'il s'en est ecarte.

V.

Avant tout constatons queue a etc la nature et la limite denoire attachement pratique a 1'antique orthodoxie de Dordrecht .On ne se lease point de repdter que nous voulons la faire ren-trer et - refiner de vive force par noire patronage ; que c'est lanoire arriere-pensee , et que c'est de l'adhesion aux formules de 1-619que nous esp~rons la victoire sur lea erreurs modernes. Exami-nous s'il en est ainsi , et si , dens les luttes contemporaines , c'estaux armes du dix-septieme siecle que nous aeons en recours .

Je n'entre pas daps la question politique. Yai tachd de latraiter avec impartialite ailleurs, sans meconnaitre lea talents etles services d'Oldenbarneveldt, sans dissimuler lea defeats duPrince Maurice, mail aussi sans oublier que le recit de leer anta-

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onisme et des funestes discussions dens la Republique a its `sin-gulierement defigure par l'animosite des preventions et des souve-nirs . - Beaueoup d'opinions traditionnelles out cede aujourd'hui a1'evidence , obtenue par le progres des ' etudes historiques etpar le temoignage de documents inconnus . Ceux qui out serieu-sexnent etudie la question , ne trouveront pas inexact on tropsevere ce qte, deja en 1841, je me suis permis d'a rmer.N Ii est certain que la majorite des Etats de Hollande, guidepar- Oldenbarneveldt , accaparait pour l'aristocratie communale nitpouvoir sans contrepoids et sans limites, persecutait lee Reformerorthodoxes, lee mettant a l'amende, lee jetant en prison, leurotant lee droits de bourgeoisie et de commerce ; que ces proi5ec-teurs ale la libertc duels interdisaient meme le recours aux tri-bunaux, prenaient des troupes a leur solde, pour maintenir,envers et contre tons, leur absolutisms ; en un mot, que, malgrelee Etats-Generaux et le Stadhouder, us se jouaient insolemmentdes citoyens et violaient leurs droits lee plus sacres . 'i Les chores,daps la Republique des Provinces-Unies , en etaient venues anpoint qu'il fallait necessairement choisir entre la repression de cesexces et la guerre civile .

J'ecarte egalement la question ecch siastique . Rappelons seule-ment, en passant, que 1'independance de 1'Eglise etait presqueaneantie ; 'pus lee magistrate, sun l'avis de pasteurs comparative-ment en fort petit nombre et qui me pouvaient se maintenir dens1'Eglise reformee que par le bras seculier, se crurent autonisesa decider que des doctrines reprouvees par 1'Eglise , seraienttolerees sans contradiction ; et qu'ils ne se lirent ainsi aucunscrupule d'imposer, en matiere de religion, a l'Eglise leurbon plaisir souverain ; qu'ils refuserent le seal mode de decisionlegitime, la convocation d'un synods national ; qu'ils refuserentensuite tout arrangement a l'amiable, par lequel cheque parti e1 teu see Eglises ; qu'enfin , la old lee reformer , cedant a la force,abandomant lee Eglises reformees aux Arminiens, se refugierent4ans des granges et daps des maisons particulieres, on leur re-fusa jusqu'a ce dernier rests de liberte.

Venous a ce qui est ici le point capital : a la theologie deDordrecht .En general la theologie de Dordrecht nest ni plus iii moms

que la theologie de la Reforms ; la th~ologie de nor pens, te11~qu'elle se forma a la lumiere de 1'Evangile et a la lueur ' des

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bfichers . Se fondant sur les Saintes Ecritures, regle unique defol, le Synods, apres un examen reuouvele de la Confessionliturgique , n'y apporta pas le moindre changement qui aitquelque portee dogmatique .

L'oeuvre specials du Synods fut 1'interpretation raisonnee dupoint en litige, du dogme de la predestination . Nous y voici,dire-t-on ; queue opinion est Ia v8tre? les fameux Canons trou-veut-ils en vous uu approbateur A vous avis, l'oeuvre daSynods fist-ells necessaire et tonne, et par consequent etes-vousdispose a l'admettre comme regle obligatoire daps 1'Eglise reformeeque vous desirez raj eunir ?

A ces deux questions : approuvez-vous P imitez-vous ? la reponseno saurait titre la meme. En se rappelant que Ia resistance auxsubt' 'tes alminiennes avait pour but la defense de Ia veritecentrale de 1'Evangile, le salut gratuit, on verra qu'en voulantfaire aujourd'hui cc qui alors etait digne de louange, on com-mettrait une grave erreur et un deplorable anachronisms .

Oui, certes , en insistant sur le dogme de l'e'lection , formuleaver une precision rigoureuse, nos peres, au 17' siecle, eurentparfaitement raison. Pourquoi? parse qu'alors nier 1'e1ection stmtle premier chainon dune deduction logique qui aboutissait ansaint conditionnel .

Ici je m'ef tee, pour introduire , a l'appui de ma these , destennoins qu'on ne recusera point .

Adherent au Synods de Dordrecht (on oublie trop souvent quece fut un Synods oecumenique des Eglises reformees), les Eglisesde France, en 1620, s'exprimerent ainsi : u Je condemns la doc-trine des Arminiens, parse qu'elle fait dependre l'election du fidelede la volonte de l'homme, et attribue taut de pouvoir a sonfranc arbitre qu'elle aneantit la grace de Dieu, et parse qu'elledeguise le papisme pour etablir le pelagianisme et renverser toutsla certitude du saint."

Voile qui est positif. Maintenant ecoutons , deux siecles plustard, M. Merle d'Aubigne : a Quand est-ce que 1'Eglise de Hol-lande a ete triomphante et glorieuse P quand a-t-elle march, ala fete de toutes les Eglises de la Chretiente ? C'est lorsqu'il luifut donne de porter daps les murs de Dordrecht le plus corn-plet, le plus magnifique temoignage qu'il ait jarnais ete permisa,ux hommes de rendre a la grace de Jesus-Christ.'

Ii est done permis, ce me semble, d'ajouter quelque prix a

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1'antique orthodoxie de Dordrecht , m me en cc qu'elle a despecial et de oaracteristique.

A, meat , eerivant en 1837 a notre commisisonsynodale, le doyen de la classe de Lausanne et Vrevay . u Plus ladoctrine est pure , plus la vie est sainte , plus aussi on voitfleurir tine Eglit e. Si Dieu reserve a la votre des temps aussiglorieux que ceux d'illustre memoire, ot't les regards de 1'Europereformee etaient porter sur die , oe sera en la rattachant aveepuissance a cette doctrine de la grace que Dieu la charges 1edefenders, et qu'elle expose et defendit en effet daps tine assem-bles celebre, avee tine fide'}ite qui liii- a acquis la reconnaissancedes Eglises evangdliques et en particulier de la nStre . L'electiongratuite de Then eat la couronne de la foi du fidele , commecells de la th o1ogie chretienne."

Mais, s'il en eat ainsia, pent-on, en souscrivant a de tels elo-ges , ne pas se montrer imitateur de ceux qui les out merites Ppent-on si hautenient celebrer 1'oeuvre du Synods et toutefoisrenoncer a faire des decisions de Dordrecht tine regle de touttemps obligatoire ?

On le peat , on le doit . En approuvant 1'inflexibilite de norperes, it faut se garden de suivre aveugh rent leur exemple. Tlfaut agir differemment, par le meme motif.Une venue , sur laquelle se concentroit la lutte evangelique,

pent devenir d'une importance ; tout-a-fait seeondaire , selon quelee circonstances la mettent en rapport avee ce ~u'i1 y a defondamental daps 1'Evangile on l'en isolent. Dens la connexitedes erreurs arminiennes avee le pelagianisme et le socinianisme, stmtalors le veritable danger ; de nor yours, an contraire, le dogme dela prides iation, souvent mat saisi et lee canons de Dordrechtsurtout , d sordinaire fort pen connus , rencontrent parmi lee chr-dens les plus respectables de vehements contradicteurs . La memeformale qui garantissait alone dune fraternite mensongere, reranmaintenant tin obstacle tine fraternite reelle. Comment doneinner sensement nor pIres P en suivant le sage conseil 'du doyende Lausanne, em none rattachant plus que jamais a ~la doctrinede la _grace, mais sans noes . retrancher derriere tin boulevarddont 1'exeellence et l'importance dish correlative an genre del'attagne ; sans vouloir transporter 1a polbmique la of n' j4usle noeud de la question ; sans chercher le symbols de e uthtdaps tine doctrine' myst~rieuse et insondable, dont les th+ k giena

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de Dordrecht eux-memes ont present de n'entretenir les commu3nautes qu'avec la plus extreme reserve , comme depassant le ni-veau ordinaire des intelligences et pouvant aisement etre entenduede travers et dangereusement denatures.

C'est pourquoi nous noun sommes opposes a touts levee deboucliers en faveur de cette formule theologique. Par exemple, dapsune Assembles , a Amsterdam en 1848 , reunion solennelle desAmis de 1'Eglise et qui fut alors fort remarquee, la discussions'etant engages sur cc point, je m'empressai, comme president,de montrer le peril d'une fide'1ite excessive et inopportune. 11 nes'agit nullement, disais je, de nier cette doctrine et de la rayerde nos livres symboliques ; it s'agit d'etre attentif aux realites dela situation actuelle . En faisant appel aux doctrines de noireEglise, pour starter ceux qui renversent les bases evange'liques ,it ne faut point, melant aux verites capitales des articles surlesquels les chretiens soot divises, provoquer une scission funesteentre ceux que nous desirous precisement rallier et qui se tendent sincerement la main sur les verites essentielles de leur foicommune. Ce n'etait pas la une tactique adroite, pour obtenirun accord factice, mais une attitude parfaitement conforms, nonseulement all but que nous desirions atteindre , mais aux prin-cipes que nous avions poses .

VI.

Mais aeons-nous , en d'autres occasions , tena le meme langage ?retrouve-t-on cette meme largeur de vues , cette meme oppositioncontre une orthodoxie trop rigoureuse, daps l'ensemble de nosdemarches? n'avons-nous jamais tents de faire prevaloir les for-mules surannees et les enseignements dogmatiques d'un calvi-nisme outre ?

Afin de faire voir que noire conduits a constamment etc dicteepar le meme esprit , je prends les quatre principaux obj ets surlesquels, de 1837 a 1848, se soot concentres nos efforts : laliberte des dissidents, l'unite de doctrine, l'enseignement dapsles facultes de theologie, l'ecole primaire . - Toujours nous noussommes fondes sur le droit de l'Eglise, sur sa doctrine , sur saconfession de foi ; mais sans jamais outrepasser les limites denoire systems, et nous bornant , meme daps l'Eglise 1 formee ,a la defense des intents communs a tous les Chretiens .

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2 .1

En 1837, lorsque- , pour la premiere fois, je me vis appebe acombattre sur le terrain des droits ecch siastiques, it s'agissait dela liberte do- culte des dissidents Re'fmss. L'ardeur evangelique-du Reveil, dune part , et de l'autre 1'infide' ite ou l'insouciancedes min istres avait , en plusieurs localites , fait eclater la di sideuce. Ayant faim et soif d'une predication confarme a la Parolede Dieu , beaucoup de simples fideles , guides par quelquesjeirnes ministres , formaient prematurement des Eglises separees,ou , sans prendre des resolutions si extremes , s'edifiaient dapsdes conventicules. Indignees de cette outrecuidance anti-regle-mentaire , les autorites ecclesiastiques , sans remonter a la cause,eurent bate d'etouffer ces germes de desunion et de fractionne-ment. II fallait faire rentrer les ministres rebelles daps le devoir ;les brebis egarees daps le bercail ; ces velleites d'independanceetaient intol cables ; heureusement , disait-on , les lois existantesoffraient un moyen tree-efficace de maintenir l'unite. l e Synode,qui n'etait guere qu'un corps administratif , issu du pouvoircivil, le Synode, sans credit, sans influence morale, ne rougitpas de solliciter du Gouvernement son appui et d'insister surl'application severe des articles que le despotisme soupconneuxde Bonaparte avait introduits daps le Code Penal. L'Etat selaissa entrainer daps cette deplorable voie. On dissipa leereunions a main armee; on traduisit les separatistes, surtoutleurs pasteurs, devant les tribunaux, on les mit a l'amende eten- prison , on s'efforca de vaincre les recalcitrants par une me-sure detestable, par l'envoi de garnisaires. Pourquoi non? L'opi-nion publique, oppose a~toute religion vivante et la taxant demysticisme , de pietisme , de pharisaisme , ne se formalisait nul-lement de ces exces de pouvoir ; asset souvent elle semblaitpresque y applaudir et sourire des peines et des embarras de cestimes bizarrement et obstinement devotes . Ne pouvant rester pluslongtemps temoin passif d'une aussi criante injustice , biers quedesapprouvant la dissidence, selon moi fort nuisible , par uneseparation soudaine, aux interets de 1'E+glise, je rompis enfin uncoupable silence. Passionnement repousses d'abord , ces accentstrouverent pen a pen de l'echo ; la persecution se ralentit , laposition des dissidents fat adoucie ; toutefois ce ne fet qu'en1852 qu'elle fat de uitivement reconnue et legalisee~ Mainte-nant, eat-ce an nom des Canons de Dordrecht que je plaidaipour eux? Non, cc fat d'abord en Protestant coutre le systeme

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preventif d'un cults quelconque ; ce fut eusuite en opposant lefond a la f'orme , l'ordre legitime a 1'ordre legal , 1'unite de doc-trine a 1'unite de reglement ; ce fat en rappelant que 1'i glise nestpas tin assemblage de personnel astreintes aux memes formes exte-rieures d'un cults public , mail , d'apres la belle definition deM. Berryer, ii la societe des times que lee memes croyances lientdevant Dieu. ii Le lien et la regle d'une Eglise, disais je, c'estla foi qu'elle professe. Ces gene que vows traquez, jusque dapsleurs reunions particuli eres , devraient trouver daps 1'Eglise ccqu'en desespoir de cause ifs wont chercher en la quittant. Apresavoir envahi leur domicile , n'allez pas lee revendiquer commedes serfs appartenant au territoire que vows usurpez . Apres avoirviols leurs drone , lai sez du moms leer conscience en liberte . -~--Ici le point de vue confessionnel et juridique faisait ressortirl'enormite d'une persecution, ou l'Eglise et 1'Etat, apres avoircheese de concert le proprietaire de la maison , lui contestaientpartout ailleurs un refuge et un abri.

Pour avoir le droit de desapprouver la dissidence , it fallait , sansimiter lee Separatistes, montrer un meme esprit de zele et de sacrifice .En demeurant , non par interet, mail par devoir, daps une Egliseque l'incredulite await envahie, it fallen, a moms de rendre larealite de ces motifs fort problematique, ne pas y rester inactif .Il fallait insister sur le retablissement de la regle et sur le main-tien de la doctrine. De la notre Adresse au Synods en 1842 .Quel en etait le lens , le but , la portee ? A de nombreux peti~tionnaires pour 1'autorite de la Confession de foi , le Sy node ,interpretant leers justes desire d'une maniere absurde et ridicule,await lance, aver une hauteur ironique, un refus dedaigneux . Mt me,comme s'il n'y await eu aucun suj et de plaints , comme sil'opposition ne faisait que chicaner sur des vetilles, it n'avait pascraint d'ajouter que, par l'organisation nouvelle, lee antiquesfondements de l'Eglise Reformee n'etaient point e'branles et quesee doctrines capitales et essentielles etaient incontestablementobligatoires pour lee pasteurs . Nous fondant sur cet aveu, it noesparut urgent d'intervenir et de noes charger de la r~plique . Noussommes d'accord, noes ne pretendons a rien de plus, mail com-ment concilier ee que vows dues aver la negation de l'autoritedes Saintes Ecritures , de 1a divinite du Sauveur, de la remissiondes peches par le sang de la croix? Faudra-t-il conclure de votreindifference que lee verites daps lesquelles se resume la foi de nos

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peres, et qul, pour nous aussi, soot noire unique consolation dapsla vie et daps la mort , u'out , an jugement de la science modenie,et scion vows aussi, qu'une m' 'ocre va r Qui done sera juge ans1'Eglise de ee qui est fondamental cu secon hire ? en remettez-vowsla decision an bon plaisir de cheque ministre? dens cc cas, votredeclaration, magnifique en apparence, aboutit la dissolution de1'Eglise, y faisant refiner le subjectivisnne le plus complet . Yeuillezdone expliquex votre pensee ; constater quo yes paroles ne sontpas illusoires ; que vows desirez le maintien de ce qui , Banslea livres symboliques , eat essential an jugcment de ceux qui learedig rent,. et selan la foi historique de 1'Eglise Reformee desPays-bias.Fn meme temps nous abordames un point de la plus haute imr

portance, l'enseignement th& logique dens lea universites . De touttemps la Faculte de theologie avait etc destines specialementformer des ministres du cults reform . 11 a1gre tons lea change-ments politiques, cette ,destination stmt restee la mains . Dais,par une singuliere anomalie , mime apres la separation pretenduede 1'Eglise et de 1'Etat , le choix des professenrs se faisait parle G ouvernement , et, par une confusion d'idees biers plus graveencore, uniquement d'apres ,ieurs eapacites scientifiques, sans s'in-quieter en aucune maniere de leur f oi. C'est ainai qu'~ l'univer-site de Groningue, 1'ecole qui reduisait 1'Evangile aux proportionsd'un Platonisme perfeetionne, avait euvahi toutes lea chains etregnait sans contradicteurs . idi encore , nous no songeames point aarborer un calvinisme subtil et n uutieux ; rams, demeurant sur lememe terrain, , fermc $ lade, que nous anions choisi, nous dimes :ou supprimez la Faciilti de tht ologie et laissez a 1'Eglise le droitet le soin d'avoir des se~minaires, ou confez le choirx des professeuraa l'autorite ecclesiastique. Et, ii vows refusez d'opter entre ces deuxpenis, Si , malgrd arse confusion de pouvoirs si evidente, 1'Etatpersists . se charger seal d'uue thche aussi importance que difficile-et delicate, alors du moms qu'i1 agisse oamformement aux intd etset aux droits de_ 1'Eglise , et n'aille pas, an noon d'nne sciencefaussement ainsi nominee, livrer sea jewies ldv s aux ennemi leaplug h~biles et lea plus ardents de as i.

F4ufin, parmi lea grands f refs de l'Eglise, it f allait auratout conger & l'en8eigne,wu main. D' 'tivement organi cpar Ia loi do 1306, i'ocole narxte, livree de plus en plus anxinfluences rationalistes ou catholiques , avaat vu, deans la plua . .

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des localites , bannir de son sein tout enseignement religieux po-sitif et efficace , pour faire place a cette religion mixte aussi,comme Je disait M. de Gasparin , " religion efface , afiadie, reduite

la morale , privee de ce sel dont pane 1'Evangile , vraie ou sa-ilutaire pour personne.ir Comment contrebalancer, du moms en partie,les tristes consequences d'un tel systeme ? Ii n'y avait qu'un sealmoyen ; a cQte d'ecoles publiques , a cc point degenerees , on devaitse refugier daps l'enseignement particulier. Mais cc n'etait paschose facile . L'autorisation prealable etait de rigueur, et cetteautorisation etait presque toujours refuse par les autorites locales,par crainte dune concurrence redoutable et par antipathie de ccqui leur semblait les exagerations d'un zele maladif . On ne sau-rait se faire une idee de la tenacite et des raisonnements captieuxque nous opposerent, durant de longues annees et jusqu'en 1857,les approbateurs de l'ecole mixte , palladium , a leurs yeux , de lapair publique et de l'unite de la nation . En vain , par un arretedu 2 janvier 1842 , oi\ it confirmoit a regret, daps l'ecole publique,cette absence d'enseignement religieux , resultat de la naturedune ecole mixte et de la routine, le Roi Guillaume II avaittente de porter quelque soulagement a un monopole qui desormaisallait devenir encore plus injuste et plus oppressif . Le partiliberal protestant sat eluder , et meme expliquer en seas inverse,ses bienveillantes dispositions . A La Haye on alla jusqu'a pretendreque toute ecole particuliere, pour titre autorisee, devait titre mixteaussi et de tout point conforme a l'ecole publique, faisant aboutirl'autorisation au privilege derisoire de faire les frais dune ecoleparfaitement semblable a celle qu'on desirait eviter . Aupres de tonsles degres de la hierarchic gouvernementale nos e$orts echouerent,de 1844 jusqu'en 1849 , contre cc merveilleux sophisme. Mainte-nant quel etait noire but ? Nous faisions valoir le point de yueconfessionnel ; nous mettions en evidence le droit et le devoir del'Eglise et des membres de l'Eglise , de donner aux enfants nonseulement uric instruction catechumenique, mais surtout uneeducation conforme a ses dogmes et a ses preceptes . Etait-cepour introduire daps l'instruction scolaire des subtilites dogmatiquesde l'Eglise Reformee et un particularisme que d'autres Eglises,nees de la Reformation , ne pourraient soufrir ? Bien au contraire,nos ecoles ont constamment fourni la preuve que , pour nous, its'agissait de subvenir aux besoins de toutes les denominationsprotestantes et d'opposer, a une religiosite insiguifiante et senti*

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mentale~, un enseignement positif des grands fans de 1'Evangile,dens leer influence sur l'esprit et le coeur des enfants .

Apres avoir jets ainsi un coup d'oeil sur noire condone de 1837a 1848, it ne sera pas inutile de preciser encore, par quelquesconsiderations gsnsrales, et en renvoyant a ce que noun aeonsdeja die de noire point de vue confessionnel , le motif et lanature de nos efforts.

D'abord it y avait peril et urgence. Ii suffira d'observer que leeparoles severer de M. Gaussen, en 1831 , sur 1'Eglise de Geneve,etaient , pour le moms , sgalement applicables a la noire 'i Les troisplus funestes erreurs qui, dens d'autres siecles, n'staient venues ra-vager 1'Eglise que hone apres l'autre, l'arianisme du 4° siecle , lepelagianisme du 5° , le , soainianisme du 16°, s'etaient reunies surcelle de Geneve, non plus eomme un fait clandestin , isold , per-sonnel, mail comme un enseignement public. ©n y combattaitjusqu'a hexpiation des peches du monde par le sang de laredemption. n

En second lieu, un changement subit ne nous semblait ni pos-sible, ni desirable . Il s'agissait , selon nous, de faire revivre lesentiment du droit et du devoir des fideles de maintenir 1'Eglisesur les bases de sa foi. En 1847 je rEsumai noire opinion , enrspondant a la question : serait-ce noire desir d'ecarter immedia-tement lea ministres de 1'Eglise qui attaquent SOS croyances fondamen-tales ? Non , disais j e , mail nous voulons faire revivre le sentiment dudroit de hEglise a n'etre pas combattue et trahie par ceux qui outmission de la defendre. La question de verity et derreur, de vieon de more dens 1'Eglise nest pas uniquement juridique , c'estsurtout de maladie et de retablissement qu'il s'agit . Pour purifierle corps, it ne faut pas commene~r par le dissoudre . Et j'exprimaisnettement noire pensee par quelques lignes de d'.Esperance ; n loosne pennons pas quo cette maniere de procyder , trey-expeditive,trey-simple en apparence , mail dune simplicity toute materielle etmecanique, soft jainais de mice daps l'Eglise chretienne, ni surtoutqu'elle le soit de nos fours. Membres dun corps atteint d'une gravemaladie, tons soulfrants de ce rnal, quoique des degree difffrC ,ce n'est pas, pour guerir oet o nisme , aux moyens extreme,a l'operation chirurgicale, a l'amputation que noun devons a$irrecours. Noun tons, qui croyons avoir, en quelque mesure que=cesoft , la eyries et la vie, east la nourrir et a la dsvelopper an

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dedans de noun , c'est a la repandre autour de nous que noesdevons etre appliques, afin que , se transmettant de fibre en fibreet d'artere en artere , elle aille ranimer peu a peu les parties lesplus eloignees , les plus languissantes, les plus engourdies . n

Troisiemement, loin de vouloir asservir les consciences , nousetions les vrais defenseurs de la liberte . Hors de l'Eglise la - plusgrande mesure possible de liberte pour chacun dens la sphere deses droits individuels ; daps l'Eglise une regle d'enseignement,seul moyen de garantir la liberte du croyant contre la licence duPasteur, pretendant substituer ses doctrines on ses reveries a lafoi du troupeau.

Eufin, lanais nous n'avons eu recours a l'Etat . Nous n'avonspas invoque le . bras seculier. Nous avons pmteste contre la par-tialite et l'intervention perpetuelle du pouvoir temporel, qui declaraitreconnaltre l'Eglise Reformee, non pae a sa foi, mais au reglementanti-presbyteries impose a une Eglise presbyterienne par decret royal.

VII .

L'annee 1 848 amena de grands changements daps la consti-tution politique du Royaume et daps le systeme electif. J'entraidaps les Etats-Generaux. De ma me, en 1850 , l'election directey ports deux, et plus tard, en 1853, quatre de mes amis.

Avons-nous, mes amis et moi, abuse de noire position parle-mentaire P avons-nous Cache d'entrainer le pouvoir civil , soft aappuyer daps le regime interieur de l'Eglise Reformee des preten-tious excessives du parti confessionnel , soft a conceder a cetteEglise une preponderance ou un avantage quelconque daps ses rap-ports avec l'Etat ?

Mien de semblable. Nous avons demande la liberte et l'eman-cipation de l'Eglise. Et contre quoi avons nous incessamment pro-testeP contre un regime arbitraire, perpetuant, a l'aide de promessesillusoires d'une separation prochaine , un joug tres-reel ; contre uneorganisation de 1'Eglise contraire a ses principes et a ses souvenirs ;contre son asservissement a des formes oligarchiques ; contre sonidentification avec cc linceuil gouvernemental ; contre la conduite duGouvernement , ftisant ainsi cause commune avec les ennemis del'Eglise, abrites par les dispositions reglementaires , et maitres depoursuivre leurs attaques insolentes et leurs sourdes menees . Nousavons demande l'impartialite, la neutralite, jamais nous n'avons

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biigu4 la Iav+*ur du pouvoir tefporel jour le parti orthodozeDe meme none avons- franchement accepts la position, pie depuia.

17'95 la renv a sent de 1'Eglise pthil4g a noun a faite . Fideles,saw ziegit eeoxmae sans arriere penaee , f lits des cultcs , nounn'av .-,his, memo quand i'occasion aemblait favorable, essay6de reeonquerir de avaatages partieuliem! Ees evenements de 1853moutsrerent noire desiuteressement et noire sincerite . La publicationsoudaine de la bulls papale pour l'introduction des Eveques avaitprovoque tine commotion violence dans .le pays , en donnaut, surtoutpar son iujurieux dedaiu , J'esprit proteetant tin nouvel essor .Certes , noun avons temoigne sire surpris du singulier contrastsentire un lai,~sez-Faire, sans restriction aurcu, pour 1'Eglise catho-lique et la proloigation indefinie de l'interveuAion gouvernomeaatalejuquesdens los intents spirituals de 1'Egliae Refermee ; nous Limesvaloir la neeessite de garanties . contra lee empietements de 1'u1tra'mo auisme qui, . precisement alors , Bans plusieurs pays de 1°Europe,repreuait son attitude hautaine et menacante ; mail en meme tempsnoun resist mss aux teutatives de faire adopter par ,lee Etats-Gen -raux des mesures legislatives , pour etablur , evidemment en vine descatholiques, une es$ce de haute police attentatoire, aux prineipesde veritable liberte . En desirant respecter serupuleusement leedroits de 1' +'glise romaine, . UQus Limes, dais l'interet de taiiteslee Eglises , modifier Je projet 4e . , en le ramenant dam leelimites des attributions legitimes du pou oir civil :

A peine entre s la Clu bra , . en 1849 , j'ai resume innsprincipes stir l'independauce et 'induce des Egli .es en relQatieiiaver 1'Etat . 11 y a ici , diem&je, uu double point de vue. D'abord1'Eglise eat uue corporation iudepeudante, . sournise, come touteslee autres corporation , i la w ee= de 1'Etat, ayaut tin dioitegal la protects n CO mInuna , mail a*tonome et se refusant .touts interventiou daps to cercle de sea intents particuliers. hailen outre lee Eglises wont indissolublemeut lies a la chose publique ;elles out stir l'Etat une action uaturelle, qua 1'Etat ne saurait re-pousser sans se mettre en desao rd avec la nation. Bans le systemsdes ,religions d'Etat , le sauve ra ou Tunics politique imposaitaux etablisscm.ents pubis sa crayaace pour regle. Maintenant, dela separation reelle de 1'Eglise et de- J'Etat , deeoule pour ,celui ,l'obligato* de mettre lee itu is s, publiques , en tout ce quiconcerue lee i tints et lee bean religieux , en harmonic avec loscroyauces , non du Souverain ou de l'Etat , cams de Ja Tai iou . 11

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u.'y a plus s'enquerir de la religion du gouvernement , mail decelle des gouvernes .

C'est la theorie , tres-simple , a mon avis, d'apres laquelle j 'aicru qu'on devait se regler . Laissant de cote la question combattuede 1'Etat Chretiem , j 'ai dit ; en tout cas , souvenez-vows que vowsetes le gouvernement d'un peuple chretien . La done of la re-ligion, soft directement , soft indirectement , est en cause , tenetcompte des croyances de la nation. Supprimez , pour autant quevows en avez le droit , supprimez , par devoir , les abus quele christianisme reprouve. Favorisez l'emancipation des esclaves ;n'allez pas , daps vos colonies , entraver 1'oeuvre missionnaire,en dormant au mahometanisme et au paganisme votre sanction,et en les elevant au rang de cultes privilegi~s. Surtout ne vouscroyez pas en droit d'organiser vos institutions daps un espritd'indifierentisme oppose aux croyances populaires. Elargissezencore l'application de la theorie ; et , si vous le jugez licite etindispensable , oubliez que le christianisme est le trait distinctifde la nation. Je n'examine pas en ce moment la responsabilite etles consequences d'un pareil oubli. Toujours sera-t-il incontesytable que vous gouvernez daps l'interet d'un peuple religieux .Partout oii la religion est necessaire , it vous est interdit , soft dela bannir, soft de remplacer les religions existantes par un melangeartificiel. Vous ne -pouvez imposer an peuple, ni des institutionsatk es , ni une religion civile et mixte.

En meprisant cette distinction c'apitale , vous consacrez l'abso-lutisme politique et l'omnipotence de 1'Etat . Des lore vos loixorganiques , vos reformer , vos institutions nouvelles aboutironta creer une machine goavernementale, l'aide de laquelle cc quevous appelez le peuple souverain detruira tout ce que la nation,la famille historique, a de plus cher et de plus sacre .

L'importance pratique de cette these se fit sentir daps lee loissur l'enseignement primaire et sur l'assistance publique .

Bans 1'enseignement , nous appuyant sur ce principe, nous primesposition par un axiome qui en decoule. Pour la masse du peuple,la liberte des ecoles particuliereS est insuffisante ; it faut en outre,it faut surtout,l'organisation de 1'ecole publique en conformite desbesoins religieux de la nation.De meme , daps la question du pauperisme, nous Times sentir

que 1'Etat devait non seulement respecter l'independance des Eglises,mail encore appreeier leur concours ; qu'il ne fallait ni reglement&r

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is oharite £hr ienne, iii tarir les sources de la bienfaisauce parla char to legate ; qu'il fallait soigneusement se gather de systema-Iiser la tare des pauvres, et de mettre, .e~ reconnaissant, indirec ..tenheut du naoins, un droit a 1'assistance, le pauperisme a la chargede 1'Etat.

L'education et Ia bienfaisaiice, voile le terrain reserve a 1'Egbse,ou qua tout au moms 1'Etat ne saurait s'arroger comma son domaine .II ne pent, sans enlever a 1'Eglise sea droits et sa Cache, se con-stituer pedagogue universal et grand-aumonier de la nation . Ce sentla de simples corollaires de la nature et de la mission du pouvoirspiritual , et, partout off, la vie ne s'etait pas retiree des Eglises,elles out de tout temps resist, dens oes deux grandes questions, auxusurpations du pouvoir civil .

VIII.

Ce resume suffira , je l'espere, pour faire voir que , daps ladefense des droits et des libertes de l'Eglise Reformee, nous n'avons,ni mis en avant des pretentious exagerees , ni transporte la reli-gion daps l'arene de oils interets et de petites passions . Mais onhinge contra nous, soul un aspect plus general, une plusserieuse attaque. Le parti confessionnel, cut-on , est devenu paartipolitique . Sots le noin de party an irivolu ionnaire, it s'est maleaux discussions h gislatives ; en voilant embrasser tine double sphered'activite, it en est vent confondre insensiblem ;ent heir ordresd'idees qu'on doit , scrupuleusemeut tent separEs. Cette doubletendance a eu de facheux rdsultats .

Ici ce n'est 'plus a M. Trottet que nous avons a faire. Nousavons a repondre a d'autres accusateurs ; a des compatriotes , quiout longtemps partage nos opinions, qui out prix part a nos luttes,mail qui , depths quelques annees , sent entres daps une autrevoie et attribuent en grande partie a noire exageration , a noirepoint de vue traditionnel et stationnaire , a noire esprit ultra-coanservateur et retrograde, la desunion des amis de l'Evangile et1'insucces de leurs efforts .

Je ne saurais mieux resumer leur jugement a noire egard qu'encitant , en example , les paroles de M. Chantepie de la Saussaye,qui, par sa foi, sa pieta, ses connaissances et son esprit philo-sophique , eat au premier rang des theologians de noire pays. Apresm'avoir designe, en 1858, comma chef du parti anti-revolutionnaire,

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it s'exprimait, en dtcembre 1859, ainsi, dens une apostrophe solen-nelle a une reunion de pasteurs tvangeliques : ,Nous le savez , mesfreres , je n'ai pu me joindre, sans prendre mes reserves , an partianti-revolutionnaire, comme parti politique ; toutefois jamais encoreje n'avais vu, comme je le vois aujourd'hui , combien la tendancede sea principes est contraire cet ordre superieur de 1'histoire,d'apres lequel une main plus puissance que cells de l'homme, pardes voies que l'homme n'aurait pas choisies, c'est-a-dire , par desrevolutions, des changements, des bouleversements, conserve,maintient , et developpe tout cc qui est vrai et bon, tternel etdivin, et prepare par la-meme une vie d'un genre superieur .Jamais je n'ai aussi vivement senti le danger , pour le smut defame et pour le maintien et la prosperitt d'une Eglise , d'astreindre1'Evangile eternel a des formes passageres et d'identifier un con-servatisme politique et ecclesiastique avec les interets du regne deDieu , qui s'avance et se developpe incessamment a travers les tem-petes de l'histoire universelle."

Ce ne soot pas 1a des expressions qui out pu tchapper anoire ami daps la vivacite d'une discussion ou d'une allocutionimprovises ; c'est la sentence severe qu'il prononce , apres rItrexamen , daps un ecru apologetique , rtdigt avec beancoup de soin roa i1 expose les motifs , pour lesquels , apres Un travail de sixannees , it quitte le terrain de la presse periodique .

On noun reproche d'avoir melt la religion a la politique . Nouscroyons avoir agi d'apres un seal et meme principe , en appliquantnos maximes, soft a 1'Eglise , soft a 1'Etat . On noun reproched'avoir precht un conservatisme outre. Nous croyons avoir etesimplement fideles a l'Evangile . - Je vais tacher de dtvelopper cesides daps an chapitre particulier.

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CHAPITRE SECOND .

LE PRINCIPE ANTIREVOLUTIONNAIItE .

Qu'est-ee que to Rdvoiution1'- Soro histoire . -- Sophismes anarchiques . - Temofgnagesanciens et m+odernes. -- Lecons do 1'hiptoire contemporaine . - l;crivaina anti- volu-tionnaires de nos fours . - Le principe anti-rdvolutionnaire nest autre que le principechrdtien . - L'nltramontanisme ire pent combattre la' Rdvolution even saeels .La Rdforme souls. east en dtat de vaincre Ia Rdvolution, en reatant adhle h 1'Evan-gile et en revendiguant ainsi les iddes modernes . - Faux conservatisme . - Conser-vation et progrhs .

I.

De la part d'amis chretiens,l'accusation a de quoi nuns etonner .Le parti antirevolutionnaire, disent-ils, nuit la religion et ala politique,. pa,rcegifil s'obstine h confondre cc qui doit nesterdistinct et spare . Comment done eux , attaches de coeur auxcroyances evangeliques, oublient-ils que l'esprit regnant des tempsold noes vivons encore a en son origine et son point de spoofdaps le dedain de la write revelee. Que le renvereement dej'ordre religieux, politique et social , que non pas une rsvolu .tion passagere, mail un stet, une situation r+ volutionnaire, quela Revolution en permanence, a ste et demeure la consequenceinevitable du reniement des rapports de dependence eutre 1'hommeet le Dieu de Ia nature, de l'histoire, et de 1'Evangile . Que,pour faire censer le mal , il ne suffit pas de l'attaquer dens seesymptomes, ii feat en extirper le genre Que 1'incredulite system emmatigue n'a d'antidote que la foi . Que done le principe anti-revolutionnaire n'est autre que le principe chretien et protestant,le principe de la Reforme, qui pent seal, an nom de la R -lation et de 1rHistoire , combattre aver succes un principe anti.r ' 'eux et anti-social, et realiser ainsi par 1'Evangile, pour 1saint de 1'Etat et de 1'Eg1ie, ce qu'il y a de vrai et de a*faire , sane lee utapies de 1a Revolution .

Afin de mettre en evidence . In dature et la port~e du prix iantic volutiomaaire, le nmyen le plus simple est done d'

er :qu'eet-ee que la .,Revol hou ? zar, en apprenant }a connattm,

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on pourra conclure de sa physionomie aux traits distinetifs duprincipe qui la combat.

On a dit recemment , avec beaucoup de verite : N les sciences his-toriques paraissent appelees a remplacer la philosophic abstraitede l'ecole daps la solution des problemes qui de nos jours pre-occupent le plus vivement l'esprit humain . L'histoire de l'esprithumain est la vraie philosophic de noire temps . Toute questionde nos jours degenere forcemeat en un debat historique ; touteexposition de principes deviant in tours d'histoire. Chacunde noun n'est cc qu'il est que par son systeme en histoire . i,Ainsi s'exprime M. Eugene Renan et je ne trains pas d'adoptermeme cette derriere phrase, parceque pour lui la foi chretiennen'est qu'un systeme de plus entre tons lei systemes divers etque des lors moi aussi je ne suis ce que je suis que par monsysteme en histoire ; par mon acceptation du temoignage desEcritures au Dieu vivant. Pour caracteriser la Revolution, east al'histoire , dens cc seas chretien , que constamment j'ai fait appal .Non caries pour la plier, d'apres des opinions preconcues, daps1111 cadre arbitraire ; mais pour indiquer et faire reconnaitre , dapslei faits proprement this, la manifestation et le reflet de's idesdorninantes, qui ne sort que des faits d'un ordre immaterial etsuperieur, sons l'empire de quels la marche des evenements et lesort, des peuples se prepare et se developpe . Ramenee a sa veri-table origin, la Revolution est in seul et meme grand fait historique ;savoir l'envahissement des esprits par la doctrine de la souve-rainete absolue de l'homme, qui fait de lui la source et le centre detoute verite, en mettant la raison et la volonte humain a la place dela revelation et de la loi divine . La Revolution, east l'histoire dela philosophic irreligieuse du siecle passe s east, daps sa sourceet ses resultats, la doctrine qui, librement developpee, detruitl'Eglise et l'Etat , la societe et la famille, produit le desordresans jamais fonder la liberte ou retablir l'ordre moral , et , enmatiere de religion, conduit immanquablement ses consciencieuxadeptes a l'atheisme et au desespoir. Le principe antirevolution-mire, east le contraire de la Revolution ; east 1'Evangile et1'Histoire, qui resistant a ranarchie, au nom de la religion, dudroit, du progres, et -de la liberte .

Si maintenant encore it existe, meme chez plusieurs de notamis, des mal-entendus a cat egard, si l'on me 'soupconne de

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-wouloir un conservatisme retardataire et mesquin , ce n'est pasfaute de metre explique asset souvent et sans aucun detour.

B y a dej~ trente ans que je signalais le danger des ten-dances r volutionnaires . Des circonstances tout-i -fait particulieres,

l'entree de ma carriere politique, me permirent d'apercevoir,travers l'atmosphere etourdissante d'un libdralisme trompeur,

la clef de 1'anarchie des esprits et des bouleversements sans finde noire epoque. C'etait en 1829. Une crise revolutionnaire, enFrance et en meme temps daps les Pays-Bas , etait imminence.Secretaire du cabinet du Roi Guillaume I , je voyais , a Bruxel-les et la Haye, Forage se former, j'asistaissaux deliberationsde plus en plus violentes daps les Etats-G eneraux ; je lisais , jedevorais les journaux, les brochures, je vivais an feu de la presseperiodique. Je prenais aux dangers croissants de mon pays un vufintent, et je desirais, daps le sentiment du peril , prendre egalementpart a la lutte. Inquiet de la marche des affaires , inquiet surtout dela quietude et de 1'indecision du Gouvernement et de l'inertie dupublic bollandais, si lent s'emouvoir, je redigeais, sans en faire auRoi un mystere , et pret sacrifier les avantages de ma positionsociale, une espece de journal politique, bientot journal d'oppo-sition , ott je m'efforcais de fixer l'attencion serieuse de mes com-patriotes sur la nature des complications dont noun etions temoinset victimes . Ainsi je fus insensiblement amene a refh chic surles causes premieres de la perturbation generate. La situation de1'Europe me parut le resultat de fausses doctrines, la consequenceet le salaire du m4nis des loin essentielles de 1'humanite, durenversement systematique des rapports sociaux ; le fruit de laRevolution, dens Facception de cc mot to plus significative et toplus exacte.

II.

Bn 1831, mes convictions , sur cc caractere particulier de notreepoque , etaient arretees . d'essayais alors de les resumer dens unapercu de l'histoire depuis 1789, presentee comme developpe-ment pratique de la philosophic ixncredule , comme la theorie re

volutionnaire en action . .Voicii a pen prss comment, jetant un coup-d'oeil en arriere

sur an demi-siecle deplorablement fertile en agitations et enmalheurs, je t&chais d'indijuer le fit conducteur travers. cclabyrinthe .-

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Le principe de la Revolution , c'est le culte idolatre de 1'hu-manite ; l'homme ne reconnaissant de souverain quo lui-meme, delumiere que sa raison, de regle pie sa volonte, adorant l'hommeet detronant Dieu. Abolition de tout lien social, licence univer-Belle, un etat de choses inoui, et qui conduit necessairement,travers le circuit des systemes mitoyens , en religion , aux der-rieres limites du doute , en politique a la dissolution de la societe .

Dais it y a daps 1'homme diess conditions de sa nature que seserreurss et ses caprices ne sauraient aneantir . 11 lui faut un Dieu,et it se refugie daps le deisme ; it lui faut vivre avec ses sem-blables , et it se tree une societe artificielle , en tachant de rea-liser 1'utopie finale du dmit public modern, le Contras socialde Rousseau .

C'est la , an point de vue revolutionnaire , la seule societe legi-time. Du contours des volontes individuelles nait la volonte ge-neral. par le vote de la majorite numerique. Tout gouvernement,mandataire du people , est responsable de l'execution de sonmandat. Egalite et liberte sans bornes , democratic et fraterniteuniverselles , voila desormais , sons toutes les formes , le code et1'ideal en matiere politique.

Regime admirable , pourvu toutefois qu'on enleve . l'hommesea passions et ses vices . Aussi Rousseau, qui, malgre les doutesque sa propre histoire et ses confessions auraient pu lui sugge-rer, persistait a prendre son point de depart daps la borate nativede l'homme , ecrivait-il , avec plus de verite qu'il no croyaitapparemment 1ui-meme : N S'il y avait un people de Dieux, it segouvernerait democratiquement ; un gouvernement si parfait neconvient pas a des honunes . a Ailleurs it s'eJ prime ainsi : 'Voieile grand probleme a resoudre en politique : trouver une forme deGouvernement qui motto la loi au-dessus de l'homme . Si cetteforme n'est point trouvable, et j'avoue ingenument quo je croisqu'elle no Pest pas, mon avis estr qu'il fact passer a 1'autre extre-mite, et mettre un homme autant au-dessus de la Loi qu'il poutl'etre ; par consequent etablir le despotisme arbitraire , et le plusnrbltraire , qu'il est possible. Je voudrais quo le despote put etre unDieu. En un mot , je no vois point de milieu entre la plus aus-tere democratic et le Hobbisme le plus parfait . Car, le conflit+les hommes et des loin , qui met daps l'Etat tine guerre intestinecontinuelle , est le pire de tons les tats politiques . i

On im saurait mieux indiquer le pours naturel de la doctrine

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impie et fatale,, dont, malgre 4es i~elleites de palinodie, 1'eIo-quent strphis

ea ~t le plus fervent apbtre . Oui , sans doute , it

faut trouvel une 1oi au-dessus do 1'homme ; c'est done une loiquo I'homrne n'ait pass faite ; rnais cette loi, loi reveIee, loi divine,

s 1'avez abalie, et c'est airs& qu'en ayant cth le desordre,1'anarchie, le be1T m omnium contra omnea, vows venez proclamerv©us-meme, comma resultat de vos efforts sublimes, n'avoir degarantie contra un cataclysme social que 1'arbitraire et la force .

Cet aveu est une prophetic ; east en abrege 1'histoire de IaRevolution. C'est le trait de lumiere qui met en evidence la causede sos mecomptes et de ses desastres . Ce sont les fruits naturalsde la Revolution triomphante . Son triomphe apparent nest qu'unperpetual dementi de ses fallacieuses promesses.

Son developpement a ate logique et elle n'a rencontre d'oppo-sition que dens son propre sein .

En effet , qu'est-i1 arrive? de queue maniere s'est etablie la lutte Pest-ce le principe de la Revolution qu'on a cru devoir combattre ?Biers au contraire. A l'envi on a rendu hommage a la doctrine ; en elleon a era saluer l'aurore d'un jour nouveau et magnifique . Ce n'est quelorsque en France et en Europe tons les drone publics et parti-culiers se sont vus menaces , que les conflits eclaterent entre lesintents et les croyances, entre la fidelite ardente et le modera themeinconsequent. Des qu'ix s'agIt de realiser ces ideas speculatlves,le desaccord ne tarda pas se manifester . Car enfin l'engouementpour des ores n'6carte pas les obstacles que 1a nature, plusforte que les hommes , suscite ceux qui la meconnaissent. Rapi-dement wives au both du gouffre beant , ceux d'entre les revolu-tionnaires qui ne sont pas emportes par tin zele aveugle ou sailsde vertige, s'ils ne recuilent devant l'abyme, du moms s'arretent etrefusent d'avancer; plus le mouverrlent est vif , plus la resistancedesesperee deviant energique . Ici encore, ici surtout, l'exces de latyrannie provient de 1'exces de la liberte. D'accord sur la theorie,on se debat sur le mode , le degre, l'opportunite de la mrse enp catique. De la des oscillations continuelles entre la liberte, qui,n'ayant pas de point d'arret, n'est que la licence ; et l'ordre, qui,n'ayaat pas de point d'appui moral , n'est que le despotisme .Cheque fois de nouveau la guerre eclate, mail east toujours laguerre civile entre les revolutionnaires , daps le cercle memede la Revolution.

Ees revolutions de 1789, de 1793, de 1830, ne sont que lea

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phases diverses dun seul phenomena, les differencs actes d'un memedrama, ii les revolutions gouvernementales dens la Devolution . H '

Fremissant au souvenir, d'abord du terrorisme et de la propagandajacobine, ensuite des violences et des conquetes de 1'Empire, on a cru,par ce qu'on disait etre les sages concessions d'un liberalisme mo-dere, prevenir le retour de ces maiheurs epouvantables . On a pris descorollaires pour des exces . On a vu de 1'exageration passionnee, onun reniement coupable d'un principe salutaire, daps les horreurs etles calamites de divers genres, qui n'etaient qua les consequences duprincipe funeste , tantot pousse , tantot arrete daps son - develop-pement caracteristique . Touts concession n'a ate qu'un a-compte ;tout systems de moderation et de juste milieu, loin de mettre fin ala revolution violente, n'a fait qua preparer son retour et accelerersa marche .

Quelquefois, las des systemes mitoyens`,1'on s'est flatte de clone laDevolution par une resistance qui sacrifie hardiment aux exigences de1'ordre les interets de la liberte. Qu'est-il arrive? on n'a fait quasuspendre son tours en doublant sa force ; de meme qu'une digue,posse par impossible au travers du fleuve , le rendrait, par sa resistancememe, irresistible, et succomberait infailliblement devant l'ardeurcroissants des eaux courroucees. On not rrit le mal qu'on pretendetouffer. " L'esprit de reaction foments l'esprit de revolution . II _

Quel est a un tel stet de chores le veritable remade ? Ii fautattaquer le mal daps sa retina . Ii faut completement renoncer acc subjectivisme independent, qui , n'ayant aucun souci ni dela souverainete de Dieu, ni de la faiblesse de l'homme et de sachute, supprime le fondement de touts venue et toujours abet,sans pouvoir jamais batir. Ii faut ressaisir les verites immuableslongtemps meconnues. Il faut se soumettre a 1'autorite divine. Ylfaut retourner au principe chretien .

Qu'on ne se laisse pas tromper aux apparences . Ii ne s'agit nid'interets materials , ni d'interets nationaux , ni de former gou-vernementales , iii de la difference des confessions de foi , ni dela lutte entre 1'esprit de conservation et I'esprit de progres . Iis'agit . de resister on d'obeir au Dieu de 1'Evangile, au Dieu vivant .Abjurez l'orgueil humain, qui ne veut de souverainete qua lasienna , qui se fait une religion et une societe a son image , qui'acharne a detruire tout ce qu'il n'a pas tree ou sanctionne li-

t Fievee,

2 Guizot .

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meme ; repudiez les sophismes anarchiques , et vows serez denouveauu sur - la terre-ferme de l'histoire et de la realite.

Maia ? la Revolution francaise ; disons mreux, europeennettait-ells sans motif? fallait-il perpetuer des institutions tombanten ruin? se cramponner superstitieusement aux former et auxdebris du systems feodal ? se resigner a tans les caprices de 1'arbiwtraire? subir, daps une indifference passive, toutes lee phases dela decadence ? Non , certes ; car la situation de la France et del'Europe appelait a grands cris une Reforms. Mais cette situationne rendait ni desirable, ni meme inevitable, le contraire d'unereforms ; une revolution, daps les ides fondamentales, de l'ordresocial , une revolution anti-religieuse, renversant , sons le nomd'abus , jusqu'aux institutions les plus utiles , et niant, sons lenom de prejuges, jusqu'aux principes lee plus sacres .

Faut-il done renoncer aux esperances de 1789 P envelopper laliberte , 1' alite, la fraternite, la tolerance, l'humanite, le progresdens une reprobation systematique P n'y a-t-il rien de vrai dapsces ides? II serait absurde de le supposer. lilies repondent, enpanic , aux aspirations lee plus nobles et aux desire l~gitimes du .coeur humain ; mais, pour assurer noire bonheur, it ne suffil pasde repandre i profusion les belles maximes, en les separant de laverite supreme qui seule pent les rendre efficaces . La Revolutionqui les proclame, les frappe de sterilite, on, pour parley plusexactement , les denature. Rameaux detaches de 1'arbre evangelique ,,ces ides , que la revs revolutionnaire empoisonne, ne portent quedes fruits mortels. Mis au service dune philosophic anti-chretienne, .le panacee ne fait qu'aggraver le mal , au lieu d'amener Iaguerison.

Corruptio optima pea8ima. Les grandee ides de 1789, passionn -ment accueillies et qui, par leer contrasts aver tent de petitesse etd'immoralite, donnerent cette epoque, tristement memorable, uneapparence de desinteressement et de grandeur, lea ides de 1789,irreprochables en elles-memes et en rapport avec la source donttouts verite emane , devaient cependant, dens leur liaison avecI'incr6dulite quii predominait daps lea esprits, devenir funestes.Ales devaient , precisement i cause de leur borate relative, allumerun fanatisme qui se croirait en droit de tout immoler , pour par-venir realiser see conceptions sublimes . Apres avoir , en pour-suivant des proj ets chimeriques , meme par des moyens atroces ~.produit les forfeits de la Terreur, cette obstination sanguinaire

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devait se briser contra un sceptre de far . A la dictature de Robes-pierre devait ddfiuitivement succeder le regime arbitraire de Bonaparte .

Je m'appliquais a faire ressortir 1'identite du principe revolu-tionnaire soul toutes les former gouvernementales , de 1789jusqu'~ 1831, et 1'instabilite de tout pouvoir qui cherche densl'application soi-disant moderee des maximes anarchiques un pointd'appui pour lea combattre. De 1789 a 1795 is Revolution sedeveloppe ; de 1795 a 1814 ells reagit sur ells-meme ; ,cette reactiona pour souveraine expression l'Empire, comma 1e ; mouvement avait enson apogee dens la Tensor. La Restauration ne fut guere qu'un chargent de personnel , au profit du liberalisme emancipe, un retour de1'ancienne dynastic, pour continues l'oeuvre de 1789 ; le gouverneznentdes Bourbons appele, bon fire mal fire, a refiner avec les institutionsrevolutionnaires et d'apres le systems liberal , salon le mot de Na-poleon ; nje suis le lint qui masque la page oil la revolution s'estarretee ; mail , quand je ne semi plus , elle tournera le feuillet etreprendra sa marche . N La chaste, interpretee d'apres le lens libe-ral , c'etait encore , an fond, comme sons l'Empire, la republique,la democratic centralises, la souverainete du people, sons des formerparlementaires que Napoleon avait amorties et que , de bonne, foi,on voulait vivifies . Le liberalisme n'avait qu'a tires lea cons+ quencesde la charts, ainsi consideree, pour effaces le franc on le renverser .Nous l'avons vu, disais-j a en 1831, jouer sa comedic de quinze ans,pourarrivera un denouement tragique . La monarchic de 1830 reprend,dens des conditions encore plus di .cites , le travail de resistancebrusquement interrompu . Le soi-elu , le soi-citoyen, la monarchicentouree d'institutions republicaines, la legitimate meconnue , l'op-position legate ayant change de caractere et bouleverse l'ordreetabli , tout enfin concourt a vicier l'origine du gouvernement nou-veau. Casimir-Prier trouve le secret de sa force daps la craintesa.lutaire du radicalisme ; mail , lea esprits rassures, l'opposition varenaltre ; plus l'ordre sera consolide en apparonce , plus 1'ardeurdu parti extreme , invincible par le syllogasme , rends , commaauparavant, la crise et la chute inevitables .

Enfin je montraas 1'Europe impuissante ; domino par le matdont la France stmt le foyer, adoptant le principe, reculantdevant les manifestations ed'royables de la pratique, applaudissantaux systemes mitoyens qui semblaient concilier 1es interets etles croyances , et , pour salaire de sa complicate avec la Francerevolutionnaire , amenee a subir alternativement la propaganda

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armee et le, sabre du conquerant. La Revolution ,. non. pass un. fait,particulie r la prance , un fait gaulois,, comma M. Eugene Renanl'imagine , . ;mais le fait le pl s universal du monde moderns , atree I Ia France, malgre la communaute de prineipes et de tcmdances , . une situation fatalement hostile l'egard des autres .puissances, par une raison fort simple ; c'est que le mouvement,ayant eclate 11 et immediatement fait apps tre son caractereaggressif et destructeur , ford 1'Rurope a se mettre en gardecontre de si terribles attaques .

Tels me semb .alent etre les resultats du premier cours expe.rimentai de la philosophic du siecle passe .

En 1847 je traitais le meme sujet aver plus d'eteudue, densun ouvrage dont 1e titre resumait mon point de vue : Incr ciiteyet .devolution. L'incredulite , le germs ; la revolution , le fruit:

A quoi se reduiseut , en dernier resultat, les magnifiques ga-'ranties que la Revolution ~tale pour la felicite du genre human?A 1'empire de la nuajorite, obtenue par des moyeus divers ;a 1'empire de la force. vi nuent . ftualeinent abou,tir, lespromesses de' liberte P A la servitude legate et illimitee . A cequ'il 1 a , pour toutes lee libert s~ de plus destructeur, 1'ubso-lutisme, l'om.nipotence de l'Etat ; un pouvoix central., devantlequel toutes lea existences collectives ou individuelles e'anean-tissent , qui couvre et qui dissimule toutes les injustices ettoutes les tyrannies , sons le voile du salut public. La centralisationadministrative existait en France sons 1'ancien . regime ; mai. IaRevolution , qui en adopts les forms., lui donna un biers autrecaraetere. Ii ne s'agit plus , d'uu mecanisme politique , msis d'uuprincipe social . Tout Gouvernemeut quelcouque , personnel o~xparlementaire , est Ia, forine dens laquelle l'~tat , 1e pays legal,le peuple souverain, la volonte geJ1era1e, rsembhe organistdes volontes individuelles , se coneentre. L'adage : t'. tLZ , c'

not I acquiert une portee bier plus of frayaute qu'il n.e pouvaitavoix autrefois. Le Gouveruemead, c'eat 1'Ftat , et 1' 'tat , Feat i*Gontmt social ir' ' e. Ses causes , biers entendues, se. reduisenttoutes une .cute , savoir 1'alienation totals de cheque associe~avec toua ses droits touts la cominunaute. La volente geuexale •

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et toujours droits . Quiconque refusera d'obeir a la volonte generate,y sera contraint par tout le corps , ce qua ne signifiera autrechose sinon qu'on le forcera a titre libre. " ' La liberte consistsa faire forcemeat ce qu'on ne vent point , parce qu'on est legalementcease le vouloir. Il n'y a pas de droits contre cc droit. L'&atest souverain et la volonte de quiconque represents 1'Etat, sou-veraine daps toutes les spheres , jusque daps cello de la famineet de la conscience, absorbs totes lea resistances daps 1'unite deses caprices . n La souverainete du people a deux faces . Si vous laconsiderez daps sa formation , ells eleve tons les individus, ellsen fait des membres du people souverain . Si vous la considerezdaps son application , ells les sense , ells les aneantit. Personaen'a de droits vas-a-vas du droit emane de tons . 'i s L'organisationh gale de la tyrannie la plus complete, tel est, daps sa simpliciterevolutionnaire , le regime de la liberte .

Contre un pareil ordre public et legal, it nous foot la .Legita-mite et le Droit Divan.

La legitimate , daps son acception la plus large et la plus in-contestable . n Ii est des choses sacrees , inviolables, legitimes, qui,placees sons l'egide de la justice universelle, ne doivent jamaischanger et ne peuvent titre sacrifiees par aucun pouvoir humain .C'est le principe de la legitimate dens sa plus haute universalite .Ii n'y a point de justice universelle ; it n'y a rien de seers,d'inviolable , de legitime ; toutes les lois peuvent titre changesan gre de la volonte du souverain , et le souverain, c'est le plusfort ; tons les droits peuvent titre sacr fies a l'interet public, etl'interet public c'est cc qu'il nous plait d appeler ainsi. Voile leprincipe de fill gitimite on de la revolution dens touts sa gran-deur gigantesque. 'r 3

Le Droit Divan, non pas d'apres la theocratic du people jail,on dons le sons absurde des Stuarts , on d'apres le servilisme deliobbes , on selon 1'interpretation de Bonaparte ; mais le Droit Divan,tel quo , jusqu' . l'avenement de la revolution, it a etc reconnucomme base de tout Gouvernement , republicain on monarchique ;tel qu'il pent seal fonder veritablement tons les droits et toutes lealibertes. F' Touts veritable legislation vient de Diem , principeeternel de l'ordre et pouvoir general de la societe des titres intel-ligents . Sortez de la , je ne vois quo des volontes arbitraires et

1 Rousseau .

2 de Gasparin,

s Journal des .Uel aL en 1818 .

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l'empire degradant de la force ; je - ne vois que des hommes- quimidtrisent inaoldmment d'autres how , je ne vois que des esclaveset . des t ran& Ainsi toutes les v itsmales ddcoulent de cettepremiere et grande v¢ritd , que tout pouvoir vient de Dieu. 'I 1

Le choir est indvitable. Iteniez cette vdritd fondamentale,et vows etes contraint d'expliquer par des conventions purementhumaines l'origine, je ne dis pas des pouvoirs (l'histoire en fournitasset d'exemples) , mais de la notion meme du pouvoir . Il fautopter entre la souverainetd de 1'homme et celle de Dieu . Vousne voulez pas la souverainetd par la grace de Dieu ; it ne vowsreste que le . radicalisme. Sans le Droit Divin, pas d'autoritdreelle , ni Royautd, iii gouvernement parlementaire , iii RRdpublique ;rien , soils ces noms divers qu'une situation rdvolutionnaire , oldla force maintient oil renverse tel oil tel parti, tour a tourmaitre du pouvoir central. Ii n'y a pas d'autre alternative : vowsrencontrez -l'anarchie et la servitude daps les corollaixes du Con-trat social, oil voile retrouvez la source des droits et des libertdsdaps l'autoritd absolue et salutaire de Dieu .

IV.

Biers souvent, biers vivement, on me reprochait d'attaquer averpeu de mdnagements les opinions gdndralement revues, on trou-vait dens cette opposition un excel de singularitd et d'arrogance .Mail , disais je, i1 s'agit ici de vdritds premieres , ~, 1'dgarddesquelles la nature meme de , la foi exclut la possibilitd de l'hd-sitation et dudoute. D'ailleurs , pour condamner le principe rdvo-lutionnaire , je faisais comparaitre , a travers les siecles , unenude de tdmoins .

Chez lee Auciens, le subjectivisme n'eut que des ddfensews peurecommandables , les sophistes . L'Evangile et la Rdformation lerepousserent ; et, Si i'affaiblissement des croyances, an dix-huitiemesiecle, vint prdparer son triomphe, it eut parmi les esprits d'dlite,meme alors, des antagonistes. Citant des autoritds contemporaines,je m'appuyais de l'dcole historique des Niebuhr et des Savigny ; jefaisais remarquer ce qu'il y a, malgrd lea erreurs ultramontaines,d'iustructif et d'admirable dens les -dcrits des de Bonald, des, . de

metre , et pas moms peut~etre dens ceux de Lamennais , -biersque prdludant ddja a sa complete apostasie. Surtout je thchais

I Lamenna!s.

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de faire apprecier le merits de 1'ouvrage si remarquable, si penlu et si generalenrent decrie parmi noun , de M. de Hailer : de toRe?tauration politique. Le tote negatif,, la refutation du libera-lisme, m'avait frappe. Cet expose, foncierement historique, ofl'auteur montre le droit de la royaute hereditaire et personnelkenvahi et denature par lea theories d?une association republicaineplus lard, le Principe revolutionnaire s'emparant de cette erreur,pour en faire le dogma social de 1a souverainete du people etde la democratic universelle , et finalement tons les droits et loofasles libertes venant, an nom de la liberte, dispara~tre darts l'abso-lutisme et 1'omnipotence de 1'Etat souverain . De meme gown ecrivain,accoutume a s'exprimer avec one moderation extreme , M. Ancil-lon , je trouvais M. de Hailer admirable n lorsqu'il foudroic et pul-verise les fausses et dangereuses doctrines d'un eontrat social etde la souverainete du people . u

Suspect a cause de pareilles sympathies, j'taiseheureux detiter aussi , de titer avec predilection , parmi les adversaires lesplus decides des tendances revolutionnaires , les plus grandshommes d'Etat de 1'Angleterre . Je me plaisais a signaler la per-severance de William Pitt et de son stole a combattre le systemsj acobin sons ses formes les plus differentes . Je tachais de faireremarquer le contrasts entre leer fidelite aux principes essentialset conservateurs et la conduits des Whigs nouveaux , si infideles auxnobles traditions de 1688, si ardents a propager des maximes subver-sives de tout ordre social . i1 L'Angleterre les a vus proteger, au nomde la liberte, le despotisme imperial et se repandre en declamationscontra la guerre , quand la guerre etait evidemment one necessitenationals, attaquer sans mesure, defendre sans distinction, predirea faux, toujours domines, entrains par leur situation de parti, 1tandis que leers adversaires demeurerent inebranlables , malgre lesmecomptes et les desastres , et firent triompher la politique dePitt, comma jadis cells de Guillaume III contra Louis XIV, longtemps apres sa mort. Je rte me lassais pas de sitar Burke , w leBossuet de la politique, # que le plus illustre de ses adversaires,Fox, appelait prophets sans egal ; guide de Pitt lei-mama, qui rle premier, et lorsque la revolution franraise , a son debut , pro-duisait sur presque tour les amis de la liberte one impressionenchanteresse, avait saisi la signification du redoutable phenomena ;

1 Guizot.

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qui, par so$ example et par son influence , mettant en iuwierela difference rdamentale entre 188$ et .3789, cr :, ce whiggismecouserva oil torysme consstit4i©naeI, piv$t de la resistanceet qui en • lngleterre arr to les grog - to I'eaprit revolutionnaive et refoula l'esprit de conquete cans son berceau u Bansce que lions voyons et prevoyons, it disait Burke, "tout estextraordinaire. La Revolution est un fait unique. C'est une revo-lution de doctrines ; east 1'avene ent d'auue secte, d'uue religionnouvelle ; d'une religion qui n'est que l'irreligion, mem,e, rimpiete,l'atheisme, la haine du christianisme erigee en systeme . Commen-cant par le plus affreux desordre , on finira par le plus violentdespotisme ; lee roil se feront tyrans par politique , lorsque les

suj ets seront rebelles par principe . La guerre est inevitable. Tl lies'agit pas d'attaque ; it lie s'agit pas de se miler inconsiderementdes former de gouvernement de la France, it s'agit de se ddfendrecontra des doctrines armees, contra une propaganda de maximesdestructives de tout gouvernement, de toute societe . 31 s'agit,lone une guerre civile, de preter secours a la veritable France,de la sauver des etreintes d'une faction qui is m .aftrise, qui laproud pour point de depart- et d'appui, qui on fait le theatre etle centre de ses experiences et de see projete ; qui vise l'ewpireuniversel et dont l'existence memo eet une d4claration de guerrea 1'humanite. Jl y a combat a most eutre la civilisation chreti eet cc mauvais esprit cosmopolite, line destruction certaine ser , lesalaire des princes incenses qui se figurent pouvoir traitor depair et de guerre, avee cotta puissance d'un genre exceptionnel,de la faun accoutumee. Le chemin qui mere ai salut eat l'inverae dusentier battu. La guerre la plus terrible eat co parativement un bien-fait; elle eat un preservatif contra la contagion at le developpement 4esfaue maximes, et donna au monde retien gun temps de repit," -~-Je m'appliquais I faire sentir quo ces se$tencer et taut d'autres sem~blaMes qui abondent en see ecrifis, presenteea it eat vrai, sons uneforma quelquefois euigrnatique et pamdoxale, lie rout rien moms

quo des hyperbolas, mail plutot de veritables traits de lumiere,r6velant le secret des crises mysterieuses de noire si~cle, et dontflue succession de c alannites inouies a montre la purfaite exacrtitac ', La u de ' la revolution ! a s'eariait-il yen 1798, quandp1usieurs croyaient la terminer par une pair prochaine aver laFrance, i,la revolution fnir! elle eat a peine commences. Jus~qu'ici vows n'avez entendu que l'ouverture; vans allez entendre

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les acteurs ; ni vous , iii moi, ne verrons le denouement dudrame . n Ce fut, en appreciant a sa juste valeur 1'arbre dadsses racines, que Burke put annoncer, avec cette sagacite qui afait de lui un homme politique incomparable, la marche des evene-ments futurs ; et, s'il se tromps en 1789, en supposant que,par les discordes civiles , la Revolution avait annul la France et1'avait rayee de la carte, n j e vois,'i dis:tit-il, un aMme, la ot1 setrouvait la France , 'i it comprit bientot la reponse de Mirabeau,it la comprit , mieux pent-etre que Mirabeau lui+meme : 1/ cetabime est un volcan. »

V .

En 1898, la theorie revolutionnaire, daps son expression 1a plusradicale, vint renouveler ses demonstrations pratiques . La royautequasi-b gitime, issue de la souverainete populaire en action, l'oeuvrede 1830, toujours chancelante, perit de mort subite et par le vice peni-blement dissimule de son origin. Sa chute fat le signal d'un da capo

de la premiere revolution en raccourci , faisant rapidement renaitreet s'evanouir toutes ses phases. Ii est inutile de les enumerer .L'on n'a point encore oublie la Revolution, soul forme de Repu-blique, reprenant son essor, s'elancant dun seal bond jusqu'auxabsurdites logiques du communisme , du socialisme , et se dispo-sant a engloutir la famille et la propriete daps ses ateliers etdaps ses phalansteres. Ce debordement epouvantable refoule parle bon seas de la societe, qui se redresse avec horreur aux ap-proches du chaos . L'ordre retabli par la force, 1'Etat democra-tique enveloppe et regle par 1'Etat militaire ; le 24 fevrier abou-tissant trois ans plus tard an 2 decembre , le suffrage uni-versal fonctionnant daps un cercle de far, et la republiqueephemera disparaissant devant l'Empire rescussite. Un sutra 18brumaire, un sutra Napoleon, la devise in nepote redivivus deve-nant une verite a 1'interieur et daps les rapports diplomatiques .En France, les libertes de 1789 pompeusement places dens le pro-gramme d'un avenir lointain ; la centralisation la plus extreme raisean service immediat d'une volonte unique ; le trove entoure dedecorations parlementaires, et la presse periodique autorisee aecrire tout ce qui ne deplait pas au gouvernement. Comma andebut du Consulat, la pair a l'ordre du jour ; le second Empireessentiellement pacifique ; ii 1'Empire east la pair, ' La pair prop-

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clamee, la paix sincerement desires peat-etre, mais bientot inter-rompue, en Grimes et en Italie, "par des guerres telles pie lemonde chretien, croyait •on, ne devait plus en revoir. Le mal de. laFrance et ses malheurs , cette foil encore, epidemiques. L'Europeliras " des convulsions homes; les ; f ouvernements , pour, laplupart , cherchant leur saint dens des mesures tant8t violentes tantotpusillanimes , et depassant a l'envi , en deference et en humilite en-vers la France imperials , ce que , du temps de Napoleon I , on avaitcru le dernier degre d'abaissement royal et diplomatique ; timide-ment l'affuIt de la voix qui vient de Paris , afin de se retran-eher daps le silence ou de repondre par un echo. Enfin l'avene-ment du materialisme, les derrieres lueurs de l'enthousiasmeallant s'eteindre daps une egale indifference pour la verite etpour 1'erreur; daps une egale repugnance contre tout ce qui, parle mouvement des esprits , pourrait compromettre les intentsprives et deranger l'ordre public ; daps un amour exclusif etpassionne du repos et de la securite quelconque, qui sacrifieavec empressement la justice au bien-~tre , qui , indifferent i toutle rests , ne connalt de distinction que cells du pouvoir et desrichesses, et d'autre cults que celui de l'argent ; qui, dams lesystems des faits accompU8, resume cet esprit du siecle, sup-prime la notion du bien et du mal, s'associe indifferemment? la vertu on an crime , sanetiomne le succes quelconque , et,daps son' admirable simplicite, d'apres la definition la plus exactsde cette legitimiite nouvelle , nest autre que le droit du plusfort devenu, dens son aceeption la plus barbers, la regle du droitdes gees et du droit public.

Observons d'abord que c'est toujours la souverainete du people,comme au temps de Napoleon I, le premier representant de lanation. Ce sort toujours les principes liberaux, daps leur etonnanteelasticite, comme lorsque l'Empereur, en 1"810 , faisant preparerle decret epouvantable de la suspension de la liberte individuelle,insistait sur cette apologie systematique : ii it faut deux pages deconsiderants qui contiendront des ides liberates . it Dej soul lepremier. Empire la France avait vu n un gouvernement qui, plusfort et beaucoup plus absolu que celui quo la Revolution avaitrenverse , ressaisit - et concentre tour les pouvoirs , supprime toutesces libertes si cherement payees, met leer place leers vainesimages ; appelant souverainete du people les suffrages d'electeursqui ne peuvent ni s'eclairer, ni se concerter, ni choisir ; vote libre

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de rimpot l'assentiment d'assemblees muettes ou asservies ; et,tout en enlevant la nation la faculte de se gouverner, les prin-cipales garanties du droit, la liberte de penser, de parley et d'scrire,c'est--dire ce qu'il y avait en de plus prtcieux et de plus nobledaps lest conquetes de 8~, se pare encore de ce grand nom : a

] intensitd de rabsolutisme se • proportionne a la resistancequ'on lui oppose. II y a Iongtemps que M. de Chateaubriand scri-vait : N on remarque quelque chose d'usd dens ce pays parmi leshommes, qui pent money an repos. ii Lorsque, reduit l'impuis-sance , on plie , on se rssigne , m on se retire daps un individua-lisme etroit oI touts vertu publique est stouffse, n le joug leplus dun pent avoir des apparences de douceur. Toutefois , pouren apprecier la nature, it ne faut pas oublier, meme en jouissantde sa mansuetude, que son pouvoir eat illimite, que son energieSe regle d'apri s lea exigences du moment , et que la devise dusalut public autorise et sanctifie tout ce qui serf a ecraser sesantagonistes.

Dana le caractere de l'obeissance se rsvele le dscouragementde notre 4oque. Les agitations du liberalisme du moms attestentF, rimpuissance d'une nation chretienne supporter un pouvoirpurement humain, qui ne releve que de lui-meme, et n'a de reglequo sa volonts. " Ces nobles rspugnances out disparu. On sesoumet, on se resign ; mail n'oublions pas quo cette obsis-sance est biers difference de cello de nos ayeux . a Ce qui im-parts , c'est moms le degre que la nature de la soumission. IIfeat biers se garden d'svaluer la bassesse des hommes par le degrsde lour soumission envoys le souvenirs pouvoir : ce serait se ser-vir d'une fausse mesure . Quelque soumis que fussent les hommesde rancien regime, ii y even one some d'obeissance qul leerstmt inconnue : us no savaient pas cc quo c'etait quo de plies sonsun pouvoir illegitume on contests, qu'on honors pen, quo souventon msprise , mail qu'on subit volontiers payee qu'il sort ou peatnoire. Cette forma degradante de la servitude leer fat toujoursetrangere . Its avaient pour le souvenirs tout la fois la tendressequ'on a pour un pore et le respect qu'on no doit qu'a Dieu. En sesoumettant a ses commandements les plus arbitraires, us cedaientmoms encore la contrainte qu'a l'amour, et it lour arrivaitsouvent ainsi de conserves lour ame tres-libre jusque daps la plus

i De Tocqueville.

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extreme dependence. Pour eux , le pies grand mal de 1'0 '' a ec'e it la emu e ; pour noun, &e le moindre. Le pre eatd me +quii fait. prisons pas non p rcs .,nay n'e* a , pas le droit. Fly t a Dieu que noes pussiormretrouv , aver leers prdjuges et lours defeats, tin pea de leergr dear ii t

Pant que regne la Rdvolut u ., cet absolutis , ce se . . me degra-adapt, est inevitable. Epouvautes d'un desoxdre syste' atique, les pen-ples acclameront tin pouvair queleonque, qui los tranquillise, meme enetouffant la liberte. A tout prix on vent etre wave. Lorsqu'en 1799on craint le ret die la teaser, duel salut iuesperd que le 1,8 bru-maire ! Loraque, apis 1$48 , le communisme menace, guel heureuxjour que l€ 2: ,,deceurbre ! Oa tie demands guars comment letriomphe est obtenu et ce, qu'il presage ; on ne songs qu'a ladisparition soudaine du peril. Dens la vole revolutionnaire it n'ya rien de mien c a attendre. I deiivrance, a ce prig., va produir±eimmanquablement de nouveaux nialheurs ; l'oppressiou an dedans,la guerre au dehors, la tyrannie et la conquete se pretant mutualappui. Main que fallait-il faire P quel autre remade y avait-il aune situation insupportable ? Apres le nivellement de la societeet 1'avenement du, people souverain , le pouvoir, pxdcisement parcequ'il west 1 • ; lament gins. pouvoir-ministre , doit, etre en realitepouvoir-autocrats , doit titre irresistible pour n'etre pas , renverse.Rfevenu de la carnpagne de Russia, Napoleon prevayant le ravedduu libdralisme , prononcait dens le Couseil d'Etat des paroles quicamas ne rnanquent pas de verite et de profondeur. a C'est . al'ideologie, a cents tendbreuse metaphysique ,. qui, en recherehan4aver subtilit , los causes premieres , vent stir ses bases fonder lalegislation des peoples,, east,t a l'id&aogie qu'il feat attribuer tonsles malheurs de la France. C'est elle qui a amend le regime deshommes de sang, qui a proclame le principe de I'insurrectioncomma tin devoir, . qui a adule l:e people eu l'appelant a unesouverainete qu'il stmt incapable d'exercer, qui a detruit le respectet la saantete des loin en les faisant dependre non des pripeipesnacres de la justice , main seulement de la volonte dune assemb1 ecomposes d'hommes strangers a la. comnaissance des loin civil,eriminelles , administratives,, politiquea et militaires . Lorsqu'ouest appcb a regeuerer tin Etat, tie soot des principes tout opposes

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1 Guizot .

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qu'il faut suivre.'i hidele a son opinion et mettant les malheurs de laFrance sur le compte uniquement de l'ambition desordonnee du con-querant , M. Thiers, apres avoir reproduit cette philippique , ajouteIi Tel est l'effet des fautes , et surtout des grandes ! Outre tout le malqu'elles entrainent , elles out pour resultat d'oter le sans a celui qui lesa commixes, a ce point que, daps l'agitation qu'elles produisent, le genielui-meme ne semble plus qu'un enfant en colere .'i Sans contredit, lesparoles de Napoleon sont insensees , si c'est a la philosophic et an gou-vernement representatif qu'elles s'adressent ; mail si c'est la Rdvolu-tion , avec sa souverainete de la raison et du people , avec sondedain du droit et consequemment des droits traditionnels et his-toriques , Si c'est le liberalisme qu'il accuse ; s'il declare que ces tristeserreurs mt necessairement amend , apres le terrorisme et la propaganda,la tyrannie et la conquete, jamais un eclair du genie n'a mieuxillumine 1'histoire du passe. Quand les ides liberales dominant , lesides napoleonniennes arrivent ; l'aMme appelle un autre abime . Le sys-tems de Bonaparte est hdritier direct et h gitime du systems Jacobin .

VI.

De telles commotions politiques et sociales out produit unchangement considerable et avantageux daps le monde desesprits. Ceci n'a rien de surprenant . Ce qui avait longtempsparu indubitable , le caractere sublime et salutaire de la Revo-lution, est devenu au moms problematique . Lorsqu'une routen'a evidemment que deux issues, 1'anarchie et la tyrannie , iiest diffficile de se persuader que c'est la le bon chemin. ~~ Ii ya des temps oil , par l'eclat des evenements qui soot ses lecons,Dieu verse sur les hommes de tels flots de lumiere que , si noirefacile intone et noire orgueilleuse obstination n'y faisaient obstacle,tons les esprits en seraient eclaires et domptes. Nous aeons veto,nous vivous daps Fun de ces temps solennels, n 1

Temoins de taut de bouleversements et de taut de malheurs , deshistorians distingues , en s'occupant des siecles passes , n'ont pasresists an desir, disons mieux, n'ont pas manque au devoir de com-battre , par d'instructifs et saisissants paralleles, l'esprit funeste dela revolution . Ainsi M. Ranks , daps ses lumineux &tits ; ainsiM. Macaulay , daps son Hi$toire d'JL'z9leterre , magnifique commen-

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faire de la these de Burke, quand celui-ci oppose les Whigs fonda-teurs de la constitution britannique aux Whigs admirateurs desmaximes qui la renversent ; contrasts frappant que Macaulay resumeen une seule phrase : 'r c'est pane que noun aeons eu une revolutionconservatrlce au dix-septieme siecle, que noun n'avons pas eu de re-volution deatructave an dix-neuvieme.,. De meme l'ecrivain qui a siadmirablement popularise , en Amerique et en Europe , les souvenirsdes grands evenements qui firent naltre, sons les auspices d'un heronet d'un martyr, la republique des Provinces-Unies, M. LothropMotley , proclame la difference entre des revolutions daps le sensordinaire et la Revolution daps 1'acception exceptionnelle du mot,ertre un renversement de principes et un deplacement de pouvoirs .Ii montre rennin , daps un meme amour des libertes nationales ethistoriques , Guillaume I , Guillaume III et Washington ; it opposea la revolution systematiquement anarchique les revolutions salutaireset legitimes des Pays-Bas, de 1'Angleterre,- et des Etats-Unis .

La Revolution francaise est devenue un objet d'etude plusserieuse et plus approfondie , daps ses phases diverses , surtoutBans ses idees generates et ses tendances universelles .

Les Memoires de Mallet du Pan, recueillis et min en ordre avecun talent remarquable par M. Sayous, et livres au public en 1851,eurent, a cause des evenements de 1848 , outre leur valeur intrin-seque , un veritable interet de circonstance . Sa correspondancerevels , a chaque page , un penseur profond , un publicists de pre-mier ordre , qui , avant de connaltre les ecrits de Burke , avait jugC etdemasque la Revolution avec la meme sagacite et la meme hauteur decoup-d'oeil. Je me borne , bien qu'a regret, a un seul passage,mail qui ports 1'empreinte de la justesse et de la profondeur aveclaquelle Mallet du Pan envisageoit les diverses phases et l'ensemblede cette terrible epoque. "Ce qui ne change point, c'est 1'essencede la doctrine revolutionnaire . Cette theorie antisociale est pour tonsles partisans de la revolution une veritable religion . Le systemsrevolutionnaire est applicable a toutes les nations ; it a pour basedes maximes philosophiques propres a tour les climats et ennemiesde tons les gouvernements . Les auteurs ne font pas plus de gracea celui d'Angleterre qu'au gouvernement oriental ; its out empoisonnede leurs predications les republiques Somme les monarchies. Lefanatisme d'irreligion , d'egalite , de propagandisme , est aussiexalts et mills fois plus atroce daps ses moyens que no le futjamais le fanatisme religieux . Tons regardent la France comme la

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1 J de Maistre .

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metropole de leur doctrine et le centre d'union. Cette sects redou-table se deploie, se propage, comma l'islamisme, par les armees etpar l'opinion : dune main us tiennent le sabre et de l'autre lesdroits de l'homme. n

Mallet du Pan mourut deja en 1802. Passons a des ouvragespublies, depuis 1848, par les auteurs eux-memes, et prenonspour example l'Histoire de la Convention Nationals par M. deBarante. Que lisons-nous daps la preface P cc qu'il imports tautde se rappeler, et cc qu'auparavant on oubliait presque toujours,savoir que east le triomphe mama de la Revolution qui la con-dttmne ; que, en dehors de la sphere revolutionnaire, it n'y a pasen d'opposition ; que la resistance n'a ate pie la lutte des inter$tscontre les syllogismes , et que east du sein de la Revolution quesoot nes ses antagonistes . ii Nulls opposition ne s'elevait contreles revolutionnaires , du moms hors de leur propre sphere.L'experience fut poussee jusqu'a la fin. Les opinions revolution-naires avaient eu leur libre sours ; rien ne les avait arretees , nidetournees. Si l'entreprise echoua , it faut en accuser la faussetedes principes et la perversite des passions . '- M. de Barante est iciparfaitement d'accord avec M . de Hailer , ecrivant en 1816 :~1 Touts tentative faite pour realiser le systems philosophique acompletement echoue. Ells a echoue parse qu'elle devait echouer,parse que le systems lui-meme est faux , impraticable , contraire ala raison , et parse que la force touts-puissance de la nature s'opposaita sa miss a execution. "

L'Histoire de la Revolution de 1789 a 1795 par M . vonSybel est une de ses oeuvres rarer of l'abondance des mate-riaux , ecrasante pour les ecrivains vulgaires , ofire un alimentperpetual a la sagacite de l'auteur. Je ne pretends pas qu'il aitreconnu, daps la Revolution , le fruit natural et necessaire de l'irre-ligion et - II sects force entrainante qui courbe tons les obstacleset qui a fait remarquer, avec grande raison que la revolution fran-c aise mane les hommes plus que les hommes ne la menent .a 1

Meme en 1789, salon lui , la Revolution n'etait pas inevitable.Si le Roi eut pris hardiment l'initiative , si de son propre mou-vement it eut decrete le doublement du tiers et la reunion destrois ordres en Assembles Nationals, et l'abolition plains et entieredu regime feodal, on eut prevenu bien des malheurs . Si M. Necker

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avait _ agi , a u debut , avec habilete, la loyaute monarchique,s'emparant d'une assembles indecise , alit peut,etre terming la crisepar ralfermissement du pouvoir royal, a .1'instar de la revolutiondu Danemark en 1660. M, v. Sybel oublie qu'en se jonant ainsiavec violence des droits secu1aires, on et inaugure la Revolution,an lieu de la prevenir ; que, lorsque les passions , versant a l'aide demaximal depuis longtemps accreditees , out atteint le plus haut degred'effervescence , it y a un entraf nemnt general auquel rien ne resists ;qu'en 1 x'89 it etait impossible d'arreter la pratique d'une doctrinedepuis longtemps maltresse de l'opinion publique et eonsidereecomma un Evangile social . Nonobstant cette erreur , M, v. Sybelindique parfaitement la tendance des droits de 1'homme et dunesouverainete du peuple qui, a travers la lassitude de 1'anarchie , serefugie Bans le despotisme et, aspirant a une egalite chimerique,doit necessairement avoir l'abolition de la propriete et la republiquesocials pour dernier resultat. I1 montre, daps les partis qui sesuccedent , lours rapports naturals, le lien qui les unit, le principequi les engendre , l'arbre revolutionnaire poussant sea branches etses rameaux. Par son recit circonstancie et veridique it detruitbeaucoup de fausses suppositions , qui mettent sur le compte desRoyalistes et des Allies ce qu'on appelle les ecarts et les excelode la Revolution, 11 prouve quo les assertions produites a cat ~gard,avec de si riches developpeinents et taut de complaisance , parM. Tliiers, M . Mignot et lours nombreux disciples , no sentque des reeits legendaires , de grands mythes dent l'histoireids la Revolution est plain. Quo, par example, la coalitionoffensive a Pillnitz nest qu'uln fantome ; pie la guerre, ineviwtable resultat do la propaganda revolutionnaire, etait le moyenpremedite , par la Qironde, pour renverser le trove ; quo leadocuments diplomatiques confirment jnsqu'a 1'evidence le temoi-gnage du ministre des affaires etrangeres Delessart , auquel lesseptembriseurs couperent la parole : n ma defense sera curieuse parla manifestation de cc qui s'est passe dens les scours etrangeres, parla demonstration qu'on no nous voulait pas faire la guerre , parla preuve sans replique quo east nous qui l'avons provoqueeet mil 1'Europe centre nous . n L'ancien regime etl'intervention etran-gere, netaient au fond , malgre les folios esperances quo quelquesemigres out pu nourrir et les imprudences quo los Allies out pucommottre , que de yams epouvantails dent he jacobinisme avaitbosom pour so justifier et pour se maintenir .

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C'est a tort qu'on voudrait m 'apposer M, de Tocqueville etson magnifique travail l'Ancien regime et la Revolution. II amis en evidence que la Revolution , son oeuvre de destructionaccomplie , n'a fait , sons beaucoup de rapports , pie rentrerdaps la voie oil , depuis longtemps dej a, l'ancien regime etaitentre. Mais 1'empire des principes nouveaux apparait , malgrela ressemblance et l'identite des formes . Prenons un example,'I Ices premiers efforts de' la Revolution avaient detruit la cen-tralisation administrative , cette grande institution de la mo-narchic ; elle fut restauree en 1800 . Ce ne furent pas , commeon 1'a dit taut de fois, les principes de 1189 en matiere d'admi-nistration publique qui ont triomphe a cette epoque et depuis,mais bien au contraire ceux de 1'ancien regime qui furent tonsremis alors en vigueur et y demeurerent. ~i Apres les developpementslumineux et abondants de l'auteur , rien de plus incontestableque cette reprise des errements de la royaute , daps ses effortsinfatigables pour fortifier le pouvoir central, en supprimant onneutralisant les autorites locales et independantes par un reseauadministratif. Ii n'en est pas moms vrai que la logique revolu-tionnaire , qui fait dispara~tre toutes les existences independantesdaps l' unite de l'Etat , donna a la centralisation un degre d'inten-site que precedemment elle n'efft jamais atteint.-- M, de Tocquevilleaffirme, it est vrai, a que la Revolution n'a point ate faite, comme oiil'a cmu , pour detrain l'empire des croyances religieuses et qu'elle aate, malgre lea apparences , une revolution sociale et politique .Cependant it fait aux influences qui , salon nous , amenerent la Revo-lution , une large part. Au dix-huitieme siecle , d'apres lui , finer-dulite s'etablit d'abord daps l'esprit de ceux-la memes qui avaientl'interet le plus personnel et le plus present a retenir 1'Etat densl'ordre et le people daps l'obeissance ; ifs firent de l'impiet tinesome de passe-temps de leur vie oisive ; l'Eglise de Francedevint muette , les hommes qui conservaient l'ancienne foicraignirent d'etre les seals a lui raster fideles, et , redoutantplus 1'isolement que l'erreur, ifs se joignirent a la foule sanspenser comme cue ; le discredit universal daps lequel tombe-rent toutes les croyances religieuses a la fin du siecle dernier, aexerce sans aucun doute la plus grande influence sur toute laRevolution ; it en a marque le caractere ; rien n'a plus con-tribue a donner a sa physionomie cette expression terrible qu'onlui a vue . Ajoutons a cc remarquable passage tine phrase quo

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Burke n'aurait pas desavouee : ~~ la Revolution est devenue unesome Tie religion nouvelle, religion imparfaite, it est vrai, sansDieu , sans cults , et sans sutra vie, mail qui , neanmoinr, commel'islamisme, a inonde touts la tern de ses soldats, de ses apotreset de- ses martyrs . 't

Grand admirateur'de 1789, M . de Tocqueville, it est vrai, dapsla philosophic du 188 siecle, fait remarquer suet soin deux parts ;4, dans Tune se trouvent toutes les opinions nouvelles ou rajeu-nies qui se rapportent a la condition des societes et aux prin-cipes des loin civiles et politiques et qui forwent , pour ainsidire , la substance de la revolution ; dans 1'autre, la tendance irre-ligieuse purement accidentelle qui, ayant prix naissance dans desgaits que la Revolution memo detruisait, se trouvait comme ense-velie dans son triamphe . La guerre aux religions n'etait done, ace point de vue, qu'un incident de cette grande revolution, untrait saillant et pourtant fugitif de sa physionomie, un produitpassager des ides , des passions , des . gaits particuliers qui fontprecedes et prepaxee, et non son genie propre ." C'est considererdans la Revolution, comme accidental, ce qui constitue sa natureet son essence. M. de Tocqueville ne voyait pas encore ce qua,en 1793, Burke voyait deja. ' Nous ne pouvons, a disait-il,J, noun dissimuler le vrai caractere de cette terrible lutte . C'estune guerre de religion. En meme temps, sans doute, tons les inte-nts sociaux soot menaces , mail e'est la son caractere dominant . a

Je ne veux pas accumuler les citations . Je crois a l'aristocratiedes intelligences, et me borne a invoquer encore le temoignage deMM. , de Montalembert , Stahl , et Guizot.

ii:. de Montalembert fait bon marcne du liberalisme et de sa dateimmortelle. 'I Le liberalisme voulait faire dater le monde de 1789,et east an nom des ides et des principes de 1789 qu'on leb"' onne . Les philosopher et les liberaux ont si Men conduit lesaffaires , que deux fois en un . demi-siecle leur systems a abouti al'abdication et a la suppression possible de tout droit et de toutsliberte, et cela aux applaudissements des honnetes gees effrayes !Ow , deux fois en cinquante ans , les peuples , desabuses pourun temps far l'exces du mal, et epouvantes par les recourses de lamachine socials , ont jets la liberte garrottes aux pieds d'unf mattrtabsolu. Teller soot , a 1'heure qu'il est , en 1852 , les conquetes de1789. 'i Voici comment it definit la Revolution dans ses rapportssuet la liberte : n Je ne pane pas de la revolution comme d'un

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E. Rcnau

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fait , d'un aete , d'un orage passager ; je pane de la revolutionerigee en principe, en dogme, en idole ; de cette revolution quine se borne pas a un pays, a une epoque, mais qui pretendenvahir tout 1'esprit humain, lui tenir lieu de religion et de so-ciete ; qui preche la legitimate de 1'insurrection partout et tou-jours , sauf contre elle-meme ; qui , soul le nom de democratic,n'est que l'explosion universelle de l'orgueil ; qui, apres avoir toutobtenu, demande encore tout, insatiable comme la mart, et commeelle implacable. Je dis que cette revolution non seulement n'estpas la liberte, mais qu'elle en est l'antipode . Yictorieuse ou vaincue,elle tue la liberte, en la supprimant quand elle triomphe, en lafaisant redouter et hair quand elle 1'invoque daps ses defaites .C'est elle qui prepare les peoples a la tyrannie, elle les enrend dignes ; elle les contraint surtout a s'y resigner, craintede pine M

Entre les nombreux et admirables coats de M. Stahl, le choixserait embarrassant. Pour les caracteriser, it supra d'indiquer sondiscours : Quest-ce que la Revolution ? apercu rapide de sonorigine, de sa nature , de son tours , de ses resultats. La Revalotion , c'est la doctrine politique qui , depuis 1789 , penetre lapensee des peoples et les institutions publiques ; renverse lesrapports legitimes et eternels ; fait de l'homme le createur et lecentre de l'univers moral ; preche la souverainete du people , laliberte illimitee , le nivellement de la societe, la suppression deslois traditionnelles et historiques, le sacrifice des droits acquisaux exigences du bien public ; denonce la propriete comme unvol et tout pouvoir independant comme une tyrannie , et n'admetde gouvernement quelconque que comme ministre et serviteur res,ponsable du people souverain .

Chef illustre des doctrinaires, et jusqu'a 1848 une des gloires .du parti liberal , M. Cuizot , if qui a montre de nos jours avertaut d'eclat la science et le talent appliques a la direction deschoses humaines , l'homme d'Etat dont le tour d'esprit et lecaractere ont en 1'influenee la plus decisive sur son pays , rv 1

depuis le renversement de la monarchic de juilet, semble recon~uaitre que la souverainete de la justice, de la raison, du droit,flechit, daps la pratique, devant la souverainete du people ; lesministres , les ambassadeurs de teat raison souveraine etant , comme

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le disait M . Berrye r, i eux de qui lei, pouvoirs soot le plus confesses ;car~chacunrse dit 1'o ne de la raiso et; alors s'ouvre, par le conflitdes raisonjndividuelles, le cercle immense des disputes. L'experienceiambic lui avoir appris que le pouvoir c oif: trouv r, en dehors de lasaciete, le point d'appui dont it a besoin, non pas daps de vieilles etfausses theories, mais daps la soumission des sujets et du souveraina Celui de qui tout pouvoir depend et dont tout pouvoir emane .Tandis que M. Thiers s'ecrie pent-etre encore : y la liberte- n'estpas venue, elle viands ;'i tandis que M. Mignet attend pent-titreencore , comma fruit tardif de la Revolution , une liberEe politiquereelle ; tandis que M, de Lamartine trouve constamment dapsses reveries le moyen de glorifies ses fautes et d'etouffer sesrewords ; tandis que M . Cousin declare que le seul fondement del'autorite h gitime, est l'interet et le consentement des peuples ;que la tragique experience qui est intervenue en 1848 , loind'affaiblir, n'a fait quo fortifier en lui ses principes ; que, daps lanuit qui s'est faite autour de nous, us soot encore 1'etoile quiguide lei societes modernes et donna a leurs mouvements leiplus desordonnes en apparence un objet certain et bienfaisant,qu'ils dominant toutes lei formes de gouvernement et determinantcelle qui convient le mieux a la France et a 1'Europe ; tandisqu'il s'evertue a prouver . que 1a France n'a failli, , ni en 1880, iiien 1848 , et que non pas lei opinions liberales , mais lei hommes,par leer resistance imprevoyante, out causes sea inalheurs, M . Guizotne eraint pas de confesses qu'il &est trompe a plusieurs egardset explique, aver une franchise courageuse, par 1a nature mamade la Revolution, une longue sane de mecomptes et de revers .Bans ses travaux historiques, daps sea Memoires, daps ses brochures politiques , on rencontre des maximes decidement anti-revolutionnaires , entremelees de nobles aveux . Ii suffira de rap-peler deux opuscules : de la Democratic en 1848 ; Hos mecompteset nos eeperancee en 1855 . L'ordre materiel a peine etait retablique dej a , rentre daps la vie privee , mais toujours , par sestalents, son activite et son influence, homme public, M ; Cuizots'exprimait ainsi : 'i La France a besoin d'etre moralement relevee_ etraflermie ; elle a besoin de reprendre foi et attachement a des prin-cipes fixes et generalement avoues . Mais l'esprit revolutionnaire nepent x en pour une telle oeuvre ; ses apparitions, ses evocations,ses predictions , ses souvenirs , son langage , l'entravent et laretardent au lieu de l'accomplir. ~~ Le mal que , deja akrs,

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M. Guizot signale , c'est 1'idolatrie democratique ; la libc rte et1'egalite revolutionnaire detruisant tons les mpports sociaux . ~i Lechaos se cache aujourd'hui sons un mot : .iemocratie . C'est cetteidee qu'il faut extirper. La paix sociale est a cc prix. p En 1855,it n'hesite pas a dissiper les illusions les plus cheres, en indiquantdaps le mouvement genereux des esprits en 1789 l'erreur fatale quidevait entralner tent de fautes et taut de desastres . ii C'etait, en1789 , la confiance generale que naturellement l'homme est bon,vent le bier , et le ferait presque touj ours, si , an lieu de le laisserlibre , les vices des institutions sociales et les abus de la forcene venaient incessamment 1''irriter, 1'egarer ou le corrompre. # Enterminant , it recapitule ainsi les lecons de 1'experienee contempo-raine : a Nous nous sommes crux meilleurs que noun ne sommes ;bus avons meconnu le mal inherent a noire nature. Nous noussommes crus plus puissancs que nous ne sommes ; nous avonsmeconnu non seulement les limites de noire puissance , mail lesdroits de la puissance souveraine qui gouverne le monde et nous*memes ; nous n'avons pas tern compte des lois eternelles que Dieunous a faites, et nous avons follement pretendu mettre a leurplace, et partout, nos propres loin, a Et voici la phrase signifi-cative par laquelle it termine : ' Surtout, hatons-nous de sortir desornieres ou 1'esprit revolutionnaire nous a jetse ; dies nous mene-raient toujours aux memes abimes. M

L'autorite de M. Guizot et de ses pareils aurait dfi nousgarantir du reproche, qu'on ne s'est lasse de reproduire, commeSi nous voulions une force de gouvernement composee des erreursdu Moyen-Age, du despotisme de Louis XIV, et des opinionsultra-orthodoxes de sectaires puritains .

VII .

Avais=je tort d'affirmer quo le prineipe antiTrevolutionnaire n'estautre que le prineipe chretien ?

Ii est a regretter que, meme aujourd'hui, beaucoup de chre-tiens, decus par les promesses du liberalisme, ont cru, en adop-tant ses maximes, en tout ou en partie, servir la cause de la religionet de la liberte ; qu'ils n'ayent pas decouvert , sons le voile trom-peur d'une moderationn appareute, 1'identite de prineipe avec unradicalisme qui s'attaque aux seines de la religion et de la societe,et qu'ainsi tres-souvent us soyent devenus les aveu les instrnmP"~~

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de " cette puissance se~xete qui force irresistiblement les consC~quencesa sortir de leur principe, ne soupoumnaJLt pas mime qu'ils coope-raient a son funeste developpement . it i

La Revolution , on la theorie philosophique modern , renversetoutes les loin de la vie du genre h m ain , renversant le chris-tianisme ; east 1~ le caractere distinctif de 1'epoque actuelle .1

En effet , noun assistons a one des phases les plus terribles de laguerre perpetudlle et mysterieuse dont les Ecritures seules donnent laclef. La Bible, qui contient l'histoire du parse et eelle de l'avenir,raconte on devoile l'ensemble des destinies de l'humanite . Le planfun Dieu juste et bon pour le relevement de l'homme dechu sed route majestueusement a travers les siecles. Sons sa main toute-puissante les evenements se pliant et concourent an mime but ; ala formation du people e'lu , du people spiritual ; sauve par lesang de la Croix , de l'Eglise militants ici-bas et triomphante dapsle C.iel. - La Revolution , n'etant qui le renversement systematiquede 1'Eglise de Jesus~Christ , la resistance veritablement anti-revo-lutionnaire est le temoignage perpetual de la foi, dins la formaqui convient a noire epoque ; le principe chretien , daps sonapplication legitime , necessaire et opportune.

L'histoire d'une Revolution , dont le point de depart est lededain de la religion revelee et qui aboutit a la negation et andoute , pourrait avoir pour epigraphs - ces lignes de PascallI Tons ceux p]1 cherchent Dieu sans Jesus-Christ ne trouventaucunc lumiere qui les satisfasse ou • qui leer soft veritablementutile . Car, on its n'arrivent pas jusqu'a connaltre qu'il y a unDieu, on, s'ils y arrivent, east inutilement pour eux, pane qu'ilsse Torment un moyen de communiquer sans mediateur avec ccDieu qu'ils ant connu sans mediateur . De sorts qu'ils tombenton dens l'atheisme, ou dens le deisme, qui sont deux chores quila religion chretienne abhorre presque egalement . En Jesus-Christest tout noire bonheur, noire vertu , noire vie , noire lumiere,noire esperance ; et hors de lui it n'y a qui vice, misers, tene-bres, desespoir, et nous ne voyons qu'obscurite et confusion densla nature de Dieu et daps noire propre nature. Ii en est demime dens 1'Etat et daps la societe . , Entre daps la voie d'une Philo-sophie incredule , on trouve , a l'issue de cette route , la dissolutionet le chaos .

Deja en 1831 je disais : le liberalisme ne saurait etre com-I Lamennais .

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battu utilement pie par le christianisme . N On me reprochait defaire degenerer des considerations politiques en sermons et enlecons do catechisms. Je n'en etais gueres surpris alors ; mais,depths que taut de commotions effrayantes ont dorms des aver-tissements pareils le retentissement de leur tonnerre , 1 j'avoue quela tenacite de ces prejuges m'etonne .

Vous voulez les idles de 1789 . Tres-bien ; pourvu que vowsles rattachiez an principe evange'1ique .

Vous pretendez que la democratic est une force irresistible- et que,loin de la combattre, it faut la regler . Tres-bien encore ; pourvuqu'en acceptant la situation qui noun est faite , vows n'ailliez pas endeduire une legitimate d'un ordre nouveau, et nous forcer a plierle genou devant 1'idole democratique . Le christianisme se resignsa la democratic , comme a touts autre forms de gouvernement ;mais , imposes comme condition necessaire et universelle del'ordre social , consideree comme dogme revolutionnaire , et oppo-se an Droit Divan, dont le souverain quelconque, people ouroi , doit respecter l'autorite eternelle , la democratic du contratsocial aura toujours contre ells la foi chretienne. Le refine decette democratic fera toujours subir a la societe lea consequencesdecrites dens le chapitre , scion M. Vinet , en quelque some fou-droyant , oat M. de Tocqueville reproehe a la democratic d'avoirimmaterialise le despotisme en cream la tyrannie morale des ma-jorites. a Il n'y aura plus d'independance ni pour le bourgeois,ni pour le noble, ni pour le pauvre, ni pour le riche, mais uneegale tyrannie pour tons. ii

Les catholiques serieux et les protestants evange'liques ont depuislongtemps , a l' envi , proclame cet antagonisms .

La Revolution, disait M. de Bonald, a commence par ladeclaration des droits de l'homme ; ells ne finira que par la de-claration des droits de Dieu .

'/ Eleven , ii disait Lamennais , ii au dessus des ruines de lacivilisation chretienne le sacre flambeau de la verite ; qu'il brillea tons les yeux , et que ses rayons , se prolongeant . a traversles nuages de l'erreur, eclairent pen a pen les esprits egars endes voies trompeuses . Montrez, sons toutes leurs faces, les immua-bles principes du droits developpez les loin eternelles, fondement

1 NI . Stahl, rappelant en 18,54 cc qu'il avait ecrit en 1829, ajoutc„Dieser Ruf meaner schwachen Stimme vor funf and zwanzlg Jahren ist~citdcm lurch die Donnerstimmc der I'Vcltereignisse wicdcrholt worden ."

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iae'braulable du pouvoix et de la liberte, jusqu'a ce que la raison,lasse enfini de ses steriles labeurs, connprenne qu'il n'y a9, et nepent y aver, ors _ u christiauisme, qu'erreur , desordre , cala-mites, et servitude sans remMe . u

On retrouvait , it y a dej a longtemps , la meme idee , appliqueeaux luttes politiques religieuses du moment , dens le Journalhebdomadaire politique et daps la Gazette Bvangelique de Berlin,et les enseignements et les nobles efforts de M . Stahl se resu-ment en cette phrase qui termine un discours parlementaire pro-nonce en 1849 : ii la Revolution en Europe ne saurait iluir quepar le christianisme, -par 1'Etat chretien, par l'ecole chretienne . 'i

Arriere de nous le pretendu christianisme de la philosophic onde la theologie moderne ! it nous faut le christianisme positif, telque pendant dix-huit siecles i1 a etc , daps les traits caracteristiquesde son histoire et de ses dogmes, pour toutes les Eglises chretiennes,la foi commune. C'est la foi que M. Vinet demande , dams quel-ques lignes, publiees en 1855, mais ecrites deja en 1832, accentsprophetiques et si remarquablement realises plus tard : 'i Nousne concevons pour un peuple sans foi aucun xepos , aucun paintd'arret que le despotisme. La liberte sans la foi a fait crouler lesnations ; et, s'il y a aujourd'hui des peuples libres qui supportentleur liberte, qui en jouissent, qui y retrempent incessammentleer vigueur, et qui n'ont rien a en redouter, ce scat des peu-ples qui croient . Il n'y a aucun gage assure de stab' 'te iii deliberte 'dens un pays oil- les masses scat an plus olYrant ou anplus habile , a l'anarchi ste ou au tyran , selon 1'occurrence , etdisposes a preter a Fun on a 1'autre (c'est-a-dire a la tyranniesons deux moms differents) la terrible souverainete de la force. ~i

Revenons ici a M. Guizot. -- Personae ne fait mieux ressortirqu'entre le christianisme et la revolution, it y a opposition et con-trasts, it est question de vie et de mort . u Si la foi chretiennestmt plus piiissante, le communisme et le socialisme ne seraientbientot plus que d'obscures Polies. Si le communisme et le socia-lisme prevalaient, la foi chretienne perixait . N M. de MaiStreavait declare que 'i le peche originel explique tout, et que sanslui on n'explique rien ; a M. Guizot ne balance pas a' i liquer',dens 1c dogme de la chute, la necessite des lois humaines etd'une autorite capable de lea faire respecter . w La vents, quart ala nature de 1'hornme, eat Bans la foi, chretienne ; c'est; dens1'homme iui-meme quo le mal reside : it eat enclin an mal. Je ne

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veux point faire ici de theologies mail je me sers sans hesiter deces termes , qui soot les plus exacts et les plus clairs ; le dogme dupeche originel est l'expression et l'explication religieuse dun faitnaturel, le penchant inne de l'homme a la desobeissance et a 1alicence . " On s'est souvent scandalise d'entendre qualifier 1'espritde la Revolution comme anti-chretien . On a trouve le combiede l'exageration daps la remarque die M, de Maistre : ' 11 y adaps la revolution francaise un caractere sakuique qui 1a dis-tingue de tout cc qu'on a vu , et pent-titre de tout tie qu'onverra, n Eh biers ! tout en rendant justice aux symptomes de gran~dear et d'avenir de noire epoque, M. Ouizot ecru : N Personaen'est plus canvaincu que moi des immenses erreurs et des funestesegarements de notre temps ; personae ne redoute et ne detesteplus que moi 1'empire qu'exerce parmi nous , et le danger dontnous menace l'esprit revolutionnaire, ce Satan humain, a la foissceptique et fanatique, anarchique et tyrannique, passionne pournier et pour detruire, incapable de rien creer qui puisse vivre,et de souffrir que rien se cree et vine sons ses yeux. Je suis deceux qui pensent qu'il faut absolument vaincre cet esprit fatal,et remettre en honneur et en pouvoir l'esprit d'ordre et de foi,qui est l'esprit de vie et de conservation ."

Comme au commencement de noire histoire , l'esprit sataniquea dit a l'homme : eriti$ sicut Deus . C'est pourquoi , commele dit M. Guizot, nos pores de 1789 oat ete condamnes a passerdes perspectives du Paradis aux scenes de l'enfer .

'I Le 18e siecle est un siecle non-seulement de sympathiepassionnee , mais d'adulation idolatre pour l'humanite , et c'est parla surtout qu'il a cesse d'etre chretien. ii Toajours on est contraintde reconnaitre, daps les agitations de noire epoque , la revolte de1'orgueil humain qui se divinise, et qui, s'enorgueillissant de sapretendue independance , dit du Dieu vivant : ii nous ne voulonspas que celui-ci regne sur nous : " dit an Dieu de la Reve'latiou,de l'Histoire , et de la Nature : II j e ne to connais point . ~i

N Quelle est an fond et religieusement parlant, la grande question,la question supreme qui preoccupe aujourd'hui les esprits ? C'ostla question pose entre ceux qui reconnaissent et ceux qui nereconnaissent pas un ordre surnaturel , certain et souverain, quoiqueimpenetrable a la raison humaine ; la question posse , pour appelerles choses par lour nom , entre le supernaturalisme et le ratio!2aali$me. D'un cote les incredules , les pantheistes , les sceptiques

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de Mute some, les puts rationalistes ; de l'autre, les chritiens.Parmi les premiers , les meilleurs laissent subsister, daps le mondeet daps fame humaine, la statue de Then , s'il est permis de seservir d'une telle expression ; mais la statue seulement, une image,un marbre. Dieu lui-meme n'y est plus. Las chretiens seiils •outle Dieu vivant. n

VIII.

Dans la lutte contre la Revolution, je viens de le rappeler,le christianisme a trouve d'eloquents defenseurs parmi les cathoyliques. Faut-il erg conclure que Rome soft capable de resister al'esprit'du siecle avec efficacePNon tames ; ces apologistes ne sont forts que, lorsque , mettant

de cotd les traits distinctifs de leur Eglise , us font appal a 1'Eglisechrdtienne vraimnt universelle , en se souvenant de l'adagechri8tianns mihi nomen , cathoiicus cognomen.

Je suis 'loin de m&onna~tre les inappr ciables services que Romechretienne a rendus, durant les premiers siecles du Moyen-Age,soft a la religion, par la propagation de l'Evangile, soft a la soci~te,en elevant une barriere morale contre la tyrannie et en favorisantla naissance et le d~veloppement des libertes europ~ennes. MaisRome d~gtn~ree , Rome daps son opposition a tout raved ~vangtlique,Rome superstitieuse et incr~dule , Rome s'arrogeant sur le mondeentier une autorit~ divine, et subordonnant les pouvoirs temporelsaux volontds d'un pr~tendu vicaire de Christ, Rome, tantot pre-chant aux peuples la r volte , tantot entrant avec le despotismedaps une alliance intgressee , Rome, ennemie de la liberte, de latolerance, des lumieres, Rome, loin d'etre en tat soft de garantir, softde guerir 1'Europe de la Rdvolution, deux fois deja, lui a preparele terrain et lui a ouvert les voies . Le quiuzieme siscle preludaita un bouleversement universal, quand la Reforme vint arreter lestendances revolutionnaires daps leer rapide progres . Trois sieclesplus tard, quand le relachement des Eglises protestantes les rendaitincapables d'exercer de nouveau cette influence salutaire , ce fut Romeencore qui , apres avoir, en France violemment dcarte on ~tou#fe, parl'exil et l'oppression des Rdformds et des Jansenistes , les dZ~ments devie et de progres dvangeliques , fit , par le scandale de ses erreurs

I Guizot

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et de ses vices , de son intolerance et de son immoralite, germeren pea de temps les opinions nouvelles , et eclater la Revolutionde 1789 .

N'oublions pas que la plupart des abus de 1'Eglise romainesoot inseparables de sa doctrine , et que sa pretendue infailli-bilite 1a rend incorrigible. En se modifiant , elle se condamne,elle abdique. Son caractere essential et son devoir, east de stereo-types ses erreurs , considerant ses fausses maximes comma desprincipes eternels. Apses un interregne plain d'humiliations et demalheurs , on 1'a vue poursuivre le coups de ses ambitieux proj ets,proclamer ses , pretentious avee audace, en attendant l'occasion etla force de les realises. Toujours les memes doctrines anti i vang&liques ; le meme dedain d'un saint gratuit ; le meme etalage devaines ceremonies , le meme culte de Marie , mail avee an surcroitd'exageration idolatre. Toujours, an fond, le meme systeme desuprematie universelle sur les peuples et sur les Rois. Toujoursle meme abus du precepte H contrains les d'entrer i , interpretdaps le sans de 1'inquisition et des supplices , et amenant ainsi lesapologies de la 8tBarthe'lemy et de la revocation de l'Edit deNantes , rigueurs salutaires , coups d'Etat religieux , proposes enexample aux generations contemporaines. Toujours la meme resis-tance aux libertes civiles et politiques . On se rappelle l'Encycliquede 1832 , qui anathematise la maxima absurde et erronee , ouplutot (ainsi s'exprime lc Pape) le delire , qu'il faut assures etgarantir a qui que cc soit la liberte de conscience , et quiconsidere la liberte de la presse comma une liberte funeste et donton ne pent avoir asset d'horreur .

ll ais , dira-tYon, noes aeons vu , cependant, nous voyons encoredes catholiques sincerement attaches a leur Eglise, professes desides liMrales .

Des ides liberates , sans doute, mais non des principes de liberte.Observez en outre que cc n'est pas pour combattre to Revolution,mais pour s'emparer de ses maximes, a t'usage du parti ultra-montain .

Toutefois , it y a lieu d'etre surpris d'une pareille inconsequence .Comment expliquer ce phenomena ?

Ecartons d'abord le catholique qui embrasse le liberalisme aveeune conviction sincere et ardente. Emporte par la logique , itaura facilement le sort de Lamennais , qui cede au torrent , quiabandonne son Eglise et sa foi, qui resume son apostasie daps une

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antithese : II d'un cot e, le pontificat, de 1'autre , la race ltumaine ;eels dit tout."

Eeartous egalement ceux qui agisseut par calcul et en vue de leerinteret partic ier. Si, en 1 x'93, Jors de, la Terr+eur,, maim catho .lique dale a pousse le devou t jusqi'au,r mar yre, recem~meat on a vu clerge et laiques, ayaut bate de saluer le oleillevant, et flechissant le genou , en France , devant- la Revolution,daps ses former les plus diverses. Ce n'est pas un temoignage suspectque celui de M. de Montalembert , lorsqu'il fait noblementsentir ce que cette vivacite toujours egale d'entrainement versle parti vainqueur a d'odieux et de ridicule . ii En 1848 , aulendemain de la revolution de fevrier, on vit un grand nombrede catholiques, pretres et laiques, saluer de leurs sympathieset de leurs applaudissements ce qu'ils appelaient une ere nou-velle. En 1852, les constitutions, les discussions, les parlements,le controle des legislatures , des aasemblees , n'excitent plus quela risee_ on le dedain . H Quel est , salon lui , le secret de cetteetoannante palinodie ? Ii n'est pas besoin d'une perspicaciteextmordinaire pour le decouvrir. a Ce sont toujours les pontifesde la force , les chancres du succes, qui , en se pliant aux evene-ments du jour, pretendent aussi plier le passe et l'avenir auxcaprices de leur inconstance . ',

Sans noun arreter ces acres de bassesse, dont des protestants,ailleurs, se soot rendus egalement coupables , considerons laquestion en elle-meme , et rappelons-noun que ,, si la nature de l'ab-solutisme catholique le rend impropre a combattre aver succes laRevolution , une alliance de 1'ultramontanisme avec elle n'a riende chimerique. L'histoire fournit la preuve qu'il pent s'unir ala Revolution , qu'il peat, jusqu'a un certain point, s'assimiler aelle , avec l'espoir et daps le but de la dominer. Autrefoisles jesuites, prechant an radicalisme a leur usage, avaient greflel'omnipotence du Pape sur la souverainete tb ours en perma-nence du peuple , dogma universal , applicable aux former quel-conques de la societe. C'etait deja le systeme de Rousseau,avec le Pape pour moderateur supreme ; c'etait le serviteur desserviteurs de Dieu , regnant sur lee rois de la terra par l'entremisedu peuple souverain. Et de nor fours Lamennais , lorsqu'il deman-dait la separation absolue de 1'Eglise et de l' Etat , lorsqu'il seposait en defenseur ardent de tour les genres de liberte, s'ima-ginait avoir adopte le seal moyen de servir reellement la cause de

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Rome, de raffermir son pouvoir e'branle de toutes parts, en la mettaut en communication directe avec les peuples, en faisant prevaloir,par la liberte anarchique, la majorite du hombre, et en parvenantainsi a la domination universelle par un habile detour .

L'ultramontanisme pent , en desespoir de cause, se resignertemporairement a un abandon de son omnipotence et a un partagede ses droits . Se contenant daps les borne de son autorite spi-rituelle, renouvelant le systeme du Moyen-Age, en le modifiantselon les exigences de notre epoque , it pent s'uuir a la Rvolutiondaps ses representants et dens ses organs. 11 se coalise avec lesgouvernements issus de la Revolution, pour tens, par un mutuelappui , les peuples soumis an joug d'un double despotisme .

En diverses circonstances , it pent , en vue de ses intents ,laisser sommeiller ses principes . Ii subit 1'empire des idesmoderns , it les apprecie comme un mal necessaire, d'oir resultentdes avantages accidentels ; ttoutefois, esclave de fausses maximes,qui tendent a detruire la liberte , it est essentiellement contrairea ce qui daps les egarements de l'esprit du siecle est conforme ala nature et aux besoins reels et sublimes de 1'esprit humain .Ii pent dissimuler ces antipathies, mais it n'est pas en droit eten mesure de s'approprier les verites qui, entremelees a l'erreur,donnent aux theories eblouissantes du liberalisme le prestige quientra4ne et qui seduit. J'admire un souffie de liberte daps les ecrits,par exemple, de M. de Radowitz et de M. de Montalembert. Ce sont la,comme le dit M . Prevost-Paradol , a de ces esprits eminents et con-,rageux qui ont conserve daps le sein de 1'Eglise romaine , sansparvenir a les y repandre , l'intelligence et l'amour de la veritableliberte. ii Il ajoute : it L'Eglise romaine , daps son ensemble et sur-tout daps l'esprit de ses chefs, parait animee d'un instinct contraire,et elle redoute une complete liberte des cultes et leur independenceabsolue de l'Etat a l'egal d'une persecution.' Et it en done laraison . Fl C'est que l'ideal de l'Eglise romaine, daps ses relationsavec l'Etat , ce n'est point 1'independance , mais la domination,ce n'est point la liberte , mais l'empire. li En effet, d'apres lesprincipes de 1'Eglise romaine , si elle n'est pas libre de segues,

fibre de persecutes, on lui fait injure et elle pretend gemirdaps la captivite de 3abylone. Dens son traite des intentseatholiques an 19e siecle, en 1852 , M . de Montalembertreproche vivement a des ecrivains religieux de trahir, au hornde lens Eglise , la cause de la liberte , de se faire les avocets

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et les panegyristes du pouvoir absolu , d'envoyer imprudemmentaux protestants l'apologie de la revocation de 1'Edit de Nanteset de leer fournir ainsi des arguments parfaitement adapts a leerthese quotidienne de 1'incompatibilite de l'in$uence catholique avecle maintien d'un gouvernement fibre. J'aime i noire que M. deMontalembert n'entend pas voiler les principes pour servir leeinterets, et que, rewant l'alliance de Rome avec la liberte reelle,it partage lui-meme les illusions qu'il fait nature ; main , convaincuque, sons cette union apparente avec le liberalisine, se cachentdes entreprises tres-dangereuses pour noun, je prefere que l'e nnemilui-meme apercoive et me signale la liaison entre lee consequencesque je redoute et lee premisses que je combats ; je prefere, auxparoles rassurantes de M. de Montalembert, la sincerite, la logique,les violences et les imprudences de M . Veuillot,

Je rain que des chretiens protestants , devant l'autorite desquelsj'ai coutume de m'incliner avec respect , que M. Guizot etM. Stahl ne considerent pas l'opposition aux ides de liberte, detolerance, de progres, comma inherence au catholicisme .

Recapitulant l'histoire de 1'Europe, durant les trois dernierssiecles, M. Guizot en deduit des conclusions reveres contra lesysteme ultramontain. "L oil l'absolutisme catholique a doming,it a arrete et glace la vier sociale ; it a frappe lee nations de rte*rilite ; en etouffant la liberte, it n'a etabli qu'un ordre sans soliditeni force reelle, qui n'a point empeche que lee jours des granderepreuves n'arrivassent et qui, ces jours venue , s'est trouve im-puissant contra learn exces et presque aussi incapable de se reformerque de se maintenir. n Toutefois , quand it aborde la plus grave desdifficultes pour la pacification vraie des grandee puissances Intellectuelles , savoir la nature du catholicisme et lee conditions de sonharmonic avec la societe nouvelle, M. Guizot suppose que l'Eglisecatholique pent , sincerement et completement , aceepter, res-pecter, pratiquer lee principes de separation du spiritual et dutemporal, la separation de l'etat religieux et de l'etat civil. L'olrstacle, salon lui, historique bien plus que rational, vient des fartspasses et de l'ancienne vie des deux pouvoirs, bien plus que de loursprincipes essentials et de lours relations actuelles . Ii pourra y avoir de-ployement de 1'activite morale, de la puissance sociale, de la prosperitepublique, la oil prevaudra, dit-il, nle catholicisme sense et intel-ligent, et qui ne s'est fait ni 1'instrument, ni le dominateur du pouvoir

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civil, comma en France, en Belgique et daps anti partie de 1'Alle-inagne, a ' Ce catholicisme sense et intelligent, pie! est-il ? est-cele catholicisme consequent et logique ? Avec Rome, reduite atransiger, it y a des accommodements divers ; mail la $exi ' ' tede la faiblesse persistera-t-elle lorsque, en mesure de ressaisir lepouvoir, on ne la croira plus de saison ? L'exception opportune,it laquelle, au moment du peril , on se rssigne volontiers , devient-d ie la regle, et fact-il chercher le principe de Rome, par example,en 1830, dens la conduits du clerge beige qui profits des libertes,meme en faisant cause commune aver la Revolution , ou densrEncyclique de 1831 qui les condamne ?

Quant it M. Stahl, it affirms que iii 1a suprematie temporelledu Pape, ni la persecution des heretiques par le pouvoir civil,nest un dogma , un article de foi , it regard duquel Rome ait faitvaloir sa pretention it 1'infaillibilite. Ce sont des maximes acces-soires dont, salon lui, Rome pourra fort bien se desister . J'appreciel'esprit de justice et d'impartialite envers 1'Eglise romaine, maisj'hsite

ea m'avancer jusque-lit .Si Rome en vient it reconnaitre, en principe, 1'ind~pendance

et la saintete du pouvoir temporal ; si elle renonce a 1a supre-matie universelle du Pape ; si ells ne s'arroge plus le droit ni dedeposer un roi hsretique, ni d'exclure de la succession au trove,ni de de'lier les sujets de leur serment ; si la bulls de BonifaceVIII , proclamant que le glaive spiritual et le glaive materielsoot run et l'autre en la puissance de l'Eglise, que le seconddoit titre employs, pour l'Eglise et le premier par 1'Eglise, n'estplus le resume authentique de l'omnipotence a laquelle Romeaspire ; Si Rome, se pretant aux exigences du droit des gensmoderns, revoque les dispositions qui frappent de nullite daps letraits de Westphalie tout cc qui se rapporte it la toleranceenvers les protestants , tolerance qui , lors du congres de Vienna,en 1815 , lui semblait impie et criminelle ; si 1'Eglise catho-lique, salon les esperances de M . Gruizot, se borne a main-tenir daps la sphere religieuse, east-it-dire daps les rapports,du pouvoir spiritual aver les fideles , son infaillibilite ; si elledesavoue ceux qui , de nos fours encore , considers comma

i Iniroduclion a l'Hiskire de la fondaUon de la Republique des Provinces-,Unies, par M. Lothrop Motley . -- Comparez, daps les E udes morales, l'eeritcue M. Guizot du Catholicisme, du Protestantisme et de lri Philosophic enFrance .

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sea plus z 1i s et sincerer organes , deelarent pie , nonobstantle cours dies evenements et des ides , le drQit du represen-tent de Chat sur la terre eat toujours le mime, que la subor -dinatiou do tons et en tout an Pape eat 1'etat normal, 1'in-depeadance des sonverains une rebellion , ja liber1 et 1'egalitereligieuse un renversement de 1'ordre divin ; si Rome, en un mot,adopts ce qu'elle avait coutume de Trapper d'anatheme, alors sansdoute noes serons dispose a reconnaftre que le catholicismeregenere eat meme de s'unir a noes, pour combattre, avecsucces et an profit de la civilisation chretienne, lea erreurs de laDevolution .

Mais, aussi longtemps que Rome n'aura pas prononce ainsi sapropre condamnation, n'allons pas nous bercer d'un chimeriqueespoir. Quand elle aura besoin de notre secours , ells pourranous tendre la main ; mais , des quo l'occasion devient favorable,it eat de son devoir de nous extirper. Quand la Revolution,enveloppant daps un meme dedain toutes lea croyances positives,on meme, voyant en dies le plus grand obstacle au developpe-merit humanitaire, lea menace et lea poursuit avec une haine gale,en presence d'un tel peril , alors sans fonts lea distinctions entrechretiens s'evanouissent. ~v Le bon seas leur fit qu'ils soot tonsen face- d'un meme ennemi, biers plus dangereux pour eux tonsqu'ils ne peuvent 1'etre lea uns pour lea autres ; car, s'il triomphait,it lea .frapperait tour du meme coup. Ce ne sera pas trop detoutes leurs forces et de toes leurs efforts reunis pour triompherenfin daps cette guerre, et pour sauver a la foil le christianismeet la societe." De la necessite d'une resistance commune pentalors surgir une sorts d'union passagere . Mais cc font M. Guizotne parait pas asset avoir tenu compte , c'est que , lour la naturememe du catholicisme , ii y a des obstacles insurmontables a unealliance reelle et permanents. Le catholicisme voit loos la Reformsle germs de la Revolution. A son point de vue it a raison ; et,remarquez4e biers , it a raison , non seulement a regard du fauxprotestantisme , qui en effet n'est que la revolution en germs,mais a 1'egard aussi du protestantisme evangelique. S'identifiantavec la vents et 1'autoiite divine, s'erigeant en interprets officielde la Parole de Dieu, n'admettant d'action de l'Esprit Saint quedaps sea propres limner, 1'Eglise romaine necessairement confondla souverainete des Ec'itures , meditees sons l'invocation de lalumiere celeste, avec la souverainete de la raison individuelle, signals

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I Guizot .

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darts 1'obeissance Dieu la revolts contre son soi-disant vieaire,et pretend que , s'il est permis d'insinuer que 1'atheisme est unrationalisme logique, it Pest encore bien davantage de dire quele protestantisme n'est qu'un rationalisme inconsequent . De soncots, la Reforms rte peut oublier cc que le catholicisme veritable,le catholicisme ultramontain, le papisme, a de faux et de funeste .Ici encore 1'homme est mis a la place de Dieu. C'est a la sou-verainete humaine , hautement annoncee ou artificieusement dissi-mulee , qu'au fond et par des voies bien differentes , Rome et laRevolution aboutissent. Contre cette double opposition, contre unsystems qui , daps l'Eglise et 1'Etat , n'est qu'un desordre organist,la Reforms vient retablir le principe de la veritable autorite etde la veritable liberte, vient fonder sur des bases eternelles Tem-pera des ides modernes, vient abaisser l'orgueil de l'homme etsatifaire ses desirs h gitimes, en proclamant, comme source desdevoirs et garantie des droits de l'homme , la souverainete divine,le droit divin.

IX.

Oui certainement, 'i a quelque eglise qu'ils appartiennent, it y aaujourd'hui, pour tour les chretiens, une cause commune. Its outla foi et la loi chretienne a defendre contre 1'impiete et 1'anarchie. "Mais, pour suffire a cette Cache, it rte faut rien moms que lavents chretienne , daps sa simplicite , daps sa purete , daps saforce primitive ; le christianisme biblique , evangelique , apostolique,la foi des Peres de l'Eglise, des Reformateurs, de tons ceux quin'ont voulu savoir que Christ et Christ crucifie , le salut gratuitpar le sang de la croix . Pour triompher de la Revolution , it factl'Evangile, fibre des entraves, degage des superstitions Bans les-quelles Rome le retient et le denature. Le principe anti-revolu-tionnaire par excellence , c'est l'Evangile , touj ours le meme, c'estle soleil de justice qui, chique fois, apres la unit des erreurs,dissipant les tenebres, reparait a l'horizon. Ii detruit la Revolu-tion daps sa ravine ; it tarit la source de ses raisonnements trom-peurs ; it renverse ainsi les obstacles par lesquels la nature memedu liberalisme rend impossible 1'execution de ce qu'il promet . Lesdroits de I'homme , en cc qu'ils out de vrai et de salutaire , lesameliorations , les avantages , qui , sons 1'influence revolutionnaire,

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demeurent des utopies, deviennent, par le developpement des maximesevangeliques , des realites.Deliver d'un funeste alliage, les idles modernes appartien-

nent a 1'Evangile. Rome les combat, mais on les retrouve dapsle christianisme positif et scripturaire . Vent-on obtenir les bien-faits que la Revolution etale en perspective, i1 n'y a qu'une seulevoie; c'est de reprendre et de poursuivre l'oeuvre de la Reforme .Tel est le vrai , l'unique moyen d'enlever la Revolution sonprestige et sa force , de lui oter sa raison d'etre et de la dera-ciner daps les esprits.

A cette fin, it faut hautement repudier le faux protestan-tisme qui est l'allie naturel de la Revolution . Ii faut se rap-peler les motifs, la nature, le point de depart, la marche et learesultats de la Reforme. En 1841 j'crivaise : 'i II est indispensable,de caracteriser la grande et sainte querelle qui, durant 150 an-nees, doming 1'Histoire Moderne. Cette necessite se fait double-ment sentir une epoque oil, d'un cote, le catholicisme romain,et, de 1'autre, un protestantisme batard et incredule s'efforcent,cor me a 1'envi , de denatures et de rendre meconnaissables leaprincipaux traits de cette regeneration chretienne et d'en faire unsimple mouvement politique ou social . Par sa nature , au lieud'avoir aver les elements revolutio nnaires des affinites, la Reformeles repousse . Ce n'est point asset de reconnaltre que, proscrivantla violence en toutes chosen, elle n'a jamais pu par elle-memeexcites un bouleversement social. Il faut ajouter qu'en faisant pre-valoir le principe chretien, savoir l'obeissanee pour famous de Dieu etcomme au ministre de Dieu, qu'en subordonnant en toutes chosen1'autorite humaine a l'autorite divine , elle a raffermi le pouvoir enle replacant sur sa veritable base ; elle a neutralise, etouffe beau-coup de germes de rebellion produits, surtout vers la fin dumoyen-age, soft par une fausse application du droit romain, softpar un enthousiasme peu refle hi pour les souvenirs republicainsde - rantiquite. n Alors encore beaucoup de Protestants , meme sin-cerement attaches a 1'Evangile , mais ignorant la nature du libe-ralisme et ne voyant daps les bouleversements revolutionnaires quelea excel inseparables de la- lutte, tenaient a honneur d'etablirdes rapports et des ressemblances entre la Revolution et luReforme, d'insistais sur le contraste. ii On pane souvent des ana-logies de la Revolution et de la Reformer tachons de lea resumes .La Revolution part de la souverainete de l'homme ; la Reforme,

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de la souverainete de Dieu. L'une fait juger la revelation par laraison ; l'autre soumet la raison aux verites reve'lees . L'une de'brideles opinions individuelles ; l'autre amen 1'unite de la foi. L'unerelache les liens sociaux et jusqu'aux relations domestiques ; l'autreles resserre et les sanctifie . Celle-ci triomphe par les martyres,cells-la so maintient par les massacres . L'une sort de l'abIme etl'autre descend du Ciel .,,

J'osais esperer que ces opinions preconcues disparaitraient devantun examen serieux. N Les moyens, li ajoutais je, 'i ne manquent pointaujourd'hui pour rectifier de pareilles erreurs . M. Merle d'Aubignepublie son HLStoire de la .Reforms, si propre dissiper les prejugesd'une ignorance, soiivent presque complete, par la simplicite et lesdetails du recit. M. Ranks repand avec profusion les tresors dela science dens des ouvrages oii l'on trouve partout l'expositionconseiencieuse des faits, En Allemagne et ailleurs on se livre avecune ardeur nouvelle a 1'etude des temps passes . Ayons done conliance ; un examen critique et de bonne foi nous suffit . " 1

Cette confiance n'a pas ete decue. Les etudes historiques outconsiderablement modifie les jugements des hommes serieux . Al'envi us pmclament que c'est a tort qu'on n'a vu daps la RReformeque le cots negatif. Je cite en exemple M. Guizot, qui, apsesavoir autrefois dit, daps son tours d'Histoire Moderns : " LaCrise du seizieme siecle n'etait pas simplement reformatriee, die

etait essentiellement revolutionnaire ; it est impossible de luienlever ce caractere , ses merites et ces vices , ii recemmentof lane : F' Ce n'etait pas uniquement pour secouer un frein , c'etaitaussi pour professes et pratiquer une foi, que la reforms du168 siecle a eclate et persevere ; le mouvement a ete, dens sonprincipe, ee3entiellennent reUgieux, a De meme on ecrivain catho-lique, M. de Remusat, ecru : a Le principe de la Reformation,ee n'est pas une certain theorie de la constitution de 1'Eglise,ee n'est pas tells on tells doctrine touchant 1'eucharistie et lesautres sacrements ; cc n'est pas davantage la hams des excelde la puissance pontificale, encore moms un esprit general d'in-.novation et de resistance a l'oppression ; encore moms , s'il est

possible , fides d'opposer la raison a la foi ou meme 1'examen

1'autorite. Le principe de cette revolution religieuse est reiigieuxet non revolutionnaire. C'est le principe de la justification par lafoi , et seulement par la foi .,i

I , rchiues de la

nlaison d'Orrcnge-Nassau, 18 Scrie, T, I (28 ed.) ProJegom .

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Dans 1a sphere religieuse, la Refone a ate un reveil qui a creeles Eglises vange ques et qui a reagi d'une maniere . utairem&ne su!r 1'Eglise oatholique. Examinons comment , daps la spherepolite, ells a fond 1'empire de ides qu'on considers a tortcomme des decouvertes et des conaquetes de la Revolution .

Ire protestantisme , dit-on souvent, a l'esprit de liberte ., le catho-licisme a l',esprit d'autorite . C'est une erreur. On meconnaIt ainsile fondement, le caractere, l'oeuvre de la Reforms . Elle n'a pointoppose la liberte a 1'autorite ; ells a renverse une autorite arbi-traire et fausse, en retablissant 1'autorit e de la Parole et du SaintEsprit. Vest p isement pourquoi , appuyee sur cette base immu-able, ells a pu sans •crainte laisser agir le principe dune libertedont fobs ssance a Dieu etait la source , 1a reglc et la limits .Elle a dorms ainsi une large mesure des droits et ties libertsdont la Revolution se borne a deroulcr le magnifique programme .

C'est 1a Reforms qui, contre les pretentious de Rome, a fonde1'independance du pouvoir civil , non sur des veil ites princieres,mais sur l'ordre voulu par la loi divine ; non , pour h gitimer unpouvoir arbitraire , mais pour rappeler a quiconque exeree le pou-voir sa dependence de Dieu qui le confie et qui en demandemeompte. Le souverain devient ainsi , de subordonne du peps,ministre de Dieu . La souverainete par la grace de Dieu , le DroitDivin, oppose sons toutes les formes de gouvernement , monar-cliiques ou republicaines, aux pretentious ecciesia~tiques et au bonplaisir de is majorite des volontes individuelles, :est le fondennentde la respor abilite de tout souverain an Eoi , des rois et de lasoumission des sujets 1'antorite, pour .1'amour de celui dont ells.ensue. .insi, separation du spirituel et du l emporel, distinctionde l use et -de l'Etat , non afin de faire du despotisme la loifondamentale , non, comme on 1'a dit, i afin de nier h eharteeternelle ales drone et des devoirs contre laquelle vient se brigtouts volonte aarbitraire et desordonnee , mais au contraire , afen desoumettre l'Eglise et r tat, chacun dens sa sphere , an pouvoirimmedi de celui a qui est donnee touts puissance dens kscieux et sur la terre ; afiu de fonder, non point l'Etat atMe,n s .1'Etat laique ; non point l'absnlutisme de l'Etat , mais l'Etatsubordonne a la volonte divine, 1'Etat chretien.

C'±

la Refori a qui a fait prevaloir les droits de 1'individu,

I mennais.

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par la nature de ses maximes et par Ie denouement de ses martyrs .146 pouvoir ayant enfin retrouve sa base, "le principe de l'indi-vidualite recut des mains de nos reformateurs, n dit M. Vinet,non pas tine consecration explicite , mais des gages irrecusables.,iC'est la Reforme qui sauvegarde cc que la liberte a de plus intimeet de plus sacre, contre le socialisme de tout genre, catholique,antique ou contemporain ; contre 1'idee revolutionnaire de 1'Etat,organ de la volonte generate et devant l'omnipotence duquel s'ef-facent tons les droits, publics et particuliers .

C'est la Reforme qui, en prechant et en pratiquant la soumissionabsolue a la volonte divine , 1'obeissance aux hommes , par obis .sauce a Dieu , la resistance a la loi humaine , des qu'elle est endesaccord avec celle de Dieu, c'est la Reforme qui, en revendi-quant la responsabilite et 1'independance personnelle , a prepareles voies a la liberte de conscience et au droit d'examen .

Toutes les verites , toutes les libertes se tiennent ; decoulant d'unmeme principe, elles n'en soot que les applications diverses . II tieserait pas dif kite de poursuivre , et de ramener ainsi l'egalitedevant la loi, le veritable systeme hnmanitaire, la fraternite , lanationalite , a leur commune origin . On etablirait, stir les basesde la Reforme, tin Droit Public qui tie serait que le develop-pement simultane et harmonique de l'ordre et de la liberte .

Indirectement et par des of nites naturelles , la Reforme aexerce tine influence incalculable stir le developpement legis-latif et politique , stir les formes gouvernementales et les garan-ties de la liberte. Cette liaison sympathique est mise en lumierepar M. Guizot, daps tin passage qui , relatif a l'histoire l'Angle-terre , est egalement applicable au protestantisme en general.a L'energie des consciences amena 1'audace des ides et des desseins ;les croyances religieuses avaient besoin des droits politiques ; oncommence a rechercher pourquoi on n'en jouissait pas, qui lesusurpait , a quel titre , cc qu'il y avait a faire pour les ressaisir.Les regards du bourgeois , du paysan meme, se porterent biersau-dessus de sa condition. Ii etait chretien , it sondait hardimentdaps sa maison , avec ses amis, les mysteres de la puissance divine ;quelle puissance terrestre etait si haute qu'il dflt s'abstenir de laconsiderer ! Ii lisait daps les livres saints les loin de Dieu ; pourleer obeir , it etait force de resister a d'autres lois ; it fallait biersqu'il reconnut oi\ celles-ci devaient s'arreter . Qui recherche la bornedcs droits d'un maStre , recherchera bientot leur origin. u Reveille

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en matiere de religion , l'esprit d'examen se repandit bientot dapstoutes lee spheres de 1'activite intellectuelle . Faisant ressouvenirl'homme de Ia noblesse de son origins et de sa destine , la Reformsfit vivement sentir ce qu'il y avait de meprisable daps une resigna-tion inerte et d'intoldrable daps un joug oppressil, fit apprecier1'avantage d'une obeissance libxe des peoples, de leur participationan gouvernement des affaires communes, prepare et determine leprogres par lequel 1'Etat moderns est devenu on tend a devenir,de gouvernement personnel , chose publique .

Chretiens Reformes de la Hollande, noes sommes doublementautorises a rappeler ces bienfaits. Plus qu'aucune autre, 1'EgliscReformee a fonde lee gouvernements modeles , od la liberte , loind'e'branler le pouvoir, 1'a efabli sur de solides fondements . On pentenumerer lee scarfs et lss fautes d'un puritanisme excessif etpassionne , it n'en est pas moms incontestable que lee grandeeame'liorations sociales dont le protestantisme a ete la source , sootdues a la Reforms , non pas 'i incertaine , servile , plus attaches ades interets temporels qu'a des croyances , alarmde du mouvementqui l'avait fait naltre et s'efforcant d'emprunter au catholicismetout cc qu'elle pouvait en retenir en s'en separant ; mais a la Re-forms spontanse, ardente, meprisant lee considerations mondaines,acceptant lee consequences de ces principes, mail revolution moraleenfin, entreprise au nom et avec la passion de la foi."' Voyezl'Angleterre. Voyez l'Amsrique. Un juge qu'on ne recusera point,Macaulay , attests : 'i l'Angleterre est redevable surtout a la Refor-mation de la liberte politique et intellectuelle et de toutes leebenedictions quells amen. ii Un serivain dont la parole a uneegale autorits , par rapport aux Etats-Unis d'Amerique , M. Ban-crofft, a soin de rappeler , en donnant le meme temoignage, quec'est le protestantisme scrupuleusement biblique , transports dapsun autre hemisphere, qui a produit la, conime en Europe , demagnifiques rssultats ; 'ile people Anglais est devenu protestantpar lee puritains. n Ii en est de meme de mom pays. ' Plus onetudiera l'histoire des Provinces-Unies, plus 1'on devra recon-na4tre que la Reforms complete et rigoureuse , hardie devant leebommes par soumission humble et entiere a la Parole de Then,pie la pieuse inflexibilite des protestants evangeliques a ets lacause de nos libertes populaires , de noire independence nationals,

1 Guizot.

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de noire prosperite. La liberte fleurit a l'ombre de la foi . Hacnitimur , hanc tuemur ; fonder sur la Bible , nous maintenons laliberte ; ce fut la devise et l'histoire de la Republique . U Ce fit,au 17 siecle , rI ecrit M. Guizot , /, la fortune de 1'Angleterreque l'esprit de foi religieuse et l'esprit de liberte politique yregnaient ensemble. Ties novateurs religieux avaient une ancre alaquelle ils tenaient , une boussole a laquelle us croyaient;l'Evan-gile etait leur grande charte ; ils s'humiliaient , malgre leur orgueil,devant cette loi qu'ils n'avaient point faire. a Et, passant a larevolution americaine , it ajoute : ii la gravite morale et le bonseas pratique des vieux puritains persistaient chez la plupart desAmericains admirateurs des philosopher, francais ; et la masse dela population americaine demeurait profondement chretienne , aussiattachee a ses dogmes qu'a ses libertes . ', L'Evangile est riche enheureux resultats , la Revolution aboutit incessamment a des me-comptes . -- Po2crquoi la Revolution d'Angleterre a-t-elle reussi Ptel est le titre d'un discours de M . Guizot ; titre doublementsignificatif , parse qu'il en contient et sour-emend un autrepourquoi la Revolution francaise et europeenne a-t-elle echoue ?Probleme d'un inter& immense en vue de notre avenir.Voici comment l'auteur pose la question . N La Revolution d'An-gleterre a reussi deux fois . Je voudrais dire queues causesout donne, en Angleterre a la monarchic constitutionnelle, etdaps 1'Amerique anglaise a la republique , le solide susses quela France et l'Europe poursuivent jusqu'ici vainement a tra-vers les mysterieuses epreuves des Revolutions qui, biers oumal rubies, grandissent ou egarent pour des siecles les nations ."Le contraste n'est m,ysterieux qu'en apparence. Bans les con-structions ephemeres , daps les perpetuels revers de l'esprit deRevolution , it n'y a que le resultat m cessaire de la faiblesse etde l'impuissance de 1'homme quand it se spare de son auteur .a Si 1'Eternel ne batit la maison, ceux qui la batissent batissenten vain. Le commencement de la sagesse est la crainte de l' + ternel .Les hommes consultent ensemble contre 1'Eteruel et contre sonflint ; rompons, disent-ils ,, leurs 9liens, et jetons loin de nousleurs cordes . Celui qui habite daps les lieux, se rira d'eux ; leSeigneur s'en moquera. n Avant que la liberte politique triomphe,la Revolution, systematiquement rebelle a 1'ordare divin , devrafaire place a 1'Evangile. Pour elle, it n',y a que le supplice con-

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stamment renouvel6 de Tamale et de Sisyphe , convoitant les fruitsqu'il ne peut atteindre et voyant retomber la pierce qu'il a labo-rieusement r

versa le sommet inabordable du rocker .

X.

Le principe antirevolutionnaire n'est sutra que le principechr6tien, le principe de la R6forme ; it n'est sutra que la foi auDieu vivant.

La question religieuse est la question supreme, la questionprealable , qui domine et contient la question politique.n s'agit de revenir aux v6rit6s 6ternelles . Rien de plus, rien de

moms. A mon seas, le parti antir6volutionnaire, east n le parti deschrItiens ; a parti distinct de toes les sutras, en ce que proprementit n'en est pas un ; parti qui no se laissera jamais inf+ oder ni aumiiiistere, quoi q~x'il false, ni a l'opposition, quoi qu'elle veuille,mail qui passers de l'un a l'autre aver la justice, et , salon les casesacra se -sparer de tour les deux . N 1

n n'y a pour l'homme qu'une seule voie salutaire et 16gitime ;celle de la foi et de 1'ob6issance la r6v61ation et a 1'autoritedivines. On doit y retourner, si l'on a en le malheur de s'enecarter , et cet esprit de conservation des bases tute'laires de lasoci6t6 est par la meme un esprit de v6ritable progres . Nous novoulous pas d'autre retour, pas d'autre con8ervati me, pas d'autrereaction.

11 y a deux genres de conservatisme quo noun r6prouvonssgalement

D'abord celui qui se propose de refaire le passe et ne s'aper'coif pas quo /1 touto tentative a cot 6gard ne tarde pas de-wenir une hideuse caricature ; que 1'on ne fait point du vieux avolont6, et quo , en croyant en refaire , on n'adopterait quo desformes, n S Qui montre un attachement ridicule et funeste a deschores vieillies et surann6es ; qui oublie que 1'on me se conservequ'en se d6veloppant ; quo tout ce qui vit , se modifies quo l'exis-tence se revele par le mouvement et par le progres ; qui memeinclinerait a ressusciter les abus que la Revolution a d6truits ; arepousser les conquetes de l'esprit moderne et les ameliorations qui,malgre l'esprit rtvolutionnaire, out ate les bans et louables r6su1 .

I Vinet.

s Fievee.

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tats des commotions sociales ; la liberte religieuse , 1'abolition desprivileges excessifs de la noblesse et du clerge, l'egalite devantla loi, la reforme des lois penales, 1'unite du droit civil, lacentralisation politique , et 1'intervention reguliere des nations dapsle gouvernement de leers affaires.

Ensuite , le conservatisme revolutionnaire , qui , effraye des con-sequences du principe qu'il adopte, y resiste, mais en persistantdaps ses erreurs . Qui s'arrete, non pour sortir de la voie , maispour n'etre pas entrain plus avant. Qui , a tout prendre,n'est qu'un state quo, une station , une halte , d'oi\ le char , ayantrenverse la barriere, s'elance , apres un repos force , aver uneeffrayante rapidi$; qui , daps les formes gouvernementales et leslois exceptionnelles derriere lesquelles it s'abrite , n'offre que desgaranties de courte duree et qui disparaissent au moment du peril ;qui vient chaque foil montrer , par une experience nouvelle , quela force et la violence materielles cedent a la logique. Noes dedaignonsce secours precaire et dangereux ; noes aussi noes ne voulons pasla contra-revolution , mais le contraire de la Revolution .

Souvent on m'a reproche une parole que je n'ai pas laisseetomber par megarde, mais dont j e me suis servi , apres l'avoirsoigneusement meditee : II notre isolement fait notre force. 'i Qu'est-ce a dire ? que noes ne sommes pas une nuance formant avecd'autres nuances un seul et meme parti ; que noes sommes unparti distinct , lie par des verites essentielles et meconnues ; parun principe oppose a des opinions multiples, qui, quelque diversesqu'elles soient ou qu'elles paraissent, se rencontrent daps un memededain pour ce qui, salon noes, est la condition indispensable de1'ordre social .

La separation est ici de rigueur. Du moms , en s'alliant ad'autres partis, it Taut soigneusement eviter de se laisser con-fondre avec eux. On court risque de s'effacer, de s'aneantir,,d'etre emporte daps leer orbite. D'ailleurs it faut etre place horsdu courant revolutionnaire, it faut avoir daps 1'autorite des loisdivines un point d'appui inebranlable, pour ne pas cedar a l'entrat-nement universal.

XI .

Defendre ainsi le principe antirevolutionnaire, la verite objective,la continuite historique, daps 1'Eglise comma daps l'Etat, est-ceconfondre la religion et la politique ?

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NQn sans doute ; car les principes, les interets, les dangers sootidentiques. "La cause de 1'autorite civile et de la religion chretienneeat dvidemment commune ; l'ordre divin et 1'ordre humain , l'Etatet 1'Eglise out les memos perils et les memos ennemis ." Pans lesregions elevees des principes generaux , it est absurde de vouloirle divorce de la verite religieuse et politique. A cette hauteurla lutte est contre une memo doctrine , tgalement destrutive de1'Eglise et de 1'Etat, de la morale et du droit . Etre attentif a cetteconnexite, ne pas dechirer cc lien indissoluble, ce n'est pas sa-crifier la religion la politique, on la politique a la religion ; cen'est pas paralyses les forces vives et regeneratrices de la societe ,et 'opposes une barriere 1'esprit d'amelioration et de progres .Tout au contraire . C'est assures a la religion son influence legi-time. C'est donner a la politique eclairee un nouvel essor . C'estouvrir la voie a de veritables reformer . C'est ecarter ce qui lesrend irrealisables , en bannissant le principe pernicieux et de'Ieterede la revolution .

Souvent 1'on m'a accuse de ne pas vouloir de progres . Est-ce idire pie je n'ai pas voulu avancer daps une voie qui me para~tdangereuse et fausse ? j'accepte le reproche tres-volontiers. Abjurerferrous est le premier et le plus signale progres daps la voie de laverite. Avant tout it fallait repudier les doctrines d'ot\ taut de fauteset de malheurs decoulent ; it fallait remettre en honneur le droithistorique , tel qu'il se forme et , pour ainsi dire , se crystallisepar les actor libres de 1'homme , sons 1'empire des lois eternellesde Then.

Fidele cc precepte d'une poh mique intelligente, je me suisconstamment prononce contre le principe anarchique et les maximesdaps lesquelles it s'incorpore et se revele . n Contre le gout et lepeche revolutionnaire par excellence, le gofit et le peche de ladestruction , pour se donner 1'orgueilleux plaisir de la creation .Contre la maladie qui porte 1'homme considerer tout ce quiexiste sons ses yeux , les personnel et les chores , les droits etles faits, le parse et le present, comme tine masse inerte, dontit dispose librement et qu'il pent manor et remanier pour la faconner

son gre. Contre ferrous qui , prechant la souverainete du peuple,se figure le peuple comme une immense addition d'hommes , tautde milliers, taut de millions comptes daps un certain espace de terse et

1 Guizot.

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tons contenus et representes daps un chiffre unique qu'on appelle tantutun Roi, tantot une Assembles." 1 Contre l'absolutisme de la majorite .Contre cette unite fausse et tyrannique , qui , au nom du peuplesouverain , reduit , sons le joug centralisateur et administratif, lanation a une obeissance passive, jusque daps le cercle le plusrestreint des interets locaux . Contre cet aneantissement des supe-riorites , et des distinctions soeiales, apres lequel la societe n'a quele despotisme pour abri.

Mais , en repoussant ainsi tout germs de trouble et de disso-lution, je n'ai pas hesite , confiant daps la bonte des principesque je professe , me declarer , sons leur garantie , partisan ze' 1de touts reforms utile, de tout developpement naturel , de toutprogres reel et legitime ; de tout ce qui , en opposition ou enconformite avec les tendances de 1'esprit du siecle , fait avancerdaps les voies de la civilisation chretienne . J'ai applaudi ala transformation lente et successive du pouvoir personnel enchose publique ; a 1'influence, daps la monarchic en general etparticulierement dens la noire , du sentiment republicain . A laparticipation du peuple a l'autorite legislative. Au regime constitu-tionnel, non daps le seas des reformateurs modernes, n'ayant debase que daps des theories chimeriques, mais en rapport avec lanature de l'homme , avec l'histoire et les institutions du pays .Aux chartes ecrites , non pas a des constitutions qui n'existentque sur le papier , mais a des lois qui resument , coordonnent etperfectionnent le droit national et coutumier.

Personae n'a plus que moi desire les realites du gouvernementrepresentatif,, developpements naturels de la glorieuse histoire demon pays. Pour moi, la souverainete de la Maison d'Orange,couronnement final d'une lutte seculaire pour l'independance deFEtat et les droits du peuple, a toujours, etc indissolublementunie a la Charts, loyalement executes et inviolable, meme dapsles crises les plus menacantes . Mais , sans meconnaitre l'impor-tance des garanties constitutionnelles , j'ai par dessus tout cherchela force du gouvernement daps les sympathies de la nation,daps les souvenirs historiques, daps la popularite de la dynastic,daps l'energie , la moralite, la piste , qui autrefois fonderent etconsoliderent la puissance de la Republigae. Personae ne s'estplus que moi, en theorie et en pratique, declare en faveur

1 Guizot .

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de la publieite, de la liberte de la presse en general, et dela presse periodique en particulier. Personae ne s'est plus for-tement pro s coatis un conservatisme timide , qui , scionles ealculs et les inspirations def 1'inter~t et de la pour, tantotdemean indifferent et inactif, tant8t se livre a des saes deviolence qui le plus souvent proviennent de l'exces de ses crainteset de ses terreurs: Personae ne s'est montre plus ennemi de labureaucratic, de 1'autocratie, de 1'arbitraire, parlementaire on royal ;mail, malgre mon sincere desir de cooperer aux ameliorations poli-tiques, j'ai etc profondement convaincu que des formes gouver-nementales et des loin constitutionnelles n'ont aucune efficacite, amoms d'etre enracinees dens le droit historique et divin .~Dej dens les ann€es memorables de 1829 et 1830 , quand les

arrangements diplomatiques de 1 815 et les tentatives de fairedisparaltre les cliff rences nationales daps une unite factice et parun amalgams gouvernemental, aboutirent , pour le royaume desPays-Bas , a un dechirement inevitable , j~ m'appliquais a demon-trer et les av:tntages et 1'insuffisance du goutrernement constitutionnel .Les avantages , pourvu qu'il soft apprecie et pratique, non comme unembarras, mais comme le moyen le plus sflr d'etablir des rapports desi-rables et un mutuel appui entre le pouvoir et la nation . Je ne eessaisd'insister sur le danger de cc gouvernement personnel daps lequelle Roi s' etait complu jusqu'alors ; sur la necessite de remplacerdes ministees, instruments de la voloute royale, par un veritableministers , organs intelligent et libre du souverain , responsableenvers le Crone et envers la nation . Ii me semblait qu'on pouvaitmemo alors, non en cedant a 1'opinion du jour, non en s'appuyantuniquement sur la force administrative et materielle, mais entenant compte des besoins reels, des plaintes legitimes, des sentimentsnationaux, des croyances religieuses , des droits acquis , rallier leshommes de tonne volonte, desarmer .les agitateurs et surmonterde graves perils. Et quand le Roi , qui aimait a recueillir lesopinions les plus divergentes , daignait s'informer aussi quelquefoisde la miens, je me permettais d'ajouter, en touts occasion, avecune franchise respectueuse , que, sans changement de principes,it n'y avait aucune possibilite de succes . J'en revenais sans cessea dire : a Il y a une condition prealable ; car rien de cc qui doait

se faire ne pout se faire, rien ne suffit, rien ne ,~aurait etreveritablement utile , si vous ne renoncez , Sire ! au liberalismedont vows avez etc ridole et dont vows serez la victims ; si

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vows ne savez degager de 1'esprit revolutionnaire l'esprit vrai-ment constitutionnol et national, et tourney ainsi contre lui lesforces aver lesquelles it vous menace ; si vous ne reussissez pointa sparer la nation d'une faction egaree par de fausses doctrines ;Si vous n'abjurez pas les theories dont vous avez cru pouvoirfaire usage, esperant fondre daps un tout homogene les traits dis-tinctifs des populations les plus diverses . A moms d'entrer fran-chement et resolument daps cette voie nouvelle , le gouvernemeutconstitutionnel , loin de servir d'instrument a vos desseins , mai-trise par une faction anarchique, deviendra le moyen de la dis-solution des lore certaine du Royaume . n Surtout je tachais defaire sentir qu'ou no saurait resister a la Revolution, sans vaincrele principe irreligieux dont elle nest quo le developpement logique,et que, pour combattre les tendances d'un radicalisme incredule, lapolitique doit avoir pour auxiliaire la foi , non cello qu'on seforme a la hate , sons la pression d'une crie menacante , maiscello qui part de fame , non cello qui noun sort , mais cello quinous domino .

Volontairement sorti, en 1833, do la vie publique, jo cruse, qu'ilfallait desormais etablir la lotto sur un autre terrain . Depuislongtemps le liberalisme avait envahi l'opinion , regnant daps loshautes classes do la societe et comptant la presque totalite deshommes politiques , des hommes d'Eglise , des savants et deshommes de lettres parmi see adeptes . 11 me parut surtout neces-saire de remonter a la source du mal et de combattre les prejugeset 1es erreurs par des etudes serieuses d'Histoire et de DroitPublic. Neanmoins jo n'ai pas voulu toujours me soustraire a uneactivite plus directement pratique . Appele on 1840 aux deliberationsdes Etats-Generaux sur la revision de la Loi Fondamentale, jo m'em-pressais d'insister de nouveau sur la necessite d'un changement deprincipes, et non pas umquernent de formes. Un vetement nouveaune me semblait pas un gage de guerison. Et , daps lee longucsannees ot1, libre des travaux et des soucis inseparables de laparticipation aux affaires publiques, it m'etait permis de disposera volonte de mon temps et de mes forces , j e fus heureux dom'associer aux efforts de mes amis pour ecarter , autant quepossible, les entraves qu'un liberalisme craintif mettait, daps1'Eghse et daps 1'ecole, au developpement du roved evangelique .La , et la seulement se trouvaient , scion moi , les garanties d'unmeiileur avenir. Faisant ressortir, en face do la philosophic irre'li-

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gieuse , la foi commune des chretiens , je m'efforcais de mettre enlumiere les avantages que presence, pour etablir et concilier le pou-voir et la liberte, le protestantisme evangelique . L'histoire , qui endonna de nombreuses preuves , en a fourni un eclatant exampledaps noire patrie . Ses destines soot une illustration pratique dela parole du Seigneur : u cherchez premierement le royaume de Dieuet sa justice, et toutes choses vows seront donnees par dessus . "Comment desesperer de l'avenir, en se rappelant Ie passe ! Aumilieu de beaucoup de desappointements douloureux , la foi et lavie, reparaissant dens l'Eglise Reformee, semblaient presager destemps meilleurs. Bans cette Eglise regeneree it y aurait, monavis, non pas un levier a l'usage d'un parti politique , mais unlevain scion la parabola, et le seul moyen veritable de faire avancer,daps toutes les spheres, le refine de Dieu .

En faisant ainsi , daps I'interet de noire defense , l'apologie duprincipe anti-revolutionnaire , je sans que je n'ai pas acheve macache . Vous n'avez pas meme, me dire-t-on, aborde le reprocheque vos amis vows adressent. Car, evidemment , plusieurs d'entr'euxne contestant pas le principe en lui-meme ; us desapprouvent l'appli-cation que vows en avez faire, des que, membre ordinaire duconseil de la nation , vows avez etc a meme d'exercer quelqueinfluence sur la marche des affaires publiques . En vous efforcant,a l'aide des institutions nouvelles, de donner de la preponderancea un parti religieux, en introduisant mal apropos les principeschretiens dens les discussions parlementaires, en examinant toutesles questions an point de vue de votre zele ecclesiastique, vousavez contribue a mondaniser l'Evangile, et a provoquer une hos-tilite apparente contra la religion, compromise et discreditee parce pernicieux melange. Vous avez presque force les liberaux a devenirou a paraltre les adversaires du christianisme , et a vous ranger,vous et les votres , parmi les ennemis de l'Etat moderne . Ainsivotre deplorable obstination a transporter les ideas religieusesdens la sphere politique, a d faire naltre d'interminables malen-tendus, provoquer des de'bats inutiles, et rendre infructueux tonsvos travaux .

Voyons si noire conduite parlementaire justice, en tout on enparties une aussi grave accusation.

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CHAPITRE TROISIEME .

NOTRE OPPOSITION PARLEM NTAIRE .

Opposition de principes . -- La Loi Fondamentale et les lois organiques . - Adversairosnombreux et divers. -- Chances de sucehs . - Influence, - Mdcomptes,

I .

Apres avoir ete environ quinze annees en dehors des affairespubliques, la Revolution de 1848 vint In'arracher a roes paisiblestravaux. Elle me transports, en 1849, daps l'arene parlementaire .Sons rinfluence des commotions politiques , la loi fondamentalevenait de subir des changements considerables . Ties coryph des duliberalisme etaient a la tete des affaires. Dans la session extraordi-naire de la seconde Chambre des Etats-Generaux , pour la revisionde la Charte , le principe anti-revolutionnaire avait ete defenduaver franchise et talent par mes amiss mais us ne furent pointramenes par l'e'lection directe , et je me trouvais daps 1'assembleenouvelle le seal de mon opinion.

Je songeais a l'adage Tu contra audeni for ito Quam h a tofortuna sinet . Je me vis , a cause de cette position solitaire , d'autantplus appele a prendre une position decidee, entierement conformea nos convictions, et a me rappeler, aver un vif sentiment dema faiblesse, que la verite est forte et que, meme daps un sealrepresentant , fidele au principe , it y a le germe d'un parti.

Des que l'occasion m'en fat donnee, je n'hesitais pas a arborerresolument noire drapeau . Trois partis , disait a la Chambre leministre de la justice, nous divisent ; les conservateurs reaction-naires , les progressistes moderes , les progressistes ardents. Non,repondis je, votre statistique est erronee . Ce ne sont la que desnuances : les applications diverses et inevitables du principe anar-chidue ; les trois opinions que la pratique revolutionnaire vienttouj ours inettre en evidence , le Mouvement , la Resistance , leJuste-Milieu. Ne pouvant parvenir a concilier I'ordre et la liberteet aivise sur les moyens de resoudre le probleme quv vows

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desespere , au fond , quant a votre opposition aux loin immuables dela societe, vows rtes tons d'accord, vows etes noire adversairecommon. II n'y a en realite que deux penis ; le votre, qui dedifferences manieres obit a la Revolution ; le noire, qui, soultoutes ses former, la combat .

Cette opposition , debutant par tin cri de guerre , etait syste-matique. Une opposition , non pas qui se complalt daps la critique,mais qui, portee a soutenir et a loner ce qui est bon chez sesantagonistes , est inebranlable et se refuse a transiger stir ce quiest distinctif et fundamental .

Question de principes, non de tel on tel Ministers .Pour determiner la nature et tracer le but de mon action politique,

it fallait, surtout daps one situation si delaissee, me garder dedangereuses illusions. iiVoir ce qui est, c'est le premier et exc& ..lent caractere de 1'esprit politique. II en results tin autre caractere,non moms excellent , queen apprenant a ne voir que cc qui est,on apprend aussi a ne vouloir que ce qui se pent. L'exacte ap-preciation des faits amene la mesure daps les intentions et densles pretentious . n 1

Quells etait la portee de mss desirs et de mss efforts?D'abord , et surtout, je me proposais de mettre a profit les

avantages de la tribune et les ressources de la presse periodique,pour montrer la verite soul toutes ses faces . Je voyais et prevoyais,apres les evenements de 1848, de nouveaux et grands mecomptes ; lesesperances et les promesses de liberte devaient aboutir,, a travers ledesordre, a one reaction energique et aux realites de l'arbitrairedissimules sons de vainer apparences . Au nom de la liberte, onavait introduit la licence ; pour retablir l'ordre, on allait sacrifier laliberte. Je me preparais a mettre ces enseignements de l'experiencea profit et a signaler, en France, en Europe, et surtout densmon propre pays, le progres de ces developpements trompeurs etfunestes ; afin de les ramener a leur veritable cause et d'en deduire'la grande lecon de noire epoque , que resumait ainsi tine plumeinconnue : N Ii taut parvenu a trouver one foi superieure a cells dela revolution ; sinon , soyez-en s> r , tot on card nuns succombe-rons. En face du temps, it taut poser hardiment 1'eternite ; enface de la revolution , des ides essentielles , eternelles , necessairesmeme a la nature de l'homme et aux f ondements du monde. n 2

1 (uizot .

2 Revue des Dens-Mandes en 1849 .

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C~'etait attaquer l'opinion dominants en ebranlant sa base. Enmeme temps, soutenu par mss amis hors de l'enceinte parlemen-taire, je ne desesperais pas d'exercer, daps des deliberations im-portantes , une influence plus directs. Ii cut etc absurde , dumoms alors, de tendre au renversement du ministers pour leremplacer. Mais, dit M. Guizot, II c'est une meprise de supposerque la lutte du ministers et de l'opposition est un etat transi-toire , revolutionnaire , une cries momentanee daps laquelle leministers doit succomber on vainere et dont it faut se hater desortir par Tune on par l'autre solution. Ii n'en est rien , et toutne reside pas ainsi dens la catastrophe . L'opposition exists etcombat , non seulement pour renverser, si ells peat , un systemsd'adm inistration qu .'elle croft mauvais , mais aussi pour le modifier,ttaut qu'elle ne le renverse point, pour l'amener a se contenir eta transiger, meme pendant qu'il est debout. L'opposition , si ellene manic pas le pouvoir, n'y doit pas etre completement etran-gere. Ii feat qu'elle le serre d'assez pres , qu'elle se rencontreasset frequemment sur see pas , qu'elle se montre a lui asset bienarmee , pour lui faire sentir la necessite de ne point abuser,pour influer sur lui, quoiqu'il la repousse et meme en triomphe ."C'etaient la pour moi des enseignements opportune. Forcer le.liberalisme a se contenir, a se modifier, ne me semblait pas im-possible ; la Cache etait belle, d'autant plus qu'on allait titre appeha discuter lee lois organiques . L'importance des lois organiques,disait M. de Villele en 1 818 , n est si grande qu'elles doiventdecider la destine de la Charts . Faites daps un sens monarchique,elles font entrer la France et la charts daps lee voies de la monar-chic ; faites daps le sens democratique, ces lois conduiraient aisementa substituer la plus complete democratic a la monarchic temperee,la liberte anarchique de la revolution aux libertes publiques etreelles de la monarchic, enfin le regne des chambres ou d'une'chambre a celui du Roi.a

En matiere purement politique j'taiseconvaincu que le libera-lisme, daps lee commencements de son ardeur nouvelle, ne cederaitpoint ; mais, tout en craignant d'e'lever trop heat mss pretentiouset mss esperances, je croyais a la possibilite d'arreter lee progresdu mal , et surtout de de'livrer l'Eglise Reformee de la suprematiegouvernementale et de garantir l'ecole primaire contre lee ten-dances de l'indiflerentisme religieux .

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IT.

Quand je pretais serment a la Chaste, quelques-uns en furentou feignirent d'en etre surpris. Comment done , vows , adversairedeclare de la Revolution , vows allez prendre une part active auxaffaires publiques sons un regime qui n'est que l'applicationde ses maximes ! Mes sentiments a cat egard etaient les memesque, plus card, en 1856, je retrouvais daps un chapitre , im-portant sur le serment constitutionnel, t ajoute par M. Stahla la troisieme edition de son ouvrage classique sur la Philoso-phic du Droit. Adhesion franche et sincere a la Chaste , malgreses regrettables defauts ; mais a la Chaste , east-a-dire a sesprescriptions, et nullement aux tendances et aux motifs que lesdivers partis, a tort ou a raison, lui attribuent. Adhesion ala Chaste , pour s'y conformer scrupuleusement, pour la defendrecontra les theories desastreuses qui voudraient s'en emparer, etpour user du droit de revision legale, librement et a mesure queles circonstances rendent la chose possible, desirable, opportune .Respect inviolable de la Chaste , sacree , pour le Roi comma , pourla nation. Les coups d'Etat m'ant toujours paru n'etre pas justifia-bles ; les devoirs du Souverain a 1'egard des lois constitutives de1'Etat soot positifs ; it est tenu de les maintenir , meme quand itles desapprouve. Ne donner a l'ordre etabli de garantie que dapsle , jugement individual du Roi, dire que east a lui, en no pre-nant pour regle et mesure que sa conscience, d'examiner s'il ya necessite de suspendre, on meme de soudainement abroger, desa propre autorite , en tout ou en panic , les dispositions de laChaste , east , au fond , accepter la Chaste comma une aumone etproclamer l'absolutisme . Deja en 1829, lorsque les circonstancessemblaient pousser le Roi , en face d'une opposition factieuse etviolence, a des mesures extraordinaires, je n'avais cesse, en publicet en particulier, d'insister , sur la possibilite de se defendre et degouverner par le tours legal du regime constitutionnel. En 1856un des membres les plus distingues de 1'opinion liberale, M . deZuylen de Nyevelt, me rendit un temoignage precieux et que je~,rois avoir merite. On faisait circular des rumeurs et des menacesattentatoires a la Chaste. J'avais fait allusion a cc qua des tenta-tives de ce genre auraient de coupable et de dangereux. N dene partage point les principes du preopinant, II dit-il, n et tour

j Per Vcrfassungs-Eid and die Heilung destruktiver Verfassungea .

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tefois fy reconnais , en ce moment , une garantie contre des perilsqui pent-etre noun menacent ; une garantie contre une tendancequ'il vient de decrire comme n'ayant pas asset de respect pournos institutions constitutionnelles ; une garantie contre un mat epide-mique qui , depuis quelques annees , semble regner en Europe ."

Des lois organiques de la plus haute importance furent pre-sentees dans les trois premieres sessions de 1849, de 1849 a 50,de 1850 a 51, sur le droit d'association , sur la responsabiliteministerielle , sur les elections , sur les loin provinciales et commu-nales. Durant ces anuses les grandes questions relatives a la sou-verainete de la Maison d'Orange , a la nature et l'etendue dupouvoir royal, aux libertes generates et aux droits beaux , ansens et a la portee de la Charte, dans ses rapports avec le droithistorique , furent constamment a 1'ordre du jour .

On ne m'a jamais vu tenets la main aux amis de l'autocratieroyale et du gouvernement personnel. Au contraire j e persistais asoutenir que le Roi doit refiner et gouverner par fintermediaire d'unministers homogene et responsable, qui lui serf d'organe pour agiravec oflicacite , et qui en meme temps devient une barriers contreles imprudences ou les emportements monarchiques. Mais je n'ai pasvoulu concourir a rabaisser le Crone jusqu'a n'etre que t'unite dtipouvoir executif , a faire du Roi le secretaire d'un conseil desministers regi par les influences parlementaires, et a subordonnerl'autorite royale , par un veto qui ne serait que suspensif , a lamajorite du corps electoral, an pays legal, au peuple souverain .J'ai voulu 1'autorite royale, sagement limitee par 1'organisation dupouvoir h gislatif et par les droits populaires, mais souverain dansla sphere de ses attributions , et ayant ainsi cette preeminence , cettepreponderance legate, laquelle , a moms de n'admettre la royauteque comme une des formes de la democratic , est le trait distinctifd'un Etat monarchique , meme constitutionnel . Ma loyaute etmon devouement auraient pu me porter a dire a un Roi , pretantl'oreille a de dangereux conseils : 'i La Charte consacre comme undroit l'intervention du pays dans la deliberation des interets publics ;cette intervention est positive dans son resultat, car ells fait, ducontours permanent des vues publiques de votre gouvernement avecles voeux de votre peuple , la condition indispensable de la marche re-guliere des afihires publiques . ti Toutefois , en adoptant ces expressionsde l'Adresse presentee a Charles X en mars 1830, it m'aurait fallu(pour ne pas devenir involontairement complice de coupables desseins)

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a cots de cette phrase , qui semble irreprochable en ells-meme , unegarantie contra 1'interpretation et 1'athr re-pensee du lib~ralisme ;contra un auaehronisme volontaire qui • confond lee subsides dumoyen-age aver le budget clay temps moderns, et qui, appliquantainsi, par une confusion d'idees avantageuse a ses desseins, l'adage'I point de redressement de griefs , point de subsides ,1i se serf d'undroit special en matiere de finances pour maitriser tour lee pouvoirset faire du refus de contours une epee de Damocles perpetuelle-7nent suspendue sur l'existence non-seulement du trove , mais del'ordre social .

De meme je n'ai jamais dssiry concentrer lee elections daps leeclasses aristocratiques . Au contraire, bien qua je n'eusse pent-titrepas donna la preference au systems d'election directs , j'ai ate d'avis'qua , par l'extension du droit de suffrage, it fallait dejouer leeintrigues oligarchiques, creer, si possible, un esprit public veritable,et dormer une large base au gouvernement constitutionnel . Mais,en faisant volontiers a la democratic une part considerable, Jo mesuis prononce contra une loi electorate miss en rapport aver undroit abstrait de representation common a tons , et devenant ainsiun a-compte, un acheminement very le suffrage universal .

Ainsi encore, je n'ai jamais ate partisan de provinces independantes ;bien an contraire ; je navais qu'a me rappeler lee dissentimentsdeplorables nee clans ma patrie du manque d'un pouvoir centralfort ement organise , pour comprendre qua la centralisation politiqueest le gage indispensable de l'unite et de la force des Etats ; toms jeme suis oppose an despotisme de la bureaucratic, a la centralisationadministrative. J'ai demands de v&itables libertss provinciales etcommunales ; surtout je n'ai pas accepts, sons le faux titre dedecentralisation, le pouvoir plus rapproche des dslegues de l'admi-nistration supsrieure ; pouvoir qui n'en levient qua plus intolerable,comma l'observait M. Dupin : a si, an lieu de contenir la libertyclans de justes limites, vows eussiez organise la tyrannie, qui viendraft ainsi s'etablir dens nos foyers , ells ferait regretter la ten'-tralisation ells-meme . ii

Enfin, je ne me suis jamais montre indifferent aux finances et1'economie politique. Seulement, je repstais, avec l'homme venyrableet apostolique , qui a si energiquement mis en lumiere , par sescoifs et par son activity pratique, lee rapports de l'Evangile etde la prosperity gsnsrale, avec Chalmers : Pas de bien-titre sansmorality, pas de stabilite sans religion . Les benedictions temporellea,

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heritage assure d'un peuple vertueux et bier instruit, exemplifientl'assertion scripturaire que la piste a les promesses de la viepresents et a venir . C'est a tort que les economistes le plussouvent repoussent 1'element moral , comme etant d'une naturepresque trop sublime ; c'est a tort que la plupart des theologiensout de l'e'loignement pour l'economie politique, comme s'il s'agis-sait d'un materialisme grossier. Ii ne faut rien moms que leurmutuel appui pour arriver a la solution satisfaisante du grandproblems social ."

D'accord avec le liberalisme a vouloir un regime de garantieset de libertes politiques , noun repoussions le principe auquel itrattachait ses maximes et ses efforts . Chef avoue du ministers,

chef du parti liberal , M. Thorbecke , par la superiorite de cetteposition , et biers plus encore par la superiorite de ses talentset par la force de sa volonte , etait decidement contraire atout ce qui pour moi etait necessaire et h gitime . Dans sesdivers projets de lei, je combattais par dessus tout 1'idee de-mocratique, fides que dit M. Guizot, it faut extirper a tout prig ;et c'est precisement cc que M. Thorbecke, qui ne voulait plusentendre parley de la souverainete de la dynastic , qui soumettaiten definitive la couronne a la majorite parlementaire ou electorale,qui faisait flechir toutes les resistances et meme les droits acquisdevant l'omnipotence de 1'Etat , ne voulait, ne pouvait souffrir. Pourlui la suprematie de la democratic centralise etait un fait accompliet obligatoire. Rien de plus naturel que notre antagonisms. Car, enm'ecartant du cercle de Popilius qu'il lui convenait de me tracer, jeme rendais, selon lui, coupable de divagations inutiles ; j'taiseperpe-tuellement hors de la question, et, de plus , en opposition avec l'espritde mon siecle et finalement en dehors de mon epoque . Accoutume ade pareils reproches , je ne fun guere terrific et ne pliais pointsons la ferule ; je me permettais d'opposer a l'esprit du sieclel'esprit des siecles , et quelquefois de rappeler a M. Thorbecke lesparoles si remarquables et, au point de vue antirevolutionnaire, par-faitement orthodoxes , qu'il ecrivait en 1831 : it Partout of l'espritde Revolution apparait , et partout avec le meme resultat , it essaiede creer. Ii pretend posseder sans acquerir, it vent le presentsans le passe , et un avenir dent it etoufie le germs. Autrefois itluttait centre l'ordre etabli ; it lutte maintenant centre le develop-pement de ses propres theories . Main de cet esprit it fact distinguersoigneusemeut l'ordre de chosen qui a surgi depuis ct pendant la

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Revolution. . La Revolution elle-meme a pris place daps l'enchaine-ment des phenomenes 'historiques et est subordonnee a sa loi. Ence sens, elle est devenue un antecedent pour les generations sui-vantes a l'influence duquel on thche vainement de se soustraire .Sur le terrain meme oit la Revolution a exerce ses ravages, unenouvelle semence se developpe, d'apres une regle difference . n

Deja de 1849 a 1851, et plus encore daps les annees suivantes,noun rencontrames de grandes difcultes et de nombreux antagonistes .

Nous avions contre nous les catholiques , les liberaux politi~ques, les liberaux protestants.

Les catholiques auraient, semblait-il, dfl faire suet nous causecommune. 'i C'est pour tons lea Chretiens , queues que soient leursdissidences daps la sphere chretienne , un interet evident et undevoir imperieux de s'accepter et de se soutenir mutuellement,comme des allies naturels, contre 1'impiete anti-chretienne. it i J'in-sistais sur ce conseil de bon sens pratique . Je deconseillais auxcatholiques , comme je l'ai egalement et touj ours fait aux protes-tants , de s'engager, par interet et d'apres un faux calcul, dapsles voies du liberalisme. Ce fat en vain. Ii y eut des moments oi\lions pflines esperer que rendus attentifs a la force et la vitalitede notre protestantisme national , ils ne seraient pas insensibles ades considerations paeifiiques ; mais ee fut un espoir trompeur .La defiance etait trop grande, et le parti le plus influent se flat-tait trop de trouvet ici un moyen de triomphe daps l'applicationdes principes qu'il repoussait ailleurs. Ii redoutait la preponde-rance d'un protestantisme qui reprenait une vigueur nouvelle dapsun retour sincere aux croyances de la reforme, et, se croyanten mesure de l'ecraser par l'organisation democratique , loin des'allier suet les reformes orthodoxes contre la Revolution , it sejoignait au parti de la Revolution contre les reformes orthodoxes .Ii prenait goftt a un liberalisme acclimate. nModifie et tempere, iv

disait un de ses organes, iv par l'influence du caractere national,le liberalisme, daps is Neerlande , est chose asset douse. 'i Tres douseapparemment, comme en Belgique en 1829 .

De ses soi-disant liberaux , liberaux quand les avantages pre-

' Guizot.

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sums de la theorie lui enlevent son amertume, venous auxliberaux de bon aloi. Le liberalisme , dens toutes ses nuances,etait noire adversaire naturel .

Depuis longtemps le liberalisme politique regnait daps noirepays. On etait disciple de Montesquieu on de Rousseau , ou , leplus souvent , de leurs disciples. Une connaissance superficiellede noire histoire faisait confondre l'esprit de liberte de nos ancetresaver l'esprit revolutionnaire . L'influence francaise avait formsl'opinion publique. Presque toujours noun avions suivi l'exemplede la France , avec une moderation craintive , admirant les theories,mais desirant eviter les exagerations de la pratique . En principe,les ides de 1 789 etaient encore le catechisms , presque sansexception, de ceux qui se melaient des aftaires publiques .

Chez nous , comme ailleurs , it y avait entre les liberaux desdifferences marquees ; on voyait apparaitre les progressistes etles conservateurs ; ceux qui voulaient le developpement de larevolution et ceux qui jugeaient une reaction , a un certaindegre, inevitable .

Les evenements de 1848 determinerent le succes des liberauxardents ; les talents extraordinaires de M. Thorbecke leur assure-rent, durant son ministers, et plus tard encore, une preponderancele plus souvent irresistible .

Neanmoins la puissance des liberaux conservateurs n'etait pas adedaigner. Leur penchant pour les systemes mitoyens, pour les demi-mesures , pour les atermoiements , etait asset conforms au caracterenational. Ii y avait des points sur lesquels nous etions d'accord.En general eux aussi voulaient la souverainete de la Maison d'Orangeet l'autorite royale, une monarchic reelle et non pas 1a republiqueplus un Roi ; us improuvaient le divorce entre 1'Etat et la religion ;us voulaient 1'Etat laique et non pas athee ; us appreciaient densla charts l'e'lement historique et se refusaient a briser complete-ment avec le passe . Its trouvaient ainsi beaucoup d'assentimentet d'appui . Deja , par leur force d'inertie , us tenaient souvent leparti progressif en echec, et it eussent pu le vaincre, s'il y cut eumoyen de nous entendre et de nous entr'aider, pour obtenir le butde nos communs desirs. Par malheur,, au fond liberal lui-memo,le parti s'e'loignait du but qu'il voulait atteindre ; it deracinaitpar ses theories cc qu'il desirait maintenir ; it obeissait a un prin-cipe qui otait touts efficacite a ses boas sentiments ; et manquantde force en lui-meme, it offrait chez nous le type de cc torysme

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i E. Renan.

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bourgeois, doiit les interets , tell quit les concoit, le portent a etretoujours de l'avis de celui qui est decidement le plus fort . a Le lende-main des surprises revolutionnaires , cet esprit conservateur est fin,

quelque some leur complies ; car en se laissant egarer par un faux calculet ne se piquant pas de chevalerie, it trouve plutot son compte a lesaccepter qu'ales combattre . n ' En effet , it ne s'agissait pour lui quedu plus on moms dens la pratique ; en theorie, it stmt revolutionnaireet se laissait entrainer aux consequences qu'il souhaitait suites . Entrelui et le parti plus avance, la question se reduisait a des querelles defamille , a des changements de personnel , a des combinaisons pourecarter ou amener un ainistere . En outre it tirait de ses victoiresun mince profit M. Thorbecke lui stmt antipathique ; lui contesteron lui enlever le pouvoir stmt son ides fixe , sa preoccupationconstants , le but le plus e'leve de sa politique ; mail , chef decabinet ou chef d'opposition, presque toujours le redoutable anta-gonists leur faisait subir l'empire de sa volonte . On concoit aisementque les conservateurs, modifiant leur conduits d'apres les cir-constances , deployment une grande mobilite d'attitude aussi anotre egard . A de rarer intervalles , lorsqu'on prevoyait que noireconcours ne serait pas motile , on avait pour noun des mouve-ments de sympathie ; on aimait a se transporter alors sur leterrain common des interets sociaux et des souvenirs patriotiques ;on n'en persistait pas moms a noun considerer comme engagesdens des erreurs superstitieuses , daps des doctrines du temps jadis,impossibles , dasait-on , a realises , biers que , par noire ardeur impru-dente et inopportune , elles fussent capables de troubles encorel'ordre et le repos public.

Plusieurs causes concoururent a faire perseveres les liberaux detouts couleur daps leur triste routine. Ailleurs l'esprit de Revolu-tion trouvait, sur le terrain de la science, de nombreux et d'habilescontradicteurs . Ici pas de meme . On ne s'occupait guess serieuse-ment d'etudes politiques. L'enseignement officiel stmt livre presqueexclusivement an parti liberal . A peine connaissait-on de nomles ouvrages qui, en Allemagne et dens d'autres pays , avaientsensiblement modifie l'opinion publique . On avait pris l'habitudede suivre complaisamment l'orniere que traCait le liberalisme leplus :flexible et le plus benin. On prenait en pitie nor idees ; oncroyait , on l'on faisait accroire que noun tendions a transporter

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UN

daps la politique les dogmes particuliers d'une secte religieuse,et que noire but final erait d'inscrire le calvinisme le plus outre etl'absolutisme theocratique en tete d'une chaste renouvelee .

Nous etions en tres-petit nombre dens les Etats-Genraux .eDe1850 a 1853 nous ftmes trois. En 1853 la commotion anti-papiste nous fit atteindre le chiffre fabuleux de sept . On pent enconclure que, daps les hautes classes et daps les classes moyennes,nos adherents n'etaient pas nombreux. Parmi les causes de cettefaiblesse numerique, it feat surtout tens compte du liberalismeprotestant. Sans titre encore populaire , 1'incredulite de divers genreetait fort repandue et , avec une moderation apparente , ebranlait lesfondements de la foi . Attribuant a nos ayeux, daiis la grande luttepour la verite evangelique, une espece de tolerance, dont ils n'a-vaient pas meme conCu l'idee, on s'imaginait les imiter, en intro-,duisant daps 1'Eglise Reformee un droit d'examen sans limites,et un latitudinarisme incompatible avec des croyances positives .Noire opposition contre ce renversement de toute base ecclesiastiqueerait taxee de pietisme, de mysticisme, que sais je ! de zele insense ;les protestants influents, pour la plupart , s'empressaient de ga-rantir contre nos dangereuses tendances I'Eglise et 1'Etat, et nousfaisaient volontiers ressentir , par un exclusivisme systematique , lesefl'ets de cette violence reprobation . Surtout nous etions en butte auxplus vives antipathies de la tres-grande maj orite du clerge . Reudonsici justice a un nombre considerable de pasteurs qui , a differencesepoques , se soot montres fideles a leas devoir et dignes de leasmission. Generalement parlant , toutefois , ce fat un trait caracte-ristique du Reveil d'etre essentiellement laique et d'avoir pour adver-saires ses guides naturels . Beaucoup de pasteurs etaient amis del'orthodoxie moderne ; d'autres, sans renier la foi de l'Eglise , heureuxde leas douse quietude, etaient decidement contraires a tout ce quiaurait pu la troubles ; us n'aimaient guere a passer pour geesarrieres, intolerants, ennemis du_progres et des lumieres ; us etaientprompts a se scandalises de la franchise des orthodoxes ; us les trai-taient avec defiance, avec repugnance, avec une hauteur dedaigneu-se, souvent avec une inconcevable animosite ; us craignaient d'en-courir la responsabilite de leurs doctrines et de leurs demarches ;

us introduisaient daps les consistoires plutot des liberaux que desorthodoxes ; us tendaient la main fraternelle plutot a des colleguesprechant un autre Evangile qu'a des laIques fideles qui se refu-

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saient a pratiquer, sons le faux horn de charite chretienne, undeplorable indifferentisme religieux .

IV.

La certitude de ne pouvoir reussir n'eut pas ate une excusepour 1'inaction et le silence ; east quand l'erreur et l'injustice sontirresistibles, que le temoignage est de raison . Mais , malgre tautde difficultes, noun avions, daps le cercle asset modeste de nordesseins, des chances de succes.

Quel etait noire but ?I)ans l'Etat, foils aspirions a preparer la ruine des principes liberaux,

en Iaisant voir a l'oeil que, sons un vain etalage de former et de ga-ranties, ils n'ont pour n sultat que des oscillations perpetuelles entrela liberte desordonnee et l'ordre sans la liberte . Noire voeu etait decooperer a la grande et belle Cache que , deja en 1837 , j'avaisresumee ainsi : ii Puisse-t-on voir, non par des transitions brusqueret forces , mais par l'influence positive d'un esprit evange'lique,les lois et les institutions semi-revolutionnaires se modifier devantles principes chretiens !ii

Pour cette demonstration experimentale tout allait nous pretersecours. L'impuissance du liberalisme devait se reve'Ier dens laplenitude de ses rapider succes. Aceueillie par un hommageuniversal, ne rencontrant aucune ombre de resistance , servant demodele a une grande partie de 1'Europe, la Revolution de fevrier1 848 , Si elle n'executait point ses promesses , n'aurait ni excuse,ni pretexte ; plus que jamais, it serait difficile de dormer lechange a 1'opinion , en attribuant a des deviations accidentellesle developpement naturel et inevitable de sa doctrine . Effective-ment, - les lawns de l'histoire eurent , sons ce rapport , un carac-tere inaccoutume de clarte et de grandeur . La theorie fut rapi-dement developpee jusque daps ses plus absurdes enormites ; ladestruction de 1'Etat, de la propriete, de la famille, fut exigee commapreparation a un meilleur avenir ; un systame qui sacrifie la liberteet la dignite de l'homme a la recherche d'un pretendu bien-etreuniversal , fut preconise. En France et ailleurs on vii se succederlranarchie et la guerre eivile, les bouleversements et les desastres ;bientot 1'exees du mal amena, par un autre mal , le triste remade ; onse precipita daps l'exces contraire, le flot populaire alla rejoindre sontours naturel vers le pouvoir absolu ; le torrent devastateur alla s'en-

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gloutir daps les eaux stagnantes du despotisme .' Ainsi se realiserent,biers plus encore qu'en 1830, les previsions si biers exprimees, en1828, par un ecrivain anonyme : it Lorsque nous soutenons que lescourants populaires et ''opinion publique nous poussent a des ten-dances republicaines , nous sommes loin de croire qu'en Europe larepublique proprement dice puisse s'etablir sur les ruines de nosmonarchies ; mais it n'est pas moms vrai qu'elle pent eclipses laroyaute et troubles 1'etat pendant quelque temps , au point desupplanter nos dynasties b gitimes, pour ensuite , par la force etla marche naturelle des chows, retablir la monarchic sons desdynasties nouvelles a l'ombre de la tyrannie. Le plus adroit nousgouvernera et nous serons trop heureux d'obeir . Les bouleverse-ments, la guerre civile et etrangere, la perte de nos bonnes etbraves dynasties , et finalement le despotisme du sabre , que nousinvoquerons comme un bienfait du ciel , seront les consequencesde ces tristes erreurs. i 2 En effet 1'Europe reconnaissance admira,daps 1'heritier des ides et de la puissance napoleonniennes , l'ha-bilete domptant le monstre de l'anarchie, et s'humilia devant laforce disposant a volonte des ressources prodigieuses de la France .Tie second Empire, malgre son programme essentiellement paci-fique et sa politique pretendflment desinteressee , fit bientot, parses grandes expeditions militaires , songer a la remarque deMme de Stael : ~~ Bonaparte avait besoin de la guerre pour etabliret conserves le pouvoir absolu . 11 donnait tout aux Franc ais a laplace de la liberte ; mais, pour titre en etat de leur dispenserces dedommagements funestes, it ne fallait pas moms que 1'Europea devorer. 'I

Bans notre organisation interieure, it etait evident que la reac-tion allait titre a l'ordre du jour. Arrives au pouvoir, nos libe-raux , apses avoir fait flechir 1'autorite royale sons la crainteexageree de commotions populaires , apses avoir renverse l'ordreau profit d'une liberte chimerique, allaient sacrifier la liberte auxexigences et aux interets de leur systeme en action . La repressionserait le but principal de leur energie ; us en viendraient a decontinuelles palinodies , et , loin de remplir les justes desirsd'une nation chez qui la liberte avait fleuri a l'ombre de lareligion , us se verraient contraints de renier ses souvenirs his-toriques, et de meconnaItre ses droits les plus precieux . La pre-

1 de Montalembert.

$ De nos FCformes, Leipzig, 1829 .

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sentatian Ae la premiere loi organiflue, cells sur les Associations,en fournit la preuve. Rapporteur de la commission , je pus , aver1'assenti nt de la presque totalite de la Ohambre , signaler daps leprojet cette tendance,reactionnaire ; le desir de rendre par la loipresque impossible l'usage , d'une liberte consignee avec emphasedens la charts , comme une des conditions les plus in.dispensablesdu bonheur et de l'influence populaires . Yafrmais d'avance queM. Thorbecke , parvenu au ministers , ne pourrait , malgre sa capaciteet son energie , empecher la theorie de produire ses consequences,l'arbre de porter ses fruits . On put bientot s'en convainere. Sons sonimpulsion on n'eut qu'une faible mesure de liberte , et une tres-forte organisation gouvernementale . Tout dut ceder devant cc qu'onappelait le service public . La centralisation devenait illimitee . Lesdroits des corporations, les droits des Eglises, en un mot, toutsemblait, du moms en principe, subordonne an pouvoir . Plus on ad-mirait la prudence et l'audace, la sagacite et 1'esprit de suite de cethomme superieur, plus aussi d'annee en annee , les faits venaient al'appui de ma these ; meme en ayant pour organs des hommes douesde grands talents et de beaucoup de force de caractere , meme en nerencontrant aucun obstacle exterieur, le liberalisme toujours reculedevant les inconvenients inevitables de ses propres theories ; it seretranche daps 1'arbitraire ; it nest pas en mesure de satisfaire auxveritables besoins de la societe ; it pent tenir la nation asservie,mais jamais it ne saurait devenir un gouvernement national .

D'ailleurs les terribles epreuves a travers lesquelles , a la suite d'unerevolution nouvelle, venaient de passer la France et 1'Europe, ayantinflue puissamment sur les etudes historiques et politiques , l'infailli-bilite revolutionnaire devenait un objet de doute. On commencaita appercevoir la liaison entre 1 789 et 1793 ; l'identite de latragedie on du drams, sons la multiplicite des former et desapparences ; toujours les Girondins domines par la Montagne etdebordes par le jacobinisme qu'ils evoquent ; le sabre venant tou-jours couper court aux conflits . de la parole et mettre les raison-nears a la raison. Quel avantage , tandis qu'auparavant touts con-tradiction etait presque etouflee par les applaudissements universels,de pouvoir maintenant se faire 1'echo de voix retentissantes etparlant avec une autorite europeenne, et ne craignant pas d'avouerleurs erreurs passes et d'y signaler la vraie cause des desappoin-tements et des revers !

Si , daps 1'Etat , nous bornions nor tentatives , comme nor

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esperances , a preparer daps les esprits un retour a ces lois eter-nelles, qui, lorsqu'on leur obit , elevent et affermissent, lorsqu'onleur resiste, troublent et renversent la societe politique, daps 1'Eglise,au contraire , nous aspirions a une oeuvre plu immediate , et nousosions nous promettre de faire prevaloir, contre la caesaro-papie etle clericalisme infldele , son independence et sa liberte. Assuj ettie ,sons plusieurs rapports , meme daps la sphere religieuse , a 1'Etat,elle etait livree par le pouvoir temporel a la domination insup-portable d'un parti qui , a l'aide d'une organisation factice et regle-mentaire , tendait a detruire 1'unite de la foi. L'Eglise , l'enseigne-ment theologique, l'ecole primaire, etaient a la merci du liberalismereligieux et politique. Briser ce joug absurde et i11 gitime, pardes voids legales, et assurer ainsi au peuple Reforme la predicationet l'education chretiennes, auxquelles, d'apres les libertes de sonEglise, ii avait un droit evident, semblait desirable et nullementchimerique .

En prenant , quant aux interets evangeliques , cette attitudeprononcee , nous avions une grande force daps les souvenirs natio-naux, daps l'histoire d'un peuple dont la prosperite et la grandeuravaient ete Si etroitement unies a son caractere religieux ; dapsles annales d'une dynastie dont les glorieuses destines avaienteu de si remarquables rapports avec la defense de la foi ; dapsl'attachement traditionnel dune partie considerable de la popu-lation aux croyances de ses pores ; daps les doctrines du Reveil,oii l'on ne pouvait s'empecher de reconnaitre , a travers les siecles,un echo des martyrs de la Reforme . Ainsi nous tions portspar les sympathies dune partie considerable de nos coreligion-naires , surtout daps les classes inferieures de la societe , oi~ l'in-credulite n'avait encore guere penetre, oii la predication evange-lique trouvait un favorable accueil . S'il en etait autrement dapsles classes moyennes , si la surtout des hommes meme reli-gieux inclinaient a circonscrire l'influence de la religion daps l'en-ceinte du temple , et ne se mettaient guere en peine des di$e-rences dogmatiques les plus fondamentales , it y avait de nombreusesexceptions a ce dangereux penchant . Dens les rangs eleves, it nousetait permis de compter sur l'approbation et l'appui d'un asset grandnombre de Chretiens , amends a l'Evangile , soft par la renaissancede 1'esprit religieux daps noire partie , soft aussi par le contact dela litterature chretienne de la France, de la Suisse, de l'Angle-terre , de l'Allemagne ; par la science cultivee au point de vue

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chrMieu t ,per less enseignennents sevres de 1'histoire contemporaine,ttestant Ia van a d'une philosophic incredule et faisant recher-

che , avec u c ardeur ~aoi~velle, le salut gratuit par le sang deJeus-Glut.

Thic religion peat fire nationals, sans titre precisement larelig~ on de l' tat. i Par le nombre et l'infiuence, l'Eglise r formee,pourv qu'elle fit unie et enracinee dens sa foi , ~tait capable desu mont~,er tons les obstacles et die faire face a toutes les attaques .Npis fondsut sir scs croyances et sur see souvenirs , none pou-y o s S rc appel 1~ cQp.scie Ice de la grande majorite de laupon. Notre c .enun et notre evoir etait done trace. Subordonnesu parti d s lib ux QQnserwateurs 4 reniant plus oil moms notrer recurs special , oils eussipns etc , cheque fois , brises on en-tr14w ? raves Cu;. Au cQntrre , inebranlables dens noire position,foils pouvions titre le centre, le noyau, le point de ralliementdune g node part s de Ia pgpulation ayant encore faim et soif dela write vang que et ilvQquant see droits , afin de pouvoir enuser pQU' 1', coinplisse cut de see devoirs .

Nous etions d'ailleurs disposes a tendre la main nos anta-gonistes , en tout ce qui est vrai , bon , h gitime. Tour tour,nos advexsaires 1 plus violents n'etaient pas indill'erents a noireall4ance. s 44sixa tint la mettre profit ; les conservateurs, pourr4siste Jiaardiesses d p Lrti radical ; lee liberaux, pour dejouerlc machinations thetiouuaires des conservateurs ; lee protestantsrationalistes, pqu cc~ battre lee pretentious ultramontaines ; leeu1 ramontains sup*menses, pour se premunir come lee injusticesd'un antipsp toe fQUgaeux. Notre credit devait grandir, aussisolvent que lee p grey de la revolution, de la reaction, de l'in-z redulite oil ;du gmani to , faisaient , daps des moments difficiles,apprecaier J ours ,et la portee de nos eroyances et de noire secours .

Daus la sphere politique et ;lernentaire, noun avions contrepu une crasante maaori , on concgit done pie nos antago-

nia aimaiea sc railler de la iI sse et de rinsign ifiance denutJC

tai micmscopiq ~e .A tort, a

oins, et s y soars eu nemes ; car us savaient

I Vinet.

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tres-biers que nous etions plus forts en realite qu'en appareticc .Apres une sortie dedaigneuse de ce genre , en 18'51, daps l t

seconde chambre, un membre, qui n'etait pas des notres, maidtres-considers et plus tard ministre des affaires-etrangeres, 1criait : R Pourquoi done , si ce parti est aussi impuissant qu'on lepretend, est-il l'objet de si violentes attaques? c'est que reelle-ment it n'est pas aussi faible qu'on voudrait le faire accroire . Iiest le defenseur de convictions religieuses positives qui out penetredaps une grande penis du pays et qui meme dens plusieurs con-trees soot preponderantes. Quand de telles convictions existent etque leurs defenseurs rte reculent pas devant les grandes difficultesinseparables de leur perseverance , it y a la une grande force , et cetteforce grandit encore, ells devient presque irresistible, quand un telparti a le droit de son tote et qu'il se resigns a soufi'rir l'oppres-sion et l'injustice. it

Les faits et les peripeties du gouvernement constitutionnel,les manifestations de I'opinion publique , vinrent , plus d'unefois , surtout daps des moments de crise , a l'appui de cetteremarque.

Bans les elections , de 1849 a 1853 , noire influence devenaitplus marquee. Meme sans ajouter a noire nombre daps la secondechambre , les operations electorales mettaient en evidence le chiffrEconsiderable de noire opinion. Bissemines daps la presque totalitedes provinces , et n'ayant la majorite que daps un tres-petit nombrede districts, nos e'lecteurs rte pouvaient avoir des succes propor-tionnes a leer force numerique . Ii etait possible qu'un candidat anti-n volutionnaire demeurat exclu de la representation nationals, memeen n unissant un plus grand nombre de votes qu'aucun des membreselus. N anmoins , daps beaucoup de localites, incapables de fairechoisir un des notres , nous mettions , des que les forces des con-servateurs et des progressistes etaient a pen pres egales , un poidsdecisif daps la balance . En 185 , lorsque ma reelection, vivementcombattue , etait encore incertaine , on lisait darts un journal dela Belgique : 2 n En tout cas , qu'on parvienne ou non a l'ecarterde la Chambre, it est desormais un fait acquis, c'est que lenombre des pietistes dont se compose le gros de ses partisans,s'est accru daps les dernieres annees d'une maniere effrayante,et compose un parti aver lequel it faudra compter . !t

I M. de Goltsteiu .

L'Inde endance.

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Le danger qu'il y avait a faire de noire opinion , malgre desdehors d'ianpartialite et meme de bienveillance , un objet , d'inimitieou de dedain, se manifests egalement daps 1'instab' 'te des m±nisteres.En 1849, en 1853, en 1856, on nous imputa, non sans quelque amertome, d'avoir, contribue an renversement de radministration. Eeprocheinjuste, s'il s'agissait d'un dessein premedite ; car nous etions assetindifferents aux changements de personnel , parceque , an fond,malgre les diversites secondaires, les principes etaient toujoursles memes. Que si 1'on donne a entendre que nous persis-tions daps une opposition systematique , nous acceptors le re-proche. D'abord , pares que l'accusatiou est veritablement unslogs ; nous ne faisions qu'user de noire "droit et que remplir undevoir. Ensuite, parceque la vivacite de la plaints implique unaveu. Vous paraissez croire que, si nous eussions fait preuvede devouement a une politique dont nous n'avions rien a espereret tout craindre , vows eussiez pa faire tats vos antagonistes .Ii y ' a done un fait sur lequel nous sommes d'accord . Les ad-ministrations successives , par leer chute prompts et inevitable,ont fait voir que , malgre la puissance incontestable du liberalisme,tout ministers, contraire a nos principes et qui ne voulait donneraucune satisfaction a nos desirs , etait de courts duree.

Appele a mettre la Charts revise en pratique , le cabinet de1849 , apres six moil environ d'embarras et de defaillances , s'eva-nouit. La rapidite de sa decadence fut une preuve nouvelle que,lorsque la ails revolutionnaire n'est pas encore apaisee dens lesesprits, la resistance est empty tee par le mouveiaent .

Voyons le cabinet suivant , qui devait , disait-on , inaugurer dapsnoire patrie une ere nouvelle du gouvernement representati£ Aidepar les circonstances , ports par le courant de l'opinion vers le but deses efforts , guide par un homme d'Etat dont le talent et le caractereexercent un ascendant merueilleux sur les esprits, le ministers deM. Thorbecke, en faisant de 1a politique experimentale sons les con-ditions les plus favorables , semblait en effet destine a realiser 1'Etatconstitutionnel models et normal . Bientot neanmoins it fallut beau-coup rabattre de ce ma nifique espoir. En 1852, on s'etonnaitd'attendre encore en vain des projets de loi dont la representationnationals, aurait dfl, d'apres la charts, etre saisie en 1849 et 1850 :En outre , daps ses plans de finance , le gouvernement avait- subiun rude echec . Mail ce qui nuisait surtout a cc cabinet, c'etaitla -

crainte tres-legitime que les principesa de l'egalite moderns,

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done M. Thorbecke est parmi nous le plus illustre defenseur , neservissent a introduire un absolutisms d'un genre nouveau et plusdangereux pent-etre qu'aucun autre ; que leur influence n'et~t pourdernier resuitat de livrer les interets les plus chers de la nationaux caprices dune majorite quelconque, a l'omnipotence de set titregigantesque, de cette unite qui absorbs ou enregimente toutes lesexistences independantes et qu'on appelle 1'Etat , et ga'en flechis-sant ainsi devant les maximes de la democratic on n'en Pinta etablir une dictature parlementaire ou gouvernementale , n"ayantpour regle que son bon plaisir , sons la devise du, saint ou del'ordre public . On voyait deja la lutes s'engager sur le terraindes droits de l'Eglise ; la charite legale et la secularisation del'ecole publique etaient a l'ordre du jour . Biers que d'annee enannee le gouvernement diflerat la presentation de la loi sur l'en-seignement primaire , son systems a cet egard , savoir 1'ecole mixessans distinction quelconque de croyances religieuses , n'etait gueredouteux. En 1852 , le projet sur l'assistance , dens ses prescrip-tions , et surtout pent-titre daps ses motifs , froissait les suscepti-bilites de la charite chretienne et rencontrait une vive opposition.Tie ministers paraissait ebranle. Ce fut alors que le mouvementanti-papists de 1853 determine sa chute. Quelques phrases inso-lentes, parties du Vatican et ou se revelaient les rancunes, d'ailleurstres-concevables , de l'ultramontanisme contre notre glorieux pass,devinrent , daps cet etat maladif , l'occasion de sa more subite . Iiy cut la pour ce ministers une veritable bone fortune . 11 putse pretendre victims d'une application sincere de la liberte et de1'egalite des cultes , et ce hasard opportun , deguisant sa deca-dence , en fit presque oublier la veritable cause et lui permit desuccomber non sans quelque eclat .

Et qu'est-il arrive ensuite a Deux fois, daps un moment de cries,en 1853 et en 1856, la resistance a ce qu'on appelait la ligue catho-lico-liberals , nous ports, par le courant de l'opinion , a l'avant-gardedu mouvement protestant et national . Deux fois le ministers , ne de tierevirement soudain , s'empressa de se sparer de nous ; deux fois iten ports la peine . Ayant proclame qu'il allait agir en sens contrairede l'administration precedents , le ministers de 1853 , des qu'il secrut sufsamment consolide , cut hate d'eviter la moindre apparenced'aecord avee le parti anti-revolutionnaire , done l'appui , desormaissuperflu , etait , croyait-il , de nature a le compromettre. II ne tardypas a s'apercevoir que, par cette attitude, au premier coup-d'oeil peut-

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titre habile et admits it s'etait ports a lui-meme un coup funeste. Battudaps les elections it ne put, prolonger sa triste existence qu'en sepretant, avec une facilite surprenante, aux volontes de la majoritede la seconds chambre et en outrepassant meme, par des temeritesfinancieres , lea projets lea plus hardis de 1'opposition ; entr'autres,par 1'abolition inattendue de l'impot , sur la mouture , perte enoomepour le tresor public et qui , en procurant quelque repit a uneadministration si complaisance pour ses antagonistes, devint lacause, pour l'Etat et pour les communes, d'embarras serieux quilui out survecu. Quant au ministers de 1856, auquel revient laresponsab' 'te de la loi sur 1'enseignement primaire, it n'eut guere,en se tournant contre nous , un sort plus brillant ou plus heureux .Instrument de ceux qu'il etait venu combattre , it accomplit ccqu'il avait pour mission de prevenir , et des lors , n'ayant plusde raison d'etre, it disparut .

Maintenant une influence, quelquefois si considerable, avait-ellsun fondement reel P etions-nous en droit de nous en prevaloir etd'interjeter appel la nation ? Mme en tenant compte de nossucces partiels et passagers, une tells . pretention, en face d'uneopinion publique ardemment hostile, n'etait-ells pas la preuve d'uneoutrecuidance absurde et ridicule ?

A ces questions, qui semblent embarrassantes, it y a cependant unesimple reponse. L'opinion publique n'est pas le sentiment national .L'une est passagere,l'autre est permanent . L'une agite la surface,l'autre determine la nature du fond . Bans le royaume des Pays•Bas,c'est-a-dire daps le territoire des Provinces-Unies, daps cc mauditangle de teas , d'apres l'expression d'un jsuitee , malgre toutes lesvariations gouvernementales et tons les changements politiques , endepit de toutes les theories de 1'impiete et du doute, le christianismeet le protestantisme out, conserve de,profondes racines . L o evidem-ment l'interet chretien et protestant etait en cause , le mouvementdes esprits, venant mettre en lumiere la veritable portee de notremission religieuse et politique , fournissait la preuve irrefragableque nous etions le parti populaire, lea representants d'une nation,historique , que , daps ses traits caracteristiques, le torrent desrevolutions et des systemes n'avait pu aneantir . En France, ecrivaitnaguere M. Prevost-Paradol, les questions purement religieusesont pea de chances d'emouvoir les esprits . C'est surtout dapsses rapports avec la politique que la religion a encore le privileged'attirer parmi nous 1'attention publique, et it nest pas besoin

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d'entrer bien avant dens nos querelles religieuses pour reconnattreque , lorsqu'elles excitent un vuf interet , c'est qu'elles enveloppentune question de parti peine deguisee soul une question de doc-trine. U En Hollande it n'en est pas de meme. Cette indifferenceaux chores de la religion nest pas , it s'en foot de beaucoup , generals.La reznarque est applicable en penis aux hautes classes , qui partoutSc ressemblent ; en penis aussi aux classes moyennes , mais nullementau people,, a cette penis considerable de la nation, qui longtemps fat,preserves, mieux que les regions superieures de la societe, du souulede l'incredulite et du rationalisnme . La c'est l'inverse qui a lieu. Ellsne prend aucun gout aux de'bats purement politiques . Ells n'y entendrien, ells n'en a nul souci ; ells no s'interesse a 1a question gou-vernementale , ells ne s'en occupe , que lorsque cells-ci se rattachea une question religieuse . Mais alors aussi ells s'en, occupe averardeur, comme dune question vitals et brulante , et de manierea faire valoir ses droits legitimes . Des qu'ou parvient a faireappercevoir la nature essentiellement religieuse du debit , a degagerla veritable nature du problems et de la airs des obscurites dapslesquelles ceux qui redoutent l'elan populous et national se plaisenta l'envelopper, pour la faire meconnaf tie , l'on devient , on toutau moms l'on est en voie de devenir maitre de la situation . Afind'apprecier ce qu'il y avait, soft d'aventureux, soft de raison-nable done nos pretentious et daps nos esperances , it foot donese rappeler sans cesse la distinction entre le people et les e'lec-teurs ; mfrs la nation et le pays legal Sous toutes les former degouvern.ement it fact avoir en vue le bien- tie general et tenircompte des intsrets , des besoins , des droits du people } toutsespece d'absolutisme doit etre scams et , plus qu'aucun autrepent-etre, it foot redouter 1'absolutisme, parlementaire. Des formerconstitutionnelles et representatives deviennent le gouvernementle plus detestable , quand , identifiant par une fiction legate lerepresentant, et le represents, absorbent les volont partieulieresdaps la nmajorite legate, on met lea droits les plus saner a lamerci de ses envahissemen.ts et de ses caprices. Loin de se confieraveuglemoent Bans l'opinion parlementaire et nmeme daps 1'opinion dupublic politique, on doit avoir un continuel souci des sentiments etdes instincts populaires, et surtout des qu'il s'agit de questionsreligiet~ses , de questions qui touchent le coeur et la conscience.Devout des problemea de cette nature lea distinctions socialess'efi'accnt ; la sagesse est donuts aux simples et auk humbles de

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coeur, scion le temoignage apostolique. La particuliere sent ondolt eviter a~ec coin de violer les droits du people, afin de nopas susciter, en s'attaquant a ce qu'il y a de plus fort et deplus nacre , one oppositionn insurmontahle , la desobe ranoe dudevoir. Sons l'impression de ces pensees , je ne me lassais pas derepeter l'avertissement quo chez noes aussi la plupart des hommespolitiques repousserent avec dedain et a leurs depens : it Lesquestions religieuses dominent en secret toutes les autres ; leuraction mysterieuse et profonde tromps tons les calculs ; tour atour ells rests en deca on parse au-dela des craintes et des espe-rances ; ells tend le piege le plus invisible et le plus inevitable ala politique mondaine . ii 1

La moderation de nor demander et la justice de nor plaintesen augmentait la force . Vous n'avez pas le droit, elisions-noun, decontraindre, par one organisation ecclesiastique mane de l'Etat,1'Eglise Refarmee a un syncretisme religieux qui la mine . Vousn'avez pas le droit, en organisant 1'enseignement public a votreguise , de bannir des ecoles 1'education religieuse et de les rendreainsi insuf lsantes pour lea besoins d'un people -religieux . Vousn'avez pas le droit de faire servir le gouvernement constitutionnela l'asservissement dune partie considerable de la nation . et desacrifier aux exigences liberates on ultramontaines les voeux legi,times des protestants.

En revendiquant les droits individuela de tons et lies droits hia-toriques de 1'Eglise Reformee, daps leur inviola "te pe ente,bus etions 1'organe de milliers de no concitoyens. Fortifies ainsiet formant one minorite compacts et decides, noun pouvions ionsflatter d'imposer des menagements aux liberaux , de rapier lesconserva# rs et. merge les catholiquea .

Le parti co ervateur, lorsga'il : prevoit one opposition

rgigue,evite volautieis les hitter et, so acr e.

La faiMesse des- protestants, lour desaccard, leur dissolutionde plus en plus apparente, encourage et excite lea catholiquesa pratiquer le' liberalisme, comme moyen d'arriver a Ia domi-nation universenc. Le coutraire a lieu , des que , en elevantconntre leuxa & udacieux. projets des barrieres infranebissables, eonslear enlovez cet espoir. Faites sentir° quo le protestantisme no cedespoint ; que ni me , euspere par trop- de hardiesse , it serait capable

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d'en infliger le chatiment, et bientot vows verrez les catholiques serapprocher des protestants orthodoxes , avec conhance et afin d'obrtenir, par leur intermediaire et de leur impartiale justice, desgaranties contra des maximes d'intolerance qu'eux-names savantSi bien pratiquer ailleurs , mail dont us ne se soucient guered'etre les victimes. Vous verrez se ranger, contra le liberalisme• autour de la foi commune , non seulement les catholiques senses• intelligents , mail les ultramontains eux-memes , battant enretraite pour se mettre a l'abri des attaques de la Revolution .

VL

On ne pent se defendre d'un sentiment de tristesse, en compa-rant avec ces chances et ces moyens de succes Tissue de nos ef forts .Je conviens qu'il y aurait de noire part de l'ingratitude a pretendre,meme humainement parlant, qua noes avons travaille en vain . Jesais qu'une appreciation exacta des resultats est diffi,cile ; qua, dapsla sphere de la religion et de la morale , it faut se rappeler leconseil d'un sage economists et songer a ce qu'on voit et plusencore a ce qu'on ne voit pas ; qua , lorsque l'oubli des prin-cipes est a l'ordre du jour, on rend deja un grand service eton exerts une force reelle en osant les proclamer ; qua , si 1'onne pent faire le bien , east deja beaucoup d'empecher le mal ; etqua, sons plusieurs rapports, par example pour obtenir la libertedes cultes et la liberte d'enseignement particulier, noire contoursn'a pas ate inutile on superflu.

Toutefois , meme en faisant valoir ces considerations , it y aquelque chose de surprenant et d'enigmatique daps l'histoire duparti orthodoxe et anti-revolutionnaire , et daps la maniere dont,pour quelque temps du moms , it a ate mis hors de combat , anmoment meme oil it semblait triompher. En 1856 surtout it yavait de puissants motifs d'esperer qua, daps la loi sur l'enseigne-meat primaire, nous remporterions un succes de la plus hauteimportance , qua la separation des stoles ouvrirait une large volea 1'influence evange'lique sur 1'education populaire, et qua 1aMaison d'Orange, se rappelant son histoire et sa mission provi-dentielle, ferait servir les droits de la royaute constitutionnellean maintien des droits de la religion et de la liberte .

Comment cat espoir a-t-il ate decu ? quelles causes out amene•

determine un revirement brusque et complet P comment un

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abet est&il devenii nne ddrouto soudaine et gendrale oit 1~ 1tia sembl6 s' raaouir tout a tier P

Question difficiie et delicate ; question grave, dais ees rn i'tavec le pass et 1'avenir de man pays 1

Sans exclure les causes seeondaires , j'afftrme que nous aeons sue-combs, non par la force de nos adversaires , mail par la d $unibides Chretiens et par 1'opposition de nos amis .

Ce sont surtout les erreurs sur la nature de 1'Eglise qni,faisant meconnaitre la legitimite et 1'opportunite do nos efforts,ont amene un mal, a mon avis, incalculable dens son etendneet dens sa duree .

En effet que fallait-il pour reussir P le contours des Chretiens ;le rapprochement serieux et actif de ceux qni, sounds aux en-seignements de la theologique moderns , tiennent encore a l'anto-rite de la Bible et aux verites fondamentales du Christianisme,de la Reforme , et du Reveil evangelique. Ii fallait, non pasbrusquer, mail preparer la separation entre des elements hetero-genes. Ii fallait eclairer les esprits par la discussion et fortifierlea awes par la lutte. Avant tout , afin de r&diser teas union etcc concert, it fallait faire valoir le caractere exclusif de la v r to etses consequences pratiques ; it fallait, dens l'inter~t de la 1ibertede la conscience pour tons , tie pas permettre qu'on vi5nt pointle trouble dens une Eglise en repudiant sa foi ; i1 fallait rappelerque, daps une Eglise, qni repose sur des eroyances, i1 s'agitnon pas de disputer, mais de s'edifier sur les fondements de sadoctrine ; non pas d'ouvrir une arene au choc des opinions philo-sophiques , non pas de rennin , soul le voile transparent de formermensongeres, des tendances qni s'entrechoquent, mais d'e ereer,dens le lien spiritual d'une adoration commuie, un cults s nee reen esprit et en verite :

C'est precisement teas notion si simple de l'Eglise c tax , deplus en plus, a ate contredite et miss en oubli. L'axiome estdevenu paradoxe, le paradoxe une absurdite . L'Eglise, a qu'onpretend , est le domains commun et le receptacle des opinionsindividuelles, le sejour habitual de la verite et de l'erreur densune egalite parfaits. La regle pour une Eglise , en matiere de foi,c'est de n'en point avoir. Ii n'y a de regle , au dedans coinme aidehors de 1'Eglise , que la liberte de chacun .

L'on conQoit que, soul l'empire de ces opinions, de ces erieursindividualistes , 'r pent-titre les plus subtiles de toutes cellos, qni

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circulent an milieu de nous , produit batard de la piece chretienneet de l'esprit du siecle, ~i 1 nous devious, daps lee deux grandeequestions de 1'Eglise et de 1'ecole, succomber .

II ne serait pas sans interet de faire voir comment peu a peuon arrive a une Eglise sans confession et sans doctrine, old itest , dit-on, parfaitement legal d'abaisser , de defigurer , de suppri-mer le Redempteur ; a une ecole publique oii le christianisme estadmis , a condition de ne scandaliser ni Grec ni Juif , et a eetteindifference qui, apres de longues luttes inutiles, est le dernieret triste refuge des esprits decourages .

Pour le moment bornons nous a ne perdre , ni la confiance dapsnos principes , ni le sentiment de noire devoir . On nous oppose,quand nous parlous de nos principes , la liberte de conscience etlee droits de l'individu, et, quand nous faisons mention de l'avenir,1'on proclame que noire cause est perdue sans retour. Souvent dejaje me suis appuye du suffrage d'un ecrivain qu'on ne soupconnerapas d'avoir meconnu lee interets du christianisme et de l'huma-nite , ou d'avoir nourri des esperances chimeriques . Je suis heu-reux de pouvoir le citer en terminant .

Parlant d'une Eglise, comme est 1'Eglise Reformee des Pays-Basaujourd'hui, dont 1'unite consiste en ce que , tons see ministressoot pays de la meme bourse , Vinet aj oute : " telle est notoirementla pensee de quelques esprits vigoureux et consequents . ; je nelee blame que dune chose , c'est d'appeler cette anarchic tineinstitution et cc chaos une Eglise . " Z

Faisant remarquer lee avantages du developpement de d'indivi-dualite, it avertit de ne pas confondre daps une , fraternite ima-ginaire deux ennemis jurse , l'individualisme et 1'individualite. A laseconde la soeiete doit tout cc qu'elle a de saveur, de vie et derealite . La premiere est obstacle et negation de tonic societe. 3

Que servirait-il de vouloir nier ou amoindrir nos revers ! Oui rsans doute , nous avons subi une defaite qui, par la defectionsoudaine d'une panic de nos amis , devenait inevitable. Toutefois TSi , fideles a 1'Evangile , nous avons , scion nos faibles moyens etmalgre cc qu'il pent y avoir eu de blamable ou de defectueuxdaps nos demarches, defendu la bonne cause, la cause dont, plus

i lr, de Rougemont.

Questions Ecclesiastiq'aes, p . 224 .3 Efude$

Pascal, p . 11 .

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que d'aueune autre, on pent dire , avec une ferme assurance, iatdem,bona causa friumpliat , it y a pour nous aussi d'abondantes con-solations et une esperance ine'branlable . it Je ne promets pas, ii c'estencore M. Vinet , qui pane , u je ne promets pas 1'homme publicchretien la populaxite . Je ne lui garantis pas l'exemption de toutedisgr&ce ; mail qu'il se rappelle biers que le germe d'une victoire estcachd dams toute defaite essuyee pour la cause de Dieu ; qu'il serappele encore que, quelle que soft l'aversion des habiles du mondepour les conseils du christianisme, le monde est ainsi fait que lemoment du christianisme revient toujours daps la vie des socidtes,et que ses conseils finissent par titre suivis, meme sans titreaccept& " i

1 Separation de l'EEli$e et de l'Elat (2e edition, p . 164) .

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